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5ième Dimanche du Temps Ordinaire (Luc 5,1-11) : « Avance au large. » (Francis Cousin)

« Avance au large. »

Les trois textes de ce dimanche nous parlent de la mission, ou de l’envoi en mission. La mission qui est justement le thème d’année de notre diocèse : « La vie est mission ! ».

Le prophète Isaïe « vit le Seigneur » dans le temple et c’est là qu’il se rendit compte qu’il n’était qu’un « homme aux lèvres impures », un pécheur, et après avoir été purifié par le charbon brûlant, il entendit l’appel du Seigneur : « Me voici, envoie-moi ! ».

Pierre, après la pèche, se rend compte de sa petitesse devant Jésus : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. ». Il entend l’appel de Jésus avec ses camarades, « et ils le suivirent ».

Paul aussi, lors de sa ’’rencontre’’ avec Jésus, est tourneboulé. Il change de vie et devient apôtre du Christ : « Je vous rappelle la Bonne Nouvelle que je vous ai annoncée : cet Évangile, vous l’avez reçu. ».

Tout mission part d’une rencontre avec Dieu, avec Jésus … et de l’accueil qu’on lui réserve.

Pour Pierre – que Luc appelle de son vrai nom, Simon -, il avait accepté de prendre Jésus sur sa barque pour qu’il puisse parler à la foule. Chacun sait que la voix porte mieux sur l’eau, et cela permettait à Jésus de s’adresser à tous sans devoir crier. Mais pourquoi Jésus choisit-il la barque de Simon, puisqu’il y avait deux barques ? Sans doute parce qu’il avait déjà dans l’idée de faire de lui le responsable de son Église. On remarquera d’ailleurs que Luc, pour laisser à Pierre toute son importance dans le récit, ne parle jamais de son compagnon (ou ses compagnons : « et tous ceux qui étaient avec lui » … ; Peut-être André son frère, et d’autres ouvriers ?). Luc ne parle que de Pierre, Jacques et Jean … les trois apôtres qui étaient avec Jésus dans les moments importants.

Sans doute Pierre attendait-il la fin du discours de Jésus pour pouvoir rentrer chez lui, après toute cette nuit, infructueuse, de travail …

Mais Jésus lui dit : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pèche. ». Certainement impressionné par les paroles de Jésus, après avoir dit qu’il connait son métier, il ajoute : « Sur ta parole, je vais jeter les filets. ». (On remarquera l’utilisation des singuliers et des pluriels pour montrer l’importance accordée à Pierre).

Et c’est le miracle : il y a tellement de poissons qu’il fait faire appel à l’autre barque … et que les deux s’enfonçaient …

A la réaction de Pierre, « Éloigne-toi de moi… », Jésus fait l’inverse, il lui propose une mission : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. »

Avance au large Cette parole est-elle seulement valable du temps de Jésus : « En ce temps-là » ? Certainement pas ! Et saint Jean-Paul II nous le prouve en commençant sa lettre apostolique Novo millennio ineunte par cette référence : « Au début du nouveau millénaire, alors que s’achève le grand Jubilé au cours duquel nous avons célébré les deux mille ans écoulés depuis la naissance de Jésus et que s’ouvre pour l’Église une nouvelle étape de son chemin, dans notre cœur résonnent à nouveau les paroles par lesquelles Jésus, après avoir de la barque de Simon parlé aux foules, invita l’Apôtre à « avancer au large » pour pêcher: « Duc in altum » (Lc 5,4). Pierre et ses premiers compagnons firent confiance à la parole du Christ et jetèrent leurs filets. « Et l’ayant fait, ils capturèrent une grande multitude de poissons » (Lc 5,6).

Duc in altum ! Cette parole résonne aujourd’hui pour nous et elle nous invite à faire mémoire avec gratitude du passé, à vivre avec passion le présent, à nous ouvrir avec confiance à l’avenir : « Jésus Christ est le même, hier et aujourd’hui, il le sera à jamais » (He 13,8). » (NMI n°1).

Quelle est notre mission ? À chacun de voir, dans son cœur, la mission que Dieu, Jésus lui confie.

Cela veut dire qu’il faut rencontrer Dieu ou Jésus, comme Isaïe, Pierre ou Paul …

Bien sûr qu’on le rencontre : dans la prière, dans la communion, dans l’adoration … On lui parle, on lui demande des choses pour soi, pour les autres, … mais est-ce que nous lui laissons le temps de nous parler … et est-ce que nous sommes prêts à l’écouter ? À le suivre ? Est-ce, finalement, une vraie rencontre ?

Est-ce que nous sommes prêts à quitter notre rivage, notre terre ferme, notre ’’chez soi’’, nos pantoufles ou nos savates … pour aller sur la mer, sur l’eau, dans les lieux qui respirent le mal, le Malin, la mort … dans le monde ?

Pas toujours … cela dépend des moments … cela dépend pour quoi faire … On peut trouver toutes sortes de raisons pour ne pas s’engager … en fait pour ne pas vivre en chrétien !

Rappelons-nous encore saint Pierre : quand il marcha sur les eaux, « voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt, Jésus étendit la main et le saisit. » (Mt 14,30-31). En cas de problèmes, nous pouvons toujours compter sur Jésus. Il est toujours avec nous.

Et puis il n’est pas le seul. Il y a « les autres barques » que l’on peut appeler pour donner la main, pour aider à tirer le filet … d’autres barques, d’autres chrétiens, … et peut-être aussi des non-chrétiens, des hommes de bonne volonté

Bien souvent, nous voulons tout faire seul, sans aide. Nous sommes beaucoup trop individualistes. D’ailleurs Jésus, quand il parle à Pierre, dit : « Jetez vos filets ». Au pluriel. La mission ne se fait jamais seul, elle doit se faire avec d’autres. N’ayons pas peur de les appeler à l’aide si besoin.

Et puis, quand la mission donne de bons résultats, ne nous trompons pas. Nous avons peut-être fait un petit bout, mais reconnaissons-le avec saint Paul : « À vrai dire, ce n’est pas moi, c’est la grâce de Dieu avec moi ».

Seigneur Jésus,

À chacun de nous tu dis :

avance au large, jette le filet …

 mais souvent nous n’osons pas quitter la terre ferme,

 là où on se sent bien.

Tu nous invites à l’aventure :

‘Quitte ton pays … va vers le pays que je t’indiquerai’ …

et nous préférerions nos pantoufles ?

 

Francis Cousin

 

 

 

 

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4ième Dimanche du Temps Ordinaire (Luc 4, 21-30) : « Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. » (Francis Cousin)

 « Mais lui, passant au milieu d’eux,

allait son chemin. »

 

Deux remarques que l’on pourrait faire … Entre autres bien sûr …

La première concerne les exemples de l’Écriture que cite Jésus.

Nous n’en sommes qu’au début de sa vie publique (et on n’a pas encore parlé des évènements de Capharnaüm dont il parle …), et les exemples cités par Jésus concernent des étrangers parce que « aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. ». Il aurait très bien pu ne parler que de « ce qui s’est passé à Capharnaüm », mais non, il parle d’étrangers, de non-juifs …

Et le premier exemple qu’il donne, celui de la veuve « de Sarepta, au pays de Sidon », nous fait penser à l’épisode de la femme de Sidon, une syro-phénicienne, qui demande la guérison de sa fille, et qui se fait répliquer de façon cinglante par Jésus : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » (Mt 15,24). Il faudra la vivacité d’esprit de cette femme pour répondre à Jésus qui lui parle du « pain des enfants jeté aux petits chiens » : « mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » (Mt 15,27). Et jésus loua sa foi et sa fille fut guérie.

Luc est le seul des évangélistes synoptiques à ne pas parler de cet épisode. Il faut dire que Luc est lui-même un étranger, parlant grec, un païen qui semble s’être converti en écoutant saint Paul, l’apôtre des Nations, dont il fut un proche et peut-être son secrétaire. Il sait donc très bien que le développement de la pensée de Jésus, sa Bonne Nouvelle, se fait aussi avec les « païens », et ne veut pas en rajouter.

Ainsi, dès le début de son évangile, l’universalité de la mission de Jésus est annoncée.

Après avoir donné ces deux exemples, « dans la synagogue, tous devinrent furieux ». Tous ces gens sont sûrs d’eux, sûrs de leurs droits. Ce sont tous des gens ’’religieux’’ : la preuve, ils sont tous à la synagogue le jour du sabbat … Dieu a fait alliance avec le peuple juif, il leur a donné la Loi par Moïse (qu’ils respectent à la lettre … !). Ce sont eux qui sont dans le ’’vrai’’ : « Le salut vient des juifs ! » (Jn 4,22), Dieu ne peut pas se préoccuper davantage des étrangers, des non-juifs, que d’eux ! Dieu est avec nous ! (ou ’’Gott mit uns’’, tristement célèbre !) …

Mais leur certitude est basée sur un sentiment de supériorité. Dieu est avec eux … mais eux ne sont pas avec Dieu …

Alors la phrase de Jésus : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. » qui sonnait pour eux comme un sacrilège et qui doit être punie, et maintenant la non-reconnaissance de la primauté des juifs pour le Salut, c’en est trop. Ils veulent supprimer Jésus et l’entraînent sur un escarpement pour le tuer, « Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. ». On peut penser au Golgotha, un petit escarpement où Jésus mourra … mais là encore, il ‘passa’ son chemin, ressuscitant pour accomplir sa mission …

Un chemin d’amour, de compassion, de pardon. Un chemin pour aller toujours plus avant, vers la perfection …

Alors, nous, on peut réfléchir sur notre manière d’être chrétien.

Quel est le chemin que nous prenons ?

Celui des juifs de Nazareth ? Le chemin de nos suffisances, de nos certitudes, de notre faire-valoir, de notre argent … qui ressemble davantage à un rond-point où on ne cesse de tourner en rond parce qu’on ne sait pas quel chemin prendre, parce qu’on n’a pas de but (on se sent bien, on a tout ce qu’il nous faut …) ? ou sinon revenir en arrière, d’où l’on vient … s’appuyer sur le passé … comme l’on fait les juifs de Nazareth ?

Ou on peut prendre le chemin que nos propose Jésus … avec ses écueils, ses doutes … mais avec la certitude que nous avançons vers lui, qu’il est avec nous, et que nous sommes avec lui … ?

Un chemin où on ne sait pas toujours où il nous emmène … mais qu’importe … puisque Dieu est avec nous, tout est possible, … il nous aidera à dépasser nos croix et à avancer sur ce chemin qui mène vers lui, sur ce chemin de sainteté

Seigneur Jésus,

face à la foule en furie

qui ne cherche pas vraiment à savoir qui tu es,

une seule chose te préoccupe :

remplir la mission que t’a confiée ton Père.

 Alors tu vas ton chemin,

le chemin que tu nous invites à prendre à ta suite.

Francis Cousin

 

 

 

 

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3ième Dimanche du Temps Ordinaire (Luc 1,1-4 ; 4,14-21) : « L’Esprit du Seigneur est sur moi… » (Francis Cousin)

« L’Esprit du Seigneur est sur moi … »

 

L’évangile de ce jour rassemble deux parties qui semblent a priori sans rapports l’une avec l’autre … mais ce n’est pas vraiment le cas.

Dans la première partie, le prologue de son évangile, Luc nous dit qu’il s’est appuyé sur les récits de personnes qui « furent témoins oculaires et serviteurs de la Parole. »

Des personnes qui font donc intervenir deux sens : la vision et l’écoute. En fait des personnes qui ont écouté « en direct » Jésus.

Mais il ne suffit pas d’écouter Jésus en direct, il faut encore comprendre cette parole, et souvent Jésus se plaint que ses disciples « ne comprirent pas de quoi il leur parlait. » (Jn 10,6) ou que ceux qui l’écoutent « regardent sans regarder, et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre. » (Mt 13,13). Même après sa résurrection, il dira : « Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! » (Lc 24,25).

Il faudra attendre la Pentecôte que l’Esprit Saint vienne sur eux, les envahisse pour qu’ils deviennent témoins de Jésus, pour qu’ils puissent « mettre en œuvre » les Paroles de Jésus et qu’ils deviennent ainsi « serviteurs de la Parole ».

Écoute et Obéissance … grâce à l’action de l’Esprit.

Or dans la deuxième partie, on parle de l’Esprit, d’abord parce que c’est lui qui fait revenir Jésus en Galilée, et ensuite à propos de la prophétie d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction … » que Jésus reprends à son compte : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. ».

Et Jésus peut bien le dire car juste avant lors de son baptême, et c’est rapporté par les quatre évangélistes qui disent : « Après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus » (Lc 3,21-22).

Nous aussi, nous avons été baptisé dans l’Esprit-Saint : « C’est dans un unique Esprit, en effet, que nous tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés pour former un seul corps. » (2° lecture), l’Église dont le Christ est la tête.

Et si on ne peut pas dire de nous que nous sommes des « témoins oculaires de la Parole », nous devons être des « témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Ac 1,8), des « prédicateurs de la Parole de Jésus », chacun selon ses capacités.

Nous qui avons reçu l’esprit-Saint, nous nous devons de « porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés », c’est-à-dire annoncer, « rendre raison de l’espérance qui est en [n]ous » (1 P 3,15)

Espérance en la Vie Éternelle, dans ce monde qui a bien besoin d’espérance, en ce moment dans notre pays, et dans bien d’autres pays …

Une vraie espérance qui ne se limite pas à l’obtention de biens de consommation, mais une espérance dans une vie spirituelle qui est souvent absente chez les gens ; ils se posent des questions, mais souvent préfèrent des solutions proposées par des magazines de bien-être !

Essayons d’apporter aux autres cette espérance qui nous habite.

« L’espérance est semblable à la joie : elle a besoin d’être partagée. » (François Varillon)

Seigneur Jésus,

Tu pouvais parler ouvertement

car l’Esprit de Dieu était sur toi.

Moi aussi,

 j’ai reçu l’Esprit de Dieu en moi,

mais je vis souvent

comme s’il n’était pas là.

Aide-moi à prendre conscience

de sa présence,

et à agir avec lui.

 

Francis Cousin

 

 

 

 

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Prière dim ord C 3° A6

 




2ième Dimanche du Temps Ordinaire (Jean 2, 1-5) : « Écouter … Obéir … » (Francis Cousin)

« Écouter … Obéir … »

 Dans le récit de ce jour, les noces de Cana, on assiste à une succession de réponses positives, même si la première réponse de Jésus à sa mère semble être négative.

Si on prend le fil du récit, on voit dès le départ une intervention surprenante de la part de Marie, alors qu’elle est invitée à une noce, avec son fils Jésus et ses premiers disciples qui, selon saint Jean, ne sont alors que cinq : André et son compagnon, Simon-Pierre, Philippe et Nathanaël.

Marie remarque qu’il n’y a plus de vin !

Mais pourquoi s’inquiéter du vin quand on est invité ! On serait tenté de se dire : « Ce n’est pas son problème ! »

Mais Marie connaît les écritures : Elle sait aussi l’importance des repas sacrificiels ou sacrés pour renouveler ou commémorer une alliance entre Dieu et les hommes, comme le repas pascal, et les promesses faites par les prophètes : Dieu qui accueille ses invités en un lieu choisi par lui : « Le Seigneur de l’univers préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés. » (Is 25,6). Elle sait aussi que son fils est le Fils de Dieu par sa rencontre avec l’ange Gabriel : elle l’a écouté et elle a obéi : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » (Lc 1,38).

Et elle sait ainsi que Dieu ne peut permettre qu’une alliance, même si ce n’est qu’entre deux personnes, soit gâchée.

Marie a été à l’écoute de Dieu (en latin : audire, écouter), mieux elle a « prêté l’oreille » aux écritures ( en latin : obaudire ou  oboedire, qui se traduit par obéir). Elle a suivi la parole de Dieu : « [la voix du Seigneur ton Dieu] est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. » (Dt 30,10.14).

Dans un premier temps, Jésus a entendu la remarque de sa mère, mais n’a pas voulu faire quoi que ce soit : « Mon heure n’est pas encore venue. ». Mais par la suite, quand il comprendra la démarche de sa mère, il se tournera vers les serviteurs.

Marie ne s’inquiète pas de cette rebuffade ; elle a confiance en Jésus. Elle va voir les serviteurs et leur dit, en montrant son fils : « Faites tout ce qu’il vous dira. ».

Ils auraient pu se dire : « Qui est cette femme-là ? On ne la connaît pas ! Nous n’avons pas à recevoir des ordres des invités ! ». Ils ne l’ont pas fait.

Ils ont écouté Marie, et seront prêts à faire comme elle l’a demandé (à obéir) quand Jésus leur demandera de remplir les six cuves de purification. Là encore, ils auraient pu dire : « Non, mais ça va pas ! six cents litres d’eau à aller chercher à la fontaine ! On a d’autres choses à faire avec cette noce ! Et puis c’est fatigant ! ». Ils obéiront à la parole de Jésus, même si cela leur semble irréaliste, sans même savoir pourquoi on leur demande de remplir les cuves. Écoute, obéissance !

Alors, quand Jésus leur demande de porter de l’eau au maître du repas, ils ne disent pas : « Non, mais quoi encore ! Porter de l’eau au maître du repas ? C’est lui faire insulte ! Vous voulez nous faire renvoyer ?! ». Non, ils ont simplement écouté et obéi.

Suite à cette cascade d’écoute et obéissance successive, on constate que le but est atteint : « [Jésus] manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. »

Qu’est-ce qu’on peut retenir pour nous ?

Souvent, nous entendons la Parole de Dieu. Et il arrive qu’au début d’un passage d’évangile, on se dit : « Ah oui, celui-là, je connais ! ». Et on n’y fait pas trop attention. Alors que la Parole de Dieu est vivante, en ce sens qu’elle dépend de ce que je vis à l’instant présent : ce que je vis maintenant n’est pas ce que j’ai vécu il y a un mois, et la Parole de Dieu ne retentit pas en moi de la même manière qu’il y a un mois. Elle est toujours la même, mais je ne la reçois pas de la même façon, elle ne parle pas pareillement à mon cœur.

C’est pourquoi il ne suffit pas d’entendre, mais d’écouter la Parole de Dieu.

Et en tirer les conséquences : « Heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique. » (Lc 11,28). Et la mettre en pratique, c’est obéir à cette parole.

On peut avoir un tas de ’’raisons’’ ou d’excuses pour ne pas bouger, ne rien faire. « C’est trop dur ! », « On n’a pas que cela à faire ! », « Cela n’a pas de sens ! ».

Cela n’a pas de sens … peut-être pour nous, qui avons une vision à court terme, … mais pour Dieu, oui, cela a du sens. Aurions-nous mis les six cents litres d’eau dans les cuves ? …

Savoir écouter … et obéir à cette Parole de Dieu, même si nous ne comprenons pas tout … Faire confiance à Dieu …

Les chemins de Dieu ne sont pas nos chemins !

Seigneur Jésus,

tes Paroles ne sont pas toujours compréhensibles

à notre intelligence humaine,

parce qu’on n’en voit pas le sens.

Mais toi, tu sais ce que tu dis,

le meilleur pour le bien de tous.

Ayons confiance en toi :

tu as les Paroles de la vie éternelle.

 Francis Cousin

 

 

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Prière dim ord C 2° A6

 




Baptême du Seigneur (Luc 3, 15-16.21-22) : « Toi, tu es mon fils bien-aimé … » (Francis Cousin)

 

« Toi, tu es mon fils bien-aimé … »

 

La lecture de l’évangile de ce dimanche, courte (4 versets), est composée de deux passages accolés qui ont semblés suffisamment importants par l’Église pour qu’ils ne soient pas dilués dans un texte plus long.

Dès le début, Jean-Baptiste montre qu’il n’est pas le Messie. Lui-même ne baptise que dans l’eau. Mais pas n’importe quelle eau : celle du Jourdain, et à un lieu qui semble proche de celui utilisé par les hébreux pour quitter les errances de quarante années dans le désert pour entrer en terre promise ; utilisant ainsi le symbole du passage d’une vie d’esclave en Égypte à une vie nouvelle, comme celle qu’il annonce avec la venue du Messie. Ce n’est qu’un baptême de purification, comme d’autres le faisaient ailleurs, notamment les esséniens de Qumran, comme le font les musulmans avant d’entrer dans la mosquée, comme le faisaient les juifs avant le repas reprochant à Jésus de ne pas le faire : « Le pharisien fut étonné en voyant qu’il n’avait pas fait d’abord les ablutions précédant le repas. Le Seigneur lui dit : ’’Bien sûr, vous les pharisiens, vous purifiez l’extérieur de la coupe et du plat, mais à l’intérieur de vous-mêmes vous êtes remplis de cupidité et de méchanceté.’’ » (Lc 11,38-39).

Jean-Baptiste annonce un baptême par Jésus « dans l’Esprit Saint et le feu ». Le feu est aussi un élément de purification, tout comme l’eau : « L’or, l’argent, le bronze, le fer, l’étain, le plomb, bref toute chose qui supporte le feu, vous la passerez par le feu, et elle sera pure (…) Mais toute chose qui ne supporte pas le feu, vous la passerez par l’eau. » (Nb 31,22-23). Mais Jésus dit aussi : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lc 12,49), parce que ce feu, c’est justement le feu de l’Esprit qu’il enverra après sa montée auprès de son Père. Mais à Nicodème, il dit : « Personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. » (Jn 3,5), et cette eau dont il parle c’est l’eau vive, que Jésus propose à la Samaritaine (cf Jn 4,10), eau symbolique qui représente la Parole de Jésus rappelée par l’Esprit (cf Jn 14,26).

Finalement, le baptême proposé par Jésus n’est pas obligatoirement un baptême physique (même si, pour marquer le passage vers la vie de Dieu, il semble important de mettre en place des rites comme le baptême que nous connaissons) mais avant tout un baptême spirituel. C’est sans doute pourquoi dans les évangiles on ne voit jamais Jésus ou les apôtres baptiser. Pour Jésus, l’important est de croire en sa Parole, qui est Parole de Dieu, et de la mettre en pratique : « celui qui entend les paroles que je dis là et les met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a construit sa maison sur le roc. » (Mt 7, 24), manière de vivre beaucoup plus importante que de respecter les lois sans les comprendre, ainsi que nous le dit saint Paul : « Vous qui cherchez la justification par la Loi, vous vous êtes séparés du Christ, vous êtes déchus de la grâce. Nous, c’est par l’Esprit, en effet, que de la foi nous attendons la justice espérée. Car, dans le Christ Jésus, ce qui a de la valeur, ce n’est pas que l’on soit circoncis ou non, mais c’est la foi, qui agit par la charité. » (Gal 5,4-6).

Dans la deuxième partie de l’évangile d’aujourd’hui, nous voyons la manifestation de la Trinité : l’Esprit qui descend sur Jésus, alors qu’il priait, et surtout la voix du Père qui vient du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. », comme une réponse à la prière de Jésus que nous ne connaissons pas. Quelle joie pour Jésus de se savoir reconnu comme le fils bien-aimé de son père du ciel et de ressentir la présence discrète mais efficace de l’Esprit de Dieu auprès de lui.

« Je t’aime, tu es tout mon amour. ». Qui peut rester insensible à une telle déclaration, que l’on soit homme ou femme ? Si en plus, elle vient de Dieu, alors, tout est possible ! Et pour Jésus c’est important ; la joie ressentie ce jour-là restera gravée en lui pour toute sa vie terrestre, même aux pires moments, sur la croix : Dieu son Père ne peut l’abandonner, même s’il en a l’impression, car aussitôt il se reprend : « Entre tes mains, je remets mon esprit » (Lc 23,46).

Et cette joie nous concerne nous aussi : cette joie reçue au baptême de Jésus sera aussi la nôtre quand Jésus dira à saint Jean, en parlant de sa mère : « Voici ta mère. » (Jn 19,27) : nous devenons frère de Jésus, et nous pouvons, nous aussi, nous adresser à Dieu en disant : « Notre Père ». Ainsi, à notre baptême, à nous aussi Dieu nous dit : « Toi, tu es mon fils (fille) bien-aimé(e) ; en toi, je trouve ma joie. ».

Avons-nous vraiment conscience de l’amour que Dieu notre Père a pour nous ? Saint Jean nous le disait il y a quinze jours : « Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. » (1 Jn 3,1). Mais depuis, est-ce que cela a changé quelque chose en nous ?

Notre baptême nous a rapproché de Jésus, mais pensons-nous vraiment que nous sommes proches de Jésus ? Ou sans nous en rendre compte, peut-être pensons-nous que c’est une position immuable et que nous n’avons rien à faire pour rester proche de Jésus ?

Notre baptême nous engage, vis-à-vis de Dieu, vis-à-vis des autres, vis-à-vis de l’Église …

Avons-nous l’impression d’être frère de Jésus ? Quelle est notre relation vis-à-vis de lui ?

C’est peut-être le moment de se rappeler ce que saint Jean-Paul II nous disait, à nous qui sommes français, au début de son pontificat : « Il n’y a qu’un seul problème qui existe toujours et partout : le problème de notre présence auprès du Christ. De notre permanence dans le Christ. De notre intimité avec la vérité authentique de ses paroles et avec la puissance de son amour. Il n’existe qu’un problème, celui de notre fidélité à l’alliance avec la sagesse éternelle, qui est source d’une vraie culture, c’est-à-dire de la croissance de l’homme, et celui de la fidélité aux promesses de notre baptême au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit !

Alors permettez-moi, pour conclure, de vous interroger :

France, Fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? » (Jean-Paul II au Bourget, le 1 juin 1980).

Et nous, sincèrement, sommes-nous fidèles aux promesses de notre baptême ?

Seigneur Jésus,

Toi qui es sans péché,

tu as voulu, comme les autres humains,

recevoir le baptême de Jean-Baptiste …

et tu as reçu l’Esprit de Dieu,

et l’assurance de l’amour de Dieu ton Père.

À notre baptême,

nous avons reçu la même chose,

mais nous n’en avons pas toujours conscience.

Et pourtant,

Dieu nous aime comme un Père…

 

Francis Cousin

 

 

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Prière dim Baptême de Jésus C A6

 




Épiphanie du Seigneur (Mt 2,1-12; Jacques Fournier)

La Loi est claire : « On ne trouvera chez toi personne qui pratique la divination, l’incantation ou la magie » (Dt 18,10). En effet, « idolâtrie et magie, voilà ce que produit le péché » (Ga 5,20), car ces réalités prennent la place de Dieu. En effet, à travers elles, l’homme cherche à maîtriser son destin… Dieu et ses imprévus n’y ont plus leur place…

Ces mages païens qui viennent d’Orient sont peut-être dans l’erreur, mais ils n’en ont pas encore conscience… Ils cherchent la vérité, ils sont de bonne volonté, et c’est cela que Dieu regarde. Aussi va-t-Il leur parler, dans un premier temps, ce langage des astres qu’ils connaissent si bien : « Nous avons vu se lever une étoile »… Et Il les guidera avec elle jusqu’à Jérusalem… Merveille de la Miséricorde de Dieu…

Mais l’étoile ne peut donner le lieu précis de la naissance du Messie. Seule la Parole de Dieu, avec ses prophéties, pourra le leur dire. Mais eux ne l’ont jamais lue ! Les scribes de Jérusalem, par contre, la connaissent par cœur. Le roi Hérode, brutalement inquiet pour son pouvoir à l’annonce de la naissance d’un possible rival, va les convoquer pour « leur demander en quel lieu devait naître le Messie ». Et ils vont bien répondre en citant le prophète Michée (vers 750 av JC) : « Et toi, Bethléem en Judée, c’est de toi que sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple » (Mi 5,1). Et les mages partiront aussitôt à Bethléem. Les scribes, eux, ne bougeront pas…

Avec toute leur bonne volonté, ils avaient obéi à ce qu’ils avaient compris grâce à l’étoile. Avec la même bonne volonté, ils vont obéir maintenant à la Parole de Dieu… Et l’étoile la confirmera en « s’arrêtant au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant ». Ils en éprouvèrent « une très grande joie », comme plus tard celles et ceux qui « accueilleront la Parole de Jésus avec la joie de l’Esprit Saint » (1Th 1,6).

« Ils virent l’étoile »… « Ils virent l’enfant avec Marie sa Mère »… Et grâce à la Lumière de ce même Esprit que Dieu donne à ceux qui lui obéissent, ils virent aussi, de cœur, « l’Astre d’en Haut venu nous visiter dans les entrailles de Miséricorde de notre Dieu pour nous donner de connaître le salut par la rémission de nos péchés. Il est apparu à ceux qui demeuraient dans les ténèbres et l’ombre de la mort, pour guider nos pas sur le chemin de la paix. » Ils étaient autrefois dans les ténèbres, mais ils n’en avaient pas conscience. Maintenant, ils vont rentrer chez eux « par un autre chemin », non plus en suivant une étoile mais guidés par leur foi en Jésus « Lumière du monde »…

D. Jacques Fournier




Épiphanie du Seigneur (Mt 2,1-12) : « Une étoile… » (Francis Cousin)

 « Une étoile … »

 

Nous en avons tous vu, en vrai (même si elles nous paraissent de petites tailles), mais nous en avons vu aussi au figuré : de personnes qui nous parlent, des évènements qui nous interrogent, des textes qui appellent à la réflexion …

Et devant ces ’’étoiles’’, nous pouvons avoir plusieurs réactions …

Comme dans la parabole du semeur, hormis le chemin puisque nous sommes interpellés. Nous pouvons être tout feu tout flamme sur l’instant, mais cela ne dure pas … Nous pouvons commencer notre réflexion, chercher un peu …, mais sans suite, pris par les activités du monde …

Enfin, nous pouvons nous faire interpeller plus profondément, au tréfonds de nous, dans nos entrailles …, et nous mettre en route, comme les mages …

Sans trop savoir où nous allons …

Mais nous suivons ’’l’étoile’’ qui nous guide … et qui a un allié puissant : l’Esprit Saint qui nous fait nous mouvoir comme les apôtres pour annoncer l’évangile de Jésus-Christ (cf 2° lecture).

Oh, bien sûr, il peut y avoir des ratés.

On peut prendre un raccourci qui s’avère être mauvais.

On peut perdre le but que nous suivons …

Mais l’Esprit Saint est là pour nous remettre sur le droit chemin, nous faire rencontrer des personnes qui pourront nous aider, même si elles sont hostiles ou que leurs motivations ne soient pas claires … Comme Hérode …

Et ces rencontres nous remettent en forme et en force, nous retrouvons ’’l’étoile’’, même si elle n’est pas tout à fait la même, plus brillante, plus grande …, ou plus petite …

Peut-être faudra-t-il plusieurs ’’étoiles’’successives pour atteindre notre but …

Peut-être que le but que nous atteindrons ne sera pas tout-à-fait celui que nous pensions au départ …

Les chemins de Dieu sont impénétrables, ou plutôt ils se découvrent au fur et à mesure de notre avancée, sous l’action de l’Esprit Saint : « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. » (Jn 3,8).

Et au bout du chemin, quel que soit l’endroit, nous rencontrons Jésus-Christ. Pour de vrai, dans notre cœur …

Pas le « petit Jésus » gentillet de la crèche, mais Jésus, Fils de Dieu, mort sur la croix pour nous, ressuscité par Dieu son Père, et qui est à sa droite dans les cieux.

Alors on pourra lui dire : « De l’argent et de l’or,de l’encens, de la myrrhe, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne » (Ac 3,6), « Fais de moi ce qu’il te plaira ! » (Charles de Foucauld).

Le chemin peut être long, ou court. Cela dépend de chacun … et non pas de Dieu … et il faut aller jusqu’au bout !

Au bout … qui n’est qu’une étape. Ce n’est pas la mort !

Il faut revenir dans le monde, pour partager cette rencontre et tout ce qui va avec …

Comme les mages, qui « regagnèrent leur pays par un autre chemin. », non pas tellement par peur d’Hérode et de ses gardes, mais parce que la rencontre avec Jésus les avait illuminés, avaient changé leur cœur, et qu’ils ne pouvaient plus vivre comme avant.

Il s’agit plus d’un chemin spirituel que géographique.

On ne peut que penser à ce chant :

Ne rentrez pas chez vous comme avant,

Ne vivez pas chez vous comme avant,

Changez vos cœurs, chassez vos peurs,

Vivez en hommesnouveaux.

Seigneur Jésus,

tu as parsemé le monde

avec des étoiles de toutes sortes,

gens, faits, textes,

pour nous permettre de te rencontrer.

Et tu attends notre visite …

Encore faut-il que nous les observions,

et que nous les suivions …

 

Francis Cousin

 

Pour télécharger la prière illustrée correspondant à cette fête de l’Epiphanie, cliquer sur le titre suivant:

Prière pour l’Epiphanie

 




Fête de la Sainte Famille (Lc 2,41-52 ; Francis Cousin)

 « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »

 

La fête de la Sainte Famille, juste après Noël !

Peut-être parce que Noël est avant tout une fête de famille. Dans toutes les familles, on se réjouit de la naissance d’un enfant, et on fait la fête ! Et pour nous chrétiens, nous nous réjouissons de la naissance de Jésus, Fils de Dieu.

Et à Noël, on pense plutôt à Jésus. On pense bien sûr à Marie et Joseph, mais tout est plus ou moins brouillé par tous les évènements qui ont entouré la naissance de Jésus : le voyage, l’étable, la crèche, les bergers, le chant des anges …

Mais pour Marie et Joseph, ce n’était pas du folklore ! C’était la vie, faite de difficultés, de questionnements, d’angoisse, de peur. C’était aussi l’amour entre les parents, la prévenance l’un pour l’autre, tout en pensant à ce petit qui devait naître …

Une vie ordinaire de famille dans l’extraordinaire de la vie du monde chrétien …

Et l’évangile de ce jour nous montre un autre aspect de la vie de cette famille, avec la perte de Jésus lors d’un pèlerinage à Jérusalem. Une situation que sans doute beaucoup de parents ont connu : un moment d’inattention ou un évènement qui nous distrait, et l’enfant n’est plus là où il était. Et c’est l’angoisse, la panique, l’affolement … on cherche partout, on ne pose des questions, on voir l’avenir en noir, on se fait des reproches … jusqu’à ce qu’on retrouve l’enfant.

La plupart du temps, cela ne dure que quelques minutes, voire moins … mais, comme Marie, on « garde dans son cœur tous ces événements », ça reste en mémoire.

Et pour Marie et Joseph, ça a duré trois jours …

C’est le seul évènement que nous connaissons entre le retour d’Égypte, à une date inconnue, et le baptême de Jésus quand il avait environ trente ans.

À cette époque, Jésus avait douze ans, c’est-à-dire l’âge où le jeune juif devient adulte dans sa foi, l’âge où il peut lire la Torah en public dans la synagogue, et l’âge où il devient important pour lui de participer, comme tous les juifs, au pèlerinage au temple de Jérusalem.

Peut-être Jésus prend-il conscience à ce moment de son origine divine, de qui est son Père, … et qu’il a une mission à remplir sur terre.

Quelques remarques :

Au début de l’évangile, on dit qu’« ils montèrent » à Jérusalem, en chantant des psaumes, ceux qu’on dit « des montées », comme celui-ci que Jésus a dû être fier de chanter : « Quelle joie quand on m’a dit : ‘’Nous irons à la maison du Seigneur !’’, Maintenant notre marche prend fin devant tes portes, Jérusalem ! (…) C’est là que montent les tribus, les tribus du Seigneur, là qu’Israël doit rendre grâce au nom du Seigneur. » (Ps 121,1-2.4). Le verbe est au pluriel, c’est toute la famille qui monte, ensemble. Par contre, à la fin, « Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth » ; On fait cette fois-ci une différence entre Jésus et ses parents, et le verbe s’applique d’abord à Jésus : c’est montrer qu’il y a eu un changement dans la vie de Jésus, c’est lui qui prime, parce qu’il s’est reconnu comme Fils du Père lors de son passage dans le temple de Jérusalem, et ses parents ne font que l’accompagner.

Quand on part quelque part, on revient souvent. Mais différent.

Pas besoin d’aller loin ! Quand on part à la messe, ce n’est pas loin. On va dans la maison de Dieu, on va rencontrer Dieu. Et quand on revient, on revient vers la vie de tous les jours, vers ceux qui nous entourent, vers les autres … Est-ce que nous revenons dans les mêmes dispositions qu’en partant ? Ou est-ce que nous avons pris auprès de Dieu la force pour vivre avec nos frères (qui peuvent être notre conjoint ou nos enfants) dans l’amitié de Dieu ? pour vivre notre mission de témoin de Jésus ?

Trois jours de recherche …

Trois jours, cela fait penser au nombre de jours pour que Jésus ressuscite …

Au bout de ces trois jours, quelle est la question qui est posée ? Par Jésus au temple : « Pourquoi donc me cherchiez –vous ? », et par les anges qui accueillent les femmes au tombeau : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? » (Lc 24,6).

Pourquoi cherchons-nous Jésus ? Parce que la question s’adresse plutôt à nous. Parce qu’on ne le voit plus ? parce qu’on pense l’avoir perdu ? Parce que nous voulons l’accaparer ? Pour nous rassurer ? Peut-être un peu de tout cela … Mais si nous avons vraiment la foi, nous savons que Jésus est toujours avec nous (cf Mt 28,20), c’est lui qui vient vers nous, il est même en nous (et dans tous les humains). Tout le temps ! Saint Augustin le dit bien : « Tu étais au-dedans de moi quand j’étais au-dehors, et c’est dehors que je te cherchais. ».

Que dit Jésus ensuite ? « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ?». Pour la première fois qu’on entend parler Jésus dans les évangiles, il fait référence à son Père ; Non pas Joseph, son père nourricier (qui a dû être un peu surpris d’entendre Jésus parler d’un Père qui n’est pas lui !), mais son Père des cieux. Et quel est la dernière phrase de Jésus dans l’évangile de Luc ? « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » (Lc 23,46). La première fois et la dernière fois que Jésus parle dans sa vie de Dieu fait homme, il parle de son Père (ou à son Père) qui est aux cieux. Cela veut dire que tout ce que Jésus a dit entre ces deux moments était orienté ou adressé à son Père des Cieux dont il était le représentant sur la terre : « le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. » (Jn 5,19).

Jésus ne pense qu’à son Père, à remplir la mission que le Père lui a donné sur la terre, au risque de sa vie. C’est peut-être le moment, en cette fin d‘année, de penser à toutes les personnes qui sont morts cette année à cause de leur foi en Dieu, notamment au Mexique, en Afrique ou en Inde … et de se souvenir des 19 martyrs chrétiens d’Algérie béatifiés il y a quinze jours.

Et prions aussi pour toutes les familles, quelles qu’elles soient, et aussi pour La Famille, « cellule de base de la société » qui est de plus en plus mise à mal par les décisions politiques.

Seigneur Jésus,

arrivé dans le temple de Jérusalem,

tu te sens tellement à l’aise

dans la maison de ton Père

que tu décides d’y rester,

au grand dam de Marie et de Joseph.

Par la suite, tu les suis à Nazareth, soumis.

Aide-nous à respecter

tous les membres de nos familles.

 

Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée pour cette fête de la Sainte Famille, cliquer sur le titre suivant :

Prière dim Ste Famille

Et pour l’illustration du jour réalisée par Francis, cliquer sur le titre suivant :

Parole d’évangile Sainte Famille




Fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 2, 41-52).

« L’enfant Jésus dans le Temple de Jérusalem« 

(Lc 2,41-52) 

Chaque année, les parents de Jésus se rendaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque.
Quand il eut douze ans, ils montèrent en pèlerinage suivant la coutume.
À la fin de la fête, comme ils s’en retournaient, le jeune Jésus resta à Jérusalem à l’insu de ses parents.
Pensant qu’il était dans le convoi des pèlerins, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances.
Ne le trouvant pas, ils retournèrent à Jérusalem, en continuant à le chercher.
C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions,
et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses.
En le voyant, ses parents furent frappés d’étonnement, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! »
Il leur dit : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »
Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.
Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements.
Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes.

 

            Jésus a grandi, il a douze ans, l’âge où l’on devient un adulte en Israël, l’âge où il est permis de lire publiquement la Parole de Dieu dans la Maison de Dieu : le Temple de Jérusalem… C’est d’ailleurs là où il est resté alors que ses parents, pensant qu’il était avec le reste de la famille, ont déjà repris le chemin du retour à Nazareth… Mais Jésus, lui, discute avec les Docteurs de la Loi, les spécialistes des Ecritures. Et « tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses. » La Plénitude de l’Esprit l’habite et l’inspire, « Esprit de Sagesse et d’Intelligence, Esprit de Conseil, de Force et de Connaissance » (Is 11,1-3)… Il parlait « non pas avec des discours enseignés par la sagesse humaine, mais avec ceux qu’enseigne l’Esprit, exprimant en termes spirituels des réalités spirituelles » (1Co 2,13). Et « l’Esprit de vérité, qui vient du Père, lui rendait témoignage » dans les cœurs (Jn 15,26). Il en est déjà ici comme il en sera, quelques années plus tard, dans la synagogue de Nazareth : « Tous lui rendaient témoignage et ils étaient en admiration devant les paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche » (Lc 4,22). Même les soldats venus l’arrêter repartiront, dans un premier temps, sans mettre la main sur lui : « Jamais homme n’a parlé comme cela ! » diront-ils aux Grands Prêtres et aux Pharisiens qui les avaient envoyés (Jn 7,46).

            Ces derniers l’avaient pourtant bien accueilli au tout début, mais beaucoup, jaloux de son succès, chercheront ensuite à le faire périr : « Alors les Pharisiens se dirent entre eux : Vous voyez que vous ne gagnez rien ; voilà le monde parti après lui ! » (Jn 12,19). Même Pilate « savait bien que c’était par jalousie qu’on le lui avait livré » (Mt 27,18). Jésus ne leur opposera que son silence, car il le sait, ils ne veulent pas entendre… Ils le tueront, et un « glaive transpercera le cœur de Marie », présente à ses côtés jusqu’au pied de la Croix. Et puis, ce sera à nouveau le silence… Et « c’est au bout de trois jours » qu’ils le retrouveront, lorsqu’il leur apparaîtra, Ressuscité, dans la splendeur de sa Gloire. « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme nous avons souffert en te cherchant », dit ici Marie. Mais « comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être », car « c’est de Lui que je viens » et c’est « là où Je Suis »… Nous le constatons : cet épisode, juste avant le récit du ministère de Jésus, annonce déjà ses souffrances futures et la victoire de sa Résurrection.

                                                     DJF




Solennité de la Nativité du Seigneur (messe du jour) – Homélie du Père Louis DATTIN

NOËL 

Grande joie pour tout le peuple

Jn 1, 1-18

            « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ». Pendant l’Avent, frères et sœurs, nous avons chanté « Peuple qui marchez dans la longue nuit, le jour va bientôt se lever ». Aujourd’hui, nous pourrions chanter « Peuple qui marchez dans la longue nuit, aujourd’hui, Jésus vous est né« .

Oui, c’est Jésus, notre lumière. C’est précisément la raison qui a fait choisir le 25 décembre comme date de sa naissance. L’Eglise, depuis le 2e siècle, a choisi ce solstice : ce moment où le soleil est vainqueur des ténèbres, pour fixer la date de l’Incarnation. Noël est une fête de lumière que l’on célèbre le soir ou dans la nuit, comme Pâques. D’ailleurs, tout l’Evangile de St-Luc semble construit pour nous donner cette sensation. Ce récit est composé de trois parties égales :

1 – Tout d’abord, au début, il y a le monde des ténèbres.

« En ces jours-là, parut un édit de César Auguste ordonnant de recenser toute la terre lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie ». Luc a voulu évoquer ce monde dur où Jésus est né, dans les premières années de notre ère.

C’est un pays occupé par une puissance étrangère : Rome qui a asservi tout le monde connu, le monde méditerranéen.

La 1ère lecture, en Isaïe, parlait déjà de ce peuple qui marchait dans les ténèbres, sous le joug et le fouet du chef de corvée et qui subissait le bruyant et pénible piétinement des bottes des soldats occupants. L’occupation romaine est sans pitié : elle impose ce recensement qui provoque bien des tracas, des déplacements.

Quelle naissance difficile pour ce jeune couple qui n’a pas pu trouver de place dans la salle commune des réfugiés et qui doit se contenter d’une étable, dans le fumier et la paille pour mettre au monde son petit enfant fragile !

C’est vraiment tout le symbole de notre monde d’aujourd’hui avec tous les sans-abri du monde, ces Kurdes, ces sans-pays habitants de Calais, ces Somaliens, tous les laissés pour compte, les pauvres qui ne savent pas se faire une place ou que l’on repousse.

Oui, le récit « commence mal » pour ainsi dire : il est aussi le récit et le symbole de tous les moments durs de notre vie : moments difficiles où l’on a envie de dire : « S’il y avait un Bon Dieu, cela n’existerait pas, cela n’arriverait pas ».

Oui, très souvent, en nous, autour de nous, nous sommes comme Marie et Joseph, comme les bergers dans la nuit ….

2 – Et puis, « l’Ange du Seigneur s’approche et la gloire du Seigneur enveloppa les bergers de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Mais l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple ! Aujourd’hui, vous est né un SAUVEUR. Il est le Messie-Seigneur et voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ». « Et soudain, il y eut avec l’ange, une troupe céleste innombrable qui louait Dieu en disant « gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».

Il faudrait écrire en rouge ces six versets car voilà que, soudain le récit, d’une banalité terre à terre, s’ouvre véritablement sur du céleste. Oui, soudain, on a l’impression de décrocher du réel, comme disait un homme plein de bon sens : « Ça me gêne, disait-il, tout ce merveilleux, soudain, comme dans les contes de fées pour enfants… avec des anges, des lumières dans le ciel, des voix, des visions, des musiques célestes ! »

Faudrait-il donc, dans notre monde détraqué et souvent mal à l’aise, abîmé par les dominations et les guerres qui font les immigrés, les mamans désolées, les enfants qui pleurent… faudrait-il donc refuser le bonheur de Noël qui nous offre une trêve au milieu de nos difficultés, nos malheurs, notre nuit. Faudrait-il donc refuser la lumière dans notre nuit ?

Si nous le faisions, ce serait renoncer au message de ce jour. Sans ces six lignes du texte, le récit de Noël est incompréhensible!

Si on les supprime de l’Evangile, on ne peut plus s’expliquer, pourquoi cet enfant, né dans le fumier d’une étable a pu dépasser les siècles et remuer aujourd’hui, vingt siècles plus tard, des millions d’hommes, de femmes et d’enfants.

Tout  le merveilleux de ce récit est là pour nous crier : « Attention, attention, ne vous y trompez pas. Cet enfant sur la paille, emmailloté, signe plutôt minable évidemment, c’est le Sauveur, le Messie, le Seigneur ! », ces trois titres prestigieux écrits dans le ciel.

Il n’y a vraiment pas trop d’anges ni de lumières pour annoncer la bonne nouvelle car c’est vraiment une merveille : Dieu nous donne son Fils pour nous sortir de nos mortelles ténèbres.

Ce Jésus, c’est le Verbe de Dieu, la Parole vivante de Dieu qui est venu habiter parmi nous. Pourquoi avons-nous du mal à y croire ? Parce que nous avons toujours tendance à nous représenter Dieu à l’image des grands de ce monde : personnages lointains, absorbés dans leurs préoccupations lointaines, si loin au-dessus de nous ! Mais la grandeur  de Dieu :

c’est  au contraire  d’avoir voulu  se faire  si proche de nous au point de se passionner pour sa création,

c’est d’aimer éperdument cette Humanité qu’il a créé et dont il ne peut pas se désintéresser.

Dieu avait bien envoyé les prophètes pour nous parler, mais il ne pouvait pas se contenter de cette approche. Il a voulu s’insérer dans la vie de son peuple, s’y incarner, s’y naturaliser. Tant il est vrai que, quand on aime, on veut toujours aller plus loin dans l’amour. Désormais, par son Fils Jésus, Dieu est entré dans le déroulement de l’Histoire humaine et il en fait partie…

3 – « Lorsque les anges eurent quitté les bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux : « Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé et que le Seigneur nous a fait connaître ». Ils se hâtèrent d’y aller et ils découvrirent Marie et Joseph avec le nouveau-né couché dans une mangeoire. Après l’avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant et tout le monde s’étonnait de ce que racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait ces évènements et les méditait dans son cœur. Les bergers repartirent, ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient vu et entendu selon ce qui leur avait été annoncé ».

Oui, le ciel ne s’est ouvert qu’un instant. Maintenant, quand les anges les eurent quittés pour le ciel, ils se retrouvèrent dans la condition normale, sans merveilleux et le récit reprend, de manière réaliste, sur notre terre. Mais tout, désormais, est transfiguré, illuminé par la parole qu’ils ont entendue.

A partir de ce moment-là, c’est le régime de la Foi et donc le nôtre qui commence et nous constatons toute une circulation de paroles, une « nouvelle circule de bouche à oreille avec ces mots  importants répétés : « parole » (trois  fois), « dire »  (quatre fois), « connaître » (deux fois), » voir » (trois fois) et puis « retenir dans son cœur », » méditer », « glorifier », « louer ».

 

Si on ne lit pas cette finale du récit, on peut passer à côté du message de Noël, message essentiel. Noël,

–  c’est une « communication », une bonne nouvelle que Dieu a lancée,

– c’est le thème central des anges messagers et qui se communique à la terre par des pauvres, des évangélisateurs qui l’ont reçue d’en-haut et qui la répète avec émerveillement.

Quelle est donc cette nouvelle ? L’enfant est Sauveur, Messie, Seigneur. Les guirlandes lumineuses de nos rues, les petites flammes que nous allumons dans nos crèches la disent à leur manière. Certains ne la savent même plus.

Dieu est amour : il est venu dans notre monde pour que brillent les lumières de l’amour au sein de notre pauvre monde dans la nuit.  AMEN