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19ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 12,32-48)

« Toujours prêt ! »

C’est la devise bien connue des scouts … mais c’est aussi ce que l’on demande à certains professionnels comme les urgentistes, les pompiers, les policiers … ou à certaines personnes qui sont « d’astreinte » pour intervenir le plus rapidement possible pour le bien de tous.

C’est aussi ce que le Seigneur conseille à tous dans l’évangile de ce jour : « Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. ». Cette phrase a sans doute pour beaucoup de ses auditeurs rappelé le conseil donné avant de quitter l’Égypte, la terre d’esclavage de leurs ancêtres. Et surtout l’urgence de la situation. Ici, il s’agit de quitter une autre terre, notre terre, pour aller dans le Royaume … des cieux ; L’urgence n’étant pas de mourir, mais d’être toujours prêt … pour le service des autres.

La semaine dernière, Jésus nous parlait d’un homme riche qui faisait des rêves de grandeur à son profit, mais que Dieu rappelait à lui dans la nuit. Aujourd’hui, Jésus propose des paraboles où c’est le maître (Dieu) qui s’en va, et qui nous confie sa maison, qui nous fait intendant de son domaine, en attendant qu’il revienne. Et quand il revient, on ne sait pas quand, il attend que nous soyons prêts à le recevoir, et il fera le bilan de la façon dont nous avons géré ses affaires. Mais il insiste surtout sur la manière dont nous aurons géré les relations avec les autres personnels de sa maison, s’ils ont bien été nourris, si on a pris soin d’eux, les traitant avec civilité … et si on s’est bien conduit.

Alors que dans la parabole des talents, le maître se soucie des rentrées économiques, ici, le maître se soucie des relations interpersonnelles, humaines. Et de la bonne entente entre les gens. Avec cette conclusion qui rappelle celle des ’’talents’’ : « À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. »

« Jésus aujourd’hui nous rappelle que l’attente de la béatitude éternelle ne nous dispense pas de l’engagement pour rendre le monde plus juste et plus habitable. Au contraire, notre espérance de posséder le Royaume dans l’éternité nous pousse à œuvrer pour améliorer les conditions de la vie terrestre, spécialement des frères les plus faibles. » (Pape François, 7 août 2016)

Et pour cela, il y a toujours urgence, du service des autres, de la mise en œuvre du commandement d’amour : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13,34).

On pourrait reprendre ce que disait Jésus à la Samaritaine : « L’heure vient, et c’est maintenant… » (Jn 4,23). Parce que Dieu vient à toute heure, ou plutôt est toujours présent, et nous devons être prêts à lui rendre des comptes à toute heure, c’est-à-dire maintenant, quand Dieu vient vers nous, sous la forme d’un voisin amical ou mécontent, d’un autre nécessiteux, d’un pauvre sans abri, de personnes en détresse morale ou spirituelle … dans tous ceux qui nous entourent, pauvres ou riches (financièrement, intellectuellement, socialement …) ; voir même sa présence dans la nature que nous souillons sans vergogne …

On connaît ce conte où un vieillard très pieux se désolait de ne pouvoir rencontrer Dieu, et chaque jour il lui demandait « Veux-tu venir chez moi ? ». À force, Dieu lui dit : « Je viendrai chez toi mardi ». Tout réjoui, le mardi le vieillard prépara sa venue, il nettoya sa maison, prépara un poulet rôti, un bon gâteau, mis une chaise devant sa porte pour que Dieu puisse s’y asseoir, puis il attendit Dieu. Vers midi, un mendiant passa, et lui demanda s’il pouvait lui donner à manger, mais le vieillard lui dit : « J’ai bien un poulet rôti, mais il est réservé pour Dieu qui doit venir chez moi. Je ne peux rien te donner. ». Vers quatre heures de l’après-midi, un enfant passa et vit par la fenêtre le bon gâteau, et il demanda au vieillard : « Peux-tu me donner une part de ce gâteau, il a l’air tellement bon ! ». Mais le vieillard lui répondit : « Je ne peux pas ! Ce gâteau est réservé pour Dieu qui doit venir chez moi. ». Vers la fin de la journée, le vieillard s’impatientait : « Dieu n’est pas encore venu ! ». Vers les sept heures, un homme, fatigué par sa journée de travail, s’assit sur la chaise devant la porte du vieillard. Celui-ci sorti aussitôt de chez lui : « Sors de là. Cette chaise est réservée pour Dieu qui doit venir chez moi ». À dix heures, Dieu n’était pas encore passé ! Le vieillard était fâché contre Dieu : il n’avait pas tenu sa promesse ! Alors il dit à Dieu : « Dieu, tu n’avais dit que tu passerais chez moi aujourd’hui, la nuit est tombée, et tu n’es pas encore passé. Je n’attendais pas cela de toi ! ». Alors Dieu lui répondit : « Mais mon ami, je suis venu trois fois chez toi : le mendiant qui t’a demandé à manger, c’était moi ; l’enfant qui désirait une part de gâteau, c’était moi ; l’homme fatigué qui s’est assis sur ta chaise, c’était moi. Et à chaque fois, tu m’as refusé ton hospitalité. Moi aussi, je n’attendais pas cela de toi ! ».

N’est-ce pas souvent là notre attitude : ne pas voir Dieu dans les autres, ne pas savoir l’accueillir quand il vient vers nous, ne pas lui ouvrir notre porte … et notre cœur …

« Le Seigneur a frappé à tes volets, mais toi, tu dormais … » (Père Aimé Duval)

Seigneur Jésus,

Tu nous demandes d’être

toujours en tenue de service,

toujours prêt à rendre service,

à t’accueillir quand tu viens vers nous

par l’intermédiaire de diverses personnes.

Mais souvent, nous ne te reconnaissons pas,

alors que tu es en tous ceux qui nous entourent.

Ouvre nos yeux à ta présence.

Francis Cousin  

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Prière dim ordinaire C 19°




IRÉNÉE DE LYON

Né à Smyrne (Izmir en Turquie actuelle) entre 120 et 130, Irénée est un personnage assez bien connu de l’historiographie bien que ses écrits soient demeurés longtemps introuvables. La plupart des renseignements concernant sa vie nous sont donnés par Irénée lui-même, dans son œuvre. Nous sommes également renseignés par Eusèbe de Césarée qui décrit les persécutions subies par la communauté de Lyon au IIème siècle. Deuxième épiscope de la ville, il a connu Polycarpe de Smyrne et fut – selon Jérôme de Stridon – un disciple de Papias de Hiérapolis. Arrivé à Lyon vers 175 en tant que simple « prêtre », Irénée assiste alors l’épiscope Pothin dans la conduite spirituelle de la communauté. Lorsque ce dernier meurt, victime de la persécution déclenchée sous Marc-Aurèle en 177, c’est Irénée qui lui succède et est chargé de porter la lettre relatant la situation lyonnaise à Eleuthère, épiscope de Rome (auquel il se présente en qualité de « presbytre »). Son rôle à la tête de la communauté est marqué par une forte activité missionnaire ayant abouti à la création de plusieurs diocèses gaulois (Besançon par exemple). Selon les témoignages fort tardifs de Jérôme et Grégoire de Tours, il serait mort martyr durant la persécution de Septime Sévère (202) mais rien ne permet à l’heure actuelle de confirmer ce fait.

          Irénée est l’auteur d’une œuvre majeure de la littérature patristique, intitulée Réfutation de la Gnose au nom menteur mais plus connue sous l’appellation Contre les Hérésies (Aduersus hæreses) en cinq livres. Dans cet ouvrage, il fait œuvre de théologien systématique et entreprend de démontrer la fausseté des conceptions de ceux que l’on appelle « Gnostiques » (notamment le plus célèbre, Valentin), démontrant habilement que la véritable gnose (connaissance) est celle transmise par la prédication apostolique et conservée dans l’enseignement qui en est hérité.  Pour lui, l’orthodoxie dépend directement de l’histoire du salut débutée au début de l’Ancien Testament, selon un dessein divin ininterrompu. Irénée fait preuve d’une très grande maîtrise de la rhétorique pour contester point par point les arguments avancés par ses adversaires. Jamais outrancier, il manifeste bien sa réputation pacifique (déjà prouvée lors des conflits concernant la date de la Pâque) et fonde solidement son argumentation sur la dualité entre la chair magnifiée par le Christ et l’esprit dans lequel s’incarne la perfection de la création. En cela, la pensée d’Irénée est clairement influencée par la théologie de Jean. Les prétentions apostoliques des Gnostiques sont faussées par le détournement de cette dualité et une conception déviante du Christ. Il est également l’auteur d’une Démonstration de la prédication apostolique parvenue uniquement dans une traduction arménienne (à l’instar de nombreux fragments du Contre les hérésies).

          L’œuvre d’Irénée nous a conservé des éléments intéressants, tels que la mention du fameux Évangile de Judas ou encore la première attestation de l’évangile tétramorphe (c’est-à-dire l’utilisation des quatre évangiles néotestamentaires reconnus comme inspirés). On peut affirmer que les écrits d’Irénée constituent des ouvrages incontournables pour la compréhension de la théologie chrétienne naissante autant que pour l’appréhension de la construction de l’orthodoxie.

Bibliographie élémentaire

IRÉNÉE DE LYON, Contre les hérésies I à V, A. Rousseau et L. Doutreleau (éd. et trad.), Paris, Cerf, 1965-1982.

IRÉNÉE DE LYON, Démonstration de la prédication apostolique, A. Rousseau (trad.), Paris, Cerf, 1995.

J. FANTINO, La Théologie d’Irénée, Paris, Cerf, 1994.

E. NORELLI, C. MORESCHINI, Histoire de la littérature chrétienne ancienne grecque et latine, T. I, Genève, Labor et Fides, 2000 pp. 269-279.

S.-C. MIMOUNI, P. MARAVAL, Le Christianisme, des origines à Constantin, Paris, PUF, 2006, pp. 396-397.

Extraits

           Sans égard pour la vérité, certaines gens introduisent (dans la doctrine) des paroles mensongères et de vaines généalogies, qui soulèvent plus de difficultés, comme dit l’Apôtre, qu’elles ne contribuent à bâtir l’édifice de Dieu dans la foi ; leurs combinaisons adroites convainquent et entraînent les naïfs; ils les emprisonnent dans des explications falsifiées des paroles du Seigneur, dans des commentaires pervers de ses belles paroles. Ainsi chavirent beaucoup d’âmes, attirées par une prétendue connaissance (qu’on leur ferait acquérir), loin de Celui qui a organisé et ordonné l’univers. Qu’ont-ils donc à leur montrer, (ces habiles), de plus haut et de plus grand que ce Dieu qui a fait le ciel et la terre et tout ce qu’ils contiennent? Leurs artifices de paroles poussent à l’étude les incapables et leurs absurdités causent la perte de ces malheureux, qui, ne pouvant discerner le vrai du faux, blasphèment avec impiété le Créateur. Ils ne montrent pas leur erreur pour ne pas se découvrir et ne pas être pris; elle s’enveloppe adroitement de vraisemblances spécieuses, et, par ses dehors, elle apparaît aux novices comme plus vraie que la vérité même. Un homme qui valait mieux – que nous disait justement, en pensant à ces gens-là : l’émeraude est une pierre précieuse, que beaucoup achètent à gros prix ; elle ressemble (pourtant) — et c’est humiliant pour elle — à un morceau de verre bien travaillé, chaque fois que ne se rencontre pas un connaisseur capable de discerner ce travail. Mêlez de l’airain à de l’argent : qui donc pourra facilement s’en apercevoir?

Nous ne voulons pas que, par notre fait, des âmes soient emportées (par ces ravisseurs), comme des brebis par des loups, trompées par les toisons qui les couvrent, sans les reconnaître, eux dont le Seigneur a voulu que nous nous gardions, eux qui parlent comme nous et qui pensent autrement que nous! C’est pourquoi nous avons jugé nécessaire de puiser dans les écrits des disciples de Valentin, comme ils disent, et d’entrer en relations avec quelques-uns d’entre eux et de nous rendre maître de leur doctrine afin de vous révéler, mon bien-aimé, ces prodigieux et profonds mystères que tout le monde ne peut pas comprendre.., parce que tout le monde n’a pas un assez puissant cerveau. Apprenez à les connaître, vous aussi, afin de les révéler à ceux qui sont avec vous, afin de les exhorter à se bien garder des abîmes de la folie et des blasphèmes contre le Christ! Autant qu’il sera en notre pouvoir, c’est la doctrine de ceux qui enseignent aujourd’hui, — je parle des élèves de Ptolémée, la fleur de l’école de Valentin —, que nous ferons connaître brièvement et clairement ; et, dans la mesure de nos faibles moyens, nous vous mettrons en mesure de ruiner cette doctrine, en montrant que ce qu’ils disent est absurde et répugne à la vérité.

Nous n’avons pas l’habitude d’écrire, nous ne sommes pas habile dans l’art des mots; mais c’est la charité qui nous pousse à vous révéler, à vous et à ceux qui sont avec vous, les doctrines jusqu’ici cachées que la grâce de Dieu fait venir au jour : « car il n’est rien de caché qui ne doive être révélé, rien de secret qui ne doive être connu. » Vous ne chercherez chez nous — qui vivons chez les Celtes et qui, dans nos occupations, usons de la langue barbare —, ni l’art des mots que nous n’avons pas appris, ni la force du (véritable) écrivain que nous n’avons pas cherché à atteindre, ni ces grâces du style, ni cet art de plaire que nous ignorons. Simplement, véridiquement, sans recherche, mais avec amour, nous avons écrit (ce livre) pour vous; avec amour recevez-le de même ; développez-le, puisque vous en êtes plus capable que nous; les germes naissants que nous vous donnons fructifieront dans les profondeurs de votre pensée; vous montrerez avec force à ceux qui vous entourent ce que nous aurons faiblement indiqué. Vous cherchez depuis longtemps à étudier leur doctrine : nous nous sommes efforcés de vous la faire connaître et même de vous donner le moyen d’en montrer les mensonges ; rivalisez donc avec nous et occupez-vous de servir nos autres frères, selon la grâce que vous a donnée le Seigneur, afin que les raisons spécieuses (de ces gens-là) n’entraînent plus les âmes.

                                                          Contre les hérésies I, préface

          Le Seigneur de toutes choses a en effet donné à ses apôtres le pouvoir d’annoncer l’Évangile et c’est par eux que nous avons connu la vérité, c’est-à-dire l’enseignement du Fils de Dieu. C’est aussi à eux que le Seigneur a dit : « Qui vous écoute m’écoute, et qui vous méprise me méprise et méprise Celui qui m’a envoyé ». Car ce n’est pas par d’autres que nous avons connu l’ « économie » de notre salut, mais bien par ceux par qui l’Évangile nous est parvenu. Cet Évangile, ils l’ont d’abord prêché ; ensuite, par la volonté de Dieu, ils nous l’ont transmis dans des Écritures, pour qu’il soit le fondement et la colonne de notre foi. Car il n’est pas non plus permis de dire qu’ils ont prêché avant d’avoir reçu la connaissance parfaite, comme osent le prétendre certains, qui se targuent d’être les correcteurs des apôtres. En effet, après que notre Seigneur fut ressuscité d’entre les morts et que les apôtres eurent été, par la venue de l’Esprit Saint, revêtus de la force d’en haut, ils furent remplis de certitude au sujet de tout et ils possédèrent la connaissance parfaite ; et c’est alors qu’ils s’en allèrent jusqu’aux extrémités de la terre, proclamant la bonne nouvelle des biens qui nous viennent de Dieu et annonçant aux hommes la paix céleste : ils avaient, tous ensemble et chacun pour son compte, l’ « Évangile de Dieu ». Ainsi Matthieu publia-t-il chez les Hébreux, dans leur propre langue, une forme écrite d’Évangile, à l’époque où Pierre et Paul évangélisaient Rome et y fondaient l’Église. Après la mort de ces derniers, Marc, le disciple et l’interprète de Pierre, nous transmit lui aussi par écrit ce que prêchait Pierre. De son côté, Luc, le compagnon de Paul, consigna en un livre l’Évangile que prêchait celui-ci. Puis Jean, le disciple du Seigneur, celui-là même qui avait reposé sur sa poitrine, publia lui aussi l’Évangile, tandis qu’il séjournait à Éphèse, en Asie. Et tous ceux-là nous ont transmis l’enseignement suivant : un seul Dieu, Créateur du ciel et de la terre, qui fut prêché par la Loi et les prophètes, et un seul Christ, Fils de Dieu. Si donc quelqu’un leur refuse son assentiment, il méprise ceux qui ont eu part au Seigneur, méprise aussi le Seigneur lui-même, méprise enfin le Père ; il se condamne lui-même, parce qu’il résiste et s’oppose à son salut, — ce que font précisément tous les hérétiques

                                                              Contre les hérésies III, 1




18ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 12, 13-21)

            « La vie de quelqu’un ne dépend pas de ce qu’il possède. »

Si tout le monde semble plus ou moins d’accord avec cette phrase de Jésus, tout au moins en théorie, dans la pratique courante de la vie, il semble qu’elle n’est pas reconnue.

Il n’est que de voir toutes les publicités que nous recevons dans nos boites aux lettres ou qui s’étalent dans les journaux et qui nous poussent à toujours consommer davantage. Et si nous regardons parfois les caddies au sortir des grands magasins, on se rend compte que ce n’est pas cette phrase qui motive les acheteurs. Sans parler des tout petits paquets qui sortent des magasins de luxe dont le contenu se vent avec trois chiffres, sinon plus.

C’est notre société de consommation qui nous entraîne à de tels excès. C’est tellement entré dans nos mœurs que cela devient une préoccupation. Il suffit d’aller dans une journée d’information sur les métiers pour les collégiens pour s’en rendre compte : l’une des premières questions posées par les élèves étant : « Combien ça gagne ? ». Ou voir la réaction des parents au choix d’un métier pour leurs enfants : « Quoi ! Tu vas pas faire ça ! Tu es capable de beaucoup mieux, d’avoir un meilleur salaire ! ». Et ne parlons pas de la réaction des parents ou de l’entourage d’une personne qui leur annonce qu’elle veut entrer au séminaire ou dans un ordre religieux, homme ou femme.

C’est pourtant toute la problématique des textes de ce dimanche.

Tout dépend de ce que l’on met sous le terme de ’’ce qu’il possède’’. Dans le sens où Jésus l’utilise, il n’y a pas de doute, il s’agit de biens matériels.

Mais les humains ne possèdent pas seulement des biens matériels, mais aussi des biens immatériels, qu’on appelle des qualités, des dons … toute une manière d’être, de vivre, de savoir-vivre. Deux types de possession mise en évidence par le philosophe Gabriel Marcel dans son livre « Être et Avoir ».

Il y a ce que l’on est, et il y a ce que l’on a.

Et pour Jésus le plus important est ce que l’on est. Non pas qu’il critique les biens matériels, mais l’utilisation que l’on en fait. Si c’est pour que cela serve au bien commun, pas de problème. Au jeune homme riche qui ne se sent pas capable de « donner aux pauvres », il est triste ; par contre quand Zachée promet de distribuer « la moitié de ses biens aux pauvres », il se réjouit « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison » (Lc 19,9).

Et c’est ce qui compte pour Jésus, que le salut soit pour chacun de nous, que nous ayons tous la vie éternelle.

Dans la parabole de ce jour, le gros propriétaire fait des projets pour pouvoir entasser toutes ses récoltes, et il se satisfait de ce qu’il pourra ensuite « manger, boire, jouir de l’existence ». Il ne pense qu’à lui, son bien-être personnel. Manque de chance, « cette nuit même, on va te redemander ta vie ». Et Jésus conclue : « Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. ».

Il avait déjà dit des choses du même genre, notamment : « Faites-vous des trésors dans le ciel, là où il n’y a pas de mites ni de vers qui dévorent, pas de voleurs qui percent les murs pour voler. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. » (Mt 6,20-21).

C’est ce que nous dit d’une autre manière saint Paul : « Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre », et pour cela mourir à tout ce qui est mal, dont « cette soif de posséder, qui est une idolâtrie », et revêtir « l’homme nouveau … Le Christ : il est tout, et en tous ».

Riche en vue de Dieu … les réalités d’en haut … tout ce qui nous fait penser, non pas à notre petite vie terrestre, mais à celle du ciel, à la vie éternelle … Voilà ce qu’il nous faut faire.

Sinon, on risque fort de finir sa vie en se disant : « Vanité des vanités, tout est vanité ! » (1° lecture).

Seigneur Jésus,

Une fois encore tu nous mets en garde

contre une trop grande dépendance

de tous les biens matériels,

surtout s’ils sont utilisés principalement à notre profit,

et non pas pour le service du bien commun.

Que notre cœur soit tourné vers les autres,

et non vers ’nos’ biens.

Francis Cousin  

 

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Prière dim ordinaire C 18°




17ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN (St Luc 11, 1-13)

La miséricorde de Dieu est infinie. Abraham, qui a eu l’initiative de demander au Seigneur de ne pas détruire les deux villes de Sodome et Gomorrhe s’il y trouve 50 justes, met également, par cette demande, une limite à la Miséricorde de Dieu. Et nous avons tort de mettre une telle limite à sa miséricorde. Lorsqu’il prend conscience qu’il ne pourra peut-être pas trouver 50 justes, Abraham demande de baisser le nombre de justes dans Sodome et Gomorrhe : de 50 à 45, puis à 40, 30, jusqu’à descendre à 20 puis à10 justes. Ce sera insuffisant pour sauver les villes. Abraham est pris à son propre jeu. Il a peur d’abuser de la miséricorde de Dieu, comme si Dieu ne pouvait pas descendre en dessous de 10 justes. Il aurait pu demander de sauver Sodome et Gomorrhe même s’il n’y a aucun juste, mais il n’a pas osé. Il lui fallait en quelque sorte une monnaie d’échange. Il est fort probable que parce qu’Abraham est lui-même un homme juste, marchant toujours avec Dieu, ce dernier aurait probablement accepté de pardonner Sodome et Gomorrhe, sans rien demander en échange. Personne ne peut épuiser la miséricorde Dieu, sa miséricorde est infinie. Ep 3,20 nous donne une idée de la miséricorde de Dieu : « Celui dont la puissance agissant en nous est capable de faire bien au-delà, infiniment au-delà de tout ce que nous pouvons demander ou concevoir ». Ne croyons donc pas que nous pourrons mettre Dieu en colère si nous lui demandons beaucoup, car Il est toujours prêt à faire encore beaucoup plus que ce que nous pourrons lui demander avec foi. Gn 6,9 : Noé était un homme juste et droit parmi ses contemporains : Noé marchait avec Dieu. Et c’est parce que Noé est juste que Dieu sauve sa famille et renouvelle le peuplement de la terre entière. Rien n’a été demandé en retour. Tel fut le cas également pour Jésus-Christ qui est mort pour tous. Dieu n’a pas mis de condition d’avance pour que le Christ nous rachète. C’est bien par pure miséricorde que le Christ nous rachète de nos fautes en donnant sa vie afin que nous soyons justifiés, ajustés sur Dieu le Père, capables de faire sa volonté, et que nous soyons sanctifiés. Maintenant qu’il s’est sacrifié pour nous, il dépend de nous de le suivre ou non. A ceux qui le suivent, maintenant, il nous demande la foi, de croire en lui, d’avoir confiance en Lui, même si quelquefois il semble ne pas entendre nos prières. C’est parce qu’il a intercédé auprès de son Père, une intercession allant jusqu’au sacrifice de la Croix et à la mort, que l’humanité entière est sauvée. Pour qu’une âme ne soit pas sauvée, il faut que jusqu’au bout, même après la mort, elle dise à Dieu : « je ne veux pas te suivre ». Ce sera alors son dernier mot avant d’aller en enfer. Mais c’est elle qui l’aura voulu. Ce ne sera jamais le désir de Dieu d’envoyer quelqu’un en ce lieu de haine et de division. Au contraire, Dieu veut tous nous sauver.

Et c’est «ensevelis avec lui lors du baptême que nous sommes aussi transformés avec le Christ » pour une vie nouvelle en Jésus-Christ : le baptême a supprimé nos péchés pour nous permettre de renaître d’une vie nouvelle dans le Christ. Le deuxième texte d’aujourd’hui nous dit : « 13 Vous qui étiez morts du fait de vos fautes et de votre chair incirconcise, Il vous a fait revivre avec lui! Il nous a pardonné toutes nos fautes! 14 Il a effacé, au détriment des ordonnances légales, la cédule de notre dette, qui nous était contraire; il l’a supprimée en la clouant à la croix ». Le baptême efface nos péchés. Mais si le Christ est mort pour nous sauver du péché, pourquoi donc péchons-nous encore ? Nous continuons à pécher pour plusieurs raisons : d’abord Dieu nous laisse toujours libres de le suivre ou de ne pas le suivre, il ne peut pas nous obliger à Le suivre, ce serait alors une forme d’esclavage. Ensuite, parce que nous avons le libre choix, nous préférons souvent vivre et profiter des plaisirs de la vie sur terre car la vie est courte et nous finissons alors par tourner le dos au Seigneur pour faire passer toutes sortes de choses de la vie avant Dieu. Mais à ceux qui font le choix de Dieu, le Christ nous donne les moyens de Le suivre : nous avons sa Parole mis par écrit dans la Bible, nous avons ses institutions : l’Eucharistie et le baptême, nous avons la mise en place des structures de l’Eglise avec les Apôtres, les prêtres à la Cène (c’est là que se crée le sacrement de l’ordre car les apôtres deviennent des prêtres), et nous avons la prière du Seigneur, le « Notre Père » appelé encore « oraison dominicale ». Et c’est pour que nous soyons toujours avec Dieu que le Christ nous a appris à prier le « Notre Père ». Parfois certains chrétiens semblent chercher des prières « efficaces ». Le « Notre Père » est la prière la plus efficace qui soit, parce qu’il nous vient de Dieu lui-même en la personne de Jésus–Christ.

D’abord, appeler Dieu notre « Père », c’est une révélation de Dieu lui-même. C’est Lui en la personne de Jésus-Christ qui nous demande de s’adresser à Lui en l’appelant « Père », ou « Notre Père ». Jamais, avant cette révélation, personne n’a appelé Dieu « Père » ou « Notre Père ». Ce qui fait alors de Dieu, un Dieu proche de chacun de nous. Il n’est pas inaccessible, Il est là dans nos cœurs, avec nous, en nous, il a fait de nous sa demeure. Nous sommes Temples de Dieu, c’est là qu’Il habite. A nous de ne pas le mettre dehors par nos péchés. Et l’expression « qui es aux cieux », qui se trouve en Matthieu, ne désigne pas un lieu ou un espace mais une manière d’être qui exprime sa majesté divine (CEC 2794). La prière commence par « Notre Père », le mot « Notre » implique que ce n’est pas la prière d’une seule personne, même quand elle prie séparément chez elle ou ailleurs, mais désigne la prière de l’ensemble de tous les chrétiens qui forment l’Eglise. Chacun de nous fait partie du peuple de Dieu qui est l’Eglise. « Prier le « Notre Père » nous fait sortir de notre individualisme, et pour qu’il soit dit « en vérité », nos divisions et nos oppositions doivent être surmontées » (CEC 2792). Avec le « Notre Père », nous prions Dieu avec les paroles mêmes de Dieu, tout comme la « Prière du temps Présent » qui a été réalisée à partir du Texte Officiel de la « liturgie des Heures » et qui comprend de nombreux psaumes et devient ainsi la prière officielle de l’Eglise, prière dite par la plupart des communautés religieuses et qu’on retrouve au moment des Laudes et des Vêpres. Là aussi, c’est prier Dieu avec les paroles de Dieu.

« Que ton Nom soit sanctifié » signifie d’abord « que la personne même de Dieu soit sanctifiée », « que Dieu soit sanctifié », mais il l’a toujours été puisqu’il est Dieu, et Dieu est source de toute sainteté. Si nous employons cette expression, c’est qu’elle est liée à nos propres comportements et à nos propres actions : Dieu est sanctifié chaque fois que nous faisons la volonté de Dieu en tous les domaines, chaque fois que nous faisons une action qui plaise à Dieu. A ce moment-là, les non-croyants et les critiqueurs de chrétiens qui nous regardent peuvent dire enfin : « vraiment leur Dieu est Dieu ». Pour que Dieu soit reconnu comme Dieu, saint, et source de toute sainteté, il va falloir que les chrétiens soient irréprochables, ou tout au moins qu’ils essaient de l’être, car (CEC 2814) « si nous vivons bien, le nom divin est béni, mais si nous vivons mal, il est blasphémé ». Rm 2,14 : « le nom de Dieu, à cause de vous, est blasphémé parmi les païens ».

« Que ton règne vienne ». « Dans la prière du Seigneur, il s’agit principalement de la venue finale du Règne de Dieu par le retour du Christ » à la fin des temps (CEC 2818). Depuis la Pentecôte (descente de l’Esprit Saint sur les Apôtres sous forme de langues de feu), la venue du Règne de Dieu est l’œuvre de l’Esprit Saint qui poursuit son œuvre dans le monde et achève toute sanctification ». Mais dès aujourd’hui, nous pouvons prier le Seigneur pour qu’Il règne en nos cœurs : Que ton Règne vienne …pour que le péché ne règne donc plus dans notre corps mortel. Et si le Seigneur règne en nos cœurs, nous recevons des signes de ce règne comme nous le dit Rm 14,17 : « le Règne de Dieu est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint ». Par ces fruits, chacun peut voir si Dieu règne en son cœur. Lorsque nous avons en nous la paix, une paix durable, une joie intérieure malgré les problèmes de santé ou autres, une justification de tous les instants, c’est à dire « ajustés sur Dieu », « en accord avec Dieu », et donc unis au Christ parce que purifiés des péchés, alors le Seigneur règne dans nos cœurs. Il faut alors continuer à Lui dire tous les jours : « que ton règne vienne ».

« Donne-nous chaque jour notre pain quotidien ». Jésus-Christ nous dit dans l’évangile d’aujourd’hui : « demandez et l’on vous donnera; cherchez et vous trouverez; frappez et l’on vous ouvrira. 10 Car quiconque demande reçoit; qui cherche trouve; et à qui frappe on ouvrira ». N’ayons donc aucune hésitation à demander au Père, au nom de son Fils, notre pain quotidien. Le Pape François, dans ses « Méditations Quotidiennes » (P.96), dit ceci : « Jésus nous met au défi de la prière et dit ainsi: « Tout ce que vous demanderez en mon Nom, je le ferai pour que le Père soit glorifié dans le Fils ». Si vous demandez quelque chose en mon Nom, « je le ferai ». Ayons le courage d’aller à Jésus et de lui dire: « Et maintenant que tu as dit, fais-le! (puisque je l’ai fait selon tes propres recommandations). Fais que la foi avance, fais que l’évangélisation aille de l’avant, fais que ce problème que j’ai soit résolu… » puisque je les ai demandés en ton Nom, et donne-nous chaque jour notre pain quotidien. CEC 2830 : « Le Père, qui nous donne la vie, ne peut pas ne pas nous donner la nourriture nécessaire à la vie, tous les biens  » convenables « , matériels et spirituels. Dans le Sermon sur la montagne, Jésus insiste sur cette confiance filiale qui coopère à la Providence de notre Père (cf. Mt 6, 25-34). Il ne nous engage à aucune passivité (cf. 2 Th 3, 6-13) mais veut nous libérer de toute inquiétude entretenue et de toute préoccupation ». Ainsi donc, tous les biens matériels et spirituels nous viennent de Dieu. Et (CEC 283) « la présence de ceux qui ont faim par manque de pain révèle une autre profondeur de cette demande. Le drame de la faim dans le monde appelle les chrétiens qui prient en vérité à une responsabilité effective envers leurs frères, tant dans leurs comportements personnels que dans leur solidarité avec la famille humaine ». Dieu n’a jamais voulu la misère de l’être humain, et c’est pour cela que le Christ nous invite instamment à aider ceux qui sont dans la misère afin qu’eux aussi retrouvent leur dignité, matériellement et spirituellement. Car toutes les misères du monde viennent d’une manière ou d’une autre du péché, et donc de l’éloignement de Dieu. D’où cette demande dans l’évangile d’aujourd’hui : 4 « remets-nous nos péchés, car nous-mêmes remettons à quiconque nous doit; et ne nous soumets pas à la tentation ». Nous demandons à Dieu de nous pardonner nos péchés afin que nous soyons nous-mêmes sortis de la misère spirituelle, et que, uni à Lui et rempli d’amour, nous nous tournions comme le Christ vers les autres à la fois pour pardonner, pour aider, pour sauver au nom de Jésus-Christ. Mais Dieu nous pardonnera nos péchés qu’à la condition que nous soyons capables de pardonner aussi ceux qui nous ont fait du tort. Prions Marie pour qu’elle nous aide à demander au Père miséricordieux, avec foi, humilité et simplicité, notre pain quotidien.

 

Claude Won Fah Hin




17ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 11, 1-13)

            « Demandez, on vous donnera. »

 

C’est ce qui ressort des textes de ce jour.

À la demande des apôtres « Seigneur, apprends-nous à prier », Jésus va donner la prière que nous connaissons tous, qui a été adoptée par tous depuis les débuts du christianisme, celle qui commence par « Notre Père ». Ici, dans le texte de Luc, elle commence par « Père », ce qui revient au même, puisque si tous nous disons ‘Père’, c’est qu’il est vraiment Notre Père.

Et dans cette prière, il n’y a que des demandes. Mais des demandes qui nous engagent : « Que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. », ce n’est pas une demande générale qui concerne tout le monde et personne en particulier : Elle me concerne moi-même : Qu’est-ce que je fais pour que le nom de Dieu soit sanctifié, qu’est-ce que je fais, chaque jour, pour que le règne de Dieu vienne et se répande sur toute la terre ? Oh, pas des choses compliquées, des choses à ma portée, à la portée de tous, selon son propre environnement … Est-ce que la venue du règne de Dieu auprès de tous m’importe ? Ou est-ce qu’on dit cette phrase par habitude, sans se préoccuper de ce à quoi cela nous engage … ?

De la même manière, le pardon des offenses … Parce qu’ici, dans saint Luc, le texte est plus clair que dans saint Matthieu : « car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. ». Et si nous, nous ne pardonnons pas … Que devient notre demande de pardon ?

Et juste après cette prière, Jésus donne des commentaires qui vont avec elle : la parabole de l’ami sans gêne qui vient réveiller son voisin pour qu’il lui donne du pain, et qui se termine par : « même s’il ne se lève pas pour donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu’il lui faut. », et aussitôt après « Demandez, on vous donnera. ».

Cela veut dire qu’il faut oser demander des choses à Dieu. Sans crainte. Même si on a l’impression de demander toujours la même chose, de gêner Dieu. Même si on est mal à l’aise de demander toujours … La demande d’Abraham pour sauver les quelques justes de Sodome, dans la première lecture, nous montre qu’il faut parfois insister : cinquante justes … quarante-cinq … quarante … jusque à dix justes … et à chaque fois Dieu reprend : « pour … dix justes, je ne détruirais pas la ville. ».

Mais il est évident que cela dépend de ce que l’on demande : si c’est pour nous, notre intérêt personnel, à notre profit au détriment des autres, … ça se passe pas !

Par contre, si c’est « pour la gloire de Dieu et le salut du monde », alors la demande sera exaucée, peut-être pas comme on l’aurait souhaité, et à l’heure qu’on aurait voulue, mais cela se fera.

Finalement, la prière, c’est une question de confiance en Dieu, entre nous et Dieu. Et la confiance que Dieu a envers nous, elle est indubitable. Elle est de toujours ! Par contre, la confiance que nous avons en Dieu … elle peut être variable … même si on s’en défend !

Comme une confiance entre un père et son enfant …

Ce que dit Jésus à la fin : « Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu du poisson ? … Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »

Si Jésus dit que nous sommes mauvais, c’est au sens que nous ne sommes pas parfaits, comme Dieu est parfait.

Mais qu’est-ce que le Père du ciel donne ? L’Esprit Saint. Pas ceci ou cela ! Non, L’Esprit Saint !

C’est-à-dire ce qu’il est en Lui-même. « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), « Dieu est Saint » (Lv 19,2; 20,26; 21,8)…

Pour Dieu, c’est la seule bonne chose qu’il puisse nous donner. Parce que c’est la meilleure !

Seigneur Jésus,

Tu nous apprends à prier,

à avoir une relation de confiance avec ton Père.

Nécessaire, mais non suffisante :

il faut aussi demander,

avec conviction, sans crainte,

car ton Père sait déjà ce dont nous avons besoin.

Et il nous donne le mieux :

l’Esprit Saint.

À nous de nous laisser imprégner par lui !

Francis Cousin  

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Prière dim ordinaire C 17°




16ième Dimanche du Temps Ordinaire – Francis Cousin (Lc 10,38-42)

« Marie a choisi la meilleure part. »

 

L’évangile de ce jour vient juste après celui que nous avons entendu la semaine dernière. Dans celui-ci, Jésus montrait par les actes du Bon Samaritain la bonté de Dieu qui veut sauver tous les humains, et il nous invitait à faire de même. Dans celui de ce jour, Jésus veut montrer l’importance de la Parole de Dieu accueillie par ceux qui l’entendent, ici Marie.

Voir et entendre l’action de Dieu est ce qui est le plus important pour ceux qui veulent le suivre.

Dans l’évangile de ce jour, nous voyons Jésus, en marche vers Jérusalem, recevoir l’hospitalité dans une maison habitée par deux femmes, deux sœurs : Marthe et Marie. C’est Marthe qui avait invité Jésus, et elle voulait lui faire honneur, c’est pourquoi « elle était accaparée par les multiples occupations du service. », tandis que Marie, « assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. », ce qui, au bout d’un moment agaça Marthe qui se plaignit à Jésus : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. »

Contrairement à ce qu’elle aurait pu attendre, Jésus ne va pas aller dans son sens : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. ».

Le fait de l’appeler par son nom par deux fois pourrait montrer une sorte de reproche de son intervention. En effet, Marthe est préoccupée par la satisfaction de Jésus, mais une satisfaction comme elle la pense : un bon repas, bien servi, etc … En fait, des préoccupations du monde. Alors que la satisfaction de Jésus se trouve dans l’écoute de Marie, attentive à ce qu’il dit et sans doute participant activement à la discussion. L’écoute de la Parole de Dieu, la seule chose que Jésus juge nécessaire. L’écoute attentive de la Parole ; une écoute qui engage l’écoutant. Ne dira-t-il pas un peu plus loin : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la Parole de Dieu, et la mettent en pratique ! » (Lc 11,28). Une écoute qui amène des actions. Mais des actions qui vont dans le sens de la Parole de Dieu, et non dans le sens du monde.

Jésus n’oppose pas l’écoute de la Parole, la relation à Dieu (ce qu’on appelle aussi la contemplation) et l’action, mais il leur donne un ordre de priorité : d’abord la relation à Dieu, la contemplation, et ensuite l’action imbibée de cette relation à Dieu, et éclairée par l’Esprit Saint.

L’ordre inverse n’est pas bon : faire l’action, et ensuite se justifier vis-à-vis de Dieu en disant : « Tu as vu ce que j’ai fait ? Pas mal hein ? » (Voir la parabole du pharisien et du publicain (Lc 18,9-14).

Pour Jésus, tout est une question de service. N’a-t-il pas dit : « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. » (Mt 20,26), et on peut voir le service de deux manières :

– Le service de Dieu : Parole, prière, contemplation …

– Le service des autres : action, levain dans la pâte …

(Il y a encore une autre manière de voir le service, le service pour soi, pour se mettre en valeur, mais qui n’est pas agréée par Jésus : « Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir. » (Mt 20,28))

Ce sont d’ailleurs ces deux formes de services qui ont été à l’origine de la création des diacres : « Il n’est pas bon que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables. Cherchez plutôt, frères, sept d’entre vous… et nous les établirons dans cette charge. En ce qui nous concerne, nous resterons assidus à la prière et au service de la Parole. » (Ac 6,2-4).

Cette distinction nette entre les deux sortes de service peut être bonne si tous les acteurs sont assidus à la Parole et à la relation à Dieu.

Il est d’ailleurs remarquable de constater que ceux qui donne le plus aux autres sont aussi ceux qui ont une vie contemplative importante :

– Jean-Marie Vianney, curé d’ars, qui eut une grande influence sur ceux qu’il rencontrait, priait devant le tabernacle plusieurs heures par jour.

– Mère Térésa, lorsque ses sœurs lui dirent qu’elles avaient trop de travail, prit la décision de multiplier par deux le temps quotidien d’adoration de toute la communauté, et alors tout s’est arrangé.

– le père Guy Gilbert, le curé des loubards comme on l’appelle, qui prends cinq jours par mois pour faire retraite dans un monastère.

– et sans doute encore beaucoup d’autres …

Tous trouvent dans la prière et l’adoration la force nécessaire pour mettre en œuvre leur activité pastorale.

Alors que très souvent, on entend des gens dire : « Avec tout ce que je fais dans la journée, je n’ai pas le temps de prier » ou « Le dimanche est le seul jour où je peux me lever tard, me reposer … alors la messe … je peux pas y aller ! ».

Mais en fait, c’est la prière, la relation à Dieu, qui permet d’éclairer notre vie, de lui donner un sens, et qui nous aide à définir des priorités, ce qui permet de gagner du temps, et nous donne la force d’aller plus loin dans nos activités pastorales.

Pour nous, ce qu’il nous faudrait faire : se mettre au service de Dieu et des autres, en donnant la priorité à la relation à Dieu, qui est le moteur de la relation aux autres.

Prenons le temps de l’intériorité sous le regard de Dieu !

 

Seigneur Jésus,

Très souvent nous sommes orientés vers l’action,

parce qu’on voit le résultat …

et nous négligeons la relation avec toi,

qui doit être le moteur de notre action,

mais dont on ne voit pas le résultat.

Mais sans toi,

nous ne pouvons rien faire !

 

Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée du 16° dimanche du temps ordinaire, et à la Parole d’Evangile, cliquer sur les titres suivants :

Prière dim ordinaire C 16°

Parole d’évangile semaine 19-29

 




Méliton de Sardes

Bien qu’il soit un auteur majeur au sein des Pères de l’Eglise, on sait relativement peu de choses concernant Méliton. Originaire de Sardes (ancienne capitale du Royaume de Lydie) en Asie Mineure (Turquie actuelle), Polycarpe de Smyrne y place le lieu de sa sépulture. Eusèbe de Césarée en fait l’épiscope de la cité mais il semble qu’aucun autre élément ne puisse le confirmer. Il meurt vers 180-190 et on date son œuvre des années 160-180. Quoi qu’il en soit, sa réputation semble notable à l’époque et on note qu’il est le premier Père connu à réaliser un pèlerinage en Palestine afin d’y faire des recherches portant sur la Bible hébraïque. On estime qu’il fut originaire du milieu quartodéciman, c’est-à-dire le courant judéo-chrétien célébrant le temps pascal en même temps que la Pâque juive, à une époque où le conflit est très vif avec la communauté de Rome dont l’épiscope Victor souhaite imposer une date différente pour commémorer la Passion et la Résurrection (ce qui ne l’empêche pas d’être à l’origine de la « théologie de la substitution » en ce qu’il considère que le salut du christianisme rend caduque l’élection d’Israël).

         Méliton est essentielle connu de l’Histoire pour une œuvre majeure nous étant parvenue tardivement (1936) ; il s’agit du livre Sur la Pâque, un traité poétique portant sur la Passion du Christ et sa symbolique quant à la destinée d’Israël. Texte éminemment intéressant par la conception qu’il renferme, il n’en demeure pas moins d’une grande violence vis-à-vis du judaïsme qu’il n’hésite pas à accuser de déicide (l’ouvrage est considéré comme le premier témoin littéraire de cet antijudaïsme qui persistera durant des siècles en insistant sur le rôle joué par Israël dans la mort de Jésus de Nazareth). Il est cependant capital de constater que Méliton lui-même est totalement versé dans la connaissance des Ecritures et manifeste ainsi son appartenance plus ou moins éloignée à la foi juive. Il est d’ailleurs fort probable que l’auteur – fortement marqué par l’Evangile de Jean – ait utilisé l’Evangile selon Pierre, texte judéo-chrétien fortement imprégné de ressentiment envers Israël responsable de la mise à mort du Messie. On estime que cette œuvre marque la rupture définitive entre christianisme et judaïsme (notamment d’après S.-C. Mimouni, grand spécialiste des rapports entre christianisme et judaïsme aux origines).

         Méliton de Sardes aurait également rédigé une Apologie destinée à défendre la foi chrétienne auprès de l’empereur Marc-Aurèle (uniquement trois fragments ont été transmis dans l’Histoire Ecclésiastique d’Eusèbe de Césarée). Par ailleurs, plusieurs fragments nous sont parvenus, provenant d’œuvres méconnues, manifestant une interprétation dite « typologique » de la conception du Christ (notamment à travers la figure d’Isaac considéré comme une figure du Christ sacrifié).

         Bien que faisant preuve d’une grande hostilité envers Israël (en réalité le rabbinisme naissant), l’œuvre de Méliton est également empreinte d’une grande maîtrise poétique et d’une christologie très profonde renvoyant aux racines mêmes de la foi nazaréenne. Il est important de lire le traité Sur la Pâque pour comprendre les origines de ce que l’on appelle (bien souvent à tort) l’antijudaïsme chrétien primitif et qui est en réalité le témoignage d’une virulente polémique inter-juive présente également dans le Talmud.

 

                                                                                                    Yannick Leroy

 

Bibliographie élémentaire

  • MELITON DE SARDES, Sur la Pâque – Fragments, O. Perler (éd. et trad.), Paris, Cerf, 1966.

  • MELITON DE SARDES, Sur la Pâque, F. Bouet de Quatrebarbes (trad.), in Premiers écrits chrétiens, La Pléiade, Paris, Gallimard, 2016, pp. 231-246.

  • B. POUDERON, Les Apologistes grecs du IIè siècle, Paris, Cerf, 2005, pp. 227-240.

  • E. NORELLI, C. MORESCHINI, Histoire de la littérature chrétienne ancienne grecque et latine, T. I, Genève, Labor et Fides, 2000 pp. 170-175.

  • S.-C. MIMOUNI, P. MARAVAL, Le Christianisme, des origines à Constantin, Paris, PUF, 2006, pp. 265-267.

 

Extraits

 

[…]O mystère étrange et inexplicable !

L’immolation du mouton se trouve être le Salut d’Israël,

Et la mort du mouton devint la vie du peuple,

Et le sang intimida l’Ange.

Dis-moi, ô Ange, ce qui t’a intimidé :

L’immolation du mouton ou la vie du Seigneur ?

La mort du mouton ou la préfiguration du Seigneur ?

Le sang du mouton ou l’Esprit du Seigneur ?

Il est clair que tu as été intimidé parce que tu as vu le mystère du Seigneur

S’accomplissant dans le mouton,

La vie du Seigneur dans l’immolation du mouton,

La préfiguration du Seigneur dans la mort du mouton.

                                                                                Sur la Pâque 31-34.

 

C’est Lui qui fut mis à mort ! Et où fut-il mis à mort ? Au milieu de Jérusalem. Pourquoi ?

Parce qu’Il guérit leurs boiteux,

Et qu’Il purifia leurs lépreux,

Et qu’Il amena leurs aveugles à la lumière,

Et qu’Il ressuscita leurs morts.

Voilà pourquoi Il souffrit.

Et il est écrit quelque part dans la Loi et les Prophètes :

« Ils m’ont rendu le mal pour le bien et à mon âme l’abandon. Ils méditèrent contre moi le mal, disant : Lions le juste car il est embarrassant pour nous. »

                                                                                        Sur la Pâque 72

 

Etant Seigneur,

Ayant revêtu l’homme,

Et ayant souffert pour celui qui souffrait,

Et ayant été lié pour celui qui était détenu,

Et ayant été jugé pour le coupable,

Et ayant été enseveli pour celui qui avait été enseveli,

Il ressuscita des morts et fit entendre ceci à haute voix :

« Qui disputera contre moi ?

Qu’il se mette en face de moi !

C’est moi qui ai délivré le condamné ;

C’est moi qui ai vivifié le mort ;

C’est moi qui ai ressuscité l’enseveli.

Qui est mon contradicteur ?

C’est moi, dit-il, le Christ,

C’est moi qui ai détruit la Mort,

Et qui ai triomphé de l’ennemi,

Et qui ai foulé aux pieds l’Enfer,

Et qui ai lié le fort,

Et qui ai ravi l’homme vers les hauteurs des cieux,

C’est moi, dit-il, le Christ. »

                                                            Sur la Pâque 100-102.

 

Si cela est fait par ton ordre, que ce soit bien! Car un Empereur juste n’ordonnerait jamais rien injustement, et nous-mêmes supportons avec plaisir la récompense d’une telle mort. Mais nous t’adressons cette seule requête, afin que tu connaisses d’abord les auteurs d’une telle jalousie et que tu décides avec justice s’ils sont dignes de la mort et du châtiment, ou bien du salut et de la tranquillité. Mais si la résolution-même et ce nouvel édit ne sont pas de toi – il ne conviendrait même pas contre des ennemis barbares – nous te demandons bien davantage de ne pas nous abandonner à un tel brigandage public.

Fragment de l’Apologie à Marc-Aurèle,

                                           in EUSEBE DE CESAREE, Histoire ecclésiastique IV, 24, 6.

 

     Car Il a été lié comme un bélier – cela est dit au sujet de Notre Seigneur Jésus-Christ – et Il a été tondu comme un agneau et conduit comme un mouton et Il a été crucifié comme un agneau et Il porta le bois sur ses épaules, conduit pour être immolé comme Isaac par son père. Mais le Christ a souffert ; Isaac par contre n’a pas souffert, car il était figure de Celui qui souffrirait un jour, le Christ. Mais étant devenu la figure du Christ, il inspira aux hommes de l’étonnement et de la crainte. On pouvait en effet contempler un mystère inouï : un fils conduit par son père sur la montagne pour être immolé, fils qu’il plaça, les pieds liés, sur le bois du sacrifice, après avoir soigneusement préparé ce qui était nécessaire à son immolation. Isaac se tait, lié comme un bélier. Il n’ouvre point la bouche, il ne dit mot. Ni effrayé par le poignard, ni terrifié par le feu, ni attristé par la souffrance, courageusement, il était la figure du Seigneur. Il y avait donc Isaac placé au milieu, lié comme un bélier, et à ses côtés Abraham, le poignard hors du fourreau, sans honte de mettre à mort son fils.

 

Fragment, œuvre indéterminée (J. B. PITRA, Spicilegium Solesmense, II, p. LXIII)




15ième Dimanche du Temps Ordinaire (Luc 10, 25-37 ) :    « Va, et toi aussi, fais de même. » (Francis Cousin)

 

   « Va, et toi aussi, fais de même. »

La parabole du bon Samaritain est bien connue de tous. Il n’empêche qu’il est important de la réentendre de temps en temps.

Cela commence par un docteur de la loi qui veut mettre Jésus à l’épreuve : « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »

Dire en héritage, c’est déjà biaiser le problème : l’héritage, c’est quelque chose que l’on reçoit, mais qui a été construit par d’autres ; cela de dépend pas de soi. Alors dire « que dois-je faire » pour obtenir quelque chose qui ne dépend pas de moi, c’est qu’on n’a pas envie de faire quoi que ce soit.

Jésus l’a bien compris puisqu’il répond : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? ». Il y a l’écrit, et ce que l’on en fait. ’’Comment lis-tu ?’’, c’est une manière de dire : ’’Comment le comprends-tu ? Qu’est-ce que cela change dans ta manière de vivre ?’’ Et cette question que Jésus pose au docteur de la loi, elle concerne aussi chacun de nous ! Lire, d’écouter l’évangile, la Parole de Dieu, ne suffit pas : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique ! » (Luc 11,28). « Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. » (Première lecture).

Le docteur de la loi, comme tout bon juif, répond en citant les passages où on parle de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain. Jésus répond : « Fais ainsi et tu vivras. », sous-entendu dans la vie éternelle, puisque l’homme est déjà vivant.

Mais le docteur de la loi pose une nouvelle question : « Et qui est mon prochain ? »

Sans doute voulait-il essayer de limiter la portée de l’amour du prochain afin de diminuer les exigences permettant d’obtenir la vie éternelle. Limiter l’amour, surtout quand l’amour est à la demande de Dieu, lui qui est tout amour, ce n’est pas possible. Dieu ne nous demande jamais l’impossible, mais il nous demande de faire tout ce qui nous est possible, avec son aide : « Cette loi que je te prescris aujourd’hui n’est pas au-dessus de tes forces ni hors de ton atteinte. » (Première lecture).

Jésus entend bien la question, mais il va la modifier. À la fin de la parabole, il demande au docteur de la loi : « Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? ».

On assiste à un renversement : pour Jésus, ce n’est plus ’’qui est mon prochain ?’’, mais ’’de qui suis-je le prochain ?’’, ’’de qui est-ce que je me fais le prochain ?’’

Le prochain, ce n’est pas l’autre qui l’est, c’est moi qui le devient, c’est moi quand je fais un pas vers l’autre, quand je me préoccupe de lui, quand je prends part à ses problèmes, quand j’ai de la compassion pour lui.

Le prochain, ce n’est pas celui qui est le plus proche de moi, comme la prochaine station de bus, mais celui dont je me fais proche.

  Être le prochain n’est pas une situation géographique (même si ça peut être le cas), mais une position intellectuelle et spirituelle. L’exemple le plus accompli du prochain est sans doute sainte Thérèse de l’Enfant Jésus qui est devenue la patronne des missions, sans jamais quitter son carmel de Lisieux.

Être le prochain, c’est mettre en application les œuvres de miséricorde, qu’elles soient corporelles ou spirituelles.

Et il n’est pas nécessaire d’être baptisé pour cela : Dieu a mis son amour dans le cœur de tous les humains, et chacun peut répondre à cet amour en aimant les autres à son tour, en se faisant le prochain des autres. « Des Samaritains au cœur dilaté par l’amour, la planète en compte des millions, bénis de Dieu et de son Fils, quelle que soit la couleur de la foi qui les revêt. » (Père Zanotti-Sorkine).

Alors, « Toi aussi, fais de même. »

Seigneur Jésus,

Trop souvent nous nous conduisons

comme si la Vie Éternelle

nous était donnée en héritage.

Alors que tu nous demandes

de faire aux autres

comme si c’était toi qui étais là.

Tu nous demandes d’avoir

de la compassion pour les autres,

de nous faire le prochain de ceux-ci.

Et donc d’aller vers les autres.

Tous les autres.

Francis Cousin   

 

 

 

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Prière dim ordinaire C 15°

   

  

 

 




14ième Dimanche du Temps Ordinaire (Luc 10, 1-12.17-20 ) :    « Le règne de Dieu s’est approché de vous. » (Francis Cousin)

« Le règne de Dieu

s’est approché de vous. »

Lors de l’envoi des soixante-douze disciples « en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre », Jésus ne dit pas « Le règne de Dieu est proche », ce qui donnerait l’impression que nous n’en sommes pas loin, et qu’il suffirait pour nous que nous fassions quelques pas pour que nous en faisions partie.

Jésus dit : « Le règne de Dieu s’est approché de vous ».

La démarche est toute autre : c’est Dieu qui vient vers nous, et nous n’avons (!!?) qu’à accepter de le recevoir (« Je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » Ap 3,20), qu’à accepter d’entrer dans son royaume. Un royaume d’amour !

Nous n’avons qu’à accepter que Dieu nous aime !

Et c’est là que cela devient difficile. Ce qui paraît surprenant, parce que généralement les gens sont plutôt d’accord avec l’amour humain : on aime être aimé. Et on est parfois prêts à faire des efforts pour être aimé. Et aussi on a tous une propension à aimer ! Pas aimer toutes les personnes, mais au moins quelques-unes : on ne peut pas vivre sans aimer.

Mais l’amour de Dieu ! … Penser que Dieu nous aime ! Alors là ! Surtout pour ceux qui ne font pas un compte avec lui …, penser que lui les aime, eux …

Au lieu de cette acceptation de cette présence de Dieu près de nous, c’est nous qui cherchons Dieu. Nous le cherchons parfois loin : dans les philosophies, dans des pèlerinages lointains … Mais comme nous sommes envahis par nos problèmes domestiques, familiaux, professionnels, … nous n’avons pas le temps de l’entendre, et nous ne pensons pas non plus qu’il est dans les personnes que nous rencontrons …

Nous posons la question : « Dieu, où es-tu ? Que fais-tu ? ». De la même manière que des non-chrétiens nous disent : « Mais où est-il ton Dieu ? », reprenant sans le savoir ce qui est dit dans le psaume 41, verset 4. Comme quoi la question n’est pas nouvelle !

Pour beaucoup de gens, Dieu est un Dieu lointain, parfois même pour certains un Dieu absent. C’est une manière de ne pas se poser trop de question sur Dieu. En effet, dans la plupart des cas, c’est nous qui nous mettons loin de Dieu ; c’est nous qui mettons Dieu « aux abonnés absents » ou sur la liste des « messages indésirables ».

Alors que c’est Dieu qui ne cesse de nous appeler : « Où es-tu ? » (Gn 3,9), même après avoir fait des bêtises. Dieu ne cesse de vouloir renouer les liens entre lui et chacun de nous.

Et nous le savons … intellectuellement. Mais pratiquement, on l’oublie très vite.

Comme nous savons que : « Un pauvre crie ; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses. » (Ps 33,7)

Comme nous savons qu’avec la venue de Jésus sur la terre, Dieu, qui est amour, s’est encore rapproché de nous, et que Jésus est « avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28,20).

Alors, ne l’oublions pas : « Le règne de Dieu s’est approché de vous », … de nous ! C’est d’ailleurs tellement important que c’est, après la salutation, le seul message que Jésus donne à délivrer aux soixante-douze disciples.

Encore une fois, « l’amour a fait les premiers pas ». Faisons-en un … pour entrer dans la danse avec Dieu.

Seigneur Jésus,

Comme nous sommes compliqués !

Nous cherchons au loin ce qui est proche :

ta présence, quand tu es en nous,

quand tu es en tous ceux que nous rencontrons,

quand nous communion à ton corps !

Ouvre nos yeux aux merveilles de ton amour.

Francis Cousin   

 

 

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13ième Dimanche du Temps Ordinaire (Luc 9, 51-62) :    « Suivre Jésus … Comment ? »(Francis Cousin)

 

    « Suivre Jésus … Comment ? »

Le passage de l’Évangile de ce jour est une succession de quatre logia, ou séquences, très courtes après qu’on ait situé le moment de l’action : Jésus prend la route de Jérusalem, sachant ce qui l’y attend : sa mort offerte en sacrifice pour le salut du monde. Ce n’est donc pas de gaité de cœur qu’il part, mais, il y va parce que c’est sa mission. Il part « le visage déterminé ».

La première séquence : des messagers sont envoyés par Jésus dans un village pour préparer sa venue, lui et ceux qui le suivent. C’est, avec l’épisode du choix du lieu du dernier repas, la seule fois où l’on parle de la logistique du groupe qui suit Jésus. Et il fallait bien préparer son passage : outre Jésus, il y avait les « douze », plus « des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, depuis le commencement, lors du baptême donné par Jean » (Ac 1,21-22), « ainsi que des femmes » (Lc 8.2) … Si juste après ce passage, Luc nous dit que Jésus a pu envoyer soixante-douze disciples pour proclamer son message (Lc 10,1), on peut penser que le groupe faisait une petite centaine de personnes : il fallait pouvoir nourrir et héberger tout le monde. Ici, la raison du refus des habitants du village samaritain n’est pas matérielle, mais idéologique : « parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem ». C’est sans doute cela qui aboutit à la réaction de Jacques et Jean : « Qu’un feu du ciel les détruise ! » en référence à certaines actions de l’ancien testament (cf Gn 19,24 ; 2R 1,10.12). « Jésus, se retournant, les réprimanda ».

À réponse idéologique, ou basée sur une certaine tradition qui ne doit pas évoluer (dans l’esprit de ces personnes), on risque souvent une réaction du même tonneau, sinon idéologique, au moins coincée. Et cela n’est pas fait pour faire avancer les choses, au contraire : on va vers la rupture et l’exaspération des idées. Et ce sont des situations qui peuvent encore arriver dans l’Église actuelle, à différents niveaux … il suffit qu’il y ait deux personnes avec des idées bien arrêtées et de sens contraire …

On ne sait pas ce que Jésus leur a dit, ni ce qu’ils en ont pensé. L’essentiel est d’être attentif à ce que ce genre de situations soit évité …

Les trois autres séquences concernent des personnes qui sont prêtes à suivre Jésus, mais les réponses de Jésus ne sont pas faites pour les encourager à poursuivre leur idée. Le point commun est qu’on ne sait pas quelle est leur réaction à la réponse de Jésus : l’ont-ils finalement suivi ? Ou sont-ils restés chez eux ?

Mais si l’évangéliste ne l’a pas donnée, c’est certainement pour que nous, nous puissions réfléchir à la réponse que l’on donnerait, ou qu’on a déjà donnée …

Parce que, pour Jésus, la réponse doit être immédiate, sans se poser de questions. Soit on croit en lui et on le suit, comme Marie avec l’ange Gabriel, comme les quatre disciples au bord du lac, comme Matthieu à son comptoir d’impôts … comme bien d’autres après eux qui l’ont suivi : Charles de Foucauld, Péguy, François d’Assise … Soit on hésite, et on reste dans son canapé, comme dirait le pape François.

Jésus veut une réponse franche et claire : « Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non” » (Mt 5,37). Car souvent, ce qui nous bloque, c’est qu’on ne sait pas où on va, on part vers l’inconnu, au gré de l’Esprit : « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. » (Jn 3,8) ; ce qui nous retient, ce sont nos certitudes, nos moyens humains (du monde) : la télé, notre confort, notre argent …

Dans le cas de celui qui est prêt à suivre Jésus « partout où [il ira] », quelle valeur donnons-nous à ce ’’où’’ ? A priori, on pense à un lieu, une ville (Jérusalem) … mais ce ’’où’’ ne désigne pas seulement un lieu, mais aussi un état d’esprit, une philosophie, un état de vie … qui pour Jésus dans le cas présent est plutôt un état futur de mort sur la croix. Sommes-nous prêts à mourir pour notre foi ?

Sans aller jusqu’à cette extrémité, suivre Jésus partout où il ira, c’est faire comme Jésus en toutes choses, en pensées et en actes … jusqu’à ce qu’a dit saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vit, mais c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2,20) ; la perfection quoi !

Cela nous paraît impossible, et pourtant, c’est le sens du ’’Amen’’ que nous disons à chaque fois que nous allons communier et qu’on nous présente ’’ Le corps du Christ ’’ : Recevoir le corps du Christ pour que le Christ vivre en nous, à travers nous, par nous ! En sommes-nous vraiment conscients ?

Quant aux deux autres séquences où les personnes sont prêtes à suivre Jésus après avoir fait leurs adieux aux membres de leur famille, la réponse de Jésus semble choquante. Parce que la famille est importante pour chacun de nous. Mais Jésus ne demande pas l’exclusivité au détriment de la famille, il demande seulement qu’on l’aime plus qu’eux : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi » (Mt 10,37). Mais même cela, c’est difficile pour nous … et ce n’est pas toujours bien accepté par la famille ! Tout le monde ne peut pas se ’’dépouiller’’ de tout ce qui le retient à sa famille comme le fit saint François d’Assise …

Mais ce que Jésus veut nous dire est que, quand on veut le suivre, il faut toujours regarder en avant, vers l’avenir, vers l’annonce du Royaume des Cieux, vers Jésus qui nous devance, vers le salut que Jésus nous procure par son sacrifice sur la croix, et non pas « regarder en arrière ». On peut donc dire qu’il est plus intransigeant que Elie qui accepta que Élisée retourne en arrière, mais pour offrir son outil de travail en sacrifice pour Dieu et les gens de sa maison (première lecture).

Une chose est sûre, on ne peut pas suivre Jésus si on n’est pas en relation avec lui dans la prière, et si on ne se laisse pas aller « au souffle de l’Esprit ».

Et on ne peut pas non plus le suivre si on est seul, si on n’est pas entouré par la famille, par ses amis. Cela n’est pas toujours facile. Mais Jésus nous a prévenu : « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa propre maison. » (Mt 10,34-36).

Heureusement qu’il y a l’Esprit Saint pour nous soutenir ! Et en général, cela ne se passe pas si mal que cela ! Merci Seigneur !

Seigneur Jésus,

Tu marches vers Jérusalem,

 vers ta mort sur la croix.

Envers ceux qui veulent te suivre,

tu es exigeant ;

tu veux être sûr qu’ils sont prêts à aller … jusqu’au bout.

Mais nous, sommes-nous vraiment prêts

à te suivre où tu le veux ?

Avec toi et ton Esprit Saint,

nous le pourrons.

Francis Cousin   

 

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