1

5ième Dimanche de Carême (Jn 12, 20-33) – Francis Cousin

« Rends-moi la joie d’être sauvé. »

Une toute petite phrase du psaume, cette prière à Dieu. Qui pourrait paraître insignifiante … Mais que veut-elle dire pour moi ?

Cela pourrait être : avant j’avais la joie d’être sauvé, mais maintenant, je n’ai plus cette joie. Je sais qu’on va être sauvé, c’est sûr ! Dieu nous l’a promis. Comme on chantait il y a quelques années : « On ira tous au Paradis, on ira ! … ». Mais cela ne me mets pas en joie, ça fait partie de la vie ! Blazé …

Ou bien : Seigneur, je veux faire partie de ceux qui seront sauvés, et cela me mettra en joie ! Mais comment faire ? Si on reprendre les verbes de ce psaume : efface mon péché … lave-moi … purifie-moi … crée en moi un cœur pur … renouvelle et raffermis mon esprit … ne me chasse pas … ne me reprend pas ton esprit saint …

En fait, on demande à Dieu de faire tout le boulot, et nous, on attend ? C’est ça ?

Pas sûr ! Et sans doute surement pas !

Si on reprend la première lecture : « Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. (…) tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands. ». Et la première chose qu’ils connaîtront, c’est que Dieu les aime, e,t que l’amour de Dieu est plus fort que tout, puis sa miséricorde.

Connaître Dieu, c’est important, mais pas une connaissance intellectuelle, mais une connaissance du cœur. Où chacun à sa part : je reçois de Dieu, et je rends à Dieu tout le bien qu’il m’a fait, et j’en fait profiter les autres.

Se mettre entre les mains de Dieu, et accepter de le laisser faire. « Comme l’argile est dans la main du potier, ainsi êtes-vous dans ma main. » (Jr 18,6). « Que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » (Lc 22,42).

Dans l’évangile de ce jour, on voit bien que Jésus sent que tous les chefs des prêtres et les Pharisiens veulent sa mort, et que celle-ci est proche : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. »

Mais on sent bien que Jésus n’a pas trop le moral ! Il redoute ce qui l’attend !

Et il a cette phrase étonnante dans la bouche de quelqu’un qui hésite : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. ».

Il voit sa mort prochaine, mais il voit plus loin que cela : il voit ce que sa mort apportera à tous les hommes : « il porte beaucoup de fruit. ».

Dans sa détresse, il voit le positif.

Toujours voir le positif, et ne pas s’arrêter au négatif !

Et il élargit sa pensée à tous les hommes : « Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. » parce que « là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. ». Il veut que nous soyons toujours avec lui.

Mais son âme et bouleversée. Il hésite encore ! « Père, sauve-moi de cette heure. ».

Mais ce n’est qu’une pensée fugace, et aussitôt il se reprend : « – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! ». Vouloir accomplir sa mission jusqu’au bout, telle que son Père le lui a demandé. « Je ne cherche pas à faire ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. » (Jn 5,30).

Aller jusqu’au bout, pour faire la volonté du Père !

Jésus l’a fait : mourir pour nous !

Et nous aussi, nous devons faire de même. Non pas de manière réelle (même si cela peut arriver pour certains, qui deviennent martyrs …), mais de manière spirituelle : mourir à nous–mêmes, c’est-à-dire ne pas de mettre en valeur en ne pensant qu’à soi, mais se mettre au service des autres : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » (Mc 9,35).

C’est ce que nous disons chaque jour dans le Notre Père : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel… ».

Prenons-en de la graine …

En parlant de graine, j’aimerai vous proposer une parabole citée par le père Serge Lefevre :

« Un jeune homme entre en rêve dans un magasin. Derrière le comptoir se tient un ange. Le jeune homme lui demande : « Que vendez-vous ? »

L’ange répond : « Tout ce que vous désirez ».

Alors le jeune homme commence à énumérer : « Si vous vendez tout ce que je désire, alors j’aimerais bien : la fin des guerres dans le monde, la fin des bidonvilles en Amérique latine, l’intégration dans la société de tous les marginaux, du travail pour tous les chômeurs, plus d’amour et de vie communautaire dans l’Église … »

L’ange lui coupe la parole : « Excusez-moi, Monsieur, vous m’avez mal compris. Ici, nous ne vendons pas de fruits, nous ne vendons que les graines ! » »

Seigneur Jésus,

tu nous demandes de mourir à nous-mêmes,

pour que ton amour puisse transparaître

dans notre vie vis-à-vis des autres.

Mais nous aimerions que ce soit toi

qui fasse le boulot :

on n’arrête pas de te le demander.

Mais toi, tu veux que ce soit nous

qui plantions la graine …

Francis Cousin    

  

 

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Image dim Carême B 5°




4ième Dimanche de Carême (Jn 3, 14, 21) – Francis Cousin

« C’est bien par grâce que vous êtes sauvés. »

Laetare : soyez dans la joie !

C’est ainsi qu’on appelait ce dimanche autrefois, du temps où la messe était en latin. C’était le premier mot de l’introït, ou prière d’entrée de la messe.

Soyez dans la joie, réjouissez-vous ! Pas seulement parce que c’était environ le milieu du carême, … mais plutôt parce que c’est un jour qui nous montre la bonté du Seigneur, qui nous montre que Dieu nous aime, nous les hommes, depuis le début de la création. Il a placé l’homme au-dessus de toutes les créatures, lui donnant la responsabilité d’organiser au mieux la création.

Mais les hommes n’ont pas toujours suivi Dieu, et même se sont révoltés contre ses envoyés, ses prophètes : « Tous les chefs des prêtres et du peuple multipliaient les infidélités, en imitant toutes les abominations des nations païennes, et ils profanaient la Maison que le Seigneur avait consacrée à Jérusalem. » (Première lecture) … et il y eu la déportation à Babylone … et il fallut qu’un non-juif, Cyrus, roi de Perse, reconquit Jérusalem et décida de reconstruire le Temple de Jérusalem et de permettre aux juifs de Babylone qui le voulait de revenir à Jérusalem. Joie pour tous les déportés qui regrettaient d’être éloignés de Jérusalem : « Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion … Comment chanterions-nous un chant du Seigneur sur une terre étrangère ? … Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite m’oublie ! » (Psaume).

« Mais Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés. » (Deuxième lecture).

« Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. »

Dieu ne regarde pas seulement notre vie sur la terre, comme le font beaucoup de gens qui ne voit que la réussite en ce monde comme priorité, avec toutes les compromissions nécessaires ( ??) pour cela. « Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? » (Mt 16,26). Il voit plus loin, ce que nous, humains, ne voyons généralement pas …

« Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé ».

 C’est ce que disait Jésus à Nicodème. Il disait aussi : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. »

L’essentiel est de croire en Jésus. C’est la foi en sa Parole qui nous ouvre à la vie éternelle.

Contrairement à ce que croient certains, « Cela ne vient pas des actes », mais c’est « par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. ». Même si les deux sont nécessaires : la foi plus les actes : « Mes frères, si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? Sa foi peut-elle le sauver ? (…) Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. » (Jc 2,14.17)

Dieu est toujours le premier à nous donner quelque chose : l’amour, la grâce, la foi … et nous avons à les accepter, … ou à les refuser …

Voulons-nous entrer dans la lumière de Dieu, de Jésus, … ou bien rester dans les ténèbres ? Voulons que notre vie soit dans la vérité ?

« Celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »

Seigneur Jésus,

toi qui es la lumière du monde,

tu veux nous attirer dans cette lumière

qui nous révèle la vérité.

Celle de l’amour de Dieu pour les hommes,

de sa miséricorde, et de sa volonté

que nous soyons toujours près de lui.

Donne-nous le courage

de quitter nos ténèbres

pour aller dans ta lumière.

Francis Cousin    

 

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Image dim Carême B 4°




Rencontre autour de l’Evangile – 4ième Dimanche de Carême

lumière 2

« Dieu a envoyé son Fils dans le monde

pour que par Lui le monde soit sauvé.. »

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Jn 3, 14-21)

Le passage que nous allons méditer se situe juste après la rencontre célèbre de Jésus avec Nicodème, ce pharisien bien disposé qui est venu trouver Jésus, la nuit, pour lui demander des explications sur son œuvre.

Le sens des mots

Le serpent de bronze élevé par Moïse : Est-ce que nous nous rappelons ce qui s’est passé pour le peuple hébreu dans le désert de l’Exode ?

Il faut que le Fils de l’homme soit élevé : Que veut dire Jésus ? Que signifie le mot « élevé » ?

Dieu a tant aimé le monde : De quel monde s’agit-il ?

Dieu a donné son Fils : Par quel nom pourrait-on remplacer le mot « Dieu » ? De quelle manière s’est réalisé ce don ?

Le nom du Fils unique de Dieu :   « Que désigne ce « nom » dans la Bible ?

Le jugement : C’est quoi ce jugement ? Qui est-ce qui juge ?

La lumière et ténèbres : Par quels autres mots pourrait-on remplacer ces deux mots ?

POUR L’ANIMATEUR

Le serpent élevé dans le désert (Nombres 21,4-9) arrachait à la mort les Hébreux infidèles. Un épisode mystérieux, qui cependant certains traits peuvent éclairer la révélation :

a-   le serpent a été élevé, comme  le Fils sera élevé sur la croix.

b-   La mort qui menaçait le peuple était due à son incroyance. Lever les yeux vers le serpent de bronze signifiait de manière symbolique la foi en Dieu qui seul peut sauver.

c-   Cette référence à l’Exode, veut montrer que Jésus est le nouveau Moïse ; Mais pour saint Jean,  c’est plus que cela, car le Fils de l’homme qui sera  élevé sur la croix est le Fils unique du Père.

Il faut que le Fils de l’homme soit élevé : l’évangéliste laisse de côté les circonstances de la mort de Jésus. Il retient seulement la « nécessité » (il faut) qui s’enracine dans le vouloir de Dieu. Le Dieu qui élève Jésus sur la croix est aussi celui qui aime le monde. Les versets 14-16 résume la révélation.

Jésus élevé, c’est sa mort sur la croix qui est aussi pour Jean sa glorification. C’est le sommet de la révélation pour Jean parce que la croix est le lieu où se dévoile l’amour Dieu : « Dieu a tant aimé me monde qu’il a donné son Fils ». L’Incarnation du Fils de Dieu est la manifestation de l’amour de Dieu qui atteint son sommet sur la croix.

La croix n’est pas source de salut par son aspect sacrificiel et sanglant. Elle est source de vie pour les croyants parce qu’elle est l’expression ultime de l’amour de Dieu. La croix n’est pas, comme parfois on l’a dit, le lieu de la colère de Dieu, de l’abandon du fils par son Père pour racheter le péché des hommes. Bien au contraire, sur la croix, le Fils et le Père communient dans un  même amour pour le monde. C’est le même amour des hommes qui est partagé par Dieu et son Fils.

Le jugement : si l’amour de Dieu en Jésus est inconditionnel, il appelle la réponse de l’homme. La présence de Jésus exige que chacun maintenant choisisse : c’est maintenant que le jugement est fait. L’homme est contraint de faire le choix et de ce choix sort dès maintenant ou le salut ou la condamnation. Ce n’est pas Dieu qui condamne. C’est la liberté de chacun qui entraîne la séparation et donc le jugement. Les ténèbres (le refuser) ou la lumière (choisir Jésus).

 

TA PAROLE DANS NOS COEURS

Seigneur Jésus, tu es le don du Père aux hommes. En toi Dieu lui-même se donne à tous et à chacun. Aimer, c’est tout donner. C’est se donner soi-même. Apprend-nous aimer vraiment, à faire de notre vie une  histoire d’amour avec toi.

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

 «Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique» : le seul désir de Dieu, sa grande entreprise, c’est de « sauver ».

Comment accueillons-nous cette initiative de Dieu ?

Ce regard de Dieu sur le monde est-il le nôtre ou sommes-nous plus portés à le condamner ?

S’attacher à Dieu, vivre en accord avec Sa volonté, c’est vivre.  Est-ce que j’ai choisi de m’attacher au Christ pour trouver en lui la Vie ?

Faire le bien, c’est vivre dans la lumière. Faire le mal, c’est vivre dans les ténèbres.

Ce Carême est-il pour nous le temps du choix de la Lumière ?

ENSEMBLE PRIONS

Prier avec le chant : Dieu a tant aimé le monde (Carnet p. 145)

Notre père.




3ième Dimanche de Carême (Jn 2, 13-25) – Francis Cousin

« La colère de Jésus ? »

Il fallait certainement ce rappel des dix paroles de Dieu révélées à Moïse sur le mont Sinaï pour bien comprendre le sens du passage de l’évangile de ce jour. Cinq paroles vis-à-vis de Dieu, et cinq paroles vis-à-vis des autres humains.

Cela commence par : « Je suis le Seigneur ton Dieu, (…) Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi. (…) Tu ne feras aucune idole … » (première lecture).

Il faut bien le reconnaître, même si nous croyons en Dieu, il arrive bien souvent que nous sommes attirés par certains objets ou façons de faire que ne n’appelons pas idoles, que nous ne mettons pas au même rang que Dieu, mais qui influencent notre manière de vivre : désir de paraître, de pouvoir, d’argent, de drogues diverses … voire pire : vouloir mettre l’homme à la place de Dieu, croire en l’homme augmenté, au transhumanisme … On sait bien que c’est ce que désire le Démon, depuis Ève et Adam … mais on ne s’en rend pas compte, car il nous fait croire que c’est pour notre bien … comme il le fait toujours !

Mettre l’homme au-dessus de Dieu … !

Et cela touche tous les niveaux. N’a-t-on pas entendu il y a un peu plus d’un mois le ministre de l’intérieur (et des cultes !), monsieur Darmanin, dire : « Nous ne pouvons plus discuter avec des gens qui refusent d’écrire sur un papier que la loi de la République est supérieure à la loi de Dieu. » (Europe1, 2 février). Parole qui a été récusée par tous les responsables religieux, de quelque religion que ce soit, et qui a été largement commentée dans tous les journaux et revues : « Cette hiérarchie n’a pas de sens, elle est un truc de sondeurs, puis de polémistes, et revient à demander à une personne qui a la foi de se renier, car la religion, oui, est totale. » (le Point, 11 février). Jésus avait déjà dit : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Lc 20,25), et dans les actes des apôtres, ceux-ci disent : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. » (Ac 5,29).

Dans l’évangile, on voit Jésus constater que, dans le Temple de Jérusalem, certaines personnes ont détourné l’objet de Temple, qui est la prière, pour y faire du commerce ou du change d’argent … et il remet les choses dans l’ordre, en prenant les moyens qu’il faut : un fouet avec des cordes, pour éparpiller les animaux et les hommes.

Colère ? Sans doute intérieure ! Comme on dit : son sang devait bouillir ! Mais il ne pouvait laisser faire cela, car « L’amour de [s]a maison [faisait s]on tourment », et il dit : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. ».

C’était une colère mesurée et réfléchie …

Jésus ne fait que ce qu’il a toujours dit : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Mt 5,17).

Jésus redonne son sens véritable au Temple. Il rejette à l’extérieur tout ce qui est marchandage pour les sacrifice d’animaux pour laisser à l’intérieur du Temple la louange, la prière à Dieu.

Et en même temps, il annonce que les temps ont changés : les sacrifices d’animaux n’ont plus de valeur, c’est lui qui se sacrifiera pour que la multitude vive à jamais … il nous entraine déjà vers la nouvelle Pâques, celle dont nous ferons souvenance dans quelques semaines …

Bien sûr, cette manière de faire n’est pas bien perçue des juifs qui demandent raison. Jésus répond : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. ».

Il ne parle plus du Temple en général, mais du sanctuaire, du saint des saints, la partie du Temple qui conserve l’arche d’alliance, la présence de Dieu chez les hommes. Et il s’identifie à cette partie, en parlant des trois jours : pour passer du vendredi saint au dimanche de Pâques. Mais les juifs ne pouvaient pas le comprendre à ce moment de l’histoire. C’est lui qui, maintenant, est la présence de Dieu sur la terre !

C’est ce qu’il dira un peu après à la Samaritaine : « L’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père, (…) où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité, (…) Je suis [le messie], moi qui te parle. » (Jn 4,21.23.26).

Jésus demande au juifs de passer de la Loi à la Foi.

Et c’est encore ce qu’il nous demande …

Seigneur Jésus,

 tu n’acceptes pas que la maison de ton Père

soit détournée de son objet

qui est l’adoration et la louange de ton Père.

Aide-nous à ne pas détourner

nos églises de leur fonction,

et que notre présence y soit pour la prière,

et rien d’autre.

Francis Cousin    

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Image dim Carême B 3°




Rencontre autour de l’Evangile – 3ième Dimanche de Carême

« Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai… »

3ième dimanche de carême

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

 Situons le texte et lisons (Jn 2, 13-22)

Nous sommes au début de l’évangile selon saint Jean. C’est la première montée de Jésus à Jérusalem ; et la Pâque des juifs est proche.

Le sens des mots

Les marchands et changeurs installés dans le Temple : Pourquoi sont-ils là avec leurs bêtes et bureaux de change ?

Jésus fit un fouet avec  des cordes et les chassa…  : Comment réagissons-nous devant la réaction de Jésus ? Est-ce que ce geste de Jésus nous rappelle certaines manières de faire des prophètes de l’Ancien Testament ?

La maison de mon Père : Dans cette parole qu’est-ce que Jésus nous révèle de sa relation à Dieu.

Détruisez ce Temple : Quel était le rôle du Temple pour le peuple d’Israël ?

En trois jours je le relèverai : Qu’est-ce que Jésus annonce de manière voilée par ces paroles ?

Le Temple dont il parlait, c’était son corps : Quel sera le rôle du « corps » de Jésus pour le Peuple des chrétiens ?

Quand il ressuscita d’entre les morts… : Pourquoi est-ce à ce moment-là seulement que les disciples de Jésus crurent à a parole de Jésus ?

Pour l’animateur

Les marchands étaient installés, directement à l’intérieur du Temple, sur le parvis où se tenaient habituellement les étrangers qui venaient en pèlerinage. C’est là, qu’ils pouvaient acheter un animal pour l’offrir en sacrifice. Mais pour l’acheter, il fallait qu’ils changent leur monnaie romaine considérée comme impure pour faire leurs achats avec la monnaie du Temple. La présence des changeurs était donc indispensable.

Jésus considère que tout ce trafic souille le Temple lui-même, qu’il appelle la « maison de son Père ».

Jésus fait un geste prophétique, comme les prophètes de l’Ancien Testament : pour mieux communiquer leur message, il y a un geste et des paroles pour interpréter. Devant la profanation du Temple, Jésus proteste comme Jérémie (7, 13-14) ou comme Isaïe (56,7).

La parole de Jésus est double : d’abord il demande de mettre fin à une pratique indigne de Dieu. Jésus se comporte en défenseur des droits de Dieu son Père. Il révèle en même temps sa relation filiale avec son Père. Il est chez lui dans le Temple. Ensuite il répond à la demande de signe, en parlant du Temple de son corps. Exactement Jésus pense au sanctuaire, c’est-à-dire le Saint des Saints, le lieu le plus sacré du Temple, qui était le lieu de la rencontre entre le Peuple d’Israël et son Dieu. Désormais, c’est le Christ ressuscité qui est le seul chemin vers Dieu,  le seul Temple véritable où les hommes peuvent rencontrer Dieu. Et ce nouveau Temple est universel, il n’est la propriété d’aucun peuple, d’aucune civilisation.

Quand Jésus dit « en trois jours je le relèverai », il parle de sa résurrection.

L’évangéliste saint Jean fait lui-même le commentaire du geste de Jésus en le rapprochant du psaume 69, 9-10 : « l’amour de ta maison fera mon tourment » et ce zèle de Jésus pour la maison de Dieu le conduira à la mort, et Jean explique que c’est à la lumière de la résurrection de Jésus qu’on peut bien comprendre Jésus quand il parle du temple de son corps.

Jean écrit son évangile après la destruction du Temple de Jérusalem par les armées romaines de Titus en l’an 70. Sans doute, il s’agit dans cet évangile de souligner le caractère caduc des sacrifices du Temple. Désormais, seul reste valable pour réconcilier l’homme avec Dieu le sacrifice de l’unique Sauveur, l’homme-Dieu Jésus. En son Corps ressuscité, tous les hommes sont appelés à se rassembler comme dans l’unique Temple nouveau.

TA PAROLE DANS NOS COEURS

Seigneur Jésus ressuscité, en toi nous rencontrons le vrai Dieu, ton Père et notre Père. En toi nous formons un seul Corps, ton Corps, l’Église. Fais grandir en nous l’amour de ton Église. Elle est la demeure de Dieu parmi les hommes. Donne-nous la grâce de l’embellir par la sainteté de notre vie ; Donne-nous de savoir la purifier de tout ce qui peut la souiller.

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

 Est-ce que le Christ ressuscité est bien au cœur de notre relation avec Dieu, de notre prière. (Attention aux chaînes de prière qui nous tombent entre les mains avec des consignes pour les reproduire et les diffuser. Les arrêter sans hésiter.)

Jésus ressuscité, le nouveau Temple, est pour tous. Est-ce que notre communauté chrétienne, nos groupes, sont ouverts, accueillants à tous ? (Parfois nous sommes satisfaits de nous retrouver entre nous, avec les mêmes idées, les mêmes pensées…et nous risquons de n’être plus, dans le Christ, un chemin vers Dieu pour d’autres, surtout s’ils ne pensent pas tout à fait comme nous…).

 ENSEMBLE PRIONS

Chant : Peuple choisi  (Carnet paroissial p.239  c.1,2,3)

Confions-nous aux promesses du Christ et prions pour l’Église :

Temple fondé sur le Christ, la pierre angulaire, Peuple qui met en lui sa foi.

Voici  la demeure de Dieu  chez  les hommes !

Voici la maison de paix où l’homme reçoit le don de Dieu

Voici le temple ouvert où l’homme qui adore devient témoin de Dieu.




2ième Dimanche de Carême – par Père Rodolphe EMARD

Homélie du deuxième dimanche de Carême / Année B

Frères et sœurs, en ce deuxième dimanche de notre Carême, les textes bibliques nous donnent clairement de réfléchir sur le terme de la foi. Les personnages mis à l’honneur dans les lectures sont de vrais témoins de la foi et ils nous disent ce qu’est la foi. La première chose qu’ils nous montrent, c’est que vivre la foi n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Vivre vraiment la foi comporte aussi son lot d’épreuves qu’il faut consentir.

Dans la première lecture, Dieu éprouve la foi d’Abraham qui fait preuve d’une confiance inébranlable. Ce que dit l’ange qualifie bien la foi d’Abraham : « Je sais maintenant que tu crains Dieu » : la crainte de Dieu, c’est reconnaître Dieu comme Dieu et nous comme sa créature. C’est se reconnaître ainsi totalement dépendant de Dieu. La foi d’Abraham est exemplaire, c’est pourquoi il est devenu notre père dans la foi. En ce temps de Carême, nous sommes questionnés : avons-nous cette crainte du Seigneur ?

Un deuxième point sur cette première lecture : La foi d’Abraham est source de bénédiction : il sera le père d’une descendance « aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable de la mer ». Croyons-nous fermement que donner notre foi à Dieu sera source de bénédiction pour nous aussi ?

 

Venons-en au Psaume. Le psalmiste est un croyant anonyme, déterminé dans sa foi, lui qui ait « beaucoup souffert » mais dont Dieu a « [brisé] les chaînes ». De ce fait, il se fait, le témoin de Dieu auquel il se remet : « Je crois, et je parlerai », « j’invoquerai le nom du Seigneur », « je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce ». Le psalmiste nous rappelle que l’expérience de foi comporte des supplications à Dieu et des actions de grâce à Dieu. C’est aussi se remettre totalement à lui. Notre foi en tient-elle compte ?

Dans la deuxième lecture, saint Paul nous donne de faire un pas supplémentaire, il nous rappelle en quel Dieu il met sa foi. Sa confiance repose en ce Dieu qui « n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous ». Pour Paul, c’est la preuve suprême que Dieu n’est pas contre nous et qu’il ne nous condamne pas. Le temps du Carême nous invite à revenir à Dieu de tout notre cœur, avec cette conviction que le désir de Dieu c’est qu’on revienne à lui. Personne n’est rejetée par Dieu !

Paul nous rappelle aussi le cœur de la foi chrétienne : « Le Christ Jésus est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous ». Toute la foi chrétienne repose sur ce mystère pascal du Christ : sa mort et sa Résurrection pour sauver l’humanité.

L’Évangile relate l’épisode de la Transfiguration. Cette Transfiguration annonce la Résurrection future de Jésus.  Cette Transfiguration révèle la gloire du Christ et elle a aussi pour but de fortifier la foi des trois apôtres : Pierre, Jacques et Jean. Cette Transfiguration les aidera à dépasser le scandale de la croix de Jésus. Il y a une leçon certaine pour nous : au cœur des épreuves, il nous garder toujours l’espérance de la Résurrection. Les épreuves, le mal et la souffrance n’auront pas le dernier mot ! Il s’agit bien de nous accrocher au Christ, de lui donner entièrement notre foi, afin de pouvoir mourir et ressusciter avec lui.

L’Évangile nous donne une dernière précision : la présence de Moïse et d’Élie est très symbolique. Moïse représente la Loi (ce que Dieu nous commande) et Élie représente les prophètes (ce que Dieu nous enseigne). Cela nous rappelle que vivre sa foi, c’est mettre en pratique la Parole de Dieu. Une foi qui n’est pas nourrie de la Parole de Dieu est asséchée…

Durant la semaine, il serait opportun de méditer à nouveau sur ces textes, de nous laisser inspirer par la foi des personnages que nous avons évoqués. Celle de Pierre, de Jacques et de Jean nous rappelle que nous n’avons jamais « trop » de foi, que notre foi a besoin d’être fortifiée par le Christ lui-même, c’est lui que nous devons suivre, comme la « voix » « de la nuée » nous le précise : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! »

Pour conclure : dans son message pour ce Carême 2021, le pape François nous invite à vivre le Carême comme « un temps pour renouveler notre foi, notre espérance et notre charité ». Je termine avec son exhortation à la fin de sa lettre :

« Chers frères et sœurs, chaque étape de la vie est un temps pour croire, espérer et aimer. Que cet appel à vivre le Carême comme un chemin de conversion, de prière et de partage, nous aide à revisiter, dans notre mémoire communautaire et personnelle, la foi qui vient du Christ vivant, l’espérance qui est dans le souffle de l’Esprit et l’amour dont la source inépuisable est le cœur miséricordieux du Père.

 

Que Marie, Mère du Sauveur, fidèle au pied de la croix et au cœur de l’Église, nous soutienne par sa présence prévenante et que la bénédiction du Ressuscité nous accompagne dans ce chemin vers la lumière de Pâques. »

Puissions-nous entendre l’appel du Saint-Père. Belle montée vers Pâques à chacun et que notre foi au Christ soit plus vive. Demandons à saint Joseph, gardien de l’Église, de nous accompagner.

 

 

Source :

  • Genèse 22, 1-2. 9-13. 15-18 ;
  • Psaume 115 ;
  • Rm 8, 31b-34 ;
  • Marc 9, 2-10 ;
  • Message du Saint-Père pour le Carême 2021.

 

 

 




2ième Dimanche de Carême – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du dimanche 28/2/2021 

Genèse 22 1–2, 9–18 ; Romains 8 31–34 ; Marc 9 2–10

Dans le texte qui précède l’Evangile d’aujourd’hui, Pierre a reconnu que Jésus est bien le Christ, en qui il voyait, comme la plupart des Hébreux, l’homme providentiel capable de vaincre l’occupant romain. Ils attendaient donc un messie vainqueur et glorieux. Aussi, dès la première annonce de la Passion, Jésus révèle à ses disciples qu’il va beaucoup souffrir, qu’il sera rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il sera tué, et après trois jours il ressuscitera. Devant ce drame de la Passion qui se dessine, Pierre se mit à le « morigéner » c’est-à-dire à le gronder, à lui faire une leçon de morale, à le sermonner.  Réaction directe de Jésus à Pierre (Mc 8,33) : « Passe derrière-moi Satan ». Difficile de suivre le Christ même pour le premier des Apôtres. Et c’est ce qu’affirme Jésus immédiatement après ce passage (Mc 8,34) : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive ». Et quand on parle de « croix », tout le monde ou presque, dans son for intérieur, fait un pas en arrière. C’est un manque de confiance en Dieu. C’est pourquoi le premier texte d’aujourd’hui nous parle d’Abraham et de son fils Isaac pour nous faire comprendre qu’il nous avoir une confiance absolue en Dieu. – A Abraham qui s’est plaint de ne pas avoir d’enfant alors qu’il est très âgé, Dieu lui a promis une descendance aussi nombreuse que les étoiles (Gn 15,5) : « lève les yeux au ciel et dénombre les étoiles si tu peux les dénombrer et il lui dit « telle sera ta postérité ». Et maintenant que Dieu lui a donné un fils, Isaac, Il lui demande de le sacrifier (Gn 22,2) : « Prends ton fils, ton unique, que tu chéris, Isaac…et …tu l’offriras en holocauste sur une montagne que je t’indiquerai ».

Dieu semble contradictoire dans ses paroles et dans ses décisions. D’un côté, il accorde un fils unique à Abraham et lui promet une descendance nombreuse et maintenant, il demande de sacrifier ce fils unique, encore jeune enfant. Devant cette incompréhension de la décision divine, n’importe quel homme dit « normal » aurait perdu sa confiance en Dieu. Mais pas Abraham, justement appelé le « Père des croyants ». Il fait une confiance totale à Dieu. Cela peut nous sembler barbare que Dieu puisse demander à un parent de tuer son fils, mais à l’époque, il était courant que l’on sacrifiait à Dieu le premier-né. Ce n’est pas cela qui pouvait inquiéter Abraham, mais plutôt la contradiction entre la promesse de Dieu qu’il aura une descendance nombreuse et sa demande de sacrifier Isaac, « ton unique fils que tu chéris » dit Dieu. Le texte ne dit rien sur le ressentiment d’Abraham. Ce dernier ne fait aucun commentaire. Abraham obéit à Dieu sans broncher. Et il va même charger le dos d’Isaac du bois de son propre sacrifice, comme Jésus a lui-même porté sa croix. Au moment où Abraham va porter le coup fatal, l’Ange de Yahvé, c’est-à-dire Dieu lui-même, intervient : « Abraham…N’étends pas la main contre l’enfant !  Ne lui fais aucun mal !  Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique ». Dieu, qui est Amour et Vie, sauve ainsi Isaac. Et voilà la récompense de Dieu à Abraham (Gn 22, 16-18), lui rappelant ce qu’il lui avait déjà promis (Gn 15,5): « parce que tu as fait cela, que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, 17 je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta postérité aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable qui est sur le bord de la mer, et ta postérité conquerra la porte de ses ennemis. 18 Par ta postérité se béniront toutes les nations de la terre, parce que tu m’as obéi ». Pour Dieu, la vertu d’obéissance est très importante, car l’obéissance amène à faire la volonté de Dieu et donc l’application de ses commandements dont l’amour de Dieu et du prochain. On peut tirer au moins deux réflexions : d’abord, en refusant le sacrifice d’Isaac, Dieu refuse tous sacrifices humains.

Ensuite, Abraham sacrifie un bélier à la place d’Isaac. Et pendant longtemps, « dans la présentation de tout premier-né au Temple, on offre des victimes de substitution, ne fut-ce que deux colombes » (Achille Degeest – Pain du Dimanche – Année B – P. 138). Mais pour autant, est-ce que le sacrifice d’animaux est efficace ?  La réponse nous est donnée en He 10,1 : « La Loi est absolument impuissante, avec ses sacrifices, toujours les mêmes, que l’on offre perpétuellement d’année en année, à rendre parfaits ceux qui s’approchent de Dieu ». He 10,4 : « Du sang de taureaux et de boucs est impuissant à enlever des péchés ». Inefficace pour rendre parfaits ceux qui s’approchent de Dieu et inefficace pour enlever les péchés. Dieu ne veut donc plus de ces sacrifices d’animaux, de surcroît inutiles. Is 1,11 : « A quoi bon m’offrir tant de sacrifices? dit le Seigneur. Les holocaustes de béliers, la graisse des veaux, j’en suis rassasié. Le sang des taureaux, des agneaux et des boucs, je n’en veux plus ». C’est clair : inutile d’offrir à Dieu des sacrifices d’animaux. Seul l’amour est capable de détruire le péché et de rendre parfaits les êtres humains. 1S15,25 : « L’obéissance vaut mieux que le sacrifice, la docilité vaut mieux que la graisse de bélier ». Ce qui plait à Dieu c’est l’obéissance à Dieu, c’est-à-dire accomplir sa volonté, et donc l’amour de Dieu, et l’amour des uns pour les autres, (Os 6,6) : « C’est l’amour que je désire, et non les sacrifices, la connaissance de Dieu, plutôt que les holocaustes ». Et le sacrifice du Christ sur la croix, c’est-à-dire l’amour traduit en acte, dicté par l’amour du Père et du Fils en faveur des hommes, a été efficace une fois pour toute, pour le rachat des péchés des hommes, et pour la gloire de Dieu puisque le Christ ressuscité se retrouve à la droite de Dieu. On ne va à la gloire de Dieu que par le don de sa vie. Et justement, cette gloire de Dieu se retrouve dans la Transfiguration. Devant la faiblesse de ses disciples avant la Passion, Jésus va donc les fortifier dans leur foi par la Transfiguration. – Dans cette scène de la Transfiguration, on retrouve les mêmes manifestations théophaniques du Sinaï et qui signifient la présence de Dieu: les six jours, la haute montagne, la nuée, la frayeur, la voix céleste et des témoins. Ensuite, Elie, Moïse et Jésus qui sont transfigurés. Elie représente les prophètes, et Moïse la Loi. Ainsi, c’est tout l’Ancien Testament qui est ici représenté à la Transfiguration, en présence de Jésus qui, Lui, est du Nouveau Testament. Autrement dit, l’Ancien Testament et le Nouveau Testament sont en lien direct, c’est un ensemble, un tout. Il faudra lire le Nouveau Testament à la lumière de l’Ancien et lire l’Ancien Testament à la lumière du Nouveau. Et non pas lire seulement le Nouveau Testament.

Enfin, les trois témoins, Pierre, Jacques et Jean, se retrouvent non seulement dans la scène de la Transfiguration mais encore à la résurrection de la fille de Jaïre (Jaïre est un chef de synagogue), et aussi à Gethsémani. Autrement dit, pour connaître la gloire de Dieu (à la Transfiguration dans le Royaume de Dieu), nous passerons par les situations où sont passés les trois témoins : par Gethsémani (c’est-à-dire la souffrance) et la croix (c’est-à-dire le sacrifice : le don de la vie par amour). « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le » dit La voix céleste. Et voilà ce que dit le Christ (Mt 8,34) : « Si quelqu’un veut me suivre, qu’il se renie lui-même et qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive ». Mt 10,38 : « Qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi ». N’ayons pas peur d’entendre ces paroles. Essayons de comprendre ce que c’est que la croix pour un chrétien. Notre croix et notre « agonie » seront-elles les mêmes que celles du Christ ? Rappelons que le sacrifice du Christ est unique et une fois pour toute. Il n’y a donc pas besoin d’un autre sacrifice, tel que le Christ l’a vécu, c’est déjà fait une fois pour toute. Nous n’aurons donc pas forcément un sacrifice sanglant qui soit semblable à celui du Christ.  Père Sesboüé nous explique ce qu’est la croix du Chrétien. Jésus, en allant au sacrifice, a donné sa vie par amour pour nous, les pécheurs. Notre sacrifice consiste à faire l’inverse : donner notre vie par amour au Christ. Pas de manière sanglante même si cela peut arriver dans les moments de persécutions ou de martyr, mais surtout donner sa vie par amour pour Dieu et en aimant tout le monde, réalisant ainsi la volonté de Dieu à travers ses commandements. Porter sa croix apparaît ici comme la manière nécessaire de « suivre Jésus ». Bernard Sesboüé nous dit : Cet appel du Christ à le suivre en portant sa croix n’est pas pointé sur la souffrance, mais sur le « suivre Jésus », sur le fait d’être « avec lui ». Et tout le monde sait que « suivre Jésus » de manière continuelle n’est pas chose facile. Certains ne pensent à Lui que lorsqu’ils viennent à la messe et rarement en semaine, et encore pendant la messe, leur cœur n’y est pas.

On ne peut pas dire qu’on s’est mis à la suite du Christ en consacrant seulement 1H30 par semaine au Seigneur. « Suivre Jésus » exige un renoncement à soi-même, même éventuellement aux devoirs familiaux prioritaires (Mt 10, 37) et conduit à « perdre sa vie », c’est-à-dire sa vie mondaine, vie comme vit le monde sans Dieu, occupé uniquement aux affaires terrestres, avec ses turpitudes, ses cupidités, ses mésententes, ses divisions, ses haines et crimes, son « ladilafé », il faut perdre cette manière de vivre pour la consacrer à Dieu tout en étant au milieu du monde. « Suivre le Christ est une invitation exigeante à renoncer aux images illu­soires de nous-mêmes qui sont le fruit de notre imagination: On s’imagine ainsi être quelqu’un d’important dans la vie parce qu’on est riche, parce qu’on est un élu, parce qu’on est patron d’une entreprise, on s’imagine être le plus beau de la terre, on se sent être le centre du monde, on a toujours quelque part un certain pouvoir où on se sent toujours meilleur ou plus intelligent que tout le monde etc…. Notre culture développe un réseau d’images dans les­quelles nous voulons paraître. Paraître fort, paraître meilleur, paraître bon, paraître sage, paraître intelligent, paraître tout ce qu’on n’est pas en réalité. Et tout cela nous éloigne du Christ. L’exaltation du moi se traduira alors par la sous-estimation, voire l’écrasement des autres. Nous cherchons tous plus ou moins à nous dérober à notre propre vérité alors que devant Dieu, nous sommes tous des êtres faibles, pécheurs. Et justement, en reconnaissons que nous sommes faibles et pécheurs, alors, oui, suivre Jésus dans ces conditions sera notre croix, croix qui nous mènera vers la perfection lorsque nous serons dans le Royaume de Dieu. Notre souffrance à nous, notre croix, celle du disciple du Christ, consiste à lutter contre nous-mêmes, contre nos faiblesses, contre nos manques d’amour, contre nos propres regards sur les autres, et c’est une souffrance intérieure que de ne pas y parvenir, de ne pas pouvoir le faire correctement, et de tomber à chaque fois. Mais chaque fois, le Seigneur nous relève. Suivre Jésus, c’est renoncer à toute illusion sur soi-même et se mettre au service des autres, même si l’on est loin d’être parfait, en laissant aux autres la critique, les « sous-entendus », les agacements. Sœur Faustine : « Laissez le monde vous juger sans en être troublée. Que Dieu vous suffise, Lui seul ! » Le disciple du Christ fait ce qu’il a à faire, du mieux qu’il peut, pour être au service de Dieu et du prochain, puis passe son chemin, sans rien attendre en retour, ni honneur, ni gloire, ni reconnaissance, ni fierté, pour se retrouver seul dans le silence de Dieu, dans son intimité et s’y reposer par la méditation ou l’oraison tout en ayant à l’esprit sa prochaine mission. Que Marie, notre Mère, nous aide afin que nous soyons transfigurés avec et dans le Christ qui est Chemin, Vérité et Vie.




2ième Dimanche de Carême (Mc 9, 2-10) – Francis Cousin

« Une histoire d’amour … »

 

Les trois textes de ce jour nous parlent d’amour … même si le mot lui-même n’est pas prononcé.

Dans le texte de la première lecture, bien connu sous le terme du sacrifice d’Abraham, « Dieu mit Abraham à l’épreuve » en lui demandant d’offrir son fils unique Isaac en holocauste sur la montagne de Moriah. Abraham avait attendu presque cent ans pour avoir ce fils du fait de l’infertilité de sa femme Sara, et celui-ci était un don de Dieu correspondant à la promesse qu’il lui avait faite de voir sa descendance plus nombreuse que les étoiles du ciel ou des grains de sable sur la plage. Cette demande allait à l’encontre de la promesse de Dieu.

À notre époque, on peut être surpris et horrifié par cette demande de Dieu. Mais à l’époque il était courant que l’on offre aux dieux des sacrifices humains ou d’enfants. C’est pourquoi Abraham n’a pas été choqué outre mesure même si cela mettait un terme à sa descendance, à la promesse de Dieu. Abraham avait foi en Dieu, et lui-même dit à son fils : « C’est Dieu qui pourvoira à l’agneau pour l’holocauste, mon fils ! » (Gn 22,8). Sa confiance en Dieu était plus forte ou égale à son amour pour son fils. Il était prêt à ne pas épargner son fils pour l’amour de son Dieu. Et sa prédiction se réalisa : l’ange du Seigneur arrêta la main armée du couteau, et un bélier se prit les cornes dans les ronces. Dieu ne veut pas la mort de ses enfants … il renouvela son alliance avec Abraham et le combla de ses bénédictions …

Dans la deuxième lecture, Paul nous parle de Dieu. « Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous. ». L’amour de Dieu pour tous les hommes a été plus fort que son amour pour son propre fils. Il fallait que Jésus meure en portant tous nos péchés. Mais il fallait aussi qu’il nous rapproche de Dieu. C’est pourquoi « il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous. » ; alors, rien ne « pourra nous séparer de l’amour du Christ », de l’amour de Dieu.

L’évangile nous parle de la transfiguration de Jésus.

Jésus prend avec lui trois des douze apôtres :

Simon, que Jésus appela Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » (Mt 16,18), qui représente l’avenir

Jacques, dont le nom se dit Jacob en hébreu, l’un des trois grands patriarches, qui représente plutôt le passé

Jean, dont le nom signifie « Dieu fait grâce », qui représente ce qui est l’essentiel de Dieu, la grâce donnée qui vient de l’amour de Dieu, l’éternel présent de Dieu … (présent dans les deux sens …).

Et Jésus monte sur une haute montagne, comme le fit Moïse au Sinaï pour recevoir les tables de la Loi, comme le fit Elie à l’Horeb pour y rencontrer Dieu … La montagne, lieu de la rencontre avec Dieu …

Et là, Jésus fut transfiguré, son visage devint autre et ses vêtements blancs d’une blancheur irréelle, et il parlait avec Moïse et Elie qui représentent la Loi et les prophètes de l’ancien testament, mais aussi ceux qui se sont ’’approchés’’ de Dieu. Jésus n’est pas séparé de l’ancien testament, il montre clairement ce qu’il avait dit : « « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Mt 5,17).

Jésus se présente aux trois disciples comme il était depuis le commencement, et comme il sera une fois qu’il aura été ressuscité … Moment merveilleux pour les trois … On le comprend aisément …

Mais ce n’est pas tout : une nuée, comme celle qui précédait les hébreux dans le désert à leur sortie d’Égypte, survint « qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : ’’Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le !’’ »

Écoutez-le ! Les trois apôtres étaient habitués à entendre ce verbe. Comme tous bons juifs, ils disaient plusieurs fois par jour le ‘shema Israël’ : « Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l’unique Seigneur. » (Dt 6,4). Mais il y a quelque chose qui change : le ’’-le’’ qui veut dire : « Écoutez Jésus, c’est lui le Seigneur, votre Dieu, l’unique Seigneur. »

Moment de révélation pour les trois apôtres, … qu’il faudra taire jusqu’à la résurrection de Jésus …

Mais qu’ils gardent dans leurs cœurs : c’est Jésus, le fils de Dieu, qui parle par son Évangile, c’est lui qui accomplit les écritures …

Et c’est ce que nous devons faire : écouter la Parole de Jésus. Lui-même nous l’a dit : « Quiconque vient à moi, écoute mes paroles et les met en pratique, je vais vous montrer à qui il ressemble. Il ressemble à celui qui construit une maison. Il a creusé très profond et il a posé les fondations sur le roc. Quand est venue l’inondation, le torrent s’est précipité sur cette maison, mais il n’a pas pu l’ébranler parce qu’elle était bien construite. » (Lc 6,47-48).

C’est valable tout le temps, et surtout en ce temps de carême : si nous sommes invités à rentrer chez nous pour prier et jeûner, pour nous ressourcer, il nous faut aussi sortir de chez nous pour aller rejoindre les ’’périphéries’’ de l’Église, pour annoncer que Jésus est vivant, et qu’il aime tout le monde …

Dieu nous invite à ce va-et-vient entre l’intériorité et l’extériorité, non pour se faire voir, mais pour rencontrer les autres, ceux qui sont dans le besoin, … matériel sans doute, mais surtout ceux qui ont des besoins spirituels, même s’ils ne le savent pas, ceux qui ne savent pas que Dieu les aime et qu’il veut leur bonheur … peut-être pas sur cette terre, dans ce monde, mais dans l’autre, ainsi que l’a dit la Vierge Marie à Bernadette de Lourdes.

Seigneur Jésus,

 tu montes sur la montagne

pour rencontrer ton Père,

mais ce qu’il dit,

c’est à nous qu’il le dit :

« Écoutez mon Fils, mon bien aimé.

Mettez en œuvre son Evangile.

C’est lui qui vous sauveras

du péché et de la mort ! »

Francis Cousin    

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Image dim Carême B 2°




1er Dimanche de Carême (Mc 1, 12-15) – Francis Cousin

« Convertissez-vous

et croyez à l’Évangile. »

Premier dimanche de carême : aussitôt on pense à Jésus au désert … tenté par Satan !

Matthieu et Luc s’étendent sur cette tentation par Satan, décrivant par le menu trois tentations auxquelles Jésus répond à chaque fois par une citation de l’Écriture.

Marc, au contraire, est plus concis. Il va à l’essentiel, il ne fait que signaler que Jésus a été tenté par Satan, et qu’il vivait parmi les bêtes sauvages.

Quelles bêtes sauvages ? Ce n’est pas dit, car non essentiel. On sait simplement qu’il y avait à l’époque des lions dans le désert de Judée.

Mais cela nous dit aussi que Jésus vivait comme vivaient Adam et Ève dans le jardin d’Éden, parmi les bêtes sauvages, avant qu’ils n’en fussent exclus.

Jésus est le nouvel Adam qui vient racheter la faute du premier.

Les tentations existent, c’est sûr, et nous en savons quelque chose.

Jésus, vrai Dieu et vrai homme, les a donc connues, comme nous … enfin pas vraiment comme nous … beaucoup moins ! Quand il était dans le désert, et à la fin de sa vie, à Gethsémani, quand il voyait arriver les horreurs de sa Passion. Mais à chaque fois il n’y succomba pas en se tournant aussitôt vers son Père.

Mais il savait comment sont les hommes, et dans la prière qu’il donna à ses disciples pour qu’ils puissent s’adresser à son Père il dit : « Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal. » (Mt 6,13).

Et la meilleure façon de résister à la tentation, c’est de faire comme Jésus, et de se tourner vers son Père, de se convertir à Dieu, de croire à la Bonne Nouvelle annoncée par Jésus, mort et ressuscité, et à tout son enseignement.

En fait, cela revient à dire : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »

C’est ce que nous avons entendu ce mercredi lors de la réception des cendres, signe de conversion.

Et dans l’évangile, on nous parlait d’aumône, de prière et de jeûne … à faire dans la joie et dans le secret « car ton Père qui voit au plus secret te le rendra. » (Mt 6,18).

Souvent, au début du carême, on se promet de mettre en œuvre certaines résolutions (comme on en fait au nouvel an …), certains veulent faire des « sacrifices » … mais le seul sacrifice que nous avons à respecter, c’est celui de Jésus mort sur la croix pour nous sauver du péché, et dont nous faisons mémoire à chaque messe …

Et si nous voulons faire des « sacrifices », ce n’est valable que si ce que nous appelons « sacrifice » devienne au bout de quelques temps quelque chose de tellement naturel pour nous que ce ne soit plus un sacrifice.

À part un peu plus de prières pendant le temps de carême (et garder le rythme pour après …), nous ne devrions pas faire davantage de Bonnes Actions pendant le carême que dans le cours de l’année.

Nous ne devrions pas attendre le carême pour nous préoccuper des pauvres en tout genre (financier, moral, affectif …) et faire acte de miséricorde envers eux.

Nous ne devrions pas attendre le carême pour nous préoccuper du respect de la nature et de notre maison commune.

Nous ne devrions pas attendre le carême pour faire abstinence de diverses choses qui peuvent avoir comme conséquence de nous éloigner de Dieu et des autres.

Nous ne devrions pas attendre le carême pour arrêter de mal-causer sur certaines personnes, de répandre des ladi-lafés.

Nous ne devrions pas attendre le carême pour mettre en œuvre la fraternité, pour nous reconnaître frères ou sœurs des autres en Jésus-Christ (même s’ils sont d’une autre religion ou sans religion …)

Jésus ne nous demande qu’un chose (pas facile !) : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » … et ça, c’est tout le temps … pas seulement pendant le carême, 40 jours par an, soit environ un neuvième de l’année …

Et les huit neuvièmes restants … on fait quoi ? …

Eh bien, on garde les bonnes habitudes qu’on a prise pendant le carême … et on essaye de transformer les mauvaises en bonnes, sous le regard bienveillant de Dieu.

Alors seulement, « le règne de Dieu [sera] tout proche » … non pas d’un point de vue géographique ou chronologique, mais spirituel : parce qu’il n’est proche que quand nous nous approchons de Dieu !

Seigneur Jésus,

 si nous voulons que le règne de Dieu vienne,

il nous faut nous approcher de ton Père

en nous convertissant

et en croyant à ta Bonne Nouvelle,

comme tu le demandes depuis deux mille ans,

et ce chaque jour de notre vie.

Francis Cousin    

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Image dim Carême B 1°




Liturgie du mercredi des Cendres – Père Rodolphe Emard

Lectures : Jl 2, 12-18 ; Mt 6, 1-6. 16-18

Avec ce mercredi des Cendres, nous entrons dans le Carême. Ce Carême 2021 prendra une forme particulière avec cette crise sanitaire et une situation à la Réunion sous tension avec les nouveaux cas variants de la Covid-19. Le rite des cendres se trouve également impacté, il sera légèrement modifié par rapport à ce qui se fait habituellement, nous y reviendrons…

Ce qui compte frères et sœurs c’est la démarche du cœur ! Et ce Carême en cette période de pandémie mondiale nous en fait prendre vraiment conscience. 40 jours pour nous préparer aux fêtes pascales… Comment allons-nous les utiliser ces 40 jours ? C’est long mais court à la fois ! Il ne faut pas trainer et aller à l’essentiel au risque de gaspiller ces 40 jours. Alors comment s’y prendre ? Les lectures de ce jour nous donnent des pistes certaines :

  • Tout d’abord ces appels : *Celui que nous rapporte le prophète Joël dans la 1ère lecture : « Maintenant – oracle du Seigneur – revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! » *Celui de saint Paul dans la 2ème lecture : « Frères, nous sommes les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. »

Nous voyons que le temps de Carême est le moment favorable pour retrouver Dieu. Ce Dieu Trinité que nous avons reçu en nous depuis notre Baptême et que nous délaissons bien trop souvent. Le moment est favorable pour retrouver Dieu dans la prière, la méditation de l’Évangile. C’est l’année B, moment favorable pour redécouvrir l’Évangile de Marc…

Bien souvent, nous reconnaissons ne pas assez prier ou peu prier… Nous prétextons trop facilement ne pas avoir du temps mais n’est-ce pas plutôt parce que nous ne prenons pas le temps de prier ! 40 jours pour rencontrer Dieu et n’oublions pas que les sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation sont des rendez-vous prioritaires pour rencontrer Dieu… La prière est l’un des trois piliers de notre Carême que Jésus nous rappelle dans l’Évangile : une prière sans exhibition, qui doit demeurer à l’écart des bruits du monde, pour mieux entendre la voix de Dieu.

  • Cependant, une rencontre plus approfondie avec Dieu ne sera possible que si nous prenions le temps de nous rencontrer nous-même en parallèle. 40 jours pour faire le tri dans notre vie, nous débarrasser des futilités : nos paroles futiles, nos dépenses futiles, nos pertes de temps futiles… Et prendre davantage du temps pour la relecture, pour nous débarrasser de ce qui nous freine dans la vie et qui nous empêche de progresser. Prendre du temps pour soi, pour retrouver ce qui est le juste nécessaire. D’où ce deuxième pilier du jeûne : se priver du superflu. Parmi ces superflus, il y a sans doute nos excès alimentaires mais aussi les excès sur nos écrans… Vivre le jeûne comme un temps de purification…

  • 40 jours également pour rencontrer notre prochain. C’est le troisième pilier que Jésus nous rappelle dans l’Évangile : le partage ou l’aumône. Avoir un meilleur souci des autres : déjà des membres de ma famille, ensuite ceux que nous côtoyons dans nos différents espaces de vie : nos collègues et voisins notamment.

Avoir le souci des autres suppose aussi le souci de mieux dialoguer, d’essayer de mieux comprendre l’autre, moins se replier sur soi, sur ses idées ou ses convictions. Accepter que les autres n’ont pas le même avis que nous sur certaines choses. Nous n’avons pas la science infuse !

Avoir le souci des autres suppose aussi le souci de partager de son bien et de sa personne. Dégager davantage du temps pour les autres… Apprendre à mieux les aimer comme Jésus les aime…

Avoir le souci des autres suppose enfin le souci de crever les vieilles rancœurs et rancunes tenaces que nous trainons depuis de trop longues années : oser enfin la discussion et la réconciliation… Dépasser nos préjugés, nos mauvais souvenirs…

C’est là que le Christ nous attend particulièrement durant ce Carême 2021.

Voilà les principales pistes qui nous sont proposées pour vivre ce Carême, au cœur de ce combat contre le virus et ses variantes. Nous sommes invités à une vraie démarche du cœur, de conversion… Une vraie démarche de confiance que le Seigneur ne nous lâche pas… Une vraie démarche communautaire…

C’est le sens du rite des Cendres que nous allons vivre : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ». Vous serez invités à venir en procession ; le toucher n’étant pas possible, vous inclinerez la tête sur laquelle on imposera les cendres, dans le respect des gestes barrières et de distanciation.

 

 

40 jours… utilisons-les à bon escient et dans 40 jours, le Christ nous communiquera la lumière de sa Résurrection.  Ayons la foi et l’espérance, unissons-nous dans ce combat sanitaire et bon Carême à tous.