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7ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Matthieu 5,38-48)

 « Vous donc, vous serez parfaits

comme notre Père céleste est parfait. »

 

Tout le monde a en tête l’ancienne traduction de ce verset : « Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait ».

La nouvelle traduction que nous entendons aujourd’hui est plus proche du texte grec d’origine : « Ainsi, vous, vous serez parfait comme votre Père céleste est parfait. »

Cela change le sens du texte que nous entendons aujourd’hui. Ce n’est plus une invitation à être parfait comme le Père céleste, avec le verbe être à l’impératif, invitation que l’on sait ne pas pouvoir être suivie car nous savons tous que nous sommes pécheurs, et qu’on ne peut pas atteindre la perfection.

Il y a un changement d’objectif en utilisant le futur, comme dans le texte grec : l’objectif n’est pas d’être parfait, mais il est dans ce qui précède cette phrase, c’est-à-dire l’amour inconditionnel envers tous, y compris envers ceux pour lesquels c’est le plus difficile pour nous, ceux que nous n’aimons pas parce qu’ils nous ont fait du tort, parce qu’ils nous persécutent, parce qu’ils ont de la haine pour nous …

Et il faut non seulement les aimer, mais prier pour eux, appeler la bénédiction de Dieu sur eux, lui qui « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. » afin que nous soyons « vraiment les fils de [n]otre Père qui est aux cieux ».

Vous allez dire : « Cela ne change pas grand-chose parce que, si on sait qu’on ne peut pas atteindre la perfection, on sait aussi qu’on ne peut pas aimer nos ennemis, prier pour eux. C’est au-dessus de nos moyens ! Nous sommes des humains ! Il faut être réaliste ! »

Sans doute, nous sommes tous des humains, et la difficulté d’aimer nos ennemis est la même pour tous (ou presque …), moi y compris.

Mais si nous sommes humains, nous sommes aussi chrétiens (ou d’abord chrétiens).

Nous avons tous été baptisés « de l’eau et de l’Esprit » (Jn 3,5), nous avons accueilli le Christ, le saint de Dieu, le Verbe qui nous « a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » (Jn 1,12).

Et cela nous engage, même s’il fait reconnaître que c’est bien difficile.

Comme cela l’a été pour Jésus lui-même, quand il est mort sur la croix pour nous : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » (Lc 22,42), et par la suite il a dit : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Lc 23,34).

Jésus est allé jusqu’au bout, fidèle au commandement qu’il nous avait donné : « Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. » (Jn 15,12-14).

Si nous voulons être amis de Jésus, amis de Dieu, il nous faut suivre le commandement d’amour de Jésus.

Et c’est sans doute le moyen le plus efficace pour témoigner de notre foi : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13,35).

Et les uns pour les autres, c’est tout le monde !

Et puis, n’oublions pas ce que nous dit saint Jean : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. » (1Jn 4,20-21).

Alors peut-être que nous devrions dire que nous sommes tous des menteurs, à un moment ou à un autre ! …

Heureusement que nous savons pouvoir compter que la miséricorde de Dieu, si nous nous repentons !

Seigneur Jésus,

Ce que tu nous demandes

est vraiment difficile :

aimer même nos ennemis.

Aimer les autres n’est déjà pas facile, alors là !

Sans ton aide, nous n’y arriverons jamais … 

Que ton Esprit nous aide

à vivre de ton amour chaque jour.

 

Francis Cousin

  

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6ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Matthieu 5,17-37)

« Je ne suis pas venu abolir,

mais accomplir ! »

 

Nous continuons la lecture du chapitre 5 de saint Matthieu, le sermon sur la montagne, qui commence par les Béatitudes, phrases chocs sur ce que doit être le comportement des disciples de Jésus.

Sans doute ces phrases avaient-elles suscités quelques remous dans la foule pour que Jésus soit obligé de dire : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. », et il va donner dans ce long passage quelques exemples de situations qui risquent de nous concerner tous plus ou moins, à certains moments de notre vie.

Qu’est-ce qui va changer entre la loi précédente, celle qui a été donnée par Dieu à Moïse au mont Sinaï, et ce que dit Jésus ? Sur le fond : rien ! En effet, comment Jésus, Fils de Dieu, pourrait-il changer ce que son Père a établi comme nécessaire depuis deux mille ans ? Impossible, Dieu ne se contredisant jamais ! Par contre, dans la forme, dans l’esprit des recommandations, c’est totalement différent.

Surtout que depuis l’annonce des ’’dix paroles’’ de Dieu, elles avaient été modifiées, triturées, étendues ou étouffées par toutes sortes de commentaires rabbiniques aboutissant à une longue liste d’obligations et d’interdits que certains, notamment les pharisiens, se contentaient de suivre, pensant en cela être dans le bon droit et être agréable à Dieu ! Mais leurs manières de faire, totalement extérieures à leur cœur, de faisaient que donner le change aux hommes, mais pas à Dieu : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. » (Mt 15,8).

« La tentation de l’interprétation guette et poursuit inlassablement l’esprit humain toujours attiré par le dicté plus que par le discernement. Il est si facile de suivre ce qui est indiqué. Nul besoin de réfléchir, de peser les choses. Le travail est déjà fait. (…) Le Christ ne mange pas de ce foin-là ! (…) Le christianisme est subtil. Il appelle l’intelligence. » (Michel-Marie Zanotti-Sorkine).

En effet pour nous, les disciples du Christ, Jésus nous demande d’avoir un autre comportement, de faire en sorte que ce que nous faisons ne soit pas pour épater la galerie, pour le paraître, mais qu’il soit guidé par ce qui est le plus important pour les humains, par le cœur éclairé par l’âme.

Et qu’il n’y ait pas de différence entre ce que nous pensons et ce que nous faisons !

Et c’est là la grosse difficulté pour la plupart des gens : qu’il y ait une correspondance totale entre nos pensées et nos actions, entre nos pensées et nos paroles … et entre nos pensées et la Parole de Jésus …

Cela ne date pas d’hier ! Saint Paul nous le confie : « Mais moi, je suis un homme charnel, vendu au péché. En effet, ma façon d’agir, je ne la comprends pas, car ce que je voudrais, cela, je ne le réalise pas ; mais ce que je déteste, c’est cela que je fais. Or, si je ne veux pas le mal que je fais, je suis d’accord avec la Loi : je reconnais qu’elle est bonne. Mais en fait, ce n’est plus moi qui agis, c’est le péché, lui qui habite en moi. » (Rm 7,14-17).

Ce que nous demande Jésus, c’est une conversion pour changer nos cœurs, pour que nos cœurs sont en accord avec la Bonne Nouvelle de Jésus, et pour que nos actions soient en accord avec notre cœur ’’nouveau’’.

Vouloir changer son cœur, c’est reconnaître qu’il est ’’malade’’, qu’il est sous l’emprise du Mauvais. Et nous avons un choix à faire entre le bien et le mal, entre « l’eau et le feu », « la vie et la mort », selon « la sagesse du Seigneur » (première lecture). Et une fois que le choix est fait, il faut y rester fidèle : « Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais. ».

L’exigence de Jésus est importante, et elle ne peut s’accomplir qu’avec l’aide de Dieu, avec l’aide du cœur de Dieu, c’est-à-dire avec l’aide de l’Esprit Saint, le défenseur.

C’est aussi ce que nous demandons chaque jour dans le Notre Père : « Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal. ».

N’oublions pas ce que nous dit Ben Sira le Sage : « Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle. » (Première lecture)

Seigneur Jésus,

tu veux que notre acceptation à ta Parole

soit le résultat d’un choix de notre part

de te suivre ou non,

dans la vérité de notre cœur.

Que ton Esprit nous aide

à vivre de ton amour chaque jour.

 

Francis Cousin

  

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6ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 5,17-87).

Aller avec Jésus

aux racines de notre cœur 

 

 

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir.
Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise.
Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux. »
Je vous le dis en effet : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.
Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : ‘Tu ne commettras pas de meurtre’, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement.
Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu.
Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi,
laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande.
Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison.
Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou. »
Vous avez appris qu’il a été dit : ‘Tu ne commettras pas d’adultère.’
Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.
Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier jeté dans la géhenne.
Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille dans la géhenne.
Il a été dit également : ‘Si quelqu’un renvoie sa femme, qu’il lui donne un acte de répudiation’.
Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d’union illégitime, la pousse à l’adultère ; et si quelqu’un épouse une femme renvoyée, il est adultère. »
Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens : ‘Tu ne manqueras pas à tes serments, mais tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur.’
Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas jurer du tout, ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu,
ni par la terre, car elle est son marchepied, ni par Jérusalem, car elle est la Ville du grand Roi.
Et ne jure pas non plus sur ta tête, parce que tu ne peux pas rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir.
Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais. »

             Après avoir donné sur la montagne la Loi Nouvelle de l’Alliance Nouvelle, ces huit Béatitudes qui révèlent le chemin du Vrai Bonheur (Mt 5,1-12), Jésus revient ici sur la Loi de Moïse, fondement de l’Ancienne Alliance (Ex 20,1-17 ; Dt 5,6-21). Et il va tout de suite affirmer que l’esprit de cette Loi est toujours valable… En ce sens, il n’est pas venu « l’abolir », la supprimer. Il est venu « l’accomplir », la porter à sa perfection. Certes, les rites vont changer, et Jésus, en instituant le sacrement de l’Eucharistie, fera bien du nouveau… Mais avec lui, le rite n’a de valeur que par l’amour qu’il exprime…

            Changer le précepte ne signifie donc pas « violer le précepte », lui faire violence, nier son intention… Un précepte nouveau, même s’il prend la place d’un plus ancien, peut inviter à un réel progrès. En reprenant la direction, l’intention de l’ancien, il peut conduire à aller beaucoup plus loin. Et celui qui acceptera de se laisser ainsi guider constatera par lui-même que l’ancien est non seulement accompli mais encore largement dépassé…

            Et Jésus va prendre le temps de multiples exemples… Le premier, avec « tu ne commettras pas de meurtre », est le plus fondamental, car il touche à la vie même de l’individu et à la sauvegarde de la société tout entière… Ce sommet de violence, quand il n’est pas généré par la folie ou l’intégrisme, commence souvent par des « insultes ». Jésus s’attaque ainsi aux tous premiers germes de violence pour les condamner aussitôt et il nous invite de suite à une attitude positive : quelque soit le motif de la discorde, va vers ton frère, parle lui, cherche à te réconcilier avec lui, autant qu’il t’est possible…

            Avec « tu ne commettras pas l’adultère », il sait bien que tout commence par un « regard » et un « désir » intérieur. Le laisser grandir, le cultiver, c’est risquer un jour de passer à l’acte… Une réelle ascèse du cœur, qui passe par la garde des sens, est donc indispensable… Il s’agit de couper net, dès le début, tout ce qui peut conduire au mal…

            Jésus passe donc du regard extérieur sur tel ou tel précepte, accompli ou non, et telle est « la justice des Pharisiens », au regard intérieur… Il nous entraîne au plus profond de notre cœur, là où naissent les pensées, les impulsions, les désirs… Avec l’aide de l’Esprit, il est possible de prendre du recul par rapport à tout cela, pour discerner à sa Lumière ce qui est bon ou pas, et ensuite passer ou non à l’acte, avec le secours de sa Force… D’où l’invitation de St Paul : « Priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est ce que Dieu attend de vous dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit… mais discernez la valeur de toute chose. Ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de tout ce qui porte la trace du mal » (1Th 5,17-22).

                                                                                                                                              DJF

 




Rencontre autour de l’Évangile – 6ième Dimanche du Temps Ordinaire

Une invitation pressante à se repentir,

Et cela au plus profond du cœur…

(Mt 5,17-37)

 

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Math 5, 17-37)

       L’Evangile de ce jour est parfois difficile. Il est comme un versant d’une montagne, inséparable du versant opposé.

       Face à un pécheur, le Dieu d’infinie Miséricorde n’a qu’un seul désir : lui pardonner, le relever, le combler et le fortifier, pour qu’il ne tombe plus et ne perde plus la Plénitude de la Vie, de la Paix, de la Joie. « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades ; je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs au repentir ». Et Dieu cherchera le pécheur « jusqu’à ce qu’il le retrouve » (Lc 5, 31-32 ; 15,4-7), pour son seul Bien. S’il accepte de se laisser reprendre, relever, combler, « heureux » sera-t-il. Cet appel au Bonheur, neuf fois répété (les Béatitudes), précède notre texte. Tel est un versant de la montagne.

       Pardonné, relevé, fortifié, accompagné, le pécheur est invité maintenant à tout faire, avec le soutien de la grâce de Dieu, pour ne plus retomber et rester debout sur le Chemin de la Vie, pour son seul Bien… Tel est l’autre versant de la montagne, l’Evangile de ce jour…

 

 Et soulignons les mots importants

  • La Loi était une étape du cheminement vers la vérité tout entière. Voilà pourquoi Jésus ne l’abolit pas mais l’accomplit. Relire « les Dix Paroles » (Ex 20,1-17) puis ce texte de St Paul. En souligner avec lui la conclusion (Rm 13,8-10) : « Ne gardez aucune dette envers personne, sauf la dette de l’amour mutuel, car celui qui aime les autres a parfaitement accompli la Loi. Ce que dit la Loi : Tu ne commettras pas d’adultère, tu ne commettras pas de meurtre, tu ne commettras pas de vol, tu ne convoiteras rien ; ces commandements et tous les autres se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait rien de mal au prochain. Donc, l’accomplissement parfait de la Loi, c’est l’amour ».

  • Quand Jésus parle de « rejeter» et « d’enseigner» puis « d’observer » et à nouveau « d’enseigner », qu’est-ce qui est toujours premier : l’acte ou la parole ? Conclusion pour chacun d’entre nous…

            Noter toutes les fois où Jésus passe de l’action extérieure, visible, à ce qui en fut d’abord la source : le cœur profond de l’homme. Qu’est-ce qui est donc important à ses yeux ? Où notre conversion doit-elle s’exercer en premier lieu ?

  • Maudire, c’est « la géhenne de feu », l’enfer. Mais alors, qu’est-ce que « le Ciel » ?

  • Qu’est-ce qui est premier pour Jésus : le culte ou le pardon fraternel ?

  • Jésus qui a guéri tant de malades et de pécheurs peut-il nous pousser à nous amputer de l’un quelconque de nos membres si ce dernier est pour nous une occasion de chute ? Que souligne-t-il en fait ? A travers toutes ces recommandations, si fortes ici, que veut-il nous éviter à tout prix ?

  • Souvenons-nous des deux versants de la montagne : à travers ces paroles, à interpréter dans le contexte de l’époque, à quoi Jésus invite ici les époux ?

Pour l’animateur

  • Celui qui aime accomplit la Loi. Tous créés à l’image et ressemblance de ce Dieu qui n’est qu’Amour (Gn 1,26-27 ; 1Jn 4,8.16), nous sommes invités à nous aimer les uns les autres « comme» Dieu nous aime (Jn 13,34 ; 15,12). Et Il nous aime, nous, pécheurs, avec une Miséricorde infinie. Alors « heureux les miséricordieux » (Mt 5,7) qui donnent l’amour comme Dieu le donne, gratuitement, avec joie. « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. Que celui qui exerce la Miséricorde le fasse donc avec joie. Heureux les miséricordieux » (Ac 20,35 ; Jn 15,11 ; Rm 12,8).

  • L’agir est toujours premier. Conclusion : ne jamais enseigner ce que nous ne sommes pas capables nous-mêmes de mettre en pratique (Mt 23,1-4).

  • L’important pour Jésus, ce n’est pas ce qui se voit, l’extérieur, la façade ; l’important, c’est le cœur, ce cœur que Dieu connaît encore mieux que nous-mêmes ! C’est là où nous sommes invités avec le secours de sa grâce, de sa miséricorde et de sa force, à nous convertir de tout cœur en rejetant tout ce qui est mauvaise pensée, avant qu’elle ne devienne parole, mauvais désir avant qu’il ne devienne acte… L’aventure est possible car la Miséricorde de Dieu est infinie : avec Lui, nous pouvons toujours recommencer et recommencer encore !

  • Le Ciel, c’est bénir. Dieu ne fait que bénir. En effet, « Dieu est Amour ». Or « aimer, c’est tout donner et se donner soi-même », un principe à prendre pour Dieu au pied de la Lettre. Dieu ne cesse de donner ce qu’Il est en Lui-même… « Dieu est Esprit » ? Il donne l’Esprit… « Dieu est Lumière» ? Il donne la Lumière… « Dieu est Amour » ? Il donne l’Amour, et avec ce Don, la Force d’aimer comme Lui il aime. Et donner ainsi, gratuitement, par amour, c’est cela bénir… « Le Seigneur Dieu est un soleil, il donne la grâce, il donne la gloire » (Ps 84(83),12).

  • Le pardon fraternel est premier. Être chrétien n’est pas une « étiquette» : c’est une réalité de cœur qui engage toute la vie (Pape François).

  • Non, bien sûr, Jésus ne peut nous inviter à nous amputer, Lui qui veut que l’homme soit pleinement lui-même, dans toutes les dimensions de son être ! Il insiste ici avec force sur la nécessité de la conversion, car le péché nous prive de la Plénitude de la Vie et du Bonheur, pour nous plonger dans la géhenne de feu : « Souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui fait le mal» (Rm 2,9). C’est cela que Jésus ne veut pas, de toute la force de son Cœur !

  • Dieu invite ceux qu’il a unis dans son Amour par le sacrement du mariage, à tout faire, avec le soutien de sa grâce, pour rester fidèles l’un à l’autre, dans l’amour. Premier versant de la vie chrétienne. Mais si nous tombons, il fera tout pour nous relever et nous relancer. Tel est l’autre versant de la vie chrétienne, celui de la Miséricorde infinie de Dieu avec qui tout est toujours possible…

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

   « Voici que Dieu est maintenant le seul qui compte. Il est au centre du monde… Il m’envahit tout entier et ma pensée ne peut plus éviter Sa rencontre. Une main puissante m’a retourné. Où est-elle, que m’a-t-elle fait ? Je ne sais, car son action n’est pas comme celle des hommes, elle est insaisissable et elle est efficace ; elle me contraint et je suis libre, elle transforme mon être et je n’ai pourtant pas cessé de devenir ce que je suis. Puis la lutte est venue, silencieusement tragique entre ce que je fus et ce que je suis devenu. Car la créature nouvelle qui a été greffée en moi implore de moi une réponse à laquelle je reste libre de me refuser. J’ai reçu le principe, il me faut passer aux conséquences. Mon regard a changé, mais mes habitudes de pensée et de conduite n’ont pas changé : Dieu les a laissées là où elles étaient. Il me faut abattre, adapter, reconstruire les installations intérieures et je ne puis être en paix que si j’accepte cette guerre. Je suis moi-même émerveillé et étonné du changement que la grâce a opéré en moi. Comme le dit Claudel, « l’état d’un homme qu’on arracherait d’un seul coup de sa peau pour le planter dans un corps étranger, au milieu d’un monde inconnu », est la seule comparaison que je puisse trouver pour exprimer cet état de désarroi complet. J’ai trouvé la paix, mais en même temps la lutte, lutte perpétuelle qui me fait progresser et plus je progresse, plus je m’aperçois de ma misère et du chemin infini qu’il me reste à parcourir. Si je reste stationnaire, je redescends. Dans cette expérience principale qui vient de bouleverser ma vie, je découvre pour finir une exigence permanente de réforme spirituelle. La conversion engendre un esprit, et cet esprit m’apprend que la religion n’est pas le confort, mais qu’elle sera toujours en un sens une conversion. Mais Dieu est là ; en Lui, j’ai la force d’apercevoir et d’accomplir ce que je dois être, à son image. »

                              Jacques Fesch, condamné à mort et exécuté le 1° octobre 1957.

 

 

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5ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Matthieu 5,13-16)

 « Vous êtes le sel de la terre !

Vous êtes la lumière du monde ! »

 

Voilà une affirmation de Jésus que sans doute beaucoup de chrétiens n’appliquent pas à eux ; « C’est réservé à quelques-uns d’entre nous, c’est pour les saints, peut-être les prêtres, mais pas pour moi, je ne suis qu’un pauvre chrétien ordinaire ! »

Pourtant, c’est une affirmation forte de Jésus qui s’adresse à tous des disciples !

Il ne dit pas : « Soyez le sel de la terre …, essayez d’être la lumière du monde … »

Pour lui, ce n’est pas une option facultative, c’est une obligation, une réalité que nous devons tous atteindre.

Et ce passage de l’évangile de ce dimanche est la suite directe de l’énoncé des Béatitudes, c’est-à-dire la feuille de route de ce que nous devons faire.

Heureusement que nous pouvons compter sur la miséricorde de Dieu, qui sait combien nous ne sommes que de pauvres pécheurs !

Être le sel de la terre !

Du temps de Jésus, le sel était un aliment précieux, pour donner un goût aux autres aliments, mais surtout pour conserver ceux-ci, principalement la viande. Il n’y avait pas de réfrigérateurs ou de congélateurs pour cela, ni non plus de plats tout prêts (dans lesquels on dit maintenant qu’il y a trop de sel !).

Le sel qu’on met dans les aliments à cette particularité de se dissoudre totalement : il imprègne ceux-ci, mais on est incapable de le retrouver ou le voir.

Être le sel de la terre, c’est avoir des paroles qui n’obligent pas, des actions qui ne se voient pas vraiment, mais qui ont une influence sur notre environnement, notre entourage. Mais une influence positive. Une influence basée et guidée par l’enseignement de Jésus, qui donne du sens à la vie de notre entourage, et qui nous demande d’être dans le vrai, dans la foi en Jésus.

Être la lumière du monde !

À l’époque de Jésus, la lumière était rare, et elle se limitait à la lueur d’un feu, à une torche, ou à des lampes à huile. Et on vivait surtout à la lumière du soleil. Maintenant, la lumière est omniprésente, et on travaille de jour comme de nuit, elle sert pour travailler, mais aussi pour les loisirs, … et aussi pour faire de la pub dans des débauches de néons et autres spots.

Ce n’est pas de cette lumière-là dont parle Jésus ! Il parle de lumière pour faire réfléchir les gens, pour éclairer les consciences, pour dire ce que nous pensons être vrai et bon pour ceux qui nous entourent, là encore en suivant l’enseignement de Jésus.

C’est une manière d’être présent auprès des gens qui est plus visible que ’’la fonction sel’’, mais qui doit quand même se faire dans la discrétion, avec tact et circonspection.

On retrouve dans ces deux affirmations les deux tendances qui animent toute action pastorale, ou toute action missionnaire. Mais toute action pastorale est missionnaire et vice-versa !

L’action de l’intérieur, discrète (le sel), qui fut très en vogue après le concile Vatican II, et l’action plus extérieure, plus visible et ouverte (la lumière), qu’on revoit depuis quelques années.

Les deux manières de faire sont bonnes. Sinon Jésus n’aurait pas donner ces deux affirmations : être sel et lumière. En fonction des circonstances, l’une est préférable à l’autre. Il faut savoir doser.

Mais il n’y a pas que notre action à nous à considérer de ces deux points de vue.

Il y a aussi l’action des autres, de ceux qui ne sont pas chrétiens, ou qui n’agissent pas en tant que tel !

Il y a saveur et saveur ! Lumière et lumière !

Combien de personnes se satisfont de la lumière qui leur est donnée par la société mercantile qui propose les objets les plus divers, à grand renfort de publicité, qui sont sensés nous combler ?

Combien de personnes se satisfont du ’’sel’’ donné par les mêmes sociétés qui apportent tous les ans un petit plus à leur produit, et qui achètent ce dernier ?

Saveurs superficielles ! Lumières artificielles !

Et il n’y a pas que les sociétés commerciales qui prônent des délices (soi-disant …) pour satisfaire tout le monde. Je ne parle pas des élections municipales …, mais du gouvernement et du parlement où on nous propose comme un bien-pour-tous des lois qui vont amener l’eugénisme et/ou l’euthanasie des plus faibles …, dans une société sans repères quant à la procréation … qui n’est même plus capable de dire ce qu’est une vraie famille !

Ne nous laissons pas berner ! Le progrès n’est pas dans les lois-là !

N’ayons pas peur d’être sel de la terre ! D’être lumière du monde !

On n’est pas obligé de faire de grands discours pour être témoin.

Et on peut être témoin sans le savoir ! Cela arrive … et c’est encore mieux ainsi, parce qu’on n’est pas tenté de se faire valoir …

C’est seulement Dieu qui parle ou agit à travers nous … et c’est cela l’essentiel !

Seigneur Jésus,

être le sel de la terre, …

être la lumière du monde …

Mais c’est toi qui as dit :

« Je suis la lumière du monde »,

et tu voudrais qu’on soit comme toi ?

C’est un sacré challenge !

Mais tous ensemble,

et surtout avec toi,

on devrait y arriver …

Francis Cousin

  

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Prière dim ordinaire A 5°




Rencontre autour de l’Évangile – 5ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Vous êtes le sel de la terre

Vous êtes la lumière du monde »

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Math 5, 13-16)

Ce texte vient juste après les Béatitudes : ce sont elles qui vont donner tout leur poids aux paroles que Jésus adresse à ses disciples dans le passage court mais important que nous allons méditer.

 

 Et soulignons les mots importants

Les disciples rassemblés autour de Jésus : Quel nom pouvons-nous donner à ce groupe ?

Le sel : A quoi sert-il ? (faire chercher toutes les vertus du sel dans l’expérience humaine)

Vous êtes le sel de la terre : Jésus ne dit pas « vous devez être » le sel, mais « vous êtes » : à quelle condition les chrétiens sont-ils sel ?

La lumière : au temps de Jésus, on parlait de « lampe », une lampe à huile qui brille dans la nuit : à quelle condition ?

Vous êtes la lumière du monde : Pareillement il ne dit pas « vous devez être » la lumière, mais « vous êtes » : à quelle condition les chrétiens sont-ils lumière ?

Que votre lumière brille devant les hommes : Selon Jésus, de quelle manière les chrétiens peuvent « briller » devant les hommes ?

Ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux : être sel et être lumière dans quel but ?

Pour l’animateur

Jésus a voulu regrouper ses disciples : c’est l’Eglise. Si Jésus a voulu son Eglise, c’est pour qu’elle brille au-dehors, comme une ville sur une montagne ou une lampe sur le lampadaire. Sinon, elle est inutile, car elle ne peut plus conduire les hommes à reconnaître Dieu comme leur Père.

Aujourd’hui comme hier, le sel est un condiment indispensable du repas ; il rend les aliments savoureux et les conserve.

De plus pour les anciens,  le sel donne du goût à l’existence : « Ayez du sel en vous même et vivez en paix les uns avec les autres » (Mc 9,50) et qualifie le langage fraternel : « Que votre langage soit toujours aimable, assaisonné de sel » (Col 4,6)

Jésus, en quelque sorte,  dit aux chrétiens : vous êtes mes disciples, vous êtes « enfants de Dieu » (1Jn 3,1) donc vous êtes sel et lumière. C’est votre identité et votre mission. Mais vous ne pouvez êtes sel et lumière que si vous vivez les Béatitudes.

En vivant selon l’esprit des Béatitudes, les chrétiens, sans faire de bruit, comme le sel, donnent au monde qui les entoure le goût des valeurs de l’Evangile : partage, humilité et pureté du cœur,  non-violence, compassion et pardon, fraternité, amour de la justice etc… Ils donnent saveur au monde et le conserve devant Dieu.

Jean-Paul II disait aux Réunionnais, le 2 mai 1989 dans son homélie : « Le sel est précieux. Quand Jésus déclare « vous êtes le sel de la terre : si le sel s’affadit avec quoi le salera-t-on ? », il veut dire : ce que vous avez reçu vous rend précieux pour le monde ; rien ne peut remplacer ce que vous apportez. Il vous appartient d’être ici-bas ceux qui empêchent la vie de perdre son goût. »

Vous êtes la lumière du monde : c’était la vocation de Jérusalem, ville-lumière placée sur la Montagne pour attirer les peuples vers Dieu, vocation d’Israël. (annoncée par Isaïe 42, 6), figure de l’Eglise qui a pris le relais.

Comme la lampe qui brille dans la maison et qui attire, chaque chrétien personnellement, et les communautés d’Eglise, aident les hommes à reconnaître que Dieu est amour et Père, en faisant du bien de mille manières. L’Eglise existe pour servir la croissance du Royaume de Dieu. Par enfouissement comme le sel et par rayonnement comme la lumière, elle transforme le monde « comme du dedans » et l’attire vers Dieu. (voir texte de Vatican II, ci-contre)

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Vatican II l’Eglise N°31. «… le monde ne peut se transfigurer et être offert à Dieu en dehors de l’esprit des Béatitudes. La vocation propre des laïcs consiste à chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelles qu’ils ordonnent selon Dieu. Ils vivent au milieu du siècle, c’est-à-dire engagés dans tous les divers devoirs et travaux du monde, dans les conditions ordinaires de la vie familiale et sociale dont leur existence est comme tissée. A cette place, ils sont appelés par Dieu pour travailler comme du dedans à la sanctification du monde, à la façon d’un ferment, en exerçant leurs propres charges sous la conduite de l’esprit évangélique, et pour manifester le Christ aux autres avant tout par le témoignage de leur vie, rayonnant de foi, d’espérance et de charité. C’est à eux qu’il revient, d’une manière particulière, d’éclairer et d’orienter toutes les réalités temporelles auxquelles ils sont étroitement unis, de telle sorte qu’elles se fassent et prospèrent constamment selon le Christ et soient à la louange du Créateur et Rédempteur.

Seigneur, que ces paroles inspirées par ton Esprit aux Pères du Concile,  soient gravées dans nos cœurs.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

La Parole aujourd’hui dans notre vie 

Nous savons ce que c’est qu’une personne qui n’a plus le goût de vivre, qui ne trouve plus de sens à son existence. Nous est-il arrivé de redonner la joie de vivre à quelqu’un, d’illuminer son cœur, lui faire retrouver, grâce à Jésus-Christ, le sens de son travail, de son foyer, de sa souffrance ?

 Etre sel de la terre et lumière du monde, c’est vivre selon l’esprit des Béatitudes. Après le partage de dimanche dernier, nous avons choisi de vivre une Béatitude : chacun est invité à dire ce qu’il ou elle a essayé de vivre.

Il arrive que par peur ou par tiédeur, nous ne rendons pas à l’Evangile un témoignage suffisant : pouvons-nous redire les uns aux autres quelle est la mission du fidèle laïc dans le monde  ?

Pour que notre lumière brille devant les hommes, non pas pour nous mettre en valeur, mais pour témoigner de l’amour du Père, qu’est-ce que nous pourrons « faire de bien » cette semaine ?

 

ENSEMBLE PRIONS 

Chant : Peuple de lumière (carnet p.320) Couplets 1, 2, 4, 5

Notre Père

Oraison : Seigneur Jésus, nous sommes vraiment enfants de Dieu. C’est pourquoi tu nous dis « vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde ». Nous te prions pour tous les baptisés. Accorde-leur la grâce de découvrir leur véritable identité et leur dignité ; et que partout où il y a des chrétiens, leur lumière attire les hommes vers le Père et le monde retrouve le goût de Dieu. Nous te le demandons à Toi, la Lumière du monde pour les siècles des siècles. Amen.

 

 

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Présentation de Jésus au Temple – par Francis COUSIN (St Luc 2, 22-40)

« Ouvre nos yeux, Seigneur ! »

 

Faisons un retour en arrière d’environ 2000 ans, et mettons-nous dans le Temple de Jérusalem … pour voir ce qui s’y passe.

À l’époque, les villes ne sont pas trop peuplées. On parle de 50 000 habitants à Jérusalem. Nous sommes à un jour tout à fait ordinaire, pas de fête particulière ou d’évènements quelconque.

Arrive un jeune couple avec un enfant, pour faire la présentation de celui-ci à Dieu, comme le veut la loi de Moïse : « Le Seigneur parla à Moïse. Il dit : ’’Consacre-moi tous les premiers-nés parmi les fils d’Israël, car les premiers-nés des hommes et les premiers-nés du bétail m’appartiennent.’’ » (Ex 13,2). Marie et Joseph viennent à la rencontre de leur Dieu pour présenter leur fils nouveau-né Jésus, et pour la purification de la mère. Ils n’étaient sans doute pas les seuls …

Ils viennent incognito, pour une célébration officielle, mais intime : pas de grand-prêtre, de lévite, de scribe pour les accueillir … Et pourtant, c’est le Fils de Dieu qui vient dans la maison de son Père … Ils connaissaient la prophétie de Malachie (première lecture) … Ils étaient censés être proche de Dieu … Ils étaient sur place …

Ils ne l’ont pas vu !

Et nous, l’aurions-nous vu ?

Ouvre nos yeux, Seigneur ! 

Pourtant un homme l’a reconnu ! Syméon. Il ne faisait pas parti du ’’staff’’ du temple, mais « c’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. ». Il vint au temple, « sous l’action de l’Esprit », pour rencontrer « le Christ, le Messie du Seigneur ».

Mais on ne lui en avait pas dit plus. Pouvoir rencontrer le Messie, c’était ce qui le faisait encore vivre … Mais voir le Messie en un petit enfant de quarante jours … Qui l’eut cru ? On aurait plutôt pensé à quelqu’un dans la force de l’âge, sérieux, présentant bien …

Mais lui n’a pas hésité ! Il avait l’Esprit en lui, il était proche de Dieu, il ne vivait que pour cela ! « Syméon reçu l’enfant dans ses bras ».

Et nous, l’aurions-nous reconnu ?

Ouvre nos yeux, Seigneur ! 

 Une femme aussi l’a reconnu ! Anne, fille de Phanuel. Elle aussi était âgée : 84 ans. 84 = 7 x 12 ; 7, perfection dans le domaine spirituel ; 12, perfection dans le domaine temporel. Elle avait tout pour elle ! D’ailleurs, elle servait « Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. ». Sa préparation spirituelle lui avait ouvert le cœur, et elle pouvait voir ce que nous ne pouvons pas voir, avec le cœur de Dieu : « Elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem ».

Et nous, aurions-nous proclamer les louanges d’un petit enfant ?

Ouvre nos yeux, Seigneur ! 

Cet évangile est une histoire de rencontres : rencontre entre Marie et Joseph avec Dieu, rencontre entre son Père et Jésus, rencontre entre Syméon et Jésus, rencontre entre Anne et Jésus …

Mais c’est aussi de non-rencontres : non-rencontre entre les grands-prêtres et Jésus, non-rencontre entre les lévites et Jésus, non-rencontre entre les scribes et Jésus, non-rencontre entre la foule et Jésus.

Pourquoi y a-t-il parfois rencontre, et parfois pas …

Tout est une question de cœur. Cœur ouvert ou fermé, cœur plein d’amour ou non, cœur disponible à l’amour de Dieu ou non, cœur répondant à l’amour de Dieu ou non …

Et nous avons tous à nous poser la question : Quel est l’état de mon cœur ?

Oh, bien sûr, on sait très bien qu’il n’est jamais parfait ! Nous sommes tous des pécheurs, et nous avons tous à nous convertir pour devenir plus proches de Dieu … et des hommes …

Mais aujourd’hui, dans notre église (revenons sur terre, malheureusement, on n’est pas à Jérusalem), est-ce que je rencontre vraiment Dieu dans sa Parole, est-ce que je l’entends, est-ce qu’elle me bouscule ?

Quand je vais communier tout à l’heure, est-ce que je suis conscient que c’est Jésus, « le pain vivant qui est descendu du ciel » (Jn 6,41) qui vient en moi, qui vient à ma rencontre ? … que « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. » (Jn 6,56) ? La rencontre parfaite !

Qu’à la fin de la messe, quand le prêtre dit : « Allez dans la paix du Christ », c’est que le Christ est en moi, « lumière qui se révèle aux nations », et que je dois être porteur de cette lumière !

Ouvre nos yeux, Seigneur ! … les yeux de nos cœurs !

Ouvre mes yeux, Seigneur, aux merveilles de ton amour,

Je suis l’aveugle sur le chemin,

Guéris-moi, je veux te voir !   …  et en chacun de tous mes frères humains …

Francis Cousin

  

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Image dim Présentation au Temple A




Présentation du Seigneur au Temple – Homélie du Père Louis DATTIN

Mes yeux ont vu ton salut

Lc 2, 22-40

Il y a souvent, dans l’Evangile, des récits qui se complètent les uns les autres.

–   Ainsi, rappelez-vous, après le récit de l’Annonciation à la Vierge Marie, il y eut celui de la Visitation. De même, ici, après le récit de la naissance de Jésus, il y a le récit de la Présentation au temple : récit qui clôture aujourd’hui le temps de Noël.

–   Nous sommes à 40 jours de Noël et à quelques jours de l’entrée en Carême : le mercredi des Cendres qui, lui-même, est à 40 jours de Pâques. Tout cela veut nous montrer, bien que la vie du Christ est cohérente, qu’elle s’unifie dans un seul but : celui du salut des hommes par la Passion et la Résurrection dont Noël était déjà l’annonce.

Aujourd’hui, nous sommes au temple : ce temple qui était le « signe de la présence de Dieu » parmi les hommes ; désormais, ce temple, il est inutile, déclassé, il a perdu son rôle. Il est à classer « monument historique », car désormais, le vrai temple, c’est Jésus. C’est lui : la présence de Dieu parmi les hommes :

« Détruisez ce temple, dit Jésus, en parlant de lui-même, et je le rebâtirai en trois jours ».

Temple définitivement consacré par la Passion-Résurrection : Jésus, tête de l’Eglise ; c’était-là, dans le temple, qu’avait commencé l’Evangile avec l’annonce à Zacharie, le père de Jean-Baptiste et c’est là aussi qu’il s’achève lorsque la prière des disciples célèbre la Résurrection de leur Seigneur : lui, le nouveau temple de Dieu.

Luc est tout d’abord soucieux de souligner l’obéissance parfaite de Joseph et de Marie à la loi juive.

.  « Quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification »

« Selon ce qui est prescrit dans la loi »

.  « Le sacrifice prescrit par la loi de Moïse »

.  « Pour accomplir les rites de la loi qui le concernaient »

. « Lorsqu’ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur ».

Jésus, fils de Dieu, n’est pas au-dessus des lois. Elles ne sont pas faites pour lui mais il est devenu homme et il se met totalement dans la condition de l’homme juif soumis à la loi : lui, le seul qui n’avait pas besoin d’être baptisé, s’avance vers Jean-Baptiste pour y recevoir l’eau versée sur sa tête et la Trinité Sainte en profite pour manifester sa divinité.

Il n’est pas pécheur mais il prend nos péchés.  De même, en cette fête de la Présentation : s’il y en avait un qui n’avait pas besoin d’être présenté au Père, c’était bien lui, le Fils ! Et s’il y en avait une qui n’avait pas besoin d’être purifiée, c’était bien elle, la Vierge Marie, Immaculée Conception.

Cependant, l’obéissance à la loi, même pour eux, est prioritaire :

« Nul n’est exempté de la loi », nous rappelle le code civil. Il semble bien que dans la Bible, Dieu pense également la même chose.

A peine né, Jésus est conduit au temple, et c’est le temple, plus tard, qui le conduira à la mort. Jésus se soumet au sacrifice imposé par la croix.

Pour lui, enfant de pauvres, ce sera le prix de deux tourterelles : le sacrifice offert par les nécessiteux, le prix des pauvres. Désormais, Jésus fait partie du peuple des rachetés, lui le rédempteur. Au prix de deux tourterelles, Jésus entre dans l’histoire, l’histoire d’un peuple ayant été ainsi racheté. Jésus pourra donc être revendu, 33 ans plus tard, pour trente pièces d’argent et c’est ce même temple qui sera l’acheteur et le bénéficiaire. Pour l’instant, c’est un vieillard qui accueille Jésus à la porte du temple, un vieillard en état d’attente ; à tel point que nos frères orientaux appellent cette fête de la Chandeleur : la fête de la « rencontre », rencontre du Vieux Testament, du peuple élu, avec le Nouveau Testament, le Fils élu.  Dans cette rencontre du vieil homme et de l’enfant se joue tout le projet de l’amour de Dieu : rencontre du désir et de la réalisation, celle de l’attente avec l’arrivée.

« Il attendait la consolation d’Israël » : et l’Esprit (c’est l’Esprit Saint qui est l’organisateur de cette rencontre) lui avait révélé qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Messie.

 « Poussé par l’Esprit, Siméon vint au temple … ». Depuis le temps qu’il attendait ! Depuis le temps qu’il criait son attente ! Dieu l’a entendu ! Ce Siméon est un guetteur de Dieu.  Il est toute l’attente du monde et il n’a pas attendu Dieu en dormant, mais debout, sentinelle de garde, à la porte du temple : un homme du seuil, un homme du guet.

Sur combien de visages a-t-il dû se pencher, en se demandant si par hasard ce ne serait pas lui ? Maintenant, il peut mourir, car « ses yeux ont vu le salut », dit-il, pas seulement « pour le peuple hébreu » : « le salut que tu as préparé à la face des peuples, lumière pour éclairer les nations païennes et gloire d’Israël ton peuple ».

Les paroles du vieillard « plongent dans l’étonnement le père et la mère de l’enfant » : une étape de plus pour réaliser peu à peu qui est cet enfant qui leur a été confié ; étape dans le pèlerinage de leur foi.  D’ailleurs, Siméon s’adresse maintenant à Marie pour lui dire combien cet enfant sera un signe de contradiction : facteur de division, écartèlement qui s’opérera à propos de lui.

Les uns opteront pour lui, ce sera leur « relèvement » ; les autres opteront contre lui et ce sera leur chute. Jésus ne s’impose pas : il doit être librement accepté par la foi, salut non imposé mais proposé.

Tous, nous avons à prendre parti pour ou contre et lorsque nous-mêmes, nous parlons de Jésus aux autres, nous n’avons pas à faire comme les témoins de certaines sectes, de terrorisme spirituel, en voulant imposer de force, nos convictions.

Nous avons à proposer Jésus : signe offert à la foi et à la liberté des hommes. Nous le savons, en Israël, beaucoup refuseront ; d’autres accepteront de le suivre et à ceux-là, le Seigneur ne va pas leur annoncer la réussite et le bonheur immédiats, au contraire. Ecoutez ce que Siméon dit à Marie :

« Et toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée ».

Ceux qui vont le suivre doivent passer par la Croix. Il n’y a rien de moins démagogique que la religion chrétienne qui annonce à ceux qui vont y entrer, qu’ils devront en baver en suivant Jésus jusqu’à la mort.

Nous sommes loin des promesses électorales et de leurs miroirs aux alouettes, mais la Passion n’est que l’entrée et l’aurore de la Résurrection.

Elle arrive aussi cette joie en la personne d’Anne. Cette pieuse veuve, fort avancée en âge et qui conclut sur une perspective radieuse : « Elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance d’Israël ».

A la suite de cet évènement, notre regard se tourne vers l’avenir : dans quatre semaines, nous entrons en Carême et comme Siméon, nous avons le regard de Marie dans notre cœur ; elle le tourne vers la Croix. Ce regard contient toutes les souffrances des femmes, des enfants, des hommes du monde entier car Jésus, devenu notre frère, vit les mêmes souffrances pour pouvoir nous en sauver.

Mais au-delà de ce salut, il y a la lumière : Anne et Siméon ont tous les deux des yeux usés, qui pourtant voient plus loin que les nôtres.

–   Comment ont-ils pu reconnaître en ce petit enfant pauvre d’un couple anonyme, la « gloire de Dieu » ? Pour détecter ce qui se cachait dans ce petit paquet de chair humaine, il ne fallait rien moins qu’une révélation de l’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu lui-même.

Par trois fois, Luc répète que ce n’était pas seulement des yeux humains qui voyaient mais une  » lumière » plus haute : celle de l’Esprit Saint.

.  La foi seule, pour nous aussi, peut permettre, si nous l’acceptons librement, de voir au-delà des apparences « comme si nous voyions l’invisible »

.  Dans la foi, ces deux vieillards, aux yeux lumineux ont vu plus loin

.  Par la foi, nos yeux nous permettront de voir plus loin, dans notre vie quotidienne, dite « ordinaire » et qui nous permet de voir l’extraordinaire de Dieu.

C’est bien ce qui va arriver maintenant à Marie et à Joseph : que font-ils après toutes ces révélations qui les étonnent ?

« Lorsqu’ils eurent accompli ce que prescrivait la loi, ils retournèrent en Galilée, dans leur village de Nazareth ».

« L’enfant grandissait et se fortifiait » : c’est le retour au quotidien, à l’ordinaire de nos vies. Tout apparait si normal, que les habitants de Nazareth seront choqués lorsqu’ils entendront Jésus parler dans leur synagogue :

« L’enfant grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse et la grâce de Dieu était sur lui ».

C’est cette grâce de Dieu, vue par Siméon, devinée par Anne, ignorée des habitants de son village qui, pendant 30 ans, va se condenser, puis éclater dans sa Passion et sa Résurrection. C’est elle qui va changer le sort du monde et lui promettre le bonheur total. AMEN




Présentation du Seigneur au Temple – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 2, 22-40)

Obéir au Dieu Sauveur …

 

Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur,
selon ce qui est écrit dans la Loi : ‘Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur.’
Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : ‘un couple de tourterelles ou deux petites colombes.’
Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui.
Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur.
Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple. Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait,
Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :
« Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole.
Car mes yeux ont vu le salut
que tu préparais à la face des peuples :
lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »
Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui.
Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction
– et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »
Il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage,
demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.
Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.
L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.

Marie, Joseph et l’enfant Jésus montent au Temple pour accomplir ce qui était « prescrit par la Loi du Seigneur ». Or la Loi était à l’époque l’expression de la volonté de Dieu. Obéir à la Loi, choisir de la mettre en pratique, c’était garder la  Parole de Dieu, et en définitive l’aimer…

            « Voici la servante du Seigneur » avait déjà dit Marie à l’Ange Gabriel. Tout en elle était « oui » à Dieu… La Loi disait : « Si une femme est enceinte et enfante un garçon, elle sera impure pendant sept jours… et pendant trente-trois jours encore elle restera à purifier son sang. Elle ne touchera à rien de consacré et n’ira pas au sanctuaire jusqu’à ce que soit achevé le temps de sa purification ». Et « quand sera achevée la période de sa purification » (« Lorsque furent accomplis les jours pour leur purification », écrit St Luc), « elle apportera au prêtre, à l’entrée du Temple un agneau d’un an et un pigeon ou une tourterelle… Si elle est incapable de trouver la somme nécessaire pour une tête de petit bétail, elle prendra deux tourterelles ou deux pigeons… Le prêtre fera sur elle le rite d’expiation et elle sera purifiée » (Lv 12,2-4.6-8).

            Voilà le rituel qui la concernait et auquel elle obéit parfaitement. Toutes ces prescriptions sont maintenant révolues, mais l’important n’est pas tel ou tel geste en lui même, mais l’amour avec lequel on l’accomplit…

            Et son obéissance va lui permettre de vivre ce qu’elle n’avait pas prévu : la rencontre avec Syméon. Lui aussi a obéi de tout cœur à l’Esprit qui l’a poussé au Temple, sans rien lui dire en cet instant du pourquoi de cette démarche… Et la prophétie qu’il avait reçue autrefois, « tu ne verras pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur », s’accomplit. « Le Christ », c’est, en grec, « celui qui a reçu l’onction ». Plus tard, grâce à l’épisode du baptême, beaucoup pourront prendre conscience que l’onction de l’Esprit Saint repose en plénitude sur Jésus (Lc 3,21-22). Ce même Esprit « reposait » sur Syméon, nous dit St Luc. « Dieu est Esprit, Dieu Est Lumière ». « Par ta Lumière, nous verrons la Lumière » (Jn 4,24 ; 1Jn 1,5 ; Ps 36,10). Grâce à la Lumière de l’Esprit qui illumine son cœur, Syméon peut « voir » le Christ Lumière du monde (Jn 8,12 ; 12,46), alors que cette Lumière, spirituelle, est, par nature, invisible à nos seuls yeux de chair… « Mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples : Lumière pour éclairer les nations païennes, et Gloire d’Israël ton peuple. »                                                                           DJF

 




Rencontre autour de l’Évangile – Présentation du Seigneur au Temple

Jésus, Messie du Seigneur,

Lumière pour éclairer les nations…

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Lc 2, 22-40)

Jésus vient de naître à Bethléem. Huit jours après, en obéissance à la Loi de Moïse, il recevra la circoncision (Lv 12,3). Puis, écrit St Luc, « l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception » (Lc 2,21 ; 1,31). N’oublions pas que « Jésus » vient de l’hébreu « Yéchoua » qui signifie « Yahvé sauve », « Dieu sauve ». Pour Jésus, vrai homme et vrai Dieu, c’est « le Père » qui « sauve »…

 

 Et soulignons les mots importants 

  • Dans les trois premiers versets de notre Evangile, le mot « Loi» intervient trois fois. A l’époque, la Loi était l’expression de la volonté de Dieu. Quelle est donc la seule préoccupation de Marie et de Joseph ? Et avec la Loi, quelle valeur fondamentale de la foi vivent-ils ? Noter les deux démarches qu’ils accomplissent ici…

  • Syméon signifierait en hébreu « a entendu ». Qu’est-ce que Syméon « a entendu », et qui lui a « parlé » ? Or, pour entendre Dieu, il faut être de tout cœur tourné vers Lui : noter les expressions qui, pour Syméon, nous l’indiquent.

            Comment arrive-t-il au Temple ? Quelle valeur fondamentale de la foi vit-il lui aussi ? Marie et Joseph ont vécu la même valeur avec la Loi, et tous se rencontrent : est-ce le fruit du hasard ?

  • Que signifie le mot ‘Messie’ (de l’hébreu Massiah ; en grec Khristos) ? Qu’est-ce que Syméon attendait ? Et que recevra-t-il dans ses bras ? Conclusion ? Noter en quels termes la mission du Christ sera évoquée par la suite. Noter aussi ce que nous dit indirectement de Jésus l’expression employée pour décrire ceux à qui la prophète Anne s’adressait.

  • Comment comprendre ces deux expressions :

            1 – « Il provoquera la chute et le relèvement de beaucoup » ?

            2 – « Il sera un signe de division. Et toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée. Ainsi seront dévoilées les pensées secrètes d’un grand nombre ».

  • Enfin, Anne nous rappelle deux valeurs de la vie chrétienne, lesquelles ?

Pour l’animateur 

  • La seule préoccupation de Marie et de Joseph est d’obéir à la volonté de Dieu, de la faire passer très concrètement dans leur vie. Ils vivent l’obéissance de cœur. « Être chrétiens, c’est vivre et témoigner de la foi dans la prière, dans les œuvres de charité, dans la promotion de la justice, dans l’accomplissement du bien » (Pape François ; Angélus, 25/08/2013).

            Les deux démarches accomplies : la purification de Marie et l’offrande à Dieu du fils premier-né. Leur offrande souligne leur pauvreté.

  • Syméon a entendu de l’Esprit Saint « qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Messie du Seigneur». Il était « juste et pieux », et « l’Esprit Saint reposait sur lui », le Don de Dieu « reposait sur lui », comme la lumière du soleil repose sur une plante toujours tournée vers lui. « Le Seigneur Dieu est un Soleil, il donne la Grâce, il donne la Gloire » (Ps 84(83), 12), il donne la Lumière de l’Esprit Saint qui ne peut que reposer, de manière stable, sur quiconque demeure tourné de tout cœur vers Lui.

            Syméon arrive au Temple « poussé par l’Esprit ». Il est donc docile à l’Esprit, à ses inspirations, à son impulsion : il lui obéit. Or la signature de l’Esprit est « amour, joie, paix » (Ga 5,22)… Syméon fuit tout ce qui lui fait perdre la paix du cœur. Il n’éteint pas l’Esprit, il vérifie tout à sa Lumière, retient ce qui est bon et se garde de toute espèce de mal (1Th 5,19-22).

            Marie et Joseph obéissent à la Loi, et à travers elle, à Dieu. Syméon obéit à l’Esprit, et à travers lui, à Dieu. Et les trois se retrouvent au Temple dans « la Maison de Dieu ». C’est donc Lui qui est à l’origine de cette rencontre, grâce à l’obéissance de cœur des uns et des autres… Noter l’harmonie entre la Loi et l’Esprit : la Loi authentiquement vécue ne peut qu’aller dans le sens de l’Esprit Saint puisque c’est Lui qui l’a inspirée au cœur de Moïse (Comparer Ex 31,18 ; Lc 11,20 et Mt 12,28).

  • « Messie » vient de l’hébreu « massiah » ou « messiah », la langue de l’Ancien Testament, « celui qui a reçu l’onction ». « Christ » vient du grec « khristos », langue du Nouveau Testament, avec le même sens.

                Syméon attendait « la consolation d’Israël » ; il reçoit le Christ. La  mission  première  du  Christ  est  donc  de  « consoler »  tous ceux qui souffrent,  et  notamment  les pécheurs,  car le péché  n’engendre  dans les cœurs que « souffrance et angoisse » (Rm 2,9). Et le Christ sera « salut » pour « tous les peuples », « délivrance » notamment « de Jérusalem », « lumière pour éclairer les nations païennes et gloire d’Israël ton peuple.»

  • Il sera ‘chute’ pour les superbes appelés à descendre de leurs montagnes d’orgueil ; et ‘relèvement’ pour les humbles qui accepteront de recevoir de sa Miséricorde le pardon de leurs fautes, la guérison de leurs blessures intérieures, sa Vie qui sera Résurrection, Lumière et Paix. Et un orgueilleux qui se repent devient cet humble que le Seigneur relève…

  • « Les pensées secrètes », droiture de cœur ou non, loyauté ou non, acceptation de faire la vérité ou non, humilité ou orgueil, amour ou haine, tout cela se révèlera en Présence du Christ « Lumière du monde ». Alors, les hommes se diviseront d’eux-mêmes : ceux qui croiront ou non, ceux qui accueilleront le Christ et ceux qui le tueront, plongeant de cœur Marie sa Mère dans d’indicibles souffrances…

  • Anne nous rappelle « la prière et le jeûne », le jeûne notamment de tout ce qui nous empêche de vivre pleinement notre relation à Dieu.

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Je vous le demande : êtes-vous des chrétiens « d’étiquette » ou en vérité ? Et chacun répond à l’intérieur ! Non, pas des chrétiens d’étiquette, jamais ! Des chrétiens en vérité, de cœur. Etre des chrétiens, c’est vivre et témoigner de la foi dans la prière, dans les œuvres de charité, dans la promotion de la justice, dans l’accomplissement du bien (Pape François).

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

La Parole aujourd’hui dans notre vie 

L’Eglise nous invite à être fidèles à l’Eucharistie dominicale, à partager avec ceux qui nous entourent, à vivre le jeûne et la prière pour la paix dans le monde. Avons-nous à cœur cette obéissance de la foi ?

ENSEMBLE PRIONS 

A la Vierge Marie, Porte du Ciel, demandons qu’elle nous aide à franchir la porte de la foi, à laisser son Fils transformer notre existence comme il a transformé la sienne, pour porter à tous la joie de l’Evangile (Pape François).

 

 

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