1

7ième Dimanche de Pâques par le Diacre Jacques FOURNIER

« Père, garde-les dans la fidélité à ton Nom » (Jn 17,11b-19)

En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes.
Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie.
Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés.
Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde.
Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais.
Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde.
Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité.
De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.
Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité.

 

jésus en prière

Juste avant sa Passion, Jésus prie son Père pour ses disciples, et donc pour chacun d’entre nous. Et le Père exauce toujours le Fils : « Père, je te rends grâce de m’avoir écouté. Je savais que tu m’écoutes toujours » (Jn 11,41-42)… Cette prière de Jésus pour nous est donc exaucée, ne l’oublions jamais…

            Et que demande-t-il ? « Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton Nom que tu m’as donné en partage pour qu’ils soient un comme nous-mêmes ». Or, « selon une conviction très répandue » à l’époque, « le nom dit la personne en sa profondeur… Aussi, connaître le nom de quelqu’un, c’est avoir accès au Mystère de son Être » (P. Xavier Léon Dufour). Le Père a donc donné au Fils son Nom en partage : il lui a donné d’Être ce qu’il Est. « Dieu Est Lumière » (1Jn 1,5) et « Esprit » (Jn 4,24), le Père Est Lumière et Esprit ? Reprenons notre principe de base : « Le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 3,35), tout ce qu’Il Est, tout ce qu’Il a. « Tout ce qu’a le Père est à moi » (Jn 16,15), dit Jésus. Le Fils est donc lui aussi Lumière (Jn 8,12 ; 12,46) et Esprit (2Co 3,17) : il a reçu du Père d’avoir son Nom en partage. C’est pourquoi, « moi et le Père, nous sommes un » (Jn 10,30), unis l’un à l’autre dans la Communion d’un même Esprit, le Père le donnant au Fils par amour, le Fils le recevant du Père dans l’amour, et cela de toute éternité…

            Or « j’ai fait connaître ton Nom aux hommes », dit Jésus à son Père, et il l’a fait en leur donnant à eux aussi de recevoirce « Nom » en partage. Souvenons-nous : ressuscité, il leur dira : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22). Par ce Don de l’Esprit, ils seront donc eux aussi en Communion avec Jésus et entre eux « dans l’unité de l’Esprit » (Ep 4,3). Aussi, quand Jésus demande à son Père de garder ses disciples dans la fidélité à son Nom, il lui demande de faire en sorte qu’ils demeurent bien dans ce Mystère de Communion qu’il est venu leur révéler et leur offrir (1Co 1,9), bien tournés vers Lui de tout cœur, accueillant sans cesse ce Don de l’Esprit qui leur est fait… Se repentir, se tourner vers Dieu, rester tourné vers Dieu, tout cela est Don de Dieu (Ac 5,31 ; 11,18 ; Lc 15,1-10). « Dieu, fais-nous revenir, fais luire ta face et nous serons sauvés » (Ps 80).

            Père, « je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les garder du Mauvais ». Cette demande rejoint la précédente… A la prière du Fils, Dieu le Père veille donc sur chacun des disciples de Jésus, comme un Père sur ses enfants, pour qu’ils ne se laissent pas tenter, pour qu’ils ne s’égarent pas, ne se blessent pas, ne se fassent pas de mal en faisant ce qui serait mal… « Ne nous laisse pas entrer en tentation »… Dieu est donc le premier acteur de notre conversion. Si nous y sommes un tant soit peu attentifs, il saura nous faire comprendre que telle parole, telle décision, telle action pourraient nous détourner de cette Plénitude de Vie qu’il veut voir régner en nous, pour notre seul bien…« Je parle ainsi pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés », « la joie de l’Esprit », l’Esprit donné gratuitement, par amour, « l’Esprit qui sanctifie » (2Th 2,13).




Jeudi 13 mai, fête de l’Ascension 

Jeudi 13 mai, fête de l’Ascension :

 » Jésus est monté aux cieux,

il siège à la droite de Dieu, le Père tout-puissant « .

          Voici ce que déclare à ce sujet le Catéchisme de l’église Catholique donné par St Jean Paul II, le 11 octobre 1992 :

659     » Or le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et il s’assit à la droite de Dieu  » (Mc 16, 19). Le Corps du Christ a été glorifiée dès l’instant de sa Résurrection comme le prouvent les propriétés nouvelles et surnaturelles dont jouit désormais son corps en permanence (cf. Lc 24, 31 ; Jn 20, 19. 26). Mais pendant les quarante jours où il va manger et boire familièrement avec ses disciples (cf. Ac 10, 41) et les instruire sur le Royaume (cf. Ac 1, 3), sa gloire reste encore voilée sous les traits d’une humanité ordinaire (cf. Mc 16, 12 ; Lc 24, 15 ; Jn 20, 14-15 ; 21, 4). La dernière apparition de Jésus se termine par l’entrée irréversible de son humanité dans la gloire divine symbolisée par la nuée (cf. Ac 1, 9 ; cf. aussi Lc 9, 34-35 ; Ex 13, 22) et par le ciel (cf. Lc 24, 51) où il siège désormais à la droite de Dieu (cf. Mc 16, 19 ; Ac 2, 33 ; 7, 56 ; cf. aussi Ps 110, 1). Ce n’est que de manière tout à fait exceptionnelle et unique qu’il se montrera à Paul  » comme à l’avorton  » (1 Co 15, 8) en une dernière apparition qui le constitue apôtre (cf. 1 Co 9, 1 ; Ga 1, 16).

660    Le caractère voilé de la gloire du Ressuscité pendant ce temps transparaît dans sa parole mystérieuse à Marie-Madeleine :  » Je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va vers mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu  » (Jn 20, 17). Ceci indique une différence de manifestation entre la gloire du Christ ressuscité et celle du Christ exalté à la droite du Père. L’événement à la fois historique et transcendant de l’Ascension marque la transition de l’une à l’autre.

661    Cette dernière étape demeure étroitement unie à la première, c’est-à-dire à la descente du ciel réalisée dans l’Incarnation. Seul celui qui est  » sorti du Père  » peut  » retourner au Père  » : le Christ (cf. Jn 16, 28).  » Personne n’est jamais monté aux cieux sinon le Fils de l’Homme qui est descendu des cieux  » (Jn 3, 13 ; cf. Ep 4, 8-10). Laissée à ses forces naturelles, l’humanité n’a pas accès à la  » Maison du Père  » (Jn 14, 2), à la vie et à la félicité de Dieu. Le Christ seul a pu ouvrir cet accès à l’homme,  » de sorte que nous, ses membres, nous ayons l’espérance de le rejoindre là où Lui, notre Tête et notre Principe, nous a précédés  » (MR, Préface de l’Ascension)

662     » Moi, une fois élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi  » (Jn 12, 32). L’élévation sur la Croix signifie et annonce l’élévation de l’Ascension au ciel. Elle en est le début. Jésus-Christ, l’unique Prêtre de l’Alliance nouvelle et éternelle, n’est pas  » entré dans un sanctuaire fait de mains d’hommes (…) mais dans le ciel, afin de paraître maintenant à la face de Dieu en notre faveur  » (He 7, 24). Au ciel le Christ exerce en permanence son sacerdoce,  » étant toujours vivant pour intercéder en faveur de ceux qui par lui s’avancent vers Dieu  » (He 9, 25). Comme  » grand prêtre des biens à venir  » (He 9, 11), il est le centre et l’acteur principal de la liturgie qui honore le Père dans les cieux (cf. Ap 4, 6-11).

663    Le Christ, désormais, siège à la droite du Père : :  » Par droite du Père nous entendons la gloire et l’honneur de la divinité, où celui qui existait comme Fils de Dieu avant tous les siècles comme Dieu et consubstantiel au Père, s’est assis corporellement après qu’il s’est incarné et que sa chair a été glorifiée  » (S. Jean Damascène, f. o. 4, 2 : PG 94, 1104C).

664    La session à la droite du Père signifie l’inauguration du règne du Messie, accomplissement de la vision du prophète Daniel concernant le Fils de l’homme :  » A lui fut conféré empire, honneur et royaume, et tous les peuples, nations et langues le servirent. Son empire est un empire à jamais, qui ne passera point et son royaume ne sera point détruit  » (Dn 7, 14). A partir de ce moment, les apôtres sont devenus les témoins du  » Règne qui n’aura pas de fin  » (Symbole de Nicée-Constantinople).

(…)

668     » Le Christ est mort et revenu à la vie pour être le Seigneur des morts et des vivants  » (Rm 14, 9). L’Ascension du Christ au Ciel signifie sa participation, dans son humanité, à la puissance et à l’autorité de Dieu lui-même. Jésus-Christ est Seigneur : il possède tout pouvoir dans les cieux et sur la terre. Il est  » au-dessus de toute autorité, pouvoir, puissance et souveraineté « , car le Père  » a tout mis sous ses pieds  » (Ep 1, 20-22). Le Christ est le Seigneur du cosmos (cf. Ep 4, 10 ; 1 Co 15, 24. 27-28) et de l’histoire. En lui, l’histoire de l’homme et même toute la création trouvent leur  » récapitulation  » (Ep 1, 10), leur achèvement transcendant.

669    Comme Seigneur, le Christ est aussi la tête de l’Église qui est son Corps (cf. Ep 1, 22). Élevé au ciel et glorifié, ayant ainsi accompli pleinement sa mission, il demeure sur la terre dans son Église. La Rédemption est la source de l’autorité que le Christ, en vertu de l’Esprit Saint, exerce sur l’Église (cf. Ep 4, 11-13).  » Le règne du Christ est déjà mystérieusement présent dans l’Église « ,  » germe et commencement de ce Royaume sur la terre  » (LG 3 ; 5).

670    Depuis l’Ascension, le dessein de Dieu est entré dans son accomplissement. Nous sommes déjà à  » la dernière heure  » (1 Jn 2, 18 ; cf. 1 P 4, 7).  » Ainsi donc déjà les derniers temps sont arrivés pour nous. Le renouvellement du monde est irrévocablement acquis et, en toute réalité, anticipé dès maintenant : en effet, déjà sur la terre l’Église est parée d’une sainteté imparfaite mais véritable  » (LG 48). Le Royaume du Christ manifeste déjà sa présence par les signes miraculeux (cf. Mc 16, 17-18) qui accompagnent son annonce par l’Église (cf. Mc 16, 20).

… en attendant que tout Lui soit soumis

671    Déjà présent dans son Église, le Règne du Christ n’est cependant pas encore achevé  » avec puissance et grande gloire  » (Lc 21, 27 ; cf. Mt 25, 31) par l’avènement du Roi sur la terre. Ce Règne est encore attaqué par les puissances mauvaises (cf. 2 Th 2, 7) même si elles ont été déjà vaincues à la base par la Pâque du Christ. Jusqu’à ce que tout lui ai été soumis (cf. 1 Co 15, 28),  » jusqu’à l’heure où seront réalisés les nouveaux cieux et la nouvelle terre où la justice habite, l’Église en pèlerinage porte dans ses sacrements et ses institutions, qui relèvent de ce temps, la figure du siècle qui passe ; elle vit elle-même parmi les créatures qui gémissent présentement encore dans les douleurs de l’enfantement et attendent la manifestation des fils de Dieu  » (LG 48). Pour cette raison les chrétiens prient, surtout dans l’Eucharistie (cf. 1 Co 11, 26), pour hâter le retour du Christ (cf. 2 P 3, 11-12) en lui disant :  » Viens, Seigneur  » (1 Co 16, 22 ; Ap 22, 17. 20).

672    Le Christ a affirmé avant son Ascension que ce n’était pas encore l’heure de l’établissement glorieux du Royaume messianique attendu par Israël (cf. Ac 1, 6-7) qui devait apporter à tous les hommes, selon les prophètes (cf. Is 11, 1-9), l’ordre définitif de la justice, de l’amour et de la paix. Le temps présent est, selon le Seigneur, le temps de l’Esprit et du témoignage (cf. Ac 1, 8), mais c’est aussi un temps encore marqué par la  » détresse  » (1 Co 7, 26) et l’épreuve du mal (cf. Ep 5, 16) qui n’épargne pas l’Église (cf. 1 P 4, 17) et inaugure les combats des derniers jours (cf. 1 Jn 2, 18 ; 4, 3 ; 1 Tm 4, 1). C’est un temps d’attente et de veille (cf. Mt 25, 1. 13 ; Mc 13, 33-37).




Ascension du Seigneur (Marc 16, 15-20) – Francis Cousin

« Galiléens,

pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? »

Quarante jours après la Pâques nous célébrons l’ascension du Seigneur Jésus.

Quarante, c’est le temps biblique nécessaire pour se préparer à un changement dans la vie :

Quarante ans dans le désert pour le peuple hébreu entre le départ de l’Égypte et l’arrivée en Palestine.

Quarante semaines pour la gestation d’un enfant.

Quarante jours dans le désert pour que Jésus se prépare à sa mission.

Quarante jours pour que Jésus prépare les onze apôtres à leur mission : proclamer son évangile à « toutes les nations » en leur parlant « du royaume de Dieu » (première lecture).

Nous sommes ce quarantième jour, et Jésus annonce aux onze apôtres que « c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici peu de jours », mais sans donner de date car c’est de l’autorité du Père, « mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »

Puis, « il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux. »

Et les apôtres restent là, les yeux au ciel …

Il a fallu que « deux hommes en vêtements blancs » (des anges) les rappellent à l’ordre : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? » …

On comprend bien l’attitude des apôtres : après trois ans de compagnonnage, il est difficile de voir partir celui qu’ils aimaient, même si Jésus les avait prévenus par Marie-Madeleine : « Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. ». (Jn 21,17)

Il leur fallait revenir sur terre (en esprit) ! Pour accomplir la mission que Jésus leur avait donnée.

Il en est de même pour nous !

Bien souvent nous regardons vers le ciel, ou du moins nous pensons à Dieu en disant : « Seigneur, fais que ceci … ; Donne-moi cela … » ou encore « Pourquoi permets-tu cela ? … Pourquoi fais-tu ceci ? … ».

On attend tout de Dieu !

Mais on le regarde de loin !

C’est vrai, à l’ascension, Jésus s’en va. Il quitte la terre. Mais il reste proche de nous !

Comme on dit maintenant, sa présence vis-à-vis de nous est en ’’présentiel’’, mais tout en restant en ’’distanciel’’ ! (ou distant-ciel).

Et il peut faire les deux en même temps, parce qu’il est Dieu.

Il est toujours présent, au plus près de nous … puisqu’il est présent en nous … même si nous, nous pensons qu’il est loin !

Et Jésus ne nous laissera jamais tomber … quoique nous fassions !

Et s’il arrive que nous nous écartions de lui, il est toujours prêt à pardonner et à nous dire : « Va ! Et désormais ne pèche plus ! » (Jn 8,11).

Ce qui veut dire : « Je ne m’arrête pas à ce que tu as fait. Continue ta mission, celle que j’ai confiée aux premiers apôtres, celle qui te vient de ton baptême, celle d’ « aller proclamer l’Évangile » à tous, spécialement à ceux qui sont les plus proches de toi et à ceux qui se sont éloignés de moi, d’abord par ton exemple … et cesse désormais de penser que je suis loin de toi, que je t’oublie, que je te considère comme quantité  négligeable … »

« Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi. Quand tu traverseras les eaux, je serai avec toi … Quand tu marcheras au milieu du feu, tu ne te brûleras pas … Car je suis le Seigneur ton Dieu, le Saint d’Israël, ton Sauveur … Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime … Ne crains pas, car je suis avec toi … Vous êtes mes témoins – oracle du Seigneur –, et moi, je suis Dieu. » (Is 43,1-5.12)

Seigneur Dieu

qui élèves le Christ au-dessus de tout,

ouvre-nous à la joie et à l’action de grâce,

car l’Ascension de ton Fils

est déjà notre victoire :

nous sommes les membres de son corps,

il nous a précédés

dans la gloire auprès de toi,

et c’est là que nous vivons

en espérance.

                                                                                      (Prière d’ouverture de l’Ascension)

                                     Francis Cousin

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Image Ascension B




L’Ascension du Seigneur- Homélie du Père Louis DATTIN

Envoi apostolique

Mc 16, 15-20

    Dans une fête comme celle de l’Ascension, un danger nous guette : celui d’en rester au récit, sans en comprendre la signification. Eh oui : « Ils le virent s’élever et disparaître à leurs yeux ».

Un spectacle pas ordinaire et puis ces braves anges qui disent aux apôtres : « Vous pouvez partir, la séance est finie ».

 

Vision assez simpliste du genre ‘’épopée spatiale‘’ ou ‘’histoire d’extra-terrestre‘’.

Dans ce cas, l’envolée de Jésus ne serait que le dernier exploit d’un surhomme et ce miracle final d’une vie qui en a compté bien d’autres serait en quelque sorte le bouquet final d’un feu d’artifice.

Attention, l’Ascension n’est pas un mystère facile à saisir et nous ne pouvons pas vivre ce mystérieux enlèvement, cette mystérieuse élévation du Christ avec seulement des images folkloriques en tête.

 A l’Ascension, il se passe quelque chose de trop important pour nous contenter d’une imagerie de cinéma ou de théâtre.

Reprenons le texte de l’Evangile de Marc que nous venons d’écouter. « Jésus fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu ». Certes, il ne peut s’agir de la description physique d’un décollage.

Quel œil au monde pourrait voir quelqu’un s’asseoir à côté de l’invisible ? Pour Marc, il s’agit de nous faire comprendre ce qu’il nous a déjà dit à Pâques : Jésus accède maintenant à une vie, d’une autre dimension que celle que nous connaissons.

Sa mort, qui a été acceptée par le Père comme un don parfait d’amour, le fait passer, avec sa nature divine, mais aussi avec sa nature humaine, dans l’intimité de Dieu son Père et cette fête marque en même temps le début de l’Ascension de tous les hommes : eux aussi, ils effectuent le passage, la pâque, à sa suite car Jésus nous entraîne avec lui.

Avec lui, c’est toute l’Humanité qui commence à entrer dans le monde nouveau de Dieu. Avec Jésus élevé aux cieux, nous avons déjà un pied dans cette vie éternelle, si, du moins, nous le suivons dans sa vie d’amour et de service des autres.

Voilà le sens profond de cette 1ère étape.

Ensuite, Marc nous dit : « Les apôtres s’en allèrent proclamer partout la Bonne Nouvelle ». Tiens, voilà qui est nouveau : la lumière du spot évangélique n’est plus braquée sur Jésus montant vers le ciel, mais sur les apôtres qui s’en vont, se dispersent, partout, à droite et à gauche, pour répandre tous azimuts, la nouvelle de la mort et de la résurrection de Jésus. Ce récit est donc, à la fois, une fin et un début : une fin, celle de la mission physique de Jésus incarné et un début, celui du commencement de l’apostolat de l’Eglise.

Nous sommes à la charnière de l’Evangile qui finit et des ‘’Actes des apôtres‘’ qui commencent.

En ce temps qui sépare (neuf jours) l’Ascension de la Pentecôte, c’est en quelque sorte, le passage de relai entre Jésus qui accomplit sa mission terrestre et l’Esprit qui va s’emparer des apôtres pour leur faire construire l’Eglise.

Ce récit n’a donc rien d’une conclusion. C’est un début, tout commence : Jésus ne déserte pas la terre, par l’Esprit-Saint qui va guider les apôtres, il va l’ensemencer.

« Allez » : il s’agit de quitter ‘’l’univers juif‘’ pour tenter l’aventure du passage à un monde étranger et sans doute hostile.

« Allez dans le monde entier » : une ‘’mission sans frontières‘’, universelle ».

« Ils s’en allaient proclamer partout la Bonne Nouvelle ».

Nous voici dans un temps qui finit une étape du plan de Dieu : la présence de Jésus parmi les hommes et l’inauguration d’un temps nouveau, celui de l’Esprit et de l’Eglise missionnaire. Maintenant, l’Evangile est remis entre nos mains, à nous les hommes…

            3e étape de ce récit de St-Marc et qui va nous surprendre : « Et le Seigneur travaillait avec eux ». Oui, lui, le Seigneur travaillait en eux… mais alors, il n’est pas question, dans ce récit, de séparation, d’absence, de deuil. Pas de couronne mortuaire « à notre cher disparu ». Il est , Jésus, de sa présence la plus pleine, la plus dense, celle où l’on travaille ensemble sur le même chantier. C’est le coude à coude, le cœur à cœur de ceux qui mettent en place le pont qui va relier définitivement le rêve des hommes et le rêve de Dieu.

Oui, celui qu’ils ne voient plus est davantage encore à l’œuvre dans leur apostolat. Son absence physique semble démultiplier sa présence spirituelle. Toute son énergie va animer ces onze apôtres puis ces cent et ces millions d’envoyés aux quatre horizons.

Loin d’ouvrir l’époque de son absence, cette ascension inaugure une présence nouvelle au cœur des disciples : « le Seigneur travaillait avec eux ». Pourrait-on trouver une plus belle définition de l’apostolat ?

Le Seigneur est désormais partout au travail : au cœur du prêtre indien, du laïc américain, de l’évêque italien, du jeune de la J.O.C., du moins jeune de la vie montante, animant l’ouvrier chrétien dans son atelier, le paysan sur son tracteur, la mère de famille, l’institutrice dans sa classe, l’employé dans son bureau.

Oui, le Seigneur est là avec eux, présent plus que jamais.

Ne disait-il pas aux apôtres : « Il vous est bon que je m’en aille » pour que ma présence parmi vous, ne soit plus extérieure, physique, sensible, mais plus profonde. Au cœur de chacun d’entre vous, présence cachée, présence dynamique qui travaille en nous et nous fait travailler en sa compagnie : Jésus Ressuscité remplit désormais l’univers, de sa présence invisible. C’est nous qui sommes désormais, avec le Christ, responsables de la construction du Royaume. C’est pourquoi, maintenant, selon le conseil des anges, nous n’avons plus à « regarder le ciel » ; c’est ’’à nous de jouer maintenant ’’. Jésus a terminé une étape de sa mission. C’est la nôtre qui commence, mais toujours avec lui, vivant en nous, présent en nous.

Avec son ascension, Jésus nous dit : « L’avenir du monde est maintenant entre vos mains. Vous pouvez partir. Je suis avec vous ; Je vous animerai avec le souffle de mon Esprit pour que vous deveniez, à votre tour, les ouvriers du Royaume de vérité, de justice, d’amour et de paix. Allez sur le chantier de mon Eglise universelle et, là où vous êtes, soyez un travailleur de l’Evangile, un artisan de paix, un haut-parleur de la Parole de Dieu, proclamateur de la seule Bonne Nouvelle qui soit totalement satisfaisante pour le cœur de l’homme ».

L’Ascension : c’est l’Evangile remis entre nos mains. C’est la fête de l’avenir de l’Eglise. L’Ascension, c’est notre « envoi en mission » ; c’est notre « feuille de route ». AMEN




6ième Dimanche de Pâques (Jn 15, 9-17) – Francis Cousin

« Aimez-vous les uns les autres. »

Souvent nous utilisons cette partie de phrase seulement, qui ressemble à la dernière phrase de l’évangile de ce jour. C’est déjà bien, et c’est mieux que rien.

Mais il manque quelque chose d’important qu’on trouve au début de l’évangile : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. ». Ce n’est pas simplement s’aimer, être ’’cool’’, genre hippie … mais aimer à l’image du Christ, un amour total, sans limite, que Jésus explique aussitôt : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. ».

Mais cet amour total ne vient pas de lui : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. ».

Et si on met les phrases en arrangeant un peu l’ordre, on obtient :

« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. »

                                                  comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. »

Et par réflexivité, on a : « Comme le Père m’a aimé, aimez-vous les uns les autres. ».

L’amour dont nous devons nous aimer doit être identique à celui du Père, qui est tout amour, par l’intermédiaire de Jésus.

Et cet amour n’est pas celui d’un instant, une fois de temps en temps : « Demeurez dans mon amour. ».

Et ça, ce n’est pas facile ! Cela demanderait d’être parfait !

Mais Jésus a dit : « Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait. » (Mt 5,48) ! Et dans le Notre Père, nous disons : « Que ta volonté soit faite … ».

« Quand Dieu s’adresse à Abraham, il lui dit : « Je suis Dieu tout-puissant. Marche en ma présence et sois parfait » (Gn 17, 1). Pour que nous soyons parfaits comme il le désire, nous devons vivre humblement en sa présence, enveloppés de sa gloire ; il nous faut marcher en union avec lui en reconnaissant son amour constant dans nos vies. Il ne faut plus avoir peur de cette présence qui ne peut que nous faire du bien. Il est le Père qui nous a donné la vie et qui nous aime tant. Une fois que nous l’acceptons et que nous cessons de penser notre vie sans lui, l’angoisse de la solitude disparaît (cf. Ps 139, 7). Et si nous n’éloignons plus Dieu de nous et que nous vivons en sa présence, nous pourrons lui permettre d’examiner nos cœurs pour qu’il voie s’ils sont sur le bon chemin (cf. Ps 139, 23-24). Ainsi, nous connaîtrons la volonté du Seigneur, ce qui lui plaît et ce qui est parfait (cf. Rm 12, 1-2) et nous le laisserons nous modeler comme un potier (cf. Is 29, 16). Nous avons souvent dit que Dieu habite en nous, mais il est mieux de dire que nous habitons en lui, qu’il nous permet de vivre dans sa lumière et dans son amour. » (Pape François, Gaudete et Excultate, 51)

« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »

Cela semble toujours aussi difficile, surtout en ce temps de pandémie du Covid 19, où les gestes barrières ont amené une plus grande distanciation entre les personnes : le masque, un mètre de distance, la peur, le télétravail etc … ont renforcé l’isolement des personnes et parfois l’égoïsme … qui ne nous permet pas de voir l’autre ! Et la tendance au chacun pour soi augmente.

C’est ce que dénonce le pape François dans sa dernière encyclique Fratelli Tutti : « De nouvelles barrières sont créées pour l’auto-préservation, de sorte que le monde cesse d’exister et que seul existe ‘‘mon’’ monde, au point que beaucoup de personnes cessent d’être considérées comme des êtres humains ayant une dignité inaliénable et deviennent seulement ‘‘eux’’. Réapparaît ‘‘la tentation de créer une culture de murs, d’élever des murs, des murs dans le cœur, des murs érigés sur la terre pour éviter cette rencontre avec d’autres cultures, avec d’autres personnes. Et quiconque élève un mur, quiconque construit un mur, finira par être un esclave dans les murs qu’il a construits, privé d’horizons. Il lui manque, en effet, l’altérité’’ ». (FT n° 27).

« L’isolement et le repli sur soi ou sur ses propres intérêts ne sont jamais la voie à suivre pour redonner l’espérance et opérer un renouvellement, mais c’est la proximité, c’est la culture de la rencontre. Isolement non, proximité oui. Culture de l’affrontement non, culture de la rencontre, oui ». (FT 30).

« Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas » (1 Jn 4, 20).

« Même cette proposition d’amour pouvait être mal comprise. Ce n’est pas pour rien que, face à la tentation des premières communautés chrétiennes de créer des groupes fermés et isolés, saint Paul exhortait ses disciples à vivre l’amour entre eux « et envers tous » (1 Th 3, 12), et que, dans la communauté de Jean, il était demandé de bien accueillir les frères « bien que ce soient des étrangers » (3 Jn 5). Ce contexte aide à comprendre la valeur de la parabole du bon Samaritain : il importe peu à l’amour que le frère blessé soit d’ici ou de là-bas. En effet, c’est ’’l’amour qui brise les chaînes qui nous isolent et qui nous séparent en jetant des ponts ; un amour qui nous permet de construire une grande famille où nous pouvons tous nous sentir chez nous. […] Un amour qui a saveur de compassion et de dignité ». (FT 61-62)

« Chacun de nous est appelé à être un artisan de paix, qui unit au lieu de diviser, qui étouffe la haine au lieu de l’entretenir, qui ouvre des chemins de dialogue au lieu d’élever de nouveaux murs ». (FT 284).

Essayons de mettre en œuvre les propos du pape François.

Et n’oublions pas la Parole de Jésus : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’on vous reconnaîtra pour mes disciples. » (Jn 13,35).

Prions avec la prière de la sixième station du chemin de croix du Diocèse de cette année :

Seigneur,

comme il est difficile de se faire

« prochain pour les autres »,

surtout s’ils ne sont pas de notre milieu,

 de notre pays, de notre religion…

Mais quand tu dis

« Aimez-vous les uns les autres »,

tu ne mets pas de restrictions,

parce que nous sommes tous enfants de Dieu,

tous frères… à ta suite.

                                     Francis Cousin

   

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Image dim Pâques B 6°




5ième Dimanche de Pâques – par Père Rodolphe EMARD

Homélie du 5ème dimanche de Pâques / Année B

02 mai 2021

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 15, 1-8)

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Moi, je suis la vraie vigne,
et mon Père est le vigneron.
Tout sarment qui est en moi,
mais qui ne porte pas de fruit,
mon Père l’enlève ;
tout sarment qui porte du fruit,
il le purifie en le taillant,
pour qu’il en porte davantage.
Mais vous, déjà vous voici purifiés
grâce à la parole que je vous ai dite.
Demeurez en moi, comme moi en vous.
De même que le sarment
ne peut pas porter de fruit par lui-même
s’il ne demeure pas sur la vigne,
de même vous non plus,
si vous ne demeurez pas en moi.

Moi, je suis la vigne,
et vous, les sarments.
Celui qui demeure en moi
et en qui je demeure,
celui-là porte beaucoup de fruit,
car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
Si quelqu’un ne demeure pas en moi,
il est, comme le sarment, jeté dehors,
et il se dessèche.
Les sarments secs, on les ramasse,
on les jette au feu, et ils brûlent.
Si vous demeurez en moi,
et que mes paroles demeurent en vous,
demandez tout ce que vous voulez,
et cela se réalisera pour vous.
Ce qui fait la gloire de mon Père,
c’est que vous portiez beaucoup de fruit
et que vous soyez pour moi des disciples. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

***************************************************

HOMÉLIE

Frères et sœurs, il y a bien des termes et des expressions qui se répètent dans l’Évangile que nous venons de proclamer. Cela mérite qu’on s’y intéresse d’un peu plus près.

 

 

  • La vigne

Le terme vigne revient trois fois. Et l’expression « Moi, je suis la vraie vigne » revient deux fois et elle est centrale.

Depuis le prophète Isaïe (VIIIème siècle avant Jésus-Christ), il est habituel dans la Bible de comparer le peuple d’Israël à une vigne que Dieu a toujours pris soin mais qui n’a pas porté le fruit attendu.

Jésus se présente lui-même comme la vigne véritable qui elle porte du fruit. Jésus est le cep qui transmet la sève aux sarments. J’y reviendrai sur ce terme (sarment(s)).

  • Le verbe Demeurer

Le Christ transmet sa sève de ressuscité aux sarments mais cela fonctionne que si nous demeurons en lui et lui en nous. Le verbe demeurer revient huit fois, c’est dire son importance. Nous avons ici la pointe de l’Évangile. Précisons aussi que ce verbe revient deux fois dans la deuxième lecture (soit dix fois dans la liturgie de ce jour).

Nous sommes bien sûr questionnés sur notre manière de demeurer mais notons bien qu’il s’agit que le Christ demeure en nous et nous en lui. Il y a bien un double mouvement. Le Christ nous accueille et nous accueillons le Christ. Quelle est la qualité de cet accueil ? Quelle est notre relation personnelle au Christ ?

Demeurer en Christ est d’une nécessité vitale d’après ce que dit Jésus lui-même : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. »

Notons aussi la conséquence du « non-demeurer » : « Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. » Une image forte qui ne peut pas interpeller celui qui se dit vraiment chrétien. Cela me permet aussi de m’arrêter un peu plus sur ce terme sarment(s).

 

  • Le terme Sarment(s)

Le terme revient six fois. Nous l’avons compris, nous sommes les sarments. Et nous sommes invités à nous demander quel type de sarment nous sommes ?

 

 

 

Avant de faire notre examen de conscience, sans tomber dans l’auto-condamnation, rappelons-nous deux points :

  • Nous appartenons à cette vigne, au Christ, par la grâce du Baptême. Tous nous avons failli à nos vocations à des moments de notre vie mais nous sommes revenus à Dieu. N’oublions pas que Dieu prend soin de la vigne, il la purifie, il la taille. Il n’est jamais trop tard pour se relier au cep, au Christ. C’est bien ce que Jésus nous demande.

  • Prenons également conscience que le sécateur dont Dieu se sert pour émonder sa vigne, c’est sa Parole. Que fait-on de cette Parole ? Que reste-t-il de cette Parole que nous avons reçue, que nous recevons chaque dimanche ? Le chrétien doit s’imprégner des paroles du Christ pour pouvoir les mettre en pratique.

  • L’expression Porter ou ne pas porter du fruit

La première exigence du sarment c’est de porter du fruit. L’expression porter du fruit ou ne pas porter du fruit revient cinq fois.

Nous l’aurons compris, les sarments qui ne portent pas de fruit sont brûlés. Nous n’avons donc pas le choix que de produire des bons fruits. Le fruit que Dieu attend ce sont de tout ce qui est de l’ordre de l’amour. Saint Jean dans la deuxième lecture (Cf. 1 Jn 3, 18-24) nous rappelle le commandement de Dieu : « Or, voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. »

En conséquence : Il y a à demeurer avec le Christ et avec ses frères, cela en les aimant, en vivant concrètement des actes selon ce que dit saint Jean : « Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. »

Nous devons comprendre que si nous ne demeurons pas dans une intimité profonde avec le Christ nous ne pourrons pas aimer correctement notre prochain. Par ailleurs, rappelons-nous toujours qu’aimer ce n’est pas vouloir contrôler, changer ou avoir la main mise sur les autres. Cette manière de faire est de l’ordre de la possession, un grave manque de chasteté, c’est tout le contraire de l’amour.

***********

En demeurant avec le Christ et avec nos frères, Jésus nous assure que nous pouvons tout demander et que cela nous sera accordé : « Demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. » Parfois on a cette forte impression que cette parole n’est pas pour moi. Je demande et en vain… Cela implique de revoir, d’après l’enseignement de ce dimanche, notre relation au Christ et aux autres.

Certainement, nous avons aussi à revoir ce que nous demandons : peut être que nos demandes ne sont pas bonnes ou peut être succombons-nous trop à la tentation de dicter à Dieu ce qu’il devrait faire…

Ce que nous avons en priorité à demander au Seigneur c’est d’une part de mieux vivre les vertus théologales de la foi, de l’espérance et de la charité.  D’autre part, nous avons sans doute à demander au Seigneur de nous aider à mieux comprendre sa volonté pour mieux nous y soumettre. Cela exige de nous disponibilité et confiance que hors de Jésus nous ne pouvons rien faire.

C’est ainsi frères et sœurs que nous pourrons vivre cette paix profonde dont parle le Ressuscité et qu’il communique à ses disciples. Qu’il nous bénisse et qu’il nous garde dans son amour. Amen.




5ième Dimanche de Pâques (Jn 15, 1-8) – Francis Cousin

« Demeurer. »

C’est un verbe qui revient huit fois dans le passage d’évangile de ce jour. C’est dire s’il est important pour Jésus.

Mais c’est un verbe qui a deux sens, à ne pas confondre.

« Maître, où demeures-tu ? » (Jn 1,38). C’est la réponse d’André et son compagnon à la première parole de Jésus dans l’évangile de Jean : « Que cherchez-vous ? ». Ils cherchaient un lieu, une habitation … pour entrer en contact … C’est le sens courant, le sens géographique. Un sens statique.

Mais Jésus va leur parler … Ils seront séduits par ses paroles, et ils demeureront avec lui, et même lui amèneront d’autres connaissances qui demeureront aussi avec Jésus, et qui partiront avec lui sur les routes de Palestine. C’est le sens de connivence forte entre les personnes. Un sens davantage dynamique qui nécessite que l’on s’adapte continuellement pour rester sur la même longueur d’onde

C’est ce deuxième sens qu’il faut comprendre dans ce passage, avec cette différence qu’ici, il n’y a que les humains qui doivent s’adapter à la Parole éternelle de Jésus, qui lui, ne change jamais !

Et on le comprend bien dans l’évangile avec la comparaison avec la vigne, qui se fait en deux temps.

D’abord entre le Père et Jésus, qui s’assimile avec la vigne, et dont le Père est le vigneron, celui qui prend soin de la vigne, qui l’émonde, la taille, de manière qu’elle porte davantage de fruits.

Et ce commandement de Jésus : « Demeurez en moi, comme moi en vous. » parce que si on est séparé, coupé de la vigne, la sève ne vient plus jusqu’à nous, on ne peut pas porter de fruits, « car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. ».

Ensuite entre Jésus et nous, qui sommes les sarments, les tiges qui portent les raisins : « Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. ». Par contre, « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. ».

Ce sont des paroles fortes, et Jésus n’a pas l’habitude de dire des choses en l’air ! Et pourtant, il semblerait qu’on oublie souvent cette parole ; comme si on n’y croyait pas vraiment : « Ce serait trop beau si c’était vrai ! » … Sans doute parce qu’on ne demeure pas vraiment en Jésus, on écoute ses Paroles, mais on ne les assimile pas dans notre vie …

Jésus a encore dit ailleurs : « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. » (Mt 7,7) …

Et ouvrez votre cœur quand Jésus frappe à sa porte : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Ap 3,20) ; Et nous demeurerons ensemble …

En parlant de repas, une autre parole de Jésus : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. » (Jn 6,56)

Ce qui permet de dire que nous avons donc deux manières de demeurer en Jésus, et lui en nous :

– En écoutant et mettant en pratique les Paroles de Jésus.

– En communiant au corps et au sang de Jésus.

Nous retrouvons ici les deux tables liturgiques :

– la table de la Parole, l’ambon, où est proclamée la Parole de Dieu.

– la table de sacrifice, l’autel, où l’on commémore le sacrifice de Jésus.

Mais cela veut dire surtout qu’il faut que nous croyons vraiment à ce que nous disons. Que nous soyons vraiment en osmose avec Jésus, que ce ne soit pas seulement des paroles en l’air de dire que je demeure en Jésus … mais que nous ayons véritablement la volonté de le faire, et que nous le fassions !

Et puis, pour que la relation entre Jésus et nous perdure, pour qu’elle demeure, comme dans toute amitié, il est nécessaire de se parler. Souvent ! Dieu, Jésus nous parle … sans doute bien plus souvent qu’on ne le croit ! Mais il faut aussi que nous, nous parlions à Jésus, à Dieu … comme à un ami … C’est ce qu’on appelle la prière, tout le monde le sait, … mais est-ce qu’on prie assez souvent ?

Seigneur Jésus,

Tu n’as qu’un désir :

demeurer en nous pour que nous portions

les fruits de ton Évangile.

Mais il faut aussi que nous demeurions en toi,

à chaque instant de notre vie …

À nous de faire l’effort …

 

                                     Francis Cousin

   

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Image dim Pâques B 5°




4ième Dimanche de Pâques (Jn 10, 11-18) – par Père Rodolphe EMARD

Homélie du dimanche 25 avril 2021

Journée mondiale de prière pour les vocations

Frères et sœurs, ce dimanche c’est la journée mondiale de prière pour les vocations. C’est le pape Paul VI qui a institué cette journée en 1963 et l’a fixé au quatrième dimanche de Pâques, habituellement appelé dimanche du « Bon Pasteur ».

Quand on évoque les vocations, il faut toujours les relier au bon pasteur dont parle l’Évangile et que l’Église reconnaît comme le Christ ressuscité. À l’origine de toute vocation, il y a l’appel du Christ.

Nous réduisons trop souvent les vocations aux prêtres, aux religieux(ses) ou aux diacres. Notre première vocation, le premier appel de Dieu (et nous l’oublions souvent), c’est l’appel à la sainteté. La constitution dogmatique Lumen Gentium sur l’Église rappelle cet « Appel universel à la sainteté dans l’Église » (Cf. chapitre V). Il s’agit, à l’appel de Jésus lui-même, d’être parfaits comme le Père est parfait[1].

Cet appel à la sainteté nous le vivons concrètement dans les sacrements du Baptême et de la Confirmation. En ayant reçu ces sacrements, nous avons reçu des vocations, de réels appels de Dieu :

  • Dans le Baptême : celui d’être prêtre, prophète et roi. *Prêtre pour rendre un culte à Dieu ; *Prophète pour témoigner de l’Évangile, en paroles et en actes ; *Roi pour servir notre prochain.

  • Dans la Confirmation, nous avons reçu la vocation d’être des témoins du Christ ressuscité, là où nous sommes insérés.

C’est en vivant ces appels de Dieu dans le Baptême et dans la Confirmation que nous répondons à notre première vocation, l’appel à la sainteté. Voilà ce qui est premier, à la base, quand nous évoquons les vocations.

De là, découlent les vocations dites spécifiques : le presbytérat, la vie religieuse, le diaconat mais également le mariage. Ces vocations spécifiques sont des manières de vivre pleinement le Baptême et la Confirmation, et sont en vue de la sainteté.

Chacune de ces vocations sont importantes pour la vie de l’Église :

  • Sans les prêtres, la vie de Dieu ne pourrait pas être communiquée dans les sacrements. Ils ont la charge de guider vers le Christ, d’enseigner la Parole de Dieu et de sanctifier dans les sacrements.

  • Les religieux sont d’abord des témoins du Royaume de Dieu en ce monde. Sans eux, l’Église perdrait des signes précieux du Royaume et de l’espérance qui porte et fait vivre les chrétiens : nous sommes faits pour Dieu et nous verrons Dieu !

  • Les diacres sont ordonnés en vue du service et de la charité. Ils rappellent à toute l’Église qu’elle est servante, notre mission de prêtre, de prophète et de roi. En tant que roi, nous avons à servir et à vivre la charité. Sans les diacres, l’Église perdrait d’importants témoins.

  • Et le mariage ? C’est le noyau de toutes les vocations ! C’est bien au cœur du mariage, au cœur de la famille, que naissent les vocations. C’est pourquoi, on dit que le sacrement de mariage contribue à la l’édification de l’Église.

Chacune de ces vocations ont un seul et unique but : annoncer le Christ ressuscité, le bon pasteur, là où nous sommes, dans ce que nous faisons. Le Christ est la cause et le but de toutes les vocations. Il y a deux points à retenir pour nous :

  • Pour annoncer le Christ, il faut que nous soyons nous-même attaché à lui, dans une réelle intimité avec lui.

  • Annoncer le Christ est l’essence même de notre être chrétien. Beaucoup de nos contemporains ont besoin de le connaître tant ils sont perdus ! Dans la première lecture, Pierre rappelle que le Christ ressuscité est la « pierre d’angle », sans lui, nous ne pouvons rien construire de solide. En dehors de lui, il n’y a pas de Salut !

Cependant frères et sœurs, pour bien annoncer le Christ, ayons du discernement. Jésus, lui, est le bon pasteur mais il y a aussi des mercenaires, dont certains se revendiquent de son nom.  Jésus est capable de « donner sa vie » pour les brebis mais il y a aussi ceux qui veulent seulement se servir des brebis pour « contrôler » le troupeau.

 

Jésus est le bon pasteur qui sauve le monde et il y a aussi tous ces soi-disant sauveurs : des sauveurs de pacotille qui promettent « monts et merveilles », mais qui se sauvent lorsque le danger arrive. Des gourous existent et ils sont nombreux ! Nous devons discerner !

 

 

Gardons-nous bien de ne pas chercher le Christ là où il n’est pas. D’où deux points importants à relever :

  • L’importance de rester fidèle à l’Église, à la tradition apostolique à laquelle nous appartenons et de laquelle nous découlons.

  • L’importance aussi de rester fidèle aux moyens sûrs et efficaces pour une rencontre authentique avec le Christ :

          *La vie de prière, la vie de charité.

*La Parole de Dieu sur laquelle nous insistons souvent : il faut la méditer ! « Qui ignore les Écritures, ignore le Christ » disait saint Jérôme.

*Enfin, le Christ se donne à nous chaque dimanche, à chaque communion.

Que chacun d’entre nous puisse redécouvrir l’appel personnel que le Christ lui fait, pour mieux le suivre et mieux l’annoncer. Il est le Seigneur ressuscité, il est notre bon pasteur !

[1] Cf. Mt 5, 48.




4ième Dimanche de Pâques – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 24 Avril et Dimanche 25 Avril 2021

 Actes 4 8–12 ; 1Jean 3 1–2 ; Jean 10 11–18

Le thème du Pasteur et du troupeau n’est pas nouveau. Dans l’Ancien Testament, Dieu est le Berger et la Pierre d’Israël, le rocher sur lequel s’appuie le peuple d’Israël (Gn 48,15 ; 49,24 ; Ps 23,1). Au Ps 80,2, Dieu est le Pasteur d’Israël, c’est Lui qui dirige le troupeau. Mais bon nombre de personnalités importantes tels que les Juges, c’est-à-dire des Sauveurs, des héros libérateurs (2S7,7), les chefs du peuple (Jr 2,8), les princes des nations (Jr 25,34s ; Na 3,18 ; Is 44,28) recevaient aussi le titre de pasteurs. Ceux-là ne prenaient pas soin de leur troupeau. Voici ce que Dieu leur dit (Ez 34,3.4.8-16) : 3Vous vous êtes nourris de lait, vous vous êtes vêtus de laine, vous avez sacrifié les brebis les plus grasses, mais vous n’avez pas fait paître le troupeau. 4Vous n’avez pas fortifié les brebis chétives, soigné celle qui était malade, pansé celle qui était blessée. Vous n’avez pas ramené celle qui s’égarait, cherché celle qui était perdue. Mais vous les avez régies avec violence et dureté. 5 Elles se sont dispersées, faute de pasteur, pour devenir la proie de toute bête sauvage ; elles se sont dispersées. 6Mon troupeau erre sur toutes les montagnes et sur toutes les collines élevées, mon troupeau est dispersé sur toute la surface du pays, nul ne s’en occupe et nul ne se met à sa recherche… 8Par ma vie, oracle du Seigneur Yahvé, je le jure : parce que mon troupeau est mis au pillage et devient la proie de toutes les bêtes sauvages, faute de pasteur, parce que mes pasteurs ne s’occupent pas de mon troupeau, parce que mes pasteurs se paissent eux-mêmes sans paître mon troupeau… 10 …. Je leur reprendrai mon troupeau et désormais, je les empêcherai de paître mon troupeau. Ainsi les pasteurs ne se paîtront plus eux-mêmes. J’arracherai mes brebis de leur bouche et elles ne seront plus pour eux une proie. 11 …Voici que j’aurai soin moi-même de mon troupeau et je m’en occuperai.12Comme un pasteur s’occupe de son troupeau, quand il est au milieu de ses brebis éparpillées, je m’occuperai de mes brebis. Je les retirerai de tous les lieux où elles furent dispersées, au jour de nuées et de ténèbres.13Je leur ferai quitter les peuples où elles sont, je les rassemblerai des pays étrangers et je les ramènerai sur leur sol. Je les ferai paître sur les montagnes d’Israël, dans les ravins et dans tous les lieux habités du pays. 14 Dans un bon pâturage je les ferai paître, et sur les plus hautes montagnes d’Israël sera leur pacage (= le lieu où ils vont paitre). C’est là qu’elles se reposeront dans un bon pacage ; elles brouteront de gras pâturages sur les montagnes d’Israël ».

Dieu vient donc au sein même de son troupeau, et il vient en la personne de son Fils pour être au milieu de son peuple. Mt 2,6 : « …de toi, Bethléem, sortira un chef qui sera pasteur de mon peuple Israël ». Et Jésus nous dit en   Jn 10,30 : « le Père et moi, nous sommes UN ». Jn 14,9 : « Qui m’a vu a vu le Père ». Si nous voyons le Fils… « miséricordieux », alors nous voyons le Père… « miséricordieux ». Si nous voyons le Fils comme le Bon Pasteur alors nous voyons aussi le Père comme Bon Pasteur parce durant toute sa vie sur terre, le Fils n’a fait que la volonté de son Père (Jn 5,30) : « …. Je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé ». C’est pourquoi lorsque Jésus dit « Moi, je suis le Bon Pasteur », c’est le Père qui vient au milieu de son troupeau par son Fils bien-aimé. Et ses auditeurs comprenaient tout de suite ce que cela pouvait signifier. Le berger qui dirige son troupeau présente deux aspects : il est à la fois un chef et un compagnon.

En tant que chef, il guide, il donne un but, une direction et défend son troupeau contre les divers dangers (1S17,34-37 ; Mt 10,16 ; Ac 20,29). Le troupeau de Jésus est l’Eglise dont il est à la fois le chef et le Corps, Corps composé de disciples qui en sont les membres. A ceux qui sont déjà au sein de l’Eglise, Jésus leur a envoyé son Esprit Saint. Et l’Esprit Saint n’a pas besoin que nous soyons spécialement instruits, comme Pierre et Jean qui étaient eux-mêmes des gens sans instruction ni culture (Ac 4,13), pour, à notre tour, évangéliser afin que d’autres brebis fassent aussi partie de l’Eglise, car nous dit Jésus (Jn 10,16) : « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi, il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix ; et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur ». Ces autres brebis doivent donc être aussi dans cette bergerie appelée Eglise pour ne former qu’un seul troupeau avec le seul pasteur envoyé par le Père, Jésus-Christ. L’Église est l’instrument du salut que Jésus a mis en place pour le salut du monde. Chef de l’Eglise, le Pasteur nous donne une direction et un but : le Royaume de Dieu. Il nous donne des instruments du salut : l’Eglise, La Bible, tous les sacrements. Il nous donne les armes : les prières, dont le rosaire, l’oraison et la prière de l’Eglise avec la « Prière du temps présent » que certains connaissent et qui est composée de psaumes, les grâces reçues depuis notre baptême et tous ses commandements, ses conseils, ses enseignements sur l’amour, l’humilité, la solidarité, le pardon, et bien d’autres vertus. Avec les sacrements du baptême, de la réconciliation, et de l’Eucharistie, il nous donne les moyens de vaincre le péché et de partager sa vie. Tout ce que le Christ nous donne nous permet de nous unir à Lui, et le plus important c’est d’aimer. Dieu nous offre son Amour afin que nous puissions à notre tour le partager avec d’autres. Et si nous voulons aimer, évitons de porter des jugements sur les uns et les autres. A l’exemple de Jésus face à la femme adultère (Jn 8,1-11), on peut toujours condamner une mauvaise action, mais pas la personne qui l’a commise. A la femme adultère sur qui personne n’a voulu jeter la première pierre, Jésus lui dit (Jn8,11) : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, désormais, ne pèche plus ». « L’Évangile enseigne la justification du pécheur, (et) non du péché, c’est pourquoi, nous devons aimer le pécheur mais haïr le péché » (Cardinal Walter Kasper – La Miséricorde – P.19). Dieu, en effet, condamne le mal, le péché, les mauvaises actions mais jamais le pécheur qu’on peut toujours pardonner. Le Christ, qui nous a donné tout cela, n’a pas seulement enseigné d’une manière théorique, il nous a donné l’exemple concret en vivant parmi nous. Il sait donc de quoi il parle. Les saints sont des exemples de personnes qui ont bien réussi à mettre en pratique les enseignements du Christ. Et cela montre que ses enseignements ne sont pas hors de notre portée. Jésus est le Bon Pasteur. Bon au sens de bonté, parce qu’il est Amour et l’amour véritable ne fait jamais de mal à personne. Tout le monde sait que Jésus a même pardonné aussi à ses bourreaux.

Le Bon Pasteur, en tant que compagnon, fait équipe avec son troupeau, prend soin de ses brebis (Ps 27,23), parfois porte certains agneaux dans ses bras (Is 40,11), s’adapte à leur situation (Gn 33,13s), il vient au secours des brebis sans berger (2Ch18,16 ; Mt 9,36 ; Mc 6,34), rassemble les brebis dispersées (Is 53,6). Le vrai pasteur donne sa vie pour ses brebis, c’est qu’a fait Jésus, à l’inverse du mercenaire qui est payé pour surveiller le troupeau. « 12 Le mercenaire, qui n’est pas le pasteur et à qui n’appartiennent pas les brebis, voit-il venir le loup, il laisse les brebis et s’enfuit, et le loup s’en empare et les disperse. 13 C’est qu’il est mercenaire et ne se soucie pas des brebis ». Non seulement Jésus dépose sa vie pour ses brebis, mais il envisage de ramener d’autres brebis dans son troupeau. « Si le monde ne nous connaît pas, c’est qu’il n’a pas connu le Père ». C’est pourquoi Le Christ nous envoie évangéliser de par le monde pour faire connaître ce Dieu-Père, mais pas besoin d’aller loin pour cela, parce que le monde commence autour de nous. Arrêtons de dire « moins lé pas capable », « moins l’a pas fait des études bibliques ou théologiques » bien que cela soit utile. Pierre et Jean aussi étaient des gens sans instruction ni culture, ils ont pourtant été choisis par le Christ pour évangéliser.

« Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : Recevez l’Esprit Saint ». » Jean 20,22

Lorsque Jésus nous envoie l’Esprit Saint, peu importe nos capacités, parce que l’Esprit agit au moment même où l’on évangélise. Lorsque l’on enseigne au Sedifop, les participants posent toutes sortes de questions, parfois hors du thème du jour. Et le formateur, qui ne connaît pas tout…comme tout le monde, répond aux questions, et ces questions il ne les connaît pas à l’avance. Le formateur lui-même est parfois étonné des bonnes réponses qu’il fournit aux participants. D’où lui viennent ces bonnes réponses sinon de l’Esprit de Dieu ? – Etienne, lui, avait des opposants et voici ce que nous racontent les Actes des Apôtres (6,8-10) : 8 Étienne, rempli de grâce et de puissance, opérait de grands prodiges et signes parmi le peuple. 9 Alors intervinrent des gens de la synagogue …. Ils se mirent à discuter avec Étienne, 10 mais ils n’étaient pas de force à tenir tête à la sagesse et à l’Esprit qui le faisaient parler ». C’est l’Esprit Saint qui faisait parler Etienne. Jn 15,26 : « Je vous enverrai l’Esprit de Vérité qui procède du Père ». « Il vous enseignera toute chose » (Jn 14,26), « il vous fera accéder à la vérité toute entière » (Jn 16,13). – C’est pourquoi, avant d’aller former les gens, ou d’évangéliser, il faut prier le Seigneur de vous envoyer l’Esprit Saint et c’est valable aussi pour les catéchistes. – Voici quelques conseils tirés du livre « Le Manuscrit du Purgatoire », témoignage écrit d’une âme du Purgatoire et recueilli par le Sanctuaire de Montligeon : « P.26 : Avant chaque action, recueillez-vous un moment en vous-même pour voir si ce que vous allez faire va lui être agréable (à Jésus Christ). P.33 : « Ne faites jamais rien, sans vous recueillir un instant, et sans demander avis à votre Jésus qui est dans votre cœur ». P.35 : « Faites toutes vos actions sous le regard du bon Dieu…Consultez-le avant tout ce que vous avez à faire ou à dire ». Et que fait Jésus ? Il nous envoie l’Esprit Saint, comme c’est souvent le cas dans les actes des Apôtres. Ac 2,17-18 : « 17 Il se fera dans les derniers jours, dit Dieu, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair. Alors vos fils et vos filles prophétiseront…. 18 Et moi, sur mes serviteurs et sur mes servantes je répandrai de mon Esprit ». « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi, il faut que je les mène ». Voilà pourquoi, Jésus a mis à notre disposition les moyens déjà évoqués que sont les instruments du salut, les armes spirituels, les grâces sans lesquelles nous ne pouvons rien car tout nous vient de Dieu, les commandements, les conseils, les exemples, etc…L’amour qu’il a déjà mis dans le cœur de chacun d’entre nous devrait suffire pour commencer à évangéliser. Puisque l’Esprit de Dieu parle par la voix de ses fidèles, Jésus nous affirme : « elles (c’est-à-dire « les autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ») écouteront ma voix ». Et plus nous prions, plus nous aurons envie de nous former, plus nous serons capables d’évangéliser, et nous serons aussi les premiers bénéficiaires de nos actions envers les autres.  N’ayons pas honte de notre foi. Mettons-nous au service de l’Église. Et remercions Marie pour toutes ses prières en notre faveur.




4ième Dimanche de Pâques (Jn 10, 11-18) – Francis Cousin

« Le bon pasteur. »

« Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis », parce que « je connais mes brebis et me brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père. »

Jésus veut montrer que l’intimité qu’il y a entre lui et ses brebis, son troupeau, ceux qui le suivent, est une intimité égale à celle qu’il a avec son Père (et aussi avec l’Esprit). Et comme son Père est tout amour, le vrai berger est tout amour envers ses brebis. Et celles-ci le lui rendent bien.

À la différence des bergers ’’mercenaires’’, des salariés, qui s’occupent des brebis des autres. Eux n’ont pas la même relation avec leurs brebis, ils ne pensent qu’à eux, à leur salaire, à leur vie qu’ils veulent garder intacte et qui se sauvent quand survient le loup ou un autre événement mauvais. Eux sont guidés par les esprits des ténèbres …

Ce n’est bien sûr pas le cas de Jésus, qui est lumière et nous amène à sa lumière, qui est la lumière du matin de Pâques : Jésus ressuscité. « Je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau … J’ai le pouvoir de la donner (Jésus vrai homme) j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau (Jésus vrai Dieu) ».

On a ici une anticipation du message pascal.

Et quand Jésus dit qu’il donne sa vie pour ses brebis, il ne parle pas seulement de ceux qui le suivent à ce moment-là, ou qui le suivent maintenant : « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise … il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. » (Jn 10,16).

Mais ces autres brebis, quelles sont-elles ? … Et Jésus n’est plus là sur terre !

Il y a là encore une anticipation du message pascal, que nous avons lu la semaine dernière : « À vous d’en être les témoins ! » (Lc 24,48).

Et être témoins de Jésus ressuscité, c’est faire en sorte de rassembler toutes les ’’brebis perdues’’ pour qu’elles intègrent le troupeau … et c’est à nous de le faire !

Oh, bien sûr, pas tout seul !

Avec Jésus, le bon pasteur ! Même après sa mort, sa résurrection et son ascension ! C’est lui-même qui le dit : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28,20).

Avec le Saint Esprit, qui « vous fera vous souvenir de tout ce que je vous ai dit » (Jn 14,26).

Avec toute la communion des saints.

Et avec tous les autres catholiques, ensemble !

Avec Jésus, nous sommes tous les bergers les uns des autres !

À nous de rechercher et rassembler toutes les brebis perdues … Il n’est pas nécessaire d’être prêtre pour cela ! Même si nous ne pouvons pas pardonner les péchés, nous pouvons toujours les orienter vers un prêtre pour cela.

C’est pourquoi ce dimanche est celui spécialement consacré à la prière pour les vocations (mais on peut prier tous les jours pour les vocations).

Bien sûr, on pense d’abord aux vocations sacerdotales … et c’est important. On en a besoin. Et aussi pour les religieuses et religieux, pour les diacres, pour les laïcs consacrés, pour les mères et les pères de familles

Mais aussi, il faut prier pour que chacun prenne conscience qu’il a vocation à développer l’esprit de l’Église, l’esprit de l’Évangile, là où il vit, dans toutes ses relations … Le nombre viendra après !

Seigneur Jésus,

Tu n’es plus parmi nous sur cette terre

pour rassembler tout le monde

en un seul troupeau.

C’est maintenant à chacun de nous de le faire,

avec ton aide et celle de tous ceux

qui sont déjà dans ton paradis.

 

                                     Francis Cousin

   

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Image dim Pâques B 4°