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4ième dimanche de Carême – par Francis COUSIN

Évangile selon saint Jean 2, 13-25

 

« Il a voulu ainsi montrer …

la richesse surabondante de sa grâce… »

 

Sa grâce, la grâce de Dieu, c’est-à-dire son amour pour les hommes, depuis toujours et pour toujours.

Cet amour qui est en filigrane de tous les textes de ce dimanche.

On le voit dès la première lecture : face aux infidélités des ’’chefs’’, des responsables politique et religieux du peuple hébreux, Dieu envoie des prophètes, des messagers, « sans attendre et sans se lasser ».

Car cet amour pour son peuple est un amour de Père. Comme celui de parents qui prennent soin de leurs enfants, s’occupent d’eux matériellement, moralement et spirituellement, pour qu’ils aient tout ce qui leur faut pour réussir dans la vie ; mais qui aussi s’interposent vigoureusement quand ceux-ci dérapent, toujours par amour pour eux.

C’est le cas avec Dieu, dont « la fureur grandissante du Seigneur contre son peuple » trouvera son épilogue par la déportation à Babylone de son élite. Et là, le peuple regrette le ’’bon temps’’, ainsi que le montre le psaume 136, qui compte parmi les plus beaux des psaumes : « Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion … Comment chanterions-nous un chant du Seigneur sur une terre étrangère ? Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite m’oublie ! … Si je perds ton souvenir, si je n’élève Jérusalem, au sommet de ma joie. »

Alors Dieu, qui « avait pitié de son peuple et de sa demeure » (1° lect) permet la victoire de Cyrus et lui demande de « bâtir une maison à Jérusalem » pour que chacun puisse « monte[r] à Jérusalem ».

Dieu n’abandonne pas son peuple, quoiqu’il ait fait (ce qui n’est malheureusement pas le cas de tous les parents).

Dieu est un inconditionnel de l’amour. C’est normal puisque c’est lui qui l’a créé.

Mais nous, sommes-nous des inconditionnels de l’amour ?

Notre attitude est souvent comme celle des gens d’Israël : nous aimons Dieu, mais il nous arrive de nous éloigner de lui, nous l’oublions, attirés par les biens et les distractions du monde. Alors dans son amour, Dieu nous envoie des messagers, des amis, des prêtres, Sa Parole, l’homélie du dimanche, pour nous secouer, nous faire réfléchir, nous ramener vers lui. Et si cela ne suffit pas, il y a des moments forts qui nous interpellent sur le sens de notre vie : le carême, une conférence, une retraite, voire même la perte d’un être cher, ou sa maladie, … ou la nôtre …

Car nous sommes concernés dans les deux sens : en tant que le pécheur qui s’éloigne …, mais aussi en tant que je suis un ami ou un voisin qui peut être messager de Dieu vis-à-vis des autres, qui peut donner une parole de vérité inspiré de l’Évangile. Même si nous n’en sommes pas conscients : Dieu peut faire à travers nous du bien aux autres malgré nos faiblesses et nos handicaps divers ; parce que ce bien « ne vient pas de [nous], c’est le don de Dieu » (2° lect).

Après nous avoir rappelé le « grand amour dont il (Dieu) nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes », saint Paul nous dit : « C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, et par le moyen de la foi. ». Il nous faut aussi croire. Nous ne sommes donc pas sauvés malgré nous, sans que nous n’ayons rien à dire ou faire, et ce n’est pas parce que nous faisons quelque chose pour être sauvés que nous le serons. Ce qui nous est nécessaire, c’est la foi, foi en Dieu, foi en Jésus-Christ, foi en son amour. Dieu nous demande que nous répondions à son amour, à sa Parole, et que nous laissions de côté notre ’’matuvisme’’ que nous             aimons bien et qui nous fait tant de tort. Saint Paul est clair : tout nous vient de Dieu, et contrairement à ce qu’on croit souvent, notre salut « ne vient pas des actes » que nous pourrions faire, et donc, nous ne pouvons « en tirer orgueil ».

Profitons de ce carême pour demander pardon de notre orgueil, et en même temps pour demander pardon de ne pas assez faire d’œuvres de miséricorde.

Et laissons monter vers Dieu notre action de grâce pour cet amour surabondant qu’il a pour chacun de nous, tellement grand qu’il donne son fils unique, élevé sur la croix pour que le monde soit sauvé.

« Tout vient de toi, ô Père très bon. Nous chantons les merveilles de ton amour ! »

 (C 66 – D. Ombrie)

Mon Dieu,

tu as tellement aimé le monde

que tu as donné ton Fils unique

pour que ceux qui croient en lui soient sauvés.

Ouvre notre cœur,

que nous avons parfois tant verrouillé,

et donne-nous d’accueillir ton amour

dans la simplicité et dans l’humilité.

 

Francis Cousin

                       

               

                       

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Audience Générale du Mercredi 28 février 2018

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 28 février 2018


 

Frères et sœurs, après la liturgie de la Parole, la Messe se poursuit par la liturgie eucharistique dans laquelle l’Eglise rend présent le Sacrifice de Jésus sur la Croix. Le prêtre qui représente le Christ accomplit ce que le Seigneur a fait et a confié à ses disciples lors de la Cène. Cette liturgie commence par la préparation des dons. Les fidèles sont appelés à faire d’eux-mêmes un sacrifice apprécié par le Père. Dans les signes du pain et du vin déposés sur l’autel par les mains du prêtre, la vie des fidèles, avec leurs souffrances, leurs prières, leur travail, est unie à celle du Christ et prend une valeur nouvelle. L’encens consumé par le feu et qui libère un parfum s’élevant vers le ciel, exprime bien le mouvement oblatif de ce moment. Enfin, dans l’oraison sur les offrandes le prêtre demande à Dieu d’accepter les dons que l’Eglise lui offre. Que nos vies soient transformées par l’Esprit Saint et deviennent avec le Christ une seule offrande à Dieu le Père !

Je salue cordialement les pèlerins de langue française en particulier les jeunes venus de plusieurs régions de France. Je vous invite à développer dans le quotidien de votre vie cette spiritualité du don de soi qui s’exprime pleinement dans l’offertoire de la messe, et qui nous porte à offrir au Seigneur nos activités, nos souffrances et nos relations avec les autres. Que Dieu vous bénisse.




2ième Dimanche de Carême – Claude WON FAH HIN

 

Dieu avait promis à Abraham (Gn 15,5) une postérité aussi nombreuse que les étoiles. Et Abraham crut en Dieu alors qu’il n’avait pas encore d’enfant. Après la naissance de son fils Isaac, voici que « Dieu éprouva Abraham et lui dit : « Prends ton fils, ton unique, que tu chéris, Isaac, et va-t’en au pays de Moriyya, et là tu l’offriras en holocauste sur une montagne que je t’indiquerai », autrement dit, Dieu demande à Abraham de sacrifier son fils unique. Pour nous, cela peut être choquant, mais à l’époque, les mœurs cananéennes admettaient le sacrifice du premier-né aux dieux (Yahvé parla à Moïse et lui dit Ex 13,2 : « Consacre-moi tout premier-né…» ; Lc 2,23 : « selon qu’il est écrit dans la Loi du Seigneur : Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur »,). Comme tout être humain, Abraham a dû se sentir mal à l’aise. Ce qui le choque ce n’est pas tant le sacrifice de son fils premier-né, puisque c’était une pratique courante à l’époque, mais plutôt la contradiction apparente entre ce que Dieu promet – Il lui a promis une descendance nombreuse – et ce que Dieu lui demande de faire : sacrifier son fils unique. Comment avoir une descendance nombreuse s’il doit sacrifier son fils unique ? Et que fait Abraham alors même qu’il ne comprend rien? Il n’hésite pas, il obéit à Dieu (c’est l’obéissance de la Foi : « parce que je crois en Dieu, j’obéis à Dieu ») : il est prêt à sacrifier son fils unique parce qu’il a une foi aveugle en Dieu. C’est ce que Paul dans sa lettre aux Romains appelle l’« obéissance de la foi ». Et la note de la TOB nous dit que la foi engage l’homme tout entier. C’est pourquoi, elle est toujours obéissance, c’est l’obéissance qu’est la foi. Elle implique que l’homme se soumette librement et volontairement au Dieu qui se révèle à lui comme fidèle et véridique et qui, en renouvelant l’homme, permet à celui-ci d’obéir à la volonté divine. Mais, jamais Dieu ne demandera à quiconque de faire le mal. Le texte de la Genèse dit que « Dieu éprouva Abraham », c’est-à-dire qu’il met Abraham à l’épreuve pour voir s’il va l’obéir ou non, pour voir jusqu’à quel point va sa foi en Dieu. La foi d’Abraham n’a pas de limite et cela se traduit par une obéissance totale à Dieu. Ceci est une invitation, pour nous tous, à obéir à la Parole de Dieu, et cette obéissance se traduit par la mise en pratique des commandements de Dieu et de l’Église, et à ne jamais agir contre l’autorité religieuse que représentent le Pape, les évêques, les prêtres.  Sur la seule parole de Dieu, Abraham est prêt à sacrifier son fils. On l’appelle d’ailleurs le « Père des croyants ».

Au moment décisif du sacrifice d’Isaac, Dieu intervient : « N’étends pas la main contre l’enfant !  Ne lui fais aucun mal !  Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique ». Dieu ne veut pas de sacrifice humain, et c’est aussi un message pour le peuple d’Abraham. Il faut arrêter les sacrifices humains. Et Abraham va remplacer le sacrifice humain par le sacrifice d’un animal. Mais le sacrifice animal ne sert absolument pas à enlever le péché du monde, et donc il ne sert à rien, d’où la venue de Jésus en ce monde (He 10,4) : « 4 En effet, du sang de taureaux et de boucs est impuissant à enlever des péchés. 5 C’est pourquoi, en entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation (ni offrande); mais tu m’as façonné un corps. 6 Tu n’as agréé ni holocaustes ni sacrifices pour les péchés. 7 Alors j’ai dit : Voici, je viens, car c’est de moi qu’il est question dans le rouleau du livre, pour faire, ô Dieu, ta volonté ». Et c’est donc Jésus, ce Jésus Amour, qui se sacrifiera pour que l’humanité entière soit sauvée du péché, pour que l’humanité soit vainqueur de la mort, pour qu’elle soit sanctifiée et justifiée devant le Père et que tous se retrouvent au Royaume de Dieu. Et nous revivons le temps de la Passion du Christ, tous les vendredis avec le Chemin de croix. Et cela rejoint l’Évangile d’aujourd’hui avec la transfiguration.

Pierre vient de reconnaître en Jésus qu’il est le Christ, c’est-à-dire le Messie, le Sauveur tant attendu. Et Jésus fait à Pierre et à ses disciples la première annonce de la Passion, il leur annonce qu’il doit mourir et trois jours après il ressuscitera. Et là, nouvelle apparente contradiction, comme pour Abraham. Comment Jésus, Messie, envoyé par Dieu, peut-il sauver le monde s’il doit lui-même mourir bientôt ? N’est pas « Père des croyants » qui veut. Le doute s’installe dans les esprits des disciples, et la réaction de Pierre sera bien différente de celle d’Abraham, il montre son mécontentement. La foi de Pierre et des disciples est quelque peu ébranlée. Réaction très vive de Jésus à Pierre : « Passe derrière-moi Satan ». Les Actes des Apôtres (4,13) nous rappelle que « Pierre et Jean sont des gens sans instruction ni culture ». Conscient de leur faiblesse dans la foi, six jours après, Jésus emmène ses apôtres préférés, Pierre, Jacques et Jean sur une haute montagne. Ils sont les témoins privilégiés de Jésus : présents lors de la guérison de la fille de Jaïre, chef de la synagogue (Mc 5,37), ils le sont encore à l’agonie de leur Maître à Gethsémani. Et maintenant témoins de la transfiguration de Jésus. C’est, en réalité, une étape importante dans l’éducation des disciples car ce sont des gens qui attendent un Messie Glorieux, et être témoins de la transfiguration pourra renforcer leur foi à la veille de la Passion où Jésus se montrera faible et impuissant aux yeux de ses disciples. La transfiguration laisse aux apôtres un message dont ils ont besoin au moment où Jésus est rejeté par les autorités religieuses de l’époque. La vision de Jésus en pleine gloire, avec la présence de Moïse qui représente la Loi et Élie qui représente les prophètes, montre que la totalité des Écritures témoignent en faveur de Jésus, autrement dit, Jésus est bien celui que le peuple hébreu de l’Ancien Testament attendait. La transfiguration intervient comme pour confirmer que Jésus est bien le Messie. Et même temps, c’est un message qui nous est adressé pour dire que nous sommes appelés aussi à être transfigurés à l’image du Christ.

Si nous nous unissons sincèrement au Christ, au plus profond de nous-mêmes, la transfiguration s’opérera forcément à condition d’utiliser tous les moyens qu’il a mis à notre disposition :  lecture de la Parole de Dieu, les prières dont le rosaire, les sacrements et particulièrement ceux de la réconciliation et l’Eucharistie, et en ce temps de carême, nous avons la chance de pratiquer le jeûne et d’avoir l’Heure sainte, un moment où nous partageons et participons à la souffrance du Christ dans sa Passion qui n’est pas terminée. C’est le Christ qui dit à Padre Pio :  « Mon fils, ne crois pas que mon agonie n’ait duré que trois heures, non, à cause des âmes que j’ai le plus comblées, je serai en agonie jusqu’à la fin du monde. Pendant le temps de mon agonie, mon fils, il ne faut pas dormir. Mon âme va à la recherche de quelques gouttes de piété humaine ; mais hélas, je suis seul sous le poids de l’indifférence. L’ingratitude et la somnolence de mes ministres me rendent plus pénible mon agonie. Hélas, comme ils répondent mal à mon amour ! Ce qui m’afflige le plus, c’est que ceux-ci ajoutent à leur indifférence le mépris et l’incrédulité »…A force d’avoir Jésus comme compagnon de route, de partager ses souffrances, mais aussi ses joies avec toutes les grâces que nous recevons, nous finirons par le ressembler…jusqu’à être totalement transfiguré lorsque nous serons dans son Royaume.

Et comme les disciples de Jésus, Pierre, Jacques et Jean, comme Abraham, nous vivons des moments où il nous est difficile de comprendre Dieu, des moments compris comme des contradictions. On a ainsi l’impression que Dieu nous aime, qu’il est proche de nous, et en même temps Il paraît éloigné de nous et qu’il n’agit pas; nous sommes sous sa protection et en même temps lâchés au milieu des loups avec tous les dangers qu’il peut y avoir ; nous sommes appelés à prier sans cesse et en même temps on a parfois l’impression qu’on prie pour rien et que Dieu n’en tient pas compte. Et on peut ainsi continuer longtemps.

Mais ce sont des contradictions qui ne sont qu’apparentes. Et les apparences sont souvent trompeuses. En réalité, il n’en est rien. Dieu qui est Amour, protège sans cesse ses enfants…tant que ses enfants ne s’éloignent pas de Dieu par le péché qui est un refus de rester uni à Dieu.  C’est seulement lorsque nous serons au Paradis que nous apprendrons que nos prières ont permis de convertir des milliers de personnes, que les sacrements nous ont sanctifiés, que l’amour donné gratuitement a changé le monde.

Continuons à avoir une confiance totale en Dieu quoi qu’il arrive, Rm 8,28 : « Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (et cela malgré les apparences). Les saints disent la même chose : 1 – Ste Catherine de Sienne dit à « ceux qui se scandalisent et se révoltent de ce qui leur arrive » : « Tout procède de l’amour, tout est ordonné au salut de l’homme, Dieu ne fait rien que dans ce but ». 2 – St Thomas More, peu avant son martyre, console sa fille: « Rien ne peut arriver que Dieu ne l’ait voulu. Or tout ce qu’il veut, si mauvais que cela puisse paraître, est cependant ce qu’il y a de mieux pour nous ». 3 – Une autre sainte (Lady Julian of Norwich) : « J’appris donc, par la grâce, qu’il fallait m’en tenir fermement à la foi, et croire avec non moins de fermeté que toutes choses seront   bonnes…Et tu verras que toutes choses seront bonnes ».

Quoi qu’il en soit, Dieu témoigne que son Fils est réellement notre Sauveur : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ». Pour Pierre, Jacques et Jean, cela signifie « Écoutez Jésus, même quand il traversera les épreuves de la Passion », gardez confiance en Lui alors même qu’il paraît si fragile, si faible devant tous ses bourreaux. Les deux textes sont là pour confirmer qu’il faut garder la foi en Dieu, quoiqu’il arrive, quels que soient les événements parfois désastreux au vue des chrétiens. Si Dieu, qui nous aime follement, nous envoie son Fils unique se sacrifier pour nous, ce n’est pas pour nous laisser tomber par la suite. Jamais Dieu ne nous abandonne. Si bien que tout ce que nous faisons, tout ce que nous vivons, toutes nos prières, toutes nos relations, toutes nos pensées, notre vie intérieure et spirituelle, Dieu en tient compte. Il nous demande d’écouter son Fils. Et tout ce que dit le Fils tient en quelques mots : aimer Dieu et aimer son prochain.

Avec Marie, qui « conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur » (Lc 2,19), demandons à Dieu par son Fils bien-aimé d’augmenter notre foi.




Conférences de Carême 2018 des Frères Dominicains

CONFERENCES DE CAREME 2018

FRERES DOMINICAINS

JESUS LE CHRIST  

15 février « Jésus et Satan : le combat »,  par le frère Fabien-Joseph Hignette O.P.

22 février « Jésus enfant », par le frère Henri-Dominique de Spéville O.P.

1er mars « La pédagogie de Jésus : paraboles et miracles », par le frère Benoît-Joseph Colonval O.P.

8 mars « Le Christ pauvre chez Mère Térésa », par le frère Clément Binachon O.P.

15 mars « Jésus et les malades, Le sacrement de l’onction des malades », par le frère Chrystophe Randriambololona O.P.

22 mars «  Le procès de Jésus », par le frère Manuel Rivero O.P.

Jeudis du Carême à 18H30

Lieu : salle Don Bosco, Cure de la Cathédrale,

22 Avenue de la Victoire 97400 Saint Denis

Informations : 0262 21 00 81- www.dominicains.re      Entrée libre




4ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN

 Évangile selon saint Marc 1, 21-28

 

« Voilà un enseignement nouveau. »

 

Nous sommes tout au début de l’évangile. Jésus vient d’appeler ses premiers disciples et se rend à Capharnaüm, là où habitait Pierre.

Et comme tout bon juif, le samedi, il se rend à la synagogue, pour prier et pour y enseigner. En effet, à l’époque, on profiter d’un nouvel arrivant dans la synagogue pour lui demander de faire un enseignement, ce qui permettait de ’’casser’’ les habitudes. Et Jésus, bien sût, ne se fait pas prier.

Et dès ce premier enseignement, on voit apparaître deux réactions différentes :

– celle de la plupart des gens, plutôt positive : « il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes » qui avaient, eux, un discours autoritaire : « la loi dit que…, il faut faire ceci…, il faut croire ceci…, il ne faut pas faire cela … »

– celle d’un « homme tourmenté par un esprit impur », c’est-à-dire par Satan qui avait bien reconnu dans le discours de Jésus « ce prophète comme [Moïse] » (1° lecture) qui avait vu Dieu face à face et qui parlait comme Dieu.

Satan connaissait Jésus. Peu avant, pendant quarante jours, Jésus était allé au désert, poussé par l’Esprit, et là, il avait été tenté par Satan. Si Marc ne dit rien des tentations infligées par Satan, Matthieu et Luc nous les relatent ; et à chaque tentation, Jésus remet Satan à sa place par une citation d’une Parole de l’Écriture.

Alors Satan s’exclame, par l’intermédiaire de cet homme : « Es-tu venu pour nous perdre ? ». Non pas pour perdre tous les hommes ; au contraire, Jésus est venu pour les sauver, comme son nom l’indique : Jésus = Dieu sauve. Mais il est venu pour « perdre à Satan tous les humains qui sont sous son pouvoir », et donc ici la personne tourmentée, et les ramener à Dieu.

Et il suffit d’une parole de Jésus, « Sors de cet homme » pour que le démon soit chassé, pour que le démon soit anéanti.

Parole de Jésus, Parole de Dieu, Parole créatrice : « Dieu dit … et ce fut ainsi. »

Parole de Jésus, Parole qui libère. Parole qui guérit. Parole qui régénère.

Parole qui redonne vie : Lazare, fils de la veuve de Naïm, la fille de Jaïre …

Parole qui donne Vie : « Je suis la Vie ».

Et toujours Parole qui montre l’amour de Dieu pour les hommes.

Alors, après cet intermède, l’enthousiasme des auditeurs est renforcé : « Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. ».

Nous aussi, comme Jésus et les autres participants de la synagogue, nous allons à l’église pour y prier, et pour recevoir un enseignement, par les différents textes proclamés et par l’homélie.

Mais est-ce que j’écoute attentivement cette parole qui m’est proposée ?

Est-ce que je me prépare en lisant cette parole dans la semaine ?

Est-ce que je fais résonner cette parole dans mon cœur, dans mon esprit ?

Est-ce que parfois je ne fais pas comme cette homme qui s’insurge : « Dis-moi, Jésus, tu es venu pour me sauver, ou pour m’empêcher d’avoir une vie tranquille à ne me préoccuper que de moi … ? » (ou toutes choses semblable).

Jésus est venu pour nous sauver, mais pas sans nous. Il faut que nous y mettions du nôtre, que nous l’écoutions quand il nous dit : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ».

Seigneur Jésus,

tu veux que nous écoutions ta Parole,

mais tout le monde ne le veut pas.

Sors de notre cœur

tout ce qui est inspiré par le démon,

et mets en nous un cœur nouveau.

 

Francis Cousin                     

                               

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Nativité du Seigneur – par Francis COUSIN (Lc 2,1-14)

Évangile selon saint Luc 2,1-14

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. – Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine.

Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.

Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.

Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »

Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »

  

« Ne craignez pas. », disent les anges aux bergers.

Encore une fois, Dieu ou ses représentants commencent leur annonce aux humains par l’une de ces phrases : « Soyez sans crainte », «  Ne craignez pas », «  Soyez dans la paix », «  La paix soit avec vous ». Comme si l’intervention de Dieu dans nos vies nous bouleverserait tellement qu’il faut nécessairement nous mettre dans une situation de confiance.

Il faut dire qu’il y avait de quoi !

Ces bergers, occupés à veiller leurs troupeaux dans la campagne, se retrouvent tout à coup entourés d’une grande lueur, et les voilà qui entendent cette « Bonne Nouvelle », cet « Évangile » : « Le Christ est né, pas loin d’ici, à Bethléem, la ville de David ».

Ils n’en reviennent pas ! Comment eux, des pauvres gens, mal considérés par la population, obligés de travailler nuit et jour pour pouvoir survivre, sont destinataires d’un message aussi important pour tout le peuple juif : « Le Christ, le Sauveur est né ! Près de chez eux ! »

Ils sont décontenancés ! D’habitude, des nouvelles comme celle-ci, on les annonce aux riches, aux personnes importantes !

La naissance du Messie, on l’annonce au Grand Prêtre, au Roi, au sanhédrin ! Mais pas à des gens comme eux. Ils croyaient Dieu lointain d’eux, au sens propre comme au sens figuré, et voici que Dieu leur parle, par l’intermédiaire de ses anges. Dieu les considère au même titre que les autres personnes.

Dieu bouleverse toutes nos habitudes. Un monde nouveau est né !

Les petits seront considérés, et les gens importants, ou qui se croient tels, ne seront plus les premiers servis. Déjà s’annonce le phrase de Jésus : « Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé ».

Et cela continue : « Vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »

Le Christ, le Messie, celui qui vient pour sauver le peuple, couché dans une mangeoire ! Comme un moins que rien ! Comme eux ! Comme quelqu’un qui leur ressemble !

La curiosité commence à les démanger, mais ils sont encore dans l’expectative.

Et voilà que les chœurs angéliques font donner leurs voix, et ils chantent ’’comme des anges’’ une louange à Dieu : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »

Cette dernière phrase les réconforte : « Paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »

C’est à eux que cela s’adresse. « Dieu nous aime ! Quel bonheur ! Le Dieu Très-Haut nous aime ! Nous, les bergers ; nous, les petits. »

Ils n’étaient pas habitués à ce qu’on leur dise des paroles comme celles-là ! et ce n’était pas du chiqué !

Alors, quand les anges furent partis, ce n’étaient plus la curiosité qu’ils avaient. Ils voulaient voir, et remercier ce Christ, cet envoyé de Dieu, de Dieu qui avaient de la considération pour eux.

Leurs cœurs étaient pleins de joie, comme les disciples d’Emmaüs, et c’est ainsi qu’ils partirent vers Bethléem pour adorer Jésus.

Aujourd’hui, nous commémorons la naissance de Jésus, prince de la Paix.

Ensemble à l’église. Dans nos maisons, en famille souvent.

On est content, heureux ! Parce que Jésus est né, parce qu’on est ensemble, parce qu’il y a des cadeaux, de la bonne nourriture … Tout va bien pour nous !

Mais en est-il de même pour tout le monde ?

Avons-nous une pensée, comme Dieu l’a fait avec les bergers, pour les plus pauvres … ?

Pour ceux qui n’ont pour compagnie qu’une télévision ? ou rien du tout ?

Pour ceux qui sont seuls, malades, à l’hôpital, en prison … ?

Pour ceux qui n’ont plus de famille, ou dont la famille est dispersée ou cassée … ?

Pour ceux qui vivent dans des pays en guerre … ? ou dans des pays où on ne peut pas fêter ouvertement Noël ?

Faisons que ce Noël nous ouvre vers les autres, vers ceux qu’on ne voient pas habituellement.

 

Seigneur Jésus,

tu viens parmi nous comme un enfant,

comme tous les humains.

Mais dans quelles conditions ?

Écarté, rejeté,

tu trouves ta place parmi les pauvres,

parmi les animaux, dans leur mangeoire,

sur le bois où se trouve leur nourriture…

 

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 Parole d’évangile semaine 17-52bis

Francis Cousin




Nativité du Seigneur – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 2,1-14)

« Aujourd’hui vous est né un Sauveur »

(Lc 2,1-14)…

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. – Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine.

Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.

Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.

Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »

Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »

 

 

            Un recensement ordonné par Auguste, qui fut empereur de 30 av JC à 14 ap JC, obligea Joseph à quitter Nazareth, en Galilée, au Nord, pour aller avec Marie à Bethléem, la ville de David, au sud, près de Jérusalem, car il était un lointain descendant de David. Mais les jours où Marie devait enfanter étaient arrivés, et elle mit au monde son fils premier-né qu’elle coucha dans une mangeoire par manque de place dans la salle commune où ils se trouvaient.

            D’un point de vue humain, cet événement est d’une incroyable simplicité, mais tout ici est « Parole de Dieu ». Grâce à un païen, Jésus, Sauveur des Juifs et des païens, naîtra dans la ville de David, et par Joseph, son père adoptif, il sera pleinement « fils de David ». Or, le Messie attendu devait être « fils de David » : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur » (Is 11,1-9 ; Mc 1,9-11).

            Michée avait prophétisé dès le 8° s av JC que « celui qui doit régner sur Israël naîtra à Bethléem », qui signifie en hébreu : « la maison du pain ». Or Jésus dira de Lui-même qu’il est le « pain de vie qui descend du ciel et donne la vie au monde » (Jn 6,32-63). Et à peine né, Marie le dépose dans une mangeoire, comme elle l’offrira plus tard en acceptant sa mort en Croix !

            Jésus est appelé ici « le fils premier né », et il est de fait le « premier né » d’une humanité nouvelle appelée à renaître du Don de l’Esprit qu’il est venu proposer à tout homme : « Personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair n’est que chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit ». « C’est une création nouvelle : l’être ancien a disparu, un être nouveau est là. Et le tout vient de Dieu » (Jn 3,5-72 ; Co 5,17-18). Par sa résurrection, il sera aussi « le premier né d’entre morts » (Col 1,18), et par là l’exemple déjà accompli de ce que nous sommes tous appelés à vivre par delà notre mort… Et Marie recevra  au pied de la Croix la pleine révélation de sa vocation : être la Mère de l’humanité tout entière appelée elle aussi à renaître de la mort (Jn 19,25-27)…

            Dans la crèche, Jésus est « enveloppé de langes » comme il sera « enveloppé d’un suaire » avant d’être mis au tombeau. Et St Luc parle ici d’une « salle », un mot qui ne reviendra qu’une seule fois dans son Evangile, juste avant la Passion, lorsque Jésus instituera l’Eucharistie dans cette « salle » que lui ont préparée Pierre et Jean (Lc 22,11). Là se révèlera le sens profond de toute sa vie : « Ceci est mon corps, donné pour vous », pour le salut de tous les hommes pécheurs représentés ici par ces « bergers » considérés autrefois comme des voleurs… Et c’est bien à eux que les Anges transmettent la Bonne Nouvelle : « Voici que je vous annonce une grande joie qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur ! Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime », à tous les hommes qu’il aime et qu’il appelle à la conversion et au salut (Lc 5,31 ; 1Tm 2,3-6) !                            DJF

 




4ième Dimanche de l’Avent – par Francis COUSIN

L’évangile de ce jour est celui de l’Annonciation, et ce soir même, nous fêterons Noël !

Quel raccourci ! Même si pour Dieu, « Mille ans sont comme un jour », le télescopage de ces deux jours habituellement séparés de neuf mois est surprenant. Mais les deux faits sont tellement liés : La naissance visible de Jésus est à Noël, mais sa conception, sa véritable naissance, là où le Verbe se fait chair, date de l’Annonciation. Comme pour tous les enfants.

Le jour de l’Annonciation, « quand les temps furent accomplis » (Ga 4,4), Dieu envoya l’ange Gabriel à Nazareth. Ce que tous les juifs attendaient allaient se réaliser : Le Messie vient sur terre.

L’initiative vient de Dieu, comme toujours dans l’histoire du Salut pour réparer les fautes des hommes. L’amour de Dieu pour son peuple, pour l’humanité toute entière, est tellement grand qu’il veut permettre que tous participent à sa vie auprès de lui, qui n’est qu’Amour.

Et ce ne sera pas un autre prophète qu’il va envoyer à son peuple. « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur » (Is 11,1-2), mais ce ne sera pas non plus un roi terrestre, « ma royauté n’est pas de ce monde. » (Jn 18,36). Ce sera son propre Fils.

Si on regarde le texte de l’évangile, on sera surpris par la longueur des temps de parole de l’ange Gabriel, que l’on comprend bien vue l’importance de l’annonce qui est faite, comparée aux réponses de Marie. Des réponses courtes, ciblées, ne disant que l’essentiel de ce qu’elle ressent, empruntes de respect, d’humilité, de sentiment de petitesse devant la grandeur et la responsabilité de ce qui lui est proposé.

Encore que … ! Si on lit bien le texte, il ne s’agit pas d’une proposition, mais d’une série d’affirmations : « Tu as trouvé grâce … tu vas concevoir et enfanter … tu lui donneras … ».

Si on considère que Marie avait été consacrée à Dieu, et qu’elle avait fait vœu de chasteté (voir le Protévangile de Jacques et l’évangile du Pseudo-Matthieu), à part le bouleversement de cette annonce soudaine et inattendue, cela répondait en quelque sorte à sa volonté de se mettre au service du Seigneur. Mais pas comme elle s’y attendait, d’où sa réponse : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? ».

Bien sûr, elle avait été promise à Joseph, mais pour le moment son enfant serait considéré comme le fruit d’une relation adultérine, ce qui l’exposait à la répudiation de la part de Joseph et à la lapidation à la porte de la ville de la part du peuple. On peut comprendre l’affolement de Marie.

« Sois sans crainte ! » répond l’ange, « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu ». Un futur qui n’en est pas vraiment un, et qui n’attend que la réponse de Marie.

Enfin, elle connaît ce pour quoi elle s’était préparé depuis quelques années. Elle a la réponse à ses questions. Et malgré l’importance de la tâche qui lui est confiée (on pourrait dire l’énormité), elle est heureuse que Dieu lui confie cette responsabilité malgré les risques qu’elle prend.

« Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. ». C’est la Foi en Dieu qui guide Marie. Et aussitôt, Jésus vient en elle : « Le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous » (Jn 1,14).

Jésus, Fils de Dieu, Dieu, vient chez nous comme un petit enfant, comme un homme comme tous les hommes, dans une famille, avec Marie sa mère et Joseph qui accepte de prendre Marie chez lui.

La beauté de l’Annonciation, et son importance pour tous les chrétiens, et les autres, doit nous faire avoir une dévotion particulière pour cet événement, et il serait bon de reprendre cette habitude, que certains pourraient considérer comme vieillotte, de réciter l’angélus, sinon trois fois par jour (à 6h, 12h et 18h), ne serait-ce qu’une fois par jour. Même si ce n’est pas à la ’’bonne heure’’. On peut très bien le réciter en travaillant, en voiture, voire dans son lit.

Et que cette réponse de Marie à l’ange Gabriel nous engage, chacun, à accepter les engagements que le Seigneur nous demande, d’une manière ou d’une autre, pour que « sa volonté soit faite », répondant ainsi à la demande de Marie « Faites tout ce qu’il vous dira », avec humilité, générosité et persévérance.

Et si c’est pour Dieu, rappelons-nous les mots de l’ange Gabriel : « Sois sans crainte ! »

 

Seigneur Dieu, permet que nous te répondions comme l’a fait Marie à l’ange Gabriel :

« Qu’il me soit fait selon ta parole »,

quelques soient les difficultés qui risquent de se poser,

que nous soyons sans crainte,

« car rien n’est impossible à Dieu ».

 

Francis Cousin




4ième Dimanche de l’Avent – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Lectures : Lc 1, 26-38

 

« L’ange entre chez elle ».

Frères et sœurs, dans la Bible, les anges sont assez mal élevés. Contrairement à ce qu’on pourrait croire ils ne respectent absolument pas les codes de politesse des hommes. Quand ils apparaissent, ils ne prennent aucune précaution, et généralement ceux qui bénéficient de leur apparition prennent peur. La vierge Marie ne fait pas exception. La nuit, ils réveillent les bergers, ce n’est pas très sympathique de réveiller les gens dans leur sommeil, surtout une nuit de Noël, surtout les bergers qui ont beaucoup travaillé la veille. Ici l’ange ne frappe pas à la porte, il transgresse tous les codes, et cette arrivée de l’ange se fait par effraction. Il y a une sorte de violence dans la scène qui est simplement évoquée par le fait que l’ange arrive sans crier gare.

Vous avez remarqué, surtout sur le tableau de Fra Angelico, les peintres en général ont tout fait pour atténuer cette dimension de violence et de force. Ici, par exemple il est clair que la vierge Marie est sous un patio, chez elle, c’est la petite cellule qui est derrière elle dont on voit un petit fenestron qui donne sur le jardin, et l’ange se tient tout de même à une distance respectueuse comme si l’un et l’autre étaient séparés par l’espace des deux arches. Tous les deux ont des poses très calmes, mais derrière cela, il y a quand même l’effraction de l’ange dans la vie privée de Marie. On pourrait trouver que c’est normal pour l’ange, il faut bien qu’il trouve le moyen d’entrer, cela fait partie de la manière de raconter l’événement. Mais habituellement on ne dit pas que les anges entrent, on dit qu’ils apparaissent. Il n’y a pas ce côté un peu de coup de force. D’ailleurs, Gabriel n’est pas un nom comme chérubin, ce n’est pas un nom d’ange un peu douceâtre. Gabriel veut dire littéralement « quelqu’un comme Dieu », c’est le côté fort, puissant, sûr de lui qui entre dans la vie de cette jeune fille d’Israël. L’ange de l’Annonciation est tout sauf un être efféminé, c’est celui qui représente vraiment la force puissante de Dieu, de l’intervention un peu violente de Dieu.

Dans l’Annonciation, même si nous avons fait beaucoup de choses pour atténuer le côté un peu brutal de l’affaire, il y a un petit côté « choc des cultures ». Il s’agit là vraiment, dans cet événement capital et grave, du passage d’un monde à l’autre. On peut donc dire choc des cultures, non pas au sens de ceux cultures humaines qui s’affrontent, mais deux mondes qui s’affrontent. C’est pour cela que c’est un ange, celui qui est du monde céleste, qui vient annoncer ce chamboulement définitif. L’ange vient dire à Marie : tu vas devenir mère d’un fils. Comme nouvelle pour une jeune fille, surtout qui est fiancée, on ne peut pas dire que ce soit un cadeau. Marie dans sa répartie est assez habile, elle dit : comment cela se fera-t-il ? Je ne connais pas d’homme. Joseph est là en promesse, mais rien n’est décidé. Cette réponse peut vouloir dire : pour ce qui concerne l’enfant, il faudrait étudier cela de plus près. Il y a une réticence de la part de Marie, une sorte de peur qui la bouleverse, et ensuite la question. Est-ce que l’ange se rend compte du côté incongru de sa demande?

L’Annonciation serait un peu le prototype de ce qui est la base du salut. Surtout dans le monde moderne, nous imaginons que le salut se passe en douceur. Nous imaginons que la foi est une sorte de simple supplément de qualité esthétique, spirituelle, humaine, par rapport à ce qu’on a vécu. Or, ce n’est pas simplement un plus. Il y a comme une sorte de brisure, de rupture, qui et d’autant plus complexe que Marie a été comme préparée à cela. Lorsque l’ange la salue, il lui dit ce qu’on traduit habituellement par « comblée de grâce », cela veut dire : « toi qui a déjà été radicalement transformée par la grâce ». Le mot grec qui est utilisé là signifie le résultat d’un acte, d’une transformation antérieure. Ce n’est pas « tu as beaucoup de chance, réjouis-toi Marie, tu es privilégiée, tu vas devenir mère du Sauveur ». Non, l’ange lui dit : « tu es déjà préparée à cet événement ». Et malgré tout cela, cette annonce reste un choc, quelque chose de surprenant. Marie est déjà préparée à cela, elle est comblée de grâce, elle a déjà été transformée mystérieusement par la grâce. Elle représente à ce moment-là, elle seule, en sa personne, la fine pointe de l’humanité en tant qu’elle est capable d’accueillir la venue de Dieu. Il y avait un seul individu d’exception, une jeune femme, Marie qui était prête à accueillir le salut et qui avait été préparée pour cela. C’est ce qu’on dira plus tard en proclamant le dogme de l’Immaculée Conception. Ici, c’est très clair que l’ange ne dit pas simplement : tu as de la chance, mais tu as été transformée pour cela, tu es faite pour accueillir le salut la première, tu es la fine pointe du peuple d’Israël, de toute l’humanité, et à travers ce que tu es maintenant, tu as les moyens de dire oui au projet de Dieu. Il faut que ce qui lui a été donné, ce qui la constitue comme pleine de grâce, c’est-à-dire capable d’accueillir le salut, il faut encore que ce soit ratifié par une sorte d’arrachement à elle-même pour qu’elle puisse dire : « oui, j’accueille cet enfant, cette vie qui m’est donnée de Dieu ».

Que s’est-il passé dans le cœur de Marie ? Ce n’est pas la peine d’appliquer des catégories psychologiques, d’essayer de transposer de façon imaginative, et je crois que les peintres ont essayé de dire quelque chose à travers leur peinture, mais ce serait dangereux de vouloir aller plus loin. Ce qui est sûr, c’est qu’au moment même de l’Annonciation, c’est pour cela qu’on insiste toujours sur la foi de Marie, ce qu’elle a accepté à ce moment précis, elle ne pouvait l’accepter qu’en se faisant violence pour dire « oui » à ce projet, et en acceptant que ce projet la dépasse complètement. En même temps qu’elle était préparée pour être celle qui accueille le salut, il fallait que dans un acte de liberté qui dépassait tout son pouvoir, qu’elle accepte fondamentalement de devenir la mère de Dieu. Elle était préparée par la grâce, elle ne pouvait l’accepter que par la grâce qui en elle faisait une sorte d’œuvre de violence pour lui permettre d’être à la hauteur de l’accueil de son Fils.

 

Ce texte n’est pas un texte très calme. On a toujours voulu y voir une sorte d’intimité très douce, feutrée, très féminine. En réalité, c’est le premier moment où l’univers bascule dans une dimension nouvelle. C’est l’Annonciation, ce moment où notre monde, notre vieux monde marqué par le péché, incapable par lui-même de se sauver, est en train par l’acceptation de la vierge Marie, par l’Incarnation du Fils de Dieu, est en train de basculer dans une dimension nouvelle. L’Annonciation c’est le début d’une situation de crise, et nous savons ce que c’est aujourd’hui. Devant une situation de cris, il y a deux attitudes : le repli frileux sur soi, et il y a le fait de faire face à la crise. Aujourd’hui, à travers le mystère de l’Annonciation, à cause du destin spirituel de chacun d’entre nous, nous sommes invités à voir comment nous pouvons entrer dans cette situation de « crise » dans laquelle Dieu nous fait passer du vieux monde dans lequel on est pris, qui est en train de se fissurer et de craqueler, et de nous faire entrer dans un monde nouveau.

Si Marie est la première des croyants, c’est parce qu’elle a vécu cela. Elle a vécu l’enfantement du Fils de Dieu comme un véritable combat par rapport à elle-même, l’acceptation du dessein de Dieu sur elle et le fait d’être conduite au-delà de tout ce qu’elle pouvait imaginer, de tout ce que son désir pouvait attendre, et de tout ce que sa foi pouvait lui représenter. C’est la même chose maintenant pour chacun d’entre nous, et quand on fête Noël, on fête le moment où cette irruption du salut de Dieu nous entraîne dans un mouvement, dans un monde nouveau à travers une sorte de crise intérieure, et c’est normal, mais c’est le prix que doit payer notre liberté pour entrer dans ce monde nouveau. Amen.

 




Retraite à la Paroisse de Ste Clotilde : « C’est au bout de trois jours qu’ils le retrouvèrent » (Lc 2,46).

Juste après les fêtes de Noël, le Père Jean François LACO vous invite à une retraite dans  sa Paroisse de Ste Clotilde. Vous avez tous les renseignements sur l’affiche ci-jointe : il suffit de cliquer sur le titre ci-après :

Enseignement retraite fin 2017

En vous souhaitant, à tous, un Joyeux Noël !