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Fête de la nativité de Jésus (Lc 2, 1-20) – par Francis COUSIN

« Jésus, le grand absent de Noël ! »

Tout le monde fête Noël … ou presque …

C’est devenu une fête familiale … avec un lointain rapport avec la religion catholique …

On s’offre des cadeaux … surtout pour les enfants … et ils sont dans la joie …

Mais pourquoi ? …

À cause des cadeaux ! … mais rarement pour fêter la naissance de Jésus …

Mais pourquoi des cadeaux ?

J’sais pas … parce qu’on m’aime bien …

On se met en avant … au lieu de mettre Jésus en avant !

J’entendais la semaine dernière un reportage dans lequel un commerçant disait : « Pendant le marché de Noël, je fais soixante-dix pour cent de mon chiffre d’affaire annuel ! C’est important … faut pas se louper ! » …

Jésus est remisé au tiroir-caisse !

Dans les villes, on a de belles décorations lumineuses … mais aucune crèche … aucune Marie tenant l’enfant Jésus ! … Laïcité oblige !!

Mais il n’y a pas que dans les villes … Combien de familles catholiques n’installe pas de crèche dans leur maison ? … peut-être chez les papys-mamies ! … mais les jeunes couples avec des enfants ? … Cela devient rare …

Et pourtant ! …

Noël, c’est avant tout l’anniversaire de la naissance de Jésus : le Fils de Dieu, né d’une vierge par grâce du Saint Esprit ! …

C’est Dieu qui vient, par l’intermédiaire de son Fils, rejoindre les enfants des hommes …

C’est Dieu qui s’abaisse pour se mettre à notre hauteur … une hauteur minuscule par rapport à la sienne …

Dieu qui se fait homme, comme le font tous les humains, en naissant d’une mère, ’’Comblée-de-grâces’’ par Dieu …

Il aurait pu naître comme un super héros qui défie tout le monde …

Mais il ne l’a pas voulu : il a préféré se faire petit pour mieux nous ressembler …

Pourquoi ?

Par amour pour les hommes … pour être ’’homme au milieu des hommes’’, pour pouvoir sentir le froid de la nuit, la chaleur du soleil, la faim, la soif, la peur … être comme nous … pour connaître nos détresses, nos angoisses, nos maladies, nos souffrances … et même notre mort … et la sienne fut particulièrement horrible …

La grandeur de Jésus se voit quand il se fait tout petit … comme nous !

Mais si Noël, c’est avant tout Jésus, il ne faut pas oublier ses deux parents : Marie et Joseph, qui firent le long voyage de Nazareth jusque Bethléem, à pieds pour Joseph, sans doute sur un âne pour Marie, pour éviter une trop grande fatigue, elle qui était prête à accoucher … des gens simples, justes aux yeux de Dieu … et qui ne vivent que pour Jésus … après l’intervention de l’ange du Seigneur … tous deux au service de Jésus, de Dieu …

Et Marie « mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. »

On fait ce qu’on peut, avec ce qu’on a sous la main.

« Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peupleAujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur (…) il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : ’’ Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime.’’ »

C’est surprenant de voir la différence de traitement entre Jésus, fils de Dieu, dans sa mangeoire … et la magnificence des anges du ciel qui chante la gloire de Dieu pour les bergers, des petits, des gens mal-vus, toujours avec leurs bêtes, à l’hygiène sans doute douteuse, qui ne se mélangent pas aux autres personnes … et ne fréquentent pas la synagogue …

Jésus se fait petit, humble … mais sa naissance doit être annoncée à tous, avec éclat.

Jésus vient pour tous … mais ce sont les délaissés qui en sont avertis les premiers …

Dès le début, à son insu, Jésus vient renverser l’ordre établi.

« Tout homme qui s’élève sera abaissé et celui qui s’abaisse sera élevé » (Luc 14,11)

Et si Noël venait

pour nous ouvrir les cœurs,

t’y laisser une place,

mais aussi à nos frères ;

et si nous décidions

de leur donner l’Amour,

à tous ceux qui sont seuls,

ou bien désespérés …

Noël serait vraiment Noël,

l’amour se répandrait,

et Jésus, par nos vies,

vivrait aux yeux de tous.

 

Francis Cousin

 

 

Cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder à l’image illustrée : Image Noël

 




La Nativité du Seigneur – Messe de la nuit (Lc 2, 1-14) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

Textes de référence : Isaïe 9, 1-6 ; Tite 2, 11-14 ; Luc 2, 1-14

 

Ce soir, c’est le réveillon de Noël. Si nous faisions un micro-trottoir auprès des enfants -comme le font de nombreux « tiktokeurs » de nos jours- et que nous leur demandions qui est le personnage principal de notre réveillon, il est fort probable qu’ils répondraient majoritairement le « père Noël ». Et si nous faisions un micro-trottoir auprès des adultes, nous pourrions être surpris par leurs multiples réponses. Nombreuses de ces réponses seraient probablement sans aucune référence chrétienne.

Noël est la fête chrétienne qui célèbre la Nativité du Seigneur Jésus. Cette fête a été instituée le 25 décembre, au IVème siècle, c’est dire son ancienneté.  La tradition du « père Noël », qui va se mondialiser au XXème siècle, va faire perdre à beaucoup de nos contemporains le sens chrétien de Noël. Noël s’est en effet fortement sécularisé et on le résume souvent à un regroupement familial autour d’un repas festif et l’échange de cadeaux.

Le personnage principal de Noël ce n’est pas celui qui viendrait du pôle Nord et qui apporterait des cadeaux aux enfants sur des rennes. Le personnage principal de Noël c’est Celui qui né à Bethléem et qui vient sauver nos vies. L’enfant que nous fêtons ce soir est le Sauveur du monde : « Nous célébrons la nuit très sainte où Marie, dans la gloire de sa virginité, enfanta le Sauveur du monde. » C’est ce que le prêtre dit dans la prière eucharistique, juste avant la consécration.

La deuxième lecture et l’évangile insistent sur cette identité de « Jésus-Sauveur » :

  • Saint Paul, dans sa lettre à Tite, nous rappelle que nous sommes dans l’attente de « la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. » Paul révèle que le Christ est le Sauveur mais qu’il est aussi Dieu. En Jésus, c’est Dieu en personne qui vient nous sauver.

  • Dans l’évangile, l’ange révèle cette identité de « Sauveur » aux bergers : « Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. »

Christ est donc Sauveur mais de quoi nous sauve-t-il exactement ? La première lecture tirée du livre du prophète Isaïe et l’évangile nous donnent de mieux le comprendre :

  • Isaïe prophétise pour un peuple opprimé un enfant qui va naître. Le prophète nous donne de précieux indices sur le nom de cet enfant : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. » Cet enfant aura « sur son épaule (…) le signe du pouvoir », la paix qu’il apportera « sera sans fin ». Cet enfant « affirmera le droit et la justice dès maintenant et pour toujours ».

Jésus est celui qui accomplit cette prophétie d’Isaïe. Jésus est la paix de Dieu, la paix sans fin. Il nous sauve de nos violences, de nos cruautés, de nos haines, de nos rancœurs, de nos désirs de vengeance, de nos lâchetés, au final, de toutes nos amertumes mais à l’unique condition de nous en remettre vraiment à lui.

Jésus est le Fils de Dieu, doté du pouvoir de Dieu. Il est celui qui nous montre le chemin vers le Père et il éclaire nos cœurs ainsi que nos consciences. Jésus nous sauve de nos chemins de perdition et nous conduit sur le chemin de la vraie justice, celle de Dieu qui attribue selon le bien. Jésus peut le faire, à condition, là encore, de nous en remettre vraiment à lui. Nous avons besoin de Jésus pour marcher correctement, avec droiture.

  • L’évangile nous rappelle les conditions misérables dans lesquels Jésus est né : dans une étable, « couché dans une mangeoire », une auge pour les aliments des animaux. L’origine de la tradition de la crèche date de huit siècles (elle devient ancienne). Elle est attribuée à saint François d’Assise, au XIIIème siècle. Nos crèches ont pour but de nous aider à méditer sur l’extrême pauvreté de Dieu qui entre dans notre monde. Jésus nous sauve de nos mondanités, de l’esprit de ce monde qui nous invite à être une société de consommation. Le vrai bonheur ne se trouve pas là, le vrai cadeau impérissable et inestimable de Noël c’est l’enfant-Dieu de la crèche, à condition de l’accueillir.

Pour conclure, je termine par deux exhortations pour nous tous :

  • Nous l’aurons compris, nous sommes invités ce soir à ouvrir plus grands nos cœurs au Christ. Cela suppose de lui consacrer du temps dans nos agendas. Reprogrammons le Christ dans nos agendas pour 2024. Jésus est né à Bethléem. Il faut savoir que le nom de Bethléem signifie « la maison du pain ». Jésus a été « couché dans une mangeoire », là où mange les animaux. Ces deux références nous rappellent que Jésus est le pain de la Vie qui se laisse manger à chaque Eucharistie. Que ce Noël nous aide à mieux le considérer…

  • Jésus est le Sauveur de l’humanité, il veut nous sauver mais il ne fera rien sans notre collaboration. Que 2024 ne soit pas comme 2023, la routine « de trop » de nos mauvaises habitudes. Saint Paul nous invite à vivre « le temps présent de manière raisonnable », loin des « convoitises de ce monde » ; non pas dans « l’impiété » (= mépris de la religion) mais dans la « piété » (c’est-à-dire en ayant une grande ferveur pour Dieu). Je vous laisse avec cette question : « Qu’est-ce qui doit changer dans ma vie pour laisser VRAIMENT le Christ me sauver ? » À chacun d’y répondre…

Joyeux Noël à tous ! Joyeux Noël à toutes vos familles !




Solennité de la Nativité du Seigneur (Messe du jour ; Jn 1, 1-18) par le Diacre Jacques FOURNIER

« Il leur a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1,1-18) 

 

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement auprès de Dieu.
C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui.
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ;
la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée.
Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean.
Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.
Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière.
Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde.
Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l’existence, mais le monde ne l’a pas reconnu.
Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu.
Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom.
Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu.
Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.
Jean le Baptiste lui rend témoignage en proclamant : « C’est de lui que j’ai dit : Celui qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. »
Tous nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce ;
car la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ.
Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître.

 

 

St Jean ouvre son Evangile par un regard sur l’éternité de Dieu. Avant tout commencement, « le Verbe », « la Parole », « était avec Dieu, et le Verbe était Dieu ». Et à la fin de son introduction, ce « Verbe », il l’appellera « le Fils » : « Nul n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jn 1,18).
Depuis toujours et pour toujours, le Fils est en effet « tourné vers le Père », et le Père vers le Fils, en face à face. Et de tout son être, le Père n’a qu’une seule « Parole » à dire à son Fils : je t’aime, « tu es mon Fils Bien Aimé » (Mc 1,11 ; 9,7 ; Ep 1,6). Mais pour le Père cette Parole est un acte : le Don total de Lui-même, en tout ce qu’Il Est. « Le Père aime le Fils et il a tout donné, il donne tout en sa main » (Jn 3,35). Le Fils est ainsi « Parole » du Père au sens où il est le fruit éternel, en acte, de ce « je t’aime » du Père… Regarder le Fils, c’est regarder ce que l’Amour du Père est capable d’engendrer par le Don total de Lui-même : un Fils « de même nature que le Père, Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu » (Crédo).
Or, toute la mission de Jésus est de dire à tous les hommes : « Le Père lui-même vous aime » (Jn 16,27), du même Amour, totalement Pur et gratuit… Et juste avant sa Passion, en regardant ses disciples qui ont cru en Lui, il priera en pensant au monde entier : « Père, que le monde reconnaisse que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé » (Jn 17,23). Mais le Père aime le Fils en se donnant totalement à Lui, en tout ce qu’il est, lui donnant ainsi d’être ce qu’il est : « Dieu né de Dieu ». Et nous sommes aimés du même amour, totalement Pur et gratuit, car il ne cherche inlassablement que notre bien…
Si nous accueillons ce Don total par lequel le Père engendre le Fils de toute éternité, nous aussi, nous serons engendrés par ce même Don à la même Plénitude, et cela selon notre condition de créature. Ici, St Jean évoque ce Don éternel du Père au Fils en écrivant que le Fils est « plein de grâce et de vérité » (Jn 1,14). Mais juste après, il reprend ces deux mêmes mots pour évoquer le Don de Dieu que nous sommes tous invités à recevoir par notre foi au Fils : « La Loi fut donnée par Moïse ; la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ » (Jn 1,18). Et puisque « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), puisque le Père est Esprit, puisque le Père engendre le Fils en se donnant totalement à lui, c’est-à-dire en lui donnant la Plénitude de l’Esprit, nous pouvons aussi évoquer ce Don éternel du Père au Fils par ce seul mot : l’Esprit. « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22), dira le Ressuscité à ses disciples. Recevez le Don par lequel le Père m’engendre en Fils pour devenir pleinement vous aussi, grâce à Lui, ce que vous êtes déjà aux yeux du Père : des fils à l’image du Fils. Et c’est ce Don offert gratuitement aux pécheurs que nous sommes qui, petit à petit, nous lavera, nous purifiera, nous sanctifiera, nous justifiera, nous glorifiera et nous rendra capable d’avoir part nous aussi à la Plénitude même de Dieu (Ep 3,19) ! Telle est la vocation de tout homme ici-bas… DJF

 




Nativité du Seigneur Jésus-Christ (messe de la nuit) – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 2, 1-14)

« Aujourd’hui vous est né un Sauveur »

 

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre –
ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie.
Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine.
Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David.
Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli.
Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.
Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux.
L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte.
Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple :
Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur.
Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »
Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant :
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »

 

Un recensement ordonné par Auguste, qui fut empereur de 30 av JC à 14 ap JC, obligea Joseph à quitter Nazareth, en Galilée, au Nord, avec Marie pour aller à Bethléem, la ville de David, au sud, près de Jérusalem, car il était un lointain descendant de David. Mais les jours où Marie devait enfanter étaient arrivés, et elle mit au monde son fils premier-né qu’elle coucha dans une mangeoire d’animaux par manque de place dans la salle commune où ils se trouvaient.

            D’un point de vue humain, cet événement est d’une incroyable simplicité, mais tout ici est « Parole de Dieu ». Grâce à un païen, Jésus, Sauveur des Juifs et des païens, naîtra dans la ville de David, et par Joseph, son père adoptif, il sera pleinement « fils de David ». Or, le Messie attendu devait être « fils de David » : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur » (Is 11,1-9 ; Mc 1,9-11).

            Michée avait prophétisé dès le 8° s av JC que « celui qui doit régner sur Israël naîtra à Bethléem », qui signifie en hébreu : « la maison du pain ». Or Jésus dira de Lui-même qu’il est le « pain de vie qui descend du ciel et donne la vie au monde » (Jn 6,32-63). Et à peine né, Marie le dépose dans une mangeoire, comme elle l’offrira plus tard en acceptant sa mort en Croix !

            Jésus est appelé ici « le fils premier né », et il est de fait le « premier né » d’une humanité nouvelle appelée à renaître du Don de l’Esprit qu’il est venu proposer à tout homme : « Personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair n’est que chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit ». « C’est une création nouvelle : l’être ancien a disparu, un être nouveau est là. Et le tout vient de Dieu » (Jn 3,5-72 ; Co 5,17-18). Par sa résurrection, il sera aussi « le premier né d’entre morts » (Col 1,18), et par là l’exemple déjà accompli de ce que nous sommes tous appelés à vivre au dernier jour du monde… Et Marie recevra  au pied de la Croix la pleine révélation de sa vocation : être la Mère de l’humanité tout entière appelée elle aussi à renaître de la mort (Jn 19,25-27)…

Dans la crèche, Jésus est « enveloppé de langes » comme il sera « enveloppé d’un suaire » avant d’être mis au tombeau. Et St Luc parle ici d’une « salle », un mot qui ne reviendra qu’une seule fois dans son Evangile, juste avant la Passion, lorsque Jésus instituera l’Eucharistie dans cette « salle » que lui ont préparée Pierre et Jean (Lc 22,11). Là se révèlera le sens profond de toute sa vie : « Ceci est mon corps, donné pour vous », pour le salut de tous les hommes pécheurs représentés ici par ces « bergers » considérés autrefois comme des voleurs… Et c’est bien à eux que les Anges transmettent la Bonne Nouvelle : « Voici que je vous annonce une grande joie qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur ! Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime », à tous les hommes qu’il aime et qu’il appelle à la conversion et au salut (Lc 5,31 ; 1Tm 2,3-6) !    DJF




Solennité de la Nativité du Seigneur (messe du jour – Jn 1, 1-18) – Homélie du Père Louis DATTIN

Le cadeau de Dieu

Jn 1, 1-18

Noël, fête des cadeaux : vous savez par expérience que lorsque vous offrez un cadeau, vous avez soin de le présenter avec un bel emballage qui va mettre en valeur ce que l’on donne. Mais le plus important, ce n’est quand même pas l’emballage, c’est le cadeau qui est à l’intérieur : eh bien ! C’est la même chose pour la fête de Noël ! Elle se présente à nous avec tout un emballage : les lumières, les guirlandes, les sapins illuminés, les vitrines particulièrement bien achalandées, les airs traditionnels de Noël qu’on entend partout. Tout cela est bel et bon, mais attention : ce n’est que l’emballage de Noël, le plus important, c’est le cadeau qui est à l’intérieur.

Or, certains chrétiens vivent Noël comme si l’emballage était le cadeau lui-même. Ils admirent la présentation, se contentent de dire « Joyeux Noël » en regardant les petits rubans dorés et le beau papier clinquant et n’ouvrent même pas le paquet !… Ils se contentent de l’extérieur et ne vont même pas défaire tout cet emballage pour voir ce qu’il y a dedans.

Ce qu’il y a dedans ? Le cadeau : c’est Dieu lui-même qui nous l’offre, en se donnant à nous gratuitement. Nous, nous donnons des cadeaux qui sont extérieurs à nous, des choses qui sont les symboles, les supports extérieurs de ce que nos sentiments veulent dire : la reconnaissance, l’amitié, l’amour, la sympathie.

On donne des cadeaux aux autres parce que nous ne pouvons pas nous donner nous-mêmes. Dieu, lui, ne donne pas, il se donne. Il n’offre pas quelque chose, il s’offre, lui. Ses dons : c’est toujours lui, à Noël, il ne nous donne rien, il se donne, à la Croix, il ne nous offre rien : il s’offre, à l’Eucharistie. Là, encore, il ne peut rien nous donner que lui-même : « Ceci est mon Corps livré pour vous ».

 Le cadeau de Dieu, c’est  toujours  Dieu  lui-même. Jésus, nous  le rappellerons dans le « credo », tout à l’heure, Jésus est né à Bethléem, de la Vierge Marie, Fils du Père éternel. Verbe : Parole de Dieu qui est depuis toujours auprès de Dieu. Par Jésus, qui est né sur notre terre il y a plus de deux mille ans, le Fils de Dieu n’est plus simplement auprès du Père. Par Jésus, Dieu est maintenant auprès de nous, avec nous : il est appelé « Emmanuel » Dieu avec nous.

Telle est la grande nouvelle de Noël : Dieu vient vivre avec nous. Désormais, il est l’un de nous ; parmi nous, il se fait homme parmi les hommes et il nous dit « Je suis avec vous, jusqu’à la fin des temps ».

Dernièrement, au cours d’une rencontre avec des croyants qui étaient soucieux de faire passer leur foi auprès des incroyants, quelqu’un disait : « Il y a des mots qu’on ne peut plus prononcer, comme le mot « Dieu » car ils sont piégés : ils évoquent des choses radicalement différentes dans la tête des gens. Pour les uns, c’est un mythe utile pour faire obéir les enfants. Pour d’autres, c’est un être lointain, mystérieux, plus ou moins favorable à notre égard. Pour beaucoup, il est celui que l’on prie quand on a quelque chose de difficile à réussir ».

Noël : c’est justement ce qui vient désarmer et démonter les idées que nous avons sur Dieu parce qu’à partir de maintenant, nous savons qui est Dieu : il est petit, il est pauvre, il naît la nuit, dans un mauvais abri parce qu’il est un réfugié rejeté.

Il aura toujours un faible pour les pécheurs, les infirmes, les lépreux, ceux que l’on méprise ; un faible pour les non-violents, les simples, les artisans de paix, les cœurs purs, les partageux, ceux qui sont dans la mouise et c’est pour eux, d’abord, qu’il est venu parce que les autres, ils n’avaient pas besoin de lui et qu’ils n’ont jamais crié « Venez divin Messie », ils se suffisaient à eux-mêmes avec leur bonne conscience et leurs bonnes œuvres.

Noël, c’est Jésus qui vient nous dire, à nous tous qui avons un vide dans le cœur, un creux, une attente, une faim : « Toi aussi, tu es aimé de Dieu. Toi aussi, tu es un fils de Dieu. Désormais, je t’accompagne. Je suis avec toi, auprès de toi.

Tu n’auras même pas à lever la tête pour me prier, tu n’auras qu’à regarder à côté de toi : je serai là. Je deviens ton compagnon de vie. Mieux encore, si tu es baptisé, si tu communies, je ne serai pas à côté de toi, mais en toi. Je serai la vie de ta vie, l’amour de ton amour, les yeux de ton regard, les mains ouvertes de tes bras et de ton cœur ».

Dieu dans mes pas : un Brésilien, de Barros, a écrit ce poème que je me permets de vous lire :

« J’ai fait un rêve, la nuit de Noël. Je cheminais sur la plage côte à côte avec le Seigneur. Nos pas se dessinaient sur le sable, laissant une double empreinte : la mienne et celle du Seigneur. L’idée me vint, c’était un songe, que chacun de nos pas représentait un jour de ma vie. Je me suis arrêté pour regarder en arrière : j’ai vu toutes ces traces qui se perdaient au loin mais je remarquais qu’en certains endroits, au lieu de deux empreintes, il n’y en avait plus qu’une. J’ai revu le film de ma vie : ô surprise, les lieux de l’empreinte unique correspondaient aux jours les plus sombres de mon existence, jours d’angoisse, jours d’épreuve et de doute, jours insoutenables, jours où, moi aussi, j’avais été intenable. Alors, me tournant vers le Seigneur, j’osais, lui faire des reproches :  » Tu nous as pourtant promis d’être avec nous tous les jours ! Pourquoi n’as-tu pas tenu ta promesse ? Pourquoi m’avoir laissé seul aux pires moments de ma vie, aux jours où j’avais le plus besoin de ta présence ? « 

Mais le Seigneur m’a répondu :

« Mon ami, les jours où tu ne vois qu’une trace de pas sur le sable, ce sont les jours où je t’ai porté ».

Dieu, plus intime à moi, que je ne le suis à moi-même.

C’est lui notre force, notre orientation.

C’est lui qui nous fait tenir debout à certains jours et même qui nous porte lorsque nous n’en pouvons plus !

Oui, le Vrai Dieu, mon Père, il est ainsi. Il n’attend pas que vous reveniez à lui, c’est lui, à Noël, qui vient à vous, le premier, pour vous remettre debout et refaire de vous, ses fils !

C’est cela l’amour, humble, discret, effacé : ce petit enfant emmailloté et couché dans une mangeoire.

Même si vous ne l’aimez pas, lui, il vous aime ! Jésus rencontrera surtout des hommes aux prises avec la souffrance, la maladie, des hommes méprisés, exclus ; lui-même sera insulté, avili, condamné comme pour nous dire : « Dieu est là, avec vous qui souffrez. Vous aussi, vous surtout, vous êtes ses fils ! »

Même si vous ne soupçonnez pas sa présence, sachez-le, Dieu n’a jamais été aussi proche de vous. Depuis Noël, où Dieu vient se faire l’un d’entre nous, et le plus petit, il n’y a plus de frontières entre l’homme et Dieu : tel est le merveilleux cadeau de Dieu à Noël.

Par Jésus, Dieu se révèle comme le Dieu-amour dont l’angoisse est de voir ses enfants se perdre, mais dont la joie et sa gloire est de les voir revivre, se remettre debout, redevenir des hommes libres et maîtres de leur destin. C’est un cadeau gratuit, sans mérite de notre part. AMEN




4ième Dimanche de l’Avent (Lc 1, 26-38) – par Francis COUSIN

« Comblée de grâce. »

L’annonciation d’une naissance, de la part d’un ange de Dieu ou d’un grand-prêtre, si ce n’est pas tellement courant, est un évènement qui arrive quand même plusieurs fois dans la Bible : entre autres, le fils d’Abraham et de Sara : Isaac ; le fils d’Elqana et d’Anne : Samuel ; le fils de Zacharie et d’Élisabeth : Jean le baptiste …

Mais tous ces couples étaient des gens mariés mais qui ne pouvaient pas avoir d’enfant du fait de la stérilité de la femme et de leur âge. Toutes ces femmes ont reçu une grâce du Seigneur pour leur permettre d’avoir un fils premier-né …

Pour Marie, c’est différent : ce n’était qu’une jeune fille, tout au début de sa période de fertilité, non mariée, mais promise à Joseph, et vierge …

Et si l’ange vint la visiter, ce n’est pas pour ’’réparer’’ un défaut de fertilité, pour qu’elle soit mère comme les autres femmes … Non, c’est pour plus que cela.

On le voit dès le départ, dans la première phrase de l’ange Gabriel : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. ».

Ce n’est pas une grâce qui lui est faite : elle est comblée-de-grâce. C’est le nom que Dieu lui donne. Elle est comblée-de-grâce, et elle le restera pour toujours … durant sa vie terrestre … et encore après, jusque maintenant … et après encore …

Mais ce n’est pas la seule différence pour Marie :

La première différence tient d’abord sur la nature de l’enfant à naître.

Ce n’est pas un prophète, un roi ou un juge : « tu lui donneras le nom de Jésus (Dieu Sauve). Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut. ».

Fils du très-haut … c’est-à-dire Fils de Dieu !

C’est l’accomplissement de la promesse faite à David : « Je serai pour lui un Père, et il sera pour moi un Fils. » (2 S 7,14).

Nous sommes au cœur du mystère de l’incarnation : Dieu ne nous sauve pas ’’d’en haut’’, mais en se faisant un homme parmi les hommes, né d’une femme ’’normale, ordinaire’’ …

Dieu ne veut pas nous écraser … mais en se faisant reconnaître dans son fils, né de Marie, … par son enseignement … et son exemple …

Dieu se met à notre niveau …

La seconde différence tient au « comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? ».

Question pertinente.

En effet, Marie est encore une jeune fille, promise à Joseph, certes, mais vierge … ce qui n’est pas le cas des autres femmes.

Pour Anne, la mère de Samuel, la bible nous précise : « Le lendemain, Elcana et les siens se levèrent de bon matin. Après s’être prosternés devant le Seigneur, ils s’en retournèrent chez eux, à Rama. Elcana s’unit à Anne sa femme, et le Seigneur se souvint d’elle. » (1S 1,19).

Pour Abraham et Sara, quand l’ange dit « Je reviendrai chez toi l’an prochain ; alors ta femme Sara aura un fils. » (Gn 18,10), Sara rit, se disant « Je suis trop vieille pour avoir un fils », se récusant après « Je n’ai pas ri. », mais elle eut quand même son fils …

Quand à Zacharie, après toutes les explications données en détail par l’ange Gabriel concernant son futur fils, il répondit : « Comment vais-je savoir que cela arrivera ? Moi, en effet, je suis un vieillard et ma femme est avancée en âge. » (Lc 1,18). Il doute de la puissance de Dieu, et l’ange lui ôte la parole …

Réactions diverses, mais seule Marie accepte l’inconcevable, une naissance virginale du fait de l’Esprit Saint, sans aucune intervention humaine : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. ».

Une troisième différence quant à la destinée de l’enfant à naître, qui n’est pas annoncée par l’ange : l’enfant sera roi, pour toujours … non pas d’un royaume terrestre, mais d’un royaume divin, éternel … dont il n’aura de cesse d’en parler : « le Royaume des cieux est comparable … », un royaume « qui n’est pas de ce monde », et qui se manifestera sur la croix par la voix du bon larron « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » (Lc 23-42), dont il sera le premier à y entrer.

Marie, conçue sans péchés … mais pas sans souffrances …

Et cela commence dès le début de la naissance de Jésus, avec la fuite en Égypte, pour échapper aux tueurs envoyés par Hérode …

Et tout à la fin de la vie de Jésus, quand elle voit son fils mourir sur la croix …

Mais ce n’est pas encore la fin : il y a une dernière mission qui lui est confiée par Jésus, … et qui dure encore : « Femme, voici ton fils. » (Jn 19,26) : s’occuper de tous les croyants, et intercéder auprès de Jésus et de son Père pour les aider dans leur vie … de tous les baptisés … mais aussi de tous ceux qui pourraient recevoir le baptême … et ils sont nombreux …

Merci Marie d’être toujours présente auprès de nous … chaque jour …

Merci Marie d’avoir dit « oui »

à l’ange Gabriel lors de sa venue.

Une grande décision à prendre

en si peu de temps,

et qui engage toute ta vie

et celle de Joseph ton époux,

pour notre plus grand bonheur.

 

Francis Cousin

 

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4ième Dimanche de l’Avent (Lc 1, 26-38) – par le Diacre Jacques FOURNIER

 » Je te salue, Comblée de Grâce »

(Lc 1, 26-38)

  En ce temps-là, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,
à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.
L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. »
À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.
L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.
Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus.
Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ;
il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »
Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? »
L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu.
Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile.
Car rien n’est impossible à Dieu. »
Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » Alors l’ange la quitta.

                     

                 Littéralement, l’Ange salue la Vierge Marie en lui disant « Réjouis-toi »… Au 7° siècle avant Jésus Christ, le prophète Sophonie écrivait : « Réjouis-toi avec force, Fille de Sion, car le Seigneur a enlevé tes fautes. Il t’a délivrée de la main de tes ennemis. Le Seigneur, le Roi d’Israël est au milieu de toi. Puissant, il te sauvera, il amènera sur toi la joie, il te renouvellera par son amour » (So 3,14-18). Un siècle plus tard, le prophète Zacharie annoncera l’accomplissement de ce projet de salut par un Messie humble : « Réjouis-toi, Fille de Sion. Voici que ton roi vient vers toi. Il est juste et sauveur, humble et monté sur un âne. Il annoncera la paix aux nations » (Za 9,9-10)…

            Israël espérait en la réalisation de toutes ces prophéties… Et voilà que Marie, « Fille de Sion », entend de la bouche de l’Ange des Paroles qui font écho à toutes ces promesses… Elle est bouleversée… Elle réalise que c’est elle qui mettra au monde ce Roi « doux et humble de cœur », et son règne « n’aura pas de fin », car il sera celui du Fils éternel « né du Père avant tous les siècles ». Avec Lui et par Lui, c’est Dieu qui règnera. Et que veut dire « régner » pour Dieu ? La réponse est dans le nom de ce Messie : Jésus, « Yehoshû’a » en hébreu, « Dieu sauve »… Son règne sera donc celui de la Lumière sur les ténèbres, de la Vie sur la mort, de la Miséricorde sur la misère… Avec lui, là où le péché a abondé, la grâce surabondera pour le salut, la vie et la joie éternelle de tous ceux et celles qui accepteront de se tourner vers Lui de tout cœur et de s’abandonner avec confiance entre ses mains…

            Ce « Fils du Très Haut » se fera chair en Marie par « la puissance du Très Haut », l’Esprit Saint. Et c’est déjà ce même Esprit qui, dès les premiers instants de la conception de Marie, avait fait d’elle « la Comblée de Grâce », celle qui n’est remplie que par la Grâce, celle en qui les ténèbres n’ont aucune place, l’Immaculée Conception. Ainsi, « celui qui va naître » de Marie sainte, car sanctifiée dès sa conception, et de l’Esprit Saint, « sera saint et sera appelé Fils de Dieu ». Il est bien ce « Saint », ce « Juste » (Ac 3,14), « Dieu né de Dieu, engendré non pas créé, de même nature que le Père », celui qui, de toute éternité, se reçoit en tout ce qu’Il Est du Père, le Père de son côté ne cessant de lui donnant tout ce qu’Il Est,  et Il Est Esprit, Il Est Saint. Le Père engendre donc le Fils en « Dieu né de Dieu » par le Don de l’Esprit Saint. Ce Mystère se poursuit jusqu’en son incarnation : il recevra sa nature humaine du Père par le Don du même Esprit en Marie…                                DJF




4ième Dimanche de l’Avent – Homélie du Père Louis DATTIN

Marie à l’approche de Noël

Luc 1, 26-38

           A Noël, tout commence avec cette jeune fille, on l’appelle « Marie », elle n’est même pas mariée et elle attend un enfant, mais personne n’en sait rien, pas même Joseph, son petit ami.

Le Fils de Dieu est donc né en dehors de la règle, en dehors de la loi. Marie a été mise, ou quelqu’un l’a mise, en dehors des règlements. Noël a commencé par une transgression. Nous admirons Marie pour sa tendresse, sa disponibilité, son cœur de mère, sa proximité : c’était certainement une femme merveilleuse. Mais d’abord, avant même tous ces événements, elle ne doit pas nous cacher son courage et sa lucidité : voilà une jeune fille, d’un petit village d’une centaine d’habitants où tout le monde se connaît, qui, en disant « oui » à Dieu, prend le risque de se faire excommunier, bien plus se faire tuer !

Vous connaissez le sort que l’on réservait à toutes ces femmes qui attendaient un enfant sans l’accord de la société : non seulement elles étaient rejetées de la société, expulsées, mais bien plus, selon la loi de Moïse, on les lapidait, tuées à coups de pierres. On voit d’ailleurs, dans l’Evangile, Jésus qui en sauve une, au dernier moment.

Dieu est né d’une femme qui a pris le risque de se faire tuer en disant « oui » à Dieu: elle risquait la mort, ni plus ni moins et nous chantons parfois, sans réaliser le danger, la menace « merci Marie d’avoir dit oui ».

Otons le bandeau de nos illusions, la venue de Dieu pour Marie n’a pas d’abord été un « cadeau merveilleux ». On comprend pourquoi Saint Luc nous dit qu’elle fut troublée, secouée par cette annonce en se demandant ce que signifiait cette salutation.

« Trouver grâce auprès de Dieu », n’est pas de tout repos et ce ne sont pas les martyrs qui nous dirons le contraire. Marie, la courageuse, Marie capable de dire oui à Dieu : « Qu’il me soit fait selon ton désir », alors que ce « oui » est pour elle, question de vie ou de mort : sérieux problème, question à vivre et à survivre, une situation à assumer. Marie, la femme courageuse, fait face : elle sait qu’en s’engageant dans cette aventure, sur la demande de Dieu, elle lui fait confiance totalement. La 1ère qualité de Marie, sa 1ère vertu, c’est sa foi : comme Abraham à qui Dieu demande la vie d’Isaac.

Elle répond « oui », signant un gros chèque sur l’avenir « Dieu y pourvoira ». Si Dieu me demande un tel engagement, il ne me laissera pas tomber, il sera toujours à mon côté : « advienne que pourra ».

Nous avons trop tendance, frères et sœurs, à faire, surtout à l’époque de Noël, des rêves merveilleux, doux, un peu en dehors de la réalité : cette étoile, ces mages, ces songes de St-Joseph. Noël : ce n’est pas seulement un beau rêve, c’est la réalité, toute crue, toute nue. Ce n’est pas le ciel seulement, c’est la terre, c’est la rue, c’est le ciel qui descend dans la rue, c’est le ciel qui se chausse avec nos savates de tous les jours. Noël : Dieu qui se fait homme. Supposez un instant que Joseph, se réveillant le matin après le songe et le message de l’ange, n’ait pas cru à ce songe et se soit dit : « Oh ! Tout ça, c’est des fantasmes. Elle attend un enfant qui n’est pas de moi, je n’ai rien à faire dans cette histoire. Cette Marie, je la laisse tomber, qu’elle se débrouille avec celui de qui elle attend un enfant ». Que serait-elle devenue ?

Marie aurait sans doute subi le sort de ces femmes d’Iran, d’Irak ou du Mali, qui aujourd’hui encore sont lapidées pour faute conjugale. A Téhéran, elles meurent sous les pierres des spectateurs le dimanche après-midi au stade municipal après le match de foot. En Afghanistan, elles sont mutilées par les talibans avant d’être exécutées.

Noël, pour Marie, ce fut un événement merveilleux mais également « périlleux ». On comprend pourquoi elle a dit à St-Luc, l’évangéliste « qu’elle gardait tous ces évènements dans son cœur ».

Méfions-nous de la poésie de Noël, de la féérie de Noël, des chants que l’on appelle des « Noëls » tendres et langoureux, des « contes » de Noël : Noël n’est pas un conte. C’est la dure réalité, une pénible incarnation de Jésus  qui n’a rien à voir  avec les flammes des bougies et les splendeurs des sapins en fête et les ambiances chaleureuses.

Nous devons placer Noël, non pas comme une fête de l’évasion du quotidien, mais au cœur des réalités humaines. C’est l’humain seul qui devient la terre de l’Evangile. Le visage de Dieu apparaît maintenant sous les traits d’un petit pauvre réfugié, miséreux, né dans un taudis, dans une mangeoire, dans la nudité, la crudité d’un décor misérabiliste. C’est pour cela que nous disons que c’est le « Mystère de l’Incarnation », naissance incompréhensible et même choquante. Dieu, à Noël, n’est plus dans l’idéologie en faillite, plus dans les sermons usés, mais dans la vie la plus dépouillée, la plus prosaïque, la plus sordide, plus proche des chiffonniers du Caire que les crèches des aéroports parisiens, imaginées par les grands couturiers.

Pour nous, frères et sœurs, il ne s’agit plus d’emballer Noël en cachant sous des guirlandes et des berceuses sucrées, la réalité derrière les étoiles en papier. Sachons reconnaitre la vraie beauté de Noël : c’est l’acte même de la naissance. Naissance qui est un commencement, naissance qui va déranger les habitudes familiales, les routines, tout ce qui n’est pas VITAL.

Allons à l’essentiel, dépassons le folklore : la gloire de Dieu n’est pas dans les cantiques (bien que les anges ne s’en privent pas pour réveiller les bergers) : elle est dans la réalité, « ils trouvèrent un nouveau-né couché dans une auge ».

Célébrer une naissance pour une famille, ce n’est pas faire de beaux discours sur la vie, c’est prendre des dispositions, poser des actes qui vont, peu à peu, faire grandir le nouveau-né dans une existence parfois dure, pénible, exigeante comme dans toute éducation.

 Ne rêvons pas notre vie. Ne faisons pas de Noël une parenthèse dans nos difficultés. Au contraire, greffons nos vies à cette lumière de Noël, cette lumière divine dont St-Jean nous parle dans son évangile, cette lumière véritable qui vient dans le monde et que les ténèbres ne veulent pas recevoir.

Quelques-uns l’ont accueillie (Marie, Joseph) et à ceux-là, Dieu a donné la possibilité de devenir « enfant de Dieu » sur la terre déjà, non pas « enfant virtuel », mais « enfant réel » et « nous le sommes vraiment ». AMEN




4ième Dimanche de l’Avent (Lc 1, 26-38) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

Texte biblique de référence : Luc 1, 26-38

 

Nous voilà déjà au 4ème dimanche de l’Avent. Le terme « Avent » vient du latin Adventus qui signifie « avènement ». Ce temps de l’Avent nous rappelle ce que le prêtre dit à chaque messe, après le « Notre Père » : « Nous qui attendons que se réalise cette bienheureuse espérance : l’avènement de Jésus Christ, notre Sauveur », c’est-à-dire sa venue dans la gloire ; ce que nous proclamons encore dans l’anamnèse, après la consécration : « nous attendons ta venue dans la gloire ».

Ce temps de l’Avent nous prépare aussi à faire mémoire du premier avènement de Jésus, le Fils de Dieu qui a pris chair de la Vierge Marie par l’action de l’Esprit Saint. C’est le récit de l’Annonciation que nous avons proclamé : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. » Le mystère de l’incarnation est ici pointé : la venue de Dieu dans la chair. C’est ce que nous fêterons au terme de notre temps de l’Avent -dès ce soir-, la Nativité du Seigneur.

Il est certainement bon de se rappeler le vrai sens de notre cheminement de l’Avent à quelques heures de Noël. Nous sommes bien pris dans le tourbillon commercial qu’incite chaque année notre société, avec l’apparition de nouveaux appareils technologiques, de nouveaux gadgets et de nouveaux jeux qu’on dit « révolutionnaires » pour les enfants. S’ajoute à cela toute une proposition d’achat pour tous types d’écrans, de toutes tailles et pour tous les âges (Android ou smartphone, tablette, télévision haute définition). Nous savons que ces écrans prennent beaucoup de place dans nos vies, surtout dans celles des plus jeunes d’entre nous. Nous devons réguler le temps que nous consacrons à nos écrans pour qu’ils ne nous polluent pas.

La société tendrait à faire de Noël un simple réveillon en famille et avec les amis et où l’on s’offre des cadeaux. Ce fait n’a rien de mal en soi… Les retrouvailles, notamment en famille, sont importants. Dans le rythme parfois effréné de nos vies, Noël offre une belle parenthèse pour se ressourcer auprès de nos proches. C’est l’occasion de revoir des membres que nous voyons moins souvent durant l’année, surtout ceux qui habitent plus loin de chez nous. Par ailleurs, offrir des cadeaux est une marque d’affection, pourquoi s’en priver, à condition de ne pas tomber dans des exagérations financières.

Mais si nous ne restons qu’à cette conception, nous loupons le sens profond de Noël : la naissance du Sauveur dont nous avons tant besoin dans notre monde déboussolé. Notre société prône tout et son contraire… Au nom d’une liberté revendiquée, toutes sortes de chemins se profilent… La tendance est de vouloir faire ce qu’on veut, de prendre le chemin qu’on désire. Mais ces chemins nous rendent-ils vraiment libres et nous mènent-ils à la vie ? Nombreux sont aussi les chemins qui mènent à la mort !  Il est bon de réentendre en cette fin de l’Avent que le seul chemin de liberté est celui qu’offre le Christ.

Alors oui, nous avons besoin de Jésus dans nos vies. C’est lui le vrai cadeau de Noël qui ne périme pas et qui s’actualise à chaque Noël. Nous avons besoin de sa Lumière pour avancer et réussir nos vies. Cependant, rappelons-nous que le Christ ne s’impose pas. Il est venu dans notre monde dans des conditions d’extrême pauvreté : il est né dans une étable, il a été couché dans une mangeoire. Le Christ frappe discrètement à nos portes et dans un monde envahi par toutes sortes de bruits, il nous faut faire silence pour pouvoir l’entendre et l’accueillir dans nos vies.

Préparons-nous alors à l’accueillir. Le pape Benoît XVI disait lors de la messe d’inauguration de son pontificat, le 24 avril 2005 : « N’ayez pas peur du Christ ! Il n’enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ – et vous trouverez la vraie vie. » Le Christ est notre Sauveur, il nous communique la vraie vie en nous libérant de l’esclavage du péché qui nous détourne de Dieu et de notre prochain.

Que Marie, notre mère, nous aide à ouvrir grands nos cœurs au Christ. Marie nous apprend le vrai sens de la liberté, c’est celui de suivre le chemin de son Fils, de se mettre au service de Dieu dans l’humilité et de s’en remettre à sa parole : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » Que son Fiat nous inspire pour un vrai choix libre du Christ, un choix qui nous rend vraiment libre : « Ô Marie, aide-nous à dire oui au Seigneur. Ô Marie, chaque jour de notre vie. »




3ième Dimanche de l’Avent ((Jn 1, 6-8.19-28) par D. Alexandre ROGALA

Comme la semaine dernière le texte d’évangile de ce troisième dimanche de l’Avent nous fait réfléchir sur la figure de Jean Baptiste, l’homme envoyé par Dieu pour rendre témoignage au Messie quelques temps avant que celui-ci ne se manifeste.
Nos célébrations liturgiques chrétiennes superposent pour ainsi dire, trois temps: le passé, le présent et le futur. Pendant l’Avent, nous nous préparons comme chaque année, à accueillir spirituellement Dieu qui vient à notre rencontre en prenant notre pauvre condition humaine.
Nous faisons donc mémoire d’un évènement passé. Mais en même temps, ce souvenir n’est pas qu’une commémoration puisqu’il a aussi une dimension présente. Ce matin, nous sommes venus à l’Église pour rencontrer notre Seigneur Jésus Christ et écouter sa parole aujourd’hui. Enfin, comme nous le chanterons tout à l’heure pendant la liturgie eucharistique: « nous attendons ta venue dans la gloire », c’est à dire que nous attendons la venue glorieuse de notre Seigneur Jésus à la fin des temps, au jour du Jugement.
Puisque nous parlons du jour du jugement, les textes choisis pour ce dimanche nous rappellent notre mission chrétienne par excellence : celle de préparer la venue glorieuse du Seigneur à la fin des temps.
Pour préparer le retour glorieux de notre Seigneur Jésus, nous devons comme Jean Baptiste, lui rendre témoignage par nos paroles et par nos actes, et annoncer au monde sa venue. La venue de notre Seigneur Jésus Christ, que ce soit sa première il y a plus de 2000 ans, ou sa venue glorieuse à la fin des temps, est toujours une « bonne nouvelle », car cette venue apporte à l’humanité le salut. À présent, voyons « comment » préparer la venue de notre Seigneur.
Commençons par le texte d’évangile que nous venons d’entendre. Celui-ci nous propose de participer à une Masterclass (classe de maître) de Jean Baptiste sur le témoignage. Le texte souligne d’emblée la nécessité du témoignage: « (Jean) est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui » (Jn 1, 7). Le témoin est nécessaire pour croire. La foi que nous cherchons à susciter chez l’autre, dépend en partie, de la qualité de notre témoignage.
Ensuite, même s’il est possible que certains d’entre-nous aient, comme Jean Baptiste, beaucoup de charisme, nous ne devons jamais oublier que nous ne sommes « pas la Lumière ». Nous sommes là « pour rendre témoignage à la Lumière » (cf. v. 8).
Dimanche dernier, j’ai entendu parler d’une paroisse où exerçait un prêtre charismatique qui attire beaucoup de monde à la messe. Ce prêtre est apprécié au point où lorsqu’il est remplacé par un autre prêtre pour une messe, il arrive que certains fidèles quittent l’Église avant la célébration ! Cette situation pose question. Les charismes personnels sont des dons
de Dieu, certes, mais ils doivent servir à conduire au Christ, pas à devenir des rockstars de l’Église.

Jean Baptiste lui, n’est pas tombé dans ce piège. Quand les prêtres et les lévites l’interrogent
sur son identité, il déclare immédiatement : « Je ne suis pas le Christ » (v. 20). De cette manière il tourne le regard de ces auditeurs vers un autre : Jésus.
En citant le passage du Livre d’Isaïe que nous avons entendu la semaine dernière, Jean Baptiste comprend son ministère comme (un ministère) prophétique: « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe » (v. 23). En se référant à ce passage de l’Écriture pour parler de lui-même, Jean suggère que son identité à lui n’est pas importante, Jean Baptiste n’est qu’une « voix qui crie ». Ce qui importe, c’est d’écouter ce que dit cette voix, car cette « voix qui crie » oriente vers le Christ.
Dans le texte d’aujourd’hui, Jean Baptiste ne donne aucune information sur l’identité du Messie. Nous devons donc chercher du côté de la première lecture.
Il s’agit un passage du Livre du prophète Isaïe qui a été écrit au retour d’Exil et qui annonce un Messie qui réconfortera et libérera les opprimés. Pour nous chrétiens, ce Messie annoncé c’est Jésus de Nazareth. Nous connaissons bien le début de ce passage puisqu’il s’agit de celui que lit Jésus à la synagogue de Nazareth dans l’évangile selon Luc (Lc 4) : « L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le coeur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur » (Is 61, 1-2).
Si nous venons à la messe régulièrement, nous connaissons un peu le ministère public de Jésus et nous savons que ce portrait du Messie que fait Isaïe correspond bien à Jésus.
Dans une certaine mesure, ce texte d’Isaïe s’applique aussi à nous chrétiens puisque le jour de notre baptême, nous avons reçu cette même « onction de l’Esprit du Seigneur » dont parle ce texte. C’est une « bonne nouvelle » dont nous devons nous réjouir. D’ailleurs dans la deuxième lecture, saint Paul nous invite à la joie: « Frères, soyez toujours dans la joie » (1 Th 5, 16).
Cependant, avoir reçu l’onction du Seigneur implique aussi une responsabilité. Comme Jésus, nous aussi nous sommes envoyés pour proclamer la « bonne nouvelle ». La bonne nouvelle qu’en Christ le salut est offert à tous les hommes sans aucune condition, sans aucun préalable, sans aucun mérite, si ce n’est d’accepter Jésus comme Christ et Sauveur et
de mettre notre confiance en lui.
Pour nous qui sommes habitués à notre société fondée sur la notion de mérite, la totale gratuité du salut nous parait presque choquante. Nous aimerions pouvoir mériter notre ciel.
Pourtant, quand nous y pensons, le fait que notre salut ne dépende pas de nous, est un avantage. En effet, qui d’entre-nous pourrait prétendre ne pas pécher et ainsi être sauvé grâce à ses propres efforts ? La Vierge Marie elle-même, reconnait que son salut ne vient pas de ses propres vertus puisqu’elle appelle Dieu « mon Sauveur » dans le Magnificat (cf. Lc 1, 47). J’espère donc que personne ne se fait d’illusion sur sa capacité à se sauver lui-même.
Puisque nous ne pouvons pas devenir des saints par nous-même, laissons Dieu travailler. Comme nous le dit saint Paul: « Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers ; que votre esprit, votre âme et votre corps, soient tout entiers gardés sans reproche pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ » (1 Th 5, 23).
Ainsi, lors de cette venue, notre Seigneur Jésus Christ nous fera entrer dans la joie de Dieu pour l’éternité. Un Sauveur qui nous offre un salut totalement gratuit et un bonheur éternel est une sacrée « bonne nouvelle » !!! Comment pourrions-nous la garder pour nous ? Plus de 2000 ans après la première venue de notre Seigneur, il y a encore des gens autour de nous qui ne l’ont encore jamais entendue.
Demandons donc au Seigneur de renouveler en nous, l’élan missionnaire afin que nous annoncions au monde que le Seigneur vient, et qu’il vient pour sauver tous les hommes.
Amen !