1

5ième Dimanche de Pâques (Jn 15, 1-8) – par Francis COUSIN

« Demeurez en moi … comme je demeure en vous. »

 

Très souvent, on a l’impression que Dieu est un Dieu lointain, là-haut, … dans le ciel, … dans un univers inaccessible …

Et Jésus aussi, lui qui s’est fait homme, non pas loin dans l’espace … mais dans le temps : deux mille ans, ça fait beaucoup …

Mais ce n’est rien par rapport à l’origine de la vie !

Et Jésus nous dit qu’il demeure en chacun de ses apôtres … en chacun de ses disciples !

Bien sûr, si c’est Jésus qui le dit, en tant que catholique, on va le croire … mais quand même, on a quelque fois quelques doutes … souvent, (ou plutôt tout le temps), inspirés par le Malin, le Démon !

Mais cela, on ne s’en rend compte …

C’est aussi ce que pensait Saint Augustin dans sa recherche de Dieu : « Tard je t’ai aimée, Beauté si ancienne et si nouvelle, tard je t’ai aimée ! mais quoi ! Tu étais au-dedans de moi et j’étais, moi, en dehors de moi-même ! Et c’est au dehors que je te cherchais ; je me ruais dans ma laideur sur la grâce de tes créatures. Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi … » (Les confessions, 10,27).

Et la dernière phrase de saint Augustin est une phrase que nous pouvons sans doute reprendre à notre compte, … tout au moins pour certains jours de notre vie …

Et pourtant nous savons que Jésus est toujours avec nous … il nous l’a dit : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28,20).

Mais, dans le texte de l’évangile de ce jour, Jésus ne dit pas « Je suis avec vous », mais « Je demeure en vous. », ce qui est encore plus fort.

Jésus est vraiment présent en nous, tout le temps, depuis avant notre naissance : « C’est toi qui m’as tiré du ventre du ma mère … dès le ventre de ma mère, tu es mon Dieu » (Ps 21,10-11), jusqu’à notre rencontre avec lui à la fin des temps …

Jésus est fidèle, il est toujours en nous, avec tout ce qu’il est, avec son amour … avec son Père (puisque les deux sont Un), … avec le Saint Esprit …

 Et surtout il demeure en nous par sa Parole qui nous a été transmise par les évangélistes et les auteurs du nouveau testament …

Tout cela, nous l’avons appris par nos parents, les catéchistes, par les prêtres que nous avons rencontrés, par l’exemple de telle ou telle personnes, par nos lectures …

Pour nous qui sommes catholiques, cela semble normal …

Mais Jésus demeure aussi en ceux qui ne sont pas de notre religion … ou qui n’en ont pas … et même en ceux refusent toute religion ou qui les combattent …

Jésus est présent en eux !

On a vu tout à l’heure l’exemple de saint Augustin … on a aussi l’exemple de saint Paul, en arrivant à Damas : « Mais le Seigneur dit à Ananie : « Va ! car cet homme est l’instrument que j’ai choisi pour faire parvenir mon nom auprès des nations, des rois et des fils d’Israël. » (Ac 9,15).

Jésus demeure en tout le monde, et il peut changer le cœur des gens même les plus hostiles à son enseignement.

Jésus demeure en tous … mais attention : il y a la première partie de la phrase : « Demeurez-en moi. ».

Et cette partie-là concerne chacun de nous : c’est nous qui devons demeurer en Jésus … et c’est important pour nous car : « De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. », et plus loin il ajoute : « car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. », du moins, rien de productif pour le Royaume des cieux : il se dessèche, et on le brûle.

Il y a un autre passage dans l’évangile de Jean qui utilise les mêmes mots : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. » (Jn 6, 56).

Et cela pose une autre question, non pas scolaire, mais existentielle : Quand je communie à la messe, est-ce que je suis conscient que cela veut dire que ’’je demeure en Jésus, et lui demeure en moi’’ ? Qu’il m’apporte son amour … pas seulement pour un instant … mais pour toujours ?

Est-ce que je suis vraiment digne de le recevoir ?

Seigneur,

être chez toi comme chez moi.

Trouver en toi ma véritable demeure,

être enfin là où je me sentirai le mieux.

Tu as pour nom « Hospitalité », Ô Seigneur !

Tu m’offres d’habiter en toi

comme l’enfant se tient dans le ventre

ou dans les bras de sa mère.

Tu me dis qu’il n’y a pas d’autre domicile sûr pour moi

en dehors de ton Amour.

Habiter l’Amour !

Telle est ta proposition,

                                                               Telle est ton offre.                                           

                                                                                              Christian Delorme

 

                                                                                  Francis Cousin

 

 

Cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder à l’image illustrée : Image Pâques 5° B

 




5ième Dimanche de Pâques – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 15, 1-8)

 « Je Suis la vigne, et vous les sarments » 

(Jn 15, 1-8)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron.
Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage.
Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite.
Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.
Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent.
Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous.
Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. »

         « Nous avons contemplé sa gloire », dit St Jean de Jésus, « gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité » (Jn 1,14). Or, « si la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ » (Jn 1,18). Toute la mission de Jésus consiste donc à nous inviter à recevoir ce dont il est rempli, ce qu’il tient de son Père de toute éternité en tant que « Fils unique », « engendré non pas créé »… « Père, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée pour qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jn 17,22)…

            Au moment de son baptême par Jean-Baptiste, « le ciel se déchira et l’Esprit descendit sur lui comme une colombe. Et une voix partit du ciel : « Tu es mon Fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré » » (Lc 3,21-22). Avec Jésus, cet « aujourd’hui » a valeur d’éternité. Il est en effet ce « Fils unique » que le Père engendre à sa vie « avant tous les siècles » en se donnant totalement à Lui par amour, en lui donnant tout ce qu’il a (Jn 16,15 ; 17,10), tout ce qu’il est, et il « Est Esprit » (Jn 4,24). Jésus est ainsi « rempli d’Esprit Saint » (Lc 4,1) par le Père, et cela depuis toujours et pour toujours, un Don par lequel il est engendré en Fils. Et toute la mission de Jésus consiste à nous proposer de recevoir ce dont il est rempli : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22).

            « Comme le Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même » (Jn 5,26). Engendré par le Père qui lui donne la vie, sa vie, et cela de toute éternité, Jésus « vit par le Père » (Jn 6,57). Et toute sa mission consiste à nous aider à recevoir ce dont il est rempli : « Je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait en surabondance » (Jn 10,10). Mais nous, nous sommes pécheurs, blessés, notre cœur est compliqué et malade (cf Jr 17,9 ; Mc 7,21), il n’est pas toujours tourné vers le Père, comme l’est celui du Fils (cf. Jn 1,18). Mais « ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades ; je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs, pour qu’ils se convertissent » (Lc 5,31-32). Et cet appel, il ne cesse de le lancer à tout homme, partant à sa recherche comme s’il était le seul à s’être perdu, et cela « jusqu’à ce qu’il le retrouve » (Lc 15,1-7), jusqu’à ce qu’enfin, il se laisse retrouver en acceptant d’être aimé (cf. Ap 3,20). Et comme « revenir » à Dieu est encore au-delà de ses forces, c’est à nouveau Lui qui va se proposer de le ramener à la Maison du Père en le mettant sur ses épaules. Et c’est une joie pour Lui (cf. So 3,16-18) !

            « Dieu, fais-nous revenir, fais luire ta face et nous serons sauvés » (Ps 80,4). Oui, « aux païens aussi », à tout homme, « Dieu a donné la repentance », de pouvoir se repentir, une « repentance qui conduit à la vie » (Ac 11,18). Oui, « c’était Dieu qui dans le Christ se réconciliait le monde, ne tenant plus compte des fautes des hommes, et mettant en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc en ambassade pour le Christ ; c’est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2Co 5,19-20).

            Alors, grâce à Lui, le sarment peut de nouveau être rattaché à la vigne, et recevoir d’elle la sève de la paix et de la vie qui lui permettra de porter beaucoup de fruit… Et cela en s’abandonnant tout simplement à l’Amour, envers et contre tout, et en le laissant accomplir inlassablement, dans nos cœurs et dans nos vies, son œuvre de réconciliation et de Vie !

                                                                                                                                              DJF




5ième Dimanche de Pâques (Jn 15, 1-8)- Homélie du Père Louis DATTIN

 

La vigne et les sarments

Jn 15, 1-8

La vigne, c’était en Israël, une image traditionnelle, le symbole du « peuple de Dieu« . Quand Dieu parle de sa vigne : tout Juif comprenait et traduisait « mon peuple« . Les prophètes Osée, Isaïe, Jérémie, Ezéchiel adoptent tous l’image de la vigne « Domaine et lieu de travail de Dieu parmi les hommes ».

Sur le fronton du temple de Jérusalem reconstruit par Hérode, au temps de Jésus, l’entrée du sanctuaire était précisément surmontée d’une superbe vigne d’or, symbole du « Peuple de l’Alliance« . Aussi n’est-il pas étonnant que Jésus ait recours à ce thème biblique pour annoncer, aux foules le Royaume de Dieu :

  1. la parabole des ouvriers envoyés à la vigne à différentes heures du jour, jusqu’à la 11e heure ;

  2. la parabole des deux fils à qui il est demandé d’aller à la vigne : l’un dit « oui » et n’y va pas, l’autre dit « non » et il y va tout de même ;

  3. et surtout cette belle parabole des vignerons homicides où le Père, après avoir envoyé ses serviteurs, les prophètes mis à mort les uns après les autres, y dépêche son propre fils qui y subit le même sort. Après s’être présenté comme la « vraie lumière« , la « vraie nourriture« , dimanche dernier, le « vrai berger« , Jésus déclare aujourd’hui : « Je suis la vraie vigne », c’est-à-dire le fondateur du « nouveau peuple de Dieu« , le véritable Israël qui devient l’Eglise= « nouveau peuple de Dieu » en marche vers le Royaume par opposition à l’Ancien Israël qui n’a pas su répondre à l’attente divine.

Jésus, au passage, rappelle l’initiative du Père : « Mon Père est le vigneron ». C’est lui, le créateur de cette vigne. C’est lui qui l’a plantée. C’est le Fils qui en est le cep, le tronc. Nous, nous sommes les sarments c’est-à-dire cette tige nouvelle qui, chaque année, réapparaît à Pâques pour éclore ses feuilles et ses grappes. La description de l’activité du vigneron se fait en 2 étapes :

– il y a d’abord le travail d’hiver : à cette saison, on coupe tous les sarments qui ne peuvent pas porter de fruits afin qu’ils n’épuisent pas inutilement le cep ;

– puis, 2e opération, au printemps : quand la vigne a poussé, on ôte encore toutes les petites branches inutiles.

« Tout sarment qui donne du fruit, mon Père le nettoie pour qu’il en donne davantage ».

Nous sommes, nous, ces sarments, ces petites branches, unis au cep et cette greffe à la vie du Christ est le point central sur lequel le Christ insiste tout au long de cette parabole. Nous devons, comme il le dit, « demeurer en lui ». Ce mot revient neuf fois en ces quelques lignes. « Etre uni à lui », participer à sa vie, condition « sine qua non » de toute vie chrétienne, telle est la situation indispensable pour les disciples chrétiens sarments car « en dehors de moi, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire ».

« Demeurer en lui » : c’est être uni à lui par des liens d’amour et de vie et, par lui, le Fils, être introduit dans l’intimité du Père.

« Demeurez en moi, comme moi en vous ».

Le sarment tout seul, séparé ou coupé, ne peut pas donner du fruit par lui-même. Il ne peut plus vivre s’il n’est pas branché sur la vigne : « Je suis la vigne. Vous êtes les sarments ».

Branchés sur le Christ, vous pouvez vivre ; débranchés, c’est la mort à court terme. « Tout sarment qui n’est pas branché sur moi, mon Père l’enlève car il se dessèche ; une fois sec, on le coupe, on le jette, on le ramasse puis jeté au feu, il brûle ». Ainsi arrive-t-il à celui qui veut vivre par lui-même, coupé de Dieu, coupé des autres. L’égoïste, l’orgueilleux qui ne veut dépendre de personne, celui-là, se dessèche vite, il n’en a pas pour longtemps à vivre autonome : la vie n’arrive plus et ce n’est pas avec sa petite vie à lui qu’il pourra survivre, à plus forte raison : faire éclore fleurs et fruits.

Il aurait fallu pour cela qu’il soit relié à la source de la vie. S’il se coupe, c’est l’arrêt de mort, en arrêtant la vie. Que diriez-vous à la rivière qui veut se couper de la source ? A la couleur qui renonce à la lumière ? A la lampe qui renonce au courant ? A la voiture qui renonce au carburant ? Tous, ils perdent leur raison d’être et ne sont plus bon à rien, sans vie, inutilisables et nous en avons vu, autour de nous, de ces personnes, à la fois coupées de Dieu, et coupées des autres, qui, par repli sur soi, suffisance, égoïsme et orgueil, croyant se suffire par elles-mêmes, sont des morts vivants, des morts en sursis.

Pour eux, la vie terrestre, au lieu d’être un printemps en attente de fleurs et de fruits, ne sont qu’un automne mortifié qui annonce un hiver d’où toute vie va se retirer.

« Appelés à la vie » ou « condamnés à mort » ? Tout dépend de notre adhésion, de notre branchement sur Jésus qui a dit : “Je suis la vie”. “Je suis le cep”. “Je suis la lumière”. “Je suis la voie”. Se couper de la vraie vigne, s’écarter de Jésus, c’est se vouer à la mort. « Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu et ils brûlent ».

Mais, par contre, si elle est réelle, si elle est authentique, cette adhésion au Christ se traduira par des comportements concrets : de foi, de prière, de charité, de dévouement, d’oubli de soi. Elle se vérifiera aux fruits produits : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruits ». Mais, même celui-là, doit subir l’épreuve de la taille : un test de solidité et la garantie de sa fécondité. « Tout sarment qui donne du fruit, mon Père le nettoie pour qu’il en donne davantage ».

 Un chrétien fidèle n’est pas à l’abri de l’épreuve, à l’abri du sécateur. Il doit faire plus, il peut faire plus, ses fruits doivent être plus beaux encore et c’est l’ambition de Dieu pour nous : que notre épanouissement soit maximum, notre réussite totale et c’est une loi de la vie, tout comme une exigence spirituelle, “que l’on a rien sans mal”, qu’il faut souffrir pour être belle, travailler pour réussir, se donner de la peine pour arriver à un résultat.

Il en est même de notre vie chrétienne. On ne peut pas vivre en chrétien dans la facilité, dans l’euphorie continuelle ou dans l’optimisme béat. Au temps de la Résurrection, dans cette joie, nous nous souvenons par où est passé le Christ pour en arriver là : le chemin du disciple n’est pas différent de celui du maître.

 « Celui qui veut venir à ma suite, qu’il prenne sa croix et se mette en marche » et si nous rencontrons des épreuves (et qui n’en a jamais eu ?), si notre vie chrétienne rencontre des résistances, cette résistance même incite la foi à plus de pureté, donc à plus de vigueur.

Chrétiens, notre foi n’est pas facile à vivre ! Nous sommes en crise, mais cette épreuve est l’occasion pour chacun, et pour nous tous, d’un printemps, d’une Eglise qui portera du fruit parce qu’elle a su rester fidèle à Jésus, la vraie vigne. AMEN




4ième Dimanche de Pâques (Jn 10, 11-18) – par Francis COUSIN

  « Le Bon Pasteur. »

 

Jésus ne dit pas : « Je suis un bon pasteur » mais, « Je suis le bon pasteur ».

Cela veut dire qu’il est le seul à pouvoir être qualifié ainsi : il est le pasteur par excellence.

La figure du pasteur est courante dans l’ancien testament, normal pour un peuple qui a été longtemps nomade, et qui se déplaçait avec ses troupeaux, et qui garde cette figure de celui qui mène sa famille, sa maison, son peuple … et ce ne s’est pas toujours bien passé.

C’est surtout Ézéchiel qui en parle : « Car ainsi parle le Seigneur Dieu : Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis, et je veillerai sur elles. (…) C’est moi qui ferai paître mon troupeau, et c’est moi qui le ferai reposer, – oracle du Seigneur Dieu. » (Ez 34,11.15). Dieu reprend la main sur le troupeau des fils d’Israël.

Mais un peu plus loin, il ajoute : « Je susciterai à leur tête un seul berger ; lui les fera paître : ce sera mon serviteur David. Lui les fera paître, il sera leur berger. » (Ez 34,23), et comme Jésus est fils de David, …

Mais c’est aussi une manière d’affirmer à tous ceux qui écoutent Jésus qu’il est celui qui représente Dieu, qu’il est Dieu lui-même, et son envoyé.

Trois points :

1°) La proximité avec les brebis, avec comme point principal le fait que les brebis sont à lui, contrairement aux ouvriers qui sont payés par les propriétaires pour garder leur troupeau.

De ce fait, il y a une accointance entre les brebis et lui : « Je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent… et il les appelle chacune par leur nom. ».

Dans le langage de la bible, ça veut dire qu’il les aime. L’amour de Dieu est toujours présent pour nous.

Quand j’avais dix ans et que l’allais à la ferme voisine, j’étais toujours surpris par le fermier qui appelait chacune de ses vaches par un prénom féminin. Un jour je lui demandais comment il faisait pour les reconnaître, moi je ne voyais que des taches noires sur leur robe blanche ; il me dit : les taches ne sont pas toutes les mêmes, à force on les connaît, et puis il y a leur caractère, celle-là est vicieuse, il faut s’en méfier, celle-là se laisse toujours faire, celle-là, il faut toujours l’aborder par devant, qu’elle nous voit, sinon on risque des ruades, celle-là, il faut lui parler, la caresser …

L’importance de se connaître. Mieux, de s’aimer. Et pour Dieu, ce n’est pas un problème : « Car je t’ai gravée sur les paumes de mes mains. » (Is 49,16)

2°) « Je donne ma vie pour mes brebis. »

À l’époque, sans doute personne n’a bien compris de que Jésus voulait dire …

Nous, nous comprenons, avec la Passion, la mort et la résurrection de Jésus …

Mais le verbe est au présent de l’indicatif, et non pas au futur …

Cela veut donc dire que Jésus ne cesse pas de donner sa vie pour ses brebis.

Et donc à chaque messe, chaque jour, partout dans le monde, Jésus renouvelle le don de sa vie pour nous, pour ceux qui assistent à la messe … mais aussi pour tous ceux qui ne se sentent pas concernés, pour diverses raisons, parce qu’ils ne le connaissent pas, par indifférence, ou par refus …

Et pour ces derniers aussi, Jésus se fait leur pasteur : « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. ».

Et c’est là où Jésus a besoin de nous.

Parce qu’il n’est plus sur terre pour mener à bien cette mission, même s’il est toujours présent avec nous …

3°) Prier pour les vocations … pour qu’il y ait toujours des personnes qui puissent prendre le relais et devenir à leur tour pasteurs d’une partie du troupeau des chrétiens.

Bien sûr, on pense en premier aux prêtres … mais dans l’évangile, ce n’est pas tout à fait ce qui est écrit : « Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. »

Jésus parle d’envoyer des ouvriers pour la moisson … et ne parle pas de prêtres (un terme qui ne prendra son sens que plus tard …

Bien sûr il faut des prêtres, c’est nécessaire, pour pouvoir célébrer la messe et administrer les sacrements … mais les ouvriers de la moisson, c’est plus large que cela : cela concerne les moines, les religieuses, les frères, les diacres, les catéchistes, tous les ouvriers de la pastorale … et tous les parents dont c’est la mission d’éduquer leurs enfants dans la religion catholique …

Prions pour qu’il y ait de nouveaux ouvriers … mais n’oublions pas de prier pour ceux qui sont déjà engagés, pour qu’ils restent fidèles à leur engagement.

Ô Père,

fais se lever parmi les chrétiens

de nombreuses et saintes vocations

qui maintiennent la foi vivante

et gardent une mémoire pleine de gratitude

de ton Fils Jésus.

Renforcent ceux qui sont déjà engagés.

Permet que de nombreux jeunes

suivent le chemin de leurs ainé(es)

par la prédication de sa Parole

et pour certains par

 l’administration des Sacrements,

par lesquels tu renouvelles

continuellement tes fidèles.

 

                                                                                  Francis Cousin

 

 

 

Cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder à l’image illustrée : Image Pâques 4° B

 




4ième Dimanche de Pâques – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 10, 11-18)

 « Jésus est le Bon Pasteur de l’Humanité tout entière « 

(Jn 10, 11-18)

En ce temps-là, Jésus déclara : « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis.
Le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse.
Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui.
Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis.
J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur.
Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau.
Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. »

« Tout fut par Lui, et sans Lui, rien ne fut » (Jn 1,3). « Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toute chose, et tout subsiste en lui » (Col 1,16-17). Jésus, le Fils, est ainsi « la Lumière véritable qui éclaire tout homme » (Jn 1,9). Il est donc proche de tout homme, il vit en « alliance éternelle » avec « toute chair » (Gn 9), et cela, depuis que le monde existe. Et comme « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16), et qu’Il n’est qu’Amour, il ne cesse de rechercher le bien de « tous les hommes qu’il aime » (Lc 2,14), et cela gratuitement, par Amour. « Tu aimes en effet tout ce qui existe, et tu n’as de dégoût pour rien de ce que tu as fait ; car si tu avais haï quelque chose, tu ne l’aurais pas formé » (Sg 11,24).

            Les hommes ne vivent pas une relation de cœur avec Lui, se privant du même coup de cette Plénitude de Vie qu’il voulait leur communiquer dans une relation d’amour librement consentie ? Le Père va envoyer son Fils dans le monde, avec une seule Parole à leur transmettre de sa part : « Revenez ! Car le Père lui-même vous aime » (Jr 3,22 ; Mc 1,15 ; Mt 4,17 ; Jn 16,27)… « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime » (Lc 2,14).

            Or aimer, c’est vouloir le bien profond de celui, de celle qu’on aime… Tel est le désir de Dieu pour chacun de ses enfants, pour tout homme ici-bas… « Tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t’aime » (Is 43,4). Et « aimer » pour Dieu, c’est « rassasier de biens », combler de biens, pour le seul bien de l’être aimé : « Il te couronne d’amour et de tendresse », dit le Psalmiste, « il rassasie de biens ton existence » (Ps 103(102),4). Or le mot « bien » employé ici peut aussi prendre le sens de « beau », de « bon », de « bonheur »… Ainsi Dieu, qui Est « le Bon », « le Bien » par excellence, et la source de tout « bien », ne cesse-t-il de proposer à l’homme ce qui est « bien » pour lui, ce qui est « bon », et si ces « biens » sont effectivement accueillis, ils ne pourront que lui apporter le vrai « Bonheur », car Dieu nous a tous créés pour cela : nous partager sa Plénitude !

            « Je suis le Bon Pasteur » nous dit ici Jésus. Il « se soucie de ses brebis », c’est-à-dire de tout homme, quel qu’il soit, et il continue à faire en son humanité ce que Dieu ne cesse de faire de toute éternité : se donner par amour, se donner lui-même, donner sa vie pour ses créatures, cette vie qu’il reçoit du Père de toute éternité, et cela pour leur seul bien, pour les combler, gratuitement, par amour. « Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis », et il le fera jusqu’au don ultime de la Croix, pour le salut et la vie de tous…        DJF




4ième Dimanche de Pâques (Jn 10, 11-18) – Homélie du Père Louis DATTIN

Le bon pasteur

Jn 10, 11-18

Des candidats pour devenir des « Bons pasteurs » ou des dirigeants dans la société, il y en a ! Il y en a même beaucoup, beaucoup trop !

Et le plus souvent, ces pasteurs-là nous ont menés à la catastrophe.

Des faux pasteurs, il y en a eu dans l’histoire ! Alexandre, César, Tamerlan, Hitler, Staline et plus près de nous : Ben Laden, Kadhafi, Pol-Pot, Mao-Tsé-Toung, Saddam Hussein.

– Ceux du monde politique : je n’ai pas besoin de vous les citer, nous les entendons tous les soirs pérorer sur le petit écran, qu’ils soient de droite ou de gauche.

 

– Ceux du monde philosophique ne manquent pas non plus depuis Marx, Voltaire, Spinoza, Sartre, Kant, Hegel, Freud et tutti quanti.

– Ceux du monde religieux, ils foisonnent aussi : Mohamet, Bouddha, Luther et plus près de nous : l’Ayatollah Khomeiny, le Révérend Moon, Juliano Verbard et ce foisonnement de sectes qui essaient de détourner le troupeau des hommes vers leur doctrine pour les mener « Dieu sait où ? »

Parmi tous ces hommes, dont beaucoup étaient sincères, combien, en présentant leur programme d’action, pour guider l’humanité dans sa marche, ont bâti leur programme sur l’amour ? Pas seulement un amour en général, mais sur l’amour qu’il avait pour chacun, amour qui va aller jusqu’à donner sa vie pour lui. Ne cherchez pas, n’allez pas consulter une encyclopédie : il n’y en a qu’un. Il s’agit de celui qui a osé dire : « Je suis le Bon pasteur ».

Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît et que je connais le père et je donne ma vie pour mes brebis », et il l’a fait ! Il a effectivement donné sa vie pour la nôtre et plus encore, en donnant sa vie, il sauve la nôtre et nous communique la sienne.

Oui, vous pouvez passer en revue tous les grands hommes de la terre, tous les héros de l’humanité :

 

  • aucun n’a donné sa vie pour vous,

  • aucun ne vous a aimé personnellement,

  • aucun n’a pu vous transmettre sa vie,

  • aucun ne vous a sauvé,

  • aucun n’est capable de conduire à la fois vos parents et vos enfants, sur la route qui mène vers le Père qui est aussi son Père.

Jésus est passé, il y a vingt siècles, dans une grande démarche de lumière et il nous a montré définitivement le chemin vers l’unité humaine et le bercail du Père et il est toujours là, au cœur du monde, l’énergie de l’avenir ! Jésus invitait les siens à ne pas s’enfermer et il se présente toujours, après tous les rois d’Israël et tous les meneurs d’hommes comme le vrai Berger :

  • le seul Berger,

  • le seul qui nous a vraiment sauvés en donnant sa vie pour nous,

  • le seul qui nous connaît et nous aime personnellement,

  • le seul qui ne divise pas l’humanité entre les méchants et les bons, mais qui désire qu’elle soit rassemblée en un seul troupeau dans une même bergerie…

Je me demande si les chrétiens d’aujourd’hui ne sont pas trop souvent aveugles ou peureux :

aveugles parce qu’ils sont tellement habitués, accoutumés à ce message incroyable de l’Evangile qu’ils ne savent plus voir les merveilles de Dieu.

peureux parce qu’ils ne savent plus s’en réjouir et les publier. On a voulu, à juste titre, éviter une foi utilitaire… et, à mon neveu qui me demandait, comme beaucoup de jeunes en recherche : « La foi, à quoi ça sert ? ». Je fus tenté de dire : « Elle ne sert à rien, mais elle change tout ». Avec elle, on ne voit plus comme avant, tout est transformé. Et en fin de compte, je lui ai répondu : « La foi, c’est comme l’amour, elle sert, oui, elle sert à rendre heureux et ce n’est pas rien ! »

« Heureux » : grâce à Jésus Vivant, avec nous, en nous, qui nous aime, qui nous protège, qui nous conduit, lui, notre Vrai Berger, qui nous connaît mieux que nous ne nous connaissons, nous-mêmes, qui nous aime, mieux que nous ne pouvons-nous aimer nous-mêmes et ce n’est pas peu dire !

Jésus, qui, par sa Résurrection, sera toujours plus fort que notre péché, qui nous propose une nouvelle route d’humanité : celle qui va vers Dieu car elle vient de Dieu, la route généreuse, d’aimer et qui nous montre au loin l’humanité enfin réussie, enfin réunie !

Le terminus du voyage semble bien loin ! Mais, Jésus, le Vrai Berger, marche devant et il nous montre la direction.

La caractéristique qui fait la différence entre un vrai pasteur et un faux prophète, c’est : la gratuité de l’amour, un amour tel qu’il est capable de livrer une vie au profit d’une autre. Un faux prophète, un faux berger fait cela pour de l’argent ou pour le pouvoir ou par orgueil : conduire le troupeau pour la joie de l’autorité ou du commandement, désir de profit ou d’être en tête… tandis que le vrai pasteur, lui, est un serviteur, capable de tout par amour et sans autre motif que celui-là.

Il avait bien compris cela, le 1er pape qui signait au bas de ses lettres :

« Le serviteur des serviteurs », un amour qui n’engage pas seulement son honneur, son zèle au service des autres, sa responsabilité dans la tâche entreprise, mais qui va bien plus loin : donner sa vie pour défendre son troupeau, le protéger, le garder de tout danger :

. vie donnée d’un père Kolbe, mort à la place d’un autre au camp de concentration d’Auschwitz

. vie donnée par Mgr Oscar Romero, assassiné le 24 mars 1980 alors qu’il achevait sa messe

. vie donnée par la sœur Alice et sa compagne : deux religieuses françaises portées « disparues » en Argentine

. vie donnée par le père André Jarlon atteint par une balle, dans sa chambre alors qu’il méditait le psaume « De profundis » (ps 129)

. vie donnée par le père Popieluszko, vicaire à la paroisse St-Stanislas de Varsovie, enlevé le 27 octobre 1984, découvert le 30 dans la Vistule, défiguré, torturé. Assassinés aussi les neufs moines trappistes de Tibhirine égorgés en Algérie.

Oui, l’Evangile est une force qui dérange. Jésus a dérangé : on l’a tué ; les apôtres ont dérangé : ils sont tous morts martyrs, sauf un et je viens de vous le rappeler : ça continue aujourd’hui comme hier et pourtant, nous rappelle St-Pierre, dans la 1ère lecture : « En dehors de lui, il n’y a pas de salut ». Le nom de Jésus annoncé aux hommes est le seul qui puisse nous sauver.

Voilà pourquoi, à notre tour, quel que soient les risques encourus, nous devons devenir « bons pasteurs » pour les autres. Les chrétiens deviennent les « Bergers de l’Humanité » : ils doivent devenir les guides de toutes ces brebis dont le Seigneur avait pitié car elles erraient sans pasteur.

Mais n’oublions pas que cela entraîne de donner sa vie, de connaître les autres, de vous faire connaître d’eux et de rassembler au nom du Christ : le Vrai Berger. AMEN




Jésus de Nazareth, de la nativité au Golgotha par Yannick LEROY

JÉSUS DE NAZARETH

DE LA NATIVITÉ AU GOLGOTHA

CONFÉRENCE

par Yannick Leroy

(intervenant auprès du SEDIFOP et historien des origines du Christianisme)

MAISON DIOCÉSAINE (ÉVÉCHÉ)

 Samedi 27 avril

de 14h à 17h – Entrée Libre

 

 

Pour visualiser l’affiche cliquer ici : CONFERENCE JESUS DE NAZARETH YANNICK LEROY




3ième Dimanche de Pâques (Lc 24, 25-48) – par Francis COUSIN

« Reconnaître Jésus. »

 

Nous sommes toujours le « premier jour de la semaine », notre dimanche, le jour de la résurrection de Jésus, mais cette fois-ci, dans l’évangile selon saint Luc, le seul qui relate l’apparition de Jésus à ceux que l’on appelle les ’’pèlerins d’Emmaüs’’. Ceux-ci étaient en train de raconter aux autres disciples comment ils avaient reconnu Jésus à la fraction du pain lorsque Jésus se fait présent au milieu d’eux.

Après leur intervention, on aurait pu penser que les disciples auraient été sensibilisés à la possibilité de la résurrection de Jésus !

Et bien non ! C’est comme s’ils n’avaient rien dit !

Quand fût là, comme à son habitude, il les salue : « La paix soit avec vous. ».

Mais personne ne le reconnut ! 

Pas même les deux disciples d’Emmaüs qui pourtant venait de le reconnaître deux heures avant, et qui venaient justement annoncer la nouvelle aux autres disciples …

Non seulement ils ne le reconnaissent pas … mais ils croient voir un fantôme … et se mettent à paniquer …

Jésus est obligé de les calmer. « Pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? »

Il leur montre ses mains et ses pieds, avec la marque des clous, leur demande de le toucher, pour qu’ils puissent vérifier qu’il n’est pas un esprit, qu’il a bien un corps …

« Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. »

Alors Jésus leur propose de manger quelque chose devant eux : s’il est un esprit, la nourriture ne pourra pas disparaître, et tombera au sol.

Il prit donc une part de poisson grillé qu’il mangea devant eux.

Alors il leur redit ce qu’il avait dit de lui avant qu’il ne soit crucifié … les annonces de la Passion …

Et il refit pour tous ceux qui étaient là le même enseignement qu’il avait fait aux deux disciples d’Emmaüs à leur retour chez eux.

Et il termine son enseignement par un envoi en mission : afin « que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. »

Comment se fait-il que personne n’ait reconnu Jésus ?

Cela ne faisait pourtant que trois jours qu’ils le ne l’avaient pas vu !

Y avait-il une espèce de voile qui entourait Jésus, et qui le rendait méconnaissable ?

Un voile qui empêcherait de reconnaître Jésus … ou qui le ferait reconnaître à tort ?

Il semble qu’on soit plus dans le domaine de la subjectivité … La peur de le reconnaître … à tort ou à raison …

Il fallait quelque chose d’autre qui leur permette de le reconnaître à coup sûr … et cela ne peut être que l’amour.

Non pas l’amour des uns et des autres vis-à-vis de Jésus, ce dont nous ne pouvons pas douter pour ceux qui sont présent ce soir-là …Mais l’amour dont ces personnes se sentent aimés par Jésus …

Et c’est aussi valable pour nous : Si on est sûr et certain que Dieu nous aime, … si on est en confiance totale avec lui, alors on le reconnaîtra, là où il est, même et surtout là où on ne l’attend pas …

Cela ne veut pas dire que cela marchera du premier coup, comme saint Jean : « Il vit, et il crût. » (Jn 20,8) …

Cela peut prendre du temps, voire à postériori, comme les disciples d’Emmaüs : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » (Lc 24,32).

Seigneur Jésus,

Parfois on se demande pourquoi

 les disciples ne t’ont pas reconnu

après ta résurrection …

Mais nous …

nous ne sommes pas meilleurs

quand nous ne te reconnaissons pas

dans le pauvre qui a faim,

dans celui qui est seul, abandonné …

prends pitié de nous, Seigneur.

Jésus, j’ai confiance en toi !

 

                                                                                  Francis Cousin

 

 

 

 

Cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder à l’image illustrée : Image Pâques 3° B

 




3ième Dimanche de Pâques – par le Diacre Jacques FOURNIER (Luc 24, 36-48)

 « Les Apôtres, témoins du Ressuscité

pour le salut de tous »

(Lc 24,36-48)

En ce temps-là, les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.
Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit.
Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ?
Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. »
Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds.
Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? »
Ils lui présentèrent une part de poisson grillé
qu’il prit et mangea devant eux.
Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. »
Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures.
Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour,
et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem.
À vous d’en être les témoins. »

 

           Le Christ Ressuscité apparaît ici à ses disciples et leur dit, une fois de plus : « La paix soit avec vous ! » Dans le langage de la Bible, le mot « paix » est synonyme de « plénitude » et il renvoie ici à la Plénitude même de Dieu. « En Lui », le Christ, « habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité, et vous vous trouvez, en lui, associés à sa Plénitude » (Col 2,9). En effet, si « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), « il vous a fait le don de son Esprit Saint » (1Th 4,8). « Cherchez donc dans l’Esprit votre Plénitude » (Ep 5,18) ! Et elle sera avant tout « paix » au plus profond du cœur : « Que la paix du Christ règne donc dans vos cœurs : tel est bien le terme de l’appel qui vous a rassemblés en un même Corps » (Col 3,15). Cette Paix, synonyme de silence intérieur et de repos, est le premier critère de l’action du Ressuscité en nos vies : tout ce que fait « le Dieu de la Paix » par son Fils « doux et humble de cœur » (Rm 15,13 ; Mt 11,29) se réalise très concrètement dans la douceur et dans la paix : « Le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix, douceur » (Ga 5,22-23)…

            Mais les disciples, ici, sont « frappés de stupeur et de crainte », une réaction qui ne va pas durer et que le Christ va apaiser ! En le voyant, « ils croyaient voir un esprit », « l’esprit » d’un mort, et ils ont peur, bien sûr, de ce monde des morts, source inépuisable de tant de superstitions… Mais non, Jésus n’est pas un mort venu les chercher pour les entraîner dans la mort… Il est le Vivant venu leur offrir la Plénitude de sa Vie, de sa Paix et de sa Joie par le Don de l’Esprit Saint (Jn 14,27 ; 15,11). Et les disciples commencent à l’accueillir : « Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire »…

            Alors, pour bien les convaincre qu’il est « le Premier-Né d’entre les morts », le même et pourtant « le tout autre » dans sa chair glorifiée, il va les inviter à le toucher : « Voyez mes mains et mes pieds », ils ont encore les marques de la Passion, signes de sa victoire sur la mort. « Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os, et vous constatez que j’en ai. » Et il mangera devant eux « un morceau de poisson grillé »…

            Une fois apaisés, il pourra leur expliquer le sens de sa mort et de sa résurrection annoncées depuis bien longtemps par les prophètes. Par amour, il a voulu « porter lui‑même nos fautes dans son corps » (1P 2,21-25) : il a vécu ce que vivent les plus grands pécheurs, pour que nous tous, pécheurs, nous puissions vivre ce que Lui vit de toute éternité : cette Plénitude de Vie, de Lumière et de Paix et qu’il reçoit du Père avant tous les siècles. C’est pourquoi il enverra ses Apôtres en « témoins » de sa Miséricorde et du Pardon des péchés donné en surabondance à quiconque se repent de tout cœur !

D. Jacques Fournier




Rencontre autour de l’Évangile (Lc 24, 35-48) – 3ième Dimanche de Pâques

 » C’est vrai ! Le Seigneur est ressuscité ! « 

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Luc 24, 13-35)

Luc est le seul évangéliste à nous rapporter cette rencontre des deux disciples avec Jésus Ressuscité sur le chemin qui va de Jérusalem à Emmaüs. Ces deux disciples ont fait, tout en cheminant sur la route, un chemin intérieur, une véritable expérience pascale, que nous allons découvrir ensemble.

Soulignons les mots importants

Le troisième jour après la mort de Jésus : Quel est ce jour ?

Jérusalem : Que représente cette ville pour les deux disciples qui font route vers Emmaüs ?

Jésus lui-même s’approcha : Qui est-ce qui a l’initiative de la rencontre ?

Il marchait avec eux : Comment interpréter ce compagnonnage ?

Leurs yeux étaient aveuglés : Qui est ce compagnon pour les deux disciples ? Pourquoi ne le reconnaissent-ils pas ?

Ils s’arrêtèrent tout tristes : Comprenons bien cette tristesse des deux disciples. Quel autre mot pourrions-nous utiliser pour dire leur état d’esprit ?

Quels événements ? Jésus fait semblant d’ignorer. Pourquoi les « événements de Jérusalem » sont-ils importants à interpréter ?

Libérateur d’Israël : Quelle était l’espérance des disciples à propose du Messie qu’ils attendaient ?

Vous n’avez donc pas compris ? Qu’est-ce qu’ils n’ont pas compris ?

Votre cœur est lent à croire : Pourquoi Jésus parle-t-il du « cœur » quand il s’agit de croire ?

Ne fallait-il pas que le Messie souffrit tout cela… : Où est-ce que Jésus a puisé pour donner un sens à sa souffrance ?

Moïse et tous les prophètes : Que représente cette expression ?

Jésus fit semblant d’aller plus loin : Comment interpréter cette attitude de Jésus ?

Il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et leur donna : Que nous rappelle ces paroles ? Quelle est l’intention de Luc ?

Leurs yeux s’ouvrirent : Qui est-ce qui a ouvert leurs yeux ? Et de quels yeux s’agit-il ? Il disparut à leur regard : Pourquoi ?

Notre cœur…brûlant : Quelle est l’expérience des deux disciples ; quel est le rôle des Ecritures ? Finalement quelle est la « clé » pour bien interpréter les textes de l’Ancien Testament.

Ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem : Pourquoi ce demi-tour ?

 

Pour l’animateur        

Le troisième jour après la mort de Jésus : c’est le premier jour de la semaine,  le jour de la Résurrection. Pour ces deux disciples, Jérusalem, c’est la ville de l’échec pour leur Maître, la ville de la déception pour ses disciples, la ville de la mort de leur espérance. Ils ont quitté le groupe réuni avec les Onze.

Jésus, comme dans toutes les apparitions pascales, prend l’initiative de la rencontre. La foi est un don de Dieu. Il prend le temps de marcher avec eux : cette marche sur le chemin symbolise le cheminement intérieur qu’il fera faire aux deux disciples.

Au début, pour les deux disciples, Jésus n’est qu’un pèlerin venu célébrer la Pâque à Jérusalem. Ils parlent de Jésus au passé, comme d’un mort. « Cet homme était…ils l’ont livré… » etc. Leur espérance est bien morte. Découragement. Déception. Déprime, désespoir…des mots qui disent leur tristesse. Ils attendaient un Messie triomphateur et libérateur.

C’est leur manque de foi en la Parole de Dieu annoncée par les prophètes qui les empêche de reconnaître qui est leur compagnon. Il faut dire également que les yeux de chair sont impuissants à reconnaître le Ressuscité, car il est entré dans une condition totalement nouvelle. Ce sera au Seigneur de leur ouvrir les yeux, l’intelligence, le cœur.

Les événements de la Passion et de la Mort de Jésus sont la base historique de notre foi en la Résurrection. Notre foi ne repose pas sur une légende, sur un mythe, une histoire imaginée, mais sur des faits, dont on peut retrouver les traces.

C’est en méditant les Psaumes, Moïse et les Prophètes (c’est à dire toutes les Ecritures) que Jésus a pu découvrir peu à peu le sens de sa vie et de sa mort. Et c’est en repassant avec eux tous les « événements » à la lumière des Ecritures, que Jésus peu à peu réchauffe le cœur des deux disciples et fait renaître l’espérance. Jusque là ils n’avaient pas compris chaque fois que Jésus leur disait qu’il lui fallait souffrir et mourir pour entrer dans la gloire du Royaume. Jésus le leur reproche. Ils espéraient un Royaume terrestre.

Jésus, au bout du chemin, fait semblant d’aller plus loin : il ne veut pas s’imposer. L’invitation amicale et suppliante des deux disciples lui permet de se révéler pleinement dans le repas partagé. La façon dont Luc raconte les gestes familiers de Jésus durant ce repas renvoie les deux disciples à la Cène et nous renvoie en même temps à l’eucharistie, la « fraction du pain », le grand signe laissé par Jésus pour célébrer sa Mort et sa résurrection.

Jésus ressuscité leur a ouvert les yeux du cœur : ils renaissent à la foi. Ils passent de la mort à la vie. Le cœur brûlant : c’est le fruit de l’Esprit à l’œuvre dans les Ecritures et en Jésus ressuscité. C’est l’expérience pascale que devront faire tous les apôtres. La résurrection de Jésus est donc la « clé » qui permet d’interpréter toutes les Ecritures. Les deux disciples n’ont plus besoin de voir. Jésus ressuscité, bien qu’invisible, est présent partout d’une autre manière. Jérusalem redevient pour les deux disciples la ville de la Vie, de l’Espérance, de la communauté des témoins, d’où la bonne Nouvelle partira vers le monde entier.

 

   

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie

Les disciples d’Emmaüs font un « long chemin de foi » : ensemble retrouvons les étapes de ce chemin.

En quoi cette expérience des disciples nous aide à vérifier où nous sommes rendus sur le chemin de notre foi ?

Quelle place les événements de la passion et de la mort de Jésus tiennent dans notre foi ?

Les grandes questions de notre condition humaine : les souffrances, les épreuves, les échecs, le mort reçoivent-elles une lumière par tout ce que Jésus a vécu ?

Et la résurrection de Jésus : est-elle au centre de notre foi ?

Quelle place tiennent les Ecritures dans notre vie chrétienne. Est-ce que nous prenons soin de nous faire aider pour une bonne interprétation de la Bible ?

Est-ce que nous pouvons retrouver dans le récit des Disciples d’Emmaüs les principaux moments de la célébration de l’Eucharistie d’aujourd’hui ?

Nos « eucharisties » (nos messes) ou encore nos « fractions du pain », sont-elles pour des rendez-vous avec le Ressuscité ? Sont-elles le moment où nos yeux s’ouvrent pour le reconnaître ?

Et la proclamation des Ecritures dans nos assemblées : comment sont-elles faites ? Et nos homélies ?  Est-ce que la Parole de Dieu vient éclairer notre vie, dénoncer nos manques de foi, rendre nos cœurs brûlants d’amour pour Dieu et pour nos frères ?

La messe achevée, sommes-nous motivés pour témoigner par notre vie et nos paroles : Le Seigneur est vraiment ressuscité » ?

 

Ensemble prions

Prière : choisir un chant du temps pascal (carnet paroissial)

Oraison : Seigneur Jésus, ouvre nos esprits à l’intelligence des Écritures, comme tu le fis pour tes apôtres. Explique-nous ce qui te concerne dans la Loi de Moïse, dans les prophètes et les psaumes.

Alors, dans chaque pas de l’Ecriture, nous pourrons reconnaître ton visage, ô Ressuscité.

 

 

 Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 3ème DIMANCHE DE Pâques