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17ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN (St Luc 11, 1-13)

La miséricorde de Dieu est infinie. Abraham, qui a eu l’initiative de demander au Seigneur de ne pas détruire les deux villes de Sodome et Gomorrhe s’il y trouve 50 justes, met également, par cette demande, une limite à la Miséricorde de Dieu. Et nous avons tort de mettre une telle limite à sa miséricorde. Lorsqu’il prend conscience qu’il ne pourra peut-être pas trouver 50 justes, Abraham demande de baisser le nombre de justes dans Sodome et Gomorrhe : de 50 à 45, puis à 40, 30, jusqu’à descendre à 20 puis à10 justes. Ce sera insuffisant pour sauver les villes. Abraham est pris à son propre jeu. Il a peur d’abuser de la miséricorde de Dieu, comme si Dieu ne pouvait pas descendre en dessous de 10 justes. Il aurait pu demander de sauver Sodome et Gomorrhe même s’il n’y a aucun juste, mais il n’a pas osé. Il lui fallait en quelque sorte une monnaie d’échange. Il est fort probable que parce qu’Abraham est lui-même un homme juste, marchant toujours avec Dieu, ce dernier aurait probablement accepté de pardonner Sodome et Gomorrhe, sans rien demander en échange. Personne ne peut épuiser la miséricorde Dieu, sa miséricorde est infinie. Ep 3,20 nous donne une idée de la miséricorde de Dieu : « Celui dont la puissance agissant en nous est capable de faire bien au-delà, infiniment au-delà de tout ce que nous pouvons demander ou concevoir ». Ne croyons donc pas que nous pourrons mettre Dieu en colère si nous lui demandons beaucoup, car Il est toujours prêt à faire encore beaucoup plus que ce que nous pourrons lui demander avec foi. Gn 6,9 : Noé était un homme juste et droit parmi ses contemporains : Noé marchait avec Dieu. Et c’est parce que Noé est juste que Dieu sauve sa famille et renouvelle le peuplement de la terre entière. Rien n’a été demandé en retour. Tel fut le cas également pour Jésus-Christ qui est mort pour tous. Dieu n’a pas mis de condition d’avance pour que le Christ nous rachète. C’est bien par pure miséricorde que le Christ nous rachète de nos fautes en donnant sa vie afin que nous soyons justifiés, ajustés sur Dieu le Père, capables de faire sa volonté, et que nous soyons sanctifiés. Maintenant qu’il s’est sacrifié pour nous, il dépend de nous de le suivre ou non. A ceux qui le suivent, maintenant, il nous demande la foi, de croire en lui, d’avoir confiance en Lui, même si quelquefois il semble ne pas entendre nos prières. C’est parce qu’il a intercédé auprès de son Père, une intercession allant jusqu’au sacrifice de la Croix et à la mort, que l’humanité entière est sauvée. Pour qu’une âme ne soit pas sauvée, il faut que jusqu’au bout, même après la mort, elle dise à Dieu : « je ne veux pas te suivre ». Ce sera alors son dernier mot avant d’aller en enfer. Mais c’est elle qui l’aura voulu. Ce ne sera jamais le désir de Dieu d’envoyer quelqu’un en ce lieu de haine et de division. Au contraire, Dieu veut tous nous sauver.

Et c’est «ensevelis avec lui lors du baptême que nous sommes aussi transformés avec le Christ » pour une vie nouvelle en Jésus-Christ : le baptême a supprimé nos péchés pour nous permettre de renaître d’une vie nouvelle dans le Christ. Le deuxième texte d’aujourd’hui nous dit : « 13 Vous qui étiez morts du fait de vos fautes et de votre chair incirconcise, Il vous a fait revivre avec lui! Il nous a pardonné toutes nos fautes! 14 Il a effacé, au détriment des ordonnances légales, la cédule de notre dette, qui nous était contraire; il l’a supprimée en la clouant à la croix ». Le baptême efface nos péchés. Mais si le Christ est mort pour nous sauver du péché, pourquoi donc péchons-nous encore ? Nous continuons à pécher pour plusieurs raisons : d’abord Dieu nous laisse toujours libres de le suivre ou de ne pas le suivre, il ne peut pas nous obliger à Le suivre, ce serait alors une forme d’esclavage. Ensuite, parce que nous avons le libre choix, nous préférons souvent vivre et profiter des plaisirs de la vie sur terre car la vie est courte et nous finissons alors par tourner le dos au Seigneur pour faire passer toutes sortes de choses de la vie avant Dieu. Mais à ceux qui font le choix de Dieu, le Christ nous donne les moyens de Le suivre : nous avons sa Parole mis par écrit dans la Bible, nous avons ses institutions : l’Eucharistie et le baptême, nous avons la mise en place des structures de l’Eglise avec les Apôtres, les prêtres à la Cène (c’est là que se crée le sacrement de l’ordre car les apôtres deviennent des prêtres), et nous avons la prière du Seigneur, le « Notre Père » appelé encore « oraison dominicale ». Et c’est pour que nous soyons toujours avec Dieu que le Christ nous a appris à prier le « Notre Père ». Parfois certains chrétiens semblent chercher des prières « efficaces ». Le « Notre Père » est la prière la plus efficace qui soit, parce qu’il nous vient de Dieu lui-même en la personne de Jésus–Christ.

D’abord, appeler Dieu notre « Père », c’est une révélation de Dieu lui-même. C’est Lui en la personne de Jésus-Christ qui nous demande de s’adresser à Lui en l’appelant « Père », ou « Notre Père ». Jamais, avant cette révélation, personne n’a appelé Dieu « Père » ou « Notre Père ». Ce qui fait alors de Dieu, un Dieu proche de chacun de nous. Il n’est pas inaccessible, Il est là dans nos cœurs, avec nous, en nous, il a fait de nous sa demeure. Nous sommes Temples de Dieu, c’est là qu’Il habite. A nous de ne pas le mettre dehors par nos péchés. Et l’expression « qui es aux cieux », qui se trouve en Matthieu, ne désigne pas un lieu ou un espace mais une manière d’être qui exprime sa majesté divine (CEC 2794). La prière commence par « Notre Père », le mot « Notre » implique que ce n’est pas la prière d’une seule personne, même quand elle prie séparément chez elle ou ailleurs, mais désigne la prière de l’ensemble de tous les chrétiens qui forment l’Eglise. Chacun de nous fait partie du peuple de Dieu qui est l’Eglise. « Prier le « Notre Père » nous fait sortir de notre individualisme, et pour qu’il soit dit « en vérité », nos divisions et nos oppositions doivent être surmontées » (CEC 2792). Avec le « Notre Père », nous prions Dieu avec les paroles mêmes de Dieu, tout comme la « Prière du temps Présent » qui a été réalisée à partir du Texte Officiel de la « liturgie des Heures » et qui comprend de nombreux psaumes et devient ainsi la prière officielle de l’Eglise, prière dite par la plupart des communautés religieuses et qu’on retrouve au moment des Laudes et des Vêpres. Là aussi, c’est prier Dieu avec les paroles de Dieu.

« Que ton Nom soit sanctifié » signifie d’abord « que la personne même de Dieu soit sanctifiée », « que Dieu soit sanctifié », mais il l’a toujours été puisqu’il est Dieu, et Dieu est source de toute sainteté. Si nous employons cette expression, c’est qu’elle est liée à nos propres comportements et à nos propres actions : Dieu est sanctifié chaque fois que nous faisons la volonté de Dieu en tous les domaines, chaque fois que nous faisons une action qui plaise à Dieu. A ce moment-là, les non-croyants et les critiqueurs de chrétiens qui nous regardent peuvent dire enfin : « vraiment leur Dieu est Dieu ». Pour que Dieu soit reconnu comme Dieu, saint, et source de toute sainteté, il va falloir que les chrétiens soient irréprochables, ou tout au moins qu’ils essaient de l’être, car (CEC 2814) « si nous vivons bien, le nom divin est béni, mais si nous vivons mal, il est blasphémé ». Rm 2,14 : « le nom de Dieu, à cause de vous, est blasphémé parmi les païens ».

« Que ton règne vienne ». « Dans la prière du Seigneur, il s’agit principalement de la venue finale du Règne de Dieu par le retour du Christ » à la fin des temps (CEC 2818). Depuis la Pentecôte (descente de l’Esprit Saint sur les Apôtres sous forme de langues de feu), la venue du Règne de Dieu est l’œuvre de l’Esprit Saint qui poursuit son œuvre dans le monde et achève toute sanctification ». Mais dès aujourd’hui, nous pouvons prier le Seigneur pour qu’Il règne en nos cœurs : Que ton Règne vienne …pour que le péché ne règne donc plus dans notre corps mortel. Et si le Seigneur règne en nos cœurs, nous recevons des signes de ce règne comme nous le dit Rm 14,17 : « le Règne de Dieu est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint ». Par ces fruits, chacun peut voir si Dieu règne en son cœur. Lorsque nous avons en nous la paix, une paix durable, une joie intérieure malgré les problèmes de santé ou autres, une justification de tous les instants, c’est à dire « ajustés sur Dieu », « en accord avec Dieu », et donc unis au Christ parce que purifiés des péchés, alors le Seigneur règne dans nos cœurs. Il faut alors continuer à Lui dire tous les jours : « que ton règne vienne ».

« Donne-nous chaque jour notre pain quotidien ». Jésus-Christ nous dit dans l’évangile d’aujourd’hui : « demandez et l’on vous donnera; cherchez et vous trouverez; frappez et l’on vous ouvrira. 10 Car quiconque demande reçoit; qui cherche trouve; et à qui frappe on ouvrira ». N’ayons donc aucune hésitation à demander au Père, au nom de son Fils, notre pain quotidien. Le Pape François, dans ses « Méditations Quotidiennes » (P.96), dit ceci : « Jésus nous met au défi de la prière et dit ainsi: « Tout ce que vous demanderez en mon Nom, je le ferai pour que le Père soit glorifié dans le Fils ». Si vous demandez quelque chose en mon Nom, « je le ferai ». Ayons le courage d’aller à Jésus et de lui dire: « Et maintenant que tu as dit, fais-le! (puisque je l’ai fait selon tes propres recommandations). Fais que la foi avance, fais que l’évangélisation aille de l’avant, fais que ce problème que j’ai soit résolu… » puisque je les ai demandés en ton Nom, et donne-nous chaque jour notre pain quotidien. CEC 2830 : « Le Père, qui nous donne la vie, ne peut pas ne pas nous donner la nourriture nécessaire à la vie, tous les biens  » convenables « , matériels et spirituels. Dans le Sermon sur la montagne, Jésus insiste sur cette confiance filiale qui coopère à la Providence de notre Père (cf. Mt 6, 25-34). Il ne nous engage à aucune passivité (cf. 2 Th 3, 6-13) mais veut nous libérer de toute inquiétude entretenue et de toute préoccupation ». Ainsi donc, tous les biens matériels et spirituels nous viennent de Dieu. Et (CEC 283) « la présence de ceux qui ont faim par manque de pain révèle une autre profondeur de cette demande. Le drame de la faim dans le monde appelle les chrétiens qui prient en vérité à une responsabilité effective envers leurs frères, tant dans leurs comportements personnels que dans leur solidarité avec la famille humaine ». Dieu n’a jamais voulu la misère de l’être humain, et c’est pour cela que le Christ nous invite instamment à aider ceux qui sont dans la misère afin qu’eux aussi retrouvent leur dignité, matériellement et spirituellement. Car toutes les misères du monde viennent d’une manière ou d’une autre du péché, et donc de l’éloignement de Dieu. D’où cette demande dans l’évangile d’aujourd’hui : 4 « remets-nous nos péchés, car nous-mêmes remettons à quiconque nous doit; et ne nous soumets pas à la tentation ». Nous demandons à Dieu de nous pardonner nos péchés afin que nous soyons nous-mêmes sortis de la misère spirituelle, et que, uni à Lui et rempli d’amour, nous nous tournions comme le Christ vers les autres à la fois pour pardonner, pour aider, pour sauver au nom de Jésus-Christ. Mais Dieu nous pardonnera nos péchés qu’à la condition que nous soyons capables de pardonner aussi ceux qui nous ont fait du tort. Prions Marie pour qu’elle nous aide à demander au Père miséricordieux, avec foi, humilité et simplicité, notre pain quotidien.

 

Claude Won Fah Hin




17ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 11, 1-13)

            « Demandez, on vous donnera. »

 

C’est ce qui ressort des textes de ce jour.

À la demande des apôtres « Seigneur, apprends-nous à prier », Jésus va donner la prière que nous connaissons tous, qui a été adoptée par tous depuis les débuts du christianisme, celle qui commence par « Notre Père ». Ici, dans le texte de Luc, elle commence par « Père », ce qui revient au même, puisque si tous nous disons ‘Père’, c’est qu’il est vraiment Notre Père.

Et dans cette prière, il n’y a que des demandes. Mais des demandes qui nous engagent : « Que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. », ce n’est pas une demande générale qui concerne tout le monde et personne en particulier : Elle me concerne moi-même : Qu’est-ce que je fais pour que le nom de Dieu soit sanctifié, qu’est-ce que je fais, chaque jour, pour que le règne de Dieu vienne et se répande sur toute la terre ? Oh, pas des choses compliquées, des choses à ma portée, à la portée de tous, selon son propre environnement … Est-ce que la venue du règne de Dieu auprès de tous m’importe ? Ou est-ce qu’on dit cette phrase par habitude, sans se préoccuper de ce à quoi cela nous engage … ?

De la même manière, le pardon des offenses … Parce qu’ici, dans saint Luc, le texte est plus clair que dans saint Matthieu : « car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. ». Et si nous, nous ne pardonnons pas … Que devient notre demande de pardon ?

Et juste après cette prière, Jésus donne des commentaires qui vont avec elle : la parabole de l’ami sans gêne qui vient réveiller son voisin pour qu’il lui donne du pain, et qui se termine par : « même s’il ne se lève pas pour donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu’il lui faut. », et aussitôt après « Demandez, on vous donnera. ».

Cela veut dire qu’il faut oser demander des choses à Dieu. Sans crainte. Même si on a l’impression de demander toujours la même chose, de gêner Dieu. Même si on est mal à l’aise de demander toujours … La demande d’Abraham pour sauver les quelques justes de Sodome, dans la première lecture, nous montre qu’il faut parfois insister : cinquante justes … quarante-cinq … quarante … jusque à dix justes … et à chaque fois Dieu reprend : « pour … dix justes, je ne détruirais pas la ville. ».

Mais il est évident que cela dépend de ce que l’on demande : si c’est pour nous, notre intérêt personnel, à notre profit au détriment des autres, … ça se passe pas !

Par contre, si c’est « pour la gloire de Dieu et le salut du monde », alors la demande sera exaucée, peut-être pas comme on l’aurait souhaité, et à l’heure qu’on aurait voulue, mais cela se fera.

Finalement, la prière, c’est une question de confiance en Dieu, entre nous et Dieu. Et la confiance que Dieu a envers nous, elle est indubitable. Elle est de toujours ! Par contre, la confiance que nous avons en Dieu … elle peut être variable … même si on s’en défend !

Comme une confiance entre un père et son enfant …

Ce que dit Jésus à la fin : « Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu du poisson ? … Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »

Si Jésus dit que nous sommes mauvais, c’est au sens que nous ne sommes pas parfaits, comme Dieu est parfait.

Mais qu’est-ce que le Père du ciel donne ? L’Esprit Saint. Pas ceci ou cela ! Non, L’Esprit Saint !

C’est-à-dire ce qu’il est en Lui-même. « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), « Dieu est Saint » (Lv 19,2; 20,26; 21,8)…

Pour Dieu, c’est la seule bonne chose qu’il puisse nous donner. Parce que c’est la meilleure !

Seigneur Jésus,

Tu nous apprends à prier,

à avoir une relation de confiance avec ton Père.

Nécessaire, mais non suffisante :

il faut aussi demander,

avec conviction, sans crainte,

car ton Père sait déjà ce dont nous avons besoin.

Et il nous donne le mieux :

l’Esprit Saint.

À nous de nous laisser imprégner par lui !

Francis Cousin  

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Prière dim ordinaire C 17°




16ième Dimanche du Temps Ordinaire – Francis Cousin (Lc 10,38-42)

« Marie a choisi la meilleure part. »

 

L’évangile de ce jour vient juste après celui que nous avons entendu la semaine dernière. Dans celui-ci, Jésus montrait par les actes du Bon Samaritain la bonté de Dieu qui veut sauver tous les humains, et il nous invitait à faire de même. Dans celui de ce jour, Jésus veut montrer l’importance de la Parole de Dieu accueillie par ceux qui l’entendent, ici Marie.

Voir et entendre l’action de Dieu est ce qui est le plus important pour ceux qui veulent le suivre.

Dans l’évangile de ce jour, nous voyons Jésus, en marche vers Jérusalem, recevoir l’hospitalité dans une maison habitée par deux femmes, deux sœurs : Marthe et Marie. C’est Marthe qui avait invité Jésus, et elle voulait lui faire honneur, c’est pourquoi « elle était accaparée par les multiples occupations du service. », tandis que Marie, « assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. », ce qui, au bout d’un moment agaça Marthe qui se plaignit à Jésus : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. »

Contrairement à ce qu’elle aurait pu attendre, Jésus ne va pas aller dans son sens : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. ».

Le fait de l’appeler par son nom par deux fois pourrait montrer une sorte de reproche de son intervention. En effet, Marthe est préoccupée par la satisfaction de Jésus, mais une satisfaction comme elle la pense : un bon repas, bien servi, etc … En fait, des préoccupations du monde. Alors que la satisfaction de Jésus se trouve dans l’écoute de Marie, attentive à ce qu’il dit et sans doute participant activement à la discussion. L’écoute de la Parole de Dieu, la seule chose que Jésus juge nécessaire. L’écoute attentive de la Parole ; une écoute qui engage l’écoutant. Ne dira-t-il pas un peu plus loin : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la Parole de Dieu, et la mettent en pratique ! » (Lc 11,28). Une écoute qui amène des actions. Mais des actions qui vont dans le sens de la Parole de Dieu, et non dans le sens du monde.

Jésus n’oppose pas l’écoute de la Parole, la relation à Dieu (ce qu’on appelle aussi la contemplation) et l’action, mais il leur donne un ordre de priorité : d’abord la relation à Dieu, la contemplation, et ensuite l’action imbibée de cette relation à Dieu, et éclairée par l’Esprit Saint.

L’ordre inverse n’est pas bon : faire l’action, et ensuite se justifier vis-à-vis de Dieu en disant : « Tu as vu ce que j’ai fait ? Pas mal hein ? » (Voir la parabole du pharisien et du publicain (Lc 18,9-14).

Pour Jésus, tout est une question de service. N’a-t-il pas dit : « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. » (Mt 20,26), et on peut voir le service de deux manières :

– Le service de Dieu : Parole, prière, contemplation …

– Le service des autres : action, levain dans la pâte …

(Il y a encore une autre manière de voir le service, le service pour soi, pour se mettre en valeur, mais qui n’est pas agréée par Jésus : « Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir. » (Mt 20,28))

Ce sont d’ailleurs ces deux formes de services qui ont été à l’origine de la création des diacres : « Il n’est pas bon que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables. Cherchez plutôt, frères, sept d’entre vous… et nous les établirons dans cette charge. En ce qui nous concerne, nous resterons assidus à la prière et au service de la Parole. » (Ac 6,2-4).

Cette distinction nette entre les deux sortes de service peut être bonne si tous les acteurs sont assidus à la Parole et à la relation à Dieu.

Il est d’ailleurs remarquable de constater que ceux qui donne le plus aux autres sont aussi ceux qui ont une vie contemplative importante :

– Jean-Marie Vianney, curé d’ars, qui eut une grande influence sur ceux qu’il rencontrait, priait devant le tabernacle plusieurs heures par jour.

– Mère Térésa, lorsque ses sœurs lui dirent qu’elles avaient trop de travail, prit la décision de multiplier par deux le temps quotidien d’adoration de toute la communauté, et alors tout s’est arrangé.

– le père Guy Gilbert, le curé des loubards comme on l’appelle, qui prends cinq jours par mois pour faire retraite dans un monastère.

– et sans doute encore beaucoup d’autres …

Tous trouvent dans la prière et l’adoration la force nécessaire pour mettre en œuvre leur activité pastorale.

Alors que très souvent, on entend des gens dire : « Avec tout ce que je fais dans la journée, je n’ai pas le temps de prier » ou « Le dimanche est le seul jour où je peux me lever tard, me reposer … alors la messe … je peux pas y aller ! ».

Mais en fait, c’est la prière, la relation à Dieu, qui permet d’éclairer notre vie, de lui donner un sens, et qui nous aide à définir des priorités, ce qui permet de gagner du temps, et nous donne la force d’aller plus loin dans nos activités pastorales.

Pour nous, ce qu’il nous faudrait faire : se mettre au service de Dieu et des autres, en donnant la priorité à la relation à Dieu, qui est le moteur de la relation aux autres.

Prenons le temps de l’intériorité sous le regard de Dieu !

 

Seigneur Jésus,

Très souvent nous sommes orientés vers l’action,

parce qu’on voit le résultat …

et nous négligeons la relation avec toi,

qui doit être le moteur de notre action,

mais dont on ne voit pas le résultat.

Mais sans toi,

nous ne pouvons rien faire !

 

Francis Cousin

 

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Prière dim ordinaire C 16°

Parole d’évangile semaine 19-29

 




15ième Dimanche du Temps Ordinaire (Luc 10, 25-37 ) :    « Va, et toi aussi, fais de même. » (Francis Cousin)

 

   « Va, et toi aussi, fais de même. »

La parabole du bon Samaritain est bien connue de tous. Il n’empêche qu’il est important de la réentendre de temps en temps.

Cela commence par un docteur de la loi qui veut mettre Jésus à l’épreuve : « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »

Dire en héritage, c’est déjà biaiser le problème : l’héritage, c’est quelque chose que l’on reçoit, mais qui a été construit par d’autres ; cela de dépend pas de soi. Alors dire « que dois-je faire » pour obtenir quelque chose qui ne dépend pas de moi, c’est qu’on n’a pas envie de faire quoi que ce soit.

Jésus l’a bien compris puisqu’il répond : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? ». Il y a l’écrit, et ce que l’on en fait. ’’Comment lis-tu ?’’, c’est une manière de dire : ’’Comment le comprends-tu ? Qu’est-ce que cela change dans ta manière de vivre ?’’ Et cette question que Jésus pose au docteur de la loi, elle concerne aussi chacun de nous ! Lire, d’écouter l’évangile, la Parole de Dieu, ne suffit pas : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique ! » (Luc 11,28). « Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. » (Première lecture).

Le docteur de la loi, comme tout bon juif, répond en citant les passages où on parle de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain. Jésus répond : « Fais ainsi et tu vivras. », sous-entendu dans la vie éternelle, puisque l’homme est déjà vivant.

Mais le docteur de la loi pose une nouvelle question : « Et qui est mon prochain ? »

Sans doute voulait-il essayer de limiter la portée de l’amour du prochain afin de diminuer les exigences permettant d’obtenir la vie éternelle. Limiter l’amour, surtout quand l’amour est à la demande de Dieu, lui qui est tout amour, ce n’est pas possible. Dieu ne nous demande jamais l’impossible, mais il nous demande de faire tout ce qui nous est possible, avec son aide : « Cette loi que je te prescris aujourd’hui n’est pas au-dessus de tes forces ni hors de ton atteinte. » (Première lecture).

Jésus entend bien la question, mais il va la modifier. À la fin de la parabole, il demande au docteur de la loi : « Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? ».

On assiste à un renversement : pour Jésus, ce n’est plus ’’qui est mon prochain ?’’, mais ’’de qui suis-je le prochain ?’’, ’’de qui est-ce que je me fais le prochain ?’’

Le prochain, ce n’est pas l’autre qui l’est, c’est moi qui le devient, c’est moi quand je fais un pas vers l’autre, quand je me préoccupe de lui, quand je prends part à ses problèmes, quand j’ai de la compassion pour lui.

Le prochain, ce n’est pas celui qui est le plus proche de moi, comme la prochaine station de bus, mais celui dont je me fais proche.

  Être le prochain n’est pas une situation géographique (même si ça peut être le cas), mais une position intellectuelle et spirituelle. L’exemple le plus accompli du prochain est sans doute sainte Thérèse de l’Enfant Jésus qui est devenue la patronne des missions, sans jamais quitter son carmel de Lisieux.

Être le prochain, c’est mettre en application les œuvres de miséricorde, qu’elles soient corporelles ou spirituelles.

Et il n’est pas nécessaire d’être baptisé pour cela : Dieu a mis son amour dans le cœur de tous les humains, et chacun peut répondre à cet amour en aimant les autres à son tour, en se faisant le prochain des autres. « Des Samaritains au cœur dilaté par l’amour, la planète en compte des millions, bénis de Dieu et de son Fils, quelle que soit la couleur de la foi qui les revêt. » (Père Zanotti-Sorkine).

Alors, « Toi aussi, fais de même. »

Seigneur Jésus,

Trop souvent nous nous conduisons

comme si la Vie Éternelle

nous était donnée en héritage.

Alors que tu nous demandes

de faire aux autres

comme si c’était toi qui étais là.

Tu nous demandes d’avoir

de la compassion pour les autres,

de nous faire le prochain de ceux-ci.

Et donc d’aller vers les autres.

Tous les autres.

Francis Cousin   

 

 

 

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Prière dim ordinaire C 15°

   

  

 

 




14ième Dimanche du Temps Ordinaire (Luc 10, 1-12.17-20 ) :    « Le règne de Dieu s’est approché de vous. » (Francis Cousin)

« Le règne de Dieu

s’est approché de vous. »

Lors de l’envoi des soixante-douze disciples « en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre », Jésus ne dit pas « Le règne de Dieu est proche », ce qui donnerait l’impression que nous n’en sommes pas loin, et qu’il suffirait pour nous que nous fassions quelques pas pour que nous en faisions partie.

Jésus dit : « Le règne de Dieu s’est approché de vous ».

La démarche est toute autre : c’est Dieu qui vient vers nous, et nous n’avons (!!?) qu’à accepter de le recevoir (« Je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » Ap 3,20), qu’à accepter d’entrer dans son royaume. Un royaume d’amour !

Nous n’avons qu’à accepter que Dieu nous aime !

Et c’est là que cela devient difficile. Ce qui paraît surprenant, parce que généralement les gens sont plutôt d’accord avec l’amour humain : on aime être aimé. Et on est parfois prêts à faire des efforts pour être aimé. Et aussi on a tous une propension à aimer ! Pas aimer toutes les personnes, mais au moins quelques-unes : on ne peut pas vivre sans aimer.

Mais l’amour de Dieu ! … Penser que Dieu nous aime ! Alors là ! Surtout pour ceux qui ne font pas un compte avec lui …, penser que lui les aime, eux …

Au lieu de cette acceptation de cette présence de Dieu près de nous, c’est nous qui cherchons Dieu. Nous le cherchons parfois loin : dans les philosophies, dans des pèlerinages lointains … Mais comme nous sommes envahis par nos problèmes domestiques, familiaux, professionnels, … nous n’avons pas le temps de l’entendre, et nous ne pensons pas non plus qu’il est dans les personnes que nous rencontrons …

Nous posons la question : « Dieu, où es-tu ? Que fais-tu ? ». De la même manière que des non-chrétiens nous disent : « Mais où est-il ton Dieu ? », reprenant sans le savoir ce qui est dit dans le psaume 41, verset 4. Comme quoi la question n’est pas nouvelle !

Pour beaucoup de gens, Dieu est un Dieu lointain, parfois même pour certains un Dieu absent. C’est une manière de ne pas se poser trop de question sur Dieu. En effet, dans la plupart des cas, c’est nous qui nous mettons loin de Dieu ; c’est nous qui mettons Dieu « aux abonnés absents » ou sur la liste des « messages indésirables ».

Alors que c’est Dieu qui ne cesse de nous appeler : « Où es-tu ? » (Gn 3,9), même après avoir fait des bêtises. Dieu ne cesse de vouloir renouer les liens entre lui et chacun de nous.

Et nous le savons … intellectuellement. Mais pratiquement, on l’oublie très vite.

Comme nous savons que : « Un pauvre crie ; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses. » (Ps 33,7)

Comme nous savons qu’avec la venue de Jésus sur la terre, Dieu, qui est amour, s’est encore rapproché de nous, et que Jésus est « avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28,20).

Alors, ne l’oublions pas : « Le règne de Dieu s’est approché de vous », … de nous ! C’est d’ailleurs tellement important que c’est, après la salutation, le seul message que Jésus donne à délivrer aux soixante-douze disciples.

Encore une fois, « l’amour a fait les premiers pas ». Faisons-en un … pour entrer dans la danse avec Dieu.

Seigneur Jésus,

Comme nous sommes compliqués !

Nous cherchons au loin ce qui est proche :

ta présence, quand tu es en nous,

quand tu es en tous ceux que nous rencontrons,

quand nous communion à ton corps !

Ouvre nos yeux aux merveilles de ton amour.

Francis Cousin   

 

 

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13ième Dimanche du Temps Ordinaire (Luc 9, 51-62) :    « Suivre Jésus … Comment ? »(Francis Cousin)

 

    « Suivre Jésus … Comment ? »

Le passage de l’Évangile de ce jour est une succession de quatre logia, ou séquences, très courtes après qu’on ait situé le moment de l’action : Jésus prend la route de Jérusalem, sachant ce qui l’y attend : sa mort offerte en sacrifice pour le salut du monde. Ce n’est donc pas de gaité de cœur qu’il part, mais, il y va parce que c’est sa mission. Il part « le visage déterminé ».

La première séquence : des messagers sont envoyés par Jésus dans un village pour préparer sa venue, lui et ceux qui le suivent. C’est, avec l’épisode du choix du lieu du dernier repas, la seule fois où l’on parle de la logistique du groupe qui suit Jésus. Et il fallait bien préparer son passage : outre Jésus, il y avait les « douze », plus « des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, depuis le commencement, lors du baptême donné par Jean » (Ac 1,21-22), « ainsi que des femmes » (Lc 8.2) … Si juste après ce passage, Luc nous dit que Jésus a pu envoyer soixante-douze disciples pour proclamer son message (Lc 10,1), on peut penser que le groupe faisait une petite centaine de personnes : il fallait pouvoir nourrir et héberger tout le monde. Ici, la raison du refus des habitants du village samaritain n’est pas matérielle, mais idéologique : « parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem ». C’est sans doute cela qui aboutit à la réaction de Jacques et Jean : « Qu’un feu du ciel les détruise ! » en référence à certaines actions de l’ancien testament (cf Gn 19,24 ; 2R 1,10.12). « Jésus, se retournant, les réprimanda ».

À réponse idéologique, ou basée sur une certaine tradition qui ne doit pas évoluer (dans l’esprit de ces personnes), on risque souvent une réaction du même tonneau, sinon idéologique, au moins coincée. Et cela n’est pas fait pour faire avancer les choses, au contraire : on va vers la rupture et l’exaspération des idées. Et ce sont des situations qui peuvent encore arriver dans l’Église actuelle, à différents niveaux … il suffit qu’il y ait deux personnes avec des idées bien arrêtées et de sens contraire …

On ne sait pas ce que Jésus leur a dit, ni ce qu’ils en ont pensé. L’essentiel est d’être attentif à ce que ce genre de situations soit évité …

Les trois autres séquences concernent des personnes qui sont prêtes à suivre Jésus, mais les réponses de Jésus ne sont pas faites pour les encourager à poursuivre leur idée. Le point commun est qu’on ne sait pas quelle est leur réaction à la réponse de Jésus : l’ont-ils finalement suivi ? Ou sont-ils restés chez eux ?

Mais si l’évangéliste ne l’a pas donnée, c’est certainement pour que nous, nous puissions réfléchir à la réponse que l’on donnerait, ou qu’on a déjà donnée …

Parce que, pour Jésus, la réponse doit être immédiate, sans se poser de questions. Soit on croit en lui et on le suit, comme Marie avec l’ange Gabriel, comme les quatre disciples au bord du lac, comme Matthieu à son comptoir d’impôts … comme bien d’autres après eux qui l’ont suivi : Charles de Foucauld, Péguy, François d’Assise … Soit on hésite, et on reste dans son canapé, comme dirait le pape François.

Jésus veut une réponse franche et claire : « Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non” » (Mt 5,37). Car souvent, ce qui nous bloque, c’est qu’on ne sait pas où on va, on part vers l’inconnu, au gré de l’Esprit : « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. » (Jn 3,8) ; ce qui nous retient, ce sont nos certitudes, nos moyens humains (du monde) : la télé, notre confort, notre argent …

Dans le cas de celui qui est prêt à suivre Jésus « partout où [il ira] », quelle valeur donnons-nous à ce ’’où’’ ? A priori, on pense à un lieu, une ville (Jérusalem) … mais ce ’’où’’ ne désigne pas seulement un lieu, mais aussi un état d’esprit, une philosophie, un état de vie … qui pour Jésus dans le cas présent est plutôt un état futur de mort sur la croix. Sommes-nous prêts à mourir pour notre foi ?

Sans aller jusqu’à cette extrémité, suivre Jésus partout où il ira, c’est faire comme Jésus en toutes choses, en pensées et en actes … jusqu’à ce qu’a dit saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vit, mais c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2,20) ; la perfection quoi !

Cela nous paraît impossible, et pourtant, c’est le sens du ’’Amen’’ que nous disons à chaque fois que nous allons communier et qu’on nous présente ’’ Le corps du Christ ’’ : Recevoir le corps du Christ pour que le Christ vivre en nous, à travers nous, par nous ! En sommes-nous vraiment conscients ?

Quant aux deux autres séquences où les personnes sont prêtes à suivre Jésus après avoir fait leurs adieux aux membres de leur famille, la réponse de Jésus semble choquante. Parce que la famille est importante pour chacun de nous. Mais Jésus ne demande pas l’exclusivité au détriment de la famille, il demande seulement qu’on l’aime plus qu’eux : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi » (Mt 10,37). Mais même cela, c’est difficile pour nous … et ce n’est pas toujours bien accepté par la famille ! Tout le monde ne peut pas se ’’dépouiller’’ de tout ce qui le retient à sa famille comme le fit saint François d’Assise …

Mais ce que Jésus veut nous dire est que, quand on veut le suivre, il faut toujours regarder en avant, vers l’avenir, vers l’annonce du Royaume des Cieux, vers Jésus qui nous devance, vers le salut que Jésus nous procure par son sacrifice sur la croix, et non pas « regarder en arrière ». On peut donc dire qu’il est plus intransigeant que Elie qui accepta que Élisée retourne en arrière, mais pour offrir son outil de travail en sacrifice pour Dieu et les gens de sa maison (première lecture).

Une chose est sûre, on ne peut pas suivre Jésus si on n’est pas en relation avec lui dans la prière, et si on ne se laisse pas aller « au souffle de l’Esprit ».

Et on ne peut pas non plus le suivre si on est seul, si on n’est pas entouré par la famille, par ses amis. Cela n’est pas toujours facile. Mais Jésus nous a prévenu : « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa propre maison. » (Mt 10,34-36).

Heureusement qu’il y a l’Esprit Saint pour nous soutenir ! Et en général, cela ne se passe pas si mal que cela ! Merci Seigneur !

Seigneur Jésus,

Tu marches vers Jérusalem,

 vers ta mort sur la croix.

Envers ceux qui veulent te suivre,

tu es exigeant ;

tu veux être sûr qu’ils sont prêts à aller … jusqu’au bout.

Mais nous, sommes-nous vraiment prêts

à te suivre où tu le veux ?

Avec toi et ton Esprit Saint,

nous le pourrons.

Francis Cousin   

 

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Solennité du Saint Sacrement (Luc 9, 11-17) :     « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » (Francis Cousin)

 « Donnez-leur vous-mêmes à manger. »

C’est la réponse que fait Jésus aux apôtres qui lui demandent de laisser partir la foule qui était venue pour l’écouter et être guérie, de manière à ce que chacun puisse aller dans les villages pour acheter à manger car ils étaient « dans un endroit désert ».

Évidemment, stupeur des apôtres, car la foule est nombreuse : cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants ! (Entre parenthèses, cela veut dire qu’il y avait des enfants qui écoutaient Jésus, venus seuls ou avec leurs parents. C’est d’ailleurs un enfant qui donnera son repas pour que Jésus le multiplie, d’après saint Jean 6,8-9). Les apôtres se rebiffent : « On n’a que cinq pains et deux poissons, c’est même pas suffisant pour nous. Et acheter de la nourriture pour tout ce monde, on n’a pas assez d’argent ». Alors Jésus, ayant fait asseoir les gens, « prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule. ».

On retrouve ces mêmes verbes dans la bouche de Jésus lors du repas pascal, la veille de sa mort : « Ayant pris du pain et rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant :Ceci est mon corps, donné pour vous’ » (Lc 22,19), de même pour le vin. Ces mêmes paroles sont redites par le prêtre à chaque messe lors de la consécration, comme l’avait dit Jésus : « Faites cela en mémoire de moi » (2° lecture).

Ce n’est que là que l’on peut comprendre la parole de Jésus : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. ». Car si c’était impossible pour les apôtres le jour de la multiplication des pains, dès la Pentecôte, les chrétiens se rassemblent pour « le partage du pain » présidé par les apôtres ou ceux qui ont reçu l’imposition des mains par les apôtres, et ainsi de suite jusqu’à maintenant. Et ainsi chacun peut communier à la vie de Jésus, ainsi qu’il l’a dit : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. » (Jn 5,56). Ce que pouvait dire d’une manière un peu poétique Marthe Robin : « Divine Eucharistie ! … Jésus en moi ! Le cœur de mon Dieu bat dans le mien. ».

Mais la communion (union avec) n’est pas seulement entre chaque chrétien et Jésus, elle est aussi entre les chrétiens eux-mêmes, et même entre les chrétiens et les non-chrétiens, car la participation à l’Eucharistie ouvre notre cœur à l’ensemble du monde, et n’est pas réservée à une petite catégorie de personnes, mais à tous : juste avant la communion proprement dite, le prêtre dit : « Heureux les invités au repas du Seigneur ! », sans restriction aucune (Il est d’ailleurs regrettable que quelques prêtres utilisent parfois une formule du genre « Heureux sommes-nous aujourd’hui d’être invités au repas du Seigneur » qui donne à penser que l’approche de la communion est réservée aux seules personnes présentes à la messe), ce qui ne veut pas dire que tout le monde est apte à communier : il faut d’abord être baptisé, en état de grâce (CEC 1415), et se souvenir que «  Celui qui aura mangé le pain ou bu la coupe du Seigneur d’une manière indigne devra répondre du corps et du sang du Seigneur. On doit donc s’examiner soi-même avant de manger de ce pain et de boire à cette coupe. Celui qui mange et qui boit mange et boit son propre jugement s’il ne discerne pas le corps du Seigneur. » (1 Co 11,27-29), et cela est une question de foi. Mais tous les humains sont invités au repas du Seigneur.

C’est pourquoi « l’Église recommande vivement aux fidèles de recevoir la sainte Eucharistie les dimanches et les jours de fête, ou plus souvent encore, même tous les jours. » (CEC 1389).

Dans la communion, c’est Jésus qui se donne, comme il s’est donné le vendredi saint en rémission de nos péchés, « pour la vie du monde », afin que, dit Jésus, « celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » (Jn 6,51.54), par amour pour les hommes.

Pour cela, il a fallu à Jésus une grande humilité, lui, le Maître et Seigneur, pour accepter de se faire Serviteur des hommes et mourir sur la croix. De même, nous aussi, nous devons avoir de l’humilité pour nous reconnaître pécheurs et indignes de ce don de Jésus de venir, avec le pain et le vin consacrés, demeurer en nos cœurs. C’est pourquoi nous ne pouvons que reprendre la prière du centurion romain et dire : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri ».

Le curé d’Ars disait : « La communion, vous n’en êtes pas dignes, mais vous en avez besoin ». Et le pape François, dans « La joie de l’Évangile » nous dit aussi : « L’Eucharistie, même si elle constitue la plénitude de la vie sacramentelle, n’est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour les faibles» (EG 47) Et nous sommes tous faibles au regard de Dieu.

Et le pape ajoute : « Sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ. (…) Je ne veux pas une Église préoccupée d’être le centre et qui finit renfermée dans un enchevêtrement de fixations et de procédures. Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie. Plus que la peur de se tromper j’espère que nous anime la peur de nous renfermer dans les structures qui nous donnent une fausse protection, dans les normes qui nous transforment en juges implacables, dans les habitudes où nous nous sentons tranquilles, alors que, dehors, il y a une multitude affamée, et Jésus qui nous répète sans arrêt :’’ Donnez-leur vous-mêmes à manger’’ » (EG 49)

Seigneur Jésus,

Tu nous demandes

de donner à manger à nos frères,

nourriture corporelle

pour ceux qui sont dans le besoin,

mais aussi nourriture spirituelle,

où là aussi les besoins sont immenses.

Et tous les chrétiens sont concernés.

Viens dans nos cœurs

 par ton Saint Sacrement

pour que nous vivions par toi.

Francis Cousin   

  

 

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La Sainte Trinité (Jean 16, 12-15) :  « L’Esprit de vérité vous conduira dans la Vérité toute entière. » (Francis Cousin)

 « L’Esprit de vérité vous conduira

dans la Vérité toute entière. »

Il ne faut pas se tromper sur le sens de cette phrase.

Il ne s’agit pas d’un constat, d’une chose automatique qui se fera quelles que soient les circonstances. Comme tout ce que nous promet Dieu, cela ne peut se réaliser que si nous le voulons bien. Parce que Dieu nous a doté d’une intelligence et nous a laissé le libre arbitre, l’Esprit ne pourra nous conduire quelque part que si nous acceptons de nous y laisser conduire par lui. C’est la première chose.

La deuxième est qu’il faut que nous soyons capables de reconnaître l’action de l’Esprit, ou de reconnaître les petits signes par lesquels il nous montre sa présence, nous incite à faire une action ou ne pas faire une autre, nous insuffle des conseils … Et pour cela, il faut être attentif à sa présence. Cela peut passer par la prière, mais aussi par des événements ou par des personnes.

Ce qui veut dire que nous pouvons, chacun de nous, être des ’’révélateurs’’ de la pensée de l’Esprit pour les autres.

L’Esprit Saint ne vient pas simplement pour nous, mais pour que nos actions soient bénéfiques aux autres aussi.

Trop souvent, quand on pense à l’Esprit Saint, on pense d’abord à soi : Esprit Saint, aide-moi à faire ceci … Esprit Saint, fais cela pour moi …

On pense qu’il vient pour m’aider, me consoler, me guider … et ce faisant, nous nous coupons du monde, nous devenons égoïstes.

L’Esprit Saint vient sur nous, nous guide, nous pas pour nous seulement, mais pour le Salut du monde, pour que nous puissions accomplir la mission qui est la nôtre non pas pour nous seuls, mais auprès des autres, pour être à notre tour une aide pour les gens, dans tous les domaines de la vie : familiale, professionnelle, économique, politique, associative, culturelle …

Quelle est notre mission en tant que chrétiens ? Suivre Jésus-Christ sur le chemin qui nous mène vers le Père.

Mais si, au bout du chemin, on arrive tout seul devant le Père, d’après vous, que nous dira-t-il ?

« Très bien ! Tu as gagné. Tu as distancé tous les autres. Bravo ! »

Ou bien : « Tu es là, mais où sont tous les autres avec lesquels tu as marché sur le chemin ? Pourquoi n’as-tu pas aidé ceux qui s’essoufflaient, …ceux qui avaient une charge trop lourde, … ceux qui étaient malades, désespérés, … ceux qui avaient faim, soif, qui étaient nus … ? » (cf Mt 25,31-46)

Et on pourrait ajouter toutes les autres œuvres de miséricorde, spirituelles et corporelles…

Je crois que tout le monde sait ce que dira le Père.

Parce qu’il l’a déjà dit par ses prophètes : « [Ce] qui me plaît, n’est-ce pas ceci : faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? » (Is 58,8). Il l’a redit par son Fils Jésus : « “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” (…) “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.” Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. » (Mt 25,40.45-46).

Et le pape François ne dit pas autre chose : « … Nous oublions que le critère pour évaluer notre vie est, avant tout, ce que nous avons fait pour les autres. La prière a de la valeur si elle alimente un don de soi quotidien par amour. Notre culte plaît à Dieu quand nous y mettons la volonté de vivre avec générosité et quand nous laissons le don reçu de Dieu se traduire dans le don de nous-mêmes aux frères. » (GE 104)

On n’est pas chrétien tout seul, et on ne nait pas chrétien tout seul. Il y a la famille, les autres chrétiens, les exemples et les témoins, les saints … et surtout il y a l’Esprit Saint …

Jésus nous a dit : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, [non pas parce que vous avez fait de grandes choses extraordinaires : construire une cathédrale, créer un nouvel ordre religieux … mais] si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13,35).

Et saint Paul nous donne une image simple à comprendre : « Vous êtes corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps. …  Le corps ne fait qu’un, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. … Il a voulu ainsi qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres» (1 Cor 12,27.12.25).

Alors, qu’elle est notre mission, avec l’aide de l’Esprit Saint ?

« … Ta propre mission est inséparable de la construction de ce Royaume [que le Christ est venu apporter] … Ton identification avec le Christ et avec ses désirs implique l’engagement à construire, avec lui, ce Royaume d’amour, de justice et de paix pour tout le monde. Le Christ lui-même veut le vivre avec toi, dans tous les efforts ou les renoncements que cela implique, et également dans les joies et dans la fécondité qu’il peut t’offrir. Par conséquent, tu ne te sanctifieras pas sans te donner corps et âme pour offrir le meilleur de toi-même dans cet engagement. » (Pape François, GE 25).

« La vie n’a pas une mission, mais la vie est mission » (Xavier Zubiri, cité dans GE 27).

« La vie est mission », c’est le thème pastoral du diocèse cette année.

Esprit Saint,

Tu ne viens pas seulement pour nous,

mais pour que, ensemble,

 nous construisions une véritable Église,

faite d’amour, de justice et de paix,

fondée sur la Parole de Jésus.

Aide-nous à penser d’abord aux autres

avant de penser à nous.

Francis Cousin   

 

 

 

 

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La Pentecôte ( Jean 14, 15-16.23-26) :  « La Pentecôte, une histoire d’amour. » (Francis Cousin)

 « La Pentecôte, une histoire d’amour. »

Les trois textes qui nous sont proposés aujourd’hui sont tous du nouveau testament. Normal, puisque la Pentecôte a eu lieu après la résurrection de Jésus.

La première lecture nous fait le récit de la réception de l’Esprit Saint par les apôtres et quelques disciples, dont Marie. La seconde lecture des conséquences de la présence de l’Esprit en nous dans notre manière de vivre. L’évangile nous relate l’annonce par Jésus de l’envoi de l’Esprit.

Généralement, c’est l’évangile qui est le texte le plus important. Mais ici, ce qui semble pour la plupart d’entre nous le plus important, c’est la première lecture, la manifestation de l’Esprit Saint et ses premières conséquences. Et c’est important, bien sûr, parce que cela a bouleversé la petite communauté réunie autour des apôtres.

Mais est-ce le plus important ?

Si on cherche la cause première de cette Pentecôte ’’nouvelle formule’’, elle est bien dans l’évangile : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. ». Si le Père et le Fils sont ensembles, alors obligatoirement l’Esprit, qui est la manifestation de l’amour du Père pour le Fils et du Fils pour le Père, est présent. Cela veut dire que si on aime Jésus en gardant sa Parole, Jésus, son Père et aussi l’Esprit feront chez nous une demeure. Ainsi, on comprend bien la parole de Jésus à la Samaritaine : « L’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. (…) Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité. » (Jn 4,21.23). C’est d’ailleurs ce que nous dit saint Paul : « Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Cor 3,16).

On peut donc bien dire que la Pentecôte est une histoire d’amour. D’amour entre Dieu, la Trinité toute entière, et chaque humain : le Père aime le Fils, et le Fils aime ses disciples qu’il appelle ses amis, et le Saint Esprit est la manifestation de cette amour en chacun de nous.

Et c’est par amour pour nous que Jésus demande à son Père de nous envoyer un autre défenseur, l’Esprit Saint. Et cet Esprit est présent en chaque être humain, qu’il en soit conscient ou pas, qu’il soit baptisé ou pas !

Quelles sont les conséquences sur les disciples de la réception de l’Esprit ?

Elles sont multiples, mais gardons-en trois qui se manifestent immédiatement :

Premièrement, cela a donné aux disciples le courage de sortir de la chambre haute, d’oser affirmer devant tous la résurrection puis l’enseignement de Jésus, avec notamment le discours de saint Pierre (cf Ac 2,14-36).

Deuxièmement, cela leur a donné une parole qui parle au cœur des auditeurs, qui a priori n’étaient pas trop enclins à les écouter (« Ils étaient tous dans la stupéfaction et la perplexité … D’autres se moquaient et disaient : « Ils sont pleins de vin doux ! » Ac 2,12-13). Le discours de Pierre énonce les choses telles qu’elles se sont passés, où transparaît l’amour de Dieu qui l’habite : ses paroles sont sans animosité, sans trace de désir de vengeance ; il ne cherche pas à blesser les gens, mais il parle avec son cœur, leur montrant la bonté de Dieu. Et les gens sont retournés en eux-mêmes, et ils se convertissent : trois mille rien que le premier jour !

Troisièmement, ils sont dans la paix et dans la joie. Même après avoir été arrêtés et mis en prison sur ordre du conseil suprême, une évasion rocambolesque, puis repris, « après les avoir fait fouetter, ils leur interdirent de parler au nom de Jésus, puis ils les relâchèrent. Quant à eux, quittant le Conseil suprême, ils repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus. » (Ac 5,40-41).

Alors, quand on voit tout ce que l’Esprit Saint a permis aux apôtres de faire, et qu’il a continué à faire avec leurs successeurs aux premiers temps de l’Église, et ensuite pendant longtemps, et qu’on voit la situation de l’Église à l’heure actuelle, on peut se poser la question : « Pourquoi ne retrouve-t-on pas cet esprit de Pentecôte dans chacune de nos paroisses ? », avec des gens qui n’ont pas peur de parler de leur foi, dont les paroles sont emplies de l’amour de Dieu, et qui sont toujours dans la paix et la joie ?

Peut-être parce que l’Esprit Saint nous pousse toujours à aller de l’avant, nous pousse à la nouveauté, à la remise en cause, à l’invention, … et dans un certain sens à une instabilité que nous supposons et que nous redoutons … ?

Mais si nous avions vraiment la foi, nous n’aurions pas peur de nous engager avec Dieu, parce que c’est justement lui qui va rendre stable ce qui est bancale.

Peut-être sommes-nous trop du monde, de ce monde dans lequel l’argent a pris trop de place, avec une course à la consommation parfois irraisonnée, de ce monde où il semble important de paraître … même si c’est au détriment des autres …

Certains en arrivent même à se demander si l’Esprit Saint souffle encore ?

Bien sûr que oui, sinon ce serait encore pire …

Mais est-ce que nous l’entendons quand l’Esprit vient nous bousculer ? …

Tout le monde chante « Viens, Esprit Saint … », mais est-ce qu’on est prêt à se laisser emporter au vent de l’Esprit ?

On a l’impression (que j’espère fausse) que, quand il vient vers nous, nous sommes pressés de fermer la porte de notre cœur par peur des courants d’air …

                                           par peur des courants d’Esprit …

parce que chacun sait que le vent, même le vent d’Esprit, on ne sait pas par où il veut nous faire passer … pour atteindre le but qui est le même pour tous : être en présence de Dieu le Père.

Demandons à Dieu d’accepter de nous laisser mener par l’Esprit !

Francis Cousin   

L’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse,

car nous ne savons pas prier comme il faut.

L’Esprit lui-même intercède pour nous

par des gémissements inexprimables.

Et Dieu, qui scrute les cœurs,

connaît les intentions de l’Esprit

puisque c’est selon Dieu

que l’Esprit intercède pour les fidèles.

Romains 8, 26-27

 

 

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7ième Dimanche de Pâques ( Jean 17, 20-26) :  « Père… » (Francis Cousin)

 « Père … »

Jésus a beaucoup prié, et quand il prie, il s’adresse à son Père. À Dieu, qu’il appelle « Abba », Papa, Père.

Et quand les apôtres lui demandent une prière, il leur dit : « Dites : ’Notre Père’… », nous donnant le droit d’appeler son Père ’Notre Père’, avec un adjectif possessif collectif.

Rien que dans le passage de l’évangile de ce jour, en sept versets, Jésus dira quatre fois Père, dont deux fois en ajoutant une épithète : « Père saint … Père juste … », mots qui concerne la perfection.

Dans cette prière qu’il adresse à son Père le jeudi saint, sachant que sa fin de vie terrestre est proche, il fait comme un compte-rendu de son action sur la terre.

Pour qui prie-t-il ?

– pour ceux qui sont là autour de lui, ses apôtres, et sans doute aussi quelques disciples.

– pour ceux qui ne sont pas encore de ses disciples, mais qui le deviendront ensuite par sa Parole transmise par ses disciples, de tout temps, jusqu’à nous, et après nous à ceux à qui nous transmettrons sa Parole …

Que demande-t-il ?

– que tous soient UN. Et Jésus le répète quatre fois, pour bien montrer l’importance que cela a pour lui. Avec chaque fois une petite différence, mais le fond reste le même. Non pas une unité de façade basée sur un ou deux principes communs acceptés par tous, mais une unité totale, fusionnelle : « Que tous soient UN, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. » ; « Qu’ils soient UN en nous, eux aussi… » ; « pour qu’ils soient UN comme nous sommes UN » ; « Qu’ils deviennent ainsi parfaitement UN … ». Quatre fois en trois versets, on ne devrait pas pouvoir passer à côté, ça devrait être mis en œuvre, depuis deux mille ans ! Et pourtant …

Dans quel but ?

Là encore, cela est dit deux fois, avec encore une petite différence :

– « Pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » ; « Afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. »

Et plus loin, il dit en parlant de ses apôtres : « ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. ».

Jésus ne se met pas en avant. Il est là comme un serviteur de son Père pour faire ce que son Père lui demande, « pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. »

Il y a quinze jours, dans l’évangile Jésus disait : « Tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13,35) « Comme je vous ai aimés » (Jn 13,34).

Mais avec ce passage, on va plus loin : l’amour qu’on a (ou qu’on devrait avoir) ne vient pas seulement de l’amour de Jésus pour ses disciples, mais il vient de l’unité entre Jésus et son Père : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. ». Il vient de l’amour entre le Père et le Fils, initié par le Père, et qui sera répandu sur tous par l’Esprit Saint donné à la Pentecôte.

Tout vient du Père,

                                Passe par Jésus,

                                                             Va vers les hommes, disciples ou non, par l’Esprit.

À quoi tout cela nous amène-t-il ?

D’abord, reconnaître que nous sommes aimés du Père. Cela peut paraître évident, mais dans les faits, on a bien souvent l’impression que Dieu le Père est lointain, qu’il ne s’occupe pas de nous : « Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ? » (Ps 8,5). La question ne date pas d’hier !

Reconnaître aussi que les autres humains sont aimés de lui, catholiques ou pas. « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. » (Mt 5,44-45).

Et puis peut-être réfléchir sur la manière dont nous prions, pour la mettre plus en adéquation avec la manière de prier de Jésus :

– pour qui prions-nous ? Davantage pour nous, ou davantage pour les autres ?

– Quel est l’objet de notre prière ? des demandes diverses … ou/et des remerciements ?

– Quelle est la forme de notre prière ? réciter des prières toutes faites …, parler avec notre cœur …, de l’adoration…, du silence (pour écouter Dieu parler) …, de la louange …, des chants…

Il n’y a pas une manière unique idéale de prier, mais toute prière, quelle que soit sa forme, son objet, doit toujours correspondre à un critère : puiser dans l’amour de Dieu pour demander de l’amour, par amour de Dieu, par amour des autres.

Rien que de l’amour !

On n’y arrive pas toujours … mais c’est un but à atteindre !

 

Seigneur Jésus,

alors que tu sais que tu vas mourir,

tu ne pries pas pour toi,

mais tu pries pour tes disciples,

présents et à venir,

pour qu’ils deviennent UN,

et qu’il reconnaissent l’amour de ton Père pour eux.

Aide-nous pour que notre prière soit,

à l’instar de la tienne,

une démarche d’amour pour Dieu

et pour les autres, quels qu’ils soient.

Francis Cousin    

 

 

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