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L’Immaculée Conception de la Vierge Marie (Lc 1, 26-38) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

 

Lecture : Luc 1, 26-38

Nous célébrons aujourd’hui l’Immaculée Conception de la bienheureuse Vierge Marie.

Il s’agit d’un dogme, une vérité de foi proclamée par le pape Pie IX, le 08 décembre 1854. Dans la Bulle Ineffabilis Deus, le pape déclarait : « Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine qui tient que la bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu tout puissant, en vue des mérites de Jésus Christ, Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel, est une doctrine révélée de Dieu, et qu’ainsi elle doit être crue fermement et constamment par tous les fidèles. »

Une vérité de foi à laquelle nous devons tous adhérer ! Marie a été conçue sans péché à cause de Jésus. Dieu le grand Saint ne pouvait pas s’incarner dans un sein indigne de lui, impur ou marqué par le péché.

Marie est de ce fait la toute pure. L’ange la salue ainsi : « Je te salue, Comblée-de-grâce ». Dans la traduction liturgique, « Comblée-de-grâce » est avec un C majuscule, cela équivaut à un nom : Marie est la Comblée de grâce.

Quatre ans après la promulgation du dogme, ont lieu les apparitions à Lourdes. Le 25 mars 1858, dans la grotte humide et sombre de Massabielle, Marie converse familièrement avec Bernadette qui l’interroge ; elle va lui dire son nom en patois : « « Que soy era Immaculada Counceptiou » = « Je suis l’Immaculée Conception ». » Cette apparition confirmera ce dogme.

Marie a été conçue sans péché. De ce fait, elle est un modèle de vertus pour nous. Que cette solennité nous aide à vivre de ses vertus que l’évangile nous suggère :

  • Modèle de foi, celle qui a cru. Marie n’a pas douté… Elle va questionner l’ange : « Comment cela va-t-il se faire ? » mais sans douter… Marie a su ouvrir à l’inconnu de Dieu, à se disposer à cet inconnu : « Que tout m’advienne selon ta parole. »

  • Modèle d’obéissance, Marie est la nouvelle Ève, l’antithèse de l’Ève de la Genèse qui a désobéi[1]. Marie a su se remettre complètement à Dieu. Nous avons besoin de réapprendre l’obéissance à Dieu dans un monde où on tend à se fier qu’à soi-même, comme si nous étions nos propres maîtres.

  • Modèle du service : « Voici la servante du Seigneur ». Marie est l’humble servante, l’exemple de l’humilité. Le vrai service ne se vit que dans l’humilité…

Puissions-nous vivre ces vertus de Marie dans ce monde en perte de repères et que Marie, la Mère très pure nous vienne en aide : « Nous te saluons Mère très pure, tu as porté en ton sein le Sauveur du monde, guide-nous vers ton Fils, prie pour nous qui sommes tes enfants. Amen. »

 

[1] Voir première lecture : Genèse 3, 9-15.20




2ième Dimanche de l’Avent (Mc 1, 1-8) par D. Alexandre ROGALA

L’une des dimensions de la mission du chrétien est de préparer l’ultime venue du Christ dans la gloire à la fin des temps, en annonçant à ceux qui ne le savent pas encore qu’un jour, Dieu s’est fait homme, qu’il est mort, qu’il est ressuscité, qu’il est vivant à jamais, et qu’il nous a promis cette même vie qui n’aura pas de fin.

Pendant le temps liturgique de l’Avent, l’Église nous invite à contempler et à méditer sur le mystère de l’Incarnation, sur le mystère d’un Dieu qui a voulu partager notre condition humaine. En nous préparant à faire mémoire de la naissance de Jésus, en nous préparant à l’accueillir spirituellement comme un petit enfant, nous nous entrainons en même temps, pour ainsi dire, à accueillir le Fils de Dieu, non plus comme un enfant inoffensif, mais à l’accueillir lors sa venue glorieuse avec tous ses anges à la fin des temps.

C’est sans doute la raison pour laquelle la deuxième lecture qui est tirée de la Deuxième Lettre de Pierre, nous parle de la fin des temps. La semaine dernière, Jésus nous a mis en garde: « Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison » (Mc 13, 35). Même si nous  ignorons quand viendra la fin du temps, nous savons qu’elle arrivera tôt ou tard:

« le jour du Seigneur viendra, comme un voleur. Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments embrasés seront dissous, la terre, avec tout ce quon a fait ici-bas, ne pourra y échapper » (2 P 3, 10)

Pour Pierre, l’attente de la Parousie est un temps que Dieu nous donne pour que nous nous convertissions, et c’est pourquoi il nous exhorte à la sainteté et à la piété:

« (Le Seigneur) prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion (…) vous voyez quels hommes vous devez être, en vivant dans la sainteté et la piété » (2 P 3, 9; 11)

Les textes qui parlent de la fin des temps sont impressionnants et peuvent nous faire peur. Cependant, le chrétien ne doit pas avoir peur de la fin du monde. Pour nous croyants, la fin des temps est une bonne nouvelle dans la mesure où  « ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, cest un ciel nouveau et une terre nouvelle où sidera la justice » (2 P 3, 13).

Et il nous suffit d’allumer la télévision, de regarder les actualités, ou d’ouvrir un journal, pour comprendre que nous avons bien besoin de cette « terre nouvelle où résidera la justice ».

Quand nous voyons le déchainement des puissances du mal dans le monde, avec les guerres, les agressions, les meurtres, les viols… Bref, les crimes et injustices de toutes sortes, dont nous sommes peut-être nous-mêmes victimes, nous avons de quoi être tristes et nous décourager… Les premiers mots de la première lecture, nous invitent à relever la tête et à faire confiance au Seigneur:

« Consolez, consolez mon peuple,– dit votre Dieu –parlez au cœur de Jérusalem » (Is 40, 1).

Il s’agit du début de la partie du Livre du Prophète Isaïe écrite vers la fin de l’Exil à Babylone. Isaïe annonce aux exilés qu’ils vont bientôt pouvoir rentrer en Terre Promise. Ce retour en Terre Promise sera possible grâce à un édit de Cyrus le roi de Perse. La fin de l’Exil est interprétée par le prophète, comme un « nouvel exode », c’est pourquoi dans son oracle Isaïe mentionne le « désert » dans lequel les hébreux ont marché pendant 40 ans avant d’entrer en Terre Promise: « Une voix proclame : « Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu » (Is 40, 3). De la même manière qu’il les a accompagné lorsqu’il les a libéré de la servitude en Egypte, Dieu accompagnera ses fidèles quittant Babylone tout au long de leur marche pour rentrer en Terre Promise.

L’annonce de la libération de la captivité babylonienne a été une « bonne nouvelle » pour les  israélites exilés.

La première lecture n’est pas la seule où il est question d’une « bonne nouvelle » puisque le début de l’évangile selon Marc que nous venons d’entendre commence par ces mots: « Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu » (Mc 1, 1). Un évangile est une « bonne nouvelle ». L’annonce de la venue du Messie proclamée par Jean le Baptiste devait être une « bonne nouvelle » pour ses contemporains juifs souffrant sous le joug de l’occupation romaine. Ils attendaient une libération…

La citation (partielle) du passage du Livre d’Isaïe que nous avons lu tout à l’heure peut orienter le lecteur vers une conception plutôt guerrière du Messie, c’est à dire un Messie semblable à Cyrus le roi de Perse qui, comme nous venons de le rappeler, avait libéré les israélites de la captivité à Babylone quelques siècles auparavant.

Les contemporains de Jésus connaissaient la Sainte Écriture bien mieux que nous, et quand ils entendaient la citation « Voix de celui qui crie dans le désert :Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers », certains étaient capables de réciter la suite du texte. Et que dit Isaïe dans la suite du texte ?  Isaïe parle de Cyrus en ces termes:

« Ainsi parle le Seigneur à son messie, à Cyrus, quil a pris par la main pour lui soumettre les nations et désarmer les rois, pour lui ouvrir les portes à deux battants, car aucune porte ne restera fermée (…) Cest moi qui ai fait surgir Cyrus selon la justice et japlanis tous ses chemins. Cest lui qui construira ma ville et laissera partir mes déportés sans paiement ni rançon », – dit le Seigneur de lunivers » (Is 45, 1; 13).

En citant Isaïe, l’évangéliste Marc peut laisser croire que Jésus sera un « nouveau Cyrus ».  Il est possible que Jean Baptiste lui-même, ait dans un premier temps, pensé que Jésus serait celui qui libérerait Jérusalem de l’occupant romain.

N’étant pas un guerrier, Jésus a sans aucun doute déçu beaucoup de ses contemporains. Mais nous qui sommes ses disciples, nous savons qu’il nous a libéré d’une captivité à laquelle il était impossible à l’être humain de se libérer par lui-même: celle de l’esclavage du péché.

Donnons la parole à Jean Baptiste: « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de mabaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de leau ; lui vous baptisera dans lEsprit Saint. » (Mc 1, 7-8)

La différence entre les deux baptêmes est qualitative. Alors que celui de Jean purifie provisoirement, le baptême de Jésus lui, a un caractère définitif, grâce à la présence de l’Esprit Saint.

Certes, il nous arrive encore de commettre des péchés. Mais la différence, c’est que nous ne sommes plus asservis au mal et au péché. Nous ne sommes plus obligés pour ainsi dire, de faire le mal, ou pour emprunter une expression à saint Paul, nous ne sommes plus soumis « à la loi du péché » (cf. Rm 8, 2). Par le don de l’Esprit Saint, Dieu nous offre une possibilité nouvelle: celle de devenir des Saints, comme Jésus.

Remercions donc le Seigneur, et demandons-lui la grâce de désirer cette sainteté. Ainsi, nous laissant transformer par l’Esprit, nous serons prêts « le jour où le Fils de l’homme se révélera » (Lc 17, 30), que ce soit comme un petit-enfant dans quelques jours à Noël, ou dans sa gloire, à la fin des temps. Amen !




Audience Générale du Mercredi 6 décembre 2023

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 6 décembre 2023


Catéchèse – La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant – 30. L’annonce est dans l’Esprit Saint

Chers frères et sœurs,

je voudrais vous parler aujourd’hui du primat de l’Esprit-Saint dans l’annonce de l’Évangile. Sans lui notre zèle serait vain et faussement apostolique, il serait notre œuvre et ne porterait pas de fruit. Jésus est le premier évangélisateur et Il nous appelle à évangéliser dans la force de son Esprit. L’Église ne s’annonce pas elle-même mais elle annonce le don de Dieu qui est l’Esprit-Saint. Cet Esprit nous précède, et cela doit nous consoler.

Cependant ce primat de l’Esprit ne doit pas nous conduire à l’indolence, et justifier un désengagement, en ces temps difficiles où la tentation est grande de se réfugier dans des zones de confort. L’’Esprit nous pousse toujours à œuvrer à la mission avec créativité et simplicité. Il se manifeste par l’audace pastorale pour porter l’essentiel du message qui est la mort et la résurrection du Christ, et son amour pour nous. Invoquons-le toujours : Viens Esprit-Saint !

Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier les pèlerins venus de France : l’Etablissement Notre-Dame-Sainte Famille et les Charpentiers des Ateliers Perrault qui œuvrent sur la cathédrale Notre-Dame de Paris. Que le Saint-Esprit nous guide pour annoncer l’Evangile. Que Dieu vous bénisse.





2ième Dimanche de l’Avent (Mc 1, 1-8) – par Francis COUSIN

« Préparez … »

Préparez … C’est un mot qui revient souvent dans notre vie …

On prépare le repas, la table, la lessive, … on prépare la terre pour faire des semis dans son jardin, … on prépare ses valises avant un voyage …

Des fois même, on se prépare … pour passer un examen, pour aller en pique-nique, … pour aller à la messe : les beaux vêtements, la monnaie pour la quête, lire l’évangile du jour …

On n’arrête pas de préparer ou de se préparer …

Parce que, généralement, on ne vit jamais dans l’instant présent … mais dans la préparation de ce qui va venir ensuite, et c’est tant mieux …  (voir la parabole des vierges folles et des vierges sages …)

Deux fois, dans les textes de ce dimanche, on utilise ce verbe … mais pas préparez tout seul, mais « Préparez le chemin du Seigneur », d’abord dans le texte d’Isaïe (première lecture), puis une reprise de ce texte appliquée à Jean, dit le Baptiste, dans l’évangile …

La suite peut surprendre : tracez droit une route dans le désert, aplanissez les collines, comblez les ravins …

            Il ne s’ agit pas de devenir des ingénieurs des travaux publics … mais de rendre droit le sentier qui nous mène vers Dieu … Un sentier qui est dans notre cœur, là, maintenant …

Parce que dans ces textes, c’est l’annonce lointaine (Isaïe) ou toute proche (Jean-Baptiste) de la venue du Messie dont on parle, Jésus, qui va commencer sa vie publique.

Et déjà du temps de Jean-Baptiste, il s’agissait de préparer son cœur : « Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. ».

Moi, ce qui m’a toujours surpris, c’est de voir la réputation de Jean-Baptiste : « Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés. ». Et même d’ailleurs : d’après saint Jean, même des gens de Galilée allaient vers lui : André, Philippe, Simon, Nathanaël, même Jésus (cf Jn 1,40-45) … et il était même connu du roi Hérode : « Hérode avait peur de Jean : il savait que c’était un homme juste et saint, et il le protégeait ; quand il l’avait entendu, il était très embarrassé ; cependant il l’écoutait avec plaisir. » (Mc 6,20).

À une époque où les gens se déplaçaient à pieds, sans moyens de communication moderne (Téléphone, radio, journaux …) comment les gens ont-ils connu son message … et sont allés vers lui ?

Mais pour nous qui vivons au XXI° siècle … comment préparer son cœur à la venue de Jésus ?

Car c’est bien de cela qu’il s’agit … Préparer notre cœur au retour de Jésus, à la fin des temps, … pour le jugement dernier …

D’abord, avec les mêmes moyens que Jean-Baptiste : conversion, et pardon … parce que nous avons toujours besoin de nous convertir : mettre nos pas dans ceux de Jésus … et de pardonner aux autres … et de demander pardon de nos fautes …

Ce n’est pas facile, tout le monde le sait : et ce n’est possible que si on entre dans l’amour de Dieu, lui qui est tout amour …

C’est d’ailleurs ce que nous dit saint Pierre dans la deuxième lecture : « [le Seigneur] prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion. »

Et il ajoute : « vous voyez quels hommes vous devez être, en vivant dans la sainteté et la piété, vous qui attendez …  l’avènement du jour de Dieu (…) en attendant cela, faites tout pour qu’on vous trouve sans tache ni défaut, dans la paix. »

Ayons en nous l’espérance d’être prêt pour ce rendez-vous … dont nous ne connaissons pas la date.

Et n’ayons pas peur : Dieu est toujours avec nous pour nous aider, nous soutenir …

« Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Ap 3,20)

N’ayons pas peur de lui ouvrir la porte …

C’est un ami ! …

Seigneur Jésus,

Toi qui nous aimes et nous connais,

tu sais très bien que notre préparation

 à ta rencontre n’est souvent pas très bonne …

Aide-nous à faire en sorte

que nous vivions

dans la sainteté et la pitié.

 

Francis Cousin

 

 

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2ième Dimanche de l’Avent (Mc 1, 1-8)- Homélie du Père Louis DATTIN

Préparer la route du Seigneur

Mc 1, 1-8

 

            C’est le désert, frères et sœurs, qui est évoqué aujourd’hui dans la liturgie de la parole de Dieu, Isaïe, qui s’adressant aux exilés, leur annonce :

« Vous allez traverser 1 000km de désert : la distance qui vous sépare de Jérusalem, votre ville sainte, votre ville mère. C’est par le désert que passera le chemin du retour au Seigneur. « Tracez la piste, préparez le chemin, tracez droit une route pour Dieu ». Alors la gloire du Seigneur se manifestera. Votre retour au pays, cette grande joie passe par le désert, période de purification ».

« Quittez, nous dit à son tour St-Pierre, vos horizons habituels, vos cadres de vie, de routine et d’habitudes. Mettez-vous en route et vous verrez des cieux nouveaux et une terre nouvelle ».

Et dans l’Evangile, à son tour, au tout début de l’annonce de la Bonne Nouvelle de St-Marc : cette Bonne Nouvelle est-elle apprise ? Par qui ? Une voix crie dans le désert, celle de Jean-Baptiste qui proclame l’annonce du Messie : « Il va venir après moi celui qui est plus puissant que moi ». « Moi, je vous baptise dans l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint » et tout le peuple, tout Jérusalem allait au désert, avouait son péché et se faisait baptiser pour faire voir qu’il voulait changer de vie.

« Crier dans le désert », c’est une expression qui veut dire « Tu perds ton temps. Personne ne t’écoute, tu t’égosilles en pure perte. Ta parole ne rencontrera aucun écho, tu te démènes en vain ».

Alors cette Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, qui doit nous refaire, à chacun, un cœur neuf, est-ce dans le désert que je dois la crier ? Ne serait-ce pas plutôt là où les foules se concentrent ? Au stade de l’Est, sur le Barachois ?

 Regardez notre crèche : il n’y a actuellement rien pour les yeux, aucun décor, pas un personnage, pas une couleur, rien à quoi raccrocher son regard et pourtant l’Eglise nous dit aujourd’hui : « Et si nous partions au désert ? En laissant derrière nous les bruits et les soucis, le silence et le calme commenceraient à nous donner la paix. Notre solitude et notre dénuement effaceraient les préoccupations qui nous harcèlent. Nous en aurions l’esprit et le cœur débarbouillé, le ciel du désert déploierait en nous sa vaste toile ? Si nous partions au désert ? »

Le désert, c’est d’abord le silence extérieur et les voix intérieures : celles de Dieu, celles de notre conscience vont prendre toute leur ampleur. Enfin je pourrai écouter ce que je devrais me dire à moi-même, ce que ma conscience me dicte, ce que le Seigneur lui-même désire me confier : lui qui veut me parler depuis si longtemps, mais auquel je ne donne que si peu la parole parce que d’autres bruits et d’autres paroles couvrent la sienne.

Enfin mes voix intérieures, celles qui devraient me guider et m’orienter vont se rendre audibles parce que d’autres bruits se sont tus.

En outre, au désert, il n’y a rien : c’est le vide, le vide de tout l’accessoire, de tous les objets, l’absence de toute consommation.

C’est le contraire de ces centres de soldes où il y a tout, toutes ces babioles à bon marché qui vont encombrer votre panier et dont, en fin de compte, on n’a pas besoin et puisque dans un désert, il n’y a rien.

On est tout de suite ramené à l’essentiel, à toutes ces grandes questions de fond que nous évitons de nous poser parce qu’elles engageraient trop notre vie :

« Pourquoi suis-je sur la terre ? Quelle est ma destinée ? Que dois-je faire de ma vie ? Quel est son but ? Et pourquoi l’amour ?
Et pourquoi la mort ? Et pourquoi la souffrance ? Quelle est ma place dans l’univers ? Quelle est mon espérance, quelle est ma foi ? »

 Au désert, on se débarrasse des faux problèmes pour se poser les vraies questions. Rien pour nous distraire, rien pour nous évader, il n’y a même pas ce que le philosophe Pascal appelait le « divertissement  » : toute cette quincaillerie matérielle, psychologique, affective et même spirituelle qui nous sort, hors de nous-mêmes.

Au désert, on se retrouve : tel que l’on est, et ça fait peur de se regarder en face. Mais, au désert aussi, il y a quelqu’un d’autre… quelqu’un qui nous y attend, quelqu’un qui nous aime et qui veut nous retrouver et qui veut que nous nous retrouvions nous-mêmes. Ce quelqu’un-là a dit par un prophète de la Bible :

« Je te conduirai au désert et là, je te parlerai au cœur ».

 Là, dans le silence plein de Dieu ; là, dans le vide, plein de Dieu ; c’est là qu’on reçoit les grandes invitations majeures : celles qui changent la vie.

Le désert parle à l’homme : une grande parole muette, celle de celui qui ne se confond avec rien, avec personne. Dans nos vies bousculées et bruyantes, nous manquons de désert ! Alors qu’allons-nous faire ? Je ne vous demande pas d’aller dans la plaine des Sables, ni même à Mafate… le désert, c’est d’abord en vous, dans votre vie à vous qu’il faut le créer.

On a vu qu’il était silence : avez-vous la possibilité dans votre journée, dans ces jours de l’Avent, de créer autour de vous, mais en vous, surtout, des zones de silence, des zones de vide, des espaces intérieurs de désencombrement où vous pourriez vous retrouver vous-mêmes, pas seulement en face de vous-mêmes, ce qui est parfois nécessaire, mais aussi en face de Dieu.

Le désert est peut-être derrière la maison, le long de la rue quand la nuit tombe, peut-être dans l’église où je rentre cinq minutes. Un père de famille, rentrant fatigué du travail me disait que revenant le soir à la maison où il y avait sa femme et ses enfants : c’est-à-dire d’autres problèmes, il éteignait le moteur et les phares de sa voiture, et là, dans le garage, dans le noir, prenait dix minutes de désert avant de sortir de son véhicule pour retrouver les siens.

Un autre me disait, ô paradoxe, que c’était dans le métro, au milieu de ce bruit mécanique et de cette foule anonyme, dans le défilement des stations qu’il trouvait le moyen de prier et de se refaire…

Le désert est peut-être dans un regard croisé tout à l’heure. L’essentiel est que chacun désire trouver le sien : s’il ne le désire pas, il ne le trouvera jamais. Un homme à qui je proposais trois jours de retraite, me répondit tout de suite :

« Non, mon père, parce que je sais que si je dis « oui », je serai obligé de me poser des questions et Dieu aussi m’en posera et je serai obligé de changer de vie : ce que je n’ai nulle envie de faire !»

Ce temps de l’Avent peut devenir pour nous un temps de désert où Jean-Baptiste nous criera à nous aussi, mais pas dans le vide :

« Préparez, oui, préparez le chemin du Seigneur. Changez votre cœur. Que le Seigneur puisse accéder jusqu’à vous, parce que, dans le sable et les cailloux, vous avez rendu droite une route pour Dieu ».

Il nous faut chercher le désert jusqu’à ce que le désert ait mûri en nous les vrais malheurs.

Faisons silence, faisons le vide, désencombrons-nous de tout ce qui n’est pas l’essentiel, alors nous pourrons entendre dans la nuit de Noël, la brise imperceptible de la respiration du Dieu
nouveau-né. AMEN




2ième Dimanche de l’Avent (Mc 1, 1-8) – par le Diacre Jacques FOURNIER

« Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé…   (Mc 1, 1-8)

  Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu.
Il est écrit dans Isaïe, le prophète : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin.
Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.
Alors Jean, celui qui baptisait, parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés.
Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés.
Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales.
Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

           

                      St Marc résume ici la mission de Jean Baptiste en lui appliquant le tout début du « Livre de la Consolation » (Is 40-55). Ces lignes s’adressaient alors à Israël découragé par les conséquences de ses fautes. Ils n’avaient pas écouté le prophète Jérémie qui, au nom de Dieu, les avait invités à ne pas résister au roi de Babylone, Nabuchodonosor. Et maintenant, le Temple de Jérusalem, et avec lui toute la ville, étaient détruits… Et ils se retrouvaient déportés… « Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion ; aux saules des alentours nous avions pendu nos harpes » (Ps 136)…

            Mais Dieu vient les rejoindre par son prophète : « Consolez, consolez mon peuple, dit le Seigneur, parlez au cœur de Jérusalem », une expression qui, dans la Bible, renvoie au langage de l’amour, du fiancé à sa fiancée (Gn 34,3), de l’Epoux à son épouse (Os 2,16). Et que faut-il lui dire à cette épouse infidèle ? « Proclamez que son service est accompli, que son crime est expié, qu’elle a reçu de la main du Seigneur deux fois le prix de toutes ses fautes ». Or, à l’époque, pour obtenir le pardon de ses péchés, il fallait offrir un sacrifice et donc payer le prix de l’animal à offrir. Ici, Dieu Lui-même se présente à Israël en lui disant qu’il a déjà payé « deux fois le prix » de tout ce qui était nécessaire aux sacrifices ! Sa Miséricorde est donc surabondante ! Et il parle ainsi aux pécheurs pour les consoler de toutes les souffrances, de toutes les détresses engendrées par suite de leurs fautes !

            Et juste après ces paroles, nous trouvons celles appliquées ici à Jean-Baptiste : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ». Mais qui vient après Jean-Baptiste ? Jésus « Seigneur », le Fils Unique, « vrai Dieu né du vrai Dieu », et aussi « le Verbe fait chair » (Jn 1,14), vrai homme… Syméon « attendait la consolation d’Israël » ? Il recevra de Marie l’enfant Jésus dans ses bras, et il dira : « Maintenant, mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël » (Lc 2,25-32).

            Et toute la mission de Jésus consistera à consoler tous ceux et celles qui sont dans la souffrance, même si celle-ci est la conséquence de leurs fautes. Aux pécheurs, il proposera alors « deux fois le prix de toutes leurs fautes », c’est-à-dire une Miséricorde surabondante (Rm 5,20) grâce à laquelle, jour après jour, inlassablement, de repentir en repentir, ils pourront retrouver gratuitement, par Amour, tout ce qu’ils avaient perdu par suite de leur péché : une Plénitude de Vie et de Joie offerte avec le Don de l’Esprit Saint ! DJF




Audience Générale du Mercredi 29 Novembre 2023

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 29 Novembre 2023


Catéchèse – La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant – 28. L’annonce est pour l’aujourd’hui

Chers frères et sœurs,

La dernière fois, nous avons vu que l’annonce chrétienne est joie et qu’elle est pour tous ; observons aujourd’hui, un troisième aspect : elle est pour l’aujourd’hui.

On entend presque toujours dire du mal de l’aujourd’hui. Certes, entre guerres, changements climatiques, injustices planétaires et migrations, crises de la famille et de l’espérance, les motifs d’inquiétude ne manquent pas. En général, l’époque actuelle semble être habitée par une culture qui place l’individu au-dessus de tout et la technologie au centre de tout, avec sa capacité à résoudre de nombreux problèmes et ses gigantesques progrès dans tant de domaines. Mais en même temps, cette culture du progrès technico-individuel conduit à l’affirmation d’une liberté qui ne veut pas se donner de limites et qui est indifférente à ceux qui restent en arrière. Elle livre ainsi les grandes aspirations humaines à la logique souvent vorace de l’économie, avec une vision de la vie qui écarte ceux qui ne produisent pas et peine à dépasser l’immanent. Nous pourrions même dire que nous nous trouvons dans la première civilisation de l’histoire qui tente globalement d’organiser une société humaine sans la présence de Dieu, en se concentrant dans d’immenses villes qui restent horizontales même si elles ont des gratte-ciels vertigineux.

L’on se rappelle l’histoire de la ville de Babel et de sa tour (cf. Gn 11, 1-9). On y raconte un projet de société où chaque individualité est sacrifiée à l’efficacité de la collectivité. L’humanité parle une seule langue – nous pourrions dire qu’elle a une « pensée unique » -, elle est comme enveloppée dans une sorte de sortilège général qui absorbe l’unicité de chacun dans une bulle d’uniformité. Alors Dieu confond les langues, c’est-à-dire qu’il rétablit les différences, recrée les conditions pour que l’unicité puisse se développer, fait revivre le multiple là où l’idéologie voudrait imposer l’unique. Le Seigneur détourne aussi l’humanité de son délire de la toute-puissance : « faisons-nous un nom », disent les habitants exaltés de Babel (v. 4), qui veulent s’élever jusqu’au ciel, se mettre à la place de Dieu. Mais ce sont là des ambitions dangereuses, aliénantes, destructrices, et le Seigneur, en confondant ces attentes, protège l’humanité, en évitant une catastrophe annoncée. Ce récit semble vraiment d’actualité : aujourd’hui encore, la cohésion, au lieu de la fraternité et de la paix, est souvent basée sur l’ambition, les nationalismes, l’homologation et les structures technico-économiques qui inculquent la persuasion que Dieu soit insignifiant et inutile : non pas tant parce que l’on cherche plus de savoir, mais surtout pour plus de pouvoir. C’est une tentation qui s’insinue dans les grands défis de la culture d’aujourd’hui.

Dans Evangelii gaudium, j’ai essayé de décrire certaines d’entre elles (cf. n. 52-75), mais j’ai surtout appelé à « une évangélisation qui éclaire les nouvelles manières de se mettre en relation avec Dieu, avec les autres et avec l’environnement, et qui suscite les valeurs fondamentales. Il est indispensable d’arriver là où se forment les nouveaux récits et paradigmes, d’atteindre avec la Parole de Jésus les éléments centraux les plus profonds de l’âme de la ville. » (n. 74). En d’autres termes, on ne peut annoncer Jésus qu’en habitant la culture de son temps et en ayant toujours à l’esprit les paroles de l’apôtre Paul sur l’aujourd’hui : « Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut » (2 Co 6,2). Il n’est donc pas nécessaire d’opposer à l’aujourd’hui des visions alternatives provenant du passé. Il ne suffit pas non plus de réaffirmer des convictions religieuses acquises qui, même si elles sont vraies, deviennent abstraites avec le temps. Une vérité ne devient pas plus crédible parce que l’on élève la voix en l’affirmant, mais parce qu’elle est attestée par la vie.

Le zèle apostolique n’est jamais la simple répétition d’un style acquis, mais le témoignage que l’Évangile est vivant aujourd’hui pour nous. Conscients de cela, regardons donc notre époque et notre culture comme un don. Elles sont les nôtres et les évangéliser ne signifie pas les juger de loin, ni même se tenir sur un balcon en criant le nom de Jésus, mais descendre dans la rue, aller dans les lieux où les gens vivent, fréquenter les espaces où les gens souffrent, travaillent, étudient et réfléchissent, habiter les carrefours où les êtres humains partagent ce qui a du sens pour leur vie. Cela signifie être, comme Église, « ferment de dialogue, de rencontre, d’unité. Du reste, nos formulations de foi elles- mêmes sont le fruit d’un dialogue et d’une rencontre entre cultures, communautés et instances différentes. Nous ne devons pas avoir peur du dialogue : c’est même au contraire la confrontation et la critique qui nous aident à préserver la théologie d’une transformation en idéologie » (Discours à la Ve conférence nationale de l’Église italienne, Florence, 10 novembre 2015).

Il est nécessaire de se tenir aux carrefours de l’aujourd’hui. Les quitter appauvrirait l’Évangile et réduirait l’Église à une secte. Les fréquenter, en revanche, nous aide, nous chrétiens, à comprendre de manière renouvelée les raisons de notre espérance, à extraire et à partager du trésor de la foi « du neuf et de l’ancien » (Mt 13, 52). En définitive, plus que de vouloir convertir le monde d’aujourd’hui, il faut convertir la pastorale pour qu’elle incarne mieux l’Évangile dans l’aujourd’hui (cf. Evangelii gaudium, 25). Faisons nôtre le désir de Jésus : aider les compagnons de voyage à ne pas perdre le désir de Dieu, à Lui ouvrir le cœur et à trouver le seul qui, aujourd’hui et toujours, donne la paix et la joie à l’humanité.

* * *

Je salue cordialement les pèlerins de langue française venus de différentes nations.

Frères et sœurs, en cette fin d’année liturgique, je vous souhaite un bon temps de l’Avent.

Que Dieu vous bénisse !





1° Dimanche de l’Avent (Mc 13, 31-37) – par Francis COUSIN

« Prenez garde, restez éveillés :

car vous ne savez pas quand ce sera le moment. »

Nous entrons dans une nouvelle année liturgique, l’année B, avec l’accompagnement principal de l’évangéliste Marc.

C’est le temps de l’Avent, celui de l’avènement du Fils de Dieu.

Un temps de préparation à Noël, un temps où on cherche quel cadeau offrir à chacun, où on élabore le menu du jour, les invités … un temps attendu par tous les enfants, un temps faste pour les commerçants, qui le devance maintenant avec le ’’Black Friday’’ …

He bien, NON, pas du tout …

Et les textes liturgiques de ce dimanche nous le disent tous.

Il ne s’agit pas de se préparer à Noël, fête importante, qui doit être célébrée avec faste … la première venue de Jésus, Fils de Dieu, sur cette terre …

Mais comment se préparer à quelle chose de déjà passée …

Il s’agit donc de se préparer à la seconde venue de Jésus, pour juger tous les humains … à la fin des temps … (mais l’un n’empêche pas l’autre …)

C’est pourquoi, dans l’évangile, Jésus nous dit : « restez éveillés : car vous ne savez pas quand ce sera le moment. ». Et deux fois encore, dans ce court texte, il va redire « Veillez ! ».

Veillez, cela ne veut pas dire ’’attendre’’, sans rien faire …

D’ailleurs, le voyageur de l’évangile le dit bien : « il fixe à chacun son travail. ».

Veillez, c’est espérer, quelque chose, mais ici, c’est surtout quelqu’un : Jésus-Christ ! … et pour nous, la possibilité d’entrer dans le Paradis.

Au premiers temps de la chrétienté, on pensait que la fin du monde serait proche, comme le dit saint Paul aux Corinthiens : « Aucun don de grâce ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ» (2° lecture).

Mais Jésus n’est pas encore revenu … alors, on a oublié qu’il reviendrait … et maintenant, comme cela fait deux mille ans qu’on l’attend … peu de gens croient encore à son retour … ni à la résurrection … ni au jugement dernier …

Comme au temps d’Isaïe : « Personne n’invoque plus ton nom, nul ne se réveille pour prendre appui sur toi. Car tu nous as caché ton visage, tu nous as livrés au pouvoir de nos fautes. » (1° lecture).

Mais le temps de Dieu n’est pas celui des hommes, et si « milles ans sont comme un jour » (2 P 3,8), il n’y a même pas deux jours que Jésus est mort… cela fait vraiment peu aux yeux de Dieu.

Veillez ! car « telle sera aussi la venue du Fils de l’homme. Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé. Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée. Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. » (Mt 24,39-42).

Oh, bien sûr, il ne faut pas faire du catastrophisme !

Il n’y a pas de peur à avoir !

Si le Seigneur est présent dans notre vie, si sa Parole est celle qui nous fait vivre, même si ce n’est pas tous les jours le ’’top’’, on peut attendre ce jour-là sans s’affoler …, en  comptant aussi sur la miséricorde de Dieu, car « C’est lui qui vous fera tenir fermement jusqu’au bout, et vous serez sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus Christ. » (2° lecture).

Que cette phrase du psaume soit notre guide chaque jour :

« Jamais plus nous n’irons loin de toi :

            fais-nous vivre et invoquer ton nom ! » (Psaume 79,19)

 Seigneur Jésus,

Que la joie que nous avons

à vouloir se retrouver ne famille

soit aussi la joie que nous aurons

à nous retrouver autour de toi

à la fin des temps

pour aller dans ton paradis …

si tu nous en juges dignes …

 

                                                                                                          Francis Cousin

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1er Dimanche de l’Avent (Mc 13, 33-37) – Homélie du Père Louis DATTIN

Vigilance

Mc 13, 33-37

Vous le savez, frères et sœurs, il y a une année civile  dont le 1er jour s’appelle le « Jour de l’An », 1er janvier. Il y a aussi une année scolaire qui commence au début de septembre et qui finit à la fin de juillet.  Il y a également une année liturgique : elle commence toujours  le  1er  dimanche  de  l’Avent ; c’est  aujourd’hui, pour  se  finir à la fin de novembre prochain à la fête du Christ-Roi.  Alors je n’hésite pas à  vous dire aujourd’hui : «Bonne et Sainte année à toute notre communauté.  Que cette année soit une année de paix, d’unité entre vous, de fidélité aux  « rendez- vous » que Dieu vous donne lui-même ». Comme les années passent vite ! Et plus l’on vieillit, vous verrez, plus elles s’accélèrent et, dès lors, se pose à nous la seule question vraiment intéressante : « Où allons-nous ? »

Pourquoi ce défilé rapide de jours, de mois ?

Pourquoi cet enfant d’hier est-il devenu un adulte aujourd’hui, et un vieillard demain ?

Pourquoi ces rides que ne cachent guère les crèmes rafraichissantes ? Quel est le but de la vie ? Oui, le monde a t-il un sens ? Une destination ?

Les scientifiques ne peuvent pas répondre : ils observent le présent, mais ils n’ont pas la clef de l’avenir.

Les économistes : il ne faut pas non plus leur demander grand-chose par les temps qui courent… après la chute du scientisme, du nazisme, du marxisme et les impasses des économies libérales !

Les agnostiques, eux, disent qu’on ne peut pas savoir.

Quant à Jacques Brel, le chanteur, il disait, avant sa mort, que le but de la vie c’est de vivre encore quelques mois !

Quant aux chrétiens, dont vous êtes, j’espère, ils répondent :

« On est sur  la  terre  pour  aimer  Dieu  et  son  prochain  et  ainsi  mériter la vie éternelle ». Cette réponse n’est pas fausse. Mais si vous avez écouté l’Evangile, elle est tout à fait insuffisante !

La  religion  n’est  pas d’abord un code de bonne conduite pour obtenir une  bonne  note  à  la  fin  de  sa  vie ! Le  but  de  la  vie, c’est  un  jour,

la  Rencontre  Merveilleuse  et  Désirée  avec  quelqu’un, avec  Jésus !

Là est la clef de l’énigme, le sens réel et concret de la vie de tout un chacun. Vivre, c’est aller vers ce « Rendez- Vous » !

Tous les hommes, aussi suffisants soient-ils, prennent conscience de leur faiblesse profonde, de leur fragilité de mortels. Au fond d’eux-mêmes, ils sont à la recherche d’un homme providentiel qui viendrait les sauver de leurs angoisses et de leurs problèmes.

Déjà, dans  l’Ancien  Testament, ils  annonçaient  et  espéraient  le « Berger de son peuple ». Il  sera nommé  « Conseiller  merveilleux »,  » Dieu fort « , « Prince de la paix ».  « Oui un jour viendra ». Et des millions de Juifs dans toute la Bible espéraient ce « Rendez-Vous » comme l’exprime si bien le vieillard Siméon :

« Maintenant,  je  peux  mourir  en  paix : mes  yeux  ont  vu   enfin le Sauveur d’Israël, la Lumière des nations ».

Pour beaucoup, cet homme providentiel n’est pas encore venu : ils peuvent vous raconter l’histoire de Jésus, l’histoire de sa Passion, le Vendredi Saint mais, lui, l’ont-ils vraiment rencontré ?

 

Avec le Nouveau Testament, nous savons que le Christ  est venu  au « Rendez-vous » promis, mais pour un temps court seulement. Nous savons aussi qu’il va revenir, mais qu’en l’attendant, tout reste à faire. Il  est  venu  montrer  à  l’homme  le  chemin  de  sa destinée, il a balisé la  route.  Mais,  cette  fois, le  but est clairement désigné : un  jour, il reviendra, ce sera la fin de la longue marche de l’humanité, rencontre définitive et suprême : la rencontre des rencontres que décrit magnifiquement St-Jean dans l’Apocalypse :

« Je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle. Je vis la Cité Sainte, la Jérusalem Nouvelle ».

Voilà, frères et sœurs, le sens de la vie, le but de notre destin : « entrer un jour dans ces noces éternelles ». Réjouissons-nous, nous sommes faits pour le bonheur dans les bras du véritable époux.

Alors, vivre, c’est quoi ? Se préparer à ce Rendez-vous !

Nous voilà donc situés entre deux avents, deux avènements : deux événements, celui  de  Noël  et  celui  de sa venue  ultime. Nous devons être comme des fiancés qui attendent le jour des noces. Or, vous le savez, une noce, ça se prépare. On peut même dire que  les  préparatifs   sont  plus absorbants que la noce elle-même.

Notre grand jour doit se préparer : comment ? Tout d’abord par des « rendez-vous antérieurs » nombreux, chaleureux : chaque dimanche, chaque grande fête, ce sont des temps forts de la découverte de notre amour pour le Christ et de son amour pour nous !

Allons-nous vivre ce temps de l’Avent avec la joie et l’impatience d’amoureux attendant le grand Rendez-Vous de Noël et le grand « Rendez-Vous » de son retour ?

Pendant cet Avent, il faudrait faire un lifting de notre cœur.

Aurons-nous le souci de devenir meilleur, de lutter contre nos défauts non par souci de moralité ou pour ne pas être condamnés mais pour plaire à celui qui nous aime et qui, un jour, nous ouvrira ses bras au soir de notre vie ?

Peut-on dire « amoureux » des fiancés qui ne seraient nullement pressés de « vivre ensemble » ? Allons-nous, nous aussi, éprouver une « impatience joyeuse » pendant tout cet Avent vécu comme une attente pleine d’espérance des grâces de Noël, tout comme les enfants en attente des cadeaux et du sapin illuminé ?

Il n’y a pas d’amour sans échanges de cadeaux.

Seigneur, que pourrais-je t’offrir au soir de ma vie ? En face du cadeau que, toi, tu me promets : « Voir ta face éternellement », que puis-je t’apporter en retour ?

Que, du moins, Seigneur, toute ma vie, et particulièrement  ce temps de  l’Avent,  puisse  peu  à  peu, élargir  mon  cœur.  Un  cœur  vide  et pauvre, c’est vrai mais qui soit capable de recueillir tout ton amour et combler mon indigence.

Le Jésus que j’aime n’est pas dans un livre. Dieu m’aime et il me l’a signifié par Jésus. Je l’attends, en allant vers lui, et lui vers moi. AMEN




1er Dimanche de l’Avent (Mc 13, 33-37)- par le Diacre Jacques FOURNIER

 » Veillez ! « 

  (Mc 13, 33-37)

  Prenez garde, restez éveillés : car vous ne savez pas quand ce sera le moment.
C’est comme un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et demandé au portier de veiller.
Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin ;
s’il arrive à l’improviste, il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis.
Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »

           

           « Prenez garde, Veillez ! Veillez donc… Je le dis à tous, veillez ! ». Mais pourquoi une telle insistance ? Car nous ne savons pas quand « le Maître de la Maison reviendra », autrement dit nous ne connaissons ni la date du dernier Jour du monde (cf. Mt 24,36), ni celle du dernier jour de notre vie… Or, tels nous sommes aujourd’hui, tels nous serons ce jour-là… Si nous avons refusé de nous repentir et de changer de vie, si nous avons laissé les liens du péché nous entraver et les ténèbres obscurcir nos cœurs, nous connaîtrons avec encore plus d’intensité les conséquences de ces liens… Alors que la Lumière se manifestera dans tout son éclat, nous ne pourrons que constater à quel point nous en sommes privés (Rm 3,23). Alors que Dieu nous invitera à « entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (Rm 8,21), nos liens nous interdiront encore de goûter à cette Plénitude… Et « il y aura des pleurs et des grincements de dents »…       

           L’invitation au repentir nous rejoint donc d’une manière encore plus pressante dans cet aujourd’hui où nous ne savons pas de manière certaine s’il y aura un lendemain… Mais heureusement, le temps de notre histoire sera, jusqu’à son dernier jour, celui du « Père des Miséricordes », et donc d’un repentir toujours possible car « Dieu use de patience envers nous, voulant que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir » (2P 3,9).

            « Dieu veut en effet que tous les hommes soient sauvés ». Oui, disait Jésus, « c’est la volonté de mon Père que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné », et le Père a donné à son Fils le monde à sauver (1Tm 2,4-6 ; Jn 6,39 ; 3,16‑17 ; 4,42)… Alors, pressons-nous d’offrir toute notre misère à sa Miséricorde car « jusqu’à toi vient toute chair avec son poids de péché ; nos fautes ont dominé sur nous : toi, tu les pardonnes. Heureux alors ton invité, ton élu : il habite ta demeure ! Les biens de ta maison nous rassasient, les dons sacrés de ton temple » (Ps 65(64)) : le Don de l’Esprit Saint qui, inlassablement, lave, purifie, vivifie, nous éclaire pour éviter les obstacles et nous fortifie pour nous permettre de les dépasser.

            C’est pourquoi, « veillez ! » « Priez sans cesse. En toute condition soyez dans l’action de grâces… N’éteignez pas l’Esprit » et, avec son aide, « gardez-vous de toute espèce de mal », car « aucune tentation ne vous est survenue, qui passât la mesure humaine. Dieu est fidèle ; il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces ; mais avec la tentation, il vous donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter. » Aussi, « ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! » (1Th 5,16-22 ; 1Co 10,13).              DJF