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La mort, néant ou expérience de Dieu ? par Fr. Manuel Rivero O.P.

Parler de la mort ne va pas sans sentiment de gêne. Que peut-on dire qui soit audible ? Même des croyants en l’au-delà craignent de sortir du « politiquement correct » qui consiste à ne pas dire grand-chose et à rester dans le flou.

Non sans une certaine angoisse, des enfants posent des questions sur la mort : où est pépé ?

Tout mortel se pose aussi la question de l’au-delà : « Que restera-t-il de moi après la mort ?

La Bible enseigne que Dieu n’a pas créé la mort. Elle est l’ennemi de l’homme que le Messie a vaincu dans la résurrection.

La foi chrétienne repose sur la mort et sur la résurrection de Jésus le Messie. Là où l’homme contemporain façonné par l’athéisme des maîtres du soupçon, Marx, Nietzsche et Freud, voit une dégringolade finale dans le néant, le chrétien voit dans la lumière de la foi une participation à la vie même de Jésus.

La mort comme connaissance.

Au sujet de la mort, saint Paul parle de manière précise. Il s’agit d’une connaissance du Christ Jésus : « Le connaître, lui, avec la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances, lui devenir conforme dans sa mort, afin de parvenir si possible à ressusciter d’entre les morts. » (Épître aux Philippiens 3,10s). C’est-à-dire, la mort fait ressembler à Jésus dans l’acte du don absolu où l’homme remet le souffle vital reçu de Dieu. Le mot « conforme » exprime cette union de ressemblance à Jésus dans sa Passion et dans sa mort. L’homme est « formé » avec le Christ dans sa mort afin de lui ressembler. Connaissance par connaturalité. Jésus a pris notre nature humaine en toute chose sauf le péché.

Dans le livre de la Genèse, Dieu crée l’homme à son image et à sa ressemblance. Dans le mystère pascal, Jésus recrée l’homme à son image et ressemblance. Dans la mort, l’homme ressemble à Jésus qui meurt. Il le connaît par expérience dans l’acte suprême de la mort. En partageant la mort, le disciple de Jésus rejoint l’expérience de Jésus le Vendredi saint. Sur le sommet du Calvaire, le mystère de la Rédemption atteint son sommet dans l’acte de confiance absolue et d’amour total de Jésus envers son Père et pour le salut des hommes : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ».

La mort, acte absolu de foi et d’amour.

Les paroles de la consécration à la messe mettent en lumière le sens de la mort de Jésus. Amour à mort. Amour plus fort que la mort. En Jésus, l’art d’aimer et l’art de mourir ne font qu’un. Aimer, c’est mourir à l’ego possessif et dominateur. Jésus se donne dans sa mort de manière parfaite : « Voici mon corps livré pour vous ; voici mon sang versé pour vous ». Les paroles qui rappellent la mort de Jésus renvoient aussi au mariage où les époux se donnent l’un à l’autre dans l’amour. C’est ainsi que la mort de Jésus accomplit « une alliance nouvelle et éternelle ».

À la suite de Jésus, le chrétien demande la grâce d’affronter la mort comme un acte absolu de foi et d’amour qui le rend parfait dans l’union à son Maître.

Si la mort ressemble à une chute, elle devient sommet. La Bible avertit l’homme de ne pas juger la valeur d’une existence avant la mort. Les saints en témoignent : « Je ne meurs pas, j’entre dans la vie » (sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face).

Jésus glorifié dans notre mort

Pour saint Paul, le Christ est même exalté dans la mort de l’homme : « Le Christ sera glorifié dans mon corps, soit que je vive soit que je meure » (Épître aux Philippiens 1,20). Jésus trouve sa gloire dans la vie de l’homme : « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant » (Saint Irénée de Lyon).

Que répondre à l’enfant qui demande où sont ceux qui sont morts ? Dans l’azur ? Non ! Dans le Christ, oui ! « Si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. » (Épître de saint Paul aux Romains, 6,8) ; « Si nous avons été totalement unis, assimilés à sa mort, nous le serons aussi à sa résurrection. » (Rm 6,5).

La mort, béatitude des pauvres.

Dans la mort, le chrétien est appelé à faire sienne la première des béatitudes : « Heureux vous les pauvres,  car le Royaume des cieux est à vous » (Lc 6,20). Dans la mort, expérience de pauvreté absolue, l’homme attend la manifestation de la miséricorde divine : « Aux yeux du Seigneur, la mort de ses saints a beaucoup de prix » (Ps 116,15) ; « Heureux dès à présent ceux qui sont morts dans le Seigneur ! » (Ap 14,13).

La résurrection, unification de la personne humaine dans la gloire

La mort de Jésus donne sens à notre mort : « Ainsi, ayant voulu sauver tout l’homme, le Sauveur avait pris un corps, une âme et un esprit : ces trois éléments ont été séparés au moment de la Passion et, au moment de la Résurrection, ils ont été réunis. Dans la Passion, ils ont été séparés : comment ? Le corps dans la tombe, l’âme dans les enfers, et l’esprit, il l’a remis entre les mains du Père ». (Origène, Colloque avec Héraclite, SC 57, Paris, 1960, p.68-70). Le Vendredi saint, Jésus est dans le tombeau, dans les enfers et dans les bras du Père. Sa résurrection unira sa dépouille mortelle, son âme humaine et son esprit divin dans l’union au Père qui donne la Vie, son Esprit Saint.

Nous avons tous rendez-vous avec le Vendredi saint. Jésus ressuscité donne rendez-vous à tous la nuit de Pâques : « Par sa mort, Jésus a vaincu la mort ; aux morts, il donne la vie », chantent les chrétiens dans la Veillée pascale.

Saint Augustin appelait le sacrement du baptême « salus », le « Salut », tandis qu’il désignait le sacrement de la messe comme « vita », la « Vie ».

Nous comprenons sans peine que le rituel des funérailles propose la célébration de la messe pour les fidèles. Source et sommet de la vie chrétienne, la messe unit dans l’Amour les morts au Seigneur Jésus, le Vivant, l’Église de la terre à celle du Ciel.

Au Ciel, il n’y aura pas de séparation ! 

Saint-Denis/La Réunion, le 30 octobre 2021.

 

 

 




Annoncer Jésus en prison, grâces et défi. par Fr. Manuel Rivero O.P., aumônier de la prison de Domenjod

Lors de leur arrivée en détention, Jésus vivant, ressuscité, les a déjà précédés. Privés de liberté, mis en cellule malgré eux, les détenus ne sont pas seuls. Celui qui a déclaré aux apôtres « et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Mt 28,20) se tient là, invisible mais bien présent.

Nombreux sont les témoignages sur cette présence du Christ Jésus en prison, lui qui a passé une nuit « en garde à vue » dans la maison du grand-prêtre, Caïphe ( cf. Jn 18,24), la veille de son exécution sur la croix.

Grâce de la miséricorde.

Accusé, sous surveillance, le détenu découvre la compassion de Jésus qui a subi lui-même la Passion sur le chemin du Calvaire. Le bon larron n’a pas reçu des promesses pour des lendemains : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23,43). Dans l’angoisse, le détenu est introduit par sa foi, si intéressée soit-elle, dans le Paradis d’où avait été chassée la première humanité en raison de son manque de foi. C’est l’aujourd’hui de Dieu. Dieu habite à l’intérieur des murs des prisons comme là-haut dans le Ciel. Jésus pose son regard d’amour sur les prisonniers arrachés à la liberté et liés souvent par des chaînes des passions mortifères qui les gardent enchaînés à l’intérieur de leur être.

Miséricorde, « miseria-cordis », avoir un cœur sensible au malheur des autres. Les entrailles de Jésus frémissent en voyant la détresse des détenus. Il ne reste pas passif. Par son amour plus fort que les puissances du mal, Jésus libère le cœur du détenu croyant qui se tourne avec foi vers lui.

Grâce du pardon.

Le bon larron, en se débattant dans les tourments de la crucifixion, n’a pas présenté à Jésus sa liste de péchés. Il n’a pas récité non plus son acte de contrition sans se tromper. Un cri a remplacé son aveu de pécheur. Un cri a obtenu sa libération et plus que cela sa béatitude éternelle. Les portes du Ciel se sont ouvertes en réponse à sa prière de demande : « Jésus, souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton Royaume » (Lc 23,42).

Grâce d’une vie nouvelle.

« Je suis devenu un homme nouveau, une nouvelle création », me disait un jour un détenu qui parcourait les couloirs de la prison depuis plusieurs années.

La nouvelle naissance demeure possible. « Ici, ce n’est pas la fin ; ici, tout commence », déclarait un surveillant à un homme abattu dans l’enfer de l’enfer-mement.

Avec Dieu, le meilleur se trouve devant, sur le chemin de la foi.

Grâce des sacrements.

Les sacrements du baptême, de l’eucharistie et de la confirmation font rayonner de joie ceux et celles qui deviennent chrétiens en prison. « La prison, un mal pour un bien », disent certains détenus. Ce qui fait penser à l’expérience de saint Augustin qui s’exclamait en pensant au péché des origines de l’humanité: « Heureuse faute qui nous valut un tel Sauveur ! ». Il enseignait aussi avec saint Paul que « tout concourt au bien de ceux qui cherchent Dieu » (Rm 8,28), « même le péché ». Oui, le péché peut devenir un tremplin pour se jeter dans les bras de Jésus, Sauveur.

Grâces pour ceux qui annoncent Jésus.

Il s’agit d’une loi de la vie humaine et chrétienne : « c’est en donnant que l’on reçoit ; c’est en enseignant que l’on apprend ; c’est en annonçant l’Évangile, que prêtres, religieux et laïcs, grandissent dans leur foi en recevant la grâce de l’intelligence de la foi et en contemplant les merveilles que Dieu accomplit dans les cœurs des détenus.

Les prisonniers sont plus grands que leurs fautes. Porteurs de richesses humaines et capables de recevoir Dieu dans leur âme, ils annoncent le Salut de Dieu. Ils peuvent manifester foi et humilité dans l’échec et la honte, loin des esprits pharisiens contents d’eux-mêmes, voire méprisants envers les faibles et les pêcheurs (cf Lc 18, 9s).

Grâce et défi pour la prédication du mystère pascal.

Est-il possible d’annoncer la joie pascale à ceux qui gisent dans les privations de liberté et des plaisirs habituels de l’existence humaine ? Est-il honnête et sérieux de prêcher le bonheur de croire, de prier et d’aimer Dieu à des détenus qui vont rester enfermés pendant de longues années tandis que les équipes de la pastorale catholique quittent sans encombre les murs de la prison pour retrouver le paysage des montagnes, le vent et le soleil ?  

La prédication de la résurrection de Jésus appelle à la conversion non seulement les condamnés et les pécheurs publics mais aussi et avant eux les prédicateurs eux-mêmes.

Ces prédicateurs reçoivent alors la grâce de la prédication multipliée par la rencontre avec les détenus, témoins de la miséricorde de Dieu et dont le visage peut annoncer la lumière du Ressuscité.

La grâce de l’intelligence du mystère pascal fait partie de grands cadeaux offerts par les détenus aux catéchistes qui se sont rendus en prison à leur service.

Ce passage des ténèbres de la mort à la lumière de la Gloire, ce passage de l’échec honteux au sourire de joie surnaturelle va accroître la puissance de la prédication des témoins du Christ Jésus.

La prison apparaît alors comme le creuset où se forgent les cœurs brûlants des prédicateurs, portés et poussés en avant dans leur foi, par le témoignage et la prière des détenus.

Saint-Denis/ La Réunion, le 9 octobre 2021.

 

 

 

 

 




Inauguration des Fêtes de Ste Thérèse à Lisieux (24 sept. au 3 oct. 2021).

Si vous désirez agrandir l’une ou l’autre photo, il suffit de cliquer sur elle…

Dimanche 26 septembre, messe d’inauguration des fêtes de Ste Thérèse de L’Enfant Jésus et de la Sainte Face, célébrée solennellement le 1° octobre, messe présidée par Mgr Jacques HABERT, nouvel évêque de Bayeux-Lisieux depuis le 10 janvier 2021…

 

 




« Histoire d’une Âme » de Ste Thérèse de Lisieux (Noéline Fournier)

Aujourd’hui, 1er Octobre, nous fêtons Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus.

Connaissons-nous vraiment qui est Thérèse ?

Avons-nous lu « Histoire d’une âme » ?

Si vous ne l’avez pas fait, dépêchez-vous, parce que Thérèse vous attend pour marcher avec elle sur le chemin de la Confiance et de l’Amour de Dieu en toute humilité. Et, si vous n’y arrivez pas, n’ayez crainte, c’est elle qui vous guidera.

Ensemble, essayons de la comprendre, pour mieux l’aimer et la prier, et ainsi, avec sa grâce, apprendre à aimer Dieu avec l’aide de sa « petite voie ».


Elle a vécu de 1873 à 1897. Elle est entrée au Carmel de Lisieux à l’âge de 15 ans. Elle est Docteur de l’Eglise depuis 1997, Patronne des Missions.

Il est rare qu’aux yeux du monde la mort soit un commencement. Ce fut le cas pour Thérèse de Lisieux, morte inconnue en 1897, mondialement célèbre et vénérée.

 

 

Que s’est-il passé pendant toutes ces années ?

 

Thérèse n’a pas surgi de l’obscurité par un coup de baguette magique. Beaucoup d’évènements se sont succédé tout au long du XXè siècle qui ont d’abord fait connaître, ensuite mené à la célébrité mondiale, le visage et le message de la Sainte Normande.

S’appuyant au départ sur un travail réalisé pour France 3 Normandie, les auteurs, journalistes et documentalistes, ont mené l’enquête dans l’esprit de leur profession, utilisant témoignages, archives publiques et privés, interviews de spécialistes. Ils garantissent que rien, dans la multitude des faits qu’ils rapportent, ne ressort de la fiction.

Thérèse MARTIN, naît le 2 janvier 1873 à Alençon de parents très pieux, dont les cinq filles vivantes sont religieuses.

 

Orientée, dès son enfance, vers la réflexion et la contemplation. Elle entre au carmel de Lisieux, par dérogation spéciale, à 15 ans. Sur l’ordre de sa Supérieure, elle écrit son expérience spirituelle. Elle meurt de tuberculose à Lisieux le 30 septembre 1897. Trois de ses sœurs sont, elles aussi, moniales au Carmel de Lisieux.

 

Pauline MARTIN (Mère Agnès de Jésus), 1861-1951. C’est elle qui, lorsqu’elle était prieure, a ordonné à sa cadette de rédiger ses souvenirs d’enfance.

 

 

 

 

 

 

 

Céline MARTIN (Sœur Geneviève de la Sainte Face), 1869-1959. C’est l’artiste de la famille, elle dessine, peint et photographie.

 

 

 

 

 

 

 

Marie MARTIN (Sœur Marie du sacré-Cœur), 1860-1940, aînée de la famille et marraine de Thérèse.

 

 

 

 

 

 

 

 

Léonie MARTIN (Sœur Françoise-Thérèse), 1863-1941, est, elle, Religieuse à la Visitation de Caen.

 

 

 

 

 

 

 

 

Louis MARTIN (le Père), 1823-1894 et Azélie GUÉRIN (la Mère), 1831-1877, sont tous deux morts lorsque commence ce récit. Béatifiés le 19 octobre 2008 à Lisieux et canonisés à Rome le 18 octobre 2015 par le Pape François.

 

 

 

 

 

 

 

Isidore GUÉRIN (1841-1909), pharmacien, frère d’Azélie, oncle des sœurs MARTIN qui se sont installées auprès de lui à Lisieux après la mort de leur mère. Notable de Lisieux, militant Catholique.

 

 

 

 

 

Le Révérend Père Godefroi MADELAINE (1842-1932), prieur du Monastère des prémontrés de Mondaye (CALVADOS). A prêché des retraites à Lisieux et a appuyé le projet du carmel de faire connaître les écrits de Thérèse. Il participe au travail de mère Agnès sur les manuscrits.

 

 

 

Monseigneur Flavien HUGONIN (1823-1898), Évêque de Bayeux et Lisieux. Première autorité Ecclésiastique à autoriser la publication de l’Histoire d’une âme. Il meurt quelques mois après Thérèse.

 

 

 

Qu’est-ce que le Carmel ?

 

Au XIIIè siècle, des ermites retirés sur le Mont Carmel, massif boisé dominant l’actuelle Haïfa, et vivant selon l’esprit du Prophète Elie et dans la contemplation de la Vierge Marie, se constituent en Communauté selon une règle donnée par le Patriarche de Jérusalem.

 

 

 

Trois cents ans plus tard, en Espagne, Sainte Thérèse d’Avila et Saint Jean de la Croix réforment l’Ordre du Carmel et donnent naissance à une branche nouvelle : les Carmes déchaux (c’est-à-dire « déchaussés », cela pour marquer le retour à la rigueur monastique). Les premiers Carmes et Carmélites réformés apparaissent en France au début du XVIIè siècle.

Le Carmel de Lisieux est fondé en 1838.

La règle des Carmels, assouplie depuis, reste stricte. Les Religieuses respectent toujours, pour l’essentiel, la clôture. Leur journée s’articule autour de la prière silencieuse et personnelle, liturgique en communauté pour la messe et les offices – et le travail en cellule pour assurer le gagne-pain du Monastère. La journée est vécue dans le silence et la solitude – le « désert » -, s’appuyant sur une Vie Communautaire Fraternelle.

 

« Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre »

 

Le jeudi 30 septembre 1897.

Sœur Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, 24 ans, carmélite, entre en agonie.

Elle est malade depuis plusieurs mois : fièvre, toux, douleurs dans la poitrine etc…

S’affaiblissant de semaine en semaine, elle ne quitte plus l’infirmerie et chacun sait, en ce jeudi, que la fin est imminente. Veillée par la Communauté, Thérèse meurt à 19h20.

Dans la Chapelle du Monastère, Léonie MARTIN et son oncle maternel, Isidore GUÉRIN, prient pour la mourante. Depuis la clôture, les Carmélites leur font porter un billet :

« Notre ange est au Ciel. Elle a rendu le dernier soupiren pressant son crucifix sur son cœur et disant : « Oh, je vous aime ! » Elle venait de lever les yeux au Ciel. Que voyait-elle !!! »

Léonie, Isidore et sa femme, après une dernière prière, rentrent chez eux. Les parapluies dont ils s’étaient munis, tellement le temps avait été exécrable tout au long de la journée, ne sont plus nécessaires. Le ciel est devenu serein. Plus de nuages. Se souviennent-ils que Thérèse avait dit à plusieurs reprises qu’il ferait beau le jour de sa mort ?

A la mort de la jeune Carmélite, sa parenté proche est composée de ses quatre sœurs : Trois sont au Carmel de Lisieux : Pauline (Mère Agnès de Jésus), Marie (Sœur Marie du Sacré-Cœur) et Céline (Sœur Geneviève).

L’autre, Léonie, est « dans le monde » après deux tentatives à la Visitation de Caen. Elle seule accompagnera Thérèse au cimetière. Après la mort de leur mère, Zélie GUÉRIN, en 1877 (Thérèse a 4 ans), les orphelines sont venues avec leur père, Louis MARTIN – qui mourra en 1894 -, s’installer à Lisieux près de leur oncle maternel, Isidore GUÉRIN, qui a lui-même deux filles… dont une sera, aussi, Carmélite.

Thérèse a le goût de l’écriture. La jeune carmélite écrit des poèmes, des pièces de théâtre, des réflexions spirituelles. Elle écrit comme sa sœur Céline peint…

Un soir de l’hiver 1894, Sœur Marie du Sacré-Cœur dit à sa sœur Pauline, alors prieure, en parlant de Thérèse : « Est-il possible que vous lui laissiez faire de petites poésies pour faire plaisir aux uns et aux autres et qu’elle ne nous écrive rien de ses souvenirs d’enfance ?

Vous verrez, c’est un ange qui ne restera pas longtemps sur terre et nous aurons perdu tous ces détails si intéressants pour nous… »

La prieure hésite quelques jours, puis ordonne à Thérèse de rédiger ses souvenirs d’enfance.

Thérèse écrit les souvenirs de sa vie passée en les éclairant par la Bible et, surtout, les progrès spirituels qu’elle a accomplis depuis son entrée au Carmel et de sa grande « découverte » : la « petite voie d’amour ».

Deux ans passent. A l’été 1897, Thérèse contracte ce qui sera sa dernière maladie. Elle révèle à sa sœur pauline qu’elle crache du sang.

Effondrée, Pauline va trouver Mère Marie de Gonzague, qui l’a remplacée en tant que Prieure, et lui révèle l’existence du petit cahier. « J’ai relu cela il y a quelques jours, dit-elle, c’est gentil, mais vous ne pourrez pas en tirer grand-chose pour faire sa circulaire après sa mort car il n’y a presque rien sur sa vie de religieuse. Si vous le lui commandiez, elle pourrait écrire quelque chose de plus sérieux. »

Dès le lendemain, on fournit à Thérèse un autre petit cahier. Pendant les quatre mois qui précèdent sa mort, elle va, malgré sa souffrance et son épuisement, écrire ce que l’on peut appeler son itinéraire spirituel. Comme on lui dit un jour que son texte ira peut-être jusqu’au Saint-Père, Thérèse, qui ne dédaigne pas les jeux de mots, répond : Et nunc et semper » (maintenant et toujours).

Dès le 29 octobre 1897Thérèse est morte depuis moins d’un mois -, Mère Marie de Gonzague expédie une lettre au père MADELAINE :

« Les derniers évènements arrivés chez nous (il s’agit du décès de Thérèse) me laissent presque muette. Je ne sais pas trop où je suis et où je vais. La mort de notre ange me laisse un vide… Par obéissance elle m’a laissé des pages délicieuses que je suis entrain de relever avec mère Agnès et je crois que nous pourrions les faire connaître. Ceci est un secret pour vous… Vous voudrez bien nous le corriger… ou le faire corriger.

Personne ne le sait, même dans la Communauté. Il n’y a que le Supérieur (le curé de Saint-Jacques à Lisieux) qui m’a permis (de vous écrire). »

Le prémontré étudie le manuscrit pendant trois mois, en assure la cohérence, procède à quelques corrections de forme.

Le 8 avril 1898, il écrit à Mère Marie de Gonzague : « La première lecture de l’Histoire d’une âme (le titre avait été trouvé par Pauline) me charma, la seconde me laisse dans un ravissement inexprimable. Il y a dans ce livre des pages si vivantes, si chaudes, si suggestives qu’il est impossible de ne pas en être saisi. On trouve une théologie que les plus beaux livres spirituels n’atteignent que rarement à un degré aussi élevé…

Le 11 janvier 1898, le Père Norbert, prémontré de Mondaye, à qui le Père MADELAINE a fait lire le texte, écrit à Mère Marie de Gonzague que les phrases de Thérèse on fait « un bien immense à mon âme  : Paix, amour du Christ. Je suis persuadé que ces récits produiront les mêmes effets sur tous ceux qui les liront… » Il ajoute : « Ces écrits me prépareront à bien mourir. »

Le 30 juin 1898, un religieux de 80 ans, le Père Louis, fait part de son enthousiasme :

« Pendant trois jours, j’ai vécu avec un ange ! Que Dieu est admirable ! Quelle nouvelle invention de sainteté, j’ose dire, inconnue jusqu’à ce jour !

Quelle révélation est faite au monde ! C’est bien un genre de sainteté suscité par l’Esprit Saint pour l’heure présente où tant d’âmes, mêmes chrétiennes, ne voient dans les sacrifices du cloître que les horreurs de la Croix. »

Le 30 septembre 1898, un an, jour pour jour, après la mort de Thérèse, un peu plus de quarante années après la dernière Apparition de Marie à Lourdes, paraît « Histoire d’une âme ».

« Après ma mort, avait dit Thérèse, vous irez du côté de la boîte aux lettres et vous y trouverez des consolations. »

Effectivement, le flot quotidien du courrier s’établit à 50 dans les premiers mois, pour atteindre 500 un peu plus tard. Chaque lettre reçoit une réponse ; c’est un principe établi que les Carmélites observent encore et auquel elles n’ont jamais manqué. Céline ne cesse de peindre et de retoucher ses photos. Plus de 100 000 images sont expédiées chaque année (183 348 exactement en 1909 !).

« Quelle affaire, mon Dieu, sur nos vieux jours ! S’écriera Mère Agnès. Jamais je n’aurai pu soupçonner seulement la centième partie de cet embrasement universel quand j’ai lancé, timidement, la première édition en 1898. » A cette avalanche les religieuses font face.

 

VIVRE D’AMOUR

Vivre d’amour, c’est te garder Toi-Même

Verbe incréé Parole de mon Dieu,

Ah ! Tu le sais, Divin Jésus, je t’aime

L’Esprit d’Amour m’embrase de son feu

C’est en t’aimant que j’attire le Père

Mon faible cœur le garde sans retour.

O Trinité ! Vous êtes Prisonnière

De mon Amour… !

Mourir d’Amour, voilà mon Espérance

Quand je verrai se briser mes liens

Mon Dieu sera ma Grande Récompense

Je ne veux point posséder d’autres biens.

De son Amour je veux être embrasée

Je veux Le voir, m’unir à Lui toujours

Voilà mon Ciel… voilà ma destinée :

Vivre d’Amour !!..

(Poème de Thérèse)

« Thérèse de Lisieux ou La saga d’une Petite Sœur » par Bernard GOULEY, Rémi MAUGER, Emmanuelle CHEVALIER (Ed. Fayard 1897-1997).

 

Noéline Fournier




Ste Thérèse de Lisieux : la petite voie de l’amour…

Thérèse Martin entre au Carmel de Lisieux le 9 avril 1888. Neuf ans plus tard, rongée par la tuberculose, elle « entre dans la vie », le 30 septembre 1897 à l’âge de 24 ans. Deux ans auparavant, en janvier 1895, sur l’ordre de sa sœur Pauline, carmélite elle aussi depuis 1886, Ste Thérèse a commencé à écrire sur un petit cahier ce qui deviendra plus tard « Histoire d’une Ame », l’histoire de son âme. Elle écrira aussi des lettres, des poèmes…

Mais avant d’écrire, Ste Thérèse a beaucoup lu. Et son livre de référence était la Bible, et surtout le Nouveau Testament avec les quatre Evangiles. « C’est par‑dessus tout l’Evangile qui m’entretient pendant mes oraisons », écrit-elle. « En lui je trouve tout ce qui est nécessaire à ma pauvre petite âme. J’y découvre toujours de nouvelles lumières, des sens cachés et mystérieux »[i]

Un jour, elle découvre que Ste Cécile, honorée à Rome dès le 5°s comme vierge et martyre, portait toujours l’Evangile sur son cœur. Pourquoi n’en ferait-elle pas autant ? Aussitôt, elle demande à sa sœur Céline, qui la rejoindra plus tard au Carmel en 1894, de lui faire relier les quatre Evangiles. Mais comme cette première « édition » se révèle encore trop grande, elle en fera une autre, plus petite (115mmx75). Désormais, l’Evangile reposera sur son cœur. A la fin de sa vie, elle écrira au Père Roulland : « L’image que vous m’avez donnée repose toujours sur mon cœur dans le Livre des Evangiles qui ne me quitte jamais »[ii]. Personne au Carmel de Lisieux n’avait eu cette idée avant elle. Mais beaucoup l’imiteront par la suite…

Cette intuition de Ste Thérèse de Lisieux rejoint tout à fait l’invitation que le Concile Vatican II a lancé à toute l’Eglise. En 2012, nous fêterons le 150° anniversaire de son lancement, le 11 Octobre 1962, par le Pape Jean XXIII. Son successeur Paul VI le conclura trois ans plus tard, le 8 décembre 1965. Et à la fin de la Constitution dogmatique « Dei Verbum », « la Parole de Dieu », on peut lire : « Il appartient aux saints évêques  » chez qui se trouve la doctrine apostolique  » de former opportunément les fidèles qui leur sont confiés à un usage judicieux des Livres divins, surtout du Nouveau Testament, et en tout premier lieu, des Evangiles, au moyen de versions des textes sacrés, qui soient munies d’explications nécessaires et vraiment suffisantes, pour que les fils de l’Eglise fréquentent les Ecritures en toute sécurité et de manière profitable, et se pénètrent de leur esprit » (DV & 25).

Ste Thérèse de Lisieux nous offre un magnifique exemple de cette lecture assidue et attentive « du Nouveau Testament, et en tout premier lieu, des Evangiles ». Or la Parole de Dieu ne fait que nous révéler ce que Dieu veut faire au cœur de chacun d’entre nous : nous communiquer sa propre Vie pour que nous soyons en communion avec lui. Dei Verbum commence ainsi : « Quand il écoute religieusement et proclame hardiment la Parole de Dieu, le saint Concile obéit aux paroles de saint Jean :  » Nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous est apparue : ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous soyez vous aussi en communion avec nous, et que notre communion soit avec le Père et avec son Fils Jésus‑Christ  » (1 Jn 1, 2-3).

Or le Christ déclare en Jn 3,34 : « Celui que Dieu a envoyé », et c’est lui, Jésus Christ, « proclame les Paroles de Dieu car il donne l’Esprit sans mesure ». Autrement dit, l’Esprit Saint se joint toujours à la Parole de Dieu. Ouvrir son cœur à la Parole c’est ouvrir son cœur à l’Esprit Saint, qui, par sa simple Présence, vient la dire au plus profond de nous-mêmes. Il accomplit alors en nous, très concrètement, ce que la Parole nous dit… Or, le premier fruit de l’Esprit est de nous communiquer la Vie de Dieu : « C’est l’Esprit qui vivifie », nous dit Jésus. « Les Paroles que je vous ai dites sont Esprit et elles son Vie » (Jn 6,63). Autrement dit, accueillir la Parole de Dieu, c’est accueillir avec elle l’Esprit, « l’Esprit qui vivifie », l’Esprit qui donne la Vie. St Pierre l’avait bien reconnu lorsqu’il dit à Jésus : « Tu as les Paroles de la Vie éternelle » (Jn 6,68). En écoutant Jésus, il vivait quelque chose d’unique, quelque chose qu’il n’avait jamais vécu auparavant avec personne d’autre… Et ce « quelque chose » était de l’ordre de la vie, d’une Plénitude de Vie, la Vie même de Dieu… « Je suis venu pour qu’on ait la Vie et qu’on l’ait en abondance », nous dit Jésus (Jn 10,10). Et ce désir de Dieu se réalise dès que nous accueillons le Don de l’Esprit : « Si quelqu’un a soif », disait-il encore, soif de Plénitude et de Vie, « qu’il vienne à moi et qu’il boive, celui qui croit en moi. Selon le mot de l’Ecriture : « De son sein couleront des fleuves d’eau vive. Il parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui » (Jn 7,37-39)… « Recevez l’Esprit Saint », dira-t-il, ressuscité, à ses disciples (Jn 20,22)…

« Celui que Dieu a envoyé », Jésus Christ, « proclame les Paroles de Dieu car il donne l’Esprit sans mesure » (Jn 3,34), « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63). Ce bon parfum de la Vie, qui est tout en même temps Plénitude, Paix et Joie profonde, voilà ce que Ste Thérèse de Lisieux expérimentait lorsqu’elle ouvrait son petit livre des Evangiles… Et là était tout son Bonheur… Et lorsqu’elle évoque ce Bonheur en termes de Lumière et de « parfum de la vie », notons toutes les allusions et citations qu’elle fait des Evangiles, et notamment de l’Evangile selon St Luc. Elles prouvent à quel point elle se nourrissait de la Parole de Dieu et de l’Esprit qui se joint toujours à elle… Puissions-nous aujourd’hui, nous aussi, faire de même…

« Puisque Jésus est remonté au Ciel (Lc 24,50-51 ; Mc 16,19) », écrit-elle, « je ne puis le suivre qu’aux traces qu’Il a laissées, mais que ces traces sont lumineuses, qu’elles sont embaumées ! Je n’ai qu’à jeter les yeux dans le Saint Evangile, aussitôt je respire les parfums de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir… Ce n’est pas à la première place, mais à la dernière que je m’élance (Lc 14,7-11) ; au lieu de m’avancer avec le pharisien, je répète, remplie de confiance, l’humble prière du publicain (Lc 18,9‑14) ; mais surtout j’imite la conduite de Madeleine, son étonnante ou plutôt son amoureuse audace qui charme le Cœur de Jésus (Lc 7,36-50), séduit le mien. Oui je le sens, quand même j’aurais sur la conscience tous les péchés qui se peuvent commettre, j’irais, le cœur brisé de repentir, me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien Il chérit l’enfant prodigue qui revient à Lui (Lc 15,11-32) »[iii].

Jésus, au cœur de son cœur…

Dès sa plus tendre enfance, Ste Thérèse avait ouvert son cœur à Dieu. Elle le priait, elle le cherchait, elle voulait lui faire plaisir en accomplissant le mieux possible sa volonté. Bref, elle vivait avec Lui un cœur à cœur où « elle pressentait » le bonheur et la plénitude de Vie que Dieu désire offrir à tous les hommes : « Toutes les grandes vérités de la religion, les mystères de l’éternité, plongeaient mon âme dans un bonheur qui n’était pas de la terre… Je pressentais déjà ce que Dieu réserve à ceux qui l’aiment (non pas avec l’œil de l’homme mais avec celui du cœur) » (cf. 1Co 2)…

« Je comprends et je sais par expérience « Que le royaume de Dieu est au-dedans de nous » (Lc 17,21). Jésus n’a point besoin de livres ni de docteurs pour instruire les âmes ; Lui, le Docteur des docteurs, il enseigne sans bruit de paroles… Jamais je ne l’ai entendu parler, mais je sens qu’Il est en moi, à chaque instant, Il me guide et m’inspire ce que je dois dire ou faire. Je découvre juste au moment où j’en ai besoin des lumières que je n’avais pas encore vues, ce n’est pas le plus souvent pendant mes oraisons qu’elles sont le plus abondantes, c’est plutôt au milieu des occupations de ma journée »…

La vie de Thérèse, à la lumière de la Parole de Dieu…

Ste Thérèse avait bien du mal à trouver les mots justes pour exprimer ce qu’elle pressentait en son cœur. A sa sœur aînée Marie, devenue au Carmel Sr Marie du Sacré Cœur, elle écrit en 1896 : « O ma Sœur chérie ! vous voudriez entendre les secrets que Jésus confie à votre petite fille, ces secrets Il vous les confie… Je vais essayer de balbutier quelques mots, bien que je sente qu’il est impossible à la parole humaine de redire des choses que le cœur humain peut à peine pressentir »… Oui, « je sens mon impuissance à redire avec des paroles terrestres les secrets du Ciel et puis, après avoir tracé des pages et des pages, je trouverais n’avoir pas encore commencé »…

Et ailleurs, elle écrit : « La vie est bien mystérieuse. Nous ne savons rien, nous ne voyons rien, et pourtant, Jésus a déjà découvert à nos âmes ce que l’œil de l’homme n’a pas vu. Oui, notre cœur pressent ce que le cœur ne saurait comprendre, puisque parfois nous sommes sans pensée pour exprimer un « je ne sais quoi » que nous sentons dans notre âme ».

Alors, comment faire pour exprimer ce qui échappe au pouvoir des mots ? La Parole de Dieu va venir à son secours car cette Parole correspond parfaitement à ce que Dieu fait dans sa vie. En lisant certaines phrases, elle ne peut que dire : « Oui ! C’est çà ! » Aussi va-t-elle puiser abondamment dans les Livres Saints pour exprimer ce qu’elle vivait : Ah ! Si je pouvais exprimer ce que je comprends… « mais hélas ! je n’ai que des bégaiements enfantins à vous faire entendre… Si les paroles mêmes de Jésus ne me servaient pas d’appui, je serais tentée de vous demander grâce et de laisser la plume… Mais non, il faut que je continue par obéissance ce que j’ai commencé par obéissance »[iv]

« A moi Il a donné sa Miséricorde infinie »…

Dans l’Evangile selon St Jean, on peut lire (3,16-17) :

« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils Unique,

afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle.

(17) Car Dieu n’a pas envoyé le Fils dans le monde pour juger le monde,

mais pour que le monde soit sauvé par Lui ».

Et de fait Jésus dira (Jn 10,10) :

« Je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait en surabondance »…

Ste Thérèse va chanter cette Vie qu’elle sait recevoir gratuitement de la Miséricorde de Dieu, et elle la chantera comme des centaines d’années avant elle le psalmiste lui aussi la chantait :

O ma Mère chérie ! après tant de grâces ne puis-je pas chanter avec le psalmiste : « Que le Seigneur est BON, que sa MISÉRICORDE est éternelle. »[v] Il me semble que si toutes les créatures avaient les mêmes grâces que moi, le Bon Dieu ne serait craint de personne, mais aimé jusqu’à la folie, et que par amour, et non pas en tremblant, jamais aucune âme ne consentirait à Lui faire de la peine… A moi Il a donné sa Miséricorde infinie c’est à travers elle que je contemple et adore les autres perfections Divines!… Alors toutes m’apparaissent rayonnantes d’amour, la Justice même (et peut-être encore plus que toute autre) me semble revêtue d’amour… Quelle douce joie de penser que le Bon Dieu est juste, c’est-à-dire qu’Il tient compte de nos faiblesses, qu’Il connaît parfaitement la fragilité de notre nature. De quoi donc aurais-je peur ? Ah ! le Dieu infiniment juste qui daigna pardonner avec tant de bonté toutes les fautes de l’enfant prodigue (Lc 15,11-32), ne doit-Il pas être juste aussi envers moi qui « suis toujours avec Lui » ? »

Ste Thérèse a donc découvert combien « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16), un Amour qui ne désire qu’une chose : se donner pour combler ses créatures et les conduire ainsi à la Plénitude du bonheur et de la Vie. Oui, elle en est sûre, « Il ne désire que notre bonheur »[vi]. Alors, « votre Amour méprisé va-t-il rester en votre cœur ? » N’y aura-t-il personne pour l’accueillir ? Pourtant, « il me semble que vous seriez heureux de ne point comprimer les flots d’infinies tendresses qui sont en vous »…

« Ma Mère chérie, vous qui m’avez permis de m’offrir ainsi au Bon Dieu, vous savez les fleuves ou plutôt les océans de grâces qui sont venus inonder mon âme… Ah ! depuis cet heureux jour, il me semble que l’Amour me pénètre et m’environne, il me semble qu’à chaque instant cet Amour Miséricordieux me renouvelle, purifie mon âme et n’y laisse aucune trace de péché »[vii]

Toute sa vie Ste Thérèse ne cessera de s’appuyer sur cet Amour absolument inébranlable de Dieu. Rien ne peut l’empêcher de nous aimer. Forte de cette certitude, elle ne se découragera jamais de ses faiblesses, de ses imperfections. Bien au contraire, elle les offrira à Celui qui est venu appeler non pas les justes mais les pécheurs (Mt 9,10‑12), et elle laissera le Dieu Sauveur la réconcilier et l’unir à Lui dans sa Miséricorde infinie…

« Oui je le sens, quand même j’aurais sur la conscience tous les péchés qui se peuvent commettre, j’irais, le cœur brisé de repentir, me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien Il chérit l’enfant prodigue qui revient à Lui (Lc 15,20-24) »[viii].

« O Jésus ! laisse-moi dans l’excès de ma reconnaissance, laisse-moi te dire que ton amour va jusqu’à la folie… Comment veux-tu devant cette Folie, que mon cœur ne s’élance pas vers toi ? Comment ma confiance aurait-elle des bornes ? »…

« O Jésus ! je sens que si par impossible tu trouvais une âme plus faible, plus petite que la mienne, tu te plairais à la combler de faveurs plus grandes encore, si elle s’abandonnait avec une entière confiance à ta miséricorde infinie. Mais pourquoi désirer communiquer tes secrets d’amour, ô Jésus, n’est-ce pas toi seul qui me les a enseignés et ne peux-tu pas les révéler à d’autres ?… Oui, je le sais, et je te conjure de le faire »…

Mais ce Dieu qui nous aime a soif de notre amour : « Voilà tout ce que Jésus réclame de nous ; il n’a pas besoin de nos œuvres, mais seulement de notre amour »… Lorsque Jésus demandait un peu d’eau à la Samaritaine, « il avait soif… Mais en disant : « Donne moi à boire » (Jn 4,6-13), c’était l’amour de sa pauvre créature que le Créateur de l’univers réclamait. Il avait soif d’amour… Ah ! je le sens plus que jamais Jésus est altéré », mais hélas ! il trouve peu de cœurs qui se livrent à lui sans réserve, qui comprennent toute la tendresse de son Amour infini »[ix].

La petite voie

« Se livrer à Jésus sans réserve ». Voilà le secret de Ste Thérèse. Elle reprend d’ailleurs cette attitude de cœur dans ce qu’il est coutume d’appeler « la petite voie », mais elle l’exprime cette fois-ci en fixant son regard sur Dieu le Père  :

« Jésus se plaît à me montrer l’unique chemin qui conduit à cette fournaise Divine, ce chemin c’est l’abandon du petit enfant qui s’endort sans crainte dans les bras de son Père » (cf. Ps 127(126),2)[x]

Tout repose donc sur cette certitude que Dieu est Père, un Père dont « la tendresse de son Amour infini » peut être comparée à une vraie « fournaise »…

Après avoir donné le principe de sa petite voie, Ste Thérèse va abondamment citer la Parole de Dieu pour asseoir en elle le fondement de notre confiance :

« « Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi » (Pr 9,4) a dit l’Esprit Saint par la bouche de Salomon et ce même Esprit d’Amour a dit encore que « La miséricorde est accordée aux petits. » (Sg 6,7). En son nom, le prophète Isaïe nous révèle qu’au dernier jour « Le Seigneur conduira son troupeau dans les pâturages, qu’il rassemblera les petits agneaux et les pressera sur son sein » (Is 40,11), et comme si toutes ces promesses ne suffisaient pas, le même prophète dont le regard inspiré plongeait déjà dans les profondeurs éternelles, s’écrie au nom du Seigneur : « Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous caresserai sur mes genoux » (Is 66,12-13). O Marraine chérie ! après un pareil langage, il n’y a plus qu’à se taire, à pleurer de reconnaissance et d’amour… Ah! si toutes les âmes faibles et imparfaites sentaient ce que sent la plus petite de toutes les âmes, l’âme de votre petite Thérèse, pas une seule ne désespérerait d’arriver au sommet de la montagne de l’Amour, puisque Jésus ne demande pas de grandes actions, mais seulement l’abandon et la reconnaissance»[xi].

Elle ne recommandera pas autre chose à l’Abbé Bellière dans une de ses lettres : « Quand je serai au port, je vous enseignerai, cher petit Frère de mon âme, comment vous devez naviguer sur la mer orageuse du monde : avec l’abandon et l’amour d’un enfant qui sait que son Père le chérit et ne saurait le laisser seul à l’heure du danger… la voie de la confiance simple et amoureuse est bien faite pour vous »[xii].

Et les tout derniers mots de son œuvre maîtresse, « Histoire d’une Ame » sont : « je m’élève à Lui par la confiance et l’amour »[xiii].

L’ascenseur pour s’élever jusqu’à Jésus

« Se livrer à Jésus sans réserve », tout lui donner, le bien comme le mal, s’abandonner totalement entre ses mains, se laisser aimer, se laisser prendre, telle est à nouveau l’attitude de cœur que Ste Thérèse exprime avec une image qui correspond à notre monde moderne, celle de l’ascenseur…

Ste Thérèse a le désir d’être sainte… Mais lorsqu’elle se compare aux Saints dont on raconte la vie et les actions héroïques, elle se sent incapable de les imiter. Et pourtant, elle aussi, elle veut aller au ciel…« Au lieu de me décourager, je me suis dit : le Bon Dieu ne saurait inspirer des désirs irréalisables, je puis donc malgré ma petitesse aspirer à la sainteté ; me grandir, c’est impossible, je dois me supporter telle que je suis avec toutes mes imperfections, mais je veux chercher le moyen d’aller au Ciel par une petite voie bien droite, bien courte, une petite voie toute nouvelle. Nous sommes dans un siècle d’inventions, maintenant ce n’est plus la peine de gravir les marches d’un escalier », les ascenseurs les remplacent avantageusement. « Moi je voudrais aussi trouver un ascenseur pour m’élever jusqu’à Jésus, car je suis trop petite pour monter le rude escalier de la perfection ».

Pour trouver cet ascenseur, elle va aussitôt se mettre à chercher dans la Parole de Dieu : « Alors j’ai recherché dans les livres saints l’indication de l’ascenseur, objet de mon désir, et j’ai lu ces mots sortis de la bouche de la Sagesse éternelle : « Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi » (Pr 9,4). Alors je suis venue, devinant que j’avais trouvé ce que je cherchais et voulant savoir, ô mon Dieu ! ce que vous feriez au tout petit qui répondrait à votre appel, j’ai continué mes recherches et voici ce que j’ai trouvé : « Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous balancerai sur mes genoux ! » (Is 66,12-13). Ah ! jamais paroles plus tendres, plus mélodieuses, ne sont venues réjouir mon âme. L’ascenseur qui doit m’élever jusqu’au Ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ! Pour cela je n’ai pas besoin de grandir, au contraire il faut que je reste petite, que je le devienne de plus en plus »[xiv].

Demandons à Ste Thérèse de marcher à sa suite et de nous abandonner nous aussi de tout cœur entre les mains de Jésus… Offrons au Seigneur toute notre vie, le bien comme le mal. A l’exemple de St Paul, laissons-nous « saisir » (Ph 3,12) par le Christ et il réalisera ce qui est impossible à nos seules forces humaines (Mt 19,25-26) : « Lorsque je serai allé, à nouveau je viendrai et je vous prendrai près de moi afin que là où Je Suis, vous aussi vous soyez »… Alors, pour nous tous, ce sera : « Rendez-vous au ciel ! ».

                                                                                                                     D. Jacques Fournier

Notes

[i] Ste THÉRÈSE, Histoire d’une Ame (Editions du Cerf 1995) p. 176.

[ii] GAUCHER Guy, dans l’introduction à La Bible avec Ste Thérèse de Lisieux (Editions du Cerf et Desclée de Brouwer, 1997) p. 20-21.

[iii] Ste THÉRÈSE, Histoire d’une Ame p. 257.

[iv] Ste THÉRÈSE, Histoire d’une Ame p. 230.

[v] Psaume 118 (117),1.

[vi] Ste THÉRÈSE, Histoire d’une Ame p. 114 et p. 178, elle écrit : « Je sais que Jésus ne peut désirer pour nous de souffrances inutiles ».

[vii] Id p. 177.

[viii] Ste THÉRÈSE, Histoire d’une Ame p. 257.

[ix] Ste THÉRÈSE, Histoire d’une Ame p. 187.

[x] Id p. 186.

[xi] Ste THÉRÈSE, Histoire d’une Ame p. 186.

[xii] Id p. 265.

[xiii] Id p. 257.

[xiv] Ste THÉRÈSE, Histoire d’une Ame p. 206.

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Ste Thérèse de Lisieux, le Pape François et la Vierge Marie

                                                                                       (Noéline Fournier)

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Le père Marie-Joseph Lagrange (+1938) et sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face (+1897) par Fr. Manuel Rivero O.P

Le père Marie-Joseph Lagrange (+1938) et sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face (+1897)

Fr. Manuel Rivero O.P., président de l’association des amis du père Lagrange

Dans son Journal spirituel1, le père Lagrange cite à deux reprises sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. La première fois, le 30 septembre 1924, alors que Thérèse vient d’être béatifiée par le pape Pie XI l’année précédente, pour lui confier une intention de prière : « Bienheureuse Thérèse de l’Enfant-Jésus, je vous recommande instamment cette bonne Madame Cauvin… Vous voulez passer votre ciel à faire du bien : assistez cette pauvre femme, si abandonnée… ».
L’année suivante, le 16 octobre 1925, Thérèse a été canonisée peu avant par le même pape Pie XI, le père Lagrange écrit : « Lu la vie de sainte Thérèse de Lisieux par elle-même. Première impression étrange. Elle parle tant d’elle, de ses goûts, des signes qu’elle a demandés et obtenus, de sa sainteté… avec tant de fleurettes, de jouets. On se sent si loin de saint Augustin ou de sainte Thérèse d’Avila… Mais le sens de tout cela est ama et fac quod vis. Dans l’immense clarté d’amour divin où elle vivait, elle se voyait si peu de chose qu’elle pouvait parler d’elle sans le moindre amour-propre. Admirable leçon qu’elle donne plus que tout autre saint, avec un abandon d’enfant gâtée… ».
Il faudrait évoquer aussi les commentaires du frère dominicain Ceslas Lavergne à la synopse des quatre évangiles qui date de 1927, dont la traduction du grec relève du père Lagrange. Les trois premiers évangiles, Matthieu, Marc et Luc, sont appelés synoptiques car leurs ressemblances facilitent leur présentation en colonnes parallèles qu’il est possible de regarder « d’un coup d’oeil », ensemble. Le père Lagrange avait composé une synopse en langue grecque2 des trois évangiles synoptiques plus celui de saint Jean. Son disciple et ami, le père C. Lavergne3 a publié la traduction française de la synopse grecque des quatre évangiles du père Lagrange en reprenant les traductions et certains commentaires des quatre évangiles du fondateur de l’École biblique de Jérusalem.

La synopse du père Lagrange a été la première à placer saint Luc suivi de saint Marc et de saint Matthieu, en raison de la valeur historique de saint Luc et de sa juste chronologie.
Dans l’avertissement qui ouvre son ouvrage, le père C. Lavergne explique la méthode utilisée : « Enfin, mon cher maître, m’ayant encouragé à appuyer discrètement sur la note de piété, j’ai eu recours à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Dans un temps où l’Évangile n’occupe pas la place qui lui est due dans les lectures et les méditations des chrétiens, n’est-il pas admirable que cette chère petite sainte, qui paraît si uniquement envahie du pur amour de Dieu, se soit si visiblement complue à cette divine lecture. C’est elle-même qui nous l’a dit : ‘ Puisque Jésus est remonté au ciel, je ne puis le suivre qu’aux traces qu’il a laissées. Ah ! Que ces traces sont lumineuses ! Qu’elles sont divinement embaumées ! Je n’ai qu’à jeter les yeux sur le saint Évangile : aussitôt je respire le parfum de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir4’ . ‘Et elle ajoutait : ‘C’est par-dessus tout l’Évangile qui m’entretient pendant mes oraisons ; là je puise tout ce qui est nécessaire à ma pauvre petite âme. J’y découvre toujours de nouvelles lumières, des sens cachés et mystérieux’.5 »
C’est ainsi que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qui ne disposait pas d’une synopse évangélique copiait dans sa cellule du carmel de Lisieux les passages concordants des évangiles et de la Bible remarquant les ressemblances et les divergences des traductions. Elle aurait aimé pouvoir étudier le grec et l’hébreu pour lire les Écritures dans leur langue originale.


Au terme et sommet de sa vie, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus avait écrit : « Pour moi, je ne trouve plus rien dans les livres, si ce n’est dans l’Évangile. Ce livre-là me suffit ».
Qu’il est beau de retrouver la même expérience mystique fondée sur la révélation évangélique chez le père Lagrange, bibliste, et chez la carmélite, docteur de l’Église.
Le père Ceslas Lavergne enrichit la présentation de l’Ascension de Jésus au Ciel en citant sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus : « C’est toi, qui remontant vers l’inaccessible lumière, restes caché dans notre vallée de larmes sousl’apparence d’une blanche hostie, et cela pour me nourrir de ta propre substance, Ô Jésus ! laisse-moi te dire que ton amour va jusqu’à la folie … ». Le cardinal Joseph Ratzinger, le 21 septembre 1993, dans le document issu de la Commission biblique pontificale sur l’Interprétation de la Bible dans l’Église, avant de devenir pape en 2005, a mis en valeur l’apport des exégètes à l’interprétation de la Bible. Il a cité le père Lagrange : « Bien que leurs travaux n’aient pas toujours obtenu les encouragements qu’on leur donne maintenant, les exégètes qui mettent leur savoir au service de l’Église se trouvent situés dans une riche tradition, qui s’étend depuis les premiers siècles, avec Origène et Jérôme, jusqu’aux temps plus récents, avec le Père Lagrange et d’autres, et se prolonge jusqu’à nos jours. En particulier, la recherche du sens littéral de l’Écriture, sur lequel on insiste tant désormais, requiert les efforts conjugués de ceux qui ont des compétences en matière de langues anciennes, d’histoire et de culture, de critique textuelle et d’analyse des formes littéraires, et qui savent utiliser les méthodes de la critique scientifique. En plus de cette attention au texte dans son contexte historique originel, l’Église compte sur des exégètes animés par le même Esprit qui a inspiré l’Écriture, pour assurer « qu’un aussi grand nombre que possible de serviteurs de la Parole de Dieu soient en mesure de procurer effectivement au peuple de Dieu l’aliment des Écritures » (Divino Afflante Spiritu, 24 ; 53-55 ; EB 551,567 ; Dei Verbum. 23 ; Paul VI, Sedula Cura 19711). Un sujet de satisfaction est fourni à notre époque, par le nombre croissant de femmes exégètes qui apportent, plus d’une fois, dans l’interprétation de l’Écriture, des vues pénétrantes nouvelles et remettent en lumière des aspects qui étaient tombés dans l’oubli. » Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus n’a pas été une exégète professionnelle et scientifique. Néanmoins elle a apporté à l’interprétation des évangiles son expérience de Dieu nourrie de la méditation de la Bible. Le pape Benoît XVI dans l’Exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini, publiée en 2010, a mis en lumière la contribution des saints à l’interprétation de l’Écriture. Il n’a pas hésité à souligner le rôle de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, « qui découvre l’Amour comme sa vocation personnelle en scrutant les Écritures, en particulier les chapitres 12 et 13 de la première Lettre aux Corinthiens ; c’est la même sainte qui décrit la fascination qu’exercent les Écritures : ‘ Je n’ai qu’à jeter les yeux sur le saint Évangile, aussitôt je respire les parfums de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir (Histoire d’une âme, Ms C, f.35 verso)’ . » (n° 48).

Saint-Denis (La Réunion), le 8 septembre 2021, en la fête de la Nativité de la Vierge Marie.

1 Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, Paris, Cerf, 2014.

2 Synopsis Evangelica. Textum graecum quattuor Evangeliorum recensuit et juxta ordinem chronologicum Lucae praesertim et Iohannis concinnavit. R.P. Maria-Josephus Lagrange, O.P., sociatis curis R.P. Ceslas Laverge, ejusdem ordinis. 1 volume in-4°, Paris. Gabalda.

3 Synopse des quatre évangiles en français d’après la synopse grecque du R.P. M.-J. Lagrange O.P. par le R.P. C. Lavergne, O.P. Trente-huitième mille. Paris. Librairie Lecoffre. J. Gabalda et Cie, Éditeurs. Rue Bonaparte. 90. 1942.

4 Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Histoire d’une âme, écrite par elle-même, ch. XI.

5 Ibidem, chapitre VIII.

6 Saint Thérèse de ‘Enfant Jésus. Novissima verba, 15 mai 1897.




Neuvaine 2021 à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face (+30 septembre 1897) par Fr. Manuel Rivero O.P

Neuvaine 2021 à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face (+30 septembre 1897) 

Fr. Manuel Rivero O.P. assistant religieux de la Fraternité apostolique Jésus miséricordieux


Premier jour

« Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre. Après ma mort, je ferai tomber une pluie de roses. » (sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus)
Partie vers le Seigneur, sainte Thérèse ne disparaît pas. Son intercession auprès du seul Sauveur Jésus-Christ, nous attire une pluie de grâces symbolisées par les pétales des roses. Le chrétien, disciple de Jésus, ne peut pas dire « c’est fini » ou « c’est trop tard ». Dans la lumière du Christ ressuscité, ce n’est jamais fini et ce n’est jamais trop tard.

Demandons au Seigneur par l’intercession de sainte Thérèse la grâce de l’espérance.

Deuxième jour

« J’allais derrière mon lit dans un espace vide qui s’y trouvait et qu’il m’était facile de fermer avec le rideau … et, là, je pensais. Je comprends maintenant que je faisais oraison sans le savoir et que déjà le bon Dieu m’instruisait en secret. » ; « Quelquefois j’essayais de pêcher avec ma petite ligne, mais je préférais aller m’asseoir seule sur l’herbe fleurie : alors, mes pensées étaient bien profondes et, sans savoir ce que c’était de méditer, mon âme se plongeait dans une réelle oraison. (…) La terre me semblait un lieu d’exil, et je rêvais le Ciel. » (sainte Thérèse)
L’oraison est le coeur à coeur avec Dieu. En silence, nous écoutons Dieu qui parle à notre âme. L’oraison est un mot d’origine latine qui veut dire « bouche ». Faire oraison équivaut à partager le souffle de Dieu, le bouche à bouche avec Dieu où nous recevons l’Esprit Saint. Véritable conversation avec Dieu, la prière représente une promenade avec Dieu dans le Paradis.
Demandons au Seigneur par l’intercession de sainte Thérèse la grâce de l’oraison qui nous unit à Dieu.


Troisième jour

« Jésus a mis devant mes yeux le livre de la nature et j’ai compris que toutes les fleurs qu’Il a créées sont belles, que l’éclat de la rose et la blancheur du lys n’enlèvent pas le parfum de la petite violette ou la simplicité ravissante de la pâquerette … J’ai compris que si toutes les petites fleurs voulaient être des roses, la nature perdrait sa parure printanière, les champs ne seraient plus émaillés de fleurettes … Ainsi en est-il dans le monde des âmes qui est le jardin de Jésus. » (Sainte Thérèse)
« Chacun va à Dieu par un chemin virginal », a écrit le poète espagnol Léon Felipe (+1968). Dieu aime l’unité mais pas l’uniformité.
Demandons au Seigneur par l’intercession de sainte Thérèse la grâce de respecter et d’apprécier l’altérité, la différence des personnalités et des chemins pour arriver à Dieu.

Quatrième jour

« En sortant du confessionnal, j’étais si contente et si légère que jamais je n’avais senti autant de joie dans mon âme. Depuis je retournai me confesser à toutes les grandes fêtes et c’était une vraie fête pour moi à chaque fois que j’y allais. » (Première confession de sainte Thérèse à sept ans)
Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse la grâce de vivre le sacrement de la réconciliation.

Cinquième jour

Femme de miséricorde, sainte Thérèse intercède pour Pranzini, condamné à mort et exécuté le 31 août 1887. Juste avant sa mort, Pranzini saisit le crucifix présenté par l’aumônier. Thérèse y vit le fruit de sa prière. Elle appela ce condamné « son premier enfant ». Enfant de sa maternité spirituelle.
Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse, la grâce de la miséricorde et de la prière pour les pécheurs.

Sixième jour

Elle avait déclaré au chanoine Delatroëtte qui lui demandait « Pourquoi êtes-vous venue au Carmel ? » : « Je suis venue pour sauver les âmes et surtout afin de prier pour les prêtres ».
Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse, la grâce de vivre la miséricorde envers les prêtres et de prier pour eux.

Septième jour

En apprenant que son père est hospitalisé en psychiatrie, sainte Thérèse s’est exclamée : « Notre grande richesse ». Elle sait que cette maladie terrible demandera à la famille de s’unir davantage au Christ dans sa Passion. Il leur faudra davantage d’amour. Mais le Seigneur ne laisse pas les malades sans sa grâce.
Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse, de discerner la présence du Christ Jésus dans les malades et de leur témoigner de notre foi et de notre solidarité dans la souffrance.

Huitième jour

Poème envoyé par sainte Thérèse à l’abbé Roulland parti missionnaire en Chine :
« Vivre d’amour, ce n’est pas sur la terre
Fixer sa tente au sommet du Thabor.
Avec Jésus, c’est gravir le Calvaire,
C’est regarder la Croix comme un trésor !
Au Ciel, je dois vivre de jouissance
Alors l’épreuve aura fui pour toujours
Mais exilée je veux dans la souffrance
Vivre d’amour. »
« À lui de traverser la terre,
De prêcher le nom de Jésus.
À moi, dans l’ombre et le mystère,
De pratiquer d’humbles vertus.
La souffrance, je la réclame,
J’aime et je désire la Croix …
Pour aider à sauver une âme
Je voudrais mourir mille fois. »
Poème envoyé le 16 juillet 1896, en la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel.

Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse, copatronne des missions avec saint François-Xavier, la grâce de devenir disciples-missionnaires de Jésus ressuscité.

Neuvième jour

Malade, Thérèse, à l’infirmerie, chante les miséricordes du Seigneur à son égard. Elle avoue à mère Agnès : « Dites bien, ma Mère, que si j’avais commis tous les crimes possibles, j’aurais toujours la même confiance : je sens que toute cette multitude d’offenses serait comme une goutte d’eau jetée dans un brasier ardent. »
Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse, la grâce d’une bonne mort dans la foi en sa miséricorde.

Saint-Denis/La Réunion, le 7 septembre 2021.




Le sacrement de l’Ordre

Au sein de l´Église catholique, le service de la communauté est assuré plus particulièrement par les évêques, les prêtres et les diacres, que l’on appelle “ministres ordonnés”.

Leur mission dans l´Église leur est confiée, au nom de Jésus Christ, par le sacrement de l´ordre, généralement appelé « ordination ».

Le sacrement de l´ordre se caractérise par l´imposition des mains et la prière de consécration prévue. Le sacrement est conféré une fois pour toutes.

Le ministre ordonné manifeste à tous que c´est le Christ qui appelle, rassemble et envoie sur les chemins du monde.

Le sacrement de l’ordre comporte trois degrés :

  • l’épiscopat pour les prêtres appelés par le pape à devenir successeurs des apôtres auprès d’une Eglise particulière

  • le presbytérat pour les diacres appelés par leur évêque à devenir prêtre par l’ordination sacerdotale, collaborateurs des évêques ; ils sont envoyés au service d’une partie du peuple de Dieu (paroisse…)

  • le diaconat pour les hommes appelés par leur évêque à servir l’Eglise diocésaine à l’image du Christ Serviteur

LE DIACONAT PERMANENT

Les diacres

Par leur ordination, les diacres signifient et rappellent à tout le peuple de Dieu, que l’Église ne doit cesser de manifester la charité du Christ pour tout homme. En particulier les plus pauvres, ceux qui sont à la marge.

Ils sont au sein de l’Église, et pour le monde, le signe du Christ serviteur « lui qui s’est anéanti en prenant la condition de serviteur et devenant semblable aux hommes » (Ph 2,7). Le geste du lavement des pieds (Jn 13) est le signe par excellence du Dieu qui vient à la rencontre de l’homme par un chemin bouleversant, celui du service.

Les diacres permanents

Dès les premiers temps de l’Église, les Apôtres choisissent « sept hommes remplis de l’Esprit-Saint » pour le partage des tâches et pour une plus grande attention aux besoins de la communauté (Actes des Apôtres, 6). Ils étaient les précurseurs[…]

L’ORDINATION DES PRÊTRES

Les prêtres sont ordonnés par l´évêque de leur diocèse.

Ils sont co-responsables de l´Église locale : le prêtre est défini comme coopérateur, collaborateur de l´évêque. Il est “envoyé” (un don fait) à une communauté, il n´en est pas le délégué.

Ses missions peuvent s´exercer dans des cadres très divers. Mais, quelle que soit la charge que le prêtre a reçu (une ou plusieurs paroisses, une aumônerie; …), sa présence consiste toujours à éveiller chacun au Christ, à sa parole libératrice.

L’ordination des prêtres

Le 29 juin, l’Église fête saint Pierre et saint Paul. Différents et complémentaires, l’un et l’autre nous rappellent que l’Église est fondée sur les apôtres. C’est aux alentours de cette date que la majorité des ordinations de nouveaux[…]

 

L’ORDINATION ÉPISCOPALE

Les évêques

Le mot “évêque” vient du grec episcopos, qui désigne la mission de veiller sur la communauté, de la protéger, pour que celle-ci se comporte le plus justement possible en véritable peuple de Dieu.

Les évêques reçoivent, comme les Apôtres, la plénitude du sacrement de l’Ordre. Ils sont garants de l´annonce de la foi et de l’Évangile dans leur diocèse. Ils sont responsables quant à l’administration des sacrements, avec toutes les questions pastorales que cela soulève aujourd’hui. Enfin, les évêques exercent une responsabilité de gouvernement – appelée aussi “charge pastorale”, au nom du Christ, envers “la portion du peuple de Dieu –diocèse– qui lui est confiée”.




Le sacrement du Mariage

Un orgue, des alliances, une église et des souvenirs plein la tête…vous êtes prêts à franchir le pas d’un mariage à l’Église sans trop savoir par quoi commencer ni ce que comporte cet engagement à L’Église. Voici quelques points de repères :

« AIMER C’EST TOUT DONNER ET SE DONNER SOI-MÊME »

Aimer et être aimer sans condition et pour toujours correspond à un désir profond, ancré dans notre cœur, dans le cœur de l’humanité. C’est aussi le grand désir porté par l’Église pour le mariage : s’aimer sans réserve totalement, fidèlement…Cela correspond à la façon dont Dieu aime. N’est-ce pas le plus beau cadeau que l’on puisse faire à l’être aimé ? La liturgie du mariage précise : « Je te reçois et je me donne à toi pour t’aimer fidèlement tout au long de notre vie. » Le mariage porte une décision, celle d’entretenir cet amour comme un véritable trésor. Un trésor qui se vit sur terre mais qui prend ses racines en Dieu qui est LA SOURCE de l’amour.

LE MARIAGE DEVANT DIEU EST CE QUE L’ON APPELLE UN SACREMENT

C’est un engagement envers l’autre mais aussi devant Dieu, avec Dieu. Dieu nous aime et ne cessera de nous aimer quel que soit notre vie, nos épreuves. Le sacrement échangé devant Dieu ne peut être repris, il est une force qui porte, qui alimente toute une vie. Il est scellé, il nous fortifie, nous éclaire, nous marque à jamais.

 

QUELS SONT LES POINTS IMPORTANTS POUR QU’UN MARIAGE SOIT VALIDE POUR L’ÉGLISE CATHOLIQUE ?

Il existe quatre points importants pour s’engager dans le mariage chrétien. Quatre points que l’on nomme souvent des « piliers du mariage » :

  • La liberté, c’est-à-dire s’engager librement et sans contrainte.

  • L’indissolubilité, c’est-à-dire l’engagement l’un envers l’autre et pour la vie entière.

  • La fertilité : avoir le désir de fonder un foyer, d’accueillir des enfants.

  • La fidélité l’un envers l’autre pour toujours.




Le sacrements des Malades

LE SACREMENT DES MALADES : donner espérance à ceux qui souffrent

Comme tout sacrement, l’onction des malades n’a de valeur que dans une perspective de foi, c’est le Christ qui vient à la rencontre de quelqu’un. Le malade s’unit à Jésus Christ pour, comme lui et avec lui, avoir la force de vivre la souffrance et de supporter sa maladie. Le malade prend conscience qu’il est toujours un témoin de la foi, même dans l’état de maladie. Le malade devient un messager d’espérance au milieu des autres malades et des bien portants, car il est le signe prophétique que la vie ne va pas au néant, mais débouche sur la vie éternelle par la victoire du Christ sur la mort.

Jésus s’est fait proche des malades d’une manière gratuite et désintéressée. Les premiers chrétiens également : « Si l’un de vous est malade, qu’il fasse appeler les anciens de la communauté qui prieront pour lui en pratiquant une onction d’huile au nom du Seigneur. Leurs prières, inspirées par la foi, sauveront le malade, le Seigneur le relèvera et, s’il a commis des péchés, ils lui seront pardonnés ». (Lettre de saint Jacques 5, 14-15).

COMMENT RECEVOIR  LE SACREMENT DES MALADES ?

Le malade ou la personne âgée peut recevoir le sacrement des malades de deux façons :

  • soit au cours d’une célébration communautaire, lors d’un pèlerinage ou dans sa paroisse

  • soit seul, entouré de sa famille et de ses amis, chez lui ou à l’hôpital.

Le chrétien reçoit le sacrement des malades par une imposition des mains, en silence, puis par l’onction d’huile sur le front et à l’intérieur des mains accompagnée d’une prière.

Lorsque l’onction est donnée à plusieurs malades, elle se déroule de préférence au cours d’une messe. Comme tout sacrement, l’onction des malades est une rencontre du chrétien avec Dieu. Et cette rencontre va transformer la malade, va changer son cœur, même s’il ne guérit pas dans son corps. Jésus, dit dans l’Evangile : « Venez à moi vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai. Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger ». (Mt 11, 28-30)

 

LE SACREMENT DES MALADES, MÊME S’IL NE SUPPRIME PAS LA SOUFFRANCE, APPORTE :

  • le réconfort, la paix et le courage de supporter les souffrances de la maladie ou de la vieillesse,

  • la force et le don de s’unir aux souffrances de Jésus,

  • le pardon des péchés.

A QUI ?

  • A ceux qui ont à vivre une maladie un peu longue et lourde à porter (quel que soit l’âge…).

  • A ceux qui sentent leurs forces décliner et qui voudrait accepter leur vieillesse comme une étape importante, à vivre dans la confiance.

  • A ceux qui pensent que la foi au Christ peut donner un sens nouveau à leur vie, marquée par la maladie et la souffrance…

  • A ceux qui pensent que le Seigneur les aime, et qui acceptent de se tournée vers Lui dans l’épreuve…

QUAND ?

Au moment où s’installe une maladie qui s’annonce longue, grave, pénible à supporter, à la suite d’un accident ou quand arrive le grand âge, au moment où ces situations deviennent des épreuves difficiles à vivre. Ce sacrement peut être redemandé si l’état de santé s’aggrave, mais il n’est pas un sacrement à recevoir périodiquement.

POURQUOI ?

Par ce sacrement, Jésus-Christ rejoint le malade pour l’aider à LUTTER contre le mal, pour l’aider à VIVRE son état de souffrance.
Jésus-Christ veut lui donner la FORCE de Le rencontrer et de rencontrer les autres (malades, bien-portants). .. la FORCE de cheminer et de progresser dans la foi ;

…la FORCE de s’unir à Jésus pour « sauver le monde », en union avec les efforts de tous les humains de notre temps qui combattent le mal ;

…la FORCE d’être témoin de la foi, un messager d’espérance au milieu des autres malades, et même auprès des bien-portants.

Appelé autrefois « Extrême Onction » car presque exclusivement donné à l’article de la mort, il faut rappeler que l’onction des malades est un sacrement pour les vivants afin de les soutenir dans l’épreuve de la maladie ou de la souffrance. C’est le sacrement de la grâce offerte pour être en paix, garder son courage, lutter contre le mal et continuer à vivre sa foi.

Gestes et symboles

La célébration du sacrement des malades peut avoir lieu dans des cadres très variés : au cours de célébrations communautaires plus ou moins larges, en famille à la maison, dans la solitude d’une chambre d’hôpital, etc…

Elle inclue toujours un temps pénitentiel (demande de pardon à Dieu) suivi d’un temps d’écoute de la Parole de Dieu, avant les deux signes du sacrement proprement dit.

Le premier geste est une imposition des mains, en silence. Lorsque le prêtre étend les mains sur le malade, il refait le geste par lequel Jésus, puis les apôtres, invoquaient la venue de l’Esprit Saint. C’est un geste de prière. Le second geste est une onction d’huile sur le front et dans la paume des mains, accompagnée de la formule : « Par cette onction sainte, que le Seigneur en sa grande bonté vous réconforte par la grâce de l’Esprit Saint. Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu’il vous sauve et vous relève. »

L’huile est un riche symbole biblique : elle est signe de joie, d’abondance, de force et de purification. Elle rappelle l’onction que se faisaient les lutteurs, dans l’Antiquité, avant le combat. Elle est porteuse de guérison, de santé et de beauté. On emploie quand c’est possible pour le sacrement des malades une huile spécialement bénie par l’évêque à cet effet.