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Avec le diacre Ulysse, les responsables des relais vocations de la Rivière et la communauté Famille Marie Jeunesse, une journée de louange, d’enseignement, de partage, de témoignage et d’adoration vous est proposée à l’église des Makes le samedi 25 novembre 2017. Démarrage de la journée à 9h 00, messe à 16h 00. Venez nombreux…

N’hésitez pas à cliquer sur l’affiche ci après pour la voir en gros plan…




Georgette Marsan nous a quittés…

Ce samedi 19 août, au jour de son anniversaire, Georgette Marsan est arrivée tôt à la Maison Diocésaine, avec toute l’équipe de service du groupe Cycle Long St Denis Samedi, en vue de la rencontre qui devait avoir lieu en ce jour. De violents maux de tête se sont déclenchés alors qu’elle préparait la Prière des Laudes. Le Samu l’a transférée à l’hôpital de Bellepierre, puis à celui de St Pierre, mais hélas, malgré une opération, la rupture d’anévrisme avait déjà fait trop de dégâts… Discrète, active, souriante, paisible, toute donnée au service de ses frères, Georgette nous disait tout récemment à quel point elle était heureuse d’avoir trouvé sa place dans l’Eglise. Nul doute que le Seigneur l’a accueillie dans la grande salle du Royaume, mais cette fois, c’est Lui qui a tout préparé pour elle… Cadeau d’anniversaire… Mais toute l’équipe ici ne peut que regretter son départ et être plongée dans la tristesse… Pense de temps en temps à nous Georgette, prie pour notre conversion, et pour que l’équipe Cycle Long puisse porter le maximum de fruits possible, pour l’annonce de l’Evangile, pour le vrai Bonheur du plus grand nombre…

                                                                                        D. Jacques Fournier

 

Georgette est au milieu………………………………………………………. et ici, à droite………….




P. Louis Dattin : 60 ans d’ordination sacerdotale. Homélie de Mg Gilbert Aubry

Ouverture

Aujourd’hui, en ce jour de la Transfiguration, nous voici rassemblés pour célébrer la résurrection du Seigneur, pour prier aussi pour l’avènement des cieux nouveaux et de la terre nouvelle. Nous rendons grâce à Dieu pour notre baptême, pour le mystère de la Foi qui est la source de notre espérance et de notre amour pour que le Seigneur, à travers nous, transfigure déjà notre vie de tous les jours.

Dans notre action de grâce, nous prions plus spécialement pour le Père Louis Dattin, jésuite, qui, cette année, célèbre des anniversaires importants : 92 ans de naissance, 72 ans de cheminement avec ses compagnons jésuites, 60 ans d’ordination sacerdotale, 33 ans de vie apostolique à La Réunion, 20 ans de paroisse de Notre Dame de la Délivrance. Au total, cela fait 205 ans en valeur apostolique, vie bien remplie et belle à la suite du Christ. Evidemment, cela ne s’additionne pas, tranche de vie après tranche de vie. Les différentes périodes chevauchent sur la durée de sa vie, de son engagement avec ses compagnons jésuites, avec le déploiement de son ministère presbytéral. L’ensemble fait un beau bouquet de fleurs spirituelles variées. Si quelques fleurs, comme les roses, ont des épines, c’est pour rendre les fleurs plus belles et éloigner les chenilles. Ensemble rendons grâce pour la vie et les ministères accomplis par le Père Louis Dattin.

 

Homélie

 

Nous avons écouté l’Evangile de la Transfiguration. Il est plus facile pour nous d’approfondir le sens de cet événement que pour les gens et tous les disciples qui ont vécu immédiatement après l’événement. Pourquoi ? Parce que nous avons plus de recul, parce qu’après la Transfiguration, il y a eu la Résurrection, la Pentecôte, le développement missionnaire de l’Eglise et la vie dans l’Esprit Saint, avec notre vie de tous les jours.

 

Reprenons le passage de l’Evangile de Matthieu et resituons le contexte des relations des disciples de Jésus avec leur maître. Jésus enseigne ses disciples sur les « signes des temps » après avoir nourri sept mille hommes avec sept pains et quelques petits poissons. Evidemment, les gens sont épatés par les miracles de Jésus. Tout juste s’ils ne lui réclament pas encore plus du pain, des sous, des jeux. Du football plein la vue. Des joueurs à deux-cent-vingt-deux millions d’euros. Ça c’est pour aujourd’hui. Mais toutes les foules de tous les temps se ressemblent. Centrées sur leurs désirs et la satisfaction immédiate de leurs besoins et de leur curiosité, ils réclament plus, encore plus. « Donnez-nous du merveilleux quitte à nous éloigner de l’essentiel ». La Parole de Jésus tombe : « Génération mauvaise et adultère qui réclame un signe ! En fait de signe, il ne lui sera pas donné d’autre signe que Jonas ». Jésus les plante là et il part. Jonas ! C’est une vieille histoire que celle de cette baleine avec un bonhomme qui passe trois jours dans son ventre et qui revient à la vie. Mais Jésus, lui, y voit l’annonce de sa propre passion, de sa mort et de sa résurrection. Les gens ne comprennent pas. Ils ne peuvent pas encore comprendre.

 

Ensuite Jésus interroge ses disciples par la question : « Au dire des hommes, qui est le Fils de l’Homme », c’est-à-dire qu’est-ce qu’on dit de moi ? Réponse, ils disent que tu es « Jean-Baptiste, Jérémie, Elie ou un prophète ». Et il y a la question de Jésus qui veut dire « ce n’est pas ce que disent les autres qui m’intéressent. Vous là, qui dites-vous que je suis ? » Alors Simon Pierre de dire « Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant ». Simon est changé, métamorphosé « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise et la puissance de la Mort ne pourra rien contre elle ». L’Eglise est fondée. Pierre a une mission. Il devra tenir tête au Malin et à ses œuvres. Et voilà déjà que le Malin est à l’œuvre. Jésus annonce sa passion et sa résurrection, qu’il doit beaucoup souffrir et être mis à mort et ressusciter. Pierre ne comprend pas. Il réprimande Jésus. « Non ce n’est pas possible. Dieu t’en préserve, Seigneur, cela ne t’arrivera pas ». « Retire-toi derrière moi Satan » lui dit Jésus. Jésus traite son apôtre de Satan ! La réprimande est sévère. Les gens ne comprennent pas. Pierre n’a pas encore compris. Alors Jésus va plus loin et plus profond dans son enseignement : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix et qu’il me suive » (Mth 16,24).

Et voilà. Jésus qui sait tout veut préparer quelques disciplines à comprendre qu’il lui faut passer par la croix pour ressusciter. Il veut que Pierre, Jacques et Jean comprennent déjà par avance, par anticipation, le chemin, le chemin de croix, la crucifixion, la mort, la mise au tombeau, la descente aux enfers qu’il va vivre. Tout cela pour entrer dans la gloire de la Résurrection. Alors, Jésus, avant de prendre le chemin de Jérusalem, prend l’initiative d’appeler Pierre, Jacques et Jean, de les prendre avec lui. Où est-ce qu’ils vont ? Sur une haute montagne, une montagne élevée. Souvenez-vous des trois tentations au désert. Souvenez-vous de la montagne de l’Ascension. Donc il faut marcher. Donc il faut progresser. Donc il faut se laisser élever par la marche, quitter les remue-ménages, les papotages, les da-dit-la-fait de ce qui croient savoir. Se mettre à l’écart, aller en profondeur pour prendre de la hauteur. Ils suivent Jésus par amour puisqu’ils sont choisis spécialement par amour – Pierre, Jacques et Jean – pour être avec Jésus et ensuite accomplir une mission particulière : « Etre les témoins oculaires de l’événement ». C’est Jésus le guide « Il les emmène ». Il connaît le chemin puisque c’est lui-même « le Chemin, la Vérité et la Vie ». Il connaît le but, la transformation de ses disciples, la transfiguration de ses disciples par sa transfiguration à Lui, par sa métamorphose.

Alors, qu’est-ce qui se passe ? « Son visage resplendit comme le soleil, ses vêtements devinrent blancs comme la lumière » (Mth 17, 2). Cela ne suffit pas. Voilà que Jésus métamorphosé, transfiguré est entouré par Moïse et Elie. Il y a là avec Jésus, en Jésus, le sommet de l’élévation spirituelle en Dieu, tout se condense en Jésus : la Loi et les prophètes. Pierre, toujours actif, manifeste la joie et l’attention, la sienne et celle de Jacques et de Jean. C’est formidable ce moment de plénitude. « Si tu le veux, je vais dresser trois tentes. On est bien ici. Il y aura une tente pour toi, une pour Elie, une pour Moïse ».

Et puis l’événement se déploie encore plus : « Une nuée lumineuse les recouvre ». Il n’y a plus besoin de tente, plus besoin d’abri. Ils sont tous ensemble : Jésus, Moïse, Elie, Pierre, Jacques et Jean. Ils sont dans la lumière. Rappelez-vous le peuple de Dieu guidé par la nuée et ce peuple s’avance dans un immense désert. Une voix se fait entendre « Celui-ci est mon Fils bien aimé, Celui qu’il m’a plus de choisir, écoutez-le ». Si la voix dit « C’est mon Fils », cela veut dire que c’est le Père qui parle. Dieu parle aux hommes et leur donne son Fils qui est « La Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu ». Dieu parle en présence de Celui qui a dit « Je suis la Lumière du Monde », en présence du Verbe fait chair et qui sera crucifié, Dieu crucifié dans la chair de son Fils. Alors Pierre, Jacques et Jean sont comme écrasés par le poids du mystère, « saisis de crainte, ils tombèrent la face contre terre ». Il y a de quoi. Jésus, le Messie, le grand Prophète, l’Unique, Celui qui doit être écouté, le Prince de la Paix, s’approche, les touche et leur dit « Relevez-vous, soyez sans crainte ». Alors ils osent lever les yeux et « ils ne virent plus personne, sinon, lui, Jésus, seul ». Jésus qui sera crucifié et ressuscité devient leur boussole, leur guide, leur Maître. Dieu né de Dieu dans la chair humaine de la chair de Marie. La transfiguration est l’annonciation de la résurrection, elle est la manifestation anticipée de la résurrection pour aider les disciples à comprendre la puissance de la croix glorieuse de Jésus.

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ, nous avons tous nos épreuves, nos drames, nos chemins de croix. Aujourd’hui Jésus ressuscité nous dit d’une manière ou d’une autre dans notre cœur : « En tant que Verbe fait chair et avec ma chair de ressuscité, dans le souffle de l’Esprit recréateur, je ne vous laisse pas seuls. Je suis avec vous tous les jours. Vos souffrances sont mes souffrances. Je suis passé par la souffrance et moi, Dieu fait homme, j’ai perdu toute apparence humaine. Que d’humiliations, d’ignominies, de coups n’ai-je pas subi. Je connais tes souffrances mais je veux que tu connaisses la lumière de ma résurrection. Je t’offre ta transfiguration intérieure, le souffle de l’Esprit pour que tu aies la force de lutter, d’avancer, de progresser, de t’élever, en aidant les autres à lutter contre la souffrance, à ne pas désespérer. Toi-même écoute-moi. Médite mes paroles. Laisse-moi m’approcher de toi. Parle-moi. Dis-moi tout. Tu trouveras toujours telle ou telle croix. Mais avec moi qui porte ta croix avec toi, ta croix deviendra glorieuse. Laisse-moi te toucher. Relève-toi et sois sans crainte. Je veux te transfigurer par la puissance de ma résurrection et par toi, je veux transfigurer les autres et préparer l’Humanité à l’avènement des cieux nouveaux et de la terre nouvelle. Toi, sois prêt. Vous, soyez prêts car vous ne savez ni le jour ni l’heure. Gardez ma Parole. Avec saint Pierre « (fixez) votre attention sur elle, comme une lampe brillant dans un lieu obscur, jusqu’à ce que paraisse le jour et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs ».

Oui, Seigneur Jésus, nous croyons en Toi, nous avons confiance en toi. Viens Seigneur Jésus, viens nous t’attendons. Viens changer nos cœurs, viens changer nos vies. Viens nous transfigurer. Viens faire les cieux nouveaux et la terre nouvelle. Maranatha, viens Seigneur Jésus !

 

                                                                            Monseigneur Gilbert AUBRY

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P. Louis Dattin – Août 2017




« HIER, AUJOURD’HUI ET DEMAIN » – Homélie de Mgr Gilbert Aubry pour les 125 ans du diocèse des Seychelles

 

Dans un monde où la violence se déchaîne, où les conflits semblent ne plus finir, où les guerres font tant de morts, regardons comment la parabole de l’ivraie et du bon grain peut nous aider à devenir d’efficaces artisans de paix. Aujourd’hui.

Tout d’abord, reconnaissons que lorsqu’un sérieux imprévu ou un événement dramatique, un décès brutal, une catastrophe naturelle nous tombent dessus, nous pouvons être révoltés. Nous pouvons murmurer ou crier :

Bon Dié qui ça ou l’est ?

Bon Dié où ça ou l’est ?

Bon Dié quo ça ou fait ?

Nous comprend pu arien.

Ou bien si quelqu’un nous embête trop, s’il nous casse les pieds comme on dit, alors si on pouvait, on lui casserait la figure. Evidemment, ce n’est pas comme ça que l’on va construire la paix. On va plutôt déclencher la guerre.

Prudence – patience – humilité

Dans la parabole de l’ivraie et du bon grain, quand les serviteurs viennent proposer à leur maître d’arracher l’ivraie pour que le blé pousse bien, le maître dit « Non » parce qu’on pourrait arracher le blé en même temps. Il ferait alors le jeu de l’ennemi qui est un méchant, un malin, un vicieux. L’ennemi a travaillé la nuit pendant que tout le monde dormait. L’ennemi a semé l’ivraie au milieu du blé et quand les petites graines de l’ivraie tombent dans la terre à côté des petites graines de blé, on ne peut pas les distinguer. Il faut que cela pousse pour voir la différence. Cet ennemi calcule son coup de loin pour des conséquences lointaines et désastreuses. Mais le maître qui a semé le bon grain apprend à ses bons serviteurs à être intelligents. On va veiller sur les jeunes pousses de blé. Alors quand elles auront donné des épis, on va d’abord arracher l’ivraie et la brûler. Puis on pourra cueillir les tiges de blé avec les épis, refaire les semailles pour une autre récolte et faire de la farine et puis du pain, fruit de la terre et du travail des hommes. L’ennemi est pris à son propre piège parce que celui qui a semé le bon grain n’est pas tombé dans son piège. L’ennemi voulait tout brouiller dans le champ et les serviteurs pourtant bien intentionnés auraient pu tout détruire par la précipitation. La prudence et la patience du maître du champ porteront du fruit. Il se situe aussi dans l’humilité parce qu’Il sait que la croissance de son blé, le soleil, la pluie et le vent, la bonne saison avec le risque d’une mauvaise saison demandent du temps et qu’Il respecte le temps, Lui qui est le maître du temps. Parce qu’il est la vie.

Jésus fait comprendre aux disciples – et il nous fait comprendre maintenant – que c’est Lui le maître du champ c’est-à-dire du monde. C’est Lui qui fait pousser ensemble l’ivraie et le bon grain sous le soleil du Bon Dieu. C’est Lui-même qui affirme « Au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs, enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier » (Mth 13, 1, 24, 43). C’est Lui-même qui le dit : « L’ennemi c’est le diable ; la moisson c’est la fin du monde ».

Aujourd’hui, ce n’est pas encore la fin du monde mais nous sommes déjà dans la fin d’un monde. Les derniers temps sont déjà commencés. Nous aspirons à un monde nouveau avec des cieux nouveaux et une terre nouvelle. Avec la foi de l’Eglise exprimée dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique, nous pouvons affirmer : « Depuis l’Ascension, l’avènement du Christ dans la Gloire est imminent même s’il ne nous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa seule autorité. Cet avènement (eschatologique) peut s’accomplir à tout moment, même s’il est retenu lui et l’épreuve finale qui le précèdera » (§ 673). C’est bien là la source de notre espérance en ce grand jubilé des 125 ans du diocèse de Port-Victoria.

La bonne semence dans le bon champ

L’Eglise et l’Evangile viennent toujours d’ailleurs. Tout comme le peuplement de nos îles, tout comme le peuplement des Seychelles. Les navigateurs, les colons, les commerçants, les militaires voyagent et s’installent avec leur religion. Même si la France prend officiellement possession des îles qui deviennent Seychelles en 1756, ce n’est que le 27 août 1770 que débarquent les vingt-six premiers habitants. Ils s’installent à Sainte-Anne sous les ordres du commandant Delaunay. En 1811, les Seychelles deviennent colonie britannique et dépendent du gouverneur de l’île Maurice. En 1832, le pasteur anglican Norton est envoyé de Maurice pour fonder l’Eglise anglicane. Mais il ne va pas rester longtemps. 1838 : libération des esclaves.

La mission catholique devra son implantation ici grâce au Père Léon des Avanchers. C’est une bonne semence qui est tombée dans le bon champ. On peut se demander ce qui a pu pousser ce capucin savoyard suisse à travailler au Yémen, en Ethiopie, en Inde… peut-être un certain goût de l’aventure mais certainement son amour du Christ et de l’Eglise et la certitude que l’Evangile est vraiment la Bonne Nouvelle pour tous les êtres humains. En 1851, il passe aux Seychelles. En 1852, Rome structure la chrétienté catholique des Seychelles en Préfecture apostolique avec Léon des Avanchers comme vice-préfet en 1853. Il y aura donc une séparation d’avec le diocèse de Port-Louis (île Maurice). Léon des Avanchers quittera les Seychelles en 1855. Il aura construit la première église sur la colline de la Rosière et consacré les îles à la Vierge Marie, l’Immaculée Conception. En 1853, arrivent aussi les premiers Capucins. La mission catholique est inaugurée officiellement le 21 septembre 1853. En 1864, la Mision des Seychelles est officiellement confiée aux Capucins de Savoie. En 1880, la chrétienté des Seychelles devient Vicariat Apostolique avec la nomination de Mgr Ignace Galfione de Villafraca comme premier vicaire apostolique. Puis viendra Mgr Symphorien Mouard qui sera vicaire apostolique de 1882 à 1889.

Enfin, la chrétienté des Seychelles est érigée en diocèse le 21 juillet 1892. Les amis, cela fait deux jours le 21 juillet 2017 que votre diocèse de Port-Victoria a 125 ans. Alors, qu’est-ce qu’on chante ? « Happy birthday to you my church ».

Alors viennent les évêques suivants :

  • Mgr Marc Hudrisier, premier évêque (1892-1920)

  • Mgr Bernardin Clark, deuxième évêque (1910-1915)

  • Mgr Jean-Damascène Lachavanne (1916-1920)

  • En 1920, nous avons la fin de la mission des Capucins de Savoie et le début de la mission des Capucins de Suisse romande.

  • Mgr Justin Gumy, Capucin suisse, va succéder à Mgr Lachavanne. Il sera évêque de Port-Victoria de 1921 à 1934.

  • Mgr Ernest Joye de 1934 à 1937

  • Mgr Olivier Maradan de 1937 à 1972. Cela fait 80 ans que Mgr Maradan a été nommé évêque du diocèse et il a été votre évêque pendant 35 ans. C’est certainement l’évêque qui a engagé une mutation profonde du diocèse de par la durée de son épiscopat et par la mise en œuvre de l’enseignement et des directives du Concile Vatican II, Concile dont les sessions se sont déroulées de 1962 à 1965. C’est pendant ce Concile qu’une amitié s’est développée entre Mgr Maradan et Mgr Guibert, évêque de La Réunion.

  • 1972 1975 : Mgr Gervais Aeby assura l’intérim et continua l’application du Concile.

  • Mgr Félix Paul évêque de 1975 à 1994. Il est le premier évêque seychellois. Pendant les 19 ans de son épiscopat, comme Mgr Denis Wiehe écrit dans sa lettre pastorale de 2017, « avec Mgr French Chang Him, évêque seychellois de l’Eglise anglicane, ils feront route ensemble pour annoncer l’Evangile et dénoncer les injustices, tout en souhaitant que le Gouvernement « prenne davantage cas des aspirations profondes du peuple, aspirations matérielles mais surtout spirituelles qu’il oublie trop souvent ». Suite à des ennuis de santé, il a démissionné en 1994. Décédé le 21 novembre 2001, il est inhumé dans la cathédrale.

  • 1994 – 1995 : j’ai été administrateur du diocèse.

  • 1995 – 2002 : Mgr Xavier Baronnet, jésuite français missionnaire en Afrique, dans les îles du Pacifique et à La Réunion. Secrétaire de la Zone Pastorale des petites îles de l’océan Indien. Mise en place de la CEDOI. Premier secrétaire de la CEDOI. En 1998, il préside la fusion de la Congrégation des Sœurs de Sainte Elisabeth et des Filles de Marie de La Réunion. Il participe à la traduction du N.T en créole. Il restaure la cathédrale. Il y a l’arrivée des prêtres Spiritains aux Seychelles, le Mémorandum avec l’Etat concernant les écoles catholiques. Puis à 75 ans, il démissionne.

  • 2002 : Mgr Denis Wiehe. Vous le connaissez ! Moi aussi. Il est Mauricien d’origine, spiritain. Il a occupé de hautes fonctions au Conseil Général des Spiritains à Rome et connait bien la situation de l’Eglise dans beaucoup de pays qu’il a visités comme responsable spiritain. Il est devenu Seychellois avec vous, les Seychellois à tel point que l’honneur lui a été fait de recevoir la « nationalité seychelloise ». Il a été président de la CEDOI, un indianocéanien convaincu. Il porte un amour profond à son diocèse, à votre diocèse.

Chers amis Seychellois, votre évêque actuel vous a donné déjà quinze années de sa vie comme pasteur. Dans le très bel album réalisé par Gabriel Hoarau et Sheila Montano « Brève Histoire du Diocèse de Port-Victoria », Mgr Wiehe écrit en 2015 « (…) depuis le Père Léon des Avanchers jusqu’à l’indépendance en 1976, l’Eglise des Seychelles a exercé un rôle de premier plan dans la vie et le développement du pays. Aujourd’hui, cette même Eglise est appelée à jouer un rôle différent, plus discret, mais quand même de grande importance car l’Eglise catholique est de loin la plus importante institution religieuse du pays. Une « nouvelle évangélisation » est demandée pour des temps nouveaux. L’Eglise est appelée à retourner à sa source première, c’est-à-dire à l’Evangile pour boire l’eau fraîche de la confiance au Christ et recevoir de lui sa joie et sa vigueur des premiers temps ».

La nouvelle évangélisation

Effectivement, quel chemin parcouru depuis le Père Léon des Avanchers de 1851 à 1855. Aujourd’hui, le temps où l’Eglise catholique était considérée comme dépendant d’une congrégation missionnaire est terminé. Vous êtes déjà passés de la chrétienté débutante à l’organisation de la Préfecture Apostolique en 1852, votre chrétienté a été érigée en diocèse en 1892. Vous faites partie de la Conférence épiscopale d’océan Indien érigée en 1985. A la demande des responsables du diocèse (The board of trustees), l’enregistrement civil du diocèse par la République des Seychelles a changé de nom. Le nom officiel de « Mission Catholique » est devenu « Eglise Catholique ». Cela montre à la fois le travail accompli, la reconnaissance par les pouvoirs publics d’une institution logistique seychelloise et la nécessité d’une écoute mutuelle et d’un partenariat pour le bien humain, moral et spirituel de la même population dans le respect des compétences de chaque institution. Ce changement de statut a été acté par l’Assemblée Nationale et constitue un amendement de l’acte de l’an 2000. Cela veut dire qu’aujourd’hui, plus que jamais, l’Eglise Catholique aux Seychelles dépend avant tout de la vitalité et de l’engagement actif de tous ses membres.

Excellence, cher Denis, dans ta lettre pastorale 2017, tu as pris soin déjà de souligner ce qui te parait essentiel pour la mission de l’Eglise Catholique pour que le défi de la nouvelle évangélisation puisse être porté plus loin. Tu as noté la « mission en interne » avec le travail à accomplir dans la liturgie, dans la formation, dans l’unité et la solidarité dans l’Eglise elle-même. Pour ce qui est de la « Mission vers l’extérieur », tu as noté : l’ouverture aux Eglises régionales et continentales, les œuvres sociales du diocèse, l’ouverture à la société civile, l’ouverture à nos frères et sœurs des autres Eglises et Religions, le travail avec le « Seychelles Evangelical Alliance ». Ainsi tu soulignes en interne et en externe la persévérance pour l’approfondissement et l’application de Vatican II. Le diocèse de Port-Victoria est en état de marche, en pleine créativité apostolique. J’ai compté cinquante-six œuvres, mouvements et services diocésains.

Quand dans nos îles de l’Indianocéanie et aux îles Seychelles, l’action apostolique se complexifie, que des difficultés surgissent, que des conflits peuvent éclater, il est nécessaire pour nous de développer une culture du dialogue qui nous fait si souvent défaut. Souvent les ouvriers de l’Evangile sont plus sur la manière de défendre leurs idées que sur la compréhension des personnes pour voir comment faire avancer les missions qui leur sont confiées pour le bien de l’ensemble. « C’est alors que dans l’Evangile d’aujourd’hui, l’ivraie et le bon grain, Jésus nous donne sa réponse toute simple et merveilleusement limpide : tout d’abord on s’en doutait, le mal ne vient pas de Dieu qui n’a semé que du bon grain dans le champ du monde mais tout le mal ne vient pas du cœur de l’homme. Le mal existe avant et il est plus profond. (L’ennemi, le Satan). Pour Jésus, c’est clair et net. L’homme lui-même est victime de ce que Jésus appelle « le mauvais », le Mal indiqué dans la prière du « Notre Père » « Délivre-nous du Mal ». Comme il nous est bon d’apprendre cette révélation. Au-delà de nos faiblesses, à la racine de nos péchés, il y a une puissance dont nous ne sommes pas totalement responsables et qui agit sournoisement « pendant que les gens dorment » dit Jésus. Alors que le blé a été semé en pleine clarté du jour, l’ivraie est semée en cachette en profitant lâchement d’un moment de relâchement ou d’un moment d’inconscience. N’est-ce pas une expérience que nous faisons souvent ? Le Mal s’infiltre sournoisement dans notre vie et souvent à notre insu : nous ne nous en apercevons qu’après coup. C’est Jésus qui nous le dit et ainsi il réhabilite notre dignité profonde. Nous ne sommes pas si mauvais que nous en donnons parfois l’image. Le pécheur est d’abord une victime. Si Dieu n’extermine pas les méchants, c’est qu’Il garde au fond du cœur l’espoir qu’ils vont finir par se convertir. » (cf. P. Dattin, 16e dim ord., A)

Le combat spirituel

Alors, chers amis, il ne s’agit pas de s’endormir mais de mener un combat spirituel intense, jour après jour. Pas question non plus de se crisper ou de s’enfermer dans un combat volontariste. Il s’agit de vivre au cœur à cœur avec le Christ qui nous dit de « prier pour ne pas entrer en tentation », de nous donner totalement au Christ qui est « le chemin, la vérité et la vie » de notre vie. De ta vie. Il nous conduit à Dieu Notre Père. Et Il nous dit aussi qu’il y a plusieurs demeures dans la maison du Père. Oui, il nous faut prier et prier avec la Parole de Dieu, avec les dix paroles de vie données à Moïse et dont Josué et l’Eglise deviendront les héritiers. Souvenons-nous toujours des paroles du Seigneur dites à Josué, paroles que avons entendues tout à l’heure en anglais : « Je serai avec toi comme j’étais avec Moïse, je ne te délaisserai pas, je ne t’abandonnerai pas. Sois fort et courageux. Oui sois fort et très courageux. Veille à agir selon toute la loi que t’a prescrite Moïse mon serviteur. Ne t’en écarte ni à droite, ni à gauche afin de réussir partout où tu iras. Ce livre de la loi ne s’éloignera pas de ta bouche. Tu le murmureras jour et nuit, afin de veiller et agir selon tout ce qui est écrit, car alors tu rendras tes voies prospères, alors tu réussiras » (Josué 1, 1 à 4).

Nous retenons, dans l’Alliance de Dieu avec l’Humanité, « sois fort et très courageux. Tu rendras tes voies prospères ». La Parole de Dieu est Lumière, elle est Miséricorde et Salut, elle est créatrice au souffle de l’Esprit recréateur. La Parole veut faire des activités humaines une immense eucharistie, une messe sur le monde au cœur de nos activités quotidiennes. Nous ne sommes pas des rabat-joie, des nostalgiques de la case en paille et de la lampe à pétrole. Nous sommes de notre temps, nous utilisons le numérique, nous sommes accueillants et vigilants sur toutes les évolutions technologiques qui non seulement viendraient au secours des hommes pour les réparer mais celles aussi qui pourraient les augmenter, les faire passer à un transhumanisme qui les réduirait en robots ou en ferait des esclaves. Nous refusons d’être déshumanisés. Nous sommes des veilleurs. Nous sommes des guetteurs, nous sommes des artisans de paix. Nous voulons vivre dans la vérité du Christ. Nous voulons vivre dans la beauté du Christ. Nous voulons vivre de la beauté du Christ.

C’est un immense combat qui est devant nous. Nous vivons dans notre temps « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de notre temps ». Mais nous savons que tout ce que nous donne la nature, tout ce que notre intelligence étudie et transforme, toutes les technologies qu’on n’a pas fini de découvrir, tout cela est un cadeau de Dieu à utiliser dans le souffle de l’Esprit Saint pour l’humanisation de l’homme, pour la gloire de Dieu. Tout cela « nous le retrouverons plus tard, mais purifiés de toute souillure, illuminés, transfigurés, lorsque le Christ remettra à son Père le Royaume éternel et universel ». « Dieu sera alors tout en tous » (1 Co 15-28) (Cat. E.C. § 1050). A partir de la vie de tous les jours, nous fabriquons de la vie éternelle. Dieu ne vieillit pas. C’est la jeunesse éternelle de Dieu qui nous arrive et qui nous attend.

Et toi, jeune ?

Aussi, dans la grâce de ce jubilé des 125 ans du diocèse de Port-Victoria, je m’adresse finalement à vous jeunes des Seychelles, à toi jeune fille seychelloise, à toi jeune homme seychellois, à vous, jeunesse de votre Eglise, à vous jeunesse de votre pays. Toi jeune, si tu aimes vraiment, garde en ton cœur, garde en ta mémoire cette fête d’aujourd’hui. Fais de ta vie une chanson, un poème, une danse pour Dieu. Vis ta vie avec Dieu. Cherche à réussir ta vie… Et que feras-tu de ta vie ? Souviens-toi que tu es fait pour la réussite de l’Amour. Ta vie ne sera réussie que si elle est pleinement humaine et pleinement divine à la fois. Cherche. Tu rêves d’une Eglise plus belle, tu rêves d’un monde plus beau. Ne rêve pas seulement, donne ta vie jour après jour.

C’est toi et tous ceux qui sont comme toi qui construiront une Eglise plus belle, un monde plus beau. Aime, aime avec le cœur du Christ ressuscité qui bat dans ta poitrine. Aime, aime jour après jour, aime pour toujours. N’aie pas peur de l’effort. Si tu aimes vraiment, si tu aimes d’amour, si tu es responsable de la vie, marie toi, fonde un foyer chrétien. Si tu aimes vraiment, si tu aimes d’amour, pourquoi ne serais-tu pas prêtre, diacre, religieux ou religieuse ? Ça vaut le coup de donner sa vie pour l’amour car l’avenir appartient à l’amour. Bonne route et bel avenir. Jésus a confiance en toi. Il t’aime. Laisse-toi aimer par lui. Avance. Suis-le. Le Seigneur Jésus t’aime. Toi, est-ce que tu l’aimes ? « Viens et suis-moi ». L’Eglise compte sur toi et tu peux compter sur elle. Oui, laisse chanter ta mémoire, laisse chanter ton cœur pour la gloire du Seigneur.

                                                                                       Monseigneur Gilbert AUBRY

                                                                                             Evêque de La Réunion

 




Prépare ta Pentecôte !

« Avec Abraham, Isaac et Jacob :

                                           Séparer pour Exister ! »

 

Messe à 17h 30 – Enseignement à 18h 15 

                                             par le P. Jean François LACO

Lundi 29 Mai : Assemblée de Prière du Renouveau

Mardi 30 Mai : Thème : Abraham ! Va, quitte ton pays…

Mercredi 31 Mai : Thème : Isaac : la coupure du lien paternel…

Jeudi 1° Juin : Thème : Jacob : du Combat à l’accueil du frère…

Vendredi 2 Juin : Veillée de Louange avec le Choeur

                                                               de la  Miséricorde divine…

Samedi 3 Juin : Fête de Ste Clotilde

17h 00 Messe solennelle de la Pentecôte

Dimanche 4 Juin : 7h 00 et 9h 00 Messe solennelle de Pentecôte…

Lundi 5 Juin : Rassemblement des groupes du Renouveau

                                                                                       au Chaudron…

Pour tout renseignement : PAROISSE STE CLOTILDE

84 Avenue de Lattre de Tassigny – 97490 Ste Clotilde

Tél : 0262 28 03 40 :

Mail : paroisse.steclotilde@yahoo.fr

 




Messe Christmale 2017 Homélie de Mgr Gilbert Aubry

« L’ESPRIT DU SEIGNEUR EST SUR MOI ! »(Isaïe 61,1)

 

La liturgie d’aujourd’hui nous a fait entendre deux passages de l’Ecriture presque pareils. Un passage du prophète Isaïe et un passage de l’Evangile selon saint Luc où Jésus reprend les paroles d’Isaïe. Il faut donc aller voir le texte d’Isaïe pour comprendre ensuite où Jésus veut nous conduire.

Isaïe, c’est 740 ans avant Jésus-Christ. Son pays, le Royaume de Juda est prospère, mais il y a l’étalement du luxe alors qu’une classe de propriétaires accapare toutes les terres et écrase les pauvres. Puis il y aura l’occupation du pays par l’Assyrie qui fera tomber Israël. Le prophète voit dans cette épreuve la colère de Dieu pour ramener le peuple dans le chemin de la fidélité. Isaïe, prophète, fera l’expérience de l’échec humain à la fin de sa vie (cf. TOB).

Jésus reprend les paroles d’Isaïe dans la synagogue de Nazareth, Nazareth où il avait grandi. Providentiellement, il tombe sur le texte d’Isaïe. Tout le monde l’écoute, dans l’admiration. Israël est sous l’occupation des Romains. Enfin un libérateur. Il est vraiment de chez nous. Félicitations. Hé, tu as fait des miracles à Capharnaüm, fais pareil chez nous ! Alors là, Jésus évite le piège de l’enfermement dans sa patrie et dans les flatteries. Il ne dépend de personne et va montrer que sa patrie c’est son Père Lui-même. L’Amour du Père n’a pas de limites, ce n’est pas seulement pour les enfants d’Israël mais pour les étrangers qui ne sont pas des étrangers pour Dieu : la veuve de Sarepta, Naaman le Syrien.

Et Jésus a dit juste auparavant « Aujourd’hui s’accomplit cette Parole de l’Ecriture que vous venez d’entendre ». Il réalise la bonne nouvelle proclamée par Isaïe. Ceux qui sont dans la synagogue font le rapprochement entre les compliments qu’ils ont adressés à Jésus et l’enseignement par Jésus de l’amour sans limite de Dieu. Dieu n’est pas pour un seul groupe, pour une seule bande, pour un parti, pour une collusion politico-religieuse. Il est pour que tous, par Lui, puissent connaître de quel amour ils sont aimés du Père. La synagogue se révolte. Ils jettent Jésus dehors et même en dehors de la ville. Ils veulent le tuer en essayant de le balancer dans le vide, du haut d’un escarpement.

Isaïe commence sa grande litanie de guérisons et de libération par « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction ». Jésus reprend la formule d’Isaïe, il reprend ses paroles. L’onction est une marque sur la personne pour dire un choix, une élection, une mission donnée par une autre personne. Mais l’expérience d’Isaïe et l’expérience de Jésus sont différentes. Jésus n’a pas besoin de recevoir une onction d’huile.

  • Souvenons-nous : Jésus a été conçu de l’Esprit-Saint en Marie qui a entendu les paroles de l’ange « L’Esprit Saint viendra sur toi et te couvrira de son ombre» (Lc 1,15).

  • Souvenons-nous : à son baptême « L’Esprit Saint descendit sur Jésus sous une apparence corporelle comme une colombe et une voix vint du ciel « Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré» (Lc 3,21-22).

  • Souvenons-nous des trois tentations : « Jésus, rempli d’Esprit Saint, a été conduit au désert, conduit par l’Esprit et il était tenté par le diable» (Lc 4,1-2). Et nous connaissons les réponses de Jésus au démon :

  • « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole sortie de la bouche de Dieu».

  • « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et c’est à Lui seul que tu rendras un culte».

  • « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu» (cf. Lc 4)

Avec Jésus « doux et humble de cœur »

Nous, dans cette église, aujourd’hui, nous entendons les paroles d’Isaïe. Nous entendons les paroles de Jésus. Nous sommes baptisés ou bien nous serons baptisés pendant la vigile pascale « Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». Nous sommes « remplis de l’Esprit Saint pour que ce soit Jésus qui vive en nous. Il est notre vie. « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (cf ; Gal 2,20). Par conséquent, nous avons à mener le même combat que Jésus, dans des contextes différents « Notre Père, que ton nom soit sanctifié, délivre-nous du Mal ».

Nous aussi nous disons, chacun de nous peut dire aujourd’hui « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction ». Mais pour mener le bon combat de la vie, le combat de la foi, le combat spirituel, il nous faut être fortifiés de plus en plus par l’Esprit Saint. Etape par étape, appel, appel décisif, scrutin, baptême, confirmation, eucharistie. Il nous faut être armés et vigilants avec le secours de nos frères et de nos sœurs de la terre, avec l’appui de la communion des saints, dans la grande famille Eglise à la suite du Christ qui nous dit :

« Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez le repos de vos âmes. Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger » (Mtth 11, 28-30).

« Doux et humble de cœur ». Jésus ne travaille pas au bulldozer de l’autoritarisme. Il est plutôt comme le soigneur des athlètes, des coureurs de fond, ces soigneurs qui utilisent des liniments, de l’huile spéciale pour assouplir les muscles, pour les fortifier. Et Jésus fait ce qu’il dit par l’Eglise. D’où l’utilisation de l’huile bénite ou consacrée pour adoucir, pour soulager, pour sanctifier, pour consacrer. Huile des malades, huile des catéchumènes, saint-chrême. Nous sommes à l’inverse de la magie qui manipule les divinités et aliène ceux qui la pratiquent. Nous sommes dans une démarche de foi où le Christ ressuscité lui-même construit son Eglise dans une tendresse et une miséricorde infinies, avec notre collaboration. Tous les baptisés ensemble forment un peuple de prêtres, de prophètes et de rois :

  • Peuple de prêtres pour unir la terre et le ciel. Que l’harmonie du ciel descende sur la terre.

  • Peuple de prophètes pour éclairer toute la vie à la lumière de la Parole de Dieu. Quand il n’y a plus de repères, nous avons nos repères.

  • Peuple de rois pour être libres de la liberté des enfants de Dieu. Nous refusons d’être les esclaves des passions mauvaises et des modes qui se démodent.

C’est pourquoi Paul VI a voulu faire de la messe chrismale la messe du peuple de Dieu, messe d’un peuple sacerdotal. « Vous serez appelés « Prêtres du Seigneur » ; on vous dira « Servants de Notre Dieu » (Isaïe 61,6)

 

Affirmer notre espérance

Dans ce peuple de croyants, ce peuple sacerdotal au cœur de notre peuple réunionnais, Dieu a voulu que certains membres soient ordonnés prêtres, consacrés pour rassembler les fidèles, pour proclamer la Parole, pour présider l’Eucharistie, pour pardonner les péchés, pour servir la mission de l’Eglise avec l’aide des diacres.

Chers frères prêtres, vous êtes d’origines diverses mais vous êtes tous prêtres de Jésus-Christ. Nous sommes tous prêtres de Jésus-Christ. C’est Lui notre référence absolue, Lui aimant, exigeant, miséricordieux. Nous avons dit oui à Notre Seigneur pour le suivre jusqu’au bout de l’amour. Jusqu’à la croix et la croix glorieuse. Notre époque est rude. On ne nous épargne rien. Et quand il arrive que l’un des nôtres tombe, nous sommes meurtris pour celui qui tombe, meurtris pour ceux qui sont tombés à cause de lui, meurtris pour l’Eglise dont le visage est défiguré, meurtris au plus profond de nous-mêmes. La suspicion peut s’installer dans les regards qui se posent sur nous. Quand cela arrive, nous sommes dans l’humiliation. Puisse-t-elle conduire à l’humilité.

Pensons que la sainteté ne consiste pas à être parfait mais à marcher vers la perfection en nous laissant aimer par le Christ non pas tels que nous le voudrions mais tels que nous sommes et tels qu’Il désire que nous soyons. Les difficultés, les contradictions, « rien ne peut nous séparer de l’amour du Christ » (Rm 8,39), amour du Christ pour chacun de nous, pour nous tous, pour l’Eglise son épouse, pour l’Humanité. Demandons à l’Esprit Saint de nous donner en permanence les sentiments du Christ pour sentir les événements par Lui, avec Lui et en Lui. Sentir avec l’Eglise « sentire cum Ecclesia ». En méditant l’épître aux Hébreux, pensons à celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle opposition contre lui, afin de ne pas nous laisser accabler par le découragement (cf. Heb 12,1-13). Et puis «  (…) sans fléchir, continuons à affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis. Veillons les uns sur les autres pour nous exciter à la charité et aux œuvres bonnes » (Heb 12, 1sq).

Que Dieu nous donne la grâce d’aimer le peuple qui nous est confié, avec sa culture, avec ses travers mais surtout ses possibilités. Ce peuple qui nous pèse parfois, mais ce peuple qui nous porte parce qu’il nous aime en aimant l’Eglise qui nous est confiée à nous tous ensemble : prêtres, diacres, religieux, religieuses, laïcs. Ce peuple qui est le corps du Christ. Et nous prêtres, que notre cœur de prêtre et notre regard soient aimants. Que nos attitudes soient accueillantes. Je pense aux paroles du pape François à propos de la messe chrismale (en 2014) : « Devenir de bons pasteurs à l’image de Jésus est quelque chose de trop grand, et nous sommes si petits… C’est vrai ! Nous sommes parmi les plus petits des hommes. C’est vrai, c’est trop grand ; mais ce n’est pas notre œuvre ! C’est l’œuvre de l’Esprit-Saint, avec notre collaboration. Il s’agit de s’offrir humblement soi-même, comme de l’argile à modeler, pour que le potier, qui est Dieu, la travaille avec l’eau et le feu, avec la Parole et l’Esprit. Il s’agit d’entrer dans ce que dit saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2,20). C’est uniquement comme cela que l’on peut être diacres et prêtres dans l’Église, uniquement comme cela que l’on peut paître le peuple de Dieu et le guider non pas sur nos voies, mais sur la voie de Jésus, ou plutôt, sur la Voie qu’est Jésus. »

Monseigneur Gilbert Aubry

Messe chrismale 2017 – En cliquant sur le titre précédent, vous accédez à l’homélie en format PDF.




Parcours St Pierre : « Parole et Vie »

Un dimanche par mois, pour lire en Eglise la Parole de Dieu, et accueillir, expérimenter, vivre avec elle « quelque chose » de la vie éternelle…

Thème d’année : « L’Esprit Saint et la Mission de l’Eglise »

 

Cette année, lors de la conclusion du Cycle Long au Collège St Michel, le dimanche 4 décembre, des secondes années ont proposé de mettre en place… une troisième année… Et à la pause, une participante du Sud m’a donné une feuille de papier sur laquelle elle avait rassemblé les noms d’une quinzaine de personnes qui étaient déjà partantes…

Mais en regardant très concrètement le nombre de formateurs disponibles et les rencontres supplémentaires que cela occasionnerait pour les six groupes de l’île, la conclusion ne pouvait que s’imposer : pour l’instant, impossible à mettre en œuvre… Cependant en tournant cet appel dans tous les sens, et en lisant la dernière Lettre Apostolique du Pape François, « Misericordia et misera », une idée s’est petit à petit imposée… Notre Pape écrit : « À travers l’Écriture Sainte, maintenue vivante dans la foi de l’Église, le Seigneur continue de parler à son Épouse et lui montre les chemins à parcourir pour que l’Évangile du salut parvienne à tous. Je désire vivement que la Parole de Dieu soit toujours davantage célébrée, connue et diffusée, pour qu’à travers elle, le mystère d’amour qui jaillit de cette source de miséricorde soit toujours mieux compris. C’est ce que rappelle clairement l’Apôtre : « Toute l’Écriture est inspirée par Dieu ; elle est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice » (2 Tm 3,16).

Il serait bon qu’un dimanche de l’année liturgique chaque communauté puisse renouveler son engagement à diffuser, faire connaître et approfondir l’Écriture Sainte : un dimanche entièrement consacré à la Parole de Dieu pour comprendre l’inépuisable richesse qui provient du dialogue permanent entre Dieu et son peuple. La créativité ne manquera pas pour enrichir ce moment par des initiatives qui stimuleront les croyants à être de vivants instruments de transmission de la Parole. Parmi ces initiatives, il y a certainement la diffusion plus large de la lectio divina, afin que la vie spirituelle trouve un soutien et les moyens de sa croissance dans la lecture priante du texte sacré. La lectio divina, sur les thèmes de la miséricorde, permettra de toucher du doigt quelle fécondité jaillit du texte sacré lorsqu’il est lu à la lumière de toute la tradition spirituelle de l’Église, et qu’il débouche nécessairement sur des gestes et des œuvres concrètes de charité ».

En mettant donc ensemble cet appel du Pape et la suggestion proposée le 4 décembre, nous avons pensé vous proposer le « Parcours St Pierre : Parole et Vie », en nous souvenant de ce passage en St Jean où Jésus demande à ses disciples, alors que beaucoup le quittaient :

« Voulez-vous partir, vous aussi ? »

Et Pierre répond au nom de tous :

« A qui irions-nous, Seigneur ? Tu as les Paroles de la Vie éternelle… » (Jn 6,68).

Ce parcours sera construit comme le Cycle Long : un dimanche par mois, pour lire en Eglise la Parole de Dieu, et accueillir, expérimenter, vivre avec elle « quelque chose » de la vie éternelle… Deux groupes seront créés : un dans le Nord, à la Maison Diocésaine, l’autre dans le Sud, à Gol les Hauts. Nous commencerons toujours notre journée par la prière des Laudes. Si un prêtre anime la rencontre, elle se terminera par la célébration de l’Eucharistie. Ce sera le cas dans le sud, le Père Loïc Prugnières ayant accepté l’aventure… Autrement, nous conclurons par la prière des Vêpres… Le Cycle Long ayant développé le Mystère du Christ, et donc Celui du Fils en relation avec son Père, et le Mystère de l’Eglise, nous prendrons comme thème d’année : « L’Esprit Saint et la mission de l’Eglise. » Ce thème pourra changer d’une année sur l’autre…

 

Les dates seront :

 

1 – Pour le Sud, au Centre Spirituel Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, à Gol les Hauts, de 8h 00 à 18h 00 maximum : les dimanches 12 mars, 2 avril, 7 mai, 11 juin, 10 septembre, 8 octobre et 12 novembre.

 

2 – Pour le Nord, à la Maison Diocésaine, 36 rue de Paris à St Denis, de 8h 00 à 18h 00 maximum, les dimanches 26 février, 26 mars, 30 avril, 21 mai, 25 juin, 24 septembre, 29 octobre et 26 novembre.

Une équipe de Service sera là pour vous accueillir dès 7h 15 – 7h 30, recueillir votre participation identique à celle du Cycle Long (27 € par personne, 39 € pour un couple, sans que jamais ces questions matérielles ne soient un obstacle), et gérer toute la journée : prière des Laudes, petit déjeuner, pauses, repas apporté par un traiteur, etc…

 

Si l’aventure vous intéresse, vous pouvez nous envoyer par mail (secretariat@sedifop.com) vos noms, prénoms, adresse, numéros de téléphone (GSM et fixe) en nous précisant quel groupe vous aimeriez intégrer : le Nord, à la Maison Diocésaine, ou le Sud, chez nos frères Carmes à Gol les Hauts.

Si vous le désirez, vous trouverez un bulletin d’inscription à la fin de cet article.

En espérant que cette proposition nous permettra tous de grandir dans l’accueil de tout cœur de cet Amour Inconditionnel qui nous attend tous au terme de notre vie ici-bas, et cela pour notre plus grand bonheur, toute l’équipe du Sedifop vous souhaite une année 2017 riche de tous ces dons de l’Esprit que Dieu veut voir régner dans nos cœurs : Vie, Paix, Joie, Lumière, Amour et Douceur, autant d’antidotes toujours offerts en surabondances à nos cœurs blessés : « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,20). Telle est la volonté de Dieu… Alors… que ta volonté soit faite, le plus possible, le mieux possible en 2017 et cela pour chacun d’entre nous, et pour le plus grand nombre…

                                                                                      D. Jacques Fournier

Et nous confions bien sûr cette aventure à… St Pierre !

Pour accéder au bulletin d’inscription, cliquer sur le titre ci dessous :

Bulletin d’inscription Parcours St Pierre




Conférence sur saint Thomas d’Aquin le 28 janvier par le frère Manuel Rivero

Cette conférence organisée par la Fraternité Lataste chez les moniales dominicaines de La Réunion, colline du Rosaire, 88 allée Ave Maria à St Denis.

Tél : 0262 21 44 30.

 

Pour tout renseignement complémentaire, cliquez sur le titre suivant pour accéder à l’affiche correspondante :

Affiche Conference sur saint Thomas d’Aquin samedi 28 janvier 2017




Une annonce pour les inscrits au Cycle Long 2017

Vous vous êtes inscrits par internet ou directement, par téléphone ? Nous vous invitons à confirmer votre inscription en envoyant vos noms, prénoms ainsi que le groupe que vous avez choisi à l’adresse suivante : secretariat@sedifop.com. Ou par téléphone au 0262 90 78 24.

Vendredi 16 décembre au matin, l’ordinateur de notre secrétariat a été l’objet d’une attaque internet : un virus a crypté tous nos documents. Avec lui, nous avons également reçu l’adresse d’un site invitant à payer une rançon pour pouvoir récupérer nos données. Il est bien sûr hors de question que nous acceptions une telle démarche… Nos fichiers en cours ont été perdus et leur sauvegarde sur disque dur externe perdue elle aussi, car ce dernier était branché à l’ordinateur à ce moment là.

Nous avons travaillé tout ce  week-end et nous avons pu récupérer beaucoup de nos données. Seules les premières inscriptions par internet, ainsi que celles reçues par téléphone sont inaccessibles. C’est pourquoi nous invitons, pour raison de sûreté, tous ceux et celles qui se sont inscrits par ces deux moyens à nous renvoyer leurs noms et prénoms, ainsi que le groupe choisi (St Benoît ; Ste Suzanne Bagatelle ; St Denis Samedi ; St Denis Dimanche ; St Louis (Gol les Hauts) Samedi ; St Louis (Gol les Hauts) Dimanche), et cela à l’adresse de notre secrétariat : secretariat@sedifop.com.

Si vous connaissez d’autres personnes qui se sont inscrites par internet ou par téléphone, merci à vous de contribuer à passer le message…

Nous en profitons pour vous signaler qu’il reste encore, à l’heure actuelle, environ une dizaine de places dans chaque groupe. Les inscriptions ont été très harmonieuses cette année et nous pouvons déjà dire que nous reconduirons en 2017 les six groupes Cycle Long.

Et si le désir de connaître toujours mieux la Beauté du Christ et de son projet sur chacun d’entre nous l’emporte au coeur du plus grand nombre, nous avons encore la possibilité de créer un nouveau groupe… « Je suis venu pour qu’on ait la Vie et qu’on l’ait en surabondance », disait le Christ. Oui, « je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jn 10,10; 15,11).  Alors, si c’est pour contribuer à ce que le plus possible d’hommes et de femmes de bonne volonté puissent trouver avec le Christ le vrai bonheur, comme nous aimerions le créer ce groupe supplémentaire !

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre à tous les hommes de bonne volonté » (Lc 2,14).

Joyeux Noël à tous !

Jacques Fournier et toute l’équipe du Sédifop.




Lettre d’un jeune prêtre au Père Jacques Hamel

Cher Père Jacques,

Les fidèles de votre paroisse n’entendront plus de votre bouche la lecture de l’évangile. Aucun son ne sortira de votre bouche qui a pourtant proclamé l’évangile du Christ durant de nombreuses années. Pourtant, aujourd’hui encore, vous ne restez pas silencieux. L’évangile de ce dimanche résonne très fort dans le coeur de tous les chrétiens rassemblés pour l’eucharistie : « Cette nuit même, on va te redemander ta vie » (Lc 12, 20).

Père Jacques, cette Parole de Dieu a réellement pris chair en vous. Et maintenant que notre pays vit ce que les chrétiens d’Orient subissent depuis si longtemps, maintenant que nous sommes en guerre contre ceux qui refusent la Paix, je me pose ces questions : les prochains, ce seront nous, ce sera moi ?

Si cette nuit un fanatique approchait l’arme de la haine sur mon cou, aurai-je la même foi que vous ? La même espérance ? Le même amour ?

Père Jacques, aujourd’hui, ce n’est pas votre voix qui proclame l’évangile, mais c’est votre vie toute entière qui le crie. Votre témoignage de foi, d’espérance et d’amour retentit bien plus fort que le cri d’un agneau qu’on égorge. Oh non, vous n’êtes pas silencieux, et vous criez l’évangile de la Paix au monde entier :

            1 – Par votre foi

Votre foi est un cri pour le monde.

Vous avez été tué à cause de votre foi dans le Dieu vivant. C’est ce Dieu de la vie qui vous a guidé toute votre vie, car nous partageons la même foi en Dieu qui aime la vie et qui la chante. Notre Dieu n’aime pas la mort, il ne se réjouit pas de la mort de l’homme, et d’aucun homme.

Vos bourreaux, eux, ont agi au nom d’un dieu qui aime la mort, et qui récompense ceux qui tuent en son nom.

Ils n’ont pas agi au nom d’une foi, mais au nom d’une idéologie : la foi n’est pas une idéologie. Soprano a peut-être raison lorsqu’il chante que le diable ne s’habille plus en Prada:

« Monsieur, les hommes d’aujourd’hui ont dépassé tous mes voeux

Certains exercent leur folie meurtrière au nom de Dieu

Le pétrole est une raison légitime pour mettre le feu

Certains pays rétrécissent, mais bon, restons silencieux ».

 

Aujourd’hui, parce que c’est au nom de votre foi en Jésus-Christ qui est la Vie que vous avez été tué, votre sang se mêle au sang du Christ pour féconder la terre et faire fleurir la foi dans les coeurs les plus endurcis. D’un prêtre vieux et quelconque, apprécié par vos paroissiens mais inconnu du monde, vous êtes devenu prêtre martyr.

                  2 – Par votre espérance

 

Votre espérance est un cri pour le monde.

Vous avez été tué à cause de votre espérance dans le Dieu de Vie. Ce Dieu, c’est Jésus-Christ que vous avez suivi toute votre vie, sur le chemin de l’espérance qui conduit à la Vie. Au bout du chemin, au bout de la vie, c’est Dieu qui promet la vie éternelle à tous les hommes et les femmes de bonne volonté, à tous ceux et toutes celles qui le cherchent. Oui, Dieu promet que la mort n’est pas la fin de l’histoire, mais le passage à la lumière qui ne s’éteint pas, à la vie qui ne finit pas.

Par le sacrifice de votre vie, vous avez déjà gagné la Vie, vous avez fait triompher la Vie. Et vous voyez déjà la victoire du Christ sur les puissances du mal et des ténèbres, vous qui maintenant êtes dans la Lumière.

Vous avez été tué par un jeune de 19 ans au moment même où s’ouvraient les Journées Mondiales de la Jeunesse en Pologne, réunissant des centaines de milliers de jeunes catholiques, espérance de l’Église et du monde. Cette jeunesse ne veut pas de la haine, elle croit encore que le dialogue est possible, ce dialogue qui vise la paix et la bonne entente des peuples. Le pape a invité les jeunes à se rebeller pour changer le monde, il leur a demandé de faire du bruit. Ceci n’est pas un appel à la guerre ou à la haine du monde. Les jeunes doivent se rebeller contre un monde qui les abruti, un monde relativiste où tout se vaut, un monde où plus rien ne différencie le bien du mal. Mais comment élever les intelligences d’une génération Pokemon Go ?

Comment repérer les vraies amitiés à l’heure des amitiés virtuelles de Facebook et des fausses rencontres de Tinder ? (Toutes ces applis sont des armes de « distraction » massive).

Comment trouver des cadres structurants dans une société qui détruit la famille ? Soprano a peut-être raison lorsqu’il chante que les hommes font maintenant pire que le diable, ce diable qui constate que la télé et internet font pire que lui :

« La télé m’a volé l’éducation de leurs morveux

Internet brûle les neurones beaucoup plus que la beuh

L’Enfer n’est plus chez moi mais bel et bien chez vous ».

Nous devons lutter contre la misère intellectuelle et arrêter d’engendrer des décérébrés. L’islamisme est un prêt-à-penser, il ne peut pas se greffer sur des jeunes capables de penser. L’éducation doit donner aux enfants cette liberté de pouvoir penser. L’école doit vraiment former la jeunesse, transmettre un savoir, sans se substituer aux parents qui doivent tenir leurs enfants et leur donner un cadre et des valeurs, montrer ce qui est bien et ce qui est mal. La France ne doit pas avoir peur de transmettre l’héritage de son histoire. Nous avons besoin de retrouver ce que nous sommes, d’où nous venons, et les jeunes ont besoin de s’identifier aux grandes figures qui ont fait l’histoire : des saints, des génies, des héros.

Père Jacques, vous devenez l’une de ces figures dont les jeunes ont tant besoin, vous qui avez tout donné, dans la fidélité à votre sacerdoce, jusqu’au bout.

Voilà la mission de tous, transmettre aux générations futures ce qu’est la vraie fraternité, l’amour du prochain quelle que soit sa couleur de peau ou sa religion, l’accueil de la différence, et croire qu’un monde plus juste et plus fraternel est possible.

                 3 – Par votre amour

 

Votre amour est un cri pour le monde.

Vous vous êtes retrouvé brutalement allongé au pied de l’autel sur lequel vous célébriez la messe. 58 ans auparavant, vous étiez allongé de la même façon devant l’autel au jour de votre ordination, signe de consécration à Dieu pour toute une vie. Vous avez donné votre vie par amour, par amour de Dieu, par amour de l’Église et du Christ, et par amour de l’humanité.

Votre existence a eu du sens, votre mort en martyr donne un sens à toute votre vie.

Comment ne pas se souvenir de la lettre qu’écrivait le Père Christian de Chergé, moine de Tibhirine avant de subir le même sort que vous, c’était il y a 20 ans :

« S’il m’arrivait un jour – et ça pourrait être aujourd’hui – d’être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j’aimerais que ma communauté, mon Église, ma famille, se souviennent que ma vie était DONNÉE à Dieu et à ce pays. (…) J’aimerais, le moment venu avoir ce laps de lucidité qui me permettrait de solliciter le pardon de Dieu et celui de mes frères en humanité, en même temps que de pardonner de tout coeur à qui m’aurait atteint. Je ne saurais souhaiter une telle mort ».

  

Parler de pardon et d’amour alors que le sentiment naturel est celui de la haine et de la vengeance, voilà la folie chrétienne ! Comme chrétiens, nous ne devons pas accepter cette soif si naturelle de vengeance, nous devons refuser les simplifications abusives, ce ne sont pas des options possibles.

Cher Père Jacques, comme le Père Christian de Chergé, vous aimiez la patience du dialogue avec celui qui est différent.

Le dialogue est la clé pour ne pas tomber dans la haine ou la vengeance, pas un dialogue silencieux et mou, mais un dialogue viril, fort, où l’on n’a pas peur d’aller dans la vérité.

Les musulmans sont des personnes à aimer, à rencontrer, et le dialogue rationnel doit être possible.

Nous voulons savoir ce qu’est vraiment l’Islam, et le moment n’est-il pas venu de faire une lecture historico-critique du Coran ?

Si un chrétien tue au nom de Dieu, alors il n’est plus un chrétien ; nous voulons savoir ce qu’il en est d’un musulman qui tue au nom de Dieu : est-il toujours musulman, oui ou non ? Il faut le crier au monde.

 

Des minutes de silence sont organisées partout en France, des marches blanches comme à La Réunion avec le Groupe de dialogue interreligieux. Du silence, du silence, et encore du silence…

Père Jacques, votre dernier souffle a été silencieux. C’est votre vie toute donnée qui nous parle à présent. Mais vous, musulmans d’aujourd’hui, ce n’est pas de silence dont le monde a besoin. Nous attendons de vous un cri, un cri pour condamner ceux qui trahissent vos croyances, des actes pour arrêter ceux qui sont devenus fous, un cri qui nous assure qu’il n’y a aucune compromission avec le mal.

Le silence est bon pour la prière, pas pour le combat.

La gangrène islamiste doit être combattue, non par le silence, mais par une levée de tous les musulmans qui croient que leur religion est une religion de paix. Toutes les religions sont des religions de paix, si bien que la guerre actuelle n’est pas une guerre de religions, ce n’est pas la guerre des musulmans contre les chrétiens, mais ça doit être la guerre des chrétiens et des musulmans contre l’islamisme. Tous ensemble, mains dans la main, unis contre la haine, contre le mal, pour un monde de paix, plus juste, plus fraternel.

Père Jacques, que votre martyre vienne affermir notre amour du prochain et celui de nos ennemis.

Ainsi nous serons vainqueurs du mal par le bien.

Et si cette nuit on te redemandait ta vie ?

Père Jacques, priez pour nous.

 

Frère Thomas de Gabory

Dominicain, prêtre à la cathédrale de Saint-Denis de La Réunion – 31.07.2016

Lettre de Thomas à Jacques : en cliquant sur le titre précédent, vous accédez au document PDF de cet article, pour lecture ou éventuelle impression.