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4ième Dimanche de l’Avent (Lc 1, 26-38) – par le Diacre Jacques FOURNIER

 » Je te salue, Comblée de Grâce »

(Lc 1, 26-38)

  En ce temps-là, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,
à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.
L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. »
À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.
L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.
Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus.
Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ;
il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »
Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? »
L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu.
Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile.
Car rien n’est impossible à Dieu. »
Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » Alors l’ange la quitta.

                     

                 Littéralement, l’Ange salue la Vierge Marie en lui disant « Réjouis-toi »… Au 7° siècle avant Jésus Christ, le prophète Sophonie écrivait : « Réjouis-toi avec force, Fille de Sion, car le Seigneur a enlevé tes fautes. Il t’a délivrée de la main de tes ennemis. Le Seigneur, le Roi d’Israël est au milieu de toi. Puissant, il te sauvera, il amènera sur toi la joie, il te renouvellera par son amour » (So 3,14-18). Un siècle plus tard, le prophète Zacharie annoncera l’accomplissement de ce projet de salut par un Messie humble : « Réjouis-toi, Fille de Sion. Voici que ton roi vient vers toi. Il est juste et sauveur, humble et monté sur un âne. Il annoncera la paix aux nations » (Za 9,9-10)…

            Israël espérait en la réalisation de toutes ces prophéties… Et voilà que Marie, « Fille de Sion », entend de la bouche de l’Ange des Paroles qui font écho à toutes ces promesses… Elle est bouleversée… Elle réalise que c’est elle qui mettra au monde ce Roi « doux et humble de cœur », et son règne « n’aura pas de fin », car il sera celui du Fils éternel « né du Père avant tous les siècles ». Avec Lui et par Lui, c’est Dieu qui règnera. Et que veut dire « régner » pour Dieu ? La réponse est dans le nom de ce Messie : Jésus, « Yehoshû’a » en hébreu, « Dieu sauve »… Son règne sera donc celui de la Lumière sur les ténèbres, de la Vie sur la mort, de la Miséricorde sur la misère… Avec lui, là où le péché a abondé, la grâce surabondera pour le salut, la vie et la joie éternelle de tous ceux et celles qui accepteront de se tourner vers Lui de tout cœur et de s’abandonner avec confiance entre ses mains…

            Ce « Fils du Très Haut » se fera chair en Marie par « la puissance du Très Haut », l’Esprit Saint. Et c’est déjà ce même Esprit qui, dès les premiers instants de la conception de Marie, avait fait d’elle « la Comblée de Grâce », celle qui n’est remplie que par la Grâce, celle en qui les ténèbres n’ont aucune place, l’Immaculée Conception. Ainsi, « celui qui va naître » de Marie sainte, car sanctifiée dès sa conception, et de l’Esprit Saint, « sera saint et sera appelé Fils de Dieu ». Il est bien ce « Saint », ce « Juste » (Ac 3,14), « Dieu né de Dieu, engendré non pas créé, de même nature que le Père », celui qui, de toute éternité, se reçoit en tout ce qu’Il Est du Père, le Père de son côté ne cessant de lui donnant tout ce qu’Il Est,  et Il Est Esprit, Il Est Saint. Le Père engendre donc le Fils en « Dieu né de Dieu » par le Don de l’Esprit Saint. Ce Mystère se poursuit jusqu’en son incarnation : il recevra sa nature humaine du Père par le Don du même Esprit en Marie…                                DJF




4ième Dimanche de l’Avent – Homélie du Père Louis DATTIN

Marie à l’approche de Noël

Luc 1, 26-38

           A Noël, tout commence avec cette jeune fille, on l’appelle « Marie », elle n’est même pas mariée et elle attend un enfant, mais personne n’en sait rien, pas même Joseph, son petit ami.

Le Fils de Dieu est donc né en dehors de la règle, en dehors de la loi. Marie a été mise, ou quelqu’un l’a mise, en dehors des règlements. Noël a commencé par une transgression. Nous admirons Marie pour sa tendresse, sa disponibilité, son cœur de mère, sa proximité : c’était certainement une femme merveilleuse. Mais d’abord, avant même tous ces événements, elle ne doit pas nous cacher son courage et sa lucidité : voilà une jeune fille, d’un petit village d’une centaine d’habitants où tout le monde se connaît, qui, en disant « oui » à Dieu, prend le risque de se faire excommunier, bien plus se faire tuer !

Vous connaissez le sort que l’on réservait à toutes ces femmes qui attendaient un enfant sans l’accord de la société : non seulement elles étaient rejetées de la société, expulsées, mais bien plus, selon la loi de Moïse, on les lapidait, tuées à coups de pierres. On voit d’ailleurs, dans l’Evangile, Jésus qui en sauve une, au dernier moment.

Dieu est né d’une femme qui a pris le risque de se faire tuer en disant « oui » à Dieu: elle risquait la mort, ni plus ni moins et nous chantons parfois, sans réaliser le danger, la menace « merci Marie d’avoir dit oui ».

Otons le bandeau de nos illusions, la venue de Dieu pour Marie n’a pas d’abord été un « cadeau merveilleux ». On comprend pourquoi Saint Luc nous dit qu’elle fut troublée, secouée par cette annonce en se demandant ce que signifiait cette salutation.

« Trouver grâce auprès de Dieu », n’est pas de tout repos et ce ne sont pas les martyrs qui nous dirons le contraire. Marie, la courageuse, Marie capable de dire oui à Dieu : « Qu’il me soit fait selon ton désir », alors que ce « oui » est pour elle, question de vie ou de mort : sérieux problème, question à vivre et à survivre, une situation à assumer. Marie, la femme courageuse, fait face : elle sait qu’en s’engageant dans cette aventure, sur la demande de Dieu, elle lui fait confiance totalement. La 1ère qualité de Marie, sa 1ère vertu, c’est sa foi : comme Abraham à qui Dieu demande la vie d’Isaac.

Elle répond « oui », signant un gros chèque sur l’avenir « Dieu y pourvoira ». Si Dieu me demande un tel engagement, il ne me laissera pas tomber, il sera toujours à mon côté : « advienne que pourra ».

Nous avons trop tendance, frères et sœurs, à faire, surtout à l’époque de Noël, des rêves merveilleux, doux, un peu en dehors de la réalité : cette étoile, ces mages, ces songes de St-Joseph. Noël : ce n’est pas seulement un beau rêve, c’est la réalité, toute crue, toute nue. Ce n’est pas le ciel seulement, c’est la terre, c’est la rue, c’est le ciel qui descend dans la rue, c’est le ciel qui se chausse avec nos savates de tous les jours. Noël : Dieu qui se fait homme. Supposez un instant que Joseph, se réveillant le matin après le songe et le message de l’ange, n’ait pas cru à ce songe et se soit dit : « Oh ! Tout ça, c’est des fantasmes. Elle attend un enfant qui n’est pas de moi, je n’ai rien à faire dans cette histoire. Cette Marie, je la laisse tomber, qu’elle se débrouille avec celui de qui elle attend un enfant ». Que serait-elle devenue ?

Marie aurait sans doute subi le sort de ces femmes d’Iran, d’Irak ou du Mali, qui aujourd’hui encore sont lapidées pour faute conjugale. A Téhéran, elles meurent sous les pierres des spectateurs le dimanche après-midi au stade municipal après le match de foot. En Afghanistan, elles sont mutilées par les talibans avant d’être exécutées.

Noël, pour Marie, ce fut un événement merveilleux mais également « périlleux ». On comprend pourquoi elle a dit à St-Luc, l’évangéliste « qu’elle gardait tous ces évènements dans son cœur ».

Méfions-nous de la poésie de Noël, de la féérie de Noël, des chants que l’on appelle des « Noëls » tendres et langoureux, des « contes » de Noël : Noël n’est pas un conte. C’est la dure réalité, une pénible incarnation de Jésus  qui n’a rien à voir  avec les flammes des bougies et les splendeurs des sapins en fête et les ambiances chaleureuses.

Nous devons placer Noël, non pas comme une fête de l’évasion du quotidien, mais au cœur des réalités humaines. C’est l’humain seul qui devient la terre de l’Evangile. Le visage de Dieu apparaît maintenant sous les traits d’un petit pauvre réfugié, miséreux, né dans un taudis, dans une mangeoire, dans la nudité, la crudité d’un décor misérabiliste. C’est pour cela que nous disons que c’est le « Mystère de l’Incarnation », naissance incompréhensible et même choquante. Dieu, à Noël, n’est plus dans l’idéologie en faillite, plus dans les sermons usés, mais dans la vie la plus dépouillée, la plus prosaïque, la plus sordide, plus proche des chiffonniers du Caire que les crèches des aéroports parisiens, imaginées par les grands couturiers.

Pour nous, frères et sœurs, il ne s’agit plus d’emballer Noël en cachant sous des guirlandes et des berceuses sucrées, la réalité derrière les étoiles en papier. Sachons reconnaitre la vraie beauté de Noël : c’est l’acte même de la naissance. Naissance qui est un commencement, naissance qui va déranger les habitudes familiales, les routines, tout ce qui n’est pas VITAL.

Allons à l’essentiel, dépassons le folklore : la gloire de Dieu n’est pas dans les cantiques (bien que les anges ne s’en privent pas pour réveiller les bergers) : elle est dans la réalité, « ils trouvèrent un nouveau-né couché dans une auge ».

Célébrer une naissance pour une famille, ce n’est pas faire de beaux discours sur la vie, c’est prendre des dispositions, poser des actes qui vont, peu à peu, faire grandir le nouveau-né dans une existence parfois dure, pénible, exigeante comme dans toute éducation.

 Ne rêvons pas notre vie. Ne faisons pas de Noël une parenthèse dans nos difficultés. Au contraire, greffons nos vies à cette lumière de Noël, cette lumière divine dont St-Jean nous parle dans son évangile, cette lumière véritable qui vient dans le monde et que les ténèbres ne veulent pas recevoir.

Quelques-uns l’ont accueillie (Marie, Joseph) et à ceux-là, Dieu a donné la possibilité de devenir « enfant de Dieu » sur la terre déjà, non pas « enfant virtuel », mais « enfant réel » et « nous le sommes vraiment ». AMEN




4ième Dimanche de l’Avent (Lc 1, 26-38) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

Texte biblique de référence : Luc 1, 26-38

 

Nous voilà déjà au 4ème dimanche de l’Avent. Le terme « Avent » vient du latin Adventus qui signifie « avènement ». Ce temps de l’Avent nous rappelle ce que le prêtre dit à chaque messe, après le « Notre Père » : « Nous qui attendons que se réalise cette bienheureuse espérance : l’avènement de Jésus Christ, notre Sauveur », c’est-à-dire sa venue dans la gloire ; ce que nous proclamons encore dans l’anamnèse, après la consécration : « nous attendons ta venue dans la gloire ».

Ce temps de l’Avent nous prépare aussi à faire mémoire du premier avènement de Jésus, le Fils de Dieu qui a pris chair de la Vierge Marie par l’action de l’Esprit Saint. C’est le récit de l’Annonciation que nous avons proclamé : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. » Le mystère de l’incarnation est ici pointé : la venue de Dieu dans la chair. C’est ce que nous fêterons au terme de notre temps de l’Avent -dès ce soir-, la Nativité du Seigneur.

Il est certainement bon de se rappeler le vrai sens de notre cheminement de l’Avent à quelques heures de Noël. Nous sommes bien pris dans le tourbillon commercial qu’incite chaque année notre société, avec l’apparition de nouveaux appareils technologiques, de nouveaux gadgets et de nouveaux jeux qu’on dit « révolutionnaires » pour les enfants. S’ajoute à cela toute une proposition d’achat pour tous types d’écrans, de toutes tailles et pour tous les âges (Android ou smartphone, tablette, télévision haute définition). Nous savons que ces écrans prennent beaucoup de place dans nos vies, surtout dans celles des plus jeunes d’entre nous. Nous devons réguler le temps que nous consacrons à nos écrans pour qu’ils ne nous polluent pas.

La société tendrait à faire de Noël un simple réveillon en famille et avec les amis et où l’on s’offre des cadeaux. Ce fait n’a rien de mal en soi… Les retrouvailles, notamment en famille, sont importants. Dans le rythme parfois effréné de nos vies, Noël offre une belle parenthèse pour se ressourcer auprès de nos proches. C’est l’occasion de revoir des membres que nous voyons moins souvent durant l’année, surtout ceux qui habitent plus loin de chez nous. Par ailleurs, offrir des cadeaux est une marque d’affection, pourquoi s’en priver, à condition de ne pas tomber dans des exagérations financières.

Mais si nous ne restons qu’à cette conception, nous loupons le sens profond de Noël : la naissance du Sauveur dont nous avons tant besoin dans notre monde déboussolé. Notre société prône tout et son contraire… Au nom d’une liberté revendiquée, toutes sortes de chemins se profilent… La tendance est de vouloir faire ce qu’on veut, de prendre le chemin qu’on désire. Mais ces chemins nous rendent-ils vraiment libres et nous mènent-ils à la vie ? Nombreux sont aussi les chemins qui mènent à la mort !  Il est bon de réentendre en cette fin de l’Avent que le seul chemin de liberté est celui qu’offre le Christ.

Alors oui, nous avons besoin de Jésus dans nos vies. C’est lui le vrai cadeau de Noël qui ne périme pas et qui s’actualise à chaque Noël. Nous avons besoin de sa Lumière pour avancer et réussir nos vies. Cependant, rappelons-nous que le Christ ne s’impose pas. Il est venu dans notre monde dans des conditions d’extrême pauvreté : il est né dans une étable, il a été couché dans une mangeoire. Le Christ frappe discrètement à nos portes et dans un monde envahi par toutes sortes de bruits, il nous faut faire silence pour pouvoir l’entendre et l’accueillir dans nos vies.

Préparons-nous alors à l’accueillir. Le pape Benoît XVI disait lors de la messe d’inauguration de son pontificat, le 24 avril 2005 : « N’ayez pas peur du Christ ! Il n’enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ – et vous trouverez la vraie vie. » Le Christ est notre Sauveur, il nous communique la vraie vie en nous libérant de l’esclavage du péché qui nous détourne de Dieu et de notre prochain.

Que Marie, notre mère, nous aide à ouvrir grands nos cœurs au Christ. Marie nous apprend le vrai sens de la liberté, c’est celui de suivre le chemin de son Fils, de se mettre au service de Dieu dans l’humilité et de s’en remettre à sa parole : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » Que son Fiat nous inspire pour un vrai choix libre du Christ, un choix qui nous rend vraiment libre : « Ô Marie, aide-nous à dire oui au Seigneur. Ô Marie, chaque jour de notre vie. »




3ième Dimanche de l’Avent ((Jn 1, 6-8.19-28) par D. Alexandre ROGALA

Comme la semaine dernière le texte d’évangile de ce troisième dimanche de l’Avent nous fait réfléchir sur la figure de Jean Baptiste, l’homme envoyé par Dieu pour rendre témoignage au Messie quelques temps avant que celui-ci ne se manifeste.
Nos célébrations liturgiques chrétiennes superposent pour ainsi dire, trois temps: le passé, le présent et le futur. Pendant l’Avent, nous nous préparons comme chaque année, à accueillir spirituellement Dieu qui vient à notre rencontre en prenant notre pauvre condition humaine.
Nous faisons donc mémoire d’un évènement passé. Mais en même temps, ce souvenir n’est pas qu’une commémoration puisqu’il a aussi une dimension présente. Ce matin, nous sommes venus à l’Église pour rencontrer notre Seigneur Jésus Christ et écouter sa parole aujourd’hui. Enfin, comme nous le chanterons tout à l’heure pendant la liturgie eucharistique: « nous attendons ta venue dans la gloire », c’est à dire que nous attendons la venue glorieuse de notre Seigneur Jésus à la fin des temps, au jour du Jugement.
Puisque nous parlons du jour du jugement, les textes choisis pour ce dimanche nous rappellent notre mission chrétienne par excellence : celle de préparer la venue glorieuse du Seigneur à la fin des temps.
Pour préparer le retour glorieux de notre Seigneur Jésus, nous devons comme Jean Baptiste, lui rendre témoignage par nos paroles et par nos actes, et annoncer au monde sa venue. La venue de notre Seigneur Jésus Christ, que ce soit sa première il y a plus de 2000 ans, ou sa venue glorieuse à la fin des temps, est toujours une « bonne nouvelle », car cette venue apporte à l’humanité le salut. À présent, voyons « comment » préparer la venue de notre Seigneur.
Commençons par le texte d’évangile que nous venons d’entendre. Celui-ci nous propose de participer à une Masterclass (classe de maître) de Jean Baptiste sur le témoignage. Le texte souligne d’emblée la nécessité du témoignage: « (Jean) est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui » (Jn 1, 7). Le témoin est nécessaire pour croire. La foi que nous cherchons à susciter chez l’autre, dépend en partie, de la qualité de notre témoignage.
Ensuite, même s’il est possible que certains d’entre-nous aient, comme Jean Baptiste, beaucoup de charisme, nous ne devons jamais oublier que nous ne sommes « pas la Lumière ». Nous sommes là « pour rendre témoignage à la Lumière » (cf. v. 8).
Dimanche dernier, j’ai entendu parler d’une paroisse où exerçait un prêtre charismatique qui attire beaucoup de monde à la messe. Ce prêtre est apprécié au point où lorsqu’il est remplacé par un autre prêtre pour une messe, il arrive que certains fidèles quittent l’Église avant la célébration ! Cette situation pose question. Les charismes personnels sont des dons
de Dieu, certes, mais ils doivent servir à conduire au Christ, pas à devenir des rockstars de l’Église.

Jean Baptiste lui, n’est pas tombé dans ce piège. Quand les prêtres et les lévites l’interrogent
sur son identité, il déclare immédiatement : « Je ne suis pas le Christ » (v. 20). De cette manière il tourne le regard de ces auditeurs vers un autre : Jésus.
En citant le passage du Livre d’Isaïe que nous avons entendu la semaine dernière, Jean Baptiste comprend son ministère comme (un ministère) prophétique: « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe » (v. 23). En se référant à ce passage de l’Écriture pour parler de lui-même, Jean suggère que son identité à lui n’est pas importante, Jean Baptiste n’est qu’une « voix qui crie ». Ce qui importe, c’est d’écouter ce que dit cette voix, car cette « voix qui crie » oriente vers le Christ.
Dans le texte d’aujourd’hui, Jean Baptiste ne donne aucune information sur l’identité du Messie. Nous devons donc chercher du côté de la première lecture.
Il s’agit un passage du Livre du prophète Isaïe qui a été écrit au retour d’Exil et qui annonce un Messie qui réconfortera et libérera les opprimés. Pour nous chrétiens, ce Messie annoncé c’est Jésus de Nazareth. Nous connaissons bien le début de ce passage puisqu’il s’agit de celui que lit Jésus à la synagogue de Nazareth dans l’évangile selon Luc (Lc 4) : « L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le coeur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur » (Is 61, 1-2).
Si nous venons à la messe régulièrement, nous connaissons un peu le ministère public de Jésus et nous savons que ce portrait du Messie que fait Isaïe correspond bien à Jésus.
Dans une certaine mesure, ce texte d’Isaïe s’applique aussi à nous chrétiens puisque le jour de notre baptême, nous avons reçu cette même « onction de l’Esprit du Seigneur » dont parle ce texte. C’est une « bonne nouvelle » dont nous devons nous réjouir. D’ailleurs dans la deuxième lecture, saint Paul nous invite à la joie: « Frères, soyez toujours dans la joie » (1 Th 5, 16).
Cependant, avoir reçu l’onction du Seigneur implique aussi une responsabilité. Comme Jésus, nous aussi nous sommes envoyés pour proclamer la « bonne nouvelle ». La bonne nouvelle qu’en Christ le salut est offert à tous les hommes sans aucune condition, sans aucun préalable, sans aucun mérite, si ce n’est d’accepter Jésus comme Christ et Sauveur et
de mettre notre confiance en lui.
Pour nous qui sommes habitués à notre société fondée sur la notion de mérite, la totale gratuité du salut nous parait presque choquante. Nous aimerions pouvoir mériter notre ciel.
Pourtant, quand nous y pensons, le fait que notre salut ne dépende pas de nous, est un avantage. En effet, qui d’entre-nous pourrait prétendre ne pas pécher et ainsi être sauvé grâce à ses propres efforts ? La Vierge Marie elle-même, reconnait que son salut ne vient pas de ses propres vertus puisqu’elle appelle Dieu « mon Sauveur » dans le Magnificat (cf. Lc 1, 47). J’espère donc que personne ne se fait d’illusion sur sa capacité à se sauver lui-même.
Puisque nous ne pouvons pas devenir des saints par nous-même, laissons Dieu travailler. Comme nous le dit saint Paul: « Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers ; que votre esprit, votre âme et votre corps, soient tout entiers gardés sans reproche pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ » (1 Th 5, 23).
Ainsi, lors de cette venue, notre Seigneur Jésus Christ nous fera entrer dans la joie de Dieu pour l’éternité. Un Sauveur qui nous offre un salut totalement gratuit et un bonheur éternel est une sacrée « bonne nouvelle » !!! Comment pourrions-nous la garder pour nous ? Plus de 2000 ans après la première venue de notre Seigneur, il y a encore des gens autour de nous qui ne l’ont encore jamais entendue.
Demandons donc au Seigneur de renouveler en nous, l’élan missionnaire afin que nous annoncions au monde que le Seigneur vient, et qu’il vient pour sauver tous les hommes.
Amen !




Audience Générale du Mercredi 13 décembre 2023

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 13 décembre 2023


Catéchèse – La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant – 30. Effatà : Eglise, ouvre-toi !

Chers frères et sœurs,

Le sens du mutisme et de la surdité dans la Bible est principalement métaphorique et désigne la fermeture aux appels de Dieu. Ainsi, Effatà, ouvre-toi, est une invitation adressée non pas tant au sourd-muet, mais plus précisément aux disciples d’alors et à ceux de tous les temps. En s’ouvrant au souffle du Saint Esprit, l’Église est stimulée dans son désir missionnaire ! Elle demande à Dieu de faire des baptisés et de l’Église elle-même, des auditeurs et des annonciateurs de Jésus. L’élan évangélisateur, en effet, permet d’allumer l’étincelle de l’amour de Dieu dans le cœur des hommes. C’est pourquoi le zèle apostolique ne dépendra pas de l’organisation mais de l’ardeur, et se mesurera à l’amour que nous donnons.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française. Je vous invite tous, en tant que baptisés, à témoigner de Jésus et à l’annoncer. Demandons aussi la grâce, en tant qu’Église, de mettre en œuvre une conversion pastorale et missionnaire.

Que Dieu vous bénisse tous !





3ième Dimanche de l’Avent (Jn 1, 6-8 ; 19-28) – par Francis COUSIN

« Humilité … »

 

Connaissez-vous beaucoup de personnes qui, quand on leur demande « Qui es-tu ? » commence par dire : « Je ne suis pas … » ?

Surtout quand les personnes qui l’interrogent viennent de loin … de la capitale … jusque dans le désert …

Je n’en connais pas … ils doivent être extrêmement rares …

Généralement, les gens sont contents qu’on s’intéresse à eux, … ils sont fiers … et sont plutôt prêts à en rajouter …

Ce n’est pas le cas de Jean-Baptiste dans l’évangile de ce jour.

Il entendait bien les gens parler autour de lui, de leurs attentes, … de leurs désirs de conversion … du Messie …

Alors quand des prêtres et des lévites de Jérusalem lui demandèrent : « Qui es-tu ? », il répondit tout de suite : « Je ne suis pas le Christ. », l’oint du Seigneur, celui que tous les juifs attendaient, le Messie …

« Mais alors, tu es Elie ? » « Je ne le suis pas. »

« Tu es le prophète annoncé ? » « Non »

« Alors, que dis-tu de toi ? » « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur. »

Il reconnait simplement qu’il est une voix …mais une voix puissante, … et décapante, puisque tout le monde vient vers lui.

Humilité de Jean-Baptiste …

 

Et un jour, Jésus vient vers lui … comme bien d’autres, anonymement … et se fait baptiser par Jean-Baptiste … C’est alors seulement qu’il se fait reconnaître par Jean-Baptiste : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint.”. Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. » (Jn 1,32-34). Il se fait reconnaître par une vision préalable … et non par un discours … et seulement par Jean-Baptiste.

Le lendemain, Jésus repasse, et Jean-Baptiste dit à deux disciples : « Voici l’Agneau de Dieu ». Ils le suivent … « Que cherchez-vous ? » … « Venez et vous verrez. ». Toujours pas de grand discours public, genre « C’est moi le Messie ! », seulement une invitation à partager un moment ensemble …

Humilité de Jésus …

 Le jour de l’annonciation, Marie était surprise de l’annonce de l’ange … elle a posé des questions … elle a eu des réponses … Alors elle s’écria : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » (Lc 1,38).

Elle n’a pas sauté au plafond en disant « Super, je vais être la mère du Messie … Génial ! Je vais être célèbre ! ».

Non … elle est partie pour se mettre au service de sa cousine Élisabeth …

Humilité de Marie …

 

Quand à Joseph, on ne l’entend pas parler dans l’évangile … mais il agit … et toujours en suivant les recommandations de l’ange du Seigneur : « Il prit chez lui son épouse, Marie » (Mt 1,24) …

Et à Bethléem, quand l’ange lui dit que la vie de son fils est en danger, il « se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte. » (Mt 2,14).

Joseph s’est toujours effacé devant les volontés de Dieu, sans jamais récriminer …

Humilité de Joseph …

Ainsi, les quatre principaux acteurs de ce temps de l’avent sont tous marqués par cette qualité, qui devient de plus en plus rare dans notre monde d’aujourd’hui : l’humilité !

Ils ne se sont jamais pris pour quelqu’un d’autre … plus grand qu’eux … plus important qu’eux aux yeux des hommes … plus puissant …

Et moi … qui suis-je ?

Est-ce que je n’ai pas trop tendance à me prendre pour ce que je ne suis pas … ?

À enjoliver mon parcours de vie ?

À tricher sur mon rôle dans telle ou telle action en m’attribuant des actes qui ne sont pas les miens ?

 

« Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. » (Mt 23,11-12)

Seigneur Jésus,

Avant même de te connaître,

ces personnes choisies

par ton Père,

avaient bien compris

un de tes grands messages :

Soyez toujours humbles !

Comme les petits !

Fais que nous devenions

humbles comme eux.

 

Francis Cousin

 

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3ième Dimanche de l’Avent (Jn 1, 6-8 ; 19-28) – Homélie du Père Louis DATTIN

Nouveau printemps

Jean 1, 6-8 ; 19-28

            Vous l’avez constaté, chers amis, toutes les lectures de cette liturgie sont gonflées de joie et d’espérance. Le désert ne doit pas rester désert : lui aussi doit se transformer et devenir « Jardin de Dieu ».

« De même, nous rappelle Isaïe, que la terre fait éclore ses germes et qu’un jardinier fait germer ses semences, ainsi le Seigneur fera germer la justice et la louange devant toutes les nations ». La force, la germination de la grâce de Dieu, la poussée de l’Esprit est capable de faire éclore dans le désert de nos sociétés égoïstes, dans le désert de nos âmes matérialistes, des bourgeons qui vont devenir plantes vivaces et fleurs épanouies.

Si, un jour, vous avez la chance de voyager dans le pays de Jésus, la Palestine, vous constaterez avec admiration qu’en beaucoup d’endroits, des forêts poussent, là où, il y a 50 ans, il n’y avait que cailloux et sables : pourquoi ? Parce que, il y a eu, chez les Juifs du nouvel Israël la volonté opiniâtre de changer en jardins, en palmeraies, en forêts, ce qui, pendant des siècles, n’a été que terre stérile.

Ils ont voulu appliquer, à la lettre, la prophétie d’Isaïe : « Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ; le pays aride, qu’il exulte et fleurisse, qu’il se couvre de fleurs des champs : alors l’eau jaillira dans le désert, des torrents dans les terres arides, la terre de la soif en eaux jaillissantes ». « La semence que tu auras jetée en terre recevra la pluie qu’enverra le Seigneur. Ton bétail ira paître sur de vastes pâturages, tes collines se couvriront de fleurs ».

Les guides des « Kibboutz », ces communautés religieuses rurales montrent, non sans fierté, des bananeraies, les palmeraies, les orangeraies, des champs de citronniers aux touristes ébahis dont les plus vieux, n’avaient vu, ici, autrefois, qu’une étendue caillouteuse et sèche. Ce qu’ont fait matériellement ces pionniers, « en faisant mordre le vert sur le jaune » comme ils disent, c’est-à-dire la végétation sur une terre morte.

Le Seigneur, lui, se propose de le faire en nous, spirituellement. Dans nos âmes desséchées, dans nos terrains caillouteux, égoïstes et stériles, il est capable, en ce temps de l’Avent, de faire surgir une fleur de sainteté animée par la sève de l’Esprit-Saint.

Oui, ce temps de l’Avent, est un temps de grâce, un temps de vie où notre terre intérieure peut recevoir la rosée de Dieu, capable de faire germer en nous les fleurs de la sainteté. Voilà pourquoi nous rappelle St-Paul, dans la seconde lecture : « Soyez dans la joie. Priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance » et il a ce mot admirable « N’éteignez pas l’Esprit qui est en vous »… cette petite pousse verte que vous découvrez un jour, cette volonté de vivre plus, de vivre mieux qui est semence déposée en vous par l’Esprit… surtout prenez-en soin !

Vous le savez bien, dans la vie spirituelle tout comme dans le jardin, tout est affaire de soin, de protection, de climat, d’environnement, de discernement aussi. Estimez la valeur de toutes choses : ce qui est bien, gardez-le ! Eloignez-vous de tout ce qui porte la trace du mal ! Prenez bien soin, sachez repérer tout ce qui prend jour en vous, ce qui germe.

Oui, ça pousse aussi en vous ! Regardez bien ! Car il est fidèle, le Dieu qui est capable de vous sanctifier tout entier et il accomplit tout ce qu’il promet : « Sur les hauteurs dénudées, je ferai jaillir des fleuves et des sources dans les ravins. Je changerai le désert en lac et la terre en fontaines ; je mettrai dans le désert le cèdre et l’acacia, le myrte et l’olivier ; je mettrai dans les terres incultes le cyprès, le pin et le mélèze afin que tous considèrent et découvrent que la main du Seigneur a fait tout cela ! »

Sous le soleil de Dieu et dans une terre transformée par lui, nous sommes les plantes de Dieu, les fleurs qu’il désire voir s’épanouir, les fruits qu’un jour il pourra cueillir.

« C’est moi, le Seigneur, qui ai fait tout cela ! Que les cieux distillent la rosée, que les nuages répandent la justice, que la terre s’entrouvre et que le salut s’épanouisse, que la sainteté fasse éclater en même temps tous ces bourgeons ». « La vérité germera de la terre, nous dit le psaume, amour et vérité se rencontrent, justice et paix les embrassent ». Ça, c’est le bouquet de Dieu : bouquet plein de couleurs, de vie, de sève, de l’Esprit-Saint « car je n’ai pas créé la terre comme un désert, dit Dieu par le prophète Isaïe, je l’ai formé pour qu’elle soit habitée », « Tournez-vous vers moi pour être sauvés. C’est moi qui suis votre source, et il n’y en a pas d’autres ».

Jean le Baptiste, à son tour, ne nous dit pas autre chose. Il crie dans un désert qui deviendra le jardin vivant de l’Eglise : « Moi, je baptise dans l’eau » tout comme le jardinier arrose un terrain où l’on ne voit encore rien de tout ce qui doit éclore, mais qui est déjà riche, malgré les apparences, de tout ce qui va éclore par la suite. « Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ».

La puissance du Seigneur est déjà à l’œuvre, elle est invisible, elle est en gestation. Rien encore ne pointe sur ce terrain que l’on croit stérile. Mais déjà l’eau souterraine de l’Esprit irrigue tout le champ de Dieu qui, à Noël, s’épanouira au grand jour. A Noël, ce sera un bien petit signe de salut, un bien petit bourgeon sur l’arbre de Jessé. Mais qui avant Noël de l’an 0 parlait de Jésus qui allait venir ? Quelques personnes seulement : Marie qui l’attendait, Jean-Baptiste qui l’annonçait, un vieillard, Siméon au temple et aussi une vieille femme Anne. On devait les prendre pour des radoteurs et des rêveurs. Et le rêve a pris corps : celui de Jésus, celui du Messie.

La pousse apparaît dans les cailloux ocres du désert. Jésus, ce petit pauvre couché dans une mangeoire, réfugié, refusé par Bethléem, il a, nous rappelle Isaïe, « poussé comme une plante chétive, enracinée dans une terre aride. Il n’était ni beau, ni brillant pour attirer nos regards, son extérieur n’avait rien pour nous plaire… et voilà pourtant la nouvelle greffe pour l’humanité : végétation exténuée par le péché, desséchée par la soif ». « Lui, c’est dans l’Esprit Saint qu’il vous baptisera ».

C’est par lui que nous allons être renouvelés à Noël ! Une nouvelle sève divine nous transformera ; irriguée par la divinité, l’humanité va pouvoir enfin espérer : « Il vient apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres, guérir ceux qui ont le cœur brisé, annoncer aux prisonniers la délivrance et aux captifs la liberté », annoncer le temps de la floraison puis celle des fruits à récolter. « Ainsi le Seigneur fera germer la justice et l’action de grâce devant toutes les nations ».

Soyez dans la joie de l’attente, dans l’espérance. AMEN




3ième Dimanche de l’Avent (Jn 1, 6-8 ; 19-28)- par le Diacre Jacques FOURNIER

« L’accomplissement des Promesses »

(Jn 1,6-8.19-28)

  Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean.
Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.
Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière.
Voici le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? »
Il ne refusa pas de répondre, il déclara ouvertement : « Je ne suis pas le Christ. »
Ils lui demandèrent : « Alors qu’en est-il ? Es-tu le prophète Élie ? » Il répondit : « Je ne le suis pas. – Es-tu le Prophète annoncé ? » Il répondit : « Non. »
Alors ils lui dirent : « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? »
Il répondit : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. »
Or, ils avaient été envoyés de la part des pharisiens.
Ils lui posèrent encore cette question : « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ? »
Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ;
c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. »
Cela s’est passé à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où Jean baptisait.

                     

         St Jean nous plonge ici au cœur de l’attente d’Israël vis-à-vis de l’accomplissement des grandes promesses que Dieu avait faites dans l’Ancien Testament.

            « Quand tu seras couché avec tes pères, je maintiendrai après toi le lignage issu de tes entrailles, et j’affermirai pour toujours son trône royal », avait-il promis au roi David (2Sm 7,1-17). Et depuis des siècles, Israël attendait ce Messie, ce Roi Fils de David. « Je ne suis pas le Messie », dit ici Jean-Baptiste…

            « Voici que je vais vous envoyer Elie le prophète, avant que n’arrive le Jour du Seigneur », ce Jour où Dieu interviendra de manière décisive en faveur de son Peuple. Cette promesse fut transmise par le prophète Malachie (Ml 3,23-24) dans les années 450 avant JC. « Es-tu le prophète Elie ? Non ! » répond Jean-Baptiste…

            Et vers 1250 avant JC, Dieu avait promis à Moïse : « Je leur susciterai, du milieu de leur frères, un prophète semblable à toi, je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui ordonnerai » (Dt 18,18). « Alors, es-tu le grand Prophète ? Ce n’est pas moi ! » répond Jean-Baptiste.

            « Qui es-tu donc ? Que dis-tu sur toi-même ? » Et Jean-Baptiste répond en citant le prophète Isaïe : «  Je suis la voix qui crie à travers le désert : aplanissez le chemin du Seigneur » (Is 40,3). Oui, Dieu accomplit ses promesses, mais comment ?

            Ecoutons encore le prophète Isaïe : « Voici que la vierge concevra et elle mettra au monde un fils, auquel on donnera le nom d’Emmanuel », qui se traduit « Dieu-avec-nous » (Is 7,14). Dieu lui-même viendra donc au milieu des hommes, avec ce Fils éternel  qui prendra chair de la Vierge Marie par la Puissance de l’Esprit Saint. Et que dira-t-il ? Laissons à nouveau Isaïe répondre : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la lumière » (Is 61,1-2 ; Lc 4,18-19). Cette Lumière est celle de l’Amour Miséricordieux du Seigneur, qui est venu en Jésus Christ, le Roi Messie, le Grand Prophète, pour agir de manière décisive en appelant tous les pécheurs au repentir. S’ils l’acceptent de tout cœur, sa Lumière chassera leurs ténèbres, sa Paix, sa Vie et sa Joie régnera en eux… C’est ce que voyait déjà Isaïe : « Poussez des cris de joie, ruines de Jérusalem. Car le Seigneur a consolé son Peuple, il a racheté Jérusalem, et tous les confins de la terre ont vu le salut de notre Dieu » (Is 52,9). DJF




L’Immaculée Conception de la Vierge Marie (Lc 1, 26-38) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

 

Lecture : Luc 1, 26-38

Nous célébrons aujourd’hui l’Immaculée Conception de la bienheureuse Vierge Marie.

Il s’agit d’un dogme, une vérité de foi proclamée par le pape Pie IX, le 08 décembre 1854. Dans la Bulle Ineffabilis Deus, le pape déclarait : « Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine qui tient que la bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu tout puissant, en vue des mérites de Jésus Christ, Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel, est une doctrine révélée de Dieu, et qu’ainsi elle doit être crue fermement et constamment par tous les fidèles. »

Une vérité de foi à laquelle nous devons tous adhérer ! Marie a été conçue sans péché à cause de Jésus. Dieu le grand Saint ne pouvait pas s’incarner dans un sein indigne de lui, impur ou marqué par le péché.

Marie est de ce fait la toute pure. L’ange la salue ainsi : « Je te salue, Comblée-de-grâce ». Dans la traduction liturgique, « Comblée-de-grâce » est avec un C majuscule, cela équivaut à un nom : Marie est la Comblée de grâce.

Quatre ans après la promulgation du dogme, ont lieu les apparitions à Lourdes. Le 25 mars 1858, dans la grotte humide et sombre de Massabielle, Marie converse familièrement avec Bernadette qui l’interroge ; elle va lui dire son nom en patois : « « Que soy era Immaculada Counceptiou » = « Je suis l’Immaculée Conception ». » Cette apparition confirmera ce dogme.

Marie a été conçue sans péché. De ce fait, elle est un modèle de vertus pour nous. Que cette solennité nous aide à vivre de ses vertus que l’évangile nous suggère :

  • Modèle de foi, celle qui a cru. Marie n’a pas douté… Elle va questionner l’ange : « Comment cela va-t-il se faire ? » mais sans douter… Marie a su ouvrir à l’inconnu de Dieu, à se disposer à cet inconnu : « Que tout m’advienne selon ta parole. »

  • Modèle d’obéissance, Marie est la nouvelle Ève, l’antithèse de l’Ève de la Genèse qui a désobéi[1]. Marie a su se remettre complètement à Dieu. Nous avons besoin de réapprendre l’obéissance à Dieu dans un monde où on tend à se fier qu’à soi-même, comme si nous étions nos propres maîtres.

  • Modèle du service : « Voici la servante du Seigneur ». Marie est l’humble servante, l’exemple de l’humilité. Le vrai service ne se vit que dans l’humilité…

Puissions-nous vivre ces vertus de Marie dans ce monde en perte de repères et que Marie, la Mère très pure nous vienne en aide : « Nous te saluons Mère très pure, tu as porté en ton sein le Sauveur du monde, guide-nous vers ton Fils, prie pour nous qui sommes tes enfants. Amen. »

 

[1] Voir première lecture : Genèse 3, 9-15.20




2ième Dimanche de l’Avent (Mc 1, 1-8) par D. Alexandre ROGALA

L’une des dimensions de la mission du chrétien est de préparer l’ultime venue du Christ dans la gloire à la fin des temps, en annonçant à ceux qui ne le savent pas encore qu’un jour, Dieu s’est fait homme, qu’il est mort, qu’il est ressuscité, qu’il est vivant à jamais, et qu’il nous a promis cette même vie qui n’aura pas de fin.

Pendant le temps liturgique de l’Avent, l’Église nous invite à contempler et à méditer sur le mystère de l’Incarnation, sur le mystère d’un Dieu qui a voulu partager notre condition humaine. En nous préparant à faire mémoire de la naissance de Jésus, en nous préparant à l’accueillir spirituellement comme un petit enfant, nous nous entrainons en même temps, pour ainsi dire, à accueillir le Fils de Dieu, non plus comme un enfant inoffensif, mais à l’accueillir lors sa venue glorieuse avec tous ses anges à la fin des temps.

C’est sans doute la raison pour laquelle la deuxième lecture qui est tirée de la Deuxième Lettre de Pierre, nous parle de la fin des temps. La semaine dernière, Jésus nous a mis en garde: « Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison » (Mc 13, 35). Même si nous  ignorons quand viendra la fin du temps, nous savons qu’elle arrivera tôt ou tard:

« le jour du Seigneur viendra, comme un voleur. Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments embrasés seront dissous, la terre, avec tout ce quon a fait ici-bas, ne pourra y échapper » (2 P 3, 10)

Pour Pierre, l’attente de la Parousie est un temps que Dieu nous donne pour que nous nous convertissions, et c’est pourquoi il nous exhorte à la sainteté et à la piété:

« (Le Seigneur) prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion (…) vous voyez quels hommes vous devez être, en vivant dans la sainteté et la piété » (2 P 3, 9; 11)

Les textes qui parlent de la fin des temps sont impressionnants et peuvent nous faire peur. Cependant, le chrétien ne doit pas avoir peur de la fin du monde. Pour nous croyants, la fin des temps est une bonne nouvelle dans la mesure où  « ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, cest un ciel nouveau et une terre nouvelle où sidera la justice » (2 P 3, 13).

Et il nous suffit d’allumer la télévision, de regarder les actualités, ou d’ouvrir un journal, pour comprendre que nous avons bien besoin de cette « terre nouvelle où résidera la justice ».

Quand nous voyons le déchainement des puissances du mal dans le monde, avec les guerres, les agressions, les meurtres, les viols… Bref, les crimes et injustices de toutes sortes, dont nous sommes peut-être nous-mêmes victimes, nous avons de quoi être tristes et nous décourager… Les premiers mots de la première lecture, nous invitent à relever la tête et à faire confiance au Seigneur:

« Consolez, consolez mon peuple,– dit votre Dieu –parlez au cœur de Jérusalem » (Is 40, 1).

Il s’agit du début de la partie du Livre du Prophète Isaïe écrite vers la fin de l’Exil à Babylone. Isaïe annonce aux exilés qu’ils vont bientôt pouvoir rentrer en Terre Promise. Ce retour en Terre Promise sera possible grâce à un édit de Cyrus le roi de Perse. La fin de l’Exil est interprétée par le prophète, comme un « nouvel exode », c’est pourquoi dans son oracle Isaïe mentionne le « désert » dans lequel les hébreux ont marché pendant 40 ans avant d’entrer en Terre Promise: « Une voix proclame : « Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu » (Is 40, 3). De la même manière qu’il les a accompagné lorsqu’il les a libéré de la servitude en Egypte, Dieu accompagnera ses fidèles quittant Babylone tout au long de leur marche pour rentrer en Terre Promise.

L’annonce de la libération de la captivité babylonienne a été une « bonne nouvelle » pour les  israélites exilés.

La première lecture n’est pas la seule où il est question d’une « bonne nouvelle » puisque le début de l’évangile selon Marc que nous venons d’entendre commence par ces mots: « Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu » (Mc 1, 1). Un évangile est une « bonne nouvelle ». L’annonce de la venue du Messie proclamée par Jean le Baptiste devait être une « bonne nouvelle » pour ses contemporains juifs souffrant sous le joug de l’occupation romaine. Ils attendaient une libération…

La citation (partielle) du passage du Livre d’Isaïe que nous avons lu tout à l’heure peut orienter le lecteur vers une conception plutôt guerrière du Messie, c’est à dire un Messie semblable à Cyrus le roi de Perse qui, comme nous venons de le rappeler, avait libéré les israélites de la captivité à Babylone quelques siècles auparavant.

Les contemporains de Jésus connaissaient la Sainte Écriture bien mieux que nous, et quand ils entendaient la citation « Voix de celui qui crie dans le désert :Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers », certains étaient capables de réciter la suite du texte. Et que dit Isaïe dans la suite du texte ?  Isaïe parle de Cyrus en ces termes:

« Ainsi parle le Seigneur à son messie, à Cyrus, quil a pris par la main pour lui soumettre les nations et désarmer les rois, pour lui ouvrir les portes à deux battants, car aucune porte ne restera fermée (…) Cest moi qui ai fait surgir Cyrus selon la justice et japlanis tous ses chemins. Cest lui qui construira ma ville et laissera partir mes déportés sans paiement ni rançon », – dit le Seigneur de lunivers » (Is 45, 1; 13).

En citant Isaïe, l’évangéliste Marc peut laisser croire que Jésus sera un « nouveau Cyrus ».  Il est possible que Jean Baptiste lui-même, ait dans un premier temps, pensé que Jésus serait celui qui libérerait Jérusalem de l’occupant romain.

N’étant pas un guerrier, Jésus a sans aucun doute déçu beaucoup de ses contemporains. Mais nous qui sommes ses disciples, nous savons qu’il nous a libéré d’une captivité à laquelle il était impossible à l’être humain de se libérer par lui-même: celle de l’esclavage du péché.

Donnons la parole à Jean Baptiste: « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de mabaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de leau ; lui vous baptisera dans lEsprit Saint. » (Mc 1, 7-8)

La différence entre les deux baptêmes est qualitative. Alors que celui de Jean purifie provisoirement, le baptême de Jésus lui, a un caractère définitif, grâce à la présence de l’Esprit Saint.

Certes, il nous arrive encore de commettre des péchés. Mais la différence, c’est que nous ne sommes plus asservis au mal et au péché. Nous ne sommes plus obligés pour ainsi dire, de faire le mal, ou pour emprunter une expression à saint Paul, nous ne sommes plus soumis « à la loi du péché » (cf. Rm 8, 2). Par le don de l’Esprit Saint, Dieu nous offre une possibilité nouvelle: celle de devenir des Saints, comme Jésus.

Remercions donc le Seigneur, et demandons-lui la grâce de désirer cette sainteté. Ainsi, nous laissant transformer par l’Esprit, nous serons prêts « le jour où le Fils de l’homme se révélera » (Lc 17, 30), que ce soit comme un petit-enfant dans quelques jours à Noël, ou dans sa gloire, à la fin des temps. Amen !