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Un mot, une piste de réflexion : HUMILITE (Joëlle et Roger GAUD)

HUMILITE

–  Humilité…  il est bon qu’on s’y arrête car c’est un mot qui peut facilement prêter à confusion !

Il faut croire que c’est une qualité humaine , une vertu importante, puisque Jésus lui-même parle de lui en disant qu’il est « doux et humble de cœur » ( Vous savez en Mt 11, aux versets 28 et 29 : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. »)

–  Est-ce qu’avant d’aller plus loin, tu pourrais nous rappeler ce qu’est une vertu ?

– Une vertu, au sens général, c’est une aptitude à accomplir ce qui est bien. Sur le plan étymologique, ça renvoie au mot « virtus » qui signifie une « force ».

L’humilité est donc une force donnée par Dieu pour accomplir ce qui est bien.

 – Mais … je crois qu’il faut bien reconnaître que c’est une vertu qu’il n’est pas si facile à acquérir ou à accueillir ! Quelqu’un a dit un jour avec un brin d’humour : « Humilité ! Sacré vertu ! Dès que tu crois l’avoir, tu ne l’as déjà plus ! »

– C’est bien vrai ! Et pour comprendre ce qu’est vraiment l’humilité, je crois qu’un des meilleurs moyens, c’est de regarder Jésus !

Jésus est humble, certes, mais il n’est ni timide, ni timoré, ni peureux ! Jésus n’est certes pas orgueilleux, mais il n’a pas non plus une mauvaise estime de soi !

En fait on pourrait dire que l’humilité c’est le juste milieu entre deux vices : l’exaltation de soi (l’orgueil si tu préfères), et le mépris de soi. Au milieu, l’humilité c’est la juste estime de soi … surtout lorsque, sans minimiser à l’excès nos qualités, nous acceptons de reconnaître nos défauts.

L’humilité, ce n’est pas dire : « Ma lé pas capab’ ». Ce type de réflexion relève de la timidité et non de l’humilité !  Ça, c’est le genre d’affirmation qui nous bloque et nous paralyse, et qui fait qu’on ne va même pas essayer !

« Pas capab’ lé mort sans avoir essayé … »

– L’humilité ce n’est donc pas le mépris de soi ?

–  Ah Non ! Certainement pas ! L’humilité c’est la vérité sur soi ! Et nous ne sommes pas nuls car Dieu nous a tous gratifié de certaines qualités ! C’est important de s’en souvenir, d’autant plus que si je ne remarque pas le bien qui est en moi, je vais me mettre à jalouser les autres… Cela va exciter mon esprit de compétition.

–  Il ne s’agirait pas pour autant de basculer dans l’orgueil !

–  Non bien sûr ! Il ne s’agit pas de se mettre en valeur constamment. Il suffit d’ailleurs pour cela de se souvenir que Saint Paul écrit aux Corinthiens : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te vanter comme si cela venait de toi ? » (1 Co 4, 7).

– J’ai lu quelque part qu’un des fruits de la véritable humilité, c’est la quiétude, la paix du cœur !

– Oui ! C’est bien vrai. Et ça se comprend facilement :

En effet quand on est humble, ( sans se dévaloriser !!!) , on perd peu à peu le désir d’être supérieur aux autre. L’humilité nous débarrasse (en fait) de ce besoin d’être le premier, d’être le meilleur, un besoin qui, lui, va engendrer une tension permanente …

Un orgueilleux est sans repos, car il est constamment en état de compétition.

Quelqu’un d’humble, au contraire, est serein car il n’est pas constamment habité par cet esprit de compétition qui nous rend inquiets … et dont nous devons demander à Dieu de nous débarrasser !

–  J’ai également entendu dire que l’humilité rend audacieux ! Tu peux nous expliquer ?

–  Ça aussi c’est bien vrai !

Si faute d’humilité, on bascule dans l’orgueil, ça va nous rendre peureux ! Et ça risque nous bloquer dans nos entreprises ! Une personne humble ose se lancer dans de nouveaux projets. Alors qu’une personne très orgueilleuse n’ose pas grand-chose : « Si ça ratait ! Quelle humiliation ! »

Finalement : Quelqu’un d’humble, ce serait quelqu’un qui dirait quelque chose du style : «Si c’est Dieu qui me le demande, je me sens capable de tout … mais à condition de ne pas être seul ! » C’est-à-dire : « Si je ne compte que sur mes seules forces, que sur mes seules ressources personnelles, je vois bien que la tâche est trop difficile pour moi. Mais si Dieu – qui me connait mieux que moi-même – me demande quelque chose, je pourrai le faire … mais j’aurai besoin d’aide, l’aide de mes Frères et Sœurs, et l’aide de Dieu lui-même. »

–   Quand on a entendu tout ça, on se dit qu’effectivement,  l’humilité est une belle vertu qu’on aimerait bien avoir ! ….




Un mot, une piste de réflexion : COURAGE (Joëlle et Roger GAUD)

COURAGE

 

– Le courage,  une qualité? Une vertu?

– Une vertu, oui, d’autant plus que le mot « vertu » est dérivé du mot latin qui veut dire « force » et qu’on dit indifféremment « force d’âme » ou « courage ». Et le mot courage renvoie étymologiquement au mot coeur, le cœur, d’où jaillissent les élans qui permettent d’être courageux.

 

– Oui, dans la langue classique, « avoir du coeur »… Cela fait penser au Cid de Corneille « Rodrigue as-tu du coeur? »

– J’aime aussi l’expression « haut les coeurs » , ayons du courage, lançons-nous avec ardeur dans l’action!

– On pourrait dire que c’est ça, avoir du courage, se lancer avec ardeur dans l’action?

– Pas forcément dans l’action, mais au moins affronter des situations difficiles en surmontant la peur. Et pour ne pas rester que dans l’humain, et ajouter au courage une dimension chrétienne, je voudrais reprendre ce que dit un père du désert, Abba Pambo, qui dit: « Si tu as du cœur, tu peux être sauvé. » Oui, bien sûr, comme dit Saint Paul, c’est par grâce que nous sommes sauvés, mais c’est vrai, qu’il faut aussi avoir du courage pour être sauvé. Si on considère en effet qu’être sauvé, pour nous chrétiens, c’est accepter de dire oui au Christ et de désirer le suivre quelles que soient les difficultés, alors, oui, pour être sauvé, il faut du courage….

– On pense par exemple aux apôtres qui ont tout abandonné pour suivre Jésus, et à tous ceux qui payent de leur vie leur fidélité au Christ….

– Et le courage de Dieu! « Dieu a tant aimé le monde qu’Il nous a donné son Fils » Jésus, qui, Lui aussi, est Dieu, qui s’est donné librement, qui a donné Sa vie pour nous. Courage infini de l’amour de Dieu donné en Jésus, Jésus, qui prend résolument le chemin de Jérusalem, nous dit  Saint Luc, Jésus, qui demeure imperturbable face au complot qui le mène à la mort, qui donne sa vie par amour, par amour pour chacun de nous. Lorsque nous saisissons quelque chose de cet amour, de ce « mystère », nous sommes à la fois stupéfaits et tellement enthousiastes que nous ne voyons pas d’autre chemin possible que de mettre avec courage nos pas dans ceux de Jésus…

– Et où puiser du courage?

– Dans notre foi qui nous fait dire que Dieu est toujours là. Ça ne dépend pas de nos états d’âme, qui sont de l’ordre de notre fragilité humaine. L’amour de Dieu ne dépend pas de ce que je ressens. Les grands saints ont souvent connu des « nuits » spirituelles qu’ils ont surmontées dans la foi et la persévérance.

– Le découragement n’aurait pas sa place dans la vie de foi ?

– Sainte Thérèse de Lisieux disait que le découragement est une forme d’orgueil. On ne se décourage que parce qu’on se regarde. Nous avons à essayer d’entrer dans un chemin où c’est le Christ qui est au centre. Le Christ donne la foi et l’amour, et l’amour reçu de Dieu donne la force d’agir, c’est notre moteur, c’est notre respiration. Et cet amour rend tout possible.

– Alors, le courage, la force, sont donc donnés ?

– Oui, donnés par l’Esprit saint. Une théologienne,  Élyane Casalonga dit: « Quand on s’oublie, quand on n’est plus centré sur soi mais sur le Christ, quand on ne regarde plus que Lui,  alors,  notre vraie force est de nous savoir faible et d’abandonner notre faiblesse dans les mains de Dieu. » Et je pense que c’est ce que voulait dire Saint Paul quand il disait « C’est quand je suis faible que je suis fort ». Nous sommes tous lâches, nous manquons de courage, mais Dieu nous demande de Lui faire confiance.

–         C’est vrai que quand nous traversons de grandes épreuves, quand nous sommes dans de grandes souffrances, nous sentons que si nous sommes profondément unis au Christ, ces souffrances sont tenables. Finalement, le vrai courage, c’est d’avoir peur et d’agir quand même, au-delà de notre lâcheté, portés par l’amour de notre Dieu.

–         Oui, et à partir de là, chacun a sa façon d’être courageux, on peut agir, mais on peut aussi supporter, pour l’amour du Christ, l’injustice, la calomnie, l’ingratitude, on peut trouver le courage de témoigner malgré les obstacles, on peut accueillir des événements qu’on n’aurait pas cru supportables sans être bouleversé par la violence, l’amertume ou l’anéantissement. On devient plus humble, plus patient envers soi-même et  donc envers les autres. On devient courageux.




Un mot, une réflexion : JUSTICE (Joëlle et Roger GAUD)

JUSTICE

– Je crois bien que la justice de l’homme et la justice de Dieu n’ont rien à voir.

– Oui, la justice de Dieu consiste en son amour : C’est Lui qui nous a aimés le premier et Il a envoyé son Fils qui est venu nous apporter la vie et nous délivrer du péché. La justice de Dieu, c’est le brigand sur la croix qui va entrer au Paradis. La justice de Dieu, c’est la femme adultère pardonnée.

– « Que celui qui est sans péché lui jette le premier la pierre. » Il faut être sans faute pour juger et condamner. Pas de jugement, pas de condamnation. Il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus.

 

 

 

–  Oui, la miséricorde de Dieu est sans limite et on ne peut pas confondre le pécheur avec son péché. Mais nous ne sommes justifiés que si nous prenons conscience de notre péché.

 – Veux-tu relire avec moi un passage du livre de Michèle Longis, « Parole en Paraboles », à propos de la femme adultère? Je te donne le rôle d’ Éléazar, un habitant de Jérusalem, au temps de Jésus, qui raconte ce qui lui est arrivé. Ce jour là, comme tous les jours à la même heure, Éléazar dévale les rues de Jérusalem. Il va retrouver Rachel, sa fiancée, à la fontaine. Et voilà qu’il est bousculé par une troupe qui monte en vociférant vers le Temple, qui pousse, qui tire, qui porte presque une femme échevelée, livide. Éléazar arrête un homme de ce groupe.

– « Que se passe-t-il ? » demande-t-il à l’homme.

– L’ homme lui désigne la femme :  « Elle a été prise en flagrant délit d’adultère ; nous montons au Temple interroger Jésus : faut-il ou non la lapider ? »

– La lapider, mais il y a longtemps qu’on ne lapide plus chez nous, ces coutumes barbares ont disparu.

– Peut-être, mais c’est toujours écrit dans la Loi ; on va voir ce qu’il en pense, le prophète de Galilée.

– Et toi ? Qu’en penses-tu ?

– Moi, je suis marié et je n’aimerais pas que ce soit ma femme qui… tu es trop jeune pour comprendre, mais voir la femme qu’on aime entre les bras d’un autre donne des envies de meurtre.

 – Il ne croyait pas si bien dire : je venais de m’imaginer Rachel, mon amour, à la place de cette femme et mon sang s’était figé, mes poings serrés, oui, serrés sur une pierre que j’avais ramassée, machinalement. Je me suis retrouvé au milieu de la foule, criant avec les autres, montant vers le Temple, vers ce Jésus dont on parlait beaucoup en ce moment à Jérusalem.  Qu’allait-il dire ?

–  Rien. Il ne dit absolument rien, il semblait ne pas entendre, penché vers le sol, dessinant du doigt sur le sable. Puis il se redressa, il regarda chacun l’un après l’autre, les yeux pleins de tristesse : « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui lance la première pierre » dit-il. Puis il se remit à écrire sur le sol. Un long silence suivit.

– Sans péché ? Moi, j’étais sans péché. Depuis ma plus tendre enfance, je m’étais toujours conformé aux commandements et je les avais fait respecter autour de moi, parfois même avec  mes poings.

      Fidèle observant de la Loi, moi qui m’étais gardé pur et qui n’avais encore jamais connu de femme, je pouvais donner le signal, comme il l’avait dit.

     Je levai la main… et je la laissai retomber, stupéfait : tout le monde était parti, il n’y avait plus que la femme, Jésus et moi. Moi, le plus jeune, le « sans péché », le juste.

     Mais pourquoi le regard de Jésus a-t-il été si triste en croisant le mien ? Aurais-je, moi aussi, quelque chose à me reprocher?

     J’ai, il est vrai, sali Rachel en l’imaginant dans les bras d’un autre. De nous deux, le coupable, ce n’est pas elle. Ou, peut-être, Jésus n’approuve-t-il pas ma violence, même au service de la Loi ? Mon besoin d’avoir raison ? Cet orgueil de me considérer comme juste ?

       Avec cette autre vision de moi-même qui se fait jour à cet instant, ne serait-ce pas la première fois que je vois juste ?

       La pierre glisse de mes doigts, elle tombe à mes pieds. Je tends vers Jésus mes mains vides. Il sourit. Je m’éloigne à pas lents. Les dernières paroles que j’entends, sont :« Va, et ne pèche plus. » À qui s’adressent-elles ? À la femme ? À moi ? À nous?

       La joie m’envahit. Je me sens pardonné, vivant, léger. Je me mets à courir : Rachel sera-t-elle encore à la fontaine ? Rachel, attends-moi, pardonne-moi toi aussi. Jamais, jamais plus je ne lancerai de pierre à personne : je sais maintenant que je ne suis pas juste, mais que je suis pardonné.

–  Aucun de nous n’est juste, mais nous sommes tous des pécheurs pardonnés, telle est la justice de Dieu.

 




Un mot, une piste de réflexion : NOUVEAUTE (Joëlle et Roger GAUD)

NOUVEAUTÉ

–  Nouveauté… Tu m’as parlé, à propos de la conversion, de regard neuf sur soi-même, sur ses activités, donc je suis prêt(e) à la nouveauté dans ma vie. Tu as dit que nous parlerions du côté spirituel. Est-ce qu’il y a du neuf à prévoir là aussi ?

–  Dieu est un Dieu de nouvelles choses… Dieu « passe son temps » (entre guillemets) à faire des choses nouvelles. Depuis la Création, jusqu’à l’événement le plus inconcevable de tous les temps : l’Incarnation. Dieu lui-même qui entre dans la Création par Jésus Christ, Jésus, qui donne sa vie à la Croix pour chacun de nous… Et qui par sa résurrection, nous appelle à une vie nouvelle…

– Oui, une vie nouvelle dans notre vie personnelle au quotidien. Dieu a quelque chose de nouveau pour chacun de nous, j’en suis convaincu(e)… Mais il ne peut rien faire sans nous. Il faut que nous le laissions nous emmener sur de nouveaux terrains… Je me souviens que le pape François a dit il y a quelques années: « Dire: « on a toujours fait comme ça », c’est avoir le cœur fermé. »

–   Oui, je me rappelle que le pape François avait dit ça à propos de la phrase de Jésus: «Mets le vin nouveau dans des outres neuves». Celui qui n’est pas ouvert à la nouveauté du Seigneur, à l’Esprit Saint qui nous surprend sans cesse, celui-là finit avec une vie bricolée. Nos habitudes doivent se renouveler.

–  Il y a quand même de bonnes habitudes.

– Justement le pape François disait qu’il nous faut demander la grâce de savoir faire la différence entre ce qui ne doit plus changer, parce que c’est un fondement, et ce que l’on doit changer pour pouvoir recevoir cette nouveauté.

–  C’est vrai que c’est confortable de dire « on a toujours fait comme ça », ça m’est déjà arrivé, quand c’était plus facile de ne rien changer, ou alors, faute d’idée nouvelle. Mais, bien sûr qu’il faut résister à cette première réaction, et plutôt demander à Dieu de me suggérer l’habitude qui pourrait changer dans ma vie, pour le laisser faire quelque chose de… nouveau.

          Bon, alors regard nouveau sur toute ma vie intérieure. Ouvrir la porte au Christ, à l’Esprit qui frappe… « Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi. »

–  Oui, c’est dans le livre de l’Apocalypse…(Ap 3, 20) Et combien d’autres passages bibliques où Dieu nous assure qu’il fait toute chose nouvelle, qu’Il nous donne un cœur nouveau, un esprit nouveau! Il veut transformer tout ce qui est mauvaises habitudes en nous.

–   Et bien sûr, Il va nous aider à sortir de ce qui nous fait peur, de ce qui nous paralyse. Il veut que notre vie change en bien, peu importe le passé. Il veut nous emmener dans quelque chose de nouveau, Il veut faire avec nous une nouvelle alliance.

           Mais que faire concrètement ?

– Peut-être commencer par se mettre en prière et demander au Seigneur la grâce de se laisser transformer chaque jour, d’accepter la nouveauté qui va m’arriver, d’accepter l’imprévu de bonne grâce.

          Un exemple, hyper concret. Quand tu vas à la messe, tu as repéré une place où tu te sens bien… C’est devenu TA place. Le jour où elle est prise, quelle est ta réaction ? Vas-tu dire: « Quel est l’intrus qui m’a pris ma place ? »

– Non, plutôt « Merci Seigneur, je sens qu’aujourd’hui, à travers cette nouvelle place que tu vas me donner, il y a sûrement quelque chose que tu as prévu pour moi. » Peut-être que je vais pouvoir rencontrer quelqu’un que je n’aurais pas vu sinon. Peut-être que c’est tout simplement pour que je commence à m’habituer de bonne grâce à la nouveauté.

–  C’est ça!

          Un autre exemple. Comment prendre cette situation de crise sanitaire liée à la pandémie? Se dire « Tout va mal, on n’en a pas fini! On n’a jamais vécu des choses pareilles! C’est une catastrophe mondiale! On ne comprend rien à toutes ces mesures que prend le gouvernement ». Ou alors, se dire  » Nous vivons une épreuve qui va nous emmener vers des horizons nouveaux. C’est une occasion de nous convertir, et comme le pape François le dit, c’est un temps de grâce qui nous est donné pour comprendre la volonté de Dieu sur chacun de nous et pour toute l’Église. »




Un mot, une piste de réflexion : ECOUTE (Joëlle et Roger GAUD)

ECOUTE

 

– L’écoute est un thème que l’on retrouve souvent dans la Bible.

–  Et évidemment, on ne peut que penser au grand commandement donné au peuple d’Israël, dans le livre du Deutéronome : « Shema Israël, Ecoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta force ».

–         Ecouter Dieu, on en a un peu parlé avec le mot « silence ». Oui, on peut écouter la Parole de Dieu, la méditer, ça fait partie de l’écoute de Dieu. Dieu nous parle par Sa Parole, qui est plus qu’un livre saint…

–         Oui, on en reparlera d’ailleurs. Dieu nous parle aussi à travers les circonstances de notre vie, rien n’arrive jamais par hasard

–         Ma première réaction devant un événement nouveau dans ma vie devrait donc être « Qu’est-ce que tu veux me montrer, Seigneur, dans cet événement Seigneur, dans cette épreuve? »

–          Oui, que de témoignages d’épreuves vécues qui se sont terminées par « oui, je peux dire que cette épreuve m’a apporté beaucoup, à la réflexion. Oui, Dieu s’est servi de cette épreuve pour mon bien » Et puis, parfois, aussi, le mystère demeure….

–         Dieu nous parle à travers la Bible, à travers les circonstances et aussi à travers les autres.

–         Oui, Il peut parler par n’importe qui, parfois même par quelqu’un qui n’est pas chrétien, mais ne prenons pas pour parole venant de Dieu, tout ce qui nous est dit. Même si cela vient de chrétiens qui disent l’avoir reçu de Dieu. Tout est toujours à discerner dans le silence, dans la prière, en attendant des confirmations avant d’agir, en demandant aussi parfois l’accompagnement de personnes habilitées. La Parole de Dieu est aussi un critère de discernement: si Dieu me demande quelque chose, cela doit être conforme à Sa Parole.

–         Dieu nous parle aussi parfois « en direct »…

–         Oui, la petite voix intérieure dans notre coeur… en particulier dans les temps de prière,  surtout de prière silencieuse .  » Parle Seigneur, ton serviteur écoute » . C’est ainsi qu’Héli enseigne au petit Samuel comment il devra répondre lorsque Dieu l’appellera.

–         Oui, et cet enseignement qui lui est donné, nous concerne tous, à tout instant, parce que c’est une leçon de prière.

–         Si on vous disait que vous alliez rencontrer Dieu en direct, qu’il allait vous parler, et que vous pourriez lui parler, que Lui diriez-vous? Héli nous l’indique: le mieux serait de dire : «Parle, Seigneur, ton serviteur écoute». La juste relation à Dieu, c’est que nous, nous le servions, et pour bien Le servir, il faut l’écouter, afin de découvrir sa volonté. Parle Seigneur, ton serviteur écoute.

– Mais la difficulté est de reconnaître la voix de Dieu. D’ailleurs Samuel non plus, au début, n’a pas compris, et c’est Héli qui explique à Samuel que c’est Dieu qui l’appelle.

– Oui, nous avons à apprendre à être attentif à l’appel de Dieu. C’est dans une relation personnelle à Dieu que l’on peut trouver à quoi Dieu nous appelle, de quelle manière nous pourrions le servir.  Il se sert de nos désirs, de nos aptitudes, de nos dons naturels. Mais là encore, ce n’est pas toujours évident de savoir si c’est l’Esprit Saint qui est venu parler en moi ou si c’est mon esprit… Ou même, un esprit « malin »…  A discerner là aussi.

– Ecouter Dieu d’accord, mais dans le mot écoute, en français courant, on retient surtout l’écoute des autres. Et là encore, quelqu’un dont on dit qu’il a de belles qualités d’écoute est quelqu’un qui se tait beaucoup.

– Le Pape François appelle cela l’apostolat de l’oreille. Nous sommes envoyés pour écouter avant de parler. Ecouter avec amour, avec patience, sans se fatiguer, comme Dieu le fait avec nous.

– Oui, surtout quand ça fait dix fois que nous lui redisons la même chose.

–  Oui, et écouter est bien plus qu’entendre; entendre a quelque chose de passif, j’entends un son, je ne réagis pas forcément.  Si j’écoute ce son, et plus particulièrement, si j’écoute une personne, je prête l’oreille, j’ouvre les oreilles de mon cœur, je mets en action tous mes sens, j’essaie de comprendre, je m’implique, je me fais proche de celui que j’écoute, et je me tais.

–   Finalement que faut-il pour bien écouter?

–         L’écoute exige amour et silence, ce que je trouve auprès de Dieu, que j’écoute en silence et qui me donne cet amour que je peux alors partager.




Un mot, une piste de réflexion : AUDACE (Roger et Joëlle GAUD)

AUDACE

 

–        « AUDACE ».

–         Un feu intérieur qui nous pousserait à sortir des sentiers battus?

–       Exactement! Ce feu étant celui de l’Esprit Saint… Car l’audace qui ne vient pas de l’Esprit Saint peut dégénérer en démesure et même en arrogance… La Bible regorge d’exemples d’audacieux, qui ont mis leur foi en action au point de faire des choses que personne n’avait faites auparavant.

–         C’est donc la foi qui engendre l’audace?

–         Oui très clairement… Abraham, le Père des croyants, a abandonné sa « vieille vie », il a quitté sa maison, pour se laisser diriger par Dieu d’un point à un autre sans savoir où il allait. Moïse a eu  une audace qui dépassait tout ce qu’on peut imaginer, il a entraîné des milliers de familles dans un genre de « mission impossible », à travers le désert. Ça semblait suicidaire, mais, dès qu’un croyant est ouvert à la grâce, il semble que l’impossible puisse devenir réalité….

–        Pour moi, le mot « audace » évoque David et son combat spectaculaire contre Goliath, l’enfant contre le géant. Là encore, la puissance de l’Esprit Saint et la foi de David ont donné à son caillou la vitesse et la force capables de terrasser  Goliath.

–         Et toutes ces femmes de l’Ancien Testament, Deborah, Judith, Esther et j’en passe… Et dans le Nouveau Testament aussi, que d’exemples d’audace inspirée… Je pense à deux « Marie », Marie bien sûr, la mère de Jésus, quelle audace d’avoir osé dire « oui », oser faire fi des qu’en dira-t-on, je ne trouve pas de mots pour dire qu’elle a osé entrer dans…  l’inouï, dans l’inédit de Dieu… Et Dieu continue à chercher des cœurs comme celui de Marie, disposés à croire, même dans des conditions tout à fait extraordinaires.

–         Et tu veux parler aussi, je suppose, de Marie de Béthanie qui a eu l’audace de répandre un parfum de grand prix sur les pieds de Jésus au mépris du regard des autres, n’hésitant pas à donner ce qu’elle avait de plus précieux, par amour.

–         Oui, rien n’est extravagant lorsqu’il s’agit d’un acte d’amour pour Dieu. Et puis, dans le livre des Actes des Apôtres,  on voit aussi l’audace de Pierre, rempli de l’Esprit Saint, qui prend la parole le jour de la Pentecôte, ou après avoir guéri l’infirme de la Belle Porte, et puis aussi l’audace de Paul, bravant tous les dangers, dans ses voyages, et la prison, les coups et coups de fouet reçus, bastonnade, lapidation, frôlant la mort, faisant naufrage, pour la cause du Christ !

–         Alors, est-ce que cette audace qu’on trouve dans la Bible doit nous parler à nous aussi? Et comment?

–         J’ai envie de dire que l’Esprit Saint veut passer par chaque personne d’une manière unique. Alors il s’agit de se mettre à son écoute, – on en a déjà beaucoup parlé – et  de se tenir prêt à répondre avec audace. Être prêt à faire ce que peut-être personne ne s’est autorisé à tenter auparavant, parce que ça pouvait sembler trop risqué ou trop difficile. Oser surprendre, inventer de nouvelles façons de faire. S’affranchir des idées reçues, oublier le regard des autres.

          Par exemple, le Pape François, qui a beaucoup pris la parole au sujet de la pandémie, dit que nous avons non seulement à «  identifier les nouvelles formes de pauvreté ,  pauvretés matérielles, pauvretés humaines, pauvretés sociales , mais aussi que la miséricorde doit nous inviter à avoir “de l’imagination” dans les mains.  » Et il ajoute « Ne vous lassez pas de demander cette grâce à l’Esprit Saint dans la prière personnelle et communautaire. »

–         Faire que notre générosité soit pleine d’audace. A propos du Pape François, on peut aussi remarquer qu’il a fait preuve d’une réelle audace en se rendant en Irak récemment.

–         Oui, et je crois que le Seigneur attend de nous que nous soyons remplis d’audace aussi dans notre relation avec lui. Nous savons souvent oser la nouveauté dans notre vie, dans nos centres d’intérêts, dans nos occupations, mais nous ne faisons pas toujours preuve de la même imagination dans notre relation au Seigneur.

–         Bien sûr aller vers l’inconnu dans le domaine spirituel, sortir de notre zone de confort, n’est pas toujours évident.

–         Un pasteur américain (W. Wiersbe ) a écrit:  » Si nous possédons la dynamique du Saint-Esprit dans notre vie, nous ne nous satisferons assurément pas du train-train spirituel. Nous attendrons du Seigneur qu’il nous place au coeur de l’action et fasse de nous des pionniers audacieux au lieu de spectateurs apathiques. » Brûlons d’amour pour le Seigneur! Et que l’Esprit Saint nous remplisse de ce feu intérieur qui nous donne l’audace de tenir ferme au nom de notre foi dans le Christ Jésus!




Un mot, une piste de réflexion : FOI (Roger et Joëlle GAUD)

La foi n’est pas qu’un ensemble de croyances. Sous le mot « foi » se cache en filigrane des notions essentielles comme la Confiance et l’Espérance. D’ailleurs, le mot français « foi » vient du latin « fides », que l’on peut traduire généralement par « confiance ».

A nos croyances, il faut ajouter une dimension d’espérance, sinon ce n’est pas la foi ! Pour le dire de façon très synthétique, on pourrait résumer par la formule : « Foi = Croyances + Espérance ».

– Cette dimension d’espérance que tu viens d’évoquer me fait penser que, déjà Saint Augustin, au IVème siècle, notait qu’il y a une nuance entre « croire que » et « croire en ».

Quand je dis je crois que, j’émets en fait une hypothèse. Je pense qu’il est possible que … «Croire que » comporte, en fait, une part de doute !

Tandis que lorsque je dis « je crois en », cela veut dire que je mise sur : je crois en ce jeune qui a 20 ans et qui est très brillant ; je pense qu’il ira loin dans la vie. Je crois en lui.

Et quand un Chrétien proclame le contenu de sa foi en récitant le Credo, il ne dit pas je crois que, mais je crois en. Quand je dis «  je crois en un seul Dieu », ça signifie que non seulement je crois qu’il existe, mais qu’en plus, je mise sur lui. Voilà vraiment ma foi. Voilà mon espérance.

– Troisième point : La foi est en même temps un don de Dieu et un choix personnel. C’est un don de Dieu : Comme toujours dans les relations entre Dieu et les hommes, c’est à Dieu que revient l’initiative !  Mais la foi, c’est aussi un choix personnel. Autrement dit : la foi nécessite un accueil de notre part. Dieu nous la donne, mais ne nous l’impose pas : Il nous la propose, à nous de l’accepter ou de la refuser.

– Autre point important : La foi n’est pas une assurance contre le malheur ! Mais … elle nous aide à mieux affronter nos problèmes quotidiens ! La foi nous donne une force inégalable pour traverser nos épreuves : Croire, c’est savoir que nous ne sommes pas seuls et que nous pouvons garder confiance au cœur de l’épreuve.

– Cinquième point : Il ne faut, ni se faire d’illusion, ni culpabiliser si ça nous arrive : La foi passe parfois par des périodes de doute !

Beaucoup de nos auditeurs ont sans doute entendu parler de ces « nuits de la foi » qu’ont vécues de grands saints comme Saint Jean de la Croix, Sainte Thérèse de Lisieux ou la Sainte Mère Teresa.

–         D’où notre sixième point : La foi a besoin d’être cultivée. Comme le dit le Père Pottier : « La foi, on ne l’a pas une fois pour toutes … Il faut sans cesse l’alimenter, la restaurer »  … (par la prière, les sacrements, la lecture de la Parole, des retraites …). » La foi, on peut l’avoir, mais on ne peut la stocker ! »

 

–         Pour comprendre le septième point, à savoir que la foi n’est pas qu’une option « individuelle », j’aimerais bien que tu nous lises ce qu’a écrit le Pape François dans son encyclique « Lumen Fidei »:

–         « Il est impossible – dit le Pape – de croire seul. La foi […] s’ouvre au ‘nous’. Elle advient toujours dans la communion de l’Eglise » .

–         Ce qu’il veut nous dire, c’est qu’il est très important de vivre sa foi « en Eglise ». Cela nous permettra de ne pas nous enfermer sur nous-mêmes ; et cela nous mettra à l’abri de l’orgueil qui finirait par nous faire croire que nous sommes les seuls à avoir raison ; et que tous ceux qui ne pensent pas comme nous se trompent (…comme on l’entend, hélas, si souvent dans le sectes !).

Dernier point : la foi nous engage !

–         En effet : à quoi ça nous servirait « d’avoir la foi », c’est-à-dire de croire en un certain nombre de choses qui nous poussent à l’espérance, si cela ne change rien à notre quotidien, si notre vie ne s’en trouve pas transformée ?

Normalement, le fait d’avoir la foi (ce qui va, entre autres, m’aider à traverser mes épreuves) devrait changer ma façon d’aborder mon quotidien ; et devrait être pour moi un véritable trésor … trésor que je ne peux pas garder pour moi tout seul, égoïstement ! Et ce trésor, j’aurai envie de le partager avec d’autres !

Et on rejoint là le désir de notre Pape qui souhaite que chaque Chrétien soit non seulement un disciple, mais un disciple-missionnaire …

–         Un tout dernier point avant de nous quitter : à ceux qui se demandent « Finalement, c’est quoi prier avec foi ? », je crois qu’on peut leur répondre ce que disait ce grand théologien qu’était le Père Adolphe Gesché : à savoir que  prier avec foi, c’est prier en croyant « non pas que j’obtiendrai forcément ce que je désire, mais que Dieu me donnera ce qu’il y a de meilleur pour moi ».




Un mot, une piste de réflexion : RENIEMENT (Roger et Joëlle GAUD)

RENIEMENT

– Le mot « reniement »… Alors, disons-le tout de suite ! Voila un mot qu’on n’aime pas trop croiser tant il est lourd de connotations négatives ! … Mais il faut quand même s’y arrêter …

– Oui ! D’abord parce que, pendant la Semaine Sainte, les textes de la liturgie évoquent le reniement de Pierre, et nous invitent à réfléchir  en quoi ça nous concerne, nous aussi. Et puis parce que ce mot, si chargé négativement, peut nous permettre de mieux réaliser la grandeur de l’Amour de Dieu pour nous.

   Alors : Voyons déjà un premier point. Il part d’une constatation, c’est que la société occidentale européenne a basculé, depuis quelques décennies, dans une déchristianisation contre laquelle l’Eglise a bien du mal à lutter, malgré tous ses efforts. La pratique religieuse est devenue un phénomène marginal en France. Et je dirai même que, dans certains milieux, des Chrétiens hésitent parfois à s’afficher comme tels, de peur de passer pour des simples d’esprit !

–   Là : Tu exagères !

–   Pas tant que ça ! Combien de nos contemporains adoptent envers nous une attitude, sinon agressive, du moins condescendante, et nous regardent avec un petit sourire ironique ! Mais … je te l’accorde, ici, à La Réunion, les choses se passent mieux : Beaucoup de personnes ont une pratique religieuse régulière, qu’elle soit chrétienne ou autre. Et nous vivons tous en bonne intelligence.

–  Bon ! Admettons que ton analyse n’est pas totalement fausse … mais je persiste à penser que ceux qui nous regardent de haut …, dans le fond, nous envient d’avoir la foi !

–  Oui ! C’est vrai ! Et à titre personnel, je peux témoigner qu’il m’est arrivé plus d’une fois que ceux-là mêmes qui m’avaient moucaté(e), quand je leur avais dit que j’étais Chrétien(ne), sont venus par la suite me dire, on ne peut plus clairement, qu’ils m’enviaient !

–  Ça a dû te faire plaisir, non ?

–  Bien sûr ! Non seulement ça m’a fait plaisir, mais en plus ça m’a encouragé(e) à continuer à témoigner, dès que l’occasion m’en était donnée ! Parce qu’il ne faut se faire aucune illusion : Je sais bien que le Christ, je le renie cent fois par jour. Je lui dis que je veux le suivre, mais à la première difficulté, je le renie ! Alors, si de temps en temps, j’arrive à témoigner de ma foi, j’essaye de saisir l’occasion !

–  J’ai l’impression que tu es en train de nous dire que tu es (que nous sommes !) un peu tous comme Saint Pierre : tout feu, tout flamme … mais capables de craquer à la première occasion !

– Oui ! C’est ça ! Notre bonne volonté ne suffit pas ! Et il est infiniment plus facile de renier, ou du moins de taire notre foi que de l’affirmer ! Mais ce n’est sans doute pas ce que le Seigneur attend de nous !!

– Entre taire sa foi et renier le Christ, il y a quand même une différence !

– Oui ! Oui ! Mais à une époque où le monde qui nous entoure est de plus en plus déchristianisé, à une époque où notre Pape exhorte chaque chrétien à être non seulement disciple, mais disciple-missionnaire, je crois qu’on ne peut pas faire l’impasse de réfléchir à ce problème du reniement.

–  Humm ! J’ai l’impression que tu cherches presque à nous culpabiliser !

–  Non pas du tout ! Ce que je cherche, c’est à nous faire prendre conscience du fait que nous pouvons tous, même si ce n’est pas aussi flagrant que Saint Pierre, nous pouvons tous renier notre Seigneur. Et que… si ça nous arrive, il serait absurde d’entrer dans un excès de culpabilité.

–  Selon toi, qu’est-ce qu’il faudrait faire dans ce cas-là ?

– Je crois que ce qu’il faut faire dans ce cas-là, c’est bien sûr prendre conscience du mal qu’on a fait, de la blessure qu’on a infligée à Dieu qui nous aime infiniment… Et ensuite le regretter de façon sincère…. Et enfin demander à Dieu de nous pardonner ! Si on arrive à faire ça, ça nous évitera de rester bloqués dans un remords qui serait totalement stérile.

–  Et ça nous permettra peut-être de mesurer la grandeur de la miséricorde de Dieu ?

– Exactement ! D’un mal (de notre reniement), Dieu peut toujours tirer un bien : en l’occurrence nous aider à comprendre que son amour pour nous est infini … et qu’aucun péché ne pourra l’empêcher de nous aimer et de nous pardonner ! Face à ce problème d’un éventuel reniement de notre part, je pense qu’on peut demander au moins deux choses à Dieu : de nous protéger pour que nous ne tombions pas dans un tel péché. Et puis Lui demander que, s’il nous arrivait de tomber, nous ne doutions jamais de sa miséricorde, si nous l’implorons sincèrement !




Un mot, une piste de réflexion : PAROLE (Roger et Joëlle GAUD)

PAROLE

 

–         La Parole de Dieu est vivante et efficace  nous dit la lettre aux Hébreux… Fini le temps où lire la Bible était interdit aux chrétiens ou du moins réservé à quelques-uns. Nous sommes tous aujourd’hui appelés à prendre connaissance régulièrement de la Parole de Dieu pour nous en nourrir.

–         Et le Pape François a même institué un dimanche de la Parole de Dieu en janvier pour que le peuple du Seigneur grandisse dans l’assiduité familière avec les Saintes Écritures.

–         Oui, car la Bible n’est pas une simple « collection » de livres d’histoire pour quelques « privilégiés » estime le pape François, non, elle appartient avant tout « au peuple convoqué pour l’écouter et se reconnaître dans cette parole ».

–         Pourquoi est-il si important de prendre connaissance de la Parole de Dieu?

–         Pour de nombreuses raisons, je ne sais pas si nous allons en faire le tour, mais, plus que d’en prendre connaissance, je dirais, pourquoi est-il si important de se nourrir de la Parole de Dieu?

–         Tu vas de nouveau me parler de rumination?

–         Oui, nous avons dit que Saint Augustin disait que la lecture des Ecritures est comme manger quelque chose, et que la méditation est comme ruminer quelque chose. Dei Verbum, une des constitutions promulguées par le Concile Vatican II, déclare que l’Église honore la Sainte Ecriture, comme elle le fait avec le Corps du Christ. La sainte Ecriture est pour les chrétiens, la nourriture de leur âme et la source de leur vie spirituelle.

          Et le Pape Benoît XVI a même écrit que « La proclamation de la Parole de Dieu dans la célébration du banquet eucharistique implique la reconnaissance que le Christ lui-même est présent et s’adresse à nous pour être écouté ».

  –       On comprend que Saint Jérôme ait dit « Ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ ». Donc, je comprends bien que la Parole de Dieu nous nourrit spirituellement. Ceci dit, j’ai déjà entendu « C’est difficile à comprendre, dans la Bible, il y a tant de textes compliqués ». Que dire alors?

 –         C’est l’Esprit Saint qui nous apprend à comprendre et à méditer la Parole de Dieu. C’est Lui qui nous permet d’entrer en communication avec la Parole dans le silence de notre coeur profond. Il existe vraiment un travail souterrain de la grâce.

 –        Isaïe 55,11 « La Parole qui sort de ma bouche ne revient pas à moi sans effet, sans avoir accompli ma volonté et réalisé ce pour quoi je l’ai envoyée. »

–         C’est important d’étudier la parole de Dieu, de la remettre dans son contexte, de comprendre comment la Bible a été rédigée, mais c’est capital de se laisser toucher au cœur et de percevoir en quoi la parole de Dieu contenue dans la Bible me concerne directement.

          A propos du fait que la parole de Dieu fait invisiblement son travail, je voudrais raconter une histoire des Pères du désert. Un jour, un jeune moine était en train de laver une salade quand un frère, voulant le mettre à l’épreuve, lui demanda : « sauras-tu répéter ce que l’ancien a dit sur l’Évangile de ce matin ?      – Je ne m’en souviens plus, avoua le jeune moine. L’autre lui demanda: – Pourquoi écoutes-tu les paroles de l’ancien sur l’Évangile, si tu ne te les rappelles plus ?         Le jeune moine répondit – Regarde, frère : l’eau qui lave la salade ne reste pas dans les feuilles et pourtant, ma salade est parfaitement lavée. »

 –        Voilà qui nous déculpabilise quand nous oublions…  Je crois qu’un contact régulier, avec la Parole de Dieu, nous permet au fil du temps, d’en faire notre boussole quand nous nous sentons perdus. S’imprégner peu à peu de cette parole, nous transforme.

–        La Parole de Dieu est une lettre d’amour. C’est un livre de bonheur. Il est écrit 42 fois « heureux » dans l’AT et 49 fois dans le NT. En hébreu, heureux, c’est ashrè:  אשׁר   la racine, c’est marcher, s’avancer, être heureux. André Chouraqui a traduit « En marche ». La Bible nous met en marche… nous donne la vie, nous recrée, la Parole nous fait grandir dans l’amour, nous guérit, la Bible est remplie des promesses que Dieu me fait.

 

 

 –        C’est pour ça qu’il est important de prendre le temps de méditer la Parole de Dieu avec d’autres, en Eglise. Parfois aussi, la parole de Dieu peut nous donner un certain nombre de repères, en particulier quand nous avons à prendre des décisions importantes.

 –        Mais attention, ouvrir la Bible au hasard et pointer son doigt sur un passage n’est pas forcément conseillé ni constructif. C’est vraiment au fil des jours, en persévérant dans une lecture et une méditation suivies, que cette Parole va pouvoir être sur notre bouche et dans notre coeur, pour que nous puissions la mettre en pratique.(Dt 30,14)




Un mot, une réflexion : CENE (Joëlle et Roger GAUD)

CENE

– Le mot Cène (c.è.n.e) désigne tout simplement le repas du soir, le dîner (cena en latin).

Pour les chrétiens c’est le nom donné au dernier repas que Jésus a pris, en présence des douze apôtres, le soir du Jeudi Saint, juste avant la Pâque juive, peu de temps avant son arrestation, et la veille de sa crucifixion.

– Les quatre évangiles nous disent que ce soir-là, à la veille de sa Passion, Jésus va dire (va nous dire) des choses importantes et poser des actes forts !

Par exemple, c’est ce soir-là que Notre Seigneur va annoncer clairement, et la trahison de Judas, et le reniement de Pierre.

– Et c’est également ce soir-là que, selon l’évangile de Saint Jean, Jésus va léguer à ses disciples une sorte de testament spirituel où il les invite à se rappeler le primat de l’amour : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.»

– Oui ! Mais les évangiles nous relatent aussi deux événements importants qui se sont passés ce soir-là :

L’évangile de Saint Jean nous raconte le lavement des pieds de ses disciples par Jésus.

Et les évangiles synoptiques nous parlent de l’institution de l’Eucharistie … que d’ailleurs Saint Paul aussi nous relate dans sa première lettre aux Corinthiens.

Voyons comment Saint Matthieu, par exemple, nous raconte cela :

– « Pendant le repas, Jésus prit du pain et, après avoir prononcé la bénédiction, il le rompit ; puis, le donnant aux disciples, il dit : « Prenez, mangez, ceci est mon corps ». Puis il prit une coupe et, après avoir rendu grâce, il la leur donna en disant : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude, pour le pardon des péchés. » (Mt 26,26-28)

– Ce qui est frappant (et même choquant !) c’est que le Seigneur dit que ce pain est son « corps » et qu’il faut que nous le « mangions » ! « Ceci est mon corps ! Prenez et mangez ! »

– C’est tellement difficile à comprendre, c’est tellement « scandaleux » (au sens premier du terme, un scandale étant une pierre d’achoppement, un obstacle sur lequel on bute !), c’est tellement incompréhensible que les premiers chrétiens se sont parfois vus accusés de cannibalisme par leurs détracteurs.

– Mais nous aussi, Chrétiens du XXIème siècle, nous avons du mal à réaliser qu’à chaque Eucharistie nous mangeons le corps du Christ !

Or, on ne peut s’y méprendre car le mot grec utilisé dans les trois évangiles synoptiques et dans la lettre de Saint Paul, est le mot « sôma » qui veut bien dire « corps » !

– Et le fait que ce morceau de pain qui vient d’être consacré par le prêtre pendant la messe puisse devenir le corps même du Christ (les théologiens emploient le mot de « transsubstantiation ») c’est – et ça restera – ce qu’on appelle un mystère, c’est-à-dire une vérité de foi si profonde qu’on ne pourra jamais la comprendre totalement, même si on est invité à la creuser sans cesse.

– Est-ce que tous les Chrétiens, qu’ils soient catholiques, orthodoxes, protestants ou évangéliques, célèbrent la Cène ?

–  Oui. Mais ils ne donnent pas tous la même signification à leurs célébrations : Par exemple, lorsque nos frères chrétiens évangéliques célèbrent ce qu’ils appellent « la Sainte Cène » ou « le repas du Seigneur », ils mettent l’accent sur le fait de « faire mémoire » de ce qui s’est passé ce jour-là, avec l’entrée du Seigneur dans sa Passion, qui le conduira à son sacrifice sur la croix qui nous assurera le Salut !

Nous, Catholiques, nous pensons qu’il ne s’agit pas simplement de « faire mémoire » mais de revivre ce qui s’est passé lorsque le Christ a institué l’Eucharistie. C’est pourquoi on dit que c’est un « Mémorial », c’est-à-dire une actualisation véritable de ce qui a été vécu à ce moment-là !

–  Autre question : Pourquoi quand on parle d’Eucharistie, on pense souvent à « Communion ». Pourquoi dire qu’on « communie » au Corps (et au sang) du Christ ?

– On pourrait dire que c’est parce que c’est par ce sacrement que les chrétiens s’unissent au Christ … ce qui  va les unir entre eux, les mettre en communion les uns avec les autres. En se rendant participants au Corps et au Sang du Christ, ils arriveront à former un seul corps, dans l’unité !

–  Au fait, quelle est l’origine étymologique du mot Eucharistie ?

–  Le mot Eucharistie vient du Grec Eucharistia qui signifie «action de grâce ». Eucharisteô, en grec, c’est « rendre grâces » – (D’ailleurs, en grec moderne, « merci beaucoup » se dit « Efcharistô poly ») –

Alors, avant de nous quitter, peut-être pourrions-nous garder à l’esprit que lorsque nous allons à la messe pour revivre le Mémorial de la Cène du Seigneur, nous n’y allons pas uniquement pour communier sacramentellement – si possible ! –  mais nous y allons aussi pour « rendre grâces » au Christ de ce qu’il a fait (et ne cesse de faire) pour nous assurer le salut !