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La Pentecôte (Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15) – Francis Cousin

« Quand arriva le jour de la Pentecôte … »

« Ils se trouvaient réunis tous ensemble. »

Mais qui étaient ces ’’Ils’’ ?

Saint Luc ne le dit pas précisément. On pense bien sûr aux apôtres qui étaient redevenus douze avec la désignation de Matthias, à un groupe élargi « avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec ses frères. », ou encore au groupe « des frères qui étaient réunis au nombre d’environ cent vingt personnes » (Ac 1,14-15) pour la désignation de Matthias …

Les avis divergent, et on ne le saura sans doute jamais … et cette divergence se retrouvent dans l’iconographie, avec cependant une majorité d’image présentant les apôtres seuls (11 ou 12) avec presque toujours la Vierge Marie.

Mais l’important est l’irruption de l’Esprit sur le groupe : « Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. »

La manifestation de l’Esprit est toujours soudaine. On ne s’y attend jamais … et même des fois, on ne s’en rend compte qu’après coup, en se posant la question « Mais qu’est-ce qui s’est passé ? ».

Dans le nouveau testament, la première manifestation de l’Esprit survint lors de l’annonciation à Marie : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. » (Lc 1,35). Marie ne s’attendait pas à cette annonce.

La deuxième manifestation vint au baptême de Jésus, où « L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus » (Lc 3,22), puis l’envoya dans le désert pour se préparer à l’annonce du Royaume des Cieux. Là aussi inattendue.

Et puis celle dont nous parlons aujourd’hui, à la Pentecôte, où l’Esprit vint sur les disciples pour qu’ils aient la force d’annoncer à tous les peuples la Bonne Nouvelle de Jésus Ressuscité : « Ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit. ».

Rien que ces trois exemples nous donnent une des missions de l’Esprit : l’aide à l’annonce de l’Évangile.

Lors de l’annonciation, l’Esprit est celui qui permet que Marie devienne mère de Jésus, celui qui est le ’’Logos’’, la Parole du Père, permettant à ceux qui l’écoutaient d’entendre la Bonne Nouvelle donnée par Jésus, qui est la Parole du Père.

Au baptême de Jésus, l’Esprit est un support de la parole de Père qui reconnait en Jésus son Fils : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé » (Lc 3,22) qui ne peut dire que la Parole de son Père car « le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père » (Jn 5,19).

Et le jour de la Pentecôte, l’Esprit permet aux disciples de parler dans les différentes langues de tous ceux qui étaient présent, et qui pouvaient les écouter. C’est la première manifestation de l’Esprit : permettre à tous ceux qui écoutent les disciples de pouvoir les comprendre dans leur « propre dialecte ». C’est l’universalisation de la Parole de Dieu le Père qui n’est plus réservée aux seuls juifs : « Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle ? »

Et c’est cela le grand bouleversement de la Pentecôte : permettre que chacun puisse entendre la Parole de Dieu quel que soit son origine.

Cette promulgation de la Parole de Dieu n’a depuis jamais cessé de se faire, sans doute de manière moins spectaculaire, avec parfois des difficultés, sur tous les continents, dans toutes les langues, avec bien entendu des actions, des œuvres en accord avec la Parole.

Permettre le développement de la Parole n’est pas le seul bienfait de l’Esprit, mais c’est la première action qu’il a permis aux disciples de mettre en œuvre.

« Par toute la Terre s’en va leur message et la bonne nouvelle aux limites du monde »

Seigneur Jésus,

le jour de Pentecôte,

le Père et toi avaient envoyé

l’Esprit Saint sur les disciples

pour qu’ils répandent la Bonne Nouvelle

de ton Évangile à toutes les nations.

Permet que chacun de nous

 poursuive cette mission

là où nous sommes.

                                     Francis Cousin

 

 

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Prière dim Pentecôte B




Rencontre autour de l’Évangile – La Sainte Trinité

 « De toutes les nations faites des disciples.

Baptisez-les au nom du Père,

et du Fils, et du Saint Esprit. »

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

 Situons le texte et lisons (Math 28, 16-20)

Le passage que nous allons méditer est la finale de l’Evangile de Matthieu. C’est le couronnement de son évangile ; il comprend :

  • Une révélation : Jésus est Seigneur du ciel et de la terre,

  • Une mission : allez, enseignez, baptisez,

  • Une promesse : « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde ».

Soulignons les mots importants

 Les Onze disciples : Dans l’évangile de Matthieu il est toujours questions des « disciples » : Qu’est-ce qu’un disciple ? Après le départ de Judas, le groupe est réduit : que fera Pierre après l’Ascension de Jésus et la Pentecôte ?

En Galilée : A quel moment Jésus a-t-il donné rendez-vous à ses disciples ? (Rappelez-vous ce que Jésus a dit aux femmes le matin de Pâques). Quelle a été l’importance de la Galilée dans le ministère de Jésus ?

La montagne : Quel est le sens symbolique de la montagne ? (citer quelques montagnes célèbres de la Bible)

Ils se prosternèrent : Que signifient ce geste des disciples ?

Certains eurent des doutes : Comment cela peut-il se faire ?

Jésus s’approcha : Pourquoi cette démarche de Jésus ?

Tout pouvoir…: De qui Jésus a-t-il reçu son pouvoir ? Quel est ce pouvoir ? (on peut se rappeler ce que le diable promettait à Jésus lors de sa tentation)

Allez donc : Que pensez de cet envoi ? A qui s’adresse-t-il ?

De toutes les nations : Quelle est l’importance de cette parole quand on sait que Matthieu écrivait son évangile pour des chrétiens d’origine juive ?

Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit : Quelle est la volonté de Dieu pour ce monde ? Quelle est la mission pour Matthieu ?

Apprenez-leur à garder tous les commandements : Quel est la loi qui résume tous les commandements de Jésus ?

Et moi, « Je suis » avec vous … Rapprocher cette parole avec le nom qui est donné à Jésus dans l’Annonce à Joseph (au début de l’évangile de Mt).

 

Pour l’animateur  

 Les onze disciples : Matthieu parle des « disciples » et non des « apôtres », parce que pour lui, au moment de l’envoi, ils sont toujours des « élèves ». Après la Pentecôte, Pierre aura le souci de rétablir le groupe des « Douze » par le choix de Matthias.

Au matin de Pâques, les femmes furent envoyées comme messagères pour dire aux apôtres que Jésus Ressuscité leur donnait rendez-vous en Galilée. C’est là, dans ce carrefour où se croisaient des gens de partout, que Jésus avait commencé sa mission et c’est de là qu’il envoie ses disciples pour la mission universelle (« de toutes les nations »).

La « montagne », symbole de la rencontre avec Dieu, nous fait penser ici à la montagne où le démon montrait à Jésus tous les royaumes de la terre, à la montagne des béatitudes où le Maître proclamait la charte du Royaume, à la montagne de la Transfiguration où le Fils de l’homme manifesta sa gloire, et aussi au mont Nébo où Moïse fit ses adieux à son peuple avant son entrée dans la terre promise.

Jésus s’approcha : cette démarche de Jésus exprime que c’est toujours lui qui fait le premier pas et qui a l’initiative. Les disciples se prosternent : geste de foi ; pour certains la foi hésitante ; les doutes montrent bien que le cheminement de la foi n’est pas terminé ; la foi reste un risque et c’est en s’engageant dans la mission que leur foi va s’affermir.

« Tout pouvoir » : le pouvoir que Jésus a reçu du Père, c’est de donner la vie de Dieu à tous hommes. Tous les hommes sont invités à mettre leur existence sous son autorité pour devenir ses disciples.

Allez donc ! : cet envoi en mission s’adresse non seulement au Onze mais à tous les disciples qui vont naître de leur prédication. Pour Matthieu, la mission n’est pas une conquête. Elle consiste pour les disciples à faire d’autres disciples : des hommes et des femmes qui, grâce au témoignage des disciples, font l’expérience que l’enseignement de Jésus, changent leur vie et deviennent à leur tour ses disciples en vivant selon la loi d’amour, qui résume tous les commandements.

Et l’accueil du Maître et de ses commandements s’expriment par le baptême qui enracine le croyant dans une communauté d’appartenance « au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit ». Au début de l’Evangile, Jésus reçoit le nom « d’Emmanuel » : Dieu-avec-nous. En terminant son évangile, Jésus promet qu’il sera toujours l’Emmanuel, « Dieu avec-nous » – « Je suis » avec vous « jusqu’à la fin du monde ».

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Seigneur Jésus fais grandir notre foi en ta Résurrection et en ta présence avec nous jusqu’à la fin du monde. Que ton Esprit-Saint nous aide à vivre en vrais disciples, pour que, grâce à notre témoignage, d’autres disciples se lèvent et le suivent. Merci d’être avec nous tous les jours. Sans toi nous ne pouvons pas faire grand-chose ! Oui, reste avec nous.

TA PAROLE DANS NOTRE VIE :

Nous avons reçu la mission d’enseigner, puisque nous sommes l’Église, les disciples du Ressuscité : Enseignons-nous par notre exemple ? Ceux qui nous voient vivre peuvent-ils pressentir que nous vivons de la présence de Jésus et de l’amour du Père, du Fils et de l’Esprit ?

Enseignons-nous aussi par la parole ? L’Église a besoin de catéchistes formés, d’éducateurs de la foi, capables de témoigner de leur foi auprès des enfants, des jeunes, des adultes…

Nous avons été baptisés au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit : Qu’avons-nous fait de notre baptême : Vivons-nous de l’amour de la famille divine dans laquelle nous sommes plongés et qui est en nous. Quelle est la place du grand commandement de l’amour dans notre vie quotidienne ?

Jésus nous a promis d’être toujours présent à nos côtés : Que faisons-nous de sa présence ?

 

ENSEMBLE PRIONS  

Chant :   Reste avec nous  p. 320

               Dans la nuit se lèvera une lumière (Peuples de frères) p.514

 

 

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7ième Dimanche de Pâques – par Père Rodolphe EMARD

 

« Qu’ils soient un, comme nous-mêmes » (Jn 17, 11b-19)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi :
« Père saint,
garde mes disciples unis dans ton nom,
le nom que tu m’as donné,
pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes.
Quand j’étais avec eux,
je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné.
J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu,
sauf celui qui s’en va à sa perte
de sorte que l’Écriture soit accomplie.
Et maintenant que je viens à toi,
je parle ainsi, dans le monde,
pour qu’ils aient en eux ma joie,
et qu’ils en soient comblés.
Moi, je leur ai donné ta parole,
et le monde les a pris en haine
parce qu’ils n’appartiennent pas au monde,
de même que moi je n’appartiens pas au monde.
Je ne prie pas pour que tu les retires du monde,
mais pour que tu les gardes du Mauvais.
Ils n’appartiennent pas au monde,
de même que moi, je n’appartiens pas au monde.

Sanctifie-les dans la vérité :
ta parole est vérité.
De même que tu m’as envoyé dans le monde,
moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.
Et pour eux je me sanctifie moi-même,
afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

HOMÉLIE

L’Évangile de ce jour nous donne de réfléchir sur la pratique de la prière. Nous rappelons souvent quels sont les grands axes de la prière :

  • Prière de louange et d’action de grâce, pour remercier le Seigneur ;

  • Prière de pardon ;

  • Prière de demande…

Nos prières sont souvent faites de demandes voir même de beaucoup de demandes. Et parfois, nous pouvons nous entêter dans certaines demandes dont certaines ne sont pas toujours conformes à l’enseignement de Jésus.

Nous nous adressons à bien des saints pour être entendu, exaucé, soulagé de ce qui nous pèse. Cela est légitime. Mais n’oublions que les saints ne sont que des intercesseurs auprès du Christ. Lui seul nous exauce !

Jésus nous exauce selon ce qu’il est, selon son cœur, son amour, son pardon et selon sa liberté divine. L’Évangile nous donne de voir la prière d’un autre angle, pas du nôtre mais de celui de Jésus. Voyons ce qu’il souhaite pour nous dans sa grande prière.

Resituons ce passage : c’est l’ultime prière de Jésus lors de la dernière Cène. Ce passage est propre à Jean. Jésus s’adresse en toute confiance à son Père qui l’a « envoyé dans le monde ».

  • Jésus demande tout d’abord au Père de garder ses disciples unis dans son nom : « Qu’ils soient un» comme le Père et le Fils sont un.

  • Jésus demande ensuite à ce que ses disciples aient la sa joie et qu’ils en soient comblés.

  • Jésus prie le Père pour que ses disciples, sans être retirés du monde, soient gardés du Mauvais.

  • Jésus demande enfin au Père de sanctifier ses disciples dans la vérité, dans sa parole de vérité.

Voilà ce que veut Jésus pour nous. Il va de soi que le Christ nous exaucera en fonction de sa prière pour nous. Nous devons avoir foi que nos prières seront toujours exaucées d’une manière ou d’une autre si nous tendons ce vers quoi Jésus souhaite pour nous. Nous voyons bien que la véritable prière doit prendre en compte plusieurs éléments :

  • Prier avec confiance… Certainement !

  • Prier et travailler pour l’unité dans nos différents milieux de vie : « Qu’ils soient un». Nous comprenons ainsi que toute prière faite au Christ ou à l’un de ses saints et qui demanderait zizanie ou division ne saurait être exaucée !

  • Prier et travailler pour que la joie du Christ demeure en nous. Nous sommes parfois heureux en façade, la joie n’est pas toujours automatique ou à la commande… Cependant, qu’est-ce qui nous rend vraiment heureux ? Je ne parle pas de joie artificielles, superficielles, mondaines, en tous les cas éphémères. Quelle est cette joie qui porte à l’espérance en Jésus-Christ ? Cette joie-là demeure !

  • Prier et travailler pour ne pas être du monde. Il ne s’agit pas de se retirer du monde mais il s’agit de ne pas s’allier à la mentalité mondaine de ce monde.

  • Prier et travailler pour être gardé du Mauvais. C’est la dernière demande du Notre Père : « Mais délivre-nous du Mal » Là encore, toute prière au Christ ou à l’un de ses saints qui demanderait le mal pour son prochain ne saurait être exaucée !

Saint Jean dans la deuxième lecture rappelle le commandement de l’amour : « Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. » (1 Jn 4, 11).

  • Prier et travailler enfin à notre sanctification : devenir saint ! Pour cela, le Christ se sanctifie lui-même. Cette expression est étrange à nos oreilles. Si Jésus est Dieu, il est donc saint : comment peut-il alors se sanctifier ? Dans le langage de Jésus, le verbe sanctifier signifie « mettre à part ». Jésus se met à part, hors de ce monde, lui est dans le monde, sans être du monde. Jésus mis à part pour sauver l’humanité.

Par ailleurs, se sanctifier c’est s’engager à être toujours meilleur pour les autres, pour ce qu’on aime, tout en restant soi-même, en se donnant gratuitement et librement.

Se sanctifier c’est aussi agir selon la Parole de Dieu, Parole de vérité. Nous minimisons parfois la force sanctificatrice de la Parole.

Voilà vers quoi doivent tendre nos différentes prières. Car c’est ainsi que nous pourrons :

  • D’une part, être libéré de nos vieux démons intérieurs, de nos cyclones intérieurs qui nous détruit du dedans comme ces vieilles haines tenaces…

  • D’autre part, avoir foi que Dieu nous exauce toujours dans sa grande bonté.

Frères et sœurs, demandons au Seigneur de nous sanctifier au cours de cette Eucharistie. Préparons nos cœurs à recevoir le Corps du Christ ressuscité, en vue de notre sainteté, le pain de la Vie éternelle.  Amen.

 

 




7ième Dimanche de Pâques (Jn 17, 11-19) – Francis Cousin

« Père saint, garde mes disciples dans ton nom. »

Nous sommes le soir du jeudi saint. Avant de partir pour aller au jardin de Gethsémani, pour aller vers sa Passion, Jésus fait une dernière prière à son Père en présence de ses disciples, en faisant un peu le bilan de son séjour sur terre. Et en demandant à son Père de veiller sur ses disciples, ceux qu’il a formés pour proclamer son évangile quand il ne sera plus là.

Dans cette partie qui concerne ses disciples, il commence par la phrase en en-tête.

« Père saint ».

Père, c’est celui qui est proche, qui éduque, qui enseigne le bien …

Saint, c’est ce qui pour nous, humains, semble inaccessible, trop lointain, hors de portée …

Et pourtant, Jésus associe ces deux termes, le proche et le lointain …

Dieu, « Père saint », veut que nous soyons comme lui : « Soyez saint parce que je suis saint » (Lv 19,2), et on trouve dans l’évangile une expression semblable de Jésus : « Soyez parfaits comme votre Père est parfait » (Mt 5,48).

Cette juxtaposition improbable est comme une demande de Jésus à son Père de rendre les disciples parfaits, et donc saints.

« Garde mes disciples dans ton nom … pour qu’ils soient UN, comme nous-mêmes. ».

Ce n’est pas la première fois que Jésus parle de l’unité entre son Père et lui ; mais avant il s’adressait aux disciples pour qu’ils fassent de même, ici il demande à son Père de les garder dans la même unité qu’ils avaient tous les deux.

Et c’est cette unité réalisée entre le Père et les disciples qui va permettre toutes les autres demandes de Jésus, par comparaison entre les actions des disciples et celles de Jésus.

« Qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés »

La joie de Jésus vient de son unité avec son Père. Si les disciples sont en unité avec le Père par l’intermédiaire de Jésus, alors eux aussi participeront à la joie du Jésus, la joie d’aimer et d’être aimé par le Père, la joie d’aimer les humains, et parfois d’être aimé par certains d’entre eux.

Pas par tous, car « le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde. »

Mais Jésus ne demande pas qu’ils soient aimés par tout le monde ! Non, car il respecte la liberté de chacun, son for interne.

Ni que le Père les « retire du monde », car il y a des choses bonnes dans le monde, mais « qu’ils soient gardés « du Mauvais. », de tout ce qui est mauvais dans le monde, initié par le Mauvais, le Malin, le Satan. Là aussi à l’image de Jésus qui « est vainqueur [du] monde » (Jn 16,33).

« Sanctifie-les dans la vérité : ta Parole est vérité ».

Et comment Jésus explique la sanctification ? Par la Parole. Pas n’importe laquelle : celle de Dieu le Père qui a été proclamé sur terre par Jésus, en parole (λογος) et en actions (πραξις).

Et pour permettre cette sanctification, Jésus envoie ses disciples dans le monde : « De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. », là encore à l’imitation de Jésus avec son Père.

Que retenir pour nous ?

Que nous devons tout faire pour être à « l’imitation de Jésus-Christ ».

Avec comme principe premier de tout faire pour être comme Jésus en unité avec le Père. C’est ce que dit Jésus dans le paragraphe suivant : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. (…) qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. » (Jn 17,21-23).

Cette prière de Jésus à son Père concerne tous les disciples : « ceux qui sont là, mais encore ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. » (Jn 17,20).

Elle concerne donc tous les baptisés, quels que soient leurs fonctions dans l’Église.

Seigneur Jésus,

ton amour pour nous est si grand

que tu veux partager avec nous

ce qui est le plus important pour toi :

l’unité parfaite qu’il y a entre ton Père et toi,

basée sur l’amour parfait.

Mais pour y arriver,

il faut que chacun renonce à lui-même,

et c’est pas gagné …

à commencer par moi.

                                     Francis Cousin

   

 

 

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Image dim Pâques B 7°9




Rencontre autour de l’Évangile – 7ième Dimanche de Pâques

« Père Saint garde mes disciples

dans la fidélité à ton Nom que tu m’as donné en partage, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes » 

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

 Situons le texte et lisons (Jean 17, 11b-19)

Dans l’évangile de Jean, à la fin des discours d’adieu,  Jésus se tourne vers son Père pour lui adresser une longue  prière, appelée « prière sacerdotale », parce que Jésus paraît comme un prêtre s’offrant comme victime en faveur de ceux que Dieu lui a confiés. Il considère quelle sera leur situation dans le monde.

Soulignons les mots importants

Père Saint : Jésus unit ces deux mots dans sa prière.

Qu’est-ce que le mot « Père » nous révèle de Dieu ?

Qu’est-ce que le mot  « saint » nous révèle de Dieu ?

Ton nom que tu m’as donné en partage : 

Dans la Bible que désigne le « Nom » ?

Quel est le Nom que Dieu révèle à Moïse au « buisson ardent » du désert ?

Qu’ils soient UN comme nous-mêmes :

Quelle est la source de l’unité qui doit régner entre les disciples de Jésus ?

Qu’ils aient en eux ma joie :

Quelle est la joie de Jésus ?

Que tu les gardes du Mauvais :

De qui Jésus parle-t-il ?

Ils ne sont pas du monde :

Que signifie ici le « monde » ?

Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité : C’est donc en accueillant la Parole que les disciples ont été « consacrés », « mis à part » : Dans quel but ?

Je les ai envoyés dans le monde :

Quelle est la volonté de Dieu pour ce monde ?

Quelle est la mission des disciples ?

Pour eux, je me consacre moi-même :

Que veut dire Jésus dans ces paroles ?

Pour l’animateur  

Père Saint : Jésus, le Fils du Dieu Saint, qui est appelé « le Saint de Dieu » (Jn 6,69), prie pour ses disciples qui, pour leur mission, doivent recevoir la même sainteté. Dieu seul est saint, c’est-à-dire le « tout Autre », mais il communique quelque chose de sa sainteté aux croyants.

Dieu est Père, cela dit qu’il est proche de nous. Il est Saint, cela dit qu’il est « tout autre » que nous ; l’innommable !

Le Père a partagé son Nom avec Jésus : le nom désigne la personne elle-même. Le nom du Père, c’est le Père lui-même.  Donc, Jésus reçoit tout de Dieu son Père ; il se reçoit tout entier de son Père et il communique à ses disciples la vie et la sainteté du Père.

Qu’ils soient « UN » comme nous-mêmes : c’est l’unité en Dieu à laquelle Jésus veut nous faire participer qui nous appelle à la  sainteté.

La joie de Jésus, c’est d’avoir fait tout ce que le Père lui a demandé.

Les chrétiens « ne sont pas du monde », c’est-à-dire qu’ils appartiennent au Royaume de Dieu ; Saint Paul, le disait à ses chrétiens «vous êtes ressuscités avec le Christ, assis à la droite de Dieu. Tendez vers les réalités d’en haut… » (Col 3, 1-2) « Vous êtes morts au péché et vivant pour Dieu en Jésus Christ » (Rm -,11)

Le « Mauvais », c’est l’Adversaire, le Prince des ténèbres. A la fin du « Notre Père », Jésus nous fait demander au Père de nous délivrer du « Mal ». C’est le même personnage, celui qui veut faire obstacle au Projet de Dieu de sauver tous les hommes. Jésus a conscience de la grande difficulté dans laquelle il met ses apôtres en disparaissant.

Pourtant les chrétiens sont envoyés dans le monde à la suite de Jésus pour la même mission que la sienne : engager le combat contre le règne des ténèbres (c’est le monde avec ses mensonges et tout ce qui l’oppose à Dieu). Être « dans le monde » sans être « du monde », c’est la situation difficile du chrétien.

Jésus se consacre lui-même pour ses disciples : c’est à dire il fait de sa mort un don de sa vie pour les croyants. C’est dans la mort et la Résurrection de Jésus que les disciples sont consacrés.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Prends pitié de nous, Seigneur Jésus. Et continue à prier pour que nous soyons consacrés vraiment. Nous ne sommes pas du monde, et pourtant c’est dans le monde que tu nous envoies pour y porter ta lumière, pour y vivre la sainteté de Dieu. Tu nous as mis à part pour la mission, mais pas pour être séparés de nos frères qui attendent ton Évangile.

TA PAROLE DANS NOTRE VIE :

Est-ce que nous vivons avec la conscience d’être en communion avec le Dieu saint ?

Qu’est-ce que cela devrait changer dans notre vie ?

Quelles sont les lieux où je dois vivre ma présence au monde, les lieux de mes engagements ?

N’avons-nous pas plutôt tendance à fuir le monde, à nous protéger du monde en nous réfugiant dans les dévotions et les prières ?

Nous sommes dans le monde, mais comment ?

Est-ce qu’il ne nous arrive pas d’être complice de ses mensonges, de ses injustices, son attachement égoïste à l’argent… ?

La vérité du Christ a démasqué le mensonge et l’hypocrisie. Acceptons-nous d’être haïs parce qu’en étant fidèles à l’Évangile nous sommes des empêcheurs de tournés en rond ?

 

ENSEMBLE PRIONS  

Chant : Tu nous appelles à t’aimer, en aimant le monde où tu nous envoies. 

 

 

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7ième Dimanche de Pâques – Homélie du Père Louis DATTIN

Fidélité, unité, Vérité

Jn 17, 11-19

Nous venons de lire, dans l’Evangile, ce que les spécialistes appellent « la prière sacerdotale » : la prière du Christ-Prêtre qui s’adresse au Père pour les apôtres, et que demande-t-il pour eux ? C’est d’autant plus intéressant de l’écouter, qu’au fur et à mesure de ses demandes, il dresse un portrait de ce que doit devenir un vrai disciple du Christ : il campe devant nous, un véritable prototype de ce que doit être un chrétien véritable, un disciple, un apôtre. Alors, examinons ce texte de très près et nous verrons se dessiner peu à peu la silhouette du chrétien modèle. En comparant avec ce que nous sommes en réalité, cela peut être plein d’enseignements pour nous.

En lisant cet Evangile, la 1ère qualité qui frappe, c’est « la fidélité« . Un chrétien, c’est d’abord un « fidèle« , à tel point que l’on a appelé les chrétiens « des fidèles ». C’était le plus beau titre qu’on pouvait leur donner. On dit par exemple : « Combien y avait-il de « fidèles » à la messe aujourd’hui ? »

Et on a même été jusqu’à appeler ceux qui n’étaient pas chrétiens : « les infidèles » tant c’était cette « fidélité » qui devenait la 1ère caractéristique du chrétien. « Chrétiens, sommes-nous des « fidèles » ? » Et d’abord qu’est-ce donc que cette fidélité ?

Est fidèle, celui ou celle, qui s’étant engagé dans un amour, reste définitivement attaché avec celui ou celle avec qui, il s’est engagé, quelles que soient les difficultés, les contrariétés, les sollicitations extérieures, il ne laissera pas tomber l’autre. Il ne le lâchera jamais ! Il sera toujours là, présent, solidaire et aimant : on peut compter sur lui, il est solide, il est toujours là.

C’est la 1ère qualité de Dieu, celle qui nous frappe le plus. Malgré toutes nos fautes, nos départs loin de lui, nos éloignements, nos demi-tours, il est toujours là, prêt à recommencer l’alliance. C’est toute l’histoire de la Bible où jamais, malgré les circonstances les plus défavorables, il ne laisse tomber son peuple.

Aussi chantons-nous « Tu es le Dieu fidèle éternellement » et quand deux jeunes viennent devant Dieu pour se marier, parce qu’ils veulent faire comme lui, agir comme lui, eux, aussi, se promettent fidélité, à l’image de Dieu. Oui, un chrétien, c’est d’abord un homme qui, ayant donné sa foi au Seigneur, ne le laissera jamais tomber, pas plus d’ailleurs que Dieu ne l’oubliera : « Je suis avec vous, tous les jours, parmi vous, jusqu’à la fin des temps ».

Que dire alors de ceux qui se disent « chrétiens », qui ne pensent guère à Dieu, qui le prient de loin en loin, et qui sont incapables de se déranger une fois par semaine pour avoir « Rendez- vous avec lui » ? Pour les 90% de baptisés, 10%, et je suis optimiste, de « fidèles », de vrais, qui ne laissent pas tomber Dieu et qui ont le souci de faire grandir cette Vie divine, reçue en eux par le Baptême, la Confirmation, l’Eucharistie, 10% se souviennent que, sans lui, notre vie tombe en ruines. « Père Saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné en partage pour qu’ils soient un comme nous-mêmes un comme nous-mêmes ».

Le second désir de Jésus pour nous, après la fidélité, c’est l’unité: il n’y a rien de plus pénible que de voir des chrétiens divisés, dressés les uns contre les autres, ne se parlant plus, ne désirant pas se réconcilier, jugeant les autres avec hauteur et dédain.

Frères, que cela n’arrive jamais entre nous. C’est la mort d’une communauté chrétienne, la mort d’une paroisse. Certes, nous pouvons avoir parfois des opinions différentes, des divergences de vues, de petits accrochages, des caractères opposés, mais que notre idéal commun, que notre union à Jésus-Christ soit toujours la plus forte : il ne doit avoir rien de plus pénible pour le Père, qui aime autant, chacun de nous, que de nous voir divisés, s’entredéchirer, s’opposer avec méchanceté et agressivité. Tout comme il est extrêmement pénible pour de bons parents de constater que leurs enfants ne s’entendent pas, ne veulent plus vivre ensemble alors qu’ils ont tout fait, pour créer une famille unie, où il fait bon vivre ensemble.

Vous savez combien le Seigneur a insisté sur cette unité, et si nous sommes fidèles parce que Dieu est fidèle, nous serons un, parce que Dieu, lui aussi, dans sa Trinité de personnes, est tellement un, qu’il ne fait qu’un seul Dieu. Si nous vivons comme Dieu, nous devenons « un », les uns et les autres, comme lui. « Père, qu’ils soient un, comme toi et moi nous ne faisons qu’un ».

Mais si nous devenons, peu à peu, si fidèles, si unis, si unanimes les uns avec les autres, surgit la 3e caractéristique : la vérité. Ensemble nous reconnaissons la même vérité, que nous vivons dans la même lumière, fidèles et unis autour d’une même Parole. Qu’importe que nous soyons fidèles et unis, si c’est dans l’erreur : fidélité et union ne prennent leur valeur que si, tous ensemble, nous sommes dans la vérité et c’est le troisième désir du Christ, dans cet Evangile d’aujourd’hui : « Consacre-les par ta vérité ». Ta Parole est vérité : être ancrés dans la vérité, écouter et mettre en pratique les paroles de celui qui, seul, a osé dire : « Je suis la vérité » ; « Je suis venu en ce monde pour rendre témoignage à la vérité ».

Aujourd’hui, au milieu de centaines de théories, de milliers d’idéologies et de sectes, où chacun semble avoir « sa religion », nous sommes tentés de dire comme Pilate à Jésus : « Qu’est-ce-que la vérité ? »

– Or, c’est évident, c’est logique : il n’y a pas plusieurs vérités qui se contredisent.

– Y en aurait-il que deux qui soient différentes, une des deux devient fausse et n’est qu’une erreur.

– « Je suis la vérité ».

 La vérité n’est pas une idée, n’est pas une notion.

C’est une personne : c’est Jésus-Christ et son message

Et toute autre vérité ne peut être qu’une approche, une participation, un accord avec Jésus-Christ. Aujourd’hui, si l’on veut réussir dans le monde, il semble indispensable de camoufler la vérité, de flirter avec le mensonge, de passer par des compromis.

Pour nous, disciples du Christ, la vérité est « une« . « Oui, c’est oui. Non, c’est non » quel que soit notre intérêt immédiat. Quand nous tournons notre boussole dans tous les sens, l’aiguille, elle, retrouve toujours le pôle. Pour un chrétien, c’est pareil.

Fidélité, unité, vérité : voilà les trois mots-clés de notre vie chrétienne, les trois « mots de passe » du chrétien. AMEN




7ième Dimanche de Pâques par le Diacre Jacques FOURNIER

« Père, garde-les dans la fidélité à ton Nom » (Jn 17,11b-19)

En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes.
Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie.
Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés.
Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde.
Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais.
Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde.
Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité.
De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.
Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité.

 

jésus en prière

Juste avant sa Passion, Jésus prie son Père pour ses disciples, et donc pour chacun d’entre nous. Et le Père exauce toujours le Fils : « Père, je te rends grâce de m’avoir écouté. Je savais que tu m’écoutes toujours » (Jn 11,41-42)… Cette prière de Jésus pour nous est donc exaucée, ne l’oublions jamais…

            Et que demande-t-il ? « Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton Nom que tu m’as donné en partage pour qu’ils soient un comme nous-mêmes ». Or, « selon une conviction très répandue » à l’époque, « le nom dit la personne en sa profondeur… Aussi, connaître le nom de quelqu’un, c’est avoir accès au Mystère de son Être » (P. Xavier Léon Dufour). Le Père a donc donné au Fils son Nom en partage : il lui a donné d’Être ce qu’il Est. « Dieu Est Lumière » (1Jn 1,5) et « Esprit » (Jn 4,24), le Père Est Lumière et Esprit ? Reprenons notre principe de base : « Le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 3,35), tout ce qu’Il Est, tout ce qu’Il a. « Tout ce qu’a le Père est à moi » (Jn 16,15), dit Jésus. Le Fils est donc lui aussi Lumière (Jn 8,12 ; 12,46) et Esprit (2Co 3,17) : il a reçu du Père d’avoir son Nom en partage. C’est pourquoi, « moi et le Père, nous sommes un » (Jn 10,30), unis l’un à l’autre dans la Communion d’un même Esprit, le Père le donnant au Fils par amour, le Fils le recevant du Père dans l’amour, et cela de toute éternité…

            Or « j’ai fait connaître ton Nom aux hommes », dit Jésus à son Père, et il l’a fait en leur donnant à eux aussi de recevoirce « Nom » en partage. Souvenons-nous : ressuscité, il leur dira : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22). Par ce Don de l’Esprit, ils seront donc eux aussi en Communion avec Jésus et entre eux « dans l’unité de l’Esprit » (Ep 4,3). Aussi, quand Jésus demande à son Père de garder ses disciples dans la fidélité à son Nom, il lui demande de faire en sorte qu’ils demeurent bien dans ce Mystère de Communion qu’il est venu leur révéler et leur offrir (1Co 1,9), bien tournés vers Lui de tout cœur, accueillant sans cesse ce Don de l’Esprit qui leur est fait… Se repentir, se tourner vers Dieu, rester tourné vers Dieu, tout cela est Don de Dieu (Ac 5,31 ; 11,18 ; Lc 15,1-10). « Dieu, fais-nous revenir, fais luire ta face et nous serons sauvés » (Ps 80).

            Père, « je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les garder du Mauvais ». Cette demande rejoint la précédente… A la prière du Fils, Dieu le Père veille donc sur chacun des disciples de Jésus, comme un Père sur ses enfants, pour qu’ils ne se laissent pas tenter, pour qu’ils ne s’égarent pas, ne se blessent pas, ne se fassent pas de mal en faisant ce qui serait mal… « Ne nous laisse pas entrer en tentation »… Dieu est donc le premier acteur de notre conversion. Si nous y sommes un tant soit peu attentifs, il saura nous faire comprendre que telle parole, telle décision, telle action pourraient nous détourner de cette Plénitude de Vie qu’il veut voir régner en nous, pour notre seul bien…« Je parle ainsi pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés », « la joie de l’Esprit », l’Esprit donné gratuitement, par amour, « l’Esprit qui sanctifie » (2Th 2,13).




Jeudi 13 mai, fête de l’Ascension 

Jeudi 13 mai, fête de l’Ascension :

 » Jésus est monté aux cieux,

il siège à la droite de Dieu, le Père tout-puissant « .

          Voici ce que déclare à ce sujet le Catéchisme de l’église Catholique donné par St Jean Paul II, le 11 octobre 1992 :

659     » Or le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et il s’assit à la droite de Dieu  » (Mc 16, 19). Le Corps du Christ a été glorifiée dès l’instant de sa Résurrection comme le prouvent les propriétés nouvelles et surnaturelles dont jouit désormais son corps en permanence (cf. Lc 24, 31 ; Jn 20, 19. 26). Mais pendant les quarante jours où il va manger et boire familièrement avec ses disciples (cf. Ac 10, 41) et les instruire sur le Royaume (cf. Ac 1, 3), sa gloire reste encore voilée sous les traits d’une humanité ordinaire (cf. Mc 16, 12 ; Lc 24, 15 ; Jn 20, 14-15 ; 21, 4). La dernière apparition de Jésus se termine par l’entrée irréversible de son humanité dans la gloire divine symbolisée par la nuée (cf. Ac 1, 9 ; cf. aussi Lc 9, 34-35 ; Ex 13, 22) et par le ciel (cf. Lc 24, 51) où il siège désormais à la droite de Dieu (cf. Mc 16, 19 ; Ac 2, 33 ; 7, 56 ; cf. aussi Ps 110, 1). Ce n’est que de manière tout à fait exceptionnelle et unique qu’il se montrera à Paul  » comme à l’avorton  » (1 Co 15, 8) en une dernière apparition qui le constitue apôtre (cf. 1 Co 9, 1 ; Ga 1, 16).

660    Le caractère voilé de la gloire du Ressuscité pendant ce temps transparaît dans sa parole mystérieuse à Marie-Madeleine :  » Je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va vers mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu  » (Jn 20, 17). Ceci indique une différence de manifestation entre la gloire du Christ ressuscité et celle du Christ exalté à la droite du Père. L’événement à la fois historique et transcendant de l’Ascension marque la transition de l’une à l’autre.

661    Cette dernière étape demeure étroitement unie à la première, c’est-à-dire à la descente du ciel réalisée dans l’Incarnation. Seul celui qui est  » sorti du Père  » peut  » retourner au Père  » : le Christ (cf. Jn 16, 28).  » Personne n’est jamais monté aux cieux sinon le Fils de l’Homme qui est descendu des cieux  » (Jn 3, 13 ; cf. Ep 4, 8-10). Laissée à ses forces naturelles, l’humanité n’a pas accès à la  » Maison du Père  » (Jn 14, 2), à la vie et à la félicité de Dieu. Le Christ seul a pu ouvrir cet accès à l’homme,  » de sorte que nous, ses membres, nous ayons l’espérance de le rejoindre là où Lui, notre Tête et notre Principe, nous a précédés  » (MR, Préface de l’Ascension)

662     » Moi, une fois élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi  » (Jn 12, 32). L’élévation sur la Croix signifie et annonce l’élévation de l’Ascension au ciel. Elle en est le début. Jésus-Christ, l’unique Prêtre de l’Alliance nouvelle et éternelle, n’est pas  » entré dans un sanctuaire fait de mains d’hommes (…) mais dans le ciel, afin de paraître maintenant à la face de Dieu en notre faveur  » (He 7, 24). Au ciel le Christ exerce en permanence son sacerdoce,  » étant toujours vivant pour intercéder en faveur de ceux qui par lui s’avancent vers Dieu  » (He 9, 25). Comme  » grand prêtre des biens à venir  » (He 9, 11), il est le centre et l’acteur principal de la liturgie qui honore le Père dans les cieux (cf. Ap 4, 6-11).

663    Le Christ, désormais, siège à la droite du Père : :  » Par droite du Père nous entendons la gloire et l’honneur de la divinité, où celui qui existait comme Fils de Dieu avant tous les siècles comme Dieu et consubstantiel au Père, s’est assis corporellement après qu’il s’est incarné et que sa chair a été glorifiée  » (S. Jean Damascène, f. o. 4, 2 : PG 94, 1104C).

664    La session à la droite du Père signifie l’inauguration du règne du Messie, accomplissement de la vision du prophète Daniel concernant le Fils de l’homme :  » A lui fut conféré empire, honneur et royaume, et tous les peuples, nations et langues le servirent. Son empire est un empire à jamais, qui ne passera point et son royaume ne sera point détruit  » (Dn 7, 14). A partir de ce moment, les apôtres sont devenus les témoins du  » Règne qui n’aura pas de fin  » (Symbole de Nicée-Constantinople).

(…)

668     » Le Christ est mort et revenu à la vie pour être le Seigneur des morts et des vivants  » (Rm 14, 9). L’Ascension du Christ au Ciel signifie sa participation, dans son humanité, à la puissance et à l’autorité de Dieu lui-même. Jésus-Christ est Seigneur : il possède tout pouvoir dans les cieux et sur la terre. Il est  » au-dessus de toute autorité, pouvoir, puissance et souveraineté « , car le Père  » a tout mis sous ses pieds  » (Ep 1, 20-22). Le Christ est le Seigneur du cosmos (cf. Ep 4, 10 ; 1 Co 15, 24. 27-28) et de l’histoire. En lui, l’histoire de l’homme et même toute la création trouvent leur  » récapitulation  » (Ep 1, 10), leur achèvement transcendant.

669    Comme Seigneur, le Christ est aussi la tête de l’Église qui est son Corps (cf. Ep 1, 22). Élevé au ciel et glorifié, ayant ainsi accompli pleinement sa mission, il demeure sur la terre dans son Église. La Rédemption est la source de l’autorité que le Christ, en vertu de l’Esprit Saint, exerce sur l’Église (cf. Ep 4, 11-13).  » Le règne du Christ est déjà mystérieusement présent dans l’Église « ,  » germe et commencement de ce Royaume sur la terre  » (LG 3 ; 5).

670    Depuis l’Ascension, le dessein de Dieu est entré dans son accomplissement. Nous sommes déjà à  » la dernière heure  » (1 Jn 2, 18 ; cf. 1 P 4, 7).  » Ainsi donc déjà les derniers temps sont arrivés pour nous. Le renouvellement du monde est irrévocablement acquis et, en toute réalité, anticipé dès maintenant : en effet, déjà sur la terre l’Église est parée d’une sainteté imparfaite mais véritable  » (LG 48). Le Royaume du Christ manifeste déjà sa présence par les signes miraculeux (cf. Mc 16, 17-18) qui accompagnent son annonce par l’Église (cf. Mc 16, 20).

… en attendant que tout Lui soit soumis

671    Déjà présent dans son Église, le Règne du Christ n’est cependant pas encore achevé  » avec puissance et grande gloire  » (Lc 21, 27 ; cf. Mt 25, 31) par l’avènement du Roi sur la terre. Ce Règne est encore attaqué par les puissances mauvaises (cf. 2 Th 2, 7) même si elles ont été déjà vaincues à la base par la Pâque du Christ. Jusqu’à ce que tout lui ai été soumis (cf. 1 Co 15, 28),  » jusqu’à l’heure où seront réalisés les nouveaux cieux et la nouvelle terre où la justice habite, l’Église en pèlerinage porte dans ses sacrements et ses institutions, qui relèvent de ce temps, la figure du siècle qui passe ; elle vit elle-même parmi les créatures qui gémissent présentement encore dans les douleurs de l’enfantement et attendent la manifestation des fils de Dieu  » (LG 48). Pour cette raison les chrétiens prient, surtout dans l’Eucharistie (cf. 1 Co 11, 26), pour hâter le retour du Christ (cf. 2 P 3, 11-12) en lui disant :  » Viens, Seigneur  » (1 Co 16, 22 ; Ap 22, 17. 20).

672    Le Christ a affirmé avant son Ascension que ce n’était pas encore l’heure de l’établissement glorieux du Royaume messianique attendu par Israël (cf. Ac 1, 6-7) qui devait apporter à tous les hommes, selon les prophètes (cf. Is 11, 1-9), l’ordre définitif de la justice, de l’amour et de la paix. Le temps présent est, selon le Seigneur, le temps de l’Esprit et du témoignage (cf. Ac 1, 8), mais c’est aussi un temps encore marqué par la  » détresse  » (1 Co 7, 26) et l’épreuve du mal (cf. Ep 5, 16) qui n’épargne pas l’Église (cf. 1 P 4, 17) et inaugure les combats des derniers jours (cf. 1 Jn 2, 18 ; 4, 3 ; 1 Tm 4, 1). C’est un temps d’attente et de veille (cf. Mt 25, 1. 13 ; Mc 13, 33-37).




Ascension du Seigneur (Marc 16, 15-20) – Francis Cousin

« Galiléens,

pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? »

Quarante jours après la Pâques nous célébrons l’ascension du Seigneur Jésus.

Quarante, c’est le temps biblique nécessaire pour se préparer à un changement dans la vie :

Quarante ans dans le désert pour le peuple hébreu entre le départ de l’Égypte et l’arrivée en Palestine.

Quarante semaines pour la gestation d’un enfant.

Quarante jours dans le désert pour que Jésus se prépare à sa mission.

Quarante jours pour que Jésus prépare les onze apôtres à leur mission : proclamer son évangile à « toutes les nations » en leur parlant « du royaume de Dieu » (première lecture).

Nous sommes ce quarantième jour, et Jésus annonce aux onze apôtres que « c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici peu de jours », mais sans donner de date car c’est de l’autorité du Père, « mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »

Puis, « il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux. »

Et les apôtres restent là, les yeux au ciel …

Il a fallu que « deux hommes en vêtements blancs » (des anges) les rappellent à l’ordre : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? » …

On comprend bien l’attitude des apôtres : après trois ans de compagnonnage, il est difficile de voir partir celui qu’ils aimaient, même si Jésus les avait prévenus par Marie-Madeleine : « Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. ». (Jn 21,17)

Il leur fallait revenir sur terre (en esprit) ! Pour accomplir la mission que Jésus leur avait donnée.

Il en est de même pour nous !

Bien souvent nous regardons vers le ciel, ou du moins nous pensons à Dieu en disant : « Seigneur, fais que ceci … ; Donne-moi cela … » ou encore « Pourquoi permets-tu cela ? … Pourquoi fais-tu ceci ? … ».

On attend tout de Dieu !

Mais on le regarde de loin !

C’est vrai, à l’ascension, Jésus s’en va. Il quitte la terre. Mais il reste proche de nous !

Comme on dit maintenant, sa présence vis-à-vis de nous est en ’’présentiel’’, mais tout en restant en ’’distanciel’’ ! (ou distant-ciel).

Et il peut faire les deux en même temps, parce qu’il est Dieu.

Il est toujours présent, au plus près de nous … puisqu’il est présent en nous … même si nous, nous pensons qu’il est loin !

Et Jésus ne nous laissera jamais tomber … quoique nous fassions !

Et s’il arrive que nous nous écartions de lui, il est toujours prêt à pardonner et à nous dire : « Va ! Et désormais ne pèche plus ! » (Jn 8,11).

Ce qui veut dire : « Je ne m’arrête pas à ce que tu as fait. Continue ta mission, celle que j’ai confiée aux premiers apôtres, celle qui te vient de ton baptême, celle d’ « aller proclamer l’Évangile » à tous, spécialement à ceux qui sont les plus proches de toi et à ceux qui se sont éloignés de moi, d’abord par ton exemple … et cesse désormais de penser que je suis loin de toi, que je t’oublie, que je te considère comme quantité  négligeable … »

« Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi. Quand tu traverseras les eaux, je serai avec toi … Quand tu marcheras au milieu du feu, tu ne te brûleras pas … Car je suis le Seigneur ton Dieu, le Saint d’Israël, ton Sauveur … Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime … Ne crains pas, car je suis avec toi … Vous êtes mes témoins – oracle du Seigneur –, et moi, je suis Dieu. » (Is 43,1-5.12)

Seigneur Dieu

qui élèves le Christ au-dessus de tout,

ouvre-nous à la joie et à l’action de grâce,

car l’Ascension de ton Fils

est déjà notre victoire :

nous sommes les membres de son corps,

il nous a précédés

dans la gloire auprès de toi,

et c’est là que nous vivons

en espérance.

                                                                                      (Prière d’ouverture de l’Ascension)

                                     Francis Cousin

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Image Ascension B




L’Ascension du Seigneur- Homélie du Père Louis DATTIN

Envoi apostolique

Mc 16, 15-20

    Dans une fête comme celle de l’Ascension, un danger nous guette : celui d’en rester au récit, sans en comprendre la signification. Eh oui : « Ils le virent s’élever et disparaître à leurs yeux ».

Un spectacle pas ordinaire et puis ces braves anges qui disent aux apôtres : « Vous pouvez partir, la séance est finie ».

 

Vision assez simpliste du genre ‘’épopée spatiale‘’ ou ‘’histoire d’extra-terrestre‘’.

Dans ce cas, l’envolée de Jésus ne serait que le dernier exploit d’un surhomme et ce miracle final d’une vie qui en a compté bien d’autres serait en quelque sorte le bouquet final d’un feu d’artifice.

Attention, l’Ascension n’est pas un mystère facile à saisir et nous ne pouvons pas vivre ce mystérieux enlèvement, cette mystérieuse élévation du Christ avec seulement des images folkloriques en tête.

 A l’Ascension, il se passe quelque chose de trop important pour nous contenter d’une imagerie de cinéma ou de théâtre.

Reprenons le texte de l’Evangile de Marc que nous venons d’écouter. « Jésus fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu ». Certes, il ne peut s’agir de la description physique d’un décollage.

Quel œil au monde pourrait voir quelqu’un s’asseoir à côté de l’invisible ? Pour Marc, il s’agit de nous faire comprendre ce qu’il nous a déjà dit à Pâques : Jésus accède maintenant à une vie, d’une autre dimension que celle que nous connaissons.

Sa mort, qui a été acceptée par le Père comme un don parfait d’amour, le fait passer, avec sa nature divine, mais aussi avec sa nature humaine, dans l’intimité de Dieu son Père et cette fête marque en même temps le début de l’Ascension de tous les hommes : eux aussi, ils effectuent le passage, la pâque, à sa suite car Jésus nous entraîne avec lui.

Avec lui, c’est toute l’Humanité qui commence à entrer dans le monde nouveau de Dieu. Avec Jésus élevé aux cieux, nous avons déjà un pied dans cette vie éternelle, si, du moins, nous le suivons dans sa vie d’amour et de service des autres.

Voilà le sens profond de cette 1ère étape.

Ensuite, Marc nous dit : « Les apôtres s’en allèrent proclamer partout la Bonne Nouvelle ». Tiens, voilà qui est nouveau : la lumière du spot évangélique n’est plus braquée sur Jésus montant vers le ciel, mais sur les apôtres qui s’en vont, se dispersent, partout, à droite et à gauche, pour répandre tous azimuts, la nouvelle de la mort et de la résurrection de Jésus. Ce récit est donc, à la fois, une fin et un début : une fin, celle de la mission physique de Jésus incarné et un début, celui du commencement de l’apostolat de l’Eglise.

Nous sommes à la charnière de l’Evangile qui finit et des ‘’Actes des apôtres‘’ qui commencent.

En ce temps qui sépare (neuf jours) l’Ascension de la Pentecôte, c’est en quelque sorte, le passage de relai entre Jésus qui accomplit sa mission terrestre et l’Esprit qui va s’emparer des apôtres pour leur faire construire l’Eglise.

Ce récit n’a donc rien d’une conclusion. C’est un début, tout commence : Jésus ne déserte pas la terre, par l’Esprit-Saint qui va guider les apôtres, il va l’ensemencer.

« Allez » : il s’agit de quitter ‘’l’univers juif‘’ pour tenter l’aventure du passage à un monde étranger et sans doute hostile.

« Allez dans le monde entier » : une ‘’mission sans frontières‘’, universelle ».

« Ils s’en allaient proclamer partout la Bonne Nouvelle ».

Nous voici dans un temps qui finit une étape du plan de Dieu : la présence de Jésus parmi les hommes et l’inauguration d’un temps nouveau, celui de l’Esprit et de l’Eglise missionnaire. Maintenant, l’Evangile est remis entre nos mains, à nous les hommes…

            3e étape de ce récit de St-Marc et qui va nous surprendre : « Et le Seigneur travaillait avec eux ». Oui, lui, le Seigneur travaillait en eux… mais alors, il n’est pas question, dans ce récit, de séparation, d’absence, de deuil. Pas de couronne mortuaire « à notre cher disparu ». Il est , Jésus, de sa présence la plus pleine, la plus dense, celle où l’on travaille ensemble sur le même chantier. C’est le coude à coude, le cœur à cœur de ceux qui mettent en place le pont qui va relier définitivement le rêve des hommes et le rêve de Dieu.

Oui, celui qu’ils ne voient plus est davantage encore à l’œuvre dans leur apostolat. Son absence physique semble démultiplier sa présence spirituelle. Toute son énergie va animer ces onze apôtres puis ces cent et ces millions d’envoyés aux quatre horizons.

Loin d’ouvrir l’époque de son absence, cette ascension inaugure une présence nouvelle au cœur des disciples : « le Seigneur travaillait avec eux ». Pourrait-on trouver une plus belle définition de l’apostolat ?

Le Seigneur est désormais partout au travail : au cœur du prêtre indien, du laïc américain, de l’évêque italien, du jeune de la J.O.C., du moins jeune de la vie montante, animant l’ouvrier chrétien dans son atelier, le paysan sur son tracteur, la mère de famille, l’institutrice dans sa classe, l’employé dans son bureau.

Oui, le Seigneur est là avec eux, présent plus que jamais.

Ne disait-il pas aux apôtres : « Il vous est bon que je m’en aille » pour que ma présence parmi vous, ne soit plus extérieure, physique, sensible, mais plus profonde. Au cœur de chacun d’entre vous, présence cachée, présence dynamique qui travaille en nous et nous fait travailler en sa compagnie : Jésus Ressuscité remplit désormais l’univers, de sa présence invisible. C’est nous qui sommes désormais, avec le Christ, responsables de la construction du Royaume. C’est pourquoi, maintenant, selon le conseil des anges, nous n’avons plus à « regarder le ciel » ; c’est ’’à nous de jouer maintenant ’’. Jésus a terminé une étape de sa mission. C’est la nôtre qui commence, mais toujours avec lui, vivant en nous, présent en nous.

Avec son ascension, Jésus nous dit : « L’avenir du monde est maintenant entre vos mains. Vous pouvez partir. Je suis avec vous ; Je vous animerai avec le souffle de mon Esprit pour que vous deveniez, à votre tour, les ouvriers du Royaume de vérité, de justice, d’amour et de paix. Allez sur le chantier de mon Eglise universelle et, là où vous êtes, soyez un travailleur de l’Evangile, un artisan de paix, un haut-parleur de la Parole de Dieu, proclamateur de la seule Bonne Nouvelle qui soit totalement satisfaisante pour le cœur de l’homme ».

L’Ascension : c’est l’Evangile remis entre nos mains. C’est la fête de l’avenir de l’Eglise. L’Ascension, c’est notre « envoi en mission » ; c’est notre « feuille de route ». AMEN