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24ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 8, 27-35)

« Le chaud et le froid. »

 Tout, dans l’évangile de ce jour, va nous faire passer du chaud au froid et inversement, parce que « [nos] pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

Tout commence plutôt bien. Jésus et ses disciples marchent au nord de la Galilée, en territoire païen. Comme c’était sans doute son habitude, Jésus parle avec ses disciples, et aujourd’hui cela commence par un sondage d’opinion : « Que dit-on que je suis ? ». Les réponses sont différentes, mais cela reste toujours dans l’idée que Jésus est un prophète qui annonce le Messie, un nouveau ou un ancien qui est ressuscité.

Alors Jésus devient plus précis : « Mais vous, que dites-vous ? »

Pierre, toujours aussi impétueux, chaud-bouillant : « Tu es le Christ. ».

On aurait pu s’attendre à ce que Jésus soit content, qu’il félicite Pierre pour sa bonne réponse. Pas du tout : « hou là là, c’est vrai, mais gardez cela pour vous ; n’en dites rien à personne, ils seraient capables de me faire roi et de monter une armée pour jeter les romains hors de la Palestine. Ce n’est pas cela ma mission, je serai rejeté par les responsables religieux du pays, je serai mis à mort, mais je ressusciterai le troisième jour. ». On passe de la gloire du Messie à la tristesse de sa mise à mort.

Impossible pour Pierre. « Oh ! ça va pas ! Tu es le Christ, le maître. On doit te respecter, t’honorer, te louer. Pas te mettre à mort ! »

L’incompréhension est totale. Et Jésus rabroue vertement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! ». Le disciple doit être derrière son maître, et non devant pour se mettre en travers de sa route, s’opposer à lui.

Ce qui arrive à Pierre, cela nous arrive sans doute aussi. Oh ! on ne s’oppose pas directement à Jésus … on le respecte, on l’aime, on le prie … mais dans nos actions, est-ce qu’on respecte toutes ses Paroles ? (Voir la deuxième lecture …).

Est-ce qu’il ne nous arrive pas parfois d’arranger l’évangile à notre sauce : cela, oui pas de problème, j’y crois et je le suis. Par contre, ça, oui, mais c’est pas trop important, ce n’est pas tellement grave si on ne fait pas trop un compte avec …

Et pourtant, on ne peut pas prendre un morceau de l’évangile et pas le reste. Soit on prend tout, soit on ne prend rien. « Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais. » (Mt 5,37).

N’avons-nous jamais entendu dans notre cœur Jésus nous dire : « Passe derrière moi, Satan ! » quand nous refusons les épreuves qui se présentent sur notre chemin, les croix qui jalonnent notre route ?

Ne nous arrive-t-il pas de nous dire : « Cette parole est trop dure, qui peut l’entendre ?» (Jn 6,60).

Sans doute si on pense que la foi est une adhésion à une idée philosophique, une théorie intellectuelle. Mais pas si on croit que la foi est une adhésion à une personne, Jésus-Christ, à son Père, et à son Esprit Saint !

Mettons-nous vraiment à la suite de Jésus, lui qui connaît le chemin, qui « est le chemin » (Jn 14,6) qui nous mène à la vie éternelle.

Ce que Jésus nous dit à la fin de l’évangile de ce jour : « celui qui perd sa vie à cause de moi et de l’Évangile sauvera sa vie. »

Et là, on repasse du froid ou de la tiédeur à la chaleur de l’amour de Dieu qui nous aime de toujours.

Seigneur Jésus,

malgré notre bonne volonté à te suivre,

nous sommes toujours tentés par la facilité ;

c’est-à-dire par le Démon

 qui nous fait croire toutes les choses faciles

comme meilleures pour nous.

Alors que toi, tu nous dis que c’est

en surmontant l’adversité que l’on grandit …

C’est avec toi que je veux  grandir !

 

Francis Cousin

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23ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 7, 31-37)

 

Évangile selon saint Marc 7, 31-37

 

« Il a bien fait toutes choses :

il fait entendre les sourds et parler les muets. »

 

Les personnes qui s’exclament ainsi après la guérison du sourd qui parle avec difficulté ne sont pas les apôtres, dont on ne parle absolument pas dans ce passage, ni des disciples de Jésus. Ce sont des païens, des non-juifs qui habitent la Décapole, une région aux contours mal définies, principalement à l’est du Jourdain.

On sait que Marc écrit pour les habitants de Rome, qui sont aussi des païens, et cela lui permet de montrer que d’autres païens louaient Dieu, qui « a bien fait toutes choses », allusion à Genèse 1,31 : « Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon. », et aussi  louaient Jésus, reconnu comme le Messie annoncé par Isaïe : « Voici votre Dieu … Il vient lui-même et va vous sauver. Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. » (Is 35,4-5).

Cela veut dire aussi que Jésus était connu hors des frontières de la Galilée et de la Judée comme guérisseur, puisque ce sont ces personnes qui « amènent un sourd … supplient Jésus de poser la main sur lui. ».

La première chose que Jésus fait est d’emmener le sourd ’à l’écart, loin de la foule’. Pour s’ouvrir à la Parole de Dieu – et c’est ce que va faire Jésus en permettant au sourd de l’entendre -, il faut s’éloigner de la foule, se mettre dans le silence. C’est d’ailleurs ce que Jésus dit : « Quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. » (Mt 6,6). Toute conversion, et nous avons besoin de nous convertir chaque jour, nécessite une rencontre personnelle avec Jésus, avec Dieu.

Cet homme qui est amené à Jésus connaît son handicap, comme toutes les malades qui lui sont amenés ou qui viennent à lui d’eux-mêmes. Comme l’aveugle-né, à la suite de la guérison duquel Jésus dira aux pharisiens : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : “Nous voyons !”, votre péché demeure. » (Jn 9,41).

Et nous, nous sommes bien souvent comme ces pharisiens. Pour la plupart, nous n’avons pas de handicap physique, mais nous sommes tous des handicapés de cœur.

Et nous n’en avons pas conscience !

Nous sommes des aveugles du cœur, car nous ne voyons pas le mal qui est autour de nous, la tristesse, la misère, le mensonge …

Nous sommes des sourds du cœur, car nous n’entendons pas les cris qui montent vers nous  pour parler de tout cela …

Nous sommes des muets du cœur, car nous n’avons pas le courage de réagir à l’injustice qui existe en ce monde …

Nous sommes des handicapés moteurs, car nous préférons notre « canapé [plutôt qu’] une paire de chaussures qui [nous] aidera à marcher, sur des routes jamais rêvées et même pas imaginées, sur des routes qui peuvent ouvrir de nouveaux horizons, capables de propager la joie, cette joie qui naît de l’amour de Dieu, la joie que laissent dans [nos] cœur[s] chaque geste, chaque attitude de miséricorde. » (Pape François, JMJ Cracovie, veillée du 30 juillet 2016)

Demandons à Jésus de pouvoir reconnaître combien nous avons besoin de la guérison de notre cœur, combien nous sommes des handicapés spirituels.

Après nous pourrons lui dire : « Fais que je vois, fais que j’entende, fais que je parle, fais que je marche … »

Et Jésus nous dira : « ’Effata !’, c’est-à-dire : ’Ouvre-toi !’. Ouvre ton cœur à mon amour et à ma miséricorde. »

Seigneur Jésus,

notre cœur est malade, handicapé,

et nous ne le savons pas !

Aide-nous à en prendre conscience,

et guéris-nous en disant :

« Ouvre-toi !

Ouvre-toi à ma présence en toi !

Ouvre-toi à mon amour qui est de toujours. »

 

Francis Cousin

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22ième Dimanche du Temps Ordinaire – Claude WON FAH HIN

 

22e dimanche ordinaire – Marc 7 1–23

En ce qui concerne les repas, les Pharisiens et le Scribes appliquent la Loi de Moïse. « Pour les Juifs, très soucieux de pureté légale, tout contact physique avec les pécheurs publics était interdit et cela constituait une souillure grave, punie d’exclusion. La société juive du temps de Jésus rangeait sous le nom de pécheurs des gens de toutes sorte : ceux des transports (âniers, chameliers, voituriers, matelots), ceux du commerce (boutiquiers, bouchers, médecins). Sont aussi moralement douteuses les professions ayant un rapport avec les femmes (blanchisseurs, colporteurs, tisserands, etc…). Enfin sont classés dans une liste de personnes à ne pas fréquenter ceux qui pratiquent des tâches répugnantes (tanneurs, fondeurs, ramasseurs d’ordures, …etc..). On voit donc que par un jeu de discriminations plus sociales que morales, c’est un vaste monde qui se trouvait exclu des relations humaines et religieuses. Et voilà donc que les pharisiens et les scribes s’étonnent de voir que quelques disciples de Jésus prennent leur repas avec des mains impures, c’est à dire « non-lavées ». Le lavage des mains avant le repas ne se fait pas ici parce que les mains sont sales, mais parce que c’est un rituel, un geste religieux que l’on doit observer avant tout repas. Le rituel juif n’est donc pas respecté par les disciples de Jésus. Et la question est posée : Pourquoi tes disciples prennent-ils leur repas avec des mains impures ? Au lieu de répondre à la question, Jésus dénonce l’attitude des responsables religieux. Et il donne un exemple de détournement de la loi de Moïse. Moïse a dit « Honore ton père et ta mère », « Que celui qui maudit son père ou sa mère soit puni de mort ».11 Mais vous, vous dites : Si un homme dit à son père ou à sa mère : Je déclare korbân (c’est-à-dire offrande sacrée) les biens dont j’aurais pu t’assister, 12 vous ne le laissez plus rien faire pour son père ou pour sa mère 13 et vous annulez ainsi la parole de Dieu par la tradition que vous vous êtes transmise. Et vous faites bien d’autres choses du même genre ». Ainsi donc les Pharisiens et les scribes disaient aux fidèles qu’au lieu de subvenir directement aux besoins de leurs parents, il suffit de déclarer Korbân leurs offrandes normalement destinées aux parents et d’emmener leurs offrandes à Dieu (donc au Trésor du Temple). Les parents sont privés du soutien de leurs enfants et en réalité, cela enrichit les pharisiens et les scribes. Il y a donc détournement du commandement de Dieu à leur propre profit. D’où la réaction de Jésus : « hypocrites ! Ce peuple m’honore des lèvres mais leur cœur est loin de moi.  7 Vain est le culte qu’ils me rendent, les doctrines qu’ils enseignent ne sont que préceptes humains. 8 Vous mettez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. 9 Et il leur disait :  Vous annulez bel et bien le commandement de Dieu pour observer votre tradition ». Jésus désire que nous respections la Parole de Dieu. A l’exemple du Christ vis-à-vis des Pharisiens et des scribes, le Pape François, dès son élection à la papauté, a réagi de la même manière vis-à-vis de la Curie romaine. Il a remis de l’ordre chez certains responsables religieux qui, visiblement, ne menaient pas une vie conforme à la volonté de Dieu. Le Pape François le dit tout haut dans la « Joie de l’Évangile » :  « je désire une Eglise pauvre pour lespauvres » (§198).

Les trois textes d’aujourd’hui nous parlent des lois à mettre en pratique. Il ne s’agit pas de choisir seulement les lois qui nous plaisent comme par exemple d’aimer Dieu seulement. Il nous semble plus facile d’aimer Dieu que d’aimer son prochain, tout simplement parce que Dieu est parfait, sans défauts, sans péché et semble rester silencieux malgré nos mauvaises attitudes et nos mauvais comportements. Alors que lorsque nous nous tournons vers les hommes, nous les jugeons d’abord et les critiquons plutôt que de les aimer malgré leurs faiblesses et leurs défauts comme le Christ le fait envers chacun de nous. De plus, on se fera des ennemis.

De nos jours, de nombreux fidèles pensent qu’il suffit de venir régulièrement à la messe pour faire la volonté de Dieu et lui plaire. C’est déjà très bien de venir à la messe mais, en réalité, cela n’est pas suffisant. Il faut encore se tourner vers notre prochain, ce qui nous semble le plus difficile, parce qu’ayant nous-mêmes de nombreux défauts, au lieu de se tourner vers lui pour se mettre à son service, nous nous tournons vers lui pour lui montrer ses défauts ou ses faiblesses, ou encore l’utiliser pour en tirer un profit. Voici ce que dit le Pape François : « Pape François : Gaudete et Exsultate » – P.72 – §104 – Nous pourrions penser que nous rendons gloire à Dieu seulement par le culte et la prière ou uniquement en respectant certaines normes éthiques – certes la primauté revient à la relation avec Dieu – et nous oublions que le critère pour évaluer notre vie est, avant tout, ce que nous avons fait pour les autres. La prière a de la valeur si elle alimente un don de soi quotidien par amour. Notre culte plaît à Dieu quand nous y mettons la volonté de vivre avec générosité (donc en partageant avec les autres son temps, son argent, ses connaissances…) et quand nous laissons le don reçu de Dieu se traduire dans le don de nous-mêmes aux frères. 105 – Pour la même raison, la meilleure façon de discerner si notre approche de la prière est authentique sera de regarder dans quelle mesure notre vie est en train de se transformer à la lumière de la miséricorde. En effet, « la miséricorde n’est pas seulement l’agir du Père, mais elle devient le critère pour comprendre qui sont ses véritables enfants ». Elle est le pilier qui soutient la vie de l’Eglise. Ainsi, nous pourrons en déduire que la prière que nous faisons depuis des années est efficace lorsque notre vie s’en trouve transformée comme Dieu le voudrait : que nous soyons remplis d’amour et de rien d’autre.  Et si notre vie a changé dans nos rapports aux autres, c’est bien parce que nous avons accepté que la miséricorde divine nous transforme et nous sanctifie pour faire de nous de véritables enfants de Dieu. Et lorsque nos rapports aux autres n’ont pas changé dans le sens de l’amour du prochain, alors on peut déduire que notre approche de la prière – dont la messe – n’est pas authentique, elle s’apparente plus à celle des pharisiens et des scribes. On fait le culte pour le culte mais le cœur n’y est pas. « Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur cœur est loin de moi » nous dit Jésus. La 1ère lecture d’aujourd’hui nous dit que « 27 La religion pure et sans tache devant Dieu notre Père consiste en ceci : visiter les orphelins et les veuves dans leurs épreuves, se garder de toute souillure du monde ». Autrement dit, d’abord accomplir au moins une des œuvres de miséricorde de Dieu. Saint Thomas d’Aquin (Gaudete et Exsultate – §106 – Pape François) quand il examinait quelles sont nos actions les plus grandes, quelles sont les œuvres extérieures qui manifestent le mieux notre amour de Dieu, il a répondu sans hésiter que ce sont les œuvres de miséricorde envers le prochain, plus que les actes de culte. Rappelons les quatorze œuvres de Miséricorde: 1 Nourrir ceux qui ont faim; 2 Donner à boire à ceux qui ont soif; 3 Vêtir ceux qui sont nus; 4 Recueillir les étrangers; 5 Visiter les malades et les prisonniers; 6 Apporter le salut aux prisonniers; Ensevelir les morts. Les oeuvres de miséricorde spirituelles : 7 Instruire les ignorants; 8 Conseiller ceux qui doutent; 9 Consoler les affligés; 10 Reprendre les pécheurs; 12 Pardonner les offenseurs; 13Supporter avec patience les personnes ennuyeuses; 14 Prier pour tous les vivants et les morts. Et le Pape François poursuit (§107 – Gaudete Et Exsultate) : « Celui qui veut vraiment rendre gloire à Dieu par sa vie, celui qui désire réellement se sanctifier pour que son existence glorifie le Saint, est appelé à se consacrer, à s’employer, et à s’évertuer à essayer de vivre les œuvres de miséricorde ».

Et si vous ne pratiquez aucune de ces œuvres, il serait peut-être temps d’aimer Dieu sincèrement, au plus profond de vous-même.  Pour cela, nous dit Saint Jean de la Croix (« Œuvres complètes » – Tome II – P.1018), « efforcez-vous d’être constamment en oraison, ne la délaissant pas même au milieu de vos exercices corporels. Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous parliez, ou que vous traitiez avec les séculiers (les non-religieux, les laïcs), ou que vous fassiez quelque autre chose, désirez Dieu sans cesse et dirigez vers lui l’amour de votre cœur, car c’est une chose très nécessaire pour la solitude intérieure. Celle-ci demande que l’âme ne s’arrête à aucune pensée qui ne soit dressée à Dieu (autrement dit ne pas arrêter sa pensée sur autre chose que Dieu), et qu’elle laisse dans l’oubli toutes les choses qui existent et qui passent en cette brève et misérable vie. En aucune ma­nière, ne cherchez à savoir autre chose que la manière dont vous pourriez servir Dieu davantage et mieux obser­ver les devoirs …d’enfants de Dieu ». Un Jésuite Belge, théologien et bibliste de renom du 16-17ème siècle, Cornelissen van den Steen (Cornelius a Lapide), nous dit : Combien vivent dans l’ivresse, la fornication sous toutes ses formes, les disputes, le parjure, les médisances, sans vouloir rien abandonner de ces coupables habitudes : ou s’ils en ont l’intention, ils ne prennent aucun des moyens nécessaires pour s’arracher des vices enracinés. Par-dessus tout, l’orgueil et la luxure dominent les hommes sous leur pouvoir, et plus que tout autre vice, ces deux-là remplissent l’enfer. Il rejoint en partie ce que dit l’Évangile d’aujourd’hui : Ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme. 21 Car c’est du dedans, du cœur des hommes, que sortent les desseins pervers : débauches, vols, meurtres, 22 adultères, cupidités, méchancetés, ruse, impudicité, envie, diffamation, orgueil, déraison. 23 Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans et souillent l’homme.  Et Cornelissen dénonce alors l’attitude des chrétiens : On redresse sa conduite une fois l’an, à l’occasion de Pâques, et on se confesse parce qu’on se sent comme contraint par les monitions du prêtre : ce bon mouvement est presque arraché par le sentiment d’une obligation au lieu d’être libre et spontané …. Aussi, passées la Communion Pascale et la confession, retourne-t-on bientôt à ses passions, à ses habitudes perverses, à ses péchés, comme le font aussi beaucoup de ceux qui se sont confessés à l’article de la mort, c’est-à-dire quand il se trouve à l’agonie et pense qu’il va mourir, et qui, le danger écarté, retombent dans toutes leurs misères. Ce retour au mal montre bien qu’on ne s’était converti que par obligation ou par peur de la mort, mais qu’il n ‘y avait réellement rien de sérieux ni de profond. Ne nous contentons pas de prier, de lire ou d’écouter la Parole de Dieu, de se confesser et de communier, désirons avec force et détermination à vouloir absolument nous convertir du fond du cœur pour changer de cap dans notre vie de chrétien, et à vouloir sans cesse, avec l’aide de Marie, nous unir sincèrement et constamment au Christ afin qu’il nous transforme et nous sanctifie.




22ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 7, 1-8.14-15.21-23)

Évangile selon saint Marc 7, 1-8.14-15.21-23

 

Le respect de la tradition … ou être proche de Dieu ?

 

La tradition dans l’Église va commencer formellement quand Dieu va donner à Moïse les dix paroles, écrites sur des tables de pierres. Paroles que Moïse va décliner en « décrets et ordonnances … pour que vous les mettiez en pratique » (1° lecture). Paroles données par Dieu qui est « proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ».

Moïse ajoute : « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous ordonne, et vous n’y enlèverez rien… [Gardez-les] tels que je vous les prescrits. ». Mais ce ne fut pas tout à fait le cas.

Quand Jésus vint, il donna « un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34).

Attention, ce n’est pas les bizounours ! Ce n’est pas « Tout le monde, il est beau, il est gentil » ! Ce n’est pas simplement entre soi, mais avec tout le monde, toujours en lien avec Jésus : « Comme je vous ai aimés ». Comme Jésus, c’est-à-dire, en esprit et en vérité. C’est aimer comme le Père nous a aimés.

Dans tout ce qui concerne la religion, la question qu’on doit se poser n’est pas de savoir s’il faut se laver les mains avant de manger, mais plutôt « Qu’est-ce qui est agréable à Dieu ? ».

Ce ne sont pas les sacrifices ni les holocaustes (cf Ps 50,18). C’est faire comme Jésus, aller vers les humbles, les pauvres, les faibles. Vers ceux qui sont dans des difficultés financières, morales, ceux qui sont malades, sans emplois, sans toit …  Ce que le prophète Isaïe dit : « (Ce) qui me plaît, n’est-ce pas ceci : faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? » (Is 58,6-7).

« Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé » (Ps 50,19). Non pas un esprit cassé, foutu, anéanti, inutile … mais un esprit dont l’enveloppe est brisée, fendue, pour que Dieu puisse y pénétrer et pour laisser passer ce qui est en lui : l’amour que Dieu y a déposé, pas simplement pour lui, mais aussi pour les autres ; la compassion pour les autres, pas en paroles, mais en actes … et c’est ça qui est le plus dur…

Nous venons d’entendre « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. » (Jn 6,58). Mais sommes-nous vraiment conscients de cette présence de Dieu en nous ? Bien souvent nous communions, mais nous ne laissons pas Dieu agir en nous, nous faisons comme si de rien n’était. Acceptons-nous de laisser briser notre cœur pour laisser passer l’amour de Dieu dans notre vie … et par là dans celle des autres ?

Combien de fois sommes-nous interpellés dans notre cœur par des images, des informations, des reportages, à la télévision ou dans les journaux ? On a le cœur chaviré … mais cela ne dure souvent que le temps de l’émission … et le train-train, la routine reprend le dessus …

Nous en sommes tous là (ou presque),  et on se donne de bonnes raisons : on ne peut rien faire de concret, ça nous dépasse, on n’est pas compétant, c’est trop loin … Mais n’y a-t-il pas des injustices à réparer autour de nous ?

Attention à ne pas recevoir de Jésus ce qualificatif : « hypocrites … Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. »

Écoutons saint Jacques : « Mettez la Parole en pratique (ce que disait déjà Moïse et Jésus), ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. » (2° lecture).

Illusion d’être dans les ’’bons chrétiens’’ !

Mais ce n’est pas à nous d’en juger. C’est le rôle du Fils de l’Homme, Jésus, de le faire (cf Mt 25,31 ss). Et il le fera sur son commandement d’amour. Ce que nous rappelle saint Jean de la Croix : « Au soir de cette vie, vous serez jugés sur l’amour. ».

Prions pour que tout ce qui sort de notre cœur soit fondé sur l’amour, envers Dieu et envers le prochain. Pour cela, il nous faut répéter sans cesse cette prière du Notre Père : « Ne nous laisse pas entrer en tentation. ».

Seigneur Jésus,

tu nous remets vigoureusement

au centre de notre relation à Dieu :

ce qui compte, ce ne sont pas les pratiques,

mais la qualité de notre manière de vivre,

en esprit et vérité,

vis-à-vis de Dieu et de notre prochain.

Aide-nous à résister à la tentation du monde et du Malin

pour être toujours des témoins de ton amour.

 

Francis Cousin

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21ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Jn 6, 60-69)

Évangile selon saint Jean 6, 60-69

 

« Seigneur, à qui irions-nous ?… »

 

Après le discours de Jésus sur le pain de vie donné dans la synagogue de Capharnaüm, source de plusieurs incompréhensions, beaucoup de questions se posaient à ses disciples : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? ».

C’est la première des interrogations de ce court passage de l’évangile de ce jour. Trois autres vont suivre : la seconde est de Jésus : « Cela vous scandalise (que je dise :’ Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.’) ? » à l’adresse de tous ses disciples. Apparemment oui, et on peut les comprendre … et ‘beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner’.

Troisième interrogation de Jésus aux douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » à laquelle répondra Pierre par une autre question : « Seigneur, à qui irions-nous ? » et il explique :     «  Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. », c’est-à-dire le Messie.

On ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec cet autre passage des évangiles synoptiques, que les auteurs situent dans les environs de Césarée de Philippe peu après l’exécution de Jean-Baptiste, où Jésus demande aux douze : « Mais pour vous, qui suis-je ? » à laquelle répond encore une fois Pierre, au nom des douze, « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » (Mt 16,15-16). Par ses réponses, Pierre manifeste l’ascendant qu’il a sur les autres apôtres, ce qui aura pour conséquence que Jésus changera son nom de Simon en Pierre, le roc sur lequel on peut bâtir, et lui confiera son Église future, bien que peu avant il l’avait qualifié « d’homme de peu de foi » (cf Mt 14,11).

Les deux réponses de Pierre vont dans le même sens : la reconnaissance que Jésus est le Messie et le Fils de Dieu. Et dire que Jésus à les paroles de la vie éternelle, c’est dire qu’il vient de Dieu pour retourner (avec nous) vers Dieu. C’est la foi en la parole de Jésus : « celui qui voit le Fils et croit en lui [a] la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » (Jn  6,39-40).

Oui, la Parole de Jésus est rude, ardue, exigeante, difficile à comprendre et à vivre … mais cette Parole est encore écoutée, presque deux mille ans après avoir été prononcée, … et suivie par beaucoup de personnes.

Cela veut dire que, au-delà de la parole, il y a quelque chose de plus, qui est intimement liée à cette parole, qui est l’amour de Dieu pour les hommes, qui est de toujours et pour toujours, et qu’on ressent dans les paroles de Pierre : « Tu as les paroles de la vie éternelle … »

Qu’est-ce qui nous est demandé, à chacun de nous, dans cet évangile ?

Sans aucun doute reprendre à notre compte les dernières phrases de Pierre : « Quant à nous, … quant à moi, je crois, et je sais que tu es le saint de Dieu. »

Et il nous est demandé d’être témoin de Jésus auquel nous adhérons, de répercuter cette ’’parole qui est rude’’, et sans doute encore plus rude maintenant dans le monde dans lequel nous vivons.

Mais pour cela, il nous faut être crédible. Il faut que notre vie et nos paroles soient ancrés aux paroles de Jésus, qui est la vérité et la vie.

N’ayons pas peur ! Ayons confiance en Dieu ! Il nous donnera toujours les moyens de réaliser ce qu’il veut que nous fassions pour lui.

Mais pour cela, il nous faut demander ces moyens dans la prière et dans l’adoration, et se laisser porter par le souffle du Saint Esprit.

Seigneur Jésus,

ta Parole est difficile,

et beaucoup refusent de l’entendre.

Parce qu’elle est exigeante,

et qu’elle demande que nous laissons parler

l’amour que tu as mis dans nos cœurs,

au lieu de ne penser qu’à notre propre personne.

Aide-nous à nous laisser

mener par ton Esprit.

 

Francis Cousin

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20ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Jn 6, 41-51)

Évangile selon saint Jean 6, 51-58

 

« Le pain que je donnerai,

c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »

 

Imaginons un instant que, lors de la préparation d’un pique-nique, l’un des participants se propose d’amener du pain et qu’il dise : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair. ». Après sans doute un petit temps de stupeur, la réaction des autres serait de dire : « Tu es sûr que tout va bien ? Soleil y tape fort ! Repose un peu ! ». Et personne ne prendrait au mot sa parole, se demandant s’il n’est pas un peu fou.

C’est ce qui s’est passé avec les juifs qui écoutaient Jésus. Ils ne l’ont pas pris au sérieux. Qui oserait proposer sa chair à manger ?

Parce qu’ils ont pris les paroles de Jésus au sens premier. Et peut-être que si nous étions alors auprès de Jésus, nous aurions eu aussi cette réaction. Parce que c’est incompréhensible au premier abord.

C’est d’ailleurs encore une des raisons dont se servent ceux qui critiquent le Christianisme pour pouvoir le dénigrer, en disant que c’est une religion d’anthropophages.

Nous avons un gros avantage par rapport aux juifs de l’époque, c’est que nous connaissons la fin de l’histoire de la vie terrestre de Jésus, avec le dernier repas qu’il a pris avec ses disciples, puis sa passion et sa mort sur la croix, vie offerte, « donnée pour la vie du monde ». Ce rapprochement nous est d’ailleurs suggéré par Jean qui écrit au début de ce chapitre : « Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche. » (Jn  6,4)

Et quelle est la différence entre nous et les détracteurs du christianisme aujourd’hui ? Une seule chose, mais la plus importante : nous croyons en Jésus, Fils de Dieu, incarné sur cette terre. A image de la réponse de Jésus sur les œuvres à faire : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. » (Jn 6.29).

Seule la foi en Dieu trinité peut permettre de comprendre cette parole de Jésus. Ce que nous dit Saint Thomas d’Aquin : «  Que le vrai corps du Christ et son sang soient dans le même sacrement, les sens ne peuvent le saisir, mais seulement la foi qui s’appuie sur l’autorité divine. »

Manger la chair de Jésus et boire son sang, ce n’est pas simplement une communion entre un disciple et son maître, c’est beaucoup plus que cela, c’est une communion vitale pour le disciple, une communion qui donne vie, qui est vie. Non seulement elle nous aide dans notre vie sur la terre (avant la communion, le prêtre dit, au nom de l’assemblée : « Que cette communion à ton corps et à ton sang n’entraîne pour moi ni jugement ni condamnation, mais qu’elle soutienne mon esprit et mon corps et me donne la guérison »), mais aussi elle nous donne la vie éternelle.

Jésus ajoute : « ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson ». C’est tellement vrai que certains amis de Dieu n’ont pas besoin d’autre nourriture pour vivre que de simplement communier, comme Marthe Robin qui ne communiait qu’une fois par semaine. Elle disait : « Je ne me nourris que de cela. On m’humecte la bouche mais je ne puis avaler. L’hostie me procure une impression physique de nourriture. Jésus étant tout mon corps, c’est Lui qui me nourrit. C’est comme une Résurrection. ».

C’est bien la confirmation de la parole de Jésus : « celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. ».

Bien sûr, il n’est pas donné à tout le monde de s’approcher tellement de Jésus qu’il y ait une sorte de symbiose entre Jésus et eux. Sans doute parce que nous n’avons pas suffisamment d’humilité et de confiance pour ouvrir totalement la porte de notre cœur à Jésus de telle manière qu’il puisse dire : « je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Ap 3,20), ce qui semble équivalent à : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. ».

Mais cela nous invite à avoir une grande déférence envers la communion à l’hostie consacrée, à ne pas aller communier sans penser véritablement à ce que l’on fait, à sentir dans son cœur la présence de Jésus qui vient en nous.

Communier, c’est un acte de foi. C’est une manière d’affirmer : « Oui, je crois, Jésus, que tu es présent dans cette hostie, que tu viens en moi pour nourrir mon esprit et me fortifier dans ma vie de tous les jours. ».

Ce serait dommage que cette phrase de Marthe Robin puisse s’appliquer à l’un de nous : « J’ai envie de crier à ceux qui me demandent si je mange que je mange plus qu’eux, car je suis nourrie par l’Eucharistie du sang et de la chair de Jésus. J’ai envie de leur dire que c’est eux qui arrêtent en eux les effets de cette nourriture, ils en bloquent les effets. ».

Seigneur Jésus,

tu invites tous les hommes à partager ton repas.

 Mais parfois il nous arrive de décliner ton invitation

pour des raisons peu probantes.

Et parfois encore, quand nous y venons, 

nous n’avons pas revêtu le vêtement de noce.

Donne-nous de croire en ton amour.

 

Francis Cousin

 

Pour accéder à cette prière et à son illustration cliquer sur le titre suivant : Prière dim ord B 20° A6

 




20ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

          Grain de blé ou grain d’or ?

Jn 6, 51-58

Sans doute avez-vous déjà entendu cette parabole racontée par le poète indou Tagore : « J’étais allé, de porte en porte, en mendiant. Je n’avais rien, j’espérais tout et puis, sur le chemin du village, ton char apparut au loin, pareil à un rêve splendide et j’admirais quel était ce roi des rois. Mes espoirs s’exaltèrent et je pensais « s’en est fini des mauvais jours » et déjà, je me tenais prêt, dans l’attente d’aumônes spontanées et de richesses éparpillées dans la poussière.

Ton char s’arrêta là où je me tenais. Ton regard tomba sur moi et tu descendis avec un sourire. Je sentis que la chance de ma vie était enfin venue. Soudain, alors, tu me tendis la main et me dis : “ Qu’as-tu à me donner ”? Ah ! Quel jeu royal était-ce là ! Tendre la main au mendiant pour mendier ! J’étais confus et demeurai perplexe et puis, de mon sac, je tirai lentement un petit grain de blé et je te le donnai.

Tu partis, mais combien grande fut ma surprise lorsqu’à la fin du jour, vidant mon sac à terre, je trouvai un petit grain d’or parmi le tas de pauvres grains ! Je pleurai amèrement alors et je pensai : »Que n’ai-je eu le cœur de te donner mon tout » ».

            Cette histoire, frères et sœurs, c’est celle de notre messe. Nous sommes venus ce matin dans cette église parce que nous avons besoin de Dieu, et c’est vrai que nous en avons besoin :

. besoin de lui pour retrouver la paix du cœur,

. besoin de lui pour obtenir une grâce,

. besoin de lui pour retrouver entre nous notre unité,

. besoin de lui pour nous sortir un peu de nos soucis matériels,

. pour régler telle situation difficile,

. pour être réconforté,

. pour y voir plus clair,

. pour qu’il me nourrisse de sa parole et de son pain de vie.

Alors je dis, moi aussi : « Qu’as-tu à me donner ? » Nous venons vers lui comme des mendiants, il peut nous enrichir, il peut nous sortir de là, il peut nous offrir la paix, la joie, l’unité.

Je tourne vers le Seigneur un regard suppliant… et c’est le Seigneur, qui me dit, au moment de l’Offertoire :

« Toi, le mendiant, qu’as-tu à me donner ? Tu es venu pour recevoir : qu’as-tu à offrir ? C’est moi qui te tends la main ! Que vas-tu me donner ? »

« Mais enfin, Seigneur, les rôles sont inversés, ne confondons pas les rôles, ne brouillons pas les cartes ! »

Ce pain et ce vin de l’Offertoire, ce sont les hommes qui doivent l’apporter pour qu’ils deviennent ensuite, non plus le petit grain de blé des hommes mais le grain d’or de Dieu, encore faut-il que ce grain ait été extrait du sac de ma vie, offert ; encore faut-il que j’en ai fait le sacrifice pour qu’il devienne le petit grain d’or parmi le tas de pauvres grains.

Ainsi en est-il pour l’Eucharistie, ainsi en va-t-il de chacune de nos messes. Je ne peux recevoir transformé que ce que j’ai auparavant offert ; je ne peux m’enrichir que de ce que je me suis auparavant dépouillé. Il y a un retour de Dieu qui suppose un aller de l’homme.

« Que suis-je venu apporter ce matin à la messe ? » Si je n’ai rien à apporter, je n’emmènerai rien non plus ! Si j’offre peu, je rapporterai peu. Si je donne, Dieu donnera mais si je me donne : alors Dieu se donnera tout entier.

« Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement » « le pain que je lui donnerai, c’est ma chair pour que le monde ait la vie ».

Je deviens riche de ce que je donne, je m’appauvris de ce que je garde : « Tout ce qui n’est pas donné est perdu ». On peut dire que Dieu n’a rien, ne possède rien. Il est Dieu, il est trésor, il est riche de ce qu’il donne, de ce qu’il se donne en nourriture aux autres, en breuvage aux siens. Dieu est dépouillé ; à la Croix il n’a plus rien, on a tiré au sort ses vêtements, il n’a plus qu’un souffle de vie et ce dernier soupir, lui-même, il le remet à son Père : « Père, je remets mon âme entre tes mains ».

Il a tout donné, il s’est tout donné. Dieu pauvre, dépouillé de tout, devient le dispensateur de grâces :

 « De son côté ouvert, il en sortit du sang et de l’eau, l’eau du Baptême, sang du Christ versé pour nous! »

Ce qui est vrai pour Dieu, le sera à plus forte raison pour nous : si nous gardons tout, nous n’aurons rien ; si nous offrons tout, nous aurons le trésor tout entier. Plus tard, je serai riche de ce que j’ai donné, et je serai appauvri de ce que j’aurai gardé.

Il faut offrir les grains de blé pour qu’ils deviennent les grains d’or : ceux que je garderai ne resteront jamais que des grains de blé, ceux auxquels j’aurai renoncés seront pris par Dieu pour être transformés. Ainsi, chaque messe devrait-elle être un don total de toute ma vie à l’Offertoire, afin qu’à la communion, je reçoive, non plus le pain de ma vie, mais le pain de la vie de Dieu qui devient la mienne !

« Ce n’est plus moi qui vis, c’est Dieu qui vit en moi ».

A chaque fois que je donne, il se donne ; à chaque fois que je m’offre, il s’offre en retour. « Alors, je pleurai amèrement et je pensai : « Que n’ai-je eu le cœur de te donner mon tout » » Peut-être aurai-je la même réaction à la fin de ma vie, ne voyant qu’un seul grain d’or au milieu du tas de blé, je me dirais : « Si j’avais tout donné ! Si j’avais tout offert ! Si ma vie avait été offrande, don de moi-même, quel trésor serait ma vie aujourd’hui ! »

Le Seigneur nous dit autre part dans l’Evangile : « Là où est ton trésor, là aussi est ton cœur ! »

 Où est mon cœur ? A quoi aspire-t-il ? Où tend-il ? Que désire-t-il ? A quoi va-t-il battre ? Quel est ton trésor ? Seul ce que nous aurons offert sera sauvé. Qu’offrons-nous à la messe ? Qui sera sauvé ? Quel est la qualité du pain de notre offertoire ? De cette qualité-là dépend aussi la qualité de notre communion.

Le Seigneur ne peut transformer que ce que nous lui offrons !

Si nous lui offrons peu, il transformera peu. Si nous lui offrons toute notre vie, il la changera complètement de bout en bout. Qui d’entre nous est assez engagé dans la messe, assez représenté, assez offert, assez présent sur l’autel pour qu’il puisse espérer que la même transformation puisse s’accomplir en lui ? Le pain que Dieu nous donne, « il n’est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts. Celui qui mange ce pain, vivra éternellement ». Il vivra éternellement parce que sa vie était en Dieu et que Dieu était en lui.

Ainsi donc, « manger », le mot revient huit fois en ces quelques versets d’Evangile, manger sa chair et boire son sang, c’est recevoir sa vie qu’il reçoit lui-même du Père, c’est communier à son mystère de mort et de résurrection, c’est accepter de devenir à son tour, par lui, avec lui et en lui, « pain rompu pour un monde nouveau ».

Chacun retrouve à la messe ce qu’il a offert, ce qu’il a aimé, ce qu’il a assez aimé pour l’offrir, et, en le confiant à Dieu, l’éterniser. AMEN




20ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 6,51-58)

« Jésus Pain de Vie par sa chair offerte »

(Jn 6,51-58).

 

En ce temps-là, Jésus disait à la foule : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »

     

            Au tout début de son discours, Jésus avait parlé du « pain de Dieu » comme celui qui « descend du ciel et donne la vie au monde ». Puis il s’était lui-même présenté comme étant ce « pain de vie » par sa Parole. Il s’agissait donc avant tout d’accueillir cette Parole en « venant à » lui, en « croyant en lui » (Jn 6,35-47). Et puisque « celui que Dieu a envoyé prononce les Paroles de Dieu car il donne l’Esprit sans mesure » (Jn 3,34), en recevant cette Parole de tout cœur, c’est aussi « l’Esprit qui vivifie » que l’on reçoit, et donc, avec lui, le Don de la vie éternelle. « Tu as les paroles de la vie éternelle » lui dira plus tard St Pierre (Jn 6,68).

            Ici, nous assistons à un nouveau départ. Jésus redit qu’il est « le pain vivant descendu du ciel pour qu’on le mange et ne meure pas. » Et pour la première fois, un mot nouveau apparaît, celui de « chair » : « Et même, le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » Autrement dit, « le Verbe fait chair » va se donner tout entier, corps, âme et esprit, pour nous délivrer de la mort, « le salaire du péché, c’est la mort », et nous permettre de vivre de sa vie, « le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus » (Rm 6,23). Accueillir ce « pain-chair » par sa foi, c’est alors accueillir tous les fruits de son offrande sur la Croix pour le salut des pécheurs : l’Eau Vive de l’Esprit qui jaillit en surabondance de son Cœur ouvert (Jn 19,34 ; 7,37-39 ; 4,10-14). Dès lors, le verbe sans cesse répété est « manger », littéralement « croquer, mastiquer », un verbe volontairement très concret pour ce « pain-chair », mais qui renvoie toujours en fin de compte à l’acte de foi exprimé cette fois-ci avec tout son corps. Quand Jésus dit : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle », croire en lui, c’est se lever, aller recevoir ce « pain » et le « manger », une démarche qui dit à tous, sans un mot : « Je crois ! » Et c’est bien ce que nous disons en réponse à celui ou celle qui nous présente « le Corps du Christ » : « Amen », un mot qui, dans la langue de Jésus, signifie « C’est vrai ! »

            Et le fruit de cet accueil de Jésus « pain de vie par sa parole » et « pain de vie par sa chair offerte » sera un Mystère de Communion avec Lui, toujours en face à face dans la foi, mais, de cœur, dans l’unité d’un même Esprit, d’une même Lumière, d’une même vie : « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui. »         DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 20ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Et moi,

je le ressusciterai au dernier jour…. »

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Jn 6, 51-58)

Nous continuons à méditer le discours sur le pain de vie : après avoir affirmé qu’il est descendu du ciel, Jésus annonce que sa chair est la vraie nourriture et son sang la vraie boisson. Les gens qui l’entendent sont de plus en plus choqués.

Remarque importante

La méthode proposée pour le partage est un peu différente : il s’agit d’une contemplation de Jésus. C’est pourquoi nous sommes invités à fixer notre attention d’abord sur lui (ce qu’il fait, ce qu’il dit…) afin d’entrer dans ses pensées, son intention, selon le projet de l’évangéliste qui a écrit pour évangéliser catéchiser les lecteurs.

 

Regardons – réfléchissons – méditons

Regardons Jésus et  écoutons-le

Cet homme-là : Mettons-nous à la place des juifs qui voient Jésus. 

Sa chair à manger : Pouvaient-ils comprendre autre chose que le geste matériel de manger la chair ?

Amen, amen : Malgré le réalisme cru des mots, qui choque ses auditeurs,  Jésus engage toute son autorité dans ce qu’il dit. Et même, le mot hébreu que l’on traduit par «manger» veut dire «croquer».

C’est dire l’importance de la révélation faite par Jésus : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle,

et moi je le ressusciterai …ma chair, vraie nourriture ; mon sang, vraie boisson». Ces paroles doivent, sinon nous choquer, du moins nous étonner  et même  nous déranger ! Peut-être sommes-nous trop habitués à les entendre…

comme si c’était quelque chose de normal, voire de banal !

Demeurer en Jésus :  Jésus en parlera longuement dans l’image de « la vigne » (Jn15).

« Moi je vis par le Père, celui qui me mange vivra par moi ». Avec saint Paul, le chrétien qui se nourrit de Jésus, peut dire : « Ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi. »

A plusieurs reprises durant la célébration de la messe, nous sommes provoqués à un acte de foi : Cherchons-les ensemble.

Pour l’animateur 

Les auditeurs de Jésus ne pouvaient pas comprendre Jésus », il leur demandait simplement de lui faire confiance ; tout comme la Samaritaine qui ne comprenait pas lorsque Jésus lui parlait de l’eau qui serait une source jaillissante pour la vie éternelle.

Et nous ? Quelle est notre foi ?

A chaque eucharistie, après la consécration, le célébrant annonce « Il est grand le mystère de la foi » Et que répondons-nous ?

Avant la communion, notre foi est encore interpellée : « Voici l’agneau de Dieu ».  Au moment de la communion, chacun est encore invité à un acte de foi personnel, quand celui qui présente l’hostie dit : « Le Corps du Christ. » 

L’Eucharistie, corps et sang, communique aux croyants les deux dons que chacun désire, plus ou moins consciemment : l’assurance de vivre éternellement et d’être en permanence uni à Dieu.

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Seigneur Jésus, donne-nous de te faire totalement confiance. Certes, nous avons compris que ton Corps et ton Sang, c’est sous la forme du pain et du vin  consacrés, qu’ils sont pour nous nourriture et boisson. Mais c’est toujours un grand acte de foi en Toi et en ta Parole que tu nous demandes, pour croire sans hésiter que le Pain c’est toi, en ton corps ressuscité, et que le vin , c’est Toi en  ton sang versé et glorifié. Fais grandir en nous la foi.

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

« Celui qui  mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. »

Est-ce bien comme cela que nous comprenons notre démarche de communion ?

Quel poids donnons-nous à notre ‘Amen’ quand on nous présente l’hostie  à la communion ?

Quelle dignité donnons-nous à notre démarche quand nous allons communier : la façon de nous habiller, de nous déplacer, de tendre les mains, de manger le pain consacré (c’est en tout cela que nous exprimons notre foi en la présence de Christ) … ?

« Celui qui mange ma chair et boit mon sang, a la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour. »

Est-ce que ma foi en la résurrection des morts, en ma propre résurrection est bien ancrée en moi du fait que je communie au Corps du Christ ?

 

ENSEMBLE PRIONS   

Faire méditer (méditation en écho) dans le groupe le chapitre 15 : La Vigne. Insister sur le mot «demeurer», en soulignant que les paroles du Christ se réalisent au plus haut point quand nous mangeons le Pain qui est son Corps ressuscité. En lui, grâce à l’Esprit (sève de vie divine) nous sommes tous unis en une seule Vigne, l’Église. L’Eucharistie «fait» l’Église. L’Église est «communion» des fidèles dans le Christ.

Pain donné pour notre vie,
Corps et sang de Jésus Christ,
Pain de Dieu pour les pécheurs
Fais grandir l’amour dans nos cœurs.
Dans le désert tu as nourri l’affamé,
Voici la manne de ton peuple en chemin,
Le pain du ciel reçu des mains du Père.
Nous le croyons, tu es le pain de vie
Louange à toi, qui nous relèves !

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici :20ième Dimanche Temps Ordinaire B

 

 

 

 




19ième Dimanche du Temps Ordinaire – Claude WON FAH HIN

 

19e dimanche ordinaire – Année B – Jean 6 41–51

 

Après avoir montré la puissance de Yahvé face au dieu Baal au Mont Carmel, le prophète Élie est découragé parce que l’épouse du roi Achab, Jézabel, qui a introduit le culte des idoles en Israël, veut sa mise à mort. C’est pourquoi Élie s’enfuit dans le désert. Il souhaita mourir et dit :  C’en est assez maintenant, Yahvé! Prends ma vie… ». C’est ce qui passe aussi aujourd’hui, lorsque des personnes gravement malades, isolées et abandonnées par leur famille, ou d’autres personnes qui viennent de connaître une séparation, ou d’autres cas de personnes endettées, alcooliques, droguées etc.. se découragent. Pourtant, pendant que le prophète Élie s’endort, Dieu n’arrête de prendre soin de lui en envoyant un ange le nourrir en deux fois : « Lève-toi et mange ». Les expressions « se coucher et s’endormir » s’opposent à « lève-toi et mange » et font penser à la « mort et résurrection du Christ ». Dieu n’abandonne jamais les siens. Un chrétien n’a pas à se décourager, parce que Dieu prendra toujours soin de lui, à sa manière, pour nous ramener à Lui. Uni à Dieu, un chrétien, quelle que soit sa vie, même malade, même très âgée, même abandonnée des siens, est toujours en mission, à l’exemple de Marthe Robin qui, paralysée pendant plus de cinquante ans sur son lit, ne recevant qu’une hostie par jour, a sauvé, par la conversion, de nombreuses personnes qui venaient la visiter. Dans le découragement, cela ne sert à rien de se révolter contre Dieu. Au contraire, refugiez-vous en Lui avec l’aide de Marie.  Saint-Paul nous dit « Ne contristez pas l’Esprit Saint de Dieu, qui vous a marqués de son sceau pour le jour de la rédemption. 31 Aigreur, emportement, colère, clameurs, outrages, tout cela doit être extirpé de chez vous, avec la malice sous toutes ses formes. 32 Montrez-vous au contraire bons et compatissants les uns pour les autres, vous pardonnant mutuellement ». L’expression « les Juifs se mirent à murmurer » signifie que la foule manque de foi envers Jésus, tout simplement parce qu’elle connaît Jésus : « c’est le fils de Joseph dont nous connaissons le père et la mère ». Jusqu’à présent, Jésus apparaissait comme quelqu’un qui n’a rien d’exceptionnel. C’est quelqu’un du village comme n’importe qui. Les gens l’ont jugé sur son apparence extérieure, sans savoir qu’il était fils de Dieu. Il y a ainsi des gens anonymes qui sont des saints en devenir et que nous ignorons parce qu’ils ne font rien d’exceptionnel mais qui, également, ne contristent pas l’Esprit Saint de Dieu, extirpant de chez eux tout ce qui déplaît à Dieu : aigreur, emportement, colère, clameurs, et la malice sous toutes ses formes. Ce sont souvent des gens authentiquement  simples ou non pas ceux qui se croient simples, capables de se montrer bons et compatissants, capables de pardonner, acceptant même l’humiliation en silence comme le Christ dans sa Passion. Ils ont pour ainsi dire « aplani le chemin de Dieu » en leur propre cœur pour mieux se mettre au service des autres, aussi sont-ils centrés sur le Christ et uniquement sur Lui pour mieux se tourner vers les autres. Le Pape François (Gaudete et Exsultate – §112) nous dit : « la première des grandes caractéristiques de la sainteté, c’est d’être centré, solidement axé sur Dieu qui aime et qui soutient. Grâce à cette force intérieure, il est possible d’endurer, de supporter les contrariétés, les vicissitudes de la vie, et aussi les agressions de la part des autres, leurs infidélités et leurs défauts », montrant ainsi que la force de Dieu qui nous anime réside justement dans cette capacité à combattre nos propres défauts, car nos défauts sont nos véritables ennemis, causés par l’esprit du Mal.

Le peuple de Dieu libéré de l’esclavage d’Egypte avait aussi murmuré contre Moïse et Aaron. Mais cette fois-ci, il murmurait parce qu’il avait faim et soif et aurait préféré retourner en Egypte en tant qu’esclave pour pouvoir manger à leur faim. Et Dieu leur donne la manne en plein désert pour les soutenir dans leur traversée du désert. Dieu vient toujours au secours de son peuple affaibli.

Jn 6,32-33 : « 32 ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain qui vient du ciel; mais c’est mon Père qui vous donne le pain qui vient du ciel, le vrai; 33 car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde ». Le Pain de vie est un homme envoyé par le Père : Jésus. Il se présente à nous de deux manières : le Verbe de Dieu ou Parole de Dieu- et le Pain sous forme d’hostie. Et nous avons besoin des deux. Mt 4,4 : « Ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Sg 16,26 : « ce ne sont pas les diverses espèces de fruits qui nourrissent l’homme, mais c’est ta parole qui conserve ceux qui croient en toi ». La Parole est si importante qu’une personne qui ne peut pas communier à l’hostie peut le faire à la Parole de Dieu. Et cette communion à la Parole est parfois bien plus importante que celle à l’hostie : lorsque l’on communie à la Parole, il y a souvent un échange entre la Parole de Dieu et celui qui l’écoute attentivement, et cela devient une oraison, une prière face à face avec Dieu. Marthe Robin nous dit (« Marthe Robin – J.Jacques Antier – P.326-327 ) : «  Si on me demandait que vaut-il mieux faire, l’oraison (prière en tête à tête avec Dieu) ou la communion, je répondrai l’oraison. « Priez, priez sans cesse ! » Or, il est difficile de bien prier et de prier sans cesse si le cœur ne se remplit pas de bonnes pensées, fruits de la méditation. La communion ne suppose pas toujours la vertu. On peut communier et se rendre coupable. L’oraison de chaque jour ne veut pas dire qu’on soit vertueux ; elle est une preuve qu’on tend à le devenir. On trouve des chrétiens qui communient tous les jours et qui sont en état de péché mortel. Mais on ne trouve jamais une âme qui fasse oraison tous les jours et qui demeure dans le péché ». Il est en effet impossible à quiconque de faire une fausse prière à Dieu : ou bien il prie du fond du cœur, ou bien il ne prie pas, mais il ne peut pas faire semblant. Alors que pour la communion à l’hostie, Marthe Robin le dit : « il y a des chrétiens qui communient tous les jours alors qu’ils sont en état de péché mortel ». Il est nécessaire de communier au Christ des deux manières : Parole et Pain. Prenez un soin particulier pour la communion au Pain, à l’hostie. Ce n’est pas parce que vous mangez l’hostie que vous êtes forcément en communion avec le Christ, cela peut être aussi un moment de scandale devant Dieu même si vous voulez sauver les apparences devant les hommes. Centrons-nous sur le Christ, avec un véritable esprit de pureté ou un grand désir de pureté, au moment de communier à l’hostie. Voici ce que Jésus dit à deux grandes saintes : Marguerite Marie Alacoque et Sainte Gertrude.

Un jour que sainte Marguerite-Marie se préparait à la sainte communion, elle entendit une voix qui disait : « Regarde, ma vie, le mauvais traitement que je reçois dans cette âme qui vient de me recevoir. Elle a renouvelé toutes les douleurs de ma passion… Je veux que, lorsque je te ferai connaître le mauvais traitement que je reçois de cette âme, tu te prosternes à mes pieds après m’avoir reçu, pour faire amende honorable à mon Cœur, offrant à mon Père le sacrifice sanglant de la croix, à cet effet, et tout ton être pour rendre hommage au mien et réparer les indignités que je reçois dans ce cœur. » La sainte fut surprise d’entendre ces paroles sur une âme qui venait de se laver dans le sang précieux ; Notre-Seigneur lui dit : « Ce n’est pas qu’elle soit dans le péché, mais la volonté de pécher n’est pas sortie de son cœur, ce que j’ai le plus en horreur que l’acte du péché, car c’est appliquer mon sang par mépris sur un cœur corrompu, d’autant que la volonté du mal est la racine de toute corruption ».  A ces mots, la sainte souffrit de grandes peines, demandant miséricorde pour cette âme ; Notre-Seigneur lui dit : « J’ai oui ton gémissement, et j’ai incliné ma miséricorde sur cette âme. » (Éd. Gauthey, 1, p. 112.)

Jésus avait montré à Sainte Gertrude comment la gloire d’une âme s’accroît par la fréquente réception de l’Eucharistie. Oh ! mon Bien-Aimé, soupirait-elle, combien les prêtres nous dépasseront dans la gloire, car ils ont la joie de communier tous les jours » lui dit alors Gertrude. Jésus consola cette plainte amoureuse en expliquant à Sainte Gertrude que le désir de Le recevoir compense largement les nombreuses communions d’habitude, tièdes et peu ferventes : « une ferveur plus grande peut compenser la participation moins fréquente au divin banquet. Pourvu qu’on approche, convenablement disposé à la table sainte (c’est-à-dire « bien disposé à recevoir le Christ parce qu’on le désire ardemment), on aura un accroissement de la grâce propre à ce sacrement, dont les effets et les fruits diffèrent selon la pureté de la préparation…Nulle de ces joies ne sera le partage de ceux qui célèbrent le Saint Sacrifice avec froideur et routine ».

Il faut donc un grand désir de recevoir Dieu au moment de la communion, et donc de se préparer sérieusement à la messe afin d’avoir ce « désir du Christ », et ne pas s’approcher du Seigneur sans une ferveur profonde et vraie en sa vie intérieure. Approchons-nous du Seigneur en toute humilité, sans aucune honte, avec le cœur d’un enfant, heureux d’avancer vers le Père (toute la messe s’adresse au Père) par un grand désir du Christ. Il en sera de même pour les personnes qui ne peuvent pas communier au Corps du Christ mais veulent une bénédiction du Père : qu’ils désirent au plus profond d’elles-mêmes s’unir ardemment au Christ.  Mais il nous sera difficile de venir à la communion à La Parole de Dieu ou au Corps du Christ le samedi ou le dimanche si on ne s’est pas préparé pendant toute la semaine : avec Marie, prions Dieu, chaque jour de la semaine, de nous donner ce désir ardent d’être en communion avec le Christ tous les jours de la vie et particulièrement à chaque messe au moment de la communion à la Table de la Parole et à la Table de l’Eucharistie.