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Rencontre autour de l’Évangile – 31ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force.»

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mc 28b-34)

Jésus est à Jérusalem. Ce passage vient  après des discussions sur l’impôt à César, sur la résurrection avec le groupe des sadducéens. Un scribe qui a entendu la discussion et qui trouve qu’il a bien répondu, vient interroger Jésus sur le plus grand commandement. Il est bien disposé.

 

Regardons-réfléchissons-méditons

Faire lire lentement le texte, suivre les personnages et entrer dans le dialogue

Un scribe : Savons-nous  qui étaient les « scribes » ?

Quel est le premier de tous les commandements ? Pourquoi cette question ?

Ecoute, Israël : Le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur… ; Jésus choisit de répondre par la profession de foi du Deutéronome. (Dt 6, 4-5)

Pourquoi il ne cite pas le Décalogue ?

 Tu aimeras le Seigneur ton Dieu :

De tout ton cœur

 De toute ton âme

De tout ton esprit

 Et de toute ta force

Tu aimeras ton prochain comme toi-même :

Pas de commandement plus grand que ceux-là : Que veut nous faire comprendre Jésus ?

Tu as raison de dire que Dieu est l’Unique  et qu’il n’y en a pas d’autre que lui : Pourquoi le scribe insiste sur le Dieu unique devant Jésus ?

Aimer Dieu de tout son cœur…et son prochain comme soi-même

Vaut mieux que toutes les offrandes et tous les sacrifices : Quelle est l’importance de cette remarque du scribe pour nous chrétiens ?

Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu : Que signifie cette parole de Jésus ?

Pour l’animateur 

Les scribes  étaient des spécialistes de la Loi. Ils appartenaient pour la plupart à la confrérie des Pharisiens qui s’appliquaient à promouvoir la stricte application de la Loi. Les pharisiens croyaient à la résurrection, contrairement aux sadducéens. C’est pourquoi le scribe qui s’avance vers Jésus pour l’interroger est satisfait parce que Jésus a bien répondu aux sadducéens.

Quel est le premier de tous les commandements : Dans la tradition juive, les pharisiens comptaient 613 préceptes. Il y avait des discussions sur l’importance de tel ou tel précepte. Cela explique la question qui est posée à Jésus. Au lieu de répondre par les dix commandements, Jésus va à l’essentiel qui est le cœur de tout le Décalogue.

Ecoute Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique Seigneur : ce sont les premiers mots de la prière qui, chez les juifs, est l’équivalent de « Notre Père ». Elle porte le nom de « Shema Israël ». C’est une magnifique profession de foi au Dieu unique qui veut être aimé totalement…

Tu aimeras de tout ton cœur… : le cœur, l’âme, l’esprit, la force : c’est tout l’être. Toute la personne, avec toute sa capacité d’aimer, est engagée dans l’amour et le respect du Dieu unique.

Mais Jésus n’en reste pas là. Il joint à ce premier commandement un second qui prescrit l’amour du prochain. Jésus enchaîne l’amour du prochain à l’amour de Dieu, comme pour en faire un seul commandement.

« Dieu est l’Unique et qu’il n’y en a pas d’autre que lui » : Le scribe insiste sur le fait que Dieu est Unique  parce qu’à plusieurs reprises déjà, Jésus a laissé entendre que Dieu était son Père.

Il conclut que l’amour de Dieu et du prochain est préférable à tous les sacrifices » du culte juif. Remarque que Jésus apprécie et qui confirme la parole de l’Ecriture  (Osée 6,6): « C’est l’amour que je veux et non les sacrifices ». Combien cela reste valable pour nous disciples de Jésus. Si nos démarches religieuses et nos dévotions ne font pas grandir en nous l’amour de Dieu et de nos frères, elles demeurent stériles.

« Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu » : un compliment rare dans la bouche de Jésus pour un pharisien. Dans le groupe des scribes qui, pour la plupart étaient contre lui, Jésus a trouvé des hommes en marche vers la lumière. Jésus a eu un dialogue profond avec ce scribe pharisien particulièrement ouvert, sans aucune arrière-pensée. Ce dialogue a mis fin aux discussions.  

 

TA PAROLE DANS NOTRE COEUR

Seigneur Jésus, tu nous as unis en un seul commandement l’Amour de Dieu et du prochain: tu nous révèles que l’amour de Dieu et l’amour du prochain est inséparable. Toi même, c’est en aimant tes frères que tu nous as révélé à quel point tu aimais Dieu ton Père. Mais en même temps tu nous as révélé que c’est dans l’Amour de Dieu ton Père que tu  puisais sans cesse la force d’aimer tous tes frères, même quand le prochain était ton ennemi.

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

Quelle est la bonne nouvelle que nous  apporte cet évangile ?

Quel visage de Dieu Jésus nous révèle-t-il ?

Jésus nous révèle que seul Dieu veut vraiment notre bien, notre bonheur. Les faux-dieux qui peuvent exister dans notre vie ne peuvent que nous éloigner du seul vrai Dieu qui a droit à tout notre amour. Bien plus, si nous transformons en idoles les choses (l’argent, le pouvoir, le jeu, le plaisir, le sport…) elles finissent par détruire en nous l’amour.

Qu’est-ce qui est essentiel dans la vie chrétienne ? Jésus nous le rappelle

Dieu est-il pour moi Celui qui mobilise toutes mes forces d’aimer, de comprendre, de vivre et d’agir ? Autrement dit, Dieu est-il le seul Dieu de ma vie ?

L’amour est un engagement ; il n’est pas pur sentiment, mais fidélité concrète à  la volonté de Dieu. L’amour de Dieu et de mes frères est-il au centre de ma vie chrétienne ?

Il y a bien deux préceptes de l’amour : c’est à dire deux termes distincts de cet amour : Dieu et le prochain. Mais il n’y a qu’un seul et unique amour par lequel on s’approche du Royaume de Dieu. C’est le même cœur qui aime. 

Un conte chinois pour sourire et faire réfléchir :

« Un mandarin partit un jour dans l’au-delà. Il arriva d’abord en enfer. Il vit beaucoup d’hommes attablés devant des plats de riz ; mais tous mouraient de faim, car ils avaient des baguettes longues de deux mètres et ne pouvaient s’en servir pour se nourrir. Puis il alla au ciel. Là aussi il vit beaucoup d’hommes attablés devant des plats de riz ; et tous étaient heureux et en bonne santé, car eux aussi avaient des baguettes longues de deux mètres, mais chacun s’en servait pour nourrir celui qui était assis en face de lui. »

ENSEMBLE PRIONS   

Nous te rendons grâce, Dieu notre Père, pour ton Fils Jésus Christ : en se donnant tout entier à Toi et aux hommes, il nous a ouvert le chemin de l’amour parfait qui conduit au Royaume.

 Chant : Pour que l’amour. (Carnet des paroisses p. 127) – Notre  Père…

 

 

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30ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Père Rodolphe EMARD

Homélie du dimanche 24 octobre 2021 

 

ÉVANGILE

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 10, 46b-52)

En ce temps-là,
tandis que Jésus sortait de Jéricho
avec ses disciples et une foule nombreuse,
le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait,
était assis au bord du chemin.
Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth,
il se mit à crier :
« Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! »
Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire,
mais il criait de plus belle :
« Fils de David, prends pitié de moi ! »
Jésus s’arrête et dit :
« Appelez-le. »
On appelle donc l’aveugle, et on lui dit :
« Confiance, lève-toi ;
il t’appelle. »
L’aveugle jeta son manteau,
bondit et courut vers Jésus.
Prenant la parole, Jésus lui dit :
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »
L’aveugle lui dit :
« Rabbouni, que je retrouve la vue ! »

 Et Jésus lui dit :
« Va, ta foi t’a sauvé. »
Aussitôt l’homme retrouva la vue,
et il suivait Jésus sur le chemin.

    – Acclamons la Parole de Dieu.

**********************

HOMÉLIE

Frères et sœurs, nous connaissons bien ce passage de la guérison de l’aveugle Bartimée par Jésus. Ce passage occupe une place particulière dans l’Évangile de Marc : il s’agit de la dernière guérison que Jésus va accomplir, juste avant son entrée triomphale à Jérusalem, lieu de son mystère pascal.

Bartimée est fortement éprouvé, à double titre :

  • D’une part, il est aveugle ;

  • D’autre part, il est dans une situation de grande misère qui le contraint à mendier.

S’il a perdu la vue, il n’a pas perdu son audition et sa parole. Dès qu’il apprend la présence de Jésus, il va lancer un vrai cri qui équivaut à une véritable profession de foi : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! »

 

Bartimée n’est pas au bout de ses peines car la foule veut lui faire taire mais l’aveugle va lancer à nouveau le même cri : « Fils de David, prends pitié de moi ! » Une foi étonnante et audacieuse !

La question de Jésus peut paraître surprenante : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » La réponse peut sembler évidente : le mendiant demande à Jésus de le prendre en pitié et qu’il recouvre la vue. Quelle autre réponse pouvait attendre Jésus ?

Par ce « Que veux-tu ? », il y a deux points que nous pouvons retenir :

  • Jésus est certes le Sauveur mais il respecte profondément la liberté de chacun. Il ne s’imposera jamais à nous car il nous aime et que l’amour ne contraint pas !

  • Jésus offre également à Bartimée un espace pour exprimer sa confiance et sa foi, un espace de liberté.

Oui le Christ ne s’imposera jamais dans notre vie. C’est bien à chacun de consentir à ce que Jésus entre dans son histoire. La liberté de chacun est requise : c’est bien un enseignement sur lequel méditer…

********************************

La cécité dont il est question dans l’Évangile est chargée de sens pour nous. Chacun de nous a besoin de la lumière de Dieu, de la lumière de la foi pour marcher au mieux sur le chemin de la vie, à la suite du Christ. Nous avons trop souvent tendance -et à tort- à nous fier qu’à notre propre « fanal ».

Il est essentiel de se reconnaître parfois aveugle sur bien des situations : ce que nous ne voyons pas, ce que nous ne voulons pas voir, les cécités de notre cœur… Nous devons reconnaître avoir besoin de la lumière du Christ pour avancer. Cette reconnaissance est centrale afin de pouvoir implorer cette lumière, sinon il y a le risque de rester aveugle toute sa vie sur plusieurs choses essentielles.

Bartimée est un modèle pour nous. Il témoigne que la rencontre avec Jésus peut vraiment changer une vie et la changer en mieux, toujours en mieux. Le Christ donne tout, il n’enlève rien à nos vies !

Précisons un dernier point. L’Évangile précise : « Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l’aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. » » Bartimée a sans doute entendu un groupe de personnes parler de Jésus, de ses guérisons, de ses miracles, de sa bonté envers les pauvres…

Sommes-nous de ces personnes ? En tous les cas, si nous nous disons disciples du Christ, nous le devons ! Beaucoup de bruits nous entourent, trop de bruits que nous diffusons également autour de nous. Et parfois, de mauvais bruits dans nos diverses conversations : nos lamentations, nos critiques négatives et non-constructives, nos paroles pessimistes…

Parfois aussi, comme les gens de l’Évangile vis-à-vis de Bartimée, nous cherchons aussi à faire taire les autres voir même de les empêcher de crier vers le Christ. Le contre-témoignage est bien une triste réalité !

C’est ainsi que nous sommes interrogés frères et sœurs : dans notre vie quotidienne, quels « bruits » diffusons-nous du Christ ? C’est bien les « bruits » de la confiance, de l’espérance, de la paix que devons davantage diffuser…

Nous avons à conduire à la confiance au Christ et nous avons aussi à rappeler que le Christ nous appelle à être ses témoins dans nos différents lieux de vie.

Demandons au Seigneur de nous guérir de nos aveuglements. Demandons-lui sa lumière pour que nous soyons de vrais témoins de la foi, une foi qui sauve : « Va, ta foi t’a sauvé. » Amen.




30ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mc 10, 46-52)

« Bartimée. »

 Bartimée est un aveugle, de naissance … qui n’a jamais vu ! Il ne sait pas ce que c’est que ’’voir’’ … On a beau essayer de lui expliquer les formes, … les couleurs … Il ne peut pas savoir.

C’est un peu comme nous, quand on nous parle du Royaume des Cieux. On ne peut pas savoir … Jésus nous en parle beaucoup … on comprend de petites choses … mais on ne peut pas savoir.

Certains ont fait des Expériences de Mort Imminente (EMI), ce que le docteur Patrick Theillier, ancien responsable du Bureau des Constatations Médicales de Lourdes, préfère appeler des Expériences de Vie Imminente (EVI), et les ont racontées. Les expériences sont diverses, mais la plupart décrivent un lieu où on se sent bien et où règne l’amour. Mais on ne pourra savoir ce qu’il est que quand nous y serons … !

Bartimée, l’aveugle, « était assis au bord du chemin », c’est-à-dire à l’écart de la vie de tous les jours, à l’écart des autres,  et il mendiait …

Aveugle, mais pas sourd !

Il avait entendu parlé de Jésus de Nazareth, un grand prêcheur qui promet le Royaume de Dieu … pour ceux qui l’auront mérité … et qui accessoirement guéri des gens …

Quand ce jour-là, il entend le brouhaha d’une foule nombreuse, il demande ce qui se passe, et on lui dit que c’est Jésus de Nazareth qui passe avec ses disciples.

Alors il s’écrit : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! ».

On veut le faire taire. C’est vrai, quoi ! C’est pas un petit mendiant aveugle, assis sur le bord de la route, qui va nous empêcher d’écouter Jésus !

C’est vrai, quoi !

Réaction bien humaine ! … mais loin de l’amour de Dieu pour les petits …

Et c’est encore vrai maintenant !

N’avons-nous pas tendance à ne pas tenir compte des petits, de ceux desquels on passe à côté sans se rendre compte qu’ils existent ! Et il y en a un paquet ! Que peuvent-ils dire d’intéressant ?

Et pourtant, Bartimée, l’aveugle, lui a bien vu qui était Jésus : « Fils de David … »

Il voyait mieux que les autres ! Il voyait avec le cœur !

A l’heure où va commencer la réflexion sur « une Église synodale », gardons cela à l’esprit !

Laissons la parole, et écoutons ceux qui nous semble ne pas y connaître grand-chose ! Nous serons sans doute surpris de la profondeur de leur réflexion, ou des sujets qu’ils abordent qui peuvent nous sembler inintéressants, … et même si ce n’est pas toujours bien formulé …

« Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » (Mt 11,25)

Tous ont le droit de s’exprimer !

Bartimée insiste. Il crie plus fort : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! ».

Jésus l’entend … il s’intéresse particulièrement à ceux qui sont « au bord du chemin ».

« Appelez-le. »

Le maître a parlé ! … Tous ceux qui voulaient faire taire Bartimée sont maintenant à l’encourager : « Vite ! le Seigneur t’appelle ! ».

Bartimée ne se le fait pas dire deux fois ! Il jette son manteau, sans doute son bien le plus précieux, sa carapace de mendiant … et il court vers Jésus !

Aveugle, mais avec l’ouïe affinée … il sait où se trouve Jésus, à quelle distance …

L’appel de Jésus établit une connivence entre eux …

« Que veux-tu ? »

« Voir. »

« Va, ta foi t’a sauvé ! ». Il est sauvé avant de voir clair ! « Tu es tiré d’un danger dans lequel tu aurais pu sombrer et périr. » … Tiré de l’enfer … « Tu as cru en moi comme étant le Messie ! »

Bartimée est sauvé … il voit … et devient disciple : « Il suivait Jésus sur le chemin ». Le chemin qui mène Jésus à Jérusalem, à sa Passion et sa mort, mais surtout à sa résurrection !

Bartimée va voir Jésus tel qu’il était … avant son incarnation, quand il était encore auprès du Père, dans le Royaume de Cieux … « Ta foi t’a sauvé ! ».

On peut se poser la question : « Qui étaient les aveugles à la sortie de Jéricho ? »

Bartimée … ou les disciples qui suivaient Jésus ? (ou certains d’entre eux …).

On pourrait peut-être dire pour eux ce que Jésus disait aux pharisiens : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : “Nous voyons !”, votre péché demeure. » (Jn 9,41).

Et nous, ne sommes-nous pas un peu aveugles, ou malvoyants … qui ne voyons pas ceux qui sont « au bord du chemin » ? Qui ne comprenons pas la bonté de Dieu envers les petits … ou ceux que nous voyons petits … mais qui sont peut-être plus grands que nous ?

Seigneur Jésus,

l’épisode de Bartimée nous invite

à nous poser des questions :

Qui est au bord du chemin ?

Qu’ai-je fait pour lui ?

Pourquoi je ne m’intéresse pas à lui ?

Pourquoi je ne l’écoute pas ?

Apprend-moi à voir en eux

le prochain dont je dois m’approcher,

à voir en eux ta présence.

 

                                     Francis Cousin

 

 

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30ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Bartimée

Mc 10, 46-52

En venant d’écouter cette dizaine de lignes d’Evangile, l’erreur serait de faire le commentaire suivant : « Eh bien oui, le Seigneur est grand. Il vient encore de faire un miracle ! Cette fois-ci, c’est un aveugle qu’il vient de guérir. Dieu soit loué ! Et passons à autre chose ».

Or, c’est peut-être l’un des passages de l’Evangile parmi les plus importants pour nous. J’ai déjà eu l’occasion de vous le dire. Par un miracle, Jésus nous fait signe, à nous : il ne guérit pas pour guérir. Il guérit pour nous expliquer, nous faire comprendre quelque chose. Essayons de décortiquer ces quelques lignes : le miracle n’est qu’un signe.

Voilà donc un aveugle dont nous connaissons même le nom : Bartimée. C’est le fils de Timée qui est assis sur le bord de la route. Un aveugle, à cette époque-là, ne bénéficiait pas de la sécurité sociale ni du RMI. C’était un exclu. Il était obligé de mendier, condamné aussi à l’immobilité, assis sur le bord de la route. Là, au moins, il n’y avait pas trop de dangers.

Les aveugles, par compensation, c’est bien connu, ont l’oreille fine. Aussi, entend-il, de loin, de très loin, sans doute, un groupe qui approche. Pour un mendiant, c’est intéressant. Alors, il fait son enquête auprès de ceux qui passent : « Qui est-ce ? Qu’y a-t-il? », et la foule lui répond : « Jésus de Nazareth ». Vous entendez bien : « Jésus de Nazareth », c’est-à-dire un homme de Nazareth, le fils de Joseph le charpentier. « Jésus de Nazareth », voilà comment on appelait Jésus quand on ne croyait pas en sa divinité.

Lui, apprenant que c’est Jésus, il se met à « crier », nous dit l’Evangile, oui, à « crier », à hurler, parce que lui, il a la foi, lui, il sait qu’il peut guérir et en criant, il ne va pas dire « Jésus de Nazareth », mais il lui donne immédiatement son titre messianique : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi! ».

« Fils de David« , çà c’est le « Messie« , celui dont on dit que « Par lui les aveugles verront clair ».

Alors, frères, je vous pose la question : « Quel est celui qui y voit le plus clair ? Celui qui considère Jésus comme un homme parmi les autres et qui l’appelle « Jésus de Nazareth » ou celui qui va crier, ayant reconnu le Messie « Fils de David, aie pitié de moi ! » ? L’aveugle, ce n’est plus lui, c’est la foule : elle ne voit pas qui est Jésus et le seul voyant, le seul clairvoyant, c’est l’aveugle qui se remet à crier de plus belle « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! ».

Un seul, dans toute la foule voit clair, c’est celui que Jésus va guérir de sa cécité physique parce que, spirituellement, il est le seul qui a vu et qui voit qui est Jésus.

D’ailleurs cette foule qui n’y voit rien, lui commande de se taire : « Tais-toi donc ! Tu nous importune avec tes cris ».

Souvent, et surtout à notre époque, ce n’est pas la foule qui nous fait du bien. La foule, c’est bien connu, a des réactions grégaires et médiocres. Son niveau se situe et se nivelle plus bas que l’individu qui, lui, a des réactions personnelles. Mais lui, au lieu de se taire, de s’écraser comme on dit, crie de plus belle :

« Fils de David, aie pitié de moi ! ».

Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le ».

A chacune de nos prières, à nous aussi, à chacune de nos détresses, au cœur de nos épreuves, si nous avons la foi, Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le ». Et voici cette même foule qui, il y a un instant, lui commandait de se taire, lui dit maintenant ces paroles splendides :

« Confiance ! Lève-toi ! Il t’appelle ! ».

Ces mêmes paroles sont dites, à nous aussi, de la même façon dès que nous avons conscience de notre misère, dès que nous appelons au secours, dès que nous crions « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! ».

 Nous pouvons, nous devons, dans la foi, entendre ces mots : « Confiance ! Lève-toi ! Il t’appelle ! » Le Seigneur ne passera pas sur la route sans nous voir. Il ne continuera pas son chemin : il nous aime, il s’arrête, il nous appelle. Il désire, bien plus que nous encore, nous guérir, nous faire voir clair. Il nous appelle à changer de regard, à purifier notre vision du monde.

Que fait l’aveugle ? Un geste irraisonné, un geste fou, s’il n’avait pas la certitude de la puissance de Jésus : il jette son manteau. Ces mendiants infirmes couchaient dehors, leur manteau : c’était leur maison, leur sécurité. La nuit, c’était la chaleur, le jour, il l’étalait, s’asseyait dessus et devant eux pour recueillir la monnaie. « Il jette son manteau, bondit (n’oublions pas qu’il est aveugle) et court vers Jésus ».

Autre surprise : Jésus lui pose une question, question qui semble inutile, vaine, voire ridicule devant l’évidence :

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »

Pourquoi Jésus pose-t-il cette question ? Il sait bien ce que l’aveugle va lui demander. Il sait ce dont il a besoin, il connaît son infirmité, il n’a qu’à regarder. Jésus désire qu’il le dise lui-même, qu’il formule en public sa demande.

C’est toute l’importance, frères, de la prière : il ne suffit pas de désirer quelque chose, même avec force. Il faut la formuler, la dire au Seigneur, le lui demander de façon explicite, avec foi, avec certitude. Quand je vois, cette question de Jésus, je pense, aussi, au sacrement de réconciliation et à ceux qui disent

« Moi, je m’accuse intérieurement, je me confesse directement à Dieu, dans mon cœur ». Jésus désire de nous une démarche plus explicite, plus objective, plus extérieure pour que notre foi puisse vraiment se manifester aux autres dans une démarche publique. La réponse de l’aveugle ne se fait pas attendre : « Mais, Seigneur, que je voie ! »

Admettez un instant que l’aveugle lui ai dit : « Une petite pièce d’argent Seigneur : un p’tit quatre sous ! Je n’en ai pas beaucoup, il faut bien vivre ». Le Seigneur ne lui aurait pas donnée. Non, l’aveugle, comme nous aussi dans notre prière, va à l’essentiel : « Que je voie ! »

Est-ce que dans notre prière, nous ne demandons pas, parfois, des accessoires, des bricoles alors que l’essentiel, ce que le Seigneur voudrait nous donner, nous ne le demandons pas ? Que faut-il lui demander? Que faut-il lui dire ?

« Seigneur, que je voie, que je te voie, que l’Esprit-Saint habite en moi, que je me dirige toujours selon tes désirs, que j’ai toujours un cœur ouvert aux autres ! ». Alors, là, c’est certain, le Seigneur vous exaucera à coup sûr, vous lui demandez l’essentiel et cela dans la foi : « Va, dit-il, ta foi t’a sauvé ».

Pourquoi Jésus dit-il « Ta foi t’a sauvé » ? C’est parce que Dieu ne peut agir que dans un cœur qui lui est déjà ouvert, que sur des yeux qui ont déjà reconnu sa divinité en criant « Jésus fils de David ! ». Une prière sans foi, sans confiance, sans certitude intérieure n’est qu’une demande vaine, une démarche inutile. C’est notre foi qui nous sauve, tout autant que l’amour du Christ. Pour nous, il n’y a pas l’un sans l’autre : la foi demande l’amour et l’amour répond à la foi.

A l’objection classique et courante de ceux qui s’excusent en disant: « Les chrétiens ne sont pas meilleurs que les autres », il faut répondre que ces chrétiens qui certes, ne sont pas parfaits, ont au moins la foi et que cette foi les sauvera parce que Dieu y répond toujours avec amour : « Aussitôt l’homme recouvre la vue ».

Cet homme était, on l’a vu au début, assis sur le bord de la route, les derniers mots de l’Evangile nous racontent « Et il suivait Jésus sur la route ». Si, nous aussi, nous voyons clair, si le Christ nous donne sa lumière, s’il change notre regard, nous ne resterons pas spectateurs sur le bord de la route, nous nous mettrons, nous aussi, en marche avec lui. D’ailleurs, le Christ n’a-t-il pas dit :

« Celui qui me suit, ne marchera pas dans les ténèbres ! »

Alors, en route, mes frères, avec lui ! … AMEN




30ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 10, 46-52)

« Jésus, fils de David,

aie de la miséricorde pour moi ! »

(Mc 10,46-52)

 

    En ce temps-là, tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait, était assis au bord du chemin.
Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! »
Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! »
Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l’aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. »
L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus.
Prenant la parole, Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! »
Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin.

       

Jésus est en marche vers Jérusalem où il va vivre sa Passion pour le salut du monde. Bartimée, « un mendiant aveugle » est « assis au bord de la route ». Par deux fois, il lui crie dans le grec des Évangiles : « Éléêson mé ». Or, « éléos », c’est « la miséricorde ». On pourrait donc traduire : « Jésus, Fils de David, aie de la miséricorde pour moi ! ». Mais c’est exactement ce que Jésus est venu mettre en œuvre pour tous les hommes : « la Toute Puissance de la Miséricorde de Dieu », pour reprendre les termes de la Vierge Marie (Lc 1,49-50), car il est, dit peu après Zacharie, « l’Astre d’en haut, qui nous a visités dans les entrailles de miséricorde de notre Dieu ». Autrement dit, tout en lui n’est que manifestation de l’infinie Miséricorde qui remplit le cœur de Dieu… Le mal nous a plongés de cœur, spirituellement, dans les ténèbres ? « L’Astre d’en Haut nous a visités pour illuminer ceux qui demeurent dans les ténèbres » car sa Lumière, et « Dieu Est Lumière », « a brillé dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie » (1Jn 1,5 ; Jn 1,5). Mais, puisque « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16) et qu’Il n’Est qu’Amour (François Varillon), cette Lumière est celle de l’Amour. Autrement dit, aucun péché, aucune misère, aussi énorme soit-elle, ne pourra empêcher Dieu d’Être ce qu’Il Est, et Il Est Amour, heureux de notre joie, bouleversé par nos souffrances et par nos peines, fussent-elles les conséquences de notre péché… Aussi n’a-t-il qu’une Parole à nous dire, et cette Parole retentit jusqu’au cœur de notre misère : « Je t’aime ! » « Le Père Lui-même vous aime », nous dit Jésus (Jn 16,27 ; 17,23 ; Ap 1,5). Et dans ce « je t’aime » se cache un Don qu’il veut voir régner en nos cœurs et qu’il ne reprendra jamais : le Don de sa Lumière, appelée à régner dans nos nuits, le Don de sa Vie, appelée à triompher de tous nos états intérieurs de « mort »…

« Le Seigneur a beaucoup de cœur », « il est miséricordieux et compatissant » (Jc 5,11)… « JE SUIS miséricordieux », avait-il déjà dit par son prophète Jérémie (3,12). Or, ce seul « JE SUIS » suffit à exprimer tout ce qu’Il Est (Ex 3,14). Nous retrouvons ainsi, avec l’Ancien Testament, que Dieu Est tout entier Amour, un Amour qui face à notre misère prend le visage d’une inlassable Miséricorde. Et il n’a qu’une Parole à nous répéter jour après jour : « Je t’aime », et tes blessures, je les ai prises sur moi, pour que tu en guérisses: « Par tes blessures, ô Christ, nous sommes guéris ! » (1P 2,24). Aussi nous invite-t-il jour après jour à tout lui offrir, et il triomphera, pour notre joie !     DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 30ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »

 «Rabbouni, que je retrouve la vue !»

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mc 10, 46-52)

C’est la dernière étape avant l’entrée à Jérusalem où Jésus connaîtra l’opposition la plus farouche puis sa Passion  et sa mort. Dans cette guérison de l’aveugle, Marc voit le type du vrai croyant : négligeant les menaces, il appelle Jésus à l’aide et bondit vers lui quand le Christ le fait venir.

 

Regardons-réfléchissons-méditons

Faire lire lentement le texte, suivre les personnages et entrer dans le dialogue

Jéricho : Une ville bien connue de la Bible, située pas loin de la Mer Morte. Elle est située à 400 mètres en dessous du niveau de la mer. Jérusalem est à 600 m au-dessus du niveau de la mer : une simple addition nous aide à réaliser ce que la bible appelle « la montée vers Jérusalem ».

Avec ses disciples et une foule nombreuse : Que fait cette foule avec Jésus ?

Un mendiant aveugle, Bartimée : Que signifie la présence de cet aveugle sur la route de Jésus ?

Jésus, fils de David : Pourquoi ce titre donné à Jésus ?

Aie pitié de moi : Quels sentiments expriment ce cri de l’aveugle ?

Beaucoup de gens l’interpellaient vivement pour le faire taire : La foule est souvent un obstacle qui empêche d’approcher Jésus. Pensons à Zachée.

Jésus s’arrête et dit : « appelez-le » : Admirer l’attitude de Jésus par rapport à celle de la foule.

 Confiance, lève-toi, il t’appelle : Jetant son manteau, il bondit et vint vers Jésus : Quelle était l’importance du manteau au temps de Jésus ? Que signifie ce bond et cette course de l’aveugle, alors qu’il est dans sa nuit ?

Que veux-tu que je fasse pour toi ? Pourquoi cette question étonnante de Jésus ?

Rabbouni, que je voie : Quels peuvent être les deux sens du mot « voir » dans la demande de l’aveugle ?

Va, ta foi t’a sauvé… : Quelle est le sens de la guérison faite par Jésus ?

Il cheminait à sa suite :

Comment définir le disciple de Jésus dans l’évangile ?

Pour l’animateur 

Jéricho, c’est la dernière ville étape avant de « monter à Jérusalem ». Cette montée, c’est le symbole de toute la vie de Jésus, qui a été une montée vers la Passion et la Mort.

L’aveugle Bartimée, est le symbole de l’aveuglement des disciples qui ne comprennent pas que Jésus doit passer par le chemin du Serviteur souffrant pour réaliser sa mission de Messie.

Fils de David : Dans la tradition biblique, c’est le titre qu’on donnait au Messie attendu par le Peuple élu. Pour l’aveugle, Jésus est ce Roi-Messie : C’est pourquoi, il l’appelle « Fils de David ». «Aie pitié de moi » : Son cri est l’expression d’une grande détresse, mais surtout d’une étonnante confiance.

La foule le considère comme un gêneur et veut empêcher le pauvre de parler, mouvement de rejet qui caractérise bien la société de l’époque vis à vis des exclus.  A l’inverse de la foule qui est pressée d’aller à Jérusalem, Jésus « s’arrête » : Une fois encore, le Messie manifeste sa volonté de se laisser approcher par ceux que ses amis veulent  écarter. (comme avec les enfants).

Jésus le fait appeler. On lui dit : « confiance, lève-toi ! Il t’appelle » : Ce « lève-toi » veut dire aussi « ressuscite ».

L’aveugle jeta son manteau : Dans la Bible, le manteau du pauvre, c’est à la fois sa maison, sa couverture, son lit… le vêtement symbolise la personnalité de celui qui le porte. Son manteau est l’unique bien que possède « le pauvre ». Il quitte tout pour suivre le Christ, ce que l’homme riche n’a pas pu faire.

Il bondit : Ce bond, alors qu’il est encore  dans la nuit, est le bond de la foi. Il courut vers Jésus : Pareillement cette course pour rejoindre le Sauveur exprime sa grande foi impatiente.

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Cette question étonne, car les besoins de cet homme sont évidents. Mais Jésus respecte toujours la liberté humaine de celui qui l’approche. Et il veut qu’il exprime son attente.

« Rabbouni, que je voie » : ces mots ont toute leur force. Rabbouni signifie « mon Maître », avec une note de vénération et de familiarité, (un peu comme lorsque nous disons « Mon Seigneur et mon Dieu »). Le « que je voie » exprime sans doute le désir de retrouver la vue, mais aussi un besoin plus profond.

La réponse de Jésus le rejoint au niveau le plus profond, au niveau de sa foi : « va, ta foi, ta sauvé » : « va », c’est un envoi. Jésus libère l’homme de ce qui le paralysait. Le don fait par Jésus est plus qu’une guérison physique : c’est le salut de l’homme tout entier. C’est le sens profond des miracles accomplis  par Jésus.

Aussitôt : L’homme  guéri emboîte le pas à Jésus. Il se met à le suivre : formule bien connue qui désigne l’attitude du « disciple ».

Bartimée, qui était assis à côté de la route, aveugle et mendiant, le voilà debout, en marche sur la route, voyant clair et porteur de la Bonne Nouvelle.

Placé à cet endroit où Jésus chemine vers Jérusalem, entraînant ses disciples et la foule vers « une lumière » plus grande sur sa personnalité et sa mission, ce récit veut montrer clairement ce qui  fait « le vrai disciple » : Il faut se laisser conduire par le Maître à l’illumination de la foi : Jésus invite ses amis et tous ceux qui veulent le suivre à ouvrir les yeux de leur cœur pour accueillir, dans la foi, la vision d’un Messie souffrant et triomphant.

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

Quelle est la bonne nouvelle que nous apporte cet évangile ?

Quel visage de Dieu Jésus nous révèle-t-il dans cette rencontre avec l’aveugle Bartimée ?

 Jésus entend quand nous crions vers lui notre misère.

Cet aveugle voulait voir clair ; il a crié sa détresse à Jésus, malgré l’hostilité de la foule. Est-ce que nous demandons à Jésus, avec la même persévérance, de voir le chemin où la volonté de Dieu nous appelle ?

En la personne de Jésus, le Père nous révèle qu’il ne veut laisser personne au bord du chemin, dans le « fénoir ».

Quelle attention portons-nous à ceux qui « ne voient pas », ceux qui sont dans « la nuit de la foi », ceux ont perdu le chemin de leur baptême, le chemin de l’Église, ceux qui sont « assis au bord du chemin » : Peut-être que leur cri est étouffé par notre différence.

Peut-être sommes-nous aveugles sur la médiocrité de notre foi, de notre vie intérieure. Peut-être nous nous fermons les yeux sur notre misère pour éviter de suivre les exigences du Christ ?

ENSEMBLE PRIONS   

Chant : Ouvre mes yeux, Seigneur (Carnet des paroisses p. 183)

 

Notre  Père…

 

 

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29ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mc 10, 35-45)

« Maître, ce que nous allons te demander,

nous voudrions que tu le fasses pour nous. »

 

Une demande comme le font souvent les enfants … Avoir l’accord avant de poser la question !

Une manière de forcer la main … !

Jésus répond, comme le font tous les parents : « Qu’est-ce que vous voulez ? ».

« Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. »

En clair, cela veut dire : « On aimerait bien participer avec toi à ta gloire, quand tu prendras le pouvoir en Israël, mais aux premières places, les meilleures … ». Évidemment ! Penser à soi d’abord ! c’est pas nouveau !

C’est quand même curieux. À chaque fois que Jésus annonce à ses disciples qu’il va être condamner à mort par les responsables religieux juifs, subir sa passion et mourir, mais qu’il ressuscitera trois jours après, les apôtres ne veulent pas y croire.

Surtout que cette fois-ci, ils sont sur le chemin de Jérusalem, et « ils [les apôtres] étaient saisis de frayeur, et ceux qui suivaient étaient aussi dans la crainte. » (Mc 10,33-34). Ils ont peur !

Mais peut-être pensent-ils que Jésus va faire un miracle et qu’il échappera à ses détracteurs et prendra le pouvoir ? Pourtant Jésus était clair, et il n’avait pas l’habitude de les mettre à l’épreuve.

Et le miracle, il y en aura un … mais après sa mort … la résurrection annoncée par Jésus !

Sans doute Jésus avait-il déjà dit dans sa tête : « Comme votre cœur est lent à croire. » (Lc 24,25).

Ce qui est sûr, c’est que Jacques et Jean, à ce moment-là, ne pensaient qu’à eux. Peu importe les autres, ils pensaient à leur avenir … et ils le voyaient brouillé par leur centre d’intérêt tout-à-fait égoïste …

Quant aux autres apôtres, c’est un peu la même chose !

Ils sont indignés, dit l’évangile ! Pourquoi ?

Deux possibilités :

La première : « S’ils prennent les deux premières places … Alors, qu’est-ce qui va nous rester ? Des clopinettes ! … et on n’est pas moins bon qu’eux ! ».

La seconde : « Mais ils n’ont rien compris ! Jésus ne nous a pas appelé pour prendre des places … Son royaume est dans les cieux ! Notre but est d’être auprès de Dieu, dans les cieux … et d’y amener d’autres avec nous ! ».

D’après vous, quel était leur motif d’indignation ? La première ou la seconde possibilité ?

Dans les deux cas, Jacques et Jean ou les dix autres apôtres, leurs pensées vont dans le même sens : tournées vers eux, leurs intérêts, et eux seuls !

Comme c’est souvent le cas pour nous aussi !

Jésus l’a bien compris, et il remet les choses en place : « Dans le monde, les chefs commandent en maîtres, et font sentir leur pouvoir. Ce n’est pas le cas pour vous : Si vous voulez être chefs, commencez par être (et rester) serviteurs des autres, comme moi-même je l’ai fait :  Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. ».

Et il le montrera encore le soir du jeudi saint quand il lavera les pieds de ses disciples, en leur disant : « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. » (Jn 13,14).

Et cela s’adresse à nous tous, encore maintenant : Être serviteur des autres, et à travers eux, devenir serviteur de Dieu : « Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25,40).

En ce jour où, à la demande du pape François, serviteur des serviteurs de Dieu, s’ouvre partout dans le monde, au niveau de chaque diocèse, la réflexion Pour une Église synodale, mettons-nous au service de cette Église, non pas avec un regard égoïste, tourné vers soi, mais avec un regard tourné vers les autres, ceux que nous connaissons et ceux que nous ne connaissons pas, qui font partie de l’Église ou non, afin que nous participions vraiment à la vie de cette Église, à sa mission, dans une communion fraternelle.

Allons marcher ensemble pour notre Église !

Seigneur Jésus,

combien de fois

nous nous comportons comme les apôtres,

avant ta résurrection et

la venue de l’Esprit Saint à la Pentecôte,

en ne pensant qu’à nous !

Donne-nous un esprit de service,

pour qu’ensemble

nous nous mettions au service

des autres et de l’Église,

pour construire une Église synodale.

 

                                     Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant :

Image dim ord B 29°




29ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Le Christ Serviteur

 Mc 10, 35-45

De ma fenêtre du premier étage, j’ai eu souvent l’occasion de regarder les enfants en train de jouer sur la cour de récréation. Pour jouer, il faut commencer, la plupart du temps, à faire deux camps. Il faut donc deux chefs et souvent le conflit commence, non pas avec le jeu, mais avec ceux qui choisissent leurs équipiers : le tri impitoyable de deux leaders qui devront s’imposer pour commander aux autres. Ils s’imposent, le plus souvent, par la force ou la violence et il est rare qu’en cours d’année, ces deux-là soient remis en question. Mais au début, c’est à qui essaie de commander, d’imposer son pouvoir aux autres.

Il n’y a pas que chez les enfants ! Les élections jouent le même scénario; elles sont bien tombées pour nous faire voir que l’on est prêt à tout, y compris au pire, pour prendre le pouvoir, pour avoir un poste de président, pas seulement piétiner les autres, mais aussi imposer ses propres idées.

Ne nous offusquons pas, c’était déjà comme cela… où ? Parmi les apôtres : « Maître, disent Jacques et Jean, nous voudrions que tu exauces notre demande. » En fait, la vraie traduction est celle-ci :

« Maître, nous voulons que tu nous fasses ce que nous te demanderons ». Que demandent-ils donc?

 « Accorde-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche dans ta gloire. » Or, Jésus vient, à l’instant, de leur annoncer pour, la troisième fois, sa Passion :

« Le Fils de l’homme sera livré, ils se moqueront de lui, cracheront sur lui, le flagelleront, le tueront » C’est le moment choisi par Jacques et Jean : le moment où Jésus choisit la dernière place, pour essayer de se pousser aux bonnes places. Ils en sont encore aux rêves de ce triomphateur glorieux, LE MESSIE, qui va tout régler par sa puissance. Et puis, ils sont, eux, les cousins de Jésus : quand l’un d’entre eux arrive au pouvoir, c’est toute la parenté qui partage. Alors pourquoi ne pas profiter du cousin Jésus pour une promotion, un passe- droit, une recommandation. C’est humain : quand on a des relations, n’est- il pas naturel d’en profiter pour en tirer quelques avantages ?

Allons plus loin : notre vie chrétienne, est-elle une vie où nous servons Dieu? Ou bien une vie où nous essayons de mettre Dieu à notre service ? Notre pratique religieuse est-elle adoration, louange, offrande, obéissance ou bien une espèce d’ « assurance-vie éternelle, assurance sur l’au-delà » ? « Maitre, assure-moi un bon strapontin au ciel ! » Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez ». Effectivement : qui sera à sa droite et à sa gauche sur la Croix ? Ni Jacques, ni Jean, mais deux brigands crucifiés avec Jésus sur la colline et Jésus dira à l’un de ces truands : « Aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le paradis ».

Nous aussi, souvent, nous ne savons pas ce que nous demandons ! Faisons un peu plus confiance à Dieu. La gloire de Jacques et de Jean sera réalisée un peu plus tard : Jacques sera martyr à Jérusalem et Jean subira l’univers concentrationnaire de Néron, aux travaux forcés, dans l’île de Patmos. « Pouvez-vous boire la coupe que je viens de boire?» La coupe, dans l’écriture, est rarement la coupe de la joie, c’est celle de l’amertume : ce qui est dur à avaler.

« Père, éloigne de moi cette coupe », dit Jésus à l’agonie.

S’ils veulent entrer dans la gloire, il leur faut d’abord boire à cette même coupe. Cette parole prendra encore plus de relief lorsqu’ils boiront plus tard à la coupe eucharistique, « mémorial de la mort du Seigneur ». « Les dix autres apôtres s’indignaient contre Jean et Jacques ». Oh ! Ne croyez pas qu’ils soient scandalisés ! Non ! Ils partagent la même ambition ! Ils sont simplement jaloux de ceux qui ont voulu se pousser : c’est normal, cela leur coupe l’herbe sous les pieds. Jésus, lui, ne s’indigne pas, il ne comprend que trop : ce qui se passe est normal, il a une autre vision des choses ; aussi les appelle-t-il auprès de lui et leur dit :

« Vous le savez : les chefs d’Etat commandent en maîtres. Les grands font sentir leur pouvoir ». Le pouvoir ne peut pas être exercé comme un lieu de domination ou d’oppression, comme un rapport de « force » où le plus fort l’emporte ; et c’est vrai que la notion de pouvoir, à notre époque, est encore basée sur des rapports de force qui entrainent violence et injustice : dans les familles, dans les professions, dans la politique. Nombreux sont ceux qui parlent de « service » dans les partis, syndicats, banques, communes, Eglise même. Tout le monde s’affirme désintéressé, mais que d’illusions ou de mensonges ! Car dans ce rêve on se place : en servant, on se sert.

« Non », dit Jésus, « parmi vous, il ne doit pas en être ainsi : celui qui veut devenir « grand » sera votre serviteur, celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous ». Cette phrase, forte comme un bloc de granit, est la pierre d’angle de l’Eglise à venir, pas seulement une loi dans l’Eglise : c’est la « constitution » de l’Eglise, de la communauté de chrétiens. Chacun doit devenir le serviteur de tous.

Dans l’Eglise, il  faut  renoncer  totalement  au principe  de l’avancement, des galons, de la carrière, des titres, des décorations, des places honorifiques. Un seul principe : le service humble. Il n’y a pas de « chefs » au sens du monde, dans l’Eglise. Il n’y a que des responsables, des serviteurs de la communauté, depuis le pape qui signe « le Serviteur des serviteurs » jusqu’à celles qui tous les samedis matin, dès 7h, sont en train de nettoyer les bancs sur lesquels vous êtes assis ce soir (ce matin). « Car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude », et en faisant cela, nous ne faisons tout simplement que d’imiter Jésus qui n’a pas joué au « Seigneur », mais au « domestique », pas en « dominateur », mais en « serviteur ».

 Rappelez-vous le Jeudi Saint au soir : « Jésus prit un tablier, une cuvette, une serviette et lava les pieds des apôtres ». « Toi, Seigneur, nous laver les pieds ! » Jésus répond à Pierre : « Plus tard, tu comprendras », « Si je vous ai lavé les pieds, moi le « Seigneur et Maître », vous devez, vous aussi, vous laver les pieds les uns aux autres », et il reprend la même formule qu’après l’Eucharistie, « Faites ceci en mémoire de moi ».

« Ce que j’ai fait pour vous, faites-le, vous aussi, pour les autres ».

C’est ainsi que les parents chrétiens devraient être vis-à-vis de leurs enfants, que les responsables devraient être vis-à-vis de leurs subordonnés.

Prendrons-nous au sérieux l’invitation de Jésus ? Ne faisons pas l’examen de conscience des autres : moi, qui ai-je tendance à dominer ? Qui dois-je aimer ? Qui dois-je suivre ?

Ne nous faisons pas illusion, ce chemin du service, de l’amour qui  s’offre, de l’oubli de soi au profit des autres, ne nous mènera pas à une réussite humaine.

Si jamais nous prenons la décision de suivre le Christ, il nous mènera par où il est lui-même passé : par la Croix. Dans toute la Bible comme dans l’Evangile, l’image n’est pas celle, seulement, du serviteur, mais celui du « serviteur souffrant« . Il nous faut nous aussi, comme le Christ, avec le Christ, connaître les souffrances, dit Isaïe, dans la 1ère lecture, pour sauver les multitudes. « Le juste, mon serviteur, à cause de ses souffrances, se chargera de leurs péchés », et St-Paul, dans la seconde lecture, ne dira pas autre chose : « Jésus a connu l’épreuve, c’est pourquoi nous pouvons recevoir son secours ». Nous ne pouvons pas, à notre tour, suivre un autre chemin pour sauver le monde actuel. C’est toujours par la Passion, par la Croix, par les épreuves et par les souffrances offertes que le monde sera sauvé.

 Il n’y a pas d’autres chemins que celui de la Croix, celui de la petitesse et de l’humilité. Nous sommes nés du sang versé, répandu en signe de l’amour livré jusqu’au bout. Dieu est mort d’aimer. Marcher derrière Jésus, c’est saisir la Croix avec lui : il s’est dépouillé devenant l’image même du serviteur, il s’est abaissé et, dans son obéissance, est allé jusqu’à la mort…

Nous aussi, nous disons avec Jacques, avec Jean : « Seigneur, donne-nous une place dans ton Royaume ». Mais pour cela, nous avons à naître à l’amour et nous devons, pour ce passage, être plongés dans le sang du serviteur. Dans la communauté des disciples, il n’y a qu’un seul titre : le service de l’amour.

Il n’est plus question d’honneur ou de récompense, mais d’une solidarité avec la souffrance des hommes unie à celle de Jésus. AMEN




29ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 10, 35-45)

« Pour nous et pour notre salut »

(Mc 10,35-45)…

 

    Alors, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous. »
Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? »
Ils lui répondirent : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. »
Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisé du baptême dans lequel je vais être plongé ? »
Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » Jésus leur dit : « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé.
Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé. »
Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean.
Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir.
Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur.
Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous :
car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »

     

         Quand Jésus annonça pour la première fois à ses disciples sa mort et sa résurrection prochaines, Pierre l’avait tiré à part et s’était mis à lui faire de vifs reproches (Mc 8,31-33)… La seconde fois, les disciples ne comprirent toujours pas (Mc 9,30-32), et juste après, « ils discutaient entre eux pour savoir qui était le plus grand ». Et Jésus leur avait dit : « Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous » (Mc 9,33-35). Mais ils ne comprenaient toujours pas… Alors, pour la troisième fois, Jésus leur annonça sa Passion (Mc 10,32-34). Et il eut pour réponse cette démarche de Jacques et de Jean rapportée ici : « Maître, nous voulons que tu fasses pour nous ce que nous allons te demander ». Ce sont eux qui commandent… « Accorde-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire »… Voilà bien l’attitude qui habite spontanément nos cœurs de pécheurs : rechercher les places d’honneur, ne pas perdre une occasion de se mettre soi-même en avant, courir après la gloire humaine, la notoriété, la célébrité…

Le Christ, lui, a toujours vécu dans l’obéissance à son Père, cherchant à accomplir sa volonté, en Serviteur du Père… « Que ta volonté soit faite », nous apprend-il à dire, car la volonté de ce Dieu Amour n’est que Plénitude de Vie pour chacun d’entre nous. Or, si « le salaire du péché, c’est la mort, le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle par notre Seigneur Jésus Christ » (Rm 6,23).  C’est pourquoi « le Fils de l’homme », dit ici Jésus, « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude », afin qu’ils passent, par le « oui » de leur foi, des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie… Tel est l’Amour qui est prêt à se donner tout entier pour le seul bien de l’être aimé : « Nul n’a plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13). Et Jésus se donnera tout entier sur la Croix, versant son sang, donnant sa vie « pour la multitude en rémission des péchés » (Mt 26,28). Car il est venu avant tout pour les pécheurs. En effet, « souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui fait le mal » (Rm 2,9). Et ce ne sont pas « les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs, au repentir » (Lc 5,32). Certes, « il n’est pas de juste, pas un seul » (Rm 3,9-20), mais le Dieu d’Amour et de Tendresse ne peut faire des merveilles de Miséricorde qu’avec celles et ceux qui se reconnaissent pécheurs, et lui offrent tout, jour après jour…

DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 29ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Le fils de l’homme n’est pas venu pour être servi,

mais pour servir. »

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mc 10, 35-45)

Jésus, pour la troisième fois, vient d’annoncer à ses disciples qu’il va souffrir et mourir, et que trois jours après il ressuscitera. Mais une fois de plus, c’est l’incompréhension de leur part.

 

Regardons-réfléchissons-méditons

Faire lire lentement le texte, suivre les personnages et entrer dans le dialogue

Jacques et Jean : Avec Pierre, ces frères formaient un trio particulièrement proche de Jésus. Dès le début ils suivaient Jésus, après avoir tout quitté. Comment qualifier leur démarche auprès de Jésus ?

Quelle était leur ambition ?

Accorde-nous de siéger l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire ?

Qui sera à droite et à gauche de Jésus…sur la croix ?

Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire ?

Que veut dire Jésus ?

Recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? : Qu’est-ce que Jésus appelle son baptême ? Quel lien avec le baptême qu’il a reçu de Jean Baptiste ?

La coupe, vous y boirez et le baptême… vous le recevrez : Qu’est-ce que Jésus prédit pour ces deux disciples par ces paroles ?

Les dix autres s’indignaient : Quelle est la raison de leur indignation ?

Les chefs  des nations… les grands font sentir leur pouvoir :

Quelle est cette conception de l’autorité ?

Quelle est la conception du pouvoir de Jésus dans son Église ?

Le plus grand sera serviteur… le premier sera l’esclave de tous : Quelle leçon à ces disciples qui rêvent de domination, de supériorité !

« Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon… »

Que révèle Jésus dans ces paroles ?

 Pour la multitude : c’est à dire ?

Pour l’animateur 

Chaque fois que Jésus annonce sa Passion à ses disciples, il y a incompréhension ; la première fois, Pierre veut empêcher Jésus, et il est remis à sa place. La deuxième fois, les disciples discutent entre eux pour savoir qui est le plus grand ; et cette fois, deux amis proches de Jésus, Jacques et Jean, qui avaient tout quitté (filets, barque et leur père) pour suivre Jésus, ne manquent pas d’audace : ils rêvent d’un réel pouvoir de gouvernement dans le Royaume de Jésus.

L’ironie du sort fera que ce sont deux bandits qui seront à la droite et à la gauche de Jésus sur le trône de la croix !

Jésus les remet en face de ce qui va se passer ; il emploie pour cela des images fortes :

La coupe : dans la Bible, c’est souvent le symbole de souffrances à subir. On dit « boire la coupe jusqu’à la lie » en parlant d’épreuves qu’on doit  endurer.

Quand le baptisé était plongé tout entier, la tête comprise, il passait par un moment critique : il était plongé dans la mort.

Le baptême dont parle Jésus, c’est sa Passion : il va être submergé par les flots de la mort. Cette plongée dans la mort était annoncée par la « plongée » de Jésus, avec les pécheurs, dans l’eau du Jourdain.

Jésus annonce que Jacques et Jean boiront à  sa coupe et recevront son baptême: une manière d’annoncer que l’un et l’autre auront à souffrir pour son Nom. Jacques connaîtra le martyre, et l’Apôtre Jean, s’il est décédé de mort naturelle, est passé, selon la tradition, par des épreuves redoutables.

L’indignation des dix autres : Est-ce l’audace trop grande des deux autres qui les fait réagir ? Ou peut-être plutôt la jalousie : on connaît la préoccupation du groupe pour la course aux honneurs.

Jésus en profite pour leur donner une leçon magistrale sur sa façon de concevoir le pouvoir dans son Église : à l’inverse de la façon d’exercer le pouvoir dans l’Empire romain et dans les sociétés civiles (domination le plus souvent totalitaire), Jésus entrevoit pour le gouvernement de son Église une manière tout à fait originale :  en se mettant à la place  de « l’esclave » : à l’époque, les esclaves étaient au dernier rang de la société. L’image se veut frappante pour les Douze qui rêvent de domination, de supériorité.

Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi…Jésus donne pour modèle sa propre personne et il dévoile le sens de toute son existence : il est le « serviteur souffrant » dont parle Isaïe (53, 10-11).

En rançon : il paiera le prix fort,  en donnant sa vie pour les péchés de « la multitude », c’est à dire de « tous les hommes » sans exception.

Dans l’Église, le fonctionnement des responsables ou l’exercice de l’autorité devra toujours se vérifier en référence à son fondateur : le service et le don de soi jusqu’à l’extrême.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Seigneur Jésus, Toi le Maître et Seigneur, tu t’es mis à la place de l’esclave. Tu es allé jusqu’à donner ta vie pour nous sauver. Libère-nous de toute tentation de grandeur, de pouvoir, de supériorité. Quand nous avons une responsabilité dans ton Église, aide-nous à l’exercer « en Église » pour ne pas tomber dans le piège de l’autoritarisme et du pouvoir dominateur.

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

Quelle est la Bonne Nouvelle que nous  apporte cet évangile ?

Aux yeux de Dieu, celui qui est grand, c’est celui qui imite son Fils Jésus : Celui qui s’abaisse sera élevé. N’est-ce pas le chant de Marie : Dieu « renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. »

Quel visage de Dieu Jésus nous révèle-t-il dans ce passage ?

Le Dieu qui se révèle en Jésus n’est pas un potentat, dominateur, qui écrase l’homme : sa toute-puissance est une «toute-puissance» d’amour qui s’exprime dans la faiblesse. En Jésus, Dieu se fait humble et serviteur. Un théologien a parlé de « l’humilité de Dieu »

Ne rêvons-nous pas de grandeur humaine, d’accroître notre pouvoir sur les autres, plutôt que de les servir ?

Quand  nous accomplissons nos tâches de service (dans notre profession, comme père et mère de famille, comme catéchiste, ou responsable de liturgie ou autre…) le faisons-nous à l’image du Christ Serviteur ?

Il arrive parfois, peut-être même souvent, que l’on refuse de partager une responsabilité avec les autres, on va jusqu’à répondre  « j’ai pas besoin » à quelqu’un qui propose sa collaboration : Une telle attitude ne construit nullement le « Corps du Christ »

ENSEMBLE PRIONS   

On peut proposer au groupe de prier avec le Cantique de Marie (Magnificat)

Béni sois-tu, Seigneur ! Dieu des humbles et secours des opprimés !

Béni sois-tu, Seigneur ! Soutien des faibles et abri des abandonnés !

Béni sois-tu, Seigneur ! Sauveur des désespérés, à toi la gloire éternelle.

 

 Notre  Père….

 

 

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