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27ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 21, 33-43) – par le Diacre Jacques FOURNIER

« La parabole des vignerons homicides »…

(Mt 21, 33-43)

  En ce temps-là,  Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « Écoutez une autre parabole : Un homme était propriétaire d’un domaine ; il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons, et partit en voyage.
Quand arriva le temps des fruits, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de sa vigne.
Mais les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent le troisième.
De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs plus nombreux que les premiers ; mais on les traita de la même façon.
Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : “Ils respecteront mon fils.”
Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : “Voici l’héritier : venez ! tuons-le, nous aurons son héritage !”
Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent.
Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? »
On lui répond : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en remettront le produit en temps voulu. »
Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : ‘La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux !’
Aussi, je vous le dis : Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits. »

       

                      

Avec cette parabole, Jésus fait allusion au prophète Isaïe (Is 5), qui avait évoqué le Peuple d’Israël avec l’image d’une vigne. Mais en Isaïe c’est Dieu qui en est le propriétaire, alors que Jésus parle ici « d’un homme », allusion discrète à son Mystère. Il est en effet ce Fils « né du Père avant tous les siècles, Dieu né de Dieu » qui, « pour nous et notre salut a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme ». Vrai Dieu et vrai homme, « par qui tout a été fait » (Jn 1,3), Israël et l’humanité tout entière…

Il introduit ensuite dans la parabole une nouvelle image, qui n’apparaît pas en Isaïe : celle des « vignerons ». Leur rôle est de travailler la vigne, d’en prendre soin, pour lui permettre de donner le meilleur d’elle-même. Ils n’oublieront pas qu’ils n’en sont pas les propriétaires, mais des serviteurs appelés,  au moment de la récolte, à donner à qui de droit les fruits qu’elle aura portés. Qui représentent-ils ? « Les Grands Prêtres et les Pharisiens comprirent bien qu’il les visait ». Hélas, eux et leurs prédécesseurs ont voulu garder pour eux et pour eux seuls le produit de la vigne, prenant ainsi la place du propriétaire… Ils n’ont plus voulu servir, obéir, donner, mais être servis, commander et tout garder pour eux… Péché de l’homme, vieux comme le monde…

Aussi quand le propriétaire de la vigne envoie ses serviteurs, les prophètes, pour leur rappeler leur condition véritable, ils ne veulent rien entendre. Ils les « battent », les « tuent », les « lapident »… Puis Jésus modifie encore la parabole, second clin d’œil à son Mystère, en introduisant l’image du fils : le propriétaire décide d’envoyer « son fils en disant : « Ils respecteront mon fils » ». Nous atteignons ici le sommet du texte : la révélation brille avec une intensité toute particulière. Sera-t-elle accueillie ? Non, elle ne fera qu’endurcir encore plus le cœur de ces hommes : ils reconnaîtront bien le Fils, « Celui-ci est l’héritier », mais ils ne veulent pas se repentir : « « Venez, tuons-le et nous aurons son héritage » Et le saisissant, ils le jetèrent hors de la vigne », allusion à la mort de Jésus « hors des » remparts de Jérusalem, « et le tuèrent »…

Quelle folie ! Toute la mission du Fils Unique est en effet d’inviter tous les hommes à partager son héritage. Et quel est-il ? Rien de moins que cette Plénitude de vie divine qu’il reçoit de toute éternité du Père, ce Don par lequel le Père l’engendre « avant tous les siècles » en Fils « de même nature que le Père ». « Recevez l’Esprit Saint », dira le Christ Ressuscité à ses disciples (Jn 20,22), « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63), « l’Esprit qui est vie » (Ga 5,25). « Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils », écrira St Paul, « et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si du moins nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire » (Rm 8,14-17)…

                                                                                                                      DJF




26ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 21,28-32) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

Les lectures de ce 26ème dimanche nous invitent une fois de plus à convertir nos faux jugements.

Dans la première lecture, le prophète Ézékiel s’adresse au peuple Juif qui a été déporté loin de sa terre natale. Beaucoup pensait que cet exil dans les territoires païens était à cause des fautes des générations passées. Le prophète met réagit contre cette mentalité : il rappelle et ramène chacun à ses responsabilités.

Nous pouvons tirer une leçon de cette lecture : nous avons-nous-aussi à changer nos mentalités ! N’alimentons pas ces tendances à rechercher des boucs émissaires à tous les problèmes que nous rencontrons. N’accusons pas trop vite les autres et encore moins Dieu : « La conduite du Seigneur n’est pas bonne. » Il peut nous arriver dans nos déboires de penser que Dieu n’agit pas bien envers nous, qu’il ne nous comprend pas ou qu’il est il est injuste avec nous.

Chacun est invité à reconnaître ses propres responsabilités dans les situations que nous vivons, sommes-nous certains que notre conduite est toujours bonne ? Comme le suggère la première lecture, nous pouvons nous demander en vérité si certains de nos comportements ne se détournent pas de la justice de Dieu ? Nous reprochons souvent aux autres leurs méchancetés mais qu’en est-il de chacun de nous personnellement ?

Dans la deuxième lecture, saint Paul nous invite à convertir nos dispositions intérieures. Il nous exhorte avant tout à rechercher l’unité entre nous tous. Il pointe deux attitudes qui nuisent à cette unité : les intrigants (c’est-à-dire les opportunistes, les arrivistes) et les vaniteux.

Paul pointe aussi deux attitudes qui construisent l’unité : la compassion (le réconfort mutuel) et l’humilité : « ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes ». Il s’agit d’opter pour les mêmes « dispositions qui sont dans le Christ Jésus » : Le Christ s’est abaissé jusqu’à accepté par amour la mort sur la croix pour sauver ses frères.

Comment cet enseignement de Paul nous interpelle-t-il personnellement ce dimanche ? Quelles sont nos véritables dispositions intérieures ? Qu’en est-il de notre égo ? Le chemin de l’humilité passe par l’abaissement…

Dans l’Évangile, Jésus nous raconte la parabole de deux fils qui sont priés par leur père d’aller travailler à sa vigne. Le premier refusa mais après s’être repenti, il y alla. Le second donne son accord au Père, « oui, Seigneur ! » Mais il n’y alla pas.

Cette parabole nous invite à convertir les « OUI » et les « NON » que nous adressons à Dieu et aux autres. Sommes-nous toujours des personnes de parole ? Jésus nous invite à reconnaître nos propres manques dans nos paroles données et non respectées. Il nous invite aussi à être davantage indulgents et miséricordieux envers les manques des autres.

Ne classons pas trop vite les autres dans la case des « irrécupérables », leur « NON » pourrait devenir un jour un « OUI ». Il en est de même pour chacun de nous. Nous sommes parfois trop sûrs de nous, de nos points de vue. Il n’est jamais trop tard pour revenir à Dieu et il est toujours possible de nous convertir pour entreprendre des relations plus positives, davantage animées par la confiance avec les autres mais à condition de le montrer.

Par ailleurs, ne banalisons pas nos « oui… mais non », nos indécisions… C’est bien sur ce point que nous sommes invités à changer nos cœurs. Notre relation à Dieu, aux autres et à nous-même ne sera jamais au beau fixe si nous ne changeons pas nos comportements pour de vrais « OUI ».

Demandons au Seigneur que chacun puisse faire son examen de conscience sur les enseignements des lectures de ce dimanche. Les appels qui nous sont faits sont vue du Royaume de Dieu, de la Vie éternelle dans le Christ.

Ensemble, prions le Seigneur :

Seigneur Jésus, ouvre nos cœurs à ta Parole, apprends-nous l’humilité et l’obéissance. Apprends-nous à poser les justes « OUI » et les justes « NON » dans les évènements et les rencontres de nos vies. Toi notre Seigneur, « à la gloire de Dieu le Père ». Amen.




Audience Générale du Mercredi 27 septembre 2023

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 27 septembre 2023


Catéchèse – Le voyage apostolique à Marseille à l’occasion des Rencontres Méditerranéennes 

Chers frères et sœurs, bonjour !

A la fin de la semaine dernière, je me suis rendu à Marseille pour participer à la clôture des Rencontres Méditerranéennes, qui ont réuni des évêques et des maires du pourtour méditerranéen, ainsi que de nombreux jeunes, afin de tourner le regard vers l’avenir. L’événement marseillais s’intitulait d’ailleurs « Mosaïque d’espérance ». Tel est le rêve, tel est le défi : que la Méditerranée retrouve sa vocation, être un laboratoire de civilisation et de paix.

La Méditerranée, nous le savons, est un berceau de civilisation, et un berceau, c’est pour la vie ! Ce n’est pas tolérable qu’elle devienne un tombeau, ni une zone de conflit. La mer Méditerranée est ce qui s’oppose le plus au choc des civilisations, à la guerre, à la traite des êtres humains. C’est tout le contraire, parce que la Méditerranée met en relation l’Afrique, l’Asie et l’Europe ; le nord et le sud, l’orient et l’occident ; les personnes et les cultures, les peuples et les langues, les philosophies et les religions. Bien sûr, la mer est toujours en quelque sorte un abîme à franchir, et elle peut aussi devenir périlleuse. Mais ses eaux recèlent des trésors de vie, ses vagues et ses vents portent des navires de toutes sortes.

Depuis sa rive orientale, il y a deux mille ans, est parti l’Évangile de Jésus-Christ.

[Son annonce] naturellement ne se fait pas par magie et n’est pas acquis une fois pour toutes. C’est le fruit d’un parcours où chaque génération est appelée à faire un bout de chemin, en lisant les signes des temps qu’elle vit.

La rencontre de Marseille fait suite à celles qui se sont tenues à Bari en 2020 et à Florence l’année dernière. Il ne s’agit pas d’un événement isolé, mais d’un pas en avant dans un itinéraire qui trouve son origine dans les « Colloques méditerranéens » organisés par le maire Giorgio La Pira à Florence à la fin des années 1950. Un pas en avant pour répondre, aujourd’hui, à l’appel lancé par saint Paul VI dans son encyclique Populorum Progressio, pour « la promotion d’un monde plus humain pour tous, un monde où tous auront à donner et à recevoir, sans que le progrès des uns soit un obstacle au développement des autres. » (n° 44).

Qu’est-ce qui résulte de l’événement de Marseille ? Un regard sur la Méditerranée que je définirais comme simplement humain, ni idéologique, ni stratégique, ni politiquement correct, ni instrumental, humain, c’est-à-dire capable de tout rapporter à la valeur primordiale de la personne humaine et à sa dignité inviolable. Ensuite en même temps, est apparu un regard d’espérance. C’est aujourd’hui très surprenant : quand on écoute des témoins qui ont vécu des situations inhumaines ou qui les ont partagées, et que c’est d’eux que l’on reçoit une  » profession d’espérance « . Et même c’est un regard de fraternité.

Frères et sœurs, cette espérance, cette fraternité ne doit pas « se volatiliser », non, au contraire, elle doit s’organiser, se concrétiser dans des actions à long, moyen et court terme. Afin que les personnes, en toute dignité, puissent choisir d’émigrer ou de ne pas émigrer. La Méditerranée doit être un message d’espérance.

Mais il y a un autre aspect complémentaire : il faut redonner de l’espérance à nos sociétés européennes, spécialement aux nouvelles générations. En effet, comment accueillir les autres si nous n’avons pas nous-mêmes un horizon ouvert sur l’avenir ? Comment des jeunes sans espérance, enfermés dans leur vie privatisée, préoccupés par la gestion de leur précarité, peuvent-ils s’ouvrir à la rencontre et au partage ? Nos sociétés tant de fois malades de l’individualisme, du consumérisme et de l’évasion vide ont besoin de s’ouvrir, d’oxygéner leurs âmes et leurs esprits pour pouvoir lire la crise comme une opportunité et l’affronter de manière positive.

L’Europe a besoin de retrouver passion et enthousiasme, et à Marseille je peux dire que je les ai trouvés : dans son Pasteur, le Cardinal Aveline, dans les prêtres et les consacrés, dans les fidèles laïcs engagés dans la charité, dans l’éducation, dans le peuple de Dieu qui a manifesté une grande chaleur lors de la Messe au Stade Vélodrome. Je les remercie tous, ainsi que le Président de la République, dont la présence a témoigné de l’attention de la France entière à l’égard de l’événement de Marseille. Que Notre-Dame, que les Marseillais vénèrent sous le nom de Notre-Dame de la Garde, accompagne le chemin des peuples de la Méditerranée, afin que cette région devienne ce qu’elle a toujours été appelée à être : une mosaïque de civilisation et d’espérance.


Je salue cordialement les pèlerins de langue française.

Chers frères et sœurs, l’Europe a besoin de retrouver la passion et l’enthousiasme que j’ai trouvés à Marseille, chez son Pasteur, chez les prêtres, les consacrés et les nombreux fidèles engagés dans la charité et l’éducation.

Puisse Notre Dame de la Garde, vénérée par les Marseillais, accompagner le chemin des peuples de la Méditerranée afin que cette région devienne ce qu’elle est appelée à être : une mosaïque de civilisation et d’espérance.

Que Dieu vous bénisse !




26ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 21, 28-32) – par Francis COUSIN

« Paroles … paroles … paroles ! »

Nous arrivons dans la dernière semaine de la vie de Jésus. Il est entré dans Jérusalem, accueilli comme un roi par une grande foule, et il va dans le Temple d’où il chasse tous les marchands.

Le lendemain, il retourne dans le Temple et il enseigne quand il est interpellé par les grands prêtres et les anciens du peuple : « Par quelle autorité fais-tu cela, et qui t’a donné cette autorité ? ».

En bon juif, Jésus répondit par une autre question : « Le baptême de Jean, d’où venait-il ? du ciel ou des hommes ? ». Et ils ne surent que répondre. D’où sans doute la référence à Jean-Baptiste à la fin du passage de ce jour, et au fait que les prostituées et les publicains avaient cru en ses annonces.

Et Jésus leur propose alors une parabole : « Un homme avait deux fils. » … Cela commence de la même manière que la parabole du Fils prodigue (Lc 15,11,32), avec un peu le même sens, mais ici, Jésus met davantage l’accent sur les réponses des enfants que sur l’action du Père.

Cet homme dit à chacun de ses deux enfants : « Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne. ». Le premier lui dit « non », mais, « s’étant repenti, il y alla. ». Le second dit « oui », mais n’y alla pas.

« Lequel des deux a fait la volonté du père ? »

La réponse est tellement évidente que là, ils étaient obligés de répondre : « Le premier ».

Le premier, c’est-à-dire celui qui avait commencer par dire « non », mais qui ayant réfléchi, s’est rendu compte qu’il avait offensé son père en refusant sa demande, et ayant regretté sa parole va à la vigne sans même prévenir son père. Le changement d’attitude se fait en premier lieu dans son cœur, sans autre considération matérielle (comme la famine dans le cas du fils prodigue). Un changement qui va réjouir à la fois le cœur du fils et le cœur du père, c’est-à-dire de Dieu.

Cette demande du père à son fils, c’est en fait la demande que ne cesse de nous faire Dieu : « Allez, vous aussi, travailler à ma vigne. » (Évangile de dimanche dernier), dit autrement à la fin de l’évangile de Mattieu : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples. » (Mt,28-19).

C’est le troisième terme du synode : « Pour une Église synodale : communion, participation, mission » dont la première assemblée générale a lieu ce mois-ci à Rome.

Mais insister sur le fils qui réjouit son père ne doit pas nous aire oublier l’autre fils : celui qui dit « oui » mais ne fait pas.

En effet, s’il nous arrive de faire comme le premier, … il nous arrive aussi de faire comme le second, et bien plus souvent qu’on ne croit : Combien de fois nous arrive-t-il de dire : « Oui, pas de problème, je m’en occupe … » et puis on oublie, on pense à autre chose qui nous semble plus important, le temps passe … et finalement, on ne fait rien … non par volonté de ne pas faire, mais le résultat est le même …On n’a pas fait la volonté du Père …

Comme le dit l’adage : « Il ne faut jamais remettre au lendemain ce que l‘on peut faire le jour-même. ».

Nous sommes tous à la fois le premier fils et le second fils, selon les moments …

À la fin du passage, Jésus dit aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; mais les publicains et les prostituées y ont cru. », leur reprochant de ne pas s’être repentis par la suite.

Deux professions, l’une masculine : les publicains, considérés comme des traitres à la nation juive, l’autre féminine : les prostituées, car contraire au septième commandement, … car leurs membres ont cru à la parole de Jean-Baptiste, et ils se sont repentis

« Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. » (Mc 2,17).

« C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. » (Luc 15,7).

Jésus a toujours eu une prédilection pour les pécheurs surtout ceux qui se convertissent, et il l’a toujours, tout comme Dieu son Père.

Il accueille Mathieu, publicain, parmi ses apôtres ; il se laisse parfumer les pieds par une prostituée chez Simon le pharisien, il pardonne à la femme adultère « Va, et ne pèche plus ! », et surtout, il mourra entouré de deux brigands, dont l’un, le bon larron, qu’on appelle Dismas, sera le premier à entrer dans le Paradis, non pas à la fin des temps, mais tout-de-suite : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23,43).

« Le message de la parabole est clair : ce ne sont pas les paroles qui comptent, mais c’est l’agir, les actes de conversion et de foi. Jésus – nous l’avons entendu – adresse ce message aux grands prêtres et aux anciens du peuple d’Israël, c’est-à-dire aux experts en religion dans son peuple. Eux, d’abord, disent « oui » à la volonté de Dieu. Mais leur religiosité devient routine, et Dieu ne les inquiète plus. Pour cela, ils ressentent le message de Jean-Baptiste et le message de Jésus comme quelque chose qui dérange. (…)

Traduite en langage de ce temps, l’affirmation pourrait correspondre plus ou moins à ceci : les agnostiques qui, au sujet de la question de Dieu, ne trouvent pas la paix ; les personnes qui souffrent à cause de leurs péchés et ont le désir d’un cœur pur, sont plus proches du Royaume de Dieu que ne le sont les fidèles « de routine » qui, dans l’Église, voient désormais seulement ce qui paraît, sans que leur cœur soit touché par la foi. » (Pape Benoit XVI, 25/9/2011)

Seigneur Jésus,

paroles entendues,

paroles écoutées,

paroles oubliées …

mais que ta Parole, Seigneur,

reste gravée dans nos cœurs,

même si elle nous dérange,

pour que nous puissions l’annoncer

en paroles et en actes

à tous nos frères.

 

Francis Cousin

 

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Prière dim ord A 26°

 




26ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

 “OUI ” ou “NON” ?

Mt 21, 28-32

Nous connaissons tous ces deux enfants aux caractères différents évoqués par la parabole de Jésus : s’ils ne sont pas dans notre famille, ils n’en sont pas loin. Chacun de nous peut mettre un nom sur ce gosse à la « tête de mule », mais au « cœur d’or », toujours prêt à se rebiffer tant il a peur que l’on attente à sa liberté, mais qui, sans rien dire, va faire ce qu’on lui a demandé. Il est bien connu aussi cet autre, toujours souriant, facile à vivre, répondant au quart de tour, «oui, papa », «tout de suite, maman », mais que l’on retrouve une heure après, toujours plongé dans sa lecture, sans avoir bougé le petit doigt. Nous-mêmes, nous, les adultes réfléchis et sérieux, nous ne parlons jamais à tort et à travers ? Est-ce-que nous faisons toujours ce que nous avons promis ? Nos paroles sont-elles toujours le commencement d’une action ? Ce que nous faisons est-il toujours en accord avec ce que nous avons dit ?

Il est si facile de parler, de promettre, de rêver, de projeter, de s’enthousiasmer. Il est curieux de constater que ces vaines promesses s’appellent souvent des  » belles paroles « . Les intentions sont belles, généreuses, pleines de dévouement – belles, trop belles, parce qu’elles ne sont suivies d’aucun effet – Et de ces paroles, avec les médias, nous en sommes saturés, rassasiés : paroles des représentants d’aspirateurs, paroles de charlatans à peser au kilo, paroles des hommes politiques avec leurs programmes célestes, paroles des faux prophètes, des philosophes, des pseudo-intellectuels, s’entassent et pourrissent dans nos paquets de journaux ou envolées aux quatre vents, repoussées par les paroles de ceux qui disent le contraire.

Paroles, paroles, paroles : c’est le titre d’une chanson fort connue, qui, elle aussi, sera oubliée à son tour.

Eh bien, dans notre vie chrétienne, malheureusement, c’est, hélas, aussi la même chose. Combien de fois avons-nous dit « oui, Seigneur » sans bouger, bien installés dans nos habitudes et nos routines… Combien de fois nous sommes-nous mis à l’abri de l’aventure évangélique, ne laissant au Père aucune chance de transformer notre cœur de pierre en un cœur de chair vis-à-vis sa grâce qui pourrait nous envahir, nous emporter dans un autre monde, celui de la vie divine ?

Nous nous sommes, au cours des années, tellement endurcis, que nous faisons semblant de ne plus être étonnés lorsque le Seigneur nous dit que les publicains et les prostituées nous précéderont au Royaume des cieux !

Et en fait, aucun d’entre nous, n’est prêt à parier un centime sur ces ‟filles des rues” ou sur ces « moins que rien » : pour nous, ils n’ont aucune chance d’être des signes de l’amour de Dieu ? Notre monde pourtant ne manque pas de pauvres, de petits, de prophètes : échos de la voix du Seigneur. Ce que veut dénoncer le Seigneur, dans cet Évangile d’aujourd’hui, ce ne sont pas les bêtises que nous aurons faites en croyant bien faire, non, le véritable scandale, c’est notre passivité, nos  » oui, Seigneur  » qui sont autant de provocations.

Nous serions déjà des saints, mes frères, de grands saints, si nous avions mis en pratique tout ce que nous avons promis au Seigneur « Seigneur, nous irons jusqu’au bout du monde avec toi ».

 

Nous sommes toujours sur la ligne de départ. Nous rêvons notre vie chrétienne, nous faisons des projets, nous prenons des résolutions, nous disons « marchons, marchons» sans risquer un pas en avant !

Et lorsque, par aventure, certains d’entre nous, prennent au sérieux l’Evangile et qu’ils se détachent de notre groupe immobile : l’abbé Pierre, sœur Emmanuelle, Jean Vanier, père Pedro ou mère Theresa, nous les taxons de témérité, d’utopiques, ou nous disons qu’ils ont de la chance d’avoir ce courage, mais que ce n’est pas pour nous ! Et nous restons sur le bord du trottoir à regarder passer ceux qui ont eu la folie de prendre l’Évangile pour le programme d’une vie réelle. Ils n’ont peut-être rien dit, mais ils ont fait !

Heureusement, frères et sœurs, il est toujours temps de quitter nos chemins de médiocrité, de descendre des échelles de nos valeurs terrestres, de quitter les chevaux de nos grands principes : « Tu parles, tu déclares, tu proclames, tu juges, tu rends des sentences sur les uns et sur les autres, tu réformes le monde au café du commerce avec les amis, tu es toujours en train de graisser l’axe du monde avec des gens intelligents comme toi ». Mais qu’est-ce-que tu fais pour ce monde ? Comment réagis-tu dans des situations immédiates dans lesquelles tu pourrais intervenir ? Seras-tu simplement spectateur et solitaire ou acteur et solidaire ?

Rappelez-vous l’Evangile de dimanche dernier, ‟les embauches à la vigne”. Peu importe l’heure à laquelle nous irons travailler à la vigne : à midi, à trois heures, à cinq heures = la seule chose qui compte c’est d’y aller, c’est de se faire embaucher par le Seigneur au service du Royaume de Dieu, au lieu de rester sur place à bavarder gentiment pendant que les autres travaillent à la vigne.

Le chrétien n’est pas celui qui se contente de dire « oui » au Seigneur, ni celui qui se complaît dans de belles paroles ou de belles promesses, ni celui qui a une  » foi cérébrale » en Dieu.

Le Juste, le Vrai, c’est celui qui ayant la foi, la met en pratique, c’est celui qui passe de la « foi  » aux « œuvres« , du « Dire » au « Faire« , de la « parole » à  » l’action » ; autrement dit : celui qui ‟ vit ce qu’il croit ” .

Tout cela suppose une conversion perpétuelle, une mise en question incessante, une dynamique permanente et donne sa chance à chacun quel qu’il soit et cela à n’importe quel moment, qui que nous soyons :

« Le juste pourra mourir dans la perversité, nous rappelle Ezéchiel, et le méchant en se détournant de sa méchanceté peut sauver sa vie ».

Il n’y a rien de joué d’avance « parce qu’il a ouvert les yeux pendant qu’il en était encore temps, parce qu’il s’est détourné de ses fautes, il ne mourra pas : il vivra ! »

Savoir saisir l’occasion de la grâce offerte par Dieu, pour changer, pour se lancer, pour aller suivre enfin l’Evangile : tout homme possède à tout moment la chance de refaire sa vie. La main de Dieu nous est toujours tendue ; à nous de la saisir. Souvent nous nous posons la question, que l’on posait déjà au Seigneur : « Qui donc sera sauvé au dernier jour ? »

Il nous est maintenant facile de répondre : « Tous ceux qui auront mis leur confiance dans le Christ, qui auront mis cette confiance en pratique et qui auront persévéré dans leur projet ».

Mais attention ! Le Salut n’est jamais acquis une fois pour toutes.

Nous pouvons dire  » non  » au Seigneur après lui avoir dit « oui « .

Nous pouvons lui dire  » oui  » après lui avoir dit  » non ».

L’essentiel, c’est de demeurer fidèles à votre foi et de vivre de cette foi pour être sauvé. La foi, sans les œuvres, sans la pratique, est une foi morte qui ne peut sauver personne. AMEN




26ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 21, 28-32)- par le Diacre Jacques FOURNIER

«Que votre Oui soit Oui »

(Mt 21, 28-32)

  En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple :
« Quel est votre avis ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : “Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.”
Celui-ci répondit : “Je ne veux pas.” Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla.
Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière. Celui-ci répondit : “Oui, Seigneur !” et il n’y alla pas.
Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent : « Le premier. » Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu.
Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; mais les publicains et les prostituées y ont cru. Tandis que vous, après avoir vu cela, vous ne vous êtes même pas repentis plus tard pour croire à sa parole. »

       

                       « Un homme avait deux fils ». L’un agira bien, l’autre mal, mais les deux sont ses fils et cela, rien ni personne ne pourra le changer. Le Père s’adresse donc ici à tous les hommes, quels qu’ils soient, quoiqu’ils fassent, et tous sont ses enfants, « créés à son image et ressemblance » (Gn 1,26-28).

            « Il vint trouver le premier et lui dit : « Mon enfant » », et l’on pourrait continuer avec le prophète Isaïe : « Tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t’aime » (Is 43,4). « Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n’as de répulsion envers aucune de tes œuvres ; si tu avais haï quoi que ce soit, tu ne l’aurais pas créé » (Sg 11,24).

            S’adressant à son enfant, dans l’amour, le Père va solliciter sa liberté, et il la respectera infiniment : « Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne. » Personne d’autre que son enfant ne répondra à sa place… « Je ne veux pas » dit-il… Le Père ne lui proposait pourtant qu’un chemin de vie, pour son seul bien… « Je te propose la vie ou la mort… Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez ! » (Dt 30,19). Dieu, de son côté, ne veut que la vie pour son enfant, pour tous ses enfants, pour tout homme, et cela de tout son être ! Et il est infini ! La détermination et la force de son vouloir sont donc eux aussi infinis : rien ni personne ne le fera jamais changer d’avis ! Mais il ne peut contraindre qui que ce soit à recevoir son trésor (Mt 13,44), cette Plénitude qu’il veut donner à tous (Col 2,9-10 ; Ep 5,18 ; 1Th 4,8)… C’est à nous de lui dire librement : « Oui, je le veux ! » Dieu, de son côté, a déjà dit son « Je le veux ! », en nous créant… Et ce « Je le veux ! » est inaltérable, inébranlable : il ne peut qu’être éternel, comme Dieu lui-même… Mais il n’atteindra pleinement son but qu’au jour où nous lui donnerons enfin notre « Oui ! », de tout cœur… Ainsi, cet enfant qui avait commencé par dire « Je ne veux pas », « se repentit », et puisque, pour Dieu, la porte est toujours ouverte (Ap 21,25), et ses bras grands ouverts, « il y alla », enfin… Et c’est Dieu Lui-même qui, bouleversé d’amour et de compassion, va « courir se jeter à son cou et l’embrasser tendrement » (Lc 15,20).

            Mais nous ne le savons que trop bien : notre « Oui ! » est fragile, notre « Je veux ! » inconstant (Rm 7,14-25). Mais c’est justement ce tréfonds de notre être blessé, incapable de s’en sortir par lui-même, que Dieu attend et veut guérir, si nous acceptons de le lui offrir… Et ce que nous ne pouvons pas par nous-mêmes, Lui, il le peut et il le fera, il l’a promis, car il veut de tout son être notre salut, notre Plénitude, notre Bonheur éternel, avec Lui… DJF




25ième Dimanche du Temps Ordinaire par le Diacre Alexandre ROGALA

« Allez à ma vigne, vous aussi,

et je vous donnerai ce qui est juste. »

Et qu’est-ce qui est juste ?

Il me semble que les textes proposés par la liturgie nous invitent à une conversion, c’est à dire à un changement de pensée. Ce dimanche nous sommes invités à dépasser notre conception humaine de la justice, qui est fondée sur le mérite. Les lectures que nous avons entendues nous font entrer dans la logique de la justice du Royaume des cieux, qui est une logique de gratuité et de miséricorde.

La première lecture est un extrait du chapitre 55 du Livre du prophète Isaïe. L’auteur écrit vers la fin de l’exil à Babylone aux alentours de 550-540 avant J.C. À cette époque, Cyrus le roi de Perse monte en puissance, et le prophète devine que le peuple d’Israël exilé va bientôt pouvoir rentrer en Terre Promise, quand l’empire babylonien sera défait par les armées de Cyrus. De fait, Cyrus permettra aux israélites exilés de rentrer chez eux en 538 av. J.C.

Dans le texte que nous avons entendu, le prophète s’adresse aux fidèles qui se préparent à repeupler Jérusalem pour leur préciser les conditions de leur bonheur. Il les exhorte à se convertir, et à faire confiance à la miséricorde de Dieu:

« Que le méchant abandonne son chemin, et lhomme perfide, ses pensées ! Quil revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon. »

Le Seigneur pardonne toujours aux hommes gratuitement, sans aucun mérite de leur part, si ce n’est celui de Le chercher et de revenir à Lui. Cette gratuité totale est déconcertante. Elle peut même nous paraitre injuste. Isaïe en donne plus loin la raison :

« Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. »

Dans le texte d’évangile de ce dimanche, Jésus veut parler à ses disciples de la justice du Royaume des cieux qui est bien différente de la justice humaine, pour ne pas dire contraire à celle-ci. Pour cela, Jésus leur propose d’écouter une parabole. Il s’agit de la parabole que nous avons l’habitude de désigner comme « la parabole des ouvriers de la dernière heure ».

Comme à son habitude, Jésus prend une image de la vie quotidienne de son temps. Au Ier siècle, dans la viticulture, il était assez courant d’embaucher des ouvriers journaliers quand on avait besoin de main-d’œuvre, notamment lors des vendanges.

Dans notre parabole, un accord sur le montant du salaire n’est conclu qu’avec le premier groupe de travailleurs. Il s’agit d’un denier, ce qui correspond au salaire habituel pour une journée de travail. Un denier (une pièce d’argent) n’est pas un salaire élevé, mais il assure ce qui est nécessaire pour vivre. On pourrait dire qu’un denier est le SMIC de l’époque de Jésus. Le maitre de la maison promet aux deux groupes de travailleurs suivants, de leur donner « ce qui est juste ». Au dernier groupe, le propriétaire de la vigne ne promet rien.

Au moment du versement de salaire, l’intendant a pour consigne de payer les ouvriers en commençant par les derniers à qui rien n’avait été promis. Les premiers travailleurs se scandalisent quand ils constatent que les ouvriers arrivés en dernier à la vigne reçoivent exactement le même salaire qu’eux. Il est possible que nous trouvions nous-aussi, la situation décrite dans la parabole injuste. Ce sentiment d’injustice que nous ressentons indique que nous avons encore besoin de conversion pour entrer dans la logique du Royaume.

Le personnage du maître de la vigne évoque le Christ à la fin des temps au jour du jugement, car le versement du salaire a lieu « le soir venu » (v. 8). Et puisque, nous sommes dans une parabole sur le Royaume des cieux, il est vraisemblable que la vigne dans laquelle le maître envoie des ouvriers, représente le Royaume.

Le maître de la vigne aurait pu avoir la paix s’il avait commencé par payer les premiers ouvriers, qui seraient partis avec leur salaire, sans savoir que les derniers recevraient la même somme d’argent. Mais si le maitre choisit de commencer par les derniers, c’est précisément parce qu’il veut leur enseigner quelque chose.

Apprenons donc du maître de la vigne en même temps que les premiers ouvriers.

Le premier enseignement de la parabole porte sur la façon dont Dieu, exerce sa justice. Le fait que les quatre groupes de travailleurs reçoivent le même salaire, signifie que ce salaire d’un denier est « ce qui est juste ». Comme nous l’avons dit plus haut, à l’époque de Jésus, le salaire d’un denier assurait ce qui était nécessaire pour vivre ; un denier permettait de subvenir à ses besoins quotidiens.                                                                                            Nous comprenons que la justice du propriétaire de la vigne, c’est à dire la justice de Dieu, est que chacun obtienne ce dont il a besoin pour vivre. C’est pourquoi, ce qui détermine la façon dont Dieu exerce sa justice, ce n’est pas la quantité de travail, ce n’est pas le mérite. Ce qui détermine la façon dont Dieu exerce sa justice, c’est la miséricorde.

Deuxièmement, si au jour du jugement, tous ceux qui ont travaillé à l’avènement du Royaume recevront exactement le même salaire, il est inutile de chercher à détenir une position ou un statut privilégié au sein de la communauté chrétienne.

Enfin, la fin de la parabole semble nous interroger personnellement: «  ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ? » (v. 15). Ne m’arrive t-il pas de me comparer aux autres ? Ne m’arrive t-il pas de me scandaliser de la bonté que Dieu manifeste à quelqu’un pour qui j’ai peu d’estime ? Ne m’arrive t-il pas de me demander pourquoi mon supérieur hiérarchique a choisi de donner telle opportunité à quelqu’un d’autre que moi, alors que j’étais plus méritant ? Toutes les questions de ce type sont inutiles. Elles ne sont que des reflets de notre méchanceté.

L’autre jour, je discutais avec une jeune fille qui est salariée dans la maison mère d’une congrégation religieuse. Cette jeune fille me disait qu’elle aimait tellement son travail, qu’elle se donnait à fond, et faisait des heures supplémentaires même si celles-ci n’étaient pas payées. Cette jeune fille est en CDD, et son contrat de travail se terminera en décembre. Je connais une autre fille qui travaille dans le même service et qui elle, est en CDI. Cependant pour celle-ci, ce travail n’est qu’un boulot alimentaire. Elle ne l’aime pas spécialement. C’est pourquoi, au travail elle ne fait que le strict minimum. Il y aurait de quoi crier à l’injustice ! Comment se fait-il que quelqu’un qui n’est pas motivé et qui ne fait pas grand chose au travail, ait un meilleur contrat de travail que quelqu’un de plus motivé et de plus méritant !? Et pourtant, quand j’ai discuté avec la première jeune fille, celle qui en CDD, à aucun moment, elle ne s’est comparée avec l’autre salariée. À aucun moment, elle ne l’a critiqué. Cette jeune fille se réjouissait simplement de pouvoir faire un travail qui lui plaisait.

C’est un bel exemple d’attitude évangélique : elle ne se compare pas inutilement aux autres, mais elle vit dans l’action de grâce.

À l’exemple de cette jeune fille, ayons nous aussi une vie digne de l’évangile. Nous avons entendu l’exhortation de saint Paul dans la deuxième lecture: « Quant à vous, ayez un comportement digne de l’Évangile du Christ » (Ph 1, 27).

Quand il écrit aux Philippiens, saint Paul est en prison. L’Apôtre est seul et sent sa mort prochaine. De plus, certains missionnaires chrétiens dénigrent Paul, ce qui rend vraisemblablement sa captivité encore plus pénible.

Saint Paul est dans l’incertitude, et se prépare au pire. Toutefois, il sait que depuis le jour où il a reçu sa vocation d’apôtre, il a tout donné pour l’Évangile du Christ. Il ne craint donc pas la mort. S’il sort vivant de sa captivité, il reprendra sa mission d’évangélisation, et s’il meurt, il a la certitude qu’il sera récompensé.

L’attitude de saint Paul est différente de celle des premiers ouvriers de la parabole qui récriminent contre le maître quand ils voient que les derniers arrivés reçoivent le même salaire alors qu’il n’ont presque pas travaillé. L’Apôtre ne compare son travail apostolique à celui des autres missionnaires chrétiens qui par jalousie, le discréditent. Saint Paul est simplement heureux du salaire qu’il est certain de recevoir le jour de sa mort. Que celle-ci soit lointaine, ou proche, l’Apôtre sait qu’il est sauvé et qu’il sera éternellement avec le Christ.

Que le Seigneur nous accorde de réaliser la grâce que nous avons d’être sauvés alors que nous n’avons pas plus de mérite que les ouvriers de la dernière heure, et qu’ainsi nous puissions toujours lui rendre grâce. Amen !




Audience Générale du Mercredi 20 septembre 2023

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 20 septembre 2023


Catéchèse – La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant – 21. Saint Daniel Comboni, apôtre de l’Afrique et prophète de la mission

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans notre parcours de la catéchèse sur la passion évangélisatrice, c’est-à-dire le zèle apostolique, aujourd’hui nous nous arrêtons sur le témoignage de Saint Daniel Comboni. Il fut un apôtre plein de zèle pour l’Afrique. De ces peuples, il écrivait : « ils ont pris possession de mon cœur qui ne vit que pour eux » C’est beau ! (Ecrits, 941), « je mourrai avec l’Afrique sur les lèvres » (Ecrits, 1441). Et c’est à eux qu’il s’adresse en ces termes : « le plus heureux de mes jours sera celui où je pourrai donner ma vie pour vous » (Ecrits, 3159). Ceci est l’expression pour une personne amoureuse de Dieu et de ses frères et sœurs qu’il servait en mission et au sujet desquels il ne se lassait pas de rappeler que « Jésus-Christ a souffert et est mort pour eux aussi » (Ecrits, 2499 ; 4801).

Il le disait dans un contexte marqué par l’horreur de l’esclavage dont il était témoin. L’esclavage « chosifie » l’être humain, dont la valeur se réduit à être utile à quelqu’un ou à quelque chose. Mais Jésus, Dieu fait homme, a élevé la dignité de tout être humain et a mis en évidence la fausseté de tout esclavage. Comboni, à la lumière du Christ, a pris conscience du mal de l’esclavage ; il a aussi compris que l’esclavage social s’enracine dans un esclavage plus profond, celui du cœur, celui du péché, dont le Seigneur nous libère. En tant que chrétiens, nous sommes donc appelés à lutter contre toutes les formes d’esclavage. Malheureusement, l’esclavage, comme le colonialisme, n’appartient pas au passé, malheureusement. Dans l’Afrique tant aimée par Comboni, aujourd’hui déchirée par de nombreux conflits, « après le colonialisme politique, un “colonialisme économique” tout aussi asservissant s’est déchainé. (…). C’est un drame devant lequel le monde économiquement plus avancé ferme souvent les yeux, les oreilles et la bouche. » Je renouvelle donc mon appel : « Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser. » (Rencontre avec les Autorités, Kinshasa, 31 janvier 2023).

Et revenons à l’histoire de Saint Daniel. Après un premier séjour en Afrique, il dut quitter la mission pour des raisons de santé. Trop de missionnaires étaient morts après avoir contracté des maladies, par manque de connaissance de la réalité locale. Cependant, si d’autres abandonnaient l’Afrique, ce n’était pas le cas de Comboni. Après un temps de discernement, il sentit que le Seigneur lui inspirait une nouvelle manière d’évangéliser, qu’il résuma en ces mots : « Sauver l’Afrique avec l’Afrique » (Ecrits, 2741s). C’est une intuition puissante, rien du colonialisme là-dedans, il s’agit d’une intuition puissante qui contribua à renouveler l’engagement missionnaire qui a contribué à renouveler l’engagement missionnaire : les personnes évangélisées n’étaient pas seulement des « objets », mais des « sujets » de la mission. Et Saint Daniel Comboni désirait faire de tous les chrétiens les protagonistes de l’action évangélisatrice. Et dans cet esprit, il pensa et agit de manière intégrale, en impliquant le clergé local et en promouvant le service laïc des catéchistes. Les catéchistes sont un trésor de l’Église : les catéchistes sont ceux qui sont en avant dans l’évangélisation. C’est ainsi qu’il conçut également le développement humain, en s’occupant des arts et des professions, et en encourageant le rôle de la famille et de la femme dans la transformation de la culture et de la société. Et combien est-il important, encore aujourd’hui, de faire progresser la foi et le développement humain de l’intérieur des contextes de mission, au lieu de transplanter des modèles externes ou de se limiter à un stérile assistancialisme ! Ni modèle extérieur, ni assistancialisme. Prendre dans la culture des peuples le chemin de l’évangélisation. Evangéliser la culture et inculturer l’Evangile : cela va de pair.

La grande passion missionnaire de Comboni, cependant, n’était pas d’abord le résultat d’un effort humain : il n’était pas poussé par son courage ou motivé seulement par des valeurs importantes, comme la liberté, la justice et la paix ; son zèle naissait de la joie de l’Evangile, il puisait dans l’amour du Christ et conduisait à l’amour pour le Christ ! Saint Daniel écrivait : « Une mission aussi ardue et laborieuse que la nôtre ne peut vivre d’apparences ni avec des bigots remplis d’égoïsme et d’égocentrisme, qui ne se soucient pas comme ils le devraient du salut et de la conversion des âmes ». C’est le drame du cléricalisme, qui conduit les chrétiens, même les laïcs, à se cléricaliser et à se transformer – comme il est dit ici – en des bigots remplis d’égoïsme. C’est la peste du cléricalisme. Et il ajoutait : « Il faut les enflammer de charité, qui a sa source en Dieu et dans l’amour du Christ ; et quand on aime vraiment le Christ, alors les privations, les souffrances et le martyre sont des douceurs » (Ecrits, 6656). Son désir était de voir des missionnaires ardents, joyeux, engagés : des missionnaires – écrivait-il – « saints et capables ». […] D’abord saints, c’est-à-dire exempts de péchés et humbles. Mais cela ne suffit pas : il faut la charité qui rend les sujets capables » (Ecrits, 6655). La source de la capacité missionnaire, pour Comboni, est donc la charité, en particulier le zèle pour faire siennes les souffrances des autres.

Sa passion évangélisatrice ne l’a d’ailleurs jamais conduit à agir en soliste, mais toujours en communion, dans l’Église. « Je n’ai qu’une vie à consacrer au salut de ces âmes », écrit-il, « je voudrais en avoir mille à consumer pour cela » (Ecrits, 2271).

Frères et sœurs, saint Daniel témoigne de l’amour du Bon Pasteur, qui va à la recherche de ce qui est perdu et qui donne sa vie pour son troupeau. Son zèle a été énergique et prophétique en s’opposant à l’indifférence et à l’exclusion. Dans ses lettres, il se souvenait avec émotion de son Eglise bien-aimée, qui avait oublié l’Afrique pendant trop longtemps. Le rêve de Comboni est une Eglise qui fait cause commune avec les crucifiés de l’histoire, pour vivre avec eux l’expérience de la résurrection. En ce moment, je vous fais une suggestion. Pensez aux crucifiés de l’histoire d’aujourd’hui : hommes, femmes, enfants, vieillards qui sont crucifiés par des histoires d’injustice et de domination. Pensons à eux et prions. Son témoignage semble se répéter à nous tous, hommes et femmes d’Eglise : « N’oubliez pas les pauvres, aimez-les, parce qu’en eux se trouve la présence de Jésus crucifié qui attend de ressusciter ». N’oubliez pas les pauvres : avant de venir ici, j’ai eu une réunion avec des législateurs brésiliens qui travaillent pour les pauvres, qui essaient de promouvoir les pauvres avec l’aide et la justice sociale. Et eux ils n’oublient pas les pauvres : ils travaillent pour les pauvres. À vous, je dis : n’oubliez pas les pauvres, parce que ce sont eux qui ouvriront la porte du Ciel.


Je salue cordialement les pèlerins de langue française. Le Seigneur nous appelle à démasquer et combattre les esclavages qui privent nos frères de leur dignité, et à leur témoigner de l’amour du Christ. Demandons-lui la grâce, à la manière de saint Daniel Comboni, de manifester par notre vie un souci constant de construire un monde plus fraternel et soucieux du développement intégral de chacun en prenant soin des plus fragiles de nos frères. Que Dieu vous bénisse.




25ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 20, 1-16) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

« Dieu ne pense pas et n’agit pas comme nous ! »

Les textes de ce 25ème dimanche nous invitent à convertir nos fausses idées de Dieu pour entamer de meilleurs chemins dans nos vies.

Le prophète Isaïe rappelait déjà à son époque[1] que les pensées et les voies des hommes ne sont pas celles de Dieu : « mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins » (première lecture).

Il y a bien un grand écart entre nos chemins et ceux de Dieu. Notre société prône de plus en plus la liberté absolue pour tous, où chacun serait le propre maître de sa vie et de ce fait, serait libre de faire ce qu’il veut. La tendance, à tort, serait de dire : « À chacun sa vie, selon son choix ! » Nous sommes indéniablement interrogés ce dimanche : Quelles sont les références sérieuses et solides sur lesquelles nous entreprenons les chemins de l’existence ?

Nous nous disons croyants mais quelle est notre véritable conception de Dieu ? Dans notre imagerie créole, l’hypothèse d’un Dieu vengeur ou punisseur est encore bien présente. Un mauvais syncrétisme religieux existant alimente -hélas- ces pensées… Isaïe nous donne des qualificatifs clairs concernant l’extrême bonté de Dieu : Dieu est « proche », « il se laisse trouver », il n’est que « miséricorde » et il « est riche en pardon ».

Le Dieu dont parle Isaïe exhorte fortement à fuir le chemin du mal : « Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées ! » Fuir les chemins de la méchanceté et de la perfidie[2], en nous rappelant que la seule norme reste l’Évangile du Christ.

Se dire chrétien, c’est faire sien ces qualificatifs d’Isaïe ! Toute pratique qui y serait contraire serait par conséquent à bannir. Demander à Dieu du mal envers son prochain serait de ce fait une véritable aberration. Pour bien entreprendre nos chemins, nous devons avant tout être en accord avec l’identité de Dieu à qui nous nous confions, pour mieux le prier…

Dans la deuxième lecture, extraite de sa lettre aux Philippiens, l’apôtre Paul se sait condamné à mort. Il affirme que pour lui, « mourir » serait « un avantage », ainsi, il serait toujours avec le Christ. Paul osera même dire : « c’est bien préférable ». Cependant, s’il doit rester dans ce monde, que ce soit pour « un travail utile », au service de l’Évangile. Paul se remet à l’unique volonté de Dieu. Il renonce à sa manière de penser pour s’ajuster à celle de Dieu…

Nous pouvons tirer une leçon de ce comportement de Paul : le Dieu, en qui nous croyons, n’est pas au service de notre volonté mais nous sommes au service de la sienne. Que nos demandes à Dieu se conforme à cette exigence, à l’image de la Vierge Marie : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » (Lc 1, 38).

Dans l’évangile, Jésus nous donne une parabole : « Les ouvriers de la onzième heure ». Dans cette parabole, nous avons à faire à une manière bien étrange du maître du domaine. Cela s’explique en partie par le fait que ce procédé n’est pas le nôtre. La parabole nous enseigne deux points majeurs :

  • Dieu n’agit pas selon nos calculs. Il est bon pour tous les hommes (tels qu’ils soient) et sa bonté ne se mesure pas : « Je veux donner au dernier venu autant qu’à toi : n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens ? Ou alors ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ? » La bonté de Dieu envers l’homme pécheur peut nous déconcerter mais elle est réelle et incontestable ! Nous sommes trop sur le registre du mérite ou de la récompense, nous devons mieux consentir à celui de la gratuité !

  • La parabole pointe deux péchés qui empoisonnent nos relations humaines : la comparaison et la jalousie (c’est-à-dire le désir envieux de ce que l’autre possède). Chacun d’entre nous a ses talents et ses failles et personne n’est comparable… Nous devons renoncer au comparatif qui nous empêche de donner le meilleur de nous-même.

Par ailleurs, c’est bien la jalousie qui obstrue le regard des premiers ouvriers. Leur logique de l’accumulation les empêche de reconnaître la loyauté et la justesse du maître, selon pourtant ce qui était convenu : « Mon ami, je ne suis pas injuste envers toi. N’as-tu pas été d’accord avec moi pour un denier ? Prends ce qui te revient, et va-t’en. » L’évangile nous invite à dépasser clairement la logique marchande mise en place par l’homme… Lutter contre la tentation de la comparaison nous sollicitera davantage à fuir le marchandage.

Les textes de ce dimanche nous rappellent finalement que Dieu ne pense pas et n’agit pas comme nous. Si nous souhaitons suivre le Dieu de Jésus-Christ, nous ne pouvons que considérer à ces appels.

Prions le Seigneur :

Seigneur Jésus, tu nous montres quel est le chemin à suivre vers le royaume des Cieux.

Tu connais chacun de nous mieux que quiconque. Nous souhaitons, en ce dimanche, te confier chacune de nos vies.

Que ta Parole se grave dans nos cœurs. Donne-nous réellement de rechercher les réalités d’en-haut.

Guide nos chemins, apprends-nous à penser et agir comme toi. Fais de nous les derniers pour que nous devenions les premiers pour ta plus grande gloire. Toi notre Sauveur, aujourd’hui et pour les siècles des siècles. Amen.

 

[1] Le prophète Isaïe a vécu à Jérusalem, au VIIIème siècle avant Jésus-Christ.

[2] Perfide : Qui manque à sa parole, trahit la personne qui lui faisait confiance.




25ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 20, 1-16) – par Francis COUSIN

« Justice des hommes … Justesse de Dieu ! »

Cette parabole que nous propose Jésus ce dimanche a de quoi nous surprendre … ou non !

Tout dépend comment on l’aborde, et surtout, quel est pour nous le personnage principal ?

Il y en a deux possibles : les ouvriers de la première heure … ou le maître du domaine …

Et bien souvent on pense en premier … aux ouvriers qui sont arrivés sur le chantier en premier …

Et là, dans notre société actuelle, et même depuis longtemps déjà, on n’est pas d’accord … on crie à l’injustice, comme l’un de ces ouvriers …

Comment accepter que quelqu’un qui a travaillé toute la journée … (et elle était longue la journée à l’époque : « Le maître d’un domaine qui sortit dès le matin afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne. », c’est-à-dire à six heures du matin, jusqu’au « soir venu », c’est-à-dire à dix-huit heures, soit un total de douze heures …), soit payé la même somme, un denier, convenue d’avance, qu’un ouvrier n’ayant travaillé qu’une seule heure … eux qui avaient « enduré le poids du jour et la chaleur ! »

Et on ne parle pas de ceux qui ont commencer à travailler à neuf heures, midi, ou quinze heures …

Tous se sont sentis lésés par rapport à ceux de la dernière heure, leur travail a été dévalorisé … et eux se sont sentis rabaissés…

De manière générale, à l’heure actuelle, et même avant, le salaire est proportionnel au travail fourni ou à la durée du travail … et là, on est loin …

Les choses auraient été différentes si le maître du domaine avait payé les ouvriers dans leur ordre d’arrivée au travail, les premiers étant déjà partis n’aurait pas su combien les autres avaient été payés … Et il n’y aurait pas eu de récriminations … mais cela aurait complètement détruit l’intérêt de la parabole …

On voit mal Jésus donnant une parabole qui mettrait contre lui tous ceux qui l’entendraient.

Alors sans doute faut-il changer le centre d’intérêt de la parabole, et mettre le maître de domaine comme le personnage principal.

Et c’est tout-à-fait logique puisque la parabole débute par : « le royaume des Cieux est comparable au maître d’un domaine. » …

Et le maître du domaine du royaume des Cieux, c’est Dieu, le père de Jésus …

Et il ne faut pas oublier que les voies de Dieu ne sont pas celle des hommes.

Dieu est amour, et il ne peut donner que de tout ce qui concours à l’amour … et certainement pas de l’amertume comme l’ont ressenti les ouvriers de la première heure …

Et qui est-ce qui ’’embauche’’ dans ce royaume, ou qui est-ce qui permet que certain soient   admis dans ce royaume ? c’est Jésus, qui y fera entrer tous ceux qui y ont été jugés dignes, à la fin des temps, à la Parousie …

Mais il y a une condition : se mettre d’accord sur le « salaire de la journée », c’est-à-dire sur le droit d’entrée dans le royaume des cieux : croire en Dieu, pour ceux qui l’ont connu, et vivre de sa Parole, … et pour ceux qui ne l’ont pas connu, avoir eu une vie de justice vis-à-vis de ceux qu’ils ont côtoyés.

Une vie qui ne soit pas marquée par la jalousie et l’égoïsme, comme les ouvriers de la première heure, mais une vie marquée par l’amour des autres, à l’image de Dieu …

Comme le dit saint Paul : « L’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil … ; il ne cherche pas son intérêt … ; il n’entretient pas de rancune … » (1 Cor 13,4-5).

À cela s’ajoute la miséricorde de Dieu, qui est de son seul ressort …

Alors les premiers de ce temps terrestre auront la même chose que les derniers du temps terrestre …, ceux qui ont plus de cent ans auront la même chose que les plus jeunes … de même ceux qui sont mort-nés … et même les enfants conçus dont les parents ont eu recours à l’avortement y seront accueillis dans la joie …

C’est la justice de l’amour de Dieu … ou plutôt sa justesse …

Seigneur Jésus,

certaines de tes Paroles

passent mal chez certains,

parce qu’ils réagissent un humains,

et non en chrétiens.

aide-nous à comprendre

le vrai sens de tes Paroles.

 

Francis Cousin

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Prière dim ord A 25°