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2ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Cana

Jn 2, 1-11

Avez-vous remarqué, frères et sœurs, que le 1er miracle accompli par Jésus, fut précisément un miracle non utile, non nécessaire, non rentable, mais simplement un petit geste pour que la vie soit agréable et heureuse.  Le 1er miracle eut lieu au cours d’un repas de noces : il ne s’agit nullement d’un accident grave, d’un malade à sauver ou d’un mort à ressusciter. Non ! Tout simplement : « Tiens ! Il n’y a plus de vin ! ». C’est tout… avouez que pour le salut du monde, c’est une bricole, un détail sans importance.

Jésus, vous êtes tous bien d’accord, est venu sur la terre pour des affaires autrement plus sérieuses… alors ? Un grand miracle, ce 1er miracle ? Peut-être le plus grand et le plus significatif ! Le plus lourd de sens pour faire voir et expliquer ce que Jésus est venu faire parmi nous. Et le Christ, sur la demande de Marie, va le faire, pour que, dans une petite noce de campagne, les convives, ayant déjà bu, un peu plus qu’on n’avait prévu, puissent être dans la joie jusqu’au bout, sans histoire, sans regrets, sans ombre au tableau de cette journée de fête… pour que l’ambiance y règne jusqu’à la fin.

Si nous sommes un peu surpris, c’est que nous nous faisons parfois une idée fausse de notre religion et des désirs du Christ pour nous. Pour beaucoup, en effet, souvent parmi les jeunes qui n’ont pas eu encore le temps d’approfondir : religion est synonyme d’embêtant, d’ennuyeux, de sérieux, il faut « bien se tenir », il ne faut  pas  sourire !

Ils s’imaginent qu’être chrétien, c’est entrer dans un vaste réseau d’obligations, de menaces, de commandements, avec du « permis » et du « défendu », participer à une entreprise de salut où la joie et la fête ne sont pas de mise, et puis… il doit s’agir d’abnégation, de renoncement. Bref, « du pas drôle du tout ». Quant au bonheur, il n’en est guère question pour aujourd’hui… ce sera peut-être pour demain… ou pour après-demain, et encore, si tout va bien !… pour le ciel, mais pas pour la terre !

Or, nous avons envie, et c’est normal, de vivre cette vie sur la terre de la façon la plus agréable qui soit : pourquoi ne pas se distraire ? S’amuser ? Etre en vacances et se divertir, organiser des fêtes ? Rarement, j’ai entendu des jeunes dire que la vie chrétienne, c’était le « pied ».

Et toutes ces personnes se font une fausse idée de leur christianisme : ils choisissent de se réjouir, de se réunir et de faire la fête en dehors même de toute religion, tout comme ils ont choisi de servir Dieu, sans joie.

C’est justement ce que Jésus attaque par ce miracle. Il ne veut pas cette séparation absurde, sacrilège entre le bonheur et Dieu, entre la joie et la vie chrétienne, entre la vie d’ici-bas et la vie divine. Dieu me donne tout, tout à la fois : mon âme et mon corps, le ciel et la terre, la nature et la grâce, le plaisir et le bonheur et il veut et il désire notre bonheur et il n’est jamais plus heureux lui-même que lorsqu’il nous voit heureux, épanouis à notre tour et lui rendant grâce, dans la joie, de tout ce qu’il nous a offert.

St-Irénée ne se trompait pas quand il affirmait : « La gloire de Dieu, c’est-à-dire sa joie, sa plus grande satisfaction, c’est l’homme vivant », vivant :

– en plein épanouissement de son corps,

– en plein épanouissement de son esprit,

– en plein ouverture de son cœur,

– en plein accueil de la vie spirituelle.

Un homme « bien dans sa peau » et content de sa condition d’homme et de tout ce que son Créateur et Sauveteur lui a donné. C’est nous, parfois, qui nous nous privons de la meilleure partie de notre vie en considérant, à tort, les plaisirs de la vie comme des vols, comme des tranches que l’on prélève indûment et avec une sorte de revanche au lieu de les accueillir comme des dons de l’amour de Dieu. Nous sommes encore imprégnés d’une religion doloriste, grave, tendue et sans joie telle que le jansénisme d’hier et d’avant-hier nous l’avait transmis !

Sommes-nous de ceux, qui, parce qu’ils savent qu’ils sont sauvés par Jésus-Christ, que Jésus-Christ les a tirés de la mort, et qu’ils sont promis à un avenir magnifique, nagent dans la joie, sont plein d’espérance et d’optimisme et n’hésitent pas à fêter et à célébrer, et pas seulement à l’église, cette foi au Christ qui est le secret de leur joie et de leur bonheur le plus profond ?

Si le monde devient triste, morose et qu’il montre un visage qui ressemble à une porte de prison, c’est parce que le monde se paganise, qu’il n’a pas de véritable espérance et qu’il va chercher dans les horoscopes ou chez des tireurs de cartes, une joie qui ne peut se trouver qu’en Jésus-Christ !

Sommes-nous de ceux qui ont le courage de vivre une vie pleinement humaine et pleinement religieuse, sans séparer les deux ? Jésus a vécu cela, lui, sans faire de séparation. Il a été pleinement homme et pleinement Dieu. Notre tort, c’est de croire que pour lui ressembler, il faudrait devenir tout autre que ce que nous sommes : devenir plus célestes, plus angéliques. Nous n’avons pas à jouer les bêtes que nous n’en sommes pas, pas plus que les anges que nous ne sommes pas non plus !

         Le vrai moyen pour nous de ressembler davantage à Jésus (car dans notre vie chrétienne, il ne s’agit que de cela), c’est de devenir plus homme, incarné comme Jésus l’a été.

 

Et si quelqu’un vient dire « J’aime trop la vie de famille, les joies de ce monde, je suis plus heureux dans la nature qu’à l’église, donc  je ne suis pas assez religieux parce que je suis trop humain !», je lui répondrai simplement qu’il a mal compris ce qu’était sa vie chrétienne et que c’est tout simplement parce qu’il n’est pas assez humain, c’est-à-dire pas assez ressemblant à Jésus, le prototype de tout homme, qu’il n’a pas encore senti en lui, cette unité profonde de l’humain et du divin.

Si nous étions, comme le Christ, plus humains, plus généreux, plus tendres, plus attentifs aux autres, plus délicats comme le fut Jésus aux noces de Cana, nous aurions en commun avec lui tous ces sentiments, qui créent en nous notre valeur intime, et avec les autres, une fraternité, une amitié, source de toute vie communautaire qui nous ferait dire : « Le ciel, c’est les autres », alors que Sartre, lui, coupé du Christ, affirmait : « L’enfer, c’est les autres ».

Jésus, lui, n’attend pas la mort des gens pour les rendre heureux : il désire que nous le soyons déjà, maintenantà présent, cette année, aujourd’hui. Il a souffert à la pensée que deux jeunes gentils mariés allaient être ennuyés le jour de leurs noces. Il a pensé au dépit de tous ces braves invités obligés de baisser le coude et de cesser de boire en plein milieu du repas !

Il change l’eau en vin avec la même tendresse avec laquelle pour nous, pendant cette messe, il va changer le vin en son Sang et le pain en son Corps, pour que nous puissions davantage être unis à lui et participer à sa vie.

Jésus se soucie de l’homme : il sait que ce sont nos petits bonheurs terrestres qui nous permettent d’entrevoir et de goûter à l’avance cette joie totale que nous vivrons demain.

Nous aussi, soucions-nous des autres, de leurs petits problèmes, afin que maintenant notre vie soit déjà plus heureuse, plus humaine. En le faisant, nous participons au travail et au bonheur de Dieu.  AMEN




Fête du Baptême de Notre Seigneur – par P. Rodolphe EMARD (Lc 3, 15-16.21-22).

En ce dernier dimanche du temps de Noël, nous fêtons le Baptême du Seigneur. Dans les textes que nous avons proclamés, notamment la seconde lecture et l’Évangile, il est question de trois sortes de baptême.

Le baptême de Jean

Jean était si populaire et apprécié que tous se demandaient s’il n’était pas le Christ. Conscient de cela, Jean fait une mise au point : lui baptise « avec de l’eau » mais il renvoie à quelqu’un de « plus fort » que lui, celui qui « baptisera dans l’Esprit Saint et le feu ».

Le baptême de Jean est avant tout un rite de conversion, pour aider ses contemporains à préparer la venue du Christ.

Le baptême de Jean est aussi un rite d’attente. Ce baptême « avec de l’eau » annonçait et préparer au baptême « dans l’Esprit Saint et le feu ». Nous y reviendrons.

Le baptême de Jésus

Pourquoi Jésus, le Verbe de Dieu fait chair, conçu sans péché, s’est-il fait baptisé par Jean ? Alors que Jean lui-même dira n’être « pas digne de dénouer la courroie de ses sandales »… Nous pouvons retenir trois points :

  • Le baptême de Jésus marque solennellement son ministère public, sa mission de l’annonce de la Bonne Nouvelle du Royaume.

La fête de Nativité et celle de l’Épiphanie permettent de mieux comprendre l’identité de Jésus comme le Dieu fait homme, le Sauveur de toute l’humanité.

Saint Paul, dans la deuxième lecture, précise : nous attendons « que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien ». Saint Paul rappelle le sacrifice du Christ pour le Salut du monde.

  • Le baptême de Jésus est l’occasion d’une manifestation du Dieu Trinitaire : L’Esprit Saint qui descend sur Jésus et cette voix du Père qui révèle Jésus comme son « Fils bien-aimé », « une voix venue du ciel qui atteste que [le] Verbe habite parmi les hommes »[1].

  • Bien que sans péché, Jésus a tenu à recevoir le baptême de Jean afin de se montrer solidaire des pécheurs qu’il venait libérer.

Le baptême des croyants

Après la Résurrection, la Pentecôte marquera l’avènement du baptême « dans l’Esprit Saint et le feu ». Saint Paul évoque le baptême des disciples du Christ : « Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ notre Sauveur, afin que, rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle ».

Cette fête du Baptême du Seigneur nous invite à faire mémoire de notre propre baptême où nous sommes nés à la vie nouvelle de Dieu, nous avons reçu l’Esprit Saint qui fait de nous des fils adoptifs de Dieu, des membres de l’Église et des témoins du Christ et de l’Évangile.

Comment, en cette nouvelle année, allons-nous redécouvrir cette grâce de notre baptême ? Y trouver réellement notre joie ? Oui y mettre vraiment notre joie dans cette espérance de saint Paul, d’être « des héritiers de la vie éternelle ».

Redécouvrons avec force que le don de l’Esprit Saint est une réalité qui s’expérimente au sein de la communauté des croyants, au cœur de nos assemblées eucharistiques.

Saint Paul nous rappelle enfin que Dieu nous a manifesté sa bonté et son amour, qu’il nous a sauvé par pure miséricorde. Bonté, amour et miséricorde sont bien les axes que nous devons entreprendre en 2022 pour réussir notre baptême, au nom du Père, du Fils et du saint Esprit. Amen.

[1] Voir préface de la messe.




Baptême du Christ – par Francis COUSIN (Lc 3,15-16.21-22)

« Tu es mon Fils bien-aimé. »

 

Le baptême de Jésus nous est conté au début de l’année liturgique, après la naissance à Bethléem et l’adoration des bergers, celle des mages, le recouvrement de Jésus au Temple … On commence à connaître bien Jésus, surtout que, comme on dit, on connaît la fin de l’histoire …

Jésus n’est pas pour nous un inconnu (encore que … on connaît sa vie, ce qu’il a dit et fait, … mais sommes-nous suffisamment intimes avec lui pour pouvoir dire qu’on le connaît vraiment ? Je n’en suis pas vraiment sûr !) …, mais pour les gens qui allaient se faire baptiser par Jean-Baptiste, il n’était qu’un juif parmi d’autres juifs qui venait écouter le prophète …

Jésus n’était qu’un homme comme les autres parmi tous ces pécheurs qui venaient recevoir « un baptême de conversion pour le pardon des péchés ». Lui, le Fils de Dieu (et il le savait puisqu’il avait dit à Marie et Joseph dans le Temple de Jérusalem : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »), qui n’a jamais péché, a tenu à être présent avec ses coreligionnaires pécheurs. N’était-ce pas ce qu’il voulait ? : « Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. » (Mc 2,17). Et son attrait pour les pécheurs lui a été plusieurs fois reproché : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » (Mc 2,16) après l’appel de Matthieu, ou quand il est allé chez Zachée : « Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur. » (Lc 19,7), et même à la fin de sa vie, c’est entouré de deux pécheurs, deux brigands, qu’il est mort sur la croix … « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort. » (Ph 2,5-8).

Jésus ne s’est pas mis à part, séparé du peuple. Il en fait partie intégrante …

C’est ce qui nous est demandé actuellement avec la démarche synodale : se reconnaître partie intégrante du peuple de Dieu (dans lequel on entre par le baptême … qui nous fait devenir enfants de Dieu.) qui réfléchit ensemble à la manière d’être davantage en communion pour que chacun puisse participer à la mission : être témoin de Dieu.

Jésus est baptisé, il a été plongé dans les eaux du Jourdain … et il sort du fleuve … et alors, il prie.

Luc est le seul des évangélistes à dire qu’il priait. Et il montre souvent Jésus en prière avec son Père. Et sans doute Jésus était tout le temps en relation avec son Père, donc en prière : « Le Père et moi, nous sommes UN. » (Jn 10,30).

C’est à ce moment-là que « le ciel s’ouvrit » sur une double épiphanie : une visuelle, et une autre auditive.

La première, visuelle, « L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus. »

Cette apparition était apriori destinée aux personnes qui étaient présentes, qui n’ont sans doute pas compris qu’il s’agissait de l’Esprit Saint avant d’entendre la voix du Père lors de la seconde épiphanie … et encore …

Et il n’est pas sûr que Jésus ait pu voir l’Esprit, à moins de tourner la tête dans tous les sens, ce qui n’est généralement pas le cas quand on est en prière …

La venue de l’Esprit Saint semble venir comme une réponse à la Prière de Jésus, et destinée aux autres, pour leur montrer que Jésus est différent et qu’il a une mission à accomplir … ce qu’il fera après le temps du désert.

La seconde épiphanie, sans doute la plus spectaculaire, est la voix du Père qui sort des cieux, comme au temps d’Abraham ou de Moïse : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. ». Jésus est explicitement désigné comme le Fils de Dieu, et cela réjouit le Père.

C’est d’ailleurs ce que dit le Père à chaque fois qu’un humain est baptisé « au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit », ce qu’il a dit à notre baptême … À chaque fois qu’un humain est baptisé, il devient enfant de Dieu, fils (ou fille) de Dieu, et cela réjouit le cœur de Dieu.

Et nous, qui avons été baptisés, nous devons retenir :

– nous sommes devenus enfant de Dieu

– nous sommes aimés de Dieu (à ne jamais oublier !)

– nous avons une mission à accomplir (et cela on l’oublie souvent), ainsi que le dit la première lecture : « Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle … Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle … Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes … : ’’ Voici votre Dieu !’’ ».

Cette mission, c’est dit autrement ce que dit Jésus aux apôtres avant de les quitter : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » (Mt 28,19).

C’est aussi notre mission, que nous devons traduire peut-être dans d’autres mots, mais dont le but est toujours le même : vivre et faire connaître la Parole de Dieu dans notre entourage !

 

Seigneur Jésus,

ton baptême est pour nous l’occasion

de repenser à notre propre baptême,

                                                      à l’engagement qui a été pris

de faire partie du peuple de Dieu,

un peuple de pécheurs,

mais qui est aimé de Dieu,

le Père, le Fils et l’Esprit Saint,

chaque jour et pour l’éternité.

 

                                     Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant : Image dim Baptême de Jésus C




Fête du Baptême de Notre Seigneur – par D. Jacques FOURNIER (Lc 3, 15-16.21-22).

« Les fruits du baptême »

(Lc 3,15-16.21-22)« 

En ce temps-là, le peuple venu auprès de Jean le Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ.
Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.
Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit.
L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »

 

         « Moi, je vous baptise avec de l’eau », dit Jean-Baptiste. « Lui », le Christ « vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu ». Jean-Baptiste invitait à se reconnaître pécheur, et à exprimer ainsi un besoin de purification. Son baptême dans l’eau s’inscrivait dans la continuité avec tous les rituels de purification en usage à l’époque. Le baptême proposé par Jésus aura donc lui aussi cette dimension mais il sera le seul à être réellement efficace car le seul à pouvoir rejoindre le cœur profond de l’homme, ‘là’ où tout se joue : « C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur » (Mc 7,21-23).

            Nous les hommes, nous ne pouvons voir que les apparences, mais Dieu, lui, « sonde tous les cœurs et pénètre tous les desseins qu’ils forgent » (1Ch 28,9). « Tu sondes mon cœur » (Ps 17,3), et c’est ce cœur qui compte pour lui… Il le connaît déjà, et il le veut pur. Mais Lui seul peut le purifier… Ce travail nous dépasse… Mais pour qu’il se réalise vraiment, il a simplement besoin de notre coopération sincère, car Dieu nous respecte infiniment… Il ne fera rien pour nous sans notre accord… Il ne nous contraindra jamais à recevoir ses trésors… Certes, il insistera et déploiera tous ses talents pour vaincre nos résistances, mais rien ne se fera sans notre consentement profond à notre vérité de pécheurs acceptée dans l’Amour et offerte à l’Amour… Alors l’Amour accomplira son œuvre : « Je verserai sur vous une eau pure, et vous serez lavés de toutes vos souillures… Je vous purifierai », et « heureux les cœurs purs », car purifiés : « Ils verront Dieu » (Mt 5,8)… Et comment fera-t-il ? « Je mettrai en vous mon Esprit », l’Esprit Saint, eau pure, spirituelle, qui purifie, eau vive, spirituelle, qui vivifie, éclaire et apaise nos cœurs…

            A nous de jouer, maintenant, jour après jour, en acceptant, avec son aide, Lui qui est toujours bienveillant, de faire la vérité dans nos vies et de lui offrir toutes nos misères… « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29… « Il n’y a qu’un mouvement au cœur du Christ : effacer le péché et emmener l’âme à Dieu… Nous sommes bien faibles, je dirais même que nous ne sommes que misère, mais Il le sait bien, Il aime tant nous pardonner, nous relever, puis nous emporter en Lui, en sa pureté, en sa sainteté infinie. C’est comme cela qu’Il nous purifiera, par son contact continuel » (Elisabeth de la Trinité), par ce Don toujours offert, gratuitement, par Amour, de l’eau pure de l’Esprit…

                                                     DJF




1° janvier 2022 – Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu (Lc 2,16-21) – Père Rodolphe EMARD

Pour clore notre octave de Noël, en ce premier jour de la nouvelle année civile, l’Église nous donne de solenniser sainte Marie, Mère de Dieu.

Dans les premiers siècles de l’Église, il y a eu plusieurs graves hérésies concernant la divinité du Christ, notamment l’arianisme qui refusait de croire que le Fils de Dieu fait homme puisse être l’égal du Père. Il aura fallu deux conciles œcuméniques pour affirmer la foi en la divinité de Jésus : 325 à Nicée et 381 à Constantinople.

En 428, Nestorius, le patriarche de Constantinople déclara que Marie ne pouvait pas être appelée Theotokos (en grec), c’est-à-dire Mère de Dieu mais seulement mère du Christ. Cela a entrainé un nouveau tumulte dans l’Église.

En 431, un concile réunissait alors tous les évêques de l’époque pour condamner la position de Nestorius et proclamer solennellement la maternité divine de Marie : Marie est Mère de Dieu.

Vingt ans plus tard, en 451, lors d’un autre concile à Chalcédoine, l’Église affirma que Jésus est bien vrai Dieu et vrai homme. Reconnaître Marie comme la Mère de Dieu, c’est admettre la filiation divine du Christ.

Le concile de Chalcédoine souligne à ce sujet que le Christ est une personne mais il possède deux natures -humaine et divine- unies entre elles « sans confusion ni changement, sans division ni séparation ». Voilà pourquoi Marie est Mère de Dieu.

Jésus vrai Dieu qui s’est fait homme en prenant chair d’une vierge par l’action de l’Esprit-Saint. L’Église affirme aussi la virginité perpétuelle de Marie : « Nous célébrons le jour très saint où Marie, dans la gloire de sa virginité, enfanta le Sauveur du monde. »[1]

La « virginité féconde »[2] de Marie montre la pureté et la sainteté du Christ. Dieu ne pouvait pas s’incarner dans un sein indigne de lui, c’est pourquoi il préparer en Marie une demeure digne de lui. On pointe ici le mystère de la conception immaculée (sans tache, sans péché) de Marie, pour porter le Fils de Dieu.

Jésus vrai Dieu, vrai homme, le grand saint : « Toi qui enlèves les péchés du monde, prends pitié de nous » disons-nous à la messe, notamment lors du Gloria et de l’Agnus. Nous disons aussi : « Donne-nous la paix » dans l’Agnus et nous échangeons cette paix du Christ avant la communion : « Dans la charité du Christ, donnez-vous la paix. »

Christ est aussi le Prince de la paix ! En ce 01er janvier, c’est aussi la journée mondiale de la paix. Ce n’est pas sans nous rappeler en ce premier jour de l’année, que sans la paix nous ne réussirons pas correctement nos projets. Recherchons activement la paix, elle est la base pour construire toute fraternité.

 

Le pape François, dans son message, pour cette journée mondiale de la paix 2022 écrit : « À chaque époque, la paix est à la fois un don du ciel et le fruit d’un engagement commun. (…) Il y a un “artisanat” de la paix qui implique chacun de nous personnellement. Chacun peut collaborer à la construction d’un monde plus pacifique : à partir de son propre cœur et des relations au sein de la famille, dans la société et avec l’environnement. »[3]

 

 

L’implication de chacun… Nous sommes invités à vivre 2022 dans l’axe de la paix. Faisons-le dans nos relations avec Dieu, avec notre prochain et avec nous-même :

  • Notre relation avec Dieu : demandons-lui prioritairement la paix ; demandes de paix pour nos familles, pour les autres, notamment ceux de nos milieux professionnels et ceux de nos voisinages… rappelons-nous que le Christ est le Prince de la paix, pas celui de la zizanie, réajustons nos prières…

  • Notre relation avec notre prochain : lui souhaiter la paix ! Œuvrer pour des relations plus pacifiques avec les autres, sans trop les pointer systématiquement comme les problèmes… Cela fonctionnera si chacun fait les efforts nécessaires…

  • Notre relation avec nous-même : souhaiter déjà la paix pour soi ! Œuvrer pour que nous soyons vraiment habités par la paix de Jésus. Pour être un vrai artisan de paix, il faut commencer par soi-même ! Ce que je ferai pour rester dans les « rouages » de la paix et fuir les chemins de la division…

Que Marie, Mère de Dieu nous accompagne de sa prière maternelle. Je vous souhaite une belle année 2022 avec ces versets du livre des Nombres : « “Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix !” » (Nb 6, 24-27). Amen !

[1] Prière avant la consécration de la Nativité du Seigneur jusqu’au 1er janvier inclus.

[2] Cf. prière d’ouverture.

[3] Message du Pape François pour la 55ème journée mondiale de la paix 2022 : Dialogue entre générations, éducation et travail : des outils pour construire une paix durable.

                                                                                                                P. Rodolphe Emard




Épiphanie du Seigneur, Solennité – Homélie du Père Louis DATTIN

EPIPHANIE 

Suivre l’étoile

Mt 2, 1-12

Là ! Elle est là ! Regardez ! Et les trois savants, avec les instruments de l’époque, situent cette étoile nouvelle et stupeur, ils la voient avancer ! Or ces savants, comme c’était le cas à l’époque, n’étaient pas que des astronomes, c’étaient aussi des astrologues : ils savaient lire la signification de ces constellations, un peu comme ceux qui actuellement font votre horoscope. Passionnés comme ils sont, il n’en faut pas plus pour les mettre en marche. Ils savent qu’un jour une étoile doit se lever et qu’un Messie, c’est-à-dire un « Sauveur des hommes », doit naître à l’endroit où se dirigera cette étoile.

  • Aussitôt, c’est la « marche à l’étoile » qui commence. Venus d’Orient, ils arrivent à Jérusalem. On ne nous dit pas la durée de leur voyage et ils demandent, encore harassés par la route :

« Où est le roi des juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile en Orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui ».

A Jérusalem, c’est la stupeur. On n’a entendu parler de rien ! C’est même l’inquiétude : un roi ? Nous en avons déjà un : c’est Hérode ! Il est là. Sur place, on convoque une réunion : tous les savants, les exégètes, ceux qui connaissent la Bible.

–  « Voyons, ce roi, où doit-il naître ? »

–  « A Bethléem, répondent les spécialistes, car de cette ville doit naître un chef qui sera le « Berger d’Israël » mon peuple ».

Hérode ne se dérange même pas. Il fait venir ceux qui sont déjà fatigués par le voyage et sans bouger lui-même il les envoie à Bethléem avec l’ordre de revenir pour le renseigner :

« Trouvez-le et avertissez-moi ».

Et c’est de nouveau le départ pour les mages : ils n’en sont plus qu’à quelques kilomètres près.

  • Et de nouveau l’étoile s’avance devant eux et les conduit jusqu’à l’endroit où le Sauveur se trouve. Là, entrant dans la maison, ils se prosternent devant l’enfant, l’adorent et lui offrirent leurs cadeaux.

  • Cette histoire est, vous l’avez remarqué certainement, celle d’une Eglise qui bouge et celle d’une Eglise immobile.

Celle qui bouge : ces gens en route, en recherche, à la suite d’une étoile c’est-à-dire en quête d’idéal, de quelqu’un qui doit venir. Ils n’hésitent pas à sortir de chez eux, à se mettre en route, à aller d’étape en étape, sans but précis, se contentant de suivre une étoile qui leur donne seulement une direction. Arrivés à Jérusalem, les voilà obligés de repartir encore pour Bethléem.

En face d’eux, il y a l’Eglise immobile, statique, stagnante, celle qui est installée dans le palais d’Hérode qui se dit aussi « Roi des juifs », Eglise du temple où Noël n’a fait aucun commentaire ; Eglise immobile, paralysée, ankylosée, incapable de changer, d’évoluer, où l’on n’a même pas soupçonné que le Messie (qu’ils attendaient depuis des siècles) venait de naître à trente km d’ici, qu’il allait changer la face du monde !

  • Cette fête de l’Epiphanie et ce récit sont pour nous, aussi, mes frères, plein d’enseignements. Parmi les chrétiens, et dans l’Eglise catholique, il y a souvent deux catégories :

  1. Ceux qui bougent, ceux qui sont capables de se déplacer, de se déranger, de changer quelque chose dans leur vie, ceux pour qui la foi est une  aventure, un voyage  qui va d’étape en étape, un itinéraire qui, peu à peu les conduit vers celui qu’ils recherchent : le Christ-Messie-Sauveur!

Mais malheureusement, il y a aussi :

  1. Ceux pour qui la religion, leur religion, c’est l’immobilisme, le statique. On fait comme on a toujours fait, sans rien changer, sans rien déplacer, sans rien déranger. Leur vie chrétienne est figée, fidèle à ce qu’ils appellent une « tradition » et qui n’est finalement qu’une paresse ! Au lieu d’aller de l’avant, ils vivent, réfugiés dans leurs souvenirs, enfermés dans un réseau d’habitudes, de gestes sans signification et d’idées toutes faites. Alors, mes frères, en ce jour de l’Epiphanie, où nous voyons arriver devant la crèche, trois hommes, harassés de fatigue, mais rayonnants de joie parce qu’ils sont arrivés au but ; et de l’autre côté, un roi Hérode ignorant et qui ne se déplace même pas, entouré de gens qui savent quelque chose, mais qui ne font rien.

En face de ces deux Eglises : une qui se met en marche à la recherche de son Sauveur et l’autre qui reste sur place, persuadée qu’elle n’a plus rien à chercher ni à trouver, laquelle allons-nous choisir ?

Il est certes plus facile de rester chez soi et d’envoyer les autres aller voir, pour nous « avertir » ensuite. C’est ce qu’a fait Hérode et plus tard il préfèrera faire massacrer des innocents plutôt que d’aller lui-même sur place, vérifier qui était Jésus… et reconnaitre en lui, le vrai roi, le seul roi, celui dont en haut de sa croix, le Vendredi Saint, il sera dit sur un écriteau : « Celui-ci est le roi des Juifs ».

  • De toutes façons, quel que soit le choix que nous ferons, nous prenons des risques : si nous sommes de ceux qui font partie de l’Eglise qui bouge, de l’Eglise qui avance dans la direction donnée par l’étoile, il nous faudra :

  – déranger nos habitudes,

  –  nous fatiguer en chemin,

  –  nous mettre en recherche,

  –  nous poser des questions,

  –  sans cesse avoir des doutes, des incertitudes

  –  mais avancer progressivement vers celui qui nous a mis en  route…

  –  pour un jour, le trouver et pouvoir enfin se trouver en sa présence et l’adorer.

Nous aurons pris des risques certes, mais, en fin de compte, nous serons rayonnants de joie comme les mages à la crèche.

Si nous sommes de ceux pour qui la religion n’est qu’un oreiller inconfortable, un « opium », disait Karl Marx, une situation douillette qui nous fige définitivement dans nos idées et qui nous empêche d’évoluer, le risque est encore plus grand, surtout dans notre société  en plein dérangement. Nous risquons gros :

   –  risque d’être à côté de tout ce qui se vit,

   –  risque de vivre dans le passé et d’être exclus de l’avenir.

Le chrétien est celui qui est chargé de bâtir le monde futur, celui du vrai Royaume : non pas celui d’Hérode, mais celui de Dieu !

Alors, comme Abraham, comme Moïse, comme le peuple de Dieu dans le désert, comme les mages venus d’Orient, faisons de notre vie chrétienne, un départ, une marche, un cheminement, une aventure qui nous fera trouver le Christ grâce à l’étoile de l’Evangile. Alors, nous aussi, nous pourrons l’annoncer au monde et l’adorer.  AMEN




Epiphanie – par Francis COUSIN (Lc 2, 1-12)

« Où est le roi des juifs qui vient de naître ? »

 

Par rapport à l’évangile de dimanche dernier, nous repartons environ onze ans en arrière, à Bethléem où la Sainte Famille s’est installée, le temps que Jésus grandisse et puisse supporter le voyage de retour à Nazareth.

Pourquoi environ onze ans ? À partir du moment où Hérode, qui a peur pour son trône, veut faire « tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages » (Mt 2,16), et en considérant qu’il prenne une marge, cela fait environ onze ans.

Or, voici qu’un groupe de voyageurs (synode en grec ! … ), des mages nous dit l’évangile, des savants, sans doute des astrologues qui étudient le mouvement des étoiles, arrivent à Jérusalem, et s’enquièrent du lieu où se trouve « le roi des juifs qui vient de naître. Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »

Ces mages, on ne connaît pas leurs noms. C’est une tradition ultérieure qui leur a donné leur nombre (trois … parce qu’il y a trois cadeaux : or, encens, myrrhe), des noms, et des origines différentes : Asie, Europe, et Afrique (ce qui est impossible puisque l’Afrique est à l’occident de Jérusalem …), ce qui correspond à l’ensemble du monde connu à l’époque

Pourquoi cette tradition ? Sans doute pour cela aille avec les autres textes de ce dimanche :

Première lecture :

– « Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi (…) Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. ». Lumière : « Dieu est lumière » (1Jn 1,5), « Le verbe était la lumière véritable qui éclaire tout homme » (Jn 1,9), Jésus : « Je suis la lumière du monde » (Jn 8,12) … Rois, d’où l’appellation de Rois-Mages ! La clarté de ton aurore : le soleil se lève à l’orient !

– « Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi, vers toi viendront les richesses des nations. En grand nombre, des chameaux t’envahiront (…) apportant l’or et l’encens. ».  Il n’y a que la myrrhe qui manque … Et les chameaux, c’est le moyen de transport des mages pour la plupart des iconographes, parfois aussi des chevaux, … mais ils ne viennent jamais à pied ! Des rois-mages à pied ? Cela ne va pas !

Psaume :

« Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents. Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande. Tous les rois se prosterneront devant lui. »

Deuxième lecture :

« Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. ». Toutes les nations, donc des mages représentant tout le monde connu à l’époque, engagés dans un même projet … par l’annonce de l’évangile.

Mais ce qui fait la force de ces mages, c’est qu’ils cheminent ensemble, qu’ils marchent ensemble, qu’ils cherchent ensemble, qu’ils réfléchissent ensemble, qu’ils se prosternent ensemble, qu’ils adorent ensemble, qu’ils donnent ensemble, mais aussi qu’ils reçoivent ensemble … quoi ? un avertissement donné en songe, auquel tous croient, et qu’ils repartent ensemble chez eux … par un autre chemin …

Nous, qui sommes engagés, à la demande du pape François et de notre évêque, dans une démarche synodale, nous devrions prendre exemple sur ces mages, qui se sont engagés ensemble dans une même démarche : saluer le roi des juifs qui vient de naître, et qui repartent chez eux … par un autre chemin, un chemin qui n’est pas géographique, mais un chemin qui est différent de celui d’avant, … parce que ce sont eux qui ont changé, qui sont devenus autres après la rencontre avec ce petit enfant, avec Jésus … qui pourtant n’a pas pu leur dire grand-chose … mais a-t-on besoin de mots quand on se trouve face-à-face avec Dieu : un  regard suffit !

Alors, allons-y !

Mettons-nous ensemble de différents groupes : Communion !

Réfléchissons ensemble à l’avenir de notre Église : Participation !

Traçons des chemins pour aller vers les périphéries de l’Église : Mission !

Et nous en sortirons transformés par le regard de Dieu, de Jésus, qui sera avec nous tout au long de cette démarche : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » (Mt 18,20).

Seigneur Jésus,

permet que nous soyons comme les mages

qui sont venus d’adorer à Bethléem :

que nous sachions nous mettre ensemble

pour réfléchir ensemble

afin que notre Église soit accueillante,

ouverte aux autres,

et où règne l’amour,

l’amour dont tu nous aimes.

 

                                     Francis Cousin

 

 

 

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Fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph- Homélie du Père Louis DATTIN

SAINTE  FAMILLE

Vraie vie de famille

 Luc 2, 41-52

Au risque de vous étonner, je vais vous dire aujourd’hui que toute messe est une messe de mariage. A chaque messe, on célèbre un mariage, une Alliance nouvelle et éternelle : l’Alliance de Dieu et de l’homme. Dans chaque messe, Dieu se donne à l’homme et l’homme à Dieu. Toute la Bible nous raconte la saga de l’union de Dieu et de l’homme. Elle nous redit que Dieu aime l’Humanité comme un homme aime sa femme. Voilà pourquoi, l’Eglise place, juste après Noël, cette fête de la Sainte Famille.

Dieu est « famille » et veut être et vivre en famille avec nous.

Et nous, les familles chrétiennes, nous sommes chargées de revivre dans chacune de nos familles, le mystère de la Sainte Famille. Nous devons nous aimer, en famille, avec tout l’amour dont le Christ a aimé son père et sa mère.

. Dans une famille, le mari est responsable du salut de sa femme, et la femme devient responsable du salut de son mari, et les parents sont responsables du salut de leurs enfants, de les aimer assez pour les sauver.

. Cette fête célèbre la valeur contenue dans nos actes les plus ordinaires de la vie de famille. Qui, parmi vous, oserait dire, que sa famille est la Sainte Famille ? Comment voir le Seigneur, comme me le demande St-Paul, dans mon mari, dans ma femme, dans mes enfants ? Il nous faut la Foi pour cela !

Foi dans le Baptême, foi dans le mariage, foi dans l’amour, foi dans cette présence de Dieu dans chacune de nos familles.

Même dans la Sainte Famille, il fallait cette foi ! Joseph a dû faire foi en Marie. Il a dû croire en elle et Marie a dû croire en Joseph, faire confiance en son amour, à son respect, et Marie et Joseph ont eu foi dans leur enfant. Ils croyaient au mystère qui l’habitait. Ils ne comprenaient pas toujours.

. L’Evangile d’aujourd’hui le montre bien ! Mais ils faisaient confiance ! Jésus a montré lui aussi sa confiance à ses parents, puisqu’on nous dit : « Il leur était soumis », trente ans de vie commune à Nazareth, en famille, en vivant affectueusement une vie familiale toute simple, toute ordinaire.

Et nous ? Croyons-nous assez dans les autres ? Leur faisons-nous confiance ? Pour aimer, il faut la foi. Pour s’aimer, il faut se faire confiance à travers les désillusions, les crises, les épreuves : croire aux possibilités, à la richesse des différents membres de votre famille.

Toute la vie de famille est basée sur la foi. Si vous aimez votre mari, ce n’est pas parce que c’est l’homme le plus compréhensif, le plus tendre, le plus patient, le plus généreux. Non, car si votre amour ne s’adressait qu’à ces valeurs, vous seriez tentée de changer. Mais vous  devez  aimer  votre  mari  parce  que c’est le VÔTRE, parce que vous êtes liée à lui par le Sacrement de Mariage comme à une source indéfinie de mérites et de sainteté.

. Messieurs, si vous aimez votre femme, ce n’est pas nécessairement parce qu’elle est la plus belle, la plus douce, la plus tendre et la moins nerveuse du monde, mais parce qu’elle est votre femme, celle dont vous êtes responsable et dont vous aurez à rendre compte pour votre salut.

Et les parents, si vous aimez vos enfants, c’est parce que Dieu vous en  donne la charge. Vous ne les avez pas choisis à un concours des plus beaux bébés ou à une distribution des prix.

Vous les acceptez, comme Dieu vous les a envoyés et, comme de vrais parents, vous sentez, tous, dans votre cœur ce qu’il faut faire pour qu’ils réussissent leurs vies.

De même les enfants, si vous aimez vos parents, ce n’est pas parce qu’ils n’ont aucun défaut ou sont les meilleurs parents de la terre, mais vous les aimez parce que c’est votre père, c’est votre mère, parce qu’ils sont le 1er témoignage que Dieu a donné de sa paternité.

Voyez-vous, tout ceci est libérateur : l’amour que nous devons nous témoigner les uns les autres, dans une famille, au-delà des plaintes et des  reproches, doit  donner  libre  cours  à  une  carrière  indéfinie  de sainteté quotidienne, ordinaire, dans l’accomplissement de nos tâches conjugales et familiales.

C’est quand on aime et qu’on est aimé de cette façon-là que l’on devient le plus épanoui, le plus heureux.

. Il n’y a pas de bonheur qui approche le bonheur d’une vraie famille !

. Si vous avez, chez vous, un bébé, un petit enfant, vous avez fait l’expérience d’un amour gratuit, désintéressé : on l’aime sans mérite de sa part, sans condition et on lui pardonne son égoïsme, ses pleurs, ses caprices, ses cris qui empoisonnent tout le monde. Le travail qu’il donne, les inquiétudes qu’il cause : on ne songe même pas à lui pardonner, on s’en réjouit, on est rempli de joie et d’espoir.

C’est  dans  la  période  où  vous  avez  été  le plus aimé que vous avez   le plus grandi. On ne grandit  bien que  pour  et  par  les  êtres  qui nous aiment. Nous ne pouvons connaître croissance, épanouissement, harmonie que dans un milieu où nous nous sentons totalement compris et « AIMÉS ».

En vous disant cela, je vous dis, du même coup quel est le moyen le plus sûr de détruire une famille : c’est de la juger.

. A partir du moment où vous oubliez son caractère sacré et où vous jugez sans aimer, selon les apparences, les faiblesses, les cicatrices, les misères, les égoïsmes, vous détruisez la famille : ce qui explique peut-être pourquoi, il y a si peu de vraies familles chrétiennes.

. Il nous faut un motif absolu d’aimer les autres, sinon nous ne retrouverons jamais une raison proportionnée aux incroyables sacrifices que va vous demander dans une famille, la fidélité, la persévérance d’un amour conjugal et familial.

Une sainte famille est celle :

–   où l’on accepte de ne pas tout comprendre, comme Joseph et Marie au Temple de Jérusalem, mais de surmonter conflits et incompréhensions ;

–  où l’on accepte de toujours croire, de toujours s’aimer, malgré les déceptions et les souffrances.

. Un être n’est jamais perdu tant qu’il reste quelqu’un pour croire en lui et pour l’aimer. L’époux le plus indigne, la mère la plus misérable peuvent être sauvés s’il reste dans le cœur de son conjoint ou de ses enfants assez de foi pour reconnaître en lui le fils de Dieu au service de son Père, cette présence de Dieu que Jésus a voulu instaurer depuis Noël, depuis son Baptême, en chacun de nous.

Le monde a été sauvé, la Rédemption a pu se faire parce que pendant trente ans, dans une famille, on a cru les uns dans les autres et qu’on s’est aimé.

Notre  monde, à son tour, ne trouvera  son salut, son  sens, que si, dans  nos familles, il y a assez de foi, assez d’amour, assez de présence de Dieu dans nos maisons.   AMEN




La Sainte Famille par le Diacre Jacques FOURNIER

« L’enfant Jésus dans le Temple de Jérusalem » (Lc 2,41-52)…

 

Chaque année, les parents de Jésus se rendaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque.
Quand il eut douze ans, ils montèrent en pèlerinage suivant la coutume.
À la fin de la fête, comme ils s’en retournaient, le jeune Jésus resta à Jérusalem à l’insu de ses parents.
Pensant qu’il était dans le convoi des pèlerins, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances.
Ne le trouvant pas, ils retournèrent à Jérusalem, en continuant à le chercher.
C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions,
et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses.
En le voyant, ses parents furent frappés d’étonnement, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! »
Il leur dit : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »
Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.
Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements.
Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes.

 Jésus a grandi, il a douze ans, l’âge où l’on devient un adulte en Israël, l’âge où il est permis de lire publiquement la Parole de Dieu dans la Maison de Dieu : le Temple de Jérusalem… C’est d’ailleurs là où il est resté alors que ses parents, pensant qu’il était avec le reste de la famille, ont déjà repris le chemin du retour à Nazareth… Mais Jésus, lui, discute avec les Docteurs de la Loi, les spécialistes des Écritures. Et « tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses. » La Plénitude de l’Esprit l’habite et l’inspire, « Esprit de Sagesse et d’Intelligence, Esprit de Conseil, de Force et de Connaissance » (Is 11,1-3)… Il parlait « non pas avec des discours enseignés par la sagesse humaine, mais avec ceux qu’enseigne l’Esprit, exprimant en termes spirituels des réalités spirituelles » (1Co 2,13). Et « l’Esprit de vérité, qui vient du Père, lui rendait témoignage » dans les cœurs (Jn 15,26). Il en est déjà ici comme il en sera, quelques années plus tard, dans la synagogue de Nazareth : « Tous lui rendaient témoignage et ils étaient en admiration devant les paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche » (Lc 4,22). Même les soldats venus l’arrêter repartiront, dans un premier temps, sans mettre la main sur lui : « Jamais homme n’a parlé comme cela ! » diront-ils aux Grands Prêtres et aux Pharisiens qui les avaient envoyés (Jn 7,46).
Ces derniers l’avaient pourtant bien accueilli au tout début, mais beaucoup, jaloux de son succès, chercheront ensuite à le faire périr : « Alors les Pharisiens se dirent entre eux : Vous voyez que vous ne gagnez rien ; voilà le monde parti après lui ! » (Jn 12,19). Même Pilate « savait bien que c’était par jalousie qu’on le lui avait livré » (Mt 27,18). Jésus ne leur opposera que son silence, car il le sait, ils ne veulent pas entendre… Ils le tueront, et un « glaive transpercera le cœur de Marie », présente à ses côtés jusqu’au pied de la Croix. Et puis, ce sera à nouveau le silence… Et « c’est au bout de trois jours » qu’ils le retrouveront, lorsqu’il leur apparaîtra, Ressuscité, dans la splendeur de sa Gloire. « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme nous avons souffert en te cherchant », dit ici Marie. Mais « comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être », car « c’est de Lui que je viens » et c’est « là où Je Suis »… Nous le constatons : cet épisode, juste avant le récit du ministère de Jésus, annonce déjà ses souffrances futures et la victoire de sa Résurrection.

 




Fête de la Sainte Famille – par Francis COUSIN (Lc 2, 22-40)

« Le pèlerinage de Jérusalem. »

 

Entre l’évangile d’hier et celui d’aujourd’hui, douze ans se sont passés …

La sainte famille vit sa vie, comme toutes les familles de Nazareth … Avec peut-être une différence, c’est qu’elle est très religieuse et respectueuse de la Loi. On apprend celle-ci à Jésus, on lui apprend les prières, les psaumes, l’histoire du peuple juif, et peut-être Joseph commence à l’emmener à la synagogue pour préparer sa Bar-Mitzvah l’année suivante. Et les parents faisaient tous les ans le pèlerinage de la Pâque à Jérusalem.

Cette année-là, Jésus fait partie du voyage. Un honneur, et sans doute une grande joie pour Jésus : aller à Jérusalem, voir, et entrer dans le Temple de Dieu.

Au retour, le premier soir, Marie et Joseph ne retrouvent pas Jésus. Bien souvent, les enfants se retrouvaient ensemble, entre copains et connaissances, pour marcher à leur rythme, et la famille se retrouvait le soir …

Il doit bien être quelque part ! On demande dans le convoi, dans la caravane des pèlerins (L’évangéliste Luc utilise le mot grec synodia, qui a donné synode : « communauté en marche » !).

Pas de Jésus ! On demande, on cherche … Toujours pas de Jésus … Premier jour !

Le lendemain, Marie et Joseph reprennent le chemin de Jérusalem … Deuxième jour !

Au matin, Marie et Joseph le cherchent, … et finissent par le trouver … Troisième jour !

Trois jours d’attente et d’angoisse pour les parents … comme les trois jours d’attente et d’angoisse pour tous les disciples de Jésus, entre sa mort et le jour de sa Résurrection …

Trois jours où Jésus manque !

Alors, quand Marie et Joseph le retrouvent « dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions », le sang de Marie ne fait qu’un tour, et comme l’aurait fait toute maman, elle houspille son fils : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! ».

Ce à quoi Jésus réplique : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »

Ton père : Joseph, le père nourricier …

Mon Père : Dieu, … chez mon père : dans le Temple de Jérusalem … et Jésus doit être chez son Père …

« Ainsi devient-il clair que ce qui apparaît comme désobéissance ou comme liberté inopportune à l’égard de ses parents, en réalité, est vraiment l’expression de son obéissance filiale. Il est dans le Temple non comme rebelle à ses parents, mais précisément comme celui qui obéit, avec la même obéissance qui le conduira à ma Croix et à la Résurrection. » (Benoît XVI, L’enfance de Jésus).

Ton père, mon Père … Cela a dû faire un choc dans l’esprit de Marie et de Joseph : « De quoi il parle ? » … et saint Luc nous dit : « Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. »

Malgré l’incompréhension, les choses s’arrangent : « Jésus descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis. ».

Mais cela reste gravé dans le cœur de Marie : « Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements. ».

On a une phrase semblable dans le même chapitre de saint Luc, juste après la visite des bergers à la crêche : « Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. » (Lc 2,19). C’était douze ans avant …

Seigneur Jésus,

on ne sait comment tu as su

que tu étais chez ton Père dans le Temple.

Sentiment inné ou communication

fréquente entre ton Père et toi

depuis ta naissance ?

Peu importe !

Mais tu es reparti avec Marie et Joseph

grandir devant ton Père et les hommes.

 

                                     Francis Cousin

 

 

 

 

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