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6ième Dimanche du Temps Ordinaire année B (Mc 1, 40-45) par D. Jacques FOURNIER

La guérison du lépreux,

signe de la Tendresse de Dieu

(Mc 1,40-45)

En ce temps-là, un lépreux vint auprès de Jésus ; il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. »
Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. »
À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié.
Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt en lui disant : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. »
Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui.

6ième TO 2

            Autrefois, en Israël, un lépreux était regardé comme un mort vivant, un être impur, un puni de Dieu… La Loi exigeait que ses vêtements soient déchirés, ses cheveux en désordre. De plus, il devait s’éloigner de quiconque croisait son chemin en criant : « Impur, impur ! ». Et si quelqu’un le touchait, il devenait impur à son tour et s’exposait à de graves réprimandes…

            Et voilà qu’un lépreux désobéit à la Loi, s’approche de Jésus et tombe à ses pieds en lui disant : « Si tu le veux, tu peux me purifier »… Jésus va-t-il lui faire des reproches ? Non… Il ne regarde que sa souffrance, son désarroi, sa détresse. Voilà ce qui est premier à ses yeux. En effet, La Loi, avec toutes ses règles de vie, devait être, dans l’intention première de Dieu, une maîtresse d’humanité… La dureté des cœurs en a fait, hélas, une règle froide avec laquelle ceux qui se croyaient les meilleurs parmi les hommes frappaient, tapaient, blessaient, excluaient, méprisaient…

Jésus, lui, est « bouleversé de compassion ». Il a du cœur, et il va laisser parler son cœur… Avec beaucoup de délicatesse, il va désobéir à la Loi de dureté pour mettre en pratique la Loi de l’Amour. Il s’est laissé toucher par la souffrance de cet homme, il va le toucher en signe de proximité, de solidarité, de communion… Désormais, Lui aussi est impur, comme ce lépreux. Moment de chaleur humaine d’une grande intensité…

Avec le Christ, la Lumière de la Tendresse de Dieu va briller au cœur de la détresse du lépreux et la chasser… Mais « attention », lui dit Jésus, pour l’instant, « ne dis rien à personne ». Il vient en effet de commencer sa mission, il craint d’être mal compris… Mais le lépreux n’y arrive pas… Ce qu’il vient de découvrir est si beau qu’il fait exactement le contraire : il dit tout, tout de suite, à tout le monde… Et voilà que Jésus se retrouve comme un lépreux ! Il ne peut plus entrer dans les villes ! Mais à l’inverse d’un lépreux, « de partout on venait à lui » pour l’écouter et se laisser toucher par cet Amour de Miséricorde venu purifier et sauver l’humanité tout entière… « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,4) et si quelqu’un, d’une manière ou d’une autre est perdu, « il le cherche jusqu’à ce qu’il le retrouve » (Lc 15,4-7)…     DJF




6ième Dimanche Temps Ordinaire (Mc 1, 40-45) – Homélie du Père Louis DATTIN

Le lépreux

Mc 1, 40-45

Pour bien comprendre le récit de la guérison de ce lépreux, il est nécessaire de situer la lèpre, et le lépreux, au temps de Jésus. Il faut savoir que le lépreux était un homme totalement exclu de la société. Atteint d’une maladie grave et contagieuse, il était tenu à l’écart de la collectivité. Il ne devait toucher personne et personne ne devait le toucher, « il portera ses vêtements déchirés et des cheveux en désordre ».

Bien plus, la lèpre, pour les Hébreux, était le signe même du péché : la marque du péché, du châtiment divin pour des fautes particulièrement graves. Depuis toujours, le lépreux était considéré comme un mort ambulant, rejeté comme un cadavre encore vivant. Sa guérison (et on voit là toute la portée du miracle) n’était réservée qu’à Dieu seul. C’était « l’excommunié » par excellence et sa guérison équivalait à une purification qui pouvait être constatée, non par des médecins, mais par des prêtres. Dès qu’ils voyaient des « biens portants » aller vers eux, ils devaient crier : « impur, impur » derrière un voile qui devait leur protéger la bouche. Encore au Moyen-âge, ils devaient porter avec eux une sonnette pour avertir les gens qu’ils étaient là et donc de ne pas s’approcher.

Que fait Jésus ? Va-t-il violer la loi ? Ces tabous seront-ils plus forts que sa pitié ? Oui, il va violer les interdits. Il se laisse approcher par le lépreux qui tombe à ses genoux et le supplie et il entend ce cri admirable : « Si tu le veux, tu peux me purifier ». Vous le voyez, ce lépreux, dans ses haillons crasseux, il s’agenouille, il tend la main qui n’est peut-être plus qu’un moignon.

 « Ah, surtout qu’il ne me touche pas, il est répugnant, ce lépreux, contagieux, incurable ». Si nous avions été là, dans l’entourage de Jésus, qu’aurions-nous fait ? Vous rappelez-vous le moment précis où St-François d’Assise a eu le sentiment physique de la présence du Christ : il caracole sur un chemin désert, le jeune François Bernardone, beau, élégant, délicat et soudain son cheval se cabre ; il y a dans la poussière, un paquet difforme ! C’est un lépreux ! François saute de cheval et saute à son cou. C’est fait : pour toujours, il a embrassé Jésus lui-même qui s’identifie au rebut de l’humanité.

Maintenant, regardez Jésus : comme pour le provoquer, ce lépreux s’écrie : « Si tu le veux, tu peux me purifier ». Jésus sait bien ce qu’il a devant lui, c’est la mort ? Notre mort à nous chemine d’une manière clandestine : des cellules s’atrophient, quelques rides de plus et moins de souplesse, des cheveux blancs ou plus de cheveux. La lèpre, c’est la vision brutale de ce que la mort fera de notre corps : les chairs rongées, les os friables. C’est la mort en face et à cette répulsion physique s’ajoute à l’époque une répulsion morale. La lèpre est une malédiction et le lépreux est un maudit : Dieu le punit à cause de lui ou de quelqu’un de sa race. C’est le fruit d’une culpabilité religieuse :

« Va te montrer au prêtre et fais l’offrande prescrite », dit Jésus.

Le roi de France, voici cinq siècles, publie un édit autorisant la persécution des Juifs et des lépreux ! Regardez Jésus : d’abord, lui, il ne le condamne pas, il est au contraire « plein de pitié » et puis, il pourrait guérir à distance. Or, il tend la main, il touche de ses doigts la chair meurtrie, il arrête la mort, c’est-à-dire son ennemie : s’il perd contre la mort, sa vie n’a plus de sens.

Jésus se bat pour la vie : il va donc guérir le lépreux. Jésus ne cesse de sauver ce qui était perdu. Alors, il touche l’intouchable et il dit : « Je le veux, sois guéri ! »

 Sa parole fait toujours ce qu’il dit : « A l’instant même, sa lèpre le quitta ». Loin d’être gagné par la contagion, c’est Jésus qui devient contagieux à son tour et qui lui communique sa vraie santé : la sainteté, c’est la pureté qui est contagieuse ! En somme, une histoire très simple : Jésus guérit un lépreux, juste quelques lignes, mais elles cassent tout. Elles cassent la maladie, elles cassent surtout ce dont la lèpre était le symbole : elles cassent le péché. Pas de discours sur la bonté du Père, pas de morale sur l’inconduite de l’homme, seule, une action, une parole efficace relie ces deux contagions : « Je le veux, sois purifié » (Jésus ne dit pas « sois guéri » tout comme de son côté le lépreux avait dit non pas « guéris-moi », mais « purifie-moi« ). Et voilà maintenant notre homme guéri, attestation d’une nouvelle guérison, contagieuse, elle aussi, celle de l’apostolat. Il se met à proclamer et à répandre la bonne nouvelle ! Et cette mission qui l’habite est si efficace « qu’on venait à lui de partout ».

La simple bienséance voudrait que le chrétien, s’il est un tant soit peu conscient de l’immense grâce dont il bénéficie de la part de Dieu, ait au moins le bon sens de renouveler auprès de ses frères le même geste audacieux, courageux dont il a été, lui aussi, le bénéficiaire, au moment de son Baptême, à chaque fois qu’il a eu recours au Sacrement de Réconciliation. Beaucoup de chrétiens l’ont compris qui ont offert leur vie à s’occuper des malades. Il y a des signes d’autres maladies plus graves encore, pas tant dans les corps, mais dans leurs cœurs : égoïstes, orgueilleux, jaloux, méchants, débauchés, rongés par l’envie, la calomnie, la médisance, la haine, le mépris.

Raoul Follereau, un français de notre siècle, a consacré sa vie à soigner les lépreux. Des prêtres passent parfois leurs journées à guérir, au nom de Jésus, d’autres lèpres spirituelles rongeant une âme, plus sûrement que l’autre lèpre ronge leurs membres. Le chrétien doit toujours s’exposer au combat pour la vie contre la mort.

 A notre époque, il y a aussi des lèpres modernes qui peuvent nous trouver en position de fraternité envers tous ceux qui en sont les victimes, victimes totalement innocentes des guerres, des épidémies, des migrations. Il y a aussi tous les autres : les exclus du chômage, les injustices de toutes sortes. Les exclusions se présentent toujours comme une réaction de défense de la société, de l’église, de la famille contre des contagions possibles.

En Jésus, tous les obstacles sont abolis : que nous soyons à notre tour des agents de réconciliation, de réintégration, de l’accueil à tous. Nous qui avons été guéris par Jésus, que notre guérison soit pour tous un témoignage : le Royaume progresse quand l’exclusion régresse.  AMEN




Rencontre autour de l’Evangile – 6ième dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 40-45)

« Pris de pitié, Jésus étendit la main… »

6ième TO

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ce passage fait suite à celui du dimanche précédent. Jésus est au début de son ministère.

 Ensemble lisons (Mc 1, 40-45)

Faire une première lecture. .

Un lépreux : dire tout ce que l’on sait du sort d’un tel malade au temps de Jésus.

Noter la démarche et la prière du lépreux. Quelle réflexion cela nous inspire?

La réaction de Jésus:

Qu’avons-nous à dire de ses  sentiments. De son geste. De sa parole : « Je le veux, sois purifié »

Pourquoi aussitôt après l’avertissement sévère de ne rien dire à personne?

Et pourquoi cette demande de Jésus : « va te montrer au prêtre. »

Et pourquoi cette guérison sera pour les autorités religieuses un témoignage ?

Et comment comprendre la réaction de l’homme guéri ?

Son attitude a-t-elle un sens pour nous aujourd’hui ? Est-ce que Jésus nous demande de nous taire?

Jésus est obligé d’éviter les lieux habités : pourquoi?

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

A la fin du partage, faire un moment de silence pour une contemplation de Jésus et une prière silencieuse.

 

POUR L’ANIMATEUR

Le malade s’approche de Jésus pour une demande humble et confiante. Il s’agenouille devant lui et le supplie.

Pour bien comprendre cette demande, il fait savoir que le lépreux était un homme totalement exclu de la société. Atteint d’une maladie grave et contagieuse, il était tenu à l’écart de la collectivité. Selon la loi de Moïse, il devait porter des vêtements déchirés et des cheveux en désordre et crier « impur ! impur » quand il s’approchait d’un endroit habité.

Dans la bible, la lèpre est un mal physique et aussi un mal religieux : elle  était considérée comme la marque du péché et le châtiment divin de fautes jugées particulièrement graves. Le lépreux était comme un mort ambulant, rejeté comme un cadavre source « d’impureté ». Pas de communion possible avec Dieu et avec les hommes.  La guérison d’un tel mal était réservée à Dieu.

Dans ce contexte, l’attitude de Jésus est extraordinaire : non seulement il se laisse approcher par le malheureux, mais il ose toucher l’intouchable. Et sa parole a la souveraine efficacité de la Parole même de Dieu : il dit et cela fut.

La guérison des lépreux figurait parmi les signes auxquels on reconnaîtrait l’action du Messie. Aux disciples de Jean Baptiste venus lui demander s’il était le Messie, Jésus répond : Les boiteux marchent, les lépreux sont guéris. » (Mt 11, 1-5) Le Messie est donc là qui restaure l’homme en parfaite santé physique et spirituelle.

Aussitôt après la guérison Jésus « chasse » carrément l’homme avec l’ordre de se taire. C’est dans l’évangile de Marc ce qu’on a appelé le « secret messianique ». Jésus ne veut pas qu’on se méprenne sur le sens de son identité de Messie. Il n’est pas ce magicien attendu qui supprimerait tous les maux de la terre. La profondeur de son être et de sa mission de Messie ne pourra vraiment être comprise qu’à la lumière de sa Passion et de sa Résurrection?

Jésus envoie l’homme guéri vers le prêtre pour faire constater officiellement sa guérison et le faire rentrer dans la communauté religieuse. Et ce sera un témoignage. Les autorités religieuses apprendront ainsi que cette guérison est l’accomplissement en la personne de Jésus de l’attente du Messie.

En fait par la désobéissance de l’homme guéri, Marc nous ramène à aujourd’hui : celui qui est guéri doit être missionnaire de la Bonne Nouvelle.

Avec la résurrection de Jésus, le « secret messianique » est devenu caduc.

Le lecteur de cet évangile, c’est à dire chacun de nous, a mission de répandre le joyeux message libérateur de Jésus.

Puis l’évangéliste revient à Jésus : Jésus est obligé de fuir la foule. De partout en venait à lui. Une question naît dans les cœurs: « Quel est cet homme ? »

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

En guérissant le lépreux et en lui permettant de retrouver sa place dans la société, Jésus nous révèle qu’il est venu susciter parmi les hommes une fraternité qui ne connaîtra ni paria ni exclu.

Nous connaissons aujourd’hui autour de nous des gens mis à part de la société : des jeunes qui au sortir de l’école se retrouve sans travail, des personnes qui n’ont pas notre culture, notre langue, notre religion, notre genre de vie, etc…

Les fréquentons-nous?

Quel regard nous portons sur elles ?

Les aimons-nous comme des frères?

La lèpre qui défigure le visage de l’homme a toujours été interprétée comme le symbole du péché qui défigure l’image de Dieu qui est en nous.

Pour guérir la lèpre de notre péché  prenons-nous le temps de nous approcher de Jésus Christ  avec la même confiance que le lépreux de l’évangile?

ENSEMBLE PRIONS

Psaume 101 : N’oublie pas, Seigneur, le cri des malheureux.

Seigneur entends ma prière : que mon cri parvienne jusqu’à toi !

Ne me cache pas ton  visage le jour où je suis en détresse !

A force de crier ma plainte, ma peau colle à mes os.

Mais toi, Seigneur, tu es là pour toujours ;

d’âge en âge on fera mémoire de toi.

Du ciel le Seigneur s’est penché, il regarde la terre pour entendre la plainte des captifs et libérer ceux qui devaient mourir.

 

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Présentation du Seigneur au Temple (Lc 2, 22-40) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

Frères et Sœurs,

Quand Marie et Joseph viennent en pèlerinage à Jérusalem pour présenter Jésus au Temple, ils accomplissent, comme nous le dit l’évangile : ce qui est « prescrit par la loi de Moïse ». Joseph et Marie sont de pieux et fidèles juifs, ils observent ce que demande la loi.

Cette fête de la présentation du Seigneur tombe quarante jours après la Nativité. Lors de cette visite rituelle, Jésus est reconnu par Syméon et Anne comme Celui qui accomplit les promesses annoncées par les prophètes dans l’Ancien Testament.

Syméon et Anne, deux personnes âgées, représentent le peuple d’Israël dans l’attente du Messie qui était annoncé dans les Écritures. Marie et Joseph, dans la jeunesse de l’âge, représentent eux le peuple de la nouvelle Alliance et éternelle que le Messie va sceller.

Intéressons-nous davantage à ces deux personnages de Syméon et d’Anne. Que nous révèlent-ils de Jésus ? Et à quelles attitudes nous invitent-ils pour vivre notre foi ?

Syméon est avant tout un homme juste et religieux, « qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui » nous dit l’évangile. Syméon est un juif fervent et juste, c’est-à-dire « ajusté » à ce que Dieu demande. Syméon nous rappelle que nous aussi nous avons reçu l’Esprit Saint à notre Baptême et à notre Confirmation. Prenons-nous le temps de l’invoquer en nous chaque jour ? Cela est primordial pour pouvoir discerner les signes discrets mais réels de Dieu dans ce monde. Il est essentiel d’invoquer l’Esprit Saint pour pouvoir accueillir la Parole du Christ dans nos vies. Sans l’Esprit Saint, nous ne pouvons pas nous « ajuster » à ce que le Seigneur nous demande…

Syméon reconnait Jésus comme la gloire d’Israël et comme la lumière des nations. Le Christ est la lumière qui éclaire nos ténèbres. C’est le sens de du rite des cierges que nous avons vécu au début de la messe. En tant que chrétiens, nous savons que nous avons à porter la lumière du Christ dans notre monde déboussolé mais pour faire face à ce monde déboussolé et bien porter la lumière du Christ, nous devons tout d’abord recevoir cette lumière en nous ! Ne disons pas trop vite que nous n’avons pas besoin de la lumière du Christ, il existe en chacun de nous des zones d’ombre et certaines sont bien cachées mais le Christ veut les visiter pour les purifier et les guérir. Il peut le faire à condition de le laisser éclairer ces zones d’ombre.

Nous ne pouvons pas partager la lumière du Christ si cette lumière n’a pas transformé en premier lieu notre vie. C’est ainsi que nous pourrons devenir une authentique lumière pour les autres. Comment être convaincu et convaincant sans être transformé ?

Anne est une « femme prophète », une femme de prière. L’évangile souligne « qu’elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem ». Anne annonce Jésus comme le Sauveur. Elle nous rappelle que nous sommes nous-mêmes des prophètes par la grâce du Baptême. Cela implique trois faits :

  • Nous devons rendre un culte à Dieu qui passe par la louange à Dieu et l’action de grâce.

  • Nous devons servir Dieu et notre prochain dans la prière.

  • Nous devons annoncer en paroles et en actes l’Évangile du Christ.

Nous avons à annoncer le Christ comme Sauveur mais cette fête nous interroge profondément : l’avons-nous réellement accueilli comme notre Sauveur ? Comment être un témoin crédible du Christ Sauveur si nous ne le laissons pas d’abord nous sauver ?

Voilà quelques pistes pour nous éclairer dans notre mission de baptisé, là où nous sommes insérés. Je termine en faisant référence à Marie et à Joseph, de bons juifs parce qu’ils sont soucieux d’accomplir la volonté de Dieu. Nous le savons, sans la lumière du Christ, nous ne pouvons accomplir la volonté de Dieu. N’oublions pas ces moyens efficaces (mais que nous négligeons parfois) pour accueillir la lumière du Christ dans nos vies : la méditation de la Parole de Dieu, la célébration des sacrements de l’Eucharistie et du Pardon et en pratiquant concrètement la charité envers notre prochain.

Que Marie et Joseph nous aident à accueillir Jésus comme notre Messie et notre Sauveur, celui qui nous communique la lumière de Dieu. Qu’ils nous aident aussi à être des « portes-lumière » du Christ pour les autres. Amen.




5ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 29-39) par D. Alexandre ROGALA (M.E.P.)

« Le dire est une chose, le faire en est une autre »

Tout le monde connait ce dicton qui suggère que le passage à l’acte est plus important que les mots prononcés. De manière générale, nous sommes plutôt d’accord… Mais les lectures que nous propose la liturgie ce dimanche prennent à contre-pied cet adage. Même si les bonnes œuvres sont essentielles, la mission première du chrétien est l’annonce de l’Évangile.

Dans la deuxième lecture, nous avons entendu saint Paul déclarer : « Annoncer l’Évangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » (1 Co 9, 16)

Certes, ce souci particulier de l’évangélisation relève de la vocation spécifique de Paul, et du contexte qui était le sien. Au moment où il a écrit ces lignes aux Corinthiens, Paul pensait que la fin des temps était proche. Par conséquent, gagner au Christ le plus grand nombre possible de frères et sœurs était une urgence.

Et quand Paul écrit qu’il s’est fait « juif avec les juifs ; sans-loi avec les sans-loi ; faible avec les faibles », s’il s’est « fait tout à tous » (9, 20-22), c’est afin que l’Évangile qu’il annonçait soit accueilli.

Nous comprenons que pour Paul, ce qui est premier c’est « le dire » ; c’est l’annonce de l’Évangile. Son comportement et ses bonnes œuvres sont au service de son message, et non pas l’inverse.

Cela peut nous surprendre. Mais continuons à explorer les textes du jour pour essayer de comprendre pourquoi l’annonce de l’Évangile a plus de valeur que les bonnes actions.

Le texte d’évangile de ce dimanche (Mc, 1, 29-39) commence par le court récit de la guérison de la belle-mère de Simon. Puis, l’évangéliste Marc élargit la perspective en nous racontant une généralisation de l’activité de Jésus comme thaumaturge :

« Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. La ville entière se pressait à la porte. Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons » (1, 32-34).

Remarquons d’abord, que si on amène à Jésus « tous ceux » qui étaient atteints d’un mal, Jésus en guérit « beaucoup ». Jésus guérit beaucoup de monde, mais pas tous.

Ensuite, alors que Jésus priait dans un endroit désert, Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. Le verbe en grec (καταδιώκω), que nous traduisons en français par « partirent à sa recherche » suggère qu’il s’agit d’une « poursuite ». Simon et les autres disciples « poursuivent » Jésus.  La raison de cette recherche acharnée est la volonté des disciples que Jésus se plie au désir des foules, en accomplissant d’autres miracles.

Jésus ne répond pas à cet appel et dit à ses disciples : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. » (1, 38).

Jésus pourrait multiplier les guérisons et les exorcismes, mais ce n’est pas pour cela qu’il est sorti. Jésus n’est pas un distributeur de miracle. Sa mission est d’abord de proclamer l’Évangile de Dieu (cf. 1, 14).

Alors que les foules et même ses propres disciples se concentrent sur les miracles qu’il réalise, ceux-ci ne sont que des signes qui accompagnent et confirment la véracité de sa prédication et son enseignement, à savoir que « le Règne de Dieu s’est approché » (1, 15).

Nous savons par les évangiles que dans sa prédication, Jésus parlait de ce « Règne de Dieu » en parabole. Et puisque les miracles qu’il réalisait étaient des signes confirmant ses paroles, nous en déduisons que les miracles que fait Jésus nous disent aussi quelque chose du « Règne de Dieu ».

Si pendant son ministère public Jésus a expulsé des démons, et guéri des malades, ce n’était pas seulement pour soulager certains de ses contemporains de leurs souffrances, c’était surtout pour signifier qu’à la fin des temps, lorsque la réalisation du « Règne de Dieu » sera achevée, il n’y aura plus de place pour les démons et les maladies. Dans le « Royaume », les puissances de mort seront anéanties.

Bien comprendre cela est ce qui est le plus important. Les miracles en tant que tels, n’ont pas beaucoup de valeur. Ils sont au service du message d’espérance de Jésus. Encore une fois, c’est la « parole » qui est première.

La première lecture apporte un éclairage supplémentaire. Nous avons entendu Job se plaindre avec des paroles très fortes :

« Je ne compte que des nuits de souffrance. À peine couché, je me dis : « Quand pourrai-je me lever ?” Le soir n’en finit pas : je suis envahi de cauchemars jusqu’à l’aube… mes yeux ne verront plus le bonheur. » (Jb 7, 3-4 ; 7).

Quand l’homme fait face à une grande souffrance, il peut arriver qu’il perde tout espoir. Comme Job, il se voit alors s’enfoncer dans la mort.

Une restauration comme celle dont bénéficie Job à la fin du livre (ch. 42), et les guérisons accordées par Jésus à certains malades, peuvent apporter un soulagement temporaire à une personne qui souffre, ce qui n’est pas négligeable.  Mais l’accueil de l’Évangile est bien supérieur.

En effet, savoir dans la foi, que la souffrance et la mort n’auront pas le dernier mot, et l’attente d’un bonheur sans fin en Dieu, rendent celui qui met sa confiance en Christ, capable de supporter avec courage et espérance, les épreuves intrinsèques à la condition humaine.

Comme nous y invite le psalmiste, « Jouons donc pour notre Dieu sur la cithare ! Entonnons pour le Seigneur l’action de grâce ! » (Ps 147, 7). Remercions-le de nous avoir donné la foi et l’espérance. Ne gardons pas ces présents pour nous. Renouvelons notre élan missionnaire et que l’annonce de l’Évangile devienne pour nous, comme elle l’était pour saint Paul, une nécessité (1 Co 9, 16). Amen !

 

 

 

 




5ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 29-39) – par Francis COUSIN

 « En famille »

Sitôt sortis de la synagogue, les disciples de Jésus (ils ne sont alors que quatre) : les deux fils de Jonas et deux fils de Zébédée se retrouvent ensemble dans la maison de Simon et André, avec Jésus. Les deux couples de frères avaient l’habitude de travailler ensemble et il n’est pas surprenant qu’ils profitent du sabbat pour avoir un moment de détente ensemble…

Mais ce jour-là, en arrivant, ils voient la belle-mère du Simon au lit avec de la fièvre.

Or c’est à elle, la maitresse de maison, d’allumer les bougies sur la table du sabbat, et de prononcer la bénédiction sur la lumière en disant : « Éloigne de nous toute sorte de honte, de douleur et de préoccupation ; fais que la paix, la lumière, et la joie demeurent toujours dans notre maison. Chez Toi est la fontaine de la vie. À Ta lumière, nous voyons la lumière ».(Ps 36,9-10) ».

Une maison privée de femme est une maison qui reste dans l’obscurité. Or Jésus n’est pas venu dans le monde pour que celui-ci reste dans l’obscurité : « Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. » (Jn 1,9).

Jésus ayant été informé, il s’approcha d’elle : « la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait. »

Deuxième miracle de la journée.

Avec une différence par rapport à celui de la synagogue où Jésus avait ordonné, en paroles, à l’esprit impur de se taire et de quitter l’homme : ici, il n’y a pas de parole de Jésus, seulement des gestes.

Paroles ou gestes … ce sont les deux manières de Jésus pour guérir …

Mais ce sont aussi les deux attributs qui sont toujours utilisés dans l’administration de chacun des sept sacrements.

A la synagogue, Jésus avait permis à l’homme, en le guérissant, de participer totalement à la prière communautaire, car même s’il y était présent, l’esprit impur, ennemi juré de Dieu, ne pouvait pas lui permettre d’être totalement en union avec Dieu.

Pour la belle-mère de Pierre, en guérissant celle-ci, Jésus lui redonne la totalité de ses prérogatives : Allumer les bougies du sabbat, et préparer le repas familial.

Si l’on va un peu plus loin dans l’évangile, en Marc 5,38-43, pour la résurrection de la fille de Jaïre, et que l’on compare avec le texte de ce jour, on voit : 1 Jésus s’approche de l’enfant. 2  Un geste : Il saisit la main de l’enfant.   3 une parole : Talitha koum », ce qui signifie : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » 4  il leur dit de la faire manger.

C’est la même ordonnance, en parole ou en geste …avec cette différence que là, on lui donne à manger au lieu que ce soit elle qui serve les autres (ou les hôtes).

Le soir venu ! …

Après le coucher du soleil, … Hé oui ! même si les gens avaient été prévenus dès le matin, au sortir de la synagogue, ils ont attendu la fin de la journée, après le coucher du soleil, pour qu’on amènent à Jésus « tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. »

À cette époque, on respectait encore le repos du jour du Seigneur !

« Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était ».

D’après Marc, il y avait donc foule, et Jésus dût être bien fatigué !

Malgré cela, : « Jésus se leva bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. ».

Jésus n’oublie pas son Père !

« Amen, amen, je vous le dis : le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. Le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait. » (Jn 5,19-20).

Jésus est toujours en lien avec son Père, à chaque instant, et souvent, on le voit prier, avant, ou après des miracles. Il a besoin de ce contact permanent avec lui.

Est-ce que nous, nous sommes en contact permanent avec Dieu !?

À une heure raisonnable, quand tout le monde se lève … on constate la disparition de Jésus … tout et le monde le cherche …

Quand on le trouve, Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. »

Jésus aurait pu rester là, à Capharnaüm, il avait tout le village avec lui …

Mais pour lui, ce n’est qu’une étape, il faut qu’il aille au bout de sa mission, celle qu’il s’est fixée en montant en Galilée … mais aussi celle qui a été fixée … par Dieu … par la Trinité … avant même la naissance de Jésus … quand Dieu a envoyé l’ange Gabriel vers Marie …

 

Seigneur Jésus,

Tu aurais pu te contenter de rester à Capharnaüm,

Tu avais un petit groupe avec toi,

Tu avais fait beaucoup de miracles

Tu étais devenu célèbre.

Beaucoup d’humains l’auraient fait …

Mais tu as préféré faire l’œuvre de ton Père 

Pour notre plus grand bien !

 

Francis Cousin

 

 

 

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5ième Dimanche Temps Ordinaire (Mc 1, 29-39) – Homélie du Père Louis DATTIN

Le mal et Pâques

 Mc 1, 29-39

La liturgie de dimanche dernier nous avait confrontés au problème du mal et déjà nous nous posions cette question :

« Comment Dieu, qui est amour, bonté, justice, permet-il autour de nous et sur nous, cette emprise du mal ? » Il y a là une contradiction entre un Dieu bon, Père tout-puissant et un mal, mauvais, adversaire de l’homme et qui semble tout-puissant, lui aussi.

Pour mieux nous le faire sentir, la liturgie d’aujourd’hui campe devant nous : deux hommes aux prises avec le mal, Job et Jésus.

Job, vous venez de l’écouter : ce sont des paroles de désespoir et d’amertume. Il essaye de comprendre le sens de sa vie : « Celle-ci, dit-il, est une corvée », « l’homme n’est qu’un manœuvre, un esclave », « je ne gagne que du néant », « la nuit, je désire le jour ; le jour, je désire la nuit », « et cette chienne de vie court plus vite devant moi que la navette du tisserand ». Et puis, un jour, cette navette s’arrête brusquement : il n’y a plus de fil = souffle de vie, et le bonheur, alors ? C’est pour quand ?

Il y a certains moments de notre vie où nous pourrions en dire autant.

. Cri personnel : nous nous débattons dans les soucis de la famille, le chômage des uns, la méchanceté des autres, la maladie des enfants, les injustices de certains, le handicap d’un être cher, le double jeu des menteurs, l’égoïsme sacré des repliés sur soi.
. Cri collectif : « Mais, Seigneur, ces milliers de personnes qui meurent en Israël, en Irak, au Soudan ; ces bidonvilles d’Amérique Latine ; ces milliers de chômeurs écartés de la vie, de la société ; tous ces mal-aimés ; tous ces humiliés ».

. Cri de révolte contre l’homme et contre Dieu.

            C’est du chapitre 7 du « livre de Job » que cette lecture est extraite et ce n’est qu’en allant plus avant dans la souffrance et aussi dans sa réflexion que Job découvre Dieu présent dans sa vie.

Au chapitre 42 de ce même livre, enfin il s’écrie : « Jusqu’ici, je ne te connaissais que par « oui- dire », mais maintenant mes yeux t’ont vu ! ».

Il ne dit pas : « Tu m’as expliqué ce mystère ».

Il ne dit pas : « J’ai compris pourquoi j’ai souffert ».

Non, il dit seulement : « Mes yeux t’ont vu ». Dans sa souffrance, dans sa misère, au creux de l’épreuve, il a vu Dieu : il était , présent à côté de lui, en lui. Au lieu d’une explication, à la place d’une solution, il y avait quelqu’un à côté de lui, qui souffrait avec lui.

Job n’a pas de réponse : il a découvert Dieu au cœur du problème, au cœur de sa situation, le mal reste toujours le mal. 

Le mal, quoiqu’on ait pu dire, n’est jamais un bien et il n’y a pas, comme on l’a dit parfois, de « bonne souffrance » et le chrétien comme Job, a « le droit« , bien plus, « le devoir » de lutter de toutes ses forces, de combattre le mal sous toutes ses formes :

* mal physique de la maladie

* mal intellectuel de l’ignorance ou de l’erreur

* mal affectif de l’égoïsme ou de la méchanceté

* mal spirituel de l’athéisme, de l’indifférence et des fausses pistes spirituelles.

Tout cela, nous devons le combattre avec vigueur et sans ambigüité, d’abord en nous et puis autour de nous. Le mal sera toujours mal et parce que c’est mal, il faut le chasser, l’écraser : ce que parfois on a appelé « résignation » n’est qu’une abominable capitulation de l’homme qui baisse les bras au lieu de continuer à lutter.

 Job ne se résigne pas. Job n’admet pas. Mais au bout de ses réflexions et de ses raisonnements humains, il a vu « quelqu’un« , présent, en lui et à côté de lui, luttant avec lui comme un partenaire, comme un compagnon d’arme : « Mais, maintenant, mes yeux t’ont vu, aussi je retire mes paroles ». Dieu luttant à ses côtés, avec lui, Job ne parle plus, il va agir, lutter, sachant qu’il n’est plus seul pour le faire. Pour lui, le mal n’est plus un « Problème ». C’est « un ennemi » contre lequel il va falloir se coltiner, ayant à ses côtés, celui qui a vaincu le mal définitivement : Jésus-Christ.

Eh bien, puisque je l’ai nommé, passons de Job à Jésus et nous aurons trouvé, non pas une réponse, une solution intellectuelle mais le vainqueur du mal. Quand j’étais jeune, j’ai appris un jour qu’un avion avait « passé » « le mur du son », crevé « le mur du son » et qu’il évoluait désormais dans un silence total. Il passait d’un monde à un autre monde. Le Christ, lui, par sa mort et sa Résurrection, a crevé le « mur du mal » et à sa suite, par sa vie reçue au Baptême, par nos souffrances unies à sa Passion, par notre passage à la vie éternelle, nous crevons, nous aussi, ce « mur du mal » : passage qui s’effectue entre le « Vendredi Saint » de chacun d’entre nous et l’aube de notre « Pâques » qui veut dire « passage ». Tous, nous avons à effectuer ce « passage », crever ce mur du mal. Après toutes nos épreuves, après toutes nos souffrances, après notre Vendredi Saint, il y a « Pâques » qui se profile à l’horizon.

La lueur de l’aube nouvelle, la lumière au bout du tunnel. A la suite de Jésus-Christ, « premier né d’entre les morts », figure de proue de l’Humanité en marche, nous n’avons pas à disserter sur le problème du mal. Jésus-Christ n’a pas fait de conférences sur « le mal », il s’y est attaqué : « Satan, sors de cet homme ». Il guérit la belle-mère de Simon : il l’a fait lever.

 Nous tous, les accablés, les prostrés, les couchés, les résignés, Jésus-Christ nous fait lever : il veut que nous soyons des hommes « debout« . « Elle les servait » debout pour nous mettre au service des autres, luttant à notre tour, en compagnie du Christ contre ce mal omniprésent. « Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous les malades et ceux qui étaient possédés par un esprit mauvais : et il les guérissait et chassait beaucoup d’esprits mauvais ».

Jésus-Christ n’apporte pas de solution à la souffrance, Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance, il n’est même pas  venu l’expliquer, « Il est venu, nous dit Claudel, la remplir de sa présence, la prendre à bras le corps », et c’est le crucifix : ce crucifix auquel nous sommes tellement bien habitués que nous ne le regardons parfois même plus.

La souffrance pourtant, elle est là, désormais, clouée à la Croix par Dieu. Jésus-Christ l’a prise toute entière pour la tuer par sa propre mort. Lorsque Jésus fut descendu de cette croix, corps inerte, sans vie, on aurait pu croire que le mal était le vainqueur absolu et définitif : c’était compter sans Pâques, « le Mystère Pascal ». C’est la « lutte finale » où Dieu a fait mourir la mort, la souffrance, le mal. C’est par là qu’il nous faut passer à la suite du Christ.

Il y a des « Vendredi Saint » dans notre vie, mais surtout il y a « Pâques » : la victoire définitive sur le mal. AMEN




5ième Dimanche du Temps Ordinaire année B (Mc 1, 29-39) par D. Jacques FOURNIER

Jésus Sauveur du Monde (Mc 1,29-39)

En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André.
Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade.
Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait.
Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons.
La ville entière se pressait à la porte.
Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était.
Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait.
Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche.
Ils le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche. »
Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. »
Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.

jésus guérit 4

            Cette page d’Evangile est un résumé de toute la mission de Jésus : sauver tous les hommes, s’ils acceptent bien sûr, en toute liberté, de se repentir et de se laisser sauver. Jésus vient d’enseigner dans la synagogue de Capharnaüm : « Le temps est accompli », toutes les prophéties de l’Ancien Testament s’accomplissent avec lui, « et le Royaume de Dieu est tout proche » : le « Dieu qui est Esprit » (Jn 4,24) est là, invisible mais présent à la vie des hommes, en Seigneur Tout Puissant, et il se propose de régner en nos cœurs et en nos vies par le Don de son Esprit. Si nous consentons à cette Présence et à son action en nous, « la Lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas saisie » (Jn 1,5) : elle règne ! Alors, « la paix du Christ règne dans vos cœurs » (Col 3,15) et sa Parole se réalise : « Que votre cœur ne se trouble pas » (Jn 14,1). En effet, « c’est Lui qui est notre paix : en sa personne, il a tué la haine » (Ep 2,14-18) : l’Amour règne… « Tout est pardonné »… En effet, tous les hommes, « Juifs et grecs, tous sont soumis au péché… Le monde entier est coupable devant Dieu » (Rm 3,9-20) ? « Par le péché, la mort est entrée dans le monde et passé en tous les hommes, puisque tous ont péché » (Rm 5,12) ? « Vous qui étiez morts du fait de vos fautes, Il vous a fait revivre avec lui! Il nous a pardonné toutes nos fautes ! » (Col 2,13). « Le Don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23) : la Vie règne ! Et « le Père des Miséricordes » (2Co 1,3), qui a tout créé par amour (Sg 11,24), veut que toutes ses créatures aient une vie réelle, solide, durable (Sg 1,14). En Jésus Christ, il est donc venu, dans la paix, déclarer la guerre à tout ce qui abîme, blesse, tue la vie, luttant par amour contre le mal, et cela pour le bien même de ceux qui le commettent ! « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés ! » (1Tm 2,3-6). Tous, sans aucune exception, et il invite avec le plus de force les pires criminels à se repentir pour que ces derniers, ses enfants eux aussi, aient la vie (Jn 10,10). Et rien ne lui est impossible (Mt 19,26), car « là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,20). Qui pourrait prétendre tarir l’infini de l’Amour et de la Miséricorde de Dieu ?

            Voilà ce qui est dit en actes ici : guérison de la belle-mère de Simon Pierre, juive, puis guérison de tous les habitants de Capharnaüm qui venaient à Jésus, Juifs et païens, sans aucune distinction… Dieu appelle tout homme au salut…                 DJF




4ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 21-28) par D. Alexandre ROGALA (M.E.P.)

« Moïse disait au peuple : « Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète comme moi, et vous l’écouterez » (Dt 18, 15).

Commençons par définir ce qu’est un prophète

Un prophète est d’abord une personne homme ou femme, choisie par Dieu pour parler en son nom.

Ce ministère prophétique est nécessaire, et la première lecture (Dt 18) nous rappelle pourquoi. Avant l’entrée en Terre Promise, Moïse a fait un dernier discours au Peuple d’Israël, et lui a remis en mémoire l’origine de cette « médiation prophétique ». Sur le mont Horeb, lorsque Dieu s’était manifesté de manière spectaculaire et avait parlé lui-même au Peuple, celui-ci a pris peur et a dit à Moïse : « Parle nous toi-même et nous t’écouterons ; mais que Dieu ne nous parle pas, de peur que nous mourrions » (Ex 20, 19).

Deuxièmement, la mission du prophète est de comprendre la Parole de Dieu pour son temps, et de la transmettre fidèlement à ses contemporains, dans le but de les conduire à une conversion, à un changement de comportement quand cela est nécessaire.

En ce sens, nous pouvons dire que saint Paul était un prophète. Il a compris la Parole du Seigneur pour son temps et l’a transmise fidèlement à ses contemporains.

L’Apôtre a écrit le passage de la Première Lettre aux Corinthiens que nous avons  entendu en deuxième lecture vers 53 (1 Co 7, 32-35). À cette époque, les croyants pensaient que le retour glorieux du Christ était proche : « le temps se fait court » écrit saint Paul quelques versets avant notre passage (7, 29). C’est donc d’abord dans la perspective d’une fin des temps imminente que nous pouvons comprendre l’exhortation à rester célibataire. Évidemment, cela n’a plus vraiment de sens aujourd’hui.

Toutefois, cela ne signifie pas pour autant que saint Paul n’a rien à nous dire ce matin. En conseillant le célibat, le but que poursuit l’Apôtre est « que vous soyez attachés au Seigneur sans partage » (7, 35). Si le célibat n’est pas la meilleure option pour tout le monde, saint Paul nous invite à nous interroger personnellement : « Est-ce que ma relation amoureuse (ou mon célibat) renforce ou affaiblit mon attachement au Seigneur ? ».

Le texte d’évangile de ce dimanche se trouve au début de l’évangile selon saint Marc (Mc 1, 21-28). Son thème central est celui de l’identité de Jésus. La liturgie oriente notre lecture en nous indiquant que Jésus est le prophète qui a été annoncé par Moïse et le Seigneur.

Dans la première lecture, le Seigneur à dit : «  Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi ; je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai. Si quelqu’un n’écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte » (Dt 18, 18-19).

Il me semble que cette annonce se vérifie dans notre texte d’évangile.

Au v. 22 nous lisons « On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes ».

L’autorité de Jésus vient du fait que « Dieu le Père a mis dans sa bouche ses paroles » (Dt 18, 18). Nous savons que pour Dieu « dire c’est faire ». Un verset du Livre d’Isaïe l’exprime très bien : « Ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission » (Is 55, 11).

C’est cette Parole performatrice, c’est-à-dire cette Parole qui accomplit ce qu’elle exprime, que Dieu le Père a mis en Jésus.

L’exorcisme qui est relaté est le signe confirmant l’autorité de Jésus et l’efficacité de sa parole : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. » (Mc 1, 27).

L’exorcisme renvoie directement à l’enseignement de Jésus. Nous pourrions dire que l’exorcisme prouve la véracité de ce que dit Jésus.

Et que dit Jésus ? Quel était le contenu de sa prédication ?

Quelques versets avant l’évangile d’aujourd’hui nous lisons : « (Jésus) disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » (Mc 1, 15)

Le fait qu’un esprit impur soit contraint de sortir d’un homme qu’il tourmentait est la preuve que « le Règne de Dieu s’est approché ».

Maintenant que nous avons pris conscience de l’origine divine des Paroles de Jésus, considérons que Dieu s’adresse à chacun d’entre nous quand il nous donne cet avertissement dans la première lecture : « Si quelqu’un n’écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte » (Dt 18, 19)

Une fois que la Parole est donnée, chacun est responsable devant Dieu de la façon dont il la reçoit, et de la façon dont il la met en pratique dans sa vie.

Le psaume que nous avons chanté tout à l’heure nous interroge : « Aujourd’hui, écouterez-vous sa Parole ? » (Ps 95, 7)

Et moi, quelle est la place que je donne à la Parole de Dieu dans ma vie ? La messe dominicale, est-elle pour moi, un moment privilégié de rencontre avec le Seigneur et d’écoute de sa Parole ?

Demandons au Seigneur la grâce d’être attentif à sa Parole. Nous savons que si nous écoutons vraiment sa Parole, « elle ne retournera pas à Dieu sans avoir accompli en nous ce qui lui plaît » (cf. Is 55, 11). Amen !




4ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 21-28) – par Francis COUSIN

« Les premiers disciples. »

Tout va très vite dans l’évangile de Marc, accentué par l’utilisation fréquente de l’adverbe aussitôt.

Jésus vient d’appeler ses quatre premiers disciples : deux pécheurs à l’épervier et deux pécheurs en barques, à la traîne, sans doute pour montrer qu’il s’adresse à tous, quel que soit leur rang social, la pêche à l’épervier étant accessible à tous (il suffit d’un filet), tandis quel la pêche en barque nécessite plus d’investissements.

Ils arrivent à Capharnaüm, le village de Simon et André, et le premier jour de sabbat qui suit, « Aussitôt, le jour du sabbat, Jésus se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. ».

On ne parle plus des quatre premiers disciples … mais on les retrouvera juste après ce passage pour la guérison de la belle-mère de Simon. Sans doute parce que l’attention doit être portée sur Jésus seul.

Jésus enseigne …

Qu’a-t-il dit ? On ne le sait pas …

Ce qu’on sait, ce sont les réactions de ceux qui l’ont écouté : « Il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. ».

Pourtant les scribes avaient une autorité reconnue pour parler, ils avaient étudié les écritures …

D’où venait donc l’autorité avec laquelle Jésus parlait ?

On peut peut-être trouver la réponse dans l’intervention de l’homme « tourmenté par un esprit impur », quand il dit de Jésus qu’il est « le saint de Dieu », expression peu utilisée dans la bible et donc le sens est variable, sinon qu’il est reconnu par Dieu comme un homme pieux. La seule chose que l’on puisse est que son enseignement est en relation avec Dieu, que son autorité vient de Dieu.

Cet homme tourmenté par un esprit impur s’était mis à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. ».

Les esprits impurs sont des opposants à Dieu. Ils connaissent des choses que les autres hommes ne savent pas.

L’homme appelle Jésus par son nom et sa ville d’origine, alors qu’il vient juste d’arriver à Capharnaüm. C’est la vérité.

« Es-tu venu pour nous perdre ? ». C’est une question dont il ne donne pas la réponse, mais ce faisant, il jette le doute sur les intentions de Jésus pour tous les auditeurs. Alors qu’il sait que les intentions de Jésus sont totalement différentes : il est venu pour sauver les humains et leur donner la vie éternelle. Son discours est fallacieux.

Avec le démon, il n’y a pas trente-six solutions : il faut le faire taire, l’envoyer bouler.

Ce que fait Jésus : « Tais-toi ! Sors de cet homme. ».

Devant la puissance de Jésus, le démon ne peut pas tenir : « L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui. ».

Voyant cela, tout le monde est stupéfié, et la réaction est unanime : « Qu’est-ce que cela veut dire ? ». On ne parle plus de l’enseignement de Jésus, comparé à celui des scribes, mais d’un enseignement nouveau, toujours donné avec autorité, non pas en paroles, mais en action : « Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. ».

« Et sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée. »

Seigneur Jésus,

tu es venu pour nous sauver,

mais l’esprit impur veut mettre

 le doute en nous,

nous faire croire l’inverse.

Garde-nous de nous laisser

prendre au piège du démon,

nous t’en prions.

 

Francis Cousin

 

 

 

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