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Dimanche des Rameaux (Mt 21,1-11) – D. Jacques FOURNIER

Jésus Sauveur, Roi Doux et Humble de cœur (Mt 21,1-11)

Par tout son comportement, Jésus va se manifester ici tout à la fois comme le Nouveau Roi tant attendu de la lignée de David, le Messie, et comme le Prophète annoncé autrefois par Moïse (Dt 18,15-18), ce que les foules reconnaîtront bien à la fin : « Hosanna au fils de David…au prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. »

Lui-même s’était déjà présenté comme un prophète lorsqu’il avait lu dans la Synagogue de Nazareth, au tout début de son ministère, un extrait du Livre d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction » (Lc 4,16-22). Mais, lorsque ceux-là mêmes qui s’étonnaient du « message de grâce  qui sortait de sa bouche », le rejetteront peu après, Jésus leur dira : « Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie et dans sa maison » (Mt 13,57). Et c’est ce qui arrivera aussi à Jérusalem. Les foules « le tenaientbienicipour un prophète » (Mt 21,46), et pourtant, quelques jours après, beaucoup d’entre eux crieront : « Qu’il soit crucifié ! » (Mt 27,23-24).

Or, un prophète est quelqu’un qui a reçu de Dieu un Don tout particulier de l’Esprit Saint qui l’établit en communion de cœur avec Lui, « dans l’unité d’un même Esprit » (Ep 4,3). Et c’est dans ce Mystère d’Union, de Communion, d’Harmonie profonde avec Dieu, que la Parole de cet homme va recevoir un poids tout particulier : ce qu’il dira sera aussi en harmonie profonde avec Dieu, à tel point que Dieu pourrait Lui aussi dire la même chose… Dans l’Esprit, sa parole devient Parole de Dieu…

Vrai homme parmi les hommes, Jésus, « rempli d’Esprit Saint » (Lc 4,1) par le Père, est donc bien un prophète, et de cette Communion dans l’Esprit va jaillir ici une parole de connaissance : « Allez au village qui est en face de vous ; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée et son petit avec elle. Détachez-les et amenez-les moi. Et si l’on vous dit quelque chose, vous répondrez : « Le Seigneur en a besoin, mais il les renverra aussitôt. » » Et c’est exactement ce qu’il va se passer… On imagine sans peine la stupéfaction et l’émerveillement des disciples qui ont vécu tout cela… Notons au passage que rien de particulier ne leur a été demandé, sinon d’écouter et d’obéir… Et il en est toujours de même pour nous aujourd’hui puisque, nous dit Jésus Ressuscité, « je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20). Et « Jésus Christ est le même hier et aujourd’hui, il le sera à jamais » (Hb 13,8). Ce qu’il a fait hier, il continue donc de le faire aujourd’hui, notamment avec son Eglise et par elle. Et c’est toujours le Don de l’Esprit qui, accueilli, établit l’unité et l’harmonie que ce soit entre Dieu et son prophète, ou entre Dieu et son Eglise : « Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul Corps. Tous nous avons été désaltérés par l’unique Esprit… Or, vous êtes le Corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes les membres de ce Corps » (1Co 12,13).

Les disciples écoutent Jésus, lui obéissent et lui ramènent l’ânesse et son ânon. Or « cela s’est passé pour accomplir la parole transmise par le prophète » Zacharie. Tel est donc le seul but poursuivi par Jésus. Or Zacharie n’a fait que transmettre une Parole qui, finalement, dans l’Esprit, ne venait pas de lui mais de Dieu. Le seul souci de Jésus est donc lui aussi, comme pour les disciples précédemment, d’obéir à Dieu son Père. Dans ce Mystère d’obéissance à Dieu, tout est possible car c’est Dieu Lui‑même qui agit pour que sa Parole s’accomplisse… Or, cette Parole ne fait qu’exprimer sa volonté, ce qu’il veut, ce qu’il désire… La seule préoccupation de Jésus est donc d’obéir à Dieu son Père pour que sa volonté s’accomplisse… « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et de mener son œuvre à bonne fin » (Jn 4,34). Père, « que ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel » (Mt 6,10). « Mon Père », priera-t-il juste avant sa Passion, « si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! » (Mt 26,42). Et quelle est la volonté du Père ? St Paul la résume en quelques lignes : « Dieu, notre Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître pleinement la vérité. En effet, il n’y a qu’un seul Dieu, il n’y a qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous les hommes » (1Tm 2,3-6), pour que la volonté de Dieu soit faite : « que tous les hommes soient sauvés »…

Tel est donc le seul but poursuivi ici par Jésus… Oui, en vérité, il est bien ce roi annoncé par les Ecritures, non pas un roi dominateur, assoiffé de pouvoir, ne poursuivant que son seul intérêt personnel, comme hélas tant de « grands » de ce monde, mais un roi « juste et victorieux, humble et monté sur un âne, un âne tout jeune » (Za 9,9). On peut d’ailleurs remarquer que les disciples avaient ramené une ânesse, dans la force de l’âge, accompagnée de son petit ânon… La logique aurait voulu que Jésus s’asseye sur l’ânesse… Mais non, c’est bien sur le petit ânon qu’il va s’asseoir, ce qui, humainement parlant, n’est pas vraiment une image de force, de puissance et de prestige. C’est plutôt un enfant, un tout petit, que l’on mettrait sur un ânon… Et pourtant, c’est bien cela qui est arrivé, en parfait accord avec la prophétie de Zacharie : « Ils amènent le petit âne à Jésus, le couvrent de leurs manteaux, et Jésus s’assoit dessus » (Mc 11,7 ; Lc 19,35). Jésus est donc bien le Roi Messie « fils de David » annoncé par Zacharie, mais un Roi « humble », « doux » (Mt 11,29), « pauvre de cœur » (Mt 5,1), venu non pas pour dominer en Maître mais pour servir (Lc 22,27), non pas pour commander ses disciples mais pour leur laver les pieds (Jn 13,1-17)… « Vous le savez », disait-il, « les chefs des nations païennes commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand sera votre serviteur ; et celui qui veut être le premier sera votre esclave. Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mt 20,25-28).

Le titre de Roi donné à Jésus pouvait donc prêter à confusion, et c’est la raison pour laquelle St Matthieu ne le lui applique pas sinon dans la bouche des Mages lorsqu’ils demandent à Hérode : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? » (Mt 2,2). Puis, ce titre disparaît de son Evangile pour ne revenir, clairement appliqué à Jésus, qu’ici : « Voici que ton Roi vient à toi »…Mais ensuite, il interviendra souvent dans le récit de la Passion, car lorsque Jésus sera battu, humilié, crucifié (Mt 27,10.29.37.42), il ne sera plus possible de se méprendre sur sa royauté. Oui, vraiment, Jésus est Roi, mais dans l’humilité, la discrétion, la douceur, la non violence, l’apparente faiblesse qui se révèle en fait « Toute Puissance » de l’Amour, capable de dire « je t’aime » à celui qui cherche à le tuer, et qui, sur la Croix, offrira sa vie pour le salut de ceux-là même qui la lui enlèvent…

                                                                                               D. Jacques Fournier




Homélie du Père Sébastien PAYET (Messe télévisée du Dimanche 29 mars)

Homélie pour le 5ème dimanche de Carême – Année A.

« Moi, je suis la résurrection et la vie » (Jn 11, 25).

« Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » (Jn 11, 21 et 32) Cette affirmation reprise par les deux soeurs, Marthe et Marie, nous interpelle et nous rejoint, peut être plus particulièrement encore en ces temps de pandémie de coronavirus. Toutes les deux en effet avaient interpellé plusieurs jours auparavant Jésus, elles l’avaient informé de la maladie de leur frère Lazare, l’ami de Jésus. Mais celui-ci s’est attardé deux jours de plus à l’endroit où il se trouvait, se contentant d’affirmer que cette maladie ne conduirait pas à la mort. Or, Lazare est mort. Jésus se serait-il donc trompé ? Aurait-il menti à ses disciples ? Non, évidemment. Mais alors, pourquoi n’a-t-il rien fait ? Comme certains des Juifs venus auprès des soeurs pour les consoler, nous pourrions nous demander : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? » (v.37). Si, bien évidemment il l’aurait pu. N’a-t-il pas à d’autres occasions guéri des malades en danger de mort ? Oui, Jésus pouvait très bien empêcher Lazare de mourir. 

Mais il ne l’a pas fait et il s’en réjouit, non pas de ce que Lazare soit mort en tant que tel, mais que cette mort devienne l’occasion pour lui d’affirmer la victoire de la vie sur la mort et d’annoncer déjà ce que lui-même va accomplir dans les prochains jours, lors de sa Passion sur la Croix et sa Résurrection le troisième jour. Oui, « cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié » (v.4). Devant le drame de la mort, nous pourrions être tentés de remettre en question notre foi, en nous demandant : « Que fait Dieu ? », « Pourquoi n’intervient-il pas ? « , « Pourquoi ne stoppe-t-il pas la maladie, le virus ? », « Pourquoi n’a-t-il pas empêché tel accident ou catastrophe naturelle de se produire ? »… c’est la question du mal et de la souffrance, question à laquelle nous sommes tous tôt ou tard confrontés. Mais Jésus affirme que toutes ces épreuves, aussi terribles soient-elles, ne sont pas là pour que nous perdions la foi, mais bien au contraire pour que nous nous tournions vers Dieu, pour que nous croyions ! (Cf. v. 15)

Mais alors, Jésus serait-il insensible à la détresse de tant d’hommes et de femmes qui souffrent ? Non, d’ailleurs, il compatit à la souffrance des deux soeurs, en particulier de Marie, il est saisi d’émotion, il pleure. (Cf. v. 35). En Jésus, Dieu pleure. Dieu n’est pas indifférent au mal qui nous atteint, à la souffrance, à la mort. Bien au contraire. Dieu souffre avec nous. Il n’empêche pas toujours le mal, et il n’en est pas l’auteur, mais il le combat et il en est vainqueur. Car Jésus est venu pour la vie et non pour la mort ; il est venu nous donner la vie et celle-ci découle de notre foi. Car nous dit-il, « ton frère ressuscitera » (v.23), celui ou celle que tu as perdu, cet être cher qui te manque tant, ressuscitera. Oui, nous dit Jésus : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » (v. 25-26). Et un peu plus tard, à Marthe qui doute encore un peu parce que son frère est mort depuis quatre jours et qu’il « sent déjà », Jésus réaffirme : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » (v. 40). Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. La foi, la foi qui déplace les montagnes, la foi qui ressuscite les morts, la foi qui nous donne d’avoir accès à la vie éternelle, à la vie en Dieu, à la vie divine. 

Car dans cet Evangile, comme dans les autres lectures que nous avons entendues tout-à-l’heure, il est question de deux morts et par conséquent de deux types de vie. Car il y a mort et mort, vie et vie. Il y a la mort physique, biologique, celle à laquelle nous sommes tous confrontés, la mort de Lazare, par exemple, suite à sa maladie. De celle-ci Paul nous dit dans sa lettre aux Romains : « le corps, il est vrai, reste marqué par la mort à cause du péché » (Rm 8, 10). Le péché, le mal auquel nous pensons, que nous disons, que nous faisons, le bien que nous omettons, c’est cela qui est la cause de la mort, nous dit Paul, et donc de la souffrance. C’est ce qu’il appelle être sous l’emprise de la chair. Mais de cela, Jésus nous a libéré, nous qui étions liés par le péché, Jésus nous a déliés pour nous faire entrer dans la vie de l’Esprit qui nous fait vivre et devenir des justes. Car Jésus a souffert sur la Croix, il a porté le poids de nos péchés et de nos souffrances, il est mort et il est ressuscité. Et, nous dit Paul, « si l’Esprit de celui (c’est-à-dire Dieu le Père) qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels selon son Esprit qui habite en vous » (v. 11). Et le Seigneur de dire par son prophète Ezéchiel : « Je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez » (Ez 37, 14). Nous qui croyons, nous ne sommes pas sous l’emprise de la chair, mais de l’Esprit, et l’Esprit de Dieu, le Saint Esprit, nous fait vivre. Celui, dit Jésus, « qui croit en moi, même s’il meurt vivra » (Jn 11, 25). Vivra de la vie éternelle. C’est pourquoi, nous dit Jésus :  « Quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » (v. 26). 

La mort dont il s’agit ici, c’est ce que Saint Jean, dans son livre l’Apocalypse, qualifie de « seconde mort », « d’étang embrasé de feu » (Ap 20, 14-15), c’est-à-dire l’enfer, la damnation éternelle, ce choix, ce péché contre l’Esprit, qui consiste à rejeter définitivement la miséricorde de Dieu, à refuser de croire et d’espérer en son Amour infini qui relève toute personne qui se tourne vers Lui, et cela quelque soit son péché. Or, si nous croyons en Jésus, si nous gardons sa Parole, si nous vivons sous l’onction du Saint Esprit, en faisant les oeuvres de l’Esprit, nous sommes assurés de passer de la mort à la vie et de vivre à jamais dans l’éternité de Dieu. Car « Voyez comme il l’aimait » (Jn 11, 36) disent les Juifs venus consoler Marthe et Marie. Oui, Jésus aimait Lazare, ainsi que Marthe et sa soeur Marie (Cf. v. 5). 

Dieu nous aime, chacun d’entre nous, qui que nous soyons. Il veut faire de nous tous ses enfants bien-aimés, partageant sa vie divine pour l’éternité. Dieu le Père t’aime, Jésus t’aime, le Saint Esprit t’aime, tu es aimé de Dieu, n’en doute pas. Crois seulement. Et tu verras alors la gloire de Dieu ! Oh, marcher à la suite de Jésus et vivre par lui, avec lui et en lui, ne t’épargnera pas les épreuves de la vie, le combat, la souffrance et, au terme de ta route ici bas, la mort ; mais sache qu’au milieu de tout cela tu n’es pas seul, Dieu est avec toi, il souffre et combat avec toi, il te donne la victoire et te fait entrer dans la vie véritable, celle qui ne passera jamais. Tu n’es pas seul car d’autres frères et soeurs en Christ, en humanité, sont là aussi pour te soutenir, t’encourager, au besoin te consoler et te soigner. Jésus agit à ton égard aussi à travers eux tout comme il agit à leur égard à travers toi. Alors, ouvre-toi à l’amour de Dieu, à sa miséricorde ; aime ton prochain comme toi-même, comme Jésus nous a aimés : il a donné sa vie pour toi, pour nous tous, pour tous les hommes. Dans cette Eucharistie, offrons-nous nous-mêmes, offrons-nous les uns les autres à Celui qui nous a tant aimé, qui nous fait passer de la mort à la vie, à la vie éternelle !

Aux Makes, le mercredi 25 mars 2020,

En la solennité de l’Annonciation.

Père Sébastien PAYET.




5ième Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (Jn 11, 1-45).

« Lazare, viens dehors ! »

Le Covid-19, comme Dieu, n’est pas visible … mais c’est sans doute la seule chose qu’ils ont en commun.

Et la réaction des gens à ce virus est forte, et quasi unanime : on le craint, on fait tout pour ne pas l’attraper (ou qu’il nous attrape), on reste chez soi, entre soi, et pour beaucoup d’entre nous, on pense d’abord à soi (razzia sur les conserves, les pâtes et autres …), mais pas pour tous, heureusement.

Il y a des gens qui se donnent à fond : personnel médical, pompier, police … ainsi que des bénévoles dans des associations, ou dans leur immeuble ou auprès de leurs voisins, pour leur venir en aide, au risque d’être contaminés … et d’en mourir, comme bon nombre de prêtres en Italie.

Le Covid-19 est apparu il y a peu, quelques mois … il existe, mais n’a aucune volonté propre. C’est un être vivant, mais sans âme …

Dieu, lui, a une âme, n’est qu’âme …

Il existe depuis toute éternité, bien avant qu’il ne crée ’’le monde et tous ses habitants’’ …

Les réactions vis-à-vis de lui ne sont pas les mêmes pour tous : certains n’en ont rien à faire, ou milite contre lui, d’autres pensent à lui de différentes manières, dans différentes religions. Et ceux-là ont la crainte de Dieu : non pas une crainte-peur (comme pour le Covid-19), mais une crainte-respect devant celui qui les dépasse, devant qui ils se reconnaissent petits en toutes choses, et principalement en amour !

Et le message de Dieu ne conduit pas à nous refermer sur nous-mêmes, à nous confiner, mais au contraire à nous faire serviteur des autres, à penser d’abord à eux avant de penser à nous : « Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi. » (Mt 7,12).

Pensons à nos voisins, notre famille. Le confinement ne veut pas dire arrêter toute activité sociale, et un petit coup de fil aux anciens ou aux enfants, à un voisin seul, ou autre personne, peut faire du bien, rompre l’isolement ; ou faire quelques courses pour un voisin sans moyen de transport … tout en respectant la réglementation et les ’’gestes barrières’’.

Dans l’évangile de ce jour, on a une situation qui peut paraître paradoxale pour nous en ce moment. On annonce à Jésus – qui se trouve au-delà du Jourdain, en Transjordanie, par peur des juifs – que son ami Lazare est malade … et curieusement il ne fait rien : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. »

On a entendu une phrase semblable dimanche dernier : « Mais [il est né aveugle] pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. » (Jn 9,3) : la guérison, qui amène à la foi de l’ancien aveugle.

On retrouve les mêmes dispositions ici : la guérison de la mort = le retour à la vie de Lazare, qui amène les disciples (v 15) ainsi que la foule (v 45) à la foi.

Et Jésus attend deux jours pour dire aux disciples : « Revenons en Judée. ». Incompréhension des disciples : « On est venu ici, en dehors de la Judée car les juifs veulent te lapider, veulent ta mort, et toi tu veux y revenir ! ». Après une digression sur la lumière et les ténèbres, qui n’est pas sans rappeler aussi l’évangile de dimanche dernier avec les aveugles qui parviennent à la lumière et les pharisiens qui restent dans les ténèbres, Jésus dit aux disciples : « Lazare, notre ami, s’est endormi; mais je vais aller le tirer de ce sommeil… Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez»

Les pauvres disciples ont bien du mal à suivre : La maladie de Lazare ne conduit pas à la mort, … il est endormi, … il est mort … et en plus, Jésus s’en réjouis !

Quel est le but de Jésus ?

On peut penser que Jésus ait attendu le nombre de jours nécessaires pour être sûr que Lazare soit bien mort et qu’il n’y ait aucune contestation possible sur ce fait (Jésus savait que Lazare était mort, il est omniscient !) avant de décider de son retour en Judée, afin de préparerles disciples à sa propre résurrection en ayant la possibilité de redonner vie à Lazare.

Quand le groupe arrive à Béthanie, cela fait quatre jours que Lazare est dans le tombeau.

L’attitude des deux sœurs est différente, même si elles ont les mêmes mots d’accueil vis-à-vis de Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. ».

Marthe, vive et empressée, n’ayant pas peur de dire son fait aux gens qu’elle rencontre, va à la rencontre de Jésus dès qu’elle apprend son arrivée, et après les mots d’accueil, elle ajoute aussitôt : « Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera.», ce qui est une manière implicite de dire « Je sais que tu peux redonner vie à mon frère si tu le demandes à ton Père ». A la réponse de Jésus, elle affirme : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. », et Jésus répond : « Moi, je suis la résurrectionet la vie. Celui qui croiten moi, même s’il meurt, vivra; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ?», ce qui ne présuppose rien de ce qui arrivera par la suite … mais le suggère fortement !

Marie, elle, plus calme, reste prostrée à la maison, comme il se doit quand on est en deuil, priant et/ou se lamentant de la perte de son frère. Quand Marthe vient la prévenir que Jésus l’appelle, elle part rapidement vers lui, suivie de la foule des juifs présents, et dit la même chose que sa sœur, mais elle pleure. Jésus alors, montrant sa sensibilité humaine, « saisi d’émotion » pleureavec elle la perte de son ami. Il est rare de voir ainsi Jésus montrer ouvertement ses sentiments !

Quand arrivé au tombeau Jésus demande d’enlever la pierre, Marthe, toujours aussi vive et vindicative s’exclame : « Oh ! ça va pas ! ça fait quatre jours qu’il est là, il sent déjà ! ».

Jésus répliqua : « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu.», en corrélation avec le verset 4 : « Cette maladie (…) est pour la gloire de Dieu ».

Jésus lève les yeux au ciel et rend grâce à son Père, lui demandant d’exaucer sa demande, « à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croientque c’est toi qui m’as envoyé. ». Il est rare de voir Jésus demander à son Père de l’exaucer avant de faire un miracle ; On le voit avant la multiplication des pains. Et ces deux cas sont en lien avec la fin de la vie terrestre de Jésus : l’institution de l’Eucharistie, pain de vie pour la vie éternelle, et la résurrection de Jésus qui nous ouvre la voie à la vie éternelle !

« Lazare, viens dehors !»

Et Lazare le fit ! Et beaucoup de juifs crurent en Jésus.

Et les apôtres étaient bien préparés à la résurrection de Jésus qui devait survenir peu après. Mais ils eurent quand même du mal à y croire ! Ce qui aurait aussi été notre cas si nous avions été à leur place !

Prions Dieu avec tous ceux qui le craignent, qui le respectent, pour qu’il puisse faire en sorte que le monde ne soit pas contaminé par le Covid-19 et que les différents pays puissent revivre normalement.

Demandons à Marie d’intervenir auprès de son fils pour cela, elle qui a dit : « Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. » (Lc 1,50)

Dieu veille sur ceux qui le craignent,

qui mettent leur espoir en son amour,

pour les délivrer de la mort,

les garder en vie aux jours de famine (de virus).

Nous attendons notre vie du Seigneur :

il est pour nous un appui, un bouclier.

La joie de notre cœur vient de lui,

notre confiance est dans son nom très saint.

Que ton amour, Seigneur, soit sur nous

comme notre espoir est en toi !

Psaume 32, 18-22

Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée de ce cinquième dimanche, il suffit de cliquer sur le titre suivant :

Prière dim carême A 5°




Homélie du Père Sébastien VAAST (Messe télévisée du dimanche 22 mars)

Depuis la crise sanitaire provoquée par le coronavirus Covid 19, Réunion La Première retransmet le dimanche à 10h 00 la célébration de l’Eucharistie en la chapelle de l’Eglise 2.0 à Ste Marie (https://www.facebook.com/Eglise2.0/). Nous sommes heureux de pouvoir vous communiquer l’homélie que le Père Sébastien VAAST, Jésuite, donna à cette occasion dimanche 22 mars…

Qu’elle puisse être le support d’un moment avec Jésus, Lui qui met dans nos coeurs « plus de joie que toutes leurs vendanges et leurs moissons » (Ps 4), une « joie » que St Paul appelle « consolation » en ces temps d’épreuves et de souffrances pour beaucoup… « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toute notre tribulation, afin que, par la consolation que nous-mêmes recevons de Dieu, nous puissions consoler les autres en quelque tribulation que ce soit.De même en effet que les souffrances du Christ abondent pour nous, ainsi, par le Christ, abonde aussi notre consolation » (2Co 1,3-5). Et la Bible de Jérusalem de préciser en note : « La consolation est annoncée par les prophètes comme caractéristique de l’ère messianique (Is 40,1), et devait être apportée par le Messie, (Lc 2,25). Elle consiste essentiellement dans la fin de l’épreuve et dans le début d’une ère de paix et de joie, (Is 40,1s ; Mt 5,5). Mais, dans le Nouveau Testament, le monde nouveau est présent au sein du monde ancien et le chrétien uni au Christ est consolé au sein même de sa souffrance, (2Co 1,4-7 ; 7 4 ; cf. Col 1,24). Cette consolation n’est pas reçue passivement, elle est en même temps réconfort, encouragement, exhortation (même mot grec paraklèsis). Sa source unique est Dieu (2Co 1,3-4), par le Christ (2Co 1,5) et par l’Esprit (Ac 9,31), et le chrétien doit la communiquer (2Co 1,4.6 ; 1Th 4,18)… Elle est source d’espérance (Rm 15, 4) ».

 

Tout commence par un regard, celui que Jésus pose sur l’aveugle. Tout a commencé pour nous par le regard de tendresse posé par Dieu sur l’humanité. Cette humanité aveugle de naissance, qui cherche à tâtons son chemin. Et le Fils est venu pour être la lumière du monde…

Jésus a fait un geste sur les yeux de l’aveugle. Il lui a dit un mot. Puis, il a disparu. Il n’était même pas là quand les deux yeux de l’homme se sont ouverts à la Lumière. Il a créé l’événement et puis il laisse les hommes se débrouiller avec.

Et les réactions vont bon train. Ces réactions ce sont les nôtres, celles des hommes d’aujourd’hui, chaque fois qu’il est question du Christ et de son Eglise.

Il y a les amateurs de sensationnel, comme les voisins, qui veulent savoir comment ça s’est passé. Mais ils ne vont pas plus loin. L’actualité va vite et, bientôt, un autre fait-divers va défrayer la chronique, et bonjour les ladi lafé !

Il y a ceux qui ne veulent pas se mouiller, comme les parents. Cette histoire pourrait bien susciter des ennuis. Alors on ne sait rien, on a rien vu. La vie est assez difficile pour ne pas se rajouter des problèmes supplémentaires. Et l’on repart vers ses petits soucis sans se rendre compte qu’on est passé à côté de la Lumière.

Et puis, il y a les pharisiens qui possèdent la vérité et qui n’acceptent pas d’être remis en question. Si les faits ne cadrent pas avec leurs propositions, ce sont les faits qui ont tort. Défense à Dieu d’intervenir hors des chemins qu’ils ont prévus. Plus grave que la cécité naturelle, l’aveuglement du cœur.

Mais Dieu n’impose pas sa Lumière…Il est bien trop respectueux pour cela. Libre à moi de garder mes volets fermés. Il n’ouvrira pas les yeux de force.

Au milieu de tous ces gens qui se laissent aveugler par la paresse et le superficiel, par la peur, par la suffisance intellectuelle… il y a le témoin, cet aveugle guéri qui se débat comme il peut avec ses yeux fraîchement ouverts et qui visiblement gênent tout le monde.

Au début, il n’y voit pas beaucoup plus clair que les autres. Il sait seulement que le nommé Jésus lui a dit d’aller se laver à la piscine de Siloë. Et il sait mieux encore qu’il est passé des ténèbres à la Lumière. Cela, il ne peut le nier, et qu’on ne lui demande pas de dire le contraire ! Quant à expliquer pourquoi ou comment, ça il en laisse le soin aux savants. Seulement, toutes les explications que donnent ces messieurs ne tiennent pas devant ce que lui, il vient de vivre. Et plus on lui ordonne de rendre compte de son expérience, plus on lui demande des comptes sur son aventure, plus il réalise que lui, le mendiant aveugle qui n’est même pas parti à l’école, il est témoin d’une expérience formidable, exceptionnelle, incroyable…

Plus la clarté se fait en lui, plus il découvre l’origine de cette Lumière Nouvelle qui l’habite : c’est Dieu lui-même qui est venu le visiter.

C’est le dialogue difficile avec tous ces incroyants finalement qui l’amène à pouvoir dire, avec tout son être, dès qu’il rencontre à nouveau Jésus : « Je crois, Seigneur ! »

Mais celui qui s’enferme dans ses certitudes ne peut même plus ouvrir les yeux…

Et pour moi, à quel moment a commencé le passage des ténèbres à la Lumière ? Certains peuvent le dater avec précision parce que ça a été comme un éclair : soudain il y a eu une clarté nouvelle sur leur vie. Pour d’autres, l’illumination a été progressive. Tellement progressive qu’elle est difficilement repérable. Et si ce moment c’était le jour où leurs yeux d’enfants ont été lavés dans l’eau du baptême ?

Mais quelle qu’en soit l’origine, ma foi s’affermit toujours dans la mesure où j’essaie de la dire en réponse aux questions qu’on me pose : celles de mes amis, de mes enfants, de mes petits-enfants… celles des incroyants. En quoi tu crois ? En qui tu crois ? Pourquoi tu crois cela ? Parfois j’ai peur et je me sens bien maladroit pour répondre. Et pourtant, ces questions m’obligent à remonter jusqu’à la source de ma foi, jusqu’à l’intime de moi-même. Car les autres attendent. Ils attendent une réponse. Et ce qu’ils attendent, ce n’est pas que je récite ce que j’ai appris dans le catéchisme, non ! Ce que les autres attendent de moi c’est que je rende compte d’une expérience, de mon expérience de vie avec le Seigneur Jésus ; que je parle de ce que je vis avec Lui. Ainsi, poussé par leurs questions, poussé par eux, je prends conscience d’être moi aussi porteur d’une Lumière, d’une Lumière qui ne vient pas de moi, mais d’un Autre, de Dieu lui-même qui a posé son regard d’amour sur moi.

Alors je deviens témoin devant les autres de ce passage du Christ dans ma vie.

                                                                                   P. Sébastien VAAST, SJ




4ième Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (St Jean 9, 1-41)

L’aveugle-né, témoin de Jésus-Christ.

 

« Qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. »

Aussitôt, Jésus crache à terre et fait de la boue. « Puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle ».

Quelle a dû être la surprise de l’aveugle de sentir qu’on lui mettait de la boue sur ses yeux ! Il n’avait rien demandé ! Qui se permet de ’’jouer’’ avec lui !

C’est la deuxième fois dans l’évangile de Jean que Jésus prends l’initiative de guérir quelqu’un. La première fois, c’était pour le paralytique de la piscine de Bethzata, et c’était aussi un jour de sabbat !

Et voici qu’il entend une voix : « ’’Va te laver à la piscine de Siloé’’ – ce nom se traduit : Envoyé. »

On ne sait pas comment était la voix de Jésus. Mais elle devait sans doute être persuasive, car l’aveugle y alla sans rechigner. Et ce n’était pas à côté, il y avait du chemin à faire … Et peut-être y avait-il d’autre point d’eau plus proche … Pourquoi Siloé ? À cause de son nom : l’envoyé. Avec peut-être deux explications possible : L’envoyé peut s’appliquer à Jésus, qui est l’envoyé de Dieu son Père. Mais on peut aussi l’appliquer à l’aveugle qui, une fois guéri, deviendra l’envoyé de Jésus, le témoin de Jésus, d’abord auprès des pharisiens, et ensuite … on ne le dit pas, mais il est certainement resté disciple de Jésus.

Cette obéissance de l’Aveugle à la Parole de Jésus est une démarche de foi, celle qui précède habituellement les miracles de Jésus. En allant se laver dans la piscine de Siloé, c’est comme s’il allait vers la cuve baptismale pour y être lavé de ses péchés, et devenir un homme nouveau, témoin de Jésus, de sa miséricorde et de son amour pour les plus petits, les plus faibles …

« Quand il revint, il voyait »

Et c’est là que commencent les problèmes avec les autres : ses voisins et les autres mendiants pour commencer, puis avec les pharisiens : est-ce qu’il était vraiment aveugle ou qu’il faisait semblant ? Et puis comme c’était le sabbat, comment Jésus avait-il osé le guérir ? Avec cette autre question : Jésus est-il de Dieu ou un pécheur ? « Ainsi donc, ils étaient divisés. »

Pour l’ancien aveugle, pas de problème : « C’est un prophète. »

Après la convocation des parents pour certifier qu’il était véritablement aveugle, les pharisiens, bien remontés contre Jésus, reconvoquent l’ancien aveugle pour lui dire : « Rends gloire à Dieu ! ». Comme si l’ancien aveugle les avait attendu pour cela ; le fait d’affirmer que Jésus est un prophète, un envoyé de Dieu, était déjà une manière de rendre gloire à Dieu.

Mais en plus, ils disent : « Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. »

Une certitude ’’aveugle’’ qui ne repose sur rien, sinon leurs a-priori.

À laquelle réponds l’ancien aveugle : « Mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et à présent je vois. », ce qui est un fait absolument vérifiable, … et vérifié par tous.

Ce à quoi les pharisiens demandent de nouveau comment Jésus a fait pour le guérir.

La réponse de l’ancien aveugle est pour le moins plaisante et donne l’impression qu’il se moque de ces pharisiens : « Serait-ce que vous voulez, vous aussi, devenir ses disciples ? »

Réponse furieuse des pharisiens : « C’est de Moïse que nous sommes les disciples. ». Ce à quoi Jésus avait déjà répondu : « Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car c’est à mon sujet qu’il a écrit. Mais si vous ne croyez pas ses écrits, comment croirez-vous mes paroles ? » (Jn 5,46-47).

L’ancien aveugle, qui n’était pas sot, leur répondit de manière claire, terminant par : « Si lui n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. », montrant bien ce qu’il pensait de Jésus, et qu’il confirmera quand celui-ci lui demanda s’il croyait au fils de Dieu : « – Qui est-il ? … – C’est moi qui te parle … – Je crois, Seigneur ! »

Résumons la relation entre Jésus et l’aveugle, du point de vue de l’aveugle, qui n’est pas sourd ; ce qui ne représente que quelques lignes dans ce long récit :

– Quand Jésus dit : « Va à la piscine de Siloé, et lave-toi », il écoute et obéit

– S’étant lavé : il voit physiquement.

– Quand Jésus le retrouve et dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? C‘est moi. », il écoute

– Et il comprend : il croit, c’est-à-dire qu’il voit avec son cœur.

Écouter, voir, croire … C’est tout ce que le Père disait aux trois apôtres sur le mont Thabor dans l’évangile d’il y a quinze jours …

L’aveugle était devenu un témoin de Jésus-Christ.

Puissions-nous en faire autant …

Seigneur Jésus,

quelle force morale dans cet aveugle

qui retrouve la vue :

il t’écoute sans broncher,

il fait ce que tu dis,

et il devient un formidable témoin

de ce que tu es …

Que nous sachions t’écouter

comme lui en tout ce que tu dis !

Francis Cousin

  

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Prière dim carême A 4°




3ième Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (St Jean 4, 5-42)

La Samaritaine,

missionnaire sans le savoir.

 

Traversant la Samarie, Jésus s’arrête au puits de Jacob, près de Sykar, fatigué par la voyage. Il envoie ses apôtres jusqu’à la ville pour aller chercher des victuailles. C’est leur mission du jour.

Arrive une samaritaine, en plein midi, pour puiser de l’eau. Suite à la discussion avec Jésus, toute bouleversée, elle retourne à la ville en s’interrogeant : « Serait-ce le Messie ? », et elle en parle à tout le monde. Elle s’est faite missionnaire, sans la savoir.

Les deux parties vont à la ville, mais pas pour les mêmes raisons. Les premiers, pour satisfaire leurs besoins ; la seconde, pour partager avec les gens une bonne nouvelle, ou une interrogation.

A priori, ce n’est pas ce qu’on attend d’eux : on attend des apôtres qu’ils annoncent la Bonne Nouvelle, et de la femme qu’elle s’occupe de sa maison, fasse ses courses … même si au départ elle était partie pour chercher de l’eau au puits …

On a une inversion des attentes.

On peut trouver des raisons à cela. Si l’on s’en tient à la chronologie de l’apôtre Jean, les apôtres en sont au tout début de leur enseignement par Jésus, et ils ne sont pas encore ’’affûté’’ pour annoncer la Parole de Dieu. Il leur faudra encore pas mal de temps pour qu’ils soient au point, après la Pentecôte.

La femme, elle, commence par s’insurger de l’attitude de Jésus : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? », puis s’étonne des réponses de Jésus : « D’où as-tu donc cette eau vive ? », puis elle va l’appeler Seigneur, Prophète, puis poser une question sur le Messie qui doit venir … « Je le suis, moi qui te parle » répond Jésus. C’en est trop pour elle : Déjà ce que Jésus avait dit de sa situation matrimoniale l’avait déstabilisée, … il faut qu’elle parle, qu’elle fasse connaître cet homme à ceux qu’elle connaît … et qui la connaissent, elle, connue comme une femme de mauvaise vie …

Alors, quand ils l’entendent leur parler, elle qui s’était isolée du groupe, pour dire : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? », ils accourent auprès de Jésus. La Samaritaine a pu être missionnaire parce qu’elle connaissait les gens de la ville, et qu’elle était connue d’eux.

Elle a été missionnaire sans le savoir, puisque les gens de la ville, après avoir entendu Jésus, crurent en lui.

On pourrait penser qu’il y a en gros deux dimensions dans la mission des baptisés :

– Une dimension intellectuelle et spirituelle : connaissance des écritures, de la Parole de Dieu, animation de la prière, célébrations et liturgie des sacrements, établissement de projet pastoraux, répartition des rôles …

– Une dimension matérielle : construire et entretenir les églises, les salles d’accueil diverses, prévoir le logement, la nourriture, le nettoyage, le lavage etc …

Ces deux dimensions étaient auparavant assurées par le clergé, surtout dans les ’’pays de mission’’ ou dans les paroisses pauvres de campagne.

Avec le concile Vatican II, et le rôle plus important donné aux ’’fidèles laïcs’’, et dans nos pays avec la raréfaction des vocations sacerdotales, on constate une redistribution des rôles entre les deux dimensions : on voit de plus en plus de ’’fidèles laïcs’’ qui s’engagent dans l’animation liturgique, qui lisent la bible, qui suivent des formations exégétiques, théologiques, sur l’histoire de l’Église, etc, données par divers organismes, qui font le catéchisme, qui animent des mouvements religieux … on voit la mise en place des Conseils Paroissiaux d’Animation Pastorale et des Conseils Économiques Paroissiaux dans les différentes paroisses … et qui aident dans la dimension matérielle …

Quant au clergé, s’il garde bien évidemment la responsabilité des sacrements, l’animation de la paroisse, et est le garant de la catholicité des différents mouvements, il n’oublie pas les tâches ménagères, comme l’on fait les apôtres à Sykar.

Cependant, en fait, s’il y a plusieurs manières de vivre notre mission de baptisés, quelle qu’elle soit, il y a toujours des moments plus spirituels et d’autres plus matériels.

Reprenons ce que disait le pape François au n° 14 de ’’La joie de l’Évangile’’ : « Remarquons que l’évangélisation est essentiellement liée à la proclamation de l’Évangile à ceux qui ne connaissent pas Jésus Christ ou l’ont toujours refusé. Beaucoup d’entre eux cherchent Dieu secrètement, poussés par la nostalgie de son visage, même dans les pays d’ancienne tradition chrétienne. Tous ont le droit de recevoir l’Évangile. Les chrétiens ont le devoir de l’annoncer sans exclure personne, non pas comme quelqu’un qui impose un nouveau devoir, mais bien comme quelqu’un qui partage une joie, qui indique un bel horizon, qui offre un banquet désirable. L’Église ne grandit pas par prosélytisme mais ’’par attraction’’. »

C’est ce qu’a fait, sans le savoir, la Samaritaine.

Puissions-nous le faire, nous aussi, mais en le sachant, et ’’par attraction’’.

Seigneur Jésus,

cette samaritaine,

qui était pourtant assez hostile au départ,

a su t’écouter,

et elle a compris qui tu étais.

Grâce à elle,

les gens de la ville sont venus à toi,

ils t’ont entendu,

et ils ont cru à ta Parole.

Que nous ayons la joie et l’enthousiasme

de cette femme

quand nous parlons de toi.

Francis Cousin

  

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Prière dim carême A 3°




2ième Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (St Matthieu 17, 1-9)

 « Écoutez-le ! »

 

Tout ceux qui ont eu l’occasion de monter « sur une haute montagne » ont ressenti une joie intérieure en arrivant au sommet ; non pas tant pour être arrivé au bout, mais par la beauté du paysage qu’on y peut voir. Et certains ne peuvent s’empêcher de penser à Dieu qui nous a fait cadeau d’une si belle création. Et ce n’est pas pour rien que très souvent on y voit des croix.

La hauteur nous rapproche spirituellement de Dieu, et en même temps nous éloigne de ce qui fait notre train-train quotidien, nos contingences matérielles. Et cela nous incite à une prière de remerciement à Dieu, pour la beauté, … pour sa bonté …

Mais ce qui est arrivé « sur une haute montagne » aux trois apôtres choisis par Jésus va les amener à une expérience encore plus forte, avec la transfiguration de Jésus, qui apparaîtra dans sa gloire, et la présence de Moïse et de Elie qui conversent naturellement avec Jésus.

On voit le lien avec l’ancien testament, la loi et les prophètes … et le nouveau testament avec Jésus.

En un instant, l’espace terrestre s’élargit de la Galilée jusqu’au Sinaï, voire même à la Galaxie avec l’ouverture des cieux, et le temps remonte jusqu’à 1300 ans en arrière !

Si on regarde les sept protagonistes de ce passage de l’évangile, que voit-on ?

– Moïse a eu une révélation divine au sommet du Sinaï : il a entendu et vu Dieu de ses yeux, mais seulement de dos, car « mon visage, personne ne peut le voir. » (Ex 33.23). Et Dieu lui a donné une Mission envers le peuple hébreu : révéler son nom et donner les dix commandements.

– Elie a eu une révélation divine au sommet de l’Horeb : il a entendu Dieu et senti sa présence par « le murmure d’une brise légère » (1 R 19,12). Et Dieu lui a donné une Mission : oindre deux rois et son successeur Élisée.

– Jésus, Fils de Dieu, n’a pas eu de révélation car il est avec Dieu depuis toujours. Mais c’est en lui que Dieu se révèle aux trois apôtres. Sa mission, il la connaît déjà.

– les trois apôtres vont avoir une double révélation divine. Par la vision glorieuse de Jésus d’une part, et d’autre part par l’écoute de la parole de Dieu venue des nuées : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé … ». Leur mission : « Écoutez-le ! » vous-même, et redonnez ce message à tous ceux que vous rencontrerez.

– Et le dernier, Dieu, qui est l’origine et la fin … et que nous devons écouter à travers son fils Jésus.

La révélation de Dieu se fait en utilisant nos sens : la vue (Moïse, les apôtres), l’ouïe (Moïse, Elie, les apôtres), le toucher (Elie, par la brise).

Et on pourrait ajouter l’odorat (l’odeur répandue par les saints) et le goût (La Parole douce comme le miel (Ez 3,3), ou l’eucharistie).

Dieu utilise tous nos sens pour nous parler, pour se faire connaître, et pas seulement notre intelligence. D’ailleurs Jésus dit de même : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » (Mt 11,25).

Ce message qui a été donné aux apôtres lors de la transfiguration, leur mission, elle est aussi la nôtre : « Écoutez-le ! ».

Écouter Jésus dans son enseignement, par la lecture, la méditation de sa Parole que l’on trouve dans les évangiles.

Écouter Jésus dans la prière, dans l’adoration, dans le ’’dialogue’’ avec lui en essayant de comprendre ce qu’il veut nous dire.

Écouter Jésus dans nos actions (dans le sens d’obéir), en mettant en œuvre ses paroles, notamment dans les œuvres de miséricorde. « Ce n’est pas en me disant :Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. » (Mt 7,21).

Notre mission de chrétiens est de toujours écouter la Parole de Jésus, qui est aussi la Parole de Dieu … et de la mettre en pratique. C’est ce que disait aussi Marie : « Faites tout ce qu’il vous dira ! » (Jn 2,5).

Suivre cet enseignement, c’est aussi mettre en œuvre deux des points forts que l’on demande habituellement pendant le carême : la prière et le partage (œuvres de miséricorde), mais qui sont à faire aussi en dehors du carême, tout le temps. Et comme l’évangile nous le disait le mercredi des cendres, sont à faire dans le secret ou dans la discrétion, car « ton Père qui voit dans le secret te le rendra. » (Mt 6,6).

Seigneur Jésus,

bien souvent notre prière se résume

à te faire des demandes :

nous voulons ceci ou cela.

Nous avons renversé les rôles !

Ton Père nous a dit :

’’Écoutez-le’’ en parlant de toi.

Et toi tu as ajouté :

’’Et mettez mes paroles en pratique’’.

C’est notre mission de baptisés.

 

Francis Cousin,

  

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Prière dim carême A 2°




1er Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (St Matthieu 4, 1-11)

 « Alors le diable le quitte. »

 

Oh ! comme nous aimerions qu’il en soit de même pour nous !

Pèche, colère, emportement, rixe, mensonge, fausseté …, « en pensée, en parole, par action et par omission », oui, vraiment, nous sommes pécheurs, et plus souvent qu’on ne le voudrait.

La plupart du temps, on le regrette aussitôt, mais parfois le mal est fait, … et il est bien difficile de revenir à l’état antérieur d’unité, de respect de l’autre, d’amour, envers Dieu et envers les autres …

Mais si le diable a quitté Jésus, au bout des quarante jours que celui-ci a passé dans le désert, en communion avec son Père, avant même qu’il n’entame sa vie publique, il n’en n’a pas pour autant fini avec lui … et il n’aura de cesse d’attiser la haine dans le cœur des ’’bons juifs’’, les docteurs de la loi, les scribes, les pharisiens … pour contrer Jésus, essayer de le déstabiliser, … et enfin en les décidant à mettre Jésus à mort.

Et pendant la Passion, Il se vengea en instrumentalisant Judas : « Et, quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui. » (Jn 13,27), le sanhédrin, des faux témoins, même Pierre qui renie Jésus … et jusqu’à Jésus dans l’esprit duquel il « met le trouble » pour l’empêcher d’aller jusqu’au bout de sa mission : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! » (Mt 26,39a), ou encore : « Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? » (Jn 12,27a).

Mais la tentation de Jésus n’est que fugace, et il n’entre pas en elle, et vite il se reprend : « Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. » (Mt 26,39b) et « Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! » (Jn 12,27b).

Cela n’a pas eu d’influence sur Jésus parce qu’à chaque fois, il s’en remet à son Père et à sa mission. Il n’empêche que Jésus a connu la tentation, comme nous, et de ce fait, il peut compatir à nos faiblesses : « En effet, nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. » (He 4,15). C’est la relation constante avec son Père, l’unité entre lui et son Père, qui permet à Jésus de déjouer les désirs du Démon ; c’est son obéissance à son Père qui lui donne raison : « De même que par la désobéissance d’un seul être humain la multitude a été rendue pécheresse, de même par l’obéissance d’un seul la multitude sera-t-elle rendue juste. » (deuxième lecture).

Il en était de même lors de la tentation au désert.

« Si tu es le Fils de Dieu … »

La tactique préférée du Malin est de mettre le doute dans l’esprit des gens. Et il en fait de même avec Jésus. Or le Père venait juste de dire à Jésus, juste avant qu’il entre au désert, à l’issu de son baptême : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. » (Mt 3,17), et tous ceux qui étaient là l’avait entendu.

Mais Jésus reprend le Malin en utilisant une phrase de la Torah, mettant par là-même toute son action dans la ligne définie par Dieu à travers la Loi.

Au début de ce carême qui nous mène vers Pâques, prenons conscience des tentations qui sont mises devant nous, et pour certaines desquelles nous ne pensons même pas que ce sont des tentations. Mais chacune peut être assimilée à l’une de celles qu’a subi Jésus :

– La tentation de notre bien-être personnel. Nécessaire, mais qui peut aussi amener à de la suffisance envers les autres, à l’égoïsme …

– La tentation de la richesse, du pouvoir … qui concerne tout le monde, et pas seulement ceux qu’on appelle les ’’grands de ce monde’’. On la trouve dans les couples, dans nos familles, dans les paroisses, dans nos quartiers, dans notre vie sociale, politique, ou économique …

– la tentation de vouloir être comme des dieux (première lecture), qui existe encore, qui est peut-être plus sournoise. Notamment avec le développement des connaissances et les avancées de la science, avec tous les problèmes liés à la dignité de l’homme : eugénisme, euthanasie, réalité augmentée, PMA, GPA … mais pas seulement … quand on demande à Dieu de faire nos volontés.

Les tentations existent pour tous. Et d’un sens, heureusement, car elles nous permettent de réfléchir sur ce que nous devons faire, d’avancer … dans un sens ou dans l’autre, en souhaitant que ce soit dans le sens de la dignité, de l’amour ’’vrai’’ des autres et non pas égoïste.

C’est ce que nous dit saint Jacques : « Considérez comme une joie extrême, mes frères, de buter sur toute sorte d’épreuves (de tentations). Vous le savez, une telle vérification de votre foi produit l’endurance, et l’endurance doit s’accompagner d’une action parfaite, pour que vous soyez parfaits et intègres, sans que rien ne vous manque. » (Jc ,1,2-4), ou encore saint Antoine, le père des moines : « Supprimez les tentations, et personne ne sera sauvé. ». En effet, alors il n’y aurait plus de remise en causes de nos actions, d’adhésion réelle à l’enseignement du Christ, de désir de vouloir être sauvé.

Alors, quand vous ressentez une tentation devant vous, un seul remède, se mettre en face de Dieu et le prier de nous aider, « prenez l’humilité comme tenue de service. En effet, Dieu s’oppose aux orgueilleux, aux humbles il accorde sa grâce. Abaissez-vous donc sous la main puissante de Dieu, pour qu’il vous élève en temps voulu. Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, puisqu’il prend soin de vous. Soyez sobres, veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. Résistez-lui avec la force de la foi, car vous savez que tous vos frères, de par le monde, sont en butte aux mêmes souffrances. » (1P 5,5-9).

La prière est la seule solution. D’ailleurs Jésus le disait à ses apôtres : « Priez pour ne pas entrer en tentation. » (Lc 22,40.46).

Seigneur Jésus,

Tu as été tenté par le Démon,

mais tu n’as jamais succombé

parce que tu étais toujours en lien

avec ton Père qui te soutenait.

Fais qu’à chaque fois que nous sommes tentés

 nous ayons le réflexe de nous mettre

 en relation avec ton Père,

qui saura bien nous aider.

 

Francis Cousin

 

  

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Prière dim carême A 1°




1er Dimanche de Carême – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 4, 1-11).

Dans la vie du Fils,

le Père est à la première place …

 

En ce temps-là, Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable.
Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.
Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. »
Mais Jésus répondit : « Il est écrit : ‘L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.’ »
Alors le diable l’emmène à la Ville sainte, le place au sommet du Temple
et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : ‘Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre.’ »
Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : ‘Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu.’ »
Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire.
Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. »
Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : ‘C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte.’ »
Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient.

« Jésus fut conduit au désert par l’Esprit » et donc par Dieu son Père qui fait tout pour son Fils par l’Esprit. Jésus est docile, obéissant : « J’aime le Père et je fais comme le Père m’a prescrit » (Jn 14,31). Le but visé ici est de manifester la victoire de Dieu sur le mal car si « le Verbe s’est fait chair » (Jn 1,14) par l’Esprit (Lc 1,35), c’est pour « arracher » tous les hommes « à l’empire des ténèbres et nous transférer dans son Royaume » (Col 1,13-14) de Lumière et de Paix, par le Don de ce même Esprit. Au désert, la Lumière du Christ va donc briller dans les ténèbres et celles-ci ne pourront rien contre elle (Jn 1,5). Cette victoire est appelée désormais à devenir la nôtre si nous acceptons de l’accueillir par le libre consentement de notre foi… « Il faut les laisser faire là haut » (Ste Thérèse de Lisieux)…

Jésus jeûne « quarante jours et quarante nuits »… Vrai homme, il est fragilisé, il a faim… Le démon le sait. Pour soulager sa faiblesse, et il va l’inviter à adopter l’image pervertie de Dieu qui est la sienne : un Dieu Tout Puissant qui utilise sa Force pour Lui même, pour son propre avantage… Logique de l’égoïsme… Mais telle n’est pas celle du Fils qui demeure dans l’Amour du Père (Jn 15,10) et qui, jour après jour, attend tout de sa Bonté… Aux pains destinés à entrer dans « sa » bouche, Jésus oppose « la parole qui sort de la bouche » du Père pour lui dire tout son Amour : « Tu es mon Fils bien‑aimé, en toi j’ai mis tout mon amour » (Mc 1,11). Elle est son Pain de Vie, car cette Parole est un acte : le Don éternel de l’Esprit par lequel le Père engendre le Fils de toute éternité en Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, lui donnant ainsi de partager sa Plénitude d’Être, de Vie, de Joie et de Paix…

            Puis le démon, en citant par ruse la Parole de Dieu, va inciter Jésus à se mettre à la première place en sommant le Père d’agir pour lui… Mais le Fils n’a pas besoin de le provoquer pour savoir qu’Il est là avec Lui (Jn 8,29), invisible mais actif, et cela toujours pour son bien… « Le Seigneur fait tout pour moi, Seigneur, éternel est ton Amour, n’arrête pas l’œuvre de tes mains » (Ps 138(137),8).

            Troisième tentation, celle du pouvoir. Pour le démon, la puissance sert à dominer, à écraser, à s’imposer pour se glorifier aux dépends d’autrui. Jésus le sait : il est le Messie, le Roi promis par les prophètes. Il a reçu du Père « les nations en héritage », pour les sauver (cf. Lc 3,21-22 et Ps 2,7-8 ; Jn 3,16-17 ; 4,42). En lui mentant, car c’est « Dieu » seul qui « donne au roi ses pouvoirs » (Ps 72,1 ; Jn 19,11), le démon va essayer de faire naître en lui la convoitise pour le pousser à accomplir sa vocation selon sa logique à lui… « Tout cela, je te le donnerai »… Mais non, ce n’est pas le démon qui donne quoique ce soit ; lui, il ne sait que « voler, égorger et faire périr » (Jn 10,10). C’est le Père qui, dans son Amour, ne cesse de se donner entièrement à son Fils, de Lui donner tout ce qu’Il Est, lui donnant ainsi d’être « Lumière née de la Lumière », une Lumière qui est Plénitude de Vie et de Joie. « Moi, je suis sûr du Seigneur. Ton amour me fait danser de joie » Ps 31(30),7-8). C’est donc Lui que Jésus écoute, « tu es mon Fils bien-aimé », c’est vers Lui qu’il se tourne (Jn 1,18), se laissant combler par le Père (Jn 5,26) qui, de son côté, ne cherche, ne désire et ne poursuit que le meilleur pour son Fils… A nous, maintenant, de faire de même…                                DJF

 




7ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN

 

7e dimanche ordinaire

Lévitique 19 1–2, 17–18 ; 1Corinthiens 3 16–23 ; Matthieu 5 38–48

 

Le premier texte d’aujourd’hui nous dit ceci : « Soyez saints », c’est-à-dire « restez unis au Christ » à chaque moment de notre vie. Et pour cela, Dieu nous dit : « 17 Tu n’auras pas dans ton cœur de haine pour ton frère. 18 Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune envers les enfants de ton peuple. » … Pourtant, bon nombre de chrétiens, au sein même de la messe, vont communier avec le cœur rempli de haine, de rancune, de médisance. Marthe Robin nous dit : « On trouve des chrétiens qui communient tous les jours et qui sont en état de péché mortel ».  Mt 5,23-24: « Quand donc tu présentes ton offrande à l’autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis, reviens, alors présente ton offrande ». De même, le Pape François écrit dans « la Joie de l’Evangile » (§98) : « A l’intérieur du peuple de DIEU et dans les diverses communautés, que de guerres! Dans le quartier, sur le lieu de travail, par envies et jalousies, et aussi entre chrétiens, que de guerres! La mondanité spirituelle (§93) « qui se cache derrière des apparences de religiosité et même d’amour de l’Église, et qui consiste à rechercher, au lieu de la gloire du Seigneur, la gloire humaine et le bien être personnel », porte certains chrétiens à être en guerre contre d’autres chrétiens (parce qu’ils font) obstacles à leur recherche de pouvoir, de prestige, de plaisir …. De plus, certains vivent sous une apparence cordiale à l’Eglise, pour nourrir un esprit de controverse. Plutôt que d’appartenir à l’Eglise entière, avec sa riche variété, ils appartiennent à tel ou tel groupe qui se sent différent ou spécial ». (§99) : – « Le monde est … blessé par un individualisme diffus qui divise les êtres humains et les met l’un contre l’autre dans la poursuite de leur propre bien-être….Je désire demander, nous dit encore le Pape François, spécialement aux chrétiens de toutes les communautés du monde un témoignage de communion fraternelle qui devienne attrayant et lumineux. Que tous puissent admirer comment vous prenez soin les uns des autres, comment vous vous encourager mutuellement et comment vous accompagnez ». (§101) : « Nous avons tous des antipathies, et peut-être justement en ce moment sommes-nous fâchés contre quelqu’un. Disons au moins au Seigneur: « Seigneur, je suis fâché contre celui-ci ou celle-là. Je te prie pour lui ou pour elle ». Prier pour la personne contre laquelle nous sommes irrités, c’est un beau pas vers l’amour, et c’est un acte d’évangélisation ». Mais il y en a qui s’entête   dans leur rancune. Et voici ce que nous raconte Maria Simma.

Maria Simma, une Autrichienne morte en 2004, qui avait le don de rencontrer les âmes du Purgatoire, nous dit dans son entretien avec Sœur Emmanuel Maillard (P.20-21) : « Contre la charité (= contre l’Amour), il y a les péchés tels que nos rejets de certaines personnes que nous n’aimons pas, nos refus de faire la paix, nos refus de pardonner et toutes les rancunes que nous entretenons ». Et Sœur Emmanuel nous raconte : « une femme que Maria Simma connaissait très bien mourut. Elle se retrouva dans le Purgatoire le plus terrible, avec d’affreuses souffrances. Quand elle (son âme) est venue voir Maria, elle lui a raconté pourquoi: elle avait une amie avec laquelle il y avait une inimitié très grande, c’est-à-dire un sentiment d’antipathie, d’hostilité, de haine. Cette inimitié était due à elle-même. Elle avait entretenu cette inimitié pendant des années alors que cette personne à plusieurs reprises était venue lui demander la réconciliation et la paix. Elle avait refusé chaque fois, jusque sur son lit de mort ». Et c’est pour cette raison que cette âme se retrouve dans le Purgatoire le plus terrible qui soit. Ce fait est très significatif: la rancune entretenue mène au pire. Lorsque le 5ème commandement nous dit : « tu ne tueras pas », cela concerne tous les sentiments qui viennent en amont de l’acte de « tuer » : depuis la parole méchante, la colère, la dispute, la haine, la violence (physique ou verbale), la rancune qui peuvent mener vers l’acte de « tuer » soit physiquement soit moralement. Avoir des sentiments de ce genre ne vient pas de Dieu. Et dire qu’il y a des gens qui viennent communier dans cet état de mauvais sentiments qui n’arrêtent pas de les ronger depuis des jours et des jours sinon des mois ou des années. On ne peut pas garder rancune envers des personnes et communier ensuite comme si de rien n’était. Saint Jean Paul II écrivait dans « Ecclesia de Eucharistia – §36 » : « Avec toute la force de son éloquence, saint Jean Chrysostome exhortait les fidèles: « Moi aussi, j’élève la voix, je supplie, je prie et je vous supplie de ne pas vous approcher de cette table sainte avec une conscience souillée et corrompue. Une telle attitude en effet ne s’appellera jamais communion, même si nous recevions mille fois le corps du Seigneur, mais plutôt condamnation, tourment et accroissement des châtiments ». Si quelqu’un a de la haine pour une personne, c’est que son regard ne se porte que rarement, trop rarement, sinon jamais, sur le Christ. Mettons le Christ dans nos cœurs et cela évitera d’avoir de la rancune.

Et dans l’Evangile d’aujourd’hui, Matthieu nous rappelle qu’il a été dit « œil pour œil, dent pour dent ». Quand les gens prennent cela à la lettre, ils ont tout faux. Car cette expression va dans le sens de la paix et de l’amour et non pas de violence. Avant même que Dieu se révèle au peuple juif, les divers peuples de cette époque connaissaient des guerres de clan, un peu comme la « vendetta » connue en Corse, en Sardaigne ou en Sicile et qui consiste à dire : « Si vous tuez un membre de ma famille, je tuerai deux ou trois membres de la vôtre, et on viendra de nouveau tuer cinq ou six de ma famille, etc…ce qui multiplie rapidement le nombre de morts. En appliquant la consigne « œil pour œil, dent pour dent », le nombre de morts est limité. Après « œil pour œil et dent pour dent », Dieu leur fait savoir dans les dix commandements, qu’il ne faut pas tuer. Plus tard, Dieu leur dira qu’il ne faut pas tenir tête au méchant; puis aimer son prochain, puis encore aimer son ennemi, et enfin être même prêt à donner sa vie pour son ennemi à l’exemple du Christ lui-même mort pour ses propres bourreaux, pour ceux qui l’ont condamné à mort et pour tous les pécheurs du monde entier.

Si le Christ nous dit d’aimer nos ennemis, c’est que c’est possible. Le Christ ne nous demandera jamais de faire une chose qui soit au-dessus de nos moyens. « Aimer nos ennemis » n’est pas possible si nous comptons seulement sur nos sentiments purement humains, c’est-à-dire sans Dieu, car il est évident que si nous nous laissons prendre au jeu des sentiments, personne n’aimera ses ennemis. « Aimer ses ennemis » est surtout une question de volonté offerte par Dieu à qui le demande et qui est forcément donnée par le Christ à qui veut « aimer ses ennemis ». C’est à nous de répondre à l’amour de Dieu en disant au Seigneur « oui, je désire aimer untel que je n’aime pas ». Et il nous donnera force, courage et humilité pour le faire, et le tout en même temps que la paix et l’amour divin. Il nous faudra prier beaucoup pour que notre cœur change et soit réellement rattaché au Christ car il n’y a que Lui qui peut changer nos cœurs. Et si nous ne voulons pas changer notre cœur de haine, de rancune, c’est que nous avons fait aussi le choix de rejeter le Christ, seul capable de nous donner le salut et de continuer à nous enfoncer dans notre orgueil, premier des péchés capitaux. N’oublions pas que nous ne sommes pas grand-chose, encore bien moins qu’un petit chef voulant dominer les autres, mais seulement de la poussière, et que nous ne vivons que par le souffle de Dieu qui dépose en nous la Vie. Et ne pas suivre le Christ en refusant de mettre en pratique ses commandements, en refusant d’aimer, en refusant de pardonner, en refusant de combattre la rancune, ou la haine, c’est refuser la Vie, en tout cas la Vie que Dieu lui-même veut pour nous. Vivre avec le Christ, c’est vivre une vie nouvelle en Dieu. Mettons en pratique ce que nous dit le Lévitique, 1er texte d’aujourd’hui : « N’aie aucune pensée de haine contre ton frère, n’hésite pas à réprimander ton compatriote pour ne pas te charger d’un péché à son égard, ne te venge pas et ne sois pas rancunier : c’est ainsi que tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Tout cela s’obtient par la prière qui nous unit au Christ. Sœur Faustine nous dit dans son Petit Journal (§665) : « …toute tendance à la perfection, et toute sainteté consistent à accomplir la volonté de Dieu. …. Recevoir la lumière de Dieu, savoir ce que Dieu veut de nous et ne pas le faire, est un grand outrage envers la Majesté Divine. L’âme qui fait cela mérite que Dieu l’abandonne complétement. Elle ressemble à Lucifer, qui avait une grande lumière mais ne faisait pas la volonté de Dieu. (§1106) Sœur Faustine nous dit encore : « Ce ne sont ni les grâces, ni les apparitions, ni les ravissements, ni aucun don accordé qui mèneront mon âme à la perfection, mais son intime union avec Dieu…. Dieu ne fait jamais violence à notre libre arbitre (Il ne nous forcera jamais à faire sa volonté). Il dépend de nous, d’accepter ou non, la grâce divine, de nous dépend de collaborer avec elle ou de la laisser se perdre. »… Is 55,7 : « Que le méchant abandonne sa voie et l’homme criminel ses pensées, qu’il revienne à Yahvé qui aura pitié de lui, à notre Dieu car il est riche en pardon ».

Le deuxième texte d’aujourd’hui nous dit que l’être humain est temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en lui. v.17 : « Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, – et c’est ce que fait celui qui a l’esprit de haine, de vengeance et de rancune – celui-là, Dieu le détruira. Car le temple de Dieu est sacré, et ce temple c’est vous ». Que personne ne se trompe lui-même en se croyant plus sage que les autres, car « le Seigneur connaît les pensées des sages de ce monde, il sait qu’elles sont vaines ». Personne ne doit se glorifier de ses succès dans le mal. Sg 1,12:  12 « Ne recherchez pas la mort par les égarements de votre vie et n’attirez pas sur vous la ruine par les œuvres de vos mains ». Saint-Paul dans Col 3,13 : «…supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous mutuellement, si l’un a contre l’autre quelque sujet de plainte; le Seigneur vous a pardonné, faites de même à votre tour ». Il faut savoir reconnaître nos propres faiblesses, nos propres fautes, nos propres péchés pour pouvoir suivre le Christ. Et le remède, c’est la prière et le sacrement de réconciliation, autrement dit la confession afin de sortir de l’être ancien ou du vieil homme que l’on a été pour s’être éloigné de Dieu et avoir de relations nouvelles envers les autres. C’est la vie nouvelle en Jésus-Christ que nous devons mener et y demeurer.

Avec Marie, notre Mère, demandons au Seigneur la grâce de l’humilité pour que jamais nous ne nous considérons comme meilleur que les autres, que nous sachions reconnaître nos faiblesses et d’avoir la force de pardonner afin de renouer avec la capacité d’aimer.