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L’Église, notre mère (conférence de carême, 29 Mars 2023) par Fr. Manuel Rivero O.P.

Cathédrale de Saint-Denis (La Réunion)

 

« Femme, voici ton fils » (Jn 19, 26) , a dit Jésus à sa mère, Marie, sur le Calvaire, en voyant son disciple Jean. Les théologiens chrétiens ont interprété cette dernière parole de Jésus en croix, comme l’achèvement du mystère de la Rédemption de l’humanité, qui comprend le don et l’accueil de la Mère du Messie comme modèle et mère spirituelle des croyants.

Jésus a dit aussi à son disciple bien-aimé : Voici ta mère » (Jn 19,27). Jean, habité par la lumière de l’amour, a accueilli chez lui la mère de Jésus. « Chez lui » veut dire dans son âme et non seulement dans sa maison. Visiblement Joseph était déjà parti vers Dieu quand Jésus a expiré sur la croix ; autrement Marie aurait été confiée à son époux. Il n’est pas question non plus de frères et de sœurs de Jésus sur le Golgotha. Si la Vierge Marie avait eu d’autres enfants, Jésus leur aurait demandé de prendre soin de leur mère. L’accueil dont il est question ici dépasse l’hospitalité matérielle, bonne et nécessaire, pour conduire les disciples de Jésus vers la maternité spirituelle de Marie qui veillera par son intercession sur la foi et la croissance de l’Église, Corps du Christ, dont son fils Jésus-Christ en est la tête, et les baptisés ses membres.

À La Réunion, les catholiques aiment « Maman Marie », notre Mère du Ciel. Notre île brille comme une île mariale par sa foi et par sa prière. De nombreux pèlerinages témoignent de l’attachement et la proximité des fidèles envers la Mère de Dieu : pèlerinage de la Salette, de la Vierge Noire, de la Vierge au Parasol … Des grottes de Lourdes et des statues de la Vierge Marie marquent les routes et les chemins comme des invitations à des haltes d’élévation spirituelle dans la prière. Les mères veillent sur le fruit de leurs entrailles. La Vierge Marie demeure attentive aux besoins de ses enfants à La Réunion.

Les catholiques croient en un seul Dieu. Ils n’ont pas besoin d’une déesse. Marie n’est pas une déesse mais une créature, la plus grande des sauvés par la foi en son Fils Jésus. Les catholiques adorent le Fils de Dieu, Jésus. Ils vénèrent la Vierge Marie, la Mère de Dieu.

Loin de représenter un obstacle pour la foi en Jésus, comme le craignent quelques protestants qui critiquent la ferveur mariale, la dévotion envers la Vierge Marie garantit la véritable foi en Jésus, le Fils de Dieu fait homme, seul médiateur entre Dieu et les hommes, le seul Sauveur.

Il arrive que des sociologues s’étonnent de l’impact de la spiritualité mariale auprès des chrétiens qui ont subi la violence, l’emprisonnement, la pauvreté et toutes sortes de persécutions. Avec la Vierge Marie, ils ont gardé la foi au Christ.

Notre âme s’appelle « Marie »

C’est ainsi que l’âme, par la foi, peut devenir mère du Christ et elle reçoit le nom de la mère de Jésus « Marie ». Saint Ambroise de Milan (†397) enseigne ce mystère : « Lorsque cette âme commence à se convertir au Christ, elle s’appelle « Marie » : c’est-à-dire qu’elle reçoit le nom de celle qui a mis au monde le Christ ; elle est devenue une âme qui engendre le Christ de manière spirituelle[1] ». Le chrétien devient mère du Seigneur. Le Christ Jésus va grandir en lui à l’image du bébé porté par la mère dans son sein et qui se développe de jour en jour, jour et nuit. Il s’agit d’accueillir le Christ Jésus comme Marie l’a fait à l’Annonciation. Selon la chair, il n’y a qu’une maternité divine, celle de Marie, « mais selon la foi, le Christ est le fruit de tous[2] ».

 

Mère spirituelle des chrétiens, Mère de l’Église, la Vierge Marie, femme au regard pénétrant, active dans son amour, conduit au Christ comme elle l’a fait lors des noces de Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2,5).

Le père Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), dominicain, fondateur de l’École biblique de Jérusalem notait dans son Journal spirituel au cours de son noviciat au couvent royal de Saint-Maximin : « La bienheureuse Vierge Marie a détruit dans sa personne toutes les hérésies : elle est Mère de Dieu, donc, le Fils de Dieu, Jésus-Christ, n’est qu’une seule Personne, et il a deux natures puisqu’il est aussi vraiment son Fils, né de sa substance[3] ». Les hérésies font de Jésus un Dieu sans humanité ou un homme sans divinité. Marie conduit à l’unité du mystère de Jésus, « visage humain de Dieu et visage divin de l’homme » selon la belle expression du saint pape Jean-Paul II dans Ecclesia in America (n°47), le seul pape qui soit venu dans notre île et traversé l’allée centrale de cette cathédrale.

La conférence de ce soir a pour titre « L’Église, notre Mère ». J’ai choisi de commencer par l’évocation de la Vierge Marie comme Mère spirituelle des chrétiens car les titres attribués à la Vierge Marie ont d’abord concerné l’Église, notre Mère par la transmission de la Parole de Dieu et de la grâce pascale dans les sacrements.

Et si l’Église est appelée Mère, c’est grâce à l’Esprit Saint qui donne la vie, comme nous le disons dans le Credo de Nicée-Constantinople à la messe du dimanche : « Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie »[4].

C’est pourquoi il y aura trois parties dans mon exposé : la Vierge Marie, notre Mère ; l’Église, notre Mère ; l’Esprit Saint qui donne la vie et qui fait renaître.

La Vierge Marie, Mère du Christ, Mère de l’Église, notre mère

C’est le saint pape Paul VI qui a tenu à vénérer la Vierge Marie sous le vocable de « Mère de l’Église » au cours du concile Vatican II, le 21 novembre 1964, lors du discours d’approbation de la Constitution dogmatique sur l’Église « Lumen Gentium », tout en ne faisant pas partie de celle-ci. De son côté, le Catéchisme de l’Église catholique a intégré officiellement dans la foi catholique ce vocable riche en signification théologique, même s’il n’a pas été le résultat d’un vote lors de ce concile (n°963).

Le saint pape Paul VI avait déclaré lors de la clôture du concile Vatican II le 8 décembre 1965 : « Alors que nous clôturons le concile œcuménique, nous honorons la Très Sainte Vierge Marie, Mère du Christ, et, par conséquent, (…) la Mère de Dieu et notre Mère spirituelle (…) c’est la femme, la vraie femme idéale et réelle (…) cette femme qui est tout à la fois notre humble sœur et notre céleste Mère et Reine ».

La foi de l’Église trouve sa naissance dans la Bible. La prière de l’Église manifeste aussi le projet de salut de Dieu pour l’humanité : « Lex orandi, lex credendi » (« La loi de la prière est la loi de la foi »). C’est pourquoi, il convient de faire appel à la liturgie de l’Église pour comprendre le mystère de la Vierge Marie. À l’Annonciation, la Vierge Marie est devenue la Mère du Fils de Dieu fait homme, qui recevra le nom de Jésus. L’événement de l’Annonciation représente non seulement la nouveauté de l’Incarnation mais aussi le commencement de l’Église. La liturgie de cette fête appelée par certains Pères de l’Église « la fête de la racine », car cachée et fondatrice, exprime le mystère de l’accueil du Fils de Dieu « par la foi de Marie » et sa tendresse maternelle envers le corps de son fils Jésus (cf. Préface de la messe), tandis que la prière sur les offrandes met en lumière la naissance de l’Église, Corps du Christ : « L’Église n’oublie pas qu’elle a commencé le jour où ton Verbe s’est fait chair ».

Si Marie est mère de Jésus, elle est aussi la mère de l’Église. Étant la Mère de la Tête du Corps elle demeure aussi la Mère du reste du Corps, les membres unis au Christ par la foi et le baptême. S’il n’est pas possible de séparer la Tête du Corps ; il n’est pas possible non plus de séparer la maternité divine de Marie de sa maternité spirituelle envers le Corps de son Fils Jésus, l’Église.

Un théologien du XIIe siècle, Isaac de l’Étoile[5], moine cistercien, a su mettre en valeur l’union du Christ et de l’Église, la maternité de Marie envers le Christ et à l’égard de l’Église : « ʺCe que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare donc pas. Ce mystère est grand, je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église.ʺ Garde-toi bien de séparer la tête du corps ; n’empêche pas le Christ d’exister tout entier ; car le Christ n’existe nulle part tout entier sans l’Église, ni l’Église sans le Christ. Le Christ total, intégral, c’est la tête et le corps. [6] »

Et dans un autre sermon sur l’Assomption, Isaac d’enseigner : « Ce Christ unique est le Fils d’un seul Dieu, dans le ciel et d’une seule mère sur la terre. Il y a beaucoup de fils, et il n’y a qu’un seul fils. Et, de même que la tête et le corps sont un seul fils et plusieurs fils, de même Marie et l’Église sont une seule mère et plusieurs mères, une seule vierge et plusieurs vierges. L’une et l’autre ont conçu du Saint-Esprit, sans attrait charnel (…). L’une a engendré, sans aucun péché, une tête pour le corps ; l’autre a fait naître, dans la rémission des péchés, un corps pour la tête. L’une et l’autre sont mères du Christ, mais aucune des deux ne l’enfante tout entier sans l’autre. Aussi c’est à juste titre que, dans les Écritures divinement inspirées, ce qui est dit en général de la vierge mère qu’est l’Église, s’applique en particulier à la Vierge Marie ; et ce qui est dit de la vierge mère qu’est Marie, en particulier, se comprend en général de la vierge mère qu’est l’Église.

De plus, chaque âme croyante est également, à sa manière propre, épouse du Verbe de Dieu, mère, fille et sœur du Christ, vierge et féconde. Ainsi donc c’est la Sagesse même de Dieu, le Verbe du Père, qui désigne à la fois l’Église au sens universel, Marie, dans un sens très spécial et chaque âme croyante en particulier.

C’est pourquoi l’Écriture dit : « Je demeurerai dans l’héritage du Seigneur ». L’héritage du Seigneur, dans sa totalité, c’est l’Église, c’est tout spécialement Marie, et c’est l’âme de chaque croyant en particulier. En la demeure du sein de Marie, le Christ est resté neuf mois ; en la demeure de la foi de l’Église, il restera jusqu’à la fin du monde ; et dans la connaissance et l’amour du croyant, pour les siècles des siècles[7] ».

Au XIIIe siècle, le grand théologien dominicain, saint Thomas d’Aquin voit dans les noces de Cana l’image de l’union mystique du Christ et de l’Église, union commencée à l’Annonciation : « Ces épousailles eurent leur commencement dans le sein de la Vierge, lorsque Dieu le Père unit la nature humaine à son Fils dans l’unité de la personne, en sorte que le lit nuptial de cette union fut le sein virginal … Ce mariage fut rendu public lorsque l’Église s’est unie au Verbe par la foi[8] ».

Le Docteur Angélique s’inspire de la pensée de saint Augustin pour qui le sein de la Vierge Marie est une chambre nuptiale où s’unissent dans la personne du Verbe la nature divine et la nature humaine. Pour saint Augustin, le corps de Jésus s’unit à l’Église formant ainsi « le Christ total, Tête et Corps[9] ».

L’Incarnation comporte une dimension ecclésiale. Marie a accueilli le Verbe au nom de l’humanité et pour l’humanité. Marie, nouvelle Ève, accomplit la prophétie du livre de la Genèse en écrasant la tête du serpent par sa foi (cf. Gn 3,15). Elle est aussi la femme de l’Apocalypse qui enfante une nouvelle humanité (cf. Ap 12).

La Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps « Gaudium et spes » enseigne que « par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme » (n°22,2). Par conséquent, la Vierge Marie est devenue aussi mère de cette humanité ce qui peut expliquer en partie la dévotion des croyants des religions non chrétiennes qui se rendent en pèlerinage dans les sanctuaires mariaux comme Lourdes ou Notre-Dame de la Garde à Marseille.

L’Église, notre mère

Le concile Vatican II dans sa constitution dogmatique sur l’Église « Lumen Gentium » (« Lumière des nations ») a choisi de ne pas présenter la Vierge Marie pour elle-même. Dans le chapitre VIIIe, Lumen Gentium met en lumière la grâce et la mission de la Vierge Marie, Mère de Dieu, « dans le mystère du Christ et de l’Église » : « La bienheureuse Vierge se trouve en intime union avec l’Église : de l’Église, selon l’enseignement de saint Ambroise, la Mère de Dieu est le modèle dans l’ordre de la foi, de la charité et de la parfaite union au Christ » (n°63). Le concile Vatican II relie la maternité divine de la Vierge Marie à la maternité de l’Église. Jésus, le Fils de Dieu, a été engendré en Marie par l’Esprit Saint. Ceux qui croient en Jésus sont engendrés aussi par l’Esprit Saint pour devenir fils de Dieu en union avec le Fils unique engendré du Père. Le Prologue de saint Jean révèle cette nouvelle naissance par la foi au Verbe : « À tous ceux qui l’ont accueilli, le Verbe a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1,12). Marie qui occupe la première place dans l’Église a été enveloppé par l’Esprit Saint donnant naissance au « premier-né parmi une multitude de frères » (Rm 8,29). Cette multitude de frères c’est l’Église : « L’Église devient à son tour une Mère, grâce à la parole de Dieu qu’elle reçoit dans la foi : par la prédication et par le baptême elle engendre, à une vie nouvelle et immortelle, des fils conçus du Saint-Esprit et nés de Dieu » (Lumen Gentium n° 64).

La maternité de l’Église grandit par la prédication de l’Évangile. Les prédicateurs, les catéchistes et tous les témoins du Seigneur actualisent par la parole et par l’exemple le mystère de la charité du Christ, présent et agissant, ici et maintenant, dans l’histoire de l’humanité. L’Église ne se développe pas par le prosélytisme mais par l’attraction de Jésus glorifié qui touche les cœurs par l’Esprit Saint, Amour : « élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jn 12,32). L’Église est mère à la manière de la Vierge Marie, par la foi, le service dans l’humilité, la proclamation des merveilles de Dieu et la prière.

L’Esprit Saint, qui a fait jaillir la vie du Fils de Dieu dans le sein de Marie, fait jaillir la grâce divine dans le sein de l’Église au baptême. L’eau baptismale devient le liquide amniotique qui donne la vie de Dieu par l’action de l’Esprit Saint.

L’Esprit Saint a formé le corps de Jésus en Marie. Aujourd’hui l’Esprit Saint forme le Corps du Christ, l’Église. L’Esprit Saint forme le Corps et le sang de Jésus dans l’eucharistie au moment miraculeux de l’épiclèse : « Toi qui es vraiment saint, sanctifie ces offrandes en répandant sur elles ton Esprit ; qu’elles deviennent pour nous le Corps et le Sang de Jésus, le Christ, notre Seigneur » (Prière eucharistique n°2). Former le Corps du Christ est la spécialité de l’Esprit Saint. Former le Corps du Christ devient la spécialité de l’Église par l’Esprit Saint. L’Esprit Saint formera aussi nos corps de gloire à la résurrection finale.

Le pape François a donné un bel enseignement sur « l’Église, mère des chrétiens » citant la symbolique baptismale : « Si vous allez au baptistère de Saint-Jean-de-Latran, à la cathédrale du pape, il y a à l’intérieur une inscription latine qui dit plus ou moins ceci : « Ici naît un peuple d’origine divine, engendré par l’Esprit Saint qui féconde ces eaux ; notre mère l’Église met au monde ses enfants dans ces flots ». (11 septembre 2013, audience générale).

Saint Paul, célèbre le Christ « Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Église » (Col 1,18). Dans son épître aux Colossiens, l’apôtre des nations appelle l’Église « Corps du Christ » (Col 1,24). L’image du corps humain avec la tête et ses membres correspond au Christ total, qui rassemble dans l’unité le Christ, sa Tête, et les chrétiens, ses membres. Dans son épître aux Corinthiens (1 Cor 12,12.27), saint Paul explique la dépendance des membres du même corps avec ses différentes fonctions, image qui s’applique à l’Église, « le Christ répandu et communiqué », selon la belle formule de Bossuet, où chaque baptisé participe à la vie du Fils de Dieu en tant que membre vivant de son Corps.

C’est une erreur que d’imaginer l’Église comme existant sans le Christ. L’Église, c’est nous tous et non seulement les évêques ou les prêtres. Quand des chrétiens critiquent l’Église ils se critiquent eux-mêmes. Le Catéchisme de l’Église catholique rappelle « l’esprit filial à l’égard de l’Église » (n°2040).

L’Église est appelée « notre mère » (cf. LG n°6 ; Ga 4,26 ; cf. Ap 12,17) parce qu’elle nourrit ses enfants du pain de la Parole de Dieu et de l’eucharistie. L’Église prend soin de ses enfants malades dans le sacrement de l’onction des malades. Elle éduque par la catéchèse. L’Église nous accompagne dans notre croissance spirituelle à travers les étapes parfois difficiles, voire tourmentés de notre existence. Mère fidèle, elle est toujours là, heureuse d’accueillir ses enfants quand ils reviennent à la maison. L’Église travaille pour la paix dans le monde à travers la doctrine sociale de l’Église et la diplomatie vaticane. L’Église divinise l’amour humain dans le sacrement du mariage. L’Église se construit et se développe à travers les sacrements de la Confirmation et des ordinations diaconales, presbytérales et épiscopales.

C’est l’Église, par son rayonnement universel du mystère du Christ Sauveur, qui évangélise et convertit. Si chaque chrétien est appelé à témoigner de sa foi et à favoriser la conversion joyeuse des hommes, c’est en réalité le témoignage et la prédication qui convertit. On raconte cet aveu d’un vieux prêtre : « Jeune prêtre j’aspirais à convertir le monde ; au bout de vingt ans, je me suis dit qu’arriver à convertir quelques personnes ce serait bien ; maintenant après tant d’années de sacerdoce, je me dis : si j’arrive à me convertir moi-même ce sera déjà très bien ».

Au cours des premiers siècles de l’histoire de l’Église, les grands théologiens ont été africains. Les Pères de l’Église ont mis en lumière la maternité spirituelle de la Vierge Marie envers les chrétiens. C’est ainsi que saint Cyprien, évêque de Carthage, martyr en l’an 258, déclarait : « On ne peut pas avoir Dieu pour père quand on n’a pas l’Église pour mère[10] ».

Plus tard, saint Augustin (+430) prêchera à ses fidèles : « Nul ne peut compter sur la grâce de Dieu son Père, s’il méprise l’Église sa mère[11] ».

Au VIIIe siècle, en Angleterre, saint Bède le Vénérable, écrira : « Toujours à nouveau l’Église engendre le Christ, chaque jour l’Église engendre l’Église[12] ». Par le sacrement du baptême, par la prédication et le témoignage, l’Église donne naissance au Christ dans le cœur des hommes. En engendrant le Christ, elle s’engendre elle-même.

L’Esprit Saint qui donne la vie

Dieu est Esprit, il n’a pas de sexe. Pour nous adresser à Dieu qui est au-delà de tout, au-delà de tous nos mots et concepts, nous utilisons des exemples, des métaphores et des analogies. Les amoureux connaissent bien les limites du langage pour partager les émotions du cœur qui dépassent les déclarations d’amour. Pourtant les mots demeurent une médiation nécessaire pour communiquer. Les amoureux font aussi appel à la communication non verbale, aux symboles et aux cadeaux pour manifester l’amour caché dans le cœur, invisible aux regards extérieurs.

Il en va de même dans notre relation de foi et d’amour envers Dieu. Nous avons besoin de mots, de symboles et des réalités tangibles comme l’eau, le pain, le vin ou l’huile.

Dans la révélation biblique Dieu est appelé Père mais il a des sentiments maternels de tendresse et de miséricorde. L’hébreu de l’Ancien Testament trouve dans l’utérus maternel, « rahamin », qui frémit devant la souffrance des enfants, une image des sentiments de Dieu envers l’humanité dans la douleur. En Dieu il y a des sentiments propres à l’homme et à la femme, au père et à la mère, tout en restant au-delà de tout ce que nous connaissons. À proprement parler, en rigueur de termes, Dieu n’est ni père, ni mère, mais Esprit qui donne la vie.

Les mères donnent la vie. La Vierge Marie est appelée « notre mère » parce qu’elle nous donne Jésus. L’Église est appelée « notre Mère » parce qu’elle nous donne la Parole de Dieu et les sacrements de la vie divine. En réalité, la Vierge Marie et l’Église transmettent ce qu’elles reçoivent de Dieu : l’Esprit Saint. C’est l’Esprit Saint qui nous engendre à une vie nouvelle et qui nous fait renaître.

Jésus a bien déclaré à Nicodème : « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu » (Jn 3,3). Et comme Nicodème ne comprenait pas cette parole qu’il interprétait au sens matériel d’un retour au sein maternel, Jésus lui a précisé : « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’Esprit est esprit » (Jn 3, 5-6).

Naissance mystérieuse mais bien réelle : « Le vent souffle où il vaut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit. » (Jn 3,8).

Cette nouvelle naissance nous rappelle le don de Dieu aux fidèles annoncé dans le livre de l’Apocalypse : « Un caillou blanc portant gravé un nom nouveau que nul ne connaît, hormis celui qui le reçoit » (Ap 2, 17). 

Ce nom nouveau reçu au baptême est bien « enfant de Dieu ».

Puissions-nous nous souvenir non seulement du jour anniversaire de notre naissance mais aussi du jour anniversaire de notre nouvelle naissance dans le baptême. Au jour de notre naissance, nous sommes nés de notre père et de notre mère. Au jour de notre nouvelle naissance, nous sommes renés du Père de Jésus et nous avons eu pour mère l’Église qui nous transmis la vie de l’Esprit Saint.

Nous sommes dans la cathédrale du diocèse, l’Église-mère du diocèse, signe de l’unité du peuple de Dieu. Dans la tradition ecclésiale, les ordinations épiscopales et presbytérales ont lieu à la cathédrale, c’est dans sa cathédrale que l’évêque célèbre la messe chrismale où sont bénies les saintes huiles pour tout le diocèse : huile de catéchumène, le Saint Chrême et huile pour l’onction des malades. C’est dans sa cathédrale que l’évêque promulgue ses orientations pastorales pour dynamiser la mission. La cathédrale manifeste la dimension maternelle de l’Église.

Les mères rassemblent les enfants. La cathédrale rassemble les fidèles venus de plusieurs villes du diocèse.

C’est curieux, le carreau-cathédrale est devenu le lieu du rassemblement à Saint-Denis. Il doit y avoir une plusieurs raisons pour cela. Ne faut-il pas y penser aussi à l’attrait spirituel et maternel de la cathédrale, Église mère ?

La Vierge Marie nous a été donnée pour mère spirituelle par Jésus lui-même. Elle nous accompagne de manière fidèle tout au long de notre vie, de la naissance à la mort, comme la Mère Église, depuis notre naissance dans les eaux baptismales jusqu’au jour de la mort, naissance au Ciel. Aussi prions-nous dans l’Ave Maria : « Prie pour nous, maintenant et à l’heure de notre mort ». L’heure de notre mort étant l’heure de la rencontre avec Dieu où nous ouvrons les yeux à la lumière de la gloire de Dieu.

C’est l’Esprit Saint qui donne la vie et qui accomplira cela, nous dit saint Paul : « Si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous » (Rm 8,11).

« À Celui dont la puissance agissant en nous est capable de faire bien au-delà, infiniment au-delà de tout ce que nous pouvons demander ou concevoir, à Lui la gloire, dans l’Église et le Christ Jésus, pour tous les âges et tous les siècles. Amen » (Ep 3,20-21).

 

[1] Saint Ambroise de Milan, Sur la Virginité, IV, 20 (P.L. XVI, 271 B).

[2] Saint Ambroise de Milan, Traité sur l’Évangile de Luc, II, 26, édition « Sources chrétiennes », tome I, p. 84.

[3] Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel. Paris. Édition du Cerf. 2014. 16 novembre 1880. P. 104.

[4] Voir Edward Schillebeeckx, Mariologia : ayer, hoy y mañana. Conférence donnée au mois d’octobre 1990 à Huissen (Pays-Bas) lors du congrès international des Frères prêcheurs sur la Vierge Marie. Salamanca. Ediciones Sígueme. 2000. P. 29-76.

[5] Isaac de l’Étoile (1100-1178), moine de Pontigny, puis abbé de l’Étoile en Poitou, ami de saint Thomas Becket.

[6] Sermon d’Isaac de l’Étoile. Liturgie des heures IV. Temps ordinaire. 23e semaine.

[7] Sermon d’Isaac de l’Étoile pour l’Assomption. Marie et l’Église. La liturgie des heures I. Avent – Noël. II Samedi de l’Avent.

[8] Saint Thomas d’Aquin, In Ioan. 1, n°338.

[9] Cf. Jean-Pierre TORRELL, Le Christ en ses mystères. La vie et l’œuvre de Jésus selon saint Thomas d’Aquin, tome I. Paris. Desclée. 1999.  PP. 76-77.

[10] Saint Cyprien de Carthage : « Habere non potest Deum patrem qui ecclesiam non habet matrem », De catholica ecclesiae unitate, 6 (CSEL 3/1,214).

[11] Saint Augustin, Sermo 92 : De Alleluia (Miscellanea Agostiniana I, Rome, 1930, 332-333).

[12] Saint Bède, Expl. Apoc., 11,12 (PL 93, 166D)




Alphonse RATISBONNE, le converti de la Médaille Miraculeuse (Noéline FOURNIER)

La nouvelle de la conversion de Marie Alphonse RATISBONNE fut donnée à l’archiconfrérie du Saint Cœur de Marie, le dimanche 30 janvier 1842, à l’office du soir, par son frère, l’abbé Théodore RATISBONNE, le sous-directeur.

Théodore Ratisbonne

Et voilà ce qu’il dit :

« Voulant faire partager à tous nos confrères la sainte joie qui remplit nos cœurs, et ne voulant rien présenter que d’exact, nous avons prié M. Marie Alphonse RATISBONNE de nous donner lui-même la relation de sa conversion.

Voici l’extrait d’une lettre qu’il nous a écrite :

Collège de Juilly, 12 avril 1842

Ma première pensée et le premier cri de mon cœur, au moment de ma conversion, fut d’ensevelir ce secret avec mon existence tout entière au fond d’un cloître afin d’échapper au monde, qui ne pouvait plus me comprendre, et de me donner tout à mon Dieu, qui m’avait fait entrevoir et goûter les choses d’un autre monde.

Je ne voulais point parler sans la permission d’un prêtre : on me conduisit vers celui qui représentait Dieu pour moi. Il m’a ordonné de révéler ce qui m’était arrivé : je le fis, autant que cela m’est possible, de vive voix.

Si je devais vous raconter que le fait de ma conversion, un seul mot suffirait :

Le Nom de Marie !

Ma famille est assez connue, car elle est riche et bienfaisante, et à ces titres, elle tient depuis longtemps le premier rang en Alsace. Il y a eu dit-on beaucoup de piété dans mes aïeux : les chrétiens, aussi bien que les juifs ont béni le nom de mon grand-père, le seul juif qui, sous Louis XVI, obtint, non seulement le droit de posséder des propriétés à Strasbourg, mais encore des titres de noblesse. Telle fut ma famille, mais aujourd’hui, les traditions religieuses y sont entièrement effacées.

Et il raconte :

Je commençai mes études sur les bancs du collège royal de Strasbourg, où je fis plus de progrès dans la corruption du cœur que dans l’instruction de l’intelligence.

C’était vers l’années 1825 (je suis né le 1er mai 1814) ; à cette époque, un événement porta un rude coup à ma famille : mon frère Théodore, sur lequel on fondait de grandes espérances, se déclara chrétien ; et, bientôt après, malgré les plus vives sollicitations et la désolation qu’il avait causée, il alla plus loin, se fit prêtre, et exerça son ministère dans la même ville, sous les yeux de mon inconsolable famille.

Tout jeune que j’étais, cette conduite de mon frère me révolta, et je pris en haine son habit et son caractère. (…) Je n’avais éprouvé jusqu’alors ni sympathie ni antipathie pour le christianisme ; mais la conversion de mon frère, que je regardais comme une inexplicable folie, me fit croire au fanatisme des catholiques, et j’en eus horreur.

On me retira du collège pour me mettre dans une institution protestante à Paris dont le magnifique prospectus avait séduit mes parents. Je me présentais néanmoins aux examens en sortant de cette pension et, par un bonheur peu mérité, je fus reçu bachelier des lettres.

J’étais alors maître de mon patrimoine, puisque bien jeune encore je perdis ma mère, et, quelques années après, mon père : mais il me restait un digne oncle, le patriarche de ma famille, un second père, qui n’ayant point d’enfants, avait mis toute son affection dans les enfants de son frère. Il voulut m’attacher à la maison de banque dont il était le chef ; mais je fis d’abord mon droit à Paris, et après avoir reçu le diplôme de licencié et revêtu la robe d’avocat, je fus rappelé à Strasbourg par mon oncle pour me fixer après de lui.

Je ne saurais énumérer ses largesses : chevaux, voitures, voyages, milles générosités prodiguées, et il ne me refusait aucun caprice. Mon oncle ajouta à ces témoignages d’affection une marque plus positive de sa confiance : il me donna la signature de la maison, et me promit, en outre, le titre et les avantages d’associéPromesse qu’il réalisa en effet le 1er janvier de cette année 1842.

Alphonse Ratisbonne

C’est à Rome que j’en reçus la nouvelle.

Mon oncle ne me faisait qu’un seul reproche : mes fréquents voyages à Paris.

Tu aimes trop les Champs-Elysées, me disait-il avec bonté. Il avait raison. Je n’aimais que les plaisirs : les affaires m’impatientaient, l’air des bureaux m’étouffait.

J’étais juif de nom, voilà tout ; car je ne croyais même pas en Dieu.

Je n’ouvris jamais un livre de religion, et dans la maison de mon oncle, pas plus que chez mes frères et sœurs, on ne pratiquait la moindre prescription du judaïsme.

Un vide existait dans mon cœur, et je n’étais point heureux au milieu de l’abondance de toutes ces choses. Quelque chose me manquait ; mais cet objet me fut donné aussi, du moins je le croyais !

J’avais une nièce, la fille de mon frère aîné, qui m’était destinée depuis que nous étions enfants tous les deux. Elle se développait avec grâce sous mes yeux et, en elle, je voyais tout mon avenir et toute l’espérance du bonheur qui m’était réservé.

Elle était pour moi une création toute particulière, qui semblait faite uniquement pour compléter mon existence : et lorsque les vœux de toute ma famille, d’accord avec nos sympathies mutuelles, fixèrent enfin ce mariage si longtemps désiré, je crus que désormais rien ne manquerait plus à ma félicité. Je voyais toute ma famille au comble de la joie ; mes sœurs étaient heureuses ! Elles ne me faisaient qu’un seul reproche, c’était d’aimer trop ma fiancée, et elles s’avouaient jalouses ; car je dois dire ici qu’il est peu de familles où l’on s’aime plus que dans la mienne.

Il n’y avait qu’un seul membre de ma famille qui m’était odieux ; c’est mon frère Théodore. Et cependant il nous aimait aussi ; mais son habit me repoussait, sa présence m’offusquait, sa parole grave et sérieuse excitait ma colère.

Un an avant mes fiançailles, je ne pus retenir ces ressentiments, et je les lui exprimai dans une heure qui dut rompre à jamais tous rapports entre nous. Il continua ses relations avec le reste de la famille ; quant à moi, je ne voulus plus le voir, je nourrissais une haine amère contre les prêtres, les églises, les couvents, et surtout les Jésuites, dont le nom seul provoquait ma fureur.

Heureusement que mon frère quitta Strasbourg, c’était tout ce que je désirais.

Il fut appelé à Paris, à Notre-Dame-des-Victoires, où il ne cesserait, disait-il, en nous faisant ses adieux, de prier pour la conversion de ses frères et sœurs.

Son départ me soulagea d’un grand poids ; je cédais même aux instances de ma famille à l’occasion de mes fiançailles en lui écrivant quelques mots d’excuses. Il me répondit avec amitié, me recommandant ses pauvres, auxquels je fis en effet parvenir une petite somme.

Après cette espèce de raccommodement, je n’eux plus aucun rapport avec Théodore, et je ne pensais plus à lui, je l’oubliai… tandis que lui, il priait pour moi !

Je l’ai dit, je ne croyais en rien ; mais la vue de ma fiancée éveillait en moi je ne sais quel sentiment de dignité humaine ; je commençais à croire à l’immortalité de l’âme ; bien plus, je me mis instinctivement à prier Dieu ; je le remerciais de mon bonheur, et pourtant je n’étais pas heureux… Je ne pouvais me rendre compte de mes sentiments ; je regardais ma fiancée comme mon bon ange ; je le lui disais souvent, et, en effet, sa pensée élevait mon cœur vers un Dieu que je ne connaissais pas, que je n’avais jamais invoqué.

On jugea convenable, à cause de l’âge trop tendre de ma fiancée, de retarder le mariage.

Elle avait seize ans. Je dus faire un voyage d’agrément en attendant l’heure de notre union.

Je ne savais de quel côté diriger mes courses : une de mes sœurs établie à Paris, me voulait près d’elle ; un excellent ami m’appelait en Espagne…

Je m’arrêtait enfin à la pensée d’aller droit à Naples, de passer l’hiver à Malte afin d’y fortifier ma santé délicate, et de revenir ensuite par l’Orient ; je pris même des lettres pour Constantinople, et partis vers la fin de novembre 1841.

Je devais être de retour au commencement de l’été suivant. Oh ! Que mon départ fut triste ! Je laissais là une fiancée bien-aimée, un oncle qui ne s’épanouissait qu’avec moi, des sœurs, des frères, des nièces, des amis d’enfance que je ne pouvais quitter sans verser des larmes, car je les aimais et je les aime encore !

Partir seul et pour un long voyage ! Cette pensée me jetait dans une profonde mélancolie. « Mais, me disais-je, Dieu m’enverra peut-être un ami sur ma route ! »

Je voulus, avant de me mettre en voyage, donner ma signature à un grand nombre de quittances concernant la Société d’encouragement au travail… Je les datais d’avance le 15 janvier, et à force d’écrire cette date sur une foule de pièces, je me fatiguais, et je me disais en posant ma plume :

« Dieu sait où je me trouverai le 15 janvier, et si ce jour ne sera pas le jour de ma mort ! »

Ce jour-là je me trouvais à Rome, et ce jour sera pour moi l’aurore d’une nouvelle vie !

Je partis enfin. En sortant de Strasbourg, je pleurais beaucoup, j’étais agité d’une foule de craintes, de mille étranges pressentiments.

Le navire, avant d’arriver à Naples, fit une halte à Civitavecchia (port de Rome).

Au moment d’entrer au port, le canon du fort tonnait avec force. Je m’informai avec une maligne curiosité du motif de ce bruit de guerre sur les terres pacifiques du pape. On me répondit : « C’est la Fête de la Conception de Marie ».

Je haussais les épaules sans vouloir débarquer. Le lendemain, à la lumière d’un soleil magnifique qui étincelait sur la fumée du Vésuve, nous abordâmes à Naples.

Je passais un mois à Naples pour tout voir et tout écrire, j’écrivis surtout contre la religion et ses prêtres qui, dans cet heureux pays, me semblaient tout à fait déplacés.

Oh ! Que de blasphèmes dans mon journal !

Si j’en parle ici, c’est pour faire connaître la noirceur de mon esprit.

J’écrivis à Strasbourg que j’avais bu sur le Vésuve du Lacryma Christi (Larmes du Christ), vin Napolitain autrefois produit par des moines, se trouvant sur les pentes du célèbre Mont Vésuve) à la santé de l’Abbé RATISBONNE (son frère), et que de telles larmes me faisaient du bien à moi-même. Je n’ose transcrire les horribles jeux de mots que je me permis en cette circonstance.

Ma fiancée m’a demandé si j’étais de l’avis de ceux qui disent : « Voir Naples et mourir ». Je lui répondis : « Non ; mais voir Naples et vivre ; vivre pour la voir encore  ».

Telles étaient mes dispositions.

Je n’avais aucune envie d’aller à Rome, bien que deux amis de ma famille, que je voyais souvent, m’y engageassent vivement : c’était Mr COULMANN, protestant, ancien député de Strasbourg, et Mr Le Baron de ROTHSCHILD, dont la famille à Naples me prodiguait toute espèce de prévenances et d’agréments. Je ne pus que céder à leurs conseils.

Ma fiancée désirait que j’allasse droit à Malte, et elle m’envoya un ordre de mon médecin qui me recommandait d’y passer l’hiver en me défendant positivement d’aller à Rome à cause des fièvres malignes qui, disait-il, y régnaient.

Il y avait là plus de motifs qu’il n’en fallait pour me détourner du voyage de Rome, si ce voyage s’était trouvé sur mon itinéraire.

Mr COULMANN m’avait mis en rapport avec un aimable et digne homme qui devait faire comme moi le voyage à Malte ; j’étais heureux de cette rencontre, et je me disait : « Ah ! Voilà l’ami que le ciel m’a envoyé ! »

J’étais seul à Naples (…), je pensais à ma famille ; je versais des larmes, et la gaieté des Napolitains augmentait ma tristesse. Je sortis pour me distraire, en suivant machinalement le flot de la foule.

J’arrivais sur la place du Palais et me trouvais, je ne sais comment, à la porte d’une église. J’y entre. On y disait la messe, je crois. Quoi qu’il en soit, je me tins là, debout, appuyé contre une colonne, et mon cœur semblait s’ouvrir et aspirer une atmosphère inconnue : je priais à ma manière sans m’occuper de ce qui se passait autour de moi ; je priais pour ma fiancée, pour mon oncle, pour mon père défunt. Pour la bonne mère dont j’ai été privé si jeune, pour tous ceux qui me sont chers, et je demandais à Dieu quelques inspirations qui pussent me guider dans mes projets d’améliorer le sort des Juifs, pensée qui me poursuivait sans cesse.

Ma tristesse s’en est allée comme un noir nuage que le vent dissipe et chasse au loin ; et tout mon intérieur, inondé d’un calme inexprimable, ressentait une consolation semblable à celle que j’aurais éprouvée si une voix m’avait dit :

« Ta prière est exaucée ! »

Oh ! Oui, elle était exaucée au centuple et au-delà de toutes prévisions puisque le dernier jour du même mois, je devais recevoir solennellement le baptême dans une église de Rome !

Mais comment suis-je allé à Rome ?

Je ne puis le dire, je ne puis l’expliquer à moi-même. Je crois que je me suis trompé de chemin ; car au lieu de me rendre au bureau des places de Palerme, vers lequel je me dirigeais, je suis arrivé au bureau des diligences de Rome. J’y suis entré et pris ma place.

Je fis dire à Mr VIGNE, l’ami qui devait m’accompagner à Malte, que je n’avais pu résister à faire une courte excursion à Rome, et que je serais positivement de retour à Naples pour repartir le 20 JANVIER.

J’eus tort de m’engager ; car c’est Dieu qui dispose, et cette date du 20 janvier devait marquer autrement dans ma vie. Je quittais Naples le 5, et j’arrivais à Rome le 6, jour des rois.

Le 8 janvier, au milieu de mes courses, j’entends une voix qui m’appelle dans la rue ; c’était un ami d’enfance, Gustave de BUSSIÈRES. J’étais heureux de cette rencontre, car mon isolement me pesait. Nous allâmes dîner chez le père de mon ami.

Quand j’entrai dans le salon, Mr Théodore de BUSSIÈRES, le fils aîné de cette honorable famille, le quittait. Je ne connaissais point personnellement le baron Théodore, mais je savais qu’il était l’ami de mon frère, son homonyme : je savais qu’il avait abandonné le protestantisme pour se faire catholique ; c’en était assez pour m’inspirer une profonde antipathie. Il me semblait qu’il éprouvait à mon égard le même sentiment.

C’était le 15, et j’allai retenir ma place aux voitures de Naples ; mon départ est arrêté pour le 17 à trois heures du matin. Il me restait deux jours, je les employai à de nouvelles courses. Mais en sortant d’un magasin de librairie où j’avais vu quelques ouvrages sur Constantinople, je rencontre au Corso, un domestique de M De BUSSIÈRES, père ; il me salue et m’aborde. Je lui demande l’adresse de Mr Théodore de BUSSIÉRES : iI me répond avec l’accent alsacien : Piazza Nicosia, n˚ 38.

Il me fallut donc, bon gré, mal gré, faire cette visite ; cependant, je résistai vingt fois encore. Enfin, je décide de donner ma carte.

Mon entrée chez Mr. De BUSSIÉRES me causa de l’humeur ; car le domestique, au lieu de prendre ma carte que je tenais à la main, m’annonça et m’introduisit au salon. Je déguisai ma contrariété, tant bien que mal, sous les formes de sourire, et j’allais m’asseoir auprès de Mme la Baronne de BUSSIÈRES, qui se trouvait entouré de ses deux petites filles, gracieuses et douces, comme les anges de Raphaël.

Mr de BUSSIÈRES me parla des grandeurs du catholicisme ; je répondis par des ironies et des imputations que j’avais lues ou entendues si souvent ; encore imposai-je un frein à ma verve impie, par respect pour Mme de BUSSIÈRES et pour la foi des jeunes enfants qui jouaient à côté de nous.

« Enfin, me dit Mr de BUSSIÈRES, puisque vous détestez la superstition et que vous professez des doctrines si libérales, puisque vous êtes un esprit fort si éclairé, auriez-vous le courage de vous soumettre à une épreuve bien innocente ? –

Quelle épreuve ? –

Ce serait de porter sur vous un objet que je vais vous donner… Voici ! C’est une médaille de la Sainte Vierge.

Cela vous paraît bien ridicule, n’est-ce pas ?

Mais quant à moi, j’attache une grande valeur à cette médaille. »

La proposition, je l’avoue, m’étonna. Je ne m’attendais pas à cette chute. Mon premier mouvement « était de rire en haussant les épaules ; mais la pensée me vint que cette scène fournirait un délicieux chapitre à mes impressions de voyage, et je consentis à prendre la médaille comme une pièce à conviction que j’offrirai à ma fiancée. Aussitôt dit, aussitôt fait. On me passa la médaille au cou, non sans peine, car le nœud était trop court et le cordon ne passait pas. Enfin, à force de tirer, j’avais la médaille sur ma poitrine, et je m’écriais avec un éclat de rire : « Ah ! ah ! me voilà catholique, apostolique et romain ! »

C’était le démon qui prophétisait par ma bouche.

Mr de BUSSIÈRES triomphait naïvement de sa victoire, et voulut remporter tous les avantages.

Maintenant, me dit-il, il faut compléter l’épreuve.

Il s’agit de réciter matin et soir le Memorare, prière très courte et très efficace que Saint Bernard adressa à la Vierge Marie. – Qu’est-ce que votre Memorare ? m’écriai-je, laissons ces sottises !

Car en ce moment je sentais toute mon animosité se renouveler en moi.

Le nom de Saint Bernard me rappelait mon frère qui avait écrit l’histoire de ce saint, ouvrage que je n’avais jamais voulu lire ; et ce souvenir réveillait à son tour tous mes ressentiments contre le prosélytisme, et le jésuitisme, et ceux que j’appelais tartufes et apostats.

Je priai donc Mr de BUSSIÈRES d’en rester là ; et, tout en me moquant de lui, je regrettais de n’avoir pas moi-même une prière hébraïque à lui offrir pour que la partie fut égale : mais je n’en avais point et n’en connaissais point.

Cependant mon interlocuteur insista : il me dit qu’en refusant de réciter cette courte prière je rendais l’épreuve nulle, et que je prouvais par cela même la réalité de l’obstination volontaire qu’on reproche aux Juifs.

Je ne voulus point attacher trop d’importance à la chose, et je dis :

« Soit ! je vous promets de réciter cette prière : si elle ne me fait pas de bien, du moins ne me fera-t-elle pas de mal ! » Et Mr de BUSSIÈRES alla la chercher en m’invitant à la copier. J’y consentis, à la condition, lui répondis-je, « que je vous remettrai ma copie et garderai votre original ». Ma pensée était d’enrichir mes notes de cette nouvelle pièce justificative.

Nous nous séparâmes, et j’allai passer la soirée au spectacle, où j’oubliai et la médaille et le Memorare. Mais, en rentrant chez moi, je trouvai un billet de Mr de BUSSIÈRES, qui était venu rendre ma visite, et m’invitant à le revoir avant mon départ. J’avais à lui restituer son Memorare, et devant partir le lendemain, je fis mes malles et mes préparatifs ; puis je me mis à copier la prière, qui était conçue en ces propres termes :

« Souvenez-vous, Ô très pieuse Vierge Marie, qu’on a jamais ouï dire qu’aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection, imploré votre secours et demandé de votre suffrage, ait été abandonné.

Plein d’une pareille confiance, je viens, Ô Vierge des Vierges, me jeter à vos bras, et, gémissant sous le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds.

Ô Mère du Verbe, ne dédaignez pas mes prières, mais écoutez-les favorablement et daignez les exaucer. »

J’avais copié machinalement ces paroles de Saint Bernard, sans presque aucune attention. J’étais fatigué ; l’heure était avancée, et j’avais besoin de prendre du repos.

Le lendemain 16 janvier, je fis signer mon passeport et achevai les dispositions du départ ; mais, chemin faisant, je redisais sans cesse les paroles du Memorare.

Comment donc, ô mon Dieu, ces paroles s’étaient-elles si vivement, si intimement emparées de mon esprit ? Je ne pouvais m’en défendre ; elles me revenaient sans cesse : je les répétais continuellement, comme ces airs de musique qui vous poursuivent et vous impatientent, et qu’on fredonne malgré soi, quelque effort qu’on fasse.

Vers onze heures, je me rendis chez Mr de BUSSIÈRES pour lui rapporter son inextricable prière.

« Mais, s’écria-t-il tout à coup, il est étrange que vous quittiez Rome dans un moment où tout le monde vient assister aux pompes de Saint-Pierre ! Peut-être ne reviendrez-vous jamais, et vous regretterez d’avoir manqué une occasion que tant d’autres viennent chercher avec une si avide curiosité. »

Je lui répondis que j’avais pris et payé ma place ; que déjà j’en avais donné avis à ma famille, et que, décidément, je partirai.

Cependant, par une influence incompréhensible, je me décidai à prolonger mon séjour à Rome.

Quelle était donc, ô mon Dieu ! cette impulsion irrésistible qui me faisait faire ce que je ne voulais pas ? N’était-ce pas la même qui, de Strasbourg, me poussait en Italie, malgré les invitations de Valence et de paris ?

La même qui, de Naples, me poussait à Rome, malgré ma détermination d’aller en Sicile ?

La même qui, à Rome, à l’heure de mon départ, me força de faire la visite qui me répugnait, tandis que je ne trouvais plus le temps de faire aucune de celles que j’aimais ?

Ô conduite providentielle ! Il y a donc une mystérieuse influence qui accompagne l’homme sur la route de la vie ?

J’avais reçu à ma naissance le nom de Tobie avec celui d’Alphonse.

J’oubliai mon premier nom ; mais l’ange invisible ne l’oublia point.

C’était là le véritable ami que le ciel m’avait envoyé ; mais je ne le connaissais pas. Hélas, il y a tant de Tobie dans le monde qui ne connaissent point ce guide céleste et

qui résistent à sa voix !

Mon intention n’était pas de passer le carnaval à Rome : mais je voulais voir le Pape ; et Mr de BUSSIÈRES m’avait assuré que je le verrai au premier jour à Saint Pierre.

Il me dit même une fois : « Malgré vos emportements, j’ai la conviction qu’un jour vous serez chrétien, car il y a en vous un fonds de droiture qui me rassure et me persuade que vous serez éclairé, dût pour cela le Seigneur vous envoyer un ange du ciel. »

Jeudi 20 janvier 1842 – Raconté par Théodore de BUSSIÈRES

Ratisbonne n’a point fait un seul pas vers la vérité, sa volonté est restée la même, son esprit toujours railleur, ses pensées toujours aux choses de la terre.

Il entre vers midi au café de la place d’Espagne pour y lire les journaux. Il y trouve Mr Edmond HUMANN, s’entretient avec lui des nouvelles du jour avec un abandon et une légèreté qui exclue l’idée de toute préoccupation grave.

  Il est une heure. Je dois prendre quelques arrangements à l’église St André delle fratte pour la cérémonie du lendemain. Mais voici Ratisbonne qui descend la via Condetti ; il viendra avec moi, m’attendra quelques minutes, et nous poursuivrons notre promenade. Nous entrons dans l’église. Ratisbonne apercevant les préparatifs du service, me demande pour qui ils sont destinés. Pour un ami que je viens de perdre, Mr de LAFERRONAYS, que j’aimais extrêmement.

Alors il se met à se promener dans la nef, son regard froid et indifférent semble dire : « Cette église est bien laide ».

Je le laisse du côté de l’épître, à droite d’une petite enceinte, disposée pour recevoir le cercueil, et j’entre dans l’intérieur du couvent.

Je n’ai que quelques mots à dire à l’un des moines ; je voudrais faire préparer une tribune pour la famille du défunt ; mon absence dure à peine dix ou douze minutes.

En rentrant dans l’église, je n’aperçois pas d’abord RATISBONNE ; puis je le découvre bientôt agenouillé devant la chapelle de l’ange saint Michel.

Je m’approche de lui, je le pousse trois ou quatre fois avant qu’il s’aperçoive de ma présence. Enfin, il tourne vers moi un visage baigné de larmes, joint les mains, et me dit avec une expression impossible à rendre :

« Oh ! Comme ce monsieur a prié pour moi »

J’étais moi-même stupéfait d’étonnement ; je sentais ce qu’on éprouve en présence d’un miracle.

Je relève RATISBONNE ; je le guide, je le porte, pour ainsi dire, hors de l’église, je lui demande ce qu’il a, où il veut aller :

« Conduisez-moi où vous voudrez, s’écrie-t-il, après ce que j’ai vu, j’obéis. »

Je le presse de m’expliquer ; il ne le peut pas, son émotion est trop forte.

Il tire de son sein la médaille miraculeuse, qu’il couvre de baisers et de larmes. Je le ramène chez lui, et malgré ses instances, je ne puis obtenir de lui que des exclamations entrecoupées de sanglots : « Ah ! Que je suis heureux ! Que Dieu est bon ! Quelle plénitude de grâces et de bonheur ! Que ceux qui ne savent pas sont à plaindre. »

Enfin, il me demande s’il n’est pas fou… « Mais non, s’écrie-t-il, je suis dans mon bon sens ; mon Dieu, mon Dieu ! Je ne suis pas fou ! Tout le monde sait bien que je ne suis pas fou ! »

Lorsque cette délirante émotion commence à se calmer, RATISBONNE, avec un visage radieux, je dirais presque transfiguré, me serre dans ses bras, m’embrasse, me demande de le mener chez un confesseur, veut savoir quand il pourra recevoir le baptême, sans lequel il ne saurait plus vivre, soupire après le bonheur des martyrs. Il me déclare qu’il ne s’expliquera qu’après avoir obtenu la permission d’un prêtre : « Car ce que j’ai à dire, ajoute-t-il, je ne puis le dire qu’à genoux. »

Je le conduis aussitôt au Gesu, près du père VILLEFORT, qui l’engage à s’expliquer.

Alors RATISBONNE tire sa médaille, l’embrasse, nous la montre, et s’écrie :

« JE L’AI VUE, JE L’AI VUE ! » et son émotion le domine encore. Mais bientôt plus calme, il peut s’exprimer ; voici ses paroles.

« J’étais depuis un instant dans l’église, lorsque tout d’un coup je me suis senti saisi d’un trouble inexprimable. J’ai levé les yeux ; tout l’édifice avait disparu à mes regards ; une seule chapelle avait, pour ainsi dire, concentré toute la lumière, et au milieu de ce rayonnement, apparut, debout devant l’autel, grande, brillante, pleine de majesté et de douceur, la Vierge Marie, telle qu’elle est sur ma médaille ; une force irrésistible m’a poussé vers elle.

La Vierge m’a fait signe de la main de m’agenouiller, elle a semblé me dire :

« C’est bien ». Elle ne m’a pas parlé, mais j’ai tout compris. » 

 

En quittant le père de VILLEFORT, nous allâmes rendre grâce à Dieu, d’abord à Sainte Marie Majeure, la chère basilique de la Vierge, puis à Saint Pierre.

Impossible de traduire les transports de RATISBONNE lorsqu’il se trouva dans ces églises :

« Ah ! Me disait-il en me pressant les mains, je comprends maintenant l’amour des catholiques pour leurs églises, et la piété qui les porte à les orner, à les embellir ! Comme on est bien ici ! On voudrait n’en jamais sortir… Ce n’est plus la terre, c’est presque le ciel. »

Auprès de l’autel du très saint Sacrement, la Présence Réelle de la Divinité l’écrasait à tel point qu’il allait perdre connaissance, s’il ne se fût éloigné aussitôt, tant il lui paraissait horrible d’être en présence du Dieu Vivant, avec la tâche originelle. Il alla se réfugier dans la Chapelle de la Sainte Vierge.

Ici, me dit-il, je ne puis pas avoir peur ; je sens que je suis protégé par une miséricorde immense »

Il pria avec la plus grande ferveur auprès du tombeau des Saints Apôtres.

L’histoire de la conversion de Saint Paul, que je lui racontai, lui fit encore verser d’abondantes larmes.

Je lui demandai de nouveaux détails sur la vision miraculeuse.

Il ne pouvait expliquer lui-même comment il était passé du côté droit de l’église à la chapelle qui est à gauche, et dont il était séparé par les préparatifs du service funèbre.

Il s’était tout à coup trouvé à genoux et prosterné auprès de cette chapelle.

Au premier moment, il avait pu apercevoir la Reine du Ciel dans toute la splendeur de sa beauté sans tache ; mais ses regards n’avaient pu soutenir l’éclat de cette lumière divine.

Trois fois il avait essayé de contempler encore la Mère des miséricordes ; trois fois ses inutiles efforts ne lui avaient permis de lever les yeux que jusqu’à ses mains bénies, d’où s’échappait en gerbes lumineuses, un torrent de grâce.

« Ô mon Dieu, s’écria-t-il, moi qui, une demi-heure auparavant, blasphémait encore !

Moi qui éprouvais une haine si violente contre la religion catholique !

Mas tous ceux qui me connaissent savent bien qu’humainement j’avais les plus fortes raisons pour rester juif.

Ma famille est juive, ma fiancée est juive, mon oncle est juif… En me faisant catholique, je romps avec tous les intérêts et toutes les espérances de la terre, et pourtant je ne suis pas fou, on le sait bien que je ne suis pas fou, que ne l’ai jamais été ! On doit me croire. »

 

On rendait grâce à Dieu de se trouver à Rome dans un moment où il avait plu à son inépuisable bonté de ranimer notre confiance pour la Vierge Immaculée, en manifestant d’une manière si admirable la puissance de son intercession.

J’étais avec RATISBONNE chez le Père de VILLEFORT, lorsque le Général CHLAPOUSKI pénétra jusqu’à nous.

« Monsieur, vous avez donc vu l’image de la Sainte Vierge ? Et dites-moi comment »… L’image !

« Mais je l’ai vu elle-même, en réalité, en personne, comme je vous vois là », répond-il.

Car il n’y a dans la chapelle où s’est opéré le miracle, ni statue, ni tableau, ni image quelconque représentant la Vierge.

Dès le premier moment où il a demandé le baptême, on l’a conduit auprès du vénérable Père qui dirige une Société bien chère à tous les amis de Dieu.

Celui-ci, après l’avoir écouté avec une douce bonté, mais en même temps avec une grande gravité, lui a fait considéré attentivement les sacrifices qu’il aurait à faire, les graves obligations qu’il aurait à remplir, les combats particuliers qui l’attendaient, les tentations, les épreuves de toute nature auxquelles une résolution semblable allait l’exposer ; et lui montrant un crucifix qui était sur la table :

« Cette croix, lui dit-il, que vous avez vu pendant votre sommeil, quand une fois vous serez baptisé, non seulement il faudra l’adorer, mais la porter. »

Puis ouvrant le livre des Saintes Écritures, il cherche le deuxième chapitre de l’Ecclésiastique, et lut à Mr RATISBONNE ces paroles :

« Mon fils, lorsque vous vous engagez au service de Dieu, préparez votre âme à la tentation et à l’épreuve, et demeurez ferme dans la justice et dans la crainte du Seigneur ; tenez votre âme humiliée, et attendez dans la patience ; prêtez l’oreille aux paroles de la sagesse, et ne perdez point courage au moment de l’épreuve ; souffrez avec patience dans l’attente et les retards de Dieu. Demeurez uni à Dieu, et ne vous lassez pas d’attendre, acceptez de bon cœur tout ce qui vous arrivera, demeurez en paix dans votre douleur, et au temps de l’humiliation conservez la patience, car l’or et l’argent s’épurent par le feu, mais les hommes que Dieu veut recevoir au nombre des siens, il les éprouve dans le creuset de l’humiliation et de la douleur. Ayez confiance en Dieu, et il vous tirera de tous vos maux ; espérez en lui, conservez sa crainte, et vieillissez dans son amour » (Ecclésiastique 2,1-6).

 

La lecture de ces divines paroles fit sur RATISBONNE une profonde impression. Loin de le décourager, elles affirmèrent sa résolution, en le faisant entrer dès lors dans les sentiments du christianisme le plus sérieux et le plus fort.

Il les écouta néanmoins en silence ; mais à la fin de la retraite qui précéda son baptême, la veille de cette grande journée, il alla le soir, trouver le prêtre qui lui avait lu ces paroles huit jours auparavant, et lui demanda une copie, en disant qu’il voulait les conserver, et les méditer tous les jours de sa vie.

Tels sont les faits que je livre à la méditation de tous les hommes sérieux.

Je les ai exposés sans art, dans toute leur simplicité, dans toute leur vérité pour l’édification de ceux qui croient, pour l’enseignement de ceux qui cherchent encore le lieu de leur repos ; heureux si, après avoir erré longtemps dans les ténèbres et les contradictions, je pouvais, par ce simple récit, inspirer à quelque frère égaré la volonté de s’écrier, comme l’aveugle de l’Évangile : « Seigneur, faites que je vois » ; car celui qui prie ouvre bientôt les yeux au soleil de la vérité catholique.

Etienne Théodore de BUSSIERRE (par André Frossard)

Noëline FOURNIER




Sainte Marie-Madeleine, disciple-missionnaire de Jésus (Homélie du Fr. Manuel Rivero O. P. 11 mars) 2023

Introduction à la messe :

En ce jour où nous vénérons les reliques de sainte Marie-Madeleine arrivées de la Sainte-Baume, allons à son cœur pour regarder Jésus avec ses yeux et son cœur de disciple-missionnaire : cœur contemplatif assoiffé de l’enseignement du Maître, cœur purifié de sept démons, cœur généreux dans le service de la communauté apostolique, cœur fidèle sur le Calvaire, cœur en deuil près du tombeau, cœur brûlant dans le jardin de la Résurrection. Regardons Marie-Madeleine avec les yeux et le cœur de Jésus qui l’appelle par son prénom et l’envoie comme apôtre des apôtres : « Va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20, 17).

Vénération-des-reliques-de-sainte-Marie-Madeleine-chez-les-moniales-dominicaines-mars-2023

Homélie

Nous ne sommes pas sauvés par l’accomplissement de la Loi mais par la foi en Jésus. Marie-Madeleine a fait l’expérience en son corps et en son âme de ce salut. Aussi est-elle devenue témoin de la miséricorde divine.

La Famille dominicaine aime sainte Marie-Madeleine et plus particulièrement la Province dominicaine de Toulouse qui l’a pour patronne.

Dieu a appelé saint Dominique pour prêcher la grâce : « Predicátor grátiae », « prédicateur de la grâce », chantent les frères prêcheurs à l’office des Complies.

Je voudrais citer ici cinq grandes figures dominicaines qui nous aident à mieux comprendre, chacun selon son charisme, la vocation et la mission de sainte Marie-Madeleine : saint Thomas d’Aquin, le théologien ; Fr. Angelico, l’artiste ; le père Lacordaire, prédicateur à Notre-Dame de Paris ; le père Lataste, apôtre des prisons et le père Lagrange, exégète, fondateur de l’École pratique d’études bibliques de Jérusalem.

Saint Thomas d’Aquin (+1274) : « Nouvelle Ève » et « apôtres des apôtres ».

Le docteur Angélique présente sainte Marie-Madeleine comme la « nouvelle Ève » et « l’apôtre des apôtres ». Si, par son manque de foi, Ève avait été cause de malheur et de mort, sainte Marie-Madeleine a annoncé la bonne nouvelle de la Résurrection aux apôtres : « Il faut ici noter le triple privilège qui fut octroyé à Madeleine. D’abord un privilège prophétique, car elle a mérité de voir les anges ; le prophète, en effet, est l’intermédiaire entre les anges et le peuple. Ensuite, elle est au-dessus des anges, du fait qu’elle voit le Christ sur lequel les anges désirent se pencher. Enfin elle a reçu un rôle apostolique ; bien plus, elle est devenue Apôtre des Apôtres en ceci qu’il lui fut confié d’annoncer aux disciples la Résurrection du Seigneur pour que, de même qu’une femme apporta au premier homme des paroles de mort, de même une femme annonce la première à des hommes les paroles de vie[1] ».

Les larmes de sainte Marie-Madeleine symbolisaient son amour de la vérité et elles ont lavé ses péchés[2]. Son amour ardent pour Jésus remplace le froid mortel du péché[3]. La miséricorde divine interdit à l’homme le désespoir[4].

Fra Angelico (1455).

Le patron des artistes apporte sa lumière non seulement dans les couleurs éclatantes de ses tableaux et de ses fresques mais aussi dans sa vision théologique. Homme de prière contemplative, Fra Angelico a peint la Vierge Marie sur le Calvaire soutenue par les bras de Marie-Madeleine qui à genoux l’étreint pour qu’elle demeure « debout près de la croix, seule au plus haut de la douleur » comme le chante le Stabat Mater.

Le père Henri-Dominique Lacordaire (+1861).

Le prédicateur de Notre-Dame de Paris a consacré un magnifique opuscule à sainte Marie-Madeleine, si aimée des Provençaux, à Saint-Maximin et à la Sainte-Baume. À ses yeux, Marie-Madeleine resplendit dans l’Évangile et dans l’Église comme l’amie de Jésus, citée la première parmi les femmes qui accompagnaient la communauté apostolique (cf. Lc 8, 1s) et parmi les femmes qui se sont rendues au tombeau le matin de Pâques : « Ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, il apparut d’abord à Marie de Magdala » (Mc 16,9).

Celui qui a restauré l’Ordre des prêcheurs en France après la Révolution met en lumière la source de l’amitié qui a relié Jésus et Marie-Madeleine : « Fondée sur la beauté de l’âme, l’amitié naît dans des régions plus libres, plus pures et plus profondes que toute autre affection[5] ».

Jésus ressuscité et Marie de Magdala n’ont pas eu besoin de grands discours pour se comprendre. Jésus l’a appelée par son prénom et elle l’a reconnu comme son « Maître ». Et le père Lacordaire de commenter : « Plus les âmes s’aiment, plus leur langage est court » ; les amis représentent « deux existences libres de se séparer toujours et ne se séparant jamais » ; « C’est donc une rare et divine chose que l’amitié, le signe assuré d’une grande âme et la plus haute des récompenses visibles attachées à la vertu ».

Le bienheureux père Jean-Joseph Lataste (+1869).

Sainte Marie-Madeleine a joué un grand rôle dans la mission de l’apôtre des prisons. Ses prédications sont nées en embrassant les reliques de sainte Marie-Madeleine dans le couvent royal de Saint-Maximin (Var) : « Baisant cette tête autrefois avilie, aujourd’hui sacrée, je me disais : Il est donc vrai que les plus grands pécheurs, les plus grandes pécheresses ont en eux ce qui fait les plus grands saints ?[6] » ; « Pénitentes ou immaculées, Jésus ne pèse les âmes, quelles qu’elles soient, qu’au poids de leur amour[7] ».

Sainte Marie-Madeleine, témoin et prêcheresse de la divine miséricorde, a inspiré l’œuvre du père Lataste qui a réuni, de manière nouvelle et prophétique, dans la même congrégation religieuse des sœurs dominicaines de Béthanie, des femmes ferventes et des femmes condamnées par la justice. Il écrivait : « Je ne sais pas si là-haut, au grand jour des révélations dernières, nos yeux étonnés ne contempleront pas Madeleine, l’ancienne pécheresse occupant auprès du Sauveur une place au-dessus de toutes les autres femmes, la première femme après la Vierge immaculée[8] ».

Disciple-missionnaire de Jésus le Christ, l’exemple de Marie-Madeleine soutient aujourd’hui des personnes détenues ou en souffrance. Des aumôniers de prison l’invoquent à la suite du père Lataste dans leur ministère de la divine miséricorde. C’est l’une des caractéristiques originales de la vie dominicaine en France que de compter dans un grand nombre de couvents sur des frères aumôniers de prison inspirés par la sainteté de sainte Marie-Madeleine et du père Lataste.

Le père Lagrange (+1938), exégète.

Le père Marie-Joseph Lagrange O.P., fondateur de l’École biblique de Jérusalem, était aussi marquée par la figure de sainte Marie-Madeleine. C’est pourquoi il enfouit le 5 juin 1891 une médaille de cette sainte dans les fondations de l’École. Il voulut orienter ainsi le travail de l’exégèse biblique dans le sens de la contemplation et de l’apostolat pour le salut des âmes.

Dans son Journal spirituel, le père Lagrange cite à plusieurs reprises sainte Marie-Madeleine : « Permettez-moi, ô Jésus, de me tenir constamment au pied de la Croix avec votre Mère Immaculée, sainte Marie-Madeleine et saint Jean[9] » ; « me considérer auprès de mes frères comme sainte Marie-Madeleine aux pieds de Marie Immaculée[10] ».

Tout au long de sa vie dominicaine, le père Lagrange s’est évertué à défendre l’honneur de l’Église et à promouvoir la vérité évangélique qui rend libre.

Ses commentaires bibliques scientifiques ont toujours eu pour finalité le salut des âmes par la foi. Aussi achève-t-il son commentaire sur la femme pécheresse chez un Pharisien en le reliant au « mot qui vient sur les lèvres du prêtre après l’absolution sacramentelle[11] » : « Ta foi t’a sauvée ; va en paix » (Lc 7,50).

 

[1] Saint Thomas d’Aquin, Commentaire à l’Évangile selon saint Jean, n° 2519, sur Jn 20, 17 : « Ut sicut mulier viro primo nuntiavit verba mortis, ita et mulier primo nuntiaret verba vitae ».

[2] Cf. Saint Thomas d’Aquin, Commentaire à l’Évangile selon saint Jean, n° 2493.

[3] Cf. Catena aurea, In Io. XX, 11-18. Saint Grégoire (homélie 25 sur l’Évangile).

[4] Catena aurea. In Io 20, 11-18. Commentaire de Bède.

[5] Henri Lacordaire, Sainte Marie-Madeleine, Grenoble, éditions Jérôme Million. 1998. P. 27.

[6] Monique Longueira, Prier 15 jours avec le père Jean-Joseph Lataste, dominicain, apôtre des prisons, Nouvelle Cité 2012. P.35. Sermon 95.

[7] Monique Longueira, Prier 15 jours avec le père Jean-Joseph Lataste, dominicain, apôtre des prisons, Nouvelle Cité 2012. P. 36. Les Réhabilitées.

[8] Monique Longueira, Prier 15 jours avec le père Jean-Joseph Lataste, dominicain, apôtre des prisons, Nouvelle Cité 2012. P. 42. Sermon 95.

[9] Marie-Joseph Lagrange, des frères prêcheurs, Journal spirituel 1879-1932, Avant-propos de Fr. Manuel Rivero O.P., Paris, Cerf, 2014. P. 58. 7 mars 1880.

[10] Marie-Joseph Lagrange, des frères prêcheurs, Journal spirituel 1879-1932, Avant-propos de Fr. Manuel Rivero O.P., Paris, Cerf, 2014. P. 63. 3 avril 1880.

[11] Marie-Joseph Lagrange, Évangile selon saint Luc, Paris, J. Gabalda, éditeur, 1927.P. 233.




Homélie pour les 85 ans du « départ » du père Lagrange (Fr Manuel RIVERO O.P.)

En ce 10 mars, nous faisons mémoire du départ vers le Ressuscité de deux grandes figures dominicaines : le bienheureux père Lataste, apôtre des prisons, qui en embrassant les reliques de sainte Marie Madeleine dans la basilique de Saint Maximin s’était exclamé : « Il est donc vrai que les plus grands pécheurs, les plus grandes pécheresses ont en eux ce qui fait les plus grands saints ».

 

Par ailleurs, il y a 85 ans, le 10 mars 1938, c’est le père Marie-Joseph Lagrange, dominicain, fondateur de l’École pratique d’études bibliques de Jérusalem, qui partait à la rencontre de Jésus Vivant au couvent de Saint Maximin, près de Toulon.

 

 

 

 

 

 

 

Nous confions à leur intercession et nous prions le Seigneur de canoniser le père Lataste et de béatifier le père Lagrange, en nous accordant le miracle nécessaire.

 

Êtes-vous d’accord avec le proverbe portugais « Dieu écrit droit avec des lignes courbes » ? L’histoire de Joseph, le fils de Jacob, vendu comme esclave par ses frères et devenu par la suite leur sauveur va dans ce sens. Saint Paul enseigne que « tout concourt au bien de ceux qui cherchent Dieu » (Rm 8, 28). Et saint Augustin d’ajouter avec l’audace de la foi évangélique : « même le péché ». Même le péché peut devenir chemin vers Dieu par la grâce du Christ Jésus.

Joseph annonce Jésus. C’est par la jalousie de ses frères qui le voyaient aimé de leur père Jacob et revêtu d’une tunique admirablement ornée que Joseph a subi la haine et la violence de ses propres frères. Il a été vendu pour vingt pièces d’argent ; Jésus le sera par Judas pour 30 pièces d’argent.

 Esclave, condamné injustement en Égypte, Joseph remonte des ténèbres de la prison au poste de ministre des finances. Jésus, le Fils du Très-haut deviendra le très-bas, condamné injustement au supplice de la croix et de la mort. Mais Dieu le Père élèvera son Fils Jésus dans la gloire de la résurrection.

Inspiré, Joseph annonça de manière prophétique l’arrivée des années fastes et des famines en Égypte.

Jésus, le plus grand des prophètes, a aussi annoncé le Vendredi Saint et la lumière pascale.

Joseph a pardonné le crime de ses frères et il les a tirés de la famine et de la peur de la mort.

Jésus a pardonné à ses propres bourreaux : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34) et il leur a accordé la joie du salut.

Rejeté par ses frères, Joseph les rassemble. Jésus, « la pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle » (Mt 21,42), qui tient l’Église dans son unité.

L’œuvre de Dieu se fait dans la contradiction. En fondant l’École biblique de Jérusalem et en travaillant à l’interprétation croyante et rationnelle de la Bible, le père Lagrange a souffert aussi de la calomnie et de la diffamation. En 1912, il dut quitter Jérusalem, en exil en France pendant dix mois, sans cause explicite ni justifiée. Il reçut l’autorisation de retourner à Jérusalem en 1913 sans la moindre explication ou excuse. Heureusement que ces méthodes font partie en grande partie du passé.

Fidèle, dans la prière et le pardon, sans révolte ni amertume, comme un soldat vaillant, le père Lagrange a servi l’Église par le renouveau de l’exégèse. Il a relevé le défi du modernisme qui ne voyait dans la Bible qu’une œuvre littéraire sans contenu surnaturel.

Le cardinal de Milan, Carlo Maria Martini, voyait dans le père Lagrange un homme « à la prière de feu ». En effet, le Journal spirituel du père Lagrange apparaît dans l’histoire comme la nappe phréatique de la fondation de l’École biblique de Jérusalem. Le cœur à cœur avec Dieu dans la ferveur de la prière explique la beauté et la grandeur de son œuvre scientifique qui relie l’oratoire et le laboratoire, la foi et la raison dans l’harmonie d’un humanisme intégral.

À l’exemple du parcours de Joseph et de la vie de Jésus, l’existence et l’œuvre du père Lagrange ont connu des progrès : « Dieu nous a donné dans la Bible un champ infini de progrès dans la vérité », avait-il déclaré lors de l’inauguration de l’École biblique le 15 novembre 1890. Dans son commentaire à l’évangile selon saint Jean, il écrit : « La vérité, même religieuse, est toujours en marche, ce qui ne veut pas dire qu’elle cesse d’être ce qu’elle a été : elle se développe. Jésus voulait mettre en garde ses disciples contre une rigidité dans leur enseignement qui eût été en opposition avec tout le mouvement normal de l’humanité [1]».

Inspiré intérieurement par Dieu, Joseph avait dépassé la sagesse des Egyptiens. Jésus était la Sagesse de Dieu elle-même manifestée dans la chair : « folie pour les païens, scandale pour les juifs » (I Cor 1,23).

En ce Carême, puissions-nous imiter la fidélité de Jésus, de Joseph et du père Lagrange, pour découvrir que « tout concourt au bien de ceux qui cherchent Dieu » et que Dieu écrit droit dans nos vies avec des lignes courbes. « C’est là l’œuvre du Seigneur, merveille devant nos yeux » (Mt 21,42).

                                                                                                      Fr Manuel RIVERO

[1] Père Marie-Joseph Lagrange, des frères prêcheurs. Évangile selon saint Jean, troisième édition. Études bibliques. Paris. J. Gabalda, éditeur. 1927, p.420. Commentaire à Jn 16, 12 : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, que vous n’êtes pas en état maintenant de porter. »

 




Rencontrer Jésus en prison – La vocation des aumôniers de prison – Fr. Manuel RIVERO O.P. (aumônier de la prison de Domenjod/ La Réunion)

Pour être avec Jésus

Pourquoi Jésus a-t-il appelé les apôtres ? Saint Marc l’évangéliste précise que Jésus appela ceux qu’il voulait « pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer prêcher » (Mc 3,14). C’est Jésus lui-même qui prend l’initiative d’appeler ses disciples pour un partage de vie dans la proximité et l’amitié. Le primat est accordé à la relation personnelle avec Jésus au sein de la communauté apostolique, l’Église plutôt qu’au « faire ». Il s’agit d’être avec Jésus. Dieu veut être avec les hommes. C’est bien le sens du nom « Emmanuel » : « Dieu avec nous ». Il serait erroné d’imaginer la mission de l’aumônier de prison comme une activité dévoreuse des énergies spirituelles au risque d’épuiser la personne dans les services à rendre. L’appel à devenir aumônier de prison représente une grâce d’intimité avec le Christ Jésus dans la prière, le partage en équipe, la rencontre avec la personne détenue qui est aussi rencontre avec Jésus (cf. Mt 25,45), identification à Jésus prêcheur de la Bonne Nouvelle …

Une nouvelle manière de vivre le baptême

Dans le baptême, le chrétien devient disciple-missionnaire de Jésus par la sagesse et la force de l’Esprit Saint. Devenir aumônier de prison signifie une nouvelle manière de vivre le baptême en disciple-missionnaire de la miséricorde divine. Disciple, car il va apprendre l’Évangile dans la communion à Jésus qui a passé une nuit en garde à vue dans la maison du grand-prêtre Caïphe (cf. Mt 26,57) avant d’être présenté, le lendemain matin, au magistrat Pilate.

Une prière attribuée à saint François d’Assise enseigne que « c’est en donnant que l’on reçoit ». Cela s’avère vrai dans l’apostolat de l’aumônier de prison. Saint Vincent de Paul, considéré comme le premier et grand aumônier de prison, avait déjà compris, en son temps, que le bon aumônier de prison devient meilleur au contact des prisonniers. Il reçoit Jésus en même temps qu’il le sert et l’annonce comme aumônier. Sacrement de Jésus pour les prisonniers, ceux-ci le sont aussi pour lui.

Certaines personnes qui demandent à rejoindre l’équipe de la pastorale d’une aumônerie de prison pensent à ce qu’ils vont donner aux prisonniers en souffrance. Dans leurs premiers pas à la prison, ils risquent de parler beaucoup et de faire la morale aux condamnés par la justice. Un jour, un jeune homme en souffrance avait dit à l’aumônier : « Si tu viens me parler de Jésus tu peux entrer, si tu viens me faire la morale tu peux partir ». L’expérience apprend à changer d’attitude pour mettre en valeur l’écoute, et remercier Dieu pour les transformations spirituelles dont ils bénéficient en allant à la rencontre de ceux qui ont souvent perdu l’estime de soi, de leurs familles et de la société. Dans la pauvreté et la déchéance des cellules de prison peut rayonner la lumière du Ressuscité. Les murs épais des centres pénitentiaires n’empêchent pas Jésus de se rendre présent dans les couloirs, les salles et les cellules. Jésus manifeste surtout sa présence en la personne détenue qui ouvre son cœur par la foi à Dieu plus grand que ses fautes, ses péchés et ses remords : « Si notre cœur venait à nous condamner, Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît tout » (1 Jn 3,20).

L’origine de la vocation

Les aumôniers de prison ne se donnent pas à eux-mêmes la mission d’annoncer Jésus en prison. Il s’agit d’une vocation surnaturelle qui passe par des médiations : celle de l’Église qui appelle et envoie, et celle davantage effacée des prisonniers eux-mêmes.

La vocation de Moïse éclaire la vocation des aumôniers de prison. Dieu appelle Moïse après avoir entendu les cris de son Peuple esclave en Égypte (cf. Ex 3, 7). Dieu connaît les angoisses des opprimés. C’est pourquoi il appelle Moïse pour le rendre libérateur : « Maintenant va, je t’envoie auprès de Pharaon, fais sortir d’Égypte mon peuple, les Israélites » (Ex 3,10). La vocation de Moïse trouve son origine dans la souffrance, les gémissements et les larmes des esclaves désespérés et sans défense.

La vocation de l’aumônier de prison trouve son origine dans le malheur des prisonniers. En réponse aux cris silencieux des personnes détenues Dieu appelle des aumôniers et il les envoie en mission avec le soutien de sa grâce : « Moïse dit à Dieu : ‘Qui suis-je pour aller trouver Pharaon et faire sortir d’Égypte les Israélites ?’ Dieu dit : ‘Je serai avec toi’. » (Ex 3,12).

L’appel crée une nouvelle relation alors que Moïse manifeste sa faiblesse et son indignité. Ce sont l’appel et l’envoi qui ont fait la force de Moïse et qui font encore aujourd’hui la force des aumôniers de prison.

Nous avons à remercier les prisonniers qui nous ont donné notre vocation.

C’est le Christ qui convertit

L’aumônier ne convertit personne. C’est le Christ qui convertit et qui agit dans les sacrements comme le manifeste la prière eucharistique III : « C’est pourquoi nous te supplions, Seigneur, de consacrer toi-même les offrandes que nous apportons ». C’est le Christ qui touche les cœurs, les purifie et les illumine. C’est Jésus qui baptise et qui pardonne.

L’Esprit Saint qui a engendré Jésus dans le sein de Marie continue de répandre sa grâce dans le sein de l’Eglise, Corps du Christ, Mère dans les sacrements qui font renaître les hommes à la vie nouvelle d’enfants de Dieu.

La célébration des sacrements figure dans la pastorale comme l’un des grands événements heureux et fondateurs. Quelle joie que de célébrer le baptême, la confirmation et l’eucharistie pour des personnes détenues qui ont souvent découvert le Christ en prison. La lumière du Ressuscité resplendit alors sur les visages des convertis, « re-nés ».

Il arrive que cette conversion ait lieu grâce aux témoignages de foi, de prière et de charité des autres détenus condamnés parfois pour des crimes graves. L’Église n’a pas besoin de prosélytisme. Les conversions fleurissent par la grâce et l’exemple qui attire et donne envie.

L’Église plaide pour la laïcité respectueuse des droits humains. C’est au nom du droit à pratiquer sa religion que le culte religieux est organisé par les lois de la République française, afin de le rendre possible, à la prison comme à l’hôpital, auprès des personnes empêchées de se déplacer dans les paroisses.

Condamnés et témoins de Jésus

Dans la prison, ce sont les détenus eux-mêmes qui font connaître et aimer Jésus par leur exemple et leur joie. Nombreux sont les codétenus de soutien qui veillent sur les arrivants ou les prisonniers malades avec désintéressement, et aussi comme une manière de vivre le commandement de l’amour fraternel enseigné par Jésus: « À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13,35).

Lors du séisme en Haïti le 12 janvier 2010, j’avais travaillé avec d’autres prêtres et laïcs auprès des sinistrés, en nous inspirant de l’approche « Blessés-guérisseurs ». Ce sont les blessés qui peuvent témoigner de la guérison possible, à l’image de Marie-Madeleine possédée jadis par sept démons (cf. Lc 8,2) ou de l’apôtre Pierre qui avait lâchement renié le Christ dans sa Passion (cf. Jn 21,15s).

Lors des rencontres avec les personnes détenues, je commence en leur demandant comment elles vont. Ensuite, je leur demande de me parler de leur expérience de Dieu en prison : ressentez-vous l’aide de Dieu dans le malheur ? Ressentez-vous sa présence dans votre cellule et dans votre cœur ? Ces questions libèrent souvent la parole et elles font dépasser la pudeur pour aboutir à des partages magnifiques sur la recherche de Dieu et sur sa miséricorde.

Le spirituel est charnel

L’écrivain Charles Péguy a donné cette formule ramassée de la foi chrétienne : « Le spirituel est lui-même charnel ». Nous reconnaissons la grandeur d’une vie spirituelle non pas tant aux propos fervents qu’aux gestes de charité et de miséricorde. La foi dans l’Incarnation comporte un humanisme intégral et le salut de « tout l’homme et de tous les hommes », selon l’expression du saint pape Paul VI.

Les aumôniers ne s’occupent pas uniquement de l’âme à sauver mais aussi des besoins matériels en accord avec les lois pénitentiaires.

En dialogue avec tout homme

Le Prologue de saint Jean révèle que « le Verbe était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme » (Jn 1,9). Les aumôniers catholiques répondent uniquement aux demandes formulées par les personnes détenues. Avec les membres de l’Administration pénitentiaire et tous les intervenants dans la prison, ils forment, de fait, une communauté de vie au service de tous les détenus dans le but ultime de la réinsertion. Ils rencontrent spontanément des personnes de toute idéologie ou religion. Des partages informels et des célébrations communes avec les aumôniers des autres cultes montrent la foi catholique en l’action aimante de Jésus envers tout homme.

 

PRIERE

Seigneur prends mes peurs

et transforme-les en confiance.

Prends ma souffrance

et transforme-la en croissance.

     Prends mon silence

     et transforme-le en prière.

     Prends mes crises

     et transforme-les en maturité.

          Prends mes larmes

          et transforme-les en prière.

          Prends mon découragement

          et transforme-le en foi.

               Prends ma solitude

               et transforme-la en contemplation.

               Prends mon amertume

               et transforme-la en paix.

          Prends mon péché

          et transforme-le en pardon.

          Prends mon attente

          et transforme-la en espérance.

     Prends mon regret

     et transforme-le en amour.

     Seigneur prends ma mort

     et transformez-la en Résurrection.

Amen.

Fr. Manuel RIVERO O.P. (aumônier de la prison de Domenjod/ La Réunion)




« Feu, cendres et braises » (Mercredi des Cendres, Fr Manuel RIVERO O.P.)

En ce Mercredi des cendres, jour de prière et de jeûne, nous commençons notre marche vers le Jour de Pâques où nous célébrerons dans l’allégresse la résurrection de Jésus.

Le Carême tourne le cœur des chrétiens vers Jésus. Temps de prière, de partage et de pénitence, le Carême rassemble la communauté chrétienne pour demander pardon à Dieu pour le péché. Chacun de nous a besoin d’être libéré et purifié.

Nous allons recevoir l’imposition des cendres avec l’exhortation : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ».

Si nous avons mis Jésus de côté, qu’il soit au cœur de notre vie.

Si nous avons délaissé la communauté paroissiale, que l’Esprit Saint nous conduise à l’assemblée de prière.

C’est maintenant le temps favorable, le jour de grâce, présence aimante de Dieu.

Quel est le symbole des cendres ? Les cendres évoquent l’éphémère de nos projets, les échecs et les fautes de nos vies, la finitude de notre existence, la mort.

Les cendres rappellent des rêves brisés, des déceptions, l’échec de nos travaux, les risques et les dangers de la nature et de la nature humaine marquée par le péché, puissance de mort.

Mais avant les cendres, il y a eu le feu : le feu de l’amour, la flamme du don de nous-mêmes dans la famille, l’amitié, la vie scolaire et professionnelle ; le feu de l’Esprit Saint reçu à la Pentecôte et dans les sacrements ; nos cœurs brûlants de la Parole de Dieu à l’image des disciples d’Emmaüs.

Le Mercredi des Cendres n’est pas un jour triste. Il nous apporte la bonne nouvelle de la victoire de l’amour du Christ Jésus dans nos cendres. Là où la souffrance, la maladie et l’échec ont abondé, la grâce vient surabonder.

Nous ne sommes pas condamnés au désespoir. C’est Jésus lui-même qui vient nous sauver.

Les braises sont cachées sous les cendres. En ce temps de Carême, l’Esprit Saint souffle sur les braises de notre vie : la foi, la prière, le partage et la solidarité, les démarches de repentir et de réconciliation.

Le vent de l’Esprit Saint vient enflammer les braises de notre histoire personnelle et communautaire.

S’il fait froid en ton âme, l’Esprit vient réchauffer ton amour pour Dieu et pour le prochain. Dans ta solitude, l’Esprit Saint reçu dans la prière te met en communion avec Dieu et avec les autres. Si tu penses ne plus avoir d’avenir heureux, l’Esprit Saint vient t’ouvrir un chemin de lumière.

« N’éteignez pas l’Esprit Saint » (I Th 5,19), nous demande avec insistance l’apôtre saint Paul. N’éteins pas la foi de ton baptême ! N’éteins pas ton désir de servir et d’accomplir une œuvre utile pour les autres ! N’éteins pas ta confiance dans l’Église qui t’a donné la grâce de la Parole de Dieu et des sacrements du Salut.

Sur le rivage du lac de Tibériade, Jésus ressuscité a apprêté un bon déjeuner de poisson pour ses disciples découragés. Sur des braises, symbole de l’amour vainqueur de la mort, Jésus a grillé des poissons pour nourrir le corps et l’esprit des apôtres, Pierre, Jean et les autres.

N’arrête pas ton regard aux cendres, pense aux braises de ta vie, à ce qui te donne envie de vivre, de prier, d’aider et d’aimer. Laisse le Souffle Saint enflammer tes pensées et tes actions. « Parce que tu es tiède, ni chaud ni froid, je vais te vomir de ma bouche » (Ap 3,16), déclare le Seigneur dans le livre de l’Apocalypse.

Après la pandémie, les fidèles sont appelés à retourner à l’église. Notre Dieu n’est pas solitaire ni replié sur lui-même, il est relation, dialogue, communion.

Si l’Église qui est à La Réunion connaît des cendres, elle a surtout des braises : les braises de la foi et de la générosité des gramouns, une belle culture de la prière, du respect et du dialogue interreligieux, une espérance très forte en la Providence de Dieu sur les malades, les personnes détenues et l’avenir des enfants.

Il importe d’appeler l’Esprit Saint pour que notre Église s’élève vers Dieu comme les braises réveillées par le vent.

La liturgie du Mercredi des cendres nous fait penser à la célébration juive du Grand Pardon, Yom Kippour, jour de jeûne et pénitence pour nos frères juifs.

Le Carême vient nous apporter le pardon de nos péchés par le Sang du Christ versé sur la croix.

Nous pouvons comparer le péché à un jouet cassé. Enfants, nous avons connu la joie de recevoir un jouet tout neuf qui nous faisait rêver et créer des relations et des situations. Quelle tristesse que de découvrir ce jouet cassé ! Le péché aussi a brisé la joie de notre cœur.

Si notre vie semble cassée et triste, Jésus vient la réparer, l’améliorer, l’embellir et la transfigurer.

Recois les cendres. Reçois l’Esprit Saint, le feu de l’amour de Dieu !

Il y a les cendres, il y a le feu avant les cendres, il y a l’Amour de Dieu après les cendres.




Retraite de Carême 2023 sur jevismafoi.com

Pendant le temps du Carême, qui commence ce mercredi 22 février et jusqu’au Dimanche de la Miséricorde, le premier Dimanche après Pâques, le 16 avril, l’équipe du SEDIFOP vous propose une retraite sur jevismafoi.com. Chaque jour, si vous le désirez, vous recevrez par mail une petite méditation, sous forme écrite et audioLe thème de cette année est en harmonie avec celui de notre diocèse : « Porter sa croix pour trouver l’amour et la joie ».

Si l’aventure vous dit, il suffit d’aller sur jevismafoi.com. Vous verrez apparaître une petite enveloppe sur laquelle vous serez invités à écrire votre adresse mail. Et vous recevrez ainsi tous les matins la méditation du jour sous forme écrite et audio… Votre adresse mail, bien sûr, ne sortira pas de nos fichiers…

Chaque intervenant pourra nous partager ce qui lui tient à coeur… Nos différences, notre diversité ne peut qu’être source de richesse et de beauté… comme nous le chantons dans la liturgie… Bon et joyeux carême à vous…

Il vient en chantant, le peuple des sauvés;
immense fresque de joie, amour aux cent visages
qui forment ensemble, dans la lumière,
la seule icône de gloire: Jésus Christ !

R – Louange à toi, Seigneur de tous les vivants !

Tu as partagé leur épreuve,
dans la puissance de ta résurrection, ils chantent :

R – Louange à toi, Seigneur de tous les vivants !

Tu les as purifiés par ton sang répandu,
ils sont enfants du Père et te rendent grâce :

R – Louange à toi, Seigneur de tous les vivants !

Tu les as nourris du pain de la vie,
vainqueurs de la mort, ils t’acclament :

R – Louange à toi, Seigneur de tous les vivants !

 

Abbaye Notre Dame de Tamié, en Savoie

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Dimanche 19 février : Rassemblement Diocésain « Un enfant dans la prière » à Cambuston, avec Mgr Gilbert AUBRY et Mgr Tomasz GRYSA, Nonce Apostolique

Pour bien visualiser l’affiche suivante, il suffit de cliquer sur elle :




Chemin de croix, avec les membres des Équipes Notre-Dame de La Réunion Janvier 2023

Première station : Jésus est condamné à mort

Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons

Parce que Tu as racheté le monde par Ta sainte Croix.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 19, 4-6

 De nouveau, Pilate sortit dehors et leur dit : « Voyez, je vous l’amène dehors pour que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. »

Jésus sortit donc dehors portant sa couronne d’épines et le manteau de pourpre.

Et Pilate leur dit : « Voici l’homme ».

Alors les grands-prêtres et les gardes vociférèrent : »Crucifie-le ! Crucifie-le ! ».

Et Pilate leur répondit : « Prenez-le et crucifiez-le vous-même… »

Quelle lâcheté ! Condamner un homme que l’on sait innocent, en faisant croire à la foule qu’on respecte la justice populaire pour sauvegarder son pouvoir et se laver les mains des conséquences.

N’est-ce pas la marque de l’hypocrisie, qui nous anime les uns les autres quand notre autorité, notre pouvoir sont mis en jeu ?

Jésus lui, reste authentique. Il ne dément pas les paroles qu’Il a prononcées et qui sont l’objet de son jugement devant le tribunal.

La question du « pouvoir » concerne tout homme. Chacun l’exerce selon ses principes et ses possibilités.

Nous pouvons imaginer que dans cette foule, certains n’étaient pas d’accord avec cet usage de l’autorité. Mais ils ont suivi l’opinion de la majorité. Toute proportion gardée dans le couple, chaque conjoint exerce son pouvoir. Mais il convient de se demander s’il s’harmonise avec les principes de l’Évangile.

Court temps de silence

 

Seigneur, prends pitié de nous ! Seigneur, prends pitié !

Ô Christ, prends pitié de nous ! Ô Christ, prends pitié !

 

Prions :

Seigneur, l’homme est faible. Notre vie ne dépend pas seulement de nos moyens ni de l’organisation du pouvoir humain. Ô doux Jésus, envoyé par le Père pour nous sauver de tout péché, donne-nous la grâce du discernement et du dialogue. Nous te confions tous les couples, qui assument des responsabilités au sein de ton Église, et plus particulièrement ceux des Équipes Notre-Dame.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit. Amen.

Chant :

Mon Père, mon Père, je m’abandonne à Toi

Fais de moi ce qu’il te plaira.

Quoi que tu fasses, je te remercie,

Je suis prêt à tout, j’accepte tout,

Car tu es mon Père,

Je m’abandonne à Toi,

Car tu es mon Père, je me confie en Toi.

 

 

Deuxième station : Jésus est chargé de la Croix

Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons

Parce que Tu as racheté le monde par Ta sainte Croix.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc : 8, 34-35

Jésus, appelant à lui la foule en même temps que ses disciples, leur dit :

« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. Qui veut sauver sa vie la perdra, mais celui qui perd sa vie à cause de moi et de l’Évangile, la sauvera. »

Seigneur, ces paroles, tes contemporains ont dû avoir du mal à les comprendre.

Et nous qui arrivons après ta résurrection, quel sens en tirons-nous ?

Aller à la suite de Jésus, oui, nous le voulons bien ! Se renier ? Seigneur, à cette idée, notre nature résiste, voire se rebelle. Quant à porter la croix…

Et pourtant. Méditons sur cet engagement qu’est le mariage chrétien et remplaçons le mot croix par « Amour du Christ » Alors oui, peut-être comprendrons-nous mieux l’absolu de cet engagement : ce reniement de soi-même pour mieux aimer l’autre.

 

Court temps de silence

 

Seigneur, prends pitié de nous ! Seigneur, prends pitié !

Ô Christ, prends pitié de nous ! Ô Christ, prends pitié !

 Prions :

Seigneur, le mariage peut parfois devenir une croix. Entends nos cris, vois notre détresse quand la coupe déborde. Aide-nous à puiser au fond de notre cœur, là où tu te tiens, l’Amour qui nous unit si profondément à toi par le sacrement de mariage.

Chant :

Changez vos cœurs, croyez à la Bonne Nouvelle ;

Changez de vie, croyez que Dieu vous aime !

 

Troisième station : Jésus tombe pour la première fois

Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons,

Parce que Tu as racheté le monde par Ta sainte Croix.

Première épitre de saint Pierre 2, 21-23

« Le Christ a souffert pour vous, vous laissant un modèle afin que vous suiviez ses traces, lui qui n’a pas commis de faute et il ne s’est trouvé dans sa bouche aucun mal ; lui qui insulté, ne rendait pas l’insulte, souffrant, ne menaçait pas, mais s’en remettait à Celui qui juge avec    justice. »

 

La vie conjugale et familiale n’est pas un long fleuve tranquille. Nous chutons. Les épreuves sont multiples : l’amour propre, les fins de mois difficiles, les grossesses non désirées ou qui n’arrivent pas, la maladie, l’infidélité sous toutes ses formes…

Mais le couple tombe souvent, faute de véritable dialogue, à cause des non-dits et des rancœurs accumulées.

 

Court temps de silence :

Seigneur, prends pitié de nous ! Seigneur, prends pitié !

Ô Christ, prends pitié de nous ! Ô Christ, prends pitié !

Prions :

Seigneur, les évangiles ne parlent pas de tes chutes pendant la passion. Tu as pris sur Toi tous nos péchés. Nous tombons dans les tentations par la fatigue, la routine, par découragement et par manque de vigilance. Nous sommes pauvres. Donne-nous le désir et la force de vivre des temps de dialogue bienveillant dans le couple.

Chant :

N’aie pas peur, laisse-toi regarder par le Christ,

Laisse-toi regarder, car il t’aime (bis)

 

 

Quatrième station : Jésus rencontre sa mère

Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons !

Parce que Tu as racheté le monde par Ta sainte Croix.

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 2, 33-35

Siméon dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction. Et toi, ton âme sera traversée d’un glaive (…) ainsi seront dévoilées les pensées intimes de bien des cœurs ».

À peine s’est -il relevé de sa première chute que Jésus rencontre sa Mère sur le chemin du Calvaire. Avec un amour immense leurs regards se croisent. Chaque cœur communie à la douleur de l’autre. Marie ne peut retenir ses larmes. Dans la foule, personne n’a compris ce qui se passe, sauf Jésus. Marie qui a conçu Jésus du Saint-Esprit, est la seule à saisir ce mystère. Femme de foi, elle reste fidèle, présente. Le cœur de Marie est transpercé par la douleur. La prophétie de Siméon s’accomplit: « un glaive transpercera ton âme ».

Court temps de silence

Prions :

Seigneur, nous te prions pour toutes les mamans qui, à l’image de Marie, ont répondu oui à la volonté de Dieu et au don de la vie.

Qu’elles puisent dans la prière familiale la force et la grâce d’être femme, épouse et mère dans les joies comme dans les peines.

Je vous salue Marie

Chant :

Mon Père, mon Père, je m’abandonne à Toi,

Fais de moi ce qu’il te plaira.

Quoi que tu fasses, je te remercie,

Je suis prêt à tout, j’accepte tout.

Car tu es mon Père,

Je m’abandonne à Toi,

Car tu es mon Père, je me confie en Toi.

 

Cinquième station Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix

Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons !

Parce que Tu as racheté le monde par Ta sainte Croix.

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 15, 21

« Les soldats romains réquisitionnent, pour porter la croix de Jésus, un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs. »

L’obligation de porter la croix de Jésus devient le symbole de tous les actes de solidarité envers les personnes qui sont opprimées et qui peinent.

Simon de Cyrène représente ainsi la multitude des personnes généreuses, souvent anonymes, qui se penchent sur les hommes en détresse humaine. Les épaules de Simon de Cyrène se courbent sous le poids de la croix : « Portez les fardeaux les uns des autres : ainsi vous accomplirez la loi du Christ » nous dit saint Paul. Simon de Cyrène demeure un bel exemple pour chaque couple.

Court temps de silence

Prions :

Seigneur, Simon de Cyrène a consenti à aider Jésus. Donne-nous la même grâce pour consentir à rendre service quand mes proches dans le besoin me le demandent.

Notre Père

Chant :

Changez vos cœurs, croyez à la Bonne Nouvelle ;

Changez de vie, croyez que Dieu vous aime !

 

Sixième station : Véronique essuie le visage de Jésus

Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons !

Parce que Tu as racheté le monde par Ta sainte Croix.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 5,7

« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ! ».

La figure de Véronique n’est pas citée dans les évangiles, mais elle apparaît dans le Chemin de Croix comme modèle de miséricorde. En voyant le visage tuméfié et ensanglanté de Jésus qui porte sa croix, Véronique a frémi dans ses entrailles. C’est bien l’étymologie du mot latin miséricorde (miseria-cordis) : avoir un cœur sensible au malheur d’autrui. Dans l’Ancien Testament, c’est le mot hébreu rahamin qui désigne l’utérus de la femme, ses entrailles et, par extension, la miséricorde. Dieu a des entrailles maternelles de miséricorde.

Sur le chemin du Calvaire, une femme, prenant un linge, essuie la sainte Face de Jésus. En reconnaissance, Jésus imprime son visage sur ce linge béni.

Dans le couple, les conjoints sont appelés à devenir des « Véroniques » qui essuient les larmes et prennent soin des blessures de l’autre. En reconnaissance, Jésus imprime son visage mieux que dans un linge, dans l’âme des époux miséricordieux. Ce que le conjoint donne revient vers lui dans la grâce du mariage. Le cœur des conjoints est alors rempli d’amour et de vérité.

Court temps de silence

 

Prions

« Heureux les époux miséricordieux car Dieu les comble de sa miséricorde ». C’est dans la prière conjugale que cette miséricorde se vit et qu’elle grandit.

Je vous salue Marie

Chant :

Je cherche le visage,

Le visage du Seigneur ;

Je cherche son Image visage,

Tout au fond de vos cœur.

 

 

Septième station : Jésus tombe pour la deuxième fois

Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons !

Parce que Tu as racheté le monde par Ta sainte Croix.

Du livre des Psaumes, psaume 6, versets 3.4.5.8-10

Pitié pour moi Seigneur, je suis à bout de force,

Guéris-moi, Seigneur,

Mon âme est toute bouleversée.

Reviens, Seigneur, délivre mon âme.

Sauve-moi en raison de ton amour.

Mon œil est rongé de pleurs,

Insolence chez tous mes oppresseurs.

Loin de moi tous les malfaisants !

Car le Seigneur entend la voix de mes sanglots ;

Seigneur, entends ma supplication, et accueille ma prière.

Délivre-moi de tous ceux qui me persécutent !

Dans cette épreuve, Jésus supporte ses douleurs, dans un silence divin, bien au-delà du silence des profondeurs marines. Il crie : Père, j’ai mal : J’ai mal !

Où donc es-tu passé ? Je n’arrive pas à t’entendre !

Comment dire : « Que ta volonté soit faite » ?

Les couples connaissent aussi des vendredis saints sur le calvaire. Quand le poids de la croix nous met par terre, heureux sommes-nous de sentir la main de notre conjoint nous relever avec amour.

Court temps de silence

 Prions :

En te regardant porter ta croix Seigneur, tu nous dis : « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple. ». Oui Seigneur, ta croix tu l’as portée jusqu’au calvaire pour nous sauver.

Aide-nous à persévérer dans la prière d’oraison pour pouvoir puiser dans ce cœur à cœur quotidien, la Foi, l’Espérance et la Charité.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit

Chant :

N’aie pas peur, laisse-toi regarder par le Christ,

Laisse-toi regarder, car il t’aime (bis)

 

 

Huitième stationJésus console les filles de Jérusalem

Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons !

Parce que Tu as racheté le monde par Ta sainte Croix.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 23,27-28

« Une grande masse du peuple suivait Jésus, ainsi que quelques femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui. Mais, se retournant vers elles, Jésus dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! »

Plutôt que de nous lamenter sur les malheurs du monde, nous avons à nous regarder nous-mêmes et à regretter nos fautes.

Saint Ignace de Loyola précise que nous avons à demander la grâce de la honte pour nos péchés. La honte suppose que les actes mauvais commis nous affectent et nous font peur. C’est à partir de cette honte intérieure que nous demandons à Dieu le pardon qui relève et libère.

Le pardon accordé par Dieu passe par la reconnaissance des péchés et par la prise de conscience de la gravité de nos fautes. La demande de pardon assume le passé et engage l’avenir.

Dans le couple, la vie commune comporte des incompréhensions et des blessures. Pour continuer à vivre ensemble, les conjoints ont à dire deux phrases : « Tu m’as fait mal » et « Je te prie de m’excuser ». Le non-dit agit à la manière des cellules cancéreuses qui se reproduisent. La souffrance doit être exprimée pour qu’elle ne devienne pas agressivité et haine. Le conjoint à qui est reproché une faute doit réagir dans la vérité et l’amour : « Je te prie de m’excuser car j’ai eu tort ou je n’ai pas fait attention … ».

Le sacrement du pardon rend les relations familiales plus sincères, paisibles et aimantes.

Le pardon représente le don par-dessus tout, qu’il s’agisse du pardon de Dieu ou du conjoint. Quel beau cadeau !

Court temps de silence

 

Prions

« Seigneur, crée pour moi un cœur pur (…), rends-moi la joie d’être sauvé. » (Psaume 50, 12.14).

Je vous salue Marie

Chant :

Pardon, Seigneur, pardon pour notre orgueil, nos résistances

Viens enlever nos suffisances et chasser notre arrogance

Ô relève-nous, nous sommes tombés si bas,

Ô relève-nous par ta grâce et ton pardon,

Aie pitié de nous, nous nous humilions devant toi.

 

Neuvième station : Jésus tombe pour la troisième fois

Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons

Parce que Tu as racheté le monde par Ta sainte Croix.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 14, 65

« Les soldats romains se mirent à cracher sur lui, lui couvrirent son visage d’un voile, et le giflèrent, en disant : « Fais le prophète ! » Et les gardes lui donnèrent des coups. »

La vie conjugale ressemble parfois à un champ de bataille, où les violences sur fond d’alcool ou de drogue, sont fréquentes. Elles peuvent aboutir à l’irréparable, le meurtre.

La domination par la manipulation sur l’autre, le manque de respect entraînent toutes sortes d’agressions contraires à ce que notre Seigneur souhaite pour nous.

L’amour prend patience, plein de bonté, il n’est pas envieux, il ne jalouse pas, il ne se vante pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas, il ne soupçonne pas le mal, il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité ; l’amour pardonne tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout. » (1 Corinthiens 13,4-7)

 

Court temps de silence

Seigneur, prends pitié de nous ! Seigneur, prends pitié !

Ô Christ, prends pitié de nous ! Ô Christ, prends pitié !

 

Prions :

Seigneur, tu veux que les couples soient renouvelés par une nouvelle sensibilité d’amour, de courage et de respect contre toute forme de violence. Aide-nous à briser le mal par l’écoute et le dialogue afin de vivre nos devoirs de s’asseoir comme des rendez-vous d’amour. Merci Seigneur pour l’amitié et la fraternité dans les Équipes Notre-Dame qui proposent une spiritualité de couple, et une expérience de vie en petite communauté d’Église.

 

Chant :

N’aie pas peur, laisse-toi regarder par le Christ,

Laisse-toi regarder car il t’aime ! (bis)

 

Dixième station Jésus est dépouillé de ses vêtements

Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons

Parce que Tu as racheté le monde par Ta sainte Croix.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 19, 23-24

« Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas.

Alors ils se dirent entre eux : « Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l’aura. »

Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture : « Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement. C’est bien ce que firent les soldats. »

Jésus tu es mis à nu devant nous. Tu ne bouges pas. Tu ne te défends pas. Les soldats n’ont plus rien à tirer de cet homme à l’agonie. Ainsi donc ils dépouillèrent le Dieu incarné de tout ce dont ils pouvaient le dépouiller : ses vêtements bien sûr, mais encore sa dignité et sa gloire. Lui, le Roi des rois, le créateur de toutes choses subit sa passion dans un dénuement total. Tu dis NON à la violence. Mais ce corps de misère deviendra corps de gloire.

La vie de couple est un chemin de sainteté. La marche vers la sainteté n’exclut en rien les difficultés et les souffrances de toutes sortes. Lors de la prière conjugale, chacun laisse tomber ses masques. Il renonce à ses paroles ou ses pensées blessantes et aux non-dits, qui nuisent à l’épanouissement et au progrès du couple.

 

Prions : 

Seigneur, accorde-nous la grâce de te donner nos péchés lors du sacrement de réconciliation et de nous accepter en vérité dans notre relation conjugale, à prier ensemble et à grandir humblement sous ton regard.

Notre Père

Chant :

Source de vie, de paix, d’amour,

vers toi je crie la nuit le jour,

guide mon âme sois mon soutien,

remplis ma vie, toi, mon seul, bien.

 

Onzième station : Jésus est cloué sur la croix

Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons

Parce que Tu as racheté le monde par Ta sainte Croix.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc chapitre 23, versets 33-34

« Lorsqu’on fut arrivé au lieu-dit le crâne, ou calvaire, on mit Jésus en croix avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. »

Jésus est conduit en dehors de la ville pour être exécuté. Avec une violence atroce, ses bourreaux clouent ses mains et ses pieds sur la croix. Jésus souffre énormément mais il ne cesse de prier. Puis les bourreaux tirent la croix avec une corde pour la redresser et l’élever de terre.

Voici l’Agneau pascal sacrifié pour les péchés de tous les hommes. La Sainte Croix est dressée au milieu du monde comme l’arbre de vie.

Aussi dans les couples et les familles déstructurées par la violence, le pardon doit-il restaurer les liens et remettre la famille debout.

Court temps de silence

 

Seigneur, prends pitié de nous !

Ô Christ, prends pitié !

 

Prions :

Seigneur, crucifié par l’injustice et la jalousie, tu deviens par amour le signe de la réconciliation possible et de la paix pour chacun d’entre nous.

Chant :

Pardon, Seigneur, pardon, pour tant de paroles mauvaises ;

Viens adoucir nos mots, nos lèvres, et que nos querelles s’apaisent.

Oh, relève-nous, nous sommes tombés si bas,

Oh, relève-nous, par ta grâce et ton pardon,

Aie pitié de nous, nous nous humilions devant toi.

 

 

Douzième station : Jésus meurt sur la croix

Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons

Parce que Tu as racheté le monde par Ta sainte Croix.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 27, 45-46

« À partir de la sixième heure (c’est-à-dire : midi), l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure. Vers la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : « Éli, Éli, lema sabactani ? », ce qui veut dire : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Par ce cri « mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Jésus manifeste qu’il a pris dans son corps le péché du monde.

Ce péché est absence de Dieu, rejet, vide. Il a aussi partagé nos souffrances, celles de chaque homme.

Mais en fait par ce cri, Jésus partage nos souffrances, celles de chaque homme. Et non, il ne doute pas, mais oui, Jésus garde confiance en son Père, jusqu’au bout. Par fidélité à sa mission de Salut, il accepte la mort pour la vaincre dans la résurrection.

Court temps de silence

 

Prions :

Seigneur, nous te confions toutes les personnes qui se sentent abandonnées, ou rejetées. Que l’écoute de ta Parole les guide et les réconforte.

Notre Père

Chant :

Entre tes mains, je remets, Seigneur, mon esprit,

entre tes mains, je remets ma vie.

Il faut mourir afin de vivre.

Entre tes mains, je remets ma vie.

 

Treizième station : Jésus est descendu de la Croix

Nous t’adorons, ô Christ et nous te bénissons

Parce que Tu as racheté le monde par Ta sainte Croix.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 23, 50-53

Et voici un homme nommé Joseph, membre du Conseil, homme droit et juste. Celui-ci n’avait pas donné son assentiment au dessein ni à l’acte des autres. Il était d’Arimathie, ville juive, et il attendait le royaume de Dieu. Il alla trouver Pilate et réclama le corps de Jésus. Il le descendit de la croix, le roula dans un linceul et le mit dans une tombe taillée dans le roc, où personne encore n’avait été placé.

Qu’aurait pu faire Marie, seule au pied de la croix ? Elle n’aurait pas eu la force de dépendre son fils. Intervient Joseph, défini comme homme bon et juste. Il ne se contente pas d’aller voir les autorités, il aide concrètement Marie et les femmes qui étaient là.

Lors de l’épreuve ultime qu’est la mort, nous sommes appelés à vivre l’entraide dans le deuil avec amour. Comme Joseph nous pouvons préparer les funérailles, veiller avec la famille pour soulager son chagrin.

Court temps de silence

 

Prions :

Seigneur, l’entraide fraternelle est au cœur du sacrement de mariage. Entraide matérielle, spirituelle, morale et affective. Seul, nous ne pouvons pas faire grand-chose, donne-nous la grâce de choisir comme règle de vie d’être attentif aux autres dans les moments joyeux ou éprouvants de nos vies.

Je vous salue Marie

Chant :

Seigneur, fais de nous des ouvriers de paix,

Seigneur, fais de nous des bâtisseurs d’amour.

 

Quatorzième station : Jésus au tombeau

Nous t’adorons , ô Christ et nous te bénissons

Parce que Tu as racheté le monde par Ta sainte Croix.

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 27, 45-46

« Nicodème – celui qui, au début, était venu trouver Jésus pendant la nuit – vint lui aussi ; il apportait un mélange de myrrhe et d’aloès pesant environ cent livres. »

Par l’offrande de la myrrhe, Jésus est reconnu dans son humanité comme au jour de sa naissance par les rois mages. La royauté de Dieu est totalement différente de la royauté humaine. Jésus n’est pas venu pour dominer, mais pour servir et donner sa vie. Jésus-Christ, le Fils de Dieu, ne s’est pas présenté avec les signes extérieurs de pouvoir mais avec celui de réaliser des signes d’Amour, de guérison, de libération. La royauté de Jésus : c’est l’amour !

Aussi dans le couple, chacun doit prendre soin l’un de l’autre par des gestes d’amour, par une écoute attentive, ainsi qu’une entraide réciproque. C’est pourquoi aux Équipes Notre-Dame, les couples « veulent que leur amour, sanctifié par le sacrement de mariage, soit une louange à Dieu »

Court temps de silence

 

Prions :

Seigneur, comme Nicodème qui honore le corps de Jésus, donne-nous d’honorer au quotidien, nos proches dans nos relations affectives en les considérant pour ce qu’ils sont : le temple de l’Esprit Saint.

Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit.

Chant :

Source de vie, de paix, d’amour, vers toi je crie la nuit le jour,

Guide mon âme, sois mon soutien,

Remplis ma vie, Toi mon seul, bien.

 

Contact :   Equipe Notre Dame Secteur de la Réunion

                   Tél. 06 92 29 54 06

                   equipenotredame.reunion@gmail.com




Prière du Rosaire par Fr. Manuel Rivero O. P. (9 janvier 2023)

Rosaire, radio Arc-en-ciel, le lundi 9 janvier 2023

Fr. Manuel Rivero O.P.

Bonne année 2023, chers amis de la prière du Rosaire. Qu’il est bon de commencer cette nouvelle année, guidés par la Mère de Jésus, la Vierge Marie, Notre-Dame des commencements, car elle figure comme protagoniste dans les grands événements du Salut transmis par les évangiles : l’Annonciation, la Visitation, les noces de Cana, le Calvaire et la Pentecôte au Cénacle.

Le propre des mères est de donner la vie. La Vierge Marie, la Mère de Dieu, nous donne la vie de Dieu en son Fils Jésus, Fils de Dieu fait homme, né d’une femme juive.

Ce soir nous allons méditer les mystères lumineux du Rosaire. La liturgie présente la fête de l’Épiphanie à la manière d’un triptyque : adoration des rois mages, baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain et noces de Cana. Le mot grec épiphanie veut dire manifestation. Dieu invisible s’est rendu visible en Jésus, grâce à la foi de Marie.

Par l’intercession de la Vierge Marie, comblée de grâce, cette nouvelle année recevra la grâce pascale de Jésus, lumière de la résurrection dans les ténèbres de notre ignorance et de nos péchés.

Portons dans notre prière les intentions de notre Pape François et de toute l’Église. Prions pour la paix dans nos cœurs, dans nos familles et dans le monde, et en particulier en Ukraine.

Ne nous replions pas sur nous-mêmes. Se replier sur soi-même stérilise l’âme.

Que notre prière devienne universelle, bienveillante pour tout homme venant dans ce monde et que le Verbe éclaire de sa lumière divine.

 

Faisons le signe de la croix sur notre corps afin qu’il participe à la vie de Dieu :

Tous : Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Credo. Notre Père. 3 Ave Maria. Gloria.

 

 

Premier mystère lumineux :

Le baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain

Commencement de l’Évangile selon saint Marc : « Jean le Baptiste fut dans le désert, proclamant un baptême de repentir pour la rémission des péchés. Et s’en allaient vers lui tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem, et ils se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en confessant leurs péchés.

Jean était vêtu d’une peau de chameau et mangeait des sauterelles et du miel sauvage. Et il proclamait : « Vient derrière moi celui qui est plus fort que moi, dont je ne suis pas digne, en me courbant, de délier la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau, mais lui vous baptisera avec l’Esprit Saint. »

Jean le Baptiste est un grand maître spirituel qui attire par sa sainteté des foules de pécheurs de Jérusalem et de la région : voleurs, criminels, adultères, blasphémateurs, calomniateurs et médisants …

Mais il ne peut leur accorder qu’un baptême d’eau pour symboliser la purification de leurs péchés reconnus.

Vient Jésus qui donne un baptême d’eau et d’Esprit Saint : baptême surnaturel dans une grâce nouvelle de renaissance spirituelle.

Voici une belle prière du patriarche Ignace IV Hazim de Constantinople (1920-2012) :

Sans l’Esprit saint,
Dieu est un être lointain,
Le Christ reste une figure du passé,
L’Évangile un écrit inerte,
L’Église une simple organisation,
L’autorité une domination,
La mission une propagande,
Le culte, l’évocation d’un souvenir,
L’acte chrétien, une morale d’esclave.

Mais avec le Saint-Esprit et en lui,
L’univers est relevé et attend la venue du Royaume de Dieu,
Le Christ ressuscité est là,
L’Évangile est source de vie et de force,
L’Église est communion en la sainte Trinité,
L’autorité un service qui rend libre,
La mission, une Pentecôte,
La liturgie est mémorial, actualisation et anticipation du mystère,
La prière personnelle manifeste la présence du Christ vivant en l’âme.

Rendons grâce au Seigneur pour notre baptême.

Prions pour tous ceux qui ont œuvré afin que nous soyons habités par le Père et le Fils et le Saint Esprit.

Prions pour tous ceux qui ont mis de côté leur baptême. Puisse l’Esprit Saint toujours aimant et actif leur accorder la grâce d’un nouveau commencement dans la foi chrétienne.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.

CD Il est vivant. Adorez-le. N°3 Prosternez-vous.

Deuxième mystère lumineux :

Les noces de Cana

De l’Évangile selon saint Jean : « Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses disciples. Or, il n’y avait plus de vin, car le vin des noces était épuisé. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. »

À Cana, Marie est citée la première. Elle a été invitée avec Jésus et les disciples.

Marie est citée par saint Jean comme la première disciple. En effet, Marie a été la première à croire en Jésus dans une proximité maternelle unique. Elle a consenti à faire la volonté de Dieu annoncée par l’ange Gabriel : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole ».

D’ailleurs, saint Joseph, son chaste époux, consentira aussi à l’accomplissement de la volonté divine annoncée par l’ange : « Joseph fit comme l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui sa femme. » (Mt 1, 24)

Marie participe aussi à la manifestation de Jésus comme Messie de gloire. Les noces de Cana représentent une épiphanie de la puissance divine de Jésus en réponse à l’intercession respectueuse et croyante de Marie : « Ils n’ont pas de vin ».

Aux noces de Cana, Marie agit en avocate comme la reine Esther dans l’Ancien Testament qui avait pénétré pour le salut de son peuple dans le salon du roi. Par sa prière, Marie est entrée dans le cœur de Jésus pour obtenir des grâces pour les nouveaux époux et pour son peuple.

Le seul commandement de Marie pour nous est simple : « Faites tout ce que Jésus vous dira » (Jn 2,5).

Marie a prié en attendant l’accomplissement de sa demande. La prière de la Mère de Jésus a apporté la joie à la noce. Ces noces de Cana qui préfigurent les noces du Christ et de l’Église, dans le passage du manque à la plénitude.

Marie, disciple-missionnaire, fait avancer le temps du Salut. L’art chrétien montre souvent l’Immaculée Conception, la lune sous ses pieds. La lune évoque le calcul du temps : mois lunaires. Par la prière de Marie, l’heure du premier miracle de Jésus est arrivée à Cana.

Comme Marie à Cana, présentons les besoins de l’Église et de l’humanité au Seigneur Jésus : « ils n’ont pas de paix ; ils n’ont pas de santé ; ils n’ont pas de foi ; ils n’ont pas d’amour. »

Notre Père. Avec Maria. Gloria.

CD Il est vivant. Adorez-le. N° Qui regarde vers lui.

 

 

Troisième mystère lumineux :

Jésus dans la synagogue de Nazareth

De l’Évangile selon saint Luc : « Jésus vint à Nazareth où il avait été élevé, entra, selon sa coutume le jour du sabbat, dans la synagogue, et se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe et, déroulant le livre, il trouva le passage où il était écrit : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur. »

Jésus replia le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous dans la synagogue tenaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Écriture. »

En Jésus habite corporellement la plénitude de l’Esprit Saint. Dans le mystère de l’Église, Corps du Christ, la plénitude de l’Esprit Saint qui habite dans sa Tête, Jésus le Christ, passe dans ses membres, les baptisés.

Aimons l’Église notre Mère qui nous donne les sacrements. Saint Irénée de Lyon enseigne que « là où est l’Église, là est aussi l’Esprit de Dieu, et là où est l’Esprit de Dieu, là est l’Église et toute sa grâce. »

À l’Annonciation l’Esprit Saint descend sur Marie qui conçoit son fils (Lc 1,35), à la Pentecôte l’Esprit Saint descend sur l’Église qui conçoit tous les enfants de Dieu (Ac 1,18).

Prions pour le Pape, les évêques, les prêtres et les diacres, les catéchistes et tous les témoins de l’Évangile. Remercions-les pour toutes les grâces que Dieu nous accorde à travers leur ministère et leur témoignage.

Notre Père. Avec Maria. Gloria.

CD Il est vivant Adorez-le. N° 10 Voici le serviteur 1’38’’.

 

Quatrième mystère lumineux :

La transfiguration de Jésus

De l’Évangile selon saint Luc : « Or il advint, environ huit jours après ces paroles, que, prenant avec lui Pierre, Jean et Jacques, Jésus gravit la montagne pour prier. Et il advint, comme il priait, que l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement d’une blancheur fulgurante. »

Lors de la Transfiguration, alors que Jésus priait, la lumière de sa divinité s’est manifestée devant Pierre, Jacques et Jean.

Dans le corps de Jésus se trouvait cachée la lumière de sa divinité.

Le corps de Jésus était plus grand dans son mystère que ses simples apparences matérielles. Les contemporains de Jésus n’avaient pas saisi la richesse du mystère de Jésus. Son corps transfiguré manifeste la présence de Dieu sur la terre.

Dans la tradition chrétienne, deux livres parlent de Dieu : la Bible et la création.

La création manifeste la sagesse de Dieu à la manière des empreintes digitales qui renvoient à une personne unique.

Prions le Père par son Fils Jésus de nous donner l’intelligence de la foi et le discernement pour voir toute chose en Dieu et Dieu en toute chose.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.

CD Il est vivant. Adorez-le. N° O Jésus cœur brûlant d’amour.

 

Cinquième mystère lumineux :

La Cène

De l’Évangile selon saint Matthieu : « Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le donna aux disciples en disant : « Prenez, mangez, ceci est mon corps. »

 

 

Selon les Pères de l’Église, l’eau et le sang jaillis du Cœur transpercé de Jésus en croix symbolisent les sacrements du baptême et de l’eucharistie. L’Église est née du Sacré-Cœur de Jésus.

La lance qui a transpercé le cœur de Jésus (Jn 19,34) a atteint aussi intérieurement celui de Marie (Lc 2,35). Leurs deux cœurs n’ont fait plus qu’un : le Sacré-Cœur de Jésus et le Cœur immaculé de Marie, sa mère, image de l’Église.

La Mère de Jésus a ainsi participé par sa foi et par son amour maternel aux souffrances du Rédempteur. Épouse de Joseph, saint Joseph demeure présent dans le cœur de Marie, et par là le père adoptif de Jésus a participé aussi au mystère de la Rédemption. Le mariage accomplit l’union des corps et des âmes.

L’Esprit Saint a uni les cœurs de Marie et de Joseph dans la sainteté du mariage. Leurs actions se déroulaient d’une certaine manière ensemble par les liens de la foi et de l’amour partagé et cela au-delà de la mort de Joseph que l’on pense antérieure à la vie publique de Jésus.

Le Pape Benoît XVI appelait la Vierge Marie l’icône de l’Eglise, la première Eglise.

À la messe, nous célébrons les noces du Christ et de l’Église : « Heureux les invités au festin des noces de l’Agneau. »

Dans la Communion eucharistique nous recevons le Corps et le Sang du Christ, reçu d’une femme, Marie.

Le saint Pape Jean-Paul II désignait la Vierge Marie comme « la femme eucharistique » : femme eucharistique dans la communion au Christ dans sa Passion sur la croix ; femme eucharistique dans l’offrande de sa vie au Père en union avec son Fils Jésus.

Rendons grâce au Seigneur pour le sacrement de l’eucharistie et pour les prêtres qui nous en offrent la grâce pascale.

Seigneur, donne-nous des chrétiens assoiffés d’eucharistie, artisans de communautés ferventes, charitables et missionnaires.

Seigneur, donne-nous des prêtres qui célèbrent l’eucharistie.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.

CD Il est vivant Adorez-le,  n°2 Seigneur Jésus tu es présent.

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Prions le Seigneur : Seigneur Dieu, tu as révélé ton Fils unique aux nations, accorde-nous l’Esprit Saint, Esprit de discernement et de connaissance de la Vérité, toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles. Amen.

Bénédiction :

La prière de ce soir a été préparée par Lauviette, Véronique, Rebecca, Gilles et le frère Manuel, dominicain.

Informations. CD Il est vivant. Adorez-le. Éditions de l’Emmanuel.

Chant à saint Dominique :

CD Monastère des Dominicaines de Notre-Dame de Beaufort. N° 23. Tropaire à saint Dominique.

CD Monastère des Dominicaines de Notre-Dame de Beaufort. N° 24. Salve.

Bonne et sainte année 2023.