20ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER
“Le trésor du Royaume”
(Mt 13, 44-52)
En ce temps-là, partant de Génésareth, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon.
Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. »
Mais il ne lui répondit pas un mot. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! »
Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »
Mais elle vint se prosterner devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! »
Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. »
Elle reprit : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »
Jésus répondit : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.
Jésus déclare ici : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël » (Mt 15,24). Mais il le dit à une femme cananéenne, une païenne donc, qui habitait « la région de Tyr et de Sidon », la Syro‑Phénicie, l’actuel Liban, une terre où Jésus avait décidé de se retirer un moment, nous dit-on au tout début. Il ne pouvait donc que rencontrer ses habitants, pour finalement les rejeter ? Première contradiction…
Cette femme, ayant appris qui il était, vient lui crier sa détresse : celle d’une mère devant la souffrance de sa fille. Elle est désemparée, elle ne sait plus que faire et se tourne vers Jésus : « Eléison me », lui dit-elle dans le grec des Évangiles, « aie compassion de moi », « fais-moi miséricorde »… Le Dieu qui se révèle dans la Bible comme étant « bouleversé jusqu’au plus profond de lui-même » par les souffrances des hommes (Os 11,7-10 ; Mt 18,27 ; Lc 1,78 ; 15,20), ce « Dieu de Tendresse et de bonté » (Ex 34,6) peut-il rester insensible devant la détresse d’une mère et la renvoyer en la comparant, elle et sa fille, à des « petits chiens » ? Impossible…
Seul le contexte de l’Evangile de St Matthieu permet d’y voir un peus plus clair. Matthieu, en effet, est un Juif qui écrit pour des chrétiens d’origine juive, comme lui… Et il constate dans sa communauté à quel point certaines attitudes, contraires à l’Evangile, ont la vie dure… Certes, Israël est bien le Peuple élu à qui la Bonne Nouvelle devait être annoncée en premier, et telle était de fait la mission de Jésus (cf. Mt 15,24 cité précédemment). Mais cette logique du projet de Dieu n’est pas synonyme d’exclusion pour les païens. Un chrétien ne pouvait donc pas adhérer à l’attitude de certains en Israël qui traitaient les païens de « chiens »… Et c’est pourtant ce qui arrivait ! C’est pourquoi St Matthieu reprend ici ce vocabulaire pour le mettre dans la bouche même de Jésus, mais en le renversant : quoi de plus touchant, en effet, qu’un « petit chien » ? De plus, cette Cananéenne accepte le plan de Dieu, et elle se positionne humblement après le Peuple élu tout en manifestant une confiance sans borne en la bonté de Dieu. « Femme, ta foi est grande »… Avec le Christ et par lui, St Matthieu la donne ainsi en exemple à toute sa communauté ! « Et à l’heure même, sa fille fut guérie. » Comment pourraient-ils donc encore rejeter ces païens que Dieu accueille, sauve et comble, tout comme eux ? DJF
20ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN
La Cananéenne
Mt 15, 21-28
Si vous avez été attentifs à ce qui est commun aux 3 lectures que nous venons d’entendre, vous aurez vite constaté que c’est le caractère universel du message de Dieu, et le thème central d’aujourd’hui ce sont les étrangers : doivent-ils ou non faire partie du peuple de Dieu ? Seront-ils des chrétiens à part entière ou les considère-t-on comme des chrétiens de seconde zone ?
Il faut rappeler qu’au départ, le peuple juif était, et lui seul, exclusivement, le peuple élu, le peuple de Dieu, le peuple choisi, lui seul avait été l’objet du choix de Dieu et lui seul avait fait alliance avec Dieu. Et les juifs ont encore cette vive conscience d’être le peuple à part, la part de Dieu, les privilégiés du Très-Haut. C’est d’ailleurs cette identité particulière, dont ils puisaient une grande fierté intérieure, qui les a maintenus en tant que race, en tant que Nation Sainte au milieu de tous les aléas et les événements par lesquels ils sont passés. C’est leur religion qui les a fait survivre à travers les siècles et malgré leur diaspora : leur dispersion aux 4 coins du monde.
Alors, fallait-il penser aux païens ? Fallait-il ouvrir aux étrangers ce message de Dieu ? Les juifs se sont posé la question et les premiers chrétiens aussi. Rappelez-vous les hésitations de Pierre et de Jacques quand il s’est agi de baptiser les 1ers païens. Ce fut l’ordre du jour du 1er Concile de Jérusalem, concile qui n’a pas été de tout repos et pourtant, dans la 1ère lecture, Isaïe rappelle « les étrangers à la conscience droite, je les mènerai à ma Montagne Sainte. S’ils observent mon alliance, je leur ferai bon accueil à mon autel et ma maison s’appellera ‘’ maison de prière pour tous les peuples’’ ».
Et St-Paul, à son tour, déplore ce manque d’ouverture des juifs aux autres nations. Ils n’ont pas été fidèles à leur vocation mais, peut-être, un jour, seront-ils l’objet de la miséricorde de Dieu !
Dans l’Évangile lui-même, nous voyons Jésus, qui va dans les pays païens : ceux du Tyr et de Sidon. Va-t-il là-bas pour éviter la foule ? Simplement prendre un peu de repos ? Ou bien aller répandre un message aux autres païens ?
Il semble bien que Jésus se soit retiré là-bas pour être à l’écart des foules et avoir du temps libre pour enseigner et former les disciples. Aussi, nous qui sommes habitués maintenant au caractère universel de l’Église, nous sommes très étonnés de sa réaction, lorsqu’une femme païenne l’aborde en criant et le supplie :
« Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! »
Elle l’appelle pourtant avec son titre messianique : « Fils de David, aie pitié de moi ! » Elle ne prie même pas pour elle, mais pour sa fille tourmentée par un démon : il semble bien que toutes les conditions soient réunies pour que Jésus, volontiers, se rende à ses désirs. Eh bien, pas du tout ! Et nous trouvons Jésus d’une froideur et d’une indifférence surprenante. « Il ne répondit rien ».
Elle continue à le poursuivre de ses cris. Pas de réaction de la part de Jésus qui continue son chemin comme si elle n’était pas là ! A tel point qu’au bout d’un certain temps, ce sont les disciples qui insistent à leur tour : « Donne-lui satisfaction car elle vous poursuit de ses cris ».
« Je n’ai été envoyé, répond Jésus, qu’aux brebis perdues d’Israël ». C’est cela, d’abord, la priorité du Christ : sauver son peuple, un peuple précis, le peuple juif ! Il est venu pour eux, et c’est par eux, qu’ensuite le monde se ralliera à la Bonne Nouvelle et c’est bien d’ailleurs ce qui s’est passé : ce sont les juifs, Jésus, Marie, Pierre, Paul, Matthieu, Thomas, de qui sont partis ces premières étincelles qui ont mis le feu chrétien au monde païen.
Alors, cette femme insiste, elle reconnait que ce que dit Jésus est juste, elle continue quand même… et vient se prosterner devant lui, un peu comme un petit chien aux pieds de son maitre, et c’est sans doute cette attitude qui fait répondre à Jésus cette parole qui nous paraît scandaleuse, lorsqu’il s’agit d’une femme, même païenne :
« Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens », (il faut savoir, en outre, que le chien n’est pas un animal aimé en Orient et que l’on traite facilement de chien celui pour qui l’on n’a guère de sympathie). Aujourd’hui encore, on entend, par exemple en Afrique du Nord, les musulmans appeler les catholiques “chiens de Roumis” parce qu’ils ne partagent pas leur foi dans le Coran. La femme ne se démonte pas devant tant de mépris, au contraire ; avec répartie, elle utilise la comparaison pour le poursuivre.
« C’est vrai, Seigneur, mais, justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ».
Quel abaissement ! Quelle humilité ! Prête à se réduire à rien pour obtenir la guérison de sa fille !
Alors, là, le Seigneur n’en peut plus … Il reconnaît, en elle, cette foi qui fait justement défaut aux juifs avec qui il vient de multiplier les pains, avec les apôtres affolés dans la barque ballotée par la tempête : enfin, il rencontre une vraie confiance, une totale remise de soi, et cela, chez une païenne, prosternée à ses pieds, qui, elle, l’a appelé : « Fils de David – Messie ».
Il se retrouve dans une situation semblable avec une autre femme, qui, elle aussi, va dire : « Si je touche seulement son manteau, je serai guérie ».
Une autre païenne encore, la Samaritaine, qui, après son dialogue au bord du puits, va aller trouver les gens de son village : « Venez voir, j’ai trouvé le Messie ».
Dans ce récit, il ne s’agit plus de la multiplication des pains ni des douze corbeilles, des restes ; il s’agit seulement de quelques miettes qui tombent de la table et données aux chiens.
Avons-nous cette attitude d’humilité, de petitesse ? Cette conscience de n’être rien du tout lorsque nous allons à notre tour recevoir la Sainte-Eucharistie ?
Il ne s’agit pas d’avoir des complexes : soit de supériorité, en nous disant : « Nous, nous sommes baptisés, les fils de Dieu ; nous sommes dans la vérité ; nous avons la lumière. » C’est vrai. Mais est-ce de notre faute ? Quel mérite en avons-nous ?
Tout nous a été donné par Jésus-Christ, par grâce, par amour.
Il ne s’agit pas non plus d’avoir des complexes d’infériorité, (à ne pas confondre avec l’humilité qui est la reconnaissance de son état vrai). Non, il s’agit, dans l’amour, comme le Christ, de considérer les autres, non pas en les regardant de haut, les considérer comme des chiens ; non pas en les regardant de bas, les considérer comme des maîtres : non !
Ni maîtres, ni chiens : les autres sont mes frères. Cela change tout, car frères : ils sont mes égaux, eux aussi, fils de Dieu, fils du même Père que moi, partageant avec moi, au même titre que moi, la bonté et la miséricorde de Dieu.
Si nous formons une famille, une famille de frères, ayant Dieu à qui nous disons ‘’Notre Père’’ : personne n’est supérieur à l’autre, personne n’est inférieur à l’autre. Aux yeux de Dieu, nous avons tous la même taille, la même importance ; aux yeux du chrétien donc, personne n’est plus grand ni plus petit. Pas même le pécheur : qui reste un fils, même s’il s’éloigne du Père et celui-ci l’accueillera avec bonté dès qu’il aura fait son demi-tour vers lui !
Dieu n’appartient à personne, il se donne à tous avec la même générosité. Il suffit, comme cette femme, d’avoir faim, d’avoir soif, de courir sur ses pas, quitte à crier comme elle, avec foi : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi !», pour que le Seigneur puisse nous dire à nous aussi : « Ta foi est grande, que tout se fasse comme tu veux ».
Dieu cède toujours à qui lui demande.
Ayons, comme lui, un amour sans frontières ; il n’y a pas d’étrangers pour un disciple de Jésus, un amour sans privilèges ; il n’y a pas de discrimination pour un disciple de Jésus, un amour sans réserve : pas de retour sur soi pour un vrai disciple de Jésus. AMEN
19ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 14, 22-33) – Francis COUSIN)
« N’ayez pas peur, c’est moi ! »
« Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins – oracle du Seigneur. » (Is 55,8).
Tout au long du passage de l’évangile de ce jour, cette phrase sera en arrière-fond de l’incompréhension entre les apôtres et Jésus.
Au début, tout allait bien. Les apôtres avaient distribué les pains et les poissons, et il en était resté. Tout le monde était content et satisfait, la foule, les apôtres et Jésus ; mais pas pour les mêmes raisons. La foule parce qu’elle était repue par l’enseignement de Jésus et par le repas, les apôtres parce qu’ils étaient fiers d’avoir participé activement au miracle de Jésus, et Jésus parce qu’il avait pu montrer son amour pour les petits.
C’est après que cela se gâte : la foule veut le faire roi d’Israël. Les apôtres sont contents, ils se voient déjà ministres ou avec des responsabilités. C’est la liesse !
Mais ce n’est pas ce que Jésus veut ! Il envoie, ou plutôt il « obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. »
La tête des apôtres ! D’un seul coup, les rêves disparaissent, ils se sentent trahis, ou au moins incompris. Ils auraient bien voulu saluer les gens à qui ils avaient donné du pain, histoire de montrer que c’est un peu grâce à eux qu’ils avaient eu à manger, de faire un peu les bravaches ! … Ils obéissent, mais ils l’ont mauvaise : c’est le crépuscule, l’arrivée des ténèbres, et partir sur la mer de Galilée, dans le royaume du mal, du démon, de la mort … et la nuit … C’est pas vraiment la joie !
Quant à Jésus, il renvoie la foule, tout seul, puis il monte sur la montagne, pour prier, se mettre en relation avec son Père, seul en sa présence. Moment de paix pour lui. Moment d’amour partagé, dans une immense confiance …
Toute la nuit s’écoule : Jésus dans la prière, les apôtres dans la barque, … et dans la tempête qui a levé. Le vent est contraire, ils ont dû affaler la voile, prendre les rames … Ils doivent en vouloir à Jésus de les avoir mis dans cette situation. La confiance disparaît … ils n’avancent pas, … et peu à peu, la peur s’installe en eux …
Vers la fin de la nuit, quand le jour commence à poindre, Jésus, soleil levant, se dirige vers eux, mais en marchant sur la mer agitée. Quand il approche de la barque, entre deux vagues, entouré de gouttelettes d’eau, les apôtres sont tellement fatigués et apeurés qu’ils crient, ils pensent voir un fantôme. C’est la panique totale …
Ils ne l’ont pas reconnu ! Et pourtant il était dans leurs pensées. Et même sans doute sentaient-ils le besoin de sa présence, de manière confuse … Mais c’était tellement irrationnel qu’ils ne pouvaient pas le reconnaître …
Alors Jésus leur dit : « Confiance, c’est moi ( εγω ειμι, Je suis ), n’ayez plus peur. »
Pierre regarde Jésus : « Ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. ». Jésus le fit, et Pierre, continuant de regarder Jésus, descendit de la barque et alla vers lui … jusqu’à ce qu’il se rendit compte de l’irrationalité de ce qu’il faisait : il quitta le regard de Jésus … Il se regarda lui-même, ses pieds, l’eau, le vent … et s’enfonça dans l’eau. Pris de panique, il regarde Jésus : « Sauve-moi ! ».
Jésus étendit la main, le saisit. « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »
Quand Jésus et Pierre entrent dans la barque, la sérénité revient entre les hommes, la confiance en Jésus revient, la tempête entre le chemin des hommes et de Jésus disparaît … et la tempête sur la mer aussi.
« Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon. » (Is 55,7)
Combien de fois sommes-nous comme les apôtres à rester accrochés à nos pensées humaines, à ne pas nous ouvrir aux pensées de Dieu ? À laisser des incompréhensions entre Dieu et les hommes ?
Trop souvent sans doute ! Et à chaque fois la cause est la même : l’éloignement entre nous et Dieu, éloignement physique, mais surtout éloignement dans nos cœurs. Et c’est toujours nous l’auteur, car Dieu ne s’éloigne jamais de nous. Il est toujours près de nous …
« Qui nous séparera de l’amour du Christ ? … Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. » (Rm 8,35.39)
Seigneur Jésus,
nous t’aimons, et nous voulons
que tu sois toujours près de nous,
mais bien souvent,
c’est nous qui nous éloignons de toi,
et nous pensons que tu nous en veux
car nous ne comprenons pas que
tes chemins ne sont pas nos chemins.
Francis Cousin
Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:
Prière dim ordinaire A 19°
19ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN
Marche sur les eaux
Mt 14, 22-33
T
ous les dimanches de cette période liturgique sont centrés autour du même thème : LA FOI, base de départ de toute vie chrétienne.
Comme nous l’a raconté l’Évangile de dimanche dernier, Jésus vient de multiplier les pains. La foule est enthousiaste : elle veut même le faire roi. Pensez donc, un Messie, un homme politique qui résoudrait les problèmes économiques ! Déjà, à cette époque, on n’avait jamais vu ça : ” Le pain quotidien assuré tous les jours ! Il n’y a qu’à le suivre et la subsistance est assurée”. Si bien que Jésus est obligé de renvoyer cette foule.
Mais, d’autres aussi, sont enthousiastes : ce sont les apôtres. Ils ont présidé à la distribution des pains et des poissons, on leur disait “merci”. Ils étaient les ministres du miracle : ils se voyaient déjà au budget, aux affaires économiques et sociales. Aussi l’Évangile nous dit que Jésus fut obligé de faire monter ses disciples dans une barque pendant qu’il renverrait lui-même la foule.
* La 1ère leçon que nous pouvons tirer de ce passage, c’est qu’une foi qui naît dans l’enthousiasme, dans la ferveur de la sensibilité, dans la joie du merveilleux n’est pas encore une foi solide : c’est une foi qui n’a pas été mise à l’épreuve, qui n’a pas encore été fortifiée par la difficulté, « il n’est pas difficile de croire à la lumière tant que l’on est en plein jour ». Il n’y a aucun mérite à cela. C’est une évidence, ce n’est pas encore une foi.
Mais lorsque la nuit tombe, que nous nous trouvons dans l’obscurité, que nous sommes au milieu du tunnel, alors, là, oui, la foi, la vraie, celle qui continue de croire malgré le manque d’évidence, contre l’évidence, commence à se fortifier dans notre cœur.
Etes-vous sûrs, mes frères, de la solidité de votre foi ?… Si jamais vous n’avez jamais connu de difficultés majeures, s’il n’y a jamais eu d’échecs dans votre vie, de vents contraires, d’épreuves pénibles, vous ne pouvez pas répondre, ce serait téméraire.
Si, par contre, il y a eu dans votre existence, des passés difficiles, des coups durs, des moments de désarroi, des périodes de doute et d’angoisse et que vous avez tenu le coup, calmement, fermement, faisant quand même confiance au Seigneur, alors certes, vous pouvez dire qu’avec l’aide de Dieu, cette foi est ancrée en vous. « C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière ».
C’est dans l’épreuve que notre foi s’affermit.
Et voilà donc nos apôtres dans la nuit, avec une mer mauvaise et des vents déchainés. Tous marins qu’ils sont, ils ne sont pas fiers. La barque est en plein milieu de ce lac, parfois redoutable. Les vagues étaient très grosses et c’est toute la nuit qu’ils essuient la tempête. Ils sont fatigués.
Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer et c’est la panique sur la barque. « C’est un revenant ! »
L’Évangile nous dit que la peur leur fit pousser des cris.
Cette tempête, mes frères, ces vents contraires, cette fatigue du milieu de la nuit, vous l’avez reconnue : ce sont nos épreuves à nous.
Qui, parmi nous, n’a pas ses problèmes, ses difficultés, ses doutes, des situations pénibles et qui semblent interminables ?
Qui, parmi nous, au milieu de ses épreuves, en pleine détresse, n’a pas, lui aussi, intérieurement ou non, poussé des cris dans la prière ou dans la révolte.
« Trop, c’est trop Seigneur, délivre-nous du mal… ne nous laisse pas succomber ».
Et comme, parfois, Dieu nous paraît loin, étranger, absent, dans ces moments de détresse ! Ce qui fait dire à bien des gens :
« Si Dieu existait, il ne permettrait pas cela ». « C’est un fantôme », disent les apôtres. Ils ne voient pas Jésus. Ils ne savent pas que c’est lui qui est là. Ils ne le reconnaissent pas !
* C’est d’abord la leçon que nous avons à tirer de cet Evangile : trop souvent, au sein de nos difficultés, dans les moments difficiles, nous nous croyons tout seul et nous essayons de nous en tirer tout seul. Or, Jésus est là, à côté de nous, veillant sur nous, allant à notre rencontre. Et loin de nous en remettre à lui, de lui faire confiance, nous paniquons. Nous ne reconnaissons pas le Seigneur dans l’épreuve, nous manquons de foi. Nous ne sommes pas du tout persuadés qu’il est là, prêt à nous prêter main forte. C’est peut-être le moment où nous nous croyons le plus seul, le plus réduit à nos propres forces, que le Seigneur est le plus proche et le plus disponible pour nous remettre en confiance.
D’ailleurs, c’est exactement ce qu’il fait et ce qu’il leur dit : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! » La foi, c’est avant tout cela : faire confiance, ne pas avoir peur dans l’épreuve car nous savons que le Christ est là : « C’est moi, n’ayez pas peur. »
Pour celui qui a la foi, Dieu n’est pas un fantôme. C’est “le compagnon” d’épreuves, celui vers qui l’on tourne son regard dès que le vent se fait mauvais, dès que l’épreuve commence. Un enfant dans la difficulté, vous le savez bien, vous parents, instinctivement, criera : « maman – papa » parce qu’il sait qu’ils l’aiment et qu’ils peuvent lui porter secours, au prix même de leurs propres vies. Dieu, Père, le Christ, notre frère, eux qui sont amour total, n’agissent pas autrement que, nous, parents, qui pourtant, nous le savons bien, ne sommes pas parfaits.
Alors Pierre veut tester, non pas sa foi mais la puissance du Seigneur :
« Si c’est bien toi, ordonne-moi de venir à toi, sur l’eau ».
Jésus lui dit : « Viens ».
On peut, au passage, saluer le courage de Pierre.
Avez-vous déjà vu un marin enjamber le plat bord de sa barque, et cela par gros temps, pour vérifier ses hallucinations, simplement pour en avoir le cœur net ? Pierre descend donc et marche sur les eaux pour aller vers Jésus : vers Jésus. Tant qu’il regarde le Seigneur pour aller vers lui, tout va bien : il marche… Tant qu’il ne pense qu’à Jésus, qui est en face de lui et qu’il est en train de rejoindre, il avance, sans problème. Mais soudain, il prend conscience de sa situation périlleuse et au lieu de penser à Jésus et de regarder vers lui, il regarde autour de lui : l’eau, le vent, les vagues.
Alors, il prend peur et commence à enfoncer.
* Voici une autre leçon pour notre vie de foi : nous avons vraiment la foi aussi longtemps que la présence du Christ dans notre vie nous parait plus importante que les épreuves qui nous assaillent. La foi est avant tout une priorité donnée au Seigneur dans notre vie difficile, mais si nous commençons à accorder plus d’importance à des affaires matérielles, intellectuelles, sentimentales ou physiques qu’au Seigneur lui-même, alors nous commençons à couler, à nous enfoncer.
« Dieu, premier servi », pouvait-on lire sur l’étendard de Jeanne d’Arc. C’est sans doute, parce qu’elle avait les yeux fixés sur le Seigneur, et non sur les Anglais ou sur les armes qui étaient braqués contre elle, que Jeanne fut si vaillante au combat et qu’elle forçait l’admiration de ses compagnons d’armes.
La force et le courage de notre foi ne peuvent s’expliquer que par notre regard intérieur fixé sur le Seigneur. C’est dans la prière, dans la contemplation, dans la méditation de sa parole que nous puiserons notre vie de foi, pas ailleurs !
Si au lieu de nous tourner vers lui, nous commençons à penser à nous, à nos petites sécurités, à recourir à nos propres forces, alors, nous faisons comme St-Pierre, nous coulons, nous commençons à enfoncer dans le marasme de nos difficultés, de nos doutes, de nos problèmes.
« Je peux tout, en celui qui me fortifie », disait St-Paul… oui, je peux tout, car c’est vers Dieu que je regarde et que « rien n’est impossible à Dieu ». Quand j’en serai vraiment persuadé alors j’aurai vraiment la foi : tout miser sur Dieu sans essayer de me reprendre.
Mais St-Pierre a la bonne réaction. Commençant à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! »
De nouveau, il regarde vers Jésus. Nous aussi, quand rien ne va plus, que nous commençons à enfoncer, que la situation devient intenable, crions comme St-Pierre : « Seigneur, sauve-moi ! » Prière du cœur, prière de confiance dans la détresse, prière du Christ lui-même à l’heure de la Croix :
« Père, je remets mon âme entre tes mains ». « Moi, je ne peux rien, toi, tu peux tout ; je m’en remets totalement à toi ».
Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »
A chaque fois que nous faisons confiance, que nous nous en remettons à Dieu, chaque fois, il nous tend la main ; chaque fois il nous saisit ; chaque fois, il nous tire de nos mauvais pas.
Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. Déjà, dans la première lecture, nous avons pu constater avec le prophète Elie : que Dieu n’était pas dans l’ouragan, dans le tremblement de terre, ni dans le feu mais dans le murmure d’une brise légère. Dieu se trouve dans le calme, le silence, la sérénité de la foi.
Alors, avec ceux qui étaient dans la barque, nous nous prosternons, nous aussi, et nous disons avec les apôtres : « Vraiment tu es le Fils de Dieu ! » AMEN
19ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER
« Jésus vainqueur du mal et de la mort »
(Mt 14,22-33)
Aussitôt après avoir nourri la foule dans le désert, Jésus obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules.
Quand il les eut renvoyées, il gravit la montagne, à l’écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul.
La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire.
Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer.
En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils dirent : « C’est un fantôme. » Pris de peur, ils se mirent à crier.
Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! »
Pierre prit alors la parole : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. »
Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus.
Mais, voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! »
Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »
Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba.
Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »
« Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive »… Ce verbe est très fort. Après avoir vécu la multiplication des pains avec lui, les disciples ne voulaient pas le quitter. Mais il va user de toute son autorité à leur égard pour les inviter à partir seuls dans la barque. Les disciples ne comprennent pas, le verbe employé suggère leur résistance, mais ils finissent par obéir…
Et comme ils étaient « déjà à une bonne distance de la terre », ce qui devait arriver arriva : « la barque était battue par les vagues, car le vent était contraire »… Ils n’avancent plus, ou très peu… La situation devient périlleuse… D’un point de vue religieux, la mer était considérée comme le lieu d’habitation des démons (Is 27,1). De plus, les ténèbres renvoient souvent à « l’empire de Satan » (Ac 26,18)… En pleine nuit, au cœur de la mer, les puissances du mal se déchaînent contre eux… Peut-être ont-ils murmuré contre Jésus à ce moment-là : n’est-ce pas à cause de lui qu’ils en sont là ?
Mais c’est un cadeau que le Christ voulait leur offrir… Ils ne le comprendront que plus tard… Ces difficultés qu’ils traversent vont être l’occasion pour lui de leur révéler son Mystère de vrai homme et de vrai Dieu. Il fera en effet ce que Dieu seul peut faire, « fouler le dos de la mer » en signe de victoire (Jb 9,8) et il dira ce que Dieu seul peut dire, « Je Suis » (Ex 3,13-15).
Les disciples ont bien pris conscience de leur faiblesse et de leur incapacité à s’en sortir tout seuls. Alors Jésus vient à eux… Ils le prendront pour « un fantôme », ils auront peur, une réaction qui, dans la Bible, est celle des pécheurs lorsque Dieu se manifeste. Mais c’est la Miséricorde qui vient à leur rencontre… De plus, Pierre doutera : « Seigneur, si c’est bien toi, donne-moi l’ordre de venir avec toi sur les eaux ». Et Jésus le lui donnera… Mais alors que Pierre commence à marcher sur la mer, son regard quitte Jésus et se focalise sur le danger de ces vagues en furie… Sa foi vacille, il a peur de nouveau et commence à couler… « Seigneur, sauve-moi ! » « Aussitôt, Jésus tendit la main et le saisit »… Infinie Patience… Amour et Miséricorde toujours prêt à agir au moindre appel… Et il faudra que le vent tombe pour que, dans cette paix retrouvée, ils confessent « le Fils de Dieu »…
Ainsi étaient les apôtres, ainsi sommes-nous, ainsi est toujours le Christ : « Jésus Christ est le même hier et aujourd’hui, il le sera à jamais » (Hb 13,8). Inlassablement, il vient à notre rencontre, au cœur de tous nos doutes et de tous nos découragements pour nous dire : « Confiance, Je Suis » avec vous et pour vous, « n’ayez pas peur ! ». Et nous découvrirons alors, encore et encore, que seule sa Lumière peut chasser nos ténèbres, seule sa Force peut vaincre l’ennemi, seule sa Vie peut triompher de nos morts… DJF
Rencontre autour de l’Évangile – 19ième Dimanche du Temps Ordinaire
“Confiance !
C’est moi ; n’ayez pas peur”
TA PAROLE SOUS NOS YEUX
Situons le texte et lisons (Mt 14, 22-33)
Le passage que nous méditons aujourd’hui vient juste après la multiplication des pains. Ne pas hésiter à faire lire deux fois le texte. Chacun note des mots qui lui paraissent importants. On se souviendra, en lisant ce texte, que Matthieu est l’évangéliste de l’Eglise.
Soulignons les mots importants
Chacun apporte ses mots. L’animateur peut compléter.
Jésus dans la montagne, à l’écart pour prier : Inviter le groupe à contempler Jésus, en prière, seul avec son Père.
La barque battue par les vagues : cette barque battue par les vagues, à quoi nous fait-elle penser ?
Vers la fin de la nuit Jésus vint : ( penser aux apparitions pascales)
marchant sur la mer : si la mer est le symbole des forces de la mort, que signifie cette marche de Jésus sur la mer ?
les disciples bouleversés : penser, là aussi, aux apparitions pascales
Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur.
Si c’est bien toi
Il eut peur
Seigneur sauve-moi
Jésus étendit la main
Homme de peu de foi.
Le vent tomba : a quel moment le vent se calme ?
Se prosternèrent
Vraiment tu es le Fils de Dieu
Regardons ce qui se passe pour Pierre. Quels sont les divers sentiments qui l’animent ? En quoi il nous ressemble ?
A quoi Jésus invite ses disciples ?
Que signifie ce geste et la profession de foi des disciples réunis dans la barque ?
Pour l’animateur
Jésus en prière : Comme lors de la transfiguration, Jésus se trouve en haut, dans l’intimité de son Père.
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La barque : Il faut se rappeler que Matthieu est l’évangéliste de l’Eglise ; il s’intéresse à la barque de Pierre, symbole de l’Eglise. Quand il écrit son évangile, la communauté-Eglise est secouée par les persécutions.
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Les mots employés par Matthieu rappelle ce qui s’est passé lors des apparitions pascales. («Vers la fin de la nuit », expression qui rappelle le matin du jour de la résurrection ( Mt 27, 1). Les disciples étaient secoués par la tempête de la Passion et les grandes eaux de la mort qui avaient englouti Jésus., Jésus vint vers eux, vainqueur de la mort. Ils étaient bouleversés en le voyant.
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La mer étant le lieu des forces du Mal, la marche de Jésus sur la mer est un signe de victoire sur le Mal et la Mort. C’est un signe qui annonce la victoire de la Résurrection.
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Pierre est animé par un sentiment de doute (« si c’est bien toi ») qui annonce le doute des disciples devant le Ressuscité (cf Mt 28, 17). Mais Pierre obéit à l’ordre de Jésus. Puis la peur l’emporte sur la foi ; mais sa foi reste suffisante pour qu’elle devienne prière: « Seigneur, sauve-moi ! ».
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Jésus sauve Pierre, et sa présence dans la barque de l’Eglise ramène le calme. Matthieu met Pierre en vedette, mais c’est pour souligner la fragilité de celui à qui le Seigneur va confier son Eglise, et aussi pour assurer que Jésus vient et viendra au secours de cette faiblesse.
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Le récit se termine par une adoration liturgique : c’est l’Eglise qui proclame sa foi en Jésus, le Fils de Dieu, son Seigneur, celui qui est vainqueur des forces du mal.
TA PAROLE DANS NOS CŒURS :
Seigneur Jésus, sans cesse, tu intercèdes pour ton Eglise auprès de ton Père. Quand elle est battue par les vagues et les vents contraires, tu l’invite à la confiance. Tu es le Seigneur ressuscité, vainqueur des forces du mal et de la mort. Comme celle de Pierre, notre foi est fragile. Mais comme pour Pierre, tu viens au secours de notre faiblesse.
TA PAROLE DANS NOS MAINS :
La Parole aujourd’hui dans notre vie
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Jésus, le Fils du Père, prie pour ses disciples, pour son Eglise, pour nous nous sommes les fils et filles du Père : quel temps donnons-nous à la prière silencieuse et filiale ? Pour quoi et pour qui prions-nous ?
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Quand l’Eglise est secouée par les vagues de l’incroyance, par les vents contraires des hostilités, des persécutions, des critiques, par les scandales causés par certains de ses membres…quelle est notre attitude ? Est-ce que le Christ ressuscité me rend capable de regarder tous ces obstacles avec sérénité ?
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Quand notre barque (notre vie personnelle, notre famille, notre quartier, notre paroisse…) est battue par les vagues (une épreuve, une maladie grave, une division, un scandale, une méchanceté qu’on nous a faite…par le Mal, comme on dit) , vers qui nous nous tournons ? Quelle est notre prière ?
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A moi aussi, Jésus me demande de marcher sur la mer : accepter tel engagement au service de mes frères, vaincre mon découragement, renoncer à mes habitudes de péché, retrouver le chemin de la prière, briser ma suffisance, mon orgueil. Est-ce que je crois Jésus Christ capable de me faire faire l’impossible?
Ensemble prions
Seigneur, nous te prions pour tous les persécutés, pour tous les mal traités, pour ceux qui vivent dans la terreur, craignant d’être arrêtés, pour ceux qui sont déjà enfermés dans une cellule et qui, dans l’angoisse, craignent le pire, pour eux-mêmes et pour leurs bien-aimés. Fais-leur sentir ta présence.
Ô Seigneur, guéris-nous…sauve-nous
Seigneur nous te prions pour tous ceux qu’on torture, moralement ou physiquement, ceux qu’on fait souffrir, que ce soit par les menaces ou le chantage, par la cruauté ou par la brutalité. Fais-leur sentir la douceur de ta présence !
Ô Seigneur, guéris-nous…sauve-nous
Seigneur, nous te prions pour les petits enfants qu’on torture en présence de leur mère, pour les femmes qu’on viole au corps de garde, pour tous ceux sur lesquels on s’acharne jour après jour, sans qu’ils puissent dormir, ni jamais se reprendre, et qu’on réduit à l’état de loques humaines. Fais-leur sentir ta présence vivifiante !
Ô Seigneur, guéris-nous…sauve-nous
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19ième Dimanche du Temps Ordinaire
18ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Père Rodolphe EMARD (Mt 14,13-21)
Le récit de la multiplication des pains est un récit que nous connaissons bien dans les Évangiles. Il nous est raconté pas moins de six fois : deux fois dans l’Évangile de Marc, une fois dans celui de Luc et une fois dans celui de Jean.
Dans l’Évangile de Matthieu, ce récit est relaté deux fois, au chapitre XIV puis à nouveau au chapitre XV. Ce dimanche, nous nous référons à la péricope tirée du chapitre XIV. Que nous apprend ce récit ? Je souhaiterais vous partager trois points :
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Ce récit nous révèle que Dieu fait grâce
Par ses gestes, ses paroles, ses guérisons, ses miracles, Jésus nous a révélé le vrai visage de Dieu. Il nous a montré que Dieu n’est pas un être lointain et inaccessible. Bien au contraire, non seulement Dieu se fait proche et il se laisse trouver.
De même, Jésus nous a montré que Dieu n’est pas un tyran insensible à la souffrance humaine. Dieu est amour et miséricordieux et il est plein de compassion pour l’humanité.
Notre récit en est une parfaite illustration. Saint Matthieu nous révèle que Jésus fut pris de compassion envers cette « grande foule de gens » qui se présentait à lui et il « guérit [des] malades ».
La compassion de Jésus le conduit, non seulement, à manifester son identité et sa puissance divines, mais également, à rassasier la foule venue pour l’entendre : « environ cinq mille hommes ». Ce que nous devons conclure de ce premier point, c’est que le don de Dieu est abondant et gratuit pour les hommes et que personne n’en est exclue.
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Ce récit fait écho à l’Eucharistie
Ce récit nous montre que Jésus se donne à nous sans compter. Dans l’Évangile, nous voyons les différentes manières dont il prend soin de la foule : il l’enveloppe de sa compassion, il guérit les malades, il enseigne et il ne néglige pas le besoin de nourriture.
À l’évidence la multiplication des pains annonce l’Eucharistie et ses futurs ministres. Nous retrouvons des termes de la consécration : « Il prit les cinq pains (…) et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ; il rompit les pains, il les donna aux disciples ».
Ce récit nous rappelle que le Christ se donne véritablement dans l’Eucharistie, dans sa Parole et son pain de Vie. En communiant au pain consacré, nous recevons la totalité du Christ, vrai Dieu et vrai homme, son corps, son âme, son esprit et sa divinité. C’est toute la personne du Christ ressuscité que nous recevons dans la foi.
Ce temps de vacances est propice pour mieux réfléchir sur notre rapport à l’Eucharistie ? Croyons-nous-en sa force pour notre route quotidienne ? Prenons-nous conscience que toute la compassion du Christ nous est donnée à chaque messe que nous célébrons ? Pourquoi nous priver d’un tel trésor ?
En bref, frères et sœurs : Dieu nous fait grâce et sa grâce est incomparable dans l’Eucharistie. Dieu se fait proche et sa proximité est immense dans l’Eucharistie. Encore faut-il nous ouvrir aux appels du Christ… Cela me permet d’aborder mon troisième point.
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Ce récit nous révèle que Jésus compte sur nous
Dieu se donne à nous mais il compte aussi sur nous pour le transmettre aux hommes. Nous pouvons parfois sous-estimer ce fait. Oui Jésus compte sur nous !
Comme les disciples, nous sommes bien souvent tentés d’esquiver les problèmes ou les personnes qui causent ces problèmes : « L’endroit est désert et l’heure est déjà avancée. Renvoie donc la foule : qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la nourriture ! » Mais la réponse du Maître est tout autre : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
Jésus compte sur nos propres apports ! Cinq pains et deux poissons que s’empressent de récupérer les disciples : un faible apport, presque ridicule mais Jésus partira de cet apport pour procéder à la multiplication et ainsi rassasier la foule.
Nous pouvons retenir deux leçons :
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Jésus ne privilégie pas la quantité mais la qualité de notre apport : « Apportez-les moi. »
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Personne ne peut dire, je n’ai rien à apporter dans la Vigne du Seigneur ! Aussi humble que soit notre apport, s’il est sincère, il compte pour le Christ.
À la finale de l’Évangile, Matthieu précise qu’on ramassa douze paniers des morceaux qu’il restait. Ce chiffre douze est symbolique. Il renvoie aux douze Apôtres sur lesquels Jésus s’est appuyé pour bâtir son Église. Nous sommes les membres de son Église par la grâce de notre Baptême et de notre Confirmation. Nous avons à la suite des Apôtres à annoncer le Christ Ressuscité, l’unique Sauveur du monde. Ne négligeons pas notre appartenance à l’Église catholique et apostolique.
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Pour conclure frères et sœurs, demandons au Seigneur de pouvoir mieux l’accueillir dans nos vies pour mieux le donner aux autres. Et qu’il nous donne de persévérer face à l’épreuve. Saint Paul dans la deuxième lecture nous rappelle que « rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. »
Et certaines réalités évoquées par l’Apôtre ne nous laissent pas indifférents suite à cette pandémie du Covid-19 qui a perturbé notre monde : « La détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? » Non, rien de tout cela ! Ayons foi frères et sœurs que rien ne peut « nous séparer de l’amour du Christ ». Qu’il nous donne sa force, sa grâce et sa paix !
Père Rodolphe Emard.
18ième Dimanche du Temps Ordinaire (Matth 14, 13-21) – Francis COUSIN)
« Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
Ne nous arrive-t-il souvent, dans nos prières ou dans nos conversations, de dire à Dieu : « Dieu, tu devrais faire ceci ! » ou bien « Si Dieu existait, il aurait fait cela et tout le monde aurait été content ! » ou encore : « Tu vois notre situation avec le Covid-19, que ce soit sanitaire ou économique. Et c’est toujours les petits qui trinquent ! fais quelque chose pour nous ! ».
C’est une situation courante : dès qu’on a un problème qui nous semble insoluble, on demande à Dieu de nous venir en aide.
C’est ce qui est arrivé aux apôtres, devant la foule qui était assemblée autour de Jésus pour l’écouter ou pour attendre une guérison, et voyant la fin du jour arriver, ils se tournent vers Jésus pour lui dire : « L’endroit est désert et l’heure est déjà avancée. Renvoie donc la foule : qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la nourriture ! ».
La réponse de Jésus peut sembler surprenante : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. », ce qui pourrait vouloir dire « Débrouiller-vous ! ». Mais ce n’est pas du tout le cas.
En effet, comment Jésus aurait-il pu laisser tous ces gens sans se préoccuper d’eux ?
C’est ce qu’il faisait déjà depuis qu’il avait débarqué en les voyant tous, arrivés là sans rien prévoir, partis sur un coup de tête, ou plutôt un coup de cœur, avec femmes et enfants, pour écouter ’’le maître’’ : « Il fut saisi de compassion envers eux et guérit leurs malades. ».
À l’amour débordant de Jésus envers tous ces gens répond l’attente de ceux-ci pour son enseignement : l’écouter parler de la miséricorde de Dieu qui doit se traduire en une miséricorde entre tous les hommes, le voir guérir les plus petits, ceux que l’on néglige, les malheureux, les malades, les impotents … et louer Dieu pour ses bienfaits.
« Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
« Oui ! Mais comment ? On n’a rien, ou presque : juste « cinq pains et deux poissons ! », c’est complétement dérisoire pour une foule comme celle-ci ! Même pour nous, cela n’est pas suffisant ! ».
C’est peu, c’est sûr, mais il y a déjà une démarche des apôtres qui va dans le bon sens : comme le disait La Fontaine dans le chartier embourbé : « Aide-toi, le Ciel t’aidera ! ».
Car c’est à partir de ce petit peu que Jésus va pouvoir accomplir le miracle de nourrir tout le monde … et de récupérer douze paniers de restes. Il se tourne vers son Père, prononce la bénédiction, rompt les pains, les donne aux apôtres pour qu’ils les distribuent à la foule. Il fera de même lors de la dernière cène …
Jésus prend soin de la foule, il la nourrit gratuitement … de la nourriture terrestre … mais aussi et surtout de la nourriture spirituelle … comme il le fait encore maintenant à chaque messe.
C’est là qu’on peut comprendre le discours d’Isaïe : « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent, sans rien payer. Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses, vous vous régalerez de viandes savoureuses ! Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez. » (Is 55,1-3).
Écouter l’enseignement de Jésus, comme le fit la foule. Écouter l’enseignement de Jésus, comme nous devons le faire, pas distraitement, mais avec attention … et le mettre en pratique …
Écoutons la Parole de Dieu, communions au pain de vie, laissons-nous envahir par l’amour de Dieu, toutes choses qu’il nous donne gratuitement … pour que nous allions vivre de l’amour de Dieu et devenions des témoins de son amour pour tous les hommes.
« Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
C’est ce que Dieu continue de dire à chacun de nous : donnez à ceux qui ont faim … du pain, de l’amour, de la reconnaissance, de l’espoir, de l’attention …
On ne s’en sent pas capable ? Il suffit de peu … ne serait-ce que la volonté de le faire ! Le reste, c’est l’affaire de Dieu …avec nous …
Seigneur Jésus,
puissions-nous être comme cette foule
qui quitte toutes ses occupations
et marche longtemps
pour aller t’écouter !
Tu l’as nourrie de ta Parole
et lui as donné à manger,
gratuitement !
Et que nous puissions rassasier
toutes les faims des hommes …
avec ton aide !
Francis Cousin
Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après: