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Qui est l’Esprit Saint communiqué par Jésus ?

par le Père Daniel WOILLEZ :
A LA LUMIERE DU CATECHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE.

L’Esprit-Saint n’a pas de visage. D’où la difficulté de faire passer l’Esprit-Saint dans la foi commune des chrétiens.
Et pourtant c’est le mystère de l’Esprit-Saint qui donne au christianisme ce qui le caractérise. C’est tout le crédo qui s’évanouit, si on fait l’impasse sur l’Esprit-Saint tel qu’il est reconnu et accepté par la foi.
Jésus nous a dit l’importance de l’Esprit-Saint : « Lorsque viendra l’Esprit de vérité, il vous fera accéder à la vérité tout entière ».
D’où l’importance de découvrir le rôle de l’Esprit-Saint.

LA REVELATION DE LA TRINITE. (DE LA VIE INTIME DE DIEU.)

« Nul ne connaît ce qui concerne Dieu, sinon l’Esprit de Dieu. 683. 687.
683  » Nul ne peut appeler Jésus Seigneur sinon dans l’Esprit Saint  » (1 Co 12, 3).  » Dieu a envoyé dans nos coeurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père !  » (Ga 4, 6). Cette connaissance de foi n’est possible que dans l’Esprit Saint. Pour être en contact avec le Christ, il faut d’abord avoir été touché par l’Esprit Saint. C’est lui qui vient au devant de nous, et suscite en nous la foi. De par notre Baptême, premier sacrement de la foi, la Vie, qui a sa source dans le Père et nous est offerte dans le Fils, nous est communiquée intimement et personnellement par l’Esprit Saint dans l’Église : Le Baptême nous accorde la grâce de la nouvelle naissance en Dieu le Père par le moyen de son Fils dans l’Esprit Saint. Car ceux qui portent l’Esprit de Dieu sont conduits au Verbe, c’est-à-dire au Fils ; mais le Fils les présente au Père, et le Père leur procure l’incorruptibilité. Donc, sans l’Esprit, il n’est pas possible de voir le Fils de Dieu, et, sans le Fils, personne ne peut approcher du Père, car la connaissance du Père, c’est le Fils, et la connaissance du Fils de Dieu se fait par l’Esprit Saint (S. Irénée, dem. 7).

687 « Nul ne connaît ce qui concerne Dieu, sinon l’Esprit de Dieu  » (1 Co 2, 11). Or, son Esprit qui le révèle nous fait connaître le Christ, son Verbe, sa Parole vivante, mais ne se dit pas lui-même. Celui qui  » a parlé par les prophètes  » nous fait entendre la Parole du Père. Mais lui, nous ne l’entendons pas. Nous ne le connaissons que dans le mouvement où il nous révèle le Verbe et nous dispose à L’accueillir dans la foi. L’Esprit de Vérité qui nous  » dévoile  » le Christ  » ne parle pas de lui-même  » (Jn 16, 13). Un tel effacement, proprement divin, explique pourquoi  » le monde ne peut pas le recevoir, parce qu’il ne le voit pas ni ne le connaît « , tandis que ceux qui croient au Christ le connaissent parce qu’il demeure avec eux (Jn 14, 17).

La vérité de Dieu est bien au-delà de ce que la raison humaine peut en dire. Réalité des personnes divines. 689

689 Celui que le Père a envoyé dans nos coeurs, l’Esprit de son Fils (cf. Ga 4, 6) est réellement Dieu. Consubstantiel au Père et au Fils, il en est inséparable, tant dans la Vie intime de la Trinité que dans son don d’amour pour le monde. Mais en adorant la Trinité Sainte, vivifiante, consubstantielle et indivisible, la foi de l’Église professe aussi la distinction des Personnes. Quand le Père envoie son Verbe, Il envoie toujours son Souffle : mission conjointe où le Fils et l’Esprit Saint sont distincts mais inséparables.

Certes, c’est le Christ qui paraît, Lui, l’Image visible du Dieu invisible, mais c’est l’Esprit Saint qui Le révèle. C’est l’Esprit qui doit le révéler. 684

684 L’Esprit Saint par sa grâce, est premier dans l’éveil de notre foi et dans la vie nouvelle qui est de  » connaître le Père et celui qu’il a envoyé, Jésus-Christ  » (Jn 17, 3). Cependant il est dernier dans la révélation des Personnes de la Trinité Sainte. S. Grégoire de Nazianze,  » le Théologien « , explique cette progression par la pédagogie de la  » condescendance  » divine : L’Ancien Testament proclamait manifestement le Père, le Fils plus obscurément. Le Nouveau a manifesté le Fils, a fait entrevoir la divinité de l’Esprit. Maintenant l’Esprit a droit de cité parmi nous et nous accorde une vision plus claire de lui-même. En effet il n’était pas prudent, quand on ne confessait pas encore la divinité du Père, de proclamer ouvertement le Fils et, quand la divinité du Fils n’était pas encore admise, d’ajouter l’Esprit Saint comme un fardeau supplémentaire, pour employer une expression un peu hardie… C’est par des avances et des progressions  » de gloire en gloire  » que la lumière de la Trinité éclatera en plus brillantes clartés (S. Grégoire de Naz., or. theol. 5, 26 : PG 36, 161C).

L’Esprit ne parle pas de lui-même. Il ne se dit pas et nous ne l’entendons pas. 687

687. Cf. ci-dessus. »

C’est dans son oeuvre que l’Esprit se révèle. 688.

688 L’Église, communion vivante dans la foi des apôtres qu’elle transmet, est le lieu de notre connaissance de l’Esprit Saint :
– dans les Écritures qu’Il a inspirées ;
– dans la Tradition, dont les Pères de l’Église sont les témoins toujours actuels ;
– dans le Magistère (Enseignement) de l’Église qu’Il assiste ;
– dans la liturgie sacramentelle, à travers ses paroles et ses symboles, où l’Esprit Saint nous met en communion avec le Christ ;
– dans la prière dans laquelle Il intercède pour nous ;
– dans les charismes (grâces particulières) et les ministères par lesquels l’Église est édifiée ;
– dans les signes de vie apostolique et missionnaire ;
– dans le témoignage des saints où Il manifeste sa sainteté et continue l’oeuvre du salut.
L’Esprit-Saint est lui-même révélateur de la Parole. 111. 1101.
111 Mais puisque l’Écriture Sainte est inspirée, il y a un autre principe de l’interprétation juste, non moins important que le précédent, et sans lequel l’Écriture demeurerait lettre morte :  » La Sainte Écriture doit être lue et interprétée à la lumière du même Esprit qui la fit rédiger  » (DV 12, § 3).
Le Concile Vatican II indique trois critères pour une interprétation de l’Écriture conforme à l’Esprit qui l’a inspirée (cf. DV 12, § 3) :

1. Le contenu et l’unité de l’Ecriture tout entière. (Il n’y a pas de contradictions entre des textes. Nécessité de mieux les comprendre.)
2. La Tradition vivante de l’Eglise.
3. L’analogie de la foi. (Les points comparables.)
1101 C’est l’Esprit Saint qui donne aux lecteurs et aux auditeurs selon les dispositions de leurs coeurs, l’intelligence spirituelle de la Parole de Dieu. A travers les paroles, les actions et les symboles qui forment la trame d’une célébration, Il met les fidèles et les ministres en relation vivante avec le Christ, Parole et Image du Père, afin qu’ils puissent faire passer dans leur vie le sens de ce qu’ils entendent, contemplent et font dans la célébration.

L’Esprit-Saint est l’auteur des livres inspirés. 105. 1100.

105 Dieu est l’Auteur de l’Écriture Sainte.  » La vérité divinement révélée, que contiennent et présentent les livres de la Sainte Écriture, y a été consignée sous l’inspiration de l’Esprit Saint « .
 » Notre Sainte Mère l’Église, de par sa foi apostolique, juge sacrés et canoniques tous les livres tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, avec toutes leurs parties, puisque, rédigés sous l’inspiration de l’Esprit Saint ils ont Dieu pour auteur et qu’ils ont été transmis comme tels à l’Église elle-même  » (DV 11).

1100 La Parole de Dieu. L’Esprit Saint rappelle d’abord à l’assemblée liturgique le sens de l’événement du salut en donnant vie à la Parole de Dieu qui est annoncée pour être reçue et vécue :
Dans la célébration de la liturgie, la sainte Écriture a une importance extrême. C’est d’elle que sont tirés les textes que l’on lit et que l’homélie explique, ainsi que les psaumes que l’on chante ; c’est sous son inspiration et dans son élan que les prières, les oraisons et les hymnes liturgiques ont jailli, et c’est d’elle aussi que les actions et les symboles reçoivent leur signification (SC 24).

Il nous donne de comprendre la Parole. 111. 1101.

111 Mais puisque l’Écriture Sainte est inspirée, il y a un autre principe de l’interprétation juste, non moins important que le précédent, et sans lequel l’Écriture demeurerait lettre
morte :  » La Sainte Écriture doit être lue et interprétée à la lumière du même Esprit qui la fit rédiger  » (DV 12, § 3).
Le Concile Vatican II indique trois critères pour une interprétation de l’Écriture conforme à l’Esprit qui l’a inspirée (cf. DV 12, § 3) : (Cf ; supra.)

1101 C’est l’Esprit Saint qui donne aux lecteurs et aux auditeurs selon les dispositions de leurs coeurs, l’intelligence spirituelle de la Parole de Dieu. A travers les paroles, les actions et les symboles qui forment la trame d’une célébration, Il met les fidèles et les ministres en relation vivante avec le Christ, Parole et Image du Père, afin qu’ils puissent faire passer dans leur vie le sens de ce qu’ils entendent, contemplent et font dans la célébration.

Il dispose le croyant à l’accueillir dans la foi. 91. 93. 108.

91 Tous les fidèles ont part à la compréhension et à la transmission de la vérité révélée. Ils ont reçu l’onction de l’Esprit Saint qui les instruit (cf. 1 Jn 2, 20. 27) et les conduit vers la vérité toute entière (cf. Jn 16, 13).

93  » Grâce en effet à ce sens de la foi qui est éveillé et soutenu par l’Esprit de vérité, et sous la conduite du Magistère sacré, (…) le Peuple de Dieu s’attache indéfectiblement à la foi transmise aux saints une fois pour toutes, il y pénètre plus profondément en l’interprétant comme il faut et dans sa vie la met plus parfaitement en oeuvre  » (LG 12).

108 Cependant, la foi chrétienne n’est pas une  » religion du Livre « . Le christianisme est la religion de la  » Parole  » de Dieu,  » non d’un verbe écrit et muet, mais du Verbe incarné et vivant  » (S. Bernard, hom. miss. 4, 11 : Opera, ed. J. Leclercq-H. Rochais, v. 4 [Romae 1966] p. 57). Pour qu’elles ne restent pas lettre morte, il faut que le Christ, Parole éternelle du Dieu vivant, par l’Esprit Saint nous  » ouvre l’esprit à l’intelligence des Écritures  » (Lc 24, 45).

Et à grandir en elle. 94. 158.

94 Grâce à l’assistance du Saint-Esprit, l’intelligence tant des réalités que des paroles de l’héritage de la foi peut croître dans la vie de l’Église :
–  » Par la contemplation et l’étude des croyants qui les méditent en leur coeur  » (DV 8) ; c’est en particulier  » la recherche théologique qui approfondit la connaissance de la vérité révélée  » (GS 62, § 7 ; cf. 44, § 2 ; DV 23 ; 24 ; UR 4).
–  » Par l’intelligence intérieure que les croyants éprouvent des choses spirituelles  » (DV 8) ;  » les divines paroles et celui qui les lit grandissent ensemble  » (S. Grégoire le Grand, hom. Ez. 1, 7, 8 : PL 76, 843D).
–  » Par la prédication de ceux qui, avec la succession épiscopale, reçurent un charisme certain de la vérité  » (DV 8).

158  » La foi cherche à comprendre  » (S. Anselme, prosl. prooem. : PL 153, 225A) : il est inhérent à la foi que le croyant désire mieux connaître Celui en qui il a mis sa foi, et mieux comprendre ce qu’Il a révélé ; une connaissance plus pénétrante appellera à son tour une foi plus grande, de plus en plus embrasée d’amour. La grâce de la foi ouvre  » les yeux du coeur  » (Ep 1, 18) pour une intelligence vive des contenus de la Révélation, c’est-à-dire de l’ensemble du dessein de Dieu et des mystères de la foi, de leur lien entre eux et avec le Christ, centre du mystère révélé. Or, pour  » rendre toujours plus profonde l’intelligence de la Révélation, l’Esprit Saint ne cesse, par ses dons, de rendre la foi plus parfaite  » (DV 5). Ainsi, selon l’adage de S. Augustin (serm. 43, 7, 9 : PL 38, 258),  » je crois pour comprendre et je comprends pour mieux croire « .

Rôle aussi de la théologie dans l’Eglise.
C’est l’Esprit-Saint, l’Esprit d’amour qui révèle l’être même de Dieu., le secret le plus intime de la Trinité. 221.

221 S. Jean va encore plus loin lorsqu’il atteste :  » Dieu est Amour  » (1 Jn 4, 8. 16) : l’Être même de Dieu est Amour. En envoyant dans la plénitude des temps son Fils unique et l’Esprit d’Amour, Dieu révèle son secret le plus intime (cf. 1 Co 2, 7-16 ; Ep 3, 9-12) : Il est Lui-même éternellement échange d’amour : Père, Fils et Esprit Saint, et Il nous a destinés à y avoir part.

L’Echange qui unit les trois personnes. 255.

255 Les personnes divines sont relatives les unes aux autres. Parce qu’elle ne divise pas l’unité divine, la distinction réelle des personnes entre elles, réside uniquement dans les relations qui les réfèrent les unes aux autres ….En effet,  » tout est un [en eux] là où l’on ne rencontre pas l’opposition de relation  » (Cc. Florence en 1442 : DS 1330).  » A cause de cette unité, le Père est tout entier dans le Fils, tout entier dans le Saint-Esprit ; le Fils est tout entier dans le Père, tout entier dans le Saint-Esprit ; le Saint-Esprit tout entier dans le Père, tout entier dans le Fils  » (Cc. Florence en 1442 : DS 1331).

Il est la vérité tout entière du mystère de Dieu. 152.

152 On ne peut pas croire en Jésus-Christ sans avoir part à son Esprit. C’est l’Esprit Saint qui révèle aux hommes qui est Jésus. Car  » nul ne peut dire : ‘Jésus est Seigneur’, que sous l’action de l’Esprit Saint  » (1 Co 12, 3).  » L’Esprit sonde tout, jusqu’aux profondeurs de Dieu (…) Nul ne connaît ce qui concerne Dieu, sinon l’Esprit de Dieu  » (1 Co 2, 10-11). Dieu seul connaît Dieu tout entier. Nous croyons en l’Esprit Saint parce qu’il est Dieu.
Que l’Esprit-Saint soit écarté, c’est la Trinité qui disparaît de l’horizon chrétien.
LE MYSTERE DU CHRIST.
C’est l’Esprit qui révèle aux hommes qui est Jésus. 152. (Ci dessus.)

Croire au Christ Fils de Dieu, est l’oeuvre de l’Esprit-Saint. 153.

153 Lorsque S. Pierre confesse que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, Jésus lui déclare que cette révélation ne lui est pas venue  » de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux  » (Mt 16, 17 ; cf. Ga 1, 15 ; Mt 11, 25). La foi est un don de Dieu, une vertu surnaturelle infuse par Lui.  » Pour prêter cette foi, l’homme a besoin de la
grâce prévenante et aidante de Dieu, ainsi que des secours intérieurs du Saint-Esprit. Celui-ci touche le coeur et le tourne vers Dieu, ouvre les yeux de l’esprit et donne ‘à tous la douceur de consentir et de croire à la vérité’  » (DV 5).
Personne ne va au fils si le Père ne l’attire et il l’attire par la force de l’Esprit.

Le reconnaître Rédempteur, c’est encore l’oeuvre de l’Esprit-Saint. 388.

388 Avec la progression de la Révélation est éclairée aussi la réalité du péché. Bien que le Peuple de Dieu de l’Ancien Testament ait connu d’une certaine manière la condition humaine à la lumière de l’histoire de la chute narrée dans la Genèse, il ne pouvait pas atteindre la signification ultime de cette histoire, qui se manifeste seulement à la lumière de la Mort et de la Résurrection de Jésus-Christ (cf. Rm 5, 12-21). Il faut connaître le Christ comme source de la grâce pour connaître Adam comme source du péché. C’est l’Esprit-Paraclet, envoyé par le Christ ressuscité, qui est venu  » confondre le monde en matière de péché  » (Jn 16, 8) en révélant Celui qui en est le Rédempteur. On découvre en même temps le péché et le pardon du péché.
L’Esprit a été présent dans la vie du Christ.

Dans le sein de la Vierge Marie, afin qu’elle conçoive le Fils éternel du Père. 485. 504-505. 690.

485 La mission de l’Esprit Saint est toujours conjointe et ordonnée à celle du Fils (cf. Jn 16, 14-15). L’Esprit Saint est envoyé pour sanctifier le sein de la Vierge Marie et la féconder divinement, lui qui est  » le Seigneur qui donne la Vie « , en faisant qu’elle conçoive le Fils éternel du Père dans une humanité tirée de la sienne.

504 Jésus est conçu du Saint-Esprit dans le sein de la Vierge Marie parce qu’il est le Nouvel Adam (cf. 1 Co 15, 45) qui inaugure la création nouvelle :  » Le premier homme, issu du sol, est terrestre ; le second homme, lui, vient du ciel  » (1 Co 15, 47). L’humanité du Christ est, dès sa conception, remplie de l’Esprit Saint car Dieu  » lui donne l’Esprit sans mesure  » (Jn 3, 34). C’est de  » sa plénitude  » à lui, tête de l’humanité rachetée (cf. Col 1, 18), que  » nous avons reçu grâce sur grâce  » (Jn 1, 16).

505 Jésus, le Nouvel Adam, inaugure par sa conception virginale la nouvelle naissance des enfants d’adoption dans l’Esprit Saint par la foi.  » Comment cela se fera-t-il ?  » (Lc 1, 34 ; cf. Jn 3, 9). La participation à la vie divine ne vient pas  » du sang, ni du vouloir de chair, ni du vouloir d’homme, mais de Dieu  » (Jn 1, 13). L’accueil de cette vie est virginal car celle-ci est entièrement donnée par l’Esprit à l’homme. Le sens sponsal de la vocation humaine par rapport à Dieu (cf. 2 Co 11, 2) est accompli parfaitement dans la maternité virginale de Marie.

690 Jésus est Christ,  » oint « , parce que l’Esprit en est l’Onction et tout ce qui advient à partir de l’Incarnation découle de cette plénitude (cf. Jn 3, 34). Quand enfin le Christ est glorifié (cf. Jn 7, 39), il peut à son tour, d’auprès du Père, envoyer l’Esprit à ceux qui croient en lui : il leur communique sa Gloire (cf. Jn 17, 22), c’est-à-dire l’Esprit Saint qui le glorifie (cf. Jn 16, 14). La mission conjointe se déploiera dès lors dans les enfants adoptés par le Père dans le Corps de son Fils : la mission de l’Esprit d’adoption sera de les unir au Christ et de les faire vivre en lui :
La notion de l’onction suggère (…) qu’il n’y a aucune distance entre le Fils et l’Esprit. En effet de même qu’entre la surface du corps et l’onction de l’huile ni la raison ni la sensation ne connaissent aucun intermédiaire, ainsi est immédiat le contact du Fils avec l’Esprit, si bien que pour celui qui va prendre contact avec le Fils par la foi, il est nécessaire de rencontrer d’abord l’huile par le contact. En effet il n’y a aucune partie qui soit nue de l’Esprit Saint. C’est pourquoi la confession de la Seigneurie du Fils se fait dans l’Esprit Saint pour ceux qui la reçoivent, l’Esprit venant de toutes parts au devant de ceux qui s’approchent par la foi (S. Grégoire de Nysse, Spir. 3, 1 : PG 45, 1321A-B).

Au baptême de Jésus. 538. (Sous la forme d’une colombe.)

538 Les Évangiles parlent d’un temps de solitude de Jésus au désert immédiatement après son baptême par Jean :  » Poussé par l’Esprit  » au désert, Jésus y demeure quarante jours sans manger ; il vit avec les bêtes sauvages et les anges le servent (cf. Mc 1, 12-13). A la fin de ce temps, Satan le tente par trois fois cherchant à mettre en cause son attitude filiale envers Dieu. Jésus repousse ces attaques qui récapitulent les tentations d’Adam au Paradis et d’Israël au désert, et le diable s’éloigne de lui  » pour revenir au temps marqué  » (Lc 4, 13).

A la Transfiguration. 555.

555 Pour un instant, Jésus montre sa gloire divine, confirmant ainsi la confession de Pierre. Il montre aussi que, pour  » entrer dans sa gloire  » (Lc 24, 26), il doit passer par la Croix à Jérusalem. Moïse et Elie avaient vu la gloire de Dieu sur la Montagne ; la Loi et les prophètes avaient annoncé les souffrances du Messie (cf. Lc 24, 27). La passion de Jésus est bien la volonté du Père : le Fils agit en Serviteur de Dieu (cf. Is 42, 1). La nuée indique la présence de l’Esprit Saint :  » Toute la Trinité apparut : le Père dans la voix, le Fils dans l’homme, l’Esprit dans la nuée lumineuse  » (S. Thomas d’A., s. th. 3, 45, 4, ad 2) :
Tu t’es transfiguré sur la montagne, et, autant qu’ils en étaient capables, tes disciples ont contemplé ta Gloire, Christ Dieu afin que lorsqu’ils Te verraient crucifié, ils comprennent que ta passion était volontaire et qu’ils annoncent au monde que Tu es vraiment le rayonnement du Père (Liturgie byzantine, Kontakion de la fête de la Transfiguration).

La Résurrection est l’oeuvre de l’Esprit. 648.

648 La Résurrection du Christ est objet de foi en tant qu’elle est une intervention transcendante de Dieu lui-même dans la création et dans l’histoire. En elle, les trois Personnes divines à la fois agissent ensemble et manifestent leur originalité propre. Elle s’est fait par la puissance du Père qui  » a ressuscité  » (cf. Ac 2, 24) le Christ, son Fils, et a de cette façon introduit de manière parfaite son humanité – avec son corps – dans la Trinité. Jésus est définitivement révélé  » Fils de Dieu avec puissance selon l’Esprit, par sa Résurrection d’entre les morts  » (Rm 1, 3-4). S. Paul insiste sur la manifestation de la puissance de Dieu (cf. Rm 6, 4 ; 2 Co 13, 4 ; Ph 3, 10 ; Ep 1, 19-22 ; He 7, 16) par l’oeuvre de l’Esprit qui a vivifié l’humanité morte de Jésus et l’a appelée à l’état glorieux de Seigneur.
Le Père ressuscite son fils par l’Esprit-Saint.
Que l’Esprit-Saint soit écarté de la vie du Christ, c’est le mystère du Fils de Dieu qui s’en va.

LE CORPS DU CHRIST QUI EST L’EGLISE.

L’Eglise est le « sacrement universel du salut ». 774. (Cf. DOSSIER SPECIAL )

774 Le mot grec mysterion a été traduit en latin par deux termes : mysterium et sacramentum. Dans l’interprétation ultérieure, le terme sacramentum exprime davantage le signe visible de la réalité cachée du salut, indiquée par le terme mysterium. En ce sens, le Christ est Lui-même le mystère du salut :  » Non est enim aliud Dei mysterium, nisi Christus  » ( » Il n’y a pas d’autre mystère que le Christ « , S. Augustin, ep. 187, 11, 34 : PL 33, 845). L’oeuvre salvifique de son humanité sainte et sanctifiante est le sacrement du salut qui se manifeste et agit dans les sacrements de l’Église (que les Églises d’Orient appellent aussi  » les saints mystères « ). Les sept sacrements sont les signes et les instruments par lesquels l’Esprit Saint répand la grâce du Christ, qui est la Tête, dans l’Église qui est son Corps. L’Église contient donc et communique la grâce invisible qu’elle signifie. C’est en ce sens analogique qu’elle est appelée  » sacrement « .
Le Christ est source de salut par l’Esprit-Saint, d’une façon visible par l’Eglise.

L’Esprit-Saint est présent et agit, tout particulièrement dans les sacrements. 1091-1092.

1091 Dans la Liturgie l’Esprit Saint est le pédagogue de la foi du Peuple de Dieu, l’artisan des  » chefs-d’oeuvre de Dieu  » que sont les sacrements de la Nouvelle Alliance. Le désir et l’oeuvre de l’Esprit au coeur de l’Église est que nous vivions de la vie du Christ ressuscité. Quand il rencontre en nous la réponse de foi qu’il a suscitée, il se réalise une véritable coopération. Par elle, la Liturgie devient l’oeuvre commune de l’Esprit Saint et de l’Église.

1092 Dans cette dispensation sacramentelle du mystère du Christ, l’Esprit Saint agit de la même manière que dans les autres temps de l’Économie du salut : il prépare l’Église à rencontrer son Seigneur ; il rappelle et manifeste le Christ à la foi de l’assemblée ; il rend présent et actualise le mystère du Christ par sa puissance transformante ; enfin, l’Esprit de Communion unit l’Église à la vie et à la mission du Christ.

C’est l’Esprit qui constitue l’Eglise comme le Corps du Christ. 798.
Cf. La deuxième épiclèse des prières eucharistiques.

798 L’Esprit Saint est  » le Principe de toute action vitale et vraiment salutaire en chacune des diverses parties du Corps  » (Pie XII, enc.  » Mystici Corporis  » : DS 3808). Il opère de multiples manières l’édification du Corps tout entier dans la charité (cf. Ep 4, 16) : par la Parole de Dieu,  » qui a la puissance de construire l’édifice  » (Ac 20, 32), par le Baptême par lequel il forme le Corps du Christ (cf. 1 Co 12, 13) ; par les sacrements qui donnent croissance et guérison aux membres du Christ ; par  » la grâce accordée aux apôtres qui tient la première place parmi ses dons  » (LG 7), par les vertus qui font agir selon le bien, enfin par les multiples grâces spéciales [appelés  » charismes « ] par lesquels il rend les fidèles  » aptes et disponibles pour assumer les diverses charges et offices qui servent à renouveler et à édifier davantage l’Église  » (LG 12 ; cf. AA 3).

Il assure son unité. 813.

L’oecuménisme est l’oeuvre de l’Esprit-Saint.

813 L’Église est une de par sa source :  » De ce mystère, le modèle suprême et le principe est dans la trinité des personnes l’unité d’un seul Dieu Père, et Fils, en ‘l’Esprit Saint  » (UR 2). L’Église est une de par son Fondateur :  » Car le Fils incarné en personne a réconcilié tous les hommes avec Dieu par sa Croix, rétablissant l’unité de tous en un seul Peuple et un seul Corps  » (GS 78, §3).
L’Église est une de par son  » âme  » :  » L’Esprit Saint qui habite dans les croyants, qui remplit et régit toute l’Église, réalise cette admirable communion des fidèles et les unit tous si intimement dans le Christ, qu’il est le principe de l’Unité de l’Église  » (UR 2). Il est donc de l’essence même de l’Église d’être une :
Quel étonnant mystère ! Il y a un seul Père de l’univers, un seul Logos de l’univers et aussi un seul Esprit Saint, partout identique ; il y a aussi une seule vierge devenue mère, et j’aime l’appeler l’Église (S. Clément d’Alexandrie, pæd. 1, 6).

Il procure les dons qui contribuent à faire de l’Eglise le Temple de l’Esprit. 797.

797  » Ce que notre esprit, je veux dire notre âme, est à nos membres, l’Esprit Saint l’est aux membres du Christ, au Corps du Christ, je veux dire l’Église  » (S. Augustin, serm. 267, 4 : PL 38, 1231D).  » C’est à l’Esprit du Christ comme à un principe caché qu’il faut attribuer que toutes les parties du Corps soient reliées, aussi bien entre elles qu’avec leur Tête suprême, puisqu’il réside tout entier dans la Tête, tout entier dans le Corps, tout entier dans chacun de ses membres  » (Pie XII, Enc.  » Mystici Corporis  » sur le Corps Mystique : DS 3808). L’Esprit Saint fait de l’Église  » le Temple du Dieu Vivant  » (2 Co 6, 16 ; cf. 1 Co 3, 16-17 ; Ep 2, 21) :
C’est à l’Église elle-même, en effet, qu’a été confié le Don de Dieu. (…) C’est en elle qu’a été déposée la communion avec le Christ, c’est-à-dire l’Esprit Saint, arrhes de l’incorruptibilité, confirmation de notre foi et échelle de notre ascension vers Dieu (…) Car là où est l’Église, là est aussi l’Esprit de Dieu ; et là où est l’Esprit de Dieu, là est l’Église et toute grâce (S. Irénée, hær. 3, 24, 1).
L’Esprit-Saint est donc aussi présent et actif hors des limites visibles de l’Eglise. (Cf . ci-dessous ; CEC.819)

C’est de l’Esprit, envoyé par le Père que l’Eglise tient ses quatre attributs : 811.

811  » C’est là l’unique Église du Christ, dont nous professons dans le symbole qu’elle est une, sainte, catholique et apostolique  » (LG 8). Ces quatre attributs, inséparablement liés entre eux (cf. DS 2888), indiquent des traits essentiels de l’Église et de sa mission. L’Église ne les tient pas d’elle-même ; c’est le Christ qui, par l’Esprit Saint, donne à son Église, d’être une, sainte, catholique et apostolique, et c’est Lui encore qui l’appelle à réaliser chacune de ces qualités.

Une. 813.

813 L’Église est une de par sa source :  » De ce mystère, le modèle suprême et le principe est dans la trinité des personnes l’unité d’un seul Dieu Père, et Fils, en ‘l’Esprit Saint  » (UR 2). L’Église est une de par son Fondateur :  » Car le Fils incarné en personne a réconcilié tous les hommes avec Dieu par sa Croix, rétablissant l’unité de tous en un seul Peuple et un seul Corps  » (GS 78, §3). L’Église est une de par son  » âme  » :  » L’Esprit Saint qui habite dans les croyants, qui remplit et régit toute l’Église, réalise cette admirable communion des fidèles et les unit tous si intimement dans le Christ, qu’il est le
principe de l’Unité de l’Église  » (UR 2). Il est donc de l’essence même de l’Église d’être une :
Quel étonnant mystère ! Il y a un seul Père de l’univers, un seul Logos de l’univers et aussi un seul Esprit Saint, partout identique ; il y a aussi une seule vierge devenue mère, et j’aime l’appeler l’Église (S. Clément d’Alexandrie, pæd. 1, 6).

Sainte. 828.
L’Esprit-Saint est la puissance de sainteté qui est dans l’Eglise faite des pécheurs que nous sommes.

828 En canonisant certains fidèles, c’est-à-dire en proclamant solennellement que ces fidèles ont pratiqué héroïquement les vertus et vécu dans la fidélité à la grâce de Dieu, l’Église reconnaît la puissance de l’Esprit de sainteté qui est en elle et elle soutient l’espérance des fidèles en les leur donnant comme modèles et intercesseurs (cf. LG 40 ; 48-51).  » Les saints et les saintes ont toujours été source et origine de renouvellement dans les moments les plus difficiles de l’histoire de l’Église  » (CL 16, 3). En effet,  » la sainteté est la source secrète et la mesure infaillible de son activité apostolique et de son élan missionnaire  » (CL 17, 3).

Catholique. 830.

830 Le mot  » catholique  » signifie  » universel  » dans le sens de  » selon la totalité  » ou  » selon l’intégralité « . L’Église est catholique dans un double sens :
Elle est catholique parce qu’en elle le Christ est présent.  » Là où est le Christ Jésus, là est l’Église Catholique  » (S. Ignace d’Antioche, Smyrn. 8, 2). En elle subsiste la plénitude du Corps du Christ uni à sa Tête (cf. Ep 1, 22-23), ce qui implique qu’elle reçoive de lui  » la plénitude des moyens de salut  » (AG 6) qu’Il a voulu : confession de foi droite et complète, vie sacramentelle intégrale et ministère ordonné dans la succession apostolique. L’Église était, en ce sens fondamental, catholique au jour de la Pentecôte (cf. AG 4) et elle le sera toujours jusqu’au jour de la Parousie.

Apostolique. 861. 964.

861  » Pour que la mission qui leur avait été confiée pût se continuer après leur mort, les apôtres donnèrent mandat, comme par testament, à leurs coopérateurs immédiats d’achever leur tâche et d’affermir l’oeuvre commencée par eux, leur recommandant de prendre garde au troupeau dans lequel l’Esprit Saint les avait institués pour paître l’Église de Dieu. Ils instituèrent donc des hommes de ce genre, et disposèrent par la suite qu’après leur mort d’autres hommes éprouvés recueilleraient leur ministère  » (LG 20 ; cf. S. Clément de Rome, Cor. 42 ; 44).

964 Le rôle de Marie envers l’Église est inséparable de son union au Christ, elle en découle directement.  » Cette union de Marie avec son Fils dans l’oeuvre du salut est manifeste dès l’heure de la conception virginale du Christ, jusqu’à sa mort  » (LG 57). Elle est particulièrement manifeste à l’heure de sa passion :
La bienheureuse Vierge avança dans son pèlerinage de foi, gardant fidèlement l’union avec son Fils jusqu’à la Croix où, non sans un dessein divin, elle était debout, souffrant cruellement avec son Fils unique, associée d’un coeur maternel à son sacrifice, donnant à l’immolation de la victime, née de sa chair, le consentement de son amour, pour être enfin, par le même Christ Jésus mourant sur la Croix, donnée comme sa Mère au disciple par ces mots :  » Femme, voici ton fils  » (Jn 19, 26-27) (LG 58).

L’Esprit-Saint agit essentiellement en elle pour mettre en communion avec le Christ.
par l’action liturgique (1108)

1108 Le terme de la mission de l’Esprit Saint dans toute action liturgique est de mettre en communion avec le Christ pour former son Corps. L’Esprit Saint est comme la sève de la Vigne du Père qui porte son fruit dans les sarments (cf. Jn 15, 1-17 ; Ga 5, 22). Dans la Liturgie se réalise la coopération la plus intime de l’Esprit Saint et de l’Église. Lui, l’Esprit de Communion, demeure indéfectiblement dans l’Église, et c’est pourquoi l’Église est le grand sacrement de la Communion divine qui rassemble les enfants de Dieu dispersés. Le fruit de l’Esprit dans la Liturgie est inséparablement Communion avec la Trinité Sainte et Communion fraternelle (cf. 1 Jn 1, 3-7)
et par les sacrements. Les sept sacrements sont les lieux où l’Esprit travaille dans le coeur des croyants.
Cf. Les deux épiclèses (demandes au Père d’envoyer son Esprit-Saint) de l’eucharistie.

Les dons de l’Esprit existent en dehors des limites visibles de l’Eglise Catholique. 819.

819 Au surplus,  » beaucoup d’éléments de sanctification et de vérité  » (LG 8) existent en dehors des limites visibles de l’Église catholique :  » la parole de Dieu écrite, la vie de la grâce, la foi, l’espérance et la charité, d’autres dons intérieurs du Saint-Esprit et d’autres éléments visibles  » (UR 3 ; cf. LG 15). L’Esprit du Christ se sert de ces Églises et communautés ecclésiales comme moyens de salut dont la force vient de la plénitude de grâce et de vérité que le Christ a confié à l’Église catholique. Tous ces biens proviennent du Christ et conduisent à lui (cf. UR 3) et appellent par eux-mêmes  » l’unité catholique  » (LG 8).

Il ouvre aussi les voies du retour à l’unité des chrétiens. 820. (OEcuménisme.)

820 L’unité,  » le Christ l’a accordée à son Église dès le commencement. Nous croyons qu’elle subsiste de façon inadmissible dans l’Église catholique et nous espérons qu’elle s’accroîtra de jour en jour jusqu’à la consommation des siècles  » (UR 4). Le Christ donne toujours à son Église le don de l’unité, mais l’Église doit toujours prier et travailler pour maintenir, renforcer et parfaire l’unité que le Christ veut pour elle. C’est pourquoi Jésus lui-même a prié à l’heure de sa passion, et Il ne cesse de prier le Père pour l’unité de ses disciples :  » … Que tous soient un. Comme Toi, Père, Tu es en Moi et Moi en Toi, qu’eux aussi soient un en Nous, afin que le monde croie que Tu M’as envoyé  » (Jn 17, 21). Le désir de retrouver l’unité de tous les chrétiens est un don du Christ et un appel de l’Esprit Saint (cf. UR 1).
Si l’Esprit-Saint est écarté de la vision de l’Eglise, celle-ci n’est plus qu’une institution sociale.
LAISSEZ-VOUS CONDUIRE PAR L’ESPRIT. (Gal.5, 16.)
C’est par la puissance de l’Esprit que les enfants de Dieu peuvent porter du fruit. 736.

636 Dans l’expression  » Jésus est descendu aux enfers « , le symbole confesse que Jésus est mort réellement, et que, par sa mort pour nous, il a vaincu la mort et le diable  » qui a la puissance de la mort  » (He 2, 14).
Les fruits de l’Esprit. Cf. Gal. 5,22..

Il nous éclaire et nous fortifie. 1695.

1695  » Justifiés par le Nom du Seigneur Jésus Christ et par l’Esprit de notre Dieu  » (1 Co 6, 11),  » sanctifiés et appelés à être saints  » (1 Co 1, 2), les chrétiens sont devenus  » le Temple de l’Esprit Saint  » (cf. 1 Co 6, 19). Cet  » Esprit du Fils  » leur apprend à prier le Père (cf. Ga 4, 6) et, étant devenu leur vie, les fait agir (cf. Ga 5, 25) pour  » porter les fruits de l’Esprit  » (Ga 5, 22) par la charité en oeuvre. Guérissant les blessures du péché, l’Esprit Saint nous  » renouvelle intérieurement par une transformation spirituelle  » (Ep 4, 23), il nous éclaire et nous fortifie pour vivre en  » enfant de lumière  » (Ep 5, 8) par  » la bonté, la justice et la vérité  » en toute chose (Ep 5, 9).

L’Esprit-Saint est le Maître intérieur de la vie selon le Christ. 1697.

1697 Dans la catéchèse, il importe de révéler en toute clarté la joie et les exigences de la voie du Christ (cf. CT 29). La catéchèse de la  » vie nouvelle  » (Rm 6, 4) en Lui sera :
– une catéchèse du Saint Esprit, Maître intérieur de la vie selon le Christ, doux hôte et ami qui inspire, conduit, rectifie et fortifie cette vie ;
– une catéchèse de la grâce, car c’est par grâce que nous sommes sauvés, et c’est encore par la grâce que nos oeuvres peuvent porter du fruit pour la vie éternelle ;
– une catéchèse des béatitudes, car la voie du Christ est résumée dans les béatitudes, seul chemin vers le bonheur éternel auquel le coeur de l’homme aspire ;
– une catéchèse du péché et du pardon, car sans se reconnaître pécheur, l’homme ne peut connaître la vérité sur lui-même, condition de l’agir juste, et sans l’offre du pardon il ne pourrait supporter cette vérité ;
– une catéchèse des vertus humaines qui fait saisir la beauté et l’attrait des droites dispositions pour le bien ;
– une catéchèse des vertus chrétiennes de foi, d’espérance et de charité qui s’inspire magnanimement de l’exemple des saints ;
– une catéchèse du double commandement de la charité déployé dans le Décalogue ;
– une catéchèse ecclésiale, car c’est dans les multiples échanges des  » biens spirituels  » dans la  » communion des saints  » que la vie chrétienne peut croître, se déployer et se communiquer.

Toute la vie morale. 1830.

1830 La vie morale des chrétiens est soutenue par les dons du Saint-Esprit. Ceux-ci sont des dispositions permanentes qui rendent l’homme docile à suivre les impulsions de l’Esprit Saint.

Chacun conscient de sa fragilité doit suivre ses appels. 1811.

1811 Il n’est pas facile pour l’homme blessé par le péché de garder l’équilibre moral. Le don du salut par le Christ nous accorde la grâce nécessaire pour persévérer dans la recherche des vertus. Chacun doit toujours demander cette grâce de lumière et de force, recourir aux sacrements, coopérer avec le Saint-Esprit, suivre ses appels à aimer le bien et à se garder du mal.

L’Esprit-Saint a le pouvoir de nous justifier, c’est à dire de nous laver de nos péchés et de nous communiquer la justice de Dieu. 1987. (Les deux à la fois.)

1987 La grâce du Saint-Esprit a le pouvoir de nous justifier, c’est-à-dire de nous laver de nos péchés et de nous communiquer  » la justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ  » (Rm 3, 22) et par le Baptême (cf. Rm 6, 3-4) :
Si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui, sachant que le Christ une fois ressuscité des morts ne meurt plus, que la mort n’exerce plus de pouvoir sur lui. Sa mort fut une mort au péché, une fois pour toutes ; mais sa vie est une vie à Dieu. Et vous de même, regardez-vous comme morts au péché et vivants pour Dieu dans le Christ Jésus (Rm 6, 8-11).

Grâce majeure reçue au baptême. 1992.

1992 La justification nous a été méritée par la Passion du Christ qui s’est offert sur la Croix en hostie vivante, sainte et agréable à Dieu et dont le sang est devenu instrument de propitiation pour les péchés de tous les hommes. La justification est accordée par le Baptême, sacrement de la foi. Elle nous conforme à la justice de Dieu qui nous rend intérieurement justes par la puissance de sa miséricorde. Elle a pour but la gloire de Dieu et du Christ, et le don de la vie éternelle (cf. Cc. Trente : DS 1529) :
Maintenant, sans la loi, la justice de Dieu s’est manifestée, attestée par la loi et les prophètes, justice de Dieu par la foi en Jésus Christ, à l’adresse de tous ceux qui croient, – car il n’y a pas de différence : tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu – et ils sont justifiés par la faveur de sa grâce en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus : Dieu l’a exposé, instrument de propitiation par son propre sang moyennant la foi ; il voulait montrer sa justice, du fait qu’il avait passé condamnation sur les péchés commis jadis au temps de la patience de Dieu ; il voulait montrer sa justice au temps présent, afin d’être juste et de justifier celui qui se réclame de la foi en Jésus (Rm 3, 21-26). La justice de Dieu n’est pas de punir le pécheur (à la manière de la justice humaine qui punit le coupable), mais de le sauver.

C’est la présence et l’action de l’Esprit-Saint qui assure la foi (153-158) l’Espérance. (1817. 2541.) (Et non pas la peur ou l’angoisse.)

1817 L’espérance est la vertu théologale par laquelle nous désirons comme notre bonheur le Royaume des cieux et la Vie éternelle, en mettant notre confiance dans les promesses du Christ et en prenant appui, non sur nos forces, mais sur le secours de la grâce du Saint-Esprit.  » Gardons indéfectible la confession de l’espérance, car celui qui a promis est fidèle  » (He 10, 23).  » Cet Esprit, il l’a répandu sur nous à profusion, par Jésus Christ
notre Sauveur, afin que, justifiés par la grâce du Christ, nous obtenions en espérance l’héritage de la vie éternelle  » (Tt 3, 6-7).

2541 L’économie de la Loi et de la Grâce détourne le coeur des hommes de la cupidité et de l’envie : elle l’initie au désir du Souverain Bien ; elle l’instruit des désirs de l’Esprit Saint qui rassasie le coeur de l’homme.
Le Dieu des promesses a depuis toujours mis l’homme en garde contre la séduction de ce qui, depuis les origines, apparaît  » bon à manger, agréable aux yeux, plaisant à contempler  » (Gn 3, 6).

et la charité qui est le commandement nouveau. 1971.

1971 Au Sermon du Seigneur il convient de joindre la catéchèse morale des enseignements apostoliques, comme Rm 12-15 ; 1 Co 12-13 ; Col 3-4 ; Ep 4-5 ; etc. Cette doctrine transmet l’enseignement du Seigneur avec l’autorité des apôtres, notamment par l’exposé des vertus qui découlent de la foi au Christ et qu’anime la charité, le principal don de l’Esprit Saint.  » Que votre charité soit sans feinte… Que l’amour fraternel vous lie d’affection … avec la joie de l’espérance, constants dans la tribulation, assidus à la prière, prenant part aux besoins des saints, avides de donner l’hospitalité  » (Rm 12, 9-12). Cette catéchèse nous apprend aussi à traiter les cas de conscience à la lumière de notre relation au Christ et à l’Église (cf. Rm 14 ; 1 Co 5-10).

L’Esprit-Saint agit en nous et entretient dans le coeur le désir de perfection. 2543.

2543  » Maintenant, sans la Loi, la justice de Dieu s’est manifestée, attestée par la Loi et les prophètes, justice de Dieu par la foi en Jésus Christ à l’adresse de tous ceux qui croient  » (Rm 3, 21-22). Dès lors les fidèles du Christ  » ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises  » (Ga 5, 24) ; ils sont conduits par l’Esprit (cf. Rm 8, 14) et suivent les désirs de l’Esprit (cf. Rm 8, 27).

Il est la source des actes accomplis et de toute la vie morale. 1724.

1724 Le Décalogue, le Sermon sur la Montagne et la catéchèse apostolique nous décrivent les chemins qui conduisent au Royaume des cieux. Nous nous y engageons pas à pas, par des actes quotidiens, soutenus par la grâce de l’Esprit Saint. Fécondés par la Parole du Christ, lentement nous portons des fruits dans l’Église pour la gloire de Dieu (cf. la parabole du semeur : Mt 13, 3-23).

LE MAITRE INTERIEUR.
L’Esprit-Saint donne des grâces spéciales appelées charismes. 2003.

2003 La grâce est d’abord et principalement le don de l’Esprit qui nous justifie et nous sanctifie. Mais la grâce comprend aussi les dons que l’Esprit nous accorde pour nous associer à son oeuvre, pour nous rendre capables de collaborer au salut des autres et à la croissance du Corps du Christ, l’Église. Ce sont les grâces sacramentelles, dons propres aux différents sacrements. Ce sont en outre les grâces spéciales appelés aussi  » charismes  » suivant le terme grec employé par S. Paul, et qui signifie faveur, don gratuit, bienfait (cf. LG 12). Quel que soit leur caractère, parfois extraordinaire, comme le don des miracles ou des langues, les charismes sont ordonnés à la grâce sanctifiante, et ont pour but le bien commun de l’Église. Ils sont au service de la charité qui édifie l’Église (cf. 1 Co 12). L’Action de l’Esprit-Saint échappe à notre conscience et ne peut être connue que par la foi. 2819-2820.
2819  » Le Règne de Dieu est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint  » (Rm 14, 17). Les derniers temps où nous sommes sont ceux de l’effusion de l’Esprit Saint. Dès lors est engagé un combat décisif entre  » la chair  » et l’Esprit (cf. Ga 5, 16-25) : Seul un coeur pur peut dire avec assurance : ‘Que ton Règne vienne’. Il faut avoir été à l’école de Paul pour dire : ‘Que le péché ne règne donc plus dans notre corps mortel’ (Rm 6, 12). Celui qui se garde pur dans ses actions, ses pensées et ses paroles, peut dire à Dieu : ‘Que ton Règne vienne !’ (S. Cyrille de Jérusalem, catech. myst. 5, 13 : PG 33, 1120A).

2820 Dans un discernement selon l’Esprit, les chrétiens doivent distinguer entre la croissance du Règne de Dieu et le progrès de la culture et de la société où ils sont engagés. Cette distinction n’est pas une séparation. La vocation de l’homme à la vie éternelle ne supprime pas mais renforce son devoir de mettre en pratique les énergies et les moyens reçus du Créateur pour servir en ce monde la justice et la paix (cf. GS 22 ; 32 ; 39 ; 45 ; EN 31).

Il y a nécessité d’un discernement, particulièrement des charismes. 1831.

1831 Les sept dons du Saint-Esprit sont la sagesse, l’intelligence, le conseil, la force, la science, la piété et la crainte de Dieu. Ils appartiennent en leur plénitude au Christ, Fils de David (cf. Is 11, 1-2). Ils complètent et mènent à leur perfection les vertus de ceux qui les reçoivent. Ils rendent les fidèles dociles à obéir avec promptitude aux inspirations divines. Que ton Esprit bon me conduise sur une terre unie (Ps 143, 10).
Tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu… Enfants et donc héritiers ; héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ (Rm 8, 14. 17).

Discernement également nécessaire pour les choix moraux dans des situations difficiles. 1787.

1787 L’homme est quelquefois affronté à des situations qui rendent le jugement moral moins assuré et la décision difficile. Mais il doit toujours rechercher ce qui est juste et bon et discerner la volonté de Dieu exprimée dans la loi divine.

Besoin d’un discernement pour comprendre que le Règne de Dieu est justice, paix et joie dans l’Esprit-Saint. Rom.14, 17. 2819-2820.

2819  » Le Règne de Dieu est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint  » (Rm 14, 17). Les derniers temps où nous sommes sont ceux de l’effusion de l’Esprit Saint. Dès lors est engagé un combat décisif entre  » la chair  » et l’Esprit (cf. Ga 5, 16-25) : (Cf. Benoit XVI le 24 avril 05.)
Seul un coeur pur peut dire avec assurance : ‘Que ton Règne vienne’. Il faut avoir été à l’école de Paul pour dire : ‘Que le péché ne règne donc plus dans notre corps mortel’ (Rm 6, 12). Celui qui se garde pur dans ses actions, ses pensées et ses paroles, peut dire à Dieu : ‘Que ton Règne vienne !’ (S. Cyrille de Jérusalem, catech. myst. 5, 13 : PG 33, 1120A).

2820 Dans un discernement selon l’Esprit, les chrétiens doivent distinguer entre la croissance du Règne de Dieu et le progrès de la culture et de la société où ils sont engagés. Cette distinction n’est pas une séparation. La vocation de l’homme à la vie éternelle ne supprime pas mais renforce son devoir de mettre en pratique les énergies et les moyens reçus du Créateur pour servir en ce monde la justice et la paix (cf. GS 22 ; 32 ; 39 ; 45 ; EN 31).

Discernement sur le plan spirituel, en particulier pour ne pas confondre l’épreuve et la tentation avec le consentement. 2847.

2847 L’Esprit Saint nous fait discerner entre l’épreuve, nécessaire à la croissance de l’homme intérieur (cf. Lc 8, 13-15 ; Ac 14, 22 ; 2 Tm 3, 12) en vue d’une  » vertu éprouvée  » (Rm 5, 3-5), et la tentation, qui conduit au péché et à la mort (cf. Jc 1, 14-15). Nous devons aussi discerner entre  » être tenté  » et  » consentir  » à la tentation. Enfin, le discernement démasque le mensonge de la tentation : apparemment, son objet est  » bon, séduisant à voir, désirable  » (Gn 3, 6), alors que, en réalité, son fruit est la mort.
Dieu ne veut pas imposer le bien, il veut des être libres … A quelque chose tentation est bonne. Tous, sauf Dieu, ignorent ce que notre âme a reçu de Dieu, même nous. Mais la tentation le manifeste, pour nous apprendre à nous connaître, et par là, nous découvrir notre misère, et nous obliger à rendre grâce pour les biens que la tentation nous a manifestés (Origène, or. 29).

Ce « Maître intérieur » (2672) fait surgir le sentiment filial de confiance et d’amour, 2766.

2672 L’Esprit Saint, dont l’Onction imprègne tout notre être, est le Maître intérieur de la prière chrétienne. Il est l’artisan de la tradition vivante de la prière. Certes, il y a autant de cheminements dans la prière que de priants, mais c’est le même Esprit qui agit en tous et avec tous. C’est dans la communion de l’Esprit Saint que la prière chrétienne est prière dans l’Église.

2766 Mais Jésus ne nous laisse pas une formule à répéter machinalement (cf. Mt 6, 7 ; 1 R 18, 26-29). Comme pour toute prière vocale, c’est par la Parole de Dieu que l’Esprit Saint apprend aux enfants de Dieu à prier leur Père. Jésus nous donne non seulement les paroles de notre prière filiale, il nous donne en même temps l’Esprit par qui elles deviennent en nous  » esprit et vie  » (Jn 6, 63). Plus encore : la preuve et la possibilité de notre prière filiale c’est que le Père  » a envoyé dans nos coeurs l’Esprit de son Fils qui crie : ‘Abba, Père !’  » (Ga 4, 6). Puisque notre prière interprète nos désirs auprès de Dieu, c’est encore  » Celui qui sonde les coeurs « , le Père, qui  » sait le désir de l’Esprit et que son intercession pour les saints correspond aux vues de Dieu  » (Rm 8, 27). La prière à Notre Père s’insère dans la mission mystérieuse du Fils et de l’Esprit.

La prière chrétienne sous toutes ses formes (2625)

2625 Ces prières sont d’abord celles que les fidèles écoutent et lisent dans les Écritures, mais ils les actualisent, celles des Psaumes en particulier, à partir de leur accomplissement dans le Christ (cf. Lc 24, 27. 44). L’Esprit Saint, qui rappelle ainsi le Christ à son Église orante, la conduit aussi vers la Vérité tout entière et suscite des formulations nouvelles qui exprimeront l’insondable Mystère du Christ à l’oeuvre dans la vie, les sacrements et la mission de son Église. Ces formulations se développeront dans les grandes traditions liturgiques et spirituelles. Les formes de la prière, telles que les
révèlent les Écritures apostoliques canoniques, resteront normatives de la prière chrétienne.
et ses expressions (2658) est l’oeuvre de l’Esprit..

2658  » L’espérance ne peut décevoir, puisque l’amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous fut donné  » (Rm 5, 5). La prière, formée par la vie liturgique, puise tout dans l’Amour dont nous sommes aimés dans le Christ et qui nous donne d’y répondre en aimant comme Lui nous a aimés. L’Amour est la source de la prière ; qui y puise, atteint le sommet de la prière :
Je vous aime, ô mon Dieu, et mon seul désir est de vous aimer jusqu’au dernier soupir de ma vie. Je vous aime, ô mon Dieu infiniment aimable, et j’aime mieux mourir en vous aimant, que de vivre sans vous aimer. Je vous aime, Seigneur, et la seule grâce que je vous demande, c’est de vous aimer éternellement… Mon Dieu, si ma langue ne peut dire à tous moments que je vous aime, je veux que mon coeur vous le répète autant de fois que je respire (S. Jean Marie Baptiste Vianney, prière).
Sans l’Esprit-Saint, la vie morale et spirituelle devient une observance légaliste et un moralisme sans élan.




Eglise : communion et institution

par le Père Daniel WOILLEZ :

RAPPORT ENTRE COMMUNION ET INSTITUTION.

(Pas seulement maintenir les deux composantes

mais bien voir le lien entre les deux.)

 

1) L’INSTITUTION SUBORDONNEE A LA COMMUNION. (Et non le but.)

Cf. le sabbat pour l’homme et non le contraire.
Ex. Le ministère des évêques n’est plus défini d’abord en termes de pouvoir, mais comme un service pastoral exercé au milieu de frères.

2) L’INSTITUTION AU SERVICE DE LA COMMUNION.

a) On peut schématiser deux positions extrêmes :

1- Les partisans d’une Eglise souterraine, informelle, déstructurée, libérée de toute organisation sociale. A la limite, on accepte J.C., mais pas l’Eglise.
2- Les partisans d’une Eglise fortement établie, dotée de structures stables, puissantes et reconnues, de normes immuables, de références sûres, d’un pouvoir monarchique incontestable. (papauté ou curé de la paroisse.)

b) On ne peut ni opposer ces deux conceptions, ni chercher une sorte de compromis centriste. Il faut maintenir :

1- Un rapport dialectique.
Dès son origine, l’Eglise est institutionnelle. (Cette dimension n’a pas été imposée après-coup.) Cette institution est aussi un don du Christ. L’Eglise institution se reçoit de son Seigneur. L’institution n’est donc pas une structure qui s’ajoute à l’Eglise (Pas de dualisme. Cf. supra).
Elle découle de la nature des relations entre Dieu et les hommes. (Cf. Anthropologie.)
Le justification de l’institution est qu’elle est un service de la communion.
Il n’y a pas à choisir entre les deux dimensions de l’Eglise, mais à les prendre dans leurs rapports réciproques.
Mais on peut poser la question de la forme qu’a prise l’exercice de l’autorité ; Influence du juridisme romain et modèles de l’autorité en occident.
Formes démocratiques possibles, même si l’Eglise n’st pas une démocratie. Inculturation dans un contexte démocratique. Cf. Schilbeex. Cf. CEDOI 2003 : l’exercice du pouvoir dans l’Eglise ;

2- L’institution comme sacrement de la communion.
– La nécessité de l’Eglise comme institution se fonde d’abord sur des raisons théologiques (et pas seulement psychologiques, valable aussi par ailleurs).
Elle est le sacrement du salut qui est communion.
– Le mystère trinitaire de l’Eglise prend forme dans un visage historique. Nécessité de reconnaître à la fois l’importance de l’institutionalité de l’Eglise et la contingence de ses formes historiques.
– La communion s’exprime surtout dans le partage de la Parole de Dieu, la liturgie (au sommet de laquelle l’Eucharistie) et la vie fraternelle. Elle se noue dans un même mouvement dans l’union des chrétiens avec Dieu et entre eux, et revêt une forme institutionnelle.
– Cette communion institutionnelle a valeur de signe pour le rassemblement de tous les hommes pour le Royaume. Pas de communion sans mission. L’Eglise est une communion « missionnaire ».

3- L’institution relativisée.
La dimension institutionnelle de l’Eglise qui lui donne sa visibilité historique et sociale, est à relativiser :
a)Elle est une forme provisoire.
Elle ne survivra pas dans l’eschatologie, au delà de l’histoire. Elle préfigure l’Eglise du ciel et n »a donc plus de raison d’ête quand la réalité sera accomplie.
b) L’Esprit-Saint agit au-delà des frontières visibles de l’Eglise (catholique et des autres églises). Cf. Efficacité du sacrement de l’Eglise.
c)La communauté des chrétiens est un peuple de pécheurs qui doivent se convertir. (A tous les niveaux.)
L’institution de l’Eglise est marquée par cela et ne peut donc être une institution idéale, parfaite. Elle prête nécessairement le flanc à la critique (Cf. toute l’histoire de l’Eglise avec ses misères). Radicale pauvreté.
Un peuple toujours en démarche de conversion, quelque soit la mission de chacun.
Cf. la demande de pardon de la part de l’Eglise. (Procès Gallilée, inquisition, croisades..)
d) Les chrétiens vivent souvent dans un monde sécularisé (et non plus une chrétienté).
Dans ce cas, l’Eglise n’est plus une réalité structurante de la société et de l’organisation sociale. Elle est dépouillée de ses privilèges sociaux.
Le prêtre n’est plus un « notable ». Le sacerdoce ministériel n’est plus une « promotion sociale ».

4- L’institution interrogée.
Elle n’est jamais autonome dans son fonctionnement et n’a de justification qu’au service du mystère trinitaire.
Risque permanent de devenir un « en-soi » et de s’imposer pour elle-même.
Le dialogue avec le monde est nécessaire pour la mission. D’où une disponibilité permanent à l’imprévu, à la nouveauté de l’Esprit.
Malheur à l’Eglise qui se durcit et se fige en ses institutions, obsédée par la réussite de son fonctionnement interne. (Technocratie cléricale.) Prédominance des « services d’Eglise » sur la mission dans et pour le monde.

D’où :
5- L’institution et les institutions de l’Eglise.
Dans la sacramentalité de l’Eglise, son aspect vivible (l’ensemble institutionnel) comporte différents aspects :

a) L’institution primordiale.

Celle qui correspond directement au projet exprimé par Jésus-Christ pendant son séjour terrestre.
Dans le Nouveau Testament.
On peut y distinguer trois institutions fondamentales :
1- L’Ecriture.
2- Les sacrements de la foi. Le baptême et l’eucharistie en premier lieu.
3- Le ministère pastoral de la communion ecclésiale. Les Apôtres.
N.B. Cette réalité institutionnelle « constitutive » est cependant sujette à certaines modifications dans ses formes concrètes : rituel, liturgie, formes historiques de ministère.

b) Les institutions créées par l’Eglise.

C’est le développement de l’institution primordiale, pour répondre à tel ou tel besoin concernant la vie et la mission de l’Eglise.
Exemples : Les conciles, la vie religieuse, l’année liturgique, la paroisse, la catéchèse.
Ces institutions créées par l’Eglise sont d’importance inégale.
Exemples : Un concile et le cardinalat ; La vie religieuse et les confréries.
Donc caractère relatif. Nécessité d’un discernement et révisions parfois nécessaires pour une plus grande fidélité à la volonté du Christ.
c) Les institutions chrétiennes.
Ce sont les institutions temporelles de l’Eglise.
Elles expriment visiblement l’action communautaire des chrétiens au service le la communauté humaine.
Exemples : Ecoles, hôpitaux, organismes professionnels ou de loisirs, associations diverses, familiales, caritatives, artistiques, syndicales, politiques..
Elles sont contingentes et relatives. (Ce qui ne veut pas dire superflues.)
Elles sont liées au contexte historique et social. Toujours sujettes à révision pour être réellement signes.
Le fait qu’elles sont ensuite souvent assurées par la société elle-même est un signe de leur efficacité et du progrès de l’évangile dans la société. (Sans récupération.)

d) La présence active des chrétiens dans des institutions non ecclésiales.

C’est un autre signe visible de l’Eglise par le témoignage de ses membres.




Les sacrements de Baptême et Confirmation

 

SENS DE CES SOIREES.
Approfondir notre vocation humaine de baptisés/confirmés à partir de de la création et de la réalité sacramentelle du baptême, de la confirmation et de l’Eucharistie. (= Les trois sacrements d’initiation chrétienne.)

 

NOTE BIBLIQUE

Dans le Nouveau Testament, on ne parle jamais de la confirmation avec cette expression, mais ce que nous mettons
sous les mots de baptême et de confirmation est désigné par le mot baptême.
Les deux sacrements n’étaient jamais séparés mais se donnaient toujours à la suite l’un de l’autre, dans une seule et
même cérémonie, comme cela se passe encore maintenant dans l’Eglise orientale. (Qui appelle la confirmation « chrismation »). Ce n’est que dans l’Eglise latine qu’ultérieurement les deux sacrements se sont donnés d’une manière distincte parce qu’on a privilégié la présence effective de l’évêque pour la confirmation, à une époque où les communautés chrétiennes se sont multipliées dans les campagnes. On attendait le passage de l’évêque pour donner la confirmation à ceux qui avaient été baptisés auparavant.

Dans l’Eglise orientale, on a privilégié l’unité des deux sacrements et le prêtre ministre au nom de l’évêque (de par son ordination reçue de l’évêque) donnait toujours la « chrismation » lors qu’il donnait le baptême.
Les deux sacrements sont à distinguer, mais ne doivent pas être séparés. Ils sont complémentaires. Ils expriment et
réalisent la vocation plénière du chrétien.

 

I- LE PLAN DIVIN ET LA VOCATION DIVINE DE LA CREATION ET DE L’HOMME.

LA CREATION TRINITAIRE. L’UNIQUE PLAN DE DIEU. (Vue du côté de Dieu créateur.)

1- DIEU COMMUNIQUE SA VIE A D’AUTRES QUE LUI. PLAN UNIQUE DE DIEU

Il n’y a pas à discocier un plan de la création et un plan du salut rédempteur, qui serait comme un
recommencement du plan de Dieu après l’irruption du péché dans la création.
Le plan de Dieu existe avant la création du monde (qui en fait partie) et avant même l’existence du péché.
Cf. … »avant que le monde fut créé »… »de toute éternité ».

A- LE PLAN DE LA CREATION.

1= UN PLAN DE COMMUNICATION DE VIE.
Dieu est un Dieu de vie et non pas de mort.
Cf. Evangile de la vie. de Jean-Paul II. Ch. 2. Le message chrétien sur la vie.
Ceci est vrai pour toute la création, mais plus encore pour l’homme.
« La vie que Dieu offre à l’homme est un don par lequel Dieu fait participer sa créature à quelque chose de luimême ». (N°34.)

Il s’agit là du fondement de la vocation humaine de tout homme quelqu’il soit.
« La vie de l’homme vient de Dieu, c’est un don, son image et son empreinte, la participation à son souffle vital.
Dieu est donc l’unique Seigneur de cette vie : l’homme ne peut en disposer….Le texte biblique ( Nôé. Gén.9,5) prend soin de souligner que le caractère sacré de la vie a son fondement en Dieu et dans son action créatrice : car à l’image de Dieu l’homme a été fait »…Ainsi, dans l’histoire des peuples et dans la condition des individus, Israël ne voit pas la conséquence d’un pur hasard ou d’un destin aveugle, mais le résultat d’un dessein d’amour par lequel Dieu reprend toutes les potentialités de la vie et s’opposent aux forces de mort qui naissent du péché : « Dieu n’a pas fait la mort, il ne prend pas plaisir à la perte des vivants. Il a tout créé pour l’être ». (Sg.1,13-14.)

« Le message d’ensemble, qu’il appartiendra au Nouveau Testament de porter à sa perfection, est un appel pressant à respecter l’inviolabilité de la vie physique et l’intégrité de la personne ; Il culmine dans lecommandement positif qui oblige à prendre en charge son prochain comme soi-même: « Tu aimeras tonprochain comme toi-même. » (Lv.19, 18.) (N°39)

2= LA CREATION TOUJOURS ACTUELLE.

1) LA CREATION N’EST PAS SEULEMENT L’ACTE INITIAL
La création n’est pas seulement le début du monde qui serait ensuite largué et continuerait pas ses propres
forces seulement.
Pas seulement le big-bang initial passé.
Ne pas confondre la création avec l’origine du monde.

 

2) LE CREATEUR MAINTIENT TOUT DANS L’EXISTENCE ACTUELLE.

Tout être qui existe doit son existence actuelle à une communication permanente d’être et de vie par le créateur.
Prendre conscience de la présence de Dieu dans toutes ses créatures qu’il maintient dans l’existence.
Toute créature doit être regardée comme enveloppée dans la Providence du Père.
Cf. Mtt.6,26-55. A propos des soucis: « Ne vous inquiétez pas…Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’amassent point dans des greniers; et votre Père céleste les nourrit! Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux? Et des vêtements, pourqoui vous inquiéter? Observez les lys des champs, comme ils croissent; ils ne peinent ni ne filent, et je vous le dis, Salomon luji-même, dans toute sa gloire, n’ a jamais été vêtu comme l’un d’eux! Si Dieu habille ainsi l’herbe des champs, qui est là aujourd’hui et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il bien plus pour vous, gens de peu de foi. »
Cf. Tous les psaumes de louange à Dieu pour la création.
– Ps.18. 2-7. Hymne au dieu de la création. LE FIRMAMENT ET LE SOLEIL.
– Ps.32. Hymne à la puissance et à la Providence de Dieu. « Le Seigneur a fait les cieux par sa parole,
l’univers par le souffle de sa bouche, il amasse, il retient l’eau des mers; les océans, il les garde en
réserve… »
– Ps.64. Action de grâce pour les bienfaits de Dieu. « Sa foece enracine les montagnes.. »
– Ps.94. « Oui, le grand Dieu, c’est le Seigneur, le grand roi au dessus de tous les dieux: il tient en main
les profondeurs de la terre et les sommets des montagnes sont à lui; à lui la mer, c’est lui qui l’a faite, et
les terres, car ses mains les ont pétries ».
– Ps 95. Dieu roi et juge de l’univers. « Chantes au Seigneur un chant nouveau »..
– Ps.103. Hymne au Créateur.
– Ps.134. Hymne au Seigneur pour ses bienfaits. « Au ciel, sur la terre, dans les mers et jusqu’au fond des abîmes. »
– Ps.135. Louange à Dieu pour les merveilles de la création. « Rendez-grâce…éternel est son amour ».
– Ps.148. Hymne de louange à Dieu. « Louez le Seigneur… »
– Dan.3. Le cantique deqs trois enfants. Hymne de l’univers. « Bénissez le Seigneur ».
– Savoir découvrir toutes les richesses « naturelles »que Dieu a déposées en nous et par lesquelles il est présent dans nos vies.
Reconnaître tout ce que nous avons reçu comme qualités.
Fondement de notre vocation humaine. Un critère pour découvrir ce à quoi nous sommes appelés.

3) TOUT SUBSISTE DANS LE FILS.
Toute créature a de par son être même, par le fait qu’elle existe, une relation avec le Christ.
Toute créature est destinée ( = vocation) à faire corps avec le Fils qui récapitulera tout en Lui à la fin des temps.
Cf. ci dessous: la dimension trinitaire de la création.

B- DIEU SE COMMUNIQUE SELON SA VIE INTIME TRINITAIRE.

N.B. Ne pas rester à un simple déisme, commun à toutes les religions du monde. Notre foi chrétienne va plus
loin dans la vision de la création selon le plan de Dieu.

1-LE PERE CREE LE MONDE PAR SON FILS DANS L’ESPRIT.

N.B. Cela ne peut être connu que par révélation surnaturelle et non par les seules forces de la raison. C’est donc particulier aux chrétiens et à ceux qui accueillent la révélation qu’en a fait le Christ.
« Personne ne connaît le Père, sinon le fils et celui à qui le Fils veut le révéler ».
1) C’EST LE PERE QUI EST CREATEUR, LA SOURCE DE TOUT.
Le Credo parle non simplement de Dieu créateur, mais de Dieu le Père tout puissant créateur du ciel et de la terre.
Il ne s’agit pas seulement d’un certain déisme, qui se trouve dans toutes les religions.
Toute créature est un reflet du Père qui s’exprime par la créature.
Toute beauté est une parcelle de la splendeur du Père.
2) LE PERE CREE LE MONDE PAR ET DANS SON FILS.
C’est en engendrant son Fils, en l’aimant, que le Père crée le monde.
Toute créature est le fruit de l’amour du Père pour son Fils, voulant aimer le monde créé, en même temps que son Fils et en Lui.
Toute la création a une dimension filiale et elle est destinée à retourner au Père. Le dessein du Père, savolonté, son Règne.
L’homme en particulier est créé à l’image du Fils, Expression parfaite du Père.
Cf. Eph.1,3-6: Le choix éternel par le Père, de la destinée de l’homme dans le Fils.
 » Qu’il soit béni, le dieu et Père de Notre Seigneur , Jésus, le Christ!
Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel dans le Christ.
Il nous a choisis, dans le Christ, avant que le monde fut créé,
pour être saints et sans péchés devant sa face grâce à son amour.
Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ.
Ainsi l’a voulu sa bonté, à la louange de gloire de sa grâce,
la grâce qu’il nous a faite dans le Fils bien-aimé.
Cf. Col.1,15-17. Au Christ premier-né de toutes créatures.
« Il est ‘image du Dieu invisible, le premier-né, avant toute créature: en lui tout fut créé, dans le ciel et sur la terre.
Les êtres visibles et invisibles…tout est créé par Lui et pour Lui.
Il est avant toute chose et tout subsiste en lui. »
1 Cor.8,6. « Pour nous, il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui tout vient et popur qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui tout existe et par qui nous sommes ».
TOUT SUBSISTE DANS LE FILS.
Toute créature a de par son être même, par le fait qu’elle existe, une relation avec le Christ.
Toute créature est destinée à faire corps avec le Fils qui récapitulera tout en Lui à la fin des temps.

3) ROLE DE L’ESPRIT-SAINT CREATEUR.
Cet amour du Père pour son Fils est l’Esprit créateur. « L’Esprit de Dieu planait sur les eaux. »
« C’est toi qui donnes la vie »…. »dans la puissance de l’Esprit-Saint. »
Le Souffle créateur du Père qui communique sa vie.

2- DIEU PARTAGE DAVANTAGE AVEC L’HOMME SA VIE INTIME TRINITAIRE.
Appel à un partage plus grand de connaissance et d’amour selon le mode trinitaire. d’où la vocation particulière
de l’homme au milieu de la création. Cf. infra.
Le Père le réalisera en envoyant son propre Fils dans l’humanité pour faire corps avec elle et l’inytroduire dans
la vie intime trinitaire, bien au delà de ses capacités humaines.

 

II- LA VOCATION DE LA CREATION ET LA VOCATION HUMAINE.

(Selon le Plan de Dieu.) (Vue du côté de l’effet de l’action de Dieu.)

1) TOUTE LA CREATION.

La puissance de vie qui vient de Dieu est dans la création. Il y a fondamentalemennt une immense aspiration à la vie.
Cf. Après les cyclones.
Energie de la vie qui est le contraire d’une puissance de mort. Presqu’un apparence de gaspillage tellement la vie est
abondante. Les semenses de vie dans la création, dans les plantes.
Cf. L’Evangile de la vie.
Tout l’univers est fait pour la vie et tend à la réalisation plénière de la vie selon le plan de Dieu.
Cf. L’évolution et son sens de progrès. C’est la marque d’un dynamisme vital.

2) L’ HOMME DANS LA CREATION. (La vocation humaine.)

1)SOLIDARITE DE L’HOMME AVEC TOUTE LA CREATION.
Solidarité fondamentale. Solidarité dans la destinée: Toute la création attend la gloire des enfants de Dieu.
Cf. Saint-François d’Assise: Notre soeur l’eau, notre frère le corps, etc…
D’où le respect pour toute créature.
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Mais sans mettre la créature au dessus de l’homme, comme le fait une Brigittre Bardeau. Ne pas en faire un absolu,
sans référence au plan de Dieu. On pourrait dire parfois: « Vivement la vie de chien ». Cf. Touts les aliments pour chiens et chats, alors que des
populations entières meurent de faim. on peut au moins se poser la question.

2) TOUT HOMME EST A L’IMAGE DE LA TRINITE.
Tout homme par son être même et sa vie, est en lien avec le mystère trinitaire de la vie intime de Dieu.

1) TOUT HOMME EST CREE A L’IMAGE ET A LA RESSEMBLANCE DE DIEU.
Pas seulement un image lointaine.

2) SA VIE EST UNE PARTICIPATION A LA VIE TRINITAIRE.
Par son intelligence, sa possibilité d’aimer.
Les Pères ont souvent fait la comparaison entre la psychologie humaine et la vie trinitaire. Ex. St.
Augustin.

3) L’HOMME DONNE SON SENS A LA CREATION.

1- IL FAIT REMONTER TOUTE LA CREATION VERS LE PERE.
L’homme est avec le Christ le grand-prêtre de la création.
Cf. L’Eucharistie: la présentation des dons (Offertoire). La messe sur le monde.

2- LA CREATION, LE MONDE, EST LE MATERIAU DU REGNE DE DIEU. (Continuité et discontinuité.)
La gérance du monde. Place particulière des laïcs.
Cf. Parabole des talents.
La vocation humaine est de gérer le monde: vie professionnelle, syndicale, politique, etc..
C’est avec les créatures que lui donne Dieu, que l’homme peut vivre fraternellement avec les autres. Nos
relations avec les autres sont toujours faites à partir du sensible, des êtrres créés qui nous entourent.
(Tout signe ou symbole a comme support une réalité sensible.
Ce sont des moyens avec lesquels l’homme bâtit le Royaume.

4) L’ HOMME NE SE SERT PAS DE LA CREATION N’IMPORTE COMMENT.

1) SELON LE PLAN DU CREATEUR.
L’homme est le gestionnaire de la création, pour que tous les hommes puissent profiter de biens donnés par
Dieu.
Cf. Destination universelle des biens, rappelé par le concile Vatican II. G. et Sp. N°69.
« Dieu a destiné la terre et tout ce qu’elle contient à l’usage de tous les hommes et de tous les peuples, en
sorte que les biens de la création doivent équitablement affluer entre les mains de tous, selon la règle de la
justice, inséparable de la charité….
On doit toujours tenir compte de cette destinations universelle des biens. C’est pourquoi l’homme, dans
l’usage qu’il en fait, ne doit jamais tenir les choses qu’il possède légitimement comme n’appartenant qu’à lui,
mais les regarder aussi comme communes: en ce sens qu’elles puissent profiter non seulement à lui, mais
aussi aux autres ».
Parfois on pille les biens de certains pays ou régions pour l’intéret de quelques uns, ou l’avantage exclusif
d’autres pays ou continents. Cf. Le pillage du Tiers-monde lors de l’époque coloniale, à des prix injustes.
Le remboursement de la dette du tiers-Monde.)
La dette de certains pays vient de ce qu’on leur a fait payer certains produits très cher, alors que ceux qu’on
venait chercher chez eux leur étaient payés de manière dérisoire. La remise de la dette de certains pays est
une question de justice et de restitution.
On utilise les matières premières pour fabriquer des armes qu’on passe ensuite au Tiers-monde qui a besoin
d’autre chose que des moyens pour s’entre tuer.
On construit n’importe où, au risque de créér des catastrophes naturelles.
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Parabole des talents remis par Dieu pour les faire fructifier. Comment les gérons-nous?

2) PAS DE GASPILLAGE. ECOLOGIE.
N.B. Une manière concrète d’aimer les autres et le monde, selon le plan de Dieu; Le grand
commandement de Jésus.
Préservation de l’environnement qui ne doit pas être abimé sans raison.
On prive parfois certains, d’un environnement agréable ou normal, pour satisfaire des intérêts particuliers.
Cf. Les constructions,
La nuisance du bruit qui porte atteinte à la santé des autres. Les mobilettes trafiquées. Les chaînes hifi à pleine force. L’attention au voisinage. La pollution avec les déchets qu’on jette n’importe où. On empêche le tourisme source d’emplois, de se  développer. Les campagnes d’assainissement, de nettoyage, par exemple par les habitants d’un quartier, d’un groupe de jeunes, etc.
Les panneaux publicitaires qui détériorent le cadre de vie, sans autres règles que l’intérêt des gandes marques.
La détérioration des installations du service public. Panneaux indicateurs. Le matériel de l’école. Vandalisme.

4) VOCATION UNIVERSELLE A LA SAINTETE. Cf LG.

Tenir compte de la présence du péché dans la vie de l’homme dès le début.
Cette présene du péché dans le monde ne va pas mettre en échec le plan de Dieu, mais donnera à ce plan
certaines caractéristiques, notamment la purification et la destruction du péché.
Nécessité d’une intervention de Dieu pour réaliser son plan malgré le péché: le plan du salut.
Réalisation de ce plan par l’envoi du Fils dans notre condition de pécheurs et qui sera victime des
pécheurs que nous sommes. Réalité de l’Incarnation et de la mort rédemptrice du Fils de Dieu.
C’est le Fils qui réalisera le plan du Père malgré le péché. Attitude filiale de Jésus, jusqu’à l’obéissance de la mort et de la mort sur une croix. L’opposé de l’attitude du péché. Cf. L’hymne aux Philippiens. (Phil.2,6-11.)
« Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.
Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes, reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, deeanant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté: il l’a doté du Nom qui est au dessus de tout nom,
afin qu’au nom de Jésus, tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers,
et que toute langue proclame: « Jésus-Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père ».
La vocation humaine n’est pas à séparer de la vocation filiale chrétienne qui en est l’aboutissement,
l’épanouissement., réalisation parfaite de l’action du Christ, selon la volonté de son Père.

 

III- LA VOCATION CHRETIENNE DES BAPTISES.

1) LE BAPTÊME AU NOM DU SEIGNEUR JESUS.

1- DIFFERENCE AVEC LE BAPTÊME D’EAU DE JEAN-BAPTISTE.
L’efficaité de ce baptême reposait uniquement sur les dispositions de l’homme. C’était une manière
d’exprimer aux yeux de Dieu et des hommes, le volonté de se convertir.
L’efficaité du baptême au nom de Jésus viendra du Christ lui-meme qui a donné sa vie pour le salut de
l’homme. Il repose sur les mérites du Christ et non sur ceux de l’homme.
Cf. infra 3- Le baptême, une action du Christ.

2- LE CATECHUMENAT ET L’INITIATION CHRETIENNE.

1) Place importante du baptême des adultes dans les débuts de l’Eglise.

 

2) Un sacrement de la foi.

– L’adhésion de base. Accxueil du kérygme.
– Le catéchuménat et l’approfondissement de la foi. L’entrée en catéchuménat, première étape liturgique de
l’itinéraire vers le baptême: Ouvrait le temps de l’approfondissement et de maturation de la foi et de la vie
évangélique.
– La catéchèse ultérieure. Catéchèsre mystagogique.
Pour eux qui sont déja baptisés. Seulement alors on iniitiait à l’Eucharistie.

 

3) L’ultime préparation des catéchumènes pendant le carême.

Pour les catéchumènes, le carême était (dès le 4ème siècle) un temps de préparation aux sacrements de l’initiation
chrétienne qu’ils recevaient dans la nuit pascale.
– 1er dimanche de carême: l’appel décisif. Célébration présidée par l’évêque. (= 2ème étape liturgique vers le
baptême.)
– Les 3ème, 4ème et 5ème dimanche de carême: les différents scrutins. (Sens de la lutte dans laquelle les
futurs baptisés sont engagés et des ruptures auxquelles ils doivent consentir.)
Toute la communauté est impliquée dans l’admission de nouveaux membres. Le contraire d’une spiritualité
individualiste du baptême. Nous sommes sauvés en peuple. Cf. Vatican II L.G. Ch.2 Le peuple de Dieu.
N.B. Pour les baptisés: sens du carême.
Se renouveler dans la grâce baptismale. Réaffirmation par la profession de foi baptismale au cours de la nuit
pascale.Cf. Livret du carême 95 sur la vocation chrétienne baptismale.
S’y préparer au besoin par le sacrement de la pénitence, de la réconciliation. Nécessité d’une reprise. quarante
jours pour se refaire « une santé ».
Solidarité avec tous les catéchumènes du monde.

3- LE BAPTEME, UNE ACTION DU CHRIST.

1) Tout sacrement est une action du Christ. (Cf. « Ex opere operato ».) Cf. supra: différence avec le bapt. de Jean-
Baptiste.
Comme tout sacrement, le baptême est d’abord une action du Christ, et non le résultat de l’effort de l’homme ou d’un
pouvoir magico-religieux.
C’est Dieu qui nous réconcilie avec lui et fait de nous ses fils en Jésus-Christ. Initiative du Christ et du Père.
« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qi vous ai choisis ».

2) La gratuité du baptême , de la grâce et de la rémission des péchés. (Pas une conséquence de nos mérites.

1- Le baptême est le signe de l’amour prévenant de Dieu.
Il est un « sacrement », c’est-à-dire un signe, une expression, qui contient et rend présente un réalité qui
dépasse l’apparence. Le Christ est le sacrement du Père, l’expression parfaite du Père qu’il rend présent à notre monde. L’Eglise est le sacrement du Christ agissant par son Esprit-Saint. Elle exprime cette action du Christ et la rend présente et « efficace ». Les sacrements, donc aussi le baptême, sont des signes qui doivent exprimer cette action du Christ qui réalise effectivement ce qui est exprimé. La célébration du Baptême exprime-t-elle suffisamment le Christ qui communique son Esprit filial rendant le baptisé enfant du Père par amour gratuit de ce Père de Jésus qui se réconcilie l’humanité.

2- Ce n’est donc pas un acte magique, dont l’effet est automatique.
(Bien comprendre le sens de l' »ex opere operato » qui ne veut pas dire « automatiquement », mais: par l’action
posée sacramentellement par le Christ ). Comment est-ce compris par ceux qui demandent le baptême?
Comment ne pas donner l’impression que le ministre du sacrement est un personnage doté d’un pouvoir
magico-religieux?

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Le Christ lui-même a réagi devant cette interprétation de ses miracles et guérisons et a fui cette « popularité ».
(Conception fauusse ou ambigue de son messianisme. Cf. La tentation au désert et la passion annoncée.)

2) LES DEUX EFFETS DU BAPTÊME.
Il s’agit ici du contenu de l’action du Christ.

1- L’EFFET ECCLESIAL DU BAPTÊME. LE CARACTERE BAPTISMAL.

N.B. Cette effet apparait parce que depuis toujours dans la pratique de l’Eglise, le baptême n’a jamais été réitéré.
Il a donc un effet permanent. Ce là, ce qu’on appelle parfois la « réviviscence » ultérieur .du sacrement.
– Membres du corps du Christ, mort et ressuscité. Quelque soit la situation de péché dans lequel se trouve le baptisé, il reste toujours le frère de J.C. et le fils du Père. Cf. La parabole de l’enfant prodigue et de l’amour du Père.
1)Devenir enfant du Père dans le Fils bien-aimé. 1 Jn.3,1. « Nous sommes appelés enfants de Dieu et nous le sommes ». L’expression « fils adoptif » employé par le N.T. est d’ailleurs à utiliser avec nuance.

– C’est vrai dans le sens que nous devenons dans le temps ce que nous n’étions pas auparavant.
(A la différence du Fils unique du Père.)

– C’est faux dans le sens qu’il ne s’agit pas seulement d’une fiction juridique comme dans les adoptions
humaines où l’enfant n’a pas en lui la vie même des parents adoptifs.
Ici, nous sommes réellement fils, ayant en nous la vie même de Dieu, l’Esprit-Saint.

– Membres de l’Eglise, Corps du Christ. Cf Toute la doctrine sur le Corps mystique, dans Cor. et Magistère.
Une réconciliation avec l’Eglise sera parfois nécessaire, mais l’appartenance radicale du baptisé à l’Eglise, n’est
jamaiks remise en cause. Dimension communautaire du baptême. Cf Le bpt. de toute la maison de Corneille. Application au bapt. des enfants, qui a toujours eu lieu dans l’Eglise. Faire partie de l’Eglise. Qu’y a-t-il derrière ce mot « Eglise » chez ceux qui demandent le baptême, pour eux ou pour leurs enfants? Et quelle image (signe sacramentel) de l’Eglise donnons-nous? Est-ce d’abord l’Eglise institution ou l’Eglise communion au corps du Christ et à sa vie?
L’Eglise institution ( Organisation. Administration.) est au service de l’Eglise communion. L’aspect sociétaire et
institutionnel de l’Eglise est important (L’Eglise n’est pas seulement une communion vague dans l’Esprit-Saint),
Mais il n’est pas premier. Il disparaîtra un jour, alors que subsistera toujours le Corps mystique du Christ, avec
le lien au Christ et aux frères du Christ, dans l’Esprit-Saint.
Ne sommes-nous pas préoccupés en priorité par l »‘administration »du baptême?
La dimension de la place de chacun comme membre du Corps du Christ est à souligner.
Il prendra davantage forme avec le sacrement de confirmation et l’Eucharistie.
On peut déja l’envisager ensemble. Cf. ci-dessous.

2- L’EFFET DE GRÂCE: PARTICIPATION A LA VIE DU CHRIST DANS L’ESPRIT-SAINT.

– La vigne et les sarments.
La sève qui circule dans la vigne à partir du tronc. Cf. Aussi le corps mystique du Christ.
– Entrée dans le mystère de la mort et de la résurrection du Christ.
Cf. Manière dont cela est exproimé par le rite: immersion dans l’eau et en ressortir. Le baptême par immersion.
Que celui qui veut ête mon disciple, qu’il se renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Qui perd sa
vie la gagnera.

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Col.2,9-13: « Dans le Christ, habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité, et vous vous trouvez en lui
associés à sa plénitude, lui qui est la Tête de toute Principauté et toute Puissance.
C’est en lui que vous avez été circoncis d’ne circoncision qui n’est pas de main d’homme, par l’entier dépouillement
de votre corps charnel; telle est la circoncision du Christ: ensevelis avec lui lors du baptême, vous en êtes ausi
ressuscités avec lui, parce que vous avez cru en la force de Dieu qui l’a ressuscité des morts. Vous qui étirez
morts du fait de vos fauts et de votre chair incirconcise, il vous a fait revivre avec Luii. Il nous a pardonné toutes
nos fautes ».
Les croyants ne sont donc plus soumis à d’obscures forces aveugles, mais à la puisssance de l’‘Esprit dans lequel
le Père a ressuscité son Fils. Le baptême et le péché originel? Influence du dualisme grec sur la conception de l’âme. La Bible (même lorsqu’elle emploie ce terme) parle de la personne toute entière.
On a trop présenté le baptême d’abord comme « l’effacement » dans l’âme seulement du péché originel, compris
souvent d’une façon fausse.

– L’enfant possédé par le démon. Cf. L’ancien exorcisme qui a été supprimé: « Sors de cet enfant, esprit impur ».
(En soufflant sur l’enfant. Geste qui pouvait être compris comme magique.)

– Individualisation du péché originel, dans le sens d’un péché dont l’enfant est coupable, marqué.
Alors que la situation de l’enfant ne peut se comprendre que par une solidarité profonde avec toute la famille
humaine. Celle-ci comporte un partage de la situation de tousles hommes qui ont besoin d’être sauvés, dans
leur dimension corporelle et spirituelle.

Le salut aura d’ailleurs aussi cette dimension de solidarité. 2ème Adam.
Egalement dimension communautaire du baptême. Place importante de la famille.

– Le péché originel est essentiellement un manque.
Le manque d’une réalité qui est la destinée de tout homme: la vie filiale dans l’intimité divine.
Manque de cette réalité qui devrait être selon le Plan créateur de Dieu. ( D’où Etat de péché)
Toute la famille humaine a besoin pour entrer ainsi dans la famille divine, d’une nouvelle naissance. La
naissance simplement humaine ne comporte pas cette participation qui n’est donnée que par l’union à
Jésus-Christ, le Fils du Père.

Baptême et foi.
– Peut-on fixer un minimum de foi pour la réception du baptême? La foi est un don de Dieu que nous ne
pouvons évaluer.
Les raisons données par les parents dans la demande du baptême peuvent exprimer une démarche dans
laquelle la foi a encore à progresser.

Cf. Le jour de la Pentecôte. Pierre à la question des gens rassemblés qui demandent « que devons-nous
faire? » répond: « Convertissez-vous et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus-Christ pour
obtenir le pardon de ses péchés ».

Cf. Philippe et le baptême de l’eunuque, dans les actes des Apôtres. « Qu’est-ce qui empêche que je sois
baptisé ».
– Le baptême est donc aussi une « évangélisation ».
La qualité de la célébration est importante dans ce sens.
Bien mettre en évidence l’initiative pleine d’amour prise par Dieu qui aime plus encore que les parents, les
enfants qui sont baptisés.
Le baptême est une célébration du salut apporté par Jésus-Christ envoyé par le Père.
Attention à l’alternative du tout ou rien, de l’admission ou du refus du baptême.
Des garanties doivent être prises pour assurer ultérieurement le développement de la foi: véritable éducation
de la foi et de la vie chrétienne à envisager positivement dès le baptême.

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Dans ce sens, nécessité d’un très grand sens de l’accueil et de travailler à fonder l’espoir d’un mieux dans
l’avenir. Aider à aller jusqu’au bout de la demande.
Intention exprimée aussi dans le choix du parrain ou de la marraine. Occasion d’envisager l’avenir chrétrien
du baptisé. Favoriser une progression. Comprendre les manques qui se manifestent non comme une cause de rupture, mais comme un appel à aller plus loin. Il y a souvent une bonne volonté foncière qui a besoin d’être
comprise et orientée vers un plus. Question du baptême valide et infructueux. S’il y a un obstacle à l’action de l’Esprit-Saint. (Bpt. d’adultes.) D’où la question de la reviviscence du sacrement de baptême. L’action de l’Esprit-Saint suppose l’accueil libre de son action de purification et de vie filiale.
Importance de la présentation du Christ , de son oeuvre, de son message, de son action de salut.
La vie de foi du baptisé grandit au fur-et-à-mesure de l’éveil de l’intelligence et de la liberté.

 

3) BAPTÊME ET EUCHARISTIE.

1- LA PARTICIPATION A LA MORT ET A LA RESURRECTION DU CHRIST.
– Le baptême et le mystère de Paques. (Cf. Supra.)
– « Fais de nous une éternelle offrande à ta gloire ».
– Sens de la deuxième épiclèse. (Que nous soyons rassemblés par l’Esprit-Saint en un seul Corps ».
Dans l’eucharistie, le baptisé fait corps avec Jésus-Christ ressuscité.
2- L’ALIMENTATION DU BAPTISE.
– Nécessité d’une participation régulière qui fasse vivre de la mort et de la résurrection du Christ.
C’est une question vitale et non pas seulement une obligation minimale.




L’Eglise que veut Jésus-Christ : De Jésus à l’Eglise actuelle

par le Père Daniel WOILLEZ :

AVANT-PROPOS : DEMARCHES POUR CONNAITRE L’EGLISE.

1°) TROIS DEMARCHES POSSIBLES :

Quelle démarche prendre pour aborder la réalité de l’Eglise. Plusieurs démarches possibles, notamment selon le point de départ. N.B. Ces démarches ne sont pas opposées mais complémentaires.
1) DEMARCHE DEDUCTIVE. ECCLESIOLOGIE DESCENDANTE. C’EST LA DEMARCHE QUE NOUS PRENONS DANS CE DOSSIER.

1- CE QU’ELLE EST.

On commence par « en-haut ». On considère l’Eglise comme objet de foi, à la lumière de la Révélation et de la Tradition. On part de Jésus-Christ pour arriver à l’Eglise. QUELLE EST L’INTENTION DU CHRIST SUR L’EGLISE ? = CE QUE JESUS A VOULU FAIRE selon ce que nous en dit la foi. Cf. INTENTXT.VEK

2- AVANTAGES ET INCONVENIENTS.

1) AVANTAGES.
On a une réflexion plus complète et plus systématique, sans souci de « recettes » plus immédiates. Cette démarche permet de considérer les principales dimensions de l’institution ecclésiale et d’éviter de graves oublis. Elle prend de la distance par rapport à l’étude de situations locales, mais trop particulières. Elle permet de se mettre en face du mystère de l’Eglise, de son identité profonde qui relève du don gratuit de Dieu. Nécessité de découvrir de plus en plus le lien de l’Eglise avec le mystère trinitaire.
Elle joue alors une fonction critique essentielle, grâce à un certain recul par rapport à l’expérience ecclésiale. Elle aide ainsi à « dépasser » les situations que nous connaissons.

2) RISQUES ET INCONVENIENTS.
Risque de rester dans l’abstrait et l’intemporel. Risque d’élaborer une doctrine idéale, et même utopique, tellement éloignée de la réalité qu’elle n’est pratiquement vécue nulle part. Difficulté à dégager les implications pastorales.

2) DEMARCHE INDUCTIVE. ECCLESIOLOGIE ASCENDANTE.

1- CE QU’ELLE EST.

Démarche qui commence par « en-bas », c’est-à-dire de l’Eglise telle qu’elle est actuellement.. Elle décrit l’Eglise comme une réalité empirique, objet d’analyses sociologiques et pastorales. Elle se tourne ensuite vers « le haut » pour chercher la dimension théologique de cette réalité concrète de l’Eglise actuelle.

2- AVANTAGES ET INCONVENIENTS.

1) AVANTAGES.
Elle reste dans le concret actuel de la vie de l’Eglise. Donc plus près des réalités pastorales.

2) INCONVENIENTS ET RISQUES.
On risque de ne regarder l’Eglise que sous son aspect institutionnel et humain et oublier que l’Eglise est d’abord un « mystère », une réalité essentiellement spirituelle. On ne peut se dispenser d’une réflexion fondamentale sur la nature profonde de l’Eglise.

 

3) DEMARCHE SOTERIOLOGIQUE : PERSPECTIVE DE L’HISTOIRE DU SALUT.

C’est le point commun aux deux démarches précédentes. Cf. Théologie narrative. Les récits du salut.

1- SE SITUER DANS L’ENSEMBLE DU PLAN DE DIEU : L’HISTOIRE DE LA COMMUNICATION DE DIEU ET DE LA LIBERTE DE L’HOMME.

1) TENIR COMPTE DE DEUX REALITES.

A) LA VOLONTE SALVIFIQUE UNIVERSELLE DE DIEU.

Le dessein de Dieu révélé par Jésus-Christ. Le Règne du Père. Cette volonté est d’ailleurs déjà inscrite dans les aspirations de l’homme créé pour cela.
 Chaque homme a besoin d’aimer et d’être aimé. Aspiration de l’humanité dans son ensemble.

B) LA SITUATION DE L’HOMME ET DU MONDE ACTUEL.

Le monde est encore à sauver, dans sa réalité concrète. Place de la liberté de l’homme (espace pour un choix) et expérience du péché ;
 Expérience de chacun, y compris des disciples du christ. La situation de péché du monde : guerres, conflits, inégalités, injustices…

 

2) FAIRE LE LIEN ENTRE CES DEUX REALITES. COMMENT ?

 Le salut apporté par Jésus-Christ. Le monde actuel à sauver.

2- REGARDER LE FAIT HISTORIQUE CHRETIEN. (FAITHIST.VEK)

1) L’ORIGINE ET LE DEVELOPPEMENT HISTORIQUES DE L’EGLISE. A PARTIR DE LA RESURRECTION DE JESUS

2) DIFFERENTS REGARDS SUR CETTE REALITE HISTORIQUE DE L’EGLISE.

 

I- POSITION DU PROBLEME

1) L’Eglise que nous connaissons actuellement est-elle vraiment CELLE que Jésus a fondée et correspond-elle à celle qu’il veut maintenant ?

Cf. Loisy en 1902 : « Jésus annonçait le Royaume, et c’est l’Eglise qui est venue ». Importance pour tout renouvellement de l’Eglise. On ne fait pas une « nouvelle » Eglise. (Différence avec les sectes.) « Confronter l’image idéale de l’Eglise telle que le Christ la voit, la veut et l’aime au visage que présente l’Eglise d’aujourd’hui ». (Paul VI dans « Ecclesiam suam ». Texte cité au début du document de la CEDOI.)

LE FONDEMENT DE L’EGLISE EST LE CHRIST REEL ET ACTUEL.

2) Comment s’est réalisé historiquement le passage de Jésus à l’Eglise.
QUE S’EST-IL PASSE entre la dernière apparition du Ressuscité et les manifestations de premières communautés chrétiennes ? L’Eglise s’est établie avec ses institutions et ses pratiques. Elle s’est organisée. Est-ce bien cela que Jésus voulait ?
QUESTIONS.
Certains disent : Ne voyant pas venir la fin du monde se produire, les disciples de Jésus s’organisèrent en Eglise et s’attribuèrent un pouvoir que Jésus ne leur avait absolument pas donné. L’Eglise n’a-t-elle pas été inventée par des hommes épris de pouvoir ? Le pouvoir de l’évêque de Rome, en particulier, n’est-il pas exagéré ? Comment les premiers chrétiens ont-ils pu faire de Jésus le fondateur de l’Eglise ?

BUT.

Mieux comprendre le lien entre Jésus et l’Eglise. Il en résultera un éclairage plus grand sur la nature de l’Eglise elle-même.
La fondation de l’Eglise et ensuite l’histoire de l’Eglise. Connaissons-nous la pensée de Jésus à ce sujet ? Un discernement est à faire pour découvrir à la fois :
Ce que Jésus avait en vue et ce qu’il voulait réaliser. Et ce qui en est de la réalisation après la Pentecôte

1) Pendant la période apostolique : du vivant de ceux qui ont reçu directement du Christ ses enseignements.

(C’est d’ailleurs dans ce cadre (du vivant des apôtres ou de l’époque apostolique) qu’ont été écrits les évangiles que nous possédons.) Leur pratique reflète aussi l’intention historique de
Jésus. La communauté de Jérusalem. Les communautés pauliniennes.

2) Dans toute l’histoire de l’Eglise, en particulier de nos jours, dans les différents contextes culturels et face aux événements.

Le Christ vivant, tête de l’Eglise, continue son action par son Esprit-Saint, pour la réalisation plénière de l’Eglise qu’il veut. D’où cf. 3) ci-dessous.

3) L’Eglise actuelle est-elle bien l’Eglise TELLE que l’a voulue et le veut actuellement Jésus-Christ ?

Le fondement de l’Eglise. Le Rôle de l’Esprit-Saint. (A la fondation et maintenant.) Bien distinguer :

1- Ce que Jésus VOULAIT pendant sa vie terrestre, A VOULU avant de quitter ses disciples.
Il y a un fondement historique dans l’Evénement « Jésus-Christ », de l’histoire. Nécessité de remonter à Jésus lui-même. Différence essentielle avec les sectes qui se rattachent à la pensée d’un fondateur humain actuel. Cf. L’Esprit-Saint vous rappellera tout ce que je vous ai dit.

2- Ce que Jésus VEUT maintenant, puisqu’il est encore vivant et présent à son Eglise par son Esprit-Saint.
Il ne s’agit pas de faire de l’ »archéologisme » ou la copie d’un modèle inchangeable en tout. L’Eglise que veut Jésus-Christ aujourd’hui ne vit pas dans les mêmes conditions que celles de l’Eglise à sa fondation. La fidélité à Jésus-Christ comporte la fidélité à ce qu’il veut actuellement. Il y a un dynamisme actuel d’évolution dans l’Esprit-Saint. Pas d’opposition entre le Jésus de l’histoire et le Christ de la foi. Cf. ci-dessous.) Il y a un lien étroit : Mais c’est à partir de ce que Jésus a exprimé historiquement que nous pouvons, dans l’Esprit-Saint, connaître ce qu’il veut actuellement. « L’Esprit-Saint vous rappellera tout ce que je vous ai dit et il vous le fera comprendre ». Il ne s’agit pas de baptiser arbitrairement nos idées actuelles (selon même le bon sens commun conforme à nos sentiments ou ce qui est « légal ») et d’en faire une « révélation » de l’Esprit. ‘La révélation est close et il n’y a pas à attendre de nouvelle révélation publique autre que celle de Jésus-Christ.). Cf. ci-dessous : « Comment connaître l’intention du Christ. ») Cf. Dei Verbum. N°4 Le Christ plénitude personnelle de la Révélation : « C’est lui qui achève en la complétant la révélation…Aucune nouvelle révélation publique n’est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de Notre Seigneur Jésus-Christ ».

 

4) ACTUALITE DE LA QUESTION. (Cf. ACTU.VEK : Revu et augmenté.)

Parfois accusation par certaines sectes : L’Eglise a déformé la pensée de Jésus et a inventé des complications qui ne sont pas dans l’évangile. (Conception un peu simpliste du lien entre l’évangile et l’Eglise.) Ou plus simplement, on entend parfois cette réflexion : « Je crois en Jésus-Christ, mais pas en l’Eglise ». Peut-on séparer les deux réalités ? Quel lien faisons-nous entre Jésus et l’Eglise ?
Importance pour la question de l’inculturation.

S’il n’y a pas un discernement à partir de l’intention de Jésus-Christ, on risque de mettre sur le même plan ce qui est essentiel et ce qui est la conséquence de telle ou telle culture ou d’une époque donnée.. On va alors imposer à un pays d’une autre culture des éléments qui sont en réalité très relatifs. Cf. Ce qui s’est déjà passé du temps des Apôtres avec les coutumes juives imposées aux païens devenant chrétiens.
Nous posons-nous des QUESTIONS sur l’Eglise et son fondement ? Nous en pose-t-on ? (Par ex. Les sectes) Les quelles ?

 

II- COMMENT CONNAITRE L’INTENTION DU CHRIST.

1) FAUX CRITERES DE VERITE

1) L’ANCIENNETE par elle-même et absolutisée. On ne fait pas de l’archéologisme. Cf. L’intégrisme, le traditionalisme : grande place pour la « nostalgie » du passé. N.B. La Tradition n’est pas le passé, mais ce qui est vécu et transmis actuellement par l’Eglise vivante aujourd’hui.

2) LA NOUVEAUTE par elle-même. Pour certains, ce qui existe ou subsiste est toujours dépassé et pas valable. On pense Vatican III en passant au dessus de Vatican II et de sa mise en pratique.

3) LE VRAI CRITERE est la FIDELITE à ce que veut Jésus-Christ.
C’est à partir de ce que Jésus a exprimé historiquement que nous pouvons, dans le Saint-Esprit, connaître ce qu’il veut actuellement. « L’Esprit-Saint vous rappellera tout ce que je vous ai dit et vous le fera comprendre ». D’où :

2) COMMENT CONNAITRE L’INTENTION DU CHRIST SUR L’EGLISE ?

Comment connaissons-nous la pensée de Jésus à ce sujet ? Un discernement est à faire pour découvrir à la fois : Ce que Jésus avait en vue et ce qu’il voulait réaliser. Et ce qui en est la réalisation après la Pentecôte dans toute l’histoire de l’Eglise, y compris jusqu’à nos jours, dans les différents contextes culturels et face aux événements. Est-ce ce que Jésus veut actuellement ?

1- LES DOCUMENTS SCRIPTURAIRES que nous avons :

1) LES EVANGILES ET LES ECRITS APOSTOLIQUES.

1- DATES DES ECRITS DU NOUVEAU TESTAMENT.

Dans leurs formes actuelles, ces textes (reconnus par l’Eglise comme « inspirés » par l’Esprit-Saint. Cf. Dei Verbum.) sont des textes datant de l’époque apostolique de l’Eglise et non du vivant terrestre de Jésus Ils sont tous postérieurs à la Résurrection de Jésus.
Il est donc nécessaire de distinguer : (Cf. Plus loin en détail.) Les faits tels qu’ils se sont passés et les paroles qui de fait ont été dites (Ipsissima verba).
Les récits qu’en font ensuite les témoins directs des faits qu’ils présentent dans une perspective donnée. (Catéchèse en fonction de la situation de la communauté. Cf. Ci dessous.)

A- Les plus anciens sont les LETTRES DE PAUL.
Le corpus paulinien : Entre 50 et 60. Les pastorales (1 et 2 Tim. et Tite). Datent des environs de 64. N.B. C’est seulement au cours du second siècle que l’autorité des écrits des Apôtres rejoindra celle des Ecritures de l’A.T.

B- Les EVANGILES SYNOPTIQUES.
Matthieu. Pas avant 55 et pas après 68. Environ vers 65. (Découvertes actuelles qui iraient davantage dans le sens d’un avancement dans le temps. Cf. Philippe Roland.)
Luc. Ecrit après 70. Avec les Actes, aux environ de 80. Pour les événements, il est bien informé. Pour les discours, il les a reconstitués d’après son point de vue.
Marc. Très difficile à dater.

C- Les ECRITS JOHANNIQUES. (Evangile, lettres, Apocalypse) Dans les dernières années du premier siècle. Le milieu johannique.

 

2- Les TRADITIONS ANTERIEURES qui se sont fixées littérairement avant les écrits que nous possédons.

Elles datent du temps de la communauté chrétienne post-pascale. Se reporter à l’histoire de la formation des évangiles. 3- NATURE DES EVANGILES.
Pas des reportages, mais des catéchèses (sous forme de récit) qui datent déjà de l’époque post-pascale.
C’est dans l’Eglise d’après la Pentecôte qu’ils ont été rédigés en tenant compte des destinataires. Mauvaise approche de l’Evangile : en faire des « biographies » de Jésus. (Cf. Jacques Duquesne.) Respecter la nature des évangiles. Conclusions. C’est le livre d’une communauté.
De plus, tenir compte des genres littéraires et du contexte des écrivains. Ne pas faire du « fondamentalisme « en isolant les textes de leur contexte. Cf. L’origine apostolique des évangiles. Vatican II : Dei Verbum. N°18. « Toujours et partout l’Eglise a tenu et tient l’origine apostolique des quatre évangiles ».
Et cependant, on rejoint le Jésus historique d’avant la résurrection :
Témoignage de ceux qui ont vécu avec Jésus depuis le baptême par Jean au Jourdain. Le christianisme ne se présente nullement comme un mythe mais prétend se fonder sur la personne historique de Jésus de Nazareth. Cf. Le caractère historique des évangiles. Dei Verbum N.19. « Les quatre évangiles transmettent fidèlement ce que Jésus le Fils de Dieu, durant sa vie parmi les hommes, a réellement fait et enseigné pour leur salut éternel ».
Concrètement, l’Evangile porte un triple regard sur l’histoire : passé, présent et avenir.

 

2) PAS D’OPPOSITION ENTRE LE JESUS DE L’HISTOIRE ET LE CHRIST DE LA FOI.

1- QUESTION. Position du problème.

1) Jusqu’au 18ème siècle, les croyants ont vécu le lien entre l’histoire et la foi, dans une unité profonde sans problème. On tient à la fois :
L’historicité de l’ »événement-Jésus » va de soi. On fait tout simplement confiance aux récits évangéliques. Dans les premiers siècles, l’événement est encore trop récent pour que le fait soit remis en cause.
L’acte de foi en la résurrection de Jésus, et donc en sa divinité, ne pose pas de problème aux croyants : elle est affirmée et crue, parce qu’elle est à l’évidence au centre de l’événement de Jésus.

2) Certains ont opposé ensuite et opposent encore ces deux réalités.
Selon eux, les documents du Nouveau Testament sont seulement l’expression de la foi des premières communautés de disciples après la Résurrection. Ils disent le Christ de la foi. Par eux, on ne peut pas remonter au Jésus de l’histoire.
Comment atteindre le Jésus de l’histoire ? Tel qu’il a vécu réellement.
C’est pratiquement impossible, selon eux. Du reste (selon Bultmann), cela n’a pas d’importance. Ce qui compte pour le croyant, c’est la foi dans le Christ, quelque soit sa connaissance du Jésus historique. (Subjectivisme, non suivi par les disciples même de Bultmann.)

 

2- DE FAIT, QU’EN EST-IL ? COMMENT CONNAITRE LE JESUS DE L’HISTOIRE ?

Il est vrai que les textes du N.T. ne sont PAS DES COMPTE-RENDUS descriptifs réalisés du vivant de Jésus. Ils ne sont PAS DES « REPORTAGES » faits sur le vif, ni des livres « d’histoire » au sens actuel du terme.
N.B. Contrairement à ce que veut en faire croire Tresmontant dans son livre « le Christ-Hébreux », en opposition à tous les éxégètes scientifiques.
La perspective n’est pas de donner des précisions sur une chronologie précise ni sur une topographie détaillée avec précision sur le programme des déplacements de Jésus.
Personne ne peut donc prétendre actuellement écrire une « vie de Jésus » (sinon pour mettre en valeur le contexte de cette époque.), une biographie chronologique et circonstanciée. Mauvaise approche de l’Evangile, contraire à la nature des évangiles. Illusions de certains qui l’ont fait. =Appauvrissement de l’Evangile. (Cf. Le livre de Jacques Duquesne.)
Ils ont tous été ECRITS APRES LA RESURRECTION et à la lumière de cette Résurrection de Jésus, dans la lumière pascale.

1) ILS NE SONT PAS NEUTRES, mais expriment la foi de leurs auteurs, ou sont des catéchèses de l’époque apostolique (souvent d’ailleurs rédigés à partir de petites unités préexistantes venant de la prédication des Apôtres après la Résurrection.)
Ils sont des TEMOIGNAGES DE FOI de personnes ayant engagé leur vie sur celle de Jésus. Les textes du N.T. sont des ATTESTATIONS d’une réalité vécue. Ils sont le témoignage historique sur la foi des Apôtres et des premiers chrétiens. (Cf. Dei Verbum N.18. L’origine apostolique des évangiles.)

2) MAIS ILS SE BASENT SUR L’HISTOIRE vécue de Jésus de Nazareth et la supposent.
Ils concernent la figure historique de Jésus. Cf. L’Evangile et l’histoire : On fait « mémoire » de Jésus de Nazareth. Les Apôtres ont d’abord vécu avec ce Jésus de Nazareth qu’ils ont d’abord découvert dans son humanité concrète, avant de croire en Lui. Ils n’ont pas inventé cette existence humaine de Jésus. Ils l’ont partagé avec lui. Leur foi n’est PAS LE PRODUIT DE LEUR IMAGINATION. (Même pour le fait de la résurrection de ce même Jésus, qui s’est imposée à eux presque malgré eux, au delà de leurs doutes.)
Les récits sont de l’histoire au double sens du terme (allemand).
Histoire comme RECIT DU PASSE en tant que passé. Les écrivains entendent bien faire AUSSI le récit d’un passé, celui de Jésus de Nazareth, en tant qu’il est passé. Par exemple ses souffrances de la croix.
– Histoire comme HISTOIRE EVENEMENT, en tant que ces événements demeurent vivants par leur influence et leur fécondité.
= Réalité qui intéresse le présent et qui demeure un champ d’expérience dans l’existence.

3) LES DEUX REALITES DU JESUS DE L’HISTOIRE ET DE CHRIST DE LA FOI sont donc COMPLEMENTAIRES.
Dans la démarche d’une christologie ascendante, nous partons même de la réalité humaine de Jésus de Nazareth. (Selon la démarche même des Apôtres : Ils ont d’abord découvert un homme réel et concret.)
Jésus a historiquement existé et il est un homme véritable.
Cet homme s’est révélé dans sa vie humaine, être l’envoyé du Père, le propre Fils unique de Dieu. Ses Apôtres ont découvert progressivement que cet homme bien concret avec qui ils ont vécu, était le Fils de Dieu et y ont cru.

1- NE PAS OPPOSER LES DEUX REALITES, comme s’il y avait deux domaines opposés :

1- Le domaine de l’histoire : le Jésus d’avant Pâques.
2- Le domaine de la foi : Le Christ ressuscité.

 

2- NE PAS LES SEPARER.

1) Ne pas essayer de se situer au SEUL niveau du « Jésus de l’histoire », de ses paroles littérales, de sa psychologie…comme si n’était valable que la vie pré-pascale de Jésus sur le plan SEULEMENT humain.

2) Ne pas s’attacher à présenter SEULEMENT le « Christ de la foi » qui seul compterait pour le salut. (Peu importerait ce qu’on connaît de son histoire. Cf. Bultmann. )
Entre le Jésus pré-pascal et la prédication de la communauté post-pascale, il y a un lien. En dépit d’un certain changement, il y a une continuité. Poser comme une alternative entre la prédication des Apôtres et l’histoire est une erreur. Le « Jésus de l’histoire » et le « Christ de la foi » ne peuvent être dissociés l’un de l’autre comme deux réalités différentes.

CE N’EST DONC PAS SEULEMENT A PARTIR DU JESUS PRE-PASCAL QU’ON POURRA CONNAITRE LA PENSEE DE JESUS SUR SON EGLISE ET CE QU’IL VEUT REALISER PAR ELLE DANS LE MONDE.

3- PRENDRE A LA FOIS les deux,

car il n’y a qu’un seul Jésus-Christ. C’est l’homme Jésus de Nazareth qui a été fait Christ par la Résurrection, et qui reste pleinement homme. Souvent, phénomène du balancier ou du pendule entre les deux au cours des derniers siècles : on insiste plus sur l’histoire humaine de Jésus ou plus sur sa divinité.

1) Il y a une solidarité concrète entre l’histoire et la foi. L’annonce de Jésus de Nazareth comme Christ et Seigneur est un témoignage de foi rendu à un événement.
Cela veut dire que la foi nous renvoie à l’histoire : la foi a un contenu qui la précède et ce contenu est un événement réalisé dans notre histoire. Différence avec un « mythe ». Le sujet croyant vient confirmer et au besoin corriger sa foi à la lumière de l’événement.
Mais l’histoire nous renvoie aussi à la foi : L’événement de Jésus-Christ ne prend tout son sens qu’en référence à la foi : foi en Dieu, foi de Jésus, foi des témoins. Le sujet croyant lit l’événement à la lumière de la confession de foi qui l’habite.

2) Il y a une unité dans la distinction de l’histoire et de la foi. Analogie avec le mystère de l’incarnation tel qu’il a été défini par le Concile de Chalcédoine.
Si le Christ est vraiment homme, authentiquement incarné dans notre histoire, il doit être accessible dans une démarche historique.
Si le Christ est vraiment Dieu, il ne peut être perçu comme tel que par la foi. Sa divinité n’est pas le constat d’une preuve scientifique. Dans cet ordre, Dieu interpelle notre liberté.
Si le Christ est un seul et le même dans sa divinité et son humanité, alors la foi et l’histoire doivent s’articuler dans une démarche unique sans confusion, mais sans séparation.

4- C’est A PARTIR DU CHRIST DE LA FOI qu’on peut découvrir le Jésus de l’histoire. L’EVENEMENT JESUS-CHRIST comporte : (pour nous)
1) Le fait de la foi des Apôtres et disciples, qui apparait dans les textes.
2) Le présupposé du Jésus de l’histoire, le Jésus prépascal.

2- LA TRADITION VIVANTE DE L’EGLISE

Rôle important de l’Esprit-Saint qui agit dans l’Eglise selon la volonté du Christ. (Cf.2. L’intention de Jésus.) Une des clés de compréhension de l’Eglise : Le rôle de l’Esprit-Saint. (Nécessité d’approfondir la place de l’Esprit-Saint dans le mystère du Christ.)

1- La LITURGIE. La prière de l’Eglise est un des principaux lieux de la foi. (Lex orandi, lex credendi.) La plus ancienne structure de la prière de l’Eglise : la célébration de la Pâque hebdomadaire, par l’Eucharistie..

2- Les PERES DE L’EGLISE. Témoins de la Tradition de l’Eglise.

3- L’ENSEIGNEMENT DE L’EGLISE (ordinaire ou extraordinaire comme dans un Concile oecuménique). Assistance spéciale de l’Esprit-Saint promise par Jésus pour que son Eglise ne soit pas infidèle à ce qu’il veut.

4- La VIE DE L’EGLISE avec tout ce qui se réalise dans le peuple de Dieu : le témoignage des saints. Donc aussi actuellement. Discernement de l’action du Christ par son Esprit-Saint dans la vie habituelle de l’Eglise.
EN BREF : Il faut à la fois : 1- Un regard sur Jésus comme personnage historique. 2- Un regard vers les Ecritures qu’il accomplit. 3- Un regard vers l’Eglise qui porte témoignage au présent.

III- QUELLE EST L’INTENTION DU CHRIST SUR L’EGLISE ?
= CE QUE JESUS A VOULU FAIRE REMARQUE : LES ETAPES de l’oeuvre du Christ.

Phases SUCCESSIVES. (Cf. Le chapitre suivant : la progression De Jésus à l’Eglise.)
D’où : NE PAS CHERCHER dans l’Eglise postérieure comme LE DECALQUE DE CE QUE JESUS FAIT DANS LA PREMIERE PHASE Il y a toute une dynamique dans la naissance et le développement de l’Eglise. (Cette dynamique est l’Esprit-Saint.)

 

1- La VIE TERRESTRE de Jésus, AVANT SA PASSION

1) BAPTEME AU JOURDAIN. Luc.3, 22.
La mission de Jésus dans l’Esprit-Saint.

2) JESUS AU DESERT. LA TRIPLE TENTATION.
Affrontement décisif. L’Esprit qui anime Jésus est l’antidote de l’esprit démoniaque. C’est l’opposé du péché : le Fils dans sa vie humaine dit un OUI LIBRE à son Père.

3) PENDANT LA VIE PUBLIQUE EN PALESTINE.
Pendant cette période, il n’y a PAS BESOIN D’ORGANISATION VISIBLE. Vie à travers la Palestine. Jésus n’a pas où reposer la tête.

RAISON PRINCIPALE : JESUS EST PRESENT VISIBLEMENT et tout est centré sur sa personne présente. Il est l’icône du Père, l’image visible du Dieu invisible.
C’est la base du témoignage qui sera donné ensuite lorsque le Christ ne sera plus visible. Montrer la nature même du salut : Vivre en homme la vie du Fils bien-aimé du Père. Le salut est la communication aux hommes de la vie intime qui existe entre le Père et son Fils, dans l’unité de l’Esprit-Saint. C’est pourquoi cette présence de Jésus est aussi la présence de l’Esprit-Saint. Toute la vie terrestre de Jésus est une communion au Père dans l’Esprit-Saint. (Fondement de l’Eglise-communion.) CE QUI PRIME DANS LA VIE DE JESUS, C’EST LA COMMUNION AU PERE DANS L’ESPRIT-SAINT. L’Esprit-Saint est cette communion au Père et à son Amour (sa volonté). C’est l’irruption de l’Esprit dans le monde, dans la personne de Jésus. Jésus docile à l’Esprit. Communion au Père et à sa volonté. C’est aussi dans l’Esprit-Saint, LA PUISSANCE DU TRES-HAUT que Jésus accomplit les miracles, les signes de la puissance du Père communiquée au Fils.

A LA SYNAGOGUE DE NAZARETH. Luc 4,18-19. « L’Esprit de Dieu repose sur moi ». Consacré à l’oeuvre du salut. Envoyé à tous ceux qui attendent une transformation de leur vie.
Démonstration de la présence et de la puissance de Dieu, « SA GLOIRE ». Cf. Jn.11, 1-54. Sens de la RESURRECTION DE LAZARE.

LA TRANSFIGURATION : Dialogue trinitaire. Luc 9,35. Annonce l’univers nouveau. COMMENT JESUS VOIT-IL L’AVENIR DE SON OEUVRE ? (Pendant sa vie terrestre.)
Pour que l’action de Jésus ne soit pas seulement une illusion, il faut qu’elle s’ouvre sur l’avenir pour lui et pour les siens. La confiance qu’il fait à ses disciples ne se fonde que sur Dieu seul. Jésus l’exprime dans la promesse qu’il leur fait de l’Esprit-Saint. Il ne dessine pas d’institutions à construire et n’indique aucune chose concrète à réaliser, aucun programme à remplir.
Mais IL GARANTIT A CEUX QU’IL VA LAISSER, UNE PRESENCE DIVINE plus forte que toutes les oppositions : IL LEUR PROMET L’ESPRIT-SAINT. C’est un thème essentiel des discours d’adieux :
Mtt.10, 19-20. « Ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là, car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous ». Mc. 13,11. « Ne vous inquiétez pas…Ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit-Saint. » Lc. 21,15. « Moi, je vous donnerai un langage et une sagesse que ne pourront contrarier ni contredire aucun de ceux qui seront contre vous ».
Il y aura un TEMPS DE PERSECUTION. Un des traits communs aux évangiles synoptiques. Un temps où Jésus ne sera plus visiblement avec les siens et où ils auront à affronter les autorités en place. L’action et la passion de Jésus se poursuivront, après sa mort, dans la personne de ses disciples. Thème des discours eschatologiques, des enseignements sur la fin : fin de Jérusalem et fin des temps. Mais Jésus n’organise aucune stratégie pour la résistance. Il ne met sur pied aucune tactique. Tout dépendra de la force qu’ils recevront alors et qui sera l’Esprit-Saint.

L’Eglise ne sera PAS LA « REPRODUCTION » NI LA COPIE de ce qui s’est passé pendant cette période de la présence visible de Jésus.
Le contexte sera radicalement différent puisque Jésus ne sera plus visible. Il ne s’agira pas de copier un modèle préexistant, puisque les conditions ne sont plus les mêmes.

 

2- LA PASSION ET LA MORT. L’Heure.

1) Dans l’IMMINENCE DE SA PASSION. Réaction d’un homme qui est devant sa mort. Il sait d’où elle vient et où elle le mène. Il la désire même pour le salut. Cf. Luc.12, 50 : « C’est un baptême que je dois recevoir et comme il m’en coute d’attendre qu’il soit accompli ». Mais il n’a pas d’autre avenir à dessiner, ni pour lui, ni pour les siens. (La persécution). Il n’exclut rien. Il ne fixe rien. Il assure ses disciples d’une puissance qui porte un nom : l’Esprit-Saint. Cf. Les discours d’adieux. Cette puissance agira quand Jésus aura disparu visiblement et elle prolongera sa présence et son action. L’Esprit se fera connaître en l’absence visible de Jésus.

2) IMPORTANCE DE LA CENE, qui exprime le sens de toute la passion et la Résurrection : le Don du Christ.
A la fois : Prolongement direct de tout ce que Jésus avait vécu avec ses disciples. « Comme il avait aimé les siens qui étaient dans le monde ». Et un accomplissement exceptionnel. « Il les aima jusqu’au bout ». (Jn.13, 1)

3- La RESURRECTION de Jésus et sa glorification auprès du Père.
Le tournant du salut. Jésus, Christ et Seigneur. La communauté des disciples du Christ sera centrée sur ce fait affirmé par des témoins.

4- L’ASCENSION. Jésus ne sera plus visiblement présent au milieu des siens.

5- L’ENVOI DE L’ESPRIT et le temps de l’Eglise. L’action du Christ par son Esprit-Saint.

1) AVANT LA PASSION DE JESUS.
QUESTIONS. Que faisait Jésus quand il parcourait la Palestine, quand il rassemblait des auditoires ? (Dans les synagogues, au bord du lac ou au temple de Jérusalem.) De quoi était-il occupé ? Qu’a-t-il fait de son existence terrestre ? Que voulait-il et qu’attendait-il au cours de sa vie publique ?
IMAGE GENERALE DES EVANGILES : celle d’un homme
qui agit et sait pourquoi, qui agit EN PUBLIC et pour être vu, qui pose des gestes auxquels il donne un sens et qui forment un ensemble, qui attend quelque chose de ceux qui l’écoutent et avec qui il veut faire quelque chose.
Et cependant lui-même ne se souciait pas tellement de « définir » son action. D’où les différents aspects des 4 évangélistes. Il échappe à toute « définition ». Il se présente sous différents aspects qu’il faut considérer :
Il est un réformateur venu rappeler les exigences divines et qui appelle à la pureté du coeur mais sans définir les contours de sa réforme. Il est un prophète, même s’il ne s’habille pas d’un vêtement en poil de chameau. Il est porteur d’une parole et annonce un événement. Il est évangéliste, qui fait corps avec l’événement qu’il annonce. Le héraut d’une Bonne Nouvelle

1- LA PREDICATION DE JESUS.

1) SON ENSEIGNEMENT. La PAROLE de Jésus.
Il donne l’image d’un prophète annonçant l’intervention de Dieu.
A- Jésus vient d’abord ANNONCER UN EVENEMENT : LE REGNE DE DIEU.
Le Royaume ou l’Eglise ? Distinction. Différence.
Du Royaume à l’Eglise et de l’Eglise au Royaume (qui a une tonalité plus eschatologique). Dans les évangiles, Jésus parle surtout du Royaume. (Il n’y a que quelques exceptions où il parle de l’Eglise.) Le Royaume est arrivé. Il est proche. Il va advenir et sera réalisé pleinement à la fin des temps. Horizon BEAUCOUP PLUS VASTE QUE CELUI D’UNE INSTITUTION TEMPORELLE. Ce n’est qu’après la Pentecôte, qu’il sera surtout question de l’Eglise. (Eglise : de « ecclesia »= assemblée.)

     B- CET EVENEMENT VIENT AVEC LUI. « Proclamer l’Evangile de Dieu » (Mc.1, 14)
Il y a correspondance entre la parole de Jésus et l’événement qu’il annonce : trait proprement sacramentel.
La Parole de Jésus réalise ce qu’elle annonce. Cf. A la Synagogue de Nazareth. Il n’emploie jamais la formule traditionnelle « Parole de Dieu ». Lorsqu’il engage son autorité, il le fait à la première personne : « Amen, Amen, je vous le dis… » « Et moi je vous dis ». Il montre une AUTORITE SOUVERAINE proclamant en son propre nom la parole reçue d’un AUTRE.
Jésus se présente comme révélant Dieu et pouvant le faire, PARCE QU’IL VIENT DE DIEU. (Cf. Jn. Nul ne connait le Père sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler.)
Ce n’est pas Jésus qui fait venir cet événement, mais Dieu son Père.
Place du Père qu’il révèle. (Le Mystère trinitaire.) Le Plan d’amour du Père sur le monde. Un plan essentiellement de salut.

2) MOYENS QU’IL PREND pour cette prédication.
Ceux de son temps et de la culture de son époque. Ex. Les paraboles (Cf. Ci-dessous). Culture orientale. Importance de la culture orale.
Mais il NE DICTE PAS UN TEXTE et n’écrit rien.
Intention de ne pas figer sa pensée dans un texte écrit. (Sa volonté ne se limite pas au temps où il vit avec ses Apôtres en Palestine. Il l’exprimera aussi après la résurrection et ensuite pas son Esprit-Saint. Cf. III.) Son Eglise ne sera pas l’application matérielle et exacte d’un texte écrit par lui. Il met même en garde contre cela. Cf. Ses propos avec les pharisiens. La lettre tue. (Cf. Actuellement les sectes ou l’Islam et le Coran.)
LES PARABOLES. Pas seulement une image. La parabole évoque une situation et annonce un avenir.
S’apparentent aux sacrements : Elles visent toujours le Royaume , mais ne peuvent le décrire, car il est encore une expérience à faire. Il parle d’un événement à travers des images, sans trop les préciser dans le sens d’une réglementation juridique. LE DISCOURS, comme celui sur la montagne. Les béatitudes. Désignent une réussite, un idéal réellement atteint.

IL NE FAIT PAS DE REFORME CONCRETE QU’IL FIXERAIT AVEC PRECISION. La marge reste large ouverte à l’avenir et à la liberté. Le Règne qu’il annonce viendra quand Dieu le voudra et comme il voudra. C’est Dieu qui lui donnera sa forme ultérieurement. Cependant Jésus n’est pas hésitant ni tatonnant. Nul n’est plus tranquillement sûr de ce qu’il annonce et des chemins qu’il trace.
LES GESTES : Cf. ci-dessous.

 

2- SON ATTITUDE ET SES GESTES.

1- IMPORTANCE DES GESTES ET DE L’ATTITUDE du Christ, dans un contexte humain.

1) = Un MOYEN DE REVELER Dieu et son oeuvre d’amour.
Son attention aux personnes et aux drames qu’ils vivent, aux situations. Vg. Le fils de la veuve de Naïm. (Lc.11,7-17) (= une orientation profonde pour l’Eglise qui devra être attentive aux situations.)
2) La Parole de Jésus s’accompagne d’une action. Elle est EFFICACE. Toute sa manière de faire.
Fondement des sacrements. Elle produit des résultats immédiats et visibles. Déja figure des sacrements : Parole efficace produisant l’effet qu’elle annonce. Jésus vit sa vie humaine dans la puissance de l’Esprit. Et Jésus par sa parole donne souvent le sens du geste qu’il pose. Il le précise au besoin si on a mal compris son geste ou sa manière de faire. Cf. Jn. Chap.6.

2- Les MIRACLES DE JESUS.
Leur nombre.
Jésus agit de façon visible et constatable. On ne peut pas les négliger. (Même s’il y a un certain grossissement dans les expressions.) On ne peut réduire l’activité miraculeuse de Jésus à quelques exceptions. Ce serait fausser radicalement le sens de l’Evangile. Ils ne sont pas en marge de l’activité de Jésus. Ce serait fausser radicalement le personnage que nous présentent les évangélistes. Jésus guérit partout où il passe.
Sens de ces mirales.
Son but n’est pas d’être un guérisseur qui attire les foules (Il se méfiera de cet engouement populaire : on risquerait de le prendre pour un magicien.). Mais il en fait UN SIGNE DU ROYAUME QUI VIENT, qui sera un royaume d’amour qui s’exprime concrétement par la charité en face de toute souffrance. (L’Eglise est à situer dans cette perspective.)
1) Ce signe est fait pour SUSCITER LA FOI, la foi qui sauve. « Ta foi t’a sauvé ». L’action de Jésus à travers les miracles est de susciter cette foi, et non le spectaculaire. (Cf. Tentation au désert.) Importance de la foi dans la participation à la vie de l’Eglise. On en n’est pas membre inconscient.
2) Les miracles manifestent la PRESENCE ACTIVE D’UN DYNAMISME QUI EST EN JESUS, notamment contre les forces du mal.

 

3- LES PRINCIPALES ATTITUDES DE JESUS.

1) L’UNION AVEC DIEU ET ENTRE LES HOMMES.
Opposition à tout ce qui s’oppose à cette union. Sa lutte contre les forces du mal. Lien entre les gestes de Jésus et la vie qu’il apporte au monde. (Il n’est pas un révolutionnaire violent, qui excite la haine des adversaires.) Mise en valeur de l’amour fraternel sans aucune limite. 2) LE PARDON ET LA REMISSION DES PECHES. L’accueil qu’il fait aux pécheurs.(Luc. 15,1-32)

Il faut reconnaître cependant que si le pardon a une importance majeure pour Jésus, il demeure rare dans les évangiles. Le compte est vite fait. (Zachée, la femme adultère, la pécheresse chez Simon.)
Le pardon ne s’étendra au monde entier et à tous qu’après la Résurrection.

Le pardon ne peut venir qu’avec le Royaume et pour qu’advienne le Royaume, il faut d’abord que Jésus aille jusqu’au bout de son existence et de sa mission. (Tout est accompli). Si le pardon était donné d’avance, si le Royaume arrivait avant que Jésus n’ait achevé son oeuvre, alors il ne dépendrait plus de sa personne et du don de sa vie. Tous les « il faut » des évangiles perdraient leur sens.

Si Jésus se manifeste volontiers en compagnie des pécheurs et des publicains (Mt.9,10sq ; 11,19 ; Lc.15,1sq.), de pécheresses et de prostituées (lc.7,37 ; Mt.21,31sq), c’est qu’il s’y trouve accueilli, et donc que le pardon de Dieu est venu sur ces gens. Venu avec Lui, avec sa mission.

Pour ce pardon, Jésus utilise le « passif divin » : « Tes péchés sont pardonnés » (Mc.2,5 ; Lc.7,48) Le but est de manifester que si « le Fils de l’homme a pouvoir de pardonner les péchés sur terre » (Mc2,10),ce pouvoir tient à sa mission et donc en définitif lui vient de Dieu.

 

3- SA PRIERE.

1) COMMUNION INTIME AVEC LE PERE DANS L’ESPRIT-SAINT.
« Abba ». Dialogue permanent qui va du Père au Fils et du Fils au Père. Fondement de la prière de l’Eglise qui s’adressera essentiellement au Père. Cf. L’Eucharistie, centre de cette prière de l’Eglise, et toute la prière liturgique.
2) INSTITUTION DE L’EUCHARISTIE, centre de la vie de l’Eglise. (Avec le devoir pour l’Eglise de l’assurer.) Cf. Di dessous : Moment de la passion.

 

4- LES APOTRES ET LES DISCIPLES.

1) IMPORTANCE DU CHOIX DES DOUZE. Des futurs témoins.
L’action de Jésus est inséparable des disciples qu’il appelle à sa suite. Signalé dès les début de la vie publique et par tous les évangélistes. Fait partie de l’essentiel de l’Evangile. Les Apôtres ne sont pas pour Jésus un à-côté secondaire. Ils tiennent une place importante. Aussi Jésus les prend spécialement à sa suite. Il a voulu les douze. Douze pour signifier l’ensemble du nouveau peuple de Dieu. (Aussi on remplacera Judas) D’où une STRUCTURATION FONDAMENTALE DE L’EGLISE : LE RATTACHEMENT AUX APOTRES.
Il est dificile de contester que la constitution du groupe des 12 remonte à Jésus lui-même. Si cela avait été une invention de la communauté primitive, elle n’aurait jamais imaginé de faire figurer Judas dans le groupe.
Jésus à UN BUT : FAIRE DES TEMOINS.

2) CEPENDANT, AUCUNE ORGANISATION D’UNE COMMUNAUTE pour l’avenir n’est indiquée. (Même s’il y a certaines charges dans l’équipe. Ex. La bourse confiée à Judas.)
N.B. Les évangélistes qui écrivent après la Résurrection n’ont pas cherché à décrire les structures des communautés de leur temps en les rattachant à une organisation créée par Jésus. Ils donnent en Jésus UN MODELE DE VIE.
Les disciples suivent Jésus, simplement parce qu’ils sont attachés à sa personne. L’appel de Jésus demande une réponse (qui va loin dans le désintéressement) et une réponse libre.
Mais LA REPONSE N’EST PAS L’ACCORD SUR UN PROGRAMME, ni l’engagement sur une tâche à accomplir. Elle est l’adhésion à quelqu’un et à sa parole. Cf. Jn.6. Après le discours sur le pain de vie. « A qui irions-nous ? ». Pas attachement parce qu’ils ont compris. Jésus « fait les douze », pour « être avec lui ».C’est la première explication donnée.
Jésus n’organise pas sa succession, ni une « église ». Il n’a pas laissé d’instructions précises comme s’il avait en tête un modèle d’Eglise déterminé par avance. Jamais on n’entend Jésus dire qu’il est venu constituer un noyau de disciples, une communauté de fidèles. Son regard déborde toujours les limites que constituerait un groupe. Le cercle na pas de limites. Cf.Mc.3,34sq. « Quiconque fait la volonté de mon Père. » Jamais il n’invite ses Apôtres à retenir ses paroles, pour ensuite less transmettre exactement, pour répéter littéralement ce qu’il aura entendu. (Pour cela Jésus parlera de l’envoi ultérieur de l’Esprit-Saint.)

3) PUISQU’IL EST PRESENT.
Jésus vit intensément le présent et l’événement qui vient avec lui. « Faire les douze », ce n’était pas seulement mettre 12 compagnons dans une situation en vue. C’était faire d’eux, de leur présence à sa suite, le signe de l’événement qu’il apportait. Sa présence visible EST le salut. Ce sera la même réalité à la fin des temps. Il n’y aura plus alors besoin de l’institution « Eglise » qui n’est qu’un moyen. Le but sera atteint.

5- CONCLUSION. (Synthèse)

Tout est centré sur la PERSONNE de Jésus. Il est lui-même l’événement du salut dans notre monde. Dans la situation de sa présence visible et palpable. A ce stade, pas besoin d’une église organisée .
1- Jésus parle surtout du Royaume plus que de l’Eglise.
Dans les Evangiles, le mot « église » n’est employé que 2 ou 3 fois. (Mtt.16,18 ; 18,17) A la différence du terme « royaume ». La pensée de jésus s’inscrit dans la proclamation du Royaume des cieux, précédé d’une étape terrestre, phase de lente croissance. Cf. Les paraboles du Royaume. Cette phase terrestre comprendra elle-même deux étapes (Cf. infra) : 1- Pendant la vie mortelle de Jésus. 2- A partir de la résurrection.
Jésus voit plus loin et plus grand que l’Eglise visible institutionnelle. Il est déja présent puisqu’il est lui-même le Royaume..
2- Place importante d’Israël dans la pensée de Jésus.
Les brebis perdues de la maison d’Israël. Une priorité au début de son ministère. Cf. Fiche « Jésus et Israël ». Intention de réaliser le Nouvel Israël de la fin des temps.
Pose les bases du nouvel Israël, celui de la fin des temps. l’Eglise : Cf. Jésus et ses disciples.
Le choix des Douze. Importance de ce groupe dans les évangiles : enseignement, formation, partage de vie plus grand, etc. Témoins privilégiés. (Ne se pose pas la question d’hommes ou de femmes : référence aux chefs des 12 tribus.) ( Au début, il y aura une inculturetion juive de la forme d’autorité. Il y aura ensuite une inculturation gréco-romaine etc…) Luc emploie déja le terme « Apôtres » et pas seulement les Douze.
Les différents cercles de disciples.
Parmi les gens qui écoutèrent Jésus et s’attachèrent à lui, il faut distinguer deux groupes principaux. 1- Les adeptes qui l’accueillent, mais qui restent dans leurs conditions familiales, etc.. Cf. Lazare et ses soeurs. Joseph d’Arimathie. Zachée. 2- Les disciples proprement dits qui se sont mis à la suite de Jésus. (Bien au delà des 12) Parmi eux, il y a des hommes : Cléophas (Lc.24,18), Joseph Barsabas et Matthias. (Act.1,23) Il y a aussi des femmes : Cf. Lc.8,1-3 : Marie Magdeleine, Jeanne,femme de Chouza,Suzanne, etc.. C’est un groupe nettement défini. Ils ont été choisis par le Maître pour le suivre. Une certaine communauté de vie avec Lui, en renonçant à la vie de famille. Exigences particulièrement radicales pour suivre Jésus.(qui est resté célibataire.) Autre état de vie dans la perspective du Royaume des cieux. Une nouvelle famille. Il faut quitter tout pour le suivre et recevoir le centuple. Cf.Mc.10,17-27. Le jeune homme riche. Ceux qui ont tout quitté.
Parmi les disciples Jésus choisit « LES DOUZE »
3- Importance de l’Esprit-Saint dans la vie et la mission de Jésus lui-même. Dès l’incarnation. Baptême au Jourdain. Au désert, etc… Pas d’organisation institutionnelle car Jésus est visiblement présent, porteur de l’Esprit..

4- L’enseignement aux Apôtres et aux disciples au sujet de ce nouvel Israël à rassembler.

1- Une union profonde et permanente avec Jésus lui-même. Image de la vigne. « Demeurez en moi ».
2- Une vie fraternelle dans une communauté. Le partage. La correction fraternelle. L’amour fraternel. Le grand commandement de Jésus.
3- Une réalité visible. cf. la ville située sur une montagne.
Cf. Mt.5,13-16. La pointe de l’image : la visibilité. La Jérusalem de la fin des temps s’élèvera un jour au dessus de toutes les montagnes et sa lumière éclairera les peuples paiens. L’Eglise est une église pour le ponde, visible de tous. Le lampadaire. Sera repris par vatican II : L’Eglise signe et moyen universel de salut. (Sacramentalité.)
4- L’exercice du pouvoir est essentiellement un service.
L’exclusion de la violence. Renonciation à la violence. Cf. Mtt.5,39-42. « Celui qui te frappe sur la joue droite… » Progression dans les exigences. Aller à la rencontre de l’adversaire. Pas une question d’honneur ni de titres d’honneur. Cf. Mtt.23,1-36. Grand discours contre les pharisiens et les scribes. Catéchèse pour les leaders de la communauté chrétienne. « Ne vous faites pas appeler rabbi….père… » La renonciation au pouvoir à la manière du monde. Nécessité d’une autorité, mais qui soit un service. Cf. Mc.10,32-45 : l’Eglise devra toujours s’en souvenir dans la manière dont elle exerce l’autorité au cours de son histoire. L’annonce aux Douze de la passion et non d’un pouvoir triomphaliste. La prière des fils de zébédée. Vision sur le pouvoir humain. Parmi vous, le premier sera l’esclave de tous. Le Fils de l’homme venu pour servir et non pour être servi.

5- Les attitudes et les gestes de Jésus.
Importance comme fondement des sacrements qui seront des gestes du Christ actuellement. Son attitude vis-à-vis des pécheurs. Signes de la miséricorde du Père. Les miracles de Jésus. Des signes qui ont un sens. Les guérisons. (Et non un pouvoir regardé comme magique.) Cf.Lc.11,20 : « Si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le Royaume de Dieu est arrivé jusqu’à vous ». Les principales attitudes de Jésus. Ex. Vis-à-vis des plus pauvres, des marginaux… Le grand commandement de l’amour. Essentiel à l’Eglise.

2) TOURNANT DE LA PASSION ET DE LA RESURRECTION DE JESUS

1- IMPORTANCE DE LA CENE.
La nouvelle Pâque du nouvel Israël. Institution centrale de l’Eglise. La prière sacerdotale de Jésus. Prière pour l’unité. Perspective : tous ceux qui croiront en la parole des Apôtres. Jésus y attache beaucoup d’importance : comme son testament. « J’ai désiré vivement célébrer cette
Pâque avec vous ». L’Eglise du Christ se réunira dans la participation à l’eucharistie. La structure de base voulue par le Christ sera la constitution de son Corps mystique par l’eucharistie. Accord oecuménique à ce sujet.
On en a QUATRE RECITS qui viennent de deux traditions différentes : (Cf. feuille synoptique.)
Une TRADITION NARRATIVE : Marc et Mtt. Tradition PALESTINIENNE. (Mtt. ajoute simplement quelques mots à Mrc.)
Une TRADITION LITURGIQUE : Luc et Paul. Reproduisent le texte utilisé dans les assemblées de la communauté. La fraction du pain avec les disciples d’Emmaüs est réalisée dès la Résurrection. Elle est réalisation et mise en route du « Vous ferez cela en mémoire de moi ».
Tous les récits montrent un lien intime entre les gestes et les paroles. Jésus rend présent pour y faire participer les disciples, une réalité qui sera celle de sa passion : Le don de lui-même. Alors que tout est organisé et prêt pour la condamnation et la mort de Jésus, Celui-ci MET TOUT EN MARCHE pour qu’elle se réalise. Il ouvre sacramentellement (paroles efficaces) son HEURE. Il « entre LIBREMENT dans sa passion ». Noter le terme « LIVRER » qui revient tout le temps dans tous les récits. Librement, Jésus accepte de connaître jusqu’au bout le mal que peuvent faire les hommes, pour être capable de leur pardonner.
L’Eucharistie va rendre présent sacramentellement la passion et la résurrection ( la totalité du sacrifice.) du Christ à travers les siècles et dans tous les lieux. Rôle de l’Esprit-Saint qui rend présent le Christ et son offrande pour la gloire du Père. Cf. Epiclèse. (Pas un rite magique.) C’est l’effusion de l’Esprit au centre le da vie de l’Eglise. (Equilibre avec les autres effusions de l’Esprit, parfois présentées comme un rite magico-religieux.) = Une des « institutions » que Jésus fonde concrètement dans ce qu’elle a d’essentiel. (Sans prescrire les détails de la réalisation du « CELA ».)
2- LA MORT SUR LA CROIX 1) L’HEURE DE JESUS. Le « baptême » de Jésus. Dans l’Esprit-d’amour. Sommet et changement radical de la situation. LE SALUT EST ACCOMPLI. Situation radicalement nouvelle : sommet de la communion d’un homme au Père dans l’Esprit d’Amour.
2) Jésus « REMET L’ESPRIT ». L’Esprit de communion avec le Père : La réconciliation de l’humanité avec Dieu est réalisée. Le salut consiste dans cette communion communiquée. Cf. Luc 12,49-50 : « Je suis venu apporter un feu sur la terre et comme je voudrais qu’il soit déja allumé. Je dois recevoir un baptême… » = Lien entre la passion et le don de l’Esprit-Saint. Cf. Le côté ouvert du Christ en croix dans Jn. Lien avec la prophétie d’Ezéchiel sur la source jaillie du Temple. Détruisez ce temple…Il parlait du temple de son corps.
3) La sacrifice de Jésus pour le rassemblement de tous les hommes en un seul peuple. (Cf. Prière pour l’unité.) Refus de l’imposer par la force. On est arrivé à éliminer Jésus par la force. Il a préféré se laisser tuer.
4) Le pardon des péchés accordé. L’attitude du Christ en croix. Le bon Larron. Le pardon des ennemis.

3-LA RESURRECTION DE JESUS ET LE DON DE L’ESPRIT-SAINT fruit du sacrifice du Christ. Lien entre la Résurrection et la mission (sommet de tous les récits de Pâques).

4- LES DERNIERS TEMPS SONT ARRIVES. Et donc l’Israël nouveau. Nous sommes dans les derniers temps. (ne pas confondre avec « la fin du monde ».) L’universalité. Cf. ci-dessous.

3) A PARTIR DE LA RESURRECTION DE JESUS

1- L’ASCENSION.

1) Jésus partage la SEIGNEURIE du Père. « Il est assis à la droite du Père ».
2) JESUS CESSE D’ETRE VISIBLEMENT PRESENT au milieu des siens. Une autre visibilité va commencer : une visibilité dans la foi, par exemple dans les sacrements, signe visible d’une présence invisible.

2- Place importante de la MISSION UNIVERSELLE du nouveau peuple de Dieu, du nouvel Israël.

3- L’ESPRIT-SAINT, âme de l’Eglise.(Expression de St.Augustin.)

L’ENVOI DE L’ESPRIT-SAINT, fruit de la résurrection. Passage à l’Eglise. La nouvelle communion dans l’Esprit-Saint.
Dès le jour de Pâques. Cf. Jean. Débouchera sur le baptême : mort et résurrection dans le Christ. A la Pentecôte pour la mission. Débouchera sur la « confirmation ».
C’est l’Esprit-Saint qui RENDRA VISIBLE L’ACTION DU CHRIST agissant par lui. Il est la source de la sacramentalité de l’Eglise et des institutions sacramentelles (Parole, Culte-Eucharistie, l’amour visible…). Tout sacrement est un épiclèse. Besoin d’une présence sensible. Mais cette présence sera d’une autre manière que celle du Christ pendant sa vie terrestre avant Pâques. Elle sera d’ordre sacramentelle et charismatique..
Source du DEVELOPPEMENT DE L’EGLISE à la fois en fidélité avec la volonté du Christ. (Grâce à l’Esprit-Saint.) en lien avec la situation (culturelle, sociale, politique…) de l’implantation de l’Eglise. (Incarnation.) Pas éternelle copie d’un modèle préfabriqué.
Un DYNAMISME D’EVOLUTION jusqu’à une plénitude à la fin des temps. Cf. Prière eucharistique : « Que nous soyons rassemblés PAR L’ESPRIT-SAINT en un seul corps ».
« Il vous rappellera tout ce que je vous ai dit et il vous le fera comprendre ». Communion fondamentale avec l’intention du Christ dans des formes qui dépendront aussi du contexte dans lequel l’Eglise se développera. Cf. 1 Tim.1,14 : « Tu es le dépositaire de l’Evangile. Garde-le dans toute sa pureté GRACE A L’ESPRIT-SAINT QUI HABITE EN NOUS. » (Donc plus question de « possession du démon » pour un baptisé.)
Importance pour bien situer dans les évolutions de l’Eglise à la fois : (Bien distinguer)
La CONTINUITE FONDAMENTALE avec le Christ qui agit par son Esprit-Saint. Certaines réalités fondamentales voulues par le Christ ne peuvent pas être changées.
LES CHANGEMENTS qui ont été faits par l’Eglise elle-même animée par l’Esprit-Saint, et qu’elle peut donc par la suite modifier. Possibilités d’évolutions. Cf. Histoire dans III. Distinguer :
LA TRADITION APOSTOLIQUE. C’est la « règle » de base. (Cf. Grelot « Eglise et ministères. Ch.1.) C’est la tradition fondatrice de référence ultérieure.
1- Les communautés chrétiennes primitives ne s’organisent pas à leur guise mais en référence à l’expérience apostolique.
2- Par la suite, dans l’Eglise, il y aura toujours le caractère normatif de cette Eglise primitive et de sa référence aux Apôtres.
LA TRADITION ECCLESIASTIQUE. (ou ecclésiale) C’est la « règle » appliquée. La manière de vivre en conformité avec la tradition apostolique.
L’HISTOIRE DE L’EGLISE est à la fois marquée
par la présence de l’Esprit-Saint par lequel le Christ gouverne son Eglise et la guide. C’est ce qu’on entend lorsqu’on parle de la sainteté de l’Eglise.
par les limites et faiblesses humaines. La « sainte » Eglise est faite de pécheurs que nous sommes tous.. L’humain (et ses faiblesses) dans l’Eglise.
4- VISIBILITE de l’Eglise, sacrement universel du salut : Signe dressé au milieu des nations. Action de l’Esprit-Saint pour adapter cette visibilité essentielle. (Cf. Communion organique fruit de l’Esprit-Saint.)
5-LES COMMUNAUTES CHRETIENNES PRIMITIVES. Leur organisation progressive. Cf. Les communautés pauliniennes.
Caractéristiques de ces communautés, en fidélité aux intentions du Christ.

1- La présence de l’Esprit.

La primitive Eglise apparait comme la manifestation subjugante de l’Esprit. Phénomène lié à la fin des temps. Cf. Act 2,17-19 qui cite Joël.3. Act. 3,1-10 : La guérison du paralytique dans le Temple par Pierre et Jean. Activité miraculeuse des prédicateurs. Dieu travaille avec eux. Les miracles accompagnent la prédication apostolique, jusque dans la dimension corporelle. C’est le signe (et non activités magiques) qu’ils ont reçu l’Esprit. Cf. Gal.3,1-5. Les miracles accomplis dans la force de l’Esprit sont signe de la présence de l’Esprit.

2- Le Peuple de Dieu. la communauté des disciples se comprend comme le véritable Israêl : « Ekklesia », qahal, « rassemblement ».

Elle est le peuple de Dieu de la fin des temps. Eccalein= appeler, convoquer. Israël, le Peuple de Dieu, était le rassemblement des hommes convoqués par
l’initiative divine. Convocation sainte. Cf. Ex.12,126. Tâche d’appeler encore une fois à la conversion la totalité d’Israël, car la Parousie est imminente. Cf. Prédication post-pascale. Sens de l’élection du remplaçant de Judas. La communauté primitive post-pascale attendait le rassemblement définitif d’Israël commencé par Jésus. La communauté des disciples se comprend elle-même comme le véritable Israël. (=Ecclesia »). De même Les « saints »= le peuple de Dieu de la fin des temps. Tous ceux qui croient au Christ deviennent la véritable descendance d’Abraham, i.e.le peuple de Dieu. L’Eglise et la Synagogue sont liées dans une même histoire du salut. La communauté des disciples est la préfiguration de l’Israël de la fin des temps. La déficience d’Israël sera l’occasion de l’entrée des paiens, mais Dieu ne retire jamais sa grâce à Israël sa grâce. (Contre-sens de l’antisémitisme.) Cf. Rom. 9-11.

3- La suppression des barrières sociales.

Il se crée dans la première communauté une nouvelle relation mutuelle sans privilèges ni exclusions. C’est la continuation de ce qu’a commencé Jésus : un peuple réconcilié. (Cf. Lohfink p.96-97) Contrairement à la mentalité de l’époque, il y avait beaucoup de femmes parmi les disciples de Jésus. Cf. Gal.3,26-29 : Il n’y a plus ni juif, ni grec…. 1 Cor. 12,12 sq. Unité et pluralité dans l’Eglise. (N.B. Il n’y a pas de femme parmi les Douze car le symbolisme (le signe) aurait été détruit : A cette époque, les 12 tribus ne peuvent pas être représentées par des femmes.) Le partage des biens. Cf. Les Actes. Cf. Lettre à Philémon. L’esclave = un frère. Profond changement intérieur, véritable suppression de l’esclavage et qui engage plus que le changement d’institution. Place importante des « communautés domestiques restreintes » dans l’Eglise primitive : on pouvait connaître tout le monde. Le projet pastoral des petites communautés rejoint cette réalité.

4- L’amour fraternel. L’agapè

(Différent de eros) mot nouveau pour désigner l’amour dans la communauté. Cf. Rom.12 et 13. (Cf. Lohfink.p.118. Notre 43.) Peut provoquer des divisions dans les familles. Cf. Lc.12,53. « On sera divisé, père contre fils.. L’expérience de l’Esprit amène la filiation divine promise pour la fin des temps. D’où la fraternité. Cf.Rom.8,14-16. Epitre à Philémon. L’amour de chrétiens entre eux = signe de l’appartenance à J.C.
« Les uns les autres ». « Allêlôn » Cf. Lohfink.p.107. L’Eglise que voulait Jésus. p.106 sq. La « koinonia ». Notion de « communauté ». Le thème « édification » dans son sens communautaire. Edifier veut dire redresser, amener à la vie. Edifier la communauté chez Paul = rassemblement d’Israël chez Jésus. = Responsabilité des uns vis à vis des autres dans la communauté.

5- Une autorité qui n’est pas domination, mais service. Diakonia.

Une structure de service. « Exousia » = pouvoir apostolique conféré par le Christ lui-même.

6- La place de la Parole de Dieu. l’annonce de l’Evangile.

7- L’ouverture aux nations. Attitude de Pierre et combat de Paul.

PLACE IMPORTANTE DE LA MISSION. (Sommet de tous les récits de Pâques)
MISSION SPECIALE CONFIEE A PIERRE.
La « communion » ne peut progresser que si l’Eglise elle-même vit cette communion dans l’unité. (Cf. 4. L’Eglise communion et institution.) D’où le « service » de l’unité confiée à Pierre.

IV- LES CARACTERISTIQUES OU NOTES DE L’EGLISE DE JESUS-CHRIST.

Une des affirmations du Credo. Que mettons-nous sous ces mots ? (Sera vu ultérieurement.) Caractéristiques qui « subsistent » dans l’Eglise Catholique, dans un dynamisme vers une réalisation complète.
1- UNE. CEC.813. »L’Église est une de par sa source :  » De ce mystère, le modèle suprême et le principe est dans la trinité des personnes l’unité d’un seul Dieu Père, et Fils, en ‘l’Esprit Saint  » (UR 2). L’Église est une de par son Fondateur :  » Car le Fils incarné en personne a réconcilié tous les hommes avec Dieu par sa Croix, rétablissant l’unité de tous en un seul Peuple et un seul Corps  » (GS 78, §3). L’Église est une de par son  » âme  » :  » L’Esprit Saint qui habite dans les croyants, qui remplit et régit toute l’Église, réalise cette admirable communion des fidèles et les unit tous si intimement dans le Christ, qu’il est le principe de l’Unité de l’Église  » (UR 2). Il est donc de l’essence même de l’Église d’être une : Quel étonnant mystère ! Il y a un seul Père de l’univers, un seul Logos de l’univers et aussi un seul Esprit Saint, partout identique ; il y a aussi une seule vierge devenue mère, et j’aime l’appeler l’Église (S. Clément d’Alexandrie, pæd. 1, 6). » L’Eglise de Jésus-Christ est UNIQUE.
L’unique corps mystique de Jésus-Christ. Un seul peuple choisi.
L’UNITE de l’Eglise de Jésus-Christ.
Cf. La prière du Christ pour l’unité le jeudi saint. = L’EGLISE-COMMUNION.
Le scandale de la division des chrétiens et des églises. Les schismes et les hérésies. L’Oécuménisme.

2- SAINTE. CEC.828. « En canonisant certains fidèles, c’est-à-dire en proclamant solennellement que ces fidèles ont pratiqué héroïquement les vertus et vécu dans la fidélité à la grâce de Dieu, l’Église reconnaît la puissance de l’Esprit de sainteté qui est en elle et elle soutient l’espérance des fidèles en les leur donnant comme modèles et intercesseurs (cf. LG 40 ; 48-51).  » Les saints et les saintes ont toujours été source et origine de renouvellement dans les moments les plus difficiles de l’histoire de l’Église  » (CL 16, 3). En effet,  » la sainteté est la source secrète et la mesure infaillible de son activité apostolique et de son élan missionnaire  » (CL 17, 3). » N.B. La Sainteté de l’Eglise ne veut pas dire que les membres terrestre de l’Eglise sont des saints accomplis. Ils sont tous des pecheurs qui sont progressivement transformés dans la sainteté, pendaant toute leur vie terrestre.
Dieu seul est saint, c’est-à-dire tout autre. L’Eglise, bien que dans le monde, doit être toute autre.
Cf. Lohfink : L’Eglise « société alternative ». Des communautés de disciples ne vivant pas comme le monde et ne formant cependant pas ghéto. L’Eglise est un peuple saint, séparé et mis-à-part en vue d’un autre style de vie., différent de celui du monde malade.
Un peuple de pécheurs sanctifiés par l’Esprit-Saint. Appellation des disciples de Jésus dès le début : les « saints »- appelés à être différents du monde.
Permanence de l’Esprit-Saint dans l’Eglise. Il « demeurera ». L’Eglise est sainte car il y a en elle le principe même de la sainteté qui est l’Esprit-Saint.
Dimension eschatologique de l’Eglise. Il y a en elle un dynamisme qui construit, édifie progressivement la Jérusalem céleste.

3- CATHOLIQUE, c’est-à-dire universelle. CEC.830. « Le mot « catholique « signifie « universel « dans le sens de « selon la totalité « ou « selon l’intégralité « . L’Église est catholique dans un double sens : Elle est catholique parce qu’en elle le Christ est présent. « Là où est le Christ Jésus, là est l’Église Catholique « (S. Ignace d’Antioche, Smyrn. 8, 2). En elle subsiste la plénitude du Corps du Christ uni à sa Tête (cf. Ep 1, 22-23), ce qui implique qu’elle reçoive de lui « la plénitude des moyens de salut « (AG 6) qu’Il a voulus : confession de foi droite et complète, vie sacramentelle intégrale et ministère ordonné dans la succession apostolique. L’Église était, en ce sens fondamental, catholique au jour de la Pentecôte (cf. AG 4) et elle le sera toujours jusqu’au jour de la Parousie. Sa mission est universelle. « Sous l’impulsion de l’Esprit, la foi chrétienne s’ouvre délibérément aux « nations » …C’est l’Esprit qui pousse à aller toujours au-delà, non seulement du point de vue géographique mais aussi au-delà des barrières ethniques et religieuses, pour accomplir une mission réellement universelle. » (Encycl. Redemptoris missio ; N°25.)
Le pélerinage des nations vers la Jérusalem nouvelle, l’Israël de la fin des temps. L’Eglise est le signe de cette réalité et de cet appel, au milieu des nations. Cf. L’Eglise, Sacrement du salut.
Rapport à la mission de l’Eglise.
L’universalité du salut et de l’Eglise qui est le nouvel Israël de Dieu. (A ne pas confondre avec l’Israël territorial et racial., selon la chair et le sang.)

4- APOSTOLIQUE, c’est-à-dire fondée sur les Apôtres. L’Eglise repose sur la fondation des douze et leurs successeurs par le Christ. CEC.861.  » Pour que la mission qui leur avait été confiée pût se continuer après leur mort, les apôtres donnèrent mandat, comme par testament, à leurs coopérateurs immédiats d’achever leur tâche et d’affermir l’oeuvre commencée par eux, leur recommandant de prendre garde au troupeau dans lequel l’Esprit Saint les avait institués pour paître l’Église de Dieu. Ils instituèrent donc des hommes de ce genre, et disposèrent par la suite qu’après leur mort d’autres hommes éprouvés recueilleraient leur ministère  » (LG 20 ; cf. S. Clément de Rome, Cor. 42 ; 44). » Place importante du sacrement de l’Ordre qui est le sacrement qui fait les successeurs de Douze, les éveques.




Pourquoi le Mal et la souffrance ?

Père Daniel WOILLEZ

Le mal existe. Il fait scandale.
Qu’il soit provoqué par des cataclysmes naturels ou par les hommes, surtout quand il frappe des innocents, le mal suscite toujours étonnement et indignation.
A qui la faute ?
Dieu est-il responsable du mal ?
C’est dans la révélation que le chrétien puise les assurances, en mesure d’apporter la réponse à ce scandale du mal. Cette réponse, il faut la chercher dans la foi au mystère du Christ, Fils de Dieu, victime innocente sur la croix, du péché des hommes.

1- PRESENCE DU MAL

Place que tient la souffrance dans toute vie humaine. (CEC 1500-1501)
1500 La maladie et la souffrance ont toujours été parmi les problèmes les plus graves qui éprouvent la vie humaine. Dans la maladie, l’homme fait l’expérience de son impuissance, de ses limites et de sa finitude. Toute maladie peut nous faire entrevoir la mort.

1501 La maladie peut conduire à l’angoisse, au repliement sur soi, parfois même au désespoir et à la révolte contre Dieu. Elle peut aussi rendre la personne plus mûre, l’aider à discerner dans sa vie ce qui n’est pas essentiel pour se tourner vers ce qui l’est. Très souvent, la maladie provoque une recherche de Dieu, un retour à Lui.
C’est une évidence : le mal existe. D’où vient-il ? CEC.385.

385 Dieu est infiniment bon et toutes ses oeuvres sont bonnes. Cependant, personne n’échappe à l’expérience de la souffrance, des maux dans la nature – qui apparaissent comme liés aux limites propres des créatures –, et surtout à la question du mal moral. D’où vient le mal ?

Il est une question pressante et inévitable. CEC.309. Dieu n’a pas créé le mal.

309 Si Dieu le Père Tout-puissant, Créateur du monde ordonné et bon, prend soin de toutes ses créatures, pourquoi le mal existe-t-il ? A cette question aussi pressante qu’inévitable, aussi douloureuse que mystérieuse, aucune réponse rapide ne saura suffire. C’est l’ensemble de la foi chrétienne qui constitue la réponse à cette question : la bonté de la création, le drame du péché, l’amour patient de Dieu qui vient au devant de l’homme par ses alliances, par l’Incarnation rédemptrice de son Fils, par le don de l’Esprit, par le rassemblement de l’Église, par la force des sacrements, par l’appel à une vie bienheureuse à laquelle les créatures libres sont invitées d’avance à consentir, mais à laquelle elles peuvent aussi d’avance, par un mystère terrible, se dérober. Il n’y a pas un trait du message chrétien qui ne soit pour une part une réponse à la question du mal.
La foi peut être mise à l’épreuve. Dieu semble absent. CEC.272.

272 La foi en Dieu le Père Tout-Puissant peut-être mise à l’épreuve par l’expérience du mal et de la souffrance. Parfois Dieu peut sembler absent et incapable d’empêcher le mal. Or, Dieu le Père a révélé sa Toute-Puissance de la façon la plus mystérieuse dans l’abaissement volontaire et dans la Résurrection de son Fils, par lesquels Il a vaincu le mal. Ainsi, le Christ crucifié est  » puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes  » (1 Co 1, 24-25). C’est dans la Résurrection et dans l’exaltation du Christ que le Père a  » déployé la vigueur de sa force  » et manifesté  » quelle extraordinaire grandeur revêt sa puissance pour nous les croyants  » (Ep 1, 19-22).
Il n’y a pas de réponse rapide à cette question. Elle concerne l’ensemble de la foi. CEC 272.

Distinguer :
Le mal physique qui tient au devenir d’une création en marche vers sa perfection. CEC.310.302.
310 Mais pourquoi Dieu n’a-t-il pas créé un monde aussi parfait qu’aucun mal ne puisse y exister ? Selon sa puissance infinie, Dieu pourrait toujours créer quelque chose de meilleur. Cependant dans sa sagesse et sa bonté infinies, Dieu a voulu librement créer un monde  » en état de voie  » vers sa perfection ultime. Ce devenir comporte, dans le dessein de Dieu, avec l’apparition de certains êtres, la disparition d’autres, avec le plus parfait aussi le moins parfait, avec les constructions de la nature, aussi les destructions. Avec le bien physique existe donc aussi le mal physique, aussi longtemps que la création n’a pas atteint sa perfection.
Il faut se rappeler que le Père veut partager sa vie de créateur en faisant de l’homme le gérant de la création avec laquelle il va progresser jusqu’à sa perfection.
Avec l’intelligence que Dieu lui a donnée, l’homme découvre, notamment par la science, les lois de la nature pour la maitriser et ne plus en être la victime.
En ce sens, on peut constater que les progrès scientifiques contribuent à améliorer la condition humaine : santé, longévité, maitrise des éléments, etc…

N.B. A la condition de découvrir aussi le sens de ces lois de la nature, pour ne pas mal les utiliser.
Le mal moral qui tient au péché et qui est plus grave. CEC.311.

311 Les anges et les hommes, créatures intelligentes et libres, doivent cheminer vers leur destinée ultime par choix libre et amour de préférence. Ils peuvent donc se dévoyer. En fait, ils ont péché. C’est ainsi que le mal moral est entré dans le monde, sans commune mesure plus grave que le mal physique. Dieu n’est en aucune façon, ni directement ni indirectement, la cause du mal moral. Il le permet cependant, respectant la liberté de sa créature, et, mystérieusement, il sait en tirer le bien :
Le mal est présent dans l’histoire de l’homme (CEC.386)

Depuis les origines. (CEC.388)
C’est à partir de Jésus, le deuxième Adam, que Paul parle du premier Adam de la Bible.
Le péché est universel. CEC.401

Caïn sur Abel (cf. Gn 4, 3-15) ; la corruption universelle à la suite du péché (cf. Gn 6, 5. 12 ; Rm 1, 18-32) ; Après la Rédemption du Christ aussi, parmi les chrétiens, le péché se manifeste de nombreuses manières (cf. 1 Co 1-6 ; Ap 2-3). L’Écriture et la Tradition de l’Église ne cessent de rappeler la présence et l’universalité du péché dans l’histoire de l’homme :
Ce que la révélation divine nous découvre, notre propre expérience le confirme. Comme dit Saint Paul, «Je ne fais pas le bien que je voudrais faire et je fais le mal que je ne voudrais pas faire.»
C’est la parabole de l’ivraie et du bon grain dans un même champ.
Et le Concile Vatican II ajoute : « Car l’homme, s’il regarde au-dedans de son coeur, se découvre également enclin au mal, submergé de multiples maux qui ne peuvent provenir de son Créateur, qui est bon. Refusant souvent de reconnaître Dieu comme son principe, l’homme a, par le fait même, brisé l’ordre qui l’orientait à sa fin dernière, et, en même temps, il a rompu toute harmonie, soit par rapport à lui-même, soit par rapport aux autres hommes et à toute la création (Vatican II, GS 13, § 1).

A cette présence universelle du mal et du péché, on a cru pouvoir donner une explication en ayant recours à la dualité de deux principes qui s’opposent depuis le commencement : le Bien et le Mal ; La Lumière et les Ténèbres.
Un tel dualisme est incompatible avec la foi. Au Dieu créateur de l’univers. CEC 286.
Il n’y a pas un dieu du mal et un dieu du bien. CEC 394.
394 « L’Écriture atteste l’influence néfaste de celui que Jésus appelle  » l’homicide dès l’origine  »
(Jn 8, 44), et qui a même tenté de détourner Jésus de la mission reçue du Père (cf. Mt 4, 1-11).  » C’est pour détruire les oeuvres du diable que le Fils de Dieu est apparu  » (1 Jn 3, 8). La plus grave en conséquences de ces oeuvres a été la séduction mensongère qui a induit l’homme à désobéir à Dieu. »
Le mal attire et apparaît comme un bien, un bonheur.
Le démon ne saurait être mis en parallèle avec la souveraineté du Créateur. CEC.395. 2851.

 

2- UNE CREATION A LA FOIS INACHEVEE ET BLESSEE.

Ne pas mettre en doute la Toute Puissance de Dieu. Sur l’existence des créatures. CEC.271.272.
La création n’est pas sortie toute achevée des mains du Créateur. CEC.302.
302 La création a sa bonté et sa perfection propres, mais elle n’est pas sortie tout achevée des mains du Créateur. Elle est créée dans un état de cheminement ( » in statu viæ « ) vers une perfection ultime encore à atteindre, à laquelle Dieu l’a destinée. Nous appelons divine providence les dispositions par lesquelles Dieu conduit sa création vers cette perfection :

Dieu garde et gouverne par sa providence tout ce qu’Il a créé,  » atteignant avec force d’une extrémité à l’autre et disposant tout avec douceur  » (Sg 8, 1). Car  » toutes choses sont à nu et à découvert devant ses yeux  » (He 4, 13), même celles que l’action libre des créatures produira (Cc. Vatican I : DS 3003).
Dieu a confié aux hommes la responsabilité de se soumettre la terre et de la dominer. CEC.307. 373.

307 « Aux hommes, Dieu accorde même de pouvoir participer librement à sa providence en leur confiant la responsabilité de  » soumettre  » la terre et de la dominer (cf. Gn 1, 26-28). Dieu donne ainsi aux hommes d’être causes intelligentes et libres pour compléter l’oeuvre de la Création, en parfaire l’harmonie pour leur bien et celui de leurs prochains. Coopérateurs souvent inconscients de la volonté divine, les hommes peuvent entrer délibérément dans le plan divin, par leurs actions, par leurs prières, mais aussi par leurs souffrances (cf. Col 1, 24). Ils deviennent alors pleinement  » collaborateurs de Dieu  » (1 Co 3, 9 ; 1 Th 3, 2) et de son Royaume (cf. Col 4, 11). »

373 « Dans le dessein de Dieu, l’homme et la femme ont la vocation de « soumettre » la terre (cf. Gn 1, 28) comme  » intendants  » de Dieu. Cette souveraineté ne doit pas être une domination arbitraire et destructrice. A l’image du Créateur  » qui aime tout ce qui existe  » (Sg 11, 24), l’homme et la femme sont appelés à participer à la Providence divine envers les autres créatures. De là, leur responsabilité pour le monde que Dieu leur a confié. »
Dieu communique sa vie à l’homme et c’est pourquoi ce dernier partage la vie du Créateur en gérant le monde de plus en plus.
Il y a une seigneurie de l’homme sur la création qui légitime la science et la technique. CEC.2293.2294.

2293 « La recherche scientifique de base comme la recherche appliquée constituent une expression significative de la seigneurie de l’homme sur la création. La science et la technique sont de précieuses ressources quand elles sont mises au service de l’homme et en promeuvent le développement intégral au bénéfice de tous ; elles ne peuvent cependant indiquer à elles seules le sens de l’existence et du progrès humain. La science et la technique sont ordonnées à l’homme, dont elles tirent origine et accroissement ; elles trouvent donc dans la personne et ses valeurs morales l’indication de leur finalité et la conscience de leurs limites.

2294 « Il est illusoire de revendiquer la neutralité morale de la recherche scientifique et de ses applications. D’autre part, les critères d’orientation ne peuvent être déduits ni de la simple efficacité technique, ni de l’utilité qui peut en découler pour les uns au détriment des autres, ni pis encore, des idéologies dominantes. La science et la technique requièrent de par leur signification intrinsèque le respect inconditionné des critères fondamentaux de la moralité ; elles doivent être au service de la personne humaine, de ses droits inaliénables, de son bien véritable et intégral, conformément au projet et à la volonté de Dieu. »
Cf. L’encyclique « L’amour en vérité » de Benoit XVI.
Ne pas mettre notre mauvaise gestion du monde sur le créateur.
Dieu donne à ses créatures d’exister et la dignité d’agir elles-mêmes. CEC.306

306. Dieu ne donne pas seulement à ses créatures d’exister, il leur donne aussi la dignité d’agir elles-mêmes, d’être causes et principes les unes des autres et de coopérer ainsi à l’accomplissement de son dessein.
Les créatures doivent cheminer vers leur destinée par choix libre. CEC.311

311 Les anges et les hommes, créatures intelligentes et libres, doivent cheminer vers leur destinée ultime par choix libre et amour de préférence. Ils peuvent donc se dévoyer. En fait, ils ont péché. C’est ainsi que le mal moral est entré dans le monde, sans commune mesure plus grave que le mal physique. Dieu n’est en aucune façon, ni directement ni indirectement, la cause du mal moral (cf. S. Augustin, lib. 1, 1, 1 : PL 32, 1221-1223 ; S. Thomas d’A., s. th. 1-2, 79, 1). Il le permet cependant, respectant la liberté de sa créature, et, mystérieusement, il sait en tirer le bien :
La liberté implique pour l’homme la possibilité de choisir entre le bien et le mal. CEC.1730-1732.
1730 Dieu a créé l’homme raisonnable en lui conférant la dignité d’une personne douée de l’initiative et de la maîtrise de ses actes.  » Dieu a ‘laissé l’homme à son propre conseil’ (Si 15, 14) pour qu’il puisse de lui-même chercher son Créateur et, en adhérant librement à Lui, parvenir à la pleine et bienheureuse perfection  » (GS 17) :
L’homme est raisonnable, et par là semblable à Dieu, créé libre et maître de ses actes (S. Irénée, hær. 4, 4, 3).
1731 La liberté est le pouvoir, enraciné dans la raison et la volonté, d’agir ou de ne pas agir, de faire ceci ou cela, de poser ainsi par soi-même des actions délibérées. Par le libre arbitre (=jugement et choix), chacun dispose de soi. La liberté est en l’homme une force de croissance et de maturation dans la vérité et la bonté. La liberté atteint sa perfection quand elle est ordonnée à Dieu, notre béatitude.
1732 Tant qu’elle ne s’est pas fixée définitivement dans son bien ultime qu’est Dieu, la liberté implique la possibilité de choisir entre le bien et le mal, donc celle de grandir en perfection ou de défaillir et de pécher. Elle caractérise les actes proprement humains.
Devenant « esclave du péché » (CEC.1733) l’homme peut faire échec à Dieu.
1733 Plus on fait le bien, plus on devient libre. Il n’y a de liberté vraie qu’au service du bien et de la justice. Le choix de la désobéissance et du mal est un abus de la liberté et conduit à « l’esclavage du péché » (cf. Rm 6, 17).
Se pose alors le problème de l’ENFER.

Brièvement, on peut dire deux choses :
1°) L’enfer, dont le Christ a parlé souvent, existe.
Si on dit qu’’il n’existe pas, cela devient une négation de notre liberté humaine, puisque nous serions sauvés même si nous ne le voulons pas.
2°) On ne peut pas dire qu’il y a quelqu’un en enfer.
Le salut apporté par le Christ est universel. Comme nous le verrons ultérieurement, il a été envoyé par son Père pour sauver l’humanité tout entière, et il n’a pas raté sa mission. Ne pas lire l’enseignement de Jésus sur l’enfer comme une description mais comme un enseignement pédagogique pour avertir des graves répercussions que peuvent avoir nos actions mauvaises.
Par ailleurs l’Eglise n’exclut personne de sa prière, ce qui serait le cas si elle considérait certains en enfer. Elle a la mission d’annoncer la Bonne Nouvelle du salut universel par un amour gratuit de Dieu.
Dieu respecte la liberté. Il n’est, ni directement ni indirectement la cause du mal moral, dont il se rend vainqueur.. CEC.387. 311.

 

LA QUESTION DU PECHE ORIGINEL

(souvent mal présentée et déformée)

LE RECIT DE LA GENESE. 3.

Il n’est pas une description chronologique des événements comme ils se sont passés, car ce récit symbolique a été écrit 700 ans avant J.C., alors que l’existence des hommes remonte à des millions d’années.
(Cf. Ultérieurement ce qui sera dit des genres littéraires de la Bible.)
Mais il affirme une situation universelle de l’homme, de toute l’humanité, depuis les origines.
Le récit ne commence pas par une interdiction, mais par tous les possibles : « Tu peux manger de tous les arbres. »
Dieu ne menace pas de punition, mais signale les conséquences de l’attitude de l’homme.
Le démon déforme la pensée de Dieu (= un mensonge) : Il le décrit comme un dieu jaloux qui a peur que l’homme devienne grand et son égal.
Alors que vous pouvez être dieux vous-mêmes et par vous-mêmes. Vous êtes libres et comme Dieu.
L’homme peut dominer le monde comme Dieu et décider lui-même ce qui est bien et mal. (Symbolisation par l’arbre du bien et du mal.)

Nature du péché
L’homme veut être comme Dieu, en se passant de lui. Liberté absolue, sans aucune limite.
Il se fait par ses propres forces l’égal de Dieu.
Répercussion : L’homme qui veut posséder d’une façon absolue le bien et le mal est sur une pente qui le conduit à penser que ce qu’il veut et décide est toujours bien et que ceux qui font autrement sont dans le mal.
C’est une attitude qu’on rencontre à travers les âges.
Comp.73. Comment comprendre la réalité du péché ?
« Dans l’histoire de l’homme, le péché est présent. Une telle réalité ne s’éclaire pleinement qu’à la lumière de la Révélation divine, et surtout à la lumière du Christ Sauveur de tous, qui a fait surabonder la grâce là où le péché a abondé ».
CONSEQUENCES DU « PECHE ORIGINEL »

Comp.75. En quoi consiste le premier péché de l’homme ?
L’homme, tenté par le démon, a laissé s’éteindre en son coeur la confiance dans ses rapports avec son Créateur. En lui désobéissant, il a voulu devenir « comme Dieu », sans Dieu et non selon Dieu (Gn 3,5).
Ainsi, Adam et Ève (=symbole de toute l’humanité) ont perdu immédiatement, pour eux et pour toute leur descendance, la grâce de la sainteté et de la justice originelles.

Com.76. Qu’est ce que le péché originel ?
« Le péché originel, avec lequel naissent tous les hommes, est l’état de privation de sainteté et de justice originelles dans lequel naissent tous les hommes. C’est un péché que nous avons « contracté et non un péché que l’on « commet ». C’est une condition de naissance et non un acte personnel. En raison de l’unité originelle de tout le genre humain, ce péché se transmet (aux descendants d’Adam) avec la nature humaine, « non par imitation, mais par propagation ». Cette transmission reste un mystère que nous ne pouvons saisir pleinement».

Comp.77. Quelles sont les autres conséquences provoquées par le péché originel ?
« Par la suite du péché originel, la nature humaine, sans être entièrement corrompue, est blessée dans ses forces naturelles, soumise à l’ignorance, à la souffrance, au pouvoir de la mort ; elle est inclinée au péché. Cette inclination s’appelle concupiscence».
La vie de toute l’humanité en est bouleversée, blessée.
C’est ce qu’on appelle la triple concupiscence ou déformation de ce qui est bon en soi.
– L’esclavage des sens par ailleurs nécessaires pour vivre.
Exemples : L’alcoolisme, les orgies, etc… L’accaparement des biens matériels, au détriment des autres.
– L’esclavage de la sexualité, par ailleurs une richesse de communion et d’unité.
Exemples : Les infidélités et les violences sexuelles et conjugales, la prostitution.
– L’absolutisation du Pouvoir, dont l’autorité est par ailleurs si importante pour la vie sociale.
Exemples : la dictature, les guerres, les génocides, etc…
Et l’homme se coupant de Dieu, pour se suffire à lui-même, ne pourra pas se sauver par lui-même.
(N.B : Le salut ne sera opéré que par un homme qui se mettra dans l’attitude de recevoir tout de Dieu. le contraire de l’attitude du péché. Kénose et solidarité).
387 « La réalité du péché ne s’éclaire qu’à la lumière de la Révélation divine. Sans la connaissance qu’elle nous donne de Dieu on ne peut clairement reconnaître le péché, et on est tenté de l’expliquer uniquement comme un défaut de croissance, comme une faiblesse psychologique, une erreur, la conséquence nécessaire d’une structure sociale inadéquate, etc. C’est seulement dans la connaissance du dessein de Dieu sur l’homme que l’on comprend que le péché est un abus de la liberté que Dieu donne aux personnes créées pour qu’elles puissent l’aimer et s’aimer mutuellement».
C’est dans la foi et la foi seule que le chrétien peut donner sens à l’épreuve du péché et du malheur à laquelle l’humanité terrestre est ainsi soumise. CEC.312.
La souffrance humaine est-elle plus injuste que la passion et la mort du Christ sur la Croix. ? CEC.601.
601 « Ce dessein divin de salut par la mise à mort du  » Serviteur, le Juste  » (Is 53, 11 ; cf. Ac 3, 14) avait été annoncé par avance dans l’Écriture comme un mystère de rédemption universelle, c’est-à-dire de rachat qui libère les hommes de l’esclavage du péché ».
Le chrétien sait aussi que toute souffrance reçoit de celle du Christ la valeur de salut pour le péché des hommes. CEC.618. 1506.

Le mystère du mal ne peut s’éclairer qu’à la lumière de la Révélation qui présente dans sa globalité le dessein du salut voulu par Dieu et accompli par le Christ. CEC.616. 411-412.
Cf. Ultérieurement le sens de la passion de Jésus-Christ.

3- DONNER SENS A LA SOUFFRANCE.

La souffrance se révèle avec de multiples visages :
Elle donne à l’homme le sentiment de son impuissance, de ses limites et de sa finitude. CEC.1500.
Le chrétien reste soumis à l’épreuve qui peut conduire à l’angoisse et au désespoir. CEC 1501.
Son regard purifié par la Foi peut l’aider à rejoindre le Christ solitaire et abandonné, notamment à la croix.
Il est convié par lui à porter sa croix (MTT 10,38.) Il est associé à son mystère de compassion et de salut. CEC.604. 618. 1506.

618 La Croix est l’unique sacrifice du Christ « seul médiateur entre Dieu et les hommes » (1 Tm 2, 5). Mais, parce que, dans sa Personne divine incarnée,  » il s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme  » (GS 22, § 2), il « offre à tous les hommes, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associés au mystère pascal » (GS 22, § 5). Il appelle ses disciples à « prendre leur croix et à le suivre » (Mt 16, 24) car « il a souffert pour nous, il nous a tracé le chemin afin que nous suivions ses pas » (1 P 2, 21). Il veut en effet associer à son sacrifice rédempteur ceux-là même qui en sont les premiers bénéficiaires (cf. Mc 10, 39 ; Jn 21, 18-19 ; Col 1, 24). Cela s’accomplit suprêmement pour sa Mère, associée plus intimement que tout autre au mystère de sa souffrance rédemptrice (cf. Lc 2, 35) :
Dans la prière du Notre Père, les deux dernières demandes sollicitent la grâce de nous faire libérer et de nous délivrer de cet empire du mal. CEC.2850.

2850 « La dernière demande à notre Père est aussi portée dans la prière de Jésus : « Je ne te prie pas de les retirer du monde mais de les garder du Mauvais » (Jn 17, 15). Elle nous concerne, chacun personnellement, mais c’est toujours « nous » qui prions, en communion avec toute l’Église et pour la délivrance de toute la famille humaine. La Prière du Seigneur ne cesse pas de nous ouvrir aux dimensions de l’Economie du salut. Notre interdépendance dans le drame du péché et de la mort est retournée en solidarité dans le Corps du Christ, en « communion des saints » (cf. RP 16). »
L’Eglise porte aussi toute la détresse du monde devant le Père.CEC.2854.
2854 « En demandant d’être délivrés du Mauvais, nous prions également pour être libérés de tous les maux, présents, passés et futurs, dont il est l’auteur ou l’instigateur. Dans cette ultime demande, l’Église porte toute la détresse du monde devant le Père. Avec la délivrance des maux qui accablent l’humanité elle implore le don précieux de la paix et la grâce de l’attente persévérante du retour du Christ. En priant ainsi, elle anticipe dans l’humilité de la foi la récapitulation de tous et de tout en Celui qui  » détient la clef de la Mort  » (Ap 1, 18), « le Maître de tout, Il est, Il était et Il vient » (Ap 1, 8 ; cf. Ap 1, 4) »
Le Christ, dans sa grande prière pour ses disciples, avant de mourir, s’adressait à son Père : « Je ne te demande pas de les enlever du monde mais de les garder du Mauvais. » (Jn.17.)
A travers les siècles, les membres de l’Eglise, avec d’autres personnes de bonne volonté, se sont aussi très souvent consacrés à lutter contre le mal et la souffrance encore trop présents dans notre monde.
Cf. Mère Thérésa, soeur Emmanuelle, Saint Vincent de Paul, L’abbé Pierre, etc…
N.B. Cette question du mal et de la souffrance sera reprise sous un autre aspect, plus positif, en contemplant la vie et la mission du fils de Dieu, que le père a envoyé dans notre monde, non pas pour juger le monde mais pour le sauver par amour.




La création du monde

Père Daniel WOILLEZ : Dossier N° 1

Toutes Les religions du monde reconnaissent pratiquement un Dieu créateur de l’univers.
Cette croyance n’est pas en contradiction avec la pensée scientifique qui cherche le « comment » du début du monde (Comment a commencé le monde), à partir des éléments progressivement découverts et observés. Nous sommes témoins actuellement des immenses progrès scientifiques.

La foi chrétienne respecte et admire la pensée scientifique et en admire le progrès, mais elle va plus loin.
Quelle est l’origine du monde ? Et pas seulement le comment du début. D’où vient le monde ?
La foi répond aussi au « pourquoi » de la création. Pourquoi le monde dont nous faisons partie, existe-t-il ?
Il ne s’agit pas seulement de savoir quand et comment a surgi le cosmos, ni quand l’homme est apparu, mais il s’agit de découvrir quel est le sens d’une telle origine Elle voit et célèbre l’oeuvre du Dieu créateur qui révèle son mystère trinitaire et pourquoi il a fait le monde, dans quel but.

1°) DIEU A CREE LE MONDE. (Compendium n°51)

La foi chrétienne répond à la question élémentaire que se posent tous les hommes :
Quelle est l’origine de ce qui existe ? D’où venons-nous ?
Où allons-nous ? Quelle est notre perspective finale ?
Ces deux questions sont inséparables. Cf. CEC 282.

282 La catéchèse sur la Création revêt une importance capitale. Elle concerne les fondements mêmes de la vie humaine et chrétienne : car elle explicite la réponse de la foi chrétienne à la question élémentaire que les hommes de tous les temps se sont posée :  » D’où venons-nous ?  »  » Où allons-nous ?  »  » Quelle est notre origine ?  »  » Quelle est notre fin ?  »  » D’où vient et où va tout ce qui existe ?  » Les deux questions, celle de l’origine et celle de la fin, sont inséparables. Elles sont décisives pour le sens et l’orientation de notre vie et de notre agir.
La question des origines a toujours obsédé la pensée humaine qui lui a donné toutes sortes de réponses. Cf. CEC 285.

285 Depuis ses débuts, la foi chrétienne a été confrontée à des réponses différentes de la sienne sur la question des origines. Ainsi, on trouve dans les religions et les cultures anciennes de nombreux mythes concernant les origines. Certains philosophes ont dit que tout est Dieu, que le monde est Dieu, ou que le devenir du monde est le devenir de Dieu (panthéisme) ; d’autres ont dit que le monde est une émanation nécessaire de Dieu, s’écoulant de cette source et retournant vers elle ; d’autres encore ont affirmé l’existence de deux principes éternels, le Bien et le Mal, la Lumière et les Ténèbres, en lutte permanente (dualisme, manichéisme) ; selon certaines de ces conceptions, le monde (au moins le monde matériel) serait mauvais, produit d’une déchéance, et donc à rejeter ou à dépasser (gnose) ; d’autres admettent que le monde ait été fait par Dieu, mais à la manière d’un horloger qui l’aurait, une fois fait, abandonné à lui-même (déisme) ; d’autres enfin n’acceptent aucune origine transcendante du monde, mais y voient le pur jeu d’une matière qui aurait toujours existé (matérialisme). Toutes ces tentatives témoignent de la permanence et de l’universalité de la question des origines. Cette quête est propre à l’homme.
Dans cette tentative d’explication, la science apporte sa contribution, mais la question dépasse le domaine de la science.

. (Cf. CEC. 283 et 284. (Le pourquoi.)
283 La question des origines du monde et de l’homme fait l’objet de nombreuses recherches scientifiques qui ont magnifiquement enrichi nos connaissances sur l’âge et les dimensions du cosmos, le devenir des formes vivantes, l’apparition de l’homme. Ces découvertes nous invitent à admirer d’autant plus la grandeur du Créateur, de lui rendre grâce pour toutes ses oeuvres et pour l’intelligence et la sagesse qu’il donne aux savants et aux chercheurs.
284 Le grand intérêt réservé à ces recherches est fortement stimulé par une question d’un autre ordre, et qui dépasse le domaine propre des sciences naturelles. Il ne s’agit pas seulement de savoir quand et comment a surgi matériellement le cosmos, ni quand l’homme est apparu, mais plutôt de découvrir quel est le sens d’une telle origine : si elle est gouvernée par le hasard, un destin aveugle, une nécessité anonyme, ou bien par un Être transcendant, intelligent et bon, appelé Dieu.
La foi chrétienne apporte la lumière sur la question des origines.
L’Homme peut déjà avec sa raison humaine connaître l’existence du Dieu créateur à partir de l’oeuvre de la création.
Cf. CEC.31-32,

31 Créé à l’image de Dieu, appelé à connaître et à aimer Dieu, l’homme qui cherche Dieu découvre certaines  » voies  » pour accéder à la connaissance de Dieu
Ces  » voies  » pour approcher Dieu ont pour point de départ la création : le monde matériel et la personne humaine.
32 Le monde : A partir du mouvement et du devenir, de la contingence, de l’ordre et de la beauté du monde, on peut connaître Dieu comme origine et fin de l’univers.
S. Paul affirme au sujet des païens :  » Ce qu’on peut connaître de Dieu est pour eux manifeste : Dieu en effet le leur a manifesté. Ce qu’il y a d’invisible depuis la création du monde se laisse voir à l’intelligence à travers ses oeuvres, son éternelle puissance et sa divinité  » (Rm 1, 19-20 ; cf. Ac 14, 15. 17 ; 17, 27-28 ; Sg 13, 1-9).
Et S. Augustin :  » Interroge la beauté de la terre, interroge la beauté de la mer, interroge la beauté de l’air qui se dilate et se diffuse, interroge la beauté du ciel (…) interroge toutes ces réalités. Toutes te répondent : Vois, nous sommes belles. Leur beauté est une profession. Ces beautés sujettes au changement, qui les a faites sinon le Beau, non sujet au changement ?  » (Serm. 241, 2 : PL 38, 1134).
36 « La Sainte Église, notre mère, tient et enseigne que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine à partir des choses créées  » (Cc. Vatican I : DS 3004 ; cf. 3026 ; DV 6). Sans cette capacité, l’homme ne pourrait accueillir la révélation de Dieu. L’homme a cette capacité parce qu’il est créé  » à l’image de Dieu  » (Gn 1, 27).
286 L’intelligence humaine peut, certes, déjà trouver une réponse à la question des origines. En effet, l’existence de Dieu le Créateur peut être connue avec certitude par ses oeuvres grâce à la lumière de la raison humaine (cf. DS 3026), même si cette connaissance est souvent obscurcie et défigurée par l’erreur. C’est pourquoi la foi vient confirmer et éclairer la raison dans la juste intelligence de cette vérité :  » Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par une parole de Dieu, de sorte que ce que l’on voit provient de ce qui n’est pas apparent  » (He 11, 3).
C’est ce qu’exprime la plupart des religions Cf. CEC. 28. 2566.

28 De multiples manières, dans leur histoire, et jusqu’à aujourd’hui, les hommes ont donné expression à leur quête de Dieu par leur croyances et leurs comportements religieux (prières, sacrifices, cultes,
méditations, etc.). Malgré les ambiguïtés qu’elles peuvent comporter, ces formes d’expression sont si universelles que l’on peut appeler l’homme un être religieux :
2566 L’homme est en quête de Dieu. Par la création Dieu appelle tout être du néant à l’existence. Couronné de gloire et de splendeur (cf. Ps 8, 6), l’homme est, après les anges, capable de reconnaître qu’il est grand le Nom du Seigneur par toute la terre (cf. Ps 8, 2) .., L’homme… garde le désir de Celui qui l’appelle à l’existence. Toutes les religions témoignent de cette quête essentielle des hommes (cf. Ac 17, 27).
Mais à la lumière de la Révélation, l’homme adhère à la vérité de la création avec certitude et sans mélange d’erreur. Cf. CEC. 38.

38 L’homme a besoin d’être éclairé par la révélation de Dieu, non seulement sur ce qui dépasse son entendement, mais aussi sur  » les vérités religieuses et morales qui, de soi, ne sont pas inaccessibles à la raison, afin qu’elles puissent être, dans l’état actuel du genre humain, connues de tous sans difficulté, avec une ferme certitude et sans mélange d’erreur » (ibid., DS 3876 ; cf. Cc. Vatican I : DS 3005 ; DV 6 )
La création témoigne de la souveraine puissance de Dieu. Il est le tout Autre. CEC. 269.
269 Les Saintes Écritures confessent à maintes reprises la puissance universelle de Dieu.
Dieu a créé le monde de rien. Il n’a besoin de rien ni d’aucune aide pour créer. S’il avait besoin de quelque chose qu’il n’aurait pas, il ne serait pas Dieu.

CEC. 296-297.
296 Nous croyons que Dieu n’a besoin de rien de préexistant ni d’aucune aide pour créer…Dieu crée librement  » de rien » (DS 800 ; 3025) :
Quoi d’extraordinaire si Dieu avait tiré le monde d’une matière préexistante ? Un artisan humain, quand on lui donne un matériau, en fait tout ce qu’il veut. Tandis que la puissance de Dieu se montre précisément quand il part du néant pour faire tout ce qu’il veut. La foi en la création  » de rien  » est attestée dans l’Écriture comme une vérité pleine de promesse et d’espérance.

N.B. Cela est à compléter par le principe de l’évolution due au dynamisme mis par Dieu dans les êtres. Cf. La création de l’homme à partir de « la glaise », dans la genèse.
Dans ce sens, la création est toujours actuelle et pas seulement à un moment du passé.
(Au moment du « big-bang)
La création est en perfectionnement continue, dans un dynamisme de progrès. Elle n’a pas été faite à l’état achevé. (Il y aura une participation humaine à la vie du créateur. Cf Plus loin.)
Dieu n’a pas créé pour rien. Son but est de faire participer les créatures à sa vie. Dieu ne peut que donner, car il ne manque de rien. La gloire de Dieu n’est pas de la recevoir mais de la communiquer, de la donner.
CEC. 293. 295. 341. (Compendium N°53.)

293. C’est une vérité fondamentale que l’Écriture et la Tradition ne cessent d’enseigner et de célébrer : « Le monde a été créé pour la gloire de Dieu « . Dieu a créé toutes choses, explique S. Bonaventure,  » non pour accroître sa Gloire, mais pour manifester et communiquer cette gloire ». Car Dieu n’a pas d’autre raison pour créer que son amour et sa bonté : « C’est la clef de l’amour qui a ouvert sa main pour produire les créatures » (S. Thomas d’A.) Et le premier Concile du Vatican explique :
Dans sa bonté et par sa force toute-puissante, non pour augmenter sa béatitude, ni pour acquérir sa perfection, mais pour la manifester par les biens qu’il accorde à ses créatures, ce seul vrai Dieu a, dans le plus libre dessein, tout ensemble, dès le commencement du temps, créé de rien l’une et l’autre créature, la spirituelle et la corporelle (DS 3002).
295 Nous croyons que Dieu a créé le monde selon sa sagesse (cf. Sg 9, 9). Il n’est pas le produit d’une nécessité quelconque, d’un destin aveugle ou du hasard. Nous croyons qu’il procède de la volonté libre de Dieu qui a voulu faire participer les créatures à son être, sa sagesse et sa bonté : « Car c’est toi qui créas toutes choses ; tu as voulu qu’elles soient, et elles furent créées » (Ap. 4, 11). « Que tes oeuvres sont nombreuses, Seigneur ! Toutes avec sagesse tu les fis » (Ps 104, 24). « Le Seigneur est bonté envers tous, ses tendresses vont à toutes ses oeuvres » (Ps 145, 9).

NB. C’est pour cela que le monde n’a pas été créé achevé mais en évolution vers un terme et un sommet
341 La beauté de l’univers : L’ordre et l’harmonie du monde créé résultent de la diversité des êtres et des relations qui existent entre eux. L’homme les découvre progressivement comme lois de la nature. Ils font l’admiration des savants. La beauté de la création reflète l’infinie beauté du Créateur. Elle doit inspirer le respect et la soumission de l’intelligence de l’homme et de sa volonté.
La création est l’oeuvre commune des trois personnes divines : le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Cf. Je crois en Dieu, le Père créateur…..
Notre foi chrétienne est trinitaire.
Je crois en Dieu le Père, je crois dans son Fils unique et je crois dans le Saint-Esprit.
1) La création est l’oeuvre du Père. Elle est une action permanente du Père qui aime son fils.
« Je crois en Dieu le Père créateur ». (Credo.) … Et pas seulement « Je crois en la divinité ».
Ephes. I, 3-6 :
« 3 Béni soit Dieu, le Père du Christ Jésus notre Seigneur !
Oui, il nous a donné dans les cieux, dans le Christ, toute bénédiction spirituelle.
4 En lui il nous a choisis avant la création du monde pour être devant lui saints et sans tache.
Par amour 5 il décidait dès ce moment qu’il ferait de nous ses fils par Jésus Christ et pour lui.
Tel a été son vouloir et son bon plaisir,
6 afin que soit louée et glorifiée sa grâce, ce don qu’il nous faisait dans le Bien-Aimé.
Notre profession de foi n’est pas seulement comme dans les religions du monde, une affirmation de l’existence de la divinité, mais une foi dans la vie intime de Dieu qui est une relation d’amour entre des personnes.
La création n’est pas l’oeuvre d’un Dieu qui agirait selon l’unité indistincte de sa divinité. Elle relève du Père qui oeuvre dans son Fils.
La Toute puissance de Dieu est paternelle. Elle s’investit en entier dans la génération du Fils Unique.
L’oeuvre de la création ne vient pas se surajouter à l’action paternelle, mais elle est contenue en elle.
Parce qu’il est Dieu en tant que Père, aucune de ses activités n’est étrangère à sa paternité.
En créant, le Père étend sur des êtres nombreux l’amour qui engendre le Fils, les englobant dans l’amour de son Fils.
Le Dieu-créateur est le Dieu-Père. Mais il réalise son oeuvre par la médiation du Fils.
2) La création est l’oeuvre du Fils. CEC.280. 291.
La venue du Fils dans le monde fut tardive. Mais il est déjà présent à toute la création dès le début.
Col.1, 15-17. « Lui qui est l’image du Dieu invisible, premier-né de toute créature, car en lui tout a été créé, (par le Père), dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles et invisibles…Tout a été créé par lui et en lui, et il est, lui, par devant tout et tout est maintenu en lui ».
Tout l’hymne vise la Christ Jésus et sa médiation universelle. (Création et salut. Le projet du Père est unique.))
La création elle-même se trouve englobée dans l’engendrement du Fils en ce monde.
Le Fils jouit de la prééminence sur toute créature en raison de sa filiation. Il appartient cependant à la création dont il est le premier-né.
1 Cor. 8,6 : « Il n’y a pour nous qu’ un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, J.C., par qui tout existe et par qui nous sommes. »
Rôle cosmique joué par le Christ.
Il partage la Seigneurie du Père sur toutes choses et sur le temps. Il partage avec le Père la toute-puisance créatrice.
L’antériorité du Christ n’est donc pas temporelle‚ dans le temps. Le Fils est « par devant tout ».
Il n’est pas au début de l’histoire (comme s’il avait commencé avec l’histoire.), mais il en est le début.
N.B. Rigoureusement, on ne peut pas dire que le Verbe existait avant la Création, car on le situerait ainsi dans le temps. En réalité, le Verbe ne pré-existe pas à l’incarnation. Il sur-existe dans une éternité strictement divine.
(On voit ici les limites de nos expressions humaines.)
La Seigneurie du Christ est la RAISON DECISIVE DE LA CREATION.
Col.1,18sq : « Il est le commencement, premier-né d’entre les morts, pour devenir en tout le premier, car il a plu (au Père) de faire habiter en lui tout la plénitude ».
Dieu a concentré en lui sa propre plénitude d’être et de puissance, si bien que tout ce qui est participation à l’être et à la vie ne peut que découler de cette totalité réunie dans le Christ.
Le Père donne à son Fils de devenir, ensemble avec lui, le principe de toutes choses. C’est la prodigieuse gloire du Christ en sa résurrection, la gloire de son engendrement dans la plénitude de Dieu.
280 La création …culmine dans le Christ. Inversement, le mystère du Christ est la lumière décisive sur le mystère de la création. Dès le commencement, Dieu avait en vue la gloire de la nouvelle création dans le Christ (cf. Rm 8, 18-23).
Rom. 8, 18-23 :
« 18 J’estime en effet que les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous. 19 Car la création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu… 22 Nous le savons en effet, toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement. 23 Et non pas elle seule : nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons nous aussi intérieurement dans l’attente de la rédemption de notre corps. »
N.B. Toute créature est déjà en lien avec J.C, puisqu’elle ne subsiste qu’en lui.
 » Au commencement était le Verbe (…) et le Verbe était Dieu. (…) Tout a été fait par lui et sans lui rien n’a été fait  » (Jn 1, 1-3). Le Nouveau Testament révèle que Dieu a tout créé par le Verbe Éternel, son Fils bien-aimé. C’est en lui  » qu’ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre (…) tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toute chose et tout subsiste en lui  » (Col 1, 16-17)
« Pour lui » : Le but de la création est de tout rassembler dans le Fils. Cela ne sera pleinement réalisé qu’au « dernier jour », dans le mystère pascal accompli, raison et terme de l’incarnation du Fils de Dieu.
Cette création est en évolution, en progression vers un terme, un accomplissement. Au départ imparfaite et limitée, elle va vers un accomplissement dans le Fils.
3) La création est l’oeuvre de l’Esprit-Saint.. ) (CEC. 291.)
291. La foi de l’Église affirme de même l’action créatrice de l’Esprit Saint : il est le  » donateur de vie  » (Symbole de Nicée-Constantinople),  » l’Esprit Créateur  » (« Veni, Creator Spiritus »), la  » Source de tout bien  » (Liturgie byzantine).
La récapitulation du monde dans le Fils se fera par l’Esprit-Saint, qui construit le corps du Christ.
L’Esprit-Saint est la puissante engendrante du Père.
Il est le souffle vital de la création.
Il y a un lien entre la création à ses débuts et Jésus sur qui plane l’Esprit-Saint. « C’est toi mon Fils. »
Cf. le récit du baptême de Jésus illustre ce qui se passe dans la résurrection de Jésus, où Dieu engendre son Christ dans la plénitude de l’Esprit-Saint et fait de lui, dans la puissance de l’Esprit, l’alpha et l’oméga, le principe et le sommet de la création.
C’est dans l’amour qu’il porte au Fils que le Père crée le monde. La création est imprégnée de « semences d’amour ».
Le Père, dans sa permanente action créatrice, ne cesse d’infuser au monde l’énergie cosmique de l’amour (L’Esprit-Saint), pour que la création puisse subsister.

CEC. 292. 703-704.
292. La création est l’oeuvre commune de la Sainte Trinité.
703 La Parole de Dieu et son Souffle sont à l’origine de l’être et de la vie de toute créature (cf. Ps 33, 6 ; 104, 30 ; Gn 1, 2 ; 2, 7 ; Qo 3, 20-21 ; Ez 37, 10) :
Au Saint-Esprit il convient de régner, de sanctifier et d’animer la création, car il est Dieu consubstantiel au Père et au Fils (…). A Lui revient le pouvoir sur la vie, car, étant Dieu, il garde la création dans le Père par le Fils (Liturgie byzantine).

704  » Quant à l’homme, c’est de ses propres mains [c’est-à-dire le Fils et l’Esprit Saint] que Dieu le façonna « (S. Irénée,).

2°) L’HOMME AU SOMMET DE LA CREATION. (Compendium N°66)

L’homme est créé à l’image de Dieu dont la vie est une vie d’amour entre des personnes.
Il est une personne appelée à faire l’unité avec les autres personnes humaines. C’est la source et le fondement de la fraternité universelle, la base du bonheur de la famille humaine.

Comp.1 : Quel est le dessein de Dieu sur l’homme ?
Infiniment parfait et bienheureux en Lui-même, Dieu, dans un dessein de pure bonté, a librement créé l’homme pour le rendre participant de sa vie bienheureuse. Lorsque les temps furent accomplis, Dieu le Père a envoyé son Fils comme Rédempteur et Sauveur des hommes tombés dans le péché, pour les appeler dans son Église et pour leur donner d’être ses fils adoptifs par l’action de l’Esprit Saint et les héritiers de son éternité bienheureuse.
Comp.66. En quel sens l’homme est-il créé à « l’image de Dieu » ?
L’homme est créé à l’image de Dieu en ce sens qu’il est capable de connaître et d’aimer librement son créateur. Sur la terre, il est la seule créature que Dieu a voulue pour elle-même et qu’il a appelée à participer à sa vie divine, par la connaissance et par l’amour. Parce qu’il est créé à l’image de Dieu, l’homme a la dignité d’une personne ; il n’est pas quelque chose, mais quelqu’un, capable de se connaître, de se donner librement et d’entrer en communion avec Dieu et avec autrui.
L’importance de cette fraternité universelle est l’un des points mis en valeur par l’encyclique de Benoit XVI, « La charité dans la vérité », sur la vie sociale de l’homme.
L’homme est la « seule créature sur terre que Dieu a voulu pour elle-même. CEC.356.

356 De toutes les créatures visibles, seul l’homme est  » capable de connaître et d’aimer son Créateur  » (GS 12, § 3) ; il est  » la seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même  » (GS 24, § 3) ; lui seul est appelé à partager, par la connaissance et l’amour, la vie de Dieu. C’est à cette fin qu’il a été créé, et c’est là la raison fondamentale de sa dignité :
Quelle raison T’a fait constituer l’homme en si grande dignité ? L’amour inestimable par lequel Tu as regardé en Toi-même Ta créature, et Tu T’es épris d’elle ; car c’est par amour que Tu l’as créée, c’est par amour que Tu lui as donné un être capable de goûter Ton Bien éternel (Ste. Catherine de Sienne).
Le monde est pour l’homme comme un héritage qui lui est destiné et confié. CEC. 299.

299 Puisque Dieu crée avec sagesse, la création est ordonnée :  » Tu as tout disposé avec mesure, nombre et poids  » (Sg 11, 20). Créée dans et par le Verbe éternel,  » image du Dieu invisible  » (Col 1, 15), elle est destinée, adressée à l’homme, image de Dieu (cf. Gn 1, 26), appelé à une relation personnelle avec Dieu. Notre intelligence, participant à la lumière de l’Intellect divin, peut entendre ce que Dieu nous dit par sa création (cf. Ps 19, 2-5), certes non sans grand effort et dans un esprit d’humilité et de respect devant le Créateur et son oeuvre (cf. Jb 42, 3). Issue de la bonté divine, la création participe à cette bonté ( » Et Dieu vit que cela était bon (…) très bon  » : Gn 1, 4. 10. 12. 18. 21. 31). Car la création est voulue par Dieu comme un don adressé à l’homme, comme un héritage qui lui est destiné et confié. L’Église a dû, à maintes reprises, défendre la bonté de la création, y compris du monde matériel (cf. DS 286 ; 455-463 ; 800 ; 1333 ; 3002).
Dieu lui confie la « responsabilité de soumettre la terre et de la dominer. CEC.307.

307 Aux hommes, Dieu accorde même de pouvoir participer librement à sa providence en leur confiant la responsabilité de  » soumettre  » la terre et de la dominer (cf. Gn 1, 26-28). Dieu donne ainsi aux hommes d’être causes intelligentes et libres pour compléter l’oeuvre de la Création, en parfaire l’harmonie pour leur bien et celui de leur prochains. Coopérateurs souvent inconscients de la volonté divine, les hommes peuvent entrer délibérément dans le plan divin, par leurs actions, par leurs prières, mais aussi par leurs souffrances (cf. Col 1, 24). Ils deviennent alors pleinement « collaborateurs de Dieu » (1 Co 3, 9 ; 1 Th 3, 2) et de son Royaume (cf. Col 4, 11).
NB. L’homme partage la vie du créateur, en étant lui-même créateur.
L’homme, intelligent et libre, est appelé à compléter, achever la création.
D’où la maitrise de l’univers par la recherche scientifique. CEC.2293-2294.

2293 La recherche scientifique de base comme la recherche appliquée constituent une expression significative de la seigneurie de l’homme sur la création. La science et la technique sont de précieuses ressources quand elles sont mises au service de l’homme et en promeuvent le développement intégral au bénéfice de tous ; elles ne peuvent cependant indiquer à elles seules le sens de l’existence et du progrès humain. La science et la technique sont ordonnées à l’homme, dont elles tirent origine et accroissement ; elles trouvent donc dans la personne et ses valeurs morales l’indication de leur finalité et la conscience de leurs limites.
C’est aussi l’orientation fondamentale de l’encyclique de Benoit XVI en juin 2009, « L’amour en vérité » le développement intégrant de tout l’homme et de tous les hommes.

2294 Il est illusoire de revendiquer la neutralité morale de la recherche scientifique et de ses applications. D’autre part, les critères d’orientation ne peuvent être déduits ni de la simple efficacité technique, ni de l’utilité qui peut en découler pour les uns au détriment des autres, ni pis encore, des idéologies dominantes. La science et la technique requièrent de par leur signification intrinsèque le respect inconditionné des critères fondamentaux de la moralité ; elles doivent être au service de la personne humaine, de ses droits inaliénables, de son bien véritable et intégral, conformément au projet et à la volonté de Dieu.

N.B. Sens de la technique et du progrès, en lien avec le sens de la création.
« La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant. » CEC.294. (Et non pas un dieu qui ne voudrait pas que l’homme soit grand et qui se venge sur l’homme s’il voulait être grand..)
294 La gloire de Dieu c’est que se réalise cette manifestation et cette communication de sa bonté en vue desquelles le monde a été créé. Faire de nous  » des fils adoptifs par Jésus-Christ : tel fut le dessein bienveillant de Sa volonté à la louange de gloire de sa grâce  » (Ep 1, 5-6) :  » Car la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu : si déjà la révélation de Dieu par la création procura la vie à tous les êtres qui vivent sur la terre, combien plus la manifestation du Père par le Verbe (son fils) procure-t-elle la vie à ceux qui voient Dieu  » (S. Irénée, hær. 4, 20, 7). La fin ultime de la création, c’est que Dieu,  » qui est le Créateur de tous les êtres, devienne enfin ‘tout en tous’ (1 Co 15, 28), en procurant à la fois sa gloire et notre béatitude  » (AG 2).
L’intégrité de la création est à respecter par l’homme. CEC.339.

339 Chaque créature possède sa bonté et sa perfection propres. Pour chacune des oeuvres des  » six jours  » il est dit : « Et Dieu vit que cela était bon ». « C’est en vertu de la création même que toutes les choses sont établies selon leur consistance, leur vérité, leur excellence propre avec leur ordonnance et leurs lois spécifiques » (GS 36, § 2). Les différentes créatures, voulues en leur être propre, reflètent, chacune à sa façon, un rayon de la sagesse et de la bonté infinie de Dieu. C’est pour cela que l’homme doit respecter la bonté propre de chaque créature pour éviter un usage désordonné des choses, qui méprise le Créateur et entraîne des conséquences néfastes pour les hommes et pour leur ambiance.  Nous considérons-nous, non pas comme des propriétaires, mais comme des gestionnaires de tout ce que le Père nous donne et met à notre disposition ?
Y compris pour les générations à venir. CEC.2415.

2415 Le septième commandement demande le respect de l’intégrité de la création. Les animaux, comme les plantes et les êtres inanimés, sont naturellement destinés au bien commun de l’humanité passée, présente et future (cf. Gn 1, 28-31). L’usage des ressources minérales, végétales et animales de l’univers, ne peut être détaché du respect des exigences morales. La domination accordée par le Créateur à l’homme sur les êtres inanimés et les autres vivants n’est pas absolue ; elle est mesurée par le souci de la qualité de la vie du prochain, y compris des générations à venir ; elle exige un respect religieux de l’intégrité de la création.
N.B. Sens positif de la nécessité de l’écologie et de l’intégrité de la création.
C’est toujours l’intégrité de la création qui doit motiver l’homme dans sa conduite.
Dans l’union de l’homme et de la femme.
Il s’agit d’une union d’amour entre des personnes, à l’image de l’union entre les personnes divines.
Dans le respect de la vie humaine depuis la conception jusqu’à la mort. CEC. 2258. 2270.

2258 « La vie humaine est sacrée parce que, dès son origine, elle comporte l’action créatrice de Dieu et demeure pour toujours dans une relation spéciale avec le Créateur, son unique fin. Dieu seul est le maître de la vie de son commencement à son terme : personne en aucune circonstance ne peut revendiquer pour soi le droit de détruire directement un être humain innocent »

2270 La vie humaine doit être respectée et protégée de manière absolue depuis le moment de la conception. Dès le premier moment de son existence, l’être humain doit se voir reconnaître les droits de la personne, parmi lesquels le droit inviolable de tout être innocent à la vie.
Avant d’être façonné dans le ventre maternel, je te connaissais. Avant ta sortie du sein, je t’ai consacré (Jr 1, 5 ; cf. Jb 10, 8-12 ; Ps 22, 10-11).
Mes os n’étaient point cachés devant toi quand je fus fait dans le secret, brodé dans les profondeurs de la terre (Ps 139, 15).
Dans la destination universelle des biens de la terre. CEC.2402.

2402 Au commencement, Dieu a confié la terre et ses ressources à la gérance commune de l’humanité pour qu’elle en prenne soin, la maîtrise par son travail et jouisse de ses fruits (cf. Gn 1, 26-29). Les biens de la création sont destinés à tout le genre humain. Cependant la terre est répartie entre les hommes pour assurer la sécurité de leur vie, exposée à la pénurie et menacée par la violence. L’appropriation des biens est légitime pour garantir la liberté et la dignité des personnes, pour aider chacun à subvenir à ses besoins fondamentaux et aux besoins de ceux dont il a la charge. Elle doit permettre que se manifeste une solidarité naturelle entre les hommes.
Dans le rapport de l’homme avec les animaux. CEC.2416-2418.

2416 Les animaux sont des créatures de Dieu. Celui-ci les entoure de sa sollicitude providentielle (cf. Mt 6, 26). Par leur simple existence, ils le bénissent et lui rendent gloire (cf. Dn 3, 57-58). Aussi les hommes leur doivent-ils bienveillance. On se rappellera avec quelle délicatesse les saints, comme S. François d’Assise ou S. Philippe Neri, traitaient les animaux.

2417 Dieu a confiés les animaux à la gérance de celui qu’Il a créé à son image (cf. Gn 2, 19-20 ; 9, 1-4). Il est donc légitime de se servir des animaux pour la nourriture et la confection des vêtements. On peut les domestiquer pour qu’ils assistent l’homme dans ses travaux et dans ses loisirs. Les expérimentations médicales et scientifiques sur les animaux sont des pratiques moralement acceptables, pourvu qu’elles restent dans des limites raisonnables et contribuent à soigner ou sauver des vies humaines.

2418 Il est contraire à la dignité humaine de faire souffrir inutilement les animaux et de gaspiller leurs vies. Il est également indigne de dépenser pour eux des sommes qui devraient en priorité soulager la misère des hommes. On peut aimer les animaux ; on ne saurait détourner vers eux l’affection due aux seules personnes.
La loi naturelle est donnée à l’homme pour conformer sa conduite morale à l’ordre de la création. CEC.1951.

3°) PRIER LE DIEU CREATEUR

Notre prière n’est pas seulement une prière à la divinité, à un Dieu impersonnel, mais une prière à des personnes qui ne font qu’un dans l’amour.
La foi au Père créateur fait l’objet de la prière personnelle.
Lorsque Jésus apprend à ses disciples comment prier, il leur dit de s’adresser à son Père.
Quand nous prions, nous adressons-nous à la personne du Père de Jésus ?
Le « Notre Père » est-il notre prière principale, non pas en la rabâchant comme de païens, mais en nous situant en présence du Père qui nous aime et qui veut notre joie et bonheur dans son Fils.
Et de la prière liturgique
La prière centrale de tout l’Eglise est l’Eucharistie, la messe, qui s’adresse au Père. On s’y unit dans l’attitude de Jésus présent dans la relation à son Père, à qui il offre sa vie.
C’est d’abord au sein des réalités de la création que se vit la prière.
NB. Cela peut être une perspective chrétienne du tourisme. La beauté de la Réunion.
La liturgie eucharistique est « le sacrifice de louange en action de grâce au Père pour l’oeuvre de la création. » CEC 1359.

1359 L’Eucharistie, sacrement de notre salut accompli par le Christ sur la croix, est aussi un sacrifice de louange en action de grâce pour l’oeuvre de la création. Dans le sacrifice eucharistique, toute la création aimée par Dieu est présentée au Père à travers la mort et la résurrection du Christ. Par le Christ, l’Église peut offrir le sacrifice de louange en action de grâce pour tout ce que Dieu a fait de bon, de beau et de juste dans la création et dans l’humanité.

1360 L’Eucharistie est un sacrifice d’action de grâce au Père, une bénédiction par laquelle l’Église exprime sa reconnaissance à Dieu pour tous ses bienfaits, pour tout ce qu’il a accompli par la création, la rédemption et la sanctification. Eucharistie signifie d’abord : action de grâce.

1361 L’Eucharistie est aussi le sacrifice de louange, par lequel l’Église chante la gloire de Dieu au nom de toute la création. Ce sacrifice de louange n’est possible qu’à travers le Christ : Il unit les fidèles à sa personne, à sa louange et à son intercession, en sorte que le sacrifice de louange au Père est offert par le Christ et avec lui pour être accepté en lui.
La création est toujours associée à toutes les oeuvres de Dieu comme le salut. CEC.1352.




L’avortement… et l’enfant ?

Ce matin, vous m’avez demandé d’intervenir concernant l’avortement en tant que prêtre catholique. La position de l’Église pose un certain nombre de questions qui devraient interpeller la société. La question de l’avortement est un vaste sujet qui demanderait de longs développements anthropologiques et éthiques pour comprendre la position de l’Église. Restons plus humble et essayons d’appréhender les principaux arguments mis en avant. Pour ce faire, je commencerai par donner la position officielle de l’Église catholique, avant d’envisager une réflexion sur l’acte humain et son évaluation éthique pour le cas concret qui nous intéresse aujourd’hui, l’avortement.

1. La position officielle de l’Église catholique sur l’avortement

Fidèle à une tradition de vingt siècles, l’Église catholique a toujours refusé l’éventualité de l’avortement. Elle résume son enseignement en la matière ainsi dans le Catéchisme de l’Église catholique promulgué par le Pape Jean-Paul II en 1992 : “La vie humaine doit être respectée et protégée de manière absolue depuis le moment de la conception. Dès le premier moment de son existence, l’être humain doit se voir reconnaître les droits de la personne, parmi lesquels le droit inviolable de tout être innocent à la vie. Depuis le 1er siècle, l’Église a affirmé la malice morale de tout avortement provoqué. Cet enseignement n’a pas changé ; il demeure immuable. L’avortement direct, c’est-à-dire voulu comme une fin ou comme un moyen, est gravement contraire à la loi morale. La coopération formelle à un avortement constitue une faute grave. L’Église sanctionne d’une peine canonique d’excommunication ce délit contre la vie humaine.  ‘Qui procure un avortement, si l’effet s’ensuit, encourt l’excommunication latae sententiae’ (Code de Droit Canonique, Can. 1398), ‘par le fait même de la commission du délit’ (Code de Droit Canonique, Can. 1314) et aux conditions prévues par le Droit (cf. Can. 1323-1324). L’Église n’entend pas ainsi restreindre le champ de la miséricorde. Elle manifeste la gravité du crime commis, le dommage irréparable causé à l’innocent mis à mort, à ses parents et à toute la société.”[1]

Le pape Benoît XVI a encore rappelé le 5 avril dernier, lors d’une audience accordée au congrès international de l’Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille, l’importance de l’accompagnement des femmes qui ont eu recours à l’avortement. L’Église distingue donc soigneusement le regard qu’elle porte sur l’acte d’avorter dans sa dimension éthique, du regard qu’elle pose sur la personne qui a posé ce même acte. Ce dernier regard s’inscrit dans la lignée de l’épisode de la femme adultère dans l’évangile de saint Jean.

En résumé, l’avortement n’est jamais permis pour quelques motifs que ce soit. Cependant, il ne faut pas confondre l’avortement avec certaines opérations chirurgicales ou traitements médicaux que la mère doit subir pour conserver sa vie et qui ont pour effet secondaire la mort de l’enfant. Dans ce cas, la mort de l’enfant n’est, en aucun cas, recherchée ni voulue. Nous devons appliquer le principe de l’acte bon ou indifférent qui a un double effet, le premier est bon mais le second est mauvais. Celui qui pose l’acte ne doit pas désirer ni vouloir l’effet mauvais, mais il doit seulement désirer et vouloir l’effet bon. De plus pour poser licitement l’acte, il faut une raison proportionnée au mal qui en résultera, et que l’effet bon ne soit pas le résultat de l’effet mauvais, car il n’est jamais permis de poser un acte mauvais pour arriver à une fin bonne.[2] Au début des années 1950, le pape Pie XII confronté aux progrès de la médecine, cherchera à approfondir ces questions pour donner la réponse suivante : “Si la conservation de la vie de la future mère, indépendamment de son état de grossesse, requérait d’urgence une opération chirurgicale ou une autre action thérapeutique qui aurait pour conséquence accessoire, nullement voulue ou cherchée mais inévitable, la mort de l’embryon, un tel acte ne pourrait plus être qualifié d’attentat direct à une vie innocente. Dans ces conditions l’opération peut être ; comme le seraient d’autres interventions médicales similaires, pourvu toutefois qu’il s’agisse d’un bien de valeur élevée, comme la vie, et qu’il ne soit pas possible de renvoyer l’opération après la naissance de l’enfant ni de recourir à un autre remède efficace.”[3] De ce fait, sont licites, entre autres, les opérations concernant le cancer directement mortel avec ablation de parties abdominales (utérus, ovaires, trompes, etc.), en cas de grossesse extra-utérine, etc. L’intervention est licite uniquement comme traitement de la maladie et si les symptômes présentent un caractère d’urgence. En résumé, la légitimité est cependant toujours relative à une triple condition du point de vue de la foi catholique : 1. qu’il n’existe aucun moyen pour sauver à la fois l’enfant et la mère, par exemple en attendant d’arriver au stade de la grossesse où l’enfant serait viable par lui-même (6 mois de grossesse) ; 2. que l’on ne veuille jamais directement supprimer l’enfant mais que sa mort soit malheureusement admise comme un résultat non voulu et indirect d’un traitement licite et nécessaire ; 3. que tout soit mis en œuvre pour que l’enfant soit baptisé si cela est possible.

Pour l’Église catholique, l’avortement est lié principalement à deux questions concernant l’usage de la sexualité et la notion de la vie en elle-même.

  1. La notion de vie : Sans faire un cours d’anthropologie chrétienne, il est nécessaire de rappeler que dans la conception de l’Église catholique, Dieu est créateur de l’homme et que l’acte créateur est immédiat et complet dès le premier instant de la vie, c’est-à-dire dès la fécondation de l’ovule par le spermatozoïde. Dans l’histoire de la pensée chrétienne, on trouve deux principales conceptions de l’acte créateur de Dieu. La première est héritée de la philosophie aristotélicienne. Elle sera reprise au Moyen Âge par saint Thomas d’Aquin. Notons simplement qu’elle ne permet pas de répondre à la question de l’avortement convenablement, puisque l’animation arrive seulement au bout de 40 jours pour les hommes et au bout de 80 jours pour les femmes. Cependant il faut dire qu’aucun scolastique n’a jamais conclu qu’avant ce nombre de jours on pouvait avorter. Bien au contraire, ils ont toujours considérer l’acte comme un péché (une faute morale) particulièrement grave. Cette conception sera abandonnée au fil des siècles. L’abandon de la conception médiévale de l’embryon a commencé vers le milieu du siècle dernier avec le grand moraliste romain Liberatore (cf. Le composé humain, Lyon, 1865, p. 277). L’approfondissement de la pensée de saint Grégoire de Nysse (IVe siècle) va permettre de donner une réponse claire à la question de la vie et de l’avortement. En effet, l’avortement existait dans l’Empire Romain, et face à un problème d’école, il apporte une réponse de foi. Pour lui, l’homme est un, il a une origine unique ; l’âme est une et non pas composée de trois strates différentes (âme nutritive, âme sensorielle, âme cognitive). L’homme est une réalité une et cette unité vient de l’acte créateur de Dieu qui est un. Cet acte créateur est immédiat et éternel, il est posé une fois pour toutes et n’est pas réversible. Il n’y a pas d’existence sans que Dieu l’eût voulue. Ce ne sont pas les parents qui transmettent l’âme, ils transmettent seulement la vie par participation à l’acte créateur de Dieu. De ce fait, saint Grégoire de Nysse sort de la problématique de la préexistence de l’âme ou du corps. Pour lui, soit il y a un homme dès le début ou soit il n’y a rien du tout. L’homme étant un, l’acte créateur comprend à la fois l’âme et le corps ensemble, simultanément. Cet acte est instantané et ne peut pas se diviser car l’homme est une réalité unique. Comme en Dieu il n’y a pas de temps, ce n’est qu’après l’acte créateur que le temps commence et, ainsi, commence la vie de l’âme et du corps qui ne forment qu’un tout indissociable. Saint Grégoire de Nysse ne conçoit, à aucun moment, qu’il puisse y avoir une vie de l’homme sans son âme car à ce moment-là, nous n’aurions plus un homme mais autre chose. C’est ainsi que saint Grégoire de Nysse explique que l’avortement est un meurtre abominable. Il est remarquable de voir comment il fait sa démonstration. Aujourd’hui le magistère de l’Église ne fait que reprendre cette pensée pour mieux définir la notion de vie afin de pouvoir répondre aux nouvelles questions que posent l’avortement et les manipulations génétiques.[4]

Au fil des siècles, l’Église a développé toute une réflexion à partir des écrits bibliques sur ce que l’on appelle la complémentarité des personnes entre elles, ce qui permet de poser des éléments de réponse par rapport à l’ITG. De fait, pour l’Église, il n’y a pas de personnes inutiles dans la société. Chacun fait partie intégrante de l’économie du salut, sinon il nous faut admettre que le Christ n’a pas souffert sa Passion pour tous et que Dieu n’est pas le Créateur de tous les hommes. Chaque personne est créée et voulue par Dieu. Chaque personne est aimée d’un amour infini par Dieu. Chacun occupe une place irremplaçable et complémentaire au sein de la société. Le constat de la réalité confirme ces propos : nous sommes tous différents et cette différence est une richesse pour chacun. Cette richesse se découvre dans nos relations avec les autres, où dans chaque échange on se donne et on reçoit en retour. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la pire souffrance qu’une personne puisse éprouver, c’est la solitude, l’indifférence des autres à son égard et l’abandon par les siens. Qu’est-ce qui fait le bonheur d’une vie ? Est-ce l’avoir ou l’être, l’être en relation avec son semblable ? Dans une société où prime le matérialisme et l’égocentrisme, toute personne différente ou requérant un investissement de temps et d’affection important, peut devenir un obstacle à la réalisation de son ego. Dans cette logique du refus de la différence perçue comme entrave à sa liberté, l’obstacle doit être éliminé. Concernant les enfants malades ou handicapées, la solution ne peut pas résider dans le refus de leur permettre de voir le jour. La maladie ou le handicap ne diminue aucunement la dignité de la personne, mais appelle à exercer une solidarité toute particulière envers eux. Certes il faut tout faire pour diminuer la souffrance là où elle se trouve en fonction des moyens disponibles, mais la solution ne peut pas résider dans l’ITG, porte ouverte à l’eugénisme et à une société où l’on se permettrait de faire disparaître les personnes différentes et dérangeantes.

  1. L’usage de la sexualité : L’Église catholique enseigne qu’un acte sexuel trouve toute sa signification uniquement entre un homme et une femme dans le cadre d’un amour stable et durable, c’est-à-dire dans le mariage. Cet acte doit s’accomplir dans le respect mutuel permettant à chacun de s’épanouir dans le don mutuel de l’un à l’autre. De plus, cet acte doit être ouvert à la vie, finalité première de la sexualité, même si elle n’est pas explicitement recherchée pour des raisons légitimes. C’est pour cela que l’Église reconnaît et approuve l’usage des méthodes naturelles de régulation des naissances. C’est trois critères permettent de situer l’acte sexuel au sein d’un amour vrai et durable. Le problème de l’IVG (le problème de l’ITG est lié principalement à la notion de vie) se greffe sur le dernier critère, celui de l’ouverture à la fécondité : on veut l’acte sexuel, mais absolument pas l’enfant à naître, pourtant conséquence première de l’acte ; la recherche du plaisir prime sur le don mutuel et l’ouverture à la fécondité.[5] De fait, quelle conception avons-nous de la sexualité ? Est-ce que l’exercice de la sexualité est le seul mode de relation entre un homme et une femme ? De la conception de l’acte sexuel dépend le regard que l’on porte sur l’IVG, sur l’enfant non désiré qui devient un poids puisqu’il n’est pas le fruit d’un amour authentique. L’enjeu n’est pas ici seulement la vie de l’enfant à naître, mais aussi la conception même de l’amour et de la famille.[6]

2. Principes d’éthique

Certains diront que la conception de l’Église catholique est une chose et que l’éthique en est une autre. De fait, regardons les principes fondamentaux régissant un acte humain pour évaluer l’avortement. Ces principes fondamentaux de l’acte humain sont les éléments d’un acte qui entrent en relation avec l’éthique, c’est-à-dire : l’objet, l’intention et les circonstances. Pour qu’un acte soit jugé bon, il faut qu’aucun de ces trois éléments ne soit en opposition avec la nature de la personne humaine, comme être bio-psychique. A minima, d’un point de vue philosophique, on trouve cinq tendances fondamentales régissant cette nature humaine : inclination naturelle au bien et au bonheur, inclination à la conservation de l’être, inclination sexuelle, inclination naturelle à la vérité, inclination à la vie en société. Ainsi, de l’inclination à la conservation de l’être, découle l’interdit du meurtre sans motif raisonnable, c’est toute la question de la légitime défense.

  1. L’objet : L’objet de l’acte humain est la dimension objective de l’agir, pris en dehors de la personne, c’est-à-dire en dehors de son intention et des circonstances. Cette dimension objective ne dépend pas non plus de ce qu’une société permet ou interdit par son système législatif. Dans le cas contraire, il n’y aurait plus d’objectivité ni de vérité possible pris dans sa dimension philosophique, veritas est adaequatio rei et intellectus. Il faut donc bien distinguer le domaine éthique du domaine légal et en aucun cas assimiler l’un à l’autre. La grande question à laquelle nous sommes confrontés est justement l’objectivité de l’interruption d’une vie. Est-ce éthique d’interrompre une vie humaine ou pas en dehors du cadre de la légitime défense ?

Concernant l’avortement, il s’agit d’arrêter une vie à un certain stade de développement. Cette vie est en soi objective, quelle que soit le nom que l’on puisse lui donner, puisque dans la première cellule se trouve le brin d’ADN. Si on laisse faire la nature, une personne verra le jour neuf mois plus tard. De fait, qu’elle est la différence entre un être qui a quelques secondes d’existence dans le sein de sa mère et un adulte ou une personne âgée ? Il s’agit toujours du même être à différent stade de développement. Si l’on admet l’éventualité d’interrompre le cours de sa vie dans ses premiers mois d’existence, qu’est-ce qui empêche de l’interrompre après ? En conséquence, est-ce que l’interdit du meurtre souffre d’exception ?

L’objectivité de l’acte empêche de se voiler la face et de brandir l’arme du relativisme en invoquant l’intention de l’agent ou encore les circonstances. Est-ce que l’avortement est l’interruption d’une vie commençante ou pas ? Est-ce éthique ou pas d’interrompre une vie ?

  1. L’intention: Dans l’agir humain, nous pouvons distinguer deux grandes sortes d’actes dont les seconds procèdent des premiers. Il y a les actes intérieurs, au plus intime de notre être, et les actes extérieurs, c’est-à-dire les actions visibles de l’extérieur. Les actes intérieurs sont ceux qui procèdent de l’intelligence et de la volonté comme connaître, aimer, haïr, vouloir, etc. Ces actes sont volontaires et personnels. Nous sommes ici, au plus profond de la conscience où se trouvent l’intention. C’est ici, à la source de l’acte, qu’apparaît la subjectivité de l’acte, son caractère de bonté ou de malice indépendamment de l’objet et des circonstances. En effet l’objet peut être intrinsèquement bon mais peut devenir mauvais à cause de l’intelligence et de la volonté qui se donnent pour finalité un mal objectif. Cependant, la bonté de l’intention ne suffit pas. Il faut, pour que l’acte soit éthique, que l’objet soit éthique. L’intention peut être bonne mais, en aucun cas, elle ne peut changer l’aspect objectif de l’acte.

Concernant l’avortement, l’intention est à chercher chez la personne qui recourt à l’avortement et chez ceux qui en permettent la réalisation. Nous sommes donc dans la sphère subjective de l’agent. Pour revenir à l’intituler de la conférence, que faisons-nous de l’enfant dans tout cela ? Est-ce que l’être conçu doit être tenu pour responsable de l’acte de ses parents ? Objectivement, ce petit être existe et, par conséquent, possède des droits inaliénables liés à sa condition d’être humain. De part sa conception, cet être a le droit à la vie et au respect dû à tout être humain. Est-ce que l’intention des parents peut changer l’aspect objectif de l’interruption de la vie ou pas ?

  1. Les circonstances : Les circonstances sont des particularités, des accidents, qui s’ajoutent à l’essence de l’acte et influent sur son caractère éthique, mais sans en changer son essence. Les circonstances peuvent porter sur l’objet, sur l’agent ou sur le cours de l’action. Souvent on argue des circonstances pour légitimer l’acte. En fait, les circonstances diminuent ou aggravent l’acte selon l’intention première de l’agent, mais sans en changer sa nature. En droit pénal, le fait est bien connu. Ainsi, on distingue l’homicide volontaire de l’homicide involontaire avec toute une catégorie de nuance. Quoi qu’il en soit, il y a toujours homicide, mais ce qui change, c’est la responsabilité de l’auteur et l’imputabilité de l’acte. Objectivement la personne est morte et pour elle rien ne change à son état de défunt.

Parmi les circonstances, on dénombre les conséquences. Ces dernières appartiennent pleinement à l’acte. Nous devons donc estimer le caractère éthique d’un acte aussi par rapport à ses conséquences prévues et voulues directement ou indirectement, ou à l’inverse non prévues et non voulues.

Concernant l’avortement, les conséquences sont dramatiques outre la mort de l’être conçu. Le drame aujourd’hui est que l’on pense trop souvent uniquement à l’aspect technique d’un acte sans réfléchir aux conséquences. Puisque c’est possible, alors on fait. Si on prenait objectivement du recul et que systématiquement on interrogeait les psychiatres et les psychothérapeutes sur les conséquences à court, moyen et long terme sur le psychisme humain, on agirait souvent autrement. Ces dernières années est apparue une série d’ouvrages et de publications en la matière. Le verdict est terrible et sans aucun appel. Prenons simplement quatre autorités dont deux ont une reconnaissance internationale (Romey et Anatrella).

Ainsi, Georges Romey (grand spécialiste du rêve éveillé libre) fait part de son expérience dans son nouveau livre, L’I.V.G. à cœurs ouverts (Aubagne, Éditions Quintessence, 2006). Il dit que l’I.V.G. occasionne une blessure grave dans l’âme et la chair de la femme qui a avorté et que cela peut ressortir de nombreuses années après. Il met aussi en évidence que les conséquences d’un avortement au sein d’un couple est catastrophique pour les relations ultérieures entre l’homme et la femme. Il mentionne aussi les conséquences psychologiques sur le père.

Le docteur Florence Allard, dans son livre Le traumatisme post-avortement (Paris, Éditions Salvator, 2007), décrit la nature de ces traumatismes en détaillant les conséquences recensées :

  1. Conséquences physiologiques (perforations utérines ; lacérations du col de l’utérus ; risque pour les grossesses ultérieures d’implantation anormale du placenta ; inflammation pelvienne ; endométrite post abortum ; cancer du col de l’utérus, des ovaires et du foie ; cancer du sein et du poumon ; complications lors d’une nouvelle grossesse : nouveaux-nés handicapés, grossesses extra-utérines) ;

  2. Conséquences psychologiques (conduites addictives, suicides et taux de mortalités inquiétants, dépressions), la fragilisation de la vie conjugale et familiale.

Le docteur Stéphane Clerget (psychiatre) dans son livre Quel aurait-il aujourd’hui ?(Paris, Édition Fayard, 2007) donne des analyses similaires. Il donne des chiffres très précis quant aux ITG et aux différents problèmes liés aux traumatismes post abortum.

Tony Anatrella (psychanalyste et professeur en psychologie clinique, expert auprès du Vatican) témoigne, en plus de ce qui vient d’être mentionné, de troubles psychiques dans les enfants naissant après un avortement (cf. in Sabine Faivre, La vérité sur l’avortement, Paris, Édition Téqui, 2006, pp. 77-84). Rien d’étonnant lorsque l’on considère les travaux du psychiatre Stanislav Grof (spécialiste de l’inconscient transgénérationel) mentionnant les dégâts psychologiques possibles sur les enfants nés après une fausse couche. Le corps de la femme est marqué et l’enfant à naître le ressent.

Certains objecteront que toutes les femmes qui avortent ne manifestent pas ces symptômes. À cela je répondrai simplement que le traumatisme post abortum qui s’est manifesté le plus tard, recensé par des psychiatres, est de 60 ans : une femme de 82 ans a subitement manifesté les symptômes du traumatisme 60 après avoir avorté. Évidemment toutes les femmes ne manifestent pas tous les symptômes décrits, ni avec la même intensité, mais les études en court montrent que la très grande majorité des femmes qui ont avorté développent un ou plusieurs de ces symptômes. Tôt ou tard, la nature et la conscience ramène à la réalité objective de l’acte et la sanction est terrible. Les lobbies et les idéologies en la matière ne peuvent rien changer, car la nature humaine est ce qu’elle est ; elle ne change pas au grès des nouvelles législations ni des conceptions humaines que l’on peut se forger de la femme et de sa maternité.

            Conclusion

Au vu de ces conséquences qui appartiennent à l’acte, est-ce que l’avortement est objectivement éthique ? L’intention est une chose, les circonstances de l’acte une autre, mais la réalité objective de l’acte, la mort d’un être, et ses conséquences sont bien là pour réveiller les consciences. En refusant l’avortement, l’Église catholique ne se situe pas d’abord et uniquement dans le domaine religieux, mais avant tout dans le domaine humain, éthique.

[1] Catéchisme de l’Église Catholique, n.2270-2272.

[2] Cf. Catéchisme de l’Église Catholique, n.1737.

[3] Pie XII aux familles nombreuses, 26/11/1951.

[4] Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Instruction Donum vitae.

[5] Cf. Jean-Paul II, Encyclique Evangelium vitae, n.13.

[6] Cf. Jean-Paul II, Encyclique Evangelium vitae, n.21-23.

Père Marc-Antoine FONTELLE




Le travail

Jean-Paul II, en réactualisant la doctrine sociale de l’Église, a cherché à expliquer le “travail a un lien extrêmement profond avec celui du sens de la vie humaine.”[1] En effet, le travail étant de la nature humaine, doit être particulièrement valorisé par l’ensemble de la société pour permettre à chaque personne de se développer et de conformer sa vie au Christ.

Le récit du Livre de la Genèse[1] nous apprend que Dieu a créé l’homme à son image et à sa ressemblance. Le premier chapitre de la Genèse montre Dieu travaillant à la création, ce qui revient à dire que le travail fait partie intégrante de la nature humaine : “Lorsque celui-ci, fait ‘à l’image de Dieu…, homme et femme’ (Gn 1, 27), entend ces mots : ‘Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la’ (Gn 1, 28), même si ces paroles ne se réfèrent pas directement et explicitement au travail, elles y font sans aucun doute allusion indirectement, comme une activité à exercer dans le monde. Bien plus, elles en démontrent l’essence la plus profonde. L’homme est l’image de Dieu notamment par le mandat qu’il a reçu de son Créateur de soumettre, de dominer la terre. En accomplissant ce mandat, l’homme, tout être humain, reflète l’action même du Créateur de l’univers.”[2]

À côté de ce que nous enseigne la Révélation, il y a la réalité des faits : l’homme travaille pour vivre et le besoin vient à son secours s’il devient paresseux. “Le travail est le moyen universel de pourvoir aux besoins de la vie.”[3] S’il a le nécessaire, il continue à travailler non par besoin, mais parce que l’oisiveté le détruit intérieurement ; il ne peut pas se passer de travailler. Le travail n’a pas seulement pour fin de subvenir aux besoins du corps, mais aussi de perfectionner l’âme.[4] Le travail est donc un devoir constitutif de notre nature, auquel est attaché un droit naturel.[5]

Avant d’entreprendre une quelconque définition, nous devons distinguer les différents types de travail : rémunéré, à la maison, les études, certains loisirs, la réforme de nos propres mœurs, etc. Il est très important de corriger une déformation courante du sens du mot travail, qui aujourd’hui ne signifie plus que travail rémunéré, ce qui revient à dire que le travail est une marchandise et que l’homme n’est qu’un instrument. Évidemment cela n’est pas acceptable. Le travail en lui-même a une très grande valeur qui ne peut pas se réduire à la valeur d’un simple échange de bien. Cette valeur est liée à la personne qui l’accomplit. Jean-Paul II définit ainsi le travail : “Le mot travail désigne tout travail accompli par l’homme, quelles que soient les caractéristiques et les circonstances de ce travail, autrement dit toute activité humaine qui peut et qui doit être reconnue comme travail parmi les richesses des activités dont l’homme est capable et auxquelles il est prédisposé par sa nature même, en vertu de son caractère humain.”[6]

Il faut considérer le travail sous ses deux aspects différents, l’aspect subjectif et l’aspect objectif. L’aspect objectif du travail est le travail en lui-même, c’est-à-dire l’acte de transformation, de domination, de soumission du monde visible. L’aspect subjectif du travail est aussi très important. Ignorer cet aspect subjectif du travail cela reviendrait à faire de l’homme une simple machine. Chaque fois que l’homme travaille, il ne fait pas que transformer la matière, il se transforme aussi lui-même en développant ses facultés et en exerçant la charité.[7] Il ne faut jamais considérer l’homme comme une machine de production, mais regarder la personne qui accomplit ce même travail et être attentif à ce que ce travail contribue au développement de sa personnalité.[8] Le travail épanouit l’homme et lui permet de faire fructifier ses talents ; plus on fait fructifier ses talents, plus on correspond à notre vocation.[9] Mais tout travail ne respecte pas l’homme dans sa dignité première (le travail à la chaîne, etc.). Le travail n’est pas une fin en soi, mais est un moyen inscrit dans la nature de l’homme pour atteindre sa fin surnaturelle.

Malheureusement, la société actuelle a tendance à ne considérer le travail que dans son aspect objectif et comme moyen pour augmenter toujours le capital. L’erreur du capitalisme et du marxisme est de considérer le travail comme une marchandise et ainsi traiter l’homme comme instrument de production au même titre qu’une machine. De ce fait, il semble qu’on oublie un très grand principe concernant le rapport entre le travail et le capital. C’est le principe de la priorité du travail sur le capital. Ce principe est la conséquence première de ce que nous venons de dire sur le travail objectif et le travail subjectif.[10] Tout ce qui constitue le capital est le fruit du travail de l’homme pour l’aider dans son travail. Le capital n’est qu’un moyen subordonné au travail et constitué par le travail.[11] Il n’y a, en aucune façon, opposition ou séparation à faire entre les deux.[12]

En travaillant l’homme, ne désire pas seulement acquérir un bien temporel, il désire aussi que ce travail lui permette de faire fructifier ses talents et d’être reconnu en tant qu’homme dans le processus du travail et non pas en tant que machine de production.[13] Les biens acquis par le travail doivent permettre de répondre aux besoins quotidiens, d’assurer l’avenir et si possible d’aider le prochain. Cependant, le travail n’a pas pour unique fonction d’acquérir un bien pour vivre, c’est un devoir inscrit au plus profond de notre nature qui nous permet d’exercer la charité envers notre prochain et ainsi de faire fructifier les talents que Dieu nous a confiés lors de notre création.

Jean XXIII disait très justement que “dans leur travail ils (les hommes) ne doivent pas voir seulement une source de revenus, mais une tâche à eux confiée, un service rendu à autrui.”[14] Par conséquent, le travail permet l’exercice de la solidarité entre les hommes. Cette solidarité des travailleurs entre eux se vit au sein d’un même travail, face aux grandes injustices sociales et pour la défense des droits des travailleurs. Cette solidarité permet d’aider à instaurer la justice sociale et à unir toujours plus les hommes entre eux.[15] Le travail permet aussi de fonder une famille dans la mesure où pour la fonder, il est nécessaire de pourvoir à ses besoins ; le travail est le moyen ordinaire pour acquérir un salaire et la faire vivre. Ainsi, “la famille est à la fois une communauté rendue possible par le travail et la première école interne de travail pour tout homme.”[16] L’éducation du sens du travail et de la valeur de la propriété se fait en premier lieu dans la famille, puis dans les corps intermédiaires (école, entreprises, associations, etc.).[17]

Dès que l’on parle travail, on parle nécessairement rétribution. Le juste salaire fait partie des devoirs de justice de tout employeur vis-à-vis de ses salariés. Mais pour que ce devoir entre en vigueur, il faut aussi que l’employé accomplisse ses propres devoirs qui relèvent aussi de la justice. Le travail ayant un aspect personnel et un aspect social, il faudra prendre en compte ces deux dimensions pour la fixation du juste salaire.[18] Pie XI[19] donne les principes de la fixation du salaire en disant que trois éléments doivent être pris en considération dans la fixation du salaire : La subsistance de l’ouvrier et de sa famille, la situation de l’entreprise et les exigences du bien commun. Nous devons aussi dire deux mots sur l’échelle des salaires. Qu’il y ait une échelle des salaires suivant les différents emplois, selon les risques, les responsabilités et la situation familiale, tout cela est normal. Par contre que cette échelle des salaires aille du salaire minimum légal à plus de quarante fois ce dernier, il y a une juste proportion à garder. Il faut revenir à un juste équilibre en vertu de la justice sociale et du principe de destination universelle des biens. En plus du salaire perçu, doit rentrer en compte tout ce qui touche aux prestations sociales. En cela, nous pouvons dire que le travail au noir est contraire à la justice de deux manières. La première vient du fait que la rémunération ne permet pas au salarié de jouir de toutes les prestations sociales indispensables de nos jours, et la seconde vient du fait qu’il se soustrait au devoir de solidarité de cotiser pour les autres.[20]

Par le travail, l’homme ne fait pas qu’acquérir des biens, mais il participe d’une certaine manière à l’œuvre créatrice même de Dieu.[21] Par le travail nous soumettons la création, nous l’ordonnons pour que l’homme puisse vivre le mieux possible, c’est-à-dire que l’on puisse accomplir nos devoirs aisément tout en allant vers Dieu. Le travail ne peut pas être séparé du 7ème jour de repos, c’est-à-dire que le travail n’est pas dissociable de la prière, et qu’il n’est bon qu’inscrit dans la prière dont le premier devoir est le jour du Seigneur.[22] Le repos dominical reprend la tradition du sabbat tel qu’il était prévu par Dieu. La question du travail le dimanche est reprise aujourd’hui par certains gouvernements, qui ne comprenant plus sa signification spirituelle, risquent de le permettre de plus en plus. Nous avons là l’exemple d’une structure de péché : les péchés personnels de non-sanctification du dimanche, vont être institutionnalisés, entraînant à leur suite de nombreuses âmes dans le péché. Les lois actuelles, qui tendent à permettre de plus en plus le travail du dimanche, doivent être condamnées avec la plus grande fermeté.

L’homme par son travail ne coopère pas qu’à l’œuvre créatrice de Dieu, il coopère aussi à l’œuvre rédemptrice du Christ.[23] Par conséquent, le travail est aussi le lieu privilégié de l’apostolat et de la prière. En effet, le chrétien peut par la pratique des vertus, associée à la prédication, être un instrument important d’évangélisation. En ce qui concerne la prière, chaque personne peut offrir par une petite prière rapide son travail en arrivant dans son entreprise, ainsi que toutes les difficultés de la journée suivant notre définition de la prière : “La prière est un entretien personnel et communautaire, qui devrait être constant, de l’âme avec Dieu, où l’âme communique avec la Très Sainte Trinité présente au plus intime de son être, soit par des paroles ou soit par le langage silencieux et amoureux du cœur. Elle Lui exprime ses désirs, ses joies, ses peines et ses sentiments en toute simplicité, respect et humilité, et Dieu lui répond d’une manière mystérieuse afin de lui transmettre ses nombreuses grâces et de lui faire connaître sa divine volonté, l’immensité de sa miséricorde et son amour infini.”[24] Tout travail n’exige pas une attention complète, et par conséquent nous laisse une partie de notre esprit libre. Et là rien n’empêche de dire une petite prière.

Par le travail, nous devrions pratiquer la vertu de justice et la vertu de charité. Le travail est donc un devoir de charité envers notre prochain. En effet, l’homme ne travail pas seul, mais avec le reste de la communauté. Il doit répondre à ces besoins en orientant son travail vers la réalisation du bien commun, et ne pas voir seulement son intérêt particulier. Les autres hommes, surtout notre famille, ont besoin de ce travail pour vivre. De plus notre travail permet d’exercer la charité envers tous : sur le lieu de travail, dans nos familles, par l’aumône, etc. En travaillant pour Dieu et pour les autres, nous nous dépouillons de notre volonté propre et ainsi nous entrons dans l’esprit de pauvreté.

En conclusion, on peut dire que le travail semble apparaître au monde moderne comme un esclavage qu’il faut à tout prix diminuer ou au moins en enlever la pénibilité, pour laisser place aux loisirs qui deviennent pour certaines personnes le but de leur vie. Évidemment, si le travail n’est envisagé que dans sa dimension objective où l’homme est considéré comme un instrument de production et que par rapport à sa rentabilité, cela n’est pas très épanouissant et gratifiant pour la personne. C’est donc une nécessité de rétablir l’équilibre entre le travail et la prière et de replacer le travail dans le cadre de la prière. De plus le travail n’est pas une fin en soi, mais un moyen de faire fructifier les talents que Dieu à mis en nous à la naissance. Redonner la valeur humaine au travail, c’est avant tout le remettre dans le cadre de la prière ; c’est là seulement où la pénibilité du travail peut prendre une dimension co-rédemptrice et être source de très nombreuses grâces.

[1] Jean-Paul II dit : “L’Église trouve dès les premières pages du Livre de la Genèse la source de sa conviction que le travail constitue une dimension fondamentale de l’existence humaine sur la terre” (Encyclique Laborem exercens, n°4, 2).

[2] Jean-Paul II, Encyclique  Laborem exercens, n°4, 2.

[3] Encyclique Rerum novarum, n°7.

[4] Cf. Pie XII Radio Message de Noël 1942.

[5] Cf. Pie XII Radio Message du 1/6/1941, n°19-20 ; cf. Jean-Paul II Encyclique Laborem exercens, n.16, 1-2.

[6] Encyclique Laborem exercens, préambule.

[7] Cf. Concile Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et spes, n.35, 1.

[8] Cf. Jean-Paul II, Encyclique Laborem exercens, n.6, 2.

[9] Cf. Jean-Paul II, Encyclique Laborem exercens, n.9, 3.

[10] Cf. Jean-Paul II, Encyclique Laborem exercens, n.12, 1.

[11] Cf. Jean-Paul II, Encyclique Laborem exercens, n.12, 4-5.

[12] Cf. Jean-Paul II, Encyclique Laborem exercens, n.13, 1.

[13] Cf. Jean-Paul II, Encyclique Laborem exercens, n.15, 2.

[14] Jean XXIII, Encyclique Mater et Magistra, n°92.

[15] Cf. Jean-Paul II, Message à la Conférence Internationale du Travail 15/6/1982, n.6.

[16] Cf. Jean-Paul II, Encyclique Laborem exercens, n°10, 2.

[17] Cf. Jean-Paul II, Encyclique Laborem exercens, n°10, 1.

[18] Pie XI, Encyclique Quadragesimo anno, n.75-76.

[19] Pie XI, Encyclique Quadragesimo anno, n.77-81 ; cf. Jean XXIII, Encyclique Mater et Magistra n.71 ; cf. Jean-Paul II, Encyclique Laborem Exercens, n.19.

[20] cf. Jean-Paul II, Encyclique Laborem exercens, n.19.

[21] Cf. Concile Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et spes, n.34, 2 et 67, 2.

[22] Jean XXIII, Encyclique Mater et Magistra, n.249 et 253.

[23] Cf. Concile Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et spes, n.67, 2.

[24] Abbé M.-A. Fontelle, L’homme et la prière, éd. Téqui, Paris, 1997, p. 153.

Père Marc-Antoine FONTELLE




Les droits et les devoirs d’état de l’Homme

I. Droits de l’homme ou droits de Dieu ?

Droits de l’homme ou droits de Dieu ? Cette question résume la difficulté du sujet. En effet, les droits de l’homme font l’objet d’un combat idéologique, où l’athéisme contemporain et les ennemis de l’Église essayent de substituer la dépendance de l’homme envers Dieu, par une exaltation de la liberté et de l’indépendance contre Dieu. Face à ce combat contre les puissances des ténèbres, l’Église essaye de reprendre ces valeurs objectives, reconnues universellement, pour leur donner un sens chrétien, et ainsi faire comprendre aux âmes éloignées du Christ, que ces droits ne sont que des moyens pour accomplir nos devoirs envers notre Créateur : “Les droits de l’homme, on en parle et on en discute beaucoup aujourd’hui, on le fait avec passion, parfois avec colère, presque toujours en ayant en vue une plus grande justice effective ou présumée. Ces revendications ne semblent pas toutes raisonnables ou réalisables, car elles sont parfois inspirées par des emballements individualistes ou une utopie anarchique, quelques-unes sont moralement inadmissibles. Mais, dans l’ensemble, en tant qu’aspiration et tension vers une plus haute espérance, cet intérêt accru pour un espace de liberté et de responsabilité plus favorable à la personne est un fait positif qu’il faut encourager ; l’Église le suit et veut le suivre avec sympathie, tout en lui apportant, selon sa mission, la lumière et les éclaircissements nécessaires.”[1]

Le discours sur les droits de l’homme est très passionné, avec une logique dialectique qui laisse comme alternative : soit on est pour les droits de l’homme définis par des idéologues athées et c’est bien, soit on est contre, et alors on commet un crime contre l’humanité. Le piège est de se laisser prendre par cette logique dialectique. L’Église, refusant les différents courants idéologiques, se met hors de cette dialectique, en reprenant ce qu’elle a toujours enseigné et ce qu’il y a de bon et de vrai dans ces droits de l’homme, mais en rejetant le mauvais, pour donner le sens final de tout cela : l’homme créé par et pour Dieu, vivant en Dieu, et allant vers Dieu : “En cette vie et dans l’autre, l’homme n’a que Dieu pour fin dernière ; par la grâce sanctifiante, il est élevé à la dignité de fils de Dieu et incorporé au Royaume de Dieu dans le Corps mystique du Christ. C’est pourquoi Dieu l’a doté de prérogatives nombreuses et variées : le droit à la vie, à l’intégrité du corps, aux moyens nécessaires à l’existence ; le droit d’association, de propriété et le droit d’user de cette propriété.”[2]

L’Église a toujours su garder l’équilibre entre les droits et les devoirs. Cet équilibre a permis la christianisation en profondeur des institutions : “Et pourtant la religion chrétienne, à peine avait-elle pénétré les mœurs et les institutions des sociétés, leur avait préparé par sa divine vertu de précieuses garanties d’ordre public et de stabilité. Parmi les premiers et les plus grands de ses bienfaits, il faut placer ce juste et sage tempérament de droits et de devoirs qu’elle a su déterminer entre les souverains et les peuples. C’est qu’en effet, les préceptes et les exemples du Christ ont une efficacité merveilleuse pour contenir dans le devoir aussi bien ceux qui obéissent que ceux qui commandent, et pour produire entre eux cette harmonie, ce concert des volontés qui est conforme aux lois de la nature et qui assure le cours paisible et régulier des choses publiques.”[3] Saint Augustin dit admirablement : “Elle (l’Église) dit aux rois de se dévouer aux peuples, elle dit aux peuples de se soumettre aux rois, montrant ainsi que tous les hommes n’ont pas tous les droits, mais que la charité est due à tous et l’injustice à personne.”[4]

II. La triste réalité des faits

a. Les droits de l’homme en 1789 et 1948

L’origine des droits de l’homme remonte au XVIIe siècle avec le philosophe anglais John Locke. La notion de droits de l’homme s’est développée avec les philosophes des lumières au XVIIIe siècle. La première formulation se trouve dans la Déclaration d’indépendance des États Unis d’Amérique en 1776. La Révolution française opéra une véritable fracture avec la Déclaration précédente, puisque pour la première fois, Dieu en était exclu. La Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen de 1789, avec toutes les conséquences funestes que nous connaissons, n’a pas surgi du néant. Mais, bien au contraire, elle est le sommet de tout un courant de pensée qui s’est développé petit à petit depuis Guillaume d’Occam avec le nominalisme.

1. La Déclaration de 1789

Les droits de l’homme dont parle l’Église n’ont ni la même signification ni le même fondement que notre Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Les catholiques reprochent à cette Déclaration :

  1. de n’avoir parlé que de droits mais pas des devoirs correspondant ;

  2. d’avoir fondé ces droits sur la nature de l’homme en tant que sujet absolu, isolant l’individu en face de l’État dans la méconnaissance des corps intermédiaires (famille, professions, etc.);

  3. d’avoir ignoré Dieu, réserve faite de la référence initiale de la Déclaration “faite en présence de l’Être suprême”.

Nous pouvons ajouter à cela que les législateurs, en promulguant chaque article, visaient expressément la destruction d’une des lois fondamentales de l’Ancien Régime, de telle manière que la promulgation de cette Déclaration condamnait à la disparition immédiate la Monarchie et l’Église. L’histoire, qui a suivi dès le mois de septembre avec les premières lois contre l’Église, en est la preuve absolue. Cette Déclaration n’avait qu’une seule finalité : la destruction d’une certaine organisation de la société au profit d’une autre. Elle est la synthèse des idées politiques issues de la philosophie des lumières. Ce courant philosophique ayant laissé place au XIXe siècle à l’empirisme politique, l’idéologie des droits de l’homme va disparaître de la pensée politique jusqu’à la première partie du XXe siècle.

2. La Déclaration de 1948

Le cadre historique est bien différent de celui de 1776 et de 1789. L’Europe sort de la seconde guerre mondiale et de la grande crise économique des années trente. Elle prend alors conscience qu’il faut réagir contre les dictatures qui détruisent la paix et que le meilleur moyen de réagir est celui de prévenir. Cette prévention se fait par une Déclaration complète des droits de l’homme qui rejoint d’assez près la loi naturelle et que tous les États membres de l’O.N.U. doivent mettre en application. Nous sommes loin de l’esprit révolutionnaire de 1789. Cependant, nous pouvons toujours déplorer l’absence de la notion de devoirs, qui fait que l’homme est absolutisé, et la faible référence à Dieu.

Jean XXIII nous dit à propos de cette Déclaration : “Un des actes les plus importants accomplis par l’O.N.U. a été la Déclaration universelle des droits de l’homme, approuvée le 10 décembre 1948 par l’assemblée générale des Nations Unies. Son préambule proclame comme objectif commun à promouvoir par tous les peuples et toutes les nations la reconnaissance et le respect effectifs de tous les droits et libertés énumérés dans la Déclaration. Nous n’ignorons pas que certains points de cette Déclaration ont soulevé des objections et fait l’objet de réserves justifiées. Cependant, nous considérons cette Déclaration comme un pas vers l’établissement d’une organisation juridico-politique de la communauté mondiale. Cette Déclaration reconnaît solennellement à tous les hommes, sans exception, leur dignité de personne ; elle affirme pour chaque individu ses droits de rechercher librement la vérité, de suivre les normes de la morale, de pratiquer les devoirs de justice, d’exiger des conditions de vie conformes à la dignité humaine ainsi que d’autres droits liés à ceux-ci. Nous désirons vivement que l’Organisation des Nations Unies puisse de plus en plus adapter ses structures et ses moyens d’action à l’étendue et à la haute valeur de sa mission. Puisse-t-il arriver bientôt le moment où cette Organisation garantira efficacement les droits de la personne humaine, ces droits qui dérivent directement de notre dignité naturelle, et qui, pour cette raison, sont universels, inviolables et inaliénables.”[5]

b. Les droits de l’homme aujourd’hui ?

Jean-Paul II nous dit à propos des droits de l’homme aujourd’hui et de leurs bienfaits : “La première note positive est que beaucoup d’hommes et de femmes ont pleinement conscience de leur dignité et de celle de chaque être humain. Cette prise de conscience s’exprime, par exemple, par la préoccupation partout plus vive pour le respect des droits humains et par le rejet le plus net de leurs violations. On en trouve un signe révélateur dans le nombre d’associations privées instituées récemment, certaines ayant une dimension mondiale, et presque toutes ayant pour fin de suivre avec un grand soin et une louable objectivité les événements internationaux dans un domaine aussi délicat. Sur ce plan, on doit reconnaître l’influence exercée par la Déclaration des droits de l’homme promulguée il y a presque quarante ans par l’Organisation des Nations Unies. Son existence même et le fait qu’elle ait été progressivement acceptée par la communauté internationale sont déjà le signe d’une prise de conscience qui va en s’affermissant. Il faut en dire autant, toujours dans le domaine des droits humains, pour les autres instruments juridiques de cette même Organisation des Nations Unies ou d’autres organismes internationaux. La prise de conscience dont nous parlons n’est pas seulement le fait des individus mais aussi des nations et des peuples, qui, comme entités dotées d’une identité culturelle déterminée, sont particulièrement sensibles à la conservation, à la libre gestion et à la promotion de leur précieux patrimoine.”[6]

Même si éviter le mal ne signifie pas faire le bien, il faut reconnaître les points positifs des droits de l’homme. Au nom de ces droits, nous avons vu tout au long des années 80 et début 90 tomber plusieurs dictatures marxistes. Et cela est un bien objectif surtout là où les violations de ces mêmes droits étaient les plus importantes. Cependant, les mêmes personnes qui prétendent défendre les droits de l’homme, se servent d’eux dans un véritable combat idéologique et politique pour arriver à leur fin. C’est ainsi, qu’au nom des droits de l’homme, il fallut massacrer des dizaines de milliers de personnes pendant la Révolution française. Au nom de ces mêmes droits, il fallut décoloniser afin de remplacer l’influence chrétienne par de sombres dictatures marxistes sous couvert de démocratie. Les exemples ne manquent pas pour nous faire prendre conscience que ces droits sont l’enjeu d’un combat idéologique contre toutes les valeurs chrétiennes. Le résultat de la victoire de ces droits, c’est la ruine morale, sociale et religieuse des mêmes pays qui ne jugent et ne jurent que par eux. Il est assez intéressant de se pencher d’un peu plus près sur la vie des hommes politiques qui ne parlent que des droits de l’homme. Le constat est similaire dans tous les pays : corruption, meurtre, etc.

III. De quels droits et de quels devoirs s’agit-il pour l’Église ?

a. L’Église face aux droits de l’homme

Les droits de l’homme n’ont rien de nouveau ni d’original, à part avoir été rédigés pour combattre l’Église. Ce sont des valeurs tirées de la loi naturelle, que l’Église a toujours véhiculées et transmises partout où elle évangélise. Dans tous les pays chrétiens, jamais il ne s’est fait sentir le besoin de faire des Déclarations de droit de l’homme, puisque par la pratique religieuse, la personne humaine était reconnue à sa juste valeur, mise à sa juste place au sein de la création. Ce n’est qu’avec la révolte des hommes contre Dieu et son Église, qu’est apparu le mépris de l’homme par l’homme. Là où Dieu n’est pas adoré, la dignité de la personne humaine y est bafouée.

L’Église estime avoir le devoir de proclamer et défendre les droits de l’homme. Elle considère que la défense de la dignité humaine contre toutes formes d’agression morale ou physique, fait partie de sa mission spécifique de conduire les âmes à Dieu au travers des réalités terrestres : “L’Église, pour sa part, a reçu de son fondateur Jésus-Christ le devoir de proclamer la dignité de toutes les personnes en tant qu’enfants de Dieu. Elle n’a pas manqué, au cours de ces quarante années, de réaffirmer les fondements transcendants des droits humains et d’encourager les actions dynamiques menées en notre temps pour promouvoir ces droits. Selon l’enseignement de l’Église, les droits de l’homme sont fondés en Dieu Créateur ; il a doté toute personne d’intelligence et de liberté ; il a voulu que l’organisation de la société soit mise au service de l’homme.”[7]

L’Église a repris une notion chère à nos contemporains pour en redéfinir le véritable sens chrétien et par ce moyen évangéliser ainsi que favoriser les bonnes institutions et condamner les mauvaises. Il est remarquable de voir tout l’effort que l’Église a mis en œuvre pour inscrire les droits de l’homme, selon une définition catholique, dans les mentalités des personnes qui ne les respectaient pas, au point de leur donner tellement mauvaise conscience, qu’une révolution non sanglante a eu lieu, en partie à cause de cela, dans les pays de l’Est. L’Église, sous l’inspiration du Saint Esprit, a déployé toute une pédagogie qui se voulait toucher les consciences perverties, dans leurs points les plus sensibles, c’est-à-dire les droits de l’homme, où ils mettent tous leur orgueil à être les champions de leur respect : “Un autre fait mérite d’être souligné : à peu près partout, on est arrivé à faire tomber un tel ‘bloc’, un tel empire, par une lutte pacifique, qui a utilisé les seules armes de la vérité et de la justice. Alors que, selon le marxisme, ce n’est qu’en poussant à l’extrême les contradictions sociales que l’on pouvait résoudre dans un affrontement violent, les luttes qui ont amené l’écroulement du marxisme persistent avec ténacité à essayer toutes les voies de la négociation, du dialogue, du témoignage de la vérité, faisant appel à la conscience de l’adversaire et cherchant à réveiller en lui le sens commun de la dignité humaine.”[8]

On pourrait croire que l’Église a changé de doctrine entre la condamnation de la Déclaration des droits de l’homme de 1789 et sa position actuelle. Les mentalités et le contexte sont différents : d’un côté il y a une exaltation de l’homme et la volonté d’enlever Dieu de la vie quotidienne, de l’autre côté, on rappelle la loi naturelle sous forme de droits accompagnés de devoirs pour essayer de ramener à la raison les hommes qui ignorent leur Créateur. L’Église refuse toujours les théories philosophiques ou idéologiques erronées. Elle rejette avec la même force l’exaltation de la personne, l’absolutisation des droits aux dépens du juste culte que toute créature doit rendre à Dieu.

Les Papes ne se réfèrent pas à la déclaration de 1789 mais à celle de 1948, car elle tend à exprimer la loi naturelle ; elle la complète par une anthropologie christologique et une insistance sur les devoirs que réclame le respect de ces droits. Elle réajuste constamment cette notion de droits de l’homme pour en faire un instrument d’évangélisation : “Jusqu’ici nous avons rappelé une suite de droits de nature. Chez l’homme, leur sujet, ils sont liés à autant de devoirs. La loi naturelle confère les uns, impose les autres ; de cette loi ils tiennent leur origine, leur persistance et leur force indéfectible. Ainsi, par exemple, le droit à la vie entraîne le devoir de se conduire avec dignité ; au droit de chercher librement le vrai répond le devoir d’approfondir et d’élargir cette recherche. Dans la vie en société, tout droit conféré à une personne par la nature crée chez les autres un devoir, celui de reconnaître et de respecter ce droit. Tout droit essentiel de l’homme emprunte en effet sa force impérative à la loi naturelle qui le donne et qui impose l’obligation correspondante. Ceux qui, dans la revendication de leurs droits, oublient leurs devoirs ou ne les remplissent qu’imparfaitement, risquent de démolir d’une main ce qu’ils construisent de l’autre. Êtres essentiellement sociables, les hommes ont à vivre les uns avec les autres, et à promouvoir le bien les uns des autres. Aussi l’harmonie d’un groupe réclame-t-elle la reconnaissance et l’accomplissement des droits et des devoirs. Mais en outre chacun est appelé à concourir généreusement à l’avènement d’un ordre collectif qui satisfasse toujours plus largement aux droits et aux obligations. Ainsi, il ne suffit pas de reconnaître et de respecter le droit de l’homme aux moyens d’existence ; il faut s’employer, chacun selon ses forces, à les lui procurer en suffisance. La vie en société ne doit pas seulement assurer l’ordre ; elle doit apporter des avantages à ses membres. Cela suppose la reconnaissance et le respect des droits et des devoirs, mais cela demande de plus la collaboration de tous selon les multiples modalités que le développement actuel de la civilisation rend possibles, désirables ou nécessaires.”[9]

b. Tout droit oblige l’accomplissement d’un devoir

Pour mieux comprendre la pensée de l’Église sur le sujet, nous devons expliquer en deux mots la notion même de droit. Le droit se définit par rapport à la justice et en est son objet propre. Le droit vient du latin jus, c’est-à-dire ce qui est juste. En d’autres termes, le droit consiste à permettre l’exercice de la justice qui est de rendre à chacun ce qui lui est dû, ce qui est juste pour lui.

La première expression de la justice s’exprime dans la vertu de religion qui ordonne nos relations à Dieu sachant bien qu’il n’y a pas d’égalité parfaite entre Dieu et l’homme et que ce dernier ne peut que faire de son mieux pour s’acquitter de ses devoirs envers Dieu. Par conséquent, Dieu possède des droits en tant que Créateur. Par contre, la créature n’a que des devoirs envers son divin Créateur. Mais Dieu, dans son infinie bonté, a donné à l’homme un certain nombre de droits de nature correspondant à ses devoirs pour lui permettre de mieux les accomplir. Ces droits ne sont pas une invention des hommes, mais un don gratuit de Dieu. Saint Thomas parle du droit naturel, non pas dans la perspective de droit individualiste et égoïste, mais dans le cadre de la vertu de justice en relation avec le prochain. Ce qui revient à dire que la notion de droit est étroitement liée à l’accomplissement des devoirs correspondants. Uniquement dans cette perspective, nous pouvons comprendre la notion de droits de l’homme puisqu’ils sont considérés comme des moyens pour accomplir nos devoirs et ainsi rendre un culte véritable à Dieu.

Paul VI nous dit qu’à chaque droit correspond un devoir et que la dissociation des deux est la source de nombreux maux dans la société : “À chacun des droits correspond des devoirs, aussi nombreux et aussi importants, et nous les affirmons avec une égale vigueur et une même détermination, car toute séparation des droits et des devoirs correspondants serait une cause de déséquilibre et aurait des répercussions négatives pour la vie sociale. Pour cette raison, il convient de rappeler que la réciproque entre droits et devoirs est essentielle : les seconds découlent des premiers, et vice-versa. … L’Église sait et doit rappeler à tous que toute atteinte aux droits de l’homme et toute omission des devoirs correspondants sont, à titre égal, une violation grave de la loi suprême de l’amour.”[10]

Tous ces droits sont la conséquence des devoirs de notre nature, dont les premiers sont envers Dieu. De ce fait, il ne peut y avoir de réels droits de l’homme qui n’ont leurs racines dans les devoirs de l’homme envers Dieu : “Dès que l’État refuse de donner à Dieu ce qui est à Dieu, il refuse, par une conséquence nécessaire, de donner aux citoyens ce à quoi ils ont droit comme hommes ; car, qu’on le veuille ou non, les vrais droits de l’homme naissent précisément de ses devoirs envers Dieu.”[11] En effet, il serait illusoire et vain de parler des droits de l’homme, si on ne se tournait pas vers leur unique source, Dieu : “Les droits de l’homme n’ont de vigueur en réalité que là où sont respectés les droits imprescriptibles de Dieu, et l’engagement à l’égard des premiers est illusoire, inefficace et peu durable s’ils se réalisent en marge ou au mépris des seconds.”[12] En d’autres termes, les droits de Dieu et les droits de l’homme ne peuvent pas s’opposer, si ces derniers sont réels : “Le service de Dieu et le service des hommes, le droit de Dieu et le droit des hommes ne peuvent s’opposer… La découverte de la seigneurie de Dieu conduit à la découverte de la réalité de l’homme. Si nous reconnaissons le droit de Dieu, nous serons capables de reconnaître le droit des hommes.”[13]

Le drame actuel est de ne pas parler des droits de Dieu : “On entend beaucoup parler, aujourd’hui, des droits de l’homme. Dans de très nombreux pays, ils sont violés. Mais on ne parle pas des droits de Dieu. Et pourtant, droits de l’homme et droits de Dieu sont étroitement liés. Là où Dieu et sa loi ne sont pas respectés, l’homme non plus ne peut pas faire prévaloir ses droits. Nous l’avons constaté en toute clarté à la lumière du comportement des dirigeants nationaux-socialistes. Ils ne se souciaient pas de Dieu et persécutaient ses serviteurs ; et c’est ainsi qu’ils ont traité inhumainement les hommes à Dachau, aux portes de Munich, comme à Auschwitz, aux portes de mon ancienne résidence épiscopale de Cracovie. Aujourd’hui encore vaut ce principe : les droits de Dieu et les droits de l’homme sont respectés ensemble ou ils sont violés ensemble. Notre vie ne sera en bon ordre que si nos rapports avec Dieu sont en bon ordre.”[14]

Jean-Paul II relie ces droits et devoirs à trois éléments constitutifs de la nature de l’homme : la famille, la patrie, la culture, ce qui revient à dire que ces devoirs sont toujours reliés au bien commun. Dans ces devoirs, il y a une hiérarchie qui ordonne nos actes à la vertu de justice. Cependant, le regard chrétien sur le monde doit reconnaître que tout nous vient de Dieu et donc que les droits que nous avons sont à relativiser ; nous sommes envoyés en mission là où Dieu nous a mis suivant nos talents à faire fructifier et ainsi tout rendre à Dieu dans un acte d’offrande de sa propre personne.

IV. Sources et fondements des devoirs et des droits de l’homme : Dieu

Le fondement de ces droits et devoirs est la dignité de la personne humaine créée à l’image et à la ressemblance de Dieu. La source de ces droits et devoirs, est d’une part la nature même de la personne, ceci revient à dire que la source en est la loi naturelle, et d’autre part la Rédemption, qui fait des hommes qui acceptent d’honorer, de louer et de servir Dieu, des enfants et amis de Dieu : “Par là même il est sujet de droits et de devoirs découlant, les uns des autres, ensemble et immédiatement, de sa nature ; ainsi sont-ils universels, inviolables, inaliénables. Si nous considérons la dignité humaine à la lumière des vérités révélées par Dieu, nous ne pouvons que la situer bien plus haut encore. Les hommes ont été rachetés par le sang du Christ Jésus, faits par la grâce enfants et amis de Dieu et institués héritiers de la gloire éternelle.”[15]

V. Les concepts de droits et devoirs de l’homme sont impuissants à agir par eux-mêmes

Depuis une cinquantaine d’années, la société occidentale ne vit plus que par et pour les droits de l’homme. Tous les hommes s’en réclament, et au nom de ces mêmes droits, les uns tuent, les autres nient Dieu, les troisièmes protègent les animaux, etc. ! En même temps qu’on proclame le droit à la vie, on emprisonne des personnes manifestant contre l’avortement ! De même qu’on proclame les droits de l’enfant tout en facilitant le divorce et en encourageant le travail des mères de famille ! Tout homme de bon sens se rend compte qu’il s’agit de droits illusoires, car impuissants à transformer le monde, mais légitimant tous les abus. Peut-être que certains hommes pensent avoir tout dit et avoir agi en proclamant le droit au travail, mais est-ce que cela contribue à faire diminuer le nombre de chômeurs ? On peut ainsi prendre tous les droits décrits dans les différentes Déclarations. On constate ainsi que des intellectuels ont mis sur papier un bel idéal, mais cela ne va pas plus loin. Pourquoi ? La réponse est simple : nous avons des droits pris dans l’absolu, mais déconnectés de la réalité et impuissants à agir par eux-mêmes. Allez dire à un Éthiopien qu’il a le droit de vote, je ne sais ce qu’il va vous répondre, mais en tout cas il aura toujours faim et le discours sur la démocratie ne lui remplira pas l’estomac.

Il est bien de mettre par écrit un idéal vers lequel on doit tendre et de s’engager à le respecter, mais c’est en vain si les mêmes qui ont élaboré ces Déclarations des droits de l’homme ne prennent pas les bons moyens pour les faire appliquer et respecter : “Si cette Déclaration de 1948 a pu soulever des objections et faire l’objet de réserves justifiées, comme le relevait le Pape Jean XXIII, nul doute cependant qu’elle ait marqué un pas important vers l’établissement d’une organisation juridico-politique de la communauté mondiale, comme le soulignait également avec joie l’inoubliable pontife… Qui ne le voit ? Immense est le chemin à parcourir pour mettre en œuvre ces déclarations d’intention, pour traduire les principes dans les faits, pour éliminer de si nombreuses et constantes violations de principes justement proclamés universels, inviolables… Comment assurer les droits fondamentaux de l’homme lorsqu’ils sont bafoués ? Comment intervenir pour sauver la personne humaine, partout où elle est menacée ? Comment faire prendre conscience aux responsables qu’il s’agit là d’un patrimoine essentiel de l’humanité, que nul ne peut impunément léser, sous aucun prétexte, sans attenter à ce qu’il y a de plus sacré chez un être humain, et sans ruiner par là les fondements de la vie en société ? Tous ces problèmes sont graves et l’on ne peut se le dissimuler : il serait vain de proclamer des droits si l’on ne mettait pas en même temps tout en œuvre pour assurer le devoir de les respecter, par tous, partout et pour tous. Parler des droits de l’homme, c’est affirmer un bien commun de l’humanité, c’est travailler à construire une communauté fraternelle, c’est œuvrer pour un monde où chacun soit aimé et aidé comme son prochain, son frère.”[16]

L’Église ne voit pas ces droits comme une réalité toute faite, mais à faire. Elle ne pourra se réaliser que si les personnes et en particulier les gouvernements prennent conscience de l’obligation de respecter les droits d’autrui et d’aider autrui à l’obtention de ces droits et à l’accomplissement de ses devoirs. Le respect de ces droits a au moins le mérite d’éviter les pires barbaries telles qu’on peut encore le constater aujourd’hui dans certains pays. D’où l’importance que l’Église attache à leur promotion et à leur respect. En effet, il ne peut y avoir de développement humain authentique et une bonne évangélisation dans un climat de barbarie générale. Il faut une certaine paix sociale pour le développement matériel et spirituel de la société. Chaque personne sera jugée, après la mort, par Jésus-Christ sur ses devoirs d’état, sur la façon dont elle les aura accomplis et avec quel amour elle aura travaillé.

Un grave danger de notre société moderne est de nous faire oublier nos devoirs d’état premiers, et de nous sensibiliser sur ce qui devrait être secondaire pour nous. Les médias nous sensibilisent sur la pauvreté des pays en voie de développement et c’est très louable ; par contre ils taisent facilement la pauvreté matérielle et surtout spirituelle de millions de personnes dont certaines, proches de nous, habitent dans notre immeuble, dans notre quartier, dans notre village et même dans notre famille. De même, on parle de l’éducation et des moyens scolaires à mettre en œuvre, mais on oublie de rappeler que le premier devoir d’état de chacun s’accomplit dans sa famille et que l’éducation réelle de la personne se fait à la maison par les parents. C’est pourquoi saint Pie X disait déjà au début du siècle : “La question sociale sera bien près d’être résolue lorsque les uns et les autres, moins exigeants sur leurs droits naturels, rempliront plus exactement leurs devoirs.”[17]

Nous pouvons conclure ces paragraphes avec ces paroles de Jean-Paul II : “L’être humain n’est totalement libre que lorsqu’il est lui-même, dans la plénitude de ses droits et de ses devoirs : on doit en dire autant de la société tout entière. L’obstacle principal à surmonter pour une véritable libération, c’est le péché et les structures qui en résultent au fur et à mesure qu’il se multiplie et s’étend.”[18]

[1] Paul VI, Discours au Corps diplomatique, le 14/1/1978.

[2] Pie XI, Encyclique Divini Redemptoris, n°27.

[3] Léon XIII, Encyclique Diuturnum illud.

[4] De morib. Eccl., Livre I, ch. 30.

[5] Encyclique Pacem in terris, n°143-145.

[6] Encyclique Sollicitudo rei socialis, n°26.

[7] Jean-Paul II, discours au président de l’Assemblée générale de l’O.N.U. le 6/12/1988.

[8] Jean-Paul II, Encyclique Centesimus annus, n°23.

[9] Jean XXIII, Encyclique Pacem in Terris, n°28-33.

[10] Message pour la 10ème journée mondiale des moyens de communication sociale le 11/4/1976.

[11] Léon XIII, Encyclique Au milieu des sollicitudes, 16/2/1892.

[12] Jean-Paul II, Lettre aux Évêques du Brésil le 10/12/1980.

[13] Jean-Paul II, Discours au C.E.L.A.M. le 2/7/1980.

[14] Jean-Paul II, Discours à Munich le 3/5/1987.

[15] Jean XXIII, Encyclique Pacem in terris, n°9-10.

[16] Message à la Conférence de Téhéran, le 15/4/1968.

[17] Lettre Notre charge apostolique du 25/8/1910.

[18] Encyclique Sollicitudo rei socialis, n°46.

Père Marc-Antoine FONTELLE




L’État et la vie politique

Depuis l’Antiquité, l’Église s’est élevée contre les abus des gouvernants et a cherché à encourager toutes les personnes de bonne volonté à œuvrer pour la justice sociale. De fait, il n’y a pas de société idéale, de système préconçu qu’il faudrait appliquer pour avoir un bonheur temporel véritable. La forme du gouvernement n’est pas une fin en soi ; elle n’est qu’un moyen en vue d’une fin supérieure qui est d’ordre surnaturel, la vie éternelle. C’est pourquoi l’Église n’a pas de préférence pour telle ou telle forme de gouvernement, elle renvoie cela au choix libre et éclairé des hommes, car ce n’est pas son domaine comme le rappelle Jean-Paul II : “Elle (l’Église) ne manifeste pas de préférence pour les uns ou pour les autres, pourvu que la dignité de l’homme soit dûment respectée et promue, et qu’Elle-même se voit laisser l’espace nécessaire pour accomplir son ministère dans le monde” (Encyclique Sollicitudo rei socialis, n.41). Le rôle de l’Église n’est pas de faire de la politique, mais de veiller à ce que les gouvernements, qui peuvent avoir diverses formes suivant les lieux, les époques et les hommes, respectent la loi naturelle et la primauté de l’Église dans le domaine surnaturel.

L’Église ne veut pas s’ingérer dans l’organisation pratique des institutions afin de bien respecter la séparation du temporel et du spirituel. Suivant les circonstances de temps et de lieu, les institutions peuvent changer pourvu que la vie chrétienne n’en soit pas détruite. C’est pour cela que la séparation des pouvoirs telle que nous la vivons dans nos démocraties modernes ne semble pas contraire aux principes chrétiens.

Les profondes transformations du XXe siècle, font actuellement incliner le magistère ordinaire, à reconnaître la démocratie comme la meilleure forme de gouvernement. Mais de quelle démocratie s’agit-il ? Cette reconnaissance porte sur le mode d’avènement au pouvoir du chef de l’État, mais en aucun cas remet en question la doctrine sur l’origine de l’autorité et sa finalité. Il s’agit seulement de la sagesse prudentielle de notre Mère l’Église compte tenu de la situation actuelle de la société. La démocratie demande obligatoirement un certain degré de maturité parmi les citoyens. La difficulté du problème ne réside pas dans le droit de participation à la vie publique (cf. Gaudium et spes, n°75, 6), mais dans la maturité qui permet cette participation.

Par conséquent, pour l’instauration d’une vraie démocratie, il faut un peuple mûr, conscient de ses devoirs et de ses droits sur une base de justice vivifiée par la charité, un peuple conscient de la dignité et de la vocation de l’homme à aimer son Créateur. Par contre, une démocratie avec un peuple n’ayant pas assez de maturité, conduit inévitablement à la décadence des mœurs voire à l’injustice et au non respect de la vie.

Notre réflexion doit plus se porter sur ce degré de maturité que sur la forme des institutions en elle-même. Comment acquérir ce degré de maturité ? La réponse n’est pas simple, mais nous pouvons en donner quelques éléments. Le premier élément de réponse doit se prendre dans la connaissance et la conscience de ce qu’est l’autorité de la part de ceux qui se proposent pour exercer une fonction de gouvernement. Le second élément de réponse doit se prendre dans la formation des personnes pour qu’ils ne choisissent pas n’importe qui, mais qu’ils puissent juger de la bonté d’un programme politique et de l’intégrité de ceux qui se proposent de l’appliquer.

Il faut donc revenir à l’essentiel : toute autorité vient de Dieu, car toute autorité appartient à Dieu. En effet, Dieu gouverne l’univers et la parcelle d’autorité dont sont revêtus les gouvernements n’est qu’une participation à ce grand gouvernement divin. Pensons toujours aux paroles de Jésus à Pilate : “Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi, si cela ne t’avait été donné d’en haut” (Jn. 19, 11). Cependant, l’autorité humaine n’est pas absolue, elle est relative à Dieu. Rien sur terre n’est absolu ; il n’y a que Dieu qui soit l’Absolu. De fait, toute autorité terrestre a deux grandes limites :

  1. La première est sa dépendance par rapport à Dieu. L’autorité venant de Dieu, le droit et les décisions gouvernementales prennent donc leur racine en Dieu, puisqu’ils émanent de cette même autorité, Dieu. Il existe actuellement une grave erreur, le positivisme juridique, qui consiste à faire du droit une discipline à part, ayant sa source et sa justification propre en elle-même. Le droit n’est plus dépendant de l’autorité venant de Dieu, ni finalisé par la fin de l’homme qui est Dieu. Le droit devient ainsi un moyen neutre, ayant sa logique interne, au service de celui qui prend le pouvoir au grés des idéologies ambiantes. Peu importe si le droit doit servir à faire le bien ou au contraire le mal. Nous sommes bien loin de la définition du droit qui consiste justement à rendre à chacun son dû, qui consiste à établir la justice par la charité en respectant la personne humaine de sa conception jusqu’à son dernier souffle. Néanmoins, avec la multiplication des normes juridiques, plus ou moins bien-fondées et ayant une application qui relève parfois plus de l’arbitraire que de l’équité, nous avons là l’occasion de pratiquer la vertu d’obéissance, de progresser dans l’humilité et dans les trois vertus théologales. La vie quotidienne peut devenir ainsi le tremplin d’une vie spirituelle intense. Imaginons un automobiliste respectant scrupuleusement le Code de la route en faisant des actes explicites de foi et de charité à chaque fois qu’il a la possibilité d’enfreindre la loi mais ne le faisant pas par amour de Dieu. Quel trésor de mérites acquiert-il !

  2. La seconde est que l’autorité est un service pour le bien commun en vue d’aider les personnes à vivre vertueusement. Elle n’est en aucun cas une promotion sociale ou un moyen de domination sur les autres. C’est pourquoi cette autorité doit toujours s’exercer dans les limites de la morale exprimée dans le Décalogue. Le gouvernement doit donc servir le bien commun. Il doit, selon la doctrine de saint Thomas d’Aquin, instituer une société où l’on respecte le Décalogue, maintenir les personnes dans ce respect et enfin aider les personnes à progresser dans le bien. Pour cela, il doit faire respecter la justice, mais la justice demande d’être complétée par la solidarité et la charité. Le principe de solidarité s’oppose à tout individualisme ; le principe de subsidiarité s’oppose à tout totalitarisme et collectivisme. Le principe de subsidiarité relève de la justice. Il a pour objectif de faire participer le plus possible les membres d’une communauté, selon leur capacité, à la réalisation du bien commun, en déléguant les responsabilités et les pouvoirs correspondants.

La désobéissance est toujours quelque chose de dangereux à cause des conséquences qu’elle entraîne pour l’ensemble de la société. C’est pourquoi le Catéchisme de l’Église Catholique est très ferme à ce sujet en nous disant : “Le citoyen est obligé en conscience de ne pas suivre les prescriptions des autorités civiles quand ces préceptes sont contraires aux exigences de l’ordre moral, aux droits fondamentaux des personnes ou aux enseignements de l’Évangile. Le refus d’obéissance aux autorités civiles, lorsque leurs exigences sont contraires à celles de la conscience droite, trouve sa justification dans la distinction entre le service de Dieu et le service de la communauté politique. ‘Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu’ (Mt 22, 21). ‘Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes’ (Ac 5, 29). Si l’autorité publique, débordant sa compétence, opprime les citoyens, que ceux-ci ne refusent pas ce qui est objectivement demandé par le bien commun. Il leur est cependant permis de défendre leurs droits et ceux de leurs concitoyens contre les abus de pouvoir, en respectant les limites tracées par la loi naturelle et la Loi évangélique. La résistance à l’oppression du pouvoir politique ne recourra pas légitimement aux armes, sauf si se trouvent réunies les conditions suivantes : en cas de violations certaines, graves et prolongées des droits fondamentaux ; après avoir épuisé tous les autres recours ; sans provoquer de désordre pires ; qu’il y ait un espoir fondé de réussite ; s’il est impossible de prévoir raisonnablement des solutions meilleures” (n.2242-2243). Cependant la désobéissance aux autorités ne doit porter que sur ce qui est contraire aux préceptes divins, mais pour le reste, il n’y a aucune raison de ne pas se soumettre. Le Concile Vatican II rappelle que “Si l’autorité publique, débordant sa compétence, opprime les citoyens, que ceux-ci ne refusent pas ce qui est objectivement requis par le bien commun ; mais qu’il leur soit cependant permis de défendre leurs droits et ceux de leurs concitoyens contre les abus du pouvoir, en respectant les limites tracées par la loi naturelle et la loi évangélique” (Gaudium et spes, n.74, 5).

Si nous reprenons les devoirs objectifs d’un état séparé de l’Église, nous trouvons en premier lieu le devoir de permettre à toute personne d’exercer sa liberté de conscience, sa liberté d’adorer Dieu selon sa conscience et de vivre en conformité avec les lois de son culte tant que celles-ci ne son pas contraire à l’ordre public. Le second devoir de l’État est de maintenir et de sauvegarder l’ordre public, ce qui inclus le droit et le devoir de se défendre contre d’éventuels énnemis tant à l’extérieur du pays qu’à l’intérieur de celui-ci. Ce devoir permet ainsi à l’État de se défendre contre ses agresseurs en employant des moyens proportionnés (armée, police, prison, etc.). Le troisième grand devoir de l’État est de protéger la famille dans laquelle la vie est transmise. Dès que la famille est fragilisée, c’est tout l’État qui est fragilisé. Le quatrième grand de voir de l’État est de protéger et favoriser la propriété privée en veillant à une juste répartition des biens suivant le principe de distination universelle des biens. Le cinquième devoir de l’État est d’intervenir, si le besoin s’en fait sentir, dans la vie économique pour éviter les abus et ainsi être toujours au service des personnes les plus humbles et les plus exposées aux injustices.

Nous pouvons conclure avec le Catéchisme de l’Église Catholique : “Les pouvoirs politiques sont tenus de respecter les droits fondamentaux de la personne humaine. Ils rendront humainement la justice dans le respect du droit de chacun, notamment des familles et des déshérités. Les droits politiques attachés à la citoyenneté peuvent et doivent être accordés selon les exigences du bien commun. Ils ne peuvent être suspendus par les pouvoirs publics sans motif légitime et proportionné. L’exercice des droits politiques est destiné au bien commun de la nation et de la communauté humaine. Ceux qui sont soumis à l’autorité regarderont leurs supérieurs comme représentants de Dieu, qui les a institués ministres de ses dons : ‘Soyez soumis, à cause du Seigneur, à toute institution humaine… Agissez en hommes libres, non pas en hommes qui font de la liberté un voile sur leur malice, mais en serviteurs de Dieu’ (1 Pe 2, 13. 16). Leur collaboration loyale comporte le droit, parfois le devoir d’exercer une juste remontrance sur ce qui leur paraîtrait nuisible à la dignité des personnes et au bien de la communauté. Le devoir des citoyens est de contribuer avec les pouvoirs civils au bien de la société dans un esprit de vérité, de justice, de solidarité et de liberté. L’amour et le service de la patrie relèvent du devoir de reconnaissance et de l’ordre de la charité. La soumission aux autorités légitimes et le service du bien commun exigent des citoyens qu’ils accomplissent leur rôle dans la vie de la communauté politique. La soumission à l’autorité et à la co-responsabilité du bien commun exigent moralement le paiement des impôts, l’exercice du droit de vote, la défense du pays” (n.2237-2240).

Père Marc Antoine FONTELLE