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16° Dimanche du Temps Ordinaire par Francis Cousin

« Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson » (Mt 13,24-43)

 

Les textes de ce dimanche peuvent nous sembler disparates, mais ils ont tous un point commun : il nous parle de l’amour de Dieu envers les humains, un Dieu qui reconnaît que nous sommes faibles et qui pardonne, nous remet sur le droit chemin.

Dans la première lecture, l’auteur dit de Dieu : « Tes jugements ne sont pas injustes », malgré ta force, tu uses d’indulgence et de ménagement pour les humains. Et il termine par : « Après la faute tu accordes la conversion », ce qui est bien plus fort que ‘le pardon’.

Le psaume est une supplique au « Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, plein d’amour et de vérité » pour qu’il pardonne à ceux qui l’invoquent. Et la seconde lecture nous montre l’action de Dieu qui nous envoie son Esprit Saint qui « vient au secours de notre faiblesse », de ce qui conduit au péché, pour nous relever.

L’Évangile narre la parabole du bon grain et de l’ivraie.

Cette parabole met en opposition le blé et l’ivraie, le ‘bon grain’ et la ‘mauvaise graine’, le bien et le mal, Dieu (et Jésus) et le Diable, ce qui se fait le jour et ce qui se fait la nuit, la lumière et les ténèbres.

Dieu sème le bon grain. Il ne peut semer que cela, car il est bon et qu’il n’y a que l’amour en lui. Il agit en plein jour, à la vue de tous. Le diable attend la nuit pour semer, pour qu’on ne le voit pas : il veut tellement nous faire croire qu’il n’existe pas ! Et ce qu’il sème, c’est de la mauvaise graine, celle qui donne une herbe qu’on ne peut pas manger, ni nos animaux. Une herbe que ceux qui ont un potager s’empressent d’arracher pour que les bonnes plantes puissent profiter pleinement de l’espace, du soleil, de l’eau et de l’engrais.

C’est d’ailleurs la première réaction des serviteurs du domaine quand la pousse se fait : « Veux-tu que nous enlevions l’ivraie ? ».

C’est aussi bien souvent notre propre réaction quand quelque chose de mal arrive. Et là, on ne demande pas la permission au Maître. On décide de soi-même : « Ce violeur en série est un …, il ne mérite pas de vivre. », « Les partisans de daesh devraient tous être tués. », … et on pourrait aussi trouver des exemples dans l’Église … !

La réaction du maître, de Dieu, est toute autre. Lui « qui dispose de la force … juge avec indulgence » (1° lecture), lui qui est « lent à la colère, plein d’amour et de vérité » (Psaume), nous demande de prendre patience, d’attendre le moment de la moisson, le moment du jugement dernier.

Et, à nous, Jésus nous demande de ne pas anticiper le jugement dernier en jugeant par nous-mêmes : « Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés. » (Mt 7,1). Demande qui sera confirmée par les premiers apôtres : « Un seul est à la fois législateur et juge, celui qui a le pouvoir de sauver et de perdre. Pour qui te prends-tu donc, toi qui juges ton prochain ? » (Jc 4,12), et saint Paul dit aussi : « Toi, qui es-tu pour juger le serviteur d’un autre ? … cela regarde son maître à lui. … son maître, le Seigneur. » (Rm 14,4), phrase reprise par le pape François : « Qui suis-je pour juger ? ».

Souvent, nous jugeons sur ce qui nous paraît, sur ce qu’on nous donne à voir, mais nous ne savons pas la réalité de ce que vit la personne en son cœur. Seul Dieu le sait, lui qui ’’sonde les reins et les cœurs’’. Et Jésus nous met en garde à ce sujet : « Ne jugez pas d’après l’apparence, mais jugez selon la justice. » (Jn 7,24). Mais pour juger selon la justice, il faut d’abord être juste envers soi-même, regarder sa vie avec justesse en regard de l’évangile : « Quoi ! tu regardes la paille dans l’œil de ton frère ; et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? » (Mt 7,3).

La différence entre le mal et le bien n’est pas toujours aussi franche qu’on ne le voudrait ou le croirait. D’ailleurs, ne dit-on pas : « d’un mal peut surgir un bien » ? (Ce qui n’empêche pas que le mal reste le mal, mais ses conséquences peuvent être bénéfiques.)

Une personne (ou un groupe) n’est jamais totalement mauvaise, ou totalement bonne. En chaque personne, il y a du bien et du mal … et en nous aussi ! Et nous le savons bien ! Et si nous savons reconnaître qu’il y a en nous du mal, pourquoi ne l’accepterions-nous pas pour les autres ?

En prenant le temps d’attendre le jour du jugement, Dieu nous permet de changer notre vie, de faire en sorte qu’elle soit de plus en plus en rapport avec l’évangile. Il nous donne le temps de nous convertir, même si ce n’est qu’à la dernière seconde de notre vie, et tout le monde connaît des personnes de son entourage qui ont changé à l’approche de la mort, des ‘mécréants’ qui ont accepté de rencontrer un prêtre, voire de se confesser. Comme Jacques Fesch, ou Henri Pranzini.

Dans la société actuelle où tout va de plus en plus vite, nous avons tendance à vouloir juger très vite : « ça c’est bien, ça c’est mal ; cette personne est bonne, celle-là est mauvaise. »

Jésus nous dit : « Stop ! C’est mon boulot, pas le vôtre. Et cela viendra au temps choisi ! »

Dans la première lecture, l’auteur dit « que le juste doit être humain. ».

Et Jésus nous apprend « que l’humain doit être juste, et non juge. »

 

 

Seigneur Jésus,

nous voyons le bien et le mal autour de nous ;

surtout le mal …

et nous jugeons ceux qui apportent le mal,

souvent durement.

Mais en moi,

je sais bien qu’il y a du bien et du mal,

et que tu me pardonneras.

Aide-moi à ne plus juger les autres.

 

Francis Cousin

 

Pour accéder à une prière illustrée, cliquer sur le titre suivant :

Prière dim ord A 16° A6

 




15ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

 

Décidément, la Parole de Dieu ne se laisse pas facilement mettre au goût du jour. Cette parabole, s’il en était besoin, viendrait le confirmer, une fois encore. Pensez donc ! Le Seigneur parle d’un semeur qui n’est sûrement pas un homme de l’écologie parce qu’il prend tout son grain et il le sème à tout vent. Il en tombe partout, sur les pierres, sur les chemins, sur les endroits où il n’y a pas de terre. C’est comme s’Il provoquait un énorme gâchis par lequel Il a la prétention de changer quelque chose, alors que dans la plupart des cas, il ne se passe rien.

Pensez encore ! Toute cette parabole est horriblement axée sur l’efficacité et la rentabilité. Le Seigneur développe avec un malin plaisir le fait qu’à la fin, le grain produit trente, soixante, ou cent pour un. Il y a une sorte d’intérêt paysan pour ce qui rapporte, pour les affaires qui marchent, qui n’est pas du tout dans l’air du temps. Et le pire de tout, cette espèce d’élitisme un peu provocant, quand les apôtres demandent pourquoi le Seigneur parle en termes cachés. Il dévoile, sans arrière pensée, que c’est pour que les uns entendent et comprennent, et pour que les autres entendent mais ne comprennent pas, voient sans voir et aient un cœur pour ne rien saisir.

Le gâchis, la loi du profit, la sélection. L’évangile serait donc incurablement réactionnaire et il faudrait se contenter de conserver cette sagesse populaire qui dit : « Dans le monde, c’est comme dans l’arche de Noé, il y a toute espèce de bêtes ». Il y a ceux qui accueillent la Parole de Dieu, ceux qui ne la reçoivent pas, ceux qui la reçoivent simplement, le dimanche, qui la reçoivent la semaine, il y en a pour tous les goûts. Tantôt ça marche, tantôt ça ne marche pas, tant pis !

Je crois que c’est une lecture un peu courte. Cette Parole du Seigneur, volontairement provocante et incisive, veut nous dire beaucoup plus qu’une sorte de moralité assez plate dans laquelle on nous dirait : « Il ne faut pas se décourager, annonçons l’évangile à temps et à contre-temps, et après tout ça n’a pas d’importance ! » Comme toutes les paroles de l’évangile, cela nous est adressé à nous, non pas d’abord pour nous intéresser à nous-mêmes – c’est un piège dans lequel nous tombons fréquemment –, mais pour nous intéresser à Dieu et à sa Parole. Oublions-nous donc un moment, avec nos préoccupations et nos soucis, et essayons de voir quelle est cette parole de Dieu, comment elle fonctionne et comment elle travaille, parce qu’après tout, c’est cela qui est important et c’est cela que le Christ est venu nous révéler.

D’abord, la Parole de Dieu est terriblement efficace. C’est pour cela que nous passons une bonne partie de notre vie à essayer de la rendre inefficace, parce qu’elle est une espèce de « bombe », elle a une espèce d’énergie accumulée et concentrée. Plus nous essayons de voir ce qu’elle peut déchaîner en nous, dans notre cœur et dans notre vie, plus on a envie de la rendre inoffensive, de l’étouffer avec des chardons, de la brûler aux rayons du soleil, pour l’empêcher de pousser, de germer et de produire des fruits.

C’est parce que cette Parole vise à une efficacité infiniment supérieure à celle que nous concevons, qu’elle est si difficile à reconnaître dans son efficacité. Connaissez-vous ce qui est capable de faire germer la Résurrection à partir d’un cadavre pendu sur la croix ? Connaissez-vous ce qui est capable de prendre un cœur désespéré par sa propre vie, sa propre souffrance et ses propres échecs et de lui redonner une vie et un bonheur dont il avait perdu le goût ? Connaissez-vous ce qui est capable de vous saisir tout entier, de faire qu’on mise sa vie tout entière sur ce qu’on ne voit pas, qu’on n’entend pas et qu’on connaît simplement par ouï-dire ?

Je ne connais qu’une chose qui fait vraiment cela, c’est la Parole de Dieu. C’est parce qu’elle vise à cette efficacité maximum et qu’elle veut sauver, que la Parole de Dieu est d’une efficacité remarquable. C’est pourquoi le Christ, lorsqu’Il veut parler de la Parole de Dieu, utilise toujours des comparaisons issues du monde agricole. La Parole de Dieu, ce n’est pas d’abord des idées. C’est une graine semée dans l’humanité, dans le monde et dans le cœur de chacun d’entre nous. Pourquoi est-elle si efficace ? Parce que le souci de la Parole de Dieu est d’atteindre le cœur même de la réalité de notre être, de nous plonger dans la terre, aujourd’hui peut-être plus que jamais à cause des énormes possibilités techniques que nous avons, la Parole est quelque chose de fondamentalement inefficace. Nous sommes profondément vaccinés, et la plupart du temps, nous sommes en train de jeter du grain partout, mais avec un seul souci, c’est que surtout il ne s’enfonce pas dans la terre, c’est-à-dire que notre parole, vu la faiblesse congénitale de notre propre discours, ne touche pas, n’atteigne pas le cœur, n’atteigne pas la réalité, parce que nous n’en avons vraiment ni le pouvoir si surtout le souci.

Or la Parole de Dieu, c’est exactement l’inverse et c’est là-dessus d’ailleurs qu’elle se juge. La seule préoccupation de la Parole de Dieu, c’est d’entrer dans la terre et d’y germer, d’y mourir certes, apparemment de ne plus être manifestée ni visible, mais en réalité pour y transfigurer le suc de la terre dans un pain qui nourrit le cœur et la vie.

La Parole de Dieu est efficace, la Parole de Dieu atteint le cœur même de la réalité, et enfin, un dernier trait, le plus dur, celui-là, et c’est pour cela que nous y sommes si allergiques, la Parole de Dieu révèle. C’est pour cela que le Christ dit qu’Il ne parlera qu’en paraboles. Ce n’est pas l’élitisme. Cela ne veut pas dire que c’est fait pour les uns qui sont prédestinés à comprendre et pas pour les autres qui sont prédestinés à mourir idiots. Ce n’est pas du tout l’intention de Dieu sur notre vie. La Parole de Dieu nous est donnée en paraboles, précisément parce qu’elle est un « révélateur ». Elle est comme ce produit qui, lorsqu’on y plonge un cliché apparemment tout noir, va faire se dessiner des traits et des réalités tout à fait insoupçonnées, va faire se dessiner sur un morceau de papier les traits d’un visage et toute l’intelligence et la subtilité d’un regard. La Parole de Dieu est donnée en paraboles parce qu’elle a pour mission de révéler notre cœur, et c’est cela qui nous fait si mal, parce qu’on ne sait jamais le résultat de l’acte révélateur. On ne sait pas exactement si le cliché ne va pas être un peu flou, mal réussi, ou simplement si on ne fera pas la grimace sur la photo, parce qu’on ne se rendait pas compte qu’on la faisait au moment de la prise de vue.

La Parole de Dieu est donnée en paraboles parce qu’au moment même où elle arrive dans notre cœur, en notre existence, elle y germe et elle fait germer, elle fait se révéler. Lorsque nous avons reçu ce petit grain de Parole de Dieu dans notre cœur au moment de notre baptême, et lorsque nous continuons, sous cette mouvance, à la recevoir chaque dimanche, ce qu’il faut craindre le plus, en réalité ce qu’il faudrait aimer le plus, c’est que cette Parole nous révèle vraiment qui nous sommes. C’est cela qui est si difficile. Est-ce que nous sommes des faibles qui n’avons qu’une envie, de nous laisser brûler par le soleil de l’été ? Est-ce que nous sommes des lâches qui préférons vivre sur le chemin où tout le monde passe et où toutes les idées passent ? Ou bien, au contraire, acceptons-nous d’être cette terre qui apparemment n’a rien pour elle, vue de l’extérieur, sinon des mottes de terre tantôt desséchées, tantôt détrempées d’averses, mais qui cache en elle-même un secret : celui d’accueillir l’amour de son Dieu ?

Voilà ce qui nous est donné aujourd’hui ! Frères et sœurs, voilà la Parole qui vous est donnée chaque dimanche. La plupart du temps, nous passons notre temps à l’anesthésier et à ne pas lui donner sa force. Au cours de cette eucharistie, nous prierons par l’intercession de Jésus-Christ, le grand semeur, Celui qui a apporté le grain de blé, sa Parole, son amour, sa vie, son sang pour chacun d’entre nous. Qu’Il soit déposé dans notre cœur et qu’Il y fasse, par l’efficacité de sa Parole et par le désir qu’Il a de toucher le plus intime et le plus réel de notre cœur et par le désir qu’Il a de nous révéler à nous-mêmes pour y faire resplendir le visage de sa gloire, qu’il nous fasse connaître la joie d’être, un jour, un épi qui porte trente ou soixante ou cent pour un, c’est-à-dire, non pas un fruit qui vient de nous-mêmes, mais cette gloire de Dieu qui veut nous habiter au plus profond de notre être, au plus profond de notre terre, là où nous ne pensions pas que l’amour pouvait germer. Amen.




14ième Dimanche du Temps Ordinaire par Francis COUSIN

 « Ce que tu as caché aux sages et aux savants,

tu l’as révélé aux tout-petits. »

            Cette phrase, à première lecture, a de quoi nous surprendre. Dieu ferait-il une différence entre ’’les sages et les savants’’ d’une part, et les ’’tout-petits’’ d’autre part ? Dieu aurait-il des préférences dans ’’l’envoi’’ de son message ? Certes pas, car Jésus lui-même a dit : « Dieu fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5,45).

Faudrait-il alors pour comprendre le message de Jésus supprimer toute réflexion intellectuelle, tout questionnement, toute culture, tout désir de connaître mieux Dieu, et s’en tenir à ce qu’on appelle ’’la foi du charbonnier’’ ? Non plus. Dieu nous a donné l’intelligence, la capacité de réflexion et le désir de réflexion, en nous envoyant son souffle, son Esprit Saint.

Dieu aime tout le monde, les sages, les savants, les petits, les simples.

La séparation définie ici ne vient pas de Dieu, mais de l’accueil du message de Dieu de la part des personnes. Elle vient des humains, indépendamment de leurs capacités intellectuelles, de leur niveau de culture, de leurs diplômes …

On peut être un grand savant reconnu, et être ouvert au message de Dieu (Einstein, Jérôme Lejeune …), ou être un inculte fermé à ce même message.

Ceux qu’on appelle ici ’’les sages et les savants’’, les grands ( ?), les doctes, … ce sont ceux qui savent, ou tout du moins qui affirment qu’ils savent. Ils voient ce qui est écrit, dans la loi, dans la nature, … et ils en restent là. Ils s’appuient sur la loi civile et la mettent au dessus de tout : c’est écrit dans la législation, donc c’est bon … alors que … (voir la loi Taubira !). Ils s’appuient sur la loi religieuse : c’est écrit, on a toujours fait ça … (voir les pharisiens, les docteurs de la loi, les traditionnalistes !). Ils s’appuient sur les découvertes scientifiques … et on en arrive au Transhumanisme !

Sûrs de leurs connaissances, ils prennent le discours de Jésus avec condescendance (au mieux !), et ne se laissent pas prendre par l’inattendu de Dieu.

Le ‘grand’ croit tout connaître par lui-même. Il réfute tout ce qui est ‘mystère’.

Alors que les ’’petits’’, les ’’tout-petits’’, se sentent proches de Jésus, ils se reconnaissent dans ses paroles. Ils sont ouverts à ce qui est sensible. « Les petits ont les yeux des amoureux qui perçoivent l’invisible » (Denis Sonet). Ils savent qu’ils ne peuvent pas tout comprendre, et ils attendent une clarté qui vient d’ailleurs. Et saint Paul nous le rappelle : « Parmi vous, il n’y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants ou de haute naissance. Au contraire, ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est pas, voilà ce que Dieu a choisi, pour réduire à rien ce qui est. » (1Co 1,26-28).

Le ‘petit’ est doux et humble de cœur. Il est comme Dieu, comme Jésus, et il le comprend, il s’assemble avec lui pour progresser. Il se met sous le même joug que Jésus, pour avancer au même pas que Jésus. Ou plutôt, c’est Jésus qui règle son pas sur celui de l’homme qui marche avec lui …

Alors, faut-il opposer les ’’les sages et les savants’’ et les ’’tout-petits’’ ? Ce serait ridicule.

Car en fait, chacun de nous est, selon les moments, ’’sage et savant’’ ou ’’tout-petit’’. Cela dépend de notre état d’esprit.

Si nous croyons connaître Dieu de par nous-mêmes, si nous croyons que nous pouvons dire à Dieu ce qu’il doit faire (tuer les extrémistes islamistes par exemple …), si nous croyons que nous pouvons mettre la main sur lui, alors nous sommes du côté des ’’sages et des savants’’, parce que nous raisonnons en savant (celui qui sait, qui peut tout expliquer). Et cela  nous arrive plus souvent qu’on ne le voudrait …

Mais si nous pensons que nous avons besoin d’aide pour comprendre Dieu, pour comprendre l’Écriture, la Parole de Dieu, alors nous sommes du côté des ’’tout-petits’’ parce que nous nous tournons vers les autres (un prêtre, une religieuse, un livre …) et vers Jésus dans notre prière.

Si nous allons vers Jésus, qui seul peut nous faire connaître Dieu (« Personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. » Mt 11,27), si nous nous mettons sous le même joug que lui, si nous le partageons avec lui, alors nous pourrons avancer dans la connaissance de Dieu. Et c’est sûr que notre joug sera léger, car c’est Jésus qui en portera la plus grosse part.

Seigneur Jésus,

ta parole est la même pour tous,

mais tous ne la comprennent pas

de la même manière.

Donne-moi la sagesse de l’enfant

pour la comprendre comme tu le veux.

 

Francis Cousin

 




14ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

« Je Te bénis, Père, d’avoir caché cela aux sages 

et aux puissants et aux habiles

et de l’avoir révélé aux tout-petits !« 

Frères et sœurs, lorsqu’une maman vient de mettre au monde son enfant, il lui arrive souvent de se pencher sur lui, de lui parler, de le caresser, de lui faire des gestes d’affection et de savourer, pour ainsi dire, ces premiers moments d’intimité avec l’enfant qu’elle vient de mettre au monde. Ce qui est extraordinaire dans ce geste, c’est précisément que cette mère, qui est adulte et qui vient par la maternité de réaliser la plénitude de son être humain, puisse se pencher vers ce petit d’homme qui est incapable de parler, dont l’intelligence n’est qu’un germe qui n’a pas encore été exercé, et que cependant, elle puisse ainsi se pencher sur l’enfant parce qu’elle pressent dans son cœur de mère que tout ce qu’elle est et tout ce qu’est son époux, tout cela peut être manifesté, donné à son enfant.

Un des aspects les plus grands de la maternité et de la paternité chez les hommes c’est précisément que les êtres que nous appelons adultes, parvenus à leur plénitude et à leur maturité, puissent, devant un enfant tout-petit qui lui, est incapable encore d’un dialogue, d’une reconnaissance explicite, d’une relation personnelle, puissent déjà le considérer comme quelqu’un qui peut recevoir la plénitude de l’être d’homme. Parce qu’il le possède déjà en lui, mais aussi parce qu’il faut le lui donner, déjà cette mère vit, avec son enfant, toute la plénitude d’un rapport humain d’amour et de don d’elle-même. Et je crois que le secret c’est précisément qu’elle pressent dans cet enfant qui est tout-petit, d’infinies richesses et d’infinies possibilités. Elle est émerveillée de ce que cet être, infiniment fragile, qui ne dépend que d’elle, puisse déjà être l’objet de la totalité même de son amour de mère.

Je crois que cette image de notre réalité la plus quotidienne est propre à nous faire comprendre ce chant d’exultation et de louange que le Christ a lancé et proclamé devant son Père au moment où Il disait : « Je Te bénis, Père du Ciel et de la terre, d’avoir révélé ce mystère aux tout-petits ! » Il nous faut bien réaliser à quel point il n’est pas évident que les mystères de Dieu, qui nous dépassent infiniment de tous côtés, nous aient été révélés et proposés. Le mystère étonnant de notre vie chrétienne c’est que nous qui sommes, devant Dieu, encore plus petits que des tout-petits, nous qui ne sommes absolument rien devant Dieu, voici que Dieu, Lui-même en personne, s’est penché sur nous avec une tendresse encore plus infinie et plus profonde qu’une mère qui se penche sur son nouveau-né. Et non seulement avec de la tendresse et de l’amour mais avec une sorte d’espoir fou de nous faire connaître le secret du cœur de Dieu. C’est cela la révélation. C’est le visage d’un Dieu infini qui se penche sur nous et qui, connaissant le secret de son cœur, veut le partager avec nous, et nous le faire connaître, tout comme la mère, au moment où elle se penche vers son enfant, n’a qu’un désir c’est de lui faire connaître toute la beauté, toute la grandeur, tout le côté merveilleux de la vie humaine qui s’inaugure dans ce tout-petit.

C’est cela qu’on appelle l’hymne de jubilation du Christ. Le Christ voit prophétiquement, voit divinement le don de la Sagesse Éternelle à chacun d’entre nous : « Je Te bénis, Père, d’avoir révélé ce mystère aux tout-petits ! » Ce qui était caché dans le cœur de Dieu, aussi impénétrable que le cœur d’une mère à son enfant nouveau-né car, même si on dit qu’il a un certain instinct pour le sentir, il est incapable d’en avoir une conscience claire et lucide, aussi mystérieusement, de façon aussi impénétrable, le cœur de Dieu est là, devant chacun d’entre nous, et cependant il s’ouvre, il s’ouvre pour nous révéler le plus intime de son cœur et de son amour. Et c’est alors que, véritablement, le Christ proclame toute la profondeur de sa mission car ce cœur de Dieu, le plus intime de ce qu’Il avait à nous dire, Il l’avait certes déjà laissé entendre, laissé deviner par la parole de ses prophètes, mais c’était plutôt un message qu’une présence intime au cœur de l’humanité. Bien entendu, il y avait déjà tout ce comportement d’Israël face à son Dieu : Israël écoute, Israël offrant des sacrifices, mais tout cela n’était pas encore cet absolu de la communion dans la chair du Christ venu parmi les hommes pour que resplendisse la gloire du Père. Et c’est pourquoi le Christ, ce jour-là, dans sa nature divine et dans sa nature humaine, exulte de joie. C’est son Magnificat. Il est absolument transporté d’allégresse en voyant que le mystère de Dieu peut être entendu, peut résonner dans le cœur des hommes et dans notre cœur.

J’aime à croire que, ce jour-là, nous étions tous présents personnellement dans cet hymne de jubilation. C’était la naissance de l’Église, le mystère de Dieu révélé à chacun d’entre nous, révélé aux tout-petits, révélé à l’homme dans ce qu’il a de plus faible, de plus démuni, car c’est précisément à ce moment-là que Dieu voit comment l’infini de son mystère peut ouvrir le cœur humain à condition qu’il ne se prenne pas pour plus qu’il n’est.

Ensuite le Christ nous dit : « Venez à mon école, car mon joug est doux et mon fardeau léger ! » Bien sûr, ce sont les paroles mêmes de la sagesse prophétique de l’Ancien Testament qui disait déjà : « Venez à l’école de la sagesse et Moi je vous apporterai le repos ! » Ici, c’est : « Venez à Mon école!« 

Venez à cette école qui est Moi-même. Ce ne sont plus simplement des paroles à graver dans le cœur, c’est le Christ Lui-même qui est l’école, c’est le Christ Lui-même qui nous parle, c’est le Christ Lui-même qui nous façonne, avec cette intimité encore infiniment plus grande que celle d’une mère pour son enfant. C’est le Christ Lui-même qui est là et qui nous reprend, et qui nous recrée, et qui nous donne la vie de son Esprit. A ce moment-là, nous commençons à ressusciter avec Lui. Et c’est pourquoi Il scelle sa relation avec nous par le joug. Au moment même où Il exulte de joie parce qu’Il voit le mystère de son amour pour le Père entrer progressivement dans le cœur des disciples et dans le cœur de toute l’Église, à ce moment-là, Il parle de joug. Non pas un joug qui pèserait, mais précisément un joug qui élève, qui nous entraîne au-delà de nous-mêmes. C’est vraiment le joug de l’amour, c’est le moment où nous sommes liés au Christ pour la même œuvre, pour la même reconnaissance, pour la même louange et pour la même glorification.

Frères et sœurs, le sens de notre vie chrétienne, c’est d’être attelés au même joug que le Christ. Mais ce joug c’est le joug de la louange, c’est pouvoir nous-mêmes exulter avec le Christ car nous n’avons pas d’autre raison d’exister que de louer le Père, avec le Christ et dans l’Esprit. Nous n’avons pas d’autre raison d’être que d’entrer progressivement dans ce cœur du Christ et d’y découvrir « tous les trésors de la Sagesse et de la Connaissance de Dieu. » Que ce temps de vacances que certains vont prendre pour se refaire, physiquement, moralement, psychologiquement, que ce temps de vacances soit aussi ce temps dans lequel nous laissons se poser sur nous le joug de l’amour du Christ. Que ce soit un joug de louange et d’exultation. Que nous nous laissions ressaisir, au plus intime de nous-mêmes, à cette source de la louange et de l’action de grâces. Notre seule raison d’être et d’exister, c’est de vivre pour Dieu et de le louer, de le célébrer, à travers notre petitesse, à cause de notre petitesse. Que ce temps nous aide à enraciner encore plus en nous cette force de l’Esprit qui nous fait ressusciter. Que ce soit cette exultation de la fille de Sion qui voit son Sauveur s’avancer vers elle parce qu’Il est, Lui aussi, « doux et humble de cœur » et qu’Il vient à nous dans cette proximité, dans cette intimité que nous n’osions même pas soupçonner. Amen.




13ième Dimanche du Temps Ordinaire par Francis COUSIN

« Celui qui ne prend pas sa croix

et ne me suit pas n’est pas digne de moi. »

Les lectures de ce dimanche nous parlent de l’accueil (et de sa récompense), de la Vie éternelle et de la dignité pour pouvoir y aller.

Mais d’une dignité qui n’est pas pour chacun, mais d’une dignité par rapport à Jésus.

Il nous donne deux critères pour être digne de lui, deux critères qui sont liés : prendre sa croix, et le suivre.

Si on combine ces deux critères, cela donne quatre possibilités :

Prendre sa croix + le suivre                                 à  digne de Jésus

Prendre sa croix + ne pas le suivre              1

Ne pas prendre sa croix + le suivre              2     à   pas digne de Jésus

Ne pas prendre sa croix + ne pas le suivre  3

1-    Prendre sa croix + ne pas suivre Jésus.

C’est le cas des personnes qui pensent qu’il faut souffrir pour avoir la Vie éternelle, qu’il faut multiplier les sacrifices, jeuner un jour sur deux, se mortifier, porter un cilice, faire de long pèlerinage à pied, etc… qui pensent qu’on ’’gagne’’ le ciel à la sueur de son front. Mais dans le même temps ne suivent pas tellement les Paroles de Jésus, et principalement le plus grand commandement : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12)

2-    Ne pas prendre sa croix + suivre Jésus.

Cela peut sembler paradoxal, mais cela existe. Ce sont des personnes qui entendent la Parole, mais ne la prenne pas toute entière, qui n’ont pas la force de la mettre véritablement en pratique, de l’affirmer et qui interprètent la Parole a-minima : dès qu’une parole les dérange, ou que l’attrait du monde est plus fort que celle-ci, alors, ils n’acceptent pas de changer leur manière de vie, souvent par égoïsme. Comme dans la parabole du Semeur : « Celui qui a reçu la semence sur un sol pierreux … quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, il trébuche aussitôt. Celui qui a reçu la semence dans les ronces, … le souci du monde et la séduction de la richesse étouffent la Parole… » (Mt 13,20-22).

3- Ne pas prendre sa croix + ne pas suivre Jésus

On aurait tendance à dire : cela ne sont pas des chrétiens. Et pourtant ! c’est le cas de beaucoup de baptisés, ceux qui sont chrétiens par habitude, pour être comme tout le monde… Ceux qu’on pourrait appeler les chrétiens des « trois cloches », comme le chantait Edith Piaf : ceux qui vont à l’église pour le baptême, le mariage et les obsèques. Toutes ces personnes qui sont à ’’la périphérie’’ de l’Eglise, et vers lesquelles le pape François nous demande d’aller …

Toutes ces personnes-là ne sont pas dignes de Jésus-Christ !

On ne va pas faire de statistiques, parce qu’on ne peut pas savoir ce qu’il y a dans le fond des cœurs des personnes, seul Dieu peut le savoir, lui qui « sonde les reins et les cœurs » (Jr 11,20), mais on peut penser que cela fait beaucoup !

Et finalement, cela n’est pas surprenant, car qui peut se sentir digne de Jésus, ou être ressenti par d’autres d’être digne de Jésus ? Bien peu de monde. Et je ne parierai pas un kopeck d’être sur la liste !

Les seuls à être dignes de Jésus sont ceux qui ont beaucoup d’amour, amour de Dieu, amour des autres … ce qui nécessite beaucoup d’humilité, de ne pas se croire supérieur que le Maître …

Finalement, cela revient à ce que dit Matthieu, de manière positive cette fois : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » (Mt 16,24). Et ça, c’est plus facile à dire qu’à faire …

Nous sommes tous, à divers moments, dans l’une de ces quatre situations, dans des proportions diverses et variables pour chacun, même dans la catégorie des ni-ni (3), dans nos moments de doutes, de rejet ou d’acédie.

Et quand cela ne va pas, un seul moyen : se mettre dans les bras de Jésus miséricordieux, et lui dire tout simplement : « Je ne suis pas digne de te recevoir, de te suivre, d’être ton disciple, d’être ton serviteur, mais dis seulement une parole et je serai guéri, je serai relevé, tu me mettras debout, et tu mettras la Vie en moi. »

Seigneur Jésus,

Qui suis-je pour que tu penses à moi,

Pour que je sois digne de toi ?

Sans toi, je ne suis que faiblesse.

Viens à mon secours ! 

Francis Cousin

 




13ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Qui vous accueille m’accueille

 

Peut-être que, dans l’Église, depuis une trentaine ou une quarantaine d’années, on s’est beaucoup posé de questions sur l’apostolat mais en insistant peut-être un peu trop sur certaines modalités, sur certaines manières de présenter l’évangile, au lieu de revenir à ce qui constitue le cœur même du problème, à savoir se demander : « Mais qu’est-ce que l’apostolat ?« 

En effet, si on veut être apôtre sans se poser cette question, on risquera à tout moment de perdre de vue le but, la raison profonde de tout apostolat. On risque sans cesse d’accorder une trop grande importance à certaines difficultés que l’on rencontre comme si la Parole de Dieu devait normalement se frayer un chemin aussi commode et aussi facile que la publicité. Or le Christ, dans le passage que nous venons de lire, conclut ce que l’on a appelé le « discours apostolique » c’est-à-dire l’ensemble des consignes que le Christ donne à ses disciples au moment où Il les envoie en mission. Il leur dit : « Qui vous accueille, M’accueille ! » Et c’est là que nous est donnée, de manière fondamentale, la racine même, l’essence même de tout apostolat.

Dans le mot apôtre il y a le mot « envoyé ». Or ce qui est important, c’est d’abord Celui qui envoie. L’apostolat se définit toujours par Celui qui envoie. Nous ne sommes que des messagers et un messager est d’autant plus fidèle qu’il est sobre sur sa propre personnalité et sur les circonstances dans lesquelles il a à annoncer la nouvelle. Si un messager, devant annoncer une nouvelle, commence à la falsifier en fonction de la difficulté ou de l’étrangeté de la situation dans laquelle il trouve les auditeurs et les destinataires de son envoi, de son message, à ce moment-là, il ne sera pas un bon messager. S’il se pose trop de questions pour savoir comment il va annoncer la nouvelle, il risque fort d’en oublier la moitié. Or le messager ne se définit que par Celui qui l’envoie. Le mystère de notre existence d’apôtres au cœur de ce monde, c’est précisément que, sans cesse, le Christ est à nos côtés. Nous sommes apôtres parce que le Christ est à nos côtés comme Il était aux côtés des apôtres. C’est pour cela qu’au moment de les envoyer, Il leur dit : « N’ayez pas peur ! Je suis toujours avec vous ! » La preuve, c’est que, lorsque les apôtres sont accueillis, ce n’est pas eux seulement qui sont accueillis, mais c’est le Christ Lui-même aussi qui est accueilli avec eux.

Ainsi l’Église et nous-mêmes ne sommes vraiment apostoliques que dans la mesure où nous sommes investis, où nous sommes remplis de la présence de Jésus-Christ en nous, où nous sommes dépossédés de nous-mêmes pour faire place véritablement à cette Parole. Et c’est pourquoi vous comprenez peut-être mieux cette phrase de saint Paul au début de son épître aux Thessaloniciens : « Je rends grâce de ce que vous avez accueilli la Parole non pas simplement comme une parole« . Vous n’avez pas accueilli le message simplement comme des mots à prononcer, mais vous l’avez accueilli dans la puissance de l’Esprit, c’est-à-dire dans la présence même de Celui qui profère la Parole de Dieu et qui est l’Esprit Saint, de Celui qui, d’une certaine manière, a enfanté en vous de manière vivante la Parole de Dieu.

Frères et sœurs, puissions-nous demander au Seigneur la grâce d’être véritablement des apôtres, non pas des apôtres qui parlent, mais des apôtres investis d’abord de la plénitude de la présence de Celui qui les a envoyés à tous les hommes. Amen.




12ième Dimanche du Temps Ordinaire – Claude WON FAH HIN

 

Jésus vient de prononcer un discours sur les persécutions qui attendent les disciples en mission. La cause en est leur union au Christ. Et Jésus leur demande de ne pas craindre en trois fois.

Après la première invitation à ne pas craindre, il nous dit qu’il faut oser parler : « dites au grand jour, proclamez sur les toits » tout que Jésus nous dit « dans les ténèbres », c’est-à-dire ce qu’il nous chuchote à l’oreille, ce qu’il nous dit dans le secret de notre âme. Ainsi Dieu nous parle au fond de nous-mêmes, et il  a un lieu privilégié qu’est l’Eucharistie ou encore le Saint Sacrement. A sœur Faustine, Jésus lui dit : « tu considéreras Mon amour dans le Saint Sacrement. Ici Je suis tout entier à ta disposition, Ame, Corps et Divinité, comme ton Epoux. Tu sais ce qu’exige l’amour : une seule chose, la réciprocité… ». L’Eucharistie ou le Saint Sacrement devient ainsi le lieu de rencontre avec le Christ. Il nous faut alors dialoguer avec Dieu, un dialogue de vérité avec le Christ qui se manifeste à nous dans l’Eucharistie (à la messe), à l’adoration du Saint Sacrement, à l’Heure Sainte où il est présent d’une manière spéciale, avec la vision de son corps vivant qu’est la sainte Hostie. Ne nous laissons pas détourner l’attention du Christ par ce qui se passe autour de nous, par les petites gloires entre amis, et Thérèse d’Avila nous dit (Chemin de la Perfection – Ch.XV –P.23 et 104s ) : « Une forme particulièrement affligeante de l’orgueil est le manque de jugement. Les personnes qui en sont affectées s’estiment plus sages que tout le monde. C’est là, à mon avis, un mal incurable, et il est bien rare qu’il ne soit pas accompagné de malice ». Restons centrés sur le Christ et uniquement sur Lui car lui seul est Vérité. Si cela nous est difficile, demandons Marie de nous aider à fixer notre regard sur son Fils, et à dialoguer avec Lui. Là encore, pas besoin de chapelet, pas besoin d’un livre de prières car aucune personne ne va à la rencontre de la personne qu’il aime avec une lettre d’amour écrite par quelqu’un d’autre. Dans ce moment de rencontre avec le Seigneur, nous avons à dialoguer avec Lui – non pas à réciter ou à lire des prières – mais à Lui dire tout ce que nous avons sur le cœur sans réfléchir, même nos révoltes, même nos doutes, même la vie difficile que nous pouvons avoir. La vérité à l’état pur. Parler ainsi à Dieu, c’est de la prière, prière qui vient directement du fond de notre cœur. Et nous apprendrons beaucoup de choses venant de Dieu lui-même, cela nous le verrons par les fruits que nous aurons au fur et à mesure, dans votre vie. Nous deviendrons alors témoins du Christ vivant parce qu’il nous aura changés, transformés, surtout dans nos rapports avec les autres et non pas figés dans nos mauvaises attitudes, comme si on était cloué par nos propres péchés. Alors,  nous pourrons proclamer, sans aucune crainte et sans honte, notre foi, notre témoignage que Christ est vivant et qu’il nous aime tous. « Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le au grand jour; et ce que vous entendez dans le creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits ». Témoigner de sa vie de chrétien fera grandir le Corps mystique qu’est l’Église. Ajoutons ce que nous dit Thérèse d’Avila  (« Chemin de la Perfection P.113-114 et 120) : « Que vous importera, une fois que vous serez entre les bras de Dieu, que le monde entier vous condamne? Il est puissant, et il peut vous délivrer de toutes les épreuves….Ne craignez pas qu’Il consente à ce que l’on parle contre vous, à moins que ce ne soit pour votre plus grand bien; car il ne saurait répondre si médiocrement à l’amour qu’on a pour Lui. …Tout notre mal vient de ce que nous n’avons pas le regard fixé sur le Seigneur… -… La première chose que fait le Seigneur, s’il les trouve faibles, c’est de leur donner du courage et de les rendre intrépides au milieu de toutes les croix ».

Après la deuxième invitation à ne pas craindre, il nous dit que ce ne sont pas les persécuteurs qu’il faut craindre, mais Dieu lui-même, parce que nous pouvons fermer notre cœur à son amour, à sa miséricorde, parce que nous pouvons refuser Dieu lui-même, préférer le péché à la pureté, en restant dans nos mauvaises habitudes. Les persécuteurs peuvent tuer notre corps, mais pas notre âme qui est tournée vers Dieu, tandis que se fermer à Dieu à l’exemple du persécuteur,  refuser l’amour de Dieu qui est péché contre l’Esprit Saint, cela peut nous faire perdre notre âme, et donc la vie éternelle. Beaucoup d’entre nous peuvent se dire : « mais je ne me ferme à pas à l’amour de Dieu, et la preuve c’est que je prie, je viens à la messe, je communie, je participe… ». Il s’agit savoir si j’aime Dieu en actes, en agissant bien envers mon prochain. Avoir de la haine pour son prochain, c’est refuser Dieu. Si un chrétien persiste dans le mal, il faut aller se confesser. Il faut très attentif à soi-même, dans la lutte contre ses propres tentations. Demandons à Jésus et à Marie, la grâce d’être vigilant envers soi-même, d’être capable de discerner les tentations et la force de lutter immédiatement contre telle ou telle tentation détectée.

La crainte de Dieu n’est pas la peur de Dieu. La crainte de Dieu implique de garder une distance de respect envers Dieu, car Il est toujours le Dieu transcendant, mais en même temps si proche de nous. Personne ne doit avoir peur de Dieu et si vous êtes dans ce cas, cela signifie que vous ne le connaissez pas suffisamment et que vous devez acquérir une meilleure connaissance de Dieu. 1Jn 4,7-8 : « quiconque aime …connaît Dieu, celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu ». Ainsi, si vous n’aimez pas, vous ne pouvez pas connaître Dieu. Lorsque l’on prie, il faut avoir confiance en Dieu et comme nous le dit Saint Louis Grignion de Monfort : « Il ne faut pas faire comme la plupart des personnes qui demandent à Dieu quelque grâce. Quand ils ont prié pendant quelque temps considérable, comme des années entières, et ne voient pas que Dieu exauce leurs prières, ils se découragent et ils cessent de prier, croyant que Dieu ne veut pas les exaucer ; et par là ils perdent le fruit de leurs prières et ils font injure à Dieu, qui n’aime qu’à donner, et qui exauce toujours les prières bien faites, soit d’une manière, soit d’une autre. Quiconque veut obtenir la Sagesse (le Christ) ou une grâce doit la demander jour et nuit, sans se lasser et sans se rebuter. Bienheureux mille fois sera-t-il, s’il l’obtient après dix, vingt, trente années de prières, et même une heure avant [de] mourir. Et, s’il la reçoit après avoir passé toute sa vie à la rechercher et à la demander et à la mériter par toutes sortes de travaux et de croix, qu’il soit bien persuadé qu’on ne la lui donne pas par justice, comme une récompense, mais par pure miséricorde, comme une aumône ». Par pure bonté de Dieu.

Après la troisième invitation à ne pas craindre, Jésus promet qu’il prendra notre défense auprès de son Père si nous-mêmes, nous nous déclarons pour Lui devant les hommes, si nous l’avons reconnu comme étant notre Seigneur au même titre que son Père. Se déclarer pour Jésus devant les hommes, c’est montrer qu’on aime son prochain, et c’est également ne pas se déclarer pour un autre soi-disant « dieu » qui n’existe pas puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, Celui que Jésus nous enseigne en Mc 12,29 : «  … le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur » ; et le scribe répond  Mc 12,32 : « Fort bien, Maître, tu as eu raison de dire qu’ Il est unique et qu’il n’y en a pas d’autre que Lui ». Il n’y a donc aucun autre Dieu, Il est l’unique Dieu. – Parfois, cela peut être difficile, à certains, de dire qu’il est catholique pratiquant, par honte ou par peur de dérision de son entourage. Le mieux dans ce cas, c’est de se former pour mieux connaître le Dieu Unique à travers la vie de Jésus et de l’Eglise, et ne pas se contenter de connaître Dieu par bribes selon les dires des uns et des autres, parfois elles-mêmes mal informées.  C’est ce que propose de nombreuses formations catholiques de l’île et, entre autres, Sedifop. Une formation qui nous fera comprendre que nous sommes  nombreux à vouloir connaître le Christ et notre Église. Tous, nous avons besoin de mieux connaître qui est Jésus et ce qu’est l’Église. Cela réduirait bon nombre de nos propres défauts, de nos comportements qui divisent, division qui est signe de la présence de l’Esprit du Mal, et surtout  de connaître les moyens pour aller vers Jésus. Et notre foi en sortira certainement grandie et mieux armée pour aller davantage vers une union plus intime avec Jésus. Alors, vous pourrez affirmer, par la suite, peut-être de nombreuses années après, que vous adhérez pleinement à Jésus et que c’est terminé les idoles et les folies de toutes sortes : mauvais films à la télé, alcool, drogue, mauvais caractères, mauvais sentiments, avoir une deuxième religion et donc un deuxième « dieu », tout cela disparaîtra au fur et à mesure et « sans secousse », de manière naturelle car vous-mêmes vous aurez changé au plus profond de vous-mêmes. Et vous vous trouverez mieux dans votre vie nouvelle, à condition de rester continuellement avec le Christ et avec Marie par la prière, les sacrements, la parole de Dieu et les bonnes relations. C’est par la prière continuelle que vous résisterez à tout, que vous surmonterez les difficultés de toutes sortes. Jésus et Marie, qui nous aiment infiniment plus que n’importe quelle autre personne, nous aideront toujours d’une manière ou d’une autre pour notre bien, mais pas forcément de la manière dont nous aimerions qu’ils nous aident. Et la façon dont Jésus ou Marie nous aidera sera toujours bien mieux que ce que nous aurons pensé, même si parfois, en apparence, nous pourrons avoir l’impression qu’ils nous abandonnent. Alors que notre raison nous dira « Jésus ne fait rien, ou bien Marie ne fait rien », sachez que ce raisonnement ne vient pas de Dieu mais de l’Esprit du mal qui veut enlever la paix de notre cœur pour y remplacer par l’angoisse, l’inquiétude, ou encore le doute, et c’est alors que notre foi nous dira : « Jamais, Marie n’a abandonné personne » ou « Jamais Jésus n’a abandonné personne ». Au contraire, même après notre mort, Il peut encore nous sauver parce qu’il est lui-même la Miséricorde. Puisque Jésus ne nous abandonne jamais, parce que son amour pour nous est infini, nous n’avons pas à avoir peur de témoigner pour Lui afin de le faire connaître au monde, à d’autres personnes. Déjà, même ceux qui ne sont pas à la suite du Christ sont aimés de Lui, même s’ils l’ignorent. S’ils savaient qui est Jésus, ils feraient tout pour se mettre à sa suite, comme nous tous nous l’avons fait même si c’est loin d’être parfait.. Jn 4,7 : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : « Donne-moi à boire », c’est toi qui l’aurait prié et il t’aurait donné de l’eau vive ». Jésus donne de l’eau vive à toute personne qui la lui demande, et ce don, cette eau vive n’est rien d’autre que Dieu lui-même en la personne de l’Esprit Saint, don par excellence qui va nous conduire vers Jésus, et donc vers le Père. Nous sommes appelés à devenir saint, à partager la vie même de Dieu, pas seulement quand nous serons au ciel, mais dès maintenant sur terre en  se laissant transformer par le Christ pour être à sa ressemblance. C’est pourquoi, les vaines glorioles, les petits compliments entre amis, la haine, les disputes ne servent à rien sinon à nous faire perdre du temps devant Dieu et à nous éloigner de Dieu. Au contraire, tous, nous avons à nous déclarer pour le Christ devant les hommes, fiers de notre foi, même si nous devons l’améliorer avec la grâce de Dieu sachant qu’Il ne nous abandonne jamais. Soyons heureux d’être catholiques pratiquants car le Christ lui-même se déclarera pour nous devant son Père. Paix de Dieu à tous !




Audience Générale du Mercredi 31 mai 2017

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 31 Mai 2017


Frères et sœurs, à proximité de la Solennité de la Pentecôte, nous nous rappelons que l’espérance est comme une voile ; elle recueille le vent de l’Esprit et le transforme en force motrice qui pousse le bateau, selon les cas, vers le large ou le rivage. Ainsi, l’Apôtre Paul souhaite que « nous débordions d’espérance par la puissance de l’Esprit Saint ».Car, les hommes ont besoin d’espérance pour vivre et de l’Esprit Saint pour espérer. L’Esprit nous rend capables « d’espérer contre toute espérance » car il atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu et ses héritiers. Et, par là-même, il nous permet d’être des semeurs d’espérance, d’être comme Lui et grâce à Lui, des « paraclets », c’est-à-dire des consolateurs et des défenseurs de nos frères, en particulier des pauvres et des exclus. Mais l’Esprit Saint nourrit aussi l’espérance dans toute la création qui attend avec impatience sa libération et il nous conduit à la respecter. Alors, que la fête de la Pentecôte nous trouve unis dans la prière avec la Vierge Marie, pour que le don de l’Esprit Saint nous fasse déborder d’espérance !

Avec la Vierge Marie, nous sommes unis dans la prière pour recevoir le don de l’Esprit Saint et déborder d’espérance. Ainsi, que l’Esprit Saint nous aide à être des semeurs d’espérance. Que Dieu vous bénisse !




7ième Dimanche de Pâques – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Frères et sœurs, il vous est sans doute arrivé à l’un ou l’autre moment grave de votre vie, de vous trouver face à un être proche, très intime, un ami, une épouse, un fils, un père, une mère, qui à ce moment-là était accablé d’un immense chagrin ou bien au contraire, débordant d’une joie profonde et pratiquement inexplicable. Et il vous est peut-être arrivé, généralement ces instants-là sont très profondément gravés dans notre mémoire, de tenir cette personne que vous aimiez ainsi, et dont vous compreniez toute la peine et toute la joie, de la tenir dans vos bras parce qu’alors il n’y a plus d’autre geste qui soit à la mesure de l’événement. Vous avez alors senti tout le poids d’un être, d’une existence qui vous est chère, s’abandonner tout d’un coup à vous, s’appesantir sur vous, comme si ce que cette personne portait en elle était trop lourd à porter pour elle seule, comme s’il fallait que d’une manière ou d’une autre, elle partage ce poids de souffrance écrasante ou cette joie débordante, poids qui de toute façon ne pouvait plus rester dans son cœur, ni dans sa chair, il fallait ce geste pour que soit communiquée la lumière d’une ineffable tendresse d’une amitié, d’un amour, et que dans l’impossibilité où nous sommes d’y communier totalement et parfaitement, parce que nous sommes autres que celui qui est en face de nous, nous recevions ce poids, ce fardeau que l’autre nous confie.

Et vous vous souvenez sans doute de ceci : dans un tel moment, on ne sait plus qui soutient l’autre. A la fois on a conscience de porter le poids de la présence, un poids que nous ne sommes pas capables de porter, et nous sommes comme éblouis par le fait que la personne que nous aimons et nous-mêmes, sommes trop petits et comme démunis, nous sentons que normalement nous devrions être écrasés, brûlés, réduits à rien. En fait, nous percevons tout à coup dans un simple acte de communion, dans un geste simple et inexprimable d’amitié, une sorte de ressource inespérée, une foi et une espérance qui nous permettent de tenir debout et de recevoir le fardeau comme si on était porté par lui.

En même temps, nous sentons bien que ce geste ne peut pas être autre chose que ce geste d’amitié échangé l’un vers l’autre : il semble que les mots et les phrases seraient tellement de trop. Il semble qu’alors, seule une lueur imperceptible dans le regard, une certain expression du visage, la manière dont la main se pose amicalement sur vous peuvent dire la vérité de ce qui se passe et que si on ajoutait quoique ce soit, ce serait la réalité même de ce qui est en jeu. Lorsqu’on veut parler de la gloire de Dieu, c’est à ce genre d’expérience qu’il faut se référer. Parfois entraînés dans un certain sens du spectacle ou du visible, nous avons tendance à penser que la gloire est d’abord la lumière, la lumière aveuglante et éblouissante qui vous envahit de l’extérieur pour vous brûler. Mais dans la réalité de l’expérience d’Israël en quête de son Dieu et dans la foi que les disciples ont eue en la révélation du nom de Dieu par le Christ, ce n’est pas d’abord à ce registre de lumière qu’ils faisaient allusion. En effet, « gloire » en hébreu veut dire quelque chose comme poids, pesanteur, une réalité qui vient sur vous et pèse sur vous sans que vous l’ayez demandé, et qui paradoxalement vous fait sentir tout son poids et toute sa force sans vous écraser. Les deux registres d’images ne sont pas contradictoires, ils sont même extraordinairement complémentaires, car quoi de plus illuminant que cette expérience d’une présence de Dieu qui s’abat sur vous et vous terrasse comme saint Paul sur le chemin de Damas, ou comme le Christ au moment de son agonie, qui ne peut plus prier que prostré à terre ? Or, c’est précisément au moment où la personne se sent la plus lourde, la plus accablée dans sa condition de chair, la plus affectée dans son cœur, que la présence et la gloire de Dieu pèsent sur elle de tout leur poids.

Frères et sœurs, la prière que nous venons d’entendre : « Père, glorifie ton Fils pour que ton Fils te glorifie », c’est uniquement cela, ce moment où le Christ s’étant avancé dans la chair, ayant dit à son Père : « Tu n’as voulu ni holocauste ni victime, mais Tu m’as façonné un corps, alors j’ai dit voici, je viens vers Toi et je passe de ce monde à Toi », ce moment où le Christ dans sa chair est comme accablé et comme écrasé par l’amour de son Père, parce qu’Il sait que maintenant cette chair sera meurtrie, déchirée et mise à mort par le poids immense et immonde du péché du monde. Or, cette chair, il n’y a plus qu’une personne à qui Il peut la confier dans ce geste de confiance filiale et absolue : la personne du Père. « Père, il n’y a que Toi qui peux porter le poids du péché qui m’accable actuellement dans la force et le poids de ton amour. Tout le poids de cette inconscience, de cette malveillance du péché, de la récolte du monde, voici qu’il est marqué dans ma chair. C’est pourquoi je te la confie et je te la donne pour que Tu y fasses resplendir le poids même de ton amour ».

Aujourd’hui, une des choses qui nous manque le plus, c’est la gloire de Dieu. C’est vrai que nous l’avons caricaturée dans ce qu’on appelle habituellement le triomphalisme. C’est vrai à certains moments, nous avons voulu traduire d’une manière sans doute maladroite et innocente, mais à la limite un peu fausse, une fausse grandeur de Dieu qui n’a rien à voir avec cette grandeur de Dieu qui n’est pas « distance », mais qui est « présence infinie ». Cependant, ce n’est pas une raison pour ne plus voir les choses en face, car la gloire de Dieu c’est le fait que non seulement Il est quelqu’un, mais que cette existence, cette réalité pèsent de tout leur poids sur l’Église, sur chacun d’entre nous, sur le destin de chaque homme, et que cette gloire de Dieu ne pèse pas comme un fardeau qui écraserait, mais qu’il s’agit au contraire du geste d’un ami qui vient nous accueillir et nous ouvrir les bras parce qu’il voit dans quelle détresse nous sommes plongés, à quelle mort nous sommes voués, à quelle désespérance nous sommes condamnés. La gloire de Dieu, c’est la réalité de Dieu qui rayonne de cette manière infiniment proche jusqu’à peser sur nous comme les mains et les bras d’un ami qui veut nous dire sa confiance au milieu de sa détresse, comme le dit ce verset du psaume 138 : « Tu as posé ta main sur moi ».

Voilà le secret de la gloire de Dieu. Il n’a pas peur de la pauvreté et de la détresse dans laquelle nous sommes. Il n’a pas peur de se salir les mains en posant sa main sur nous, car sa main est à la fois lumière et tendresse qui pardonne. Et la gloire de Dieu, c’est précisément la manière extrêmement confiante et pleine de tendresse avec laquelle Dieu, dans ce geste de son amour paternel et infini pose la main sur chacun d’entre nous. Cela nous l’avons vu dans la mort et dans l’exaltation du Christ. Cette chair crucifiée, lacérée, meurtrie, tournée en dérision, voici que le Père dans son amour, y a fait resplendir sa gloire pour manifester qu’il n’est rien dans ce monde et dans cette création qui, lorsqu’il est touché, atteint dans ce contact étroit et cette pesanteur du réalisme avec lequel Dieu se saisit de nous, il n’est pas d’être qui immédiatement au plus profond de son cœur, et plus tard, lorsque la gloire de Dieu se révèlera en plénitude, ne soit transfiguré radicalement en un corps et une existence de gloire.

Nous n’avons que cela à dire au monde d’aujourd’hui, nous sommes pécheurs comme les autres, nous ne valons pas mieux. Nous ne sommes pas pire non plus, mais il est une chose que nous savons et que le monde ne connaît pas, c’est que Dieu pour nous donner son salut, a posé sa main sur nous, que la gloire, dans ce monde de péché et de détresse, resplendit encore aujourd’hui, et que si elle ne resplendit pas assez, c’est parce que nous n’ouvrons pas suffisamment notre cœur au poids de cet amour qui vient peser sur nous.

Et nous qui nous préparons à l’effusion de l’Esprit nous devons laisser peser sur nous l’amour de Dieu dans toute sa force, Lui qui sait à quel point, et nul ne le sait mieux que Lui, nous pouvons être accablés par la souffrance, l’angoisse et le péché. Même si nous avons du mal à le reconnaître, Lui nous connaît et ne cesse de poser la main de son Esprit pour que nous soyons transfigurés et glorifiés. Il faut donc que nous ayons de plus en plus, à travers toute notre vie, le souci de laisser se manifester ce réalisme de la gloire de Dieu, cette pesanteur de sa présence, cet enracinement de l’amour dans notre chair, dans notre cœur, dans notre vie, puisque c’est à cela que nous sommes destinés. Amen.




Parcours St Pierre : « Parole et Vie »

Un dimanche par mois, pour lire en Eglise la Parole de Dieu, et accueillir, expérimenter, vivre avec elle « quelque chose » de la vie éternelle…

Thème d’année : « L’Esprit Saint et la Mission de l’Eglise »

 

Cette année, lors de la conclusion du Cycle Long au Collège St Michel, le dimanche 4 décembre, des secondes années ont proposé de mettre en place… une troisième année… Et à la pause, une participante du Sud m’a donné une feuille de papier sur laquelle elle avait rassemblé les noms d’une quinzaine de personnes qui étaient déjà partantes…

Mais en regardant très concrètement le nombre de formateurs disponibles et les rencontres supplémentaires que cela occasionnerait pour les six groupes de l’île, la conclusion ne pouvait que s’imposer : pour l’instant, impossible à mettre en œuvre… Cependant en tournant cet appel dans tous les sens, et en lisant la dernière Lettre Apostolique du Pape François, « Misericordia et misera », une idée s’est petit à petit imposée… Notre Pape écrit : « À travers l’Écriture Sainte, maintenue vivante dans la foi de l’Église, le Seigneur continue de parler à son Épouse et lui montre les chemins à parcourir pour que l’Évangile du salut parvienne à tous. Je désire vivement que la Parole de Dieu soit toujours davantage célébrée, connue et diffusée, pour qu’à travers elle, le mystère d’amour qui jaillit de cette source de miséricorde soit toujours mieux compris. C’est ce que rappelle clairement l’Apôtre : « Toute l’Écriture est inspirée par Dieu ; elle est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice » (2 Tm 3,16).

Il serait bon qu’un dimanche de l’année liturgique chaque communauté puisse renouveler son engagement à diffuser, faire connaître et approfondir l’Écriture Sainte : un dimanche entièrement consacré à la Parole de Dieu pour comprendre l’inépuisable richesse qui provient du dialogue permanent entre Dieu et son peuple. La créativité ne manquera pas pour enrichir ce moment par des initiatives qui stimuleront les croyants à être de vivants instruments de transmission de la Parole. Parmi ces initiatives, il y a certainement la diffusion plus large de la lectio divina, afin que la vie spirituelle trouve un soutien et les moyens de sa croissance dans la lecture priante du texte sacré. La lectio divina, sur les thèmes de la miséricorde, permettra de toucher du doigt quelle fécondité jaillit du texte sacré lorsqu’il est lu à la lumière de toute la tradition spirituelle de l’Église, et qu’il débouche nécessairement sur des gestes et des œuvres concrètes de charité ».

En mettant donc ensemble cet appel du Pape et la suggestion proposée le 4 décembre, nous avons pensé vous proposer le « Parcours St Pierre : Parole et Vie », en nous souvenant de ce passage en St Jean où Jésus demande à ses disciples, alors que beaucoup le quittaient :

« Voulez-vous partir, vous aussi ? »

Et Pierre répond au nom de tous :

« A qui irions-nous, Seigneur ? Tu as les Paroles de la Vie éternelle… » (Jn 6,68).

Ce parcours sera construit comme le Cycle Long : un dimanche par mois, pour lire en Eglise la Parole de Dieu, et accueillir, expérimenter, vivre avec elle « quelque chose » de la vie éternelle… Deux groupes seront créés : un dans le Nord, à la Maison Diocésaine, l’autre dans le Sud, à Gol les Hauts. Nous commencerons toujours notre journée par la prière des Laudes. Si un prêtre anime la rencontre, elle se terminera par la célébration de l’Eucharistie. Ce sera le cas dans le sud, le Père Loïc Prugnières ayant accepté l’aventure… Autrement, nous conclurons par la prière des Vêpres… Le Cycle Long ayant développé le Mystère du Christ, et donc Celui du Fils en relation avec son Père, et le Mystère de l’Eglise, nous prendrons comme thème d’année : « L’Esprit Saint et la mission de l’Eglise. » Ce thème pourra changer d’une année sur l’autre…

 

Les dates seront :

 

1 – Pour le Sud, au Centre Spirituel Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, à Gol les Hauts, de 8h 00 à 18h 00 maximum : les dimanches 12 mars, 2 avril, 7 mai, 11 juin, 10 septembre, 8 octobre et 12 novembre.

 

2 – Pour le Nord, à la Maison Diocésaine, 36 rue de Paris à St Denis, de 8h 00 à 18h 00 maximum, les dimanches 26 février, 26 mars, 30 avril, 21 mai, 25 juin, 24 septembre, 29 octobre et 26 novembre.

Une équipe de Service sera là pour vous accueillir dès 7h 15 – 7h 30, recueillir votre participation identique à celle du Cycle Long (27 € par personne, 39 € pour un couple, sans que jamais ces questions matérielles ne soient un obstacle), et gérer toute la journée : prière des Laudes, petit déjeuner, pauses, repas apporté par un traiteur, etc…

 

Si l’aventure vous intéresse, vous pouvez nous envoyer par mail (secretariat@sedifop.com) vos noms, prénoms, adresse, numéros de téléphone (GSM et fixe) en nous précisant quel groupe vous aimeriez intégrer : le Nord, à la Maison Diocésaine, ou le Sud, chez nos frères Carmes à Gol les Hauts.

Si vous le désirez, vous trouverez un bulletin d’inscription à la fin de cet article.

En espérant que cette proposition nous permettra tous de grandir dans l’accueil de tout cœur de cet Amour Inconditionnel qui nous attend tous au terme de notre vie ici-bas, et cela pour notre plus grand bonheur, toute l’équipe du Sedifop vous souhaite une année 2017 riche de tous ces dons de l’Esprit que Dieu veut voir régner dans nos cœurs : Vie, Paix, Joie, Lumière, Amour et Douceur, autant d’antidotes toujours offerts en surabondances à nos cœurs blessés : « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,20). Telle est la volonté de Dieu… Alors… que ta volonté soit faite, le plus possible, le mieux possible en 2017 et cela pour chacun d’entre nous, et pour le plus grand nombre…

                                                                                      D. Jacques Fournier

Et nous confions bien sûr cette aventure à… St Pierre !

Pour accéder au bulletin d’inscription, cliquer sur le titre ci dessous :

Bulletin d’inscription Parcours St Pierre