1

23ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER

Travailler, ensemble, à « gagner nos frères »

(Mt 18, 15-20)

  En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère.
S’il ne t’écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins.
S’il refuse de les écouter, dis-le à l’assemblée de l’Église ; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain.
Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel.
Et pareillement, amen, je vous le dis, si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux.
En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »

                    

             « Libre à l’égard de tous », écrivait St Paul, « je me suis fait l’esclave de tous, afin de gagner le plus grand nombre… Je me suis fait faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver à tout prix quelques-uns » (1Co 9,19‑22), car « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,4-6)…

            Alors, « si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul », pour lui éviter d’être humilié devant les autres, « et montre lui sa faute » sans jamais oublier que nous sommes tous pécheurs, d’une manière ou d’une autre. Et « s’il t’écoute » avec simplicité et humilité, « tu auras gagné ton frère », et alors quelle joie ! Et un jour peut-être, c’est lui qui, à son tour, viendra te « gagner »…

            Aussi, « frères, même dans le cas où quelqu’un serait pris en faute, rétablissez-le en esprit de douceur, te surveillant toi-même, car tu pourrais bien toi aussi être tenté. Portez les fardeaux les uns des autres et accomplissez ainsi la Loi du Christ. Car si quelqu’un estime être quelque chose alors qu’il n’est rien, il se fait illusion » (Ga 6,1-3)…

            Et « s’il ne t’écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes » en espérant que le poids « plus lourd » de votre charité commune pourra percer l’écorce de son cœur… S’il refuse encore, que « toute l’Eglise » unisse ses forces et sa prière, car, « nous tous qui avons été abreuvés d’un même Esprit, nous ne formons qu’un seul Corps » (1Co 12,13). C’est pourquoi, si un membre est malade, c’est le Corps tout entier qui souffre (1Co 12,26). Et si un membre manque à l’appel, il manque à tous, car nous avons tous besoin les uns des autres pour que l’Eglise soit pleinement elle-même…

            En effet, cette Eglise, du point de vue de Dieu, a en fait la dimension de l’humanité tout entière, cette famille incroyablement nombreuse de ses enfants « créés à son Image et Ressemblance » (Gn 1,26-28). Qu’un seul manque à l’appel, et Dieu « s’en ira après celui qui est perdu jusqu’à ce qu’il le retrouve » (Lc 15,4-7). Puisque l’Eglise est « le Corps du Christ », il est impossible qu’elle n’adopte pas la même attitude envers tous, et surtout envers les plus petits… C’est pourquoi Jésus a repris cette parabole de la brebis perdue pour l’appliquer, juste avant notre passage, à l’Eglise car «  on ne veut pas, chez votre Père qui est aux cieux, qu’un seul de ces petits se perde » (Mt 18,14). Quiconque prie le « Notre Père » en disant « que ta volonté soit faite », ne peut donc que travailler, d’une manière ou d’une autre, au salut de tous, sans aucune exception… DJF




22ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 16, 21-27) – Francis COUSIN)

On oublie toujours quelque chose …

 

L’annonce par Jésus de son passion et de sa mort voulues par les « anciens, les grands prêtres et les scribes », et de sa résurrection le troisième jour a été pour les apôtres comme un coup de massue.

Il venait juste d’être reconnu comme le Messie, « le Christ, le Fils du Dieu vivant » !

Sans doute abasourdis, les apôtres se taisent …

Alors Pierre entraîne Jésus à part et lui souffle à l’oreille : « Cela ne t’arrivera pas ! ».

Il pensait réconforter Jésus … mais c’est une réponse virulente de la part de Jésus qui arrive : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute ».

Pourquoi ce reproche ?

Parce que Jésus doit aller jusqu’au bout de sa mission sur la terre, et l’aide humaine de Pierre et des autres apôtres ne s’inscrit pas dans la vision divine.

Mais aussi parce que, comme nous aussi le faisons souvent, Pierre n’a pas attendu et donc entendu la fin de la phrase de Jésus pour se faire son opinion : « … et le troisième jour ressusciter. »

Il en est resté aux souffrances infligées à Jésus … à ce qui est mal, et qui fait mal …

Peut-être aussi parce que la résurrection, certains juifs en parlaient, mais cela restait mystérieux, on ne savait pas trop ce que c’était, comment cela se passait … (encore maintenant …). Ce n’était pas un sujet qui passionnait les gens simples comme l’étaient les apôtres …

Ils n’avaient aucune expérience de ce que c’était. Même pour la fille de Jaïre, Jésus s’était défendu de la ressusciter ; il avait seulement dit : « Ne pleurez pas ; elle n’est pas morte : elle dort. » (Lc 8,52).

Ils ne comprendront vraiment ce que cela voulait dire que le jour de la résurrection de Jésus, même s’il en avait parlé plusieurs fois.

Nous aussi, nous sommes comme Pierre ou les apôtres : nous ne retenons souvent qu’une partie de la phrase que nous entendons, et nous occultons le reste.

Cela arrive souvent avec la Parole de Jésus dans les évangiles : nous acceptons ce que nous comprenons, ce qui nous semble ‘correct’, normal, à nos pensées humaines … mais nous oublions les autres.

Comme dans le passage de l’évangile de ce jour : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » …

On veut bien suivre Jésus, on est prêt à le faire … et souvent on en reste à « prendre sa croix » … et cela nous fait peur … parce qu’on ne sait pas quelle est cette croix, qui est individuelle, spécifique pour chacun …

Et quand arrive une situation difficile pour nous, on se dit : « Cela doit être ma croix ! », mais on n’en est jamais sûr … et on essaye de vivre avec en se disant : « Si je veux aller au ciel, il faut que je l’accepte » … mais en fait, on ne l’accepte pas, on la subit, et notre seul désir est qu’elle disparaisse …

Et il arrive que nous en voulions à Jésus de nous imposer cette croix … (« Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour … »)

Pourtant, il y a une autre phrase de Jésus qu’on oublie : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos (…) Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. » (Mt 11,28.30)

Peut-être parce que c’est une phrase qu’on a du mal à comprendre … parce que nos « pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. », et que, bien que nous le désirions, nous avons du mal à sortir de notre condition humaine pour nous élever vers Dieu.

Et aussi parce qu’il y a une partie de la première phrase que nous avons occultée, celle qui est mise en premier : « qu’il renonce à lui-même ».

Et on l’occulte d’autant plus facilement qu’elle va à l’encontre de tout ce qui est véhiculé dans notre société actuelle où on met en avant l’individualisme, avec tout ce que cela comporte, à tous les niveaux : familial, social, travail, économique, politique, éthique …

C’est toujours « moi d’abord », avec dans les messages publicitaires : « Soyez le meilleur … », « Avec … soyez différents », « Distinguez-vous des autres … ».

On comprend qu’on oublie cette partie de la phrase, parce que renoncer à soi-même, d’une certaine manière, c’est renoncer à ce qu’on est intrinsèquement, renoncer à son « soi », … et cela n’est pas humainement naturel …

Parce que renoncer à soi-même, c’est accepter de mettre en premier quelqu’un d’autre, et pour nous, c’est Jésus, c’est Dieu … C’est mettre en avant la Parole de Dieu, ne vivre que pour elle, comme le fit saint Paul : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. » (Ga 2,20).

C’est accepter que cette Parole de Dieu « attire sur [nous] l’insulte et la moquerie. » (Première lecture), et cela arrive quand on défend la position des chrétiens, notamment dans les débats concernant la nouvelle loi de Bioéthique, entre autres …

Que cette Parole de Dieu soit pour nous, comme elle le fut pour Jérémie, « un feu brûlant dans [notre] cœur » qu’on n’arrive pas à « maîtriser » (Première lecture) … avec l’aide de Jésus qui est toujours là près de nous, pour nous aider à porter notre joug, à porter notre croix.

Seigneur Jésus,

on croit bien connaître ton évangile,

mais il y a toujours des passages qu’on oublie …

et ce sont souvent les plus importants,

ceux qu’on a du mal à suivre,

ceux qui nous coûtent,

parce qu’ils nous demandent beaucoup d’humilité …

et nous sommes trop fiers …

Pardonne-nous !

 

Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Prière dim ordinaire A 22°




21ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 16, 13-21) – Francis COUSIN)

« Ce n’est pas la chair et le sang

qui t’ont révélé cela,

mais mon Père qui est aux cieux. »

 

Pierre aurait pu être fier. Il était le premier disciple à dire que Jésus est le Messie, « le Christ, le Fils du Dieu vivant ! ».

Mais Jésus le remet aussitôt à sa place : « Tout ce que tu as dit, ça ne vient pas de toi, mais de mon Père : bienheureux es-tu ! ».

Coup dur pour Pierre. Il aurait sans doute aimé, comme nous tous dans cette situation, être félicité pour sa clairvoyance … Mais non ! Jésus remet les choses dans l’ordre (et c’est vrai aussi pour nous, quand nous pensons avoir une idée géniale …) : Tout ce qui est bon nous est ‘soufflé’ par Dieu.

Tout vient de toi, ô Père très bon.

Apprentissage de l’humilité !

Sans doute Pierre devait l’avoir un peu mauvaise, alors quand aussitôt après Jésus annonce aux disciples sa passion et sa résurrection, essayant peut-être de se rattraper, il dit : « Cela ne t’arrivera pas », Jésus le reprend encore : « Passe derrière moi, Satan ! … Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » (Mt 16,22-23).

C’est la douche froide, une deuxième volée de bois vert !

Et celui qui a suggéré la phrase est clairement identifié : Satan.

Un coup, la pensée vient de Dieu ; le deuxième coup, elle vient de Satan !

Et il en est de même pour nous. Nos pensées viennent de Dieu ou de Satan. Peut-être quelque fois de nous … mais c’est pas sûr …

Tout vient de toi, ô Père très bon.

Mais seulement ce qui est bon ! Pas le reste ! Apprentissage de la clairvoyance !

Alors pour nous, qui est Jésus ? ou qui est Dieu ? La réflexion est la même qui revient à se poser la question : Quelle est notre relation à Dieu ?

Dans toute relation humaine, il y a deux axes. Avec Dieu, c’est pareil : de nous vers Dieu, et de Dieu vers nous.

Dans la relation de Dieu vers nous, c’est facile : Dieu est amour, vérité, justice et paix, et il nous donne tout de qui est bon et beau : le foi, l’espérance, l’amour, l’intelligence et tous les autres dons de l’Esprit Saint … mais il ne nous les impose pas. Il nous laisse libre de les accepter ou non.

Tout vient de toi, ô Père très bon.

Dans la relation de nous vers Dieu, c’est plus compliqué … à cause de notre nature humaine. Et chacun est différent des autres !

Mais on peut quand même se poser quelques questions.

Sommes-nous attentifs à Dieu ? Est-ce que nous avons des relations faciles et régulières ? Est-ce que nous ne faisons que de lui demander des choses pour notre satisfaction personnelle … et est-ce que nous le remercions quand il le faut ? Est-ce que nous l’entendons quand il nous parle par différents canaux : méditations, personnes, événements, livres … et surtout est-ce que nous mettons en pratique ce qu’il nous dit ?

Parce que c’est là que va intervenir Satan pour nous faire dévier du ’droit chemin’, le chemin qui nous est indiqué par Jésus, le chemin qui mène au ciel !

Et c’est là aussi que va intervenir l’Esprit Saint pour nous aider dans nos choix, pour nous apprendre la clairvoyance !

Et ces obstacles déposés sur le ’droit chemin’ sont nombreux. On en trouve plusieurs dans l’évangile : … je ne peux pas, je me marie … j’ai acheté des bœufs … je dois enterrer mon père … l’argent … le pouvoir … l’injustice … l’autosatisfaction : je ne suis pas comme …

Nous trouvons toujours des excuses pour ne pas écouter Dieu.

Tout comme Pierre, nous devons lutter contre le Démon qui veut nous écarter de Dieu. Et c’est possible. Car Pierre, malgré son reniement, aimait Jésus. Et c’est sur cette question-là que Jésus va lui confier l’Église à venir : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ?  … Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime … Sois le berger de mes brebis. » (Jn 21,17).

Et il y en a d’autres qui, comme Pierre, ont montré beaucoup d’amour dans une dimension de foi. Ce sont ceux qu’on appelle les saints … et ils sont nombreux …

Il y a ceux qui sont sur le calendrier. On connaît leur nom, ce qu’ils ont fait …

Mais il y en a encore bien plus dont on ne sait rien, comme le dit le chant : « Ils sont nombreux les bienheureux qui n’ont jamais fait parler d’eux et qui n’ont pas laissé d’image… Tous ceux qui ont, depuis des âges, aimé sans cesse et de leur mieux autant leurs frères que leur Dieu… » (W 72)

Ce sont tous ceux que le pape François appelle « Les saints de la porte d’à côté » (GE 7), ceux qu’il nous donne comme modèle pour que nous devenions comme eux …

Et nous pouvons le faire !

Mais pour cela, il nous faut beaucoup d’humilité pour devenir instruments entre les mains de Dieu, comme le dit le père Pierre Leplay : « Entre tes mains, Seigneur, comme mon stylo entre mes mains ».

Seigneur Jésus,

quelle leçon tu donnes à Saint Pierre !

Il donne une très bonne réponse à ta question,

mais tu ne veux pas

qu’il se croit supérieur aux autres,

tu veux lui apprendre l’humilité.

Et ce n’est pas toujours facile à accepter.

nous en savons quelque chose

nous qui voulons toujours paraître.

Apprends-nous à devenir humble

comme toi-même l’a toujours été !

 

Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Prière dim ordinaire A 21°




20ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 15, 21-28) – P. Rodolphe EMARD

Frères et sœurs, les quatre lectures de ce vingtième dimanche du Temps Ordinaire insistent sur le Salut de Dieu qui est universel.

Le Psaume 66 proclame que le Salut est pour toutes les nations. Saint Paul dans sa lettre aux Romains rappelle que la miséricorde de Dieu est pour tous, à la fois pour Israël et les nations païennes.

Dans le livre d’Isaïe, l’universalité est également bien mise en évidence. Les « étrangers » qui professent leur foi dans le Dieu d’Israël et qui s’attachent fidèlement à son Alliance, sont accueillis dans la maison du Seigneur : « Ma maison s’appellera « « Maison de prière pour tous les peuples. » »

Le Salut que Jésus est venu apporter est pour tous les hommes. L’amour et la miséricorde de Dieu ont une portée universelle. Une telle révélation ne va pas de soi, ni hier, ni aujourd’hui. On le voit déjà dans l’Évangile : l’accueil de l’étranger n’est pas automatique.

L’autre « différent », peut être perçu comme un rival, comme quelqu’un qui vient occuper ce qui nous appartient de droit. L’autre « différent » peut déranger et on peut même s’en méfier par peur qu’il nous détruise. Cette perception amène à s’écarter, à se protéger, à se mettre à l’écart de cet autre « différent ».

C’est un peu l’attitude des disciples dans l’Évangile vis-à-vis de la femme cananéenne. Ses cris sont insupportables à tel point que les disciples demandent à Jésus de la renvoyer : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! »

L’attitude de Jésus est également déconcertante. Il est le Sauveur universel mais alors pourquoi une réaction aussi vive vis-à-vis de cette femme qui souhaite seulement la guérison de sa fille ? « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! »

N’y voyons pas un mépris du Christ par cette expression les « petits chiens ». Jésus reprend une connotation négative de son époque envers les païens. Ils étaient traités de « petits chiens » par les Juifs qui refusaient de les fréquenter.

Le plus important dans notre récit, et c’est assez rare pour le relever, n’est pas l’expression que reprend Jésus mais la réaction de cette femme. Elle répond du tac au tac à Jésus, elle le prend au mot : Moi ? Un petit chien ? D’accord si c’est pour avoir droit de ramasser les miettes ! « Seigneur, viens à mon secours ! »

Quelle audace ! Quelle liberté ! Et quelle confiance ! Cette femme accepte tout, pourvu qu’elle puisse recevoir ne serait-ce que des miettes de Jésus. Celui-ci fera l’éloge de sa foi : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! »

L’attitude de la Cananéenne nous questionne sur deux points :

  • Où en en sommes-nous dans notre propre foi au Christ ? Quelle est plus précisément la qualité de notre foi ? Désirons-nous ne serait-ce que des miettes de ce que le Christ nous donne ?

La foi de cette femme a de quoi nous interpeller et nous réveiller. N’oublions pas que le Christ se donne entièrement dans sa Parole et dans ses sacrements que nous négligeons parfois…

  • L’actualité internationale nous montre des défis considérables que les peuples ont à relever pour des meilleures relations entre eux. Nous pouvons relever un paradoxe : d’un côté, nous remarquons une augmentation des échanges, une abolition des distances entre les nations ; de l’autre, nous assistons à des tensions, à des conflits souvent causés par des enjeux économiques et commerciaux. Et cela toujours au détriment des plus pauvres…

Le pape François dans son encyclique Laudato Si’ nous invite à la construction d’une « civilisation de l’amour ». Comment prenons-nous part à cette construction ? Nous sommes concrètement interrogés sur le regard que nous portons sur l’étranger, l’autrement croyant, les autres cultures.

La tentation du repli sur soi ou de vouloir rester entre soi, dans nos cercles intimes (avec des personnes qui nous correspondent)… est encore bien actuelle. Il ne s’agit pas de devenir naïf mais d’oser poser un regard plus bienveillant sur l’étranger et de toujours lutter contre toute forme de racisme indigne d’un chrétien.

Pour conclure frères et sœurs, si nous devons retenir un point majeur de l’Évangile, c’est que le Christ est l’unique Sauveur du monde. Ce qui est premier, ce n’est pas la pratique de tel ou tel rite ou l’appartenance à telle ou telle communauté, mais bien la foi au Christ.

Demandons au Seigneur au cours de cette Eucharistie d’augmenter en nous la foi et avec les mots de la cananéenne, implorons son secours : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! » Amen.

Père Rodolphe Emard.




Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 15 Août 2020 – Assomption

Ne confondons pas l’Ascension et l’Assomption.  L’Ascension a lieu quarante jours après Pâques, et c’est Jésus-Christ qui monte au Ciel. A l’Assomption, c’est Marie qui monte vers le Ciel. CEC 966  » …la Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel ». Aujourd’hui, nous allons essayer tout simplement de mieux connaître Marie. Certains chrétiens pensent encore que Marie, parce qu’elle est la Mère de Jésus, tient la première place devant Jésus, eh bien ! non, c’est Jésus qui est toujours le personnage central pour tous les chrétiens et pour le salut du monde. C’est grâce à Jésus que Marie est née sans péché originel. Jésus qui est sans péché ne pouvait pas naître d’une femme qui aurait été victime du péché originel, car le péché originel se transmet de génération en génération et Jésus n’a pas de péché. Il fallait donc bien une femme qui soit immaculée de tout péché pour être la Mère de Jésus.  Marie est celle qui est « comblée de grâces », et si elle est « comblée de grâces », en elle il n’y a que des grâces divines depuis sa conception, et donc pas de place pour le péché originel. – A l’incarnation, Dieu le Père aurait pu envoyer son Fils directement sur terre à l’âge d’homme – Il en a les capacités – mais nous dit Saint Augustin : « Le monde étant indigne de recevoir le Fils de Dieu directement des mains du Père, il l’a donné à Marie afin que le monde le reçut par elle ». Le Fils est donc venu sur terre par Marie et c’est certainement le meilleur chemin qu’il a choisi pour venir à nous. [Grignion de Monfort – « Traité de la Vraie dévotion à la Sainte Vierge » – §39] Si Dieu a eu besoin de Marie pour venir sur terre – un besoin hypothétique –  Marie est encore plus nécessaire aux hommes pour aller à Dieu.

Certains chrétiens ont un doute quant à savoir s’il faut prier Jésus ou s’il faut prier Marie. Lorsqu’ils entrent dans une église, certains s’agenouillent directement dans l’allée principale, face au Tabernacle, d’autres vont directement devant Marie. Et de nombreuses personnes pensent qu’il est plus logique de s’agenouiller devant Jésus d’abord, quitte à aller ensuite devant Marie. En fait, notre ignorance de Marie nous joue des tours. Voici que ce nous dit Saint Louis-Marie Grignion de Monfort (que je traduis dans un langage plus adapté à notre époque): « 63. …la plupart des chrétiens, même des plus savants, ne connaissent pas le lien qui existe entre Jésus et Marie. 64. Il est étonnant et pitoyable de voir l’ignorance … de tous les hommes d’ici-bas à l’égard de Marie. Je ne parle pas tant des idolâtres et païens, ni même des hérétiques et des schismatiques, mais je parle des chrétiens catholiques, et même des docteurs parmi les catholiques, qui faisant profession d’enseigner aux autres les vérités, ne connaissent pas Marie, si ce n’est d’une manière spéculative, sèche, stérile et indifférente. Ces messieurs ne parlent que rarement de Marie et de la dévotion qu’on lui doit avoir parce qu’ils craignent, disent-ils, qu’on en abuse, qu’on fasse injure au Christ en honorant trop notre sainte Mère. S’ils voient ou entendent quelque dévot à la Sainte Vierge parler souvent de la dévotion à cette bonne Mère, d’une manière tendre, forte et persuasive, comme d’un moyen assuré sans illusion, d’un chemin court sans danger, d’une voie immaculée sans imperfections, et d’un secret merveilleux pour trouver et aimer parfaitement notre Seigneur le Christ, ils se récrient contre lui, et lui donnent mille fausses raisons pour lui prouver qu’il ne faut pas tant parler de la Sainte Vierge, qu’il y a beaucoup d’abus en cette dévotion, et qu’il faut s’appliquer à les détruire, et à parler de Jésus-Christ plutôt qu’à porter les peuples à la dévotion à la Sainte Vierge.

On les entend parfois parler de la dévotion à notre Sainte Mère, non pas pour la mettre en place, mais pour en détruire les abus qu’on en fait, … regardant le Rosaire, le Scapulaire, le Chapelet, comme des dévotions de femmelettes, propres aux ignorants, sans lesquels on peut se sauver; et s’il tombe en leurs mains quelque dévôt à la Sainte Vierge (c’est-à-dire un fervent de la Sainte Vierge), qui récite son chapelet ou ait quelque autre pratique de dévotion envers elle, ils lui changeront bientôt l’esprit et le cœur: au lieu du chapelet, ils lui conseilleront de dire les sept psaumes de la pénitence; au lieu de la dévotion à la Sainte Vierge, ils lui conseilleront la dévotion à Jésus-Christ. Ces gens-là n’ont pas l’esprit du Christ et ne font pas plaisir au Christ non plus. Ce n’est pas plaire au Christ que de ne pas faire tous ses efforts pour plaire à Marie… La dévotion à notre Sainte Mère n’empêche pas la dévotion au Christ. Marie ne s’attribue pas l’honneur qu’on lui rend. Elle ne fait pas bande à part.  Ce n’est pas se séparer ou s’éloigner de l’amour du Christ que de se donner à Marie et de l’aimer. 75…

La Sainte Vierge est le moyen dont le Seigneur s’est servi pour venir à nous ; c’est aussi le moyen dont nous devons nous servir pour aller à Lui, car elle n’est pas comme les autres créatures, auxquelles si nous nous attachions, elles pourraient plutôt nous éloigner de Dieu que de nous en approcher ; mais la plus forte inclination de Marie est de nous unir à Jésus-Christ, son Fils, et la plus forte inclination du Fils est qu’on vienne à Lui par sa Sainte Mère. C’est Lui faire honneur et plaisir que devenir à Lui en passant d’abord par sa Sainte Mère. 19…Jésus a commencé ses miracles par Marie. C’est par la parole de Marie que Jésus a sanctifié Saint Jean dans le ventre de sa mère Elisabeth : aussitôt qu’elle eût parlé, Jean fut sanctifié, et c’est son premier et plus grand miracle de grâce. Aux noces de Cana, Jésus changea l’eau en vin sur l’humble prière de Marie. Et jusqu’à la fin des temps, Jésus continuera de faire de nombreux miracles par Marie. 23…Dieu le Père a fait de Marie un assemblage de toutes ses grâces ; en Marie se trouve tout ce qu’il y a de plus beau, d’éclatant, de rare, de précieux tel que son Fils 24…Dieu le Fils a communiqué à sa Mère tout ce qu’Il a acquis par sa vie et sa mort, ses mérites infinis et ses vertus admirables, et Il l’a faite Trésorière de tout ce que son Père lui a donné en héritage ; c’est par elle qu’il communique ses vertus et distribue ses grâces à ses membres. 25 Dieu le Saint Esprit a communiqué à Marie ses dons ineffables, intraduisibles en termes claires et l’a choisie pour être la dispensatrice de tout ce qu’il possède : en sorte qu’elle distribue à qui elle veut, autant qu’elle veut, comme elle veut et quand elle veut, tous ses dons et ses grâces, et tous les dons célestes donnés aux hommes passent par les mains de Marie. Si le Christ a tous les pouvoirs divins par nature, Marie les a aussi par grâce de Dieu, par don de Dieu : Marie est reine du ciel et de la terre par grâce comme Jésus en est le roi par nature. 27 Bien que Marie soit infiniment au-dessous de son Fils, ce dernier qui est à la droite du Père est toujours le Fils de Marie, et par conséquent, il a conservé la soumission et l’obéissance du plus parfait de tous les enfants à l’égard de la meilleure de toutes les mères. Un seul mot de Marie à son Fils, en faveur de quelqu’un, et son Fils l’exaucera. Marie ne commande pas son Fils comme une mère le fait ici sur terre, car étant comblée de grâce et d’amour, elle ne veut, ni ne fait rien qui soit contraire à l’éternelle et immuable volonté de Dieu.

Aimez Marie et elle vous conduira au Ciel avec son Fils. – Dieu veut pour nous la sainteté, mais pour cela nous avons besoin des grâces divines, car personne ne peut y arriver seul. Les moyens de salut et de sainteté sont connus de tous, écrits dans l’Evangile, expliqués par les maîtres de la vie spirituelle, pratiqués par les saints et nécessaires à tous ceux qui veulent être sauvés et arriver à la perfection. Ces moyens sont : l’humilité de cœur, l’oraison continuelle (c’est-à-dire prière continuelle), la mortification universelle (c’est-à-dire se détacher de tout ce qui n’est pas Dieu), l’abandon à la Providence divine et agir en faisant la volonté de Dieu. Et là, la grâce et le secours de Dieu sont absolument nécessaires. Saint-Louis Marie Grignion de Monfort nous dit que pour avoir les grâces divines, il faut passer par Marie parce qu’elle est la seule à trouver grâce aux yeux de Dieu, elle qui a donné naissance au Fils de Dieu, lui-même étant l’Auteur de toutes les grâces. Dieu le Père lui a donné toutes les grâces et l’a choisie pour en être la trésorière, l’économe et la dispensatrice et tous les dons passent par ses mains qu’elle donne à qui elle veut, comme elle veut, quand elle veut et autant qu’elle veut, les grâces du Père Eternel, les vertus de Jésus-Christ et les dons du Saint-Esprit. Mais tous ces trésors offerts par Dieu aux chrétiens désireux de suivre le Christ, chrétiens si fragiles, si faibles, si inconstants, bousculés par toutes sortes de tentations, submergés de problèmes divers, ces trésors, nous risquons de les perdre très vite. En effet, les esprits du mal, les démons, qui sont de fins larrons, des malfaiteurs, veulent toujours nous surprendre à l’improviste pour nous les voler et dévaliser. Ils épient nuit et jour le moment favorable pour nous enlever, en une seconde, par un péché, tout ce que nous avons pu gagner de grâces, de vertus et de dons en plusieurs années.  Et personne n’est exclue : même les personnes les plus riches en vertus, les plus fondées en expérience, les plus élevées en sainteté que nous, ont été surprises, volées et pillées. Et nous pouvons tout perdre parce que nous manquons d’humilité, nous nous croyons assez forts de notre suffisance, nous nous croyons capables de garder personnellement nos trésors, nous ne comptons que sur nous-mêmes. C’est pour cela que nous devons placer nos trésors en lieu sûr et ce lieu sûr, imprenable par les esprits malfaisants, c’est Marie elle-même, chargée d’écraser la tête de l’Esprit du Mal. Il faut tout mettre entre les mains de Marie : nos biens, nos familles, notre corps, notre cœur, notre âme, notre esprit, les grâces, les vertus, les dons reçus, tout dans les mains de Marie. Elle est la gardienne de tout ce que nous avons de précieux. Elle pourra nous les remettre selon nos besoins du moment, tout comme la banque qui nous remet notre propre argent quand nous en avons besoin.  Marie ne va pas se contenter de nous les garder, elle pourra même les faire fructifier pour nous. En effet, entre ses mains, Marie va nous transformer, elle va prendre soin de chacun de nous, elle va nous décrasser, enlever tout ce qui est boueux dans notre cœur, âme et esprit, nous parfumer de vertus, de grâces et de dons divers, elle va nous mettre en valeur pour que nous soyons véritablement « relookés » – pour employer un terme à la mode – et nous présenter enfin…à son Fils bien-aimé Jésus-Christ pour un bonheur éternel. Tout ce qui vient d’être dit ici, n’est qu’une toute petite partie de ce qu’est Marie. Après Dieu, c’est Marie.

Fréquentez Marie tous les jours, elle vous transformera, elle vous protégera. Si vous avez de l’inquiétude, de l’angoisse, ou le stress, plongez-vous en Marie, Mère de Dieu, en disant simplement trois « je vous salue Marie » bien lentement, et votre inquiétude ou votre angoisse aura disparu avant même d’avoir terminé le premier « je vous salue Marie ». Faites l’expérience et vous jugerez par vous-même. A chaque inquiétude, à chaque angoisse, à chaque tentation, trois « je vous salue Marie ». Car derrière cette inquiétude, derrière cette angoisse, derrière ce stress, nous laisse entendre Padre Pio, il y un esprit du mal qui prendra vite le large. Il n’aime pas Marie. Cette prière est une très grande prière. Dites cette prière très souvent surtout au moment des tentations, et aussi le chapelet ou encore le Rosaire. Merci, Seigneur, de nous avoir donné Marie pour Mère. Rappelons simplement, pour terminer, que Jean Paul II disait de Grignion de Monfort que « la substance des vérités théologiques contenues dans le traité de cet auteur de classe…est incontestable ».




20ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 15, 21-28) – Francis COUSIN)

« Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! »

 Cette phrase de l’évangile de ce jour nous fait immédiatement penser à un autre passage où la même phrase est dite par l’aveugle Bartimée à la sortie de Jéricho. Mais les lieux et les circonstances sont différentes.

Bartimée est un aveugle, mendiant, et dans la mentalité de l’époque, c’est à cause de son péché qu’il est aveugle, donc impur. C’est un juif, et quand Jésus passe sur le chemin, il l’appelle Jésus de son titre messianique ’’fils de David’’ ; la foule (dont les apôtres) veut le faire taire, mais il crie de plus belle, alors Jésus l’appelle puis lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Mc 10,51), puis le guérit : « Ta foi t’as sauvé ».

Dans le passage de ce jour, Jésus se trouve dans la région de Tyr et de Sidon, en territoire non-juif. La femme est une cananéenne habitant la région, non juive, donc païenne. C’est elle qui vient à la rencontre de Jésus, sans doute parce qu’elle avait entendu parler de lui comme quelqu’un qui guérit ; c’est elle qui fait la démarche de quitter sa région, et d’apostropher Jésus de son titre messianique, elle qui est non-juive, et elle annonce d’emblée la couleur : « Ma fille est tourmentée par un démon. ». Ce n’est pas pour être guérie elle-même, mais pour sa fille.

Comment une non-juive peut-elle appeler Jésus par ses deux titres : Seigneur, qui est un signe de respect en même temps que d’humilité, et Fils de David, qui n’est même pas utilisé par les apôtres ? Sans doute cette personne était en recherche spirituelle …

Ici, ce n’est pas la foule, mais les apôtres qui interviennent, non pas directement avec la femme, mais auprès de Jésus : « Renvoie-la ! ». Ils veulent être bien avec le ’’maître’’, et n’aiment pas qu’on l’importune, mais ils ne veulent pas parler à une païenne, une impure, de peur de devenir ainsi impurs eux-mêmes. Alors ils se défaussent sur Jésus dont ils savent qu’il parle à tout le monde.

Mais la réponse de Jésus est sans équivoque : « Je suis juif, je suis venu uniquement pour les juifs ! »

Mais comme Bartimée, elle insiste, arrivée auprès de Jésus : « Seigneur, viens à mon secours ! »

La réponse de Jésus est surprenante. Sans doute était-il agacé par les cris, l’attitude de rejet des apôtres, et en même temps son désir de venir au secours des autres, et peut-être des interrogations sur l’étendue de sa mission. Toujours est-il que sa réponse est humiliante pour la femme : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » et l’adjectif petits vient renforcer cette humiliation.

On ne voit nulle part dans les évangiles d’autres paroles de Jésus aussi vexantes, voire racistes et haineuses que celles-là ! Pour nous, chrétiens du XXI° siècle, on le prendrait pour une insulte, et nul doute que cela ferait le ‘buzz’ sur les réseaux dits sociaux !

Il n’en est rien pour la femme qui commence par dire : « Oui, Seigneur, tu as raison » mais elle profite de la phrase de Jésus pour rebondir « mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »

Elle accepte d’être mise en dessous des autres, sous la table des juifs, pour y grappiller les miettes des dons de Jésus.

Par sa réplique opportune, elle bouleverse le cœur de Jésus, et elle obtient sa miséricorde … Et peut-être a-t-elle ouvert les yeux de Jésus à l’universalité du salut pour toutes les nations …

On peut en être surpris, car Jésus ne pouvait pas ignorer les textes de l’ancien testament qui ouvraient le salut au monde entier, notamment : « Les étrangers qui se sont attachés au Seigneur pour l’honorer, pour aimer son nom … et tiennent ferme à mon alliance, je les conduirai à ma montagne sainte, je les comblerai de joie dans ma maison de prière, leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel, car ma maison s’appellera ’’Maison de prière pour tous les peuples’’. » (première lecture). Le psaume aussi le dit : « Que Dieu nous bénisse, et que la terre toute entière l’adore ! », c’est-à-dire croit en lui, le bénisse et lui rende grâce … et finalement soit sauvée au même titre que les juifs … mais en se convertissant au judaïsme.

Cependant la guérison de la fille de la cananéenne n’avait pas fait évoluer la pensée des juifs, et il faudra attendre le concile de Jérusalem pour que soit actée la non-obligation des rites juifs pour les païens convertis au christianisme (cf Ac 15,5-29).

Que retenir pour nous ? Deux choses :

 – Nous obtiendrons la miséricorde de Dieu à la fin des temps si nous acceptons de nous considérer comme des ’’petits chiens’’, des serviteurs inutiles, qui par humilité (et non par humiliation) se reconnaissent petits devant Dieu. Il ne faut pas en rester au bon coup que la femme cananéenne a joué à Jésus, mais en prendre acte pour notre propre façon de vivre, en n‘oubliant pas ce que disait Jésus : « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave. » (Mt 20,26-27)

– Le miracle obtenu vient de la foi de la femme, montrée après le refus de Jésus. Il ne faut jamais se décourager si Dieu ne réalise pas ou semble retarder la réalisation de nos désirs ou demandes, si ils ont un intérêt véritable pour l’Église. « Moi, je vous dis : Demandez et l’on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira. » (Lc 11,9)

Seigneur Jésus,

quelle belle leçon nous donne cette femme !

Fallait-il qu’elle aime sa fille pour accepter

l’humiliation de la réponse de Jésus !

Mais elle a transformé l’humiliation en humilité,

et obtenu gain de cause.

Donne-nous la force

de réagir comme elle l’a fait.

 

Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Prière dim ordinaire A 20°




20ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du dimanche 16 Août 2020 –  20e dimanche ordinaire (A).

Isaïe 56 1, 6–7 ; Romains 11 13–15, 29–32 ; Matthieu 15 21–28

Suite à un débat avec les Pharisiens sur « le pur et l’impur », Jésus se retire dans la région de Tyr et Sidon, pays de païens, considérés comme des impurs par les pharisiens et les scribes. Et voilà qu’une femme s’approche de Jésus. Alors que Marc nous parle d’une syro-phénicienne, donc une étrangère, Matthieu nous parle d’une « cananéenne », et c’est intentionnel de la part de Matthieu.  Claude Tassin nous dit que « si le Judaïsme accueillait des païens convertis que l’on appelait « prosélytes », certains peuples ne pouvaient pas être admis comme prosélytes (païens convertis au judaïsme) parce que des sentiments d’antipathie, d’hostilité et de haine des ancêtres (de l’Ancien Testament) rendaient leur intégration impossible et les Cananéens faisaient partie de ces peuples à jamais exclus ». A propos de ces nations païennes, et donc des Cananéens, voici ce que nous dit Deutéronome 7,2-4 : « 2 Tu ne concluras pas d’alliance avec elles, tu ne leur feras pas grâce. 3 Tu ne contracteras pas de mariage avec elles, tu ne donneras pas ta fille à leur fils, ni ne prendras leur fille pour ton fils. 4 Car ton fils serait détourné de me suivre; il servirait d’autres dieux; et la colère de Yahvé s’enflammerait contre vous et il t’exterminerait promptement ». Et Dt 20,17-18 ajoute : « 17 … tu les dévoueras à l’anathème (c’est-à-dire « tu vas les livrer à la condamnation, à la réprobation, à la malédiction »)…ces Cananéens…ainsi que te l’a commandé Yahvé ton Dieu, 18 afin qu’ils ne vous apprennent pas à pratiquer toutes ces abominations qu’ils pratiquent envers leurs dieux (= des idoles) : vous pécheriez contre Yahvé votre Dieu! ». Ainsi les Cananéens sont tenus éloignés du peuple de Dieu parce qu’ils adorent des idoles. Sur le plan religieux, Canaan est l’ennemi d’Israël. Aujourd’hui, dans le nouvel Israël qu’est l’Eglise, il est donc impossible d’adorer à la fois le Dieu que Jésus-Christ nous enseigne et des idoles, c’est-à-dire d’autres dieux que la sainte Trinité – Père, Fils et Saint Esprit-, interdit de pratiquer en même temps deux religions, interdit d’aller à la fois à l’Eglise et au Temple. Si certains pensent tromper les responsables des paroisses, ils ne pourront jamais tromper notre Dieu qui connaît tous leurs secrets. – La Cananéenne, bien que païenne, a déjà entendu parler de Jésus car la réputation de ce dernier a franchi les frontières.

Elle crie à Jésus : « ayez pitié de moi, Fils de David ». Cette expression est une prière, c’est notre « Kyrie eleison » et reconnaître en Jésus-Christ le Fils de David, c’est reconnaître Jésus-Christ comme étant le Messie, l’envoyé de Dieu pour le salut du monde. Jésus vient de rencontrer une païenne qui a une véritable foi alors que lui-même venait d’avoir une controverse avec des Pharisiens et les scribes, des chefs religieux, qui mettaient en doute l’attitude de Jésus sur le pur et l’impur. Et nous nous trouvons devant un paradoxe étonnant : d’un côté, une païenne qui a la foi en Jésus-Christ et de l’autre, des responsables religieux, des guides religieux, qui manquent de foi en Jésus. Jésus ne répond rien à la Cananéenne lorsque celle-ci lui dit « ma fille est malmenée par un démon ». Le démon est l’ennemi de Dieu et Jésus n’intervient pas. C’est le problème que se posent les chrétiens : pourquoi Jésus ne répond à nos prières de demande ? Pourquoi n’exauce-t-il pas nos prières ? Pourquoi ne réagit-il pas devant tous ces malheurs qui existent dans le monde ? Pour aller au plus simple, il suffit de lire le livre de Job. Job est un fidèle de Dieu. Et Satan vient voir Dieu pour lui dire que Job lui est fidèle parce qu’en ce moment tout va bien pour lui : il a une belle famille, il est riche, il a une ferme et des animaux, il a une bonne santé, il a tout pour être heureux. Mais si Job voyait mourir ses enfants, sa femme, s’il voyait tous ses biens partir en fumée et qu’il s’appauvrisse, et surtout si sa propre santé allait au plus mal, est-ce que Job aurait encore la foi en Dieu ? Et Dieu permet à Satan d’agir dans la vie de Job, à la seule condition de ne pas le faire mourir. Et Job résiste à tout : il perd sa famille, tous ses biens, il est gravement malade, il a tout perdu. Mais il garde sa foi en Dieu. Et là, Dieu lui redonne tout. Comme quoi, Dieu tient compte de notre foi. Si notre foi tient bon, envers et contre tout, alors Dieu exaucera nos prières. Toutes nos prières sont entendues par le Christ et il ne les oublie jamais. Le problème vient souvent de ce que nous mettons un délai à Jésus pour exaucer nos prières et si nous voyons que dans un mois, trois mois, un an ou deux, nos prières ne sont toujours pas exaucées, alors nous nous décourageons et parfois nous abandonnons nos prières. Dieu met souvent notre foi à l’épreuve et il faut continuer à croire en Jésus Christ. Il nous entend, et s’il n’exauce pas telle ou telle de nos prières, c’est souvent parce qu’il nous propose quelque chose meilleur que ce que nous avons demandé. Et dans ce cas, pas de regret que le Christ n’ait pas exaucé telle ou telle de nos prières tel que nous l’aurions souhaité. Il le fera en temps voulu par lui et de la meilleure manière qui soit.

Voici que dit Saint-Louis Marie Grignion de Monfort dans « L’Amour de la Sagesse Eternelle » [§188] : « Il ne faut pas faire comme la plupart des personnes qui demandent à Dieu quelque grâce. Quand ils ont prié pendant quelque temps considérable, comme des années entières, et ne voient pas que Dieu exauce leurs prières, ils se découragent et ils cessent de prier, croyant que Dieu ne veut pas les exaucer; et par là ils perdent le fruit de leurs prières et ils font injure à Dieu, qui n’aime qu’à donner, et qui exauce toujours les prières bien faites, soit d’une manière, soit de l’autre. Quiconque donc veut obtenir la Sagesse (Dieu) doit la demander jour et nuit, sans se lasser et sans se rebuter. Bienheureux mille fois sera-t-il, s’il l’obtient après dix, vingt, trente années de prières, et même une heure avant [de] mourir. Et, s’il la reçoit après avoir passé toute sa vie à la rechercher et à la demander et à la mériter par toutes sortes de travaux et de croix, qu’il soit bien persuadé qu’on ne la lui donne pas par justice, comme une récompense, mais par pure miséricorde, comme une aumône.

Devant le silence de Jésus face aux cris de la Cananéenne, les disciples, agacés par ces cris, interviennent auprès de Jésus pour lui dire en quelque sorte de satisfaire à la demande de la Cananéenne, et donc de guérir sa fille afin qu’elle arrête de crier. Ce à quoi, Jésus répond : « je n’ai été envoyé qu’aux brebis de la maison d’Israël ». C’est une manière de dire qu’il ne guérira pas la fille de la Cananéenne qui ne fait pas partie du peuple de Dieu et Jésus n’est là que pour sauver le peuple choisi de Dieu.

Envoyé par son Père, Jésus ne veut faire que la volonté de son Père. Ce sont ses disciples qui seront ensuite envoyés dans le monde entier (Mt 28,19). Mais la Cananéenne revient à la charge et se prosterne devant Jésus. Le geste de prosternation est un geste d’adoration et cela signifie qu’elle reconnaît Jésus comme Dieu avec toutes les conséquences qui en découlent : n’adorer qu’un seul et unique Dieu, abandon des idoles, se mettre à la suite du Christ, aimer son prochain etc…Il s’agit d’une véritable conversion de la Cananéenne. Le Pape François (dans son livre « Amour, Service et Humilité » – P.78) nous dit : « Si nous avons déjà choisi un état de vie, réformons-le pour le meilleur. La question est en quel état de vie, ou par quelle réforme de mon état de vie, mon cœur reviendra-t-il davantage « ami de Jésus », sera-t-il plus semblable à Lui, plus pauvre, plus humble et plus serviable? Dans quel état de vie, ou par quelle réforme dans mon état de vie, l’amour de Jésus prendra-t-il définitivement racine en moi? » Et dans son autre livre (« Les tâches de la famille chrétienne » – P.17), il ajoute : « Il faut une conversion continuelle, permanente, qui, tout en exigeant de se détacher intérieurement de tout mal et d’adhérer au bien dans sa plénitude, se traduit concrètement en une démarche conduisant toujours plus loin…en une dynamique qui va peu à peu de l’avant, grâce à l’intégration progressive des dons de Dieu et des exigences de son amour … dans toute la vie personnelle et sociale de l’homme. C’est pourquoi un cheminement pédagogique de croissance est nécessaire » – il faut donc se former sur le mystère du Christ et de l’Eglise pour être capable d’intégrer les dons de Dieu et connaître les exigences de son amour dans notre vie personnelle et sociale, et les formations SEDIFOP sont bon moyen de se former – « pour que les fidèles, les familles …à partir de ce qu’ils ont déjà reçu du mystère du Christ, soient patiemment conduits plus loin, jusqu’à une conscience plus riche et à une intégration plus pleine de ce mystère dans leur vie ».

N’hésitez pas à vous faire inscrire au SEDIFOP si vous désirez mieux comprendre votre religion et pouvoir avancer. C’est Saint Augustin qui dit : « Il faut comprendre pour croire et croire pour comprendre ». La Cananéenne s’étant prosternée devant Jésus lui crie, presque de désespoir: « Seigneur, viens à mon secours ». Cela aussi est une prière chrétienne, et sans doute chacun de nous l’a crié aussi au Christ, tout comme le « ayez pitié de nous ». Une païenne qui dit des prières chrétiennes et qui croit en Jésus-Christ. La réponse de Jésus nous semble dur à entendre : « Il ne sied pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens », autrement dit « Jésus doit s’employer au salut des Juifs, « enfants » de Dieu et des promesses, avant de s’occuper des païens, qui n’étaient, aux yeux des Juifs de l’époque, que des « chiens ». Mais c’est sans doute aussi une épreuve donnée à la Cananéenne comme Dieu en a fait à Job ou encore à Abraham dans le sacrifice d’Isaac, son fils unique. Et la Cananéenne va jusqu’au bout de sa foi, elle ne fait pas semblant : « Oui, Seigneur! dit-elle, et justement les petits chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ». Non seulement elle appelle Jésus « Seigneur » pour la troisième fois, après l’avoir reconnu comme « Fils de David », ce qui signifie qu’elle le reconnaît comme le vrai Dieu, mais encore elle confesse sa soumission à l’histoire sainte qui effectivement fait du peuple d’Israël, le peuple choisi de Dieu. L’expression « petits chiens » employée par Jésus, au lieu de « chiens » employé par les Juifs, montre la délicatesse et la douceur avec laquelle Jésus traite les païens. Et Jésus, après avoir mis à l’épreuve la foi exemplaire de la païenne explose de joie : « Ô femme, grande est ta foi! ». La foi est un mouvement de confiance et d’abandon par lequel l’homme ou la femme renonce à compter sur ses propres pensées et sur ses propres forces, pour s’en remettre à la parole et à la puissance de Jésus. Devant une telle foi, Jésus ne peut rester insensible et il agit immédiatement : « Qu’il t’advienne selon ton désir!  Et de ce moment sa fille fut guérie ». La foi sauve, elle sauve même les païens qui croient en Jésus et qui vont cheminer vers Jésus. La Cananéenne est un exemple de foi pour les disciples de Jésus qui découvrent par la même occasion que n’importe qui, sans exception aucune, peut être sauvé. C’est pourquoi, à notre tour, nous devons comprendre que le racisme n’a pas sa place chez le chrétien : Juifs, Musulmans, Blancs ou Noirs, (Malabars et Chinois aussi !), tous peuvent être sauvés par le Christ, de même que tous les criminels du monde, eux aussi à l’exemple du bon larron sur la croix, peuvent être sauvés. Que Marie nous aide à nous unir à l’Amour qu’est le Christ, qu’elle nous aide à aimer le monde, sans exception et à ne rejeter personne.




19ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 14, 22-33) – Francis COUSIN)

« N’ayez pas peur, c’est moi ! »

 

« Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins – oracle du Seigneur. » (Is 55,8).

Tout au long du passage de l’évangile de ce jour, cette phrase sera en arrière-fond de l’incompréhension entre les apôtres et Jésus.

Au début, tout allait bien. Les apôtres avaient distribué les pains et les poissons, et il en était resté. Tout le monde était content et satisfait, la foule, les apôtres et Jésus ; mais pas pour les mêmes raisons. La foule parce qu’elle était repue par l’enseignement de Jésus et par le repas, les apôtres parce qu’ils étaient fiers d’avoir participé activement au miracle de Jésus, et Jésus parce qu’il avait pu montrer son amour pour les petits.

C’est après que cela se gâte : la foule veut le faire roi d’Israël. Les apôtres sont contents, ils se voient déjà ministres ou avec des responsabilités. C’est la liesse !

Mais ce n’est pas ce que Jésus veut ! Il envoie, ou plutôt il « obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. »

La tête des apôtres ! D’un seul coup, les rêves disparaissent, ils se sentent trahis, ou au moins incompris. Ils auraient bien voulu saluer les gens à qui ils avaient donné du pain, histoire de montrer que c’est un peu grâce à eux qu’ils avaient eu à manger, de faire un peu les bravaches ! … Ils obéissent, mais ils l’ont mauvaise : c’est le crépuscule, l’arrivée des ténèbres, et partir sur la mer de Galilée, dans le royaume du mal, du démon, de la mort … et la nuit … C’est pas vraiment la joie !

Quant à Jésus, il renvoie la foule, tout seul, puis il monte sur la montagne, pour prier, se mettre en relation avec son Père, seul en sa présence. Moment de paix pour lui. Moment d’amour partagé, dans une immense confiance …

Toute la nuit s’écoule : Jésus dans la prière, les apôtres dans la barque, … et dans la tempête qui a levé. Le vent est contraire, ils ont dû affaler la voile, prendre les rames … Ils doivent en vouloir à Jésus de les avoir mis dans cette situation. La confiance disparaît … ils n’avancent pas, … et peu à peu, la peur s’installe en eux …

Vers la fin de la nuit, quand le jour commence à poindre, Jésus, soleil levant, se dirige vers eux, mais en marchant sur la mer agitée. Quand il approche de la barque, entre deux vagues, entouré de gouttelettes d’eau, les apôtres sont tellement fatigués et apeurés qu’ils crient, ils pensent voir un fantôme. C’est la panique totale …

Ils ne l’ont pas reconnu ! Et pourtant il était dans leurs pensées. Et même sans doute sentaient-ils le besoin de sa présence, de manière confuse … Mais c’était tellement irrationnel qu’ils ne pouvaient pas le reconnaître …

Alors Jésus leur dit : « Confiance, c’est moi ( εγω ειμι, Je suis ), n’ayez plus peur. »

Pierre regarde Jésus : « Ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. ». Jésus le fit, et Pierre, continuant de regarder Jésus, descendit de la barque et alla vers lui … jusqu’à ce qu’il se rendit compte de l’irrationalité de ce qu’il faisait : il quitta le regard de Jésus … Il se regarda lui-même, ses pieds, l’eau, le vent … et s’enfonça dans l’eau. Pris de panique, il regarde Jésus : « Sauve-moi ! ».

Jésus étendit la main, le saisit. « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »

Quand Jésus et Pierre entrent dans la barque, la sérénité revient entre les hommes, la confiance en Jésus revient, la tempête entre le chemin des hommes et de Jésus disparaît … et la tempête sur la mer aussi.

« Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon. » (Is 55,7)

Combien de fois sommes-nous comme les apôtres à rester accrochés à nos pensées humaines, à ne pas nous ouvrir aux pensées de Dieu ? À laisser des incompréhensions entre Dieu et les hommes ?

Trop souvent sans doute ! Et à chaque fois la cause est la même : l’éloignement entre nous et Dieu, éloignement physique, mais surtout éloignement dans nos cœurs. Et c’est toujours nous l’auteur, car Dieu ne s’éloigne jamais de nous. Il est toujours près de nous …

« Qui nous séparera de l’amour du Christ ? … Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. » (Rm 8,35.39)

Seigneur Jésus,

nous t’aimons, et nous voulons

que tu sois toujours près de nous,

mais bien souvent,

c’est nous qui nous éloignons de toi,

et nous pensons que tu nous en veux

car nous ne comprenons pas que

tes chemins ne sont pas nos chemins.

 

Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Prière dim ordinaire A 19°




18ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Père Rodolphe EMARD (Mt 14,13-21)

Le récit de la multiplication des pains est un récit que nous connaissons bien dans les Évangiles. Il nous est raconté pas moins de six fois : deux fois dans l’Évangile de Marc, une fois dans celui de Luc et une fois dans celui de Jean.

Dans l’Évangile de Matthieu, ce récit est relaté deux fois, au chapitre XIV puis à nouveau au chapitre XV. Ce dimanche, nous nous référons à la péricope tirée du chapitre XIV. Que nous apprend ce récit ? Je souhaiterais vous partager trois points :

  • Ce récit nous révèle que Dieu fait grâce

Par ses gestes, ses paroles, ses guérisons, ses miracles, Jésus nous a révélé le vrai visage de Dieu. Il nous a montré que Dieu n’est pas un être lointain et inaccessible. Bien au contraire, non seulement Dieu se fait proche et il se laisse trouver.

De même, Jésus nous a montré que Dieu n’est pas un tyran insensible à la souffrance humaine. Dieu est amour et miséricordieux et il est plein de compassion pour l’humanité.

Notre récit en est une parfaite illustration. Saint Matthieu nous révèle que Jésus fut pris de compassion envers cette « grande foule de gens » qui se présentait à lui et il « guérit [des] malades ».

La compassion de Jésus le conduit, non seulement, à manifester son identité et sa puissance divines, mais également, à rassasier la foule venue pour l’entendre : « environ cinq mille hommes ». Ce que nous devons conclure de ce premier point, c’est que le don de Dieu est abondant et gratuit pour les hommes et que personne n’en est exclue.

  • Ce récit fait écho à l’Eucharistie

Ce récit nous montre que Jésus se donne à nous sans compter. Dans l’Évangile, nous voyons les différentes manières dont il prend soin de la foule : il l’enveloppe de sa compassion, il guérit les malades, il enseigne et il ne néglige pas le besoin de nourriture.

À l’évidence la multiplication des pains annonce l’Eucharistie et ses futurs ministres. Nous retrouvons des termes de la consécration : « Il prit les cinq pains (…) et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ; il rompit les pains, il les donna aux disciples ».

Ce récit nous rappelle que le Christ se donne véritablement dans l’Eucharistie, dans sa Parole et son pain de Vie. En communiant au pain consacré, nous recevons la totalité du Christ, vrai Dieu et vrai homme, son corps, son âme, son esprit et sa divinité. C’est toute la personne du Christ ressuscité que nous recevons dans la foi.

Ce temps de vacances est propice pour mieux réfléchir sur notre rapport à l’Eucharistie ? Croyons-nous-en sa force pour notre route quotidienne ? Prenons-nous conscience que toute la compassion du Christ nous est donnée à chaque messe que nous célébrons ? Pourquoi nous priver d’un tel trésor ?

En bref, frères et sœurs : Dieu nous fait grâce et sa grâce est incomparable dans l’Eucharistie. Dieu se fait proche et sa proximité est immense dans l’Eucharistie. Encore faut-il nous ouvrir aux appels du Christ… Cela me permet d’aborder mon troisième point.

  • Ce récit nous révèle que Jésus compte sur nous

Dieu se donne à nous mais il compte aussi sur nous pour le transmettre aux hommes. Nous pouvons parfois sous-estimer ce fait. Oui Jésus compte sur nous !

Comme les disciples, nous sommes bien souvent tentés d’esquiver les problèmes ou les personnes qui causent ces problèmes : « L’endroit est désert et l’heure est déjà avancée. Renvoie donc la foule : qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la nourriture ! » Mais la réponse du Maître est tout autre : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger. »

Jésus compte sur nos propres apports ! Cinq pains et deux poissons que s’empressent de récupérer les disciples : un faible apport, presque ridicule mais Jésus partira de cet apport pour procéder à la multiplication et ainsi rassasier la foule.

Nous pouvons retenir deux leçons :

  • Jésus ne privilégie pas la quantité mais la qualité de notre apport : « Apportez-les moi. »

  • Personne ne peut dire, je n’ai rien à apporter dans la Vigne du Seigneur ! Aussi humble que soit notre apport, s’il est sincère, il compte pour le Christ.

À la finale de l’Évangile, Matthieu précise qu’on ramassa douze paniers des morceaux qu’il restait. Ce chiffre douze est symbolique. Il renvoie aux douze Apôtres sur lesquels Jésus s’est appuyé pour bâtir son Église. Nous sommes les membres de son Église par la grâce de notre Baptême et de notre Confirmation. Nous avons à la suite des Apôtres à annoncer le Christ Ressuscité, l’unique Sauveur du monde. Ne négligeons pas notre appartenance à l’Église catholique et apostolique.

***********************

Pour conclure frères et sœurs, demandons au Seigneur de pouvoir mieux l’accueillir dans nos vies pour mieux le donner aux autres. Et qu’il nous donne de persévérer face à l’épreuve. Saint Paul dans la deuxième lecture nous rappelle que « rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. »

Et certaines réalités évoquées par l’Apôtre ne nous laissent pas indifférents suite à cette pandémie du Covid-19 qui a perturbé notre monde : « La détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? » Non, rien de tout cela ! Ayons foi frères et sœurs que rien ne peut « nous séparer de l’amour du Christ ». Qu’il nous donne sa force, sa grâce et sa paix !

Père Rodolphe Emard.




18ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 14, 13-21) – Francis COUSIN)

« Donnez-leur vous-mêmes à manger. »

 

Ne nous arrive-t-il souvent, dans nos prières ou dans nos conversations, de dire à Dieu : « Dieu, tu devrais faire ceci ! » ou bien « Si Dieu existait, il aurait fait cela et tout le monde aurait été content ! » ou encore : « Tu vois notre situation avec le Covid-19, que ce soit sanitaire ou économique. Et c’est toujours les petits qui trinquent ! fais quelque chose pour nous ! ».

C’est une situation courante : dès qu’on a un problème qui nous semble insoluble, on demande à Dieu de nous venir en aide.

C’est ce qui est arrivé aux apôtres, devant la foule qui était assemblée autour de Jésus pour l’écouter ou pour attendre une guérison, et voyant la fin du jour arriver, ils se tournent vers Jésus pour lui dire : « L’endroit est désert et l’heure est déjà avancée. Renvoie donc la foule : qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la nourriture ! ».

La réponse de Jésus peut sembler surprenante : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. », ce qui pourrait vouloir dire « Débrouiller-vous ! ». Mais ce n’est pas du tout le cas.

En effet, comment Jésus aurait-il pu laisser tous ces gens sans se préoccuper d’eux ?

C’est ce qu’il faisait déjà depuis qu’il avait débarqué en les voyant tous, arrivés là sans rien prévoir, partis sur un coup de tête, ou plutôt un coup de cœur, avec femmes et enfants, pour écouter ’’le maître’’ : « Il fut saisi de compassion envers eux et guérit leurs malades. ».

À l’amour débordant de Jésus envers tous ces gens répond l’attente de ceux-ci pour son enseignement : l’écouter parler de la miséricorde de Dieu qui doit se traduire en une miséricorde entre tous les hommes, le voir guérir les plus petits, ceux que l’on néglige, les malheureux, les malades, les impotents … et louer Dieu pour ses bienfaits.

« Donnez-leur vous-mêmes à manger. »

« Oui ! Mais comment ? On n’a rien, ou presque : juste « cinq pains et deux poissons ! », c’est complétement dérisoire pour une foule comme celle-ci ! Même pour nous, cela n’est pas suffisant ! ».

C’est peu, c’est sûr, mais il y a déjà une démarche des apôtres qui va dans le bon sens : comme le disait La Fontaine dans le chartier embourbé : « Aide-toi, le Ciel t’aidera ! ».

Car c’est à partir de ce petit peu que Jésus va pouvoir accomplir le miracle de nourrir tout le monde … et de récupérer douze paniers de restes. Il se tourne vers son Père, prononce la bénédiction, rompt les pains, les donne aux apôtres pour qu’ils les distribuent à la foule. Il fera de même lors de la dernière cène …

Jésus prend soin de la foule, il la nourrit gratuitement … de la nourriture terrestre … mais aussi et surtout de la nourriture spirituelle … comme il le fait encore maintenant à chaque messe.

            C’est là qu’on peut comprendre le discours d’Isaïe : « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent, sans rien payer. Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses, vous vous régalerez de viandes savoureuses ! Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez. » (Is 55,1-3).

Écouter l’enseignement de Jésus, comme le fit la foule. Écouter l’enseignement de Jésus, comme nous devons le faire, pas distraitement, mais avec attention … et le mettre en pratique …

Écoutons la Parole de Dieu, communions au pain de vie, laissons-nous envahir par l’amour de Dieu, toutes choses qu’il nous donne gratuitement … pour que nous allions vivre de l’amour de Dieu et devenions des témoins de son amour pour tous les hommes.

« Donnez-leur vous-mêmes à manger. »

C’est ce que Dieu continue de dire à chacun de nous : donnez à ceux qui ont faim … du pain, de l’amour, de la reconnaissance, de l’espoir, de l’attention …

On ne s’en sent pas capable ? Il suffit de peu … ne serait-ce que la volonté de le faire ! Le reste, c’est l’affaire de Dieu …avec nous …

Seigneur Jésus,

puissions-nous être comme cette foule

qui quitte toutes ses occupations

et marche longtemps

pour aller t’écouter !

Tu l’as nourrie de ta Parole

et lui as donné à manger,

gratuitement !

Et que nous puissions rassasier

toutes les faims des hommes …

avec ton aide !

 

Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Prière dim ordinaire A 18°