Audience Générale du Mercredi 30 Août 2023
PAPE FRANÇOIS
AUDIENCE GÉNÉRALE
Place Saint-Pierre
Mercredi 30 Août 2023
Catéchèse – La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant – 19. Prier et servir dans la joie : Kateri Tekakwitha, première sainte autochtone nord-américaine
Chers frères et sœurs, bonjour !
Maintenant, en poursuivant notre catéchèse sur le thème du zèle apostolique et la passion pour l’annonce de l’Évangile, nous regardons aujourd’hui Sainte Kateri Tékakwitha, première femme autochtone d’Amérique du Nord qui a été canonisée. Née vers l’an 1656 dans un village du nord de l’État de New York, elle était la fille d’un chef Mohawk non baptisé et d’une mère chrétienne Algonquienne, qui lui a appris à prier et à chanter des hymnes à Dieu. Beaucoup d’entre nous ont également été introduits au Seigneur pour la première fois au sein de la famille, en particulier par nos mères et nos grands-mères. C’est ainsi que commence l’évangélisation et, en effet, ne l’oublions pas, la foi est toujours transmise en dialecte par les mères, par les grands-mères. La foi doit être transmise en dialecte et nous l’avons reçue dans ce dialecte de nos mères et de nos grands-mères. L’évangélisation commence ainsi, souvent : par de petits gestes simples, comme des parents qui aident leurs enfants à apprendre à parler à Dieu dans la prière et leur racontent son amour grand et miséricordieux. Et les fondements de la foi pour Kateri, et autant pour nous aussi ont été posés de cette manière. Elle l’avait reçue de sa mère en dialecte, le dialecte de la foi.
Lorsque Kateri avait quatre ans, une grave épidémie de variole frappa son peuple. Ses parents et son jeune frère moururent et Kateri elle-même en garda des cicatrices sur le visage et des problèmes de vue. Dès lors, Kateri a dû faire face à de nombreuses difficultés : certes, des difficultés physiques dues aux effets de la variole, mais aussi des incompréhensions, des persécutions et même des menaces de mort qu’elle a subies après son baptême le dimanche de Pâques 1676. Tout cela a donné à Kateri un grand amour pour la croix, signe ultime de l’amour du Christ, qui s’est donné jusqu’au bout pour nous. Le témoignage de l’Évangile ne se limite pas en fait à ce qui plaît ; nous devons aussi savoir porter nos croix quotidiennes avec patience, confiance et espérance. La patience, face aux difficultés, aux croix : la patience est une grande vertu chrétienne. Celui qui n’a pas de patience n’est pas un bon chrétien. La patience de tolérer : tolérer les difficultés et aussi tolérer les autres, qui sont parfois ennuyeux ou qui vous mettent en difficulté … La vie de Kateri Tekakwitha nous montre que tout défi peut être surmonté si nous ouvrons le cœur à Jésus, qui nous accorde la grâce dont nous avons besoin : patience et cœur ouvert à Jésus, c’est une recette pour bien vivre.
Après avoir été baptisée, Kateri a dû se réfugier parmi les Mohawks dans la mission des jésuites près de la ville de Montréal. Là, elle assistait à la Messe tous les matins, passait du temps en adoration devant le Très Saint Sacrement, priait le Chapelet et menait une vie de pénitence. Ses pratiques spirituelles impressionnaient tous les membres de la mission, qui reconnurent en Kateri une sainteté qui attirait parce qu’elle provenait de son amour profond pour Dieu. Cela est le propre de la sainteté, d’attirer. Dieu nous appelle par attraction, il nous appelle avec ce désir d’être proche de nous et elle a ressenti cette grâce de l’attraction divine. En même temps, elle enseignait aux enfants de la Mission à prier et, par l’accomplissement constant de ses responsabilités, y compris le soin des malades et des personnes âgées, elle offrait un exemple de service humble et plein d’amour à Dieu et au prochain. La foi s’exprime toujours dans le service. La foi ne consiste pas à se maquiller, à maquiller son âme : non, elle consiste à servir.
Bien qu’elle ait été encouragée à se marier, Kateri désirait au contraire consacrer entièrement sa vie au Christ. Ne pouvant entrer dans la vie consacrée, elle émit le vœu de virginité perpétuelle le 25 mars 1679. Son choix révèle un autre aspect du zèle apostolique qu’elle avait : le don total au Seigneur. Certes, tous ne sont pas appelés à faire le même vœu que Kateri ; cependant, chaque chrétien est appelé chaque jour à s’engager avec un cœur sans partage dans la vocation et la mission que Dieu lui a confiées, en le servant Lui et en servant son prochain dans un esprit de charité.
Chers frères et sœurs, la vie de Kateri est un témoignage supplémentaire du fait que le zèle apostolique implique à la fois une union avec Jésus, nourrie par la prière et par les Sacrements, et le désir de répandre la beauté du message chrétien à travers la fidélité à sa vocation particulière. Les dernières paroles de Kateri sont très belles. Avant de mourir elle a dit : « Jésus, je t’aime ».
Nous aussi, en puisant notre force dans le Seigneur, comme l’a fait sainte Kateri Tekakwitha, apprenons à accomplir des actions ordinaires de manière extraordinaire et ainsi à grandir chaque jour dans la foi, la charité et le témoignage zélé du Christ.
Ne l’oublions pas : chacun de nous est appelé à la sainteté, à la sainteté quotidienne, à la sainteté de la vie chrétienne commune. Chacun de nous reçoit cet appel : poursuivons ce chemin. Le Seigneur ne nous abandonnera pas.
* * *
Je salue cordialement les pèlerins de langue française présents à cette audience, notamment les sœurs de la Présentation de Marie qui tiennent leur chapitre général dans la lumière de la canonisation récente de leur fondatrice Marie Rivier.
Chers frères et sœurs, puissiez-vous vous laisser prendre par le zèle et la passion apostolique que l’Esprit saint insuffle à toute époque à ceux qui aiment Dieu et le mettent au-dessus de tout.
Que Dieu vous bénisse !
22ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 16, 21-27) – par Francis COUSIN
« Que faut-il pour suivre Jésus ? »
Après avoir, la semaine dernière, institué Pierre comme celui qui bâtirait son Église, il semble qu’il y ait eu un changement dans la façon de s’exprimer de Jésus.
Alors qu’auparavant, Jésus faisait beaucoup de miracles, guérissez les malades, accomplissant la vision d’Isaïe sur ce qu’est un prophète (Is 61,1-2, repris par Luc en Lc 4,18-19), il passe maintenant à un autre registre, poussé par l’attitude de plus en plus hostile des pharisiens et des docteurs de la loi, en commençant à parler de son avenir terrestre : l’annonce de sa Passion qui se déroulera à Jérusalem, avec des souffrances verbales et physiques, « être tué, et le troisième jour ressusciter. »
Une telle annonce a surpris tous les disciples qui en sont restés cois.
Sauf Pierre … Mais contrairement à son habitude, il fait cela discrètement : il emmène Jésus à l’écart et lui dit sans doute tout bas : « Ce que tu dis n’est pas possible, Dieu ne le permettra pas ! ».
Sans doute Pierre et les autres apôtres, surpris par les premières paroles, n’ont-ils pas fait attention à la fin : « et le troisième jour ressusciter. ». Mais c’est vrai que pour eux, même s’ils croyaient à la résurrection, c’était la résurrection ’à la fin des temps’, et non pas immédiate …
Et là, on peut dire que Pierre ’’a gagné son compte’’ avec la réaction de Jésus : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. ».
En effet, pour Jésus, il fallait qu’il soit mis à mort pour ressusciter le troisième jour, car c’est sa résurrection qui permettra à l’Église de naître le jour de la Pentecôte. Et c’est Pierre lui-même qui déclare ce jour-là : « Cet homme, livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu, vous l’avez supprimé en le clouant sur le bois par la main des impies. Mais Dieu l’a ressuscité en le délivrant des douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir. » (Ac 2,23-24).
« Passe derrière moi, Satan ! », c’est-à-dire reprend ta place de disciple, celui qui suit son maître. À un autre moment, Jésus avait dit : « Le disciple n’est pas au-dessus de son maître. » (Lc 6,40).
Cette réaction de Pierre est compréhensible pour nous, car nous pensons en humains. Et notre époque est souvent tentée par cette image de Dieu qui agirait comme nous, réduisant Dieu à quelqu’un d’intéressé pour lui-même, alors que Dieu ne vit que pour nous, pour notre bonheur, et qu’il est amour pour tous les hommes, même ceux que nous, nous laissons de côté …
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15,13).
Puis Jésus rassemble ses disciples pour leur donner les conditions pour être un bon disciple. Faire comme lui, à notre niveau.
Première condition : renoncer à soi-même, ne pas penser qu’à soi, penser collectif pour le bien de tous. C’est-à-dire, ne pas être égoïste … Pas simplement de temps en temps, mais tout le temps, avec n’importe qui … Pas simple …
Deuxième condition : Prendre sa croix, c’est-à-dire faire comme Jésus, se donner totalement pour les autres et pour Dieu … et ce n’est pas réservé aux personnes consacrées, auxquelles on pense en premier … Il y a tous les bénévoles (étymologiquement : ceux qui veulent le bien des autres), ceux reconnus, et ceux qui ne le sont pas : les parents … et aussi les enfants … et d’autres encore …
Troisième condition : Suivre Jésus. Cela semble une évidence (pour être un bon disciple), mais chacun sait qu’il nous arrive souvent de quitter Jésus du regard, et si on quitte Jésus de regard, on est comme Pierre qui s’enfonce dans l’eau, on va à la perdition …
« Car celui qui veut sauver sa vie la perdra [éternellement], mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera [éternellement]. »
Quelques paroles d’un chant du Père Didier, franciscain, qui chantait il y a quelques soixante ans, me reviennent à l’esprit :
C’est très joli cette chaine qui brille autour du cou,
Et cette croix en or, quel beau bijou,
C’est ton tonton qui te l’avait donnée
Le jour où tu as fait ta communion privée (…)
Ça n’comptera pas, porter sa croix, c’est bien joli,
Pas sur ton cœur, mais dans le cœur et dans ta vie …
Francis Cousin
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Prière dim ord A 22°
22ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 16, 21-27) – par le Diacre Jacques FOURNIER
« Un Christ crucifié, une Eglise crucifiée »
(Mt 16, 21-27)
En ce temps-là, Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter.
Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches : « Dieu t’en garde, Seigneur ! cela ne t’arrivera pas. »
Mais lui, se retournant, dit à Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »
Alors Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.
Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera.
Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? Et que pourra-t-il donner en échange de sa vie ?
Car le Fils de l’homme va venir avec ses anges dans la gloire de son Père ; alors il rendra à chacun selon sa conduite. »
A la question de Jésus, « Pour vous, qui suis-je ? », Pierre vient de bien répondre : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ». Mais à l’époque, pour un Juif, le Messie ne pouvait qu’être une sorte de sur-homme allant de réussites en réussites… Aussi, Jésus va-t-il s’attacher à corriger tout ce que cette réponse avait d’imparfait. Et le choc sera rude…
Oui, il est bien le Messie, et pourtant, il va apparemment connaître l’échec. Les plus hautes autorités d’Israël, « les anciens, les chefs des prêtres et les scribes », refuseront de croire en Lui. Et Lui, de son côté, ne fera pas tomber sur eux le feu du ciel, il respectera leur choix. Il se laissera arrêter sans opposer de résistance. Il se livrera aux mains des pécheurs, pour leur salut. « Il souffrira beaucoup » et sera finalement « tué »…
Pour Pierre, ces paroles sont insupportables. Aussi va-t-il prendre Jésus à part et lui « faire de vifs reproches » ! Sa réaction si humaine rejoint toute l’humanité de Jésus, Lui qui ressentira « tristesse et effroi » face à la mort, Lui qui pleurera sur Jérusalem, Lui qui savourera son dernier repas avec ses disciples… Comme il aurait aimé que Pierre ait raison ! « Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi. Et pourtant, non pas ce que moi je veux, mais ce que toi tu veux ». Pierre ne le sait pas, mais ce qu’il vient de dire à Jésus est pour lui une terrible tentation qu’il combat aussitôt : « Passe derrière moi, Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes »…
Et « le disciple n’est pas au-dessus du maître ; tout disciple accompli sera comme son maître. » Alors, « si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». Renoncer à soi‑même, à son égoïsme, renoncer à pouvoir quelque chose pour soi-même, comme « sauver sa vie » en pensant que « gagner le monde entier » pourrait combler une vie, voilà le chemin que le Christ nous invite à emprunter… Une fois de plus, nous n’y arriverons jamais par nous-mêmes. Mais le Ressuscité est « avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » pour porter avec nous le fardeau de nos misères et de nos difficultés. Alors, avec lui et grâce à lui, il devient « léger et facile à porter. » Le péché nous plonge dans la souffrance ? « C’était nos souffrances qu’il portait », pour nous arracher à la mort et nous donner sa vie, gratuitement, par amour. Voilà comment Dieu « rend à chacun selon sa conduite »… DJF
22ième dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN
La Croix nécessaire
Mt 16, 21-27
Vous l’avez bien compris, frères et sœurs, si vous avez écouté ces 3 textes, ce n’est pas un message de bonheur, de confort ou de réussite qui vous est donné aujourd’hui par l’Église et celle-ci serait infidèle au message du Christ, si, sans cesse, elle parlait de la Résurrection sans parler jamais de la Passion qui la précède et qui devient une condition « sine qua none » pour aboutir au jour de Pâques. Souvent, je vous l’ai dit et aujourd’hui je le répète, et c’est mon devoir de prêtre de le répéter : « Il n’y a pas de Pâques sans passion, sans souffrances, sans mort à soi-même, tout comme il n’y a pas de douleurs, d’échecs, d’épreuves qui n’aboutissent à leur tour, à la Résurrection de notre vie avec celle de Jésus-Christ ».
Mais, bien naturellement, nous avons tendance à supprimer, à gommer l’un des 2 termes. Nous sommes tous pour la réussite, le succès, la vie contre la mort, la victoire de la lumière sur les ténèbres et c’est normal : puisque créés à l’image de Dieu, nous aspirons au Royaume décrit par Jésus, où « il n’y aura plus ni larmes, ni cris, ni deuil », Royaume de Bonheur sans fin, sans difficultés, sans conflits, où la paix du cœur sera établie définitivement.
C’est bien l’autre bout de la chaîne qui nous gêne, la condition préalable à ce bonheur : cette passion, cette souffrance dont nous acceptons assez facilement que le Christ la prenne sur lui pour nous, mais que nous rejetons dès qu’il faut l’assumer soi-même, pour être fidèles à celui qui nous a demandé de le suivre, pas seulement dans le bonheur, mais aussi dans l’épreuve.
Et c’est bien la réaction de Jérémie, le prophète, (rappelez-vous la première lecture), « chaque fois, Seigneur, que j’ai à dire ta parole, que je dois proclamer : difficultés, souffrances, violence, pillages, je suis en butte à la moquerie ; tout le monde se moque de moi : la parole de Dieu attire sur moi les quolibets. Tout le monde me « moucate ». Alors, je me suis dit : Je ne penserai plus à Dieu, je ne parlerai plus de lui, ni en son nom, je laisse tomber ».
Mais, en fin de compte, Jérémie reconnaît : « Tu as mis en moi un feu dévorant ; je m’épuise à le maitriser : je n’y arrive pas ! Ta grâce en moi est plus forte que moi. Je me suis laissé séduire par toi ! Tu es plus fort que moi ! ».
Et c’est vrai, aussi au 21e siècle : il est difficile d’annoncer le message de la Croix à un monde gorgé de publicités, où l’on ne parle que de confort, de bien-être, de plaisirs, de fêtes, de vie facile, d’égoïsme individuel ou collectif. Dieu veut à tout prix nous sortir de notre vie tranquille pour nous lancer dans une aventure difficile où les épreuves ne manqueront pas et devant ce projet, tout notre être dit : « Non ! ». « Seigneur, je veux bien te suivre tant que tout va bien, que ce n’est pas trop difficile, si je n’ai pas trop à en souffrir, mais si tu m’emmènes avec toi à Jérusalem pour y souffrir, être tué, très peu pour moi ! ».
Et c’est bien ce que le Seigneur annonce à ses disciples, il le dit devant Pierre, encore tout fier, (rappelez-vous dimanche dernier), d’avoir proclamé la divinité du Christ, tout fier de s’être entendu dire : « Tu es Pierre et sur cette Pierre, je bâtirai mon Église ».
Alors, Pierre, tout gonflé de sa nouvelle importance, prend Jésus à part (vous savez, la confidence entre gens informés et intelligents, celle que l’on ne dit pas à la foule de ceux qui n’y comprennent rien) : « Dieu t’en garde, Seigneur ! Non ! Cela ne t’arrivera pas ! ».
Le Royaume, oh oui ! On en veut bien mais la souffrance, les épreuves pour y arriver, l’agonie, la mort, non, Seigneur, très peu pour nous !
Et nous voyons le Seigneur blêmir, se retourner et dire à Pierre : « Passe derrière-moi, Satan, tu es un obstacle sur ma route ».
Voilà que la pierre sur laquelle Jésus devait bâtir son Église, devient la pierre d’achoppement, celle contre laquelle on bute et qui vous fait tomber : Pierre de scandale, Pierre qui fait trébucher, et non plus le roc solide. « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ».
C’est vrai qu’on veut bien de la Résurrection, mais sans passion ; de la réussite, mais sans efforts ; du succès, mais sans entraînements ; de l’oasis, mais sans désert ; d’une réussite à un examen, mais sans travail ; d’être sur le sommet d’une montagne, mais en hélicoptère ; des résultats, mais sans fatigue. « Nous sommes tous d’accord, Seigneur, si tu nous mènes à la gloire, nous sommes tous derrière toi, tu peux nous embaucher, et même, nous sommes tous volontaires si c’est une croisière ». Alors, là, Jésus est on ne peut plus clair : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa Croix et qu’il me suive ».
« Ah ! Alors là, Seigneur, permets-nous de réfléchir « perdre sa vie », nous, on veut bien la sauver, mais pas la perdre, gagner sa vie : nous, on veut bien, mais nous voulons jouer sur les deux tableaux, mais te suivre, s’il y a du grabuge, des efforts, des souffrances, une mort à soi-même, non ! »
. Vous comprenez maintenant pourquoi il y a si peu de chrétiens ?
. Vous comprenez maintenant pourquoi il y avait une foule à la multiplication des pains et personne au pied de la Croix ?
. Vous comprenez maintenant pourquoi on voulait le faire roi quand il faisait des miracles et pourquoi ensuite, à la Passion, on ne lui a posé qu’une couronne d’épines ?
. Pourquoi, aux Rameaux, il est porté en triomphe et que cinq jours plus tard, la même foule dira : « Nous n’avons pas d’autres rois que César ! ».
Nous voulons une réussite sans échecs, sans efforts, sans don de soi, sans sacrifice, sans préparation, sans se donner du mal. Apprenez l’anglais en six semaines, ayez des muscles en 15 jours, maigrissez en mangeant comme avant et même une méthode dans un livre qui paraissait sérieux » La culture physique sans mouvement « . Je n’ai pas regardé comment faire ? Mais soyons sérieux, avez-vous, frères et sœurs, dans votre vie, dans celle des autres, constaté de véritables réussites sans qu’il ait eu auparavant des efforts, des fatigues, du mal donné, un minimum de souffrances physiques et morales ? Et Dieu, qui nous respecte et qui veut notre bien en nous faisant participer, nous ferait faire l’économie de tout ce qui ferait notre mérite !
Jésus répond à Pierre aussi fermement qu’à Satan dans le désert : « Va-t’en, passe derrière moi ». « Que ces pierres deviennent des pains ». Est-ce que nous rêvons notre vie ? Ou est-ce-que nous nous décidons de la vivre avec des douleurs nécessaires ?
Le Christ n’enseigne pas à rechercher la souffrance ou à s’y complaire : les chrétiens ne sont pas des masochistes et le Christ (rappelez-vous Gethsémani) a eu peur comme nous avons peur. Il a voulu fuir cette souffrance comme nous voulons la fuir : la Croix n’est pas un but, elle n’est pas non plus l’étape finale, mais elle est un moyen, un moyen nécessaire de salut, de Résurrection. Il ne peut y avoir de Résurrection s’il n’y a pas de mort préalable. C’est la loi du grain de blé qui va mourir et germer pour produire 30 ou 60 pour un ; c’est l’itinéraire de Jésus et cela devient donc le nôtre.
Désirons-nous quitter Jésus ou, quand même, continuer à monter à Jérusalem avec lui ? Oui, « Souviens-toi de Jésus-Christ ressuscité d’entre les morts », c’est bien de chanter ce refrain. Il est réconfortant ! Mais n’oublions pas le couplet : « Si nous mourons avec lui, avec lui, avec lui nous vivrons. Si nous souffrons avec lui, avec lui nous régnerons ». AMEN.
Rencontre autour de l’Évangile – 22ième Dimanche du Temps Ordinaire
« Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. »
TA PAROLE SOUS NOS YEUX
Situons le texte et lisons (Mt 16, 21-27)
Le passage que nous allons méditer suit immédiatement celui où Pierre a confessé sa foi en disant au Christ « Tu es le Messie, de Fils du Dieu Vivant ». Mais il lui faudra découvrir que Jésus sera le Messie Serviteur souffrant.
Soulignons les mots importants
Après une lecture attentive du passage
Jésus « le Christ » : Pourquoi il est important de dire « Jésus Christ » ?
Montrer à ses disciples : quel sens a ici le mot « montrer » ?
Il lui « faut » souffrir, être tué et ressusciter le troisième jour » : A quelles paroles du « je crois en Dieu » nous renvoie ces paroles de Jésus ?
Pourquoi Pierre se révolte ?
Passe derrière-moi : que veut dire « marcher derrière Jésus » ? Qu’est-ce que Jésus demande à Pierre ?
Satan : que représente ce personnage ? A quel moment de la vie de Jésus nous renvoie ce rejet de Satan ?
Si quelqu’un veut…Qu’il prenne sa croix
Perdre/sauver sa vie : comment comprendre ces paroles de Jésus ?
Le Fils de l’homme : quel est son rôle ?
Pour l’animateur
« Jésus le Christ », c’est le titre solennel qui donne l’identité exacte de Jésus. « Jésus », c’est le nom qui dit son origine terrestre, « Christ » le nom qui dit son origine divine.
Jésus dit qu’il lui « faut » souffrir, il ne parle pas d’un destin imparable, d’une fatalité, mais du Plan de Dieu qu’il a accepté et qu’il « montre », c’est-à-dire qu’il « dévoile » aux disciples.
« Ressusciter le troisième jour » : Matthieu écrit son évangile en faisant référence au credo des premières Églises « Christ est mort pour nos péchés…il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour » (1Co 15, 4). Jésus, en se nourrissant des Ecritures (Os 6, 2 ; ps.) avait foi en la résurrection des justes à la fin des temps. Pour l’heure, il s’en remettait totalement à son Père.
Si Pierre se révolte, c’est que, malgré sa profession de foi en Jésus, malgré sa foi en la résurrection des justes, il n’accepte pas l’idée d’un Messie qui doit passer par l’humiliation et la mort.
Jésus le remet à sa place, c’est-à-dire sa place de disciple, celui qui doit « marcher derrière » Jésus, et non pas se mettre en travers de sa route prévue par le Père. Pierre était déclaré « heureux » quand il a su dire sa foi ; mais il ne se plie pas encore aux vues de Dieu. Sa révolte sert les pensées de Satan, l’adversaire que Jésus a repoussé énergiquement lors de la tentation au désert. « Satan » désigne tout un ensemble de forces opposées à la mission du Christ.
Si quelqu’un veut… Jésus ne force jamais personne. La liberté, c’est la grandeur de l’homme selon Dieu. C’est Dieu qui a inventé la liberté de l’homme.
Prendre sa croix, pour les disciples, qui ont choisi de suivre le Christ, ce sera, tel le condamné obligé de traverser avec sa croix la foule hostile, se dépouiller de tout amour-propre en vivant sa foi dans un monde difficile, et trouver leur dignité dans leur ressemblance au Christ.
Celui qui se prend lui-même pour le centre de son existence, celui-là a perdu d’avance. Celui qui semble « rater » sa vie parce qu’il suit le Christ, celui-là réussira. Car la vie de l’homme ne s’identifie pas à son avoir, même s’il gagne le monde entier.
TA PAROLE DANS NOS CŒURS :
Jésus, tu es le Fils de l’homme, celui qui vient de la terre et du ciel. Tu es le Messie annoncé par les prophètes. Tu es le Fils unique du Père, le Dieu vivant, celui qui est le créateur de toute vie, et celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts. C’est la foi de Pierre, la foi de ton Église.
TA PAROLE DANS NOS MAINS :
La Parole aujourd’hui dans notre vie
La souffrance et la mort restent une pierre d’achoppement qui détourne parfois les chrétiens de la foi. : Et nous ?
Renoncer à soi-même : Est-ce que nous acceptons de renoncer à vivre selon nous-même, selon nos idées pour nous mettre à vivre selon Jésus et les vues de Dieu ? (par exemple : accepter de renoncer à ma tranquillité et à mes aises pour accueillir quelqu’un qui me demande de l’aide !… Renoncer au plus mauvais de moi-même : moi, moi ! (le moi égoïste) pour développer le « moi » pour Jésus et pour mes frères.
Jésus est celui qui donne sa vie pour les autres : est-ce que nous sommes décidés à le suivre jusque-là ?
Prendre sa croix : Être disciple de Jésus, c’est le suivre, nous le savons : c’est facile quand tout va bien. Mais quand survient l’épreuve ? Quand nous rencontrons des oppositions ? Quand nous sommes tentés de tout quitter parce que c’est difficile d’être chrétiens ? N’avons-nous pas le même réflexe de Pierre quand il nous faut envisager la souffrance et l’incompréhension à cause de notre foi au Christ ?
Nous sommes bien obligés d’encaisser ce qui nous tombe dessus, à cause de notre volonté de suivre Jésus.
Ensemble prions
Chant : Je choisis de vivre, je choisis d’aimer p.260 c.1-2
Nous avons tous, Seigneur, des fardeaux à porter. Cette maladie qui nous frappe, ce cancer qui ronge, ce deuil si lourd à vivre cet enfant handicapé…pourquoi Seigneur ?
Et toutes les injustices qui nous brisent ou nous révoltent : le chômage et la misère, la guerre et la violence, les privations et la faim de millions d’être humains… Pourquoi, Seigneur ?
Aide-nous, Seigneur à porter nos croix comme tu as porté ta croix. Et nos croix deviendront des actes d’amour, elles nous feront participer au Salut du monde… Alors, au milieu de l’obscurité, tout prend un sens. Que ta croix, Seigneur, soit notre lumière et notre prière.
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22ème Dimanche du Temps Ordinaire – Copie
21ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 16, 13-20) – Homélie du Père Rodolphe EMARD
L’Évangile de ce 21ème dimanche nous révèle l’identité de Jésus mais aussi celle de l’Église à travers le personnage de Simon-Pierre.
Jésus se trouve avec ses disciples dans la région de Césarée-de-Philippe, une ville excentrée, au nord de la Galilée. Cette région païenne est peuplée de grecs et de syriens. Sur cette terre païenne, Jésus interroge ses disciples sur son identité.
Jésus commence par un sondage d’opinion : « Au dire des gens,
qui est le Fils de l’homme ? » Les réponses sont diverses et sont toutes fausses : Jean le Baptiste, Élie, Jérémie ou l’un des prophètes.
Ce sondage d’opinion nous invite au discernement des « on-dit » que nous entendons. Bien des choses qui sont dites sont fausses, ne nous laissons pas bernés ! Revenons au fondamentaux solides !
C’est la seconde question de Jésus qui nous intéresse surtout ce dimanche car elle est plus personnelle, elle implique chacun de s’engager individuellement : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » C’est bien à chacun de nous que cette question est posée personnellement…
La réponse de Simon-Pierre est simple et spontanée mais elle est une révélation de Dieu lui-même : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas :
ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela,
mais mon Père qui est aux cieux. » Cette réponse de Simon-Pierre ne vient pas d’une supposition ou d’une hypothèse intellectuelle mais de Dieu lui-même !
Simon-Pierre confesse Jésus comme le « Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Analysons ces titres :
-
« Jésus » : du grec Iesou et de l’hébreu Yeshoua, qui signifie « Dieu sauve ».
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« Christ » : vient du grec Christos qui est la traduction d’un mot hébreu Mashia qui signifie « l’oint ». Jésus est celui qui est oint, consacré par l’Esprit Saint pour mener sa mission de Sauveur de toute l’humanité.
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« Fils du Dieu vivant » ou « Fils de Dieu » : Jésus dans l’Évangile affirme lui-même que Dieu est son Père, qu’il est de même nature que le Père. Dans le symbole de Nicée-Constantinople, nous disons : « consubstantiel au Père », c’est-à-dire de la même essence que le Père.
Ce titre de Fils de Dieu souligne la foi de l’Église en la divinité de Jésus qui s’est fait homme en prenant chair de la Vierge Marie pour nous sauver. Nous pointons ici le mystère de l’incarnation.
La confession de Simon-Pierre nous révèle l’identité de Jésus qui est au cœur de notre foi chrétienne : Jésus est le Christ, le Fils de Dieu. Restons toujours attachés à cette profession de foi que nous apporte Simon-Pierre, elle vient de Dieu, elle est la plus sûre, la plus authentique et elle échappe à toutes les spéculations intellectuelles que nous pouvons entendre aujourd’hui.
La deuxième partie de l’Évangile nous donne de mieux comprendre l’Église. C’est Jésus qui donne à Simon le nom de Pierre. Une pierre c’est du solide, elle peut durer dans le temps, c’est du roc.
Simon est la pierre sur lequel Jésus a voulu fonder son Église mais entendons-nous bien, Jésus demeure le bâtisseur, nous sommes ses ouvriers… Jésus continue de guider l’Église dont il est le chef.
L’Église est souvent la cible de critiques… Nous ne pouvons pas ignorer ses abus au cours des siècles dans certains faits… Cependant et c’est un constat, depuis Pierre et les autres Apôtres, elle est toujours vivante ! Certes, un réel désintérêt pour Dieu est observable à notre époque mais l’Église que nous formons et toujours vivante, nous sommes-là et rendons grâce au Seigneur !
La promesse de Jésus se vérifie : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux ». Pierre se trouve le gardien des clés du Royaume.
Demandons au Seigneur de nous attacher à cette promesse bien à l’œuvre, qu’il est à la tête de son Église, qu’il la dirige à bon port malgré les secousses que nous subissons. Le Christ préserve son Église de la mort !
Que le Seigneur suscite en nous un réel désir, un plus grand désir de son Royaume qui nous est promis en héritage. Ce Royaume est promis à tous les hommes. Si Simon-Pierre détient les clés du Royaume, c’est pour nous en ouvrir les portes !
L’Église n’est pas encore le Royaume mais elle en est le signe, le témoin et elle donne les premiers germes de ce Royaume : « tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »
Rappelons-nous avec force que la célébration des sacrements nous lient au Ciel ainsi que la pratique de la Parole de Dieu ; l’exercice de la charité du prochain.
Que le Seigneur nous vienne en aide et qu’il nous garde des mauvais chemins qui nous délient du Ciel. « Seigneur Jésus, nous le croyons, tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant, prends pitié de nous, viens nous sauver, délie-nous de ce qui nous coupe de toi, ouvre-nous les portes de ton Royaume. Amen. »
Audience Générale du Mercredi 23 Août 2023
PAPE FRANÇOIS
AUDIENCE GÉNÉRALE
Place Saint-Pierre
Mercredi 23 Août 2023
Catéchèse – La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant – 18. L’annonce [de l’Évangile] dans la langue maternelle : saint Juan Diego, messager de la Vierge de Guadalupe
Chers frères et sœurs, bonjour !
Sur notre chemin à la redécouverte de notre passion pour l’annonce de l’Evangile, pour voir comment le zèle apostolique, cette passion pour annoncer l’Evangile s’est développée dans l’histoire de l’Eglise, sur ce chemin, nous nous tournons aujourd’hui vers les Amériques. Ici, l’évangélisation a une source toujours vivante: Guadalupe. C’est une source vivante. Les Mexicains sont contents! Bien sûr, l’Evangile y était déjà parvenu avant ces apparitions, mais il avait malheureusement été aussi accompagné d’intérêts mondains. Au lieu du chemin de l’inculturation, on a trop souvent emprunté le raccourci de la transplantation et de l’imposition de modèles pré-constitués — européens, par exemple —, sans respect pour les peuples autochtones. La Vierge de Guadalupe, en revanche, apparaît vêtue des habits des autochtones, parle leur langue, accueille et aime la culture locale: Marie est Mère et sous son manteau chaque enfant trouve sa place. En Elle, Dieu s’est fait chair et, à travers Marie, il continue à s’incarner dans la vie des peuples. La Vierge, en effet, annonce Dieu dans la langue la plus appropriée, c’est-à-dire la langue maternelle. Oui, l’Evangile est transmis dans la langue maternelle. Et à nous aussi la Vierge parle dans une langue maternelle, celle que nous connaissons bien. Oui, l’Evangile se transmet dans la langue maternelle. Et je voudrais dire merci aux nombreuses mères et aux nombreuses grands-mères qui le transmettent à leurs enfants et petits-enfants: la foi passe avec la vie, c’est pourquoi les mères et les grands-mères sont les premières annonciatrices. Un applaudissement aux mères et aux grands-mères! Et l’Evangile se communique, comme le montre Marie, dans la simplicité: la Vierge choisit toujours des personnes simples, sur la colline de Tepeyac au Mexique comme à Lourdes et à Fatima: en leur parlant, elle parle à chacun, dans un langage adapté à tous, dans un langage compréhensible, comme celui de Jésus.
Arrêtons-nous donc sur le témoignage de saint Juan Diego, qui est le messager, c’est le garçon, c’est l’au-tochtone qui a reçu la révélation de Marie: le messager de la Vierge de Guadalupe. C’était une personne humble, un Indien du peuple: Sur lui, s’est posé le regard de Dieu, qui aime accomplir des miracles à travers les petits. Juan Diego était venu à la foi déjà adulte et marié. En décembre 1531, il avait environ 55 ans. En chemin, il aperçoit sur une colline la Mère de Dieu, qui l’appelle tendrement, et comment la Vierge l’appelle-t-elle? «Mon petit fils bien-aimé Juanito» (Nican Mopohua, 23). Elle l’envoie ensuite auprès de l’évêque pour lui demander de construire un temple à l’endroit où elle était apparue. Juan Diego, simple et disponible, y va avec la générosité de son cœur pur, mais il doit attendre longtemps. Il parle enfin à l’évêque, mais on ne le croit pas. Parfois, nous évêques… Il rencontre à nouveau la Vierge, qui le console et lui demande d’essayer à nouveau. L’indien retourne auprès de l’évêque et, non sans grande difficulté, le rencontre, mais ce dernier, après l’avoir écouté, le renvoie et envoie des hommes le suivre. Voilà la difficulté, l’épreuve de l’annonce: malgré le zèle, arrivent les imprévus, parfois de l’Eglise elle-même. Pour annoncer, en effet, il ne suffit pas de témoigner du bien, il faut pouvoir supporter le mal. N’oublions pas cela: c’est très important pour annoncer l’Evangile, il ne suffit pas de témoigner le bien, mais il faut savoir supporter le mal. Un chrétien fait le bien, mais il supporte le mal. Les deux choses vont ensemble, la vie est ainsi. Aujourd’hui aussi, dans de nombreux endroits, l’inculturation de l’Evangile et l’évangélisation des cultures exigent persévérance et patience, il ne faut pas craindre les conflits, ni perdre confiance. Je pense à un pays où les chrétiens sont persécutés, parce qu’ils sont chrétiens et ne peuvent pas pratiquer leur religion bien et dans la paix. Juan Diego, découragé, parce que l’évêque le ren-voyait, demande à la Vierge de le dispenser et de nommer quelqu’un de plus estimé et plus capable que lui, mais il est invité à persévérer. Il y a toujours le risque d’une certaine capitulation dans l’annonce: une chose ne va pas et on fait marche arrière, en se décourageant et en se réfugiant peut-être dans ses propres certitudes, dans les petits groupes et dans quelques dévotions intimistes. La Vierge, au contraire, tout en nous consolant, nous fait avancer et ainsi, nous fait grandir, comme une bonne mère qui, tout en suivant les pas de son fils, le lance dans les défis du monde.
Juan Diego, ainsi encouragé, retourne auprès de l’évêque qui lui demande un signe. La Vierge le lui promet et le réconforte par ces mots: «Que ton visage et ton cœur ne se troublent pas: […] Ne suis-je pas ici, ta mère?» (ibid., 118-119). C’est beau cela, très souvent, comme nous sommes en proie au découragement, à la tristesse, aux difficultés, la Vierge nous le dit à nous aussi, dans le cœur: «Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta mère?». Toujours proche pour nous réconforter, et nous donner la force d’aller de l’avant. Elle lui demande ensuite d’aller cueillir des fleurs au sommet de la colline aride. C’est l’hiver, mais Juan Diego en trouve de très belles, les met dans son manteau et les offre à la Mère de Dieu, qui l’invite à les apporter à l’évêque comme preuve. Il s’y rend, attend patiemment son tour et finalement, en présence de l’évêque, ouvre sa tilma — qui est ce qu’utilisaient les autochtones pour se couvrir — il ouvre sa tilma en montrant les fleurs et voici: sur le tissu du manteau apparaît l’image de la Madone, la Vierge extraordinaire et vivante que nous connaissons tous, dans les yeux de laquelle les protagonistes de l’époque se reflètent encore. Voici la surprise de Dieu: quand il y a disponibilité et quand il y a obéissance, Il peut accomplir quelque chose d’inattendu, en des temps et des manières que nous ne pouvons pas prévoir. C’est ainsi que le sanctuaire demandé par la Vierge a été construit et qu’aujourd’hui, on peut le visiter.
Juan Diego quitte tout et, avec la permission de l’évêque, consacre sa vie au sanctuaire. Il accueille les pèlerins et les évangélise. C’est ce qui a lieu dans les sanctuaires mariaux, destinations de pèlerinage et lieux d’annonce, où chacun se sent chez soi — parce que c’est la maison de la mère, c’est la maison de la mère — et éprouve la nostalgie de sa maison, c’est-à-dire la nostalgie du lieu où se trouve la Mère, le Ciel. Là, la foi est accueillie de manière simple, la foi est accueillie de façon authentique, de façon populaire, et la Vierge, comme elle l’a dit à Juan Diego, écoute nos pleurs et guérit nos peines (cf. ibid., 32). Apprenons cela: quand il y a des difficultés dans la vie, allons voir la Mère; et quand la vie est heureuse, allons voir la Mère pour partager cela également. Nous avons besoin de nous rendre dans ces oasis de consolation et de miséricorde, où la foi s’exprime dans la langue maternelle, où nous déposons les difficultés de la vie dans les bras de la Vierge et où nous retournons à la vie avec la paix dans le cœur, peut-être avec la paix des enfants.
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Je salue cordialement les personnes de langue française, particulièrement les pèlerins venus du Burkina Faso.
Frères et sœurs, apprenons à fréquenter les sanctuaires mariaux où, dans un langage maternel, nous déposerons les difficultés de la vie dans les mains de la Vierge Marie. Elle nous consolera et nous aidera à retrouver la paix du cœur.
Que Dieu vous bénisse !
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Je salue cordialement les Polonais. Dans quelques jours, vous célébrerez la solennité de la Bienheureuse Vierge Marie de Częstochowa. Que celle vers laquelle les fidèles se rendent en pèlerinage comme à la maison de leur mère bien-aimée soit pour vous un modèle d’écoute et de méditation humble des paroles de Jésus Christ. Vous témoignerez ainsi concrètement de l’amour du prochain, en particulier à l’égard du peuple ukrainien qui souffre de la guerre. Je vous bénis de tout cœur.
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Je pense maintenant aux jeunes, aux malades, aux personnes âgées et aux jeunes mariés. Que l’exemple de l’apôtre saint Barthélemy, dont nous célébrerons la fête demain, vous aide à être des témoins sincères de Jésus et à supporter avec foi les souffrances, en pensant à celles qu’ont subies les apôtres de l’Evangile. A l’intercession de saint Barthélemy, nous confions également la chère Ukraine, si durement éprouvée par la guerre. Frères et sœurs, prions pour nos frères et sœurs ukrainiens: ils souffrent tant. La guerre est cruelle! Tant d’enfants ont disparu, tant de gens sont morts. Prions, s’il vous plaît! N’oublions pas l’Ukraine tourmentée. Aujourd’hui est une date importante pour leur pays.
21ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 16, 13-20) – par Francis COUSIN
« Interrogation orale »
Jésus est avant tout un enseignant ; il est venu sur terre pour faire passer un message : Dieu nous aime et veut notre bonheur, pas toujours sur la terre, mais dans le ciel1, et il nous indique comment se comporter pour être accueillis dans ce qu’on appelle « le Paradis », et que Jésus appelle le « Royaume des cieux ».
Et comme tout enseignant, il propose de temps en temps des interrogations, orales bien sûr, car à l’époque, peu de gens savent écrire, et on peut penser que parmi les apôtres, seul Matthieu savait lire et écrire.
Deux questions.
Une première facile, ouverte, accessible à tous : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? ». Il suffit de rapporter ce que les gens disent … mais encore fallait-il savoir ce que signifiait l’expression le Fils de l’homme2 …
Les réponses sont diverses : Jean le Baptiste, celui qui annonce la venue de Jésus, Elie qui devait revenir avant la fin de temps, « Jérémie ou l’un des prophètes » …
Une deuxième, plus difficile, puisqu’elle engage chacun des apôtres dans sa réponse : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »
Et la question n’est plus la même … Il ne s’agit plus du Fils de l’homme, personnage non identifié, qui doit venir plus tard, on ne sait pas quand …
Il s’agit de Jésus, quelqu’un qui est juste devant eux, bien vivant …
Imaginons un peu : quelqu’un que vous connaissez depuis quelques temps déjà vous aborde un jour et vous pose cette question : « Pour vous, qui suis-je ? ». Que répondriez-vous ?
Après un moment de surprise … et d’hésitation … vous diriez son nom, son métier …des choses que vous connaissez de lui … ou simplement « Tu te moques de moi ?! »
Et cela n’apprendrait rien à personne !
Mais là, dans l’évangile, c’est Pierre qui répond … encore lui … toujours lui …
Est-ce une réponse spontanée … ou après quelques temps de réflexion ?
On ne peut pas le savoir … Mais la réponse de Jésus nous laisse à penser que c’était spontané …
« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »
Réponse de Jésus : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. »
Bonne réponse ! Mais elle ne vient pas de toi ! C’est quelqu’un qui te l’a soufflée ! (Cela arrive lors des interrogations orales …)
Cela ne veut pas dire que Pierre sera puni … au contraire puisque cette réponse lui vaudra une récompense … mais surtout une grande responsabilité : « Je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église … ».
Qu’en retenir pour nous ?
Deux choses :
1- Il peut nous arriver, parfois, de dire des choses très justes, bien appropriées …
Mais la genèse de ces remarques n’est pas toujours de nous … elles nous sont soufflées … par notre éducation … mais aussi parfois par Dieu, par son Esprit Saint … et il n’y a pas lieu à en tirer gloriole … , comme par exemple : « Quand on vous livrera, ne vous inquiétez pas de savoir ce que vous direz ni comment vous le direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là. » (Mt 10,19).
2- Dire parfois des choses justes ne doit pas nous laisser croire que nous avons toujours raison … et saint Pierre en est un exemple : dimanche prochain il sera traité de Satan par Jésus … et cela ne l’empêchera pas de renier Jésus lors de la Passion …
Restons humbles. L’essentiel n’est pas dans le regard des hommes, mais dans celui de Dieu.
Avec saint Pierre, disons comme lui : « Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » (Jn 21,16), et c’est cela seul qui compte.
Notes
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C’est le message que Marie, sa mère, donnera à Bernadette lors de sa troisième apparition à Lourdes : « Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde, mais dans l’autre », le 18 février 1858.
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On notera que Matthieu est le seul parmi les évangiles synoptiques à utiliser l’expression « le Fils de l’homme », Luc et Marc utilise simplement « Qui suis-je pour les gens ? … pour la foule ? … ».
Seigneur Jésus,
Si tu poses la question :
« Qui suis-je ? »
ce n’est pas pour être glorifié,
mais pour entendre la réponse
de saint Pierre,
initiée par ton Père,
parole sure et vraie.
Francis Cousin
Cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder à l’image illustrée :
Priere dim ord A 21