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« Un grand Amour m’attend » (St Jean de la Croix)

« Ce qui se passe de l’autre côté, quant tout pour moi aura basculé dans l‘Eternité… Je ne le sais pas ! Je crois, je crois seulement qu’un grand Amour m’attend.

Je sais pourtant qu’alors, pauvre et dépouillé, je laisserai Dieu peser le poids de ma vie. Mais ne pensez pas que je désespère…

Non, je crois, je crois tellement qu’un grand Amour m’attend. Maintenant que mon heure est proche, que la voix de l’Eternité m’invite à franchir le mur, ce que j’ai cru, je le croirai plus fort au pas de la mort.

C’est vers un Amour que je marche en m’en allant, c’est vers son Amour que je tends les bras, c’est dans la Vie que je descends doucement.

Si je meurs, ne pleurez pas, c’est un Amour qui me prend paisiblement.

Si j‘ai peur… et pourquoi pas ? Rappelez-moi souvent, simplement, qu’un Amour m’attend.

Mon Rédempteur va m’ouvrir la porte de la Joie, de sa Lumière. Oui, Père ! Voici que je viens vers toi comme un enfant, je viens me jeter dans ton Amour, ton Amour qui m’attend. »




LA CHAMBRE DE VINCENZO.

Si le tabernacle est le cœur de l’hôpital, chaque chambre est un sanctuaire, chaque lit un autel. Vincenzo avait sa chambre au bout du couloir.

A travers le sida, il avait redécouvert Jésus présent dans sa vie. Après sa conversion, il aimait à dire que le sida c’est le « Syndrome Immuno Déficience d’Amour ».

« Tu sais, on fait l’amour, me disait Vincenzo, mais on ne vit plus l’amour. Ce n’est plus de l’amour, parce qu’on le vit sans Amour. C’est vide. J’ai vécu dans l’homosexualité les années les plus vides de ma vie. J’étais seul. Seul. Je passais d’un homme à un autre, toujours plus insatisfait. Jusqu’au dégoût de moi, des autres, de la vie. Parce que dans notre milieu, il n’y a pas beaucoup de fidélité. Il y a beaucoup de suicides. Mais, depuis ma conversion, j’ai découvert une Présence. Quelqu’un qui m’aime. Je passe des heures à le prier, chaque jour.

La chambre de Vincenzo est un sanctuaire. Il peut encore se lever et passer une bonne partie de sa journée, assis dans le fauteuil. Médecins et infirmières aiment se confier à lui.

Sa chambre : une vraie cellule de moine !

En sortant de chez Vincenzo, une femme médecin, qui se dit anticléricale, me dit : « la chambre de Vincenzo, c’est un sanctuaire. »

Vincenzo aime prendre des nouvelles des autres malades du service. Il prie pour eux. Quelques heures avant de quitter cette terre, prêt pour ce moment de la rencontre avec Diu, il dira : « Je meurs vivant ! »

 

Hubert LELIEVRE, ordonné prêtre en 1989. En septembre 1995, il rejoint l’hôpital romain des malades du sida où il rencontre en deux ans plus de trois mille personnes. Son livre « Le bonheur que tu cherches ,» éditions de l’Emmanuel, 2003.




 » Je sais bien que l’Église n’est pas parfaite : j’en suis !  » (Mgr Pierre Calimé – 1933 / 2015)

Pierre a écrit :

« Je demande avec force que l’on s’abstienne de toute carte d’identité lors de mes funérailles présentant mes activités et ma « carrière » : je craindrai la froideur autant que les démonstrations.

A la rigueur, ceci et seulement ceci :

Pierre Calimé 2« J’ai infligé à mes parents, qui avaient trois enfants, de ne pouvoir devenir grand- père et grand-mère. J’ai voulu servir l’Église. Elle l’a bien voulu. J’en ai été réjoui. Comme tout le monde, j’en ai souffert de la vouloir parfaite. Et j’ai tenté de vivre de ce mot du Cardinal Etchegaray : ″Je sais bien que l’Église n’est pas parfaite : j’en suis ! ″

Je demande pardon à ceux que mon excessive vivacité de parole, jamais maîtrisée, a pu blesser et remercie celles et ceux qui m’ont fait confiance, avec ou sans réserve. Que le Seigneur vous garde en paix comme, j’ose l’espérer de sa Miséricorde, il voudra me garder dans son éternité. »

 

Homélie de Mgr Benoît Rivière, Evêque d’Autun

 

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Frères et sœurs !

Avec la vigueur intérieure qui le caractérisait, avec aussi cette secrète et indicible tendresse envers les autres, Pierre Calimé a demandé que l’homélie de ses obsèques soit brève, et qu’elle s’attache à une seule chose : dire la fidélité de Dieu plus forte que nos trahisons.

La fidélité de Dieu, plus forte que tout ! Pierre Calimé l’aura éprouvée et annoncée, durant toute sa vie de prêtre. À l’heure de remettre à Dieu notre dernier souffle, comme à l’heure de la naissance où nous poussons notre premier cri, notre appui n’est pas en nous-même. Quelle chance ! Oui ! Quelle chance d’asseoir nos pas avec certitude sur le roc qui est le Christ. En lui le Christ, nous pouvons dire notre oui, et le dire partout et toujours. En lui nous pouvons annoncer la fidélité de Dieu, de génération en génération.

En lui nous pouvons chanter son Amour. C’est un amour édifié pour toujours : sa fidélité est plus stable que le cosmos lui-même.

Qu’est-ce qui tient vraiment bon dans le monde qui n’en peut plus des abandons de toutes sortes ?

Qu’est-ce qui a valeur d’éternité dans une vie d’homme ?

Qu’est-ce qui maintient la joie dans une existence donnée à l’Église ?

Qu’est-ce qui permet de repartir à nouveau, chaque matin, en allant de commencement en recommencement, toujours en chemin ?

L’Apôtre Paul – ô combien témoin de la fidélité de Dieu – chante ce qui tient bon, au début de sa lettre aux Éphésiens, que nous venons d’entendre : « Béni soit Dieu, le père de notre Seigneur Jésus Christ. Il nous a choisis en Lui dès avant la création du monde pour que nous soyons saints et immaculés en sa Présence dans l’amour. »

Ce qui tient bon, c’est l’amour qui nous a fait naître, caché avec le Christ en Dieu.

Pierre Calimé, vous le savez, s’est endormi dans le Seigneur le jour même de la fête de la Nativité du Sauveur. Les premiers mots publics du Sauveur, sur les collines de Galilée, seront l’expression d’un débordement du cœur qui n’est que joie : bienheureux les pauvres, les doux, les affamés et assoiffés de justice, les miséricordieux, les cœurs purs, les faiseurs de paix, les persécutés pour la justice, les insultés à cause du Christ !

Comment faisons-nous l’expérience de la fidélité de Dieu, dans les jours de notre vie mortelle et jusqu’à l’heure de notre mort ?

La fidélité de Dieu resplendit sur le visage du Christ et de son Église à travers le monde. Elle brille, cette fidélité, en ceux qui, déjà sur cette terre, sont transformés par la joie pure des Béatitudes.

L’épreuve de la maladie et le nécessaire dépouillement qu’elle impose, ne font-ils pas participer déjà en espérance, c’est-à-dire en réalité, au Royaume ouvert aux pauvres ?

Le détachement de soi-même pour accueillir avec simplicité et bienveillance la parole du frère, n’est-il pas déjà réelle participation au don de la terre promise aux doux ?

Ne pas tenir le compte des offenses, croire en la Miséricorde inépuisable de Dieu, plus grande que notre cœur et plus fidèle que nos trahisons petites ou grandes, n’est-ce pas voir dissoudre en vrai la dureté de cœur, et voir jaillir la joie divine qui balaie toute tristesse sur son passage ? N’est-ce pas voir le visage de Miséricorde sur tant de visages humains ?

La progressive simplification de nous-même, la clarté du regard, ne donnent-elles pas déjà – dans le clair-obscur de la foi certes, mais ô combien réellement- de participer à la béatitude de ceux qui voient la face du Père du ciel et de la terre ?

Et pour ce qui est de la béatitude des affligés, il s’agit de bien autre chose que de la simple et superficielle émotion devant la peine des autres, ou la nôtre personnelle ; il s’agit de ce que Dieu seul peut consoler, à l’endroit même du déchirement de la mort, à l’endroit des injustices graves et parfois irréparables, à l’endroit encore des doutes les plus profonds.

Chez ceux et celles, innombrables, qui dans une patience de fourmi, tissent les liens du pardon et de la paix, brillent la joie durable des enfants de Dieu.

Chez ceux et celles que la croix du Christ entraîne plus avant dans la participation au mystère de rédemption, oui, déjà en chemin, nous voyons briller la belle fidélité du Seigneur !

Que l’exemple de la vie et du ministère presbytéral de Pierre Calimé notre frère, éclaire et encourage les jeunes et les moins jeunes, à ne pas perdre de vue l’amour indéfectible du Christ qui nous a appelés avec lui pour aimer et servir les autres comme lui. Amen !

Mgr Benoît Rivière




Une rencontre avec Jésus Miséricordieux…

Le récit de certains évènements, on ne peut pas l’inventer. On peut le faire que si on l’a vraiment vécu. D’autre part, l’assistance, la personne qui est en face aura du mal à accepter ce qu’on lui raconte, à moins qu’elle ait vécu elle – même un événement semblable ou du même ordre.

Rassurez-vous, à votre place, je réagirais comme vous…. je serais méfiant…

Je m’appelle Albert, je suis né en 1945 aux Camélias à St Denis.

Je suis marié, père de 3 enfants et grand père de 4 petits enfants.

Je quitte la Réunion en 1962 et y reviens en 1977 après 15 années au sein de la marine nationale.

Je m’installe alors comme infirmier libéral à st Denis.

Tout va très bien. J’aime mon métier que j’exerce avec passion. Je travaille énormément et la situation professionnelle est florissante.

Vers 1987 je reprends mes anciennes activités sportives : courses de montagne, marathon etc…

J’ai beaucoup d’activités…..et à partir de 1993 le surmenage commence à se faire sentir…

Début juillet 94 : gros problème cardiovasculaire. Le cardiologue me mets immédiatement au repos.

Des examens sont faits et un quadruple pontage coronarien est proposé.

Je sais plus ou moins ce que je vais subir…

Je décide de me faire opérer à Montpellier où ma fille est étudiante… Je suis seul à m’occuper des formalités de départ… Le cardiologue de la Réunion me remet la cassette de ma coronarographie… Un quadruple pontage c’était le maxi en 1994…

A partir du 5 juillet l’angoisse, le stress, s’emparent de moi, je m’enlise… dans l’attente de l’opération.

Tout est contre moi… mon médecin traitant qui est un ami me fait part que le cardiologue lui a dit que j’avais les coronaires d’un vieillard !… Démarche… billet d’avion…

Le 14 juillet départ – en compagnie de ma fille qui était en vacances à la Réunion – déchirant à Gillot…

Je me sens au fond de l’abîme : je pense à mes enfants, à ma femme… que je risque de quitter à jamais. Je suis loin de la religion et de l’Eglise. Je ne vais plus à la messe depuis plus de 30 ans ! Je ne prie jamais. Je suis loin de la spiritualité…

Je savais le risque encouru. Pour symboliser ma fragilité, je dis toujours que j’avais un pied sur le tranchant d’une lame de rasoir et l’autre dans le vide… L’attente de l’opération se fait longue, interminable… Je me sens presque mourir… au bord du gouffre…

Le 19 juillet consultation au CHU de Montpellier : le Pr SEGUIN me dit: « Vos artères ne sont pas simplement sténosées mais carrément bouchées »…

La veille de l’intervention, je suis au au plus bas de ma condition morale, et pourtant, le matin de l’opération je me sens… presque bien, prêt à monter sur le billard !!!

Une parenthèse pour vous dire que depuis l’âge de 17 ans je n’allais plus à la messe…

(mais marié à l’église, baptême et communion des enfants).

Je suis donc opéré le 26 juillet 94. L’intervention dure environ 8 h, et je suis maintenu dans un coma pendant 4 jours, tout va assez bien…

Jésus Miséricordieux

Un certain temps après mon réveil (je ne peux pas préciser si c’est 2,8 ou 15 jours après) des souvenirs me viennent et me ramènent à ma période de coma : dans la salle d’attente d’un de mes anciens patients, ma dépouille est installée sur un lit.

       En haut et à gauche de ma dépouille le Christ, deux faisceaux partant de sa poitrine, ses deux bras le long du corps et sa couronne en forme de soleil. Qui me dit qu’il s’agit du Christ ? Je n’ai pas vu son visage… je n’ai aucune preuve à vous donner… mais j’ai la certitude qu’il s’agissait bien du Christ…

Les images disparaissent…

C’est alors que le Christ, alors que je suis dans un aveuglement total, s’adresse à moi.

D’une voix forte, grave, rassurante et douce à la fois, il me dit : « N’AIE PAS PEUR, NE CRAINS RIEN ». Je réagis rapidement et je repousse énergiquement son message : « NON PAS MOI, JE SUIS PECHEUR. »

Qui me dit qu’il s’agit de la voix du Christ ? Je ne connais pas le son de sa voix, je n’ai aucune preuve à vous donner, mais j’ai la certitude que c’était la voix de Jésus.

Tout se passe très rapidement.

Sacré Coeur

Les images reviennent, et le visage du Christ pivote légèrement sur sa gauche et les rayons (rayons en or) de sa couronne se braquent sur ma poitrine, la foudroient et la transpercent avec une puissance inouïe et une douceur infinie… Tout cela se passe très rapidement.

C’était une sensation très agréable et cela m’a fait du bien… J’étais hors du temps… C’était la paix, la sérénité totale, sensation de bien-être profond, le plus merveilleux moment de ma vie. La notion de temps n’existait plus, plus de passé, plus d’avenir.

Les souvenirs s’arrêtent là … sans grand bouleversement dans la suite de mon quotidien, sans autres sensations que le souvenir…

Je suis placé en invalidité totale et définitive à 50 ans !

Je mène une vie de convalescent pendant environ 2 ans, puis le quotidien reprend le dessus.

Je ne vais toujours pas à la messe, je ne prie pas et ne sais pas prier, et si quelque fois je m’arrête dans une église (ancienne) c’est surtout par mon attirance pour ce qui est du côté de l’art et de la sérénité, du repos que j’y trouve. Je ne fais aucune prière : je n’en connais pas.

Les souvenirs reviennent très souvent, mais je les garde secrètement.

Ce qui s’est passé pendant mon coma, je ne l’ai dit à personne, même pas à ma femme. Je l’ai gardé pour moi pendant plus de 15 ans !

Ma femme va à la messe, fait partie de la chorale, participe au Rosaire et fait quelque fois le catéchisme.

UNE METAMORPHOSE, UN CHANGEMENT EXTRAORDINAIRE VA SE PRODUIRE.

Vers 2009 (15 ans après mon opération) je décide d’aller, moi aussi à la messe, en me disant que cela ne pourrait me faire que du bien. Donc tous les dimanches à la messe…

Par contre je ne vais pas à la communion. Je me disais que ce n’était pas concevable d’aller à la communion aussi rapidement après une absence de prés de … 50 ans !

Je ne savais rien de la messe : l ‘Homélie, l’Eucharistie , je ne savais pas ce que c’était et je ne comprenais pas grand chose, mais petit à petit je deviens plus attentif, et je découvre…

Après 1 année, je décide de me confesser (juste me confesser, sans raconter mon vécu) et d’aller à la communion : je ne sais pas pourquoi, mais j’ai vécu cela comme un moment important et avec une grosse émotion…

LES CHOSES SERIEUSES VONT ALORS COMMENCER

Après quelques communions (2,3 ou 4, je ne sais plus) les souvenirs de ce qui s’était passé pendant mon coma ressurgissent de façon intense, très, très intense. J’étais comme englobé dans une bulle de souvenirs TRES TRES FORTS. J’étais comme dans une atmosphère surnaturelle. C’étaient comme des souvenirs vivants. J’étais dedans en permanence, c’était agréable, j’étais bien… et cela a duré environ … 2 mois. J’étais anormalement bien, dans un autre monde, très bouleversé, un peu perdu. L’émotion était trop forte…

Je fais part à ma femme de mes souvenirs et elle est stupéfaite : comment ai-je pu me taire pendant si longtemps après un tel événement ! Je la sens bouleversée…

Christ MiséricordieuxJe vois une image de Jésus sur sa table de nuit et lui demande ce que représente cette image.

Elle me répond que c’est Jésus Miséricordieux. Je lui dis alors c’est ce que j’ai vu pendant mon coma, mais qu’il avait les bras le long du corps… Moi je ne connaissais pas Jésus Miséricordieux (je ne partais plus à l’église depuis plus de 50 ans)…

Une interrogation de ma part : comment ai-je pu reconnaître que c’était Jésus ? Mais j’ai la certitude que c’était le CHRIST.

La voix que j’ai entendue, qui me dit que c’est celle de JESUS ? J’en ai pourtant la CERTITUDE.

Ne me posez pas la question, je ne pourrai pas vous répondre. Mais c’était bien Jésus que j’ai vu et qui s’est adressé à moi.

J’étais comme fou ! Je voulais m’en sortir, en parler, mais comment faire ? À qui en parler ?

Cette sensation de bien-être total, j’avais envie de la revivre… C’est impossible, mais je sais que le moment venu je le revivrai.

Je n’ai plus peur de la mort… Ce n’est pas la fin… C’est la veille d’un heureux évènement…

Pendant des mois je reste concentré sur la prière. Très souvent cloîtré dans ma chambre… J’apprends à prier, je prie dans ma chambre, le jour, la nuit…

J’en parle à un ami, ancien séminariste, et il me répond par un petit sourire au coin des lèvres…

Lors d’une confession (sans raconter mon vécu), le prêtre me dirige vers un diacre qui me reçoit deux fois, puis me conseille de rencontrer le curé de ma paroisse à qui je fais toute ma confession. Il me dit que j’ai de la chance… Il me parle de Sœur Faustine – que je ne connaissais pas – et me conseille la lecture du livret la concernant. C’est ce que je fais et je découvre des merveilles.

J’apprends à prier, je fais quelques lectures, et dans ces lectures je découvre beaucoup, beaucoup de similitudes avec mon vécu…

Je suis conscient que mon comportement a changé. C’est flagrant.

Je suis informé des séances bibliques tenues à l’église de Trois Mares.

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Dés la 1ère séance cela me parait intéressant, captivant… Je suis dans mon bain…

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La méfiance est toujours là. Pour lever tout doute, je décide de rencontrer un psychiatre (catholique). Il me reçoit à 5 reprises. Tout se passe très bien. Je vide TOUT !

A la fin, sa réponse : « Mr Lacaille, vous avez vécu un évènement exceptionnel, mais gardez le pour vous, ou alors choisissez vos interlocuteurs, car peu de gens vous croiront »…

Malgré ma réserve, ma retenue, j’arrive à m’inscrire au Cycle Long du SEDIFOP où je commence une formation…

Ma vie a totalement changé, j’ai changé, je ne suis plus le même…

MERCI JESUS




« Seigneur, donne-moi un signe ! »

Telle fut la demande de Pierre… Et Dieu a de l’humour… Il lui a donné un cygne !

« J’étais quelqu’un de très sportif depuis mon jeune âge, j’ai pratiqué le vélo à partir de 14 ans, ayant beaucoup de difficultés à l’école je pensais devenir cycliste professionnel.

Cependant à 17 ans je me suis orienté vers une branche professionnelle, je me suis formé au CFA en menuiserie. Ce métier me plaisait beaucoup et j’ai même obtenu mon Brevet de Maîtrise. La menuiserie en bâtiment a été mon métier jusqu’à 48 ans (j’en ai 55 aujourd’hui).

J’avais un travail dans la menuiserie d’une collectivité. Je me suis marié à 27 ans et de notre union sont nés un garçon et une fille. Nous avions tout pour être heureux et vivions une vie simple et heureuse, enfin nous le pensions jusqu’au jour où…

Une chose que je tiens à dire, je donne beaucoup, beaucoup d’amour à mes enfants car c’est quelque chose que je n’ai jamais reçu, ni de mon père et pas non plus de ma mère qui était totalement effacée devant lui.

Un jour, donc, en rentrant du travail, arrivé devant le portail, j’essaye de descendre de ma moto et réussis avec difficulté. Il m’était presque impossible de me tenir debout, après mille efforts, je réussis à ouvrir le portail et à entrer dans la maison. Je me suis affalé sur le lit et j’ai dormi le reste de l’après-midi.

Quand mon épouse est rentrée du travail et m’a trouvé endormi tout habillé, elle s’est inquiétée, je lui ai dit que je me sentais très faible et que je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Voilà le début de ma (de notre descente aux enfers puisque vous l’imaginez bien ma femme y est descendue avec moi, mais également nos enfants puisqu’ils ont souffert de voir notre souffrance qu’on essayait de cacher tant bien que mal à eux et à la famille).

Ça a été le début de visites innombrables et interminables chez les médecins, les spécialistes, les cabinets de radiologies et hôpitaux (200 radios et IRM) pour essayer de comprendre cette maladie. Ça a duré 5 ans. Je me suis affaibli au fur et à mesure, jusqu’à ne plus être capable de faire mon métier, je n’avais plus la force de tenir un marteau ou tout autre petit matériel. J’ai perdu 25kg en 4 mois. Ma bouche s’ouvrait à peine et je devais me nourrir de bananes écrasées et de soupe de légumes.

Du fait qu’ils ne trouvaient pas d’explications, les médecins ont fini par me dire que ma maladie était feinte pour ne plus travailler, je me suis senti insulté et j’ai dit que je ne voulais plus entendre parler de médecin.

La malchance m’a fait croiser le chemin d’une personne qui ne me connaissait pas et qui m’a dit droit dans les yeux que « si je ne levais pas mon pied pour trouver ma guérison, je ne passerais pas l’année ». Il proposait de faire des tisanes parce que selon lui j’avais été victime de sorcellerie Eh oui, pour la première fois j’étais confronté à ce mot « sorcellerie ». J’avais déjà entendu bien sûr tant que ça ne vous touche pas, ça ne pouvait pas vraiment exister !!

Mon épouse a catégoriquement refusé la proposition de cette personne de me soigner et disant que nous ne pouvions pas « aller vers ces choses qu’on ne connait pas » puisque ses parents mettaient en garde contre les pratiques inconnues.

Je pense que vous comprenez à demi-mots que je suis allé voir ailleurs comme on dit.

Ça a été la grosse erreur, tout allait de travers, de mal en pis, de plus en plus malade et l’argent qui file entre les doigts.

J’ai dit à mon épouse maintenant, je veux qu’on me laisse mourir chez moi, plus de médecin, plus rien !!

Il faut être honnête, nous allions à la messe occasionnellement, mais nous ne connaissions pas Dieu. Au moment de la maladie, mon épouse passait des nuits à pleurer et prier, sans résultat (c’est ce que nous pensions encore une fois), c’est ce qui nous a décidés à aller voir ailleurs.

La grande chance que nous avons, c’est que ma belle-sœur a toujours suivi le Seigneur, elle m’a dit un jour, quand elle a réalisé que nous avions de gros problèmes, de venir à l’église pour la prière du renouveau charismatique. Nous sommes allés sans convictions.

Et là au bout de quelques séances de prières, un jour ma femme se met à pleurer et me dit qu’elle ressent des choses surprenantes, que dans son cœur elle n’en veut pas du tout à quiconque même si cette histoire de sorcellerie serait réelle. Moi je ne ressens rien encore !

Ma belle-sœur nous dit que l’année suivante en août, une retraite de prière et louange est organisée si nous voulions participer, c’était un « OUI » immédiat, même si nous ne savions pas trop ce qui nous attendait.

Ne connaissant pas vraiment mes prières, je me suis mis à toutes les apprendre, y compris le chapelet et du coup je les récitais tout le temps.

Arrive la session après la mise en place, le premier intervenant nous dit « ici il n’y a pas de chapelet, pas de prières que vous faite chez vous ». Surprise, mon chapelet était bien sûr avec moi.

Pour débuter, ils ont chanté un chant de louange, dès que je l’ai entendu, j’ai ressenti dans mon corps une grosse chaleur, et j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. C’étaient des sensations très fortes que je n’arriverais pas à vous expliquer précisément. Dès cet instant, j’ai entendu comme une voix qui me disait « je t’ai cherché depuis longtemps et maintenant je t’ai trouvé, tu deviens mon héritier ». Il s’est alors passé des choses à peine croyables pour moi, pendant cette semaine.

Le Seigneur m’a fait visionner toute ma vie, depuis le sein de ma mère, jusqu’à ma maladie. J’étais battu depuis que j’étais dans le ventre de ma mère (comprenez par-là bien sûr qu’elle était une femme battue).

La session finie, de retour à la maison, comme je ne savais pas vraiment lire, en tout cas je ne comprenais pas ce que je lisais, j’ai pris ma bible et j’ai dit au Seigneur « enseigne-moi ». Je lisais la parole tous les jours pendant des heures, plus je lisais plus j’avais le désir de lire toujours plus.

Depuis cette rencontre avec le Seigneur nous allons en semaine et tous les dimanches à la messe. C’était devenu un besoin vital pour nous. Un jour une dame m’aborde et me demande si je veux faire la première lecture, je suis pris de panique à l’idée de monter sur l’autel (j’étais un grand timide) mais je dis « OUI » sentant que je n’ai pas le droit de refuser cela à Jésus qui m’a sauvé.

Oui c’est ce qui m’est arrivé, j’allais vers la mort et JESUS M’A SAUVE.

Cygne 2Je lisais donc très souvent la parole à la messe et un jour en fin d’année je parle à Jésus et je lui dis « Seigneur, à l’école je n’ai pas su apprendre, je n’ai jamais eu de tableau d’honneur, ni de prix d’excellence, mais toi Seigneur, si tu trouves que j’ai bien travaillé pour toi, fais-moi voir un signe. Et je priais. Et voilà quelques jours après, j’arrive à la maison après le travail je trouve « une grosse oie » devant le portail et je me dis qu’est-ce qu’elle fait là cette oie ? J’ai un peu peur, mais je l’attrape, elle se laisse faire, je la mets dans l’arrière-cour qui n’est pas fermée et elle reste là. Quand mon fils rentre, je lui dis « regarde cette oie qui était devant le portail » et là il me répond « mais papa, ce n’est pas une oie c’est un cygne !! »

Je vous laisse imaginer mon émotion, j’ai tout de suite pensé à ma demande à Jésus de me faire un signe !! Nous avons écouté aux alentours si quelqu’un avait perdu un cygne et depuis il vit encore chez nous.

Notre vie a complètement changée, depuis qu’on a rencontré le Seigneur, elle est axée autour de lui principalement, notre regard sur la vie a changé, nos priorités ne sont plus les mêmes. Notre plus grand bonheur est que Dieu fait partie de la vie de nos enfants également. Et eux aussi ont vécu des choses extraordinaire je ne donne pas de détails sinon on aurait un livre à la fin.

Quand je porte un regard sur là d’où on vient, les nuits en pleurs, mon enregistrement à la MDPH (organisme pour les handicapés) puisque je ne pouvais plus travailler etc, je me dis que la grâce de Dieu nous accompagne.

J’ai arrêté de courir pour le plaisir de faire du sport, on court derrière le Seigneur. Comme dans 1 Corinthiens 9,24-25 : on ne court plus pour un prix mais pour obtenir une couronne incorruptible !!

                                                                                                                                  Pierre




« En l’espace d’un instant, Jésus est entré dans ma vie, dans mon cœur. »

« J’ai cru guérir de ce cancer de la langue qui m’a touché en février 2013. Je me suis trompé. Il est revenu. Il y a une guerre au fond de ma gorge. Je me bats, je travaille à guérir. Pour un chanteur, perdre sa voix, c’est la pire épreuve. Depuis l’âge de 18 ans, la chanson est toute ma vie. Deux cents chansons en cinquante ans de carrière, dont trente “tubes”.

Curieusement, alors que je vis pour ma voix et par ma voix, je n’ai pas interpellé Dieu, je ne me suis jamais dit que ce qui m’arrivait était injuste. Peut-être parce que je commence à vivre non plus par ma voix, mais par la foi ? Pour parodier le titre d’une mes chansons – “Le Loir et Cher” –, je dis aujourd’hui : “La foi m’est chère”.

Mon premier cancer avait mis ma vie spirituelle en veilleuse. Je ne pouvais plus lire, ni me nourrir intellectuellement, moi qui suis féru de théologie. Cette rechute me révèle que la vie spirituelle ne se loge pas dans l’intellect, mais qu’elle est la VIE même – la vie de Dieu qui irradie tout l’être, et pas seulement la tête.

Je suis profondément croyant. J’ai vécu un jour un “choc religieux” à Jérusalem, où j’ai rencontré le Christ. Je visitai le Saint-Sépulcre avec ma femme, et là, pressé pourtant par de nombreux pèlerins, soudain, devant le Tombeau, je m’agenouille et me voilà chrétien. Un peu comme Frossard, Claudel, Clavel – d’un coup. En l’espace d’un instant, Jésus est entré dans ma vie, dans mon cœur. C’était très doux. J’ai immédiatement eu la sensation que j’étais sauvé. Tout ce qui m’était arrivé auparavant devenait caduc. La seule chose que je ne remette jamais en doute, c’est l’existence de Dieu.

Je suis d’un naturel plutôt ténébreux, un hypersensible qui s’en fait pour un rien. Je crois savoir où est la sagesse à force de lectures et de rencontres, mais je ne l’ai pas encore trouvée. Or, dans cette chambre d’hôpital, depuis des mois, curieusement, je n’ai jamais été aussi apaisé. Ce “re-cancer” ne m’a pas brisé : je crois qu’il me grandit.

Dans l’épreuve, quelles sont mes consolations ? D’une part, l’amitié. Je n’avais pas réalisé que j’avais autant d’amis. Dans le tourbillon de la vie “du dehors”, la vie quotidienne, nous ne trouvons jamais le temps de nous arrêter pour voir ceux qui nous sont chers, et les années passent, les liens se distendent… Trop bête ! C’est quand ça ne va pas que l’essentiel resurgit. Et l’amitié fait partie de l’essentiel.

J’ai été soutenu physiquement et psychologiquement par la bienveillance qui m’entoure. L’amour de ma femme, de mes enfants, la tendresse et la compétence du personnel médical et infirmier. On guérit plus vite quand on aime et qu’on est aimé, j’essaierai de ne pas l’oublier.

Curieusement, moi qui suis un gourmand invétéré, je n’ai plus de consolation culinaire. Je n’ai même plus le désir d’une bonne entrecôte avec un verre de Saint-Émilion ! On me nourrit avec des sondes et des pipettes. Pourtant, l’autre jour, le goût m’est un peu revenu en absorbant une cuillerée de glace au café. Elle m’a irrésistiblement évoqué La Première Gorgée de bière de Philippe Delerm ! Depuis, je suis plus ouvert aux toutes petites choses de la vie, ces surprises discrètes qui émaillent l’existence et peuvent nous passer sous le nez sans même qu’on les remarque.

Je goûte aussi des consolations plus spirituelles. Ainsi, celle de la patience. Le cancer est l’une de ces épreuves qui vous enseignent cette vertu. Vous pouvez fulminer, vous morfondre, crier, pleurer, cela ne changera rien. N’allez pas croire que je suis un saint homme ! Au quotidien, face aux mini-tracas, je peux être sanguin, colérique, râleur. J’ai tous les défauts de la terre pour les petits soucis. Mais là, c’est autre chose : il y a un “vrai” combat à mener. Ai-je reçu une grâce de Dieu pour cela ? Je le crois. Je sais qu’Il est à mes côtés.

Patience quand j’articule mal, que je suis inaudible. Patience quand la douleur se réveille et me contraint au silence. Patience face aux régressions inévitables, aux déceptions inhérentes, parce que les traitements semblent inefficaces. Patience quand je me fatigue très vite. Patience devant la mélancolie qui m’est familière…

J’étais jeune, j’avais du succès, la vie me souriait, lorsqu’une profonde dépression m’a mis à terre. J’ai plongé très bas. La maladie m’a tenu éloigné de la scène pendant dix ans. J’ai fait une rechute dépressive après mon premier cancer. J’ai survécu au jour le jour, les petites victoires se sont accumulées ; finalement, je me suis retrouvé à quai, quand patatras, le cancer est revenu.

Durant cette plongée dans les ténèbres de la dépression, j’ai connu le chaos. J’ai cherché à en sortir par le “haut”, en tâtant du bouddhisme, de l’hindouisme, en essayant la méditation transcendantale… Mais je me suis rendu compte, progressivement, que tout cela n’était pas un chemin fécond pour moi. J’étais en train de me perdre. J’ai commencé simultanément à m’intéresser à cette part de mon identité que je refusais jusqu’alors de regarder : la religion chrétienne. Et j’ai osé… le christianisme ! Je ne sais si j’aurais eu cette hardiesse sans la dépression, je ne sais pas si je serais allé aussi loin dans cette voie. Une chose est sûre : depuis, Dieu reste l’objet incessant de ma quête.

Je me suis formé tout seul. J’ai beaucoup lu. Des livres qui ne sont pas tous “modernes” : Isaac le Syrien et Thomas Merton, saint Jean de la Croix et les Pères du désert, saint Augustin et l’Introduction à la vie dévote de François de Sales ; Urs von Balthasar et Thérèse d’Avila dont je retiens cette phrase : “Seigneur, si Tu n’existes pas, ça n’a pas d’importance. Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour Toi”.

Je suis un homme de peu de foi. Telle est ma tragédie. Ma foi n’est pas un long fleuve tranquille : elle est dans la torture, dans la complexité. J’en suis parfois épuisé. Pourtant, je plains ceux qui n’ont pas la chance de connaître ce tumulte-là. Il fait vivre jusque dans l’Au-delà ! Je ne pense pas que le Ciel se soit mêlé de mon cancer, mais je lui demande de m’aider à avoir la force de le surmonter, de me plier à la discipline indispensable, de faire ce qu’il m’est exigé de faire. Je n’ai jamais prié pour guérir, j’ai plus souvent pensé : “Que ta volonté soit faite”.

Autre consolation que permet le repos qu’impose la maladie, c’est une relecture apaisée de l’existence, même si je n’aime pas trop regarder en arrière. J’en ai fait des bêtises ! La fiesta, les filles, quelques drogues, étaient intimement liées à l’univers de la chanson, surtout dans les années 1960 et 1970. J’ai été un oiseau de nuit. Mais je crois en la miséricorde et au pardon – qui sont les plus grandes consolations qui soient.

Mais il n’y a pas que le pardon de Dieu qui console, il y a aussi… le foot. Je passe du coq à l’âne. J’ai une passion pour le foot. Quand j’ai fini de regarder KTO, que j’apprécie beaucoup, voir un bon match à la télé me fait oublier mes tracas. Après le foot – revenons au spirituel, quand même ! – il y a l’oraison. C’est une forme de prière méditative, une prière du cœur, plus proche de la contemplation que de l’imploration. Sainte Thérèse d’Avila, pour qui j’ai une tendresse particulière, en donne une jolie définition : “L’oraison est un échange d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec Dieu dont on se sent aimé”. Si je ne prie pas, si je ne me livre pas à l’oraison, en quoi consistent ces plages de silence qui me font tellement de bien, au corps et au cœur ?

Un philosophe me console aussi, c’est Gustave Thibon. Je suis fasciné par la vérité et la force spirituelle du verbe de ce génie autodidacte qui a révélé Simone Weil. Je l’ai convié à une émission de télévision à laquelle j’étais invité. Il est venu et a subjugué l’auditoire. Nous sommes devenus amis. Je suis allé le voir plusieurs fois chez lui, en Ardèche. Je fais mienne cette phrase de lui : “Je croyais en Dieu, et maintenant je ne crois plus qu’en Dieu”. Et cette autre : “Dieu ne te délivrera pas de toi-même ; Il te délivrera de la lassitude et du dégoût de toi-même”.

La maladie vous dépossède. Elle vous dénude. Elle vous contraint à vous interroger sur les vraies valeurs. Nous voulons une plus grande maison, une plus puissante voiture, plus d’argent, mais en serons-nous plus heureux ? Je constate souvent chez ceux qui possèdent moins un sourire plus radieux que chez ceux qui ont tout.

“Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu‘il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive”, dit Jésus (Mt 16, 24). Alors je porte ma croix et je découvre que c’est le secret de la joie. Je réalise aussi que Dieu est là afin de m’aider à la porter. Pour la première fois de ma vie, je n’envisage pas une solution à une épreuve que j’affronte. Je sais aujourd’hui que je risque fort de ne plus pouvoir chanter. Ma confiance la plus totale, c’est en Dieu que je la place : “Que ta volonté soit faite Seigneur ! Sans Toi, je suis perdu”. »




« La joie du pardon »

Qu’elle est grande la joie du pardon ! Entrons dans l’action de grâces pour le pardon que Dieu nous donne, pour cette grâce de paternité. Pardonner comme Dieu pardonne.

Voici une histoire, simple, bouleversante, mais si lumineuse. C’est le père Henri CAFFAREL, fondateur des Equipes Notre-Dame, qui nous la raconte.

Il recevait une veuve qui lui demandait de l’accompagner dans sa vie spirituelle. Le père CAFFAREL l’invite à lui dire son itinéraire avec le Seigneur. Voici sa réponse.

« C’est à Serge, mon mari, que je dois ma vie intérieure.

Plus précisément à son attitude envers moi lors d’une phase peu glorieuse de ma vie conjugale : mariée depuis cinq ans, mère de deux enfants, je lui étais infidèle. Je l’aimais pourtant. Ne voulant pas saccager son bonheur, je veillais à ce qu’il ne pût rien soupçonner.

Son amour pour moi, d’une exceptionnelle qualité, s’approfondissait de jour en jour. Au cours d’une veillée – je m’en souviens comme si c’était hier – il m’exprima, en termes qui m’atteignirent au cœur, sa tendresse, son estime, son admiration. C’en était trop. Je laissai échapper : « Si tu savais ! » – « Je sais », me répond-il.

Ces mots firent exploser en moi une indignation aussi violente qu’injuste : « Alors, pourquoi me jouer cette affreuse comédie ? De deux choses l’une : ou tu ne souffres pas de ce que tu sais et c’est la preuve que tu ne m’aimes pas, ou tu es bouleversé et ta sérénité n’est que mensonge ! » J’étais hors de moi, agressive, railleuse, blessante. Il attendit que l’orage se fût apaisé.

Puis, calmement, gravement, tendrement, il ajouta : « Comprends ! Depuis six mois j’ai cruellement souffert, mais ma souffrance à moi était supportable car elle ne m’abîmait pas, tandis que toi, ton mal t’abîmait, chose intolérable à mon amour. Je vis clairement ce que j’avais à faire, cela seul que je pouvais faire : t’aimer plus encore qu’auparavant pour que tu ressuscites à l’amour et que cet amour tout neuf, non seulement brûle ton mal à sa flamme mais te fasse un cœur nouveau, une pureté nouvelle, une beauté plus rayonnante que jamais. » Et l’amour de Serge fit de moi cet être nouveau. »

Ce récit est un des plus beaux hymnes à l’amour, à la force de l’Amour de Dieu incarné dans l’amour humain. Le pardon est ici le beau nom de l’Amour.

Rm 5,5 : « Et l’Espérance ne déçoit point, parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné ».

Ah, si nous regardions avec cette tendresse et cette Espérance !

Rm 8, 35-38 : « Qui nous séparera de ‘Amour du Christ ? »

Noéline FOURNIER, tiré du livre « Pardonner jusqu’où ? »

                                                        de Paul-Dominique MARCOVITS




Infarctus, Sacrement des Malades, guérison…

Bonjour à tous,

Mon nom est Dominique Lozac’h, né le 23/06/1966, je suis marin pêcheur de profession, voici mon témoignage

Tout d’abord, je dois vous dire que je fais partie de ces privilégiés qui n’ont jamais eu à se poser la question de l’existence de Dieu. Effectivement, du plus loin dont je me souvienne, cette Existence, Présence, a toujours, pour moi, été une évidence. Ce préambule, en toile de fond, pour donner un éclairage particulier aux faits qui vont suivre.

Le 29/10/2012 j’ai été victime d’un infarctus, j’étais au travail, en mer, au large de St Gilles. L’opération consistant en la pose de deux stents sur l’artère principale n’a pu se faire qu’environ 5 heure après, le temps de rentrer au port, d’attendre le SAMU, de faire la route…

C’est sans doute le pourquoi des complications qui ont suivi. Quatre mois après cette opération, lors d’un contrôle chez le cardiologue, celui-ci découvre un énorme thrombus (caillot) de 3 cm3 dans le ventricule gauche. Là a commencé véritablement mon « chemin de croix », avec une médication aux effets secondaires redoutables, des visites chez le cardiologue au minimum mensuelles, la perte de mon travail, le médecin des gens de mer ne voulant absolument pas me laisser repartir en mer, sous prétexte que les anti-coagulants qui m’étaient prescrits sont incompatibles avec la pratique de mon métier.

Dans un même temps, je me suis rapproché du Carmel des Avirons, où j’ai fait la connaissance de la Communauté Carmélitaine et en particulier de Sœur Marguerite.

Celle-ci, entièrement tournée vers les autres, m’a été d’un soutien, d’une qualité d’écoute sans pareils. De confidente, elle s’est naturellement posée comme accompagnatrice spirituelle, me guidant, avec une facilité et une longueur d’avance proprement déconcertante …

L’année 2013, j’ai passé mon Carême en ermitage au Carmel, vivant comme un moine, étant de tous les instants de prières, que se soit les Petites Heures au Carmel, les Laudes, les Complies, et bien entendu l’Office de chaque jour. J’ai aussi participé aux travaux d’entretiens de ce vaste espace. Le reste de mon temps, a été consacré aux méditations, guidés toujours par celle que j’ose maintenant appeler ma Grande Sœur, vous voyez de qui je parle. Méditations donc, où j’ai emprunté un miroir à Socrate, goûté aux vertus cardinales d’Aristote (prudence, tempérance, courage, justice), marché en compagnie de Sénèque sur les chemins de l’ordre du monde, approfondi les trois vertus théologales (Foi,Espérance , Amour). Me rendant compte que si nous pouvons tenter d’améliorer en nous les vertus cardinales, les vertus théologales, elles, ne naissent et se développent dans nos âmes que par la volonté de notre Dieu.

J’ai aussi été « initié » à la psychologie des profondeurs dans un évangile vivant et toujours renouvelé, grâce aux judicieux conseils de Grande Sœur Marguerite.

L’année 2014 elle a été marquée par de multiples « visites » aux urgences cardio. Service où le personnel soignant a une nette tendance à vous regarder un peu comme si s’est la dernière fois qu’ils vous verront… Bref, vous l’avez compris, moments douloureux, difficiles, où effectivement vous voyez la mort plusieurs fois, où aussi vous expérimentez la relativité du temps, moments où les heures vous semblent être des jours…

Moments tellement délicats que sur les conseils de qui vous savez, le 23 juin 2014, le Père Fulgence me délivrait le Sacrement des malades. Là certainement le Ciel s’est ouvert…

Le début de l’année 2015 s’est déroulé avec une navrante monotonie, entrecoupé de visite aux services de cardiologie, de renouvellement d’arrêt d’accident de travail, rien de bien notable, les douleurs habituelles, l’idée que bientôt j’allais passer devant une commission médicale qui allait me réformer et accepter l’idée d’être un handicapé, à hauteur de 80 % selon des avis autorisés. Vous vous en doutez, avec un moral en berne.

Le 23 juin de cette année, énième visite chez mon cardiologue, celui-ci me propose un contrôle sous anesthésie (car douloureux), mais plus approfondi de l’évolution du fameux thrombus, et en suivant une opération à cœur ouvert pour éliminer une partie du cœur, devenue akinétique après la reconstruction négative de la partie nécrosée due à la non vascularisation des quelques heures qui ont suivis l’accident avant l’opération.

De cette opération de contrôle, où je n’ai pas eu droit à l’anesthésie (le toubib n’annonçant tranquillement que vu mon état il ne souhaitait pas m’endormir…), le résultat fut stupéfiant :

le thrombus en question s’est calcifié et incorporé à la paroi ventriculaire, il n’est donc plus nécessaire de continuer a prendre des anti-coagulants et l’on ne parle plus d’opération mais de guérison, avec séquelles, mais guérison tout de même. De là, les choses se sont accélérées, la visite chez le médecin des gens de mer (obligatoire), a vu la délivrance du fameux sésame, le certificat d’aptitude à reprendre mes prérogatives de Capitaine ! J’ai donc repris la mer et mes activités professionnelles depuis ce jour.

Pour terminer ce témoignage, je tiens à mettre certains points en relief :

Tout d’abord, un grand merci aux Sœurs du Carmel, et en particulier à Sœur Marguerite, qui par leurs prières incessantes ont obtenues cette grâce pour moi.

Le fait de vivre dans ma chair la certitude que les grâces sont imméritées.

Ce Sacrement des malades dont on ne parle pas assez, entaché qu’il est encore par son ancien nom : « les derniers Sacrements »…

Enfin, sachez qu’il n’est pas plus difficile de prier et de garder la foi dans les moments de tempête, bien au contraire, cela devient, encore plus si besoin, notre force, notre rocher, notre soutien sans faille !

Alors moi aussi je puis maintenant dire : Il fit pour moi des merveilles.

Soyez bénis

Dominique




Dieu seul est capable de cela….

      « Je vous dis encore que, si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père qui est dans les cieux.  »  (Matthieu 18 :19)

 Je suis fidèle à la formation que propose le sedifop depuis plusieurs années dans une des paroisses de l’ouest. C’est vraiment avec joie que je me rends à ces enseignements du diacre Jacques FOURNIER Au fur et à mesure de ces rencontres, Dieu nous montre la route à suivre pour devenir des témoins de son amour.

Lors du dernier enseignement de février 2009, le diacre nous a relaté l’histoire d’une personne gravement malade pour laquelle on lui a demandé d’intercéder pour sa guérison au cours de l’Eucharistie et celle-ci fut guérie.

eucharistie

Touchée par cette grâce, je me suis sentie poussée par un désir profond d’aller le rencontrer pour lui demander de prier et d’intercéder au cours de l’Eucharistie pour la guérison de l’alcoolisme de mon compagnon depuis trente ans. Au même moment, je lui dis de faire part  à Monseigneur pour que lui aussi soit en union de prière avec nous. Ce qui fut fait.

Pendant  trois mois, la consommation d’alcool augmentait de plus en plus, je ne m’inquiétais plus car Dieu m’avait donné la grâce de l’abandonner totalement, avec confiance à la miséricorde divine. J’ai reconnu cela par la paix de Dieu qui régnait dans mon cœur, par l’amour et la gentillesse que j’avais pour lui quel que soit son comportement. Dieu seul est capable de cela : remettre son fardeau et porter sa croix avec patience et joie, avec Dieu c’est possible.

Vers la fin du mois de juin, le jour du Seigneur, Dieu mit fin à cette dépendance. A la suite d’un choc reçu, il dût consulter pour faire des examens et  tout rentra dans l’ordre. Maintenant c’est un père de famille heureux qui reprend goût à la vie et soucieux de sa santé.

La messe est vraiment le sommet de la prière, et l’Eucharistie quotidienne fait des merveilles dans ma vie. Je remercie le Seigneur pour l’intercession de notre Evêque et de notre diacre Jacques Fournier.

                                                                                                                                               Une maman  

           

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Témoignage de Chow Ching Lie : Marie, Mère de tous les hommes…

              « Les invités qui entrent pour la première fois dans mon appartement ne manquent pas de lever bien haut les sourcils lorsqu’ils voient, sur l’autel toujours fleuri où j’ai placé la statue de ma chère Bouddha Kuan Yin, une autre statue, celle de la Vierge de Lourdes.

            J’ai une vénération particulière pour Notre Dame.

            Je l’ai rencontrée, si j’ose dire, voilà bien des années, alors que je me rendais en Espagne avec des amis, pour quelques jours de vacances.

            Nous passions par Lourdes. J’insistai pour m’y arrêter. J’avais entendu parler des visions de la petite bergère Bernadette et des miracles qui s’y accomplissaient. J’étais curieuse de voir la grotte, mais je ne m’attendais pas à ressentir une émotion particulière.

            Pourtant, devant la statue de Notre Dame, ma gorge se serra. Son visage si doux me remplit à la fois de joie et de chagrin. J’éprouvai le besoin de prier à ses pieds comme je l’aurais fait devant Bouddha Kuan Yin.

            Autour de moi, d’autres personnes étaient abîmées dans leurs dévotions, attendant de la Vierge une consolation. Envahie par la pitié, je me joignis à elles. Je ne connaissais pas les mots des chrétiens, je priais avec ceux des bouddhistes, tout particulièrement pour les enfants infirmes, paralysés, ligotés dans leur petite voiture.

            En voyant ces malheureux, je songeai à ma chance d’avoir de beaux enfants, sains de corps et d’esprit. Devant tant de misère, j’hésitais presque à demander une faveur pour moi-même. Puis j’osai. Notre Dame était mère elle aussi. Elle pouvait me comprendre. Je la suppliai de tout mon cœur pour que ma belle-famille me rende mon fils qui, en ce temps-là, grandissait loin de moi à Hong Kong, et je déposai à ses pieds un gros bouquet de fleurs roses et blanches.

            Lorsque je me relevai enfin, je me sentis enveloppée par un parfum que je connaissais bien. Non pas celui des fleurs qui s’amoncelaient aux alentours, mais celui du bois de santal que l’on brûle dans nos temples.

            Il n’y a pas de bois de santal à Lourdes.

            Le parfum pourtant persistait, il s’amplifiait, me suivait. Les amis qui m’accompagnaient le percevaient eux aussi.

            Etait-ce un signe que la Vierge avait entendu ma prière ? Pouvais-je croire au miracle ?

            J’eus la réponse en rentrant chez moi quelques jours plus tard. Je trouvai au courrier une lettre de ma belle-famille m’annonçant la décision de laisser Paul me rejoindre en France. »

 

                                                           Extrait du livre « Dans la main de Bouddha »

                                                           Presses de la Renaissance.

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