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Marche blanche en hommage au Père Jacques Hamel : « Marchons ensemble, vivons ensemble ».

Dimanche 31 juillet, le Groupe de Dialogue Interreligieux a organisé une marche blanche en hommage au Père Jacques Hamel assassiné. « Nous ne pouvons pas rester chez nous calfeutrés. Il faut vaincre la peur et tisser des relations de fraternité avec tous ceux qui nous entourent. Marcher ensemble, c’est déjà vivre ensemble, c’est dire publiquement que nous nous engageons à mieux vivre ensemble ».

Environs deux mille personnes, peut-être plus, ont répondu à cet appel. Le cortège a démarré devant la mosquée de St Denis de la Réunion, rue du Maréchal Leclerc, pour ensuite emprunter la Rue de Paris et arriver devant la cathédrale.

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Arrivée Rue de Paris                       

 

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A droite de Mgr Gilbert Aubry, Evêque de la Réunion, Mr Idriss Issop Banian, Président du Groupe de Dialogue Interreligieux de la Réunion ; à sa gauche, Mr Houssen Amode, Président du Conseil Régional du Culte Musulman.

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Arrivée au parvis de la Cathédrale de St Denis  

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A gauche de la photo de droite :

Mme Nassimah Dindar, Présidente du Conseil Général de la Réunion

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Lecture d’une prière commune:

Seigneur Dieu,

Créateur et Maître de tous les univers,

Origine et fin de toute vie,

Tu es la source de nos vies.

Grâce à toi, nous ne formons qu’une seule et même famille humaine.

Arrache de nos coeurs toute pensée fratricide

et fais de nous des artisans de paix.

Libère-nous des passions mauvaises

et tiens-nous dans la Lumière.

Donne-nous le courage de faire la vérité dans nos relations

afion que la justice soit le fruit de ton Amour en nous,

entre nous et autour de nous.

Nous Te prions pour toutes les victimes des conflits et des guerres

dans le monde.

Nous te prions aussi pour les Chefs d’Etat, pour les diplomates

et les militaires.

Anime-les de l’Esprit de Paix.

Qu’en étant au service de leurs peuples,

ils assurent en même temps le bien commun de toutes les nations.

Nous te demandons cela pour la Réunion et pour le monde entier.

Maintenant et pour les siècles sans fin. Amen.

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Puis il y eut une minute de silence en mémoire du Père Jacques Hamel.

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Et tous furent invités à prendre les mains de leurs voisins en signe de fraternité.

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Toute l’assemblée a ensuite applaudi longuement avant de se séparer.

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Photos : Noéline Fournier.

 




Assassinat du Père Jacques Hamel : « Le summum de l’odieux » (Déclaration de Mr Houssen Amode, Président du Conseil Régional du Culte Musulman ; 27 juillet 2016).

A Monseigneur Gilbert Aubry, Evêque de la Réunion

 

Monseigneur,

La récente prise d’otages à l’église de Saint-Etienne du Rouvray par deux terroristes, avec le meurtre du Père Jacques HAMEL, a été revendiquée par le groupe Etat Islamique (Daech).

La violation d’un espace sacré destiné à la prière et au recueillement, constitue déjà en soi une atteinte grave aux valeurs et sentiments les plus élevés de toute une communauté de croyants.

Là où le summum de l’odieux est atteint c’est l’assassinat du curé de la paroisse en plein office religieux, et qui par ailleurs, comble de la barbarie, était très âgé et vulnérable.

La perte d’une vie humaine est toujours dramatique. Elle est encore plus incompréhensible et regrettable lorsque la victime est un homme de foi et de paix, ayant consacré sa vie à Dieu et à son prochain, et prônant le dialogue et la concorde entre tous les hommes, quelles que soient leurs appartenances.

Au nom des composantes musulmanes Sunnites et Chiites de La Réunion, toutes représentées au sein du CRCM, nous condamnons de façon ferme et unanime ces exactions qui constituent un palier de plus dans l’horreur, encore jamais atteint en France.

Nous avons une pensée émue pour le disparu et nous souhaitons également témoigner de notre solidarité avec sa famille, avec les autres otages dont certains ont été blessés et meurtris, ainsi qu’avec tous les habitants de Saint-Etienne du Rouvray.

Nous tenons enfin à vous remercier pour vos paroles d’apaisement, si précieuses en ces périodes troublées et propices à la surenchère et aux affrontements.
Dans leur immense majorité les catholiques, et plus globalement les français, ont su, malgré la douleur et l’inquiétude, appeler à la raison, et ainsi éviter les amalgames et les réactions violentes, qui seraient de nature à faire imploser notre société, but d’ailleurs recherché par ces terroristes qui abusivement se prévalent d’agir au nom de l’Islam et des Musulmans.

En vous réitérant notre amitié et bien respectueusement,

Saint-Denis le 27 Juillet 2A16

Houssen Amode

Président du Conseil Régional du Culte Musulman

CRCM Message à Mgr Gilbert Aubry : en cliquant sur le titre précédent, vous accédez au message de Mr Houssen Amode en format PDF

Prière en hommage au pretre jacques Hamel assassine

Prière en hommage au Père Jacques Hamel




MESSE D’ACTION DE GRACE DES 40 ANS D’EPISCOPAT 5 MAI 2016

 Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ

Esplanade de l’église du Chaudron

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SOULEVER LA REUNION JUSQU’AU CIEL !

Dans le diocèse de La Réunion, la fête de Pâques prend de plus en plus d’importance. Le triduum pascal est vécu avec ferveur. La messe chrismale anticipée, le Jeudi Saint avec la cène de Notre Seigneur, le Vendredi Saint avec la célébration de la passion et de la mort de Jésus qui prend sur lui toutes nos croix quotidiennes, le Samedi Saint avec la résurrection du Christ et la joie de la nuit pascale où il y a de plus en plus de baptêmes d’adultes ou de recommençants grâce aux équipes du Catéchuménat. Mais il nous faut aller plus loin en prenant conscience que nous ne pouvons pas séparer Pâques de l’Ascension et de la Pentecôte.

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Résurrection – Ascension – Pentecôte

Aujourd’hui, nous célébrons la fête de l’Ascension. Cette fête arrive quarante jours après la résurrection de Jésus. Jésus prend le temps d’éduquer ses disciples, de les préparer à une forme de sa présence où il est toujours lui-même mais d’une autre manière. Pâques ? Souvenez-vous de Marie Madeleine, d’Emmaüs, de la rencontre avec les onze, de l’incrédulité de Thomas. « Si je ne mets pas mon doigt dans son côté, si je ne vois pas la marque des clous, non, je ne croirai pasThomas, avance ta main, ne sois pas incrédule mais croisparce que tu as vu, tu crois, heureux ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20). C’est ainsi que tous les baptisés confirmés sont les héritiers de cette béatitude de Jésus : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Toi, sois heureux de croire. J’ai confiance en toi, dit Jésus à travers Sœur Faustine… Viens à ma suite et dans ma miséricorde infinie, je te donnerai une juste confiance en toi et dans les autres. Oui, Marie Madeleine, Emmaüs, les onze, Thomas et puis saint Paul le géant, terrassé avant de devenir l’Apôtre des Nations et les cinq cents frères à la fois, tous témoins du Christ ressuscité.

 

DSC_0710Aujourd’hui, l’évangile selon saint Luc nous rappelle que Jésus a dit que la conversion serait proclamée en son nom pour le pardon des péchés à toutes les nations jusqu’au bout du monde. Les disciples avaient été mis en demeure de se préparer à accueillir l’Esprit-Saint. A l’Ascension, Jésus lève les mains, bénit ses disciples et se sépare d’eux, emporté au ciel avec son corps de lumière, lumineux comme au jour de la Transfiguration. Ils se prosternent, ils retournent à Jérusalem en grande joie. En grande joie alors que Jésus n’est plus là ? Les disciples sont dans la joie parce que se réalise pour eux ce que Jésus leur avait dit. Tout d’abord, Jésus leur avait annoncé sa résurrection, ils n’y croyaient pas. Et puis, il est vraiment ressuscité. Jésus leur avait dit aussi « Mon Père enverra l’Esprit Saint en mon nom et vous enseignera toutes choses et vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit… Que votre cœur cesse de se troubler et de craindre. Vous l’avez entendu et je vous ai dit. Je m’en vais et je viens à vous. Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais vers le Père car le Père est plus grand que moi. Je vous ai parlé dès maintenant, avant l’événement afin que lorsqu’il arrivera, vous croyiez » (Jn 14, 28 à 29).

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Les apôtres se réjouissent du départ de Jésus vers le ciel parce qu’Il retourne vers Dieu son Père et Notre Père. « Vous vous réjouiriez de ce que je retourne vers le Père ». Ce départ du corps physique du Ressuscité du monde visible de la terre est la condition de l’envoi de l’Esprit Saint pour la mission de l’Eglise à la Pentecôte. Les retrouvailles du Père et du Fils ressuscité dans sa chair humaine venant de la chair de Marie sont un débordement de joie réciproque entre le Père et le Fils, entre le Fils et le Père. Cette joie du Fils retrouvant son Père comble Dieu le Père du retour du Fils qui a rempli sa mission jusqu’au bout de l’amour. Le débordement de la joie de Dieu en Dieu à travers la chair du Christ glorifiée devient la joie des disciples qui ont reçu cette grâce de partager l’intimité du Christ et l’intimité du Père par le Christ : « En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père et que vous êtes en moi et moi en vous » (Jn 14, 20). Les disciples comprendront alors au fur et à mesure que toute chair humaine est portée au cœur du Père par Jésus ressuscité avec sa chair humaine. Ils comprendront que le Jésus de l’Histoire et le Jésus Fils éternel du Père, c’est tout un inséparablement. Ils comprendront que le Jésus, Fils éternel du Père, c’est aussi et en même temps le Verbe de Vie par lequel Dieu le Père fait tout exister, hier, aujourd’hui et demain.

Ils comprennent que tout existe par Lui, avec Lui et en Lui, que nous soyons chrétiens catholiques, orthodoxes, protestants, évangéliques. Que nous soyons musulmans, hindous, athées, agnostiques. Cela ne veut pas dire que tous croient en ce que je viens de dire. Nous devons respecter les différences et reconnaître des oppositions, ne pas récupérer et ne pas chercher à assimiler. Mais nous connaissons la source de l’Espérance. Nous voudrions partager le trésor de cette résurrection qui nous ressuscite déjà et qui leur est destinée aussi parce que nous connaissons le Verbe de Vie qui les fait vivre, qui nous fait vivre tous. Chacun a une part de vérité mais Jésus a dit « Nul ne va au Père que par moi ». Et puis « Je suis le Chemin la Vérité et la Vie » (Jn 14,6), et « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père » (Jn 14,2). Voilà la mission des chrétiens aujourd’hui : Révéler l’Amour du Père par le Christ ressuscité pour que la vie soit fraternelle dans l’Esprit et que tous sachent de quel amour ils sont aimés par le Père.

Logo année de la Miséricorde - détail

Le temps de la miséricorde

La foi de l’Eglise est la même partout, à La Réunion, à Maurice, à Rodrigues, aux Seychelles, aux Comores, à Madagascar. Partout nous proclamons l’incarnation, la vie, la passion, la mort de Jésus, sa descente aux enfers de l’Humanité, sa résurrection, l’envoi de l’Esprit Saint pour le pardon des péchés, son retour dans la gloire pour les cieux nouveaux et la terre nouvelle. N’oublions pas que l’auteur de l’épître aux Hébreux nous dit : « Comme le sort des hommes est de mourir une seule fois et puis d’être jugés, ainsi le Christ s’est offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude. Il apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché mais pour le salut de ceux qui l’attendent ». Alors il faut préparer ce salut avec la grâce de l’Ascension. Ne pas attendre pour nous convertir et appeler le salut du Christ.

En cette année de la Miséricorde, en cette joie de Pâques qui s’épanouit dans la joie de l’Ascension, faisons nôtres les paroles de saint Maxime de Turin dans une de ses homélies : « Mes frères, nous devons tous exulter en ce saint jour. Que personne ne se soustraie à la joie commune parce qu’il a conscience de ses péchés, que personne ne soit écarté des prières communes par le fardeau de ses fautes ! En un tel jour, même le pécheur ne doit pas désespérer du pardon ; c’est en effet un grand privilège. Si le malfaiteur a obtenu le paradis, pourquoi le chrétien n’obtiendrait-il pas le pardon ? » (Bréviaire p. 631) Le temps de la miséricorde, l’Année de la Miséricorde est importante. Le catéchisme de l’Eglise Catholique souligne pour nous l’importance du combat spirituel « Seigneur, délivre-nous du Mal ».

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Les premiers apôtres, avant l’Ascension, au cours d’un repas que Jésus partageait avec eux, ont posé à Jésus cette question « Seigneur, est-ce maintenant que tu vas rétablir le Royaume (pour Israël) ? » Et Jésus de répondre « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité » (Ac 1, 1 à 11). Les apôtres pensaient encore en termes de pouvoir. Le catéchisme de l’Eglise Catholique précise « Le Royaume ne s’accomplira pas par un triomphe historique de l’Eglise selon un progrès ascendant mais par une victoire de Dieu sur le déchaînement du Mal qui fera descendre du ciel son épouse. Le triomphe de Dieu sur la révolte du Mal prendra la forme du jugement dernier après l’ultime ébranlement cosmique de ce monde qui passe » (n° 677)

Certains pourraient penser que ce n’est pas réjouissant. Mais c’est la réalité à laquelle nous n’échapperons pas un jour. Jésus nous a dit que le disciple n’est pas au-dessus du Maître. Que la Croix fait partie de la vie mais que la victoire sur le Mal est déjà remportée pour ceux qui, avec Lui, essayent de vivre dans la foi, l’espérance et l’amour. Peu importe le jour et l’heure de notre passage terrestre à une vie au-delà de ce que nous pouvons imaginer. Peu importe l’heure de la Transfiguration de cette terre par des événements qui dépasseront l’entendement humain dans la Miséricorde infinie de Dieu. Jésus nous a dit « Soyez prêts ». La fête de l’Ascension pour nous est la fête de la joie, présente et en devenir.

Construire notre communauté de destin

DSC_0918Dans le diocèse, nous avons l’habitude de célébrer symboliquement l’Ascension sur une montagne ou une colline. Cette année, à l’occasion de mon 40e anniversaire d’Episcopat, ce pèlerinage se passe ici, à proximité de l’Eglise du Saint-Esprit au Chaudron. Je remercie Dieu pour tout le parcours de vie que nous avons fait ensemble pendant quarante ans. Je remercie mes frères prêtres, religieux, religieuses, consacrés et aussi les familles chrétiennes, les enfants. Un grand merci aussi à tous ceux et toutes celles qui, dans l’exercice de leur profession ou de leur engagement dans les associations, les quartiers, les municipalités, les collectivités œuvrent pour le bien commun. Tout est dans l’amour de Dieu qui écoute notre prière. Alors,  demandons à Dieu de soulever notre terre de La Réunion avec tout ce peuple qui vit ici et de nous prendre tous dans son Amour. Que nous, chrétiens, prenions conscience de notre dignité fondamentale d’êtres humains et d’enfants de Dieu pour pouvoir cheminer avec les autres et pour construire notre communauté de destin par la construction du bien commun ici à La Réunion, dans chacune de nos îles et entre nos îles. Ce que nous ferons dans nos îles, ensemble et en Indianocéanie dépend d’abord de ce que nous voulons en faire, avec le respect de nos légitimes différences mais avec cette volonté spirituelle, citoyenne et politique d’établir des partenariats de complémentarité où chacun apportera aux autres ce qu’il a de meilleur.

La manifestation de Dieu à l’Ascension nous fait entendre sa Parole : Galiléens, Réunionnais, Mauriciens, Rodriguais, Seychellois, Comoriens, Malgaches, pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé d’auprès de vous reviendra de la même manière que les apôtres l’ont vu s’en aller vers le ciel. Ce que vous avez fait au plus petit des miens, c’est à moi que vous l’avez fait. Ne restez pas sur vos acquis, dans des situations figées. Refusez tout repli identitaire stérile. Il faut s’ouvrir aux autres pour la construction du bien commun. Comme le dit notre pape François dans Laudato si :

 

Obligation de promouvoir le bien commun

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« L’écologie humaine est inséparable de la notion de bien commun, un principe qui joue un rôle central et unificateur dans l’éthique sociale. C’est « l’ensemble des conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée ».

 

« Le bien commun présuppose le respect de la personne humaine comme telle, avec des droits fondamentaux et inaliénables ordonnés à son développement intégral. Le bien commun exige aussi le bien-être social et le développement des divers groupes intermédiaires, selon le principe de subsidiarité. Parmi ceux-ci, la famille se distingue spécialement comme cellule de base de la société. Finalement, le bien commun requiert la paix sociale, c’est-à-dire la stabilité et la sécurité d’un certain ordre, qui ne se réalise pas sans une attention particulière à la justice distributive, dont la violation génère toujours la violence. Toute la société – et, en elle, d’une manière spéciale l’Etat – a l’obligation de défendre et de promouvoir le bien commun. » 

« Dans les conditions actuelles de la société mondiale, où il y a tant d’inégalités et où sont toujours plus nombreuses les personnes marginalisées, privées des droits humains fondamentaux, le principe du bien commun devient immédiatement, comme conséquence logique et inéluctable, un appel à la solidarité et à une option préférentielle pour les plus pauvres. Cette option implique de tirer les conséquences de la destination commune des biens de la terre mais comme j’ai essayé de l’exprimer dans l’exhortation apostolique Evangelii gaudium, elle exige de considérer avant tout l’immense dignité du pauvre à la lumière des convictions de foi les plus profondes. Il suffit de regarder la réalité pour comprendre que cette option est aujourd’hui une exigence éthique fondamentale pour la réalisation effective du bien commun. »  

« La notion de bien commun inclut aussi les générations futures. Les crises économiques internationales ont montré de façon crue les effets nuisibles qu’entraîne la méconnaissance d’un destin commun, dont ceux qui viennent derrière nous ne peuvent pas être exclus. On ne peut plus parler de développement durable sans une solidarité intergénérationnelle. Quand nous pensons à la situation dans laquelle nous laissons la planète aux générations futures, nous entrons dans une autre logique, celle du don gratuit que nous recevons et que nous communiquons. Si la terre nous est donnée, nous ne pouvons plus penser seulement selon un critère utilitariste d’efficacité et de productivité pour le bénéfice individuel. Nous ne parlons pas d’une attitude optionnelle, mais d’une question fondamentale de justice, puisque la terre que nous recevons appartient aussi à ceux qui viendront. » 

« Quel genre de monde voulons-nous laisser à ceux qui nous succèdent, aux enfants qui grandissent ? Cette question ne concerne pas seulement l’environnement de manière isolée, parce qu’on ne peut pas poser la question de manière fragmentaire. Quand nous nous interrogeons sur le monde que nous voulons laisser, nous parlons surtout de son orientation générale, de son sens, de ses valeurs. Si cette question de fond n’est pas prise en compte, je ne crois pas que nos préoccupations écologiques puissent obtenir des effets significatifs. Mais si cette question est posée avec courage, elle nous conduit inexorablement à d’autres interrogations très directes : pour quoi passons-nous en ce monde, pour quoi venons-nous à cette vie, pour quoi travaillons-nous et luttons-nous, pourquoi cette terre a-t-elle besoin de nous ? C’est pourquoi il ne suffit plus de dire que nous devons nous préoccuper des générations futures. Il est nécessaire de réaliser que ce qui est en jeu, c’est notre propre dignité. Nous sommes, nous-mêmes, les premiers à avoir intérêt à laisser une planète habitable à l’humanité qui nous succédera. C’est un drame pour nous-mêmes, parce que cela met en crise le sens de notre propre passage sur cette terre.» (§ 156 à 160)

Jeunes, l’amour vaincra !

DSC_0172Et vous les jeunes, restez jeunes ! Devenez jeunes ! Gardez votre capacité d’émerveillement et de créativité. Vous avez des talents à faire fructifier. Fermez vos oreilles à ceux qui vous disent « de notre temps c’était mieux ». Vous ne pouvez pas dire c’était mieux puisque vous n’avez pas vécu le passé. Aujourd’hui, il y a davantage de commodités et aussi plus de contraintes. Ne devenez pas vieux avant l’âge en vivotant blasés. Je souhaite que vous ayez autour de vous des adultes qui vous aiment vraiment et qui soient capables de vous résister parfois pour que vous puissiez devenir forts et aimants à votre tour. C’est vous-mêmes qui allez réussir votre vie, pas nous. Ayez un peu d’audace pour sortir des formatages convenus en essayant de progresser, pas à pas, jour après jour. Ne restez pas seuls.

Apprenez à faire équipe et que nous puissions vous accompagner pour vous aider à faire équipe. Il faut penser juste. Il faut vouloir juste. Il faut agir juste. Ayez le goût de ce qui est beau, de ce qui est bon, de ce qui est vrai. Soyez toujours en recherche sinon vous ne trouverez jamais. Maîtrisez les langues, les technologies qui évoluent très vite, le numérique. N’en devenez pas les esclaves. Développez l’humain avec le respect des conditions de la vie pour tous : la qualité de l’air, de l’eau, pouvoir se nourrir sainement, se loger dignement, fonder une famille, trouver sa vocation, pouvoir se déplacer, aller et venir dans le respect des consciences avec l’exercice de la liberté et de la responsabilité. Ici à La Réunion. Et allez voir ailleurs aussi.

Devenez des Réunionnais du monde, des citoyens du monde. Puis, revenez-nous si vous le pouvez pour nous enrichir de votre formation, de vos expériences et développez ce pays qui compte tellement sur vous et pour vous. Je vous en prie, n’ayez pas peur de prendre sur vous pour vous engager dans ce que vous pourrez dire ou faire. Devenez des hommes et des femmes d’engagement. Partout où vous serez, ménagez-vous des temps de silence pour la respiration de la prière, de l’élévation spirituelle avec les autres. Cela donne du souffle et du courage. Et si l’on vous méprise, continuez et aimez quand même, toujours, jusqu’au bout de l’amour. L’amour vaincra et tu donneras fidélité à l’amour. Tu trouveras le chemin de ton amour.

*

Chers amis, ce que je souhaite, c’est que la vie danse en vous, que notre peuple soit un peuple de fierté. Comme disait le Père René Payet « non pas un peuple qui attend mais qui prétend ». Qui prétend construire avec l’aide du Ressuscité. Belle fête de l’Ascension !

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                                                                                  Monseigneur Gilbert AUBRY




40 ième Anniversaire d’ordination épiscopale de Mgr Gilbert AUBRY

affiche 40 épiscopat Mgr Aubry




Travailler à la paix ! (Mgr Gilbert Aubry)

Nous avons tous besoin d’aimer et d’être aimés. Pas de haine envers qui que ce soit. Ni envers les personnes ni les groupes religieux ni les peuples. Un an après l’attentat contre Charlie Hebdo, ce journal reste fidèle à lui-même, à la dérision, à la provocation, à une idée laïciste de la laïcité. Le contexte international a évolué. La kalachnikov sur l’image censée représenter Dieu fait penser aux terroristes de Daech. Le triangle sur la tête du fuyard déphasé et fuyant renvoie à des religions ou à une transcendance qui n’a rien à voir avec les terroristes. Si la une de Charlie Hebdo descend Daech, le télescopage des symboles fait indirectement le jeu de Daech : la division, la suspicion et la peur nous sautent à la figure. Peut-être la haine. Lecture au premier degré. Deuxième degré : le faux dieu s’enfuit. Ne pas rester sur la réaction immédiate, dépasser la peur, ne pas avoir honte de sa religion, relever la tête, avancer paisiblement et courageusement dans la vie. Cela me conduit à reprendre l’essentiel de ma réflexion d’il y a un an « Nos raisons de vivre ».

On ne peut pas se représenter Dieu car toute représentation de Dieu ne représenterait que l’idée de l’auteur ou de l’artiste qui prétendrait représenter Dieu, ou encore l’idée d’une caricature de Dieu. En disant le mot Dieu ou en priant Dieu, les religions, d’une manière ou d’une autre, font référence à la source de la vie, au Créateur, à l’origine qui est en même temps la fin de toute chose, à la lumière de la lumière. Pour les chrétiens, autre chose est de se représenter le Christ qui est l’incarnation de Dieu donnant une valeur suprême à chaque être humain dans sa propre chair. Toute religion qui se respecte est une source de valeurs qui vient enrichir le vivre ensemble d’une communauté humaine, d’une communauté de destin.

Pour un être profondément croyant, s’attaquer à Dieu ou au nom de Dieu, c’est s’attaquer à l’humanité elle-même, à la source de la vie, à l’égalité entre les êtres humains qui sont tirés du même « humus », sur la même terre. Mais attention à nous ! Ce n’est pas nous qui pouvons défendre Dieu. C’est Dieu qui nous maintient dans l’existence, nous protège et qui nous dit au fond de notre conscience : tu ne tueras pas au nom de Dieu ! Hélas, dans l’histoire et aujourd’hui encore, nous pouvons trahir Dieu quand nous le mettons à toutes les sauces en nous servant de lui au lieu de le servir et de servir nos frères.

Nous pouvons débattre. Nous devons débattre. Mais comme dans tout débat, nous devons nous garder de contribuer à déchirer une religion, une société, à envenimer le contexte national et international, à susciter des conflits. Tous nous avons condamné la barbarie, l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo. Nous avons prié pour les morts, pour tous les morts de ce drame. Prions encore.

Tous nous sommes pour la liberté de la presse. Que la presse puisse se développer et qu’elle puisse librement s’exprimer sur tous les sujets. Cependant, la liberté de la presse ne permet pas de tout dire et de tout montrer au nom de cette liberté si elle piétine la liberté des autres dont la liberté de croire. Le 15 janvier 2015, le pape François a déclaré « On ne peut provoquer ou insulter la foi des autres. On ne peut la tourner en dérision ». Tout groupe a droit à une existence paisible quand il ne menace pas le bien commun.

Tous nous devons défendre la liberté de tous. Elle se conjugue avec l’égalité. Elle se signe avec la fraternité. Tout ce qui vient détruire ce trépied « liberté, égalité, fraternité », en France et ailleurs, fragilise le vivre ensemble humain et risque de hâter sa destruction. C’est le contraire qu’il faut rechercher et bâtir. Travailler à la paix. Mieux vivre ensemble pour construire notre vivre ensemble. Etre avec. Nos raisons de vivre doivent nous aider à raison garder. Développons l’estime les uns vis-à-vis des autres, les uns avec les autres. Et nous gagnerons la paix. Ensemble.

Le 5 janvier 2016, Monseigneur Gilbert AUBRY

 




2016 Année Sainte de la Miséricorde Divine. « Heureux les Miséricordieux ! « 

Le 8 décembre 2015 à Rome, le Pape François ouvrira cette Année Sainte : « Jésus-Christ est le visage de la miséricorde du Père » (Bulle d’indiction du Pape). Tous les chrétiens, fidèles du Christ, sont invités à vivre pleinement la Miséricorde. Dieu, Notre Père, nous fait miséricorde ; soyons miséricordieux comme notre Dieu et Père (Luc 6, 36). À cause de notre misère humaine, Dieu se penche sur chacun de nous pour nous libérer de l’esclavage du péché et nous remettre debout, afin de continuer à marcher à la suite du Christ qui est le Chemin, la Vérité et la Vie.

Année jubilaire Miséricorde

Comme Jésus a posé son regard d’amour sur Pierre à la suite de son reniement, comme il a pardonné à la pécheresse en la délivrant de la lapidation, comme Jean-Paul II a fait miséricorde en pardonnant à celui qui lui a tiré dessus, comme Sœur Faustine qui a choisi la Miséricorde comme chemin de perfection, l’Eglise préfère laisser à Dieu le soin d’exercer sa justice qui se nomme : Miséricorde. Il nous revient d’imiter le Christ en éliminant de notre pensée et de notre cœur toute forme de vengeance ou de condamnation, toute entrave à l’œuvre de la Miséricorde en nous.

prodigueEn instituant « Dimanche de la Miséricorde » le dimanche après Pâques, Jean-Paul II éclaire notre foi dans le Mystère Pascal comme œuvre de salut par le triomphe de la Miséricorde sur toutes les puissances du Mal. Dans la prière du Notre Père, avec Jésus, nous demandons au Père de nous délivrer de tout enclin au péché et de toute compromission avec le Malin. Pour goûter la douceur de la Miséricorde Divine, nous devons nous reconnaître pécheurs, mais pécheurs pardonnés et sauvés, parce que aimés. Dieu est toujours prêt à faire miséricorde à celui qui se repend, qui se convertit et qui reconnaît sa dépendance totale à la grâce qui sanctifie.

BonPasteurPèlerins sur la terre, nous sommes invités à passer par la « Porte de la Miséricorde » pour manifester symboliquement notre profond désir de suivre fidèlement le Christ Miséricordieux et d’aider nos frères à retrouver et à prendre ce chemin de vérité et de liberté, de justice et de paix. Le sacrement de la Réconciliation, la Confession, s’offre à nous comme grâce de purification. Nous y retrouvons la Force d’avancer avec courage et volonté vers la sainteté. L’Adoration nous unit davantage au Christ et nous configure au Ressuscité. La prière quotidienne et notre participation à la messe dominicale nous transforment harmonieusement en « sel de la terre et lumière du monde ». Ainsi, nous sommes les témoins de l’Amour Miséricordieux du Père ; Dieu et l’Église comptent sur nous pour conduire le monde au salut. Quelle espérance joyeuse !

Heureux Jubilé !

                                                                            Père Christian Chassagne




Message du Pape François pour le Carême 2015

MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS
POUR LE CARÊME 2015

Tenez ferme (Jc 5, 8)

 

Chers frères et sœurs

Le Carême est un temps de renouveau pour l’Église, pour les communautés et pour chaque fidèle. Mais c’est surtout un « temps de grâce » (2 Cor 6, 2). Dieu ne nous demande rien qu’il ne nous ait donné auparavant : « Nous aimons parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier » (1 Jn 4, 19). Il n’est pas indifférent à nous. Il porte chacun de nous dans son cœur, il nous connaît par notre nom, il prend soin de nous et il nous cherche quand nous l’abandonnons. Chacun de nous l’intéresse ; son amour l’empêche d’être indifférent à ce qui nous arrive. Mais il arrive que, quand nous allons bien et nous sentons à l’aise, nous oublions sûrement de penser aux autres (ce que Dieu le Père ne fait jamais), nous ne nous intéressons plus à leurs problèmes, à leurs souffrances et aux injustices qu’ils subissent… alors notre cœur tombe dans l’indifférence : alors que je vais relativement bien et que je suis à l’aise, j’oublie ceux qui ne vont pas bien. Cette attitude égoïste, d’indifférence, a pris aujourd’hui une dimension mondiale, au point que nous pouvons parler d’une mondialisation de l’indifférence. Il s’agit d’un malaise que, comme chrétiens, nous devons affronter. 

Quand le peuple de Dieu se convertit à son amour, il trouve les réponses à ces questions que l’histoire lui pose continuellement. Un des défis les plus urgents sur lesquels je veux m’arrêter dans ce message, est celui de la mondialisation de l’indifférence. 

L’indifférence envers son prochain et envers Dieu est une tentation réelle même pour nous, chrétiens. C’est pour cela que nous avons besoin d’entendre, lors de chaque Carême, le cri des prophètes qui haussent la voix et qui nous réveillent. 

Dieu n’est pas indifférent au monde, mais il l’aime jusqu’à donner son Fils pour le salut de tout homme. Dans l’incarnation, dans la vie terrestre, dans la mort et la résurrection du Fils de Dieu, la porte entre Dieu et l’homme, entre ciel et terre, s’ouvre définitivement. Et l’Église est comme la main qui maintient ouverte cette porte grâce à la proclamation de la Parole, à la célébration des sacrements, au témoignage de la foi qui devient efficace dans la charité (cf. Ga 5, 6). Toutefois, le monde tend à s’enfermer sur lui-même et à fermer cette porte par laquelle Dieu entre dans le monde et le monde en lui. Ainsi, la main, qui est l’Église, ne doit jamais être surprise si elle est repoussée, écrasée et blessée. 

C’est pourquoi, le peuple de Dieu a besoin de renouveau, pour ne pas devenir indifférent et se renfermer sur lui-même. Je voudrais vous proposer trois pistes à méditer pour ce renouveau. 

1. « Si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance » (1Co 12, 26) – L’Église

La charité de Dieu qui rompt ce mortel enfermement sur soi-même qu’est l’indifférence, nous est offerte par l’Église dans son enseignement et, surtout, dans son témoignage. Cependant, on ne peut témoigner que de ce que l’on a éprouvé auparavant. Le chrétien est celui qui permet à Dieu de le revêtir de sa bonté et de sa miséricorde, de le revêtir du Christ, pour devenir comme lui, serviteur de Dieu et des hommes. La liturgie du Jeudi Saint avec le rite du lavement des pieds nous le rappelle bien. Pierre ne voulait pas que Jésus lui lave les pieds, mais il a ensuite compris que Jésus ne veut pas être seulement un exemple de la manière dont nous devons nous laver les pieds les uns les autres. Ce service ne peut être rendu que par celui qui s’est d’abord laissé laver les pieds par le Christ. Seul celui-là a « part » avec lui (Jn 13, 8) et peut ainsi servir l’homme. 

Le Carême est un temps propice pour nous laisser servir par le Christ et ainsi devenir comme lui. Cela advient quand nous écoutons la Parole de Dieu et quand nous recevons les sacrements, en particulier l’Eucharistie. Nous devenons en elle ce que nous recevons : le Corps du Christ. Dans ce corps, cette indifférence qui semble prendre si souvent le pouvoir sur nos cœurs, ne trouve pas de place. Puisque celui qui est du Christ appartient à un seul corps et en lui personne n’est indifférent à l’autre. « Si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, tous partagent sa joie » (1 Co12, 26).

L’Église est communio sanctorum parce que les saints y participent mais aussi parce qu’elle est communion de choses saintes : l’amour de Dieu révélé à nous dans le Christ et tous ses dons. Parmi eux, il y a aussi la réponse de tous ceux qui se laissent atteindre par un tel amour. Dans cette communion des saints et dans cette participation aux choses saintes personne n’a rien en propre, mais ce qu’il possède est pour tout le monde. Et puisque nous sommes liés en Dieu, nous pouvons faire quelque chose aussi pour ceux qui sont loin, pour ceux que nous ne pourrions jamais rejoindre par nos propres forces, parce que nous prions Dieu avec eux et pour eux afin que nous nous ouvrions tous à son œuvre de salut. 

2. « Où est ton frère ? » (Gn 4, 9) – Les paroisses et les communautés

Il est nécessaire de traduire tout ce qui est dit par l’Église universelle dans la vie des paroisses et des communautés. Réussit-on dans ces réalités ecclésiales à faire l’expérience d’appartenir à un seul corps ? Un corps qui en même temps reçoit et partage tout ce que Dieu veut donner ? Un corps qui connaît et qui prend soin de ses membres les plus faibles, les plus pauvres et les plus petits ? Ou bien nous réfugions-nous dans un amour universel qui s’engage de loin dans le monde mais qui oublie le Lazare assis devant sa propre porte fermée ? (cf. Lc 16, 19-31).

Pour recevoir et faire fructifier pleinement ce que Dieu nous donne, il faut dépasser les frontières de l’Église visible dans deux directions. 

En premier lieu, en nous unissant à l’Église du ciel dans la prière. Quand l’Église terrestre prie, s’instaure une communion de service réciproque et de bien qui parvient jusqu’en la présence de Dieu. Avec les saints qui ont trouvé leur plénitude en Dieu, nous faisons partie de cette communion dans laquelle l’indifférence est vaincue par l’amour. L’Église du ciel n’est pas triomphante parce qu’elle a tourné le dos aux souffrances du monde et se réjouit toute seule. Au contraire, les saints peuvent déjà contempler et jouir du fait que, avec la mort et la résurrection de Jésus, ils ont vaincu définitivement l’indifférence, la dureté du cœur et la haine. Tant que cette victoire de l’amour ne pénètre pas le monde entier, les saints marchent avec nous qui sommes encore pèlerins. Sainte Thérèse de Lisieux, docteur de l’Église, convaincue que la joie dans le ciel par la victoire de l’amour crucifié n’est pas complète tant qu’un seul homme sur la terre souffre et gémit, écrivait : « Je compte bien ne pas rester inactive au Ciel, mon désir est de travailler encore pour l’Église et les âmes » (Lettre 254, 14 juillet 1897).

Nous aussi, nous participons aux mérites et à la joie des saints et eux participent à notre lutte et à notre désir de paix et de réconciliation. Leur joie de la victoire du Christ ressuscité nous est un motif de force pour dépasser tant de formes d’indifférence et de dureté du cœur. 

D’autre part, chaque communauté chrétienne est appelée à franchir le seuil qui la met en relation avec la société qui l’entoure, avec les pauvres et ceux qui sont loin. L’Église est, par nature, missionnaire, et elle n’est pas repliée sur elle-même, mais envoyée à tous les hommes. 

Cette mission est le patient témoignage de celui qui veut porter au Père toute la réalité et chaque homme. La mission est ce que l’amour ne peut pas taire. L’Église suit Jésus Christ sur la route qui la conduit vers tout homme, jusqu’aux confins de la terre (cf. Ac 1,8). Nous pouvons ainsi voir dans notre prochain le frère et la sœur pour lesquels le Christ est mort et ressuscité. Tout ce que nous avons reçu, nous l’avons reçu aussi pour eux. Et pareillement, ce que ces frères possèdent est un don pour l’Église et pour l’humanité entière. 

Chers frères et sœurs, je désire tant que les lieux où se manifeste l’Église, en particulier nos paroisses et nos communautés, deviennent des îles de miséricorde au milieu de la mer de l’indifférence ! 

3. « Tenez ferme » (Jc 5, 8) – Chaque fidèle

Même en tant qu’individu nous avons la tentation de l’indifférence. Nous sommes saturés de nouvelles et d’images bouleversantes qui nous racontent la souffrance humaine et nous sentons en même temps toute notre incapacité à intervenir. Que faire pour ne pas se laisser absorber par cette spirale de peur et d’impuissance ?

Tout d’abord, nous pouvons prier dans la communion de l’Église terrestre et céleste. Ne négligeons pas la force de la prière de tant de personnes ! L’initiative 24 heures pour le Seigneur, qui, j’espère, aura lieu dans toute l’Église, même au niveau diocésain, les 13 et 14 mars, veut montrer cette nécessité de la prière. 

Ensuite, nous pouvons aider par des gestes de charité, rejoignant aussi bien ceux qui sont proches que ceux qui sont loin, grâce aux nombreux organismes de charité de l’Église. Le Carême est un temps propice pour montrer cet intérêt envers l’autre par un signe, même petit, mais concret, de notre participation à notre humanité commune. 

Enfin, la souffrance de l’autre constitue un appel à la conversion parce que le besoin du frère me rappelle la fragilité de ma vie, ma dépendance envers Dieu et mes frères. Si nous demandons humblement la grâce de Dieu et que nous acceptons les limites de nos possibilités, alors nous aurons confiance dans les possibilités infinies que l’amour de Dieu a en réserve. Et nous pourrons résister à la tentation diabolique qui nous fait croire que nous pouvons nous sauver et sauver le monde tout seuls. 

Pour dépasser l’indifférence et nos prétentions de toute-puissance, je voudrais demander à tous de vivre ce temps de Carême comme un parcours de formation du cœur, comme l’a dit Benoît XVI (cf. Lett. Enc. Deus caritas est, n. 31). Avoir un cœur miséricordieux ne veut pas dire avoir un cœur faible. Celui qui veut être miséricordieux a besoin d’un cœur fort, solide, fermé au tentateur, mais ouvert à Dieu. Un cœur qui se laisse pénétrer par l’Esprit et porter sur les voies de l’amour qui conduisent à nos frères et à nos sœurs. Au fond, un cœur pauvre, qui connaisse en fait ses propres pauvretés et qui se dépense pour l’autre. 

Pour cela, chers frères et sœurs, je désire prier avec vous le Christ en ce Carême : « Fac cor nostrum secundum cor tuum » : « Rends notre cœur semblable au tien » (Litanies du Sacré Cœur de Jésus). Alors nous aurons un cœur fort et miséricordieux, vigilant et généreux, qui ne se laisse pas enfermer en lui-même et qui ne tombe pas dans le vertige de la mondialisation de l’indifférence. 

Avec ce souhait, je vous assure de ma prière afin que chaque croyant et chaque communauté ecclésiale parcourt avec fruit le chemin du Carême, et je vous demande de prier pour moi. Que le Seigneur vous bénisse et que la Vierge Marie vous garde. 

Pape François




Nouvelle année, nouveau site pour le SEDIFOP

Toute l’équipe de SEDIFOP.COM vous présente ses meilleurs vœux pour l’année 2015.

Puisque Dieu ne cesse de vouloir le meilleur pour tous les hommes qu’il aime, que sa volonté s’accomplisse le plus largement possible pour chacun d’entre nous…

Tombeau vide

Nous avons créé SEDIFOP.COM en mai 2007 dans le seul but de partager ce « meilleur » qu’est le Mystère du Christ, « enveloppé de silence aux siècles éternels mais aujourd’hui manifesté » (Rm 16,25-27) et offert à tous pour le plus grand Bien de celles et ceux qui accepteront de l’accueillir.

Et nous avons décidé de fêter notre millionième visite en renouvelant totalement notre site. C’est donc parti… Mais comme cela représente un gros travail, tout se mettra en place petit à petit… Merci pour votre fidélité, votre soutien, votre prière… Bonne année 2015 à vous, à votre famille, à vos proches, et que le Règne de la Paix, de l’accueil et du respect mutuels s’étende le plus largement possible sur notre belle planète bleue…

L’équipe de SEDIFOP.COM