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18ième dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

 Multiplication des pains

Mt 14, 13-21

 « Jésus partit en barque en un endroit désert ». C’est par ces mots que débute l’Evangile que nous venons d’écouter. Jésus vient d’apprendre la décapitation de Jean-Baptiste. Il a besoin de prendre du large et surtout il a besoin d’être seul, de se retirer un moment du monde, de se retrouver face à lui-même pour faire le point et de dialoguer dans l’intimité de son Père.

Il part en barque, traverse le lac : il sera tranquille de l’autre côté, loin de cette foule qui l’entoure de toutes parts et qui l’assaille sans cesse de cris, de demandes de guérisons, de prières diverses. Or, quand il débarque sur la rive : la foule est là, déjà là. Elle est là, car elle a faim. Remarquez qu’elle ne réclame pas de pain. Elle a faim de son enseignement, elle a faim de lui. En elle, s’est levé une grande espérance, et puis, il faut bien le dire aussi, elle voit en lui un faiseur de miracles, un magicien différent des autres.

Combien de fois, nous-mêmes, n’avons-nous pas fait cette demande vers le Christ, non pas pour écouter sa parole, pas même pour bénéficier de sa grâce, mais pour demander, quêter, tendre la main pour satisfaire ou résoudre des situations purement humaines, qui n’ont pas grand-chose à voir avec le Royaume de Dieu.

Et Jésus, cependant, a compassion de cette foule. On dit qu’il fut « saisi de pitié ». « Pris aux entrailles » serait la vraie traduction. Et le voilà qui se remet à guérir, qui parle et on l’écoute.

Mais bientôt, le soir vient. La foule est toujours là, en attente d’autre chose certainement. Pourquoi, autrement serait-elle encore autour de lui ? Mais vous connaissez tous, la suite, ce fameux texte de la multiplication des pains : raconté six fois dans les Évangiles tant il avait frappé les apôtres, par la matérialité des faits, mais aussi et surtout par le signe qu’elle donnait à l’Eglise.

– Trop souvent nous n’avons retenu que le côté miraculeux, le côté extraordinaire, le merveilleux. Nous cherchons seulement  » comment  » il a pu faire, alors que nous devrions d’abord nous demander « pourquoi  » il l’a fait ce miracle et sa véritable signification.

– Ne voir dans les miracles de la Bible, dans ceux de Jésus que des évènements extraordinaires qui relèvent de la magie, c’est cacher le message. Dans chaque miracle : Jésus fait signe, il nous fait signe, il veut nous dire quelque chose.

Chaque miracle est un message de Dieu, un message que nous devons décrypter, déchiffrer, comprendre. Nous ne devons pas chercher « comment » cela s’est réalisé, comment cela fut matériellement possible, mais pourquoi il a fait ce miracle, découvrir le sens religieux qui se cache derrière le miracle lui-même.

Qu’est-ce-que Jésus veut nous dire par ce miracle ? Il veut d’abord faire le lien entre le Dieu de l’Ancien Testament et lui-même.

Rappelez-vous la manne, ce pain du désert avec lequel Dieu nourrissait son peuple. Il veut donner ce jour-là, un signe semblable à celui de Moïse : Jésus accomplit la loi du Sinaï. Il continue à nourrir son peuple. Il va lui donner un autre pain à manger : il le leur dira le lendemain à la Synagogue de Capharnaüm.

Mais la situation, ne l’oublions pas, est urgente : le soir venu, la foule est toujours là et ce sont les disciples qui pressent Jésus d’agir : « Renvoie donc cette foule. Qu’ils aillent dans des villages s’acheter à manger ! » et la réponse de Jésus est stupéfiante : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger. »

Voilà que Jésus institue l’Église, dispensatrice du don de Dieu, les disciples distributeurs de la grâce de Dieu qui s’en remet aux hommes et qui leur donne une mission : « Donnez-leur à manger », l’Eglise qui reçoit la mission redoutable d’apaiser la faim et la soif des hommes !

Dieu ne veut pas et ne peut pas travailler en ce monde sans l’Eglise, sans les hommes. Il ne veut pas de subventions et d’assistanat à sens unique : il faut que l’homme apporte sa part et lui, il multipliera.

Ce n’est pas respecter quelqu’un, que de lui donner quelque chose, alors que, lui, n’a rien fait pour le mériter, pour apporter son concours. Alors, ils lui disent : « Nous n’avons là que cinq pains et deux poissons».

C’est vrai, nous n’avons pas grand-chose à offrir. Pauvreté de l’Église pour convaincre le monde de l’amour de Dieu, pauvreté par rapport aux moyens dont disposent les promoteurs de valeurs matérielles !

En fait, nous ne sommes pas de taille pour lutter contre toute cette publicité qui déforme actuellement l’échelle des valeurs de notre société.

Cinq pains, deux poissons ! Nous n’avons pas les moyens de faire face. C’est dérisoire. Mais Dieu a besoin des hommes, il en a besoin parce qu’il les respecte et qu’il les aime et qu’il ne veut pas en faire des assistés. Jésus aurait pu se passer totalement de ces pauvres cinq pains de famine. Mais Dieu, Jésus, veut avoir besoin de moi, de chacun d’entre nous.

– « Il prit les cinq pains et les 2 poissons et levant les yeux au ciel,

il prononça la bénédiction, il rompit les pains et les donna aux disciples ».

Ces mots-là ne vous rappellent rien ? Ces gestes-là ne vous disent rien ? Ce sont les mêmes que ceux qui serviront à décrire la Cène, le Jeudi Saint, au moment d’instituer la Sainte Eucharistie : « Levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction, il rompit le pain et donna aux disciples ».

La multiplication des pains n’est que le signe avant-coureur du sacrement de l’Eucharistie. Le lendemain de ce jour, à la synagogue de Capharnaüm, il déclarera :

« Vos pères ont mangé la manne au désert et aujourd’hui, vous êtes ici, parce que hier, vous avez mangé du pain. Mais le pain que Dieu donne, c’est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde ».

Jésus leur déclara : « Je suis le pain de vie, celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ! ». « Il donna le pain aux disciples et les disciples les donnèrent à la foule », comme tout à l’heure à la communion, le prêtre et ses délégués vous donneront le pain de vie.

Cette multiplication des pains est déjà une véritable liturgie, annonciatrice de nos messes, et le rôle du prêtre à la messe n’est autre que celui des apôtres qui faisaient passer, de personne en personne, la nourriture de Dieu.

 

Le pape Jean Paul II, dans son message au Congrès International Eucharistique de Lourdes, rappelle le rôle sacré des prêtres : « Les prêtres, ayant reçu le Sacrement de l’Ordre, assument, au milieu des peuples des baptisés, la place du Christ, tête de son Eglise : leur ministère sacré est indispensable pour signifier que la ‘’fraction du pain réalisée par eux est un don reçu du Christ qui dépasse radicalement le pouvoir de l’assemblée’’ » et ce pain est donné à profusion.

 

 

« Des morceaux qui restaient, on ramassa douze paniers pleins ». Les dons de Dieu ne sont pas mesurés : sa grâce est toujours surabondante, tout comme à Cana où il y avait six cent litres de vin. Douze paniers, comme les douze apôtres, ces douze paniers dans lesquels nous puisons encore aujourd’hui en les distribuant à la foule : cette nourriture demeure pour ceux qui sont appelés à partager le même repas dans l’aujourd’hui de l’Eglise. Chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie, nous puisons, en quelque sorte dans les douze paniers qui furent confiés, ce soir-là, aux douze apôtres.

« Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur ».

Pain rompu pour un monde nouveau. AMEN




17ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN

1Rois 3 5, 7–12 ; Romains 8 28–30 ; Matthieu 13 44–52

Nous avons aujourd’hui trois paraboles qui vont nous donner une approche de ce qu’est le Royaume des Cieux. Mais déjà nous pouvons dire que rien n’est réellement comparable au Royaume des Cieux. Matthieu est obligé de prendre des exemples tirés de la vie terrestre que tous connaissent pour essayer de nous donner un aperçu de ce qu’est ce Royaume. Et les exemples pris sont ceux qui pourraient intéresser le maximum de personnes car on parle de trésor caché, de négociant en quête de perles fines et de filet de pécheurs capable de ramener toutes sortes de choses.

 « Le Royaume des Cieux est semblable à un trésor qui était caché dans un champ et qu’un homme vient à trouver : il le recache, s’en va ravi de joie vendre tout ce qu’il possède, et achète ce champ ». Au temps de Jésus, il n’y avait pas encore de coffre-fort pour y mettre un trésor. On le cachait donc dans la terre. Et voilà un homme qui trouve un trésor caché dans un champ, et ce trésor caché ressemble au Royaume des Cieux que nous ne pouvons voir mais que nous recherchons tous. Matthieu parle de « Royaume des Cieux » tout simplement parce qu’il est Juif et par conséquent il n’ose pas employer le mot « Dieu » qui est transcendant, mais c’est bien du Royaume de Dieu qu’il parle.  On ne dit pas si l’homme cherchait ce trésor depuis longtemps ou si c’est par hasard qu’il le trouve. Certains vont prendre toute leur vie pour chercher le Royaume de Dieu et d’autres, par la grâce de Dieu, vont le trouver bien plus facilement, dès leur plus jeune âge. Bon nombre de saints ou de saintes ont connu le Royaume de Dieu très tôt, d’autres comme Saint Paul le découvrent par miracle de Dieu, et d’autres devront le chercher encore jusqu’à la fin de leur vie.

Mais voir le Royaume de Dieu ne dépend pas du temps ou de la durée de vie, mais plutôt de certaines attitudes évoquées dans les Béatitudes. Mt 5,3 : « Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car le Royaume des Cieux est à eux » ; Mt 5,8 : « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » ; Mt 5,10 : « Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux ». Le trésor caché et trouvé, l’homme aurait pu tout simplement le voler, mais il ne l’a pas fait et a préféré vendre tout ce qu’il possède pour acheter le champ. Cet homme apparaît comme quelqu’un d’honnête, qui fait les choses en respectant la loi. Et s’il agit ainsi, c’est non seulement parce que ce trésor a beaucoup de valeur pour lui, mais parce qu’il est « ravi » de pouvoir posséder ce trésor. Ce n’est plus alors une simple question d’intérêt pécuniaire, mais surtout il a une joie immense d’avoir bientôt ce trésor. C’est cette joie qui devient le motif principal de son intérêt pour ce trésor.  Ceux qui consacrent leur vie à Dieu, tels que tous ceux qui ont reçu le sacrement de l’ordre, prêtres, évêques, Pape et tous les religieux et religieuses, ont tout donné ou tout quitté pour être à Dieu. Dieu a, pour eux, bien plus de valeur que tous les biens de la terre. Ils ont tout quitté pour Lui seul. Et parmi eux, il y a de tout : des illettrés, des pauvres, des gens très intelligents et même un ancien Trader (qui travaillait à la Bourse où l’on peut gagner des millions d’Euros ou de dollars en une seule transaction), des médecins, des philosophes, des penseurs, des enseignants, des infirmiers ou infirmières, certains prêtres ayant même trois doctorats. Ils auraient donc pu gagner facilement leur vie s’ils le voulaient, avoir une famille et des enfants, mais la joie de la découverte du Royaume de Dieu a été bien plus forte. Ils ont tout quitté pour Dieu.

« Le Royaume des Cieux est encore semblable à un négociant en quête de perles fines : 46 en ayant trouvé une de grand prix, il s’en est allé vendre tout ce qu’il possédait et il l’a achetée ». Le point commun avec la première parabole est le fait que dans les deux cas, les deux personnes ont tout vendu pour acquérir soit le champ dans lequel se trouve le trésor, soit les perles fines. Il fallait tout vendre pour acquérir ce qu’ils voulaient. Autrement dit, il ne faut pas s’attacher à tout ce que l’on possède et même se déposséder de tout…pour avoir ce qui est semblable au Royaume des Cieux. Ne pas avoir de biens, ne pas s’attacher aux biens matériels, se déposséder semblent être la condition nécessaire pour avoir le Royaume de Dieu. Le Ps 61,11nous dit : « Si vous amassez des richesses, n’y mettez pas votre cœur ». Et dans les deux cas, l’un et l’autre n’ont pas hésité un seul instant à tout vendre afin d’acheter ce qui est semblable au Royaume des Cieux. C’est une occasion à saisir immédiatement, et le temps presse, il faut agir vite car suite à la vente de tout ce qu’on possède, l’achat du champ ou des perles fines suivent immédiatement, presque sans réfléchir, juste après avoir trouvé ou le trésor ou les perles fines. Si on parle, comme ces deux chanceux, en termes d’intérêts, on peut dire que l’on gagne au change à posséder le Royaume plutôt qu’à garder tout ce qu’on possède. Et c’est là que les saints arrivent, par leur propre expérience de vie, à parler de détachement et de désencombrement, mais eux ne parlent plus en terme d’intérêts mais en termes d’amour, de vertus et d’humilité. Et bien plus que nos biens matériels, il faut surtout se désencombrer de bien d’autres choses.

Sainte Thérèse d’Avila par exemple nous parle du « point d’honneur » auquel chacun de nous est attaché. Elle nous dit (Chemin de la Perfection P. 97-98) : « Là où règne le point d’honneur et l’amour des biens temporels, il n’y a point de détachement. Surveillez attentivement vos mouvements intérieurs, surtout ceux qui concernent les prééminences (c’est-à-dire la supériorité de rang, de dignité, de droit, de degré). Que le Seigneur nous préserve par sa douloureuse Passion de nous arrêter à toute pensée ou parole comme les suivantes: Je suis plus ancienne en religion, je suis plus âgée, j’ai travaillé davantage, on a plus d’égards pour telle soeur (ou tel frère) que pour moi. Il faut résister à ces pensées, dès qu’elles se présentent; si vous vous y arrêtez, si vous venez à en parler, c’est une peste, et la source de grands maux…Une âme parfaite peut pratiquer partout le détachement et l’humilité”. Saint Louis Marie Grignion de Monfort (Traité de la vraie devotion à Marie) nous dit : “Quand Dieu met dans …notre âme, gâtée par le péché originel et actuel… ses grâces et rosées célestes … ses dons sont ordinairement gâtés et souillés par le mauvais levain et le mauvais fond que le péché a laissés en nous; …. Il est donc d’une très grande importance, pour acquérir la perfection, qui ne s’acquiert que par l’union à Jésus-Christ, de nous vider de ce qu’il y a de mauvais en nous ». Et Grignion de Monfort nous dit : 1 – Pour nous vider de nous-mêmes, il faut, premièrement, bien connaître, par la lumière du Saint-Esprit, notre mauvais fond, notre incapacité à tout bien utile au salut, notre faiblesse en toutes choses, notre inconstance en tout temps, notre indignité de toute grâce, et notre iniquité en tout lieu. 2 – Il faut tous les jours mourir à nous-mêmes: c’est-à-dire qu’il faut renoncer aux opérations de puissances de notre âme et des sens du corps, …ce que saint Paul appelle mourir tous les jours…Si nous ne mourons pas à nous-mêmes, et si nos dévotions les plus saintes ne nous portent à cette mort nécessaire et féconde, nous ne porterons point de fruit qui vaille, et nos dévotions nous deviendront inutiles, toutes nos justices seront souillées par notre amour-propre et notre propre volonté, ce qui fera que Dieu aura en abomination les plus grands sacrifices et les meilleures actions que nous puissions faire ».

« En toutes circonstances et dans tous les états de vie, dans les dévotions privées comme dans la liturgie, il y a une attitude d’âme qui s’impose à qui veut arriver au sommet…Quelle que soit la montagne de votre vie, il y a une manière d’en faire l’ascension par les chemins à pic… » (Introduction des Œuvres complètes de Saint Jean de la Croix – P.10). Dans son livre « la Montée du Mont Carmel », Saint Jean de la Croix montre (P.12) « le travail personnel de dépouillement fourni, avec l’aide de la grâce, par l’âme en marche vers Dieu, travail personnel qui, sur terre, ne cessera jamais ». (P.13) : « Le principe du détachement absolu …vaut pour tous les chrétiens, de quelque époque qu’ils soient et à quelque milieu qu’ils appartiennent ». – Dans la première parabole, l’homme qui a trouvé le trésor caché dans un champ vend tout pour acheter le champ, et dans la deuxième, le négociant vent tout et achète les perles fines. Mais le Royaume de Dieu, on ne peut pas l’acheter ou le posséder. Le Royaume des Cieux, ce n’est ni le trésor caché dans le champ, ni les perles fines. Le Royaume de Dieu est bien plus important que des objets, même de grande valeur. Alphonse Maillot (« Paraboles de Jésus » – P.65) nous dit : « Le Royaume n’est pas une chose morte « qu’on peut prendre ou laisser, qu’on peut posséder ou abandonner, qu’on peut gagner ou perdre, comme n’importe quoi…Le Royaume n’est pas une « chose », il implique l’homme et pas seulement l’homme qui a trouvé mais qui cherche. Il en fait un homme du Royaume ».

Et effectivement les paraboles parlent de personnes qui ont trouvé et qui s’impliquent, s’engagent pour arriver au but. C’est ce que nous montre la troisième parabole où les pécheurs lancent leur filet, puis le tirent sur le rivage où ils s’assoient et recueillent ce qu’il y a de bon, rejettent ce qui ne vaut rien. Nous sommes ces pécheurs et nous devons trier ce qui est bon en nous pour les garder et les perfectionner, et rejeter ce qui est mauvais. Le royaume de Dieu est déjà sur terre. Il concerne ceux qui agissent sans cesse pour arriver au but et être comme cet homme qui a trouvé, qui ensuite va tout quitter pour atteindre le but de son désir ; comme ce négociant qui pareillement a trouvé des perles fines et fait tout pour les avoir ; comme ces pécheurs qui ont ramené toutes sortes de choses dans leur filet et en font le tri. Ils sont tous dans l’action et en agissant ainsi, nous sommes déjà des hommes du Royaume. Car nous dit 1Co 4,20 : « Le Royaume de Dieu ne consiste pas en paroles mais en action », c’est-à-dire des réalisations en nous de la puissance de l’Esprit Saint et qui devront se manifester d’abord par des actes qui témoignent de notre conversion véritable. Le Royaume est comparé à une « attitude dynamique de découverte de valeur et de joie, de recherche et de trouvaille, de vente et d’achat » (Bernadette Escaffre). Et cela, c’est l’affaire de tous et de chacun et particulièrement des chrétiens qui ont encore en eux et par la grâce de Dieu, le souffle vivifiant de la foi et l’amour. Que Marie nous aide à chercher, à trouver, à atteindre ce que nous désirons et qui est à la portée de tous : le Royaume de Dieu.




17ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 13, 44-52) – Francis COUSIN)

« Dans sa joie,

il va vendre tout ce qu’il possède … »

 

Nous terminons aujourd’hui ce chapitre de Matthieu sur les paraboles concernant le Royaume des Cieux avec trois paraboles : une qui nous rappelle celle de dimanche dernier avec le bon grain et l’ivraie, la troisième, et deux autres au début, très courtes et qui se ressemblent.

Dans les deux cas, une personne découvre de manière impromptue quelque chose à laquelle il ne s’attendait pas, qui a pour lui une grande valeur. Dans le premier cas, un trésor enfoui dans un champ, dans le second une perle de grande valeur. Et la réaction de chacun est la même : « vendre tout ce qu’il possède » et acheter le champ ou la perle.

Notre première réaction risque certainement d’être : « Il est fou ! Vendre tout … pour un trésor ou une perle de grande valeur, d’accord … si on récupère largement ce qu’on a vendu ! Mais pour le Royaume de Cieux … C’est risqué ! C’est énorme ! On risque d’obérer toute sa vie sur un coup de tête … sans compter la famille, les enfants … ce qu’en pensent les voisins … ».

Oui, mais il s’agit du Royaume des Cieux ! Et ce trésor qui est caché, il est à la portée de tout le monde. Mais on ne le voit pas … avec nos yeux humains !

Il faut que ce soit Dieu qui nous ouvre les yeux pour que nous le découvrions. Et nous pouvons tous le découvrir, parce que, même découvert, il est toujours là. Ce n’est pas comme le trésor de La Buse (s’il existe) !

Alors on peut se poser la question : ai-je découvert ce trésor ?

Une manière de le savoir nous est donnée par le texte de l’évangile : « Dans sa joie … »

Est-ce que la Parole de Dieu, la Parole de Jésus, me met dans la joie ? Est-ce que je suis heureux de suivre l’évangile, comme le dit le psaume : « Mon partage, Seigneur, je l’ai dit, c’est d’observer tes paroles. Mon bonheur, c’est la loi de ta bouche, plus qu’un monceau d’or ou d’argent. » ?

Ou encore : « Déchiffrer ta parole illumine, et les simples comprennent. » : La Parole de Dieu, déchiffrée avec l’aide de l’Esprit Saint, illumine ; elle met dans la joie. Et les gens simples comprennent, comme le disait l’évangile au début du mois : « ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » (Mt 11,25).

La Joie, Jésus nous y invite : « Entre dans la joie de ton Seigneur. » (Mt 25,23) juste avant la parabole du jugement dernier, car il y a une condition pour y entrer : faire fructifier les talents que Dieu nous a donnés, comme pour ici : vendre tout ce qu’on possède, se dénuder devant Dieu pour accepter ce qu’il nous donne, comme le fit saint François d’Assise devant son père et son évêque.

Pour beaucoup de personnes, Dieu, Jésus et ses enseignements, ses Paroles, sont considérés comme des ’’rabat-joie’’.

Pourquoi cela ?

Est-ce vraiment la Parole de Jésus qui les ennuie ? … ou n’est-ce pas plutôt le manque de Joie, d’enthousiasme, de la part des chrétiens qu’ils rencontrent ?

Car la joie peut être un attrait, comme le rappelle l’exemple suivant : « Une jeune femme venait pour un stage d’éducatrice spécialisée au Home Jacques-Sevin, une maison pour garçons en difficulté fondée par les religieuses et accolée au prieuré. ’’Je suis rentrée dans la congrégation, car les sœurs rayonnaient de joie, elles savaient rire et jouer’’ ».

Saint Paul n’est pas en reste : « Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche » (1Th 5,16), et il insiste : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie … Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus. » (Ph 4,4.7).

La paix de Dieu, avec lui, auprès de lui, c’est notre espérance à tous quand nous serons dans le Royaume des Cieux.

Seigneur Jésus,

nous espérons tous nous retrouver

avec toi

dans le Royaume des cieux,

et cela devrait nous réjouir.

Mais pourquoi ne le montrons-nous pas ?

Pourquoi cacher notre joie ?

Aide-nous à être des témoins joyeux !

Francis Cousin

 

 

 

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Prière dim ordinaire A 17°




16ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 13, 24-43) – Francis COUSIN)

« L’ivraie … »

 

L’ivraie, qui est une céréale de mauvaise qualité et qui apparemment n’existe plus à notre époque, est écrite dans l’évangile de Matthieu, en grec, ζιζανιον, qui a donné en français le mot zizanie.

Dans la parabole, le maître du champ, celui qui sème le bon grain, c’est le Fils de l’homme, c’est-à-dire Jésus. Il fait tout ce que son Père fait : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. » (Jn 5,19). Or Dieu est amour et miséricorde, « lent à la colère et plein d’amour » (Psaume) …

Quand l’ennemi de Dieu, le Malin, sème dans son champ de l’ivraie, le semeur, toujours miséricordieux, préfère attendre le temps qu’il faut pour que cette ivraie, cette zizanie semée par le Diable, puisse se transformer de mauvais esprit en bon esprit. Dieu pense toujours que l’homme peut devenir bon.

C’est pourquoi le maître demande à ses ouvriers d’attendre la moisson : « Au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier.” »

Dieu veut laisser à l’homme le temps de changer d’état d’esprit.

Mais il ne faut pas attendre que ce changement ne vienne que de celui qui est ’’mauvais’’. Tout seul, il ne peut pas y arriver, le Mal est trop fort … et encore faut-il qu’il se rende compte qu’il est dans le mal …

Il faut aussi que ceux qui sont ’’bons’’ (tout est relatif … il ne faut pas non plus s’enorgueillir …) fassent ce qu’il faut pour les aider, en leur parlant ainsi que le conseille Jésus : « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. » (Mt 18,15), mais aussi en priant pour eux, comme l’a demandé la Vierge Marie à Lourdes : « Priez Dieu pour la conversion des pécheurs. » ou comme l’a fait Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus pour Pranzini. La prière, quand elle est pure, est le plus puissant des remèdes contre les maux du monde.

Nous qui sommes dans le monde, comme semés dans le champ … sommes-nous sûrs que nous soyons du bon grain ?

Sommes-nous sûrs que ceux que nous n’aimons pas ou qui nous semblent mauvais soient vraiment du mauvais grain, de l’ivraie, qui sèment la zizanie … ?

Que n’entendons-nous pas souvent, ou même que nous le disions … « Celui-là, c’est un bon à rien ! », … « Il n’y a rien à en tirer ! », … « Avec ce qu’il a fait, on ferait mieux de le tuer !! » … ou d’autres choses aussi innommables … et in-évangéliques.

Dire des choses comme celles-là, n’est-ce pas se prendre pour Dieu, pour le maître de la moisson ? Celui qui dira, au jour venu, « Viens à ma droite, toi qui est béni de mon Père, car tu as fait œuvre de miséricorde … et toi, maudit, pars loin de moi dans le feu éternel. » (cf Mt 25,31ss). « [les anges] les jetterons dans la fournaise, là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. ».

Prenons plutôt l’attitude du pape François qui disait : « Qui suis-je pour te juger ? ».

Nous sommes tous à certains moments du bon grain, et à d’autres de l’ivraie, nous mettons de la zizanie.

À chacun de nous de brûler dès maintenant cette zizanie, cette ivraie qui est en nous, de manière à faire apparaître le bon grain, la semence d’amour que le Père a mis en nous.

 « Mes frères, si l’un de vous s’égare loin de la vérité et qu’un autre l’y ramène, alors, sachez-le : celui qui ramène un pécheur du chemin où il s’égarait sauvera son âme de la mort et couvrira une multitude de péchés. » (Jc 5,19-20)

Et prions pour la conversion des pécheurs !

Seigneur Jésus,

comme il est difficile de vivre ton évangile !

Trop souvent, nous nous comparons aux autres,

et bien sûr, nous nous considérons

comme meilleurs qu’eux …

Donne-nous l’humilité de nous reconnaître

pécheurs tout comme eux,

et aide-nous à prier pour eux !

Francis Cousin

 

 

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Prière dim ordinaire A 16°




15ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 13, 1-23) – Francis COUSIN)

« Vous donc, écoutez … »

Dans l’Évangile de ce jour, Jésus nous parle de la parabole du semeur, bien connue ; et il termine en disant : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! ».

Sans doute les apôtres n’avaient pas bien compris le sens de celle-ci puisqu’ils demandent à Jésus : « Pourquoi leur parles-tu en parabole ? », et Jésus de répondre : « Parce qu’ils regardent sans regarder et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre. (…) Le cœur de ce peuple s’est alourdi. », et il leurs explique la parabole en commençant par « Vous donc, écoutez … ».

C’est ce que disait déjà Moïse au peuple hébreux avant de leur dire les dix commandements : « Écoute Israël … » (Dt 6,4).

L’écoute de Dieu demande que l’on prenne quelques dispositions. On ne l’écoute pas comme on écoute quelqu’un au bar d’un café. Il faut se préparer à sa rencontre, à sa présence.

Quand j’étais jeune, le prêtre commençait la prière en disant : « Mettons-nous en présence de Dieu. », qui était une démarche de nous vers Dieu. Plus tard, chez les Frères des Écoles Chrétiennes, on disait : « Souvenons-nous que nous sommes en la sainte présence de Dieu, et adorons-le ! » ce qui me semble préférable car cela montre que Dieu est toujours présent avec nous (et en nous), et qu’il nous suffit de ’’mettre le contact’’.

« Vous donc, écoutez … » la parole de Dieu par l’intermédiaire du Verbe.

Le semeur, c’est Dieu, ou Jésus son fils, ou des prophètes qui parlent en son nom. Ils sèment à profusion, sans regarder où ils sèment, généreusement … sur toute la création …

Mais en face d’eux se trouvent les forces du Mal : « Car la création a été soumise au pouvoir du néant, non pas de son plein gré, mais à cause de celui qui l’a livrée à ce pouvoir. » (Deuxième lecture).

Et ces forces du mal entrainent l’homme à faire de mauvaises actions en contradiction avec la Parole de Dieu vis-à-vis de la création, vis-à-vis de la terre.

La terre, le lieu qui accueille la semence, lieu de l’aventure de la foi de chacune et de chacun.

Ce lieu s’est formé pour chacun de nous en plusieurs étapes. C’est un lieu évolutif, où rien n’est jamais définitif et dont il faut à chaque instant prendre soin.

C’est un lieu qui se forme avant même que nous existions. Il dépend de notre histoire, de l’environnement géographique, de ceux qui nous ont précédé : nos parents qui nous ont préparé une terre (Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et toutes ses sœurs ne seraient pas devenues ce qu’elles ont été si leurs parents n’avaient pas préparé une bonne terre) ; puis de nous-mêmes à partir de l’âge de raison, puis de l’adolescence, et puis de l’âge adulte, avec toutes les interférences de ceux qui nous entourent …

À partir de cette terre préparée par nos parents, nous avons pu la laisser à l’abandon, y déposer des pierres, laisser pousser les mauvaises herbes … ou nous avons pu l’améliorer, l’amender …

Nous avons pu aussi faire les deux actions, dans des ordres différents … ou même faire plusieurs changements … en fonction des évènements, de l’âge, de nos groupes de relations … et bien sûr de notre relation à Dieu, plus ou moins distante …

Il n’est jamais trop tard pour travailler ’’notre’’ terre, pour enlever les pierres ou les mauvaises herbes qui s’y trouvent, amenées là par le Malin qui profite de notre faiblesse vis-à-vis du monde … pour la bêcher avec la Bible … pour lui fournir de l’engrais avec les auteurs spirituels, dont les textes des papes récents … pour l’arroser avec les sacrements … et la mettre sous le soleil de Dieu dans la prière …

Nous pouvons le faire avec l’aide de l’Esprit Saint, pour que la Parole de Dieu de revienne pas vers lui « sans résultats, sans avoir fait ce qui [lui] plaît, sans avoir accompli sa mission. » (Première lecture).

Alors notre terre sera prête pour donner du fruit, le fruit donné par Dieu à travers nous par notre vie, envers tous eux qui nous entourent, nos enfants, nos amis, nos collègues et relations diverses … et envers nous-mêmes … en nous accueillant dans son Paradis.

Seigneur Jésus,

pour devenir des témoins de ton amour,

 il nous faut commencer par t’écouter,

pour que ta Parole soit bien comprise,

qu’elle pénètre notre cœur.

Alors seulement nous pourrons te suivre …

jusqu’en ton paradis.

Francis Cousin

 

 

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14ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 11, 25-30) – Francis COUSIN)

 « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. »

           

On peut être surpris de cette prière de Jésus, car Dieu aime tous les hommes de la même façon, il ne fait pas de différence entre eux, « car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. » (Mt 5,45). On comprend donc mal qu’il fasse des différences entre ’’les sages et les savants’’ et ’’les tout-petits’’.

En fait, la différence ne vient pas de Dieu, mais des humains.

Dieu n’a jamais rien caché aux sages et aux savants, mais ce sont eux qui n’ont pas accepté (ou pas compris) ce qu’ils reçoivent de Dieu. Ils se construisent un Dieu à leur manière, ils parlent de Dieu, sur Dieu, mais ils ne parlent pas à Dieu, comme Dieu. Ils se parlent à eux-mêmes. Voir la parabole du pharisien et du publicain, qui lui, parle à Dieu et se reconnaît petit face à lui.

Les tout-petits, qui sont-ils ? On pense aux pauvres, à ceux qui n’ont rien (ou presque), dans différents domaines : financier, travail, affection, famille, intelligence intellectuelle (mais pas pratique …) … mais cela, c’est notre vision humaine.

Le vrai pauvre est celui qui attend tout de Dieu. Non pas celui qui reste à ne rien faire et qui tends la main, mais celui qui reconnaît son état de ’’faiblesse’’, celui qui est doux et humble de cœur, et qui est prêt à s’en sortir avec ce que Dieu lui donne en utilisant l’adage « Aide-toi et le ciel t’aidera. ». Ceux qui suivent l’enseignement de Jésus : « Si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. » (Mt 18,3).

Rien à voir avec la richesse matérielle :

– Un riche peut être tout petit devant Dieu, et s’occuper des autres. Cela existe.

– Un pauvre peut demander des comptes à Dieu et être un parfait égoïste. Cela existe.

Tout est une question de comportement.

Et si nous nous regardons bien, nous sommes bien obligés de reconnaître que nous sommes, selon les jours ou les circonstances, comme les ’’sages ou les savants’’, et d’autres fois comme les ’’tout-petits’’, selon la manière que nous avons de considérer Dieu, et surtout de la manière dont nous l’écoutons, de la manière dont nous le recevons, dont nous recevons ce qu’il nous donne …

Un chant disait : « Tout vient de toi, ô Père très bon … ».

C’est vrai, mais nous aimerions que ce soient toujours des choses que nous considérons comme bonne pour nous, et nous avons du mal à accepter ce que nous ne voulons pas, ce qui ne nous plaît pas … mais qui sont bonnes pour nous dans le dessein de Dieu.

Dieu ne veut que notre bonheur, mais sans doute un bonheur différent de celui que nous aimerions (beaucoup d’argent, grosse voiture, grande maison, grands voyages …) qui peut nous être suggéré par le Malin …

Nous avons un choix à faire, chaque jour, entre Dieu et le Malin …

Écoutons Jésus qui nous dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. »

Et il insiste en précisant de quel repos il s’agit : « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. », c’est-à-dire pour la vie éternelle … qui commence maintenant !

Mais le joug nous fait un peu peur : c’est un objet lourd, encombrant, contraignant, qui laisse peu de place à l’initiative, surtout s’il est pour deux animaux …

Mais Jésus ajoute aussitôt : « Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger » … , car il n’est constitué que d’amour !

Seigneur Jésus,

ceux que tu aimes davantage

sont ceux qui te ressemblent,

doux et humble de cœur,

qui mettent leur confiance

entre les mains de leurs parents,

de leur Père, comme toi.

Cela nous est parfois difficile.

Aide-nous à te ressembler.

Francis Cousin

 

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Prière dim ordinaire A 14°




Rencontre autour de l’Évangile – 14ième Dimanche du Temps Ordinaire

 » Mon joug est facile à porter et mon fardeau léger. »

 

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Mt 11, 25-30)

Jésus continue sa mission d’enseignement et il fait l’expérience d’un mauvais accueil. Il est navré de la fermeture des gens des villes de Galilée où il est passé en faisant des miracles et il tient à leur égard des propos sévères.  Le passage que nous méditons aujourd’hui est au contraire plein d’espérance et de douceur : c’est d’abord une prière de louange, puis une déclaration sur la situation du Fils et un appel à l’adresse de ceux qui peinent.

 

Soulignons les mots importants

Père : Qu’est-ce que ce mot nous apprend de la personnalité de Jésus ?

Seigneur du Ciel et de la Terre : C’est comme cela que le juif qui prie nomme le Créateur.

Ce que tu as caché aux sages et aux savants : Est-ce vraiment Dieu qui cache ?

Qui sont ces « sages et ces savants » dont parle Jésus ? Et aujourd’hui, qui sont les « sages et les savants »

Tu l’as révélé aux tout-petits : qui sont-ils ? Qu’est-ce qui leur est révélé ?

Le Fils et le Père : Qui est-ce qui a l’initiative de reconnaître Jésus pour « son fils » ? Qu’est-ce qui se passe chez un enfant quand il entend quelqu’un lui dire « Tu es mon fils » ? Jésus dit « mon Père ». Lui seul peut le dire. Pourquoi ?

A qui Jésus veut révéler le Père ?

«Venez à moi » : Que veut dire Jésus ?

Vous tous qui peinez sous le poids du fardeau : De quel fardeau parle Jésus ?

(Rappelons-nous ce que Jésus reprochait aux pharisiens.)

Mon joug : à quoi nous fait penser  « le joug » ? Et Jésus, il pense à quoi ?

Devenez mes disciples : c’est à dire ?

Je suis doux et humble de cœur : rappelons-nous des passages d’évangile où Jésus montre qu’il est « doux et humble  de cœur »

Le repos : de quel repos s’agit-il ?

Mon fardeau est léger : De quoi parle Jésus ?

Pour l’animateur   

Jésus a conscience de vivre avec Dieu une relation tout à fait particulière et unique. C’est cette relation qu’il veut partager avec nous : c’est cela la révélation.

Dans notre profession de foi nous disons « Je crois en Dieu le Père, Créateur du ciel et de la terre » : Le Père est source de tout ce qui existe. Jésus en bon juif loue son Père pour la Création.

Les sages et les savants, ce sont ceux qui ne se fient qu’à leur intelligence et à leur science ; qui ne veulent pas admettre que la foi est l’accueil humble d’un Dieu qui fait le premier pas vers l’homme pour lui faire connaître le secret de sa vie intime et l’inviter à y participer. Dans l’évangile, ce sont les  scribes, docteurs de la Loi et  pharisiens, des experts dans la connaissance des Écritures : la plupart se sont  fermés à la révélation  de Jésus. Mais ce n’est pas Dieu qui leur cache son secret. C’est une manière de parler de la Bible qui attribue tout à Dieu.

Les tout-petits ce sont, au contraire, les humbles, ceux  dont le cœur est ouvert à la révélation et accueillent la lumière.

Seul Jésus peut dire « mon Père » parce qu’il est le Verbe fait chair à  qui, de toute éternité,  le Père  dit « Tu es mon Fils ». C’est le Père qui a l’initiative de la paternité. Jésus veut partager avec nous sa filiation divine : nous sommes fils en lui. En lui  et avec lui, celui qui l’accueille peut dire à Dieu « notre Père ». Celui qui entend Dieu lui dire « tu es mon fils », entre dans une relation tout à fait nouvelle avec lui et son identité change : il se découvre «  fils ».

Venir à Jésus, c’est croire en lui. Entrer dans son intimité. Devenir ses disciples, c’est se mettre à son école : devenir comme lui  « doux » et « miséricordieux » (vivre les béatitudes). (Jésus avec les foules et les malades, Jésus avec les pécheurs, Jésus avec l’aveugle-né, avec le paralytique, avec le centurion romain, etc.)

Le joug fait penser à cette pièce de bois qui pesait sur le cou du bœuf ; le joug et le fardeau dont parle Jésus, ce sont les 613 commandements (interdits et obligations que les pharisiens faisaient peser sur le dos des petits et des ignorants. Pensons aux règles du Sabbat.) Jésus les libère de ce joug-là, pour leur offrir son joug, un fardeau léger : son obéissance d’amour au Père, l’amour des frères, sa manière d’aimer. C’est ainsi que leur cœur sera libéré et trouvera le repos et la paix.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS :

Jésus, doux et humble de cœur, nous voulons nous mettre à ton école pour être de vrais disciples : avec toi, nous pouvons dire à Dieu « Père » ; avec toi nous pouvons aimer, même quand cela nous pèse et nous demande de vivre l’humilité : car c’est ainsi que notre cœur connaît le repos et la paix.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie

Dans l’évangile, les pauvres héritent du Royaume, les pécheurs sont appelés, les enfants et ceux qui leur ressemblent entrent dans le Royaume, les gens sans instruction reçoivent la révélation du mystère de Dieu…Pourquoi tous ces gens sont-ils privilégiés de Dieu ? Jésus nous répond : Le Père l’a voulu dans sa bonté ? En portant sa tendresse sur ces êtres démunis, Dieu nous révèle ainsi qu’il aime,  non pour les mérites, mais  gratuitement, d’un amour qui aide l’autre à se mettre debout, un amour qui sauve.

Celui qui se met à l’école de Jésus est invité à l’imiter. Notre amour n’est-il  pas trop souvent intéressé ?

Comment faire pour que les gens simples, les petits, les faibles, les gens sans grande instruction puissent découvrir Jésus et le Père qu’il veut leur révéler. Quelle attention nous leur portons dans nos réunions, dans nos célébrations, dans nos enseignements… ?

Savons-nous nous émerveiller et rendre grâce au Père quand nous sommes témoins de l’accueil de sa Parole par des gens simples ?

 

Ensemble prions

Chant : Garde mon âme dans la paix p.285

 Nous te rendons grâce, Père,

Seigneur du ciel et de la terre,

et nous proclamons ta louange.

Dans ta bonté, tu  révèles aux tout-petits

ce que tu caches aux sages et aux savants.

Aujourd’hui encore, en venant déposer nos fardeaux

sous la croix de ton Fils,

nous trouvons en lui le repos et la paix.

 

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14ième Dimanche du Temps Ordinaire

 

 

 

 

 

 

 




13ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 27/6/20 et dimanche 28/6/20

2Rois 4 8–11, 14–16 ; Romains 6 3–4, 8–11 ; Matthieu 10 37–42

Il est normal que chaque être humain, s’il a toute sa raison et un cœur, aime son père et sa mère ; que ceux qui nous ont mis au monde, qui ont pris soin de nous, qui ont travaillé durs pour nous élever, soient aimés de leurs enfants. Pendant trente ans, Jésus a vécu avec ses parents, Marie et Joseph. Ils lui ont appris à lire et à écrire. Ils l’ont éduqué religieusement en l’emmenant au temple. Joseph lui a appris le métier de charpentier. En honorant ceux qui nous ont donné la vie, on honore Dieu. Car toute vie est don de Dieu qui ne cesse de nous donner son souffle de vie. Le quatrième commandement de Dieu nous dit « Honore ton père et ta mère ». C’est dire l’importance que Dieu lui-même accorde aux pères et mères de famille et à la place qui leur revienne dans la société. La famille est, en général, une église en miniature, le lieu où les uns et les autres s’aiment : présence de l’amour, présence de Dieu. Malgré toutes les difficultés qu’une famille peut avoir : infidélité, division, dispute, mésentente, problèmes d’argent ou de travail, nous avons tous en pensée les mots répétés du Christ qui nous reviennent sans cesse : fidélité, réconciliation, pardon, amour.

Et voilà que Jésus nous dit : « 37 Qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi. Qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ». Jésus ne dit pas qu’il ne faut pas aimer son père, sa mère, ses enfants, il dit qu’il ne faut pas aimer sa famille plus que Lui. Aimer les membres de la famille plus que Jésus, au point de les élever au-dessus de Dieu – la famille d’abord, Dieu après – cela relève presque de l’idolâtrie et la définition de l’idolâtrie c’est justement adorer une créature à la place de Dieu et cela peut devenir un obstacle pour aimer Dieu. Les prophètes de l’Ancien Testament n’ont jamais cessé de mettre le peuple de Dieu en garde contre l’idolâtrie. Si vous aimez Dieu en premier lieu, Dieu sera aussi présent dans votre famille. Il fera que cette famille reçoive toutes sortes de grâces divines dont l’amour au sein de nos familles. – Padre Pio, jeune séminariste, par son obéissance absolue à sa hiérarchie, nous montre qu’il aime Dieu bien plus que son propre père. Don Grazio, père de Padre Pio, vient rendre visite à son fils (Padre Pio – Saint Pio de Pietrelcina, transparent de Dieu »- P.36-37) : « Frère Pio, une visite pour toi ». Frère Pio arpente lentement les corridors sombres, il s’approche du parloir. Peut-être est-ce sa maman. Mais non! C’est papa, papa qui est entré d’Amérique (où il est allé travailler pour nourrir sa famille restée en Italie). Don Grazio voudrait jeter ses bras autour de son cou. Il est comme intimidé par le froc brun, par la barbe noire qui encadre le jeune visage de son fils.  Frère Pio ne parle pas. Il reste à deux pas de lui, les yeux baissés. Don Grazio a mal en lui-même. Est-ce que cela valait vraiment la peine de faire cette longue route pour recevoir un accueil aussi froid? Alors, intervient le Maître des novices (supérieur hiérarchique de frère Pio):  » Frère Pio, je vous délie de l’obéissance. Levez les yeux. Vous pouvez parler librement avec votre père.  – Avec un geste tendre, frère Pio jette soudain les mains autour du cou de son papa : « Papa, mon papa ». « Qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi. Qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ».  A ceux qui sont réellement à la suite du Christ, et pour aller encore plus loin, Thérèse d’Avila, dans son livre « Chemin de la Perfection » nous dit qu’il faut se détacher de la famille : « si…nous comprenions bien quels dommages nous sont causés par les rapports fréquents avec nos proches… nous les fuirions. Elle ajoute : « Je suis toujours étonnée de voir les dommages qu’entraînent les fréquents rapports avec les parents. A mon avis, on ne saurait le croire, à moins d’en avoir fait l’expérience…Je ne sais ce que nous avons laissé du monde, quand nous déclarons que nous avons tout quitté pour Dieu, si nous ne nous sommes pas détachées du principal, c’est-à-dire des parents. Les choses en sont venues à tel point que les religieux, ou les chrétiens, croiraient manquer de vertu s’ils n’aimaient beaucoup leurs parents et n’avaient de fréquents entretiens avec eux (ce qui est faux, bien sûr).…. Ayons un soin particulier de recommander à Dieu nos parents; c’est justice. Mais ensuite, éloignons-les le plus possible de notre souvenir, parce que notre volonté s’attache naturellement à eux plus qu’à tous les autres. (Chemin de la Perfection P.88) Sainte Thérèse insiste : « Quand tous les saints ne cessent de nous conseiller la fuite du monde, ils proclament évidemment une chose salutaire. Croyez-moi, ce qui, je le répète, s’attache le plus à nous et ce dont nous avons le plus de difficulté à nous détacher, ce sont les parents. Voilà pourquoi ceux qui vont loin de leur pays font bien, si cela les aide au détachement; mais le détachement ne dépend pas, à mon avis, de l’éloignement corporel; il consiste à s’unir généreusement au bon Jésus, Notre Seigneur ». Ainsi, selon Sainte Thérèse, c’est en s’unissant au Christ qu’on se détache des parents ou de ses enfants. Et c’est cette union au Christ qui nous permet d’avoir la paix, une vie sereine, une vie de prières, quel que soient les malheurs des membres de la famille : père, mère, enfants, petits-enfants. Toujours s’attacher au Christ en toutes circonstances. Et Sainte Thérèse continue : « Pour moi, j’ai été beaucoup aimée des miens comme ils me le disaient d’ailleurs, et je les aimais tant…que je ne les laissais point m’oublier. Mais voici ce que j’ai appris par mon expérience et celle des autres…Il est juste d’avoir des rapports avec nos pères et mères quand ils ont besoin de consolation; n’ayons donc pas une conduite étrange à leur égard… Nous pouvons les voir et conserver cependant un détachement complet. J’en dis autant des frères et sœurs ». Ce détachement s’obtient par une grande union au Christ, une confiance totale en Jésus Christ et en Marie. On peut donc fréquenter père, mère, frères et sœurs, nos enfants et petits-enfants tout en restant détaché d’eux. Saint Thérèse d’Avila va encore plus loin quand elle nous dit : « il ne suffit pas de se détacher des proches, si nous ne nous détachons pas de nous-mêmes ». C’est néanmoins chose difficile que de nous détacher de nous-mêmes et de lutter contre notre nature, car nous sommes fort unies à nous-mêmes et nous nous aimons beaucoup. La porte est ouverte ici à la véritable humilité. Cette vertu et celle du renoncement marchent tou­jours ensemble », et sont nécessaires si on veut rester à la suite du Christ.

Il y a une situation qu’il faut bien comprendre lorsque les créoles disent : « mi manque pas ma messe » comme pour bien dire que l’on met effectivement Dieu en premier dans sa vie. D’abord la messe n’est à personne, elle est universelle, ouverte à tous sans exception, mais en disant « mi manque pas ma messe », c’est une façon de dire que je ne dois pas manquer la messe parce que c’est un rendez-vous nécessaire avec Dieu, et c’est très important pour nous. C’est une manière de dire que Dieu doit être au centre de notre vie. Pourtant, il y a des circonstances où il est normal de ne pas y aller, c’est le cas, par exemple, lorsqu’un membre de la famille est gravement malade et a besoin de soins en permanence. En restant auprès du malade au lieu d’aller à la messe, vous ne péchez pas puisque vous faites preuve d’amour, de patience, de dévouement à l’exemple du Christ lui-même qui a toujours pris soin des malades. Il dit lui-même « J’ai été malade et vous m’avez visité ». Etre auprès d’un malade, c’est être auprès du Christ.

« Qui ne prend pas sa croix et ne suit pas derrière moi n’est pas digne de moi ». Ce sont là des paroles difficiles à comprendre. Père Sesboüé (« Croire ») nous dit que « Porter sa croix apparaît ici comme la manière nécessaire de « suivre Jésus ». Le faire exige un renoncement à soi-même, même éventuellement aux devoirs familiaux prioritaires et conduit à « perdre sa vie ». Et on perd sa vie quand on reste attaché à son ancienne vie, celle du monde, du plaisir, du monde sans Dieu et qu’on ne désire pas vraiment la vie que le Christ nous propose….On pourrait dire, en termes plus modernes, que suivre le Christ est une invitation exigeante à renoncer aux images illu­soires de nous-mêmes qui sont le fruit de notre imagination (et à cause de l’imaginaire, on se croit être quelqu’un dans la vie, quelqu’un d’important, on se croit être au centre des regards, au centre du monde, comme si tous les regards étaient fixés sur soi, et qu’on est meilleur que tout le monde etc…). Nous cherchons tous plus ou moins à nous dérober à notre vérité (et la vérité est que nous sommes pécheurs, plein de faiblesses et beaucoup d’imaginations pour nous relever dans notre propre estime). Notre culture développe un réseau d’images dans les­quelles nous voulons paraître. Vivre comme Jésus, c’est renoncer à toute illusion sur soi-même et se donner aux autres ».

Saint Ignace nous dit la même chose quand il dit : « Il est nécessaire de nous rendre indifférents à toutes les choses créées ». « Chez saint Ignace, nous dit la revue numérique Aleteïa, l’indifférence n’est pas synonyme de désintérêt, ni de mépris. Elle est une manière de se détacher, provisoirement, d’un choix A ou d’un choix B pour permettre à l’Esprit-Saint de souffler et de faire pencher la balance vers le côté qui est le mieux pour soi. L’acte d’oublier, de mettre de côté, durant quelques heures, ses préférences personnelles, ses ambitions, ses craintes, (sa colère), de ne pas s’attacher à une solution plutôt qu’à une autre, permet de laisser émerger la volonté de Dieu en soi. « Ignace savait que, en quelqu’un qui a complétement renoncé à ses volontés propres, le désir qui lui reste alors dans le cœur coïncide exactement avec la volonté de Dieu sur lui ».

La plupart des saints, et c’est normal puisque c’est le même Esprit Saint qui les anime, font les mêmes réflexions que Padre Pio, Saint Ignace ou sainte Thérèse. Cette dernière insiste en affirmant que « tout notre mal vient de ce que nous n’avons pas notre regard fixé sur le Christ; nous nous trompons de route parce que nous ne tenons pas…notre regard fixé sur le chemin véritable » et cela quoi qu’il arrive dans notre vie. Nous devons tous essayer de mettre d’abord le Christ en premier dans notre vie pour que nos familles soient aussi un lieu de vie nouvelle dans le Christ. Que Marie, notre Sainte Mère, nous aide constamment à avoir le regard fixé sur le Christ.




12ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 10, 26-33) – Francis COUSIN)

« C’est pour toi que j’endure l’insulte. »

Nous voici de retour dans le temps ordinaire, et le moins que l’on puisse dire c’est que les textes d’aujourd’hui ne sont pas très ordinaires dans leurs contenus :

– « Moi, Jérémie, j’entends les calomnies de la foule … » (Première lecture)

– « C’est pour toi que j’endure l’insulte … » (Psaume)

– « Par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et par le péché est venue la mort » (Deuxième lecture)

– « Ne craignez pas les hommes … ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans le géhenne l’âme aussi bien que le corps. » (Évangile)

Cela n’est pas très réjouissant : insultes, calomnie, mort, tuerie !

Du moins au départ, parce que la fin des textes est quand même plus optimiste …quand on se met dans les mains de Dieu !

– « Mais le Seigneur est avec moi (…) Louez le Seigneur : il a délivré le malheureux de la main des méchants. » (Première lecture)

– « Et moi, je te prie, Seigneur (…) car il est bon ton amour … [Tu] écoutes les humbles. » (Psaume)

– « Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. » (Évangile)

– « Si la mort a frappé la multitude par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu s’est-elle répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ. » (Deuxième lecture)

Et nous qui sommes chrétiens, nous nous remettons entre les mains de Dieu.

Peut-être pas tout le temps ! Il arrive bien que, des fois, dans nos actes, nous oublions que Dieu existe, nous voulons faire les choses par nous-mêmes, comme des grands … même si nous pensons que Dieu ne nous dirait peut-être pas de faire ainsi … Mais … on se sent capable de le faire … et on fait comme Adam, on rompt l’alliance avec Dieu, … d’une manière on le renie … c’est le péché … et c’est la mort, une mort spirituelle bien sûr, qui ne prête pas à conséquence sur notre vie terrestre … mais sur le vraie Vie, oui : « Celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux. »

Heureusement que Dieu est miséricordieux pour ceux qui se repentent, « lent à la colère et plein d’amour … [Il] ne maintient pas sans fin ses reproches … L’amour du Seigneur, sur ceux qui le craignent, est de toujours à toujours. » (Ps 102)

Il est donc important que nous ayons une relation à Dieu, avec Dieu, qui soit la plus constante possible, par la prière, par la lecture de la Parole … et par l’Eucharistie …

Et c’est peut-être cela, l’Eucharistie, qui nous permet de faire le lien avec les dimanches précédents. Parce que dans l’Eucharistie, il y a la prière, la Parole, et le partage du pain … et l’envoi dans le monde …

La totale, quoi !

Mais il y a surtout le partage du pain : Jésus, Emmanuel, Dieu avec nous, qui sous la forme de l’hostie consacrée, se fait présent en chacun de nous, non pas pour quelques instants, mais pour toujours.

L’hostie consacrée, communiée, est un véritable ’’viatique’’ (nourriture pour le voyage) pour nous aider dans nos pérégrinations sur les chemins du monde, chaque semaine, voire chaque jour, … pour y être des témoins (en grec μαρτυς, qui a donné aussi ‘martyr’) de Jésus … pouvant aller donc jusqu’au martyr à cause de Jésus … peut-être pas physiquement chez nous (encore que … le père Jacques Hamel ne s’y attendait pas, et cela s’est passé très vite …) mais plutôt moralement ou psychologiquement, comme cela se passe malheureusement assez souvent en Chine, en Inde ou au Pakistan, dans certains pays d’Afrique ou au Mexique … et cela peut aussi arriver en France …

D’où parfois une certaine peur dans nos contacts avec ’’le monde’’, peur qui peut se comprendre, mais qui n’a pas lieu d’être. Jésus n’a-t-il pas dit : « Ne craignez pas, j’ai vaincu le monde » (Jn 16,33). Et puis il a dit aussi : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » (Mt 5,11-12).

Il est vrai que la phrase d’envoi, à la fin de la messe, est un peu ‘courte’ et ne dit pas ce que Jésus a dit avant de monter vers son Père : « vous serez alors mes témoins … » (Ac 1,8). C’est pourtant ce message là que nous devons comprendre … parce que : envoyés pour faire quoi ? Pour avoir la paix en nous ? Oui, bien sûr. Mais aussi pour la mission de chacun vers le monde … !

N’oublions pas une autre parole de Jésus : « Celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera. » (Mt 16,25) …

Notre but, n’est-il pas de trouver la vie … éternelle ?

N’oublions pas ce que nous disions la semaine dernière, à travers le collectif qui a signé la tribune libre « Nous sortirons ! » : « Oui, ayant puisé notre force dans la Parole de Dieu tout au long de ce confinement, et bientôt nourris par le pain eucharistique, nous sortirons pour proposer de nouveaux modes de vie prophétiques, et construire avec tous les hommes de bonne volonté la civilisation de l’amour.

N’ayons pas peur ! »

Seigneur Jésus,

Tu nous as donné une mission :

être témoin de ta Parole dans toutes les nations.

Ce qui demande de l’enthousiasme et de l’énergie …

mais bien souvent nous restons

tranquillement dans notre canapé,

par peur du monde !

Pardonne-nous Seigneur !

Francis Cousin

 

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Prière dim ordinaire A 12°




Solennité du corps et sang du Christ (Jn 6, 51-58) – Francis COUSIN)

« Nous sortirons … »

Ce jour-là, dans la synagogue de Capharnaüm, l’ambiance devait être survoltée entre les juifs et Jésus quand, après plusieurs incompréhensions, Jésus dit : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. ». Réaction des juifs : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? ». Et sans doute, si nous avions été là, nous aussi nous aurions réagi vivement !

Et Jésus insiste encore : « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. ». On remarquera que Jésus parle au présent, ce qui ne peut que gêner les gens présents, qui sont bien vivants, mais qui ne comprennent pas qu’il faille manger la chair de Jésus pour être ce qu’ils sont ! Mais pour nous qui communions régulièrement, cela veut dire que nous avons déjà la vie éternelle … si nous continuons à croire et vivons en pratiquant l’évangile. En sommes-nous vraiment conscients ?

Est-ce que nous aurions suivi Jésus à l’époque, après ce discours ? L’ambiance était chaude ! Heureusement que Pierre s’écrira ensuite : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » (Jn 6,68). Mais avait-il bien saisi tout ce que Jésus avait dit ?

Et lors de la Cène, avant de mourir, quand Jésus dit : « Ceci est mon corps … Ceci est mon sang … Faites cela en mémoire de moi … », les apôtres ont-ils compris ce qu’il voulait dire ?

Quelle aurait été notre réaction en l’entendant ?

Heureusement qu’à Emmaüs Jésus refit ces ’’gestes’’ et que les deux disciples « le reconnurent à la fraction du pain. » (cf Lc 24,31), et que ces ’’gestes’’ devinrent le signe de l’appartenance au ’’groupe de Jésus-Christ’’ qu’on appellera quelques temps après les Chrétiens.

Car ces ’’gestes’’ sont plus que des gestes, ce sont des signes qui accompagne le sacrement de l’eucharistie, don gratuit du pain, « vraie nourriture » devenu corps du Christ, et du vin, « vraie boisson » devenu sang du Christ.

« Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. » Il y a union intime entre nous et Jésus, et cette union intime nous fait entrer dans la vie de la sainte Trinité, dans l’amour entre le Père et le Fils. Ainsi, en communiant, nous vivons par Jésus dans l’amour de la Trinité.

Mais cette vie par Jésus n’est pas personnelle, à moi ! Elle est pour tous ceux qui communient, « puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain. », le corps du Christ (deuxième lecture).

Communion entre nous … mais pas seulement …

Les circonstances récentes ne nous ont pas permis pendant plusieurs semaines de communier au corps du Christ, et de manifester notre communion entre paroissiens. Cela a été pour beaucoup de personnes un manque de ne pouvoir communier. Avec le déconfinement, depuis deux ou trois semaines, selon les paroisses, il est de nouveau possible de participer physiquement à la messe et de communier au corps du Christ, et c’est une grande joie pour nous ; mais vues les restrictions obligées, certaines personnes ne peuvent pas participer à la messe, ou ont peur d’y participer.

Dans la ligne pastorale du pape François qui nous invite à aller vers les périphéries de l’Église, un groupe de personnalités et de responsables d’associations caritatives catholiques ont publié une tribune libre « Nous sortirons ! » dans laquelle ils disent :

« … mais si nous avons faim et soif de l’Eucharistie, ce n’est pas pour nous confiner d’une autre manière, entre nous (…)

Nous sommes invités à sortir de nos cénacles étriqués, portés par l’Esprit Saint, afin de trouver le Christ dans « les joies, les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent » (Gaudium et Spes n 1) (…)

Nous sortirons trouver le Christ sur nos chemins d’humanité, une présence qui nous redonne un cœur brûlant !

Oui, ayant puisé notre force dans la Parole de Dieu tout au long de ce confinement, et bientôt nourris par le pain eucharistique, nous sortirons pour proposer de nouveaux modes de vie prophétiques, et construire avec tous les hommes de bonne volonté la civilisation de l’amour.

N’ayons pas peur ! »

« N’ayez pas peur ! », c’est ce que disait saint Jean-Paul II le soir de son élection. C’est lui aussi qui écrivait : « La mission de l’Église est en continuité avec celle du Christ : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jn 20, 21). C’est pourquoi, de la perpétuation du sacrifice du Christ dans l’Eucharistie et de la communion à son corps et à son sang, l’Église reçoit les forces spirituelles nécessaires à l’accomplissement de sa mission. Ainsi, l’Eucharistie apparaît en même temps comme la source et le sommet de toute l’évangélisation, puisque son but est la communion de tous les hommes avec le Christ et en lui avec le Père et l’Esprit Saint. » (Ecclesia de Eucharistia n 22).

Communions au corps du Christ ! C’est important pour nous … mais surtout pour notre action envers les autres.

Seigneur Jésus,

tu as donné ton corps et ton sang pour nous,

sur la croix,

pour que nous ayons la vie éternelle.

Et tu nous les donnes encore

sous la forme du pain et du vin consacrés,

pour que nous ayons la force d’aller vers les autres,

les malades, les pauvres, les brutalisés, les mal-logés,

les prisonniers, ceux qui perdent leur travail, les immigrés,

les handicapés, les enfants à naître, les personnes en fin de vie,

tout ceux dans lesquels tu es présent,

et dans lesquels on ne te voit pas !

Ouvre nos yeux, Seigneur !

Francis Cousin

 

 

 

 

 

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Prière dim Saint Sacrement A