1

Audience Générale du Mercredi 6 décembre 2023

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 6 décembre 2023


Catéchèse – La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant – 30. L’annonce est dans l’Esprit Saint

Chers frères et sœurs,

je voudrais vous parler aujourd’hui du primat de l’Esprit-Saint dans l’annonce de l’Évangile. Sans lui notre zèle serait vain et faussement apostolique, il serait notre œuvre et ne porterait pas de fruit. Jésus est le premier évangélisateur et Il nous appelle à évangéliser dans la force de son Esprit. L’Église ne s’annonce pas elle-même mais elle annonce le don de Dieu qui est l’Esprit-Saint. Cet Esprit nous précède, et cela doit nous consoler.

Cependant ce primat de l’Esprit ne doit pas nous conduire à l’indolence, et justifier un désengagement, en ces temps difficiles où la tentation est grande de se réfugier dans des zones de confort. L’’Esprit nous pousse toujours à œuvrer à la mission avec créativité et simplicité. Il se manifeste par l’audace pastorale pour porter l’essentiel du message qui est la mort et la résurrection du Christ, et son amour pour nous. Invoquons-le toujours : Viens Esprit-Saint !

Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier les pèlerins venus de France : l’Etablissement Notre-Dame-Sainte Famille et les Charpentiers des Ateliers Perrault qui œuvrent sur la cathédrale Notre-Dame de Paris. Que le Saint-Esprit nous guide pour annoncer l’Evangile. Que Dieu vous bénisse.





2ième Dimanche de l’Avent (Mc 1, 1-8) – par Francis COUSIN

« Préparez … »

Préparez … C’est un mot qui revient souvent dans notre vie …

On prépare le repas, la table, la lessive, … on prépare la terre pour faire des semis dans son jardin, … on prépare ses valises avant un voyage …

Des fois même, on se prépare … pour passer un examen, pour aller en pique-nique, … pour aller à la messe : les beaux vêtements, la monnaie pour la quête, lire l’évangile du jour …

On n’arrête pas de préparer ou de se préparer …

Parce que, généralement, on ne vit jamais dans l’instant présent … mais dans la préparation de ce qui va venir ensuite, et c’est tant mieux …  (voir la parabole des vierges folles et des vierges sages …)

Deux fois, dans les textes de ce dimanche, on utilise ce verbe … mais pas préparez tout seul, mais « Préparez le chemin du Seigneur », d’abord dans le texte d’Isaïe (première lecture), puis une reprise de ce texte appliquée à Jean, dit le Baptiste, dans l’évangile …

La suite peut surprendre : tracez droit une route dans le désert, aplanissez les collines, comblez les ravins …

            Il ne s’ agit pas de devenir des ingénieurs des travaux publics … mais de rendre droit le sentier qui nous mène vers Dieu … Un sentier qui est dans notre cœur, là, maintenant …

Parce que dans ces textes, c’est l’annonce lointaine (Isaïe) ou toute proche (Jean-Baptiste) de la venue du Messie dont on parle, Jésus, qui va commencer sa vie publique.

Et déjà du temps de Jean-Baptiste, il s’agissait de préparer son cœur : « Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. ».

Moi, ce qui m’a toujours surpris, c’est de voir la réputation de Jean-Baptiste : « Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés. ». Et même d’ailleurs : d’après saint Jean, même des gens de Galilée allaient vers lui : André, Philippe, Simon, Nathanaël, même Jésus (cf Jn 1,40-45) … et il était même connu du roi Hérode : « Hérode avait peur de Jean : il savait que c’était un homme juste et saint, et il le protégeait ; quand il l’avait entendu, il était très embarrassé ; cependant il l’écoutait avec plaisir. » (Mc 6,20).

À une époque où les gens se déplaçaient à pieds, sans moyens de communication moderne (Téléphone, radio, journaux …) comment les gens ont-ils connu son message … et sont allés vers lui ?

Mais pour nous qui vivons au XXI° siècle … comment préparer son cœur à la venue de Jésus ?

Car c’est bien de cela qu’il s’agit … Préparer notre cœur au retour de Jésus, à la fin des temps, … pour le jugement dernier …

D’abord, avec les mêmes moyens que Jean-Baptiste : conversion, et pardon … parce que nous avons toujours besoin de nous convertir : mettre nos pas dans ceux de Jésus … et de pardonner aux autres … et de demander pardon de nos fautes …

Ce n’est pas facile, tout le monde le sait : et ce n’est possible que si on entre dans l’amour de Dieu, lui qui est tout amour …

C’est d’ailleurs ce que nous dit saint Pierre dans la deuxième lecture : « [le Seigneur] prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion. »

Et il ajoute : « vous voyez quels hommes vous devez être, en vivant dans la sainteté et la piété, vous qui attendez …  l’avènement du jour de Dieu (…) en attendant cela, faites tout pour qu’on vous trouve sans tache ni défaut, dans la paix. »

Ayons en nous l’espérance d’être prêt pour ce rendez-vous … dont nous ne connaissons pas la date.

Et n’ayons pas peur : Dieu est toujours avec nous pour nous aider, nous soutenir …

« Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Ap 3,20)

N’ayons pas peur de lui ouvrir la porte …

C’est un ami ! …

Seigneur Jésus,

Toi qui nous aimes et nous connais,

tu sais très bien que notre préparation

 à ta rencontre n’est souvent pas très bonne …

Aide-nous à faire en sorte

que nous vivions

dans la sainteté et la pitié.

 

Francis Cousin

 

 

Cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder à l’image illustrée : Image dim Avent B 2°

 




2ième Dimanche de l’Avent (Mc 1, 1-8)- Homélie du Père Louis DATTIN

Préparer la route du Seigneur

Mc 1, 1-8

 

            C’est le désert, frères et sœurs, qui est évoqué aujourd’hui dans la liturgie de la parole de Dieu, Isaïe, qui s’adressant aux exilés, leur annonce :

« Vous allez traverser 1 000km de désert : la distance qui vous sépare de Jérusalem, votre ville sainte, votre ville mère. C’est par le désert que passera le chemin du retour au Seigneur. « Tracez la piste, préparez le chemin, tracez droit une route pour Dieu ». Alors la gloire du Seigneur se manifestera. Votre retour au pays, cette grande joie passe par le désert, période de purification ».

« Quittez, nous dit à son tour St-Pierre, vos horizons habituels, vos cadres de vie, de routine et d’habitudes. Mettez-vous en route et vous verrez des cieux nouveaux et une terre nouvelle ».

Et dans l’Evangile, à son tour, au tout début de l’annonce de la Bonne Nouvelle de St-Marc : cette Bonne Nouvelle est-elle apprise ? Par qui ? Une voix crie dans le désert, celle de Jean-Baptiste qui proclame l’annonce du Messie : « Il va venir après moi celui qui est plus puissant que moi ». « Moi, je vous baptise dans l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint » et tout le peuple, tout Jérusalem allait au désert, avouait son péché et se faisait baptiser pour faire voir qu’il voulait changer de vie.

« Crier dans le désert », c’est une expression qui veut dire « Tu perds ton temps. Personne ne t’écoute, tu t’égosilles en pure perte. Ta parole ne rencontrera aucun écho, tu te démènes en vain ».

Alors cette Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, qui doit nous refaire, à chacun, un cœur neuf, est-ce dans le désert que je dois la crier ? Ne serait-ce pas plutôt là où les foules se concentrent ? Au stade de l’Est, sur le Barachois ?

 Regardez notre crèche : il n’y a actuellement rien pour les yeux, aucun décor, pas un personnage, pas une couleur, rien à quoi raccrocher son regard et pourtant l’Eglise nous dit aujourd’hui : « Et si nous partions au désert ? En laissant derrière nous les bruits et les soucis, le silence et le calme commenceraient à nous donner la paix. Notre solitude et notre dénuement effaceraient les préoccupations qui nous harcèlent. Nous en aurions l’esprit et le cœur débarbouillé, le ciel du désert déploierait en nous sa vaste toile ? Si nous partions au désert ? »

Le désert, c’est d’abord le silence extérieur et les voix intérieures : celles de Dieu, celles de notre conscience vont prendre toute leur ampleur. Enfin je pourrai écouter ce que je devrais me dire à moi-même, ce que ma conscience me dicte, ce que le Seigneur lui-même désire me confier : lui qui veut me parler depuis si longtemps, mais auquel je ne donne que si peu la parole parce que d’autres bruits et d’autres paroles couvrent la sienne.

Enfin mes voix intérieures, celles qui devraient me guider et m’orienter vont se rendre audibles parce que d’autres bruits se sont tus.

En outre, au désert, il n’y a rien : c’est le vide, le vide de tout l’accessoire, de tous les objets, l’absence de toute consommation.

C’est le contraire de ces centres de soldes où il y a tout, toutes ces babioles à bon marché qui vont encombrer votre panier et dont, en fin de compte, on n’a pas besoin et puisque dans un désert, il n’y a rien.

On est tout de suite ramené à l’essentiel, à toutes ces grandes questions de fond que nous évitons de nous poser parce qu’elles engageraient trop notre vie :

« Pourquoi suis-je sur la terre ? Quelle est ma destinée ? Que dois-je faire de ma vie ? Quel est son but ? Et pourquoi l’amour ?
Et pourquoi la mort ? Et pourquoi la souffrance ? Quelle est ma place dans l’univers ? Quelle est mon espérance, quelle est ma foi ? »

 Au désert, on se débarrasse des faux problèmes pour se poser les vraies questions. Rien pour nous distraire, rien pour nous évader, il n’y a même pas ce que le philosophe Pascal appelait le « divertissement  » : toute cette quincaillerie matérielle, psychologique, affective et même spirituelle qui nous sort, hors de nous-mêmes.

Au désert, on se retrouve : tel que l’on est, et ça fait peur de se regarder en face. Mais, au désert aussi, il y a quelqu’un d’autre… quelqu’un qui nous y attend, quelqu’un qui nous aime et qui veut nous retrouver et qui veut que nous nous retrouvions nous-mêmes. Ce quelqu’un-là a dit par un prophète de la Bible :

« Je te conduirai au désert et là, je te parlerai au cœur ».

 Là, dans le silence plein de Dieu ; là, dans le vide, plein de Dieu ; c’est là qu’on reçoit les grandes invitations majeures : celles qui changent la vie.

Le désert parle à l’homme : une grande parole muette, celle de celui qui ne se confond avec rien, avec personne. Dans nos vies bousculées et bruyantes, nous manquons de désert ! Alors qu’allons-nous faire ? Je ne vous demande pas d’aller dans la plaine des Sables, ni même à Mafate… le désert, c’est d’abord en vous, dans votre vie à vous qu’il faut le créer.

On a vu qu’il était silence : avez-vous la possibilité dans votre journée, dans ces jours de l’Avent, de créer autour de vous, mais en vous, surtout, des zones de silence, des zones de vide, des espaces intérieurs de désencombrement où vous pourriez vous retrouver vous-mêmes, pas seulement en face de vous-mêmes, ce qui est parfois nécessaire, mais aussi en face de Dieu.

Le désert est peut-être derrière la maison, le long de la rue quand la nuit tombe, peut-être dans l’église où je rentre cinq minutes. Un père de famille, rentrant fatigué du travail me disait que revenant le soir à la maison où il y avait sa femme et ses enfants : c’est-à-dire d’autres problèmes, il éteignait le moteur et les phares de sa voiture, et là, dans le garage, dans le noir, prenait dix minutes de désert avant de sortir de son véhicule pour retrouver les siens.

Un autre me disait, ô paradoxe, que c’était dans le métro, au milieu de ce bruit mécanique et de cette foule anonyme, dans le défilement des stations qu’il trouvait le moyen de prier et de se refaire…

Le désert est peut-être dans un regard croisé tout à l’heure. L’essentiel est que chacun désire trouver le sien : s’il ne le désire pas, il ne le trouvera jamais. Un homme à qui je proposais trois jours de retraite, me répondit tout de suite :

« Non, mon père, parce que je sais que si je dis « oui », je serai obligé de me poser des questions et Dieu aussi m’en posera et je serai obligé de changer de vie : ce que je n’ai nulle envie de faire !»

Ce temps de l’Avent peut devenir pour nous un temps de désert où Jean-Baptiste nous criera à nous aussi, mais pas dans le vide :

« Préparez, oui, préparez le chemin du Seigneur. Changez votre cœur. Que le Seigneur puisse accéder jusqu’à vous, parce que, dans le sable et les cailloux, vous avez rendu droite une route pour Dieu ».

Il nous faut chercher le désert jusqu’à ce que le désert ait mûri en nous les vrais malheurs.

Faisons silence, faisons le vide, désencombrons-nous de tout ce qui n’est pas l’essentiel, alors nous pourrons entendre dans la nuit de Noël, la brise imperceptible de la respiration du Dieu
nouveau-né. AMEN




2ième Dimanche de l’Avent (Mc 1, 1-8) – par le Diacre Jacques FOURNIER

« Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé…   (Mc 1, 1-8)

  Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu.
Il est écrit dans Isaïe, le prophète : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin.
Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.
Alors Jean, celui qui baptisait, parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés.
Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés.
Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales.
Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

           

                      St Marc résume ici la mission de Jean Baptiste en lui appliquant le tout début du « Livre de la Consolation » (Is 40-55). Ces lignes s’adressaient alors à Israël découragé par les conséquences de ses fautes. Ils n’avaient pas écouté le prophète Jérémie qui, au nom de Dieu, les avait invités à ne pas résister au roi de Babylone, Nabuchodonosor. Et maintenant, le Temple de Jérusalem, et avec lui toute la ville, étaient détruits… Et ils se retrouvaient déportés… « Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion ; aux saules des alentours nous avions pendu nos harpes » (Ps 136)…

            Mais Dieu vient les rejoindre par son prophète : « Consolez, consolez mon peuple, dit le Seigneur, parlez au cœur de Jérusalem », une expression qui, dans la Bible, renvoie au langage de l’amour, du fiancé à sa fiancée (Gn 34,3), de l’Epoux à son épouse (Os 2,16). Et que faut-il lui dire à cette épouse infidèle ? « Proclamez que son service est accompli, que son crime est expié, qu’elle a reçu de la main du Seigneur deux fois le prix de toutes ses fautes ». Or, à l’époque, pour obtenir le pardon de ses péchés, il fallait offrir un sacrifice et donc payer le prix de l’animal à offrir. Ici, Dieu Lui-même se présente à Israël en lui disant qu’il a déjà payé « deux fois le prix » de tout ce qui était nécessaire aux sacrifices ! Sa Miséricorde est donc surabondante ! Et il parle ainsi aux pécheurs pour les consoler de toutes les souffrances, de toutes les détresses engendrées par suite de leurs fautes !

            Et juste après ces paroles, nous trouvons celles appliquées ici à Jean-Baptiste : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ». Mais qui vient après Jean-Baptiste ? Jésus « Seigneur », le Fils Unique, « vrai Dieu né du vrai Dieu », et aussi « le Verbe fait chair » (Jn 1,14), vrai homme… Syméon « attendait la consolation d’Israël » ? Il recevra de Marie l’enfant Jésus dans ses bras, et il dira : « Maintenant, mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël » (Lc 2,25-32).

            Et toute la mission de Jésus consistera à consoler tous ceux et celles qui sont dans la souffrance, même si celle-ci est la conséquence de leurs fautes. Aux pécheurs, il proposera alors « deux fois le prix de toutes leurs fautes », c’est-à-dire une Miséricorde surabondante (Rm 5,20) grâce à laquelle, jour après jour, inlassablement, de repentir en repentir, ils pourront retrouver gratuitement, par Amour, tout ce qu’ils avaient perdu par suite de leur péché : une Plénitude de Vie et de Joie offerte avec le Don de l’Esprit Saint ! DJF




Audience Générale du Mercredi 29 Novembre 2023

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 29 Novembre 2023


Catéchèse – La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant – 28. L’annonce est pour l’aujourd’hui

Chers frères et sœurs,

La dernière fois, nous avons vu que l’annonce chrétienne est joie et qu’elle est pour tous ; observons aujourd’hui, un troisième aspect : elle est pour l’aujourd’hui.

On entend presque toujours dire du mal de l’aujourd’hui. Certes, entre guerres, changements climatiques, injustices planétaires et migrations, crises de la famille et de l’espérance, les motifs d’inquiétude ne manquent pas. En général, l’époque actuelle semble être habitée par une culture qui place l’individu au-dessus de tout et la technologie au centre de tout, avec sa capacité à résoudre de nombreux problèmes et ses gigantesques progrès dans tant de domaines. Mais en même temps, cette culture du progrès technico-individuel conduit à l’affirmation d’une liberté qui ne veut pas se donner de limites et qui est indifférente à ceux qui restent en arrière. Elle livre ainsi les grandes aspirations humaines à la logique souvent vorace de l’économie, avec une vision de la vie qui écarte ceux qui ne produisent pas et peine à dépasser l’immanent. Nous pourrions même dire que nous nous trouvons dans la première civilisation de l’histoire qui tente globalement d’organiser une société humaine sans la présence de Dieu, en se concentrant dans d’immenses villes qui restent horizontales même si elles ont des gratte-ciels vertigineux.

L’on se rappelle l’histoire de la ville de Babel et de sa tour (cf. Gn 11, 1-9). On y raconte un projet de société où chaque individualité est sacrifiée à l’efficacité de la collectivité. L’humanité parle une seule langue – nous pourrions dire qu’elle a une « pensée unique » -, elle est comme enveloppée dans une sorte de sortilège général qui absorbe l’unicité de chacun dans une bulle d’uniformité. Alors Dieu confond les langues, c’est-à-dire qu’il rétablit les différences, recrée les conditions pour que l’unicité puisse se développer, fait revivre le multiple là où l’idéologie voudrait imposer l’unique. Le Seigneur détourne aussi l’humanité de son délire de la toute-puissance : « faisons-nous un nom », disent les habitants exaltés de Babel (v. 4), qui veulent s’élever jusqu’au ciel, se mettre à la place de Dieu. Mais ce sont là des ambitions dangereuses, aliénantes, destructrices, et le Seigneur, en confondant ces attentes, protège l’humanité, en évitant une catastrophe annoncée. Ce récit semble vraiment d’actualité : aujourd’hui encore, la cohésion, au lieu de la fraternité et de la paix, est souvent basée sur l’ambition, les nationalismes, l’homologation et les structures technico-économiques qui inculquent la persuasion que Dieu soit insignifiant et inutile : non pas tant parce que l’on cherche plus de savoir, mais surtout pour plus de pouvoir. C’est une tentation qui s’insinue dans les grands défis de la culture d’aujourd’hui.

Dans Evangelii gaudium, j’ai essayé de décrire certaines d’entre elles (cf. n. 52-75), mais j’ai surtout appelé à « une évangélisation qui éclaire les nouvelles manières de se mettre en relation avec Dieu, avec les autres et avec l’environnement, et qui suscite les valeurs fondamentales. Il est indispensable d’arriver là où se forment les nouveaux récits et paradigmes, d’atteindre avec la Parole de Jésus les éléments centraux les plus profonds de l’âme de la ville. » (n. 74). En d’autres termes, on ne peut annoncer Jésus qu’en habitant la culture de son temps et en ayant toujours à l’esprit les paroles de l’apôtre Paul sur l’aujourd’hui : « Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut » (2 Co 6,2). Il n’est donc pas nécessaire d’opposer à l’aujourd’hui des visions alternatives provenant du passé. Il ne suffit pas non plus de réaffirmer des convictions religieuses acquises qui, même si elles sont vraies, deviennent abstraites avec le temps. Une vérité ne devient pas plus crédible parce que l’on élève la voix en l’affirmant, mais parce qu’elle est attestée par la vie.

Le zèle apostolique n’est jamais la simple répétition d’un style acquis, mais le témoignage que l’Évangile est vivant aujourd’hui pour nous. Conscients de cela, regardons donc notre époque et notre culture comme un don. Elles sont les nôtres et les évangéliser ne signifie pas les juger de loin, ni même se tenir sur un balcon en criant le nom de Jésus, mais descendre dans la rue, aller dans les lieux où les gens vivent, fréquenter les espaces où les gens souffrent, travaillent, étudient et réfléchissent, habiter les carrefours où les êtres humains partagent ce qui a du sens pour leur vie. Cela signifie être, comme Église, « ferment de dialogue, de rencontre, d’unité. Du reste, nos formulations de foi elles- mêmes sont le fruit d’un dialogue et d’une rencontre entre cultures, communautés et instances différentes. Nous ne devons pas avoir peur du dialogue : c’est même au contraire la confrontation et la critique qui nous aident à préserver la théologie d’une transformation en idéologie » (Discours à la Ve conférence nationale de l’Église italienne, Florence, 10 novembre 2015).

Il est nécessaire de se tenir aux carrefours de l’aujourd’hui. Les quitter appauvrirait l’Évangile et réduirait l’Église à une secte. Les fréquenter, en revanche, nous aide, nous chrétiens, à comprendre de manière renouvelée les raisons de notre espérance, à extraire et à partager du trésor de la foi « du neuf et de l’ancien » (Mt 13, 52). En définitive, plus que de vouloir convertir le monde d’aujourd’hui, il faut convertir la pastorale pour qu’elle incarne mieux l’Évangile dans l’aujourd’hui (cf. Evangelii gaudium, 25). Faisons nôtre le désir de Jésus : aider les compagnons de voyage à ne pas perdre le désir de Dieu, à Lui ouvrir le cœur et à trouver le seul qui, aujourd’hui et toujours, donne la paix et la joie à l’humanité.

* * *

Je salue cordialement les pèlerins de langue française venus de différentes nations.

Frères et sœurs, en cette fin d’année liturgique, je vous souhaite un bon temps de l’Avent.

Que Dieu vous bénisse !





1° Dimanche de l’Avent (Mc 13, 31-37) – par Francis COUSIN

« Prenez garde, restez éveillés :

car vous ne savez pas quand ce sera le moment. »

Nous entrons dans une nouvelle année liturgique, l’année B, avec l’accompagnement principal de l’évangéliste Marc.

C’est le temps de l’Avent, celui de l’avènement du Fils de Dieu.

Un temps de préparation à Noël, un temps où on cherche quel cadeau offrir à chacun, où on élabore le menu du jour, les invités … un temps attendu par tous les enfants, un temps faste pour les commerçants, qui le devance maintenant avec le ’’Black Friday’’ …

He bien, NON, pas du tout …

Et les textes liturgiques de ce dimanche nous le disent tous.

Il ne s’agit pas de se préparer à Noël, fête importante, qui doit être célébrée avec faste … la première venue de Jésus, Fils de Dieu, sur cette terre …

Mais comment se préparer à quelle chose de déjà passée …

Il s’agit donc de se préparer à la seconde venue de Jésus, pour juger tous les humains … à la fin des temps … (mais l’un n’empêche pas l’autre …)

C’est pourquoi, dans l’évangile, Jésus nous dit : « restez éveillés : car vous ne savez pas quand ce sera le moment. ». Et deux fois encore, dans ce court texte, il va redire « Veillez ! ».

Veillez, cela ne veut pas dire ’’attendre’’, sans rien faire …

D’ailleurs, le voyageur de l’évangile le dit bien : « il fixe à chacun son travail. ».

Veillez, c’est espérer, quelque chose, mais ici, c’est surtout quelqu’un : Jésus-Christ ! … et pour nous, la possibilité d’entrer dans le Paradis.

Au premiers temps de la chrétienté, on pensait que la fin du monde serait proche, comme le dit saint Paul aux Corinthiens : « Aucun don de grâce ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ» (2° lecture).

Mais Jésus n’est pas encore revenu … alors, on a oublié qu’il reviendrait … et maintenant, comme cela fait deux mille ans qu’on l’attend … peu de gens croient encore à son retour … ni à la résurrection … ni au jugement dernier …

Comme au temps d’Isaïe : « Personne n’invoque plus ton nom, nul ne se réveille pour prendre appui sur toi. Car tu nous as caché ton visage, tu nous as livrés au pouvoir de nos fautes. » (1° lecture).

Mais le temps de Dieu n’est pas celui des hommes, et si « milles ans sont comme un jour » (2 P 3,8), il n’y a même pas deux jours que Jésus est mort… cela fait vraiment peu aux yeux de Dieu.

Veillez ! car « telle sera aussi la venue du Fils de l’homme. Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé. Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée. Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. » (Mt 24,39-42).

Oh, bien sûr, il ne faut pas faire du catastrophisme !

Il n’y a pas de peur à avoir !

Si le Seigneur est présent dans notre vie, si sa Parole est celle qui nous fait vivre, même si ce n’est pas tous les jours le ’’top’’, on peut attendre ce jour-là sans s’affoler …, en  comptant aussi sur la miséricorde de Dieu, car « C’est lui qui vous fera tenir fermement jusqu’au bout, et vous serez sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus Christ. » (2° lecture).

Que cette phrase du psaume soit notre guide chaque jour :

« Jamais plus nous n’irons loin de toi :

            fais-nous vivre et invoquer ton nom ! » (Psaume 79,19)

 Seigneur Jésus,

Que la joie que nous avons

à vouloir se retrouver ne famille

soit aussi la joie que nous aurons

à nous retrouver autour de toi

à la fin des temps

pour aller dans ton paradis …

si tu nous en juges dignes …

 

                                                                                                          Francis Cousin

Cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder à l’image illustrée : Image dim Avent B 1°

 




1er Dimanche de l’Avent (Mc 13, 33-37) – Homélie du Père Louis DATTIN

Vigilance

Mc 13, 33-37

Vous le savez, frères et sœurs, il y a une année civile  dont le 1er jour s’appelle le « Jour de l’An », 1er janvier. Il y a aussi une année scolaire qui commence au début de septembre et qui finit à la fin de juillet.  Il y a également une année liturgique : elle commence toujours  le  1er  dimanche  de  l’Avent ; c’est  aujourd’hui, pour  se  finir à la fin de novembre prochain à la fête du Christ-Roi.  Alors je n’hésite pas à  vous dire aujourd’hui : «Bonne et Sainte année à toute notre communauté.  Que cette année soit une année de paix, d’unité entre vous, de fidélité aux  « rendez- vous » que Dieu vous donne lui-même ». Comme les années passent vite ! Et plus l’on vieillit, vous verrez, plus elles s’accélèrent et, dès lors, se pose à nous la seule question vraiment intéressante : « Où allons-nous ? »

Pourquoi ce défilé rapide de jours, de mois ?

Pourquoi cet enfant d’hier est-il devenu un adulte aujourd’hui, et un vieillard demain ?

Pourquoi ces rides que ne cachent guère les crèmes rafraichissantes ? Quel est le but de la vie ? Oui, le monde a t-il un sens ? Une destination ?

Les scientifiques ne peuvent pas répondre : ils observent le présent, mais ils n’ont pas la clef de l’avenir.

Les économistes : il ne faut pas non plus leur demander grand-chose par les temps qui courent… après la chute du scientisme, du nazisme, du marxisme et les impasses des économies libérales !

Les agnostiques, eux, disent qu’on ne peut pas savoir.

Quant à Jacques Brel, le chanteur, il disait, avant sa mort, que le but de la vie c’est de vivre encore quelques mois !

Quant aux chrétiens, dont vous êtes, j’espère, ils répondent :

« On est sur  la  terre  pour  aimer  Dieu  et  son  prochain  et  ainsi  mériter la vie éternelle ». Cette réponse n’est pas fausse. Mais si vous avez écouté l’Evangile, elle est tout à fait insuffisante !

La  religion  n’est  pas d’abord un code de bonne conduite pour obtenir une  bonne  note  à  la  fin  de  sa  vie ! Le  but  de  la  vie, c’est  un  jour,

la  Rencontre  Merveilleuse  et  Désirée  avec  quelqu’un, avec  Jésus !

Là est la clef de l’énigme, le sens réel et concret de la vie de tout un chacun. Vivre, c’est aller vers ce « Rendez- Vous » !

Tous les hommes, aussi suffisants soient-ils, prennent conscience de leur faiblesse profonde, de leur fragilité de mortels. Au fond d’eux-mêmes, ils sont à la recherche d’un homme providentiel qui viendrait les sauver de leurs angoisses et de leurs problèmes.

Déjà, dans  l’Ancien  Testament, ils  annonçaient  et  espéraient  le « Berger de son peuple ». Il  sera nommé  « Conseiller  merveilleux »,  » Dieu fort « , « Prince de la paix ».  « Oui un jour viendra ». Et des millions de Juifs dans toute la Bible espéraient ce « Rendez-Vous » comme l’exprime si bien le vieillard Siméon :

« Maintenant,  je  peux  mourir  en  paix : mes  yeux  ont  vu   enfin le Sauveur d’Israël, la Lumière des nations ».

Pour beaucoup, cet homme providentiel n’est pas encore venu : ils peuvent vous raconter l’histoire de Jésus, l’histoire de sa Passion, le Vendredi Saint mais, lui, l’ont-ils vraiment rencontré ?

 

Avec le Nouveau Testament, nous savons que le Christ  est venu  au « Rendez-vous » promis, mais pour un temps court seulement. Nous savons aussi qu’il va revenir, mais qu’en l’attendant, tout reste à faire. Il  est  venu  montrer  à  l’homme  le  chemin  de  sa destinée, il a balisé la  route.  Mais,  cette  fois, le  but est clairement désigné : un  jour, il reviendra, ce sera la fin de la longue marche de l’humanité, rencontre définitive et suprême : la rencontre des rencontres que décrit magnifiquement St-Jean dans l’Apocalypse :

« Je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle. Je vis la Cité Sainte, la Jérusalem Nouvelle ».

Voilà, frères et sœurs, le sens de la vie, le but de notre destin : « entrer un jour dans ces noces éternelles ». Réjouissons-nous, nous sommes faits pour le bonheur dans les bras du véritable époux.

Alors, vivre, c’est quoi ? Se préparer à ce Rendez-vous !

Nous voilà donc situés entre deux avents, deux avènements : deux événements, celui  de  Noël  et  celui  de sa venue  ultime. Nous devons être comme des fiancés qui attendent le jour des noces. Or, vous le savez, une noce, ça se prépare. On peut même dire que  les  préparatifs   sont  plus absorbants que la noce elle-même.

Notre grand jour doit se préparer : comment ? Tout d’abord par des « rendez-vous antérieurs » nombreux, chaleureux : chaque dimanche, chaque grande fête, ce sont des temps forts de la découverte de notre amour pour le Christ et de son amour pour nous !

Allons-nous vivre ce temps de l’Avent avec la joie et l’impatience d’amoureux attendant le grand Rendez-Vous de Noël et le grand « Rendez-Vous » de son retour ?

Pendant cet Avent, il faudrait faire un lifting de notre cœur.

Aurons-nous le souci de devenir meilleur, de lutter contre nos défauts non par souci de moralité ou pour ne pas être condamnés mais pour plaire à celui qui nous aime et qui, un jour, nous ouvrira ses bras au soir de notre vie ?

Peut-on dire « amoureux » des fiancés qui ne seraient nullement pressés de « vivre ensemble » ? Allons-nous, nous aussi, éprouver une « impatience joyeuse » pendant tout cet Avent vécu comme une attente pleine d’espérance des grâces de Noël, tout comme les enfants en attente des cadeaux et du sapin illuminé ?

Il n’y a pas d’amour sans échanges de cadeaux.

Seigneur, que pourrais-je t’offrir au soir de ma vie ? En face du cadeau que, toi, tu me promets : « Voir ta face éternellement », que puis-je t’apporter en retour ?

Que, du moins, Seigneur, toute ma vie, et particulièrement  ce temps de  l’Avent,  puisse  peu  à  peu, élargir  mon  cœur.  Un  cœur  vide  et pauvre, c’est vrai mais qui soit capable de recueillir tout ton amour et combler mon indigence.

Le Jésus que j’aime n’est pas dans un livre. Dieu m’aime et il me l’a signifié par Jésus. Je l’attends, en allant vers lui, et lui vers moi. AMEN




1er Dimanche de l’Avent (Mc 13, 33-37)- par le Diacre Jacques FOURNIER

 » Veillez ! « 

  (Mc 13, 33-37)

  Prenez garde, restez éveillés : car vous ne savez pas quand ce sera le moment.
C’est comme un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et demandé au portier de veiller.
Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin ;
s’il arrive à l’improviste, il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis.
Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »

           

           « Prenez garde, Veillez ! Veillez donc… Je le dis à tous, veillez ! ». Mais pourquoi une telle insistance ? Car nous ne savons pas quand « le Maître de la Maison reviendra », autrement dit nous ne connaissons ni la date du dernier Jour du monde (cf. Mt 24,36), ni celle du dernier jour de notre vie… Or, tels nous sommes aujourd’hui, tels nous serons ce jour-là… Si nous avons refusé de nous repentir et de changer de vie, si nous avons laissé les liens du péché nous entraver et les ténèbres obscurcir nos cœurs, nous connaîtrons avec encore plus d’intensité les conséquences de ces liens… Alors que la Lumière se manifestera dans tout son éclat, nous ne pourrons que constater à quel point nous en sommes privés (Rm 3,23). Alors que Dieu nous invitera à « entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (Rm 8,21), nos liens nous interdiront encore de goûter à cette Plénitude… Et « il y aura des pleurs et des grincements de dents »…       

           L’invitation au repentir nous rejoint donc d’une manière encore plus pressante dans cet aujourd’hui où nous ne savons pas de manière certaine s’il y aura un lendemain… Mais heureusement, le temps de notre histoire sera, jusqu’à son dernier jour, celui du « Père des Miséricordes », et donc d’un repentir toujours possible car « Dieu use de patience envers nous, voulant que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir » (2P 3,9).

            « Dieu veut en effet que tous les hommes soient sauvés ». Oui, disait Jésus, « c’est la volonté de mon Père que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné », et le Père a donné à son Fils le monde à sauver (1Tm 2,4-6 ; Jn 6,39 ; 3,16‑17 ; 4,42)… Alors, pressons-nous d’offrir toute notre misère à sa Miséricorde car « jusqu’à toi vient toute chair avec son poids de péché ; nos fautes ont dominé sur nous : toi, tu les pardonnes. Heureux alors ton invité, ton élu : il habite ta demeure ! Les biens de ta maison nous rassasient, les dons sacrés de ton temple » (Ps 65(64)) : le Don de l’Esprit Saint qui, inlassablement, lave, purifie, vivifie, nous éclaire pour éviter les obstacles et nous fortifie pour nous permettre de les dépasser.

            C’est pourquoi, « veillez ! » « Priez sans cesse. En toute condition soyez dans l’action de grâces… N’éteignez pas l’Esprit » et, avec son aide, « gardez-vous de toute espèce de mal », car « aucune tentation ne vous est survenue, qui passât la mesure humaine. Dieu est fidèle ; il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces ; mais avec la tentation, il vous donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter. » Aussi, « ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! » (1Th 5,16-22 ; 1Co 10,13).              DJF




Audience Générale du Mercredi 22 Novembre 2023

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 22 Novembre 2023


Catéchèse – La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant – 27.  L’annonce est pour tous

Chers frères et sœurs,

Après avoir vu la dernière fois que l’annonce chrétienne est joie, nous nous arrêtons aujourd’hui sur un second aspect : c’est pour tous, l’annonce chrétienne est joie pour tous. Quand nous rencontrons vraiment le Seigneur Jésus, l’émerveillement de cette rencontre envahit notre vie et demande à être porté au-delà de nous. C’est ce qu’Il veut, que son Évangile soit pour tous. En lui en effet, existe une « force humanisante », une plénitude de vie qui est destinée à tout homme et à toute femme, car pour tous Christ est né, est mort, est ressuscité. Pour tous : personne n’est exclu.

Dans Evangelii gaudium, on peut lire : « Tous ont le droit de recevoir l’Évangile. Les chrétiens ont le devoir de l’annoncer sans exclure personne, non pas comme quelqu’un qui impose un nouveau devoir, mais bien comme quelqu’un qui partage une joie, qui indique un bel horizon, qui offre un banquet désirable. L’Église ne grandit pas par prosélytisme, mais « par attraction » » (n. 14). Frères, sœurs, considérons-nous au service de la destination universelle de l’Évangile, c’est pour tous ; et distinguons-nous par notre capacité à sortir de nous-mêmes, – une annonce pour être une vraie annonce doit sortir de l’égoïsme même – et avoir aussi la capacité – de dépasser toutes les frontières. Les chrétiens se rassemblent sur le parvis plus que dans la sacristie, et vont « sur les places et dans les rues de la ville » (Lc 14,21). Ils doivent être ouverts et expansifs, les chrétiens doivent être « extravertis », et ce caractère leur vient de Jésus, qui a fait de sa présence dans le monde un déplacement continuel, visant à aller à la rencontre de tous, apprenant même de certaines de ses rencontres.

Dans ce sens, l’Évangile rapporte la surprenante rencontre de Jésus avec une femme étrangère, une Cananéenne qui le supplie de guérir sa fille malade (cf. Mt 15, 21-28). Jésus refuse en disant qu’il n’a été envoyé qu’ « aux brebis perdues de la maison d’Israël » et qu’ « il n’est pas bon de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens » (v. 24.26). Mais la femme, avec l’insistance typique des gens simples, répliqua que même « les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres » (v. 27). Jésus en reste impressionné et lui dit : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » (v. 28). Cette rencontre avec cette femme a quelque chose d’unique. Non seulement quelqu’un fait changer d’avis à Jésus, et c’est une femme, étrangère et païenne, mais le Seigneur lui-même y trouve la confirmation que sa prédication ne doit pas se limiter au peuple auquel il appartient, mais s’ouvrir à tous.

La Bible nous montre que lorsque Dieu appelle une personne et conclut une alliance avec elle, le critère est toujours le suivant : il élit quelqu’un pour en atteindre d’autres, ceci est le critère de Dieu, de l’appel de Dieu Tous les amis du Seigneur ont fait l’expérience de la beauté, mais aussi de la responsabilité et du poids d’avoir été « choisis » par Lui. Et tous ont éprouvé le découragement face à leurs propres faiblesses ou la perte de leurs sécurités. Mais la tentation peut-être plus grande est celle de considérer l’appel reçu comme un privilège, s’il vous plait non, l’appel n’est pas un privilège, jamais. Nous ne pouvons pas dire que nous sommes privilégiés par rapport aux autres, non. L’appel est pour un service. Et Dieu choisit un pour aimer tous, pour arriver à tous.

Aussi pour prévenir la tentation d’identifier le christianisme avec une culture, avec une ethnie, avec un système. Mais de cette façon, il perd sa nature vraiment catholique, c’est-à-dire pour tous, universelle : il ne s’agit pas d’un petit groupe d’élus de première classe. Ne l’oublions pas : Dieu choisit quelqu’un pour aimer tous. Cet horizon de l’universalité. L’Évangile n’est pas seulement pour moi, il est pour tous, ne l’oublions pas. Merci.

* * *

Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier les jeunes venus de France, les pèlerins des diocèses de Marseille et de Troyes, la Fondation Saint Jean de Dieu.

L’Évangile est destiné à tous, pas seulement pour nous mais pour tous.

Que Dieu vous bénisse !


Dimanche prochain, dernier du Temps ordinaire, nous célébrerons la solennité du Christ-Roi. Je vous -exhorte à placer Jésus au centre de votre vie, et vous recevrez de Lui lumière et courage pour tous vos choix quotidiens.

N’oublions pas de persévérer dans la prière pour tous ceux qui souffrent à cause des guerres dans de nombreuses parties du monde, en particulier pour les chères populations d’Ukraine, d’Israël et de Palestine. Ce matin, j’ai reçu deux délégations, l’une d’Israéliens dont des membres de la famille sont retenus en otage à Gaza et une autre de Palestiniens dont des membres de la famille souffrent à Gaza. Ils souffrent beaucoup  j’ai vu combien toutes deux souffrent: les guerres font cela, mais ici, nous sommes allés au-delà des guerres, cela n’est pas faire la guerre, cela est du terrorisme. S’il vous plaît, poursuivons notre chemin pour la paix, priez pour la paix, priez sans cesse pour la paix. Que le Seigneur intervienne, que le Seigneur nous aide à résoudre les problèmes et à mettre de côté les passions qui finissent par tuer le monde. Prions pour le peuple palestinien, prions pour le peuple israélien, afin que vienne la paix.

A tous ma Bénédiction!





Solennité du Christ Roi (Mt 25, 31-46) par D. Alexandre ROGALA

Les deux derniers dimanches, Jésus nous a mis en garde face à une issue négative possible au jour du jugement. Aujourd’hui, Jésus nous explique comment se passera ce jugement qu’il présidera à la fin des temps. Dans l’évangile que nous venons d’entendre, il prend place sur le trône de sa gloire et met à exécution son jugement.

Aujourd’hui, l’Église nous invite à réfléchir sur la royauté du Christ. Commençons par nous interroger. Quelle image nous faisons-nous d’un roi ? Peut-être, pensons-nous à une personne ayant tous les pouvoirs sur un territoire et sur ses habitants, prenant des décisions de manière arbitraire selon son humeur…

Mais comme Christ le dit lui-même, « sa royauté n’est pas de ce monde » (cf. Jn 18, 36). L’image de la royauté terrestre que nous venons d’évoquer ne peut donc pas s’appliquer à la royauté du Christ.

Je vous propose d’essayer de comprendre comment le « roi de l’univers » exerce sa royauté à partir des textes que nous propose la liturgie.

La première lecture est tirée du chapitre 34 du Livre du Prophète Ézéchiel. Dans cet extrait le Seigneur se présente à son prophète comme un berger.

Dans le langage de cour du Proche-Orient ancien, « les bergers du peuple » désignaient les rois. Par conséquent, en se présentant comme un berger, le Seigneur révèle au prophète que c’est Lui le véritable roi d’Israël.

Et quel genre de berger, quel genre de roi est le Seigneur ? Écoutons-le:

« La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la panserai. Celle qui est malade, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître selon le droit » (v. 16)

Le Seigneur est un berger qui prend soin de son troupeau. Le Seigneur est un roi qui met sa royauté au service de son peuple. Et puisque le Seigneur veut faire paître ses brebis « selon le droit », il est nécessaire que quelqu’un assure le rôle de juge.

Dans un autre psaume, le Ps 99, nous lisons que le Seigneur est un roi qui aime la justice, qui est l’auteur du droit, et qui assure en Jacob la justice et la droiture (cf. Ps 99, 4).

C’est pourquoi dans notre texte le Seigneur annonce au prophète Ézechiel un jugement à venir qu’il présidera lui-même: « voici que je vais juger entre brebis et brebis, entre les béliers et les boucs ».

Nous ne l’avons pas lu aujourd’hui, mais quelques versets plus loin dans ce même texte du prophète Ézéchiel, le Seigneur délègue sa charge à un « nouveau David », « berger unique » qu’il suscite pour gouverner son peuple:

« Je susciterai à leur tête un seul berger ; lui les fera paître : ce sera mon serviteur David. Lui les fera paître, il sera leur berger. Alors moi, le Seigneur, je serai leur Dieu, et mon serviteur David sera prince au milieu delles. Je suis le Seigneur, jai parlé » (v. 23-24).

Dans le texte d’évangile que nous avons entendu (Mt 25, 31-46), il est question du jugement  dernier annoncé dans la première lecture. Celui-ci sera exercé à la fin des temps, par Jésus, dont l’un des titres est « Fils de David » (Mt 9, 27; 12, 23 etc.). Jésus est donc le « serviteur David » dont nous venons de parler.

Pour prononcer son verdict  ce juge s’appuiera sur ce que les destinataires auront fait, ou n’auront pas fait pour lui. « Il rendra à chacun selon sa conduite » (cf. Mt 16, 27). L’élément clé permettant de comprendre le texte et de se préparer à ce Jugement est le lien qui existe entre le Fils de l’homme et les « plus petits ».

Tout d’abord, « les plus petits » dont il est question dans le texte, n’est pas un groupe défini une fois pour toute. Si dans certaines circonstances, nous sommes en mesure d’apporter de l’aide, dans d’autres circonstances, c’est nous qui avons besoin de recevoir l’aide d’un autre. Pour le dire autrement, il y a des situations, où nous faisons partie de ces « plus petits » dont parle Jésus. C’est la raison pour laquelle, nous devons appliquer la « règle d’or » que Jésus donne à ses disciples: «  tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi » (Mt 7, 12)

Ensuite, la liste qu’énumère Jésus quand ils parlent de ceux qui ont faim, qui ont soif, qui sont nus etc. n’est pas exhaustive. Jésus ne fait que donner quelques exemples. L’amour du prochain et la miséricorde qui sont au cœur de l’évangile, sont exigés partout/en toute situation où des hommes sont dans le besoin.

Enfin, si ce texte peut dans un premier temps nous faire peur à cause de la mention du « châtiment éternel » au v. 46. C’est surtout la volonté de Dieu de sauver tous les hommes qui est soulignée. En effet, Jésus nous dit que le Royaume a été préparé « pour nous » depuis la fondation du monde (v. 34). En revanche, le feu éternel a été préparé, non pas pour les hommes, mais « pour le diable et ses anges » (v. 41). S’il est possible qu’au jour du jugement, certains hommes s’en aillent loin du Seigneur dans ce feu éternel, ce sera en dépit de la volonté de salut de Dieu.

Nous avons vu tout à l’heure que dans le Livre d’Ézéchiel, après s’être présenté comme le véritable roi du peuple d’Israël, le Seigneur annonce qu’il suscitera un prince, descendant de David comme berger unique d’Israël. Il est possible que ce soit l’un des textes en arrière fond de l’extrait de la Première Lettre de saint Paul aux Corinthiens que nous avons entendu en deuxième lecture.

De fait, saint Paul présente Jésus comme un peu comme un prince quand il écrit que « tout sera achevé, quand le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu son Père après avoir anéanti, parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance.»  (1 Co 15, 24)

En attendant ce jour où il remettra la royauté au Père Céleste, c’est le Christ qui règne et combat pour nous les « principautés, souverainetés et puissances », c’est à dire toutes les forces spirituelles qui s’opposent à l’Évangile.

À la fin, même la mort sera réduite à rien, et la mission du Christ sera achevé. Pour les « bénis du Père » que le Fils de l’homme placera à sa droite, « Dieu sera tout en tous » (1 Co 15, 28)

Si la mort a perdu son pouvoir de domination, nous avons la certitude que le jour où nous mourrons ne sera pas la fin de notre vie.

Et en attendant le retour de notre Seigneur Jésus Christ à la fin des temps, « ne craignons aucun mal, puisque il nous accompagne tous les jours de notre vie » (Ps 23). Amen !