« A quoi sert le baptême ? »
Question : « A quoi sert le baptême puisque nous sommes tous les enfants de Dieu et d’autant plus que dès notre conception humaine, nous avons déjà l’Esprit-Saint ? »
Dieu nous a tous créés en « soufflant » en nous (Gn 2,4b-7) ce « souffle de vie » qui, dans la Bible, renvoie à l’Esprit Saint. Isaïe fait ainsi le parallèle entre ces deux notions, en un très beau verset à portée universelle (Is 42,5) : « Ainsi parle Dieu, Yahvé, qui a créé les cieux et les a déployés, qui a affermi la terre et ce qu’elle produit, qui a donné le souffle au peuple qui l’habite, et l’esprit à ceux qui la parcourent. »
Ainsi, ce « Dieu » qui « est Esprit » (Jn 4,24) a créé tout homme en se donnant en tout son Être, et donc en lui donnant, en tant que créature, d’être lui aussi ce qu’il est. Ainsi, tout homme est « esprit, âme et corps » : « Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie totalement, et que votre être entier, l’esprit, l’âme et le corps, soit gardé sans reproche à l’Avènement de notre Seigneur Jésus Christ » (1Th 5,23).
« Dieu est Esprit » ? Nous sommes nous aussi « esprit » ? Nous participons donc déjà à ce que Dieu est en lui-même par le simple fait que nous avons été créés et lancés dans l’aventure de la vie…
« Dieu est Saint » ? « Dieu est Esprit Saint » ? Nous aussi, nous sommes, au plus profond de notre être « esprit saint », ce qui fait que tout homme a, en lui, un sens inné de la justice, de la vérité, de la droiture, de la loyauté, du ‘bien’, etc… A ce titre, nous avons en nous comme « une loi » dira St Paul, une « loi » qui n’est que l’expression de notre « être » profond : « Quand des païens privés de la Loi accomplissent naturellement les prescriptions de la Loi, ces hommes, sans posséder de Loi, se tiennent à eux-mêmes lieu de Loi ; ils montrent la réalité de cette loi inscrite en leur cœur, à preuve le témoignage de leur conscience, ainsi que les jugements intérieurs de blâme ou d’éloge qu’ils portent les uns sur les autres » (Rm 2,14-15)…
Maintenant, notre être « esprit » doit s’accomplir ; nous avons tous été créés pour vivre en relation avec Dieu dans l’Amour, l’entendre, le comprendre, lui répondre, vivre en communion avec lui…
Tout est donc dans « l’ouverture de cœur » à Dieu qui, de son côté, étant Amour, est toujours éternellement Don de tout ce qu’il est en lui-même… Le Pape François déclarait ainsi lors d’une audience à Rome : « Le premier pas que Dieu accomplit vers nous est celui d’un amour donné à l’avance et inconditionnel. Dieu nous aime parce qu’il est amour, et l’amour tend de nature à se répandre, à se donner » (14/06/2017). Lui ouvrir son cœur, c’est donc accueillir ce Don de l’Esprit. Refuser la relation avec lui, lui fermer son cœur, c’est toujours « vivre », mais sans connaître cette Plénitude que seul le Don de Dieu peut nous communiquer. En tant « qu’être créé pour la relation », nous pourrions prendre l’image d’une maison : notre esprit, notre cœur, est un maison, avec une porte qui peut être ouverte ou fermée. Et Dieu de son côté est un « soleil » : « Le Seigneur Dieu est un soleil… Il donne la grâce, il donne la Gloire » (Ps 84(83),12, et il le fait en donnant ce qu’il est en lui-même, c’est-à-dire en donnant l’Esprit. « Il donne la grâce » en donnant « l’Esprit de la grâce » (Hb 10,29). Il donne la gloire en donnant « l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu » (1P 4,14). Et ce Don est gratuit, universel, offert à tout homme, quel qu’il soit, où qu’il soit : « Votre Père qui est aux cieux fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5,45), l’eau étant encore dans la Bible un symbole de l’Esprit Saint (Jn 7,37-39; cf. Jn 4,10-14; Ez 36,24-28) : « Le dernier jour de la fête, le grand jour, Jésus, debout, s’écria : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive celui qui croit en moi ! selon le mot de l’Écriture : De son sein couleront des fleuves d’eau vive. Il parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui » (Jn 7,37-39).
St Luc emploie alors l’expression « être rempli d’Esprit Saint » : au jour de la Pentecôte, « tous furent remplis de l’Esprit Saint » (Ac 2,4), « le Don de Dieu » (Ac 8,18-20)… Le projet de Dieu commençait donc à s’accomplir pour eux… Tel est le but du baptême et de tous les sacrements que nous vivons : ouvrir nos cœurs au Don de Dieu, que notre « esprit » soit « rempli par l’Esprit Saint », une image qui évoque la Plénitude, le Bonheur que l’on éprouve lorsqu’on ouvre son cœur à Dieu… On peut aussi dire que l’Esprit de Dieu s’unit à notre esprit pour lui permettre ainsi de vivre une Plénitude que lui seul peut nous communiquer : « Tu mets dans mon coeur plus de joie, que toutes leurs vendanges et leurs moissons » (Ps 4,8). Alors, « heureux les pauvres de cœur, car le Royaume des cieux est à eux » (Mt 5,3) car « votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » (Lc 12,32), et il le fait en donnant l’Esprit Saint puisque « le règne de Dieu n’est pas affaire de nourriture ou de boisson, il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17)… Jésus accomplit ainsi le projet créateur de Dieu en nous donnant l’Esprit Saint : Dieu nous a créés « esprit » pour que nous soyons comblés par le Don de son Esprit ? Ressuscité, il apparaît à ses disciples, puis « il souffla sur eux et leur dit : Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22)…
La démarche du baptême que Jésus nous propose est donc une démarche pédagogique par laquelle nous allons découvrir où se cache notre vrai accomplissement… Et puisque Dieu, en créateur et Père de tous les hommes, « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1Tm 2,3-6), il frappe donc à la porte de tous les cœurs (Ap 3,20) par le Don de son Esprit… Heureux alors les hommes de bonne volonté qui n’ont peut être pas encore entendu la Bonne Nouvelle de l’Evangile ou qui marchent depuis leur plus tendre enfance sur un autre chemin religieux… Par leur bonne volonté, par leur recherche sincère de tout cœur, ils s’ouvrent eux aussi à cette Unique vérité et reçoivent, même s’ils n’en sont pas encore pleinement conscient, le Don de l’Esprit, et avec lui, la vraie joie, le vrai bonheur… « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre à tous les hommes de bonne volonté » (Lc 2,14 ; traduction en latin de St Jérôme : « Gloria in altissimis Deo et in terra pax in hominibus bonae voluntatis. »). Mais ce sera encore mieux bien sûr lorsqu’ils pourront mettre les mots justes sur ce qu’ils vivent, et ces mots justes sont ceux que Dieu Lui-même nous a donnés avec et par son Fils, d’où l’importance d’annoncer le plus largement possible la Bonne Nouvelle de ce Dieu Amour qui s’est révélé avec et par le Fils Unique, l’éternel engendré, « le Sauveur du monde » (Jn 4,42)…
D. Jacques Fournier
La Bible interdit-elle de donner son sang ?
Les anciens croyaient que « la vie de la chair est dans le sang » (Lv 17,11), et même que « la vie de toute chair, c’est son sang » (Lv 17,14). Cette constatation venait tout simplement de l’observation : qu’un homme reçoive un coup d’épée, son sang coule, il meurt… Conclusion : sa vie est dans son sang… La médecine n’avait pas fait les progrès que nous connaissons actuellement. Nous savons maintenant que « la vie de l’homme » n’est pas exclusivement liée à « son sang »… Il peut même vivre avec un seul poumon, un seul rein, avec un cœur artificiel, etc…
Ce principe exposé en Lv 17,11.14 étant posé, puisque la vie vient de Dieu et qu’elle appartient à Dieu et à Dieu seul, il était interdit de consommer le sang au nom du respect à avoir pour la vie… Lorsqu’on voulait manger de la viande, on tuait donc l’animal, on recueillait son sang et on le versait dans un trou à terre, comme si on « enterrait » l’animal… Et lors des sacrifices faits au Temple de Jérusalem, on versait ce sang sur l’autel, rendant ainsi à Dieu ce qui appartient à Dieu seul…
On voit bien que ce précepte dépend du contexte de l’époque, et on retrouve ainsi ce principe si bien exposé par le Concile Vatican II (Dei Verbum): les auteurs de la Bible ont écrit en « vrais auteurs », avec leur éducation, leur culture, leurs convictions, pas toujours exactes, etc… Et c’est dans ce contexte qu’ils ont tenté d’exprimer au mieux ce qu’ils percevaient de Dieu…
Ce qui est important derrière cette question du sang, c’est le respect pour la vie. Ce principe demeure aujourd’hui, et il est très important… Mais comme nos connaissances ont changé, maintenant, au nom de la valeur sacrée de la vie humaine, pour la sauver, il est possible et même nécessaire de verser son sang, de donner son sang pour que quelqu’un d’autre puisse continuer à vivre… Littéralement, nous faisons donc le contraire de ce qui est écrit dans l’Ancien Testament, car le contexte général a changé… Mais au niveau du principe, c’est en donnant son sang que l’on met maintenant en pratique la volonté de Dieu sur la vie…
Hélas, certains font une lecture que l’on appelle « fondamentaliste » de la Bible : c’est écrit, c’est comme cela… Oui, mais les mots que nous employons aujourd’hui, les mêmes mots, n’ont pas forcément le même sens… La culture a changé, le contexte social, historique a changé… et l’exemple du sang est très beau : en appliquant littéralement le précepte aujourd’hui, on en arrive à faire le contraire de la volonté de Dieu, ce Dieu de la vie, qui aime la vie, bénit la vie, et pour qui toute vie humaine est infiniment précieuse… Donner un peu de son sang pour sauver une vie est alors un des plus beaux gestes de partage qui soient…
D. Jacques Fournier
Jésus, « Fils de l’homme »… (Mc 9, 30-37)
Jésus, « Fils de l’homme »…
Jésus utilise souvent le titre de « Fils de l’homme » pour parler de lui, alors qu’il ne veut pas qu’on utilise le titre de « Fils de Dieu ». Contrairement à ce qu’on pourrait penser à première vue, il ne s’agit pas d’une insistance sur l’humanité dé Jésus. En fait les premiers chrétiens, issus du Judaïsme, et Jésus lui-même, voyaient en ce titre une évocation du Messie, annoncé par le prophète Daniel, et qui souligne fortement son origine céleste et l’œuvre divine qu’il devait accomplir. C’était une manière voilée et moins provocante de dire que Jésus venait du ciel, qu’il était le Fils de Dieu.
Jésus traverse la Galilée avec ses disciples, et son souci c’est de les former à la vraie destinée du Messie : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes, ils le tueront, et trois jours après sa mort, il ressuscitera. » Tout l’évangile de Marc nous achemine vers ce sommet. Mais l’enseignement de Jésus reste incompréhensible pour les disciples, qui attendaient un Messie, qui serait un roi à la manière des princes de ce monde. La preuve est leur discussion dont l’objet était de savoir qui est le plus grand.
Jésus ne leur fait aucun reproche : il se contente de placer au milieu d’eux un enfant, pour leur enseigner la vraie grandeur aux yeux de Dieu. En sa Passion qu’il annonce, Jésus s’est fait lui-même le dernier, le serviteur. Il n’y a pas d’autre chemin pour suivre Jésus que de passer par la mort pour aboutir à la vie.
Les disciples de Jésus seront transformés par la mort et la résurrection de leur maître. Ils seront alors investis d’une force et d’une intelligence qui ne viendront pas d’eux. Demandons au Seigneur que la grâce de Pâques et de la Pentecôte continuent à nous transformer afin de ressembler à Jésus.
P. Antoine Dennemont
Un long chemin, de la foi à l’amour… (Jn 21, 15-19)
Un long chemin, de la foi à l’amour, un chemin qui ne s’arrête pas…
Depuis la première question que Jésus a posé à ses amis, tout au début : « Que cherchez-vous en me suivant ? » (Jn 1,38) jusqu’à cette triple question posée à Pierre, après la résurrection, « Pierre, m’aimes-tu ? »(Jn 21, 15) le groupe des disciples en trois ans a fait un grand chemin de foi. Nous nous rappelons la question qui entre temps, a permis à Jésus de faire le point : Finalement, « pour vous qui suis-je ? » Mt 16,15) et le moment tragique à la fin du discours sur l’eucharistie : « Et vous, allez-vous me quitter ? » (Jn 6, 67) et Pierre, qui au nom du groupe, a répondu que sans Jésus la vie ne serait rien « a qui irions-nous Seigneur ? »
L’amitié des disciples a été vécue tantôt bien, tantôt mal. Aujourd’hui, après la trahison et le reniement, c’est la vérification de l’amour. Le pardon de Jésus a recréé entièrement Pierre- le mauvais passé vécu par lui et tout le groupe, ne compte plus. Ce qui compte pour Jésus, c’est un présent d’amour et de courage. Il va pouvoir bâtir sur Pierre « Sois le berger de mes brebis ». La grande aventure de l’Eglise commence, une Eglise qui sera bâtie et se construira sur l’amour. Rien ne vaudra et ne tiendra dans l’Eglise, si ce n’est par l’amour.
Un long chemin, de la foi à l’amour, un chemin qui ne s’arrête pas. Aujourd’hui, à nous qui croyons en Lui, Jésus nous demande : « M’aimes-tu ? »
Dans le monde sans être du monde… (Jean 17, 18)
« De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde….»
Telle est la tension paradoxale dans laquelle Jésus a introduit ses disciples : Jésus va quitter ses disciples pour retourner à son Père et il a conscience de la difficulté dans laquelle il met ses amis en disparaissant. Il considère quelle sera leur situation dans le monde : Un grand combat se déroule : Amour contre « non-amour », Dieu contre le Mal.
Pourtant Jésus ne prie pas son Père de les retirer du monde, mais seulement de les protéger du Mauvais, de les affermir pour qu’ils puissent affronter le monde en restant fidèles, notamment en refusant de pactiser avec le mensonge du monde et ses faux-fuyants.
« De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde. » Jésus parti, ce sont ses disciples qui continuent son œuvre.
Envoyés dans le monde par le Christ comme lui-même le fut par son Père, nous, les chrétiens, nous sommes dans le monde. Accepterons-nous d’être incompris, voire haïs, parce que nous voulons être fidèles au Christ qui nous a confiés la mission d’être témoins de la vérité de Dieu, témoins de l’unité, témoins de l’amour fraternel ?
Le Concile Vatican II a beaucoup insisté sur cette exigence de Jésus : « La vocation propre des laïcs chrétiens est de mener leur vie au milieu du monde et des affaires profanes. Ils sont appelés par Dieu pour travailler, comme du dedans, à la sanctification du monde, à la manière d’un « ferment » grâce à la vigueur de leur esprit chrétien, pour manifester le Christ aux autres, avant tout par le témoignage de leur vie, rayonnant de foi, d’espérance et de charité. »
Il s’agit d’être pour Dieu dans ce monde qui est contre. Réaliser un peu d’amour, dans nos relations humaines, dans notre travail professionnel, dans notre vie de famille, dans nos engagements divers au service des autres, c’est réaliser ici-bas un peu de cet amour unique qui est le secret de la Trinité.
Jésus a prié pour que nous soyons consacrés par la vérité, c’est-à-dire sanctifiés par sa Parole qui est la Parole du Père. Etre chrétien, c’est « être dans la vérité de Dieu ». En même temps dans sa prière Jésus a voulu que sa joie soit notre joie, la joie d’être aimé du Père et d’aimer le Père. C’est la joie de l’Esprit Saint. La joie chrétienne. Une joie qui ne doit pas nous quitter parce que, partout et toujours, nous prenons le parti de Dieu, comme Jésus.
Père Antoine DENNEMONT