Rencontre autour de l’Évangile – 19ième Dimanche du Temps Ordinaire
« Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel, dit le Seigneur ;
si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. »
TA PAROLE SOUS NOS YEUX
Situons le texte et lisons (Jn 6, 41-51)
Nous continuons à méditer le chapitre 6 de l’évangile de Jean, le discours sur le pain de vie que Jésus a prononcé à Capharnaüm. Jésus se heurte à l’incompréhension des juifs.
Remarque importante
La méthode proposée pour le partage est un peu différente : il s’agit d’une contemplation de Jésus. C’est pourquoi nous sommes invités à fixer notre attention d’abord sur lui (ce qu’il fait, ce qu’il dit…) afin d’entrer dans ses pensées, son intention, selon le projet de l’évangéliste qui a écrit pour évangéliser catéchiser les lecteurs.
Regardons – réfléchissons – méditons
Regardons Jésus et écoutons-le.
Faire lire une première fois le passage.
L’origine de Jésus fait problème pour les juifs qui l’écoutent : Ils connaissent « son père et sa mère » et pourtant Jésus dit : « Je suis descendu du ciel. » Mais le connaissent-ils vraiment ? Jésus va essayer de leur révéler sa vraie identité ; mais il aura peu de succès.
Venir à Jésus : par quoi pourrait-on remplacer cette expression ? A quelle condition peut-on « venir à Jésus » ?
Comment Jésus parle-t-il de Dieu dans sa réponse aux juifs ?
Noter le temps des verbes employés par Jésus :
« celui qui croit en moi a la vie éternelle » : c’est donné maintenant.
« celui qui mange de ce pain ne mourra pas. : c’est une promesse
« si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement » : c’est un gage de résurrection.« Je le ressusciterai au dernier jour. »
Moi, JE SUIS le pain de la vie (48)
Moi, JE SUIS le pain vivant : (51)
Quelle est la force de ces expressions employée par Jésus ? (penser au nom de Dieu qui est révélé à Moïse au buisson ardent.)
Le pain que donnerai, c’est ma chair. (c’est l’Incarnation) Penser à la parole
Le Verbe s’est fait chair. (Jn 1, 14)
La chair s’est faite pain. (Jn 6, 51)
Ma chair donnée pour que le monde ait la vie : Jésus révèle, de manière voilée, que sa mort sera source de vie.
Pour l’animateur
Les auditeurs de Jésus « récriminaient » (contestaient en murmurant) parce qu’ils ne pouvaient imaginer ni accepter que Jésus de Nazareth, dont ils connaissaient bien « le père et la mère », puisse être « descendu du ciel ».
Venir à Jésus, c’est écouter ses enseignements, croire en lui jusqu’à reconnaître en lui le Pain qui vient du ciel et le manger : cette foi, c’est l’œuvre du Père dans celui qui se laisse attirer par lui vers Jésus, son Envoyé. Jésus se révèle comme le Fils de Dieu, qu’il appelle son Père.
Comme la manne de l’Exode était considérée par les juifs comme le signe de la Parole et de la révélation, ainsi Jésus, pain descendu du ciel, se présente comme la révélation définitive aux hommes.
L’Ancien Testament compare volontiers la Parole à une nourriture. « Voici venir des jours où j’enverrai la faim dans le pays, non pas une faim de pain, mais une faim d’entendre la Parole du Seigneur. » (Amos 8, 11)
La vie que Jésus donne est don immédiat ; Jésus parle au présent : « Celui qui croit a la vie éternelle » et au futur : « Celui qui mange de ce pain vivra éternellement », promesse de résurrection et gage de la vie éternelle. C’est la foi en Jésus qui est à la source de tout.
Pour les auditeurs de Jésus en Palestine, il était impossible de donner une signification eucharistique à ses paroles. Jésus révèle son origine et son identité divines : « JE SUIS » le pain qui est descendu du ciel. » Mais comme Jean a écrit son évangile bien après Pâques, il est clair qu’en rapportant ces paroles de Jésus, c’est la foi en Jésus l’Envoyé du Père et Pain eucharistique qui est exprimée. C’est la foi de l’Église, notre foi.
Désormais, la manne a un autre nom : Jésus-Christ, « le pain de Vie ». Il se donne comme un aliment de vie éternelle. A la table du Seigneur, nous mangeons le Pain de son Corps ressuscité. Communier c’est « un geste de survie pour l’éternité ».
TA PAROLE DANS NOS CŒURS
Seigneur Jésus, tu nous invites à croire en toi, Celui que le Père a envoyé. Le « pain de la vie qui est descendu du ciel », c’est ta personne et ta Parole, que nous assimilons par la foi. Tu nous prépares ainsi à croire en Toi, réellement présent dans l’Eucharistie. En communiant à ton Corps donné par amour, tu nous invites à donner, comme toi, notre vie pour nos frères.
TA PAROLE DANS NOTRE VIE
A la messe, le Seigneur Jésus, l’unique Pain de vie, s’offre à nous en nourriture sur deux tables : la Table de la Parole et la Table de l’Eucharistie.
Est-ce que nous recevons la Parole de Dieu comme une nourriture pour notre foi ? Est-ce que nous prenons le temps de la « mâcher » pour l’assimiler et la laisser transformer notre vie ?
En recevant le Corps du Christ dans la communion eucharistique, nous mangeons le Pain du don de soi. « Le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée… ». Communier en vérité fait de nous des hommes et des femmes donnés. Ce Pain d’amour du Seigneur nous transforme en pain pour les autres, un pain nourrissant de vérité, d’amour et de foi.
Un prêtre avait fait imprimer sur ses images d’ordination : « Être pour les autres comme un pain que l’on partage. »
Est-ce bien comme cela que nous comprenons notre démarche de communion ?
ENSEMBLE PRIONS
Chant : Partageons la Parole et partageons le Pain (Carnet p.101)
Seigneur Jésus, tu donnes ta chair en nourriture pour que le monde ait la vie.
Donne-nous de venir à toi et d’être fidèles à la ta Parole.
Nous serons ainsi les témoins de la vie que tu nous offres.
*****
«Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela à ceux qui ont la science et de l’avoir révélé aux tout-petits.
Tout m’a été transmis par mon Père, et personne ne connaît le Fils, sauf le Père ; personne non plus ne connaît le Père, sauf le Fils et celui à qui le Fils veut bien le révéler. » (Prière de Jésus Mt 11, 25-27)
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19ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN
Lève-toi, mange, marche
Jn 6, 41-51
Un homme à bout, titubant de fatigue, dans le désert, son corps n’en peut plus, il est au bout du rouleau. Son âme aussi n’en peut plus, il est complètement découragé :
il n’a plus le moral. Trop, c’est trop ! Et pourtant cet homme-là, c’est Elie, le grand Elie, celui qui a maintenu la foi d’Israël dans un monde complètement paganisé : le vainqueur devant les cent prêtres de Baal qui criaient pour que Dieu incendie leur autel alors que, seul, celui d’Elie, reçut le feu du ciel.
Hélas ! Ce n’est plus le grand Elie, c’est le pauvre Elie, l’ombre de lui-même, épuisé, la bouche sèche, l’estomac creux, avec des muscles qui lui font mal et qui ne répondent plus… il s’écroule de fatigue à l’ombre d’un buisson : « Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie. Je ne vaux pas mieux que mes pères ».
Il tira un pan de manteau sur sa tête et s’endormit.
Cet Elie, comme il nous ressemble à certains moments de notre vie ! Rappelez-vous, vous aussi, ces étapes difficiles, quand vous étiez à plat, » à zéro » comme on dit, dans la déprime, le marasme, que tous les horizons étaient bouchés et que vous aviez si peu de courage, que vous n’aviez même plus envie de continuer, « C’en est trop ! Reprends ma vie », envie de fuir la vie pour un temps ou la mort pour toujours, le sommeil lourd qui aide à fuir, pour un temps, les dangers et les désarrois qui assaillent la vie. Mais un ange, c’est-à-dire un messager de Dieu le tire de son sommeil : Dieu n’aime pas l’homme écroulé, l’homme prostré, abattu par le mal comme l’arbre par la tempête ; il le tire de son sommeil et lui parle : « Lève-toi et mange ».
« Lève-toi » : combien de fois, Jésus lui aussi, a dit cela aux grabataires qu’on lui présentait sur leurs brancards,
– à Lazare : « Lève-toi et sors »
– à la fille de Jaïre : « Je te le dis : lève-toi »
– au fils de la veuve de Naïm : « Lève-toi ».
Se lever : c’est la position du vivant alors que l’homme couché est déjà prémonitoire de l’homme mort. Rappelez-vous l’hymne pascal : « Lève-toi, ressuscité d’entre les morts ».
Se lever, se relever, c’est le signe d’un nouveau départ.
« Lève-toi et mange » : manger est le signe que la vie est là, en train de revenir. Lorsque l’on dit d’un malade : « Ça y est ! Il s’est mis à manger ! Aujourd’hui, il a pris un petit quelque chose », c’est le signe que ça va mieux, que tous les espoirs sont permis. « Il y avait là, près de la tête d’Elie un pain cuit sur la braise et une cruche d’eau : du pain et de l’eau, le minimum vital en temps de famine.
Une deuxième fois, Elie se couche et s’endort : ne pas se croire trop vite sorti de l’épreuve. Une 1ère communion ne suffit pas : tout comme dans la journée, un seul repas ne suffit pas. Il faut recommencer : la communion fréquente. De nouveau, le messager de Dieu le touche et le fait se lever pour manger, boire donc pour vivre.
Se lever, manger et boire puis marcher : sont les actes essentiels, primordiaux du vivant. Elie, en se levant, a expérimenté dans son corps, dans sa chair, le passage, le don de Dieu : « Lève-toi et marche » après « Lève-toi et mange ».
L’Eucharistie, pour le chrétien, aura également pour but de nous mettre debout, de nous faire prendre des forces puis de repartir, nous, chrétiens, qui sommes des gens en route, des marcheurs de Dieu, des pèlerins qui ne s’arrêtent qu’à des étapes provisoires jusqu’à la grande arrivée, la grande rencontre, jusqu’à l’Horeb : la montagne de Dieu.
Oui, c’est cela un chrétien, un homme qui se lève donc un homme debout, un homme qui prend des forces que Dieu lui donne tout au long de son parcours puis qui se met en marche vers l’horizon que Dieu lui indique.
Lui, aussi, il est souvent dans le désert.
Lui, aussi, il a faim et soif d’autre chose.
Lui, aussi, il est capable de se décourager, de chuter en route, de se coucher par terre en disant: « Seigneur, je n’en peux plus ».
Mais le Seigneur est là, invisible, qui l’accompagne, qui est à côté de lui et qui a chaque instant lui répète : « Moi, je suis le pain de vie. Au désert, vos pères ont mangé la manne et ils sont morts mais ce pain-là, qui descend du ciel, celui qui en mange ne mourra pas ! Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ! Le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde ».
Dans cette liturgie d’aujourd’hui, nous retrouvons les trois mots clés de la vie chrétienne :
1 – Mange : le chrétien est un homme qui se nourrit et il en a besoin. Il se nourrit de la Parole de Dieu (c’est toute la 1ère partie de la messe). Il se nourrit du pain vivant descendu du ciel : le Christ qui se donne lui-même en nourriture, sa chair donnée pour la vie du monde. Il se nourrit aussi de la volonté de Dieu sur sa vie : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de mon Père ! ». Pas de vie chrétienne possible sans ces trois aliments : Parole de Dieu, pain du ciel, volonté du Père, pas plus qu’il n’y a de vie physique possible sans repas. Pas de vie spirituelle sans lecture de la Parole, communion, accueil de la volonté du Père.
Un grand malade qui ne s’alimente plus, chacun sait qu’arrive le commencement de la fin : ce n’est plus qu’une question de temps. C’est pourquoi Dieu nous dit « Mange », c’est vital, sinon tu te coupes de la vie de Dieu. Vous trouvez normal de mettre de l’essence dans votre voiture et vous savez très bien qu’elle n’avancera plus s’il n’y en a plus. C’est aussi évident et nécessaire pour la lecture de la Parole de Dieu, la communion, la volonté de Dieu dans ma vie.
Suis-je en manque de nourriture divine ?
2 – Lève-toi : une fois qu’il a mangé, le chrétien retrouve des forces, il récupère de l’énergie. Alors, il peut se lever ! Rappelez-vous, lorsque vous avez été bien malade et qu’un jour, le médecin vous a dit : « Maintenant, vous allez pouvoir vous lever ».
Se tenir debout : c’est le signe du vivant. Après cette messe, nous aussi, nous allons pouvoir nous lever, partir, sortir de cette église avec une nouvelle énergie ; autrement, comme pour Elie, le chemin serait trop long, trop dur pour nous.
L’homme debout, c’est aussi le signe du Christ ressuscité, levé d’entre les morts, non plus l’homme prostré, l’homme couché dans le tombeau du Vendredi Saint. A Pâques, Il est debout, Ressuscité !
3 – Marche : Si nous sommes debout, ce n’est pas pour faire du sur-place ou nous tenir au « garde à vous », nous sommes debout pour marcher, pour avancer, pour poursuivre notre mission.
Chrétiens, nous sommes des voyageurs, des nomades. Nous n’avons pas à nous installer intérieurement : toujours, nous sommes en chemin, à la suite de celui qui a dit « Je suis le chemin, la voie », « Celui qui marche dans mes pas suit le chemin de la vie ». C’est ce que nous rappelle le pèlerinage. Pas des touristes ! Nous sommes des gens en marche. Sans cesse mettre un pas devant l’autre, c’est le vrai progrès, la progression vers lui, vers le but, vers la Terre Promise, vers le Royaume de Dieu.
Mange, lève-toi, mets-toi en marche : c’est ce que le Seigneur désire de nous, c’est ce qu’il nous répète de dimanche en dimanche jusqu’à la grande rencontre ! AMEN
18ième Dimanche du Temps Ordinaire – Francis COUSIN (Jn 6,24-35)
« Conversion »
Les textes de ce jour nous parlent tous de conversion … comme beaucoup de textes de la Bible. Cela n’est pas une surprise, car c’est ce que Dieu nous demande chaque jour, dans des modalités différentes … et avec des résultats qui ne dépendent que de nous …
Dans la première lecture, les hébreux récriminent contre Moïse et Aaron : « Vous nous avez fait sortir dans ce désert pour faire mourir de faim tout ce peuple assemblé ! », regrettant les viandes et les pains du pays d’Égypte. En fait, ces récriminations s’adressaient à Dieu lui-même. Mais Dieu écoute et entend : « J’ai entendu les récriminations des fils d’Israël. », et il leur donne les vols de cailles le soir et le matin la manne. Dieu n’abandonne jamais ceux qui ont mis leur confiance en lui et veut que cela continue ; il demande au peuple de quitter leur mode de vie antérieur et d’accepter des mettre leurs espoirs dans le don qu’il leur donne chaque jour.
Sacrée conversion : accepter que quitter un mode de vie où la nourriture est assurée pour celui d’une dépendance à l’action de Dieu !
« Je mets mon espoir dans le Seigneur, je suis sûr de sa parole. » (Ps 129,5).
Dans la deuxième lecture, saint Paul invite les éphésiens convertis à persévérer dans leur conversion : « Il s’agit de vous défaire de votre conduite d’autrefois, c’est-à-dire de l’homme ancien corrompu par les convoitises qui l’entraînent dans l’erreur … Revêtez-vous de l’homme nouveau, créé, selon Dieu, dans la justice et la sainteté conformes à la vérité. ». Mettre toute sa vie en conformité avec la Parole de Dieu.
« Je mets mon espoir dans le Seigneur, je suis sûr de sa parole. » (Ps 129,5).
Dans l’évangile, Jésus mets les choses au point : à ceux qui venaient de manger le pain multiplié par Jésus et qui avaient changé de rive pour le suivre, il leur dit que la conversion qu’il attend n’est pas celle qu’ils croyaient : une conversion politique en voulant le faire roi : « Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme ». Comment faire pour suivre l’œuvre de Dieu ? « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. ». Les intentions étaient bonnes au départ, mais quand ils demandent quel signe il allait faire, surtout après la multiplication des pains, on est quelque peu surpris … n’était-ce pas un signe ?
Jésus demande de croire en lui, en sa Parole.
« Je mets mon espoir dans le Seigneur, je suis sûr de sa parole. » (Ps 129,5).
Pour nous, qu’est-ce que cela veut dire ?
Bien souvent, nous sommes comme les Hébreux ou les Juifs du temps de Jésus : les premiers avaient quittés l’Égypte à la suite de Moïse, en pensant qu’ils allaient tout de suite se retrouver dans le pays « où coulent le lait et le miel », sans aucun effort de leur part … les seconds pensaient avoir trouvé celui qui allait les libérer de l’occupation romaine …
La Parole de Jésus est claire : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. ».
Et croire, ce n’est pas seulement entendre une parole. « Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. Car si quelqu’un écoute la Parole sans la mettre en pratique, il est comparable à un homme qui observe dans un miroir son visage tel qu’il est, et qui, aussitôt après, s’en va en oubliant comment il était. » (Jc 1,22-24).
Croire, c’est passer sur l’autre rive : quitter nos préoccupations personnelles pour se mettre au service de celle de Dieu, quitter nos faims personnelles pour goûter au pain de Dieu. C’est « revêtir l’homme nouveau, créé, selon Dieu, dans la justice et la sainteté conformes à la vérité. » (Deuxième lecture).
Seigneur Jésus,
nous croyons souvent que la conversion
est la question d’un moment …
alors qu’elle est la mise en pratique
de ta Parole.
Et cela demande l’attention
de chaque instant
pour ne pas être tenté par le Malin.
Francis Cousin
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Priere dim 18° TOB
Rencontre autour de l’Évangile – 18ième Dimanche du Temps Ordinaire
« Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim, celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif. »
TA PAROLE SOUS NOS YEUX
Situons le texte et lisons (Jn 6, 24-35)
Après avoir fui la foule qui voulait le faire roi, Jésus est revenu avec ses disciples à Capharnaüm. La foule se met à sa recherche et le trouve. Et le dialogue s’engage.
Remarque importante
La méthode proposée pour le partage est un peu différente : il s’agit d’une contemplation de Jésus. C’est pourquoi nous sommes invités à fixer notre attention d’abord sur lui (ce qu’il fait, ce qu’il dit…) afin d’entrer dans ses pensées, son intention, selon le projet de l’évangéliste qui a écrit pour évangéliser catéchiser les lecteurs.
Regardons – réfléchissons – méditons
Regardons Jésus et écoutons-le :
Où se trouvent Jésus et ses disciples ?
Les gens qu’il a nourri abondamment la veille les ont rejoints. Quel titre ils donnent à Jésus en le questionnant ?
Quel reproche Jésus fait à la foule ?
Quelle est l’intention de Jésus dans sa réponse ?
Relevons ses paroles les plus importantes :
– La nourriture qui se perd
– La nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle
– Le Fils de l’homme que le Père a marqué de son empreinte
Jésus se révèle indirectement : Dans quelle expression ?
Les juifs l’interrogent sur « les œuvres de Dieu ».
Regardons bien la réponse de Jésus : Pour Jésus, quelle est la principale œuvre de Dieu ?
Jésus a fait un « signe » à la foule en multipliant les pains. Les gens ne l’ont pas compris. Et maintenant ils réclament un « signe » (Quel signe vas-tu accomplir ?) : Quelle est la différence de sens entre les « signes » dont parle Jésus et le « signe » réclamé par la foule ?
Pour l’animateur
Jésus est revenu à Capharnaüm : C’est la ville de Pierre, où il habite. Il en a fait la base de sa mission. Il se retrouve régulièrement à la synagogue pour enseigner.
La plus importante des œuvres de Dieu, c’est la foi dans le cœur de ceux qui écoutent celui qu’il a envoyé. C’est celle-là que Dieu veut accomplir, mais encore faut-il avoir le cœur ouvert à son action.
Alors que Jésus en faisant un miracle, voulait offrir aux gens une « signe » qui peut les aider à entrer peu à peu dans le mystère de sa personne, les juifs recherchent du merveilleux. Le merveilleux recherché pour lui-même est plutôt un obstacle à la foi.
Jésus invite la foule, qui s’était mise en route derrière lui, à ne pas s’arrêter trop vite ; autrement dit, à se mettre en peine pour le Pain de la vie éternelle. Jésus s’adresse à des paysans galiléens qui peinent pur gagner leur vie. Ils savent ce que c’est que la faim. L’effort qui leur est demandé, c’est de croire en lui, l’Envoyé du Père, qui vient du ciel, comme jadis la manne.
Cette nourriture essentielle dont l’homme a faim, c’est lui-même, que le Père a envoyé et qu’on « mange » déjà par la foi en croyant en lui. En parlant de lui comme « le Fils de l’homme » Jésus se révèle indirectement.
TA PAROLE DANS NOS CŒURS
Seigneur Jésus, avant de nous parler de l’Eucharistie, tu nous invites à la foi : Croire en toi, Celui que le Père a envoyé. Le « pain de vie », c’est ta personne et ta Parole, que nous assimilons par la foi. Tu nous prépares ainsi à croire en Toi, réellement présent dans l’Eucharistie. Tu nous invites à travailler, faire effort pour approfondir notre foi, pour notre vie spirituelle.
TA PAROLE DANS NOTRE VIE
Jésus reconnaît et respecte la faim et la soif de ses frères humains : rappelons-nous l’entretien avec la Samaritaine ; il vient de le montrer par la multiplication des pains. Mais chaque fois, il trouve l’occasion de nous rendre sensibles à une autre faim et à une autre soif. Nous sommes bien plus que des ventres à nourrir. « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » (Mt 4,4)
Avons-nous le désir de Dieu ? Au-delà de la satisfaction de nos besoins vitaux, de tous les besoins créés par notre société, savons-nous laisser dans nos cœurs un espace pour que Dieu nous donne sa vie, la nourriture qui se gardera dans la vie éternelle ?
Dieu ne s’impose pas à l’homme, mais se propose à celui qui a faim de lui.
Notre société nous invité à consommer sans cesse : et pour cela nous savons ce qu’il faut faire, et qu’on n’a rien sans peine.
Est-ce que nous nous donnons de la peine pour approfondir notre connaissance de Jésus, pour assimiler sa Parole ?
ENSEMBLE PRIONS
Chant : Jésus, Christ pain de l’homme (carnet p. 315)
Dieu de vie, tu as guidé ton peuple Israël dans le désert et tu lui as donné le pain du ciel.
Nous t’en prions accorde-nous de savoir reconnaître en ton Fils Jésus celui qui vient apaiser toute faim et nous conduire vers la vie éternelle, dès aujourd’hui et pour les siècles des siècles.
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18ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN
La faim et la foi
Jn 6, 24-35
Dans le désert, c’est bien connu, une foule, surtout si elle est dépouillée de tout, surtout si elle a faim, est livrée à ses fantasmes. Le désert, c’est le lieu des mirages :
* Mirages du passé : « Ah, c’était le bon temps, en Egypte ! Lorsque réunis autour des marmites, nous mangions de la viande, des oignons, du pain à satiété… pourquoi nous avoir tiré d’un esclavage, pour nous faire tomber dans un autre : celui de la faim dans ce désert ?
* Mirages de l’avenir : de l’autre côté du désert, il y a, il y aura pour nous, une terre promise où coulera le lait et le miel, où nous n’aurons qu’à tendre les bras pour cueillir et recueillir !
Entre ces deux mirages de l’Egypte passée et de la future terre promise, il y la réalité : un désert sec, aride, sans eau, sans pain, sans viande. Alors, se réveillent les appétits primaires : ceux des entrailles, instincts exacerbés d’une existence en péril. Face à ce manque, à cette faim qui tenaille, le Seigneur va faire de cette épreuve, non pas un test physique, mais une preuve de foi :
« Demain matin, vous reconnaitrez, que moi, le Seigneur, je suis votre Dieu ».
Ce n’est pas ce que donne le Seigneur qui est important, c’est de reconnaître que c’est le Seigneur qui l’a donné ; tout comme, lorsqu’on reçoit un cadeau, ce n’est pas tant le cadeau qui est important, mais c’est l’amour de celui qui le donne. Le cadeau lui-même n’est que le symbole, le support matériel. Il veut dire : « Je t’aime, je m’offre à toi ».
Ce n’est pas la manne qui est importante, c’est constater, par cette manne, que Dieu n’abandonne pas son peuple, qu’il est là, à veiller sur lui, à le nourrir, fut-ce d’une façon différente.
Deux allemands ont examiné, en 1927, dans la péninsule du Sinaï, une variété de Tamaris, appelé maintenant « Mannifère ».
En juin-juillet, un puceron pique l’écorce de cet arbuste pendant la nuit, pour se nourrir de sève. Des gouttelettes tombent sur le sol et s’y durcissent. Mais il faut ramasser ces granulés le matin, car ils fondent très vite au grand soleil. Les bédouins s’en nourrissaient encore récemment et l’appelaient en arabe « man ». « Quand ils virent cela, les fils d’Israël se dirent l’un à l’autre « mann hou » ce qui veut dire « qu’est-ce que c’est » ? » car ils ne savaient pas ce que c’était. Moïse leur dit : « c’est le pain que le Seigneur vous donne à manger ».
Moïse les fait passer du cadeau, qui est certes le bienvenu, au donateur du cadeau : Dieu lui-même qui, parce qu’il les aime, se charge de les nourrir – autrement dit – si, au départ il y avait un appel de la faim, cette faim étant assouvie, il y a maintenant un appel à la foi.
De la faim – à la foi – c’est le même itinéraire que Jésus voudrait faire adopter par la foule qui se trouve devant lui. Lui aussi, il vient, nous l’avons vu dimanche dernier, de nourrir une foule entière avec du pain et des poissons : ils ont très bien mangé, il en restait douze corbeilles.
Mais cette foule, maintenant rassasiée, satisfaite, va-t-elle, elle aussi, passer de la faim à la foi ? Va-t-elle dire comme Moïse : « C’est le pain que le Seigneur nous a donné » ? Ne va-t-elle voir que le signe ? Sans prendre conscience que le signe, justement parce qu’il n’est qu’un signe, « fait signe« , qu’il porte en soi, une signification. Tout signe, tout miracle dans l’Evangile est porteur d’un message de Dieu.
Prenez un habitant de Mafate qui arrive à St-Denis, il ne sait pas ce qu’est un feu rouge, il n’en a jamais vu. Il ne connait son code de la route. Pour lui, ce feu n’est qu’un petit rond de couleur rouge : ce n’est pas un signe, il ne veut rien dire car pour lui, il ne signifie rien. Il va passer le plus tranquillement du monde à côté, sans savoir que sa vie est en péril.
Même chose pour les Hébreux : ils ont mangé du pain, mais ce pain n’était pas un signe ; il ne voulait rien dire, il n’avait pas de signification. Voilà pourquoi Jésus est obligé, le lendemain, de mettre les points sur les i : « Oui, vraiment je vous le dis, vous me cherchez, non pas parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés », « Ne travaillez pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui se garde, celle que vous donnera le Fils de l’homme ».
Il faut passer de la faim à la foi.
Ils dirent alors (ils sont de bonne volonté et prêts à tout, pour manger comme la veille) : « Que faut-il faire ? », « Que vous croyiez en celui que Dieu a envoyé ».
Alors, ils se mettent à lui dire (et c’est bien la preuve qu’ils n’ont rien compris au signe de la multiplication des pains) : « Quels signes vas-tu accomplir pour que nous puissions te voir et te croire ? » C’est décourageant, déconcertant : faire assister une foule à des grands miracles : la multiplication des pains, ils ont mangé à plus de 5 000 dans le désert ; cela ne sert à rien. Le lendemain, ils demandent un signe pour croire ! Je peux, moi aussi, assister à des prodiges, si je n’ai pas la foi, cela ne me sert à rien !
Ce n’est pas le miracle qui suscite la foi, c’est la foi qui devine et découvre le miracle. Aussi le Seigneur, veut-il, lui aussi, nous faire passer de la faim à la foi… encore faut-il, nous aussi, que nous ayons faim de quelque chose. Celui qui est rassasié, qui mange tous les jours à sa faim, sans inquiétude, celui-là n’éprouve aucun désir, ni physique ni spirituel. Il ne lui manque rien, pourquoi voulez-vous qu’il désire quelque chose ?
N’est en recherche que celui qui a un manque, un désir au fond du cœur, un vide qu’il veut combler, un creux qu’il veut remplir. Un homme satisfait, qui n’a faim de rien, jamais ne trouvera Dieu, parce qu’il ne le cherche pas, parce qu’il n’en a pas besoin ! Voilà pourquoi Jésus s’est détourné de ceux qui étaient pleins d’eux-mêmes, satisfaits de leurs théories et de leurs pratiques, eux, ils ne vont pas se retourner vers les pauvres, les petits, ceux qui sont en perpétuel désir, en perpétuelle recherche.
« Bienheureux, dit-il, ceux qui ont faim et soif… ceux-là, oui, ils peuvent trouver, parce qu’ils cherchent… ils peuvent passer de la faim à la foi : ils ne vont pas se contenter d’une nourriture provisoire, ils vont viser directement celle qui se garde, celle de la foi ».
Aussi toute notre vie spirituelle doit-elle essayer de faire naître en nous, une autre faim, celle d’une nourriture impérissable qui se garde jusque dans la vie éternelle.
C’est à cette nourriture-là que l’homme doit aspirer, c’est pour elle qu’il doit travailler, celle que donne l’envoyé de Dieu, celle que le Père a marqué de son empreinte.
Quand la foule demande à Jésus : « Que faut-il faire ? »,
il répond : « Soyez croyants ». Il faut passer du verbe « faire » au verbe « être ». La foule désire que Jésus « fasse » du pain. Jésus leur répond : « Je suis le pain », « Venez et croyez ». Dans la foi, c’est l’impasse absolue ; comment expliquer que « être » est le plus important et que « je fais » n’est qu’une façon de dire « Je suis » ?
Frères, ce débat entre le Christ et la foule, c’est aussi le nôtre. Qu’est-ce-que l’Eucharistie et la Communion au Christ, si nous refusons d’entrer dans cette réalité intérieure de l’existence en Dieu ? Jésus est lui-même cette nourriture que nous voudrions parfois posséder sans lui. C’est lui, le but de notre faim, l’aboutissement de toute recherche vraie, l’accomplissement de tout désir intérieur.
« Viens Jésus-Christ, Vrai Pain Vivant,
descends du ciel pour nous faire vivre ! » AMEN
18ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 6,24-35)
« Jésus, Pain de Vie par le Don de l’Esprit » (Jn 6,24-35)
En ce temps-là, quand la foule vit que Jésus n’était pas là, ni ses disciples, les gens montèrent dans les barques et se dirigèrent vers Capharnaüm à la recherche de Jésus. L’ayant trouvé sur l’autre rive, ils lui dirent : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés. Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. » Ils lui dirent alors : « Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » Jésus leur répondit : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. » Ils lui dirent alors : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ? Au désert, nos pères ont mangé la manne ; comme dit l’Écriture : Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. » Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là. » Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » – Acclamons la Parole de Dieu.
Après la multiplication des pains, ceux qui étaient venus en barque repartirent de même à Capharnaüm. Et ceux qui retournaient à pied avaient bien vu qu’il ne restait plus qu’une seule barque au bord du lac, celle que prirent les disciples de Jésus, et eux seuls. Lui était parti dans la montagne pour prier… Alors, ils prennent l’unique route pour rejoindre la ville. A leur arrivée, les disciples y étaient déjà. C’est normal, en bateau le chemin est beaucoup plus court. Mais Jésus était là lui aussi ! Et ils en sont sûrs et certains, il ne les a pas doublés en chemin ! Ils ne comprennent plus rien… Aussi lui demandent-ils : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? »
Mais Jésus ne répond pas à leur question. S’il leur disait qu’il a marché sur la mer, il ne les croirait pas ! Aussi va-t-il essayer à nouveau de leur ouvrir les yeux à l’invisible de cette vie éternelle offerte à la foi : « Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, celle qui se voit, mais pour celle qui ne se voit pas, la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme », gratuitement, par amour. Et quelle est-elle ? Jésus le suggère en rajoutant juste après : car c’est « lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau », « le sceau de l’Esprit » précise en note la Bible de Jérusalem. Nous sommes ici au cœur de son Mystère : de toute éternité en effet, « avant tous les siècles », le Père engendre le Fils en « Dieu né de Dieu », et il le fait en lui donnant la Plénitude de son Esprit. Et c’est ainsi, puisque Dieu est tout à la fois « Esprit » (Jn 4,24) et « Lumière » (1Jn 1,5), que Jésus est « Lumière née de la Lumière ». Or, c’est précisément ce Don de l’Esprit que Jésus est venu proposer gratuitement, à tout homme, car nous sommes tous appelés à « reproduire l’image du Fils » (Rm 8,28-30), en recevant avec le Fils la réalité même qui l’engendre en Fils : « le Don de Dieu » (Jn 4,10), le Don de l’Esprit Saint ! Si nous l’acceptons, par le « oui » de notre foi, ce Don accomplira en nous ce qu’il accomplit dans le Fils de toute éternité : « A tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu », « à l’image » de Celui qui est « né du Père avant tous les siècles » (Jn 1,12-13). En effet, « ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’Esprit est esprit… Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit » (Jn 3,3-8). Et c’est encore ce Don de l’Esprit que Jésus se propose de nous communiquer ici en se présentant comme « le pain de vie », « le pain de Dieu, qui descend du ciel et qui donne la vie au monde » en lui communiquant le Don de « l’Esprit qui vivifie », car « la chair n’est capable de rien, c’est l’Esprit qui fait vivre » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6)… DJF
17ième Dimanche du Temps Ordinaire – Francis COUSIN (Jn 6,1-15)
« Il les distribua aux convives. »
Dans cet évangile, nous continuons à voir une facette de Jésus que nous avons déjà rencontrée ces deux dernières semaines : la sollicitude de Jésus vis-à-vis des personnes ; d’abord envers les apôtres, pour les laisser se reposer après leur retour de mission ; puis envers la foule qui était « comme des brebis sans berger » en les « enseignant longuement ».
Jésus avait pris soin d’eux en leur donnant ce qui leur manquait le plus : donner un sens à leur vie, leur redonner de l’espoir dans leur propre vie sur terre, mais aussi dans leur vie après la mort. Maintenant, après la nourriture spirituelle, il s’enquiert de leur nourriture physique.
Mais ici, nous quittons l’évangile selon saint Marc, qui est celui de l’année B, pour aller prendre la version de saint Jean. Or, celle-ci a deux grosses différences avec celles des écrits synoptiques.
La première est que c’est Jésus qui s’inquiète de cette foule à nourrir, et non les apôtres : « Il dit à Philippe : ’’Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ?’’ »
La seconde est que la distribution des pains et des poissons est faite par Jésus lui-même, et non par les apôtres : « Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient. »
Tout l’accent est mis sur Jésus qui est véritablement le maître d’œuvre, « car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire. ». Les apôtres, eux, sont là pour permettre à Jésus de faire le « signe » de la multiplication des pains et des poissons : ce sont eux qui s’inquiètent de la nourriture existante sur place, qui font asseoir les gens, et surtout qui « rassemble[nt] les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. » et qui « remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus. », un panier pour chacun d’eux, manière de dire : « Moi, j’ai fait le plus gros de travail, mais maintenant à vous de faire le reste, de continuer la mission d’assouvir la faim des gens comme je l’ai fait, spirituellement et humainement. ».
Le fait que saint Jean situe l’évènement peu avant « la Pâque, la fête des juifs » nous oblige à penser à ce qui s’est passé le jeudi saint, et à la phrase de Jésus : « Faites cela en mémoire de moi. » (Lc 22,19) pour la nourriture spirituelle, ou « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. » (Jn 13,14) pour la nourriture humaine.
Et puis aussi à cette phrase de Jésus, que saint Jean place un peu plus loin, dans le même chapitre, à la synagogue de Capharnaüm : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. » (Jn 6,53).
Nous aussi, nous sommes comme les apôtres des personnes qui doivent accepter de n’être que des ’’utilités’’, des personnes qui sont là pour permettre à Jésus, à Dieu, de faire le bien pour les gens, tout en restant humble, à savoir se reconnaître ’’tout petit’’ devant Dieu qui agit … et que nous devons remercier de nous aider à participer à son œuvre, dans la mesure des moyens qu’il nous donne.
Quand nous faisons quelque chose de bien, nous sommes tellement persuadés que c’est grâce à nous que nous nous en enorgueillissons … alors que c’est Dieu qui agit à travers nous.
Préférons la pensée du publicain à celle du pharisien. (cf Lc 18,10-14)
Seigneur Jésus,
aide-nous à rester humble,
à ne pas nous croire au-dessus
de toi ou des autres.
C’est ainsi que tu nous aimes,
faisant la volonté de ton Père.
Francis Cousin
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