1

« Serviteurs du Christ » (Homélie du Pape François pour le Jubilé des Diacres, 29/05)

« Serviteur du Christ » (Gal 1, 10). Nous avons entendu cette expression, par laquelle l’apôtre Paul se définit, en écrivant aux Galates. Au début de la lettre il s’était présenté comme « apôtre », par volonté du Seigneur Jésus (cf. Gal 1, 1). Les deux termes, apôtre et serviteur, vont ensemble, ils ne peuvent jamais être séparés ; ce sont comme deux faces d’une même médaille : celui qui annonce Jésus est appelé à servir et celui qui sert annonce Jésus.

Le Seigneur nous l’a montré le premier : Lui, la Parole du Père, Lui, qui nous a apporté la bonne nouvelle (Is 61, 1), Lui, qui esten lui-même la bonne nouvelle (cf. Lc 4, 18), il s’est fait notre serviteur (Ph 2, 7), « il n’est pas venu pour être servi mais pour servir » (Mc 10, 45). «  Il s’est fait le diacre de tous », a écrit un Père de l’Église (Saint Polycarpe, Ad Phil. V, 2). Comme il a fait Lui, ainsi nous sommes appelés à être ses annonciateurs. Le disciple de Jésus ne peut aller sur un chemin différent de celui du Maître, mais s’il veut annoncer il doit l’imiter, comme a fait Paul : aspirer à devenir serviteur. En d’autres termes, si évangéliserest la mission confiée à chaque chrétien dans le baptême, servir est le style avec lequel vivre la mission, l’unique manière d’être disciple de Jésus. Est son témoin celui qui fait comme Lui : celui qui sert les frères et les sœurs, sans se lasser du Christ humble, sans se lasser de la vie chrétienne qui est vie de service.

Par où commencer pour devenir « serviteurs bons et fidèles » (cf. Mt 25, 21) ? Comme premier pas, nous sommes invités à vivre la disponibilité. Le serviteur apprend chaque jour à se détacher du fait de disposer de tout pour soi et de disposer de soi comme il veut. Il s’entraîne chaque matin à donner sa vie, à penser que chaque jour ne sera pas le sien, mais sera à vivre comme une remise de soi. Celui qui sert, en effet, n’est pas un gardien jaloux de son propre temps, au contraire il renonce à être le patron de sa propre journée. Il sait que le temps qu’il vit ne lui appartient pas, mais que c’est un don qu’il reçoit de Dieu pour l’offrir à son tour : seulement ainsi il portera vraiment du fruit. Celui qui sert n’est pas esclave de l’agenda qu’il établit, mais docile de cœur, il est disponible à ce qui est non programmé : prêt pour le frère et ouvert à l’imprévu, qui ne manque jamais et est souvent la surprise quotidienne de Dieu. Le serviteur est ouvert à la surprise, aux surprises quotidiennes de Dieu. Le serviteur sait ouvrir les portes de son temps et de ses espaces à celui qui est proche et aussi à celui qui frappe en dehors des horaires, au risque d’interrompre quelque chose qui lui plaît ou le repos qu’il mérite. Le serviteur néglige les horaires. Cela me fait mal au cœur quand je vois un horaire, dans les paroisses : « De telle heure à telle heure ». Et ensuite ? Il n’y a pas de porte ouverte, il n’y a pas de prêtre, il n’y a pas de diacre, il n’y a pas de laïc qui reçoit les gens… Cela fait mal. Négliger les horaires : avoir ce courage, de négliger les horaires. Ainsi, chers diacres, en vivant dans la disponibilité, votre service sera privé de tout profit et évangéliquement fécond.

L’Évangile d’aujourd’hui nous parle aussi de service, nous montrant deux serviteurs dont nous pouvons tirer de précieux enseignements : le serviteur du centurion, qui est guéri par Jésus, et le centurion lui-même, au service de l’empereur. Les paroles que celui-ci envoie rapporter à Jésus, afin qu’il ne vienne pas jusque chez lui sont surprenantes et sont souvent le contraire de nos prières : « Seigneur, ne prends-pas cette peine, car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit » (Lc 7,6) ; « je ne me suis pas autorisé moi-même à venir te trouver » (v. 7) ; « moi, je suis quelqu’un de subordonné à une autorité » (v. 8). Devant ces paroles, Jésus reste admiratif. La grande humilité du centurion, sa douceur, le frappent. Et la douceur est une des vertus des diacres. Quand le diacre est doux, il est serviteur et il ne joue pas à « singer » les prêtres, non, il est doux. Devant le problème qui l’affligeait, il aurait pu s’agiter et prétendre à être exaucé, faisant valoir son autorité ; il aurait pu convaincre avec insistance, même contraindre Jésus à se rendre dans sa maison. Au contraire il se fait petit, discret, doux, il n’élève pas la voix, et ne veut pas déranger. Il se comporte, peut-être sans le savoir, selon le style de Dieu, qui est « doux et humble de cœur » (Mt 11, 29). Dieu en effet, qui est amour, va par amour jusqu’à nous servir : avec nous il est patient, bienveillant, toujours prêt et bien disposé, il souffre pour nos erreurs et cherche le chemin pour nous aider et nous rendre meilleurs. Là sont aussi les traits doux et humbles du service chrétien, qui est d’imiter Dieu en servant les autres : les accueillant avec un amour patient, les comprenant sans nous lasser, faisant en sorte qu’ils se sentent accueillis, à la maison, dans la communauté ecclésiale, où ce n’est pas celui qui commande qui est grand mais celui qui sert (cf. Lc22, 26). Et jamais réprimander, jamais. Ainsi, chers diacres, dans la douceur, murira votre vocation de ministres de la charité.

Après l’apôtre Paul et le centurion, dans les lectures d’aujourd’hui, il y a un troisième serviteur, celui qui est guéri par Jésus. Dans le récit on dit qu’il était très cher à son patron et qu’il était malade, mais on ne sait pas quelle était sa grave maladie (v. 2). D’une certaine façon, nous pouvons nous aussi nous reconnaître dans ce serviteur. Chacun de nous est très cher à Dieu, aimé et choisi par lui et il est appelé à servir, mais il a surtout besoin d’être guéri intérieurement. Pour être aptes au service, il nous faut la santé du cœur : un cœur guéri par Dieu, qui se sente pardonné et qui ne soit ni fermé ni dur. Cela nous fera du bien de prier avec confiance chaque jour pour cela, demander d’être guéris par Jésus, de lui ressembler lui qui « ne nous appelle plus serviteurs mais amis » (cf. Jn 15, 15). Chers diacres, vous pouvez demander chaque jour cette grâce dans la prière, dans une prière où présenter vos peines, vos imprévus, vos fatigues et vos espérances : une prière vraie, qui porte la vie au Seigneur et le Seigneur dans la vie. Et quand vous servez à la table eucharistique, vous y trouverez la présence de Jésus, qui se donne à vous afin que vous vous donniez aux autres.

Ainsi, disponibles dans la vie, doux de cœur et en dialogue constant avec Jésus, vous n’aurez pas peur d’être serviteurs du Christ, de rencontrer et de caresser la chair du Seigneur dans les pauvres d’aujourd’hui.




PÂQUES : UNE FORCE QUI RESSUSCITE ! (Mgr Gilbert AUBRY)

Résurrection - Lourdes Basilique du RosaireLe message de Pâques, nous le proclamons d’année en année : « Il est ressuscité. Il est vraiment ressuscité ». Le Christ, ressuscité, vivant, ne meurt plus. Nous sommes appelés à vivre en ressuscités, par Lui, avec Lui et en Lui. Pour faire réussir la vie. Le message est toujours ancien, c’est le même depuis quelque 2000 ans. Et pourtant il est toujours neuf. Sa vie et son enseignement m’intéressent aujourd’hui dans un contexte de vie différent de celui de son temps. Jésus, le Jésus de l’Histoire et le Jésus de la foi est le même. Le Christ Jésus est le même, hier, aujourd’hui et demain.

 

La Résurrection : Basilique du Rosaire (Lourdes)

Cet homme Jésus, venant de Dieu et retournant ensuite à Dieu, est incontournable. Toute l’Humanité a rendez-vous avec lui. Chacun de nous est interpellé dans sa foi, dans sa pensée, dans ses actions. Toute l’Humanité aura son grand rendez-vous avec Jésus-Christ à la fin des temps. « Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts ». Le jugement sera le face à face avec le Ressuscité. Déjà au moment de notre mort où tout se dévoilera pour chacun de nous et à la fin des temps, pour tous. La vie ne s’arrête pas avec la mort. Elle s’ouvre à l’infini. C’est la Lumière sans origine et sans fin qui appelle ma part de lumière à retrouver sa Source initiale. Je reste moi-même avec mon corps qui sera pleinement dans la résurrection du Christ. Cette perspective, loin d’être macabre, nous arrache à la mort, devient source d’espérance, exige de nous de faire réussir la vie pour la part qui nous revient.

Christ Ressuscité

Sur quoi repose la foi des chrétiens ? Sur les aspirations à la Sagesse qui ont traversé tous les filons religieux au carrefour du Moyen-Orient, sur la « Parole de Dieu » dans la bible, sur Jésus mort et ressuscité, sur le témoignage de ceux qui l’ont connu de son vivant sur la terre, sur le don de l’Esprit à la Pentecôte, sur la vie de l’Eglise elle-même. La vie nous précède toujours. Elle véhicule tout un programme codé de cohérences, une grammaire à déchiffrer de l’infiniment petit à l’infiniment grand jusqu’à ses multiples univers du cosmos. Le Logos et l’intelligence humaine sont en dialogue dans une création qui suppose un Créateur. Personne n’a jamais vu le moment même de la résurrection. Les premiers témoins constituent un socle fondamental sur lequel se développera une « Eglise d’Eglises » où l’unité en construction ne sera pas l’uniformité, où la créativité ne sera pas source de divisions.

Jésus christ

Avec la fête de Pâques aujourd’hui, notre relation au Christ Ressuscité exige de nous chrétiens de nous situer en veilleurs d’espérance et en artisans de paix. L’espérance et la paix sont malmenées aujourd’hui dans le monde, dans la société, dans l’Eglise, dans nos familles. C’est dans l’air du temps. C’est l’ère du soupçon, de la haine, de la violence. Chômage et alcool. Nous ne pouvons pas nous en accommoder. Meurtres en série, femmes battues, attentats de novembre 2015, terrorisme sur le monde, Bruxelles et l’Europe. Tout tremble sur la planète. Les systèmes monétaires peuvent se détraquer. Les économies sont interdépendantes et fragiles. Les plus gros mangent les plus petits. A La Réunion, nous ne pourrons pas vivre indéfiniment des transferts. La tendance réunionnaise rejoint la tendance mondiale. « Nous nous sommes lancés dans un consumérisme qui érode nos conditions biophysiques d’existence, sans nous rendre pour autant heureux » (Dominique Bourg).

 

Dans la tourmente actuelle, nous pouvons nous décourager tellement le sentiment d’impuissance est grand. Le désespoir est là. La tentation de nous dire : à quoi bon ? J’arrête. Je baisse les bras. Je doute. J’attends. Nous ne pouvons pas attendre. La vie n’attend pas. Nos enfants et nos jeunes, les exclus, ont soif de vivre. Nous ne pouvons pas les décevoir alors que peut-être nous-mêmes, nous sommes dans la détresse. Le regard des autres nous oblige à relever des défis où la créativité pour le bien commun doit s’inscrire dans la faisabilité. Mais où se trouve la limite du possible et sur quels critères ? La vie n’attend pas. Se nourrir, se vêtir, se loger, gagner sa vie, pouvoir fonder un foyer, se former, aller voir ailleurs, revenir si l’on souhaite. Tous nos jeunes portent ce rêve en eux. La gouvernance de notre société par les politiques doit impérativement se baser sur le principe de subsidiarité : faire ici ce que nous pouvons faire ici, avec les hommes et les femmes qui vivent ici en communauté de destin, avec des formations qui s’ouvrent sur l’Indianocéanie, l’océan Indien et sur le monde. Sortir du consumérisme, protéger et embellir la nature, maîtriser les technologies, les langues… Est-ce que nous sommes prêts à réviser nos mentalités, nos comportements et à vivre sobrement ?

Ilet à Malheur 1

Ile de la Réunion : Cirque de Mafate, Ilet à Malheur

Il y a tellement de peurs. Les différentes spiritualités, les différents filons religieux doivent porter leur contribution pour améliorer notre « vivre ensemble », notre « vivre avec ». Il y a tellement de blessures dans l’île qu’il nous faut un souffle de compassion à tous les niveaux, plus spécialement dans les communications, dans les informations qui circulent de plus en plus vite sur les réseaux, avec le risque de la désinformation. En ce qui concerne l’Eglise pape-franc3a7oiscatholique, le pape François a écrit « Peut-être avons-nous parfois oublié de montrer et de vivre le chemin de la miséricorde. D’une part, la tentation d’exiger toujours et seulement la justice a fait oublier qu’elle n’est qu’un premier pas nécessaire et indispensable. Mais l’Eglise doit aller au-delà pour atteindre un but plus haut et plus significatif (…) Il est temps de revenir à l’essentiel pour se charger des faiblesses et des difficultés de nos frères. Le pardon est une force qui ressuscite en vie nouvelle et donne le courage de regarder l’avenir avec espérance. » (pape François, Le visage de la Miséricorde, § 10)

Que le Christ ressuscité qui a vaincu le péché, le Mal et la mort nous soit tous en aide. Qu’Il nous ressuscite avec Lui. Qu’Il nous remette debout. Que le souffle de son esprit devienne notre respiration quotidienne. Que l’amour de Dieu soit notre manteau. A vous tous, saintes et lumineuses fêtes de Pâques.

Mgr Gilbert AubryPâques 2016

Monseigneur Gilbert AUBRY




Messe Christmale 2016 : homélie de Mgr Gilbert Aubry

« LEVEZ-VOUS, ALLONS ! » (St Jean Paul II)

prodigueCette année, d’une manière particulière, nous sommes invités à accueillir et à vivre la miséricorde qui nous vient du Père, par Jésus le Christ, dans le souffle de l’Esprit. Père, Fils, Esprit. L’Humanité a toujours été à la recherche de Dieu. Dans sa longue histoire, c’est seulement depuis 2000 ans que les disciples de Jésus-Christ se situent sous le signe de la croix glorieuse. Nous faisons le signe de la croix sur nos corps pour dire que nous demandons à Dieu de nous prendre pour Lui, de nous protéger en nous maintenant en sa sainte volonté. Le baptême nous fait devenir enfants de Dieu et de l’Eglise. Nous devenons membres du Christ, prêtres, prophètes et rois.

Pape FrancoisLorsque nous chantons parfois « Peuple de prêtres, peuple de rois », il s’agit de toute l’Eglise, de tous les baptisés ensemble, en route vers la sainteté, vers la plénitude du Royaume. Isaïe avait déjà prophétisé « Vous serez appelés « Prêtres du Seigneur » ; ou on vous dira « Serviteurs de notre Dieu » (cf. Isaïe 61). L’Apocalypse de Jean écrit que Jésus-Christ « fait de nous un royaume de prêtres pour son Dieu et Père ». L’Evangile de Luc nous montre Jésus proclamant qu’aujourd’hui s’accomplit le passage de l’Ecriture « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce-que le Seigneur m’a consacré par l’onction, Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération ». C’est toute l’Eglise qui est sacerdotale, c’est toute l’Eglise qui est un « peuple sacerdotal ». Si dans l’Eglise, il y a des baptisés-confirmés qui sont appelés et ordonnés prêtres comme signes du Bon Pasteur pour être et agir « in persona Christi capitis » : « dans la personne du Christ, en tant que personne du Christ, Christ tête ». Rassembler, proclamer la Bonne Nouvelle, sanctifier. Vivre et proclamer la Bonne Nouvelle, pardonner les péchés, célébrer l’Eucharistie. Ce mystère est grand. Nous prêtres, nous l’expérimentons dans notre générosité et aussi dans nos faiblesses.

Nous expérimentons ce grand mystère dans notre générosité. La gratuité d’un moment de plénitude spirituelle peut nous être donnée dans la célébration d’un sacrement, dans les tâches multiples du service sacerdotal et pastoral, lorsque souvent nous supportons le poids du jour et de la chaleur. Je t’aime Seigneur tel que je suis en me laissant façonner par toi pour devenir ce que tu veux. Le poids du jour et de la chaleur, vous l’avez porté plus particulièrement la semaine dernière dans ces longues liturgies pénitentielles où la fatigue elle-même devenait sanctifiante. « Qui peut pardonner les péchés sinon Dieu seul ? » (Mc 2, 7). Va et ne pèche plusJésus pardonne « Va, ne pèche plus ». Nous ne sommes pas Dieu et nous pardonnons parce que nous recevons la mission de « lier et de délier » par le Christ lui-même. Nous ne sommes pas le Christ et pourtant, c’est Lui qui agit à travers nous et se rend présent avec son corps, son sang, son âme et sa divinité quand Il dit en nous « Ceci est mon corps… ceci est mon sang ». C’est lui qui agit et nous agissons en Lui parce que sa Parole est vraie sur chacun de nous. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et institués afin que vous partiez, que vous donniez du fruit et que votre fruit demeure » (Jn15, 16). Le Christ souverain Prêtre nous aime comme le Père l’a aimé. Il donne sa vie pour ses brebis. En ne faisant qu’un avec le Christ, nous avons à vivre le commandement qu’Il nous laisse, plus particulièrement à nous ses prêtres bien-aimés. « Demeurez dans mon amour » (Jn 15, 9). Cette messe chrismale et la célébration du Jeudi Saint nous remue d’une manière spéciale.

Le regard des brebis

Saint JeanLa grandeur du sacerdoce ministériel, nous l’expérimentons aussi dans nos faiblesses. Quand la communauté ecclésiale, le groupe, la paroisse, l’Eglise ne correspondent pas à l’idée que nous nous en faisions ou à celle que l’on voudrait avoir ou à celle qu’elle doit être, alors nous prêtres, nous pouvons connaître la tentation du doute. Nous pouvons nous sentir moches. Le désespoir peut arriver. Tentation de nous dire à nous-mêmes, je me retire. J’arrête. Mais déjà le regard des brebis qui nous ont été confiées par le Christ se pose sur nous et nous supplie : « Nous avons besoin de toi pour avancer, avance avec nous, nous avancerons avec toi ». Dans ce regard, nous rencontrons le regard du Christ qui s’était posé sur l’enfant, l’adolescent, le jeune homme, l’homme que nous étions, l’adulte que nous sommes devenus.

Ce regard était une Parole. Elle nous arrivait à travers la Tradition de l’Eglise, à travers la vie de l’Eglise dans notre vie. Dans le souffle de l’Esprit, c’est le Christ lui-même qui nous a dit « Viens, suis-moi, j’ai besoin de toi ! Je ferai de toi un pêcheur d’hommes ». Nous l’avons suivi dans la disponibilité et la joie. Et nous avons fait -ou nous ferons aussi- l’expérience de l’homme perdu, au creux même de notre ministère. Aujourd’hui, le regard du Christ se pose encore sur moi, sur toi, sur chacun de nous, prêtre. Christ-Bon-Pasteur-mosaïque-de-San-Lorenzo-détailJésus me soulève, moi brebis peut-être perdue. Il me prend sur ses épaules. Il me porte. Et nous voilà tête contre tête. Nos regards regardent ensemble dans la même direction, dans la même mission. Porter la Bonne Nouvelle, ensemble. En Lui, le Christ Jésus a besoin de mon regard en son regard pour descendre à la profondeur de la détresse humaine rencontrée en moi et dans les autres. En moi, j’ai besoin du regard du Christ Jésus en mon regard pour regarder la vie sauvée et transfigurée en Dieu. Chacun de nous peut se souvenir alors de la Parole que le Seigneur Jésus avait dite à Pierre « Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois » (Lc 22,61). « Heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde » (Mt 5,7). Devenons en tant que prêtres « Miséricordieux comme le Père » dans nos regards, dans nos paroles, dans nos attitudes, dans nos relations. Comme l’apôtre Pierre, nous pouvons dire au Christ « Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime » (Jn 21,15).

Saint Léon le Grand a écrit : « (…) cette adoption de notre nature par la divinité, grâce à laquelle le Verbe s’est fait chair et a demeuré parmi nous, a-t-elle exclu aucun homme de sa miséricorde, sauf s’il refuse la foi ? L’homme n’a-t-il pas une nature commune avec le Christ, s’il a accueilli Celui qui a pris cette nature et s’il n’a été régénéré par l’Esprit qui a engendré le Christ ? Celui qui a pris la nourriture, a connu le repos du sommeil, le trouble de la tristesse, les larmes de l’amitié ; cela ne prouve-t-il pas qu’il avait pris la condition d’esclave ? » (Bréviaire T. II, p. 239). La condition du serviteur des serviteurs de tous. Nos frères diacres par leur ordination et leur ministère nous rappellent à tous que cette dimension du service est fondamentale : nouer le tablier et nous laver les pieds les uns aux autres. Surtout quand c’est sale. Surtout quand ça sent mauvais.

Icône Christ TaizéAujourd’hui, chers frères prêtres, laissons-nous aimer par le Seigneur qui nous a choisis et qui nous choisit encore, pour « servir en sa présence ». Il sait bien de quelle pâte nous sommes pétris. Etant aimés par le Seigneur, nous pouvons à notre tour aimer comme Il nous aime, jusqu’au bout de l’amour. Dans un instant, nous allons renouveler nos promesses sacerdotales. En réalité, c’est Dieu qui s’est promis à nous en Jésus-Christ, par Lui et avec Lui le souverain prêtre éternel. Renouveler nos engagements, c’est d’abord reconnaître que Dieu lui-même a mis en nous prêtres le désir de répondre à son appel, l’intelligence, la compréhension de ce qu’Il attend de nous et la volonté de suivre le Christ, même « si parfois la croix nous semble dure et si nos mains craignent les clous ». Alors, n’hésitons pas à nous laisser renouveler par le Christ en renouvelant nos engagements. Que cela nous stimule à vivre cette fraternité sacerdotale qui sera pour les autres un témoignage et pour nous-mêmes un soutien tant pour notre vie personnelle que pour nos diverses missions pastorales. Comme disait le pape Jean-Paul II « Levez-vous, allons ! »

Île de la Réunion -Cilaos - Hélico

Ile de la Réunion : la ville de Cilaos, au pied du Piton des Neiges

Chers frères, chères sœurs, chers laïcs, chers amis, à La Réunion, nous avons la réputation de donner publiquement une place à la religion, au fait religieux. Nous sommes des êtres religieux. C’est bien. Mais est-ce que nous sommes vraiment chrétiens ? Nous n’avons pas fini d’apprendre à être vraiment disciples du Christ dans tous les domaines de notre vie. Il nous faut davantage mettre en cohérence notre vie et notre foi, dans la miséricorde et la patience de Dieu. Qu’il nous donne cet élan à faire Eglise dans l’Eglise même d’abord. Et le monde dira « Voyez comme ils s’aiment ». Sans le savoir, nous leur ouvrirons peut-être le chemin de la foi.

Chaque famille est telle qu’elle est, mais nous ne lâchons jamais cet idéal et ce soutien où Dieu Lui-même vient faire alliance avec un homme et une femme dans le mariage. Le sacrement de mariage c’est pour que la vie continue d’une génération à l’autre, pour que l’Eglise continue d’une génération à l’autre. Apprenons à nous écouter, à nous pardonner, à nous entraider pour que la violence disparaisse et que s’instaure un climat de paix.

le de la Réunion - Confirmation dans la chapelle du Cirque de Mafate

Ile de la Réunion – Confirmation dans la chapelle du Cirque de Mafate

Vous les jeunes, gardez en vous votre capacité d’émerveillement, de créativité. Vous avez des talents qu’il vous appartient de développer pour aimer, pour gagner votre vie, pour aider les autres à gagner leur vie, pour harmoniser notre société. Cherchez votre vocation. Cherchez et vous trouverez.

Confirmation Cirque de Mafate - Mgr Gilbert Aubry

Confirmation dans le Cirque de Mafate – Mgr Gilbert Aubry

« Consacrés par l’onction » que le Seigneur nous donne la grâce d’être réconciliés avec la grâce de notre baptême, de notre confirmation, de nos diverses consécrations, de notre ordination diaconale, de notre ordination presbytérale, de notre ordination épiscopale. En cette année de la miséricorde, ayant reçu la Bonne Nouvelle de la miséricorde, portons cette Bonne Nouvelle à tous les humbles, à tous les pauvres.

 

                                                                                       Monseigneur Gilbert Aubry

                                                    Messe Christmale, Eglise de St Louis, le mercredi 23 Mars 2016




« OÙ EST VOTRE DIEU ? » (Mgr Gilbert Aubry)

Ouverture de la Porte de la Miséricorde, le 13 décembre 2015, Cathédrale de Saint-Denis

 

Souvent, quand nous voulons avancer dans la vie, nous sommes comme devant un mur. Impossible. La société, l’Humanité s’enferment à l’intérieur de leurs murailles d’égoïsme, d’orgueil, de suffisance, de conflits, de haines, de guerres. Dans beaucoup de domaines, l’Humanité n’en fait qu’à sa tête et, même, renie Dieu. Pourtant, avec l’incarnation de son Verbe en Marie, Dieu s’est situé délibérément du côté de l’Homme, du côté des hommes. Le Verbe par qui Dieu Notre Père a tout créé, le Verbe par qui tout existe maintenant, le Verbe de vie s’est fait chair. Saint Jean a contemplé ce mystère en contemplant Jésus. Jean a entendu Jésus ; il l’a vu de ses yeux, il l’a touché. Jean proclame la vie éternelle, il veut nous faire cheminer à la suite de Celui qui est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6).

Croix Alain Dumas

Jésus-Verbe-de-Vie nous conduit à Dieu Notre Père et à nos frères en même temps. Dieu, en Jésus-Christ, se situe du côté des hommes. Il prend parti pour leur bonheur. Ceux-ci vont le tuer et enfermer son corps dans un tombeau. Mais les murailles de la mort et de l’inhumanité ont explosé avec l’humanité glorifiée de Jésus au cœur du Père, au souffle de l’Esprit qui renouvelle la face de la terre et veut renouveler le cœur des hommes. L’échange réciproque d’amour entre le Père et le Fils rayonne un seul et même Esprit. La relation d’amour est donc rétablie par le Verbe-fait-chair, Jésus-Christ, entre Dieu et l’homme, entre l’homme et Dieu, entre tous les hommes, entre tous les hommes et la Création, entre le monde visible et invisible.

Le cœur de Jésus, son saint cœur transpercé par la lance, son sacré-cœur, devient la référence de toute relation à réussir entre les hommes, entre les hommes et Dieu, entre les hommes et la création. Avoir le regard du cœur, sentir avec le cœur, agir avec le cœur. Jésus a le visage lacéré par les coups, il a le cœur déchiré jusqu’au bout de l’amour. Il manifeste ainsi la miséricorde infinie du Père pour ses enfants qui ont besoin de retrouver le chemin du bonheur. Jésus donne l’exemple du jusqu’au bout de l’Amour parce qu’il est fidèle à la mission de révéler le Père et qu’Il donne l’Esprit qui renouvelle les relations humaines, à tous les niveaux. Après la rencontre avec la personne de Jésus crucifié et ressuscité et Verbe de Vie depuis toujours et à toujours, rien ne peut plus être comme avant : « Par Lui, avec Lui et en Lui, à Toi, Dieu le Père tout Puissant, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles » (Canon de la messe).

Sacré Coeur Vézelay 2

La Puissance et la Gloire, cela ne se voit pas. On pourrait même se moquer de nous et nous combattre : « Où est votre Dieu ? » La Puissance et la Gloire sont encore cachées et attendent le moment d’être manifestées à nos yeux et à toute l’humanité. Mais, dans la foi, nous pouvons proclamer que la Puissance, l’Honneur et le Gloire sont réellement dans la patience de Dieu qui se soumet au temps, qui prend le temps de nous laisser le temps de la conversion. Il n’est pas en retard. Il n’est pas dépassé. Il nous dit que c’est le moment favorable pour que Lui prenne toute la place en chacun de nous. Que ce soit Lui qui vive en chacun de nous, en nous tous et entre nous tous ! Avec le cœur de Jésus uni substantiellement au Verbe de Vie et à nos cœurs, toutes nos relations humaines peuvent s’humaniser de miséricorde à l’Infini. Dieu ne fait plus peur. Il aime. N’ayons pas peur. Dieu se coule dans notre faiblesse, nos faiblesses, pour ne pas forcer notre liberté. Le Tout Puissant manifeste sa plus grande force quand il se rend faible en moi pour me fortifier en Lui. Il me fait confiance pour que je trouve une juste confiance en moi, dans les autres, dans la communion des saints. Nos relations quotidiennes sont appelées à être des relations de miséricorde.

Logo année de la Miséricorde

Le Verbe-fait-chair, Jésus crucifié-ressuscité est vraiment « le visage de la miséricorde » qui prend sur Lui toutes nos croix et les transfigure dans sa croix glorieuse. Jésus-en-nous peut être la réponse parfaite à l’amour du Père pour nous et aux besoins de nos frères autour de nous. Accueillir, écouter, comprendre, être compris, changer nos mentalités, ne pas juger les personnes tout en constatant des faits et en pouvant les partager, encore écouter, apprendre à dire, essayer de faire bouger les choses ensemble, s’encourager, demander pardon, accepter le pardon, recommencer à être ensemble, vivre ensemble, mieux vivre ensemble. Avec Jésus miséricordieux, c’est possible. « Heureux les Miséricordieux, ils obtiendront miséricorde ! » (Mt 5,7) Les œuvres de miséricorde deviennent possibles.

Jésus est le Seul Prêtre, le seul grand Prêtre capable de compatir à nos faiblesses et à celles de l’Humanité (cf. Heb 4, 14-16). Il nous faut donc nous approprier sa victoire sur le péché, sur le Mal et sur la Mort. Par sa résurrection et le don de l’Esprit, Jésus le Verbe de vie fait chair fait exploser les murailles d’enfermement, il fait une brèche dans un mur de désespoir. Il se tient debout au milieu de la brèche, les bras en croix dans la lumière, pour empêcher que les pans de murs ne s’écroulent sur ceux qui veulent être sauvés. En quelque sorte, il nous dit : « Passez ! Je suis la porte, il n’y a plus de voleurs, de brigands, de mercenaires, je suis là avec vous jusqu’à la fin des temps… »

Logo année de la Miséricorde - détailEt il est impossible pour nous de nous mettre à la suite de Jésus, de le suivre si nous ne portons pas notre croix chaque jour avec Lui, ne pas avoir honte de Lui. Comme Marie, il nous faut être debout au pied de sa croix. Notre monde déchiré aspire à un salut inavoué mais peut être secrètement attendu : notre monde travaillé par la miséricorde de Dieu est en gestation des cieux nouveaux et de la terre nouvelle. Nous sommes dans les douleurs de l’enfantement par la croix qui lui transperce le cœur et qui en même temps nous délivre à la vie. La mère de la miséricorde est une perle unique et resplendissante de la miséricorde se déversant sur les Temps nouveaux. Marie est la Nouvelle Eve d’une nouvelle genèse. Elle est disciple du jusqu’au bout de l’Amour dans une souffrance d’amour.

Marie - Musée de SensDéchirement d’un cœur de mère ! Elle a entendu son Fils intercéder pour tous les pécheurs, tous les larrons, tous les malfrats. « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font… Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis. » Comment LA MERE oublierait-elle cette promesse de salut dans sa mission de nous prendre pour ses enfants en prenant saint Jean pour son fils ? « « Voici ton fils » ! Alors, comme le disciple bien-aimé, prenons Marie chez nous. Avec Marie contemplons « le visage de la Miséricorde » en contemplant le visage du « Verbe fait chair », du « crucifié – ressuscité ». Il nous offre la miséricorde à l’infini de son amour.

                                                                                                                    Mgr Gilbert Aubry




Messe Chrismale : Homélie de Mgr Gilbert Aubry (1° Avril 2015).

Ce mercredi 1° avril, tous les prêtres et les diacres de la Réunion étaient invités à se rassembler autour de leur Evêque pour la Messe Chrismale. Ce fut, pour les prêtres, l’occasion de renouveler les voeux qu’ils avaient formulés lors de leur ordination presbytérale. L’Evêque a également béni les saintes huiles qui seront utilisées pendant toute l’année lors de la célébration des sacrements…

Vous trouverez ci après l’homélie de notre Evêque donnée en ce jour. D’ici peu, vous la retrouverez également en vidéo sur jevismafoi.com. Pour des raisons de commodité, nous vous invitons à cliquer sur le document PDF ci-joint. Bonne lecture et bonnes fêtes de Pâques à vous ! En Jésus Christ, la Miséricorde Toute Puissante a eu le dernier mot !

 

Messe chrismale 2015 Document PDF




Sur la base de la conception biblique de l’homme : « Aimer la famille humaine comme Dieu l’aime pour travailler tous ensemble à son bien. »

« De fondement, nul ne peut en poser d’autres que celui qui s’y trouve déjà : Jésus Christ » (1Co 3,11). « Tout fut par lui et sans lui rien ne fut » (Jn 1,3). Et toute son œuvre sera de faire en sorte que le projet créateur s’accomplisse pleinement. Alors, « le Verbe s’est fait chair » (Jn 1,14), et avec lui l’humanité a compté enfin un homme « à l’image et ressemblance de Dieu » (Gn 1,26-27). Il sera « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29) car, avec lui et par lui, Dieu veut offrir à tout homme la possibilité de « reproduire l’image de son Fils, afin qu’il soit l’aîné d’une multitude de frères » (Rm 8,28-30). Si nous consentons à accueillir Celui qui, le premier, est venu nous rejoindre dans le Fils, nous deviendrons alors, petit à petit, de miséricorde en miséricorde, des « enfants de Dieu » (Jn 1,12) « à l’image du Fils » et donc « à l’image et ressemblance de Dieu »… Et tout ceci adviendra grâce au Don de l’Esprit que le Fils est venu nous communiquer au Nom de son Père… Ressuscité, « il souffla » en effet sur ses disciples, comme Dieu avait soufflé en l’homme au commencement du monde pour « insuffler en lui une haleine de vie » (Gn 2,4b-7). Alors, par le Christ Sauveur et le Don de l’Esprit, l’homme peut devenir pleinement lui-même…

????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????

Nous allons donc revisiter ici un des textes les plus importants de la Bible, le premier chapitre du Livre de la Genèse qui nous présente l’œuvre créatrice de Dieu, et nous nous attarderons tout particulièrement sur les versets concernant l’homme « créé à l’image et ressemblance de Dieu ».

Nous soulignerons la valeur inestimable de tout homme aux yeux de Dieu, une simple constatation qui, pour nous croyants, suffit à mettre l’homme à la première place de toute préoccupation, quelle qu’elle soit … « L’être humain a évidemment une primauté de valeur sur toute la création » (Benoît XVI, Message pour la Journée Mondiale de la Paix, 1° janvier 2008 (MJMP 2008), &7 ; ).

Puis nous verrons comment l’homme devrait exercer la mission qui est la sienne sur cette terre. Une allusion au second récit de la création et un détour par la lettre de St Paul aux Romains soulignera l’importance du regard fraternel, universel et bienveillant que nous devrions porter sur tous ceux et celles qui nous entourent, quelles que soient leur culture, leur appartenance religieuse ou non, etc… En effet, les valeurs de Dieu, les seules sur lesquelles toute vie personnelle ou communautaire peut vraiment se construire, habitent au cœur de tous les hommes et de toutes les femmes de bonne volonté. En reconnaissant leur présence par-delà toutes les étiquettes sociales ou religieuses, nous pourrons alors nous engager avec eux, quels qu’ils soient, pour travailler ensemble au bien commun de tous…

Nous vivrons alors le Mystère de l’Eglise, au-delà de toutes frontières…

 

————————————————————————————————————————————————————

Le premier récit de la Création que nous reprenons à chaque veillée pascale (Gn 1,1-2,4a) était très certainement autrefois un cantique liturgique en sept strophes, avec un refrain : « Et Dieu vit que cela était bon ; il y eut un soir, il y eut un matin, xème jour ». Toute sa rédaction était tendue vers le dernier jour, le septième, où, après avoir créé l’univers en dix Paroles, Dieu « cessa toute activité », « sabat » en hébreu. L’auteur pouvait ainsi le prendre en exemple dans le Livre de l’Exode pour le 4° commandement juif, le 3° pour nous catholiques, celui du sabbat (Ex 20,8-11), ce jour où l’homme est invité à mettre sa relation à Dieu à la première place dans sa vie…

 

Regardons tout de suite le passage relatif à la création de l’homme (Gn 1,26-28) :

 

Le projet de Dieu :

 

– 1 – « Faisons l’homme »…

A – (26) Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance

 

– 2 – « Qu’ils dominent sur »…

B – et qu’ils dominent sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les animaux, sur toute la terre,

       et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre ».

 

Dieu réalise son projet:

 

– 1 – « Dieu fit l’homme »…

A’ – (27) Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, mâle et femelle il les créa.

 

                         La bénédiction de Dieu qui permettra à l’homme de réaliser le projet de Dieu :

(28) Et Dieu les bénit et Dieu leur dit : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la;

 

– 2 – « Dominez sur »…

B’ – Dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, et sur tout être vivant qui rampe sur la terre ».

————————————————————————————————————————————————————

I – La valeur inestimable de tout homme aux yeux de Dieu.

« Tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t’aime » (Is 43,4)

 

  • Comme pour les autres créatures, la création de l’homme commence par une Parole de Dieu, mais celle-ci est différente des précédentes. Il ne s’agit pas en effet d’un ordre suivi immédiatement de sa réalisation, « ‘Que la lumière soit’, et la lumière fut » (Gn 1,3), mais d’une Parole exprimant un désir. Dieu semble penser tout haut et il nous révèle ainsi son rêve, son intention la plus profonde : l’homme

 

  • De plus, le verbe « faire » n’intervient pas ici lors de sa création, mais seulement le verbe « créer, bara’ », un verbe qui dans toute la Bible n’a que Dieu pour sujet. Et il apparaît trois fois. Or le chiffre « trois » est souvent un chiffre symbolique qui renvoie à Dieu en tant qu’il agit. Dieu a donc agi pour l’homme avec une intensité toute particulière, comme il ne l’avait encore jamais fait jusqu’à présent. Il a déployé pour lui tous ses talents de Créateur et l’homme est apparu dans l’existence. Le texte ne nous dit rien d’ailleurs sur le « comment » de sa venue au monde : son origine demeure un Mystère que Dieu seul connaît…

 

  • Enfin, et le terme arrive pour la septième fois dans le texte en signe de plénitude, Dieu déclare une fois l’homme créé : « Et voici : cela était très bon ». Or, « tob », « bon » en hébreu, peut aussi se traduire par « bien », « beau »… Nous le retrouverons plus tard dans « l’arbre de la connaissance du bien et du mal » (Gn 2,9) Comme le souligne André Boulet, « littéralement, il faudrait traduire par « Quel bien ! »… Le terme employé pour signifier cette bonté ne se réfère pas d’abord à une catégorie esthétique, mais à une catégorie éthique : la Création est fondamentalement bonne, et, parce que bonne, elle est belle »[1]. Et Dieu regarde l’homme au cœur de la création comme un bien profond…

 

  • Puis, juste après l’avoir créé, Dieu va le bénir, comme il l’avait fait auparavant pour les premiers êtres vivants qui étaient apparus dans la mer et dans le ciel, révélation indirecte de son amour pour la vie. Cette bénédiction est la grâce que Dieu donne à tout homme pour pouvoir pleinement s’accomplir. Elle l’accompagne tout au long de sa vie et ne demande qu’à être accueillie par des cœurs de bonne volonté… Nous percevons déjà ici l’importance de la relation « Créateur-créature », nous y reviendrons. Cette grâce devrait nous inciter à avoir confiance dans la vie, dans l’avenir, car elle sous-entend que Dieu accompagne l’histoire de chacun, l’histoire de l’humanité, pour lui permettre de déboucher sur cet « à venir » qui nous attend tous, par-delà notre mort sur cette terre…

 

  • Pour les animaux, nous avions : « Dieu les bénit en disant : « Soyez féconds, multipliez…» », tandis que pour l’homme nous avons : « Dieu les bénit et Dieu leur dit : « Soyez féconds, multipliez » »… La différence est minime mais elle est capitale : l’homme est la seule créature à laquelle Dieu adresse la Parole. Nous avons ainsi été créés pour vivre en relation avec lui, pour l’écouter, le comprendre, lui répondre… Tel est le fondement ultime de notre vie.

 

  • Enfin, l’homme est la seule créature à « être à l’image et ressemblance de Dieu ». Il existe donc un lien unique entre l’homme et Dieu, à tel point qu’en regardant l’homme, il est possible de découvrir quelque chose du Mystère de Dieu, et ce n’est qu’en regardant Dieu que l’on comprendra toujours davantage « qui » est l’homme…

Le second récit de la création permet de préciser ce que « être à l’image et ressemblance de Dieu » sous entend. En effet, dans ce second récit, l’homme est la seule créature vivante que Dieu suscite dans l’existence en soufflant en lui : « Le Seigneur Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines un souffle de vie et l’homme devint un être vivant » (Gn 2,7). Or, le souffle dans la Bible renvoie à l’Esprit de Dieu, à l’Esprit Saint… Et, nous dit St Jean, « Dieu est Esprit » (Jn 4,24). Le mystère de la vie de chaque être humain s’enracine donc dans la Présence au plus profond de son être d’une réalité qui est de l’ordre de « l’Esprit Saint », c’est-à-dire de l’ordre de ce que Dieu est en Lui-même… Comme l’écrit le P. Ceslas Spicq, « être l’image » c’est « participer l’être » et la vie du « Dieu vivant ».[2] L’idée de « souffle » en en effet inséparable de celle de « vie », le souffle manifestant la présence de la vie. Recevoir le souffle de Dieu, c’est donc recevoir la vie de Dieu. L’Esprit de Dieu est ainsi avant tout une réalité de l’ordre de la vie : « c’est l’Esprit qui vivifie » nous dit Jésus en St Jean (Jn 6,63 ; cf. Ga 5,25)…

Ainsi, le Mystère de la vie de tout homme s’enracine dans le Mystère de sa participation à l’Esprit de Dieu, c’est-à-dire à la Vie de Dieu… Et c’est dans cette perspective que la notion « d’image et de ressemblance » prend toute son intensité…

 

Comme le disait Benoît XVI lors de son discours pour la célébration de la journée mondiale de la paix, le 1° janvier dernier, tout homme est invité à « reconnaître en Dieu la source originaire de sa propre existence comme de celle d’autrui. C’est en remontant à ce Principe suprême que peut être perçue la valeur inconditionnelle de tout être humain » (&6).

 

II – Les conditions de la mise en œuvre de la mission commune des hommes sur la terre

 

  • Nous l’avons vu, l’homme a été créé pour vivre en relation avec Dieu, et cela est bien sûr valable dans la mise en œuvre concrète de sa mission sur cette terre : « la soumettre, la dominer… » En effet, le Seigneur et le Maître de la Création n’est pas l’homme, mais Dieu. L’auteur nous l’a maintes fois répété lorsqu’il nous montrait Dieu nommant les réalités qu’il venait de créer : « Dieu appela la lumière jour, et les ténèbres nuit » (Gn 1,5). Or, dans la mentalité biblique, « donner un nom » c’est être le Seigneur et le Maître de la réalité que l’on nomme… Si la vocation de l’homme est de « dominer» la terre, elle ne pourra donc que s’exercer dans le cadre plus général de l’unique Seigneurie de Dieu. L’homme apparaît donc ici comme « l’intendant de Dieu », « son mandataire libre et responsable ».
  • De plus, dans ses prises de décisions, il devra toujours se référer à son Seigneur et aux valeurs qui sont les siennes, car c’est Lui et Lui seul qui sait ce qui est bon ou pas, ce qui est bien ou pas… Il est l’unique « Juge » de l’univers, et notre auteur nous l’a aussi souvent présenté ainsi lorsqu’il nous rapportait ses réactions au fur et à mesure de l’avancée de ses travaux : « Et Dieu vit que cela était bon », « bien », « beau»… La recherche du « bien», du « beau », du « bon » ne pourra donc que se réaliser dans le cadre d’une relation avec Celui-là seul qui est à l’origine du « bien », du « beau », du « bon », Dieu lui-même… Ce n’est qu’ainsi que l’homme pourra « cultiver et garder » la terre (Gn 2,15), deux verbes hébreux que l’on pourrait aussi traduire par « servir et protéger »[3]… Alors il sera vraiment « à l’image et ressemblance » de son Créateur et Père…

 

  • Précisons d’ailleurs maintenant le sens de ce mot « homme » en Gn 1,26. Lorsque Dieu dit : « Faisons l’homme, na‘aséh ‘adam », ce singulier « Adam» est aussitôt suivi d’un verbe au pluriel : « et qu’ils dominent ». « Adam» ne renvoie donc pas ici à une personne humaine unique mais à l’humanité tout entière… Chaque personne humaine a donc été créée à « l’image et ressemblance de Dieu » mais c’est aussi l’humanité en son ensemble qui est appelée à être ainsi…

Seul le Nouveau Testament permettra d’approfondir cette perspective en nous révélant que Dieu est Mystère de Communion de Trois Personnes divines distinctes dans l’unité d’un même Esprit. Tous les êtres humains, issus d’un même Père et donc tous frères, sont ainsi appelés par Dieu à ne former qu’une seule et même famille, un seul et même Mystère de Communion dans l’unique Esprit, à l’image et ressemblance de Dieu.

Benoît XVI le souligne très souvent dans son message pour la journée mondiale de la Paix. L’humanité est « une communauté de frères et de sœurs, appelés à former une grande famille » (&6), dit-il au tout début. Tous « les peuples de la terre sont ainsi appelés à instaurer entre eux des relations de solidarité et de collaboration, comme il revient aux membres de l’unique famille humaine : « Tous les peuples — a déclaré le Concile Vatican II (Nostra aetate 1) — forment ensemble une seule communauté, ont une seule origine »… Et il conclut par : « J’invite tous les hommes et toutes les femmes à prendre une conscience plus claire de leur appartenance commune à l’unique famille humaine et à s’employer pour que la convivialité sur la terre soit toujours davantage le reflet de cette conviction, dont dépend l’instauration d’une paix véritable et durable ».

 

Cette perspective d’une humanité « Mystère de communion » à l’image et ressemblance de Dieu « Mystère de Communion » appartient déjà à l’ordre des réalités si l’on se souvient de ce que nous disait le second récit de la création où la vie de l’homme nous était présentée comme prenant sa source dans la Présence au plus profond de son être de l’Esprit Saint, cet « Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; cf. Ga 5,25)… Toute l’humanité est donc déjà en communion de vie, par l’unique Esprit qui est à l’origine du Mystère de la vie de chacun d’entre nous, et qui nous est donné instant après instant pour nous maintenir dans l’existence : « Si Dieu tournait vers lui son cœur, s’il concentrait en lui son souffle et son haleine, toute chair expirerait à la fois et l’homme retournerait à la poussière » (Job 34,14-15).

Cette communion de vie unit ainsi chaque être humain à Dieu et à son semblable. Mais puisque nous sommes sur cette terre des êtres en devenir, tout notre travail consiste à faire en sorte que cette potentialité qui nous habite déjà puisse pleinement s’épanouir dans toutes les dimensions de notre être… Ainsi, tout ce qui unit les hommes entre eux, tout ce qui les réunit, tout ce qui contribue à les faire travailler ensemble au bien commun de tous, tout cela appartient au projet de Dieu : une multitude d’êtres différents, dont les différences nourrissent d’ailleurs les relations, unis dans la communion d’une même Vie et travaillant ensemble au bien de tous…

Et ce « bien » est perceptible à tous car c’est la présence de ce souffle de Dieu, de cet Esprit de Dieu à la racine du Mystère de notre Être, qui est à l’origine de ce que nous appelons notre « conscience ». St Paul dit ainsi dans sa Lettre aux Romains que les païens, qui n’ont jamais connu la Loi de Moïse, la mettent quand même en pratique ! « En effet, quand des païens privés de la Loi accomplissent naturellement les prescriptions de la Loi, ces hommes, sans posséder de Loi, se tiennent à eux-mêmes lieu de Loi ; ils montrent la réalité de cette loi inscrite en leur cœur, à preuve le témoignage de leur conscience, ainsi que les jugements intérieurs de blâme ou d’éloge qu’ils portent les uns sur les autres » (Rm 2,14-15). Cette « loi inscrite dans les cœurs », « la loi naturelle inscrite dans le cœur de l’être humain et manifestée à lui par la raison » (Benoît XVI, MJMP 2008 &4), est la conséquence directe de la Présence de l’Esprit de Dieu au plus profond de chacun d’entre nous, un Esprit qui nous donne de participer à l’insondable richesse de Dieu Lui-même. Et cet Esprit apporte avec Lui toutes les valeurs inhérentes au Mystère de Dieu : altruisme, bienveillance, droiture, justice, vérité, patience, respect, tolérance…

Là encore, Benoît XVI fait allusion à ce principe de base inhérent à la nature humaine. Il dit en effet que « la norme juridique, qui régule les rapports entre les personnes, en disciplinant les comportements extérieurs et en prévoyant aussi des sanctions pour ceux qui transgressent ces dispositions, a comme critère la norme morale fondée sur la nature des choses. La raison humaine est en outre capable de la discerner au moins au niveau des exigences fondamentales, en remontant à la Raison créatrice de Dieu, qui est à l’origine de tout… Il faut remonter à la norme morale naturelle, fondement de la norme juridique… La connaissance de la norme morale naturelle n’est pas réservée à l’homme qui rentre en lui-même et qui, face à sa destinée, s’interroge sur la logique interne des aspirations les plus profondes qu’il discerne en lui. Non sans perplexité ni incertitudes, il peut arriver à découvrir, au moins dans ses lignes essentielles, cette loi morale commune qui, au-delà des différences culturelles, permet aux êtres humains de se comprendre entre eux en ce qui concerne les aspects les plus importants du bien et du mal, du juste et de l’injuste. Il est indispensable de revenir à cette loi fondamentale et de consacrer à cette recherche le meilleur de nos énergies intellectuelles » (MJMP 2008, &12-13). Et dans son discours du 7 janvier 2008 pour les vœux au Corps Diplomatique, il déclarait (& 8-9) : « La liberté humaine n’est pas absolue ; il s’agit d’un bien partagé, dont la responsabilité incombe à tous. En conséquence, l’ordre et le droit en sont des éléments qui la garantissent. Mais le droit ne peut être une force de paix efficace que si ses fondements demeurent solidement ancrés dans le droit naturel, donné par le Créateur. C’est aussi pour cela que l’on ne peut jamais exclure Dieu de l’horizon de l’homme et de l’histoire. Le nom de Dieu est un nom de justice ; il représente un appel pressant à la paix.

Cette prise de conscience pourrait aider, entre autres, à orienter les initiatives de dialogue interculturel et inter-religieux. Ces initiatives sont toujours plus nombreuses et elles peuvent stimuler la collaboration sur des thèmes d’intérêt mutuel, comme la dignité de la personne humaine, la recherche du bien commun, la construction de la paix et le développement ».

 

« Nul n’a jamais vu Dieu », nous dit St Jean. « Le Fils Unique qui est tourné vers le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jn 1,18). Le Christ est donc venu nous révéler une réalité qui existe depuis toujours et pour toujours : le Mystère de ce Dieu Présent à sa création depuis qu’elle existe, ce Dieu « qui éclaire tout homme venant en ce monde » (Jn 1,9), qui « pétrit et façonne le cœur de chacun », comme dit le Psalmiste (Ps 33(32),13‑15). Le chrétien saura donc reconnaître en tout homme de bonne volonté un frère que Dieu guide, éclaire, soutient, conduit, tout comme lui, même s’il en parle autrement, même s’il n’en a pas conscience… Et il s’attachera à s’engager avec lui pour travailler avec lui au bien de toute la famille humaine…

Cette perspective est d’ailleurs présente dans le premier récit de la Création. En effet, c’est à « Adam » qui, souvenons-nous représente ici l’humanité tout entière, qu’est donnée la mission de « dominer la terre ». Et cette « Adam humanité » se différencie ensuite en deux blocs principaux : « l’Adam mâle » et « l’Adam femelle »… Et bien sûr, chacun de ces blocs est ensuite constitué de la multitude des personnes humaines créées de sexe masculin et de sexe féminin.

De cette simple remarque découlent de nombreuses conséquences, tout aussi révolutionnaires autrefois qu’aujourd’hui :

 

1 – Egalité foncière de toute personne humaine, homme ou femme, en droits et en devoirs, cette égalité étant vécue au sein d’une incroyable diversité. En 1948, déclare Benoît XVI, « l’Organisation des Nations unies rendait solennellement publique la Déclaration universelle des Droits de l’homme (1948-2008). Par ce document, la famille humaine a voulu réagir aux horreurs de la Deuxième Guerre mondiale en reconnaissant son unité fondée sur l’égale dignité de tous les hommes et en mettant au centre de la convivialité humaine le respect des droits fondamentaux de tout individu et de tout peuple: ce fut là un pas décisif sur le difficile et exigeant chemin vers la concorde et la paix » (MJMP 2008, &15).

Travailler au bien de tous sera ainsi notamment faire en sorte que chacun puisse bénéficier d’un espace de liberté où il pourra développer sa diversité et mettre en œuvre les talents qui lui sont propres. Et si tel est vraiment le cas, cette mise en œuvre se fera toujours pour le bien de tous ! Autrement dit, travailler au bien de l’autre, c’est non seulement s’accomplir soi-même mais c’est encore travailler au bien commun, et donc à son propre bien !

 

2 – « Dieu veut créer une humanité. Ce n’est pas à de grandes personnalités que la domination du monde doit être concédée, mais à la communauté humaine… Personne dans l’humanité ne doit être exclu de cette autorité »[4]. Autrement dit, il n’appartient pas au projet de Dieu que certains puissent « posséder » des centaines de milliers d’hectares alors que d’autres n’auraient au mieux qu’une petite parcelle insuffisante à nourrir leurs besoins. La terre est donnée à tous pour subvenir aux besoins de tous, toujours dans le respect de la diversité de chacun (cf. Ps 49(48))… « Il ne faut donc pas que les pauvres soient oubliés, eux qui, en bien des cas, sont exclus de la destination universelle des biens de la création » (MJMP 2008 & 7).

 

3 – La domination de la terre est donnée à toute l’humanité en son ensemble, hommes et femmes, dans le respect de la diversité de chacun. Aucune tâche, aucune fonction ne peut donc être réservée arbitrairement à l’un ou à l’autre…

 

4 – Puisque tous les hommes – hommes et femmes – doivent gérer ensemble la création, la façonner, la transformer, « seul l’homme lui-même ne doit pas être objet de soumission… La domination de l’homme sur l’homme fausse l’image de Dieu »[5]

En Gn 3,16b, on lira (Parole de Dieu à la femme) : « Ton désir te poussera vers ton homme et lui te dominera ». « On s’est souvent servi de ce passage pour justifier, comme voulue par Dieu, la subordination de la femme » à l’homme. « Or, ce texte soutient exactement le contraire : la domination de l’homme sur la femme est une conséquence du péché »[6].

 

5 – Enfin, l’homme et la femme sont également à l’image de Dieu en tant qu’homme et femme : « Les hommes ne peuvent percevoir leur mandat de créatures à l’image de Dieu qu’en étant tournés l’un vers l’autre et en se complétant l’un l’autre »[7].

 

L’homme est donc à l’image de Dieu en tant qu’ « être tourné vers » Dieu pour exercer sa charge d’intendant du monde, en tant qu’ « être tourné vers » sa femme dans l’exercice même de ce mandat commun, en tant qu’ « être tourné vers » ce monde pour le travailler… L’homme apparaît ainsi pleinement en sa qualité d’ « être relationnel », à l’image et ressemblance de Dieu…

Et c’est dans cet « être tourné vers Dieu », recevant de lui cette bénédiction qui lui permettra d’accomplir sa vocation, « tourné vers sa femme » pour une relation créatrice, « tourné vers les autres » pour œuvrer ensemble au bien de tous, que l’homme se construira lui-même en trouvant ainsi le chemin de son épanouissement personnel.

Et si l’humanité est appelée à former ainsi, dans la richesse de la diversité de tous ses membres, une seule et unique famille humaine, soulignons enfin l’importance de la famille qui se construit sur la base de l’amour qui unit un homme et une femme. Le second chapitre du Livre de la Genèse nous présente de manière poétique et très belle la création de la femme à partir d’une « côte » de l’homme, eux qui seront ensuite appelés à marcher « côte à côte ». L’exclamation de l’homme suffit à reconnaître le prix qu’il lui accorde, en utilisant une formule qui souligne l’égalité profonde qui les unit par leur participation à une seule et unique nature humaine : « Pour le coup, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! Celle-ci sera appelée “femme”, car elle fut tirée de l’homme, celle-ci ! » « C’est pourquoi », ajoute le Livre de la Genèse, « l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair ». Tous les deux seront donc appelés à vivre un Mystère de Communion à l’image et ressemblance de Dieu lui-même… St Paul appliquera d’ailleurs ce texte au Christ et à l’Eglise (cf. Ep 5,31-32) !

 

Benoît XVI évoque ainsi « la famille humaine » comme « la cellule première et vitale de la société », le fondement incontournable pour la construction de « la famille humaine, communauté de paix » : « La famille naturelle, en tant que profonde communion de vie et d’amour, fondée sur le mariage entre un homme et une femme, constitue « le lieu premier d’‘humanisation’ de la personne et de la société », le « berceau de la vie et de l’amour ». Aussi, est-ce avec raison que la famille est qualifiée de première société naturelle, « une institution divine qui constitue le fondement de la vie des personnes, comme le prototype de tout ordre social ».

 

En effet, dans une saine vie familiale, on fait l’expérience de certaines composantes fondamentales de la paix: la justice et l’amour entre frères et sœurs, la fonction d’autorité manifestée par les parents, le service affectueux envers les membres les plus faibles parce que petits, malades ou âgés, l’aide mutuelle devant les nécessités de la vie, la disponibilité à accueillir l’autre et, si nécessaire, à lui pardonner. C’est pourquoi, la famille est la première et irremplaçable éducatrice à la paix. Il n’est donc pas étonnant que la violence, si elle est perpétrée en famille, soit perçue comme particulièrement intolérable. Par conséquent, quand on affirme que la famille est « la cellule première et vitale de la société », on dit quelque chose d’essentiel. La famille est aussi un fondement de la société pour la raison suivante : parce qu’elle permet de faire des expériences déterminantes de paix. Il en découle que la communauté humaine ne peut se passer du service que la famille remplit. Où donc l’être humain en formation pourrait-il apprendre à goûter la « saveur » authentique de la paix mieux que dans le « nid » originel que la nature lui prépare ? » (MJMP 2008 &2-3)

En conclusion…

 

Le Christ est donc venu accomplir le projet de Dieu qui a créé l’humanité pour qu’elle soit « la famille » de ses enfants unis à Lui dans la communion d’un même Esprit, d’une même Vie, dans l’Amour. Ce projet commence à se mettre en œuvre dès maintenant par l’œuvre de Réconciliation accomplie par sa mort et sa résurrection, réconciliation avec Dieu et donc réconciliation des hommes entre eux. Les chrétiens reçoivent ainsi par leur foi la grâce de mourir à tout ce qui sépare pour ressusciter à tout ce qui unit. Et cette grâce est tout en même temps Lumière et Force qui leur permet de collaborer activement, dans l’aujourd’hui de leur histoire, à la construction de cette humanité « famille de Dieu ».

Cette Lumière leur donnera notamment de reconnaître la Présence de cette même Lumière au cœur de tous les hommes et de toutes les femmes de bonne volonté, quel que soit leur chemin religieux ou même son apparente absence… « Dieu lui-même », en effet, « n’est pas loin d’eux, puisqu’il donne à tous la vie, le souffle et toutes choses (cf. Act. 17, 25-28), et que le Sauveur veut le salut de tous les hommes (cf. I Tim. 2, 4). En effet ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l’Evangile du Christ et son Eglise et cependant cherchent Dieu d’un cœur sincère et qui, sous l’influence de la grâce, s’efforcent d’accomplir dans leurs actes sa volonté qu’ils connaissent par les injonctions de leur conscience, ceux-là aussi peuvent obtenir le salut éternel. Et la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires au salut à ceux qui ne sont pas encore parvenus, sans qu’il y ait de leur faute, à la connaissance claire de Dieu et s’efforcent, avec l’aide de la grâce divine, de mener une vie droite. En effet, tout ce que l’on trouve chez eux de bon et de vrai, l’Eglise le considère comme un terrain propice à l’Evangile et un don de Celui qui éclaire tout homme, pour qu’il obtienne finalement la vie » (Concile Vatican II, Lumen Gentium & 16).

Tous les chrétiens sont donc invités à s’engager avec tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté, en responsables actifs de la cité, pour travailler ensemble au bien commun de tous en cultivant les valeurs de droiture, de justice, d’honnêteté, de tolérance, de bienveillance… Ces valeurs, Dieu ne cesse de les insuffler au plus profond de chacun d’entre nous par le Souffle de son Esprit qui est à la racine du Mystère de toute vie humaine sur cette terre… En étant fidèles à leur conscience, c’est bien au Dieu Vivant que les hommes et les femmes de bonne volonté obéissent, peut-être souvent sans le savoir… Mais à la lumière de leur foi, en s’engageant activement avec eux, les chrétiens savent qu’ils travaillent à l’accomplissement de la volonté de Dieu qui ne désire que l’authentique épanouissement de toute la famille humaine…

                                                                                                                                     D. Jacques Fournier

[1]BOULET A., Création et rédemption (Chambray 1995) p. 39.

Sr JEANNE D’ARC, Chemins à travers la Bible   p. 75:  » Toute chose est faite par Dieu belle et bonne. Il faut souligner l’optimisme foncier de cette perspective ».

[2] SPICQ C., « eijkwvn », Lexique théologique du Nouveau Testament (Paris 1991) p. 429-431.

[3] « S’agissant de la famille humaine, cette maison c’est la terre, le milieu que Dieu Créateur nous a donné pour que nous y habitions de manière créative et responsable. Nous devons avoir soin de l’environnement : il a été confié à l’homme pour qu’il le garde et le protège dans une liberté responsable, en ayant toujours en vue, comme critère d’appréciation, le bien de tous » (Benoît XVI, Journée mondiale de la Paix, 1° janvier 200 8, &7).

[4]  WOLFF H.W., Anthropologie de l’Ancien Testament (Genève 1974) p. 141.

[5] Id. p. 143-144.

[6] DEBERGÉ P., Amour et sexualité dans la Bible (Coll. Racines ; Ed. Nouvelle Cité 2001) p. 98

[7] Id p. 142.

Gn 1,26-28 ; Aimer la famille humaine…_ Document PDF pour une éventuelle impression




LE SACREMENT DE L’ORDRE

Le sacrement de l’Ordre est-il le sacrement qui fait les prêtres?

Si oui, que reçoit un prêtre qui est ordonné évêque?
Dans la conception d’un église pyramidale d’avant Vatican II, l’évêque était celui qui recevait du pape une juridiction ( par exemple sur un diocèse), dont il devait lui rendre compte.
Conception de la visite personnelle ad limina, visite que se faisait individuellement.
La consécration épiscopale était une juridiction que recevait celui qui avait été ordonné prêtre. Le sacrement de l’ordre était considéré surtout comme le sacrement qui concernait les prêtres.

Le Concile Vatican II a remis en évidence que l’Eglise, Peuple de Dieu, est animée par le Christ qui conduit son Eglise par les douze et leurs successeurs les évêques qui forment la collège apostolique.
Cf. le résumé du CEC ; N°174. Pourquoi l’Église est-elle apostolique?
»L’Église est apostolique par son origine, parce qu’elle a « pour fondations les Apôtres » (Ep. 2,20) ; par son enseignement, qui est celui des Apôtres; par sa structure, parce qu’elle est édifiée, sanctifiée et gouvernée, jusqu’au retour du Christ, par les Apôtres, grâce à leurs successeurs, les Évêques en communion avec le successeur de Pierre. »
Parmi les membres du Corps du Christ (les baptisés), certains sont pris par le Christ comme ses ministres à lui comme TETE de l’Eglise, c’est-à-dire animant tout son corps qui est l’Eglise. Ce sont ceux qui reçoivent le sacrement de l’Ordre.
Le sacrement de l’Ordre est donc d’abord le sacrement des évêques comme successeurs des
Apôtres. (Remise en valeur de la sacramentalité et de la collégialité de l’épiscopat par le Concile Vatican II. Lumen Gentium chapitre III sur l’épiscopat.)

SACRAMENTALITE DE L’EPISCCOPAT

« Le saint concile enseigne que la consécration épiscopale confère la plénitude du sacrement de l’Ordre…
La consécration épiscopale confère, avec la charge de sanctifier, celle d’enseigner et de
gouverner. » (Lumen gentium N°21.)
« Ainsi donc en la personne des évêques assistés des prêtres, c’est le Seigneur Jésus-Christ, Pontife suprême, qui est présent au milieu des croyants. Assis à la droite de Dieu le Père, il ne cesse d’être présent à la communauté de ses pontifes. C’est par eux en tout premier lieu, par leur service éminent, qu’il prêche la Parole de Dieu à toutes les nations et administre continuellement aux croyants les sacrements de la foi ; c’est par leur paternelle fonction (cf. 1Co 4,15 ) qu’il intègre à son Corps par la régénération surnaturelle des membres nouveaux ; c’est enfin par leur sagesse et leur prudence qu’il dirige et oriente le peuple du Nouveau Testament dans son pèlerinage vers l’éternelle béatitude. Ces pasteurs, choisis pour paître le troupeau du Seigneur, sont les ministres du Christ et les dispensateurs des mystères de Dieu (cf. 1Co 4,1 ). A eux a été confiée la charge de rendre témoignage de l’Evangile de la grâce de Dieu (cf. Rm 15,16; Ac 20,24 ) et d’exercer le ministère glorieux de l’Esprit et de la justice (cf. 2Co 3,8-9 ).

Pour remplir de si hautes charges, les apôtres furent enrichis par le Christ d’une effusion de l’Esprit-Saint descendant sur eux (cf. Ac 1,8; Ac 2,4; Jn 20,22-23 ) ; eux-mêmes, par l’imposition des mains, transmirent à leurs collaborateurs le don spirituel (cf. 1Tm 4,14; 2Tm 1,6-7 ) qui s’est communiqué jusqu’à nous à travers la consécration épiscopale. Le saint Concile enseigne que, par la consécration épiscopale, est conférée la plénitude du sacrement de l’Ordre, que la coutume liturgique de l’Eglise et la voix des saints Pères désignent en effet sous le nom de sacerdoce suprême, de réalité totale du ministère sacré(19). La consécration épiscopale, en même temps que la charge de sanctifier, confère aussi des charges d’enseigner et de gouverner, lesquelles cependant, de par leur nature, ne peuvent s’exercer que dans la communion hiérarchique avec le chef du collège et ses membres. En effet, la Tradition qui s’exprime surtout par les rites liturgiques et par l’usage de l’Eglise, tant orientale qu’occidentale, montre à l’évidence que par l’imposition des mains et les paroles de la  consécration, la grâce de l’Esprit-Saint est donnée et le caractère sacré imprimé, de telle sorte que les évêques, d’une façon éminente et visible, tiennent la place du Christ lui-même, Maître, Pasteur et Pontife et jouent son rôle. Aux évêques, il revient d’introduire, par le sacrement de l’Ordre, de nouveaux élus dans le corps épiscopal. « Dimension communautaire du sacrement de l’Ordre. Nouvelle importance donnée aux conférences épiscopales.
COLLÉGIALITÉ DE L’EPISCOPPAT.
« Saint Pierre et les autres Apôtres constiituent ,par ordre du Seigneur, un seul Collège
apostolique, et que le Pontife romain, successeur de Pierre, et les évêques, successeurs des
Apôtres, sont unis entre eux…
il y a le caractère et la nature collégiale de l’ordre épiscopal….
On est constitué membre du corps épiscopal en vertu de la consécration sacramentelle et par la communion hiérarchique avec le chef du Collège et avec ses membres. »
(Lumen gentium. N°22.)
Dimension communautaire de la visite ad limina.
Remise en valeur de la relation entre les évêques et le successeur de Pierre.
Cf. Les synodes et les visites du successeur de Pierre aux épiscopats?

 

Résumé du Catéchisme de l’Eglise Catholique. (CEC.)

322. Qu’est ce que le sacrement de l’Ordre?
C’est le sacrement par lequel la mission confiée par le Christ à ses Apôtres continue à être exercée dans l’Église, jusqu’à la fin des temps.

323. Pourquoi l’appelle-t-on sacrement de l’Ordre?
Ordre ( Ex: L’ordre des médecins, des notaires.) indique un corps d’Église, dans lequel on est intégré au moyen d’une consécration spéciale (Ordination). Par un don particulier du Saint-Esprit, cette consécration permet d’exercer un pouvoir sacré au nom et par l’autorité du Christ pour le service du Peuple de Dieu.

324. Quelle est la place du sacrement de l’Ordre dans le dessein divin du salut?
Dans l‘Ancien Testament, il y a des préfigurations de ce sacrement : le service des Lévites, de même que le sacerdoce d’Aaron et l’institution des soixante-dix Anciens (cf. Nb 11,25). Ces préfigurationsont leur accomplissement dans le Christ Jésus qui, par le sacrifice de la croix, est le « seul médiateur entre Dieu et les hommes » (1 Tm 2,5), « grand-prêtre selon le sacerdoce de Melchisédech » (He 5,10). L’unique sacerdoce du Christ se rend présent par le sacerdoce ministériel. « Aussi le Christ est-il le seul vrai prêtre, les uns et les autres n’étant que ses ministres » (saint Thomas d’Aquin).

325. Quels sont les différents degrés du sacrement de l’Ordre?
Il se compose de trois degrés, qui sont irremplaçables pour la structure organique de l’Église : l’épiscopat, le presbytéral et le diaconat.

326. Quel est l’effet de l’Ordination épiscopale?
L’ordination épiscopale confère la plénitude du sacrement de l’Ordre. Elle fait de l’Évêque le successeur légitime des Apôtres et l’intègre au collège épiscopal, lui faisant partager avec le Pape et les autres Évêques la sollicitude pour toutes les Églises. Elle donne mission d’enseigner, de sanctifier et de gouverner.

327. Quelle est la fonction de l’Évêque dans l’Église particulière qui lui est confiée?
L’Évêque, auquel est confiée une Église particulière, est le principe visible et le fondement de l’unité de cette Église, envers laquelle, comme vicaire du Christ, il remplit la charge pastorale, aidé par ses prêtres et ses diacres.

328. Quel est l’effet de l’Ordination presbytérale? (Sacrement de l’Ordre donné à un pretre.)
L’onction de l’Esprit Saint marque le prêtre d’un caractère spirituel indélébile; elle le configure au Christ prêtre et le rend capable d’agir au nom du Christ Tête. Coopérateur de l’Ordre épiscopal, il est consacré pour annoncer l’Évangile, célébrer le culte divin, surtout l’Eucharistie, dont il tire la force pour son ministère, et pour être le pasteur des fidèles.

329. Comment le prêtre exerce-t-il son ministère?
Bien qu’ordonné pour une mission universelle, il l’exerce dans une Église particulière, lié par une fraternité sacerdotale avec les autres prêtres, formant ensemble le « presbytérium » qui, en communion avec l’Évêque et sous sa dépendance, porte la responsabilité de l’Église particulière.

330. Quel est l’effet de l’Ordination diaconale? (Sacrement de l’Ordre donné à un diacre.)
Le diacre, configuré au Christ serviteur de tous, est ordonné pour le service de l’Église. Sous
l’autorité de son Évêque, il exerce ce service dans le cadre du ministère de la parole, du culte divin, de la charge pastorale et de la charité.

331. Comment se célèbre le sacrement de l’Ordre?
Pour chacun des trois degrés, le sacrement de l’Ordre est conféré par l’imposition des mains sur la tête de l’ordinand par l’Évêque, qui prononce la prière consécratoire solennelle. Par cette prière, l’Évêque prie Dieu d’envoyer sur l’ordinand une effusion spéciale de l’Esprit Saint et de ses dons, en vue du ministère.

332. Qui peut conférer le sacrement?
Il appartient aux Évêques validement ordonnés, en tant que successeurs des Apôtres, de conférer les trois degrés du sacrement de l’Ordre.

334. Le célibat est-il requis de celui qui reçoit le sacrement?
Le célibat est toujours requis pour l’épiscopat.
Pour le presbytérat, dans l’Église latine sont choisis de manière ordinaire des hommes croyants qui vivent dans le célibat et qui veulent le garder « à cause du Royaume des cieux » (Mt 19,12).
Dans les Églises orientales, (On peut ordonner des hommes mariés) mais on n’accepte pas le
mariage après l’ordination.
Des hommes déjà mariés peuvent eux aussi accéder au diaconat permanent. (Dans l’eglise latine et les églises orientales)

335. Quels sont les effets du sacrement de l’Ordre?
Ce sacrement donne une effusion particulière de l’Esprit Saint, qui configure l’ordinand au Christ dans sa triple fonction de Prêtre, Prophète et Roi, selon les degrés respectifs du sacrement.
L’ordination confère un caractère spirituel indélébile, c’est pourquoi il ne peut être répété ni conféré pour un temps limité.

336. Avec quelle autorité est exercé le sacerdoce ministériel?
Dans l’exercice de leur ministère sacré, les prêtres ordonnés parlent et agissent, non pas en vertu d’une autorité propre, ni même par mandat ou délégation de la communauté, mais dans la Personne du Christ Tête et au nom de l’Église. De ce fait, le sacerdoce ministériel se différencie radicalement, et pas seulement par une différence de degré, du sacerdoce commun des fidèles, au service duquel le Christ l’a institué.

 




L’ÉGLISE, SACREMENT UNIVERSEL DU SALUT.

N.B. REALITE DANS LES TEXTES DU CONCILE VATICAN II.

 

1°) L’EXPRESSION MEME . ( A dix reprises dans les textes conciliaires.)

LUMEN GENTIUM. 1. Le mystère de l’Eglise. Introduction. « L’Eglise est, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain, »

LUMEN GENTIUM. 9,3. Le Peuple de Dieu. La nouvelle alliance et le peuple nouveau.
« L’Eglise du Christ (cf. Mat. 16, 18) : c’est le Christ, en effet, qui l’a acheté de son sang (cf. Act. 20, 28), empli de son Esprit et pourvu des moyens adaptés pour son unité visible et sociale. L’ensemble de ceux qui regardent avec la foi vers Jésus auteur du salut, principe d’unité et de paix, Dieu les a appelés, il en a fait l’Eglise, pour qu’elle soit, aux yeux de tous et de chacun, le sacrement visible de cette unité salutaire. »

LUMEN GENTIUM. 48,2. Le caractère eschatologique de l’Eglise en marche et son union avec l’Eglise du ciel.  Le Christ élevé de terre a tiré à lui tous les hommes (cf. Jean 12, 32 grec) ; ressuscité des morts (cf.Rom. 6, 9), il a envoyé sur ses apôtres son Esprit de vie et par lui a constitué son Corps, qui est l’Eglise, comme le sacrement universel du salut. »

GAUDIUM ET SPES. 42,3. L’aide que l’Eglise cherche à apporter à la société humaine. (Cite LG.1) « Promouvoir l’unité s’harmonise avec la mission profonde de l’Eglise, puisqu’elle est « dans le Christ, comme le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen du l’union intime avec Dieu, et de l’unité de tout le genre humain »

GAUDIUM ET SPES. 43,6. Aide que l’Eglise par les chrétiens cherche à apporter à l’activité humaine.

GAUDIUM ET SPES. 45,1. Le Christ, Alpha et oméga.

LITURGIE 5,2 . L’oeuvre du salut accomplie par le Christ.

LITURGIE. 26,1. La liturgie en tant qu’action hiérarchique et communautaire.

AD GENTES. 1,1. Activité missionnaire de l’Eglise. (Cite LG1.)

AD GENTES. 5,1. L’Eglise envoyée par le Christ.

 

2°) EN D’AUTRES TERMES . (Cinq passages importants.)

LUMEN GENTIUM.8,1. L’EGLISE A LA FOIS VISIBLE ET SPIRITUELLE.
« Le Christ unique médiateur, crée et continuellement soutient sur la terre, comme un tout visible, son église sainte, communauté de foi, d’espérance et de charité, par laquelle il répand, à l’intention de tous, la vérité et la grâce(9). Cette société organisée hiérarchiquement d’une part et le Corps mystique d’autre part, l’assemblée discernable aux yeux et la communauté spirituelle, l’Eglise terrestre et l’Eglise enrichie des biens célestes ne doivent pas être considérées comme deux choses, elles constituent au contraire une seule réalité complexe, faite d’un double élément humain et divin. »

LUMEN GENTIUM 17. LE CARACTERE MISSIONNAIRE DE L’EGLISE .

GAUDIUM ET SPES.40,2. RAPPORTS MUTUELS DE L’EGLISE ET DU MONDE.

AD GENTES. 2,2. LE DESSEIN DU PERE.

AD GENTES.3. LA MISSION DU FILS ;

 

I- LA CATEGORIE DU SACRAMENTEL.

1) NOTION DE SYMBOLE ET DE SIGNE.

1- DIFFERENTES APPROCHES.

1) L’anthropologie philosophique.
Elle étudie le pourquoi des symboles.
L’homme est un esprit-en-corps. Il ne peut s’exprimer ni communiquer avec un autre que par symbole. Il ne peut, non plus, saisir ni parler des réalités spirituelles sinon par symboles. Cf. K. Rahner. « Pour une théologie du symbole » Dans « Ecrits spirituels » Tome IX. DDB. 1968. p.9-47.
2) L’histoire des religions.
Elle recherche une « interprétation totalisante » des symboles religieux à travers la diversité de leurs manifestations, dans les différentes cultures et religions.
Elle montre l’analogie fondamentale des situations de l’homme en face du sacré ainsi que la diversité des symboles l’exprimant. Cf. M. Eliade. Traité de l’histoire des religions. Paris. Payot. 1949.
3) La psychologie et surtout la psychologie des profondeurs.
Elle s’intéresse à la formation des symboles et à leurs fonctions dans la vie spychique des individus comme des groupes. Elle explique comment les symboles sont liés aux besoins fondamentaux de l’homme. et comment leur perception peut être conditionnée. 4) La sociologie.
Elle analyse les symboles comme institutions sociales. Elle clarifie leur rôle dans la vie sociale.
5) La sémiologie.
(semeion = signe)
La sémiologie étudie les symboles comme moyens de communication.
Elle cherche à expliquer ce qu’est un symbole, comment il est structuré, comment il symbolise, c’est-à-dire comment il transmet un message. Cf. Ferdinand de Saussure, le père de la linguistique moderne. « La langue est un systèrme de signes exprimant des idées, et par là, comparable à l’écriture, à l’alphabet des soursmuets, aux rites symboloques, aux formes de politesse, aux signaux militaires, etc…On peut donc concevoir une science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale….Nous la nommerons « sémiologie ». Elle nous apprendrait en quoi consistent les signes, quelles lois les régissent. ».

 

2- DIFFÉRENTES NOTIONS.

SYMBOLE. (Cf. Symbole.veu p1)
Le symbole est un signe, mais un signe bien particulier.
Il est un signe concret qui existe d’abord en lui-même, avant d’être signifiant d’autre chose.(Ex. Le lion, le berger.) Sa capacité de signification s’enracine dans son être. Il n’est donc pas un pur signe qui n’existe que par sa signification.
Un symbole ne peut être « traduit » en langage plus clair (ce qui ne veut pas dire qu’une certaine explication ne soit pas nécessaire pour préparer à la compréhension du symbole): Le symbole ouvre et découvre une manière d’exister inaccessible à tout discours direct, logique. Il faut le laisser parler et retentir, puis penser à partir de lui.
Fonction du symbole. (Cf.Enc univ.)
1°) il montre ; Il exprime.
2°) Il réunit ; Cf. Etymologie .
3°) Il enjoint et prescrit. Engage.
Le symbole ne s’adresse pas à la raison, mais à tout l’homme et à toutes ses facultés.
Il a aussi un aspect affectif et met en présence du mystère et y fait communier.
C’est un autre type d’approche du réel, que le raisonnement logique.
Il ne signifie pas une seule chose (comme la fumée, signe du feu), mais il est ouvert à une multitude de significations qui seront saisies différemment (imagination, culture, etc.). D’où l’ambiguïté et l’ambivalence du symbole.
La connaissance par le symbole est une connaissance intuitive, vitale, un contact.

« Les formes naturelles sont comme les images des êtres immatériels ». (St. Thom. De Ver.Q.9, art.4;) Toute la création apparaît comme l’épiphanie, la manifestation, le symbole de Dieu.
Raison profonde: Sans être des émanations de Dieu, ses dérivés ou ses dégradations, toutes les choses créées tiennent leur être de Dieu. Tout être vient de lui et demeure en relation avec lui.

Les créatures manifestent à divers degrés l’Etre de Dieu, dans le mesure où Dieu leur communique une participation plus ou moins grande à l’être. (Le symbole réunit.)
Aussi y a-t-il entre les êtres créés des relations, des appels et des connivences qui se fondent finalement sur la relation fondamentale entre Dieu et sa création. Il y a une mystérieuse correspondance entre l’homme et tous les êtres de la nature.
(Sera réalisé au maximum dans l’incarnation du Fils. Cf. K. Rahner. Ecrits théol. Tome I. p.161.) Dans l’ordre du langage, le symbole est à mettre en référence avec le processus logique de l’analogie. L’analogie désigne le transfert d’un mot, avec certaines réalités qu’il évoque, d’un être inférieur à un être supérieur. Le sens du mot est alors enrichi par ce transfert. (Où il existe toujours une certaine dissemblance et une certaine ressemblance.)
Le langage symbolique est une forme privilégiée d’expression de la foi: il évoque le mystère divin. Mais la connaissance de Dieu ne peut être purement symbolique. Il y manquerait l’affirmation réelle et intelligible. on verserait dans le mythe.
Ex. « Lion » désigne un animal. Il peut signifier par transgert analogique, un homme fort et courageux.
Le symbole s’actualise par
Le mythe.
Le rite.

 

 LE MYTHE.

Le mythe est une espèce de symbole développé en forme de récit, situé dans un temps et un espace non coordonnables avec ceux de l’histoire et de la géographie. Cf. La mythologie hindoue.
Tradition souvent orale. (Diférent de la mythologie grecque 😉 Récits des sociétés traditionnelles.
Le mythe est une façon de percevoir le monde et d’exprimer cette perception.
Ce fut la première manière dont l’homme appréhenda le monde. Il a été comme une saisie du réel et une expression de cette saisie, depuis les origines jusqu’à l’an 3000 av. J.C. De nos jours encore très développée dans les peuplades dites « primitives ». Mais il y a aussi une permanence du mythe dans nos civilisations techniques, rationnelles et logiques.
C’est une prise de conscience par l’homme de ce qu’il est et de sa différenciation par rapport aux choses qui l’entourent. L’homme cherche à se situer dans le monde et à donner un sens à son existence. Il perçoit aussi son unité avec la divinité. ( Les mythes sont panthéistes.)
Les mythes parlent normalement de l’origine et de la fin des temps. Ils ne sont pas des événements historiques dans le sens courant et actuel du mot histoire. Ils ne sont pas dans le temps.
Cf. Paul Ricoeur : « Il n’y a mythe que si l’événement fondateur n’a pas de place dans l’histoire, mais dans un temps avant l’histoire. C’est seulement cela qui est proprement mythique, temps avant l’histoire, temps promordial, « en ce temps là ».
Par conséquent, c’est essentiellement le rapport de notre temps à ce temps-là qui constitue le mythe, quelle que soit la chose instituée. » (Les incidences. P.43.)

Cf. Lévi Strauss : « Un mythe se rapporte toujours à des événements passés. Maisw la chaleur intrinsèque attribuée au mythe provient de ce que ces événements, censés se dérouler à un moment du temps, forment aussi une structure permanente. Celle-ci se rapport simultanément au passé, au présent et au futur. » (L’anthopologie structurale. P.233.)
Dans le domaine religieux, le mythe conserve particulièrement sa valeur.
Les mythes comportent l’expérience d’une certaine manifestation de Dieu à travers le cosmos. Le mythe perçoit le monde comme une hiérophanie, i.e.un symbole, une manifestation du sacré de la divinité. Tendance de l’homme à sacraliser, à « consacrer » sa vie entière. Puisqu’ils sont au début du temps, les mythes ont une relation, d’une manière ou d’une autre, avec tout ce qui suit dans le temps historique. Le rituel célèbre précisément cette nonnexion. Il y a un premier « sacramentalisme » où les objets matériels sont déja des signes efficaces. C’est une autre saisie du réel que celle des sciences dites exactes.
L’Ecriture utilise le langage et les catégories de pensée du milieu sémitique et hellénistique où elle est née. (Cf. Genres littéraires.) Dans l’Écriture, Dieu parle le langage des hommes, y compris le langage mythique.

Mais le contenu de la révélation biblique n’est pas une mythologie (même si le langage biblique est parfois mythique), un système panthéistique inventé par l’homme. Pour la mentalité mythique, l’histoire comme suite d’événements où s’inscrit la liberté de l’homme n’existe pas. Ce qui existe , pour la mentalité mythique, c’est un temps cyclique, où l’homme répète des gestes posés à l’origine par la divinité. Une des caractéristique du mythe, c’est d’annuler la liberté de l’homme et le sens progressif de l’histoire. Le mythe rend inutile l’explication d’une intervention de Dieu utilisant des réalités humaines pour se révéler aux hommes et leur communiquer ses dons.

(Les mythes deviennent des rites quand ils sont posés comme des manières de ressourcer les gestes de l’ homme dans leur modèle divin.) Vers un accomplissement.
Pour la révélation judéo-chrétienne, l’histoire comporte aussi une action divine à l’origine du monde (la création), mais l’histoire de la création tend vers l’événement Jésus-Christ, en particulier sa mort et sa résurrection, qui se déploient jusqu’à la fin des temps. Pas un cycle en perpétuel recommencement, mais un dynamisme qui tend à un but qui est la filiation adoptive. Le symbole de l’histoire n’est pas le cercle (mythe de l’éternel retour), mais la ligne ascendante, qui est progrès humain réalisé par Dieu, mais avec la participation libre de l’homme, grâce à l’incarnation rédemptrice du Fils de Dieu.
Le mythe se distingue donc du simple récit ou de la légende en ce qu’il est lié à une action religieuse, à un rite.
La foi chrétienne dépassera le mythe.
Elle se fonde sur ce qui est arrivé en fait dans l’histoire et c’est dans cette histoire que l’homme exerce sa liberté.
La foi chrétienne assume le désir du retour à l’originaire, à l’Un, qui caractérise le mythe, mais elle assume aussi la perception d’une rupture et de tout le tragique de la liberté humaine. Le retour à l’origine qui est Dieu, tel que le conçoit la foi chrétienne, est chargé d’un dynamisme qui lui donne vraiment un sens pour l’homme.
La fin de l’histoire, pour la foi chrétienne, ce n’est pas la simple réintégration de l’homme et du cosmos en Dieu après des millénaires d’errance sans but, mais la réintégration d’un cosmos qui aura développé tous les dynamismes que Dieu y avait déposé à l’origine, grâce au travail de l’homme.. C’est la réintégration d’une humanité qui par sa libre réponse à l’appel de Dieu, réponse à la grâce octroyée, la vie filiale. C’est le stade de développement auquel Dieu voulait la voir parvenir, à travers des chutes et des fluctuations.

RITE.

Action sacrée accomplie conformément à un mythe ou à des règles particulières. (D’où les termes: rituel, ritualisme.)

 

SIGNE.

C’est une réalité visible, sensible, qui renvoie à une autre qui est invisible.
Le signe annonce une réalité absente, ou la rend présente. Cf. infra les différentes sortes de signes.

 

 IMAGE OU ICONE 

C’est une représentation (sans en être une description) de la réalité. Elle dépend du mode de perception visuel, sensible, de la réalité.
Question: peut-on « représenter Dieu »? Cf. Interdiction des images de Dieu dans l’A.T. (Danger de réduire Dieu à une idole.) Mais le Christ s’est fait l’image de Dieu.

SIGNAL.

Simple indication.

 

INDEX.

Un symbole devient un « index » lorsqu’il fait référence à son origine. Il exprime aussi son origine. Référence historique.
Ex. L’Eucharistie qui exprime aussi son origine, Jésus-Christ et son mystère pascal.
Un sacrement est à la fois un symbole et un index.
Le but de l’institution par rapport au rite sacramentel est de changer un symbole en un index, ou plutôt d’ajouter les caractéristiques d’un index à un symbole. (Car le symbole sacramentel, en devenant « index », ne perd pas sa réalité de symbole.)
Exemples :
. Un repas rituel sacré, comme symbole de la communion entre les participants eux-mêmes et entre eux et la divinité. Cf. Toutes les religions.
. Mais un tel repas peut être envisagé comme une participation symbolique (sacramentelle) au corps et au sang.
Cela n’est possible que parce que cela a été voulu par le Christ. (Institution)
A cause de cette détermination par le Christ, le mystère pascal devient présent et actif dans le repas rituel. Le symbole acquiert ainsi une référence historique. Ce qui pouvait être une simple représentation est devenu une « mémoire ».
Dans ce sens, le rite symbolique qu’est le sacrement, n’est pas simplement un symbole qui ne fait que représenter, mais aussi un index qui est en rapport avec l’origine (historique ou mythique). De ce point de vue, il n’est plus une répétition, mais une actualisation.

Ex. L’Eucharistie est la répétition de la Cène et l’actualisation du mystère pascal dont il est le mémorial.
Toutefois, il n’actualise pas parce qu’il est un « index », (causalité), mais il indique ce qu’il actualise.
Cette « indication » n’est pas seulement intérieure à celui qui la comprend et subjective ; elle est sensible dans le rite.
Le plus explicite et essentiel de ces « indicateurs » est l’anamnèse.
Elle est d’abord un geste : manger le corps sacrificiel du Christ et boire son sang.
La signification de ce geste est exprimée dans la prière connue comme « anamnèse ». Elle rend explicite la relation du corps eucharistique au mystère pascal.
La participation à un repas peut symboliser la communion entre les participants (symbole), mais l’institution par le Christ à la cène a transformé ce symbole en un index du mystère pascal.
Cette liaison du repas eucharistique avec la cène comme avec son origine est exprimé dans le rite lui-même :
1) par le récit de l’institution qui est essentiel.
2) et par l’utilisation des éléments que le Christ avait lui-même utilisés à la Cène : le pain et le vin.
Ces deux éléments rituels (récit et éléments matériels) fonctionnent à leur manière propre comme « indices » qui relient le repas eucharistique à son origine constitutive qu’est la Cène.
Un autre « index » important autant qu’indispensable est la communauté des croyants qui sont , ici et maintenant, unis au nom du Christ sous la présidence du ministre pour constitue l’Eglise qui célèbre l’eucharistie.
N.B. Les deux aspects, symbolique et indiciel, des rites semblent être communs à toutes les religions.
Un repas rituel sacré dans n’importe quelle tradition religieuse n’est, en général, pas simplement une célébration d’un repas communautaire. Le rituel est relié à un mythe.
Dans les rites chrétiens, les « indices » indiquent en général non pas un mythe mais un événement spécial historique. alors que les rites non-chrétiens indiquent des événements mythiques.

 

 MYSTERE. (musterion) .

Mot grec qui veut dire « secret révélé à des initiés ».
C’est donc le contraire du sens habituel de « mystérieux », ce qu’on ne peut pas comprendre.
Cf. Infra. 5) Histoire du vocabulaire chrétien. Le mystère de l’Eglise.

SACREMENT.

Traduction latine du mot grec « mystère ». Cf. Infra. Histoire du vocabulaire chrétien.
Signe qui révèle et rend présent une réalité invisible.

 

2) LE RÔLE DES SIGNES ET DES SYMBOLES DANS LA VIE HUMAINE.
La sacramentalité se réfère à l’humain.
Cf. Raisons d’être de la sacramentalité selon St. Thomas. (F)

1- LA PLACE DU CORPS DANS LA VIE HUMAINE.
Nous ne sommes pas des anges. (Cf. L’idéalisme des Cathares.)
Nous ne sommes pas seulement des animaux. (Cf. La transcendance.)
Unité profonde des deux dimensions spirituelle et corporelle de la personne humaine. (Différence avec la
philosophie grecque.)
(Une conséquence dualiste de l’homme entrainera une méconnaissance des sacrements. Cf. Manichéens et Cathares qui
méprisaient la matière comme étant fondamentalement mauvaise.)
Toute la vie de notre esprit dépend de nos sens. (qui ne sont pas mauvais en soi.)
Tout dans l’être humain passe par le sensible (personnel et communautaire). Je n’ai rien dans l’esprit qui ne soit passé
par la matière. Cf. « Quid quid recipitur.. »
Cf. Le handicap de la surdité ou de la cécité.
Pour Saint Thomas. Cf. De potentia q;5. art 10 ad 5 et corpus.
L’homme récapitule en lui le cosmos. Il est la jonction de la matière et de l’esprit.
Il est le pivot par lequel toute la matière est récapitulée en lui.
L’homme humanise la matière et c’est par elle qu’elle est divinisée.
En humanisant le monde, l’homme en prend possession selon la voie de la création, et c’est ainsi qu’elle est
divinisée.
Pour être parfait et parfaitement heureux, l’homme a besoin de la matière, car à ce moment-là, je posséderai ma
nature complète et en la possédant, je serai plus près de Dieu. Ainsi la matière entre en compte directement dans ma béatitude.. L’âme séparée est mal assimilée à Dieu.

2- LE SIGNE DANS LA COMMUNICATION entre les personnes et dans la vie humaine.
Nécessité pour la communion et la rencontre, d’exprimer visiblement ce qui resterait invisible en nous.
Ex. L’amour, l’affection, l’alarme…
Importance des signes et des symboles. Cf. La sémiologie et la linguistique.
TOUTE COMMUNICATION A BESOIN DE SIGNES.
La personne de chacun (son être profond, ce qu’il pense et ressent), n’est pas directement, immédiatement accessible.
Elle n’est connaissable et visible que dans la mesure où elle s’exprime en paroles et en gestes.
C’est le langage des signes qui rend possible toute communication et donc aussi toute connaissance, toute présence.
Importance de la médiation d’un langage.c’est la grande souffrance en cas de décès. Ne plus pouvoir communiquer
sensiblement.

3- DANS LE DOMAINE RELIGIEUX.
L’homme pour rentrer en communication avec la divinité passe par le sensible. (un des soubassement du New-Age.)La foi ne peut se passer d’un langage. Importance donnée à la sensation.
Cela vaut aussi pour la religion populaire avec des gestes ou des rites.

a) L’homme exprime dans des rites ou des symboles son attitude. Cf. L’histoire des religions qui cherche
l’interprétation des symboles. C’est tout le domaine symbolique et rituel des religions:
* Les objets utilisés. Les objets sacrés, consacrés.
* Les démarches humaines : défilés, processions…
* Les postures : prostration, agenouillement…les danses.
* Des actes : ranimer la flamme, offrir des fleurs, mettre de la nourriture.
Gestes qui s’accompagnent souvent de paroles pour en donner le sens. Cf. Les rites liturgiques.

b) L’homme reçoit une communication de Dieu en interprétant des signes.
(Ce qui montre qu’on suppose que Dieu parle en tenant compte de ce qu’est l’homme.)
Directement ou par des intermédiaires humains comme les prophètes.
Ex. On donne un sens à des manifestations de la nature, en particulier à celles qui échappent à l’homme et le dépassent: l’orage, le vent, la pluies, etc..Les éclairs, l’arc-en-ciel.
Cf. Dans les psaumes: « Tu tailles des lames de feu ».

 

3) LES DIFFERENTS ELEMENTS D’UN SIGNE.

1- LES MECANISMES DU SIGNE.
Comment fonctionne le signe.
Les éléments du signe: L’élément visible (le support, le signifiant) et l’élément invisible (le signifié). Il fait aller du visible à l’invisible. Il établit le lien entre les deux éléments.
Ce lien réside essentiellement dans le sens. cf. ci-dessous.

2- IMPORTANCE DE LA SIGNIFICATION ET DU SENS.
Le signe n’a de portée que par sa signification, son sens.
Ce sens peut être:
– Naturel. Ex. La fumée, signe du feu.
– Conventionnel. Il est fixé par les hommes. (Ou par Dieu) Ex.panneau indicateur du code de la route.
Il dépend donc beaucoup de la culture.
– Les deux à la fois.Cf. L’Arc en ciel dans la Bible.

4) LES DIFFERENTS SORTES DE SIGNES.

Les signes peuvent être très divers (souvent selon leur signification).
On peut distinguer en particulier :

1- LES SIMPLES SIGNES. (Naturels ou conventionnels)
Ils expriment ou signalent des réalités extérieures au signe lui-même. De même, le symbole montre. Et montre en
général à un groupe donné.

Ex. Le poteau indicateur sur le bord de la route.
La fumée qui indique qu’il y a du feu.
Le logo ou la pencarte publicitaire d’un magasin.
Le drapeau qui indique dans quel pays on est.
Le repas de la cêne pour les protestants et calvinistes.

2- LES SIGNES PORTEURS D’UNE RÉALITÉ.
Certains symboles ou signes sont plus qu’un moyen de connaissance. Ils sont liés à une réalité dynamique.
Ex. Le drapeau national dont les couleurs ont un sens : la continuité avec la royauté (blanc), avec le centralisme de Paris (Bleu et rouge) ou la révolution républicaine (rouge).
Ex. Le symbole d’un parti politique qui réunit dans une perspective donnée : Le symbolisme communiste de la faucille et du marteau ( alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie).
Ex. du signe de la croix qui indique une appartenance.
Ex. de l’architecture des églises. La voute et le navire.
Ex. Le mobilier honorifique. (Trône ou podium olympique). Exprime une réalité reçue ou acquise.
Le corps sacrement de l’âme.
Certains signes sont porteurs de la réalité qu’ils signifient. (Cf. F. sur la différence entre Symbole et Index.)
Ils contiennent et indiquent la présence de ce qu’ils expriment.
Ex. Une poignée de main qui exprime l’amitié présente (quand elle n’est pas seulement pour la télé et la galerie.)
Ex. du baiser signe de l’amour présent qu’on éprouve pour une personne.

3- LES SIGNES QUI PRODUISENT LA RÉALITÉ QU’ILS EXPRIMENT.
Il peut même y avoir un lien de cause à effet: le signe cause, produit ce qu’il exprime. Question de l’efficacité
symbolique.
Il indique ce qu’il actualise.
Ex. Le baiser qui non seulement exprime l’amour, mais le fait grandir. Cf. aussi les relations conjugales.
Ex. du regard qui fait grandir l’amour, l’amitié.
Ex. Le don de la vie à quelqu’un. Il exprime et crée un lien avec lui.
Le Christ à la Cêne transforme le symbole du repas pascal dans la présence du mystère pascal. (Index.)

 

1- DANS L’ECRITURE.

1) MYSTERE.
C’est la délibération secrète d’un roi avec ses principaux conseillers. (Jdt.2,2.)
Un secret qu’un roi ou un ami confie à quelqu’un sur qui il peut compter.
C’est le dévoilement d’un secret. (Et non une réalité qu’on ne comprend pas, dans le sens de « mystérieux ».)
« Personne ne connaît le Père sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler ».(Lc.10, 21-22.) ; Privilège des disciples.
Dans Sg. et Dan., musterion a un sens religieux.(Appliqué à la Sagessse divine.) Dans la Vulgate: « sacramentum ».
Il désigne le plan secret de Dieu, son dessein sur le monde qui se réalise à travers l’histoire, en particulier l’histoire d’Israël. C’est le dessein de Dieu sur le monde et son accomplissement.
La révélation de ce dessein est faite par Dieu à quelques hommes de son choix, qui désirent d’ailleurs ardemment cette connaissance.
C’est ce sens typiquement juif qui a passé dans le N.T.. (Et non le sens hellénistique.)
Cf. Les 3 passages parall. de Mc.4,11; Mtt.13,11; Lc.8,10. Les seuls passages des synoptiques où le mot « mystère » est employé. Aux disciples il est donné de connaître les mystères du Règne de Dieu. Le sens profond des paroles et des gestes de Jésus sont un secret réservé à ceux qui suivent le Maître.
La Vulgate traduit dans les 3 cas par « mysterium ».
« A vous il a été donné de connaître les mystères du Royaume des cieux. » (Mtt.13,11.) Aux petits et non aux sages.

Chez Paul.
Mot employé souvent par Paul (au singulier et au pluriel) Traduit par la Vulg. par mysterium ou par sacramentum.
Il s’agit de la décision secrète de Dieu, maintenant révélée et dévoilée, d’octroyer le salut pas Jésus, plus précisément par sa croix.
L’Esprit accorde aux « parfaits », à ceux qui ont quitté la conduite de la « chair » pour conformer leur vie à l’Evangile, la pénétration de ce mystère. qui s’identifie à la Sagesse de Dieu. (Cf. surtour 1 Cor.2,6-16.) Colossiens et Ephes. développements les plus importants sur le « mystère ».

Surtout aspect présent du dessein éternel de Dieu qui y est manifesté.
Col. Accent davantage sur l’aspect christologique. Cf. Hymne liturgique qui expose la grandeur du mystère du Christ.
Eph. Accent davantage sur l’aspect ecclésiologique. Paul se présente comme ministre de la révélation du mystère de Dieu et du Christ.
Il invite les fidèles à se laisser transformer par l’Esprit en hommes intérieurs, pour comprendre ce mystère.
Surtout hymne du ch.1surtout v.9-10. Esquisse la plus parfaite du mystère du Christ et de l’Eglise.
 » Dieu nous a fait connaître le mystère de sa volonté, le dessein bienveillant qu’il a d’avance arrété en lui-même pour mener les temps à leur accomplissement: réunir l’univers entier sous un seul chef, le Christ, ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre ».
5,21-32: L’union de l’homme et de la femme devient le symbole de l’union « mystérieuse » du Christ et de l’Eglise.
Cf ; Note bj ; DE Rom ;16,25.
St. Jean n’utilise pas le mot « mystère », ni dans son ev. ni dans ses lettres.
Dans l’Apoc. Le mot désigne deux fois le sens caché des symboles contemplés dans les visions. Sens révélé par le Christ ou par l’Ange. (Cf. Apoc.1,20 et 17,7)

2) SACREMENT.
La Septente n’utilise que le terme musteruion que la vulgate traduit en latin soit par mysterium soit par sacramentum (ou arcanum, absconditum.)
Primitivement en latin: Caution sacrée versée dans un procès. L’argent devenait ainsi « sacré ».
Le terme désigne aussi le serment militaire des légionnaires romains avec l’idée de fidélité, d’engagement sans réserve.
Pas d’équivalent en grec, donc pas dans le texte originel grec du N.T.
Employé dans la vulgate pour les textes principaux de Paul.
Le sacrement est comme la révélation, la manifestation, l’actualisation du « mystère ». Pas rite magique. D’où lien entre sacrement et évangélisation.
La notion de sacrement met en valeur la connaissance et donc (dans le contexte) la réalisation, l’accomplissement dudessein de Dieu.
– Eph.1,9: « Il nous a fait connaître le mystère (sacramentum) de sa volonté, le dessein bienveillant qu’il a d’avance arrêté en lui-même ».
– Eph.3,9″Dieu réalise le mystère (sacramentum) tenu caché depuis toujours en lui, le créateur de l’univers ».
– Col.1,9: « Dieu a voulu leur faire connaître quelles sont les richesses et la gloire de ce mystère (sacramentum)parmi les païens ».
Dans ces trois citations, le mot mystère est traduit par sacramentum et non par mysterium.

2- DANS LE LANGAGE DE L’EGLISE.

1) DANS L’ANTIQUITE.
Continuité avec le langage de la Bible.
Chez les pères apostoliques ( Justin.) les mots musterion , musteria, ne désignent pas ce que l’on appellera plus tard les « sacrements ». Le mot désigne pour eux les prophéties et les figures symboliques de l’A.T. qui trouvent leur réalisation dans la personne de Jésus et les événements de sa vie.
Pour Irénée, « mystère » = « économie ». Reprise dans le Christ et la consommation dans sa vivante unité personnelle, de toute l’histoire de l’homme et du monde.
Vers l’an 200, « mystère » désigne le dessein éternel et divin manifesté et réalisé en la personne de Jésus. il désigne aussi la personne même de Jésus qui, venu pour sauver les hommes, incarne la révélation et la réalisation du projet de Dieu.
Tertullien qui écrit en latin, utilise le mot sacramentum pour traduire musterion. Même chose en général dans les communautés de langue latine.
N.B. L’introduction du mot « sacramentum » s’est opérée au moment où le sens de mystérion » s’était déja élargi et commençait à se référer au baptême et à l’eucharistie. Au début du 3ème siècle, on utilise pour traduire le mot musterion, soit le mot « mysterium » pour traduire l’aspect plutôt doctrinal, soit le mot « sacramentum » pour traduire l’aspect rituel ou liturgique.
L’origninalité des rites chrétiens est qu’ils indiquent un événement réel.
Ex. L’événement historique du mystère pascal du Christ.
Dans l’Eglise primitive, le musterion/sacramentum concerne l’ensemble de l’économie du salut. Il s’agit de la foi au pouvoir et au dessein salvifiques de Dieu, étayé par la vérité qu’il a pris chair, l’alliance qu’est l’incarnation.
A partir du 4ème siècle (Hilaire, Augustin) les deux mots mystérium et sacramentum Ils expriment deux aspects d’une même réalité. sont pratiquement synonymes.

2) AU MOYEN AGE.
Jusqu’au 12ème siècle, même sens général. Les théologiens sont les héritiers des Pères. St. Augustin a été le maître incontesté des théologiens du Moyen-Age. Pour lui, tout est sacrement, signe d’une chose sacrée. Dans l’ordre de la connaissance et du langatge.
Autre grande influence: le Pseudo-Denys, qui ne se situe plus seulement au niveau de la connaissance, mais pénêtre jusqu’à l’être, l’ontologie. le « symbolon » de Denys constitue l’être même des choses. Les choses sont le symbole du mystère divin. Dieu leur est présent à divers degrés et manifeste en elles, à divers degrés, son mystère insondable.
L’emploi du mot sacrement pour désigner les « sept » sacrements, n’apparait qu’au 12ème siècle.
Extraordinaire développement du traité des sacrements. Le mot sera de plus en plus réservé pour désigner les 7 réalités sacramentelles, reléguant dans l’ombre le fait qui fonde ces sacrements: le rôle sacramentel du Verbe incarné et de l’Eglise.

II- LE CHRIST, SACREMENT PRIMORDIAL

Si le sacrement est la réalisation du mystère ou du dessein trinitaire, le Christ est l’unique sacrement de Dieu.
C’est lui le vrai mystère de Dieu.
Saint Paul fait le rapprochement dans Rom.16,25: « Prêcher Jésus-Christ, selon la révélation d’un mystère caché dans le silence durant les temps éternels ».
Le Christ est le sacrement du Père.
= Fondement christologique de la sacramentalité de l’Eglise.
La communication de Dieu au monde se réalise par son Fils qui nous sauve « humainement », dans l’histoire humaine.
Rôle de l’humanité historique du Christ dans le salut. (Pas un mythe.)
Le signe de Jonas. « Cette génération demande un signe, mais en fait de signe, il ne lui sera donné que celui de Jonas. Jonas a été signe pour les habitants de Ninive…Ils se sont convertis. Il en sera de même avec le Fils de l’homme pour cete génération…Il y a ici bien plus que Jonas ». (Lc.11,29.) (Cf. Schillebeeckx. Le Christ sacrement. p.22 et sv.)

1) LA SACRAMENTALITE DE JESUS-CHRIST.
Il est l’expression parfaite du Père, de toute éternité et dans le monde.
0- BIBLIOGRAPHIE.
– « Faut-il encore pratiquer? » Bernard Bro. Coll. Foi vivante. N.50 Ch.3. p.221. Le Christ et les symboles. Cerf 1967.
La vie du Christ devient la notre et la notre devient celle du Christ.
– « Jésus-Christ ». Congar. Coll. Foi vivante. N°.1. Cerf 1965.
1ère partie: « Le Christ image du Dieu invisible.. p.9-50.
– « Le visage du Ressuscité »; Le Guillou. O.P. Edit. ouvr.1968. 2ème partie; Le Christ visage du Père ».
Ch.3. Qui me voit, voit le Père. p.57.
Ch.4. Il est l’image du Dieu invisible. p.85.
I- Le Christ visage du Dieu invisible.
II- L’humanité du Christ, miroir du Père.
III- Le visage du Christ récapitulateur.
Ch.5.Le soufle du Dieu vivant. p.117.
I- La révélation du copeur du Père dans l’Esprit.
II- La reconnaissance du visage.
Ch.6. Le Dieu trois fois saint.
– Dictionnaire encyclopédique de la Bible. Art. Jonas.
– Paul VI. Audience du 1er février 1967. DC.19 fev.1967. Jésus-Christ signe de Dieu et de l’homme.

1- DANS TOUT L’ETRE DE JESUS-CHRIST.
LE CHRIST TERRESTRE, SACREMENT DE LA RENCONTRE DE DIEU.

A) FONDEMENT: L’INCARNATION DU FILS DE DIEU.
Cf. Le Concile de Chalcédoine. Le Christ est une personne en deux natures.

Une seule et même personne, le Fils du Père, se manifeste sous la forme humaine.
1) Le Christ est Fils de Dieu jusque dans son humanité.
Le Fils de Dieu est personnellement homme et cet homme est personnellement Dieu.
C’est pourquoi on rencontre le Fils de Dieu dans la vie et l’histoire humaines.
La vie spirituelle ne sera pas en dehors de la vie humaine., désincarnée. Le sacré et le profane.
2) Sur le plan de son activité et de sa vie.
Comme homme, il vit sa vie divine dans et selon son humanité.
Il vit sa vie de Fils en homme, dans une expression humaine.
Tout ce qu’il fait comme homme est acte de Fils de Dieu = acte de Dieu en manifestation humaine.
Ex. Son amour humain est la forme humaine de l’amour de Dieu, son expression.
3) Cette double réalité est une réalité messianique = salutaire.
L’amour de l’homme Jésus est l’incarnation de l’amour rédempteur de Dieu.
Les actes humains de Jésus, étant actes du dieu qui sauve, ils possèdent une force divine de salut. (Efficacité.) Ils
sont salutaires, cause de grâce.
Ceci est particulièrement vrai pour la mort et la résurection de Jésus.
4) Ces actes salutaires, ayant une force divine de salut, apparaissent sous une forme terrestre, visible.
Ils sont donc sacramentels. Iles sont le don du salut en visibilité historique par une corporéité qui lui est propre.
Il y a une rencontre avec Dieu par l’intermédiaire du corps et la vie humaine totale.

B) L’HOMME JESUS EST DONC LE SACREMENT PRIMORDIAL/
Il est la manifestation terrestre visible du salut.
Cet homme concret, Jésus, Fils de Dieu, est voulu par le Père comme l’unique accès à la réalité du salut.
Il est le seul médiateur entre Dieu et les hommes. (1 Tim.2,5)
Les actes salutaires humains de Jésus sont donc à la fois (pas 2 réalités) « signes et cause de grâce ».

2- DANS TOUTE L’OEUVRE ET L’ACTIVITE DU CHRIST.
Par le mystère pascal, il réalise et rend présente dans le monde la volonté salvifique du Père.
DOUBLE MANIFESTATION:

A) DE L’AMOUR DIVIN POUR LES HOMMES. (Dynamisme descendant.)
Sens de la mission du Fils sur terre: la révélation de l’amour miséricordieux et rédempteur de Dieu. Cet amour est premier, antériieur au péché. (Et pas d’abord un besoin des hommes.)
Finalité concrétement assignée par le Père à l’Incarnation du Fils: c’est la divinisation de l’homme par mode de rédemption.
C’est la délivrance de l’homme à partir du péché, jusqu’à la communion personnelle de grâce et d’amour avec Dieu. Jésus est voulu comme source de grâce pour tous les autres hommes qui tous doivent recevoir de Lui.
L’amour humain de Jésus pour les hommes est la manifestation communicatrice de l’amour divin envers tous les hommes. C’est la miséricorde rédemptrice (à cause du péché) de Dieu lui-même venant à nous par un coeur humain..
Valeur de sanctification.

B) DE L’AMOUR DE L’HOMME POUR DIEU. (Dynamisme ascendant.)
Il y a aussi dans l’homme Jésus un mouvement de bas en haut, allant du coeur humain de Jésus, le Fils, vers le Père.
Valeur de culte. Ces actes de Jésus sont une réelle adoration, l’amour de l’homme Jésus envers Dieu.
Jésus est l’adorateur suprême du Père. Il montre ce qu’est un homme qui se donne entièrement au Père invisible.
C’est la forme concrète de la religion, la figure d’un homme véritablement religieux.
Cette humanité de Jésus est représentative de nous tous. (Solidarité de l’Incarnation = en notre nom.)
C’est un mouvement qui part de toute l’humanité et va au Père, à travers l’humanité représentative de Jésus = le prototype solidaire de la réponse humaine d’amour à l’offre divine.
Dans l’homme Jésus, comme dans son chef, toute l’humanité est déja objectivement et réellement délivrée. Jésus est la source et la norme de toute l’humanité sauvée, communiant à la vie du Père. (L’incarnation demeure dans la gloire actuelle.)
L’incarnation n’est pas seulement l’instant ponctuel de la descente en Marie, mais elle est continue. Elle concerne toute la vie de Jésus qui se déroule à travers l’histoire et dans l’au-delà de la gloire. D’où:

2) LE SALUT DE JESUS-CHRIST SACREMENT: LE MYSTERE REDEMPTEUR DU CHRIST. (nature du salut.)

Salut sacramentellement présent au monde.

1- QUATRE ELEMENTS DE CETTE REDEMPTION.
A) L’INIATIVE DU PERE, par le Fils et dans l’Esprit. (La réalité invisible dépasse ce qui est visible.)
Arrière-fond trinitaire, intre-divin, qui se manifeste voilé.
Le Père donne son Fils bien-Aimé dans une vie humaine authentique.
B) LA REPONSE HUMAINE DE LA VIE DU CHRIST à l’initiative de la mision donnée par la Père.
Obéisant jusqu’à la mort. Soumission pleine d’amour de Jésus au Père.
Le sacrifice du Christ:
– Acte intérieur de Jésus qui vit sa filiation divine en fidèle attachement au Père et en dépendance du Père.
– Mais aussi extérieur: sous la forme d’un sacrifice sanglant. Comprend l’ordre corporel.
C) LA REPONSE DIVINE A L’HUMILIATION OBEISSANTE DE LA VIE DE JESUS.
L’exaltationde Jésus qui est fait « Seigneur ». Le Kyrios.
La manifestation de cette exaltation se fait dans le déroulé historique. L’incarnation continue de se dérouler dans le temps: naissannce de l’Eglise (corps du Christ) à l’incarnation ; Cf. Oraison sur les offranes de la fête de l’annonciation.
1- La Pâque, glorification du christ.
2- L’Ascension:
a- Investiture du christ ressuscité comme Seigneur et roi de l’univers.
b- Le Christ devient pleinement le messie: l’incarnation dans son état final: la Rédemption.
c- Prélude au don de l’Esprit-Saint. Le Christ près du Père, devient source de l’Esprit. D’où:

D) LA MISSION DU SAINT-ESPRIT PAR LE KYRIOS GLORIFIE,Seigneur sur le monde et sur l’humanité.
La Pentecôte éternellement durable. L’Esprit actualise en nous ce que le Christ a accompli pour nous une fois pour toutes. L’Esprit rend présent visiblement l’amour.
Action propre de l’Esprit mais qu’il puise dans l’oeuvre rédemptrice du Christ. Cf. Encycl. Dominum et vivificantem.
Cette mission de l’Esprit est la dernière phase du mystère du Christ avant la Parousie: « Maintenant que le Christ a
atteint la perfection, il est devenu pour nous une source de béatitude éternelle. » (Hebr.5,9)

2- REFLEXION SUR LE MYSTERE DU SALUT DE JESUS-CHRIST.

A) LE MYSTERE DU CULTE TERRESTRE DE DIEU
Culte par l’Incarné comme Fils de Dieu. L’incarnation est toute la vie du Christ.
Ce n’est qu’après avoir vécu sa filiation j usqu’au bout dans sa vie humaine, après avoir exprimé cette vie au Père dans
une obéissance parfaite d’amour jusqu’à la mort, que sa filiation divine est entièrement réalisée et manifestée sur le
plan de l’Incarnation. Jusque là , sa vie de Fils n’avait pas pleinement envahie et transformé sa vie humaine.
Ce pur don de soi au Père est le noyau même de toute vie religieuse. Jésus a exprimé jusqu’au bout sa vie humaine
au Père en la sacrifiant. (Elle est rendue sacrée, divinisée.)
Cf. le grain e blé tombé en terre.

B) LA RÉPONSE PATERNELLE A LA VIE RELIGIEUSE TERRESTRE DU FILS.
Résurrection, glorification et institution comme Seigneur et émetteur de l’Esprit-Saint.
Acceptation divine du sacrifice par la résurrection dans toute son ampleur.

C) LE CHRIST CELESTE EMETTEUR DE L’ESPRIT DE SANCTIFICATION.
« Il n’y avait pas encore d’Esprit, parce que le Christ n’avait pas encore été glorifié ». J;.
« De chez le Père, je vous enverrai l’Esprit ». (Jn.15,26)
Comme homme, le Christ ne sera le principe vital du Saint-Esprit que lorsque sa filiation sera entièrement réalisée dans
son humanité. (Totale, entière, donc aussi dans sa dimension corporelle.)
Le Kyrios est jusque dans son humanité, l’envoyeur de l’Esprit-Saint.
dans ce sens la Pentecôte est un événement pascal et durable.
C’est la traduction humaine du mystère trinitaire rédempteur: Dans la vie intra-trinitaire, le Fils, mainteant, reçoit du Père
d’êtrre le principe du Saint-Esprit.
Maintenant, aussi dans son humainité, comme Kyrios, il est l’envoyeur du Saint-Esprit par rapport au monde humaine.

D) LE MYSTERE DE L’AMOUR DU CHRIST POUR LE PERE.
C’est le fondement de sa communication infaillible de grâce. Il doit diviniser et renouveler entièrement toute l’humanité,
jusque dans sa corporéité.
L’envoi de l’Esprit est en même temps notrte sanctification: notre propre filiation divine.
Celle-ci s’exprime par le sacrifice filial de toute notre vie humaine. Par grâce, nous devenons et nous vivons ce que
Jésus lui-même est par nature: Fils de Dieu.

 

III- L’EGLISE SACREMENT.

INTRODUCTION : NECESSITE D’UN LIEN ENTRE LA SACRAMENTALITE DU CHRIST ET LA SACRAMENTALITE DE L’EGLISE.

1- REALITE GLOBALE: NECESSITE DE NOTRE RENCONTRE AVEC LE CHRIST RESSUCITE.

Le Christ est le seul sauveur, le seul sacrement primordial du salut.
Le salut est lié à la rencontre personnelle avec l’homme Jésus qui est l’unique accès au Père.
Mais qu’en est-il lorsque le Christ par sa résurrection et sa glorification a disparu de notre horizon visible.
Comment pouvons-nous rencontrer le Seigneur glorifié qui s’est soustrait à nos yeux ? La corporéité de Jésus a quitté notre univers terrestre comme moyen direct de communication. (Souvent, les hommes cherchent une autre corporéité. Cf. Les statues.)
A première vue, cette absence corporelle ne semble-t-elle pas favorable?
Cf. « La chair ne sert de rien ». (Jn.6,64.)
« Il est bon pour vous que je m’en aille ».
Ce n’est pas sa disparition en elle-même qui est meilleure pour nous.
C’est la glorification auprès du Père (qui a entraîné son départ »).
Il disparait pour un temps de notre horizon visible pour préparer de là, la parfaite réunion corporelle, en agissant en nous pour nous transformer jusque là.
Si nous sommes ainsi partiellement privés de la rencontre corporelle du Christ entre l’Ascension et la Parousie (vers laquelles nous tendons = le salut), nous rencontrons déja dans une certaine mesure le Christ glorifié.
– Par le souvenir de ce qui s’est passé en Palestine il y a des siècles.
– Par la foi vivante au Christ céleste actuel et qui agit invisiblement dans nos âmes.
Mais il y a plus: La présence active du Christ glorifié se rend visible et palpable parmi nous. (Le Christ n’est pas totalement invisible.)

– Non pas directement par sa corporéité propre. (Il faudrait que nous soyons glorifiés pour cela.)
– Mais, sur terre, dans des formes de manifestations visibles qui exercent parmi nous l’action de son corps
céleste. (Différence d’avec les démons.)
Le « corps » du Seigneur va être sacramentellement présent sur terre. C’est l’Eglise, sacrement universel de salut.
Ecclésialité du corps du Seigneur sur terre. L’action du Christ glorifié, par son Esprit-Saint, sera visible dans notre monde par l’Eglise. (Différences avec les apparitions.)
La raison d’être de ce sacrement qu’est l’Eglise: Dieu est fidèle à sa pédagogie de salut.
L’Eglise sacramentelle est l’instrument visible du christ glorieux agissant sur terre.

2- POSSIBILITE DU COTE DU CHRIST LUI-MEME.

Cette possibilité de notre rencontre avec le Christ glorifié lui-même existe

1) Alors que les défunts non ressuscités ne peuvent pas exercer sur nous d’action directe, d’hopmme à homme, (Il n’y a plus de contact par le corps.) ; Pas de localisation. Nombreuses erreurs concernant les âmes du purgatoire. Ils le peuvent seulement pas la prière et leur intercession.

2) Mais cette possibilité est donnée au Christ comme homme glorifié, jusque dans sa dimension corporelle. C’est comme homme que le Christ est médiateur: dans son humanité et par son humanité.
C’est l’humanité glorifié du christ, sa corporéité glorifiée, qui lui permet de nous influencer réellement comme homme. (Cf. Possibilité de l’Eucharistie.)
Par un acte personnel du Christ, toute l’humanité du Christ (son âme et son corps) agit sur les hommes. Cf.
« J’avais faim et vous m’avez donné à manger ».

 

3- NECESSITE DU COTE DE L’HOMME.

Nécessité des sacrements pour la réciprocité humaine dans la rencontre entre le Christ céleste et les hommes de la terre.
La rencontre humaine avec le Christ demande une réciprocité (malgré l’invisibilité du Christ céleste). Nécessité de la communication réciproque.
1) Si le Christ ne donne pas d’une manière ou d’une autre à sa corporéité céleste une visibilité sur le plan de notre monde terrestre, sa médiation ne peut pas être saisie par nous concrétement pour y correspondre.
2) Mais si le Seigneur se rend présent dans son activité salvatrice, en assumant des réalités terrestres non glorifiées, cela est possible.

L’acte céleste de salut, qui nous est invisible, devient visible dans le sacrement.
Le sacrement est alors l’acte du Christ lui-même, agissant par son Esprit-Saint.

SYNTHESE.
La sacramentalité de l’Eglise et dans l’Eglise, jette un pont sur l’éloignement ou la disproportion qui existe entre le Christ céleste et l’humanité non glorifiée.
Les sacrements dans l’Eglise ne sont pas des choses mais des rencontres d’hommes sur la terre, avec l’homme glorifié Jésus, par le moyen d’une forme visible.
Le sacrement est une manifestation concrète de l’acte de salut du Christ céleste.
« Sacramentaliser » indique l’action personnelle du Christ qui donne par son Eglise une forme visible terrestre à sa acte de salut ou don de grâce invisible.
Il se rend ainsi présent à nous dans cet acte.

1) LA SACRAMENTALITE DE L’EGLISE.

1- LA DOUBLE DIMENSION DE L’EGLISE: DEUX ELEMENTS D’UNE MEME REALITE.
Dans l’Eglise-sacrement, il y a une réalité importante; le rapport dans la vie ecclésiale entre la communion et l’institution. On a un langage alternatif.

A) PAS DE DUALISME ECCLESIOLOGIQUE.
Souvent on oppose les deux éléments (Communion et Institution) pour mieux dénoncer leur incompatibilité.
Cf. Historique avant Vatican II. dans la conception de l’Eglise.

1) AU XIVEME SIECLE.
Les premiers traités d’ecclesiologie insistent plutôt sur l’aspect « pouvoir » (potestas) dans la conception de l’Eglise.
Aspect institutionnel.
Deux principaux courants s’affirment :

a) Courant monarchique.
Monarchie papale: le Pape occupe le sommet de l’Eglise et peut être pris pour l’Eglise.
Cf. Bulle « Unam Sanctam » de Boniface VIII et 1302. L’Eglise a reçu de Dieu deux glaives, le spirituel et le temporel.
Tous les deux sont au pouvoir de l’Eglise.
Seulement considérée sous l’angle christologique, l’Eglise est conçue comme un corps hiérarchique sous l’autorité de son chef, le Christ, représenté sur terre par le Pape.
La dimension communautaire et pneumatologique est absente.

b) Courant plus communautaire. (Guillaume d’Occam.)
Il définit l’Eglise comme la communauté des fidèles.
On réduit au minimum l’aspect institutionnel de l’Eglise.
Ce deuxième courant est minoritaire dans l’Eglise.

2) LA REFORME PROTESTANTE.

a) Pensée de Luther.
Ce qui unit les chrétiens, ce n’est pas un corps visible extérieur, structuré. C’est le Christ lui-même. L’Eglise, c’est fondamentalement l’assemblée spirituelle, invisible, de ceux que le Christ recouvre de sa justice accueillie dans la foi.

b) Pour les réformateurs.
L’ecclésiologie est centrée sur le caractère invisible.
Sa visibilité se manifeste par des signes, mais ceux-ci ne sont pas à proprement parler des « moyens de grâce ».
Les réformateurs formulent de nombreux griefs contre l’Eglise institutionnelle du XVIème siècle, dans laquelle il y a bien des abus. (De plus, contexte social angoissé.)

3) LA REFORME CATHOLIQUE. (Ou « contre réforme ».)

En réaction contre la « Réforme », la tendance est d’accentuer l’aspect institutionnel de l’Eglise, dans une attitude d’autodéfense.

a) Le Concile de Trente. (1545-1563)
Pas d’élaboration de « document » sur l’Eglise, mais réponse aux protestants sur les points mis en cause.
Début d’une ère de juridisme. Entretenir la centralisation romaine.

b) La controverse au lendemain du Concile de Trente.
Bellarmin qui insiste sur les aspects extérieurs de l’Eglise. Insistance pontificale.

c) L’Eglise de la contre-réforme.
Le souci de s’affirmer en s’opposant demeure: ecclésiologie très hiérarchisée, anti-protestante, cléricale et sacramentaliste.
Jusqu’au milieu du 19ème siècle, la conception d’une église monarchique, pyramidale et romaine, va s’imposer.
(Tendance à y revenir dans la dernière partie du 20ème siècle. )

d) L’ouverture du 19ème siècle.
L’aspect de communion qui n’a jamaisété totalement absent (Cf. Doctrine du Corps Mystique) reprend plus de place.
– Les théologiens (comme Moehler) rétablissent l’équilibre. L’Eglise est contemplée en elle-même, dans son mystère trinitaire et dans la communion qu’elle établit par l’Esprit à travers le temps et l’espace.
– L’équilibre est rétabli entre l’aspect visible et invisible de l’Eglise.
– L’encyclique « Satis cognitum » (1896) et « Divinum illud » (1897) de Léon XIII. « L’ensemble et l’union des deux éléments est absolument nécessaire à la véritable Eglise, à peu près comme l’union intime de l’âme et du corps est indispensable à la nature humaine.
– Cf aussi l’encyclique « Mystici Corporis » de Pie XII.

e) La pesanteur de l’institution.
Jusqu’au milieu du 20ème siècle, les éléments sociétaires, institutionnels, hiérarchiques, sont prépondérants. Quatre concepts sont souvent associés dans kla compréhension de l’Eglise: Société, institution, gouvernement, autorité.
Le « De Ecclesia » de Vatican I parle surtout du « pouvoir » de l’Eglise et de l’autorité pontificale, quasi monarchique.
C’est encore ce qui est reproché à la lettre de Ratzinger du 28 mai 1992 sur l’Eglise communion.. Cf ; Article
d’Olivier Clément dans la « France Catholique du 24 juillet 92. : centralisation romaine ; importance de la curie romaine.
Cf ; la lettre sur les divorcés remariés de Ratzinger de septembre 94 : orientation plus disciplinaire que pastorale.
Cf. lettre des évêques allemands.
Il y aura un certain « retour » à cette tendance à la fin du 20ème siècle.

B) AFFIRMATION DES DEUX ELEMENTS D’UNE SEULE REALITE ECCLESIALE.

La synthèse de Vatican II
Il y a le passage d’une ecclésiologie principalement axée sur le pouvoir, le droit et l’autorité de l’Eglise, à une ecclésiologie dominée par le sens de la communion et du service réciproque. (Déplacement d’accent.)
L’Eglise ne renonce pas à son aspect institutionnel, mais le situe tout autrement: dans une relation de subordination à la communion dans l’Esprit.

1) UNE REALITE INVISIBLE. L’ESPRIT-SAINT. UNE ECCLESIOLOGIE DE COMMUNION.
C’est l’aspect invisible de l’Eglise. Cf. Fichier: Le mystere de l’Eglise.

A) INVISIBILITE DE L’EGLISE.
Fondement trinitaire de cette communion.
L’Eglise temple du Saint-Esprit.

B) DANGERS ET TENTATIONS. (Si exclusivité de cet aspect.)
– Eglise vague.
– Mode de l’Eglise de présence au monde ?

2) UNE VISIBILITE HUMAINE. L’INSTITUTIONALITE DE L’EGLISE .

A) FONDEMENT.
Dès l’origine. de l’Eglise.
Nécessité pour l’homme.
Radicale pauvreté humaine de l’Eglise. Limites et faiblesse aux différents niveaux.

B) DANGER ET TENTATIONS. (Si exclusivité ou prédominance de cet aspect.)
– Eglise presque exclusivement juridique et humaine.
– Eglise pyramidale dans laquelle chaque baptisé ne se retrouve pas à participation entière. Centralisme administratif exagéré. Même dans l’épiscopat et le clergé. Cf. « ma paroisse. »
Ce danger n’a pas toujours été évité au cours de l’histoire de l’Eglise, ce qui a provoqué la mise au point du Concile Vatican II. Cela fait partie de l’héritage historique de l’Eglise terrestree dont il faut reconnaître les limites.
Cf. Historique du régime de chrétienté. Signe de l’amour ?
Encore actuellement, parfois exprimée uniquement en termes de pouvoirs ou d’obligations juridiques.
On a développé souvent une conception de l’Eglise vigoureusement institutionnelle dans laquelle les éléments sociétaires, juridiques et hiérarchique sont prédominants.
Cf. L’intervention de Mgr. de Smedt, évêque de Bruges, à Vatican II, où il a ainsi résumé le mécontentement de nombreux évêques lorsqu’il a stigmatisé « le triomphalisme, le cléricalisme et le juridisme » dont le premier schéma sur l’Eglise portait la marque.
Exemples de trois expressions de cette conception de l’Eglise:

1°) LA REFORME GREGORIENNE. (Grégoire VII au XIème siècle.)
Cf ; les « dictatus papae » (1075.), dans « la primauté du Pape, son histoire « par KLAUS Schatz ; Cerf.1992.
p266. Va jusqu’à prendrre la place du Christ.

2°) L’ECCESIOLOGIE TRIDENTINE. (XVIème siècle.)

3°) L’INSISTANCE SOCIETAIRE DU XIXème SIECLE.
Importance des différents dicastère de la Curie.
Ou encore le diocèse vu comme une fédération d’églises.
PRESENCE ENCORE DE CETTE TENDANCE A LA FIN DU 20EME SIECLE.
C’est ce qui est reproché à la Letrre de Ratzinger du 28 mai 1992 sur l’Eglise communion. Cf. Article d’Olivier Clément dans la « France Catholique » du 24 juillet 92.
Cf aussi la lettre de Ratzinger sur la communion eucharistique et les divorcés remariés de septembre 94. Orientation plus disciplinaire que pastorale. Voir dans la DC. la lettre de l’épiscopat allemand qui réagit sur la plan pastoral.

2- RAPPORT ENTRE COMMUNION ET INSTITUTION.

(Pas seulement maintenir les deux composantes.)

1) L’INSTITUTION SUBORDONNEE A LA COMMUNION. (Et non le but.)

Cf. le sabbat pour l’homme et non le contraire ;
Ex. Le ministère des évêques n’est plus défini d’abord en termes de pouvoir, mais comme un service pastoral exercé
au milieu de frères.

2) L’INSTITUTION AU SERVICE DE LA COMMUNION.

a) On peut schématiser deux positions extrêmes :

1- Les partisans d’une Eglise souterraine, informelle, déstructurée, libérée de toute organisation sociale. A la limite, on accepte J.C., mais pas l’Eglise.

2- Les partisans d’une Eglise fortement établie, dotée de structures stables, puissantes et reconnues, de normes immuables, de références sûres, d’un pouvoir monarchique incontestable. (papauté ou curé de la paroisse.)

b) On ne peut ni opposer ces deux conceptions, ni chercher une sorte de compromis centriste. Il faut maintenir :

1- Un rapport dialectique.

Dès son origine, l’Eglise est institutionnelle. (Cette dimension n’a pas été imposée après-coup.) Cette institution est aussi un don du Christ. L’Eglise institution se reçoit de son Seigneur. L’institution n’est donc pas une structure qui s’ajoute à l’Eglise (Pas de dualisme. Cf. supra). Elle découle de la nature des relations entre Dieu et les hommes. (Cf. Anthropologie.) Le justification de l’institution est qu’elle est un service de la communion.
16
Il n’y a pas à choisir entre les deux dimensions de l’Eglise, mais à les prendre dans leurs rapports réciproques. Mais on peut poser la question de la forme qu’a prise l’exercice de l’autorité ; Influence du juridisme romain et modèles de l’autorité en occident ; Formes démocratiques possibles, même si l’Eglise n’st pas une démocratie. Inculturation dans une contexte démocratique. Cf. Schilbeex.
Cf. CEDOI 2003 : l’exercice du pouvoir dans l’Eglise ;

2- L’institution comme sacrement de la communion.

– La nécessité de l’Eglise comme institution se fonde d’abord sur des raisons théologiques (et pas seulement psychologiques, valable aussi par ailleurs).
Elle est le sacrement du salut qui est communion.
– Le mystère trinitaire de l’Eglise prend forme dans un visage historique.
Nécessité de reconnaître à la fois l’importance de l’institutionalité de l’Eglise et la contingence de ses formes historiques.
– La communion s’exprime surtout dans le partage de la Parole de Dieu, la liturgie (au sommet de laquelle l’Eucharistie) et la vie fraternelle. Elle se noue dans un même mouvement dans l’union des chrétiens avec Dieu et entre eux, et revêt une forme institutionnelle.
– Cette communion institutionnelle a valeur de signe pour le rasemblement de tous les hommes pour le Royaume. Pas de communion sans mission. L’Eglise est une communion « missionnaire ».

3- L’institution relativisée.

La dimension institutionnelle de l’Eglise qui lui donne sa visibilité historique et sociale, est à relativiser :

a)Elle est une forme provisoire.
Elle ne survivra pas dans l’eschatologie, au delà de l’histoire. Elle préfigure l’Eglise du ciel et n »a donc plus de raison d’ête quand la réalité sera accomplie.

b) L’Esprit-Saint agit au-delà des frontières visibles de l’Eglise (catholique et des autres églises). Cf. Efficacité du sacrement de l’Eglise.

c)La communauté des chrétiens est un peuple de pécheurs qui doivent se convertir. (A tous les niveaux.) L’institution de l’Eglise est marquée par cela et ne peut donc être une institution idéale, parfaite. Elle prête nécessairement le flanc à la critique (Cf. toute l’histoirre de l’Eglise avec ses misères). Radicale pauvreté.
Un peuple toujours en démarche de conversion, quelque soit la mission de chacun.
Cf. le demannde de pardon de la part de l’Eglise. (Procès Gallilée, inquisition, croisades..)

d) Les chrétiens vivent souvent dans un monde sécularisé (et non plus une chrétienté).
Dans ce cas, l’Eglise n’est plus une réalité structurante de la société et de l’organisation sociale. Elle est dépouillée de ses privilèves sociaux.
Le prêtre n’est plus un « notable ». Le sacerdoce ministèriel n’est plus une « promotion sociale ».

4- L’institution interrogée.

Elle n’est jamais autonome dans son fonctionnement et n’a de justification qu’au service du mystère trinitaire. Risque permanent de devenir un « en-soi » et de s’imposer pour elle-même.
Le dialogue avec le monde est nécessaire pour la mission. D’où une disponibilité permanent à l’imprévu, à la nouveauté de l’Esprit.
Malheur à l’Eglise qui se durcit et se fige en ses institutions, obsédée par la réussite de son fonctionnement interne. (Technocratie cléricale.) Prédominance des « services d’Eglise » sur la mission dans et pour le monde.

D’où:

5- L’institution et les institutions de l’Eglise.

Dans la sacramentalité de l’Eglise, son aspect visible (l’ensemble institutionnel) comporte différents aspects :

a) L’institution primordiale.
Celle qui correspond directement au projet exprimé par Jésus-Christ pendant son séjour terrestre. Dans le Nouveau Testament.

b) Les institutions créées par l’Eglise.
C’est le développement de l’institution primordiale, pour répondre à tel ou tel besoin concernant la vie et la mission de l’Eglise.
Exemples: Les conciles, la vie religieuse, l’année liturgique, la paroisse, la catéchèse.
Ces institutions créées par l’Eglise sont d’importance inégale.
Exemples: Un concile et le cardinalat ; La vie religieuse et les confréries.
Donc caractère relatif. Nécessité d’un discernement et révisions parfois nécessaires pour une plus grand fidélité à la volonté du Christ.

d) Les institutions chrétiennes.
Ce sont les institutions temporelles de l’Eglise.
Elles expriment visiblement l’action communautaire des chrétiens au service le la communauté humaine.
Exemples: Ecoles, hopitaux, organismes professionnels ou de loisirs, associations diverses, familiales, caritatives, artistiques, syndicales, politiques..
Elles sont contingentes et relatives. (Ce qui ne veut pas dire superflues.)
Elles sont liées au contexte historique et social. Toujours sujettes à révision pour être réellement signes.
Le fait qu’elles sont ensuite souvent assurées par la société elle-même est un signe de leur efficacité et du progrès de l’évangile dans la société. (Sans récupération.)

e) La présence active des chrétiens dans des institutions non ecclésiales. C’est un autre signe visible de l’Eglise par le témoignage de ses membres.

2) LE FRUIT DE L’EGLISE SACREMENT. (EFFICACITE DE L’EGLISE MOYEN DE SALUT.)

Une nécessité dans le monde.

1- L’UNION INTIME AVEC DIEU.

1) DANS L’INTIMITE TRINITAIRE.
Signe prohétique et minoritaire dans le monde. L’efficacité dépasse l’élément visible.

2) DIVERSITE DANS L’UNITE.
unité grâce à la diversité. et non pas « malgré » la diversité.

2- L’UNITE DE TOUT LE GENRE HUMAIN.

1) UNE TRANSFORMATION DE LA SOCIETE PAR L’AMOUR.

2) PLACE ESSENTIELLE DU LAÏCAT, signe efficace au sein de la société.
Cf. Dossier « LA PLACE ET LA MISSION DES LAICS DANS L’EGLISE ET DANS
LE MONDE. »

3) FAUSSES COMPREHENSIONS DE LA SACRAMENTALITE DE L’EGLISE.

1- NE PRENDRE QU’UN DES DEUX ASPECTS. (La visibilité ou la vie spirituelle.)

2- SACRAMENTALISME INVERSé: L’Eglise sacrement de l’humanité.
On ne voit dans l’eglise quel’ expression d’une organisation purement humain.
Elle est regardée seulement comme une instituion juridique puremennt humaine.

 

IV- LES SACREMENTS DANS L’EGLISE.
Dans l’Eglise sacrement, les sacrements en sont pratiquement les signes et les moyens
concrets principaux.
CF. DOSSIERS ULTERIEURS.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




SACREMENT DES MALADES.

Le sacrement de l’onction des malades n’est pas un sacrement réservé aux derniers moments comme le laissait entendre les expressions « extrême onction » et « derniers sacrements ».
Il s’adresse aux fidèles dont la santé commence à être dangereusement atteinte par la maladie ou la vieillesse, au moment où la maladie devient une épreuve difficile à supporter, à ceux qui vont subir une opération sérieuse et aux personnes âgées dont les forces déclinent beaucoup. L’onction des malades ne remplace en aucun cas les soins médicaux.
Le Concile Vatican II, dans la Constitution sur I’Église, Lumen Gentium, le 21 novembre 1964, au n°11 dit : .. ». Par l’onction sacrée des malades et la prière des prêtres toute l’Église recommande les malades au Seigneur souffrant et glorifié, afin qu’il adoucisse leurs peines et les sauve. Elle les exhorte à s’unir spontanément à la passion et à la mort du Christ.., pour contribuer ainsi au bien du Peuple de Dieu. »

 

LA MALADIE DANS LA VIE HUMAINE

Nous citerons essentiellement le Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC) publié sous le Pontificat de Jean-Paul II en 1997.

CEC.1500. »La maladie et la souffrance ont toujours été parmi les problèmes les plus graves qui éprouvent la vie humaine. Dans la maladie, l’homme fait l’expérience de son impuissance, de ses limites et de sa finitude. Toute maladie peut nous faire entrevoir la mort.
CEC.1501 » La maladie peut conduire à l’angoisse, au repliement sur soi, parfois même au
désespoir et à la révolte contre Dieu. Elle peut aussi rendre la personne plus mûre, l’aider à discerner dans sa vie ce qui n’est pas essentiel pour se tourner vers ce qui l’est. Très souvent, la maladie provoque une recherche de Dieu, un retour à Lui. »

Si la foi révèle un certain lien entre la souffrance et la condition pécheresse de l’humanité, on ne peut (sauf exception) considérer la maladie comme une punition infligée à chacun pour ses propres péchés.
Cf. Déjà le livre de Job. (150 ans avant Jésus-Christ.)
Les grandes épreuves de Job comme sa maladie, ne sont pas une punition pour des fautes qu’il aurait commises, comme ses amis le disent.
Cf. Jn.9,3: « Si cet homme est né aveugle, ce n’est ni à cause de son péché, ni à cause du
péché de ses parents. »

 

LE CHRIST – MEDECIN

CEC.1503. « La compassion du Christ envers les malades et ses nombreuses guérisons d’infirmes de toute sorte (cf. Mt 4, 24) sont un signe éclatant de ce  » que Dieu a visité son peuple  » (Lc 7, 16) et que le Royaume de Dieu est tout proche. Jésus n’a pas seulement pouvoir de guérir, mais aussi de pardonner les péchés (cf. Mc 2, 5-12) : il est venu guérir l’homme tout entier, âme et corps ; il est le médecin dont les malades ont besoin (cf. Mc 2, 17). Sa compassion envers tous ceux qui souffrent va si loin qu’il s’identifie avec eux :  » J’ai été malade et vous m’avez visité  » (Mt 25, 36). Son amour de prédilection pour les infirmes n’a cessé, tout au long des siècles, d’éveiller l’attention toute particulière des chrétiens envers tous ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur âme. Elle est à l’origine des efforts inlassables pour les soulager. »

CEC.1504. » Souvent Jésus demande aux malades de croire (cf. Mc 5, 34. 36 ; 9, 23). Il se sert de signes pour guérir : salive et imposition des mains (cf. Mc 7, 32-36 ; 8, 22-25), boue et ablution (cf. Jn 9, 6 s). Les malades cherchent à le toucher (cf. Mc 1, 41 ; 3, 10 ; 6, 56)  » car une force sortait de lui qui les guérissait tous  » (Lc 6, 19). Ainsi, dans les sacrements, le Christ continue à nous  » toucher  » pour nous guérir. »

CEC.1505. » Emu par tant de souffrances, le Christ non seulement se laisse toucher par les
malades, mais il fait siennes leurs misères :  » Il a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies  » (Mt 8, 17 ; cf. Is 53, 4). Il n’a pas guéri tous les malades. Ses guérisons étaient des signes de la venue du Royaume de Dieu. Ils annonçaient une guérison plus radicale : la victoire sur le péché et la mort par sa Pâque. Sur la Croix, le Christ a pris sur lui tout le poids du mal (cf. Is 53, 4-6) et a enlevé le  » péché du monde  » (Jn 1, 29), dont la maladie n’est qu’une conséquence. Par sa passion et sa mort sur la Croix, le Christ a donné un sens nouveau à la souffrance : elle peut désormais nous configurer à lui et nous unir à sa passion rédemptrice. »

La souffrance, la maladie et la mort sont un mal pour l’homme. Le salut apporté par le Christ comporte leur suppression. Le Fils de Dieu va faire corps avec tous les hommes et partager leur situation pour les en délivrer.

 

JESUS EST PASSE PAR LA SOUFFRANCE.

Jésus ne vient pas expliquer la souffrance, mais il la partage.
Jésus est solidaire de l’humanité marquée par la maladie, la souffrance et la mort. Le fils de Dieu est devenu homme authentique, de notre humanité marquée par la souffrance et la mort.
Elles font partie de l’offrande pascale de Jésus pour le salut du monde.
La volonté de son Père n’est pas directement la mort de son Fils innocent, mais qu’il reste solidaire des hommes meme lorsque ceux-ci le font souffrir et le mettent à mort.

LE SACREMENT EST TOUJOURS UNE ACTION DU CHRIST.

CEC.1506. » Le Christ invite ses disciples à le suivre en prenant à leur tour leur croix (cf. Mt 10, 38). En le suivant, ils acquièrent un nouveau regard sur la maladie et sur les malades. Jésus les associe à sa vie pauvre et servante. Il les fait participer à son ministère de compassion et de guérison :  » Ils s’en allèrent prêcher qu’on se repentît ; et ils chassaient beaucoup de démons et faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades et les guérissaient  » (Mc 6, 12-13).
Jésus-Christ continue maintenant sa mission auprès des malades, puisque, comme tout sacrement, l’onction des malades est une action du Christ lui-même.

CEC.315. Quel est le comportement de l’Église envers les malades?
»Ayant reçu du Seigneur le commandement de guérir les malades, l’Église s’emploie à le réaliser par les soins qu’elle leur apporte, ainsi que par la prière d’intercession avec laquelle elle les accompagne. Elle dispose surtout d’un sacrement spécifique en leur faveur, institué par le Christ lui-même et attesté par saint Jacques : « Si l’un de vous est malade, qu’il appelle ceux qui dans l’Église exercent la fonction d’Anciens : ils prieront sur lui après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur » (Jc 5,14-15)

L’EGLISE UNIT LA SOUFFRANCE DU MALADE AU MYSTERE PASCAL DU CHRIST

CEC.316. Qui peut recevoir le sacrement de l’Onction des malades?
Tout fidèle peut le recevoir lorsqu’il commence à se trouver en danger de mort en raison de la maladie ou de son âge. Le même fidèle peut le recevoir de nouveau plusieurs fois, si l’on constate une aggravation de la maladie ou dans le cas d’une autre maladie grave. La célébration du sacrement doit être précédée, si possible, de la confession individuelle du malade.
Si un malade qui a reçu l’onction recouvre la santé, il peut, en cas de nouvelle maladie grave,
recevoir de nouveau ce sacrement. Au cours de la même maladie, ce sacrement peut être réitéré si la maladie s’aggrave.

CEC.317. Qui administre le sacrement?
Il ne peut être administré que par les prêtres (Évêques ou prêtres).

CEC.318. Comment est-il célébré?
La célébration de ce sacrement consiste essentiellement dans l’onction d’huile, si possible bénie par l’Évêque (au cours de la semaine sainte), onction faite sur le front et sur les mains du malade (dans le rite romain), ou encore sur d’autres parties du corps (dans d’autres rites). Elle s’accompagne de la prière du prêtre, qui implore la grâce spéciale du sacrement :
« Par cette onction sainte, que le Seigneur, dans sa grande bonté, vous réconforte par la grâce de l’Esprit-Saint.
Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu’il vous sauve et vous relève. »
Pour mettre davantage en évidence que le Christ agit par son Eglise qui est la communauté des croyants, on a remis en valeur la célébration communautaire du sacrement des malades, lorsque celle-ci est possible.

CEC.319. Quels sont les effets du sacrement?
Le sacrement confère une grâce spéciale, qui unit plus intimement le malade à la Passion du
Christ, pour son bien et pour le bien de toute l’Église. (Les malades ne sont plus seuls, mais ils sont unis au Christ qui est lui-meme passé par la souffrance.) Cette grace apporte au malade le réconfort, la paix, le courage et le pardon des péchés si le malade n’a pu se confesser. Le sacrement procure aussi parfois, si Dieu le veut, le rétablissement de la santé physique. De toute manière, l’onction des malades prépare au passage vers la Maison du Père. »
Dans le sacrement de l’onction des malades, le Christ vient lui-même apporter la paix et la confiance, le pardon des péchés et la force morale face à la maladie. Le sacrement apporte une grâce de l’Esprit-Saint, comme réconfort et paix. Ce réconfort et cette paix intérieure contribue souvent à l’amélioration de l’état du malade et peuvent lui apporter la guérison.(Ce n’est pas un rite magique.) Si c’est nécessaire, le sacrement apporte aussi le pardon des péchés.

Quand il est accueilli dans la foi de l’Eglise, le sacrement des malades est puissance de réconfort, soutien dans l’épreuve et ferment pour triompher de la maladie si Dieu le veut.
Le malade, dont la maladie et la souffrance sont unies au sacrifice pascal du Christ, participe avec lui au salut du monde.
Il est loin d’être inutile, même s’il ne peut plus rien faire. Il vit une participation à la mission du Christ lui-même. C’est pourquoi, le sacrement des malades prépare à la réception de l’eucharistie (viatique) où il fait corps avec Jésus-Christ qui s’offre pour le salut du monde.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




LE SACREMENT DE LA RECONCILIATION.

A- ORIGINE ET HISTOIRE DU SACREMENT DE RÉCONCILIATION

1. L’INSTITUTION DU SACREMENT DU PARDON A-T-ELLE ETE FAITE PAR JESUS OU PAR L’ÉGLISE ?

Pendant sa vie terrestre, Jésus a annoncé qu’il donnera à son Église, à Pierre et aux apôtres, le « pouvoir de lier et de délier » (Mt 16,19) càd d’admettre ou d’exclure, de condamner ou d’absoudre.
C’est après sa résurrection, lors qu’il est apparu à ses disciples, qu’il leur a donné l’Esprit Saint et qu’il leur a dit : « Recevez le Saint Esprit. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » (Jean 20, 22-23) Jésus leur a donné la mission de pardonner et c’est par le pouvoir de l’Esprit Saint qu’ils peuvent remettre les péchés.
Cette mission de l’Église réalise ce que Jésus avait déjà fait par sa souffrance et par sa mort « en versant son sang pour la rémission des péchés ». (Mathieu 26,28) Il y a un lien étroit entre la passion de Jésus et le sacrement du pardon par l’Église.
Le premier sacrement de la rémission des péchés est le baptême qui remet le péché originel et les péchés personnels des adultes. « Que chacun se fasse baptiser pour la rémission de ses péchés » (Acte 2,37-38) Mais pour ceux qui après le baptême retombent dans le péché, Dieu renouvelle son pardon.
Le premier sacrement pour le pardon des péchés commis après le baptême, institué concrètement par Jésus est l’Eucharistie, institué à la dernière cène.
C’est donc Jésus qui est la source du pardon communiqué.. Au cours de son histoire, l’Église a été conduite à donner des formes diverses à un autre sacrement qui a comme origine le pardon accordé par le Christ, mais qui prendra des formes variées, qui seront le sacrement de réconciliation.

2. LES FORMES DIVERSES QU’A PRIS HISTORIQUEMENT LE SACREMENT DE PENITENCE?

Le sacrement de pénitence a eu au cours de l’histoire, des formes très différentes de la manière actuelle de le vivre.
Il y a eu une difficile articulation avec les sacrement de bapteme et de l’eucharistie. Le sacrement de la pénitence est le plus lent à se mettre en place.

DANS ANTIQUITÉ CHRÉTIENNE.

Avant le 3ème siècle.
La rémission des péchés semble n’etre célébrée que par le sacrement de bapteme et nourrie par l’Eucharistie (appelée « la fraction du pain »).
Il est aussi possible que les pères aient accordé une valeur presque sacramentelle à la démarche du Pater « pardonne-nous nos offenses ».

Au cours du 3ème siècle :

C’est après la fin des grandes persécutions que le sacrement de pénitence entre vraiment dans la vie de l’Eglise. Certains, après avoir renié leur foi au cours des persécutions (les « lapsi »), demandent leur réintégration dans l’Eglise.
Cette question a soulevé beaucoup de discutions passionnées. Finalement les communautés
chrétiennes admettent le principe de leur réintégration dans l’Eglise,mais pas à n’importe quelles conditions. Si certains étaient « tombés », c’est que leur foi n’avaient pas été assez solide.
L’Eglise s’est alors comprise comme ayant la mission de les fortifier dans la foi, avant de les
réintégrer en elle. On les a soutenus par l’organisation des « pénitents publics » et de leur réconciliation après un temps plus ou moins long d’approfondissement de la foi et de leur vie en conformité avec cette foi.
La discipline de cette « pénitence » comportait trois caractéristiques principales : Elle ne peut être donnée qu’une seule fois.

La pénitence précède la réconciliation : longue période de prière, d’aumones, de renontiation
provisoire ou définitive à certaines charges ou professions, etc… L’absolution n’était donnée
qu’après que la pénitence, assez longue, était accomplie.

La pénitence est publique ; La réconciliation ne se fait jamais en privé. C’est l’affaire de la
communauté. Le pénitent proclamait publiquement son repentir (sans pour autant la révélaton publique des péchés personnels). Le lien entre le péché et l’Eglise était clairement affiché : les fautes graves ont de grandes conséquences pour la vie de l’Eglise et c’est la communauté chrétienne toute entière qui est engagée dans la demande de pardon. Il y a un lien entre la communion des saints et la solidarité des pécheurs.

Dans l’antiquité chrétienne, le sacrement a été donné sous la forme de la pénitence publique. Celle ci s’appliquait aux grands pécheurs coupables de meurtres, d’apostasie et d’adultère.
Elle comportait une longue pénitence qui exprimait la conversion et s’achevait par la réintégration dans la communauté pendant la liturgie pour la fête de Pâques.
Elle était comme le renouvellement du baptême et ne concernait qu’une faible partie du peuple chrétien, un minorité. Cela durera du IVème au Xème siècle.

AU VIIème SIECLE.

Comme beaucoup reportaient cette pénitence au moment de la mort, apparaît au VIIème siècle une nouvelle forme de pénitence d’origine monastique ; la pénitence privée, secrète et renouvelable. Elle a été pratiquée par les moines d’Irlande, chez les disciples de saint Colomban, dans la ligne de la « coulpe monacale », pendant laquelle chacun avouait ses fautes pour en etre pardonné. Cette « pénitence » avait d’autres caractéristiques :

L’éveque n’était plus le seul ministre de la réconciliation. L’aveu personnel se faisait à un pretre. L’absolution était renouvenable, comme moyen de progresser dans la vie consacrée.
La « pénitence » est située après la réconciliation et elle correspondait à la gravité du péché. Le pretre devenait ainsi le juge de la pénitence à imposer. Cela devenait très difficile. Aussi la
pénitence allait etre « tarifée »selon la gravité du péché, comme cela existait dans la société qui comportait tout un système de taxation des peines pour les différents délits. L’aveu prenait ainsi une plus grande importance, pas tellement pour etre pardonné, mais comme moyen pour fixer la pénitence.

Cette forme monastique du sacrement de pénitence va se diffuser en europe pendant les siècles suivants. Elle va se généraliser dans l’église latine, jusqu’au Xème siècle.

A PARTIR DU XIIEME,

Le sacrement de pénitence va etre mis à la disposition de tous les chrétiens, à la différence de ce qui se passait dans les premiers siècles de l’Eglise, et sera marqué par la manière de le vivre selon la tradition monastique de l’Irlande. (cf. ci-dessus.)
L’absolution est donnée au moment de la confession et la pénitence à accomplir ensuite devient beaucoup moins importante.
La dimension « privée »et secrète est très marquée. Au XIIème siècle, en Espagne, on invente le meuble du confessionnal, qui se répandra ensuite dans toutes les églises. La confesion est une affaire individuelle et secrète.

A PARTIR DU XVI-XVIIEME.

Le sacrement de pénitence va rester surtout une affaire individuelle.
On insiste beaucoup sur l’examen de conscience et pour cela on donne des listes de péchés, pour qu’on puisse avouer tous les péchés, leur gravité et leur nombre. Parmi les péchés graves, une place très grande est donnée à tout ce qui touche la sexualité.
Le pretre est le juge et impose une « pénitence » à accomplir. L’aspect juridique a une grande place ; On parle du « tribunal de la pénitence ». on passe d’une formule déprécative (« Que Dieu te pardonne tes péchés ») à une formule à une parole indicative ( Je t’absous ») qui met en lumière le pouvoir de rémission que le pretre possède par son ordination.
L’attention est plus portée sur les péchés qu’il faut examiner, que sur l’amour de Dieu qui pardonne.
On met l’accent sur les actes du pénitent, le regret des péchés.
La confession fréquente, confession de dévotion est proposée comme moyen de progression
spirituelle..

AU CONCILE VATICAN II .
Le concile va insister de nouveau sur la dimension communautaire et ecclésiale du sacrement. Cela correspond à toute la foi exprimée par le concile sur le mystère de l’Eglise, approfondie dans la perspective du dessein d’amour de Dieu sur le monde. Le sacrement n’est pas comme une lessive individuelle qui rend plus blanc. Il y a nécessité d’une conversion en union avec toute l’Eglise. Le sacrement pousse à cette conversion, dans la perspective de l’amour de Dieu qui est la source de tout.
D’autres célébrations du sacrement, notamment communautaires, seront proposées (avec
absolution individuelle ou absolution générale sous certaines conditions). Voir ci-dessous dans les textes du catéchisme de l’Eglise catholique. Les célébrations seront plus marquées par la lecture de la Parole de Dieu, comme d’ailleurs dans toutes les célébration sacramentelles. Il est nécessaire aussi de faire davantage le lien entre le sacrement de la réconciliation et l’Eucharistie.

B- LE SACREMENT DE LA RECONCILIATION

Qu’a réalisé Jésus lui-même, signe de la miséricorde infinie de Dieu.
Ce sacrement appelé sacrement de la pénitence et de la réconciliation est indissociablement un temps de reconnaissance du péché et de renaissance spirituelle pour les baptisés.
Se reconnaître pécheur, se reconnaître coupable mais le reconnaître devant Dieu, c’est entrer dans une démarche de confiance car Dieu ne veut pas la mort du pécheur mais qu’il vive. Son amour est plus fort que toutes nos ruptures.
La réconciliation permet à chacun d’exercer sa liberté. Se réconcilier c’est changer sa façon de penser, de se comporter, de regarder l’autre et, tout en reconnaissant son manque d’amour, être capable d’un véritable changement.

DES TEXTES DE REFERENCE.
Les dix commandements : Deutéronome (5, 1-22).
Psaume 50 (51) : Confession d’un pécheur et prière confiante. A préférer à l’acte de contrition
habituel.
Matthieu 6, 9-14 : prière du Notre Père
Matthieu 18, 21-22 : « …Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. »
Jean 20, 21-23 : « …Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis… »
Première lettre de St Paul aux Romains 5, 6-11 : « (…) En effet, si Dieu nous a réconciliés avec lui par la mort de son Fils quand nous étions encore ses ennemis, à plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés, nous serons sauvés par la vie du Christ ressuscité (…) »
Première lettre de Saint Jean (1-2) : « Mais, si l’un de nous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus Christ, le Juste. Il est la victime offerte pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais encore pour ceux du monde entier. »
« Je confesse à Dieu » Acte de contrition.

DANS LA BIBLE :

Exode 32:30 Le lendemain, Moïse dit au peuple : Vous avez commis un grand péché. Je
vais maintenant monter vers l’Éternel : j’obtiendrai peut-être le pardon de votre péché.
1Samuel 1:2. Anne dit : Mon seigneur, pardon ! aussi vrai que ton âme vit, mon seigneur,
je suis cette femme qui me tenais ici près de toi pour prier l’Éternel.
Psaumes 130:4 : Mais le pardon se trouve auprès de toi, Afin qu’on te craigne.
Esaïe 27:9 ;Ainsi le crime de Jacob a été expié, Et voici le fruit du pardon de son péché :
L’Éternel a rendu toutes les pierres des autels Pareilles à des pierres de
chaux réduites en poussière ; Les idoles d’Astarté et les statues du soleil ne
se relèveront plus.
Esaïe 33:24 Aucun habitant ne dit : Je suis malade ! Le peuple de Jérusalem reçoit le
pardon de ses iniquités.
Daniel 9:9 Auprès du Seigneur, notre Dieu, la miséricorde et le pardon, car nous avons
été rebelles envers lui.
Marc 3:29 : »mais quiconque blasphémera contre le Saint Esprit n’obtiendra jamais de
pardon : il est coupable d’un péché éternel. »
Luc 1:77 : « Afin de donner à son peuple la connaissance du salut Par le pardon de ses
péchés,
Luc 24:47 : » et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem.
Actes 2:38 : « Pierre leur dit : Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom
de Jésus Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint Esprit.
Actes 5:31 : » Dieu l’a élevé par sa droite comme Prince et Sauveur, pour donner à Israël la
repentance et le pardon des péchés.
Actes 10:43 : » Tous les prophètes rendent de lui le témoignage que quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés.
Actes 13:38 : Sachez donc, hommes frères, que c’est par lui que le pardon des péchés vous
est annoncé,
Actes 26:18 : « afin que tu leur ouvres les yeux, pour qu’ils passent des ténèbres à la lumière
et de la puissance de Satan à Dieu, pour qu’ils reçoivent, par la foi en moi, le pardon des péchés et l’héritage avec les sanctifiés.
Hébreux 10:18 Or, là où il y a pardon des péchés, il n’y a plus d’offrande pour le péché.
Romains 5:11 : Et non seulement cela, mais encore nous nous glorifions en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, par qui maintenant nous avons obtenu la réconciliation.
Romains 11:15 : » Car si leur rejet a été la réconciliation du monde, que sera leur réintégration, sinon une vie d’entre les morts ?
2Corinthiens 5:18 : Et tout cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par Christ, et qui nous a donné le ministère de la réconciliation.
2Corinthiens 5:19 : Car Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, en n’imputant point aux hommes leurs offenses, et il a mis en nous la parole de la réconciliation.

DANS LE CATECHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE

Comment est appelé ce sacrement ?

1423
Il est appelé sacrement de conversion puisqu’il réalise sacramentellement l’appel de Jésus à la conversion (cf. Mc 1, 15), la démarche de revenir au Père (cf. Lc 15, 18) dont on s’est éloigné par le péché.
Il est appelé sacrement de Pénitence puisqu’il consacre une démarche personnelle et ecclésiale de conversion, de repentir et de satisfaction du chrétien pécheur.

1424 « Il est appelé sacrement de la confession puisque l’aveu, la confession des péchés devant le prêtre est un élément essentiel de ce sacrement. Dans un sens profond ce sacrement est aussi une  » confession « , reconnaissance et louange de la sainteté de Dieu et de sa miséricorde envers l’homme pécheur. Il est appelé sacrement du pardon puisque par l’absolution sacramentelle du prêtre, Dieu accorde au pénitent  » le pardon et la paix  » (Cf. formule de l’absolution).
Il est appelé sacrement de Réconciliation car il donne au pécheur l’amour de Dieu qui réconcilie : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu  » (2 Co 5, 20). Celui qui vit de l’amour miséricordieux de Dieu est prêt à répondre à l’appel du Seigneur :  » Va d’abord te réconcilier avec ton frère  » (Mt 5, 24).

Pourquoi un sacrement de la réconciliation après le baptême ?

1425
 » Vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus Christ et par l’Esprit de notre Dieu  » (1 Co 6,11). Il faut se rendre compte de la grandeur du don de Dieu qui nous est fait dans les sacrements de l’initiation chrétienne pour saisir à quel point le péché est une chose exclue pour celui qui a  » revêtu le Christ  » (Ga 3, 27). Mais l’apôtre Saint Jean dit aussi :  » Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous abusons nous-mêmes, et la vérité n’est point en nous  » (1 Jn 1,8). Et le Seigneur lui-même nous a enseigné de prier :  » Pardonne-nous nos offenses  » (Lc 11,4) en liant le pardon mutuel de nos offenses au pardon que Dieu accordera à nos péchés.

1426
La conversion au Christ, la nouvelle naissance du Baptême, le don de l’Esprit Saint, le Corps et le Sang du Christ reçus en nourriture, nous ont rendu  » saints et immaculés devant lui  » (Ep 1, 4), comme l’église elle-même, épouse du Christ, est  » sainte et immaculée devant lui  » (Ep 5, 27). Cependant, la vie nouvelle reçue dans l’initiation chrétienne n’a pas supprimé la fragilité et la faiblesse de la nature humaine, ni l’inclination au péché que la tradition appelle la concupiscence, qui demeure dans les baptisés pour qu’ils fassent leurs preuves dans le combat de la vie chrétienne aidés par la grâce du Christ (cf. DS 1515). Ce combat est celui de la conversion en vue de la sainteté et de la vie éternelle à laquelle le Seigneur ne cesse de nous appeler (cf. DS 1545 ; LG 40). III.

1427 La conversion des baptisés
Jésus appelle à la conversion. Cet appel est une partie essentielle de l’annonce du Royaume :  » Lestemps sont accomplis et le Royaume de Dieu est tout proche ; repentez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle  » (Mc 1,15).
Dans la prédication de l’église cet appel s’adresse d’abord à ceux qui ne connaissent pas encore le Christ et son évangile. Aussi, le Baptême est-il le lieu principal de la conversion première et fondamentale. C’est par la foi en la Bonne Nouvelle et par le Baptême (cf. Ac 2, 38) que l’on renonce au mal et qu’on acquiert le salut, c’est-à-dire la rémission de tous les péchés et le don de la vie nouvelle.

1428
Or, l’appel du Christ à la conversion continue à retentir dans la vie des chrétiens. Cette seconde conversion est une tâche ininterrompue pour toute l’église qui  » enferme des pécheurs dans son propre sein  » et qui  » est donc à la fois sainte et appelée à se purifier, et qui poursuit constamment son effort de pénitence et de renouvellement  » (LG 8). Cet effort de conversion n’est pas seulement une oeuvre humaine. Elle est le mouvement du  » coeur contrit  » (Ps 51, 19) attiré et mû par la grâce (cf. Jn 6, 44 ; 12, 32) à répondre à l’amour miséricordieux de Dieu qui nous a aimés le premier (cf. 1 Jn 4, 10).

1429
En témoigne la conversion de S. Pierre après le triple reniement de son Maître. Le regard d’infinie miséricorde de Jésus provoque les larmes du repentir (Lc 22, 61) et, après la résurrection du Seigneur, la triple affirmation de son amour envers lui (cf. Jn 21, 15-17). La seconde conversion a aussi une dimension communautaire. Cela apparaît dans l’appel du Seigneur à toute une église : « Repends-toi !  » (Ap 2, 5. 16).
S. Ambroise dit des deux conversions que, dans l’église,  » il y a l’eau et les larmes : l’eau du
Baptême et les larmes de la Pénitence  » (ep. 41, 12 : PL 16, 1116B). IV. La pénitence intérieure.

1430
Comme déjà chez les prophètes, l’appel de Jésus à la conversion et à la pénitence ne vise pas d’abord des oeuvres extérieures,  » le sac et la cendre « , les jeûnes et les mortifications, mais la conversion du coeur, la pénitence intérieure. Sans elle, les oeuvres de pénitence restent stériles et mensongères ; par contre, la conversion intérieure pousse à l’expression de cette attitude en des signes visibles, des gestes et des oeuvres de pénitence (cf. Jl 2, 12-13 ; Is 1, 16-17 ; Mt 6, 1-6. 16-18).

1431
La pénitence intérieure est une réorientation radicale de toute la vie, un retour, une conversion vers Dieu de tout notre coeur, une cessation du péché, une aversion du mal, avec une répugnance envers les mauvaises actions que nous avons commises. En même temps, elle comporte le désir et la résolution de changer de vie avec l’espérance de la miséricorde divine et la confiance en l’aide de sa grâce.
Cette conversion du coeur est accompagnée d’une douleur et d’une tristesse salutaires que les Pères ont appelées animi cruciatus (affliction de l’esprit), compunctio cordis (repentir du coeur) (cf.Cc. Trente : DS 1677-1678 ; 1705 ; Catech. R. 2, 5, 4).

1432
Le coeur de l’homme est lourd et endurci. Il faut que Dieu donne à l’homme un coeur nouveau (cf. Ez 36, 26-27).
La conversion est d’abord une oeuvre de la grâce de Dieu qui fait revenir nos coeurs à lui :  »
Convertis-nous, Seigneur, et nous serons convertis  » (Lm 5, 21). Dieu nous donne la force de
commencer à nouveau. C’est en découvrant la grandeur de l’amour de Dieu que notre coeur est ébranlé par l’horreur et le poids du péché et qu’il commence à craindre d’offenser Dieu par le péché et d’être séparé de lui. Le coeur humain se convertit en regardant vers Celui que nos péchés ont transpercé (cf. Jn 19, 37 ; Za 12, 10) :
Ayons les yeux fixés sur le sang du Christ et comprenons combien il est précieux à son Père car, répandu pour notre salut, il a ménagé au monde entier la grâce du repentir (S. Clément de Rome, Cor. 7,4).

1433
Depuis Pâques, c’est l’Esprit Saint qui  » confond  » le monde en matière de péché  » (Jn 16, 8-9), à savoir que le monde n’a pas cru en Celui que le Père a envoyé. Mais ce même Esprit, qui dévoile le péché, est le Consolateur (cf. Jn 15, 26) qui donne au coeur de l’homme la grâce du repentir et de la conversion (cf. Ac 2, 36-38 ; cf. Jean- Paul II, DeV 27-48).

Les multiples formes de la pénitence dans la vie chrétienne

1434
La pénitence intérieure du chrétien peut avoir des expressions très variées. L’Ecriture et les Pères insistent surtout sur trois formes : le jeûne, la prière, l’aumône (cf. Tb 12, 8 ; Mt 6, 1-18), qui expriment la conversion par rapport à soi-même, par rapport à Dieu et par rapport aux autres. A côté de la purification radicale opérée par le Baptême ou par le martyre, ils citent, comme moyen d’obtenir le pardon des péchés, les efforts accomplis pour se réconcilier avec son prochain, les larmes de pénitence, le souci du salut du prochain (cf. Jc 5, 20) l’intercession des saints et la pratique de la charité  » qui couvre une multitude de péchés  » (1 P 4, 8).

1435
La conversion se réalise dans la vie quotidienne par des gestes de réconciliation, par le souci des pauvres, l’exercice et la défense de la justice et du droit (cf. Am 5, 24 ; Is 1, 17), par l’aveu des fautes aux frères, la correction fraternelle, la révision de vie, l’examen de conscience, la direction spirituelle, l’acceptation des souffrances, l’endurance de la persécution à cause de la justice. Prendre sa croix, chaque jour, et suivre Jésus est le chemin le plus sûr de la pénitence (cf. Lc 9, 23).

1436
Eucharistie et Pénitence. La conversion et la pénitence quotidiennes trouvent leur source et leur nourriture dans l’Eucharistie, car en elle est rendu présent le sacrifice du Christ qui nous a réconciliés avec Dieu ; par elle sont nourris et fortifiés ceux qui vivent de la vie du Christ ;  » elle est l’antidote quinous libère de nos fautes quotidiennes et nous préserve des péchés mortels  » (Cc. Trente : DS 1638).

1437
La lecture de l’Ecriture Sainte, la prière de la Liturgie des Heures et du Notre Père, tout acte sincère de culte ou de piété ravive en nous l’esprit de conversion et de pénitence et contribue au pardon de nos péchés.

1438
Les temps et les jours de pénitence au cours de l’année liturgique (le temps du carême, chaque vendredi en mémoire de la mort du Seigneur) sont des moments forts de la pratique pénitentielle de l’église (cf. SC 109-110 ; CIC, can. 1249-1253 ; CCEO, can. 880-883). Ces temps sont particulièrement appropriés pour les exercices spirituels, les liturgies pénitentielles, les pèlerinages en signe de pénitence, les privations volontaires comme le jeûne et l’aumône, le partage fraternel (oeuvres caritatives et missionnaires).

1439
Le mouvement de la conversion et de la pénitence a été merveilleusement décrit par Jésus dans la parabole dite  » du fils prodigue  » dont le centre est  » le père miséricordieux  » (Lc 15, 11-24) : la fascination d’une liberté illusoire, l’abandon de la maison paternelle ; la misère extrême dans laquelle le fils se trouve après avoir dilapidé sa fortune ; l’humiliation profonde de se voir obligé de paître des porcs, et pire encore, celle de désirer se nourrir des caroubes que mangeaient les cochons ; la réflexion sur les biens perdus ; le repentir et la décision de se déclarer coupable devant son père ; le chemin du retour ; l’accueil généreux par le père ; la joie du père : ce sont là des traits propres au processus de conversion. La belle robe, l’anneau et le banquet de fête sont des symboles de cette vie nouvelle, pure, digne, pleine de joie qu’est la vie de l’homme qui revient à Dieu et au sein de sa famille, qui est l’église. Seul le coeur du Christ qui connaît les profondeurs de l’amour de son Père, a pu nous révéler l’abîme de sa miséricorde d’une manière si pleine de simplicité et de beauté.

Le sacrement de la pénitence et de la réconciliation

1440
Le péché est avant tout offense à Dieu, rupture de la communion avec Lui. Il porte en même temps atteinte à la communion avec l’Eglise. C’est pourquoi la conversion apporte à la fois le pardon de Dieu et la réconciliation avec l’Eglise, ce qu’exprime et réalise liturgiquement le sacrement de la Pénitence et de la Réconciliation (cf. LG 11).

1441. Dieu seul pardonne le péché
Dieu seul pardonne les péchés (cf. Mc 2, 7). Parce que Jésus est le Fils de Dieu, il dit de lui-même : « Le Fils de l’homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre  » (Mc 2, 10) et il exerce ce pouvoir divin :  » Tes péchés sont pardonnés !  » (Mc 2, 5 ; Lc 7, 48). Plus encore : en vertu de sa divine autorité, il donne ce pouvoir aux hommes (cf. Jn 20, 21-23) pour qu’ils l’exercent en son nom.

1442
Le Christ a voulu que son église soit tout entière, dans sa prière, sa vie et son agir, le signe et
l’instrument du pardon et de la réconciliation qu’Il nous a acquis au prix de son sang. Il a cependant confié l’exercice du pouvoir d’absolution au ministère apostolique.
Celui-ci est chargé du  » ministère de la réconciliation  » (2 Co 5, 18). L’apôtre est envoyé  » au nom du Christ « , et  » c’est Dieu lui-même  » qui, à travers lui, exhorte et supplie :  » Laissez vous réconcilier avec Dieu  » (2 Co 5, 20).

1443. Réconciliation avec l’Eglise
Durant sa vie publique, Jésus n’a pas seulement pardonné les péchés, il a aussi manifesté l’effet de ce pardon : il a réintégré les pécheurs pardonnés dans la communauté du peuple de Dieu d’où le péché les avait éloignés ou même exclus. Un signe éclatant en est le fait que Jésus admet les pécheurs à sa table, plus encore, qu’il se met lui-même à leur table, geste qui exprime de façon bouleversante à la fois le pardon de Dieu (cf. Lc 15) et le retour au sein du peuple de Dieu (cf. Lc 19, 9).

1444.
En donnant part aux apôtres de son propre pouvoir de pardonner les péchés, le Seigneur leur donne aussi l’autorité de réconcilier les pécheurs avec l’Eglise. Cette dimension ecclésiale de leur tâche s’exprime notamment dans la parole solennelle du Christ à Simon Pierre :  » Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux ; tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aux cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aux cieux  » (Mt 16, 19).  »
Cette même charge de lier et de délier qui a été donnée à Pierre a été aussi donnée au collège des apôtres unis à leur chef (Mt 18, 18 ; 28, 16-20)  » (LG 22).

1445
Les mots lier et délier signifient : celui que vous exclurez de votre communion, celui-là sera exclu de la communion avec Dieu ; celui que vous recevez de nouveau dans votre communion, Dieu l’accueillera aussi dans la sienne. La réconciliation avec l’église est inséparable de la réconciliation avec Dieu.

1446. Le sacrement du pardon
Le Christ a institué le sacrement de Pénitence pour tous les membres pécheurs de son église, avant tout pour ceux qui, après le baptême, sont tombés dans le péché grave et qui ont ainsi perdu la grâce baptismale et blessé la communion ecclésiale. C’est à eux que le sacrement de Pénitence offre une nouvelle possibilité de se convertir et de retrouver la grâce de la justification. Les Pères de l’église présentent ce sacrement comme  » la seconde planche [de salut] après le naufrage qu’est la perte de la grâce  » (Tertullien, paen. 4, 2 ; cf. Cc. Trente : DS 1542).

1447
Au cours des siècles la forme concrète, selon laquelle l’église a exercé ce pouvoir reçu du Seigneur, a beaucoup varié. Durant les premiers siècles, la réconciliation des chrétiens qui avaient commis des péchés particulièrement graves après leur Baptême (par exemple l’idolâtrie, l’homicide ou l’adultère), était liée à une discipline très rigoureuse, selon laquelle les pénitents devaient faire pénitence
publique pour leurs péchés, souvent durant de longues années, avant de recevoir la réconciliation. A cet  » ordre des pénitents  » (qui ne concernait que certains péchés graves) on n’était admis que rarement et, dans certaines régions, une seule fois dans sa vie.
Pendant le septième siècle, inspirés par la tradition monastique d’Orient, les missionnaires irlandais apportèrent en Europe continentale la pratique  » privée  » de la pénitence qui n’exige pas la réalisation publique et prolongée d’oeuvres de pénitence avant de recevoir la réconciliation avec l’église. Le sacrement se réalise désormais d’une manière plus secrète entre le pénitent et le prêtre. Cette nouvelle pratique prévoyait la possibilité de la réitération et ouvrait ainsi le chemin à une fréquentation régulière de ce sacrement. Elle permettait d’intégrer dans une seule célébration sacramentelle le pardon des péchés graves et des péchés véniels. C’est, dans les grandes lignes, cette forme de la pénitence que l’église pratique jusqu’à nos jours.

1448
A travers les changements que la discipline et la célébration de ce sacrement ont connu au cours des siècles, on discerne la même structure fondamentale. Elle comporte deux éléments également essentiels ; d’une part, les actes de l’homme qui se convertit sous l’action de l’Esprit Saint : à savoir la contrition, l’aveu et la satisfaction ; d’autre part, l’action de Dieu par l’intervention de l’Eglise.
L’Eglise qui, par l’évêque et ses prêtres, donne au nom de Jésus-Christ le pardon des péchés et fixe la modalité de la satisfaction, prie aussi pour le pécheur et fait pénitence avec lui. Ainsi le pécheur est guéri et rétabli dans la communion ecclésiale.

1449
La formule d’absolution en usage dans l’église latine exprime les éléments essentielles de ce
sacrement : le Père des miséricordes est la source de tout pardon. Il réalise la réconciliation des pécheurs par la Pâque de son Fils et le don de son Esprit, à travers la prière et le ministère de l’église :  » Que Dieu notre Père vous montre sa miséricorde ; par la mort et la résurrection de son Fils, il a réconcilié le monde avec lui et il a envoyé l’Esprit Saint pour la rémission des péchés : par le ministère de l’église, qu’il vous donne le pardon et la paix. Et moi, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, je vous pardonne tous vos péchés « . (Ordo Paenitentiae 46. 55 [Polyglotte Vaticane 1974, p. 27. 37])

Les actes du pénitent
1450
 » La Pénitence oblige le pécheur à accepter volontiers tous ses éléments : dans son coeur, la
contrition ; dans sa bouche, la confession ; dans son comportement, une totale humilité ou une fructueuse satisfaction  » (Catech. R. 2, 5, 21 ; cf. Cc. Trente : DS 1673).

1451. La contrition
 » La Pénitence oblige le pécheur à accepter volontiers tous ses éléments : dans son coeur, la
contrition ; dans sa bouche, la confession ; dans son comportement, une totale humilité ou une fructueuse satisfaction  » (Catech. R. 2, 5, 21 ; cf. Cc. Trente : DS 1673).

1452
Quand elle provient de l’amour de Dieu aimé plus que tout, la contrition est appelée  » parfaite « (contrition de charité). Une telle contrition remet les fautes vénielles ; elle obtient aussi le pardon des péchés mortels, si elle comporte la ferme résolution de recourir dès que possible à la confession sacramentelle (cf. Cc. Trente : DS 1677)

1453
La contrition dite  » imparfaite  » (ou  » attrition « ) est, elle aussi, un don de Dieu, une impulsion de l’Esprit Saint. Elle naît de la considération de la laideur du péché ou de la crainte de la damnation éternelle et des autres peines dont est menacé le pécheur (contrition par crainte). Un tel ébranlement de la conscience peut amorcer une évolution intérieure qui sera parachevée sous l’action de la grâce, par l’absolution sacramentelle. Par elle-même, cependant, la contrition imparfaite n’obtient pas le pardon des péchés graves, mais elle dispose à l’obtenir dans le sacrement de la Pénitence (cf. Cc.Trente : DS 1678 ; 1705).

1454
Il convient de préparer la réception de ce sacrement par un examen de conscience fait à la lumière de la Parole de Dieu. Les textes les plus adaptés à cet effet sont à chercher dans le Décalogue et dans la catéchèse morale des évangiles et des lettres apostoliques : Sermon sur la montagne, les enseignements apostoliques (cf. Rm 12- 15 ; 1 Co 12-13 ; Ga 5 ; Ep 4-6).

1455. La confession des péchés
La confession des péchés (l’aveu), même d’un point de vue simplement humain, nous libère et facilite notre réconciliation avec les autres. Par l’aveu, l’homme regarde en face les péchés dont il s’est rendu coupable ; il en assume la responsabilité et par là, il s’ouvre de nouveau à Dieu et à la communion de l’Eglise afin de rendre possible un nouvel avenir.

1456
L’aveu au prêtre constitue une partie essentielle du sacrement de Pénitence :  » Les pénitents doivent, dans la confession, énumérer tous les péchés mortels dont ils ont conscience après s’être examinés sérieusement, même si ces péchés sont très secrets et s’ils ont été commis seulement contre les deux derniers préceptes du Décalogue (cf. Ex 20, 17 ; Mt 5, 28), car parfois ces péchés blessent plus grièvement l’âme et sont plus dangereux que ceux qui ont été commis au su de tous  » (Cc. Trente :DS 1680) :
Lorsque les fidèles du Christ s’efforcent de confesser tous les péchés qui leur viennent à la mémoire, on ne peut pas douter qu’ils les présentent tous au pardon de la miséricorde divine. Ceux qui agissent autrement et qui en cachent sciemment quelques-uns ne proposent à la bonté divine rien qu’elle puisse remettre par l’intermédiaire du prêtre. Car  » si le malade rougit de découvrir sa plaie au médecin, la médecine ne soigne pas ce qu’elle ignore  » (S. Jérôme, Eccl. 10, 11 : PL 23, 1096) (Cc. Trente : DS 1680).

1457
D’après le commandement de l’Eglise,  » tout fidèle parvenu à l’âge de la discrétion doit confesser au moins une fois par an, les péchés graves dont il a conscience  » (DS 1683 ; cf. DS 1708 ; CIC, can. 989). Celui qui a conscience d’avoir commis un péché mortel ne doit pas recevoir la Sainte Communion, même s’il éprouve une grande contrition, sans avoir préalablement reçu l’absolution sacramentelle (cf. Cc. Trente : DS 1647 ; 1661), à moins qu’il n’ait un motif grave pour communier et qu’il ne lui soit possible d’accéder à un confesseur (cf. CIC, can. 916 ; CCEO, can. 711). Les enfants doivent accéder au sacrement de la Pénitence avant de recevoir pour la première fois la Sainte. Communion (cf. CIC, can. 914).

1458
Sans être strictement nécessaire, la confession des fautes quotidiennes (péchés véniels) est
néanmoins vivement recommandée par l’Eglise (cf. Cc. Trente : DS 1680 ; CIC, can. 988, § 2 ). En effet, la confession régulière de nos péchés véniels nous aide à former notre conscience, à lutter contre nos penchants mauvais, à nous laisser guérir par le Christ, à progresser dans la vie de l’Esprit. En recevant plus fréquemment par ce sacrement, le don de la miséricorde du Père, nous sommes poussés à être miséricordieux comme lui (cf. Lc 6, 36) :
Celui qui confesse ses péchés agit déjà avec Dieu. Dieu accuse tes péchés ; si tu les accuses toi aussi, tu te joins à Dieu. L’homme et le pécheur sont pour ainsi dire deux réalités : quand tu entends parler de l’homme, c’est Dieu qui l’a fait ; quand tu entends parler du pécheur, c’est l’homme lui même qui l’a fait. Détruis ce que tu as fais pour que Dieu sauve ce qu’il a fait… Quand tu commences à détester ce que tu as fait, c’est alors que tes œuvres bonnes commencent parce que tu accuses tes œuvres mauvaises. Le commencement des œuvres bonnes, c’est la confession des œuvres mauvaises. Tu fais la vérité et tu viens à la Lumière (S. Augustin, ev. Jo. 12, 13).

1459. La satisfaction
Beaucoup de péchés causent du tort au prochain. Il faut faire le possible pour le réparer (par
exemple restituer des choses volées, rétablir la réputation de celui qui a été calomnié, compenser des blessures). La simple justice exige cela. Mais en plus, le péché blesse et affaiblit le pécheur lui même, ainsi que ses relations avec Dieu et avec le prochain. L’absolution enlève le péché, mais elle ne remédie pas à tous les désordres que le péché a causés (cf. Cc. Trente : DS 1712). Relevé du péché, le pécheur doit encore recouvrer la pleine santé spirituelle. Il doit donc faire quelque chose de plus pour réparer ses péchés : il doit  » satisfaire  » de manière appropriée ou  » expier  » ses péchés.
Cette satisfaction s’appelle aussi  » pénitence « .

1460
La pénitence que le confesseur impose, doit tenir compte de la situation personnelle du pénitent et doit chercher son bien spirituel. Elle doit correspondre autant que possible à la gravité et à la nature des péchés commis. Elle peut consister dans la prière, une offrande, dans les œuvres de miséricorde, le service du prochain, dans des privations volontaires, des sacrifices, et surtout dans l’acceptation patiente de la croix que nous devons porter. De telles pénitences aident à nous configurer au Christ qui, seul, a expié pour nos péchés (cf. Rm 3, 25 ; 1 Jn 2, 1-2) une fois pour toutes. Elles nous permettent de devenir les cohéritiers du Christ ressuscité,  » puisque nous souffrons avec lui  » (Rm 8, 17 ; cf. Cc. Trente : DS 1690) : Mais notre satisfaction, celle que nous acquittons pour nos péchés, n’est que par Jésus-Christ : nous qui, de nous mêmes comme tels, ne pouvons rien nous-mêmes, avec l’aide  » de celui qui nous fortifie, nous pouvons tout  » (Ph 4, 13).
Ainsi l’homme n’a rien dont il puisse se glorifier, mais toute notre  » gloire  » est dans le Christ… en qui nous satisfaisons,  » en faisant de dignes fruits de pénitence  » (Lc 3, 8), qui en Lui puisent leur force, par Lui sont offerts au Père et grâce à Lui sont acceptés par le Père (Cc. Trente : DS 1691).

Le Ministre de ce sacrement

1461
Puisque le Christ a confié à ses apôtres le ministère de la réconciliation (cf. Jn 20, 23 ; 2 Co 5, 18), les évêques, leurs successeurs, et les presbytres, collaborateurs des évêques, continuent à exercer ce ministère. En effet, ce sont les évêques et les presbytres, qui ont, en vertu du sacrement de l’Ordre, le pouvoir de pardonner tous les péchés  » au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit « .

1462
Le pardon des péchés réconcilie avec Dieu mais aussi avec l’église. L’évêque, chef visible de l’église particulière,est donc considéré à juste titre, depuis les temps anciens, comme celui qui a principalement le pouvoir et le ministère de la réconciliation : il est le modérateur de la discipline pénitentielle (LG 26). Les presbytres, ses collaborateurs, l’exercent dans la mesure où ils en ont reçu la charge soit de leur évêque (ou d’un supérieur religieux) soit du Pape, à travers le droit de l’église (cf. CIC, can. 844 ; 967-969 ; 972 ; CCEO, can. 722, §§ 3-4).

1463
Certains péchés particulièrement graves sont frappés de l’excommunication, la peine ecclésiastique la plus sévère, qui empêche le réception des sacrements et l’exercice de certains actes ecclésiastiques (cf. CIC, can. 1331 ; CCEO, can. 1431 ; 1434), et dont l’absolution, par conséquent, ne peut être accordée, selon le droit de l’église, que par le Pape, l’évêque du lieu ou des prêtres autorisés par eux (cf. CIC, can. 1354-1357 ; CCEO, can. 1420). En cas de danger de mort tout prêtre, même dépourvu de la faculté d’entendre les confessions, peut absoudre de tout péché (cf. CIC, can. 976 ; CCEO, can. 725) et de toute excommunication.

1464
Les prêtres doivent encourager les fidèles à accéder au sacrement de la Pénitence et doivent se montrer disponibles à célébrer ce sacrement chaque fois que les chrétiens le demandent de manière raisonnable (cf. CIC, can. 986 ; CCEO, can. 735 ; PO 13).

1465
En célébrant le sacrement de la Pénitence, le prêtre accomplit le ministère du Bon Pasteur qui cherche la brebis perdue, celui du Bon Samaritain qui panse les blessures, du Père qui attend le Fils prodigue et l’accueille à son retour, du juste Juge qui ne fait pas acception de personne et dont le jugement est à la fois juste et miséricordieux. Bref, le prêtre est le signe et l’instrument de l’amour miséricordieux de Dieu envers le pécheur.

1466
Le confesseur n’est pas le maître, mais le serviteur du pardon de Dieu. Le ministre de ce sacrement doit s’unir à l’intention et à la charité du Christ (cf. PO 13). Il doit avoir une connaissance éprouvée du comportement chrétien, l’expérience des choses humaines, le respect et la délicatesse envers celui qui est tombé ; il doit aimer la vérité, être fidèle au magistère de l’église et conduire le pénitent avec patience vers la guérison et la pleine maturité. Il doit prier et faire pénitence pour lui en le confiant à la miséricorde du Seigneur.

1467
Étant donnée la délicatesse et la grandeur de ce ministère et le respect dû aux personnes, l’église déclare que tout prêtre qui entend des confessions est obligé de garder un secret absolu au sujet des péchés que ses pénitents lui ont confessés, sous des peines très sévères (CIC, can. 1388, §1 ; CCEO, can. 1456). Il ne peut pas non plus faire état des connaissances que la confession lui donne sur la vie des pénitents. Ce secret, qui n’admet pas d’exceptions,s’appelle le  » sceau sacramentel « , car ce que le pénitent a manifesté au prêtre reste  » scellé  » par le sacrement.

Les effets du sacrement

1468
 » Toute l’efficacité de la Pénitence consiste à nous rétablir dans la grâce de Dieu et à nous unir à Lui dans une souveraine amitié  » (Catéch. R. 2, 5, 18). Le but et l’effet de ce sacrement sont donc la réconciliation avec Dieu.
Chez ceux qui reçoivent le sacrement de Pénitence avec un coeur contrit et dans une disposition religieuse,  » il est suivi de la paix et de la tranquillité de la conscience, qu’accompagne une forte consolation spirituelle  » (Cc. Trente : DS 1674). En effet, le sacrement de la réconciliation avec Dieu apporte une véritable  » résurrection spirituelle « , une restitution de la dignité et des biens de la vie des enfants de Dieu dont le plus précieux est l’amitié de Dieu (Lc 15, 32).

1469
Ce sacrement nous réconcilie avec l’église. Le péché ébrèche ou brise la communion fraternelle. Le sacrement de Pénitence la répare ou la restaure. En ce sens, il ne guérit pas seulement celui qui est rétabli dans la communion ecclésiale, il a aussi un effet vivifiant sur la vie de l’église qui a souffert du péché d’un de ses membres (cf. 1 Co 12, 26). Rétabli ou affermi dans la communion des saints, le pécheur est fortifié par l’échange des biens spirituels entre tous les membres vivants du Corps du Christ, qu’ils soient encore dans l’état de pèlerinage ou qu’ils soient déjà dans la patrie céleste (cf.LG 48-50) :
Il faut rappeler que la réconciliation avec Dieu a comme conséquence, pour ainsi dire, d’autres réconciliations qui porteront remède à d’autres ruptures produites par le péché : le pénitent pardonné se réconcilie avec lui-même dans la profondeur de son être, où il récupère la propre vérité intérieure ; il se réconcilie avec les frères que de quelque manière il a offensé et blessé ; il se réconcilie avec l’église ; il se réconcilie avec la création toute entière (RP 31).

1470
Dans ce sacrement, le pécheur, en se remettant au jugement miséricordieux de Dieu, anticipe d’une certaine façon le jugement auquel il sera soumis à la fin de cette vie terrestre. Car c’est maintenant, dans cette vie-ci, que nous est offert le choix entre la vie et la mort, et ce n’est que par le chemin de la conversion que nous pouvons entrer dans le Royaume d’où exclut le péché grave (cf. 1 Co 5, 11 ; Ga 5, 19-21 ; Ap 22, 15). En se convertissantau Christ par la pénitence et la foi, le pécheur passe de la mort à la vie  » et il n’est pas soumis au jugement  » (Jn 5, 24).

La célébration du sacrement de pénitence

1480
Comme tous les sacrements, la pénitence est une action liturgique. Tels sont ordinairement les éléments de la célébration : salutation et bénédiction du prêtre, lecture de la Parole de Dieu pour éclairer la conscience et susciter la contrition, et exhortation à la repentance ; la confession qui reconnaît les péchés et les manifeste au prêtre ; l’imposition et acceptation de la pénitence ; l’absolution du prêtre ; louange d’action de grâces et envoi avec la bénédiction du prêtre.

1481
La liturgie byzantine connaît plusieurs formules d’absolution, de forme déprécative, qui expriment admirablement le mystère du pardon :  » Que le Dieu, qui par le prophète Nathan, a pardonné à David lorsqu’il eut confessé ses propres péchés, et à Pierre lorsqu’il eut pleuré amèrement, et à la courtisane lorsqu’elle eut répandu ses larmes sur ses pieds, et au pharisien, et au prodigue, que ce même Dieu vous pardonne, par moi, pécheur, en cette vie et dans l’autre et qu’Il vous fasse comparaître sans vous condamner à son redoutable tribunal, Lui qui est béni dans les siècles des siècles. Amen.  » (Euxologia to mèga [Athens 1992] p. 222)

1482
Le sacrement de la Pénitence peut aussi avoir lieu dans le cadre d’une célébration communautaire, dans laquelle on se prépare ensemble à la confession et on rend grâce ensemble pour le pardon reçu. Ici, la confession personnelle des péchés et l’absolution individuelle sont insérées dans une liturgie de la Parole de Dieu, avec lectures et homélie, examen de conscience mené en commun, demande communautaire du pardon, prière du  » Notre Père  » et action de grâce en commun. Cette célébration communautaire exprime plus clairement le caractère ecclésial de la pénitence. Quelle que soit cependant la manière de sa célébration, le sacrement de Pénitence est toujours, d’après sa nature même, une action liturgique, donc ecclésiale et publique (cf. SC 26-27).

1483
En des cas de nécessité grave on peut recourir à la célébration communautaire de la réconciliation avec confession générale et absolution générale. Une telle nécessité grave peut se présenter lorsqu’il y a un danger imminent de mort sans que le ou les prêtres aient le temps suffisant pour entendre la confession de chaque pénitent. La nécessité grave peut exister aussi lorsque, compte tenu du nombre des pénitents, il n’y a pas assez de confesseurs pour entendre dûment les confessions individuelles dans un temps raisonnable, de sorte que les pénitents, sans faute de leur part, se verraient privés pendant longtemps de la grâce sacramentelle ou de la sainte communion.
Dans ce cas les fidèles doivent avoir, pour la validité de l’absolution, le propos de confesser
individuellement leurs péchés graves en temps voulu (cf. CIC, can. 962, § 1). C’est à l’Evêque
diocésain de juger si les conditions requises pour l’absolution générale existent (cf. CIC, can. 961, § 2). Un grand concours de fidèles à l’occasion de grandes fêtes ou de pèlerinages ne constitue pas un cas d’une telle grave nécessité (cf. CIC, can. 961, § 1)

1484
 » La confession individuelle et intégrale suivie de l’absolution demeure le seul mode ordinaire par lequel les fidèles se réconcilient avec Dieu et l’église, sauf si une impossibilité physique ou morale dispense d’une telle confession  » (OP 31). Ceci n’est pas sans raisons profondes. Le Christ agit en chacun des sacrements. Il s’adresse personnellement à chacun des pécheurs :  » Mon enfant, tes péchés sont remis  » (Mc 2, 5) ; il est le médecin qui se penche sur chacun des malades qui ont besoin de lui (cf. Mc 2, 17) pour les guérir ; il les relève et les réintègre dans la communion fraternelle. La confession personnelle est donc la forme la plus significative de la réconciliation avec Dieu et avec l’église.

1494
Le confesseur propose au pénitent l’accomplissement de certains actes de  » satisfaction  » ou de « pénitence « , en vue de réparer le dommage causé par le péché et de rétablir les habitudes propres au disciple du Christ.

1495
Seuls les prêtres qui ont reçu de l’autorité de l’église la faculté d’absoudre peuvent pardonner les péchés au nom du Christ.

1496
Les effets spirituels du sacrement de Pénitence sont : la réconciliation avec Dieu par laquelle le pénitent recouvre la grâce, la réconciliation avec l’église ; la remise de la peine éternelle encourue par les péchés mortels ; la remise, au moins en partie, des peines temporelles, suites du péché ; la paix et la sérénité de la conscience, et la consolation spirituelle ; l’accroissement des forces spirituelles pour le combat chrétien.

1497
La confession individuelle et intégrale des péchés graves suivie de l’absolution demeure le seul moyen ordinaire pour la réconciliation avec Dieu et avec l’église. 1498 Par les indulgences les fidèles peuvent obtenir pour eux-mêmes et aussi pour les âmes du Purgatoire, la rémission des peines temporelles, suites des péchés.
Dernière modification : 1992

COMPENDIUM (Résumé.) DU CATECHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE

N.B. Ces textes sont plus brefs et plus simples que ceux du grand catéchisme, ci-dessus.

296. Comment est appelé ce sacrement?
Il est appelé sacrement de Pénitence, de Réconciliation, du Pardon, de la Confession, de la
Conversion.

297. Pourquoi y a-t-il un sacrement de la Réconciliation après le Baptême?
Parce que la vie nouvelle de la grâce, reçue au Baptême, n’a pas supprimé la faiblesse de la nature humaine, ni l’inclination au péché (c’est-à-dire la concupiscence), le Christ a institué ce sacrement pour la conversion des baptisés qui se sont éloignés de lui par le péché.

298. Quand ce sacrement fut-il institué?
Le Christ ressuscité a institué ce sacrement quand il est apparu à ses Apôtres, le soir de Pâques, et qu’il leur a dit: « Recevez l’Esprit Saint; tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus » (Jn 20,22-23).

299. Les baptisés ont-ils besoin de se convertir?
L’appel du Christ à la conversion retentit en permanence dans la vie des baptisés. La conversion est un combat continuel de toute l’Église, qui est sainte, mais qui, en son sein, comprend des pécheurs.

300. Qu’est-ce que la pénitence intérieure?
C’est l’élan du « coeur brisé » (Ps 50[51],19), poussé par la grâce divine à répondre à l’amour
miséricordieux de Dieu. La pénitence implique douleur et aversion vis-à-vis des péchés commis, ferme propos de ne plus pécher à l’avenir et confiance dans le secours de Dieu. Elle se nourrit de l’espérance en la miséricorde divine.

301. Sous quelles formes s’exprime la pénitence dans la vie chrétienne?
La pénitence s’exprime sous des formes très variées, en particulier par le jeûne, la prière, l’aumône. Ces formes de pénitence, et d’autres encore, peuvent être pratiquées par le chrétien dans sa vie quotidienne, notamment pendant le temps du Carême et le vendredi, qui est jour de pénitence.

302. Quels sont les éléments essentiels du sacrement de la Réconciliation?
Ils sont au nombre de deux : les actes accomplis par l’homme qui se convertit sous l’action de l’Esprit Saint et l’absolution du prêtre qui, au nom de Christ, accorde le pardon et précise les modalités de la satisfaction.

303. Quels sont les actes du pénitent?
Il faut : un sérieux examen de conscience; la contrition (ou repentir), qui est parfaite quand elle est motivée par l’amour envers Dieu, et imparfaite quand elle est fondée sur d’autres motifs et qu’elle inclut le propos de ne plus pécher; la confession, qui consiste dans l’aveu des péchés devant le prêtre; la satisfaction, à savoir l’accomplissement de certains actes de pénitence que le confesseur impose au pénitent, afin de réparer le dommage causé par le péché.

304.Quels péchés faut-il confesser?
On doit confesser tous les péchés graves qui n’ont pas encore été confessés et dont on se souvient après un sérieux examen de conscience. La confession des péchés graves est l’unique moyen ordinaire pour obtenir le pardon.

305. Quand faut-il confesser les péchés graves?
Tout fidèle ayant atteint l’âge de raison est tenu à l’obligation de confesser ses péchés graves au moins une fois dans l’année et, de toute façon, avant de recevoir la Communion.

306. Pourquoi les péchés véniels sont-il aussi objet de la confession sacramentelle?
Bien que la confession des péchés véniels ne soit pas nécessaire au sens strict, elle est vivement recommandée par l’Église, parce qu’elle contribue à former la conscience droite et à lutter contre les inclinations mauvaises, pour se laisser guérir par le Christ et progresser dans la vie de l’Esprit.

307. Qui est le ministre du sacrement?
Le Christ a confié le ministère de la Réconciliation à ses Apôtres, aux Évêques, leurs successeurs, et aux prêtres, leurs collaborateurs, qui deviennent ainsi les instruments de la miséricorde et de la justice de Dieu. Ils exercent le pouvoir de pardonner les péchés au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.

308. À qui est réservée l’absolution de certains péchés?
L’absolution de certains péchés particulièrement graves (comme ceux qui sont punis d’excommunication) est réservée au Siège apostolique ou à l’Évêque du lieu ou aux prêtres autorisés par eux, bien que tout prêtre puisse absoudre de tout péché et de toute excommunication quiconque est en danger de mort.

309. Le confesseur est-il tenu au secret?
Étant donné la délicatesse et la grandeur de ce ministère et le respect dû aux personnes, tout
confesseur est tenu, sans exception aucune et sous peine de sanctions très sévères, de garder le sceau sacramentel, c’est-à-dire l’absolu secret au sujet des péchés dont il a connaissance par la confession.

310. Quels sont les effets de ce sacrement?
Les effets du sacrement de la Pénitence sont : la réconciliation avec Dieu, et donc le pardon des péchés; la réconciliation avec l’Église; le retour dans l’état de grâce s’il avait été perdu; la rémission de la peine éternelle méritée à cause des péchés mortels et celle, au moins en partie, des peines temporelles qui sont les conséquences du péché; la paix et la sérénité de la conscience, ainsi que la consolation spirituelle; l’accroissement des forces spirituelles pour le combat chrétien.

311. En certaines circonstances, peut-on célébrer ce sacrement par une confession générale
et l’absolution collective?
Dans les cas de grave nécessité (comme le danger imminent de mort), on peut recourir à la célébration communautaire de la Réconciliation avec confession générale et absolution collective, dans le respect des normes de l’Église et avec le propos de confesser individuellement les péchés graves, en temps voulu.

312. Qu’est-ce que les indulgences?
Les indulgences sont la rémission devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés dont la faute est déjà pardonnée. À certaines conditions, le fidèle acquiert cette rémission, pour lui-même ou pour les défunts, par le ministère de l’Église qui, en tant que dispensatrice de la rédemption, distribue le trésor des mérites du Christ et des saints.

————————————————