1

Rencontre autour de l’Évangile – 21ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 16, 13-20)

« Tu es Pierre,

et sur cette pierre

je bâtirai mon Eglise. »

 

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Mt 16, 13-20)

Dans la première partie du chapitre 16, Jésus a constaté que, malgré tous les signes qu’il a fait, la foi de ses disciples est fragile et il leur reproche de n’avoir pas saisi à qui ils ont lié leur vie.

Soulignons les mots importants

Après une lecture attentive du passage

De qui Jésus parle-t-il en disant le  Fils de l’homme ?

Pourquoi Jésus éprouve-t-il d’interroger ses disciples sur «ce que disent les hommes » ?

Selon ce rapide vous  ? Jésus veut savoir ce que pensent son groupe. Pourquoi est-ce Pierre qui donne la réponse ?

Simon-Pierre : Dans la Bible, quel est la signification du nom ?

Le Messie 

Le Fils

Du Dieu vivant

Ces trois mots ont une signification importante pour dire l’identité de Jésus

Ce n’est pas la chair et le sang : Que veut dire Jésus ?

Sur cette pierre je bâtirai «mon Eglise» : En jouant sur les mots, pour  Jésus quel sera le rôle de Pierre dans l’Eglise ? Et pourquoi Jésus dit « mon Eglise » ?

La puissance de la Mort : Que représente ce mot « Mort » ?

L’image des clefs nous fait penser à quoi ?

En remettant à Pierre « les clefs du Royaume des cieux », est-ce qu’il s’agit des portes du paradis ? Que veut dire Jésus en disant que Pierre aura le pouvoir de « lier » et de « délier » ?

 

Pour l’animateur  

  • Depuis de longs mois les Douze suivent Jésus ; ils ont écouté son enseignement, ses paraboles, ils ont été témoins de ses gestes, des miracles : Jésus sait que dans les esprits de ses compatriotes, il y a plusieurs manières d’interpréter les Ecritures à propos du Messie annoncé par les prophètes. C’est pourquoi il s’attribue le titre de « Fils de l’homme» et il interroge ses amis sur ce que disent les gens, et surtout pour savoir ce que, eux-mêmes, ils pensent dans leur cœur. 

  • C’est Simon-Pierre qui répond : Pierre est le surnom donné par Jésus à Simon. Le nom dans la Bible désigne la personne et sa mission. C’est Pierre qui donne la réponse, au nom des Douze : c’est par sa foi qu’il devient la pierre sur laquelle le Christ va bâtir son Eglise. Son rôle, comme premier responsable du groupe, sera d’être la pierre de fondation de l’Eglise du Christ.

  • Jésus souligne que Pierre doit être heureux car s’il est confesseur de la vraie foi c’est parce qu’il à bénéficié d’une révélation gratuite que le Père lui a faite, et non en raison de « la chair et du sang », c’est à dire par lui même avec son humanité fragile.

  • Tu es le Christ (Messie) annoncé par les prophéties, le Fils, celui qui est lié à Dieu par une relation tout a fait unique, Fils « du Dieu vivant», formule biblique qui évoque le Dieu qui donne la vie, et pour les chrétiens, le Dieu qui a ressuscité Jésus. : c’est une confession de foi parfaite parce qu’elle vient d’une révélation divine. Pierre est le modèle pour une foi chrétienne authentique

  • « mon Eglise» : les premiers chrétiens appelèrent leur communauté « Eglise » : elles réunissaient dans la même foi des chrétiens d’origine païennes et des chrétiens d’origine juive, à la différence de la communauté juive de la synagogue. La communauté du Christ est ouverte à tous et elle est fondée sur Pierre.

  • Mais Pierre n’est pas le « concierge du paradis». Celui qui a les clefs, c’est celui qui ouvre et qui ferme. Pierre a bien un rôle terrestre. C’est lui qui a les clés pour bien interpréter l’enseignement de Jésus pour que l’Eglise montre aux hommes le chemin du Royaume ; Ce que Pierre décidera en fonction de l’enseignement de Jésus, celui-ci le lui promet, sera ratifié « dans les cieux », c’est à dire par Dieu. C’est l’instauration de l’autorité de Pierre. Il est le premier appelé ( Mt 4,18), la première pierre de l’œuvre de Jésus. On parlera ainsi de la « primauté de Pierre » : l’Eglise tiendra si elle s’en remet à Pierre, le garant de la juste interprétation de la foi Chrétienne.

  • Jésus promet que la puissance de la Mort, c’est-à-dire toutes les forces du mal qui chercheront à détruire son Eglise, n’aura jamais le dernier mot. Puisqu’il est le Seigneur ressuscité.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS :

Jésus, tu es le Fils de l’homme, celui qui vient de la terre et du ciel. Tu es le Messie annoncé par les prophètes. Tu es le Fils unique du Père, le Dieu vivant, celui qui est le créateur de toute vie, et celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts. C’est la foi de Pierre, la foi de ton Eglise.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie  

La foi de Pierre, foi de l’Eglise et notre foi. L’Eglise ne se bâtit qu’à la mesure de sa foi dans le Christ ressuscité.

Notre communauté paroissiale se construit-elle sur la vraie foi, ou seulement sur des croyances et des dévotions vagues : est elle vraiment chrétienne c’est-à-dire « du Christ » ?

Croyons-nous que nous sommes les pierres vivantes de l’Eglise ?

A quelles conditions ? 

Notre appartenance à l’Eglise du Christ et notre confiance dans l’Eglise.

Croyons-nous que Jésus est vivant dans son Eglise, qu’il la conduit et la dirige, bien qu’elle reste une assemblée de pauvres hommes et femmes pécheurs ? 

Attention à l’enseignement du successeur de Pierre.

Recevons-nous les textes et enseignements du Pape comme des appels de Dieu à nous remettre en cause, à nous ouvrir aux problèmes nouveaux du monde (dignité de la personne humaine, attention aux plus pauvres, la paix, le respect du mariage, de la vie etc…) à demeurer vigilants dans la foi ?

 

Ensemble prions

Refrain : Dieu tu es béni éternellement !

Tu construis ton Église, Seigneur, comme un temple saint à la gloire de ton Père. Merci de nous avoir choisis pour en former les pierres vivantes.

Tu plantes ton Église, Seigneur, comme une vigne choisie. Merci d’avoir fait de nous tes sarments et de nous donner de porter du fruit.

Tu rassembles ton Église, Seigneur, comme un berger fait pour son troupeau,

Tu donnes ta vie pour tes brebis. Merci de nous compter dans ton bercail.

Tu bâtis ton Église, Seigneur, comme la maison des enfants de Dieu. Merci d’être la pierre angulaire de cette demeure et de nous y accueillir.

 

 

 Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici :  

21ème Dimanche du Temps Ordinaire

 

 

 

 

 

 




21ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 16, 13-20)- Homélie du Père Louis DATTIN

Confession de Pierre

Mt 16, 13-20

Il y a des moments de l’existence, moments privilégiés, où l’on sent le besoin de faire le point, de dresser un bilan, après une entreprise, une aventure déroulée, une action engagée. Il semble bien que le Seigneur Jésus, quand il arrive à Césarée de Philippe, en soit arrivé là : cela fait maintenant des mois qu’il enseigne aux foules, mais aussi aux disciples ; des mois que ces derniers le voient faire des miracles, des guérisons, des actes de bonté, de patience.

Que reste-t-il de tout cela ? Les apôtres en sont-ils venus à une conviction intime ? Et leur foi : où en est-elle ? Est-elle déjà solide ou encore fragile ? Et les foules qui l’ont accompagné, quelles opinions se font-elles sur lui ?

Aussi, Jésus va-t-il faire un test : il leur pose des questions, test collectif d’abord : « Le fils de l’homme, qui est-il, d’après ce que disent les hommes ? » Là, les apôtres ne se sentent pas encore trop concernés. Ils disent volontiers ce qu’ils ont entendu autour d’eux. Et c’est curieux : Jésus n’est jamais pris pour lui-même. A chaque fois, on le compare à quelqu’un du passé, récent ou lointain. On a du mal à aborder le nouveau, l’original, le « jamais vu ». On préfère plutôt croire aux revenants : “ Jean-Baptiste ’’ qui vient d’être assassiné par Hérode, ‘’ Elie ‘’, ‘’ Jérémie ‘’ ou encore ‘’ l’un des prophètes ‘’.

C’est bien vague ! Ce n’est encore qu’une foi bien incertaine, bien floue, des  » on dit « approximatifs.

Aussi Jésus va-t-il les forcer dans leur retranchement, les amener à dire ce que, eux-mêmes, ils pensent vraiment : « Pour vous, qui suis-je ? » Pierre, qui se met facilement en avant, se fait assez vite le porte-parole des onze autres, qui n’étaient pas bien bavards avant la Pentecôte. Pierre donc, qui a osé sortir de la barque pendant la tempête pour aller à la rencontre de Jésus, Pierre lui dit : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ».

Jésus est étonné, admiratif même : il n’en revient pas ! Ce n’est pas possible ! Il n’a pas trouvé cela tout seul ! « Heureux es-tu, Simon, fils de Jonas, ce n’est pas la chair et le sang (c’est-à-dire toi-même), qui a révélé cela mais mon Père qui est aux cieux ».

Et c’est vrai, ce n’est pas de lui, c’est déjà l’Esprit Saint en lui qui agit et qui proclame que Jésus est Seigneur… Ainsi, en est-il encore de l’Église aujourd’hui. Oh ! Elle nous paraît bien humaine cette Église, pleine de pécheurs, de gens bien médiocres, bien terre à terre… et pourtant… et pourtant… ce n’est pas  » la chair et le sang  » qui parle par elle, mais l’Esprit Saint qui manifeste la divinité du Christ ! Et ceux qui disent, en se fiant aux apparences, en n’ayant pas la foi : « Moi, je crois au Christ, mais je ne crois pas à l’Église » font preuve du même scepticisme, du même étonnement que Jésus entendant Pierre faire sa déclaration.

Mais Jésus, lui, reconnaît immédiatement celui qui fait parler Pierre : « Ce n’est pas toi qui parles, c’est mon Père qui est aux cieux », tandis que celui qui veut faire une distinction facile entre Jésus et l’Église se trompe en ne reconnaissant pas, en ne voulant pas reconnaître, ce que le Père et l’Esprit de Jésus disent et proclament par l’Église.

Attention, ne nous trompons pas. Pas d’erreur : ce que l’Église actuelle, enseigne, dit, proclame, déclare, n’est pas simplement le fruit de quelques cogitations de la Curie romaine ou de prélats plus ou moins doués, c’est Dieu lui-même qui parle à travers la chair et le sang de Pierre. C’est l’Église, porte-parole de la volonté de Jésus pour notre temps. Aussi ne pouvons-nous pas prendre la pensée de l’Église, comme une opinion possible, une option facultative, un point de vue intéressant, surtout quand l’Église parle de sa foi, de sa fidélité au Christ, de son amour du père ou lorsqu’elle commente le message de Jésus lui-même.

Il est bien certain que certaines directions de l’Église, préférences ou positions à l’égard d’événements occasionnels, conjoncturels, pour des situations d’époque, ou des contextes particuliers n’ont pas la même portée. Mais lorsque l’Église proclame sa foi, parle du message qui lui a été confié, c’est l’Esprit qui parle en Elle. C’est pourquoi l’on a dit que, dans certaines circonstances bien particulières, l’Église, par la voix du pape, devient  » infaillible « , car « ce ne sont pas sa chair et son sang qui lui ont révélé cela, mais notre Père qui est aux cieux ».

Maintenant que Jésus a entendu Pierre lui dire cela, sans rien lui avoir soufflé : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant » maintenant, Jésus est persuadé, convaincu, que la future Église ne sera pas que humaine, soumise aux humeurs et aux opinions d’une époque, mais qu’Elle est habitée par plus grand qu’Elle, inspirée par un autre qu’elle-même.

Il sait maintenant que l’Eglise, quand Elle parlera de Dieu, sera le porte-voix, le haut-parleur du Père, du Fils et de l’Esprit.

Maintenant qu’il sait tout cela, qu’il en est sûr : Jésus va donner à l’Eglise son pouvoir ; à Pierre, son autorité. Elle va recevoir de Jésus lui-même sa mission.

Aussi Jésus, solennel, dit-il, devant les apôtres réunis : « Moi, je te déclare « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise », une Eglise d’hommes pécheurs certes, Pierre va continuer à pécher et dimanche prochain, nous entendrons Jésus le traiter de Satan : « Passe derrière moi Satan ». Pierre va aussi le renier au moment le plus important de sa mission : sa Passion-Résurrection : « Non, je ne connais pas cet homme ». Mais un Pierre aussi qui confirmera ses frères, qui parlera au nom de Jésus, le jour de la Pentecôte, baptisant ce jour-là environ trois mille personnes : premier noyau de l’Eglise. Pierre, qui lui aussi à Rome, quelques années plus tard, mourra martyr, en croix, la tête en bas, donnant sa vie pour celui dont il avait dit : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! » et Jésus continue : « Cette Eglise aura toujours le dernier mot contre le mal, contre toutes les attaques dont elle fera l’objet », et Dieu sait si elle n’en a pas été privée ! Aujourd’hui encore! « La puissance du mal ne l’emportera pas sur elle » et Jésus va plus loin. Dès maintenant : il va lui confier les pouvoirs de Dieu, transmis à des hommes pécheurs certes, mais qui ont la foi : « Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux ».

Les clefs : Jésus a dit dans l’Évangile qu’il était la Porte. Mais, de cette porte, c’est l’Église, c’est Pierre qui en a les clés. Il a donné à certains hommes ce pouvoir formidable, pouvoir divin de :

1) rendre Jésus présent sur la terre par l’Eucharistie,

2) les pardonner de leurs péchés par la Réconciliation

3) les faire naître à la vie de Dieu par le Baptême

4) leur parler par l’Esprit de Dieu par la Confirmation

5) les unir en Dieu par le Mariage

6) devenir prêtres de Dieu par l’Ordination

7) réconforter pour Dieu dans le Sacrement des malades

Jésus se défait de ses pouvoirs pour les donner aux hommes et c’est sur décision humaine que Dieu obéira et non le contraire. Écoutez bien : « Tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux et tout ce que tu auras délié, toi Église, sera délié dans les cieux ! »

Pouvoir tel que ce n’est plus Dieu qui décide et qui juge mais l’Église elle-même à qui Dieu se ralliera ! Ce n’est pas étonnant que devant une telle déclaration de Jésus, Jeanne d’Arc, même ayant devant les yeux des juges d’une Eglise peu glorieuse, ait cette remarque pleine de foi : « M’est avis, c’est-à-dire : je pense, que Jésus-Christ et l’Eglise, c’est tout un ». AMEN




20ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 15, 21-28) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

L’évangile de ce 20ème dimanche du Temps Ordinaire nous donne une fois de plus de réfléchir sur la qualité de notre foi, notamment lorsque nous traversons les épreuves de la vie.

Nous avons le témoignage d’une Cananéenne qui exprime une foi audacieuse et belle !  Une grande leçon nous est donnée : celle de persister dans la prière !

Si nous revenons à notre récit, une Cananéenne crie vers Jésus : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. » Cette femme est animée d’une grande foi en Jésus pour sa fille malade. Il peut la guérir…

La réponse de Jésus peut nous surprendre : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » Cette réponse reste en partie énigmatique. Par « petits chiens », nous ne devons pas y voir un mépris de Jésus, en aucun cas. Jésus reprend cette expression qui vient des Juifs. Les Juifs avaient une haine des païens. Les Juifs traitaient les païens de chiens. Comme nous pouvons bien l’imaginer, cette expression dans la bouche d’un Juif a quelque chose de méprisant.

En nommant Jésus « fils de David », la Cananéenne reconnaît que Jésus est le Sauveur des Juifs, que le Salut vient des Juifs. Jésus dira lui-même : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » Cependant, la Cananéenne a la foi que Jésus peut aussi donner aux païens des miettes du Salut promis aux Juifs.

 

La foi de la Cananéenne est vraiment persistante, tout en étant humble. Elle ose répondre à Jésus : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » Elle reconnaît le Christ comme le Seigneur et le Maître qui peut la secourir. Saint Thomas d’Aquin commente ce verset ainsi : la femme « sut ainsi humblement forcer le Seigneur, comme si elle disait : « Seigneur, je ne demande pas que tu me donnes autant de bienfaits qu’aux Juifs, mais donne-moi des miettes. » »[1]

Jésus sera lui-même émerveillé par une telle foi qu’il ne pourra que l’exaucer : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et sa fille sera guérie « à l’heure même ».

Jésus se révèle ainsi comme le Sauveur également des païens. Le Salut vient des Juifs mais il n’est pas exclusif. Par « Juifs » et « païens », nous devons entendre l’humanité entière. Le Christ est le Sauveur universel, c’est en lui que nous devons mettre toute notre foi. Sa bonté est pour tous les hommes et personne n’en n’est privée.

Si nous traversons de rudes difficultés, si nous avons l’impression de perdre pied ou d’être au fond du tunnel, osons la foi de la Cananéenne : « Mais elle vint se prosterner devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! » La Cananéenne nous rappelle les deux attitudes à adopter : se prosterner et supplier le Christ de nous venir en aide.

Nous sommes mis une nouvelle fois face au défi de la confiance en Jésus, capable de nous sauver de nos chemins de péché, de nous guérir de nos mauvaises habitudes, de nous relever de nos chutes, de nous consoler de nos drames, de nous apaiser… C’est sans doute la grâce que nous pouvons demander au Seigneur en cette période de rentrée scolaire et pastorale, une foi plus grande en Jésus Sauveur. N’oublions jamais qu’il est au cœur de la foi chrétienne. Qu’il nous bénisse et qu’il nous garde dans son amour.

« Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! » « Seigneur, viens à mon secours ! »

 

[1] Saint Thomas d’Aquin : Lecture de l’Évangile de saint Matthieu, n°1780.

 




20ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 15, 21-28) – par Francis COUSIN

« Ouvertures. »

Jésus est un grand marcheur … et il entraîne avec lui ses apôtres. C’est un peu normal, puisqu’il a dit : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,6). Et il montre l’exemple en marchant à travers tout le pays. On l’a quitté dimanche dernier à Génésareth, au sud-ouest de la mer de Galilée, et on le retrouve aujourd’hui tout au nord-ouest de la Galilée, dans la région de Tyr et de Sidon, en territoire païen.

Et à la fin de l’épisode de ce jour, « Jésus partit de là et arriva près de la mer de Galilée. »

Un aller-retour autour de la mer de Galilée …

Pourquoi saint Matthieu fait-il faire un long périple à Jésus et ses apôtres, pour revenir au point de départ ?

Qui a-t-il entre ces deux moments ?

Seulement deux choses :

– Une intervention de pharisiens et de scribes, venant de Jérusalem, qui interrogent Jésus sur le respect de la tradition juive par ses apôtres : « Tes disciples ne se lavent pas les mains avant de manger ! » … et la réponse de Jésus : « Hypocrites ! Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. Les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Ce n’est pas ce qui entre la bouche qui rend l’homme impur ; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui rend l’homme impur. » (Mt 15,6-11). Un débat qui continuera après la résurrection pour savoir si les païens qui se convertissent doivent se soumettre à la loi juive …

– L’épisode que nous venons d’entendre, où une Cananéenne, donc une païenne, demande à Jésus de guérir sa « fille tourmentée par un démon. »

Dans le premier cas, les intervenants, pharisiens et scribes, sont des juifs. Et la réponse de Jésus est claire : « Hypocrites ! ».

Dans le second cas, la réponse de Jésus est plus nuancée … D’ailleurs, au départ, il ne répond pas … comme s’il n’avait rien entendu … et pourtant cette femme criait !

Ce sont les apôtres qui le rappellent à l’ordre : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! ». Réaction curieuse des apôtres : Que cherchent-ils, la tranquillité auprès de Jésus … pas de bruits, pas de vagues, pas de gêne … Rappelons-nous, avant la multiplication des pains, quand le soir tombe, déjà : « Renvoie donc la foule. » (Mt 14,15) …

Et la réponse de Jésus aussi nous surprend : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »

Mais la femme insiste … Et Jésus répond : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. ». Et la femme, qui a de la répartie, continue : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »

Superbe phrase, à se demander si elle n’a pas été inspirée par l’Esprit Saint, où la femme accepte d’être traitée comme un ’’chien de païen’’ pour obtenir la guérison de sa fille … l’amour donne parfois des ressources inattendues … Elle n’a pas eu peur de s’opposer à Jésus …

« Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et, à l’heure même, sa fille fut guérie. »

Puissions-nous avoir une foi aussi grande que la Cananéenne … qui bafoue les obstacles mis sur son chemin.

Et puis, réfléchissons à la réaction des apôtres : « Renvoie donc la femme ! »

Est-ce qu’il ne nous arrive pas d’avoir des réactions semblables ? …

Ne pas faire un compte avec une personne qui nous importune … sans toujours savoir ce qu’il en est exactement … simplement parce qu’elle n’est pas de notre ‘monde’, de notre paroisse, de notre mouvement …

Seigneur Jésus,

tu ne t’attendais certainement

 à cette rencontre,

 ni à la pugnacité de cette femme,

mais c’est heureux que tu l’ais rencontrée

car elle nous apprend beaucoup :

Ne jamais désespérer de ton amour.

 

 

Francis Cousin    

       

 

Cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder à l’image illustrée :

Prière dim ord A 20°

 




20ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 15, 21-23) – Homélie du Père Louis DATTIN

 La Cananéenne

Mt 15, 21-28

Si vous avez été attentifs à ce qui est commun aux 3 lectures que nous venons d’entendre, vous aurez vite constaté que c’est le caractère universel du message de Dieu, et le thème central d’aujourd’hui ce sont les étrangers : doivent-ils ou non faire partie du peuple de Dieu ? Seront-ils des chrétiens à part entière ou les considère-t-on comme des chrétiens de seconde zone ?

            Il faut rappeler qu’au départ, le peuple juif était, et lui seul, exclusivement, le peuple élu, le peuple de Dieu, le peuple choisi, lui seul avait été l’objet du choix de Dieu et lui seul avait fait alliance avec Dieu. Et les juifs ont encore cette vive conscience d’être le peuple à part, la part de Dieu, les privilégiés du Très-Haut. C’est d’ailleurs cette identité particulière, dont ils puisaient une grande fierté intérieure, qui les a maintenus en tant que race, en tant que Nation Sainte au milieu de tous les aléas et les événements par lesquels ils sont passés. C’est leur religion qui les a fait survivre à travers les siècles et malgré leur diaspora : leur dispersion aux 4 coins du monde.

Alors, fallait-il penser aux païens ? Fallait-il ouvrir aux étrangers ce message de Dieu ? Les juifs se sont posé la question et les premiers chrétiens aussi. Rappelez-vous les hésitations de Pierre et de Jacques quand il s’est agi de baptiser les 1ers païens. Ce fut l’ordre du jour du 1er Concile de Jérusalem, concile qui n’a pas été de tout repos et pourtant, dans la 1ère lecture, Isaïe rappelle « les étrangers à la conscience droite, je les mènerai à ma Montagne Sainte. S’ils observent mon alliance, je leur ferai bon accueil à mon autel et ma maison s’appellera ‘’ maison de prière pour tous les peuples’’ ».

 Et St-Paul, à son tour, déplore ce manque d’ouverture des juifs aux autres nations. Ils n’ont pas été fidèles à leur vocation mais, peut-être, un jour, seront-ils l’objet de la miséricorde de Dieu !

Dans l’Évangile lui-même, nous voyons Jésus, qui va dans les pays païens : ceux du Tyr et de Sidon. Va-t-il là-bas pour éviter la foule ? Simplement prendre un peu de repos ? Ou bien aller répandre un message aux autres païens ?

Il semble bien que Jésus se soit retiré là-bas pour être à l’écart des foules et avoir du temps libre pour enseigner et former les disciples. Aussi, nous qui sommes habitués maintenant au caractère universel de l’Église, nous sommes très étonnés de sa réaction, lorsqu’une femme païenne l’aborde en criant et le supplie :

« Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! »

Elle l’appelle pourtant avec son titre messianique : « Fils de David, aie pitié de moi ! » Elle ne prie même pas pour elle, mais pour sa fille tourmentée par un démon : il semble bien que toutes les conditions soient réunies pour que Jésus, volontiers, se rende à ses désirs. Eh bien, pas du tout ! Et nous trouvons Jésus d’une froideur et d’une indifférence surprenante. « Il ne répondit rien ».

Elle continue à le poursuivre de ses cris. Pas de réaction de la part de Jésus qui continue son chemin comme si elle n’était pas là ! A tel point qu’au bout d’un certain temps, ce sont les disciples qui insistent à leur tour : « Donne-lui satisfaction car elle vous poursuit de ses cris ».

« Je n’ai été envoyé, répond Jésus, qu’aux brebis perdues d’Israël ». C’est cela, d’abord, la priorité du Christ : sauver son peuple, un peuple précis, le peuple juif ! Il est venu pour eux, et c’est par eux, qu’ensuite le monde se ralliera à la Bonne Nouvelle et c’est bien d’ailleurs ce qui s’est passé : ce sont les juifs, Jésus, Marie, Pierre, Paul, Matthieu, Thomas, de qui sont partis ces premières étincelles qui ont mis le feu chrétien au monde païen.

Alors, cette femme insiste, elle reconnait que ce que dit Jésus est juste, elle continue quand même… et vient se prosterner devant lui, un peu comme un petit chien aux pieds de son maitre, et c’est sans doute cette attitude qui fait répondre à Jésus cette parole qui nous paraît scandaleuse, lorsqu’il s’agit d’une femme, même païenne :

« Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens », (il faut savoir, en outre, que le chien n’est pas un animal aimé en Orient et que l’on traite facilement de chien celui pour qui l’on n’a guère de sympathie). Aujourd’hui encore, on entend, par exemple en Afrique du Nord, les musulmans appeler les catholiques « chiens de Roumis » parce qu’ils ne partagent pas leur foi dans le Coran. La femme ne se démonte pas devant tant de mépris, au contraire ; avec répartie, elle utilise la comparaison pour le poursuivre.

« C’est vrai, Seigneur, mais, justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ».

Quel abaissement ! Quelle humilité ! Prête à se réduire à rien pour obtenir la guérison de sa fille !

Alors, là, le Seigneur n’en peut plus … Il reconnaît, en elle, cette foi qui fait justement défaut aux juifs avec qui il vient de multiplier les pains, avec les apôtres affolés dans la barque ballotée par la tempête : enfin, il rencontre une vraie confiance, une totale remise de soi, et cela, chez une païenne, prosternée à ses pieds, qui, elle, l’a appelé : « Fils de David – Messie ».

Il se retrouve dans une situation semblable avec une autre femme, qui, elle aussi, va dire : « Si je touche seulement son manteau, je serai guérie ».

Une autre païenne encore, la Samaritaine, qui, après son dialogue au bord du puits, va aller trouver les gens de son village : « Venez voir, j’ai trouvé le Messie ».

Dans ce récit, il ne s’agit plus de la multiplication des pains ni des douze corbeilles, des restes ; il s’agit seulement de quelques miettes qui tombent de la table et données aux chiens.

Avons-nous cette attitude d’humilité, de petitesse ? Cette conscience de n’être rien du tout lorsque nous allons à notre tour recevoir la Sainte-Eucharistie ?

Il ne s’agit pas d’avoir des complexes : soit de supériorité, en nous disant : « Nous, nous sommes baptisés, les fils de Dieu ; nous sommes dans la vérité ; nous avons la lumière. » C’est vrai. Mais est-ce de notre faute ? Quel mérite en avons-nous ?

Tout nous a été donné par Jésus-Christ, par grâce, par amour.

Il ne s’agit pas non plus d’avoir des complexes d’infériorité, (à ne pas confondre avec l’humilité qui est la reconnaissance de son état vrai). Non, il s’agit, dans l’amour, comme le Christ, de considérer les autres, non pas en les regardant de haut, les considérer comme des chiens ; non pas en les regardant de bas, les considérer comme des maîtres : non !

Ni maîtres, ni chiens : les autres sont mes frères. Cela change tout, car frères : ils sont mes égaux, eux aussi, fils de Dieu, fils du même Père que moi, partageant avec moi, au même titre que moi, la bonté et la miséricorde de Dieu.

Si nous formons une famille, une famille de frères, ayant Dieu à qui nous disons ‘’Notre Père’’ : personne n’est supérieur à l’autre, personne n’est inférieur à l’autre. Aux yeux de Dieu, nous avons tous la même taille, la même importance ; aux yeux du chrétien donc, personne n’est plus grand ni plus petit. Pas même le pécheur : qui reste un fils, même s’il s’éloigne du Père et celui-ci l’accueillera avec bonté dès qu’il aura fait son demi-tour vers lui !

Dieu n’appartient à personne, il se donne à tous avec la même générosité. Il suffit, comme cette femme, d’avoir faim, d’avoir soif, de courir sur ses pas, quitte à crier comme elle, avec foi : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi !», pour que le Seigneur puisse nous dire à nous aussi : « Ta foi est grande, que tout se fasse comme tu veux ».

Dieu cède toujours à qui lui demande.

Ayons, comme lui, un amour sans frontières ; il n’y a pas d’étrangers pour un disciple de Jésus, un amour sans privilèges ; il n’y a pas de discrimination pour un disciple de Jésus, un amour sans réserve : pas de retour sur soi pour un vrai disciple de Jésus. AMEN




Assomption de la Vierge Marie (Lc 1, 39-56) – Homélie du Père Louis DATTIN

Fête de la jeunesse du monde

Lc 1, 39-56

Vous savez combien dans la vie, on aime établir des classements. Pour le tour de France, c’est le maillot jaune pour le 1er ; sport : coupe pour le foot ; aux jeux olympiques, c’est la médaille d’or avec la Marseillaise ; en classe, le 1er est au tableau d’honneur : autrefois, il portait une croix et le second, un ruban.

Dans une association, il y a un président ; au renouveau, un berger ; dans l’église, un doyen ou un évêque.

En fête de l’Assomption, je donnerai facilement à Marie, le titre, non pas de la 1ère Dame de France, mais celle de la 1ère Dame du Monde !

Il y a un chant qui dit : Marie, « la 1ère en chemin« . Elle a tout fait avant nous ! « Marie, tu en as connu ‘’des 1ères fois’’ » !

. Rappelle-toi : ta surprise, le jour de l’Annonciation.

C’était une première pour toi : « Dieu a posé son regard sur toi, humble servante ».

C’était aussi une première pour l’Humanité : « Dieu veut habiter sur la terre, c’est l’Incarnation ».

 

Du jamais vu et grâce à ton oui cela va pouvoir se faire ! Dieu veut prendre corps en une femme.

. Rappelle-toi, la Visitation : ton empressement sur la route, ta rencontre avec Elisabeth. C’était une première pour toi, lorsqu’elle te dit : « Bienheureuse parce que tu as cru ». Une première, lorsque Jean-Baptiste et Jésus bondissent de joie. Une première pour nous !

. Rappelle-toi la nuit de Noël : une grande première qu’une naissance avec Joseph, les Bergers, les Mages ; ce chant du « Gloire à Dieu » et la paix pour les hommes et cet enfant emmailloté, couché dans une mangeoire !

Aussi, une première pour nous : Dieu, le grand Dieu, qui n’est qu’un « tout petit « .

. Rappelle-toi ton inquiétude à Jérusalem, ta surprise : priorité accordée par ton fils, pour son Père du ciel. Jésus obéissant à son père, tu n’as pas compris ce jour-là ! C’était aussi une surprise pour nous : Dieu toujours  » premier servi « .

. Rappelle-toi ta présence à Cana : c’est toi, la première qui s’est aperçue que le vin allait manquer et pour la première fois, son premier miracle. Tu coopères à l’action de ton fils et pour nous, une surprise : Dieu se préoccupe aussi des petits soucis de nos existences humaines… ce vin qui, un jour, plus tard, allait devenir son Sang, à la messe.

. Rappelle-toi, Marie, mais tu t’en rappelleras toujours, ce fut trop pénible, ta présence, au pied de la Croix : tout donner, même ton fils… Une première pour toi, une première pour nous : « Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime ».

. Rappelle-toi, Marie, ta stupéfaction et ta joie profonde au moment de sa Résurrection, la première fois que la mort était vaincue, que le mal était écrasé, que ton fils changeait l’ordre du monde et que les hommes, enfin, pouvaient espérer, aux aussi.

. Rappelle-toi, Marie, cette pièce du 1er étage d’une maison de Jérusalem qu’on appelle le Cénacle. Tu y priais en compagnie des apôtres, lorsque, soudain, le souffle de l’Esprit vous a envahi et vous a donné la force de fonder l’Eglise : annoncer la nouvelle aux quatre coins du monde : la Pentecôte.

. Et puis, rappelle-toi, Marie, de ce jour extraordinaire et triomphal de ton entrée au ciel où tu es couronnée par ton fils, à la fois Reine, Vierge, Mère

La première, là encore, tu entres dans l’éternité non seulement avec ton âme, ce qui était bien normal, mais aussi avec ton corps, ce corps qui avait accueilli ton fils pour lui donner sa vie humaine : c’est cet événement que nous célébrons aujourd’hui. 1ière Dame de la terre, 1ière Dame du ciel, sans renier ni la terre, ni le ciel : « Je crois en la résurrection de la chair et à la vie éternelle ».

Toi aussi, la première humaine, nous indiquant la route qui mènera à notre tour, dans cette vie éternelle, « La première en chemin ».

La 1ière arrivée, , , aussi, à notre tour, nous aboutirons en suivant de loin, ton itinéraire.

Tu as toujours été la première parce qu’à chaque fois que le Père te proposait une nouvelle aventure spirituelle, tu disais « oui « . Tu répétais : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il fasse par moi ce qui lui plaît ».

 “Marie, veux-tu… ?‘’ » et à chaque fois, c’était d’accord : « D’accord, Seigneur, poursuivons cette épopée divine ».

Elle a dit « oui » à Nazareth, à Bethléem, à Cana, au pied de la Croix, au Cénacle, entraînée chaque fois par un nouvel élan de l’Esprit Saint : « Sûr de mon acceptation, tu me proposais, Seigneur, une nouvelle étape sur le chemin du salut ».

« La première en chemin! » Toi, tu es toujours restée l’humble servante : à chaque désir de Dieu, tu as dit « oui » : « Mais, bien sûr, Seigneur ! »

Cette ouverture aux initiatives de Dieu, les spirituels appellent cela : « la disponibilité ». Tu te mets totalement à la disposition de Dieu pour réaliser « la promesse faite à nos pères ». Tu acceptes d’être la femme qui écrasera la tête du serpent. Tu acceptes de libérer avec Jésus cette humanité pécheresse, de l’emprise de Satan.

Devenir, nous aussi, à l’exemple de Marie, disponibles. A chacun, chacune d’entre nous, le Seigneur s’adresse et nous propose et nous dit : « Veux-tu… ? »

« Veux-tu sauver l’humanité avec moi ? Veux-tu avec l’Esprit de ton Baptême et de ta Confirmation, te mettre en route ? Etre de ceux et celles qui sont  » les premiers en chemins » : chemin de joie, chemin de croix parfois ? Veux-tu, toi aussi, tout au long de ton existence, redire ces petits « oui » qui sont autant de mailles dans le tissu de ta vie ? Veux-tu te remettre, te démettre entre les mains de Dieu pour travailler avec lui au salut des hommes ? »

 

Puissions-nous, Vierge Marie, être avec toi :

  • tout à la joie d’annoncer la Bonne Nouvelle

  • tout à l’émerveillement d’adorer l’enfant de Noël

  • tout à la peine, en communiant à la Passion de ton fils

  • tout à la foi de la Pentecôte, au matin de l’Eglise, pour aller à la rencontre de nos frères.

Et aujourd’hui, Marie, en cette fête de l’Assomption, être tout à la gloire aux côtés de Jésus ! Aujourd’hui, montre-nous ce bonheur éternel où tu attends chacun de nous !

Le Seigneur nous pose la question, à nous aussi, maintenant :

« Veux-tu… ? »

Ayons assez de cœur pour lui répondre à notre tour :

« Oui, Seigneur ». AMEN




L’Assomption de la Vierge Marie (Lc 1, 39-56) – par le Diacre Jacques FOURNIER

« L’Assomption de Marie, l’Immaculée Conception »

(Lc 1, 39-56)

  En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint,
et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son nom !
Sa miséricorde s’étend d’âge en âge
sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur,
il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères,
en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. »
Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.

    

Au jour de l’Annonciation, l’Ange Gabriel était apparu à Marie et lui avait dit : « Réjouis-toi, Comblée-de-Grâce (kékharitôménê) »… Ce dernier terme est unique dans toute la Bible. Avec lui, nous sommes invités à contempler le Mystère de Marie, fruit de l’action de Dieu en elle dès les premiers instants de son existence. En effet, par une grâce toute spéciale qui la préparait à sa vocation unique, Marie a été comblée par l’Esprit Saint, un Esprit qui est Lumière et qui a chassé en elle toute forme de ténèbres… Préservée du péché originel, Marie, vraie femme comme toutes les femmes, fut ainsi sanctifiée dès sa conception pour pouvoir répondre plus tard en toute liberté à l’appel que Dieu désirait lui adresser : devenir la Mère du Seigneur. Alors, à son « oui », l’Esprit Saint s’est uni à sa chair sanctifiée pour engendrer en elle un Etre Saint en toutes ses dimensions, corps, âme et esprit : Jésus, le Fils éternel du Père, l’unique Sauveur du Monde…

Plus tard, Marie comprendra cette action de Dieu en elle au tout premier instant de sa conception comme un acte de Salut totalement gratuit : « Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur », dira-t-elle… Et elle chantera le Mystère de Celui qu’elle a découvert comme étant Miséricorde Toute Puissante : « Le Puissant fit pour moi des merveilles, Saint est son Nom. Sa Miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent »… Et ce que Marie a reçu de manière unique au tout début de son existence, nous sommes tous appelés à le recevoir, instant après instant, tout au long de notre vie, pour être un jour au ciel avec elle et comme elle, grâce à la Miséricorde Toute Puissante de Dieu… St Paul l’écrit : « Dieu nous a comblés de sa grâce en son Fils Bien Aimé qui nous obtient par son sang la Rédemption, le pardon de nos fautes ». Alors, « par Jésus Christ » nous pouvons « devenir des fils, saints et immaculés en sa Présence dans l’amour ». Ce projet de Dieu s’inscrit dans la dynamique de notre baptême : « Le Christ a aimé l’Église, il s’est livré pour elle ; il voulait la rendre sainte en la purifiant par le bain du baptême et la Parole de vie ; il voulait se la présenter à lui-même, cette Église, resplendissante, sans tache, ni ride, ni aucun défaut ; il la voulait sainte et immaculée » (Ep 1,3-14 ; 5,25-27).

« Etre saint et immaculé », voilà ce projet de Dieu sur l’homme qui s’est parfaitement réalisé en Marie dès les premiers instants de sa Conception grâce à sa Miséricorde Toute Puissante. Et puisque Dieu ne peut laisser son saint, sa sainte, « voir la corruption » (Ac 2,31‑32), Marie, comme Jésus, est passée par la mort, notre chemin à tous, mais elle a été aussitôt glorifiée en sa chair par l’Esprit Saint : tel est le Mystère de son Assomption où nous contemplons ce que le Père veut réaliser pour tout homme de bonne volonté…                       DJF




L’Assomption de la Vierge Marie (Lc 1, 39-56) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

 

L’Assomption de la Vierge Marie est honorée par deux messes, celle de « la veille au soir » et celle « du jour ». Seules quelques solennités donnent lieu à plusieurs messes : la nativité du Seigneur, l’Épiphanie, Pâques, l’Ascension, la Pentecôte et l’Assomption. C’est ainsi dire l’importance de cette solennité.

L’Assomption est un dogme, une vérité de foi à laquelle doit adhérer tous les catholiques. De quoi s’agit-il ? Le 01er novembre 1950, le pape Pie XII a défini ce dogme en ces termes : « Par l’autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul, et par la Nôtre, Nous proclamons, déclarons et définissons que c’est un dogme divinement révélé que Marie, l’Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste. »[1]

L’Assomption de Marie est une conséquence directe de sa maternité divine tout comme son immaculée conception. Celle qui a porté en son sein le Fils de Dieu, la toute pure, ne pouvait pas connaître la dégradation corporelle, elle a été élevée corps et âme.

Parce qu’elle est Mère de Dieu, Marie, par la volonté de son Fils, continue d’exercer sa maternité sur l’ensemble de l’Église, le Corps du Christ. Marie est aussi notre Mère et de ce fait, nous devons lui honorer un culte. La constitution dogmatique de Vatican II sur l’Église précise que ce culte est un devoir : « Les croyants, attachés au Christ chef et unis dans une même communion avec tous ses saints, se doivent de vénérer, « en tout premier lieu la mémoire de la glorieuse Marie, toujours vierge, Mère de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ » »[2].

La constitution précise encore que Marie « occupe dans la Sainte Église la place la plus élevée au-dessous du Christ, et nous est toute proche. »[3] Elle est « bien loin au-dessus de toutes les créatures dans le ciel et sur la terre »[4]. Par conséquent, les disciples du Christ doivent de développer « un sentiment filial de piété, comme il convient pour une mère très aimante »[5]. Le culte marial n’est pas facultatif, pour plusieurs raisons :

  • Le peuple de Dieu a toujours voué une grande dévotion à la Vierge Marie. Les fidèles ont toujours eu recours à son intercession et à sa protection maternelle au milieu des périls et des difficultés de la vie : « Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu. Ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais de tous les dangers délivre-nous toujours, Vierge glorieuse et bénie. »[6]

La préface de la messe précise qu’elle est « source de réconfort pour [le] peuple encore en chemin. »

  • La préface précise encore : « Aujourd’hui, la Vierge Marie, la Mère de Dieu, est élevée au ciel. Elle est le commencement et l’image de ce que deviendra [l’]Église en sa plénitude, elle est signe d’espérance ». Marie est l’espérance de ce qui nous attend lors de la parousie du Christ : nous vivrons pour l’éternité dans la gloire de Dieu, corps et âme. Nous ressusciterons dans un corps spirituel semblable au Christ (voir 1 Co 15, versets 44 et 49).

Nous l’aurons compris que nous devons honorer un culte à la Vierge Marie mais honorons-le bien. La constitution dogmatique sur l’Église souligne également : « depuis le Concile d’Éphèse[7], le culte du Peuple de Dieu envers Marie a connu un merveilleux accroissement, sous les formes de la vénération et de l’amour, de l’invocation et de l’imitation, réalisant ses propres paroles prophétiques : « Toutes les générations m’appelleront bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses » (Lc 1, 48) »[8]

Il convient donc d’honorer Marie d’un authentique culte de vénération (et non d’adoration, réservé à Dieu seul). L’Église nous encourage à l’aimer d’une façon filiale mais aussi à imiter ses vertus. Marie est pour nous un modèle à plusieurs titres :

  • Modèle de foi et d’obéissance : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » (Lc 1, 38).

  • Modèle de sainteté : « Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. » (Lc 1, 48).

  • Modèle de joie : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! » (Lc 46-47).

  • Modèle de charité et de service : « Marie resta avec Élisabeth environ trois mois » (Lc 1, 56), à son service.

Voilà ce que nous devons surtout imiter de Marie dans un monde où la foi se « tiédit », où le pessimisme grandit et où le service gratuit du prochain se perd. Nous avons à œuvrer pour rendre ce monde plus saint. Alors imitons Marie en restant focalisés sur le Christ ! En tant que Mère, Marie nous rappelle et nous ramène constamment à l’essentiel : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » (Jn 2, 5).

Que Marie nous guide vers son Fils, qu’elle nous aide à faire tout ce qu’il nous demande, en vue de notre Salut et de notre Résurrection. Bonne fête de l’Assomption à tous et à chacun.

« Pour ta gloire, on parle de toi, Marie : aujourd’hui tu es élevée bien au-dessus des anges, et tu partages le triomphe du Christ à jamais » (antienne d’ouverture, messe de la veille au soir).

[1] Pie XII, Constitution apostolique Munificentissimus Deus / Proclamation du dogme de l’Assomption, n°44, 01er novembre 1950.

[2] Constitution dogmatique sur l’Église, Lumen gentium, n°52.

[3] Ibidem, n°54.

[4] Ibidem, n°53.

[5] Ibidem, n°53.

[6] Parmi les nombreuses prières catholiques populaires, il y a une ancienne prière égyptienne Sub tuum. Remontant au IIIème siècle, elle est une invocation collective à la Mère de Dieu, pour obtenir son intercession dans les moments difficiles. Cette prière est la plus ancienne et elle est encouragée par le pape François.

[7] Le concile d’Éphèse date de 430. Il fixe notamment le dogme de la Vierge Marie Théotokos c’est-à-dire « Mère de Dieu ».

[8] Constitution dogmatique sur l’Église, Lumen gentium, n°66.

 




« Qui est Dieu pour moi ? » 19ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 14, 22-33) – Homélie du D. Alexandre ROGALA

Il y a quelques années, quand j’étais à la paroisse de Drancy, je discutais avec une paroissienne au sujet de son fils. Elle racontait que celui-ci était très pieux et très proche du Seigneur, et que la prière de son fils était tellement puissante et efficace, que lorsque quelqu’un lui faisait du mal, à elle ou à son fils, celui-ci priait, et Dieu punissait toujours la personne qui avait mal agi.

Cela signifie que pour cette dame, Dieu est Celui qui punit les méchants, et protège ses fidèles. Cette conception de Dieu peut nous faire sourire, mais elle existe bel et bien dans la Bible. Par exemple, dans le livre des Psaumes nous lisons:

« (Le juste) est comme un arbre planté près d’un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt ; tout ce qu’il entreprend réussira, tel n’est pas le sort des méchants. Mais ils sont comme la paille balayée par le vent…Le Seigneur connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perdra » (Ps 1, 3-4; 6)

Et pour moi ? Qui est Dieu ? Quelle idée est-ce que je me fais de Lui ?

 

Il me semble que les textes que nous propose la liturgie ce dimanche peuvent nous aider à corriger certaines idées fausses que nous pouvons nous faire sur Dieu.

Commençons par nous laisser instruire par le Seigneur en même temps que le prophète Élie. La première lecture est un extrait du chapitre 19 du Premier Livre des Rois dans lequel Dieu vient à la rencontre d’Élie.

Le début du texte nous signale qu’Élie est arrivé à l’Horeb, la montagne de Dieu. Si nous ouvrons notre Bible pour regarder ce qui se passe avant, nous comprenons que si Élie est venu à la montagne de Dieu, ce n’est pas pour le rencontrer, mais c’est parce qu’il est menacé par la reine Jezabel. Élie a pris la fuite pour sauver sa vie. Plein de zèle pour le Seigneur, Élie avait lancé un défi aux prophètes de Baal sur le mont Carmel:

 « Amenez-nous deux jeunes taureaux ; quils en choisissent un, quils le dépècent et le placent sur le bûcher, mais quils ny mettent pas le feu. Moi, je préparerai lautre taureau, je le placerai sur le bûcher, mais je ny mettrai pas le feu. Vous invoquerez le nom de votre dieu, et moi, jinvoquerai le nom du Seigneur : le dieu qui répondra par le feu, cest lui qui est Dieu. » La foule répondit : « Cest daccord. » » (1 R 18, 23-24)

Évidemment, comme le dieu Baal n’existe pas, le taureau qu’avait préparé les prophètes de Baal n’a pas été consumé, alors que quand Élie a prié le Seigneur:

« le feu du Seigneur tomba, il dévora la victime et le bois, les pierres et la poussière, et leau qui était dans la rigole. » (1 R 18, 38)

Au mont Carmel, Dieu s’est manifesté par un feu dévorant et destructeur. Élie en a déduit que puisque le Seigneur s’était manifesté avec une puissance dévorante et destructrice, en tant que prophète, il devait lui aussi « détruire ». Et avec l’aide du peuple, Élie a égorgé tous les prêtres de Baal. La reine Jezabel avait donc une bonne raison d’en vouloir à Élie.

Dans le texte d’aujourd’hui, Dieu rectifie l’idée fausse que se fait le prophète Élie sur Lui. Même si au mont Carmel, Il s’est manifesté avec puissance, Dieu n’a jamais voulu la mort de l’homme pécheur (cf. Ez 18). C’est pourquoi, à l’Horeb Dieu choisit de ne se manifester ni dans l’ouragan, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu. Autrement dit, Dieu fait le choix de ne pas se manifester dans un élément destructeur.

Au contraire, le texte nous dit que Dieu se manifeste dans « le murmure d’une brise légère ». Littéralement, il faudrait traduire dans « une voix, un silence subtil ». Il y a ici une contradiction. Comment une voix peut-elle être silencieuse ? En employant cet oxymore, il est possible que l’auteur sacré veuille nous parler de la manière dont Dieu entre en relation avec l’homme. Quand Dieu nous parle, nous ne percevons pas sa voix avec notre système auditif, mais avec les oreilles de notre cœur.

Ce que la première lecture nous enseigne sur Dieu, c’est que que bien qu’il possède la puissance de tout détruire, Dieu est doux. Dieu se fait connaître non par la destruction, mais par sa parole. Dieu parle au cœur de l’homme.

La deuxième lecture est tirée de la Lettre aux Romains. Dans cette lettre, saint Paul prépare sa visite prochaine à Rome. Il souhaite recevoir un accueil favorable de la part des chrétiens de cette ville. Paul est juif, et qu’il est fort possible que la communauté chrétienne de Rome au milieu du Ier siècle était composée majoritairement de croyants issus du paganisme. Si les croyants d’origine juive étaient minoritaires dans la communauté chrétienne de Rome, comme toute minorité, il est probable qu’ils aient été un peu méprisés par le groupe majoritaire, celui des pagano-chrétiens. Dans sa lettre, saint Paul rappelle aux chrétien romains que « les dons gratuits de Dieu et l’appel dont a bénéficié le peuple d’Israel sont sans repentance » (cf. Rm 11, 29). Dans l’extrait du chapitre 9 que nous avons entendu aujourd’hui saint Paul leur parle de la place particulière des juifs dans le dessein de Dieu:

« Ils ont ladoption, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses de Dieu ; ils ont les patriarches, et cest de leur race que le Christ est né ».

Qui est Dieu pour saint Paul ? Dieu est un dieu qui non seulement entre en relation avec l’être humain, mais qui désire aussi partager sa gloire avec lui. C’est ce plan de Dieu pour l’homme qui est la raison d’être des alliances.

L’évangile d’aujourd’hui est la version matthéenne du récit de la marche de Jésus sur la mer. Si nous comparons le récit de Matthieu de cet épisode, avec ceux de Marc et de Jean, nous remarquons qu’il a deux éléments en plus. La demande de Pierre à Jésus de pouvoir le rejoindre sur la mer, et la confession de foi des hommes qui se trouvent dans la barque, qui reconnaissent que Jésus est Fils de Dieu: « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! ».

Je voudrais m’arrêter dans un premier temps sur la confession de foi des disciples dans la barque, car elle signale au lecteur, que dans ce récit de la marche sur les eaux, c’est surtout la divinité de Jésus qui est soulignée. D’ailleurs, dans la Bible, marcher sur la mer est un privilège divin. Par exemple, dans le Livre de Job, nous lisons à propos de Dieu:

« À lui seul il déploie les cieux, il marche sur la crête des vagues » (Jb 9, 8).

À cela, ajoutons que la réponse de Jésus pour rassurer ses disciples: « c’est moi » (ἐγώ εἰμι, égô eimi) fait possiblement référence au nom divin dans le récit du buisson ardent en Ex 3 dans la version grecque de la Septante.

Dans la première lecture, nous avons vu que Dieu a corrigé l’idée fausse que se faisait le prophète Élie sur Lui, en le prenant pour un Dieu de vengeance et de fureur. Il me semble que dans l’évangile  aussi, Jésus corrige une idée erronée sur sa personne, et donc sur Dieu.

Si nous jetons un coup d’œil sur le récit qui précède la marche sur les mer, nous voyons qu’il s’agit de celui de la multiplication des pains, dans lequel Jésus nourrit cinq mille personnes.

Nous imaginons bien que les disciples et la foule auraient préféré rester avec Jésus après ce miracle. Mais Jésus les renvoie tous les deux. Pour les disciples, ce renvoi est sans aucun doute difficile car le texte nous dit que « Jésus obligea les disciples à monter dans la barque ».

Le premier enseignement de Jésus sur Dieu, c’est que Dieu n’est pas un distributeur de miracles. Le croyant ne doit pas rester auprès du Seigneur dans le seul but de pouvoir obtenir de Lui quelque chose. D’ailleurs, si nous réfléchissons, nous connaissons tous des personnes qui se sont éloignées de l’Église parce que leurs prières n’ont pas été exaucées.

Alors qu’ils viennent tout juste de vivre une expérience spirituelle forte pendant la multiplication des pains, les disciples se retrouvent au cœur d’une tempête. Alors que la barque est malmenée par les vagues, Jésus vient vers eux marchant sur la mer, symbole de la mort et des forces du mal.

Nous avons ici un deuxième enseignement. Lorsque dans nos vies, nous affrontons des tempêtes, le Ressuscité vient à nous et nous dit: «  Confiance ! cest moi ; nayez plus peur ! ». Face aux situations difficiles, face aux problèmes, même ceux qui paraissent insurmontables, Dieu nous invite à la confiance.

Alors, qui donc est Dieu ? Faisons un bilan.

La première lecture nous a enseigné, que Dieu ne désire pas la mort des gens qui le rejettent, et que Dieu parle avec douceur au cœur de l’homme.

Dans la deuxième lecture, saint Paul est allé plus loin que l’auteur du Premier Livre des Roi, en nous enseignant que Dieu a toujours désiré diviniser l’être humain, et ce dessein est la raison pour laquelle Il s’est choisi un peuple avec qui il a fait alliance.

Enfin dans l’évangile, nous avons vu que si Dieu n’est pas un distributeur de bienfaits à la demande, ce qui est certain, c’est qu’il n’abandonne jamais le croyant. Dieu vient à sa rencontre dans les moments les plus difficiles, le réconforte et l’invite à la confiance.

Nous avons évoqué plus haut, un deuxième élément propre au récit de Matthieu. Il s’agit de la demande de Pierre à Jésus de pouvoir le rejoindre sur les eaux. Ce passage nous dit quelque chose de l’attitude que nous devons avoir en tant que disciple du Christ.

Pierre a écouté Jésus et a bien compris l’exhortation de Jésus à la confiance. Il demande donc à Jésus le courage de pouvoir s’aventurer hors de la barque et de marcher à son tour sur la mer. Mais saint Pierre est comme nous. Il prend peur quand le vent souffle trop fort.

Mais heureusement, comme Dieu le Père, Dieu le Fils (Jésus) connait la faiblesse de notre foi, et il entend celui qui crie: « Seigneur ! Sauve-moi ! ».

Demandons donc au Seigneur de nous accorder la grâce de toujours lui faire confiance jusqu’au jour de notre mort. Amen !

                                                                                   D. Alexandre ROGALA

 




19ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 14, 22-33) – par Francis COUSIN

       « Enthousiasme … peur … calme … »

Pour bien comprendre le texte de ce jour, il nous faut faire un retour en arrière, et voir ce qui s’est passé juste celui-ci : la première multiplication des pains : plus de cinq milles hommes (sans compter les femmes et les enfants) avaient étaient nourris à partir de cinq pains et deux poissons, et tous avaient été rassasiés …

Un miracle qui avait tellement enthousiasmé les gens que tous disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. », et ils voulaient « l’enlever pour faire de lui leur roi. » (Jn 6,14-15), ce que ne voulait pas Jésus, car sa « Royauté n’est pas de ce monde. » (Jn 18,36).

Alors Jésus « obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules ... [puis] il gravit la montagne, à l’écart, pour prier. ».

Incompréhension des apôtres qui ne comprennent pas l’ordre de Jésus : pourquoi partir sur l’autre rive, en territoire païen, alors que la foule des juifs était prête à l’acclamer comme roi

Pour eux, c’est une occasion manquée de Jésus pour mettre en place son royaume … alors qu’il avait la foule avec lui … et peut-être aussi pour eux qui se voyaient déjà à des postes importants dans son royaume …

Mais ils obéissent à Jésus, et montent sans la barque …

C’est la nuit qui approche, et bientôt les ténèbres seront là … et en plus, le vent se lève … Pas de quoi rassurer les apôtres pour une traversée qui s’avère difficile …

« Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. »

Matthieu aurait pu écrire : « Peu avant que le jour se lève … » … c’est la même chose … mais la symbolique n’est pas la même : ici, on insiste sur la nuit, sur les ténèbres, les forces du mal, alors qu’autrement on insiste sur le jour nouveau, le soleil levant qu’est Jésus …

Et de fait, si Jésus apparaît aux yeux des apôtres, c’est de manière très flou … ils n’arrivent pas à le reconnaître … il faut dire que marcher sur la mer, cela ne se voit pas tous les jours … ils voient une tache blanche qui se meut sur la mer … et les peurs ancestrales refont surface … Un fantôme ? …

Heureusement que Jésus, comme il fait à chaque fois qu’il apparaît de manière impromptue, s’écrit : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! ».

Mais cela ne suffit pas à calmer les apôtres.

Alors, Pierre, bravache comme souvent, dit : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. ».

« Viens. » dit Jésus.

Au début, pas de problèmes. Pierre regarde Jésus et avance vers lui … il marche sur la mer … mais une bourrasque de vent le déséquilibre, il se rend compte que ce qu’il fait n’est pas ordinaire, il panique … et il s’enfonce dans l’eau …

Alors il remet son regard vers Jésus et l’appelle au secours : « Seigneur, sauve-moi ! ».

Et Jésus lui tend la main …

« Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » …

Cette phrase ne s’adresse pas seulement à Pierre … mais à chacun de nous … et sans doute plus souvent à nous qu’à Pierre !

Combien de fois nous répondons à l’appel de Jésus, ou à un de ses représentants : « Viens, suis-moi … viens vers moi … fait ceci … fait cela … ».

Et on répond « Oui » …

Au début, cela va bien, on fait ce qu’il nous demande en pensant à Jésus …

Et puis, au bout d’un moment, comme cela va bien, on se regarde soi-même … on est fier de ce qu’on fait … on s’y croit … et on n’oublie de penser que si Jésus n’avait pas été là, avec nous, pour nous soutenir, on n’aurait rien pu faire …

Et comme Pierre, on s’enfonce dans la mer, on s’enlise … rien en va plus.

Notre regard s’est porté sur nous … et non sur Jésus …

Mais Dieu nous laisse toujours une chance, par la voix de l’Esprit Saint qui nous souffle cette parole, celle de Pierre : « Seigneur, sauve-moi ! ».

Alors, nous pouvons prendre la main que Dieu nous tend, celle d’un prêtre, d’un voisin, d’une religieuse … voire celle d’un non-baptisé … pour nous remettre dans le droit chemin …

Ainsi, le vent du Malin tombera … le calme reviendra dans nos cœurs … et nous pourrons voir Jésus sans honte, avec amour.

Seigneur Jésus,

en entendant ce récit,

on pense surtout à Pierre …

Alors que c’est nous qu’il faut regarder.

Quand tout va bien,

on s’en attribue souvent les mérites …

et quand cela va mal …

c’est la faute à pas de chance.

Mais de Toi,

on parle peu !

 

Francis Cousin    

 

Cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder à l’image illustrée :

Prière dim ord A 19°