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17ième dimanche du Temps Ordinaire (Mt 13, 44-52) – Claude WON FAH HIN

L’Évangile d’aujourd’hui nous parle de paraboles, celle du trésor caché, des perles fines et du filet. Une parabole est un genre littéraire qui permet de faire une sorte de comparaison en prenant dans la vie courante des faits ou des exemples qui vont nous amener à mieux connaître le Royaume de Dieu ou le monde de Dieu. A première vue, les deux premières paraboles ont l’air de se ressembler : quelqu’un découvre un trésor ou des perles, il s’en va vendre tout ce qu’il a et achète soit le champ qui contient le trésor, soit les perles fines. Dans les deux cas, la personne s’est dépouillée de tous ses biens pour quelque chose qui dépasse en valeur tous leurs biens et ce quelque chose c’est le Royaume de Dieu. Le Royaume de Dieu vaut bien plus que toutes les richesses du monde. Une différence entre les deux, c’est que dans le premier cas, celui du trésor caché dans un champ, l’homme l’a découvert par hasard, autrement dit, une personne peut, au hasard de la vie, découvrir le Royaume de Dieu sans même qu’il ait passé toute sa vie à le chercher. Et maintenant qu’il a découvert ce trésor, il va tout faire pour garder ce trésor qu’est le Royaume de Dieu, un Royaume qui se vit aujourd’hui, de notre vivant. Pas besoin d’attendre après la mort !–

Dans le deuxième cas, celui du négociant, ce dernier est en quête de perles fines, il les a cherchées et une fois qu’il en a trouvé une de grand prix, il va tout vendre pour l’acheter. Là aussi, la perle fine, autrement dit le Royaume de Dieu vaut bien plus que tous ses biens. Mais lui, il ne l’a pas trouvée par hasard, il a passé toute sa vie à la chercher et a fini par la trouver. Ainsi, il y a des gens qui trouvent le Royaume de Dieu sans l’avoir cherché et d’autres après l’avoir cherché longuement.

Dans les deux cas, après avoir trouvé, l’un et l’autre s’en vont pour vendre leurs biens. Dans cette expression « il s’en va ravi de joie vendre tout ce qu’il possède », existe déjà l’idée de « transformation » psychologique, de changement intérieur, de passage d’un état à un autre, de conversion même car au bout c’est l’espérance de posséder ce trésor ou cette perle fine de grand prix, c’est l’espérance non pas d’avoir ce Royaume de Dieu, – car personne ne peut posséder le Royaume de Dieu – mais de vivre au plus vite dans ce Royaume de Dieu. On imagine bien la joie des deux : l’un s’en va de joie vendre tout ce qu’il possède , et l’autre a trouvé « une perle de grand prix ». C’est à la fois le désir de l’objet de valeur et cette joie qui d’abord les transforment intérieurement puis les confirment dans leur décision de tout vendre pour ce plus grand trésor ou cette perle de grande valeur. La vente de tout ce qu’ils ont vient donc dans cette joie et ce désir, et non pas d’une obligation. Et nous pouvons alors comprendre tous ces gens qui ont tout abandonné pour Dieu, à l’exemple de Dieu qui a donné sa vie pour sauver l’humanité entière. Autrement dit, dans les deux cas, pour avoir le Royaume de Dieu, ils ont fait le sacrifice de leur vie pour faire le choix de Dieu en toute liberté. Ils ne l’ont pas fait pour s’enrichir davantage, mais pour commencer à vivre, dès que possible, le Royaume de Dieu, déjà ici, sur terre. Mt 5,3 : « Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car le Royaume des Cieux est à eux » et Lc 6,20 : « Heureux, vous les pauvres, car le Royaume de Dieu est à vous », et dans les deux cas, le verbe est au présent.

Sur un autre plan, l’Évangile nous dit que le trésor et les perles sont semblables au Royaume de Dieu, et donc ils ne sont pas le Royaume, mais juste semblables, car le Royaume de Dieu ne s’achète pas, et c’est un don de Dieu qui nous l’accorde par miséricorde. Le fait de vendre tous ses biens nous fait aborder ici la notion du détachement, du dépouillement de soi pour faire le choix de Dieu, puisqu’on ne peut pas « servir Dieu et l’argent » (Mt 6,24). Et quand on parle du détachement de « tout », cela signifie que Dieu est premier dans sa vie, bien avant les biens matériels et immatériels comme les honneurs, le pouvoir, la reconnaissance. Tout le monde peut donc trouver le Royaume de Dieu, par grâce de Dieu. Dans un cas, il n’y a pas obligation d’une recherche effrénée, démesurée, de ce Royaume et de l’autre, il ne s’agit pas non plus d’attendre passivement que la découverte ait lieu tout seul. Ainsi donc, toute personne, tout en ayant ses activités quotidiennes, doit malgré tout faire quelques efforts à la recherche de Dieu et ne pas attendre les bras croisés, alors même que nous savons que Dieu n’arrête de nous faire signe à chaque instant de notre vie. Tous sont appelés à cheminer vers ce Royaume.

Le côté « caché » du trésor qu’est le Royaume de Dieu montre que ce dernier n’est pas visible pour tous, d’où la nécessité de répandre la Parole de Dieu, d’évangéliser jusqu’aux extrémités de la terre, mais les « cœurs purs » le verront : « Heureux les cœurs purs, ils verront le Royaume de Dieu » (Mt 5,8).

– Les deux premières paraboles ont mis l’accent sur le fait que les deux personnages ont tout fait pour avoir leur trésor, mais une fois que ce trésor et que cette perle de grand prix ont été acquis, les deux personnages ne peuvent plus rester les bras croisés. Le filet jeté, dont parle la troisième parabole, peut ramener du bon et du mauvais. Elle rejoint la parabole de l’ivraie qui vient juste avant l’Évangile d’aujourd’hui. Parmi les chrétiens qui vivent dès à présent le Royaume de Dieu sur terre, il y en a qui agissent mal dans ce Royaume, cherchant à diviser plutôt qu’à unir, à évincer d’autres chrétiens comme si c’était des concurrents, à ne regarder que leur nombril comme on dit, s’opposant par la même occasion à l’œuvre de Dieu alors qu’ils sont au service de l’Eglise, faisant le jeu de l’Esprit du mal qui se plait dans la division, dans les colères des uns et des autres, dans les affrontements des chrétiens entre eux. Ce genre de comportement ne vient pas de Dieu et c’est la raison pour laquelle, tous, nous devons nous observer nous-mêmes pour nous convertir pleinement à la grâce de Dieu, selon les paroles du Christ : « aimez-vous les uns les autres ». « A la fin de l’âge, à la fin des temps, les anges se présenteront et sépareront les méchants d’entre les justes 50 pour les jeter dans la fournaise ardente : là seront les pleurs et les grincements de dents » Et la question est posée : « avez-vous compris cela ? » (v.51). Réfléchissez bien à ces paroles du Christ lui-même qui a parlé en paraboles et s’il le faut, faites un virage à 180° pour changer de cap, car c’est bien « la fournaise ardente » qui attende ceux ou celles qui ne veulent rien entendre, s’opposant sans cesse à la volonté de Dieu. Si des chrétiens ne savent pas ce qu’est l’enfer ou n’y croient pas, rien n’est plus facile de faire une conférence sur ce thème et le leur décrire avec assez de références des visions fournies par des saints et des saintes. On peut même vous citer des noms de grands personnages qui s’y trouvent déjà. « Le sort des méchants est irrémédiable » nous dit Claude Tassin. « Ceux qui ont eu la grâce de découvrir la perle et le trésor sont inexcusables de ne point agir en conséquence ». Nous ne pouvons pas dire que nous n’étions pas au courant que les anges jetteront les méchants dans la fournaise ardente. En réalité, c’est l’âme elle-même qui, se voyant particulièrement sale, à la mort de la personne, va se jeter directement en Enfer.

C’est maintenant qu’il faut se convertir, se repentir et changer de direction pour plaire à Dieu et faire sa volonté, pas la nôtre. Dieu lui-même veut que tout le monde soit sauvé. Encore faut-il mettre en pratique la parole de Dieu et ne pas s’opposer à son œuvre de paix et d’unité, en formant un seul Corps qu’est l’Eglise. « Avec ceux qu’il aime, Dieu collabore en tout pour leur bien ». Dieu aime tout le monde mais l’inverse n’est pas toujours vrai. Comment voulez-vous aimer Dieu si on ne s’entend avec personne de son entourage ? Si tout le monde se plaint de moi, c’est que j’ai une manière d’être ou de faire qui ne plaît pas à tout le monde. Si c’est avec une seule personne, on peut mettre la faute sur l’autre mais pas quand c’est envers tout le monde. Je dois donc chercher ce qui ne va pas en moi et me changer avec la grâce de Dieu. Car Dieu qui aime tout le monde, collabore en tout pour leur bien. Dieu peut nous changer. Il suffit de lui demander de nous changer, et y insister jusqu’à ce qu’il nous exauce. Il ne refuse jamais quand il s’agit du bien des gens. Il faut lui faire confiance car il nous a prédestinés à reproduire l’image de son fils afin de nous rendre justes devant Dieu. Tout est possible. Le jeune Salomon, lui, a demandé, non pas la richesse, ni vivre longtemps, ni même la vie de ses ennemis, mais un cœur plein de jugement pour bien gouverner son peuple, pour discerner entre le bien et le mal. Comme Salomon, bien des chrétiens ne savent pas distinguer le bien du mal. Et quand on pense bien faire, on fait le mal, parfois même sans s’en apercevoir. Paul lui-même dit à un certain moment en Rm 7,19 : « je ne fais pas le bien que je veux et commets le mal que je ne veux pas ». C’est pourquoi, divers passages bibliques insistent sur la correction fraternelle. Ap 3,19 : « Ceux que j’aime, je les semonce et les corrige. Allons! Un peu d’ardeur, et repens-toi! » – He 12,5 : « Mon fils, ne méprise pas la correction du Seigneur, et ne te décourage pas quand il te reprend » – Ga 6,1 : « Frères, même dans le cas où quelqu’un serait pris en faute, vous les spirituels, rétablissez-le en esprit de douceur, te surveillant toi-même, car tu pourrais bien toi aussi être tenté ». Salomon, lui, a demandé le discernement du jugement, c’est-à-dire la capacité d’apprécier les situations de la vie pratique pour pouvoir déterminer la bonne conduite à avoir, le tout… fait en vérité selon la parole de Dieu qui nous demande de nous aimer les uns les autres.

Rien de mieux pour combattre nos propres fautes, nos propres péchés, que de demander à Dieu, dans toutes nos prières, le discernement des tentations afin de pouvoir détecter, avec la grâce de Dieu, les moments de tentation de l’esprit du mal et demander en même temps la force de repousser ces tentations une fois qu’elles ont été détectées. Dieu ne pourra pas nous les refuser et Jacques nous le rappelle (Jc 1,5-7) : « 5 Si l’un de vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu ­ il donne à tous généreusement, sans récriminer ­ et elle lui sera donnée. 6 Mais qu’il demande avec foi, sans hésitation, car celui qui hésite ressemble au flot de la mer que le vent soulève et agite. 7 Qu’il ne s’imagine pas, cet homme-là, recevoir quoi que ce soit du Seigneur ». Et Jacques qui connaît les hommes insiste pour nous faire connaître la bonne conduite à tenir pour plaire à Dieu (Jc 3,13-18) : « 13 Est-il quelqu’un de sage et d’expérimenté parmi vous? Qu’il fasse voir, par une bonne conduite, des actes empreints de douceur et de sagesse. 14 Si vous avez au cœur, au contraire, une amère jalousie et un esprit de chicane, ne vous vantez pas, ne mentez pas contre la vérité. 15 Pareille sagesse ne descend pas d’en haut: elle est terrestre, animale, démoniaque. 16 Car, où il y a jalousie et chicane, il y a désordre et toutes sortes de mauvaises actions. 17 Tandis que la sagesse d’en haut est tout d’abord pure, puis pacifique, indulgente, bienveillante, pleine de pitié et de bons fruits, sans partialité, sans hypocrisie. 18 Un fruit de justice est semé dans la paix pour ceux qui produisent la paix ». Un peu plus loin, il nous dit (Jc 4,6) : « Dieu résiste aux orgueilleux, mais se montre favorable aux humbles ». Savoir discerner le bien du mal en nous-mêmes pourrait nous amener à une certaine sagesse, à un certain dépouillement de tout ce qui peut nous amener à des fautes ou à des péchés qui nous conduisent toujours à la division. Il nous faut travailler à l’unité, à la paix, à la fraternité, non seulement au sein de l’Eglise, mais partout dans le monde.

Le CEC 775 nous dit en trois fois dans le même paragraphe : « 1) L’Église est, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et l’instrument de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain ; 2) l’Église est aussi le sacrement de l’unité du genre humain ; 3) l’Église est  » signe et instrument  » de la pleine réalisation de cette unité qui doit encore venir ». Saint Paul aussi prend au sérieux les problèmes de désunion (Rm 14,13): « Cessons donc de nous juger les uns les autres. Jugez plutôt qu’il ne faut pas être pour un frère cause de chute ou de scandale ». Tout scribe – c’est-à-dire, selon la note de la TOB, tout auditeur qui a compris l’enseignement du Christ – devenu disciple du Royaume des Cieux est semblable à un propriétaire qui tire de son trésor du neuf et du vieux. Du vieux, nous pouvons garder ce qu’il y a de meilleur en nous, mais il faudra certainement y mettre du neuf avec les enseignements du Christ afin que nous soyons  convertis et transformés à l’image du Christ comme nous le dit Saint Paul (Tt 3,3-5) : « 3…nous aussi, autrefois, nous étions insensés, rebelles, égarés, asservis à toutes sortes de désirs et de plaisirs, vivant dans la méchanceté et l’envie, odieux et nous haïssant les uns les autres. 4 Mais lorsque se sont manifestés la bonté de Dieu notre Sauveur (dans nos cœurs) et son amour pour les hommes, il nous a sauvés, non en vertu des œuvres que nous aurions accomplies nous-mêmes dans la justice, mais en vertu de sa miséricorde, par le bain de la nouvelle naissance et de la rénovation que produit l’Esprit Saint ». Que notre sainte Mère prie pour que nous ayons nous aussi le discernement du bien et du mal et veille à l’unité et à la paix chez ses enfants.




17ième dimanche du Temps Ordinaire (Mt 13, 44-52) – Claude WON FAH HIN

L’Évangile d’aujourd’hui nous parle de paraboles, celle du trésor caché, des perles fines et du filet. Une parabole est un genre littéraire qui permet de faire une sorte de comparaison en prenant dans la vie courante des faits ou des exemples qui vont nous amener à mieux connaître le Royaume de Dieu ou le monde de Dieu. A première vue, les deux premières paraboles ont l’air de se ressembler : quelqu’un découvre un trésor ou des perles, il s’en va vendre tout ce qu’il a et achète soit le champ qui contient le trésor, soit les perles fines. Dans les deux cas, la personne s’est dépouillée de tous ses biens pour quelque chose qui dépasse en valeur tous leurs biens et ce quelque chose c’est le Royaume de Dieu. Le Royaume de Dieu vaut bien plus que toutes les richesses du monde. Une différence entre les deux, c’est que dans le premier cas, celui du trésor caché dans un champ, l’homme l’a découvert par hasard, autrement dit, une personne peut, au hasard de la vie, découvrir le Royaume de Dieu sans même qu’il ait passé toute sa vie à le chercher. Et maintenant qu’il a découvert ce trésor, il va tout faire pour garder ce trésor qu’est le Royaume de Dieu, un Royaume qui se vit aujourd’hui, de notre vivant. Pas besoin d’attendre après la mort !–

Dans le deuxième cas, celui du négociant, ce dernier est en quête de perles fines, il les a cherchées et une fois qu’il en a trouvé une de grand prix, il va tout vendre pour l’acheter. Là aussi, la perle fine, autrement dit le Royaume de Dieu vaut bien plus que tous ses biens. Mais lui, il ne l’a pas trouvée par hasard, il a passé toute sa vie à la chercher et a fini par la trouver. Ainsi, il y a des gens qui trouvent le Royaume de Dieu sans l’avoir cherché et d’autres après l’avoir cherché longuement.

Dans les deux cas, après avoir trouvé, l’un et l’autre s’en vont pour vendre leurs biens. Dans cette expression « il s’en va ravi de joie vendre tout ce qu’il possède », existe déjà l’idée de « transformation » psychologique, de changement intérieur, de passage d’un état à un autre, de conversion même car au bout c’est l’espérance de posséder ce trésor ou cette perle fine de grand prix, c’est l’espérance non pas d’avoir ce Royaume de Dieu, – car personne ne peut posséder le Royaume de Dieu – mais de vivre au plus vite dans ce Royaume de Dieu. On imagine bien la joie des deux : l’un s’en va de joie vendre tout ce qu’il possède , et l’autre a trouvé « une perle de grand prix ». C’est à la fois le désir de l’objet de valeur et cette joie qui d’abord les transforment intérieurement puis les confirment dans leur décision de tout vendre pour ce plus grand trésor ou cette perle de grande valeur. La vente de tout ce qu’ils ont vient donc dans cette joie et ce désir, et non pas d’une obligation. Et nous pouvons alors comprendre tous ces gens qui ont tout abandonné pour Dieu, à l’exemple de Dieu qui a donné sa vie pour sauver l’humanité entière. Autrement dit, dans les deux cas, pour avoir le Royaume de Dieu, ils ont fait le sacrifice de leur vie pour faire le choix de Dieu en toute liberté. Ils ne l’ont pas fait pour s’enrichir davantage, mais pour commencer à vivre, dès que possible, le Royaume de Dieu, déjà ici, sur terre. Mt 5,3 : « Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car le Royaume des Cieux est à eux » et Lc 6,20 : « Heureux, vous les pauvres, car le Royaume de Dieu est à vous », et dans les deux cas, le verbe est au présent.

Sur un autre plan, l’Évangile nous dit que le trésor et les perles sont semblables au Royaume de Dieu, et donc ils ne sont pas le Royaume, mais juste semblables, car le Royaume de Dieu ne s’achète pas, et c’est un don de Dieu qui nous l’accorde par miséricorde. Le fait de vendre tous ses biens nous fait aborder ici la notion du détachement, du dépouillement de soi pour faire le choix de Dieu, puisqu’on ne peut pas « servir Dieu et l’argent » (Mt 6,24). Et quand on parle du détachement de « tout », cela signifie que Dieu est premier dans sa vie, bien avant les biens matériels et immatériels comme les honneurs, le pouvoir, la reconnaissance. Tout le monde peut donc trouver le Royaume de Dieu, par grâce de Dieu. Dans un cas, il n’y a pas obligation d’une recherche effrénée, démesurée, de ce Royaume et de l’autre, il ne s’agit pas non plus d’attendre passivement que la découverte ait lieu tout seul. Ainsi donc, toute personne, tout en ayant ses activités quotidiennes, doit malgré tout faire quelques efforts à la recherche de Dieu et ne pas attendre les bras croisés, alors même que nous savons que Dieu n’arrête de nous faire signe à chaque instant de notre vie. Tous sont appelés à cheminer vers ce Royaume.

Le côté « caché » du trésor qu’est le Royaume de Dieu montre que ce dernier n’est pas visible pour tous, d’où la nécessité de répandre la Parole de Dieu, d’évangéliser jusqu’aux extrémités de la terre, mais les « cœurs purs » le verront : « Heureux les cœurs purs, ils verront le Royaume de Dieu » (Mt 5,8).

– Les deux premières paraboles ont mis l’accent sur le fait que les deux personnages ont tout fait pour avoir leur trésor, mais une fois que ce trésor et que cette perle de grand prix ont été acquis, les deux personnages ne peuvent plus rester les bras croisés. Le filet jeté, dont parle la troisième parabole, peut ramener du bon et du mauvais. Elle rejoint la parabole de l’ivraie qui vient juste avant l’Évangile d’aujourd’hui. Parmi les chrétiens qui vivent dès à présent le Royaume de Dieu sur terre, il y en a qui agissent mal dans ce Royaume, cherchant à diviser plutôt qu’à unir, à évincer d’autres chrétiens comme si c’était des concurrents, à ne regarder que leur nombril comme on dit, s’opposant par la même occasion à l’œuvre de Dieu alors qu’ils sont au service de l’Eglise, faisant le jeu de l’Esprit du mal qui se plait dans la division, dans les colères des uns et des autres, dans les affrontements des chrétiens entre eux. Ce genre de comportement ne vient pas de Dieu et c’est la raison pour laquelle, tous, nous devons nous observer nous-mêmes pour nous convertir pleinement à la grâce de Dieu, selon les paroles du Christ : « aimez-vous les uns les autres ». « A la fin de l’âge, à la fin des temps, les anges se présenteront et sépareront les méchants d’entre les justes 50 pour les jeter dans la fournaise ardente : là seront les pleurs et les grincements de dents » Et la question est posée : « avez-vous compris cela ? » (v.51). Réfléchissez bien à ces paroles du Christ lui-même qui a parlé en paraboles et s’il le faut, faites un virage à 180° pour changer de cap, car c’est bien « la fournaise ardente » qui attende ceux ou celles qui ne veulent rien entendre, s’opposant sans cesse à la volonté de Dieu. Si des chrétiens ne savent pas ce qu’est l’enfer ou n’y croient pas, rien n’est plus facile de faire une conférence sur ce thème et le leur décrire avec assez de références des visions fournies par des saints et des saintes. On peut même vous citer des noms de grands personnages qui s’y trouvent déjà. « Le sort des méchants est irrémédiable » nous dit Claude Tassin. « Ceux qui ont eu la grâce de découvrir la perle et le trésor sont inexcusables de ne point agir en conséquence ». Nous ne pouvons pas dire que nous n’étions pas au courant que les anges jetteront les méchants dans la fournaise ardente. En réalité, c’est l’âme elle-même qui, se voyant particulièrement sale, à la mort de la personne, va se jeter directement en Enfer.

C’est maintenant qu’il faut se convertir, se repentir et changer de direction pour plaire à Dieu et faire sa volonté, pas la nôtre. Dieu lui-même veut que tout le monde soit sauvé. Encore faut-il mettre en pratique la parole de Dieu et ne pas s’opposer à son œuvre de paix et d’unité, en formant un seul Corps qu’est l’Eglise. « Avec ceux qu’il aime, Dieu collabore en tout pour leur bien ». Dieu aime tout le monde mais l’inverse n’est pas toujours vrai. Comment voulez-vous aimer Dieu si on ne s’entend avec personne de son entourage ? Si tout le monde se plaint de moi, c’est que j’ai une manière d’être ou de faire qui ne plaît pas à tout le monde. Si c’est avec une seule personne, on peut mettre la faute sur l’autre mais pas quand c’est envers tout le monde. Je dois donc chercher ce qui ne va pas en moi et me changer avec la grâce de Dieu. Car Dieu qui aime tout le monde, collabore en tout pour leur bien. Dieu peut nous changer. Il suffit de lui demander de nous changer, et y insister jusqu’à ce qu’il nous exauce. Il ne refuse jamais quand il s’agit du bien des gens. Il faut lui faire confiance car il nous a prédestinés à reproduire l’image de son fils afin de nous rendre justes devant Dieu. Tout est possible. Le jeune Salomon, lui, a demandé, non pas la richesse, ni vivre longtemps, ni même la vie de ses ennemis, mais un cœur plein de jugement pour bien gouverner son peuple, pour discerner entre le bien et le mal. Comme Salomon, bien des chrétiens ne savent pas distinguer le bien du mal. Et quand on pense bien faire, on fait le mal, parfois même sans s’en apercevoir. Paul lui-même dit à un certain moment en Rm 7,19 : « je ne fais pas le bien que je veux et commets le mal que je ne veux pas ». C’est pourquoi, divers passages bibliques insistent sur la correction fraternelle. Ap 3,19 : « Ceux que j’aime, je les semonce et les corrige. Allons! Un peu d’ardeur, et repens-toi! » – He 12,5 : « Mon fils, ne méprise pas la correction du Seigneur, et ne te décourage pas quand il te reprend » – Ga 6,1 : « Frères, même dans le cas où quelqu’un serait pris en faute, vous les spirituels, rétablissez-le en esprit de douceur, te surveillant toi-même, car tu pourrais bien toi aussi être tenté ». Salomon, lui, a demandé le discernement du jugement, c’est-à-dire la capacité d’apprécier les situations de la vie pratique pour pouvoir déterminer la bonne conduite à avoir, le tout… fait en vérité selon la parole de Dieu qui nous demande de nous aimer les uns les autres.

Rien de mieux pour combattre nos propres fautes, nos propres péchés, que de demander à Dieu, dans toutes nos prières, le discernement des tentations afin de pouvoir détecter, avec la grâce de Dieu, les moments de tentation de l’esprit du mal et demander en même temps la force de repousser ces tentations une fois qu’elles ont été détectées. Dieu ne pourra pas nous les refuser et Jacques nous le rappelle (Jc 1,5-7) : « 5 Si l’un de vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu ­ il donne à tous généreusement, sans récriminer ­ et elle lui sera donnée. 6 Mais qu’il demande avec foi, sans hésitation, car celui qui hésite ressemble au flot de la mer que le vent soulève et agite. 7 Qu’il ne s’imagine pas, cet homme-là, recevoir quoi que ce soit du Seigneur ». Et Jacques qui connaît les hommes insiste pour nous faire connaître la bonne conduite à tenir pour plaire à Dieu (Jc 3,13-18) : « 13 Est-il quelqu’un de sage et d’expérimenté parmi vous? Qu’il fasse voir, par une bonne conduite, des actes empreints de douceur et de sagesse. 14 Si vous avez au cœur, au contraire, une amère jalousie et un esprit de chicane, ne vous vantez pas, ne mentez pas contre la vérité. 15 Pareille sagesse ne descend pas d’en haut: elle est terrestre, animale, démoniaque. 16 Car, où il y a jalousie et chicane, il y a désordre et toutes sortes de mauvaises actions. 17 Tandis que la sagesse d’en haut est tout d’abord pure, puis pacifique, indulgente, bienveillante, pleine de pitié et de bons fruits, sans partialité, sans hypocrisie. 18 Un fruit de justice est semé dans la paix pour ceux qui produisent la paix ». Un peu plus loin, il nous dit (Jc 4,6) : « Dieu résiste aux orgueilleux, mais se montre favorable aux humbles ». Savoir discerner le bien du mal en nous-mêmes pourrait nous amener à une certaine sagesse, à un certain dépouillement de tout ce qui peut nous amener à des fautes ou à des péchés qui nous conduisent toujours à la division. Il nous faut travailler à l’unité, à la paix, à la fraternité, non seulement au sein de l’Eglise, mais partout dans le monde.

Le CEC 775 nous dit en trois fois dans le même paragraphe : « 1) L’Église est, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et l’instrument de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain ; 2) l’Église est aussi le sacrement de l’unité du genre humain ; 3) l’Église est  » signe et instrument  » de la pleine réalisation de cette unité qui doit encore venir ». Saint Paul aussi prend au sérieux les problèmes de désunion (Rm 14,13): « Cessons donc de nous juger les uns les autres. Jugez plutôt qu’il ne faut pas être pour un frère cause de chute ou de scandale ». Tout scribe – c’est-à-dire, selon la note de la TOB, tout auditeur qui a compris l’enseignement du Christ – devenu disciple du Royaume des Cieux est semblable à un propriétaire qui tire de son trésor du neuf et du vieux. Du vieux, nous pouvons garder ce qu’il y a de meilleur en nous, mais il faudra certainement y mettre du neuf avec les enseignements du Christ afin que nous soyons  convertis et transformés à l’image du Christ comme nous le dit Saint Paul (Tt 3,3-5) : « 3…nous aussi, autrefois, nous étions insensés, rebelles, égarés, asservis à toutes sortes de désirs et de plaisirs, vivant dans la méchanceté et l’envie, odieux et nous haïssant les uns les autres. 4 Mais lorsque se sont manifestés la bonté de Dieu notre Sauveur (dans nos cœurs) et son amour pour les hommes, il nous a sauvés, non en vertu des œuvres que nous aurions accomplies nous-mêmes dans la justice, mais en vertu de sa miséricorde, par le bain de la nouvelle naissance et de la rénovation que produit l’Esprit Saint ». Que notre sainte Mère prie pour que nous ayons nous aussi le discernement du bien et du mal et veille à l’unité et à la paix chez ses enfants.




17ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 13, 44-46)- par Francis COUSIN

« Le trésor caché … et la perle rare … »

Vendre tout ce que l’on a pour posséder un trésor, une perle rare …

Il faudrait être un peu fou pour cela … à moins d’être certain de la valeur de celui-ci ou de celle-ci …

Valeur actuelle … ou valeur future, escomptée à la revente … comme le font des collectionneurs de tableaux de grands peintres …

Mais là, pour le Royaume des cieux …

Tout miser sur Jésus-Christ, sur sa Parole, son enseignement …

Pour quelque chose qu’on ne connaît pas … et qu’on nous propose pour après notre mort … alors qu’on ne sera plus là physiquement … !!!

On comprend que beaucoup n’y croient pas …

Ou alors on fait le pari de Pascal, dont on parle beaucoup actuellement … : « Tant qu’à faire, autant y croire … ça ne mange pas de pain ! »

Et pourtant, ce trésor, il existe … bien caché dans le sol.

Mais ce trésor, Dieu l’offre à tout le monde.

Pas un trésor pour tous, … mais un trésor pour chacun …

Et c’est Dieu lui-même qui indique à chacun où le sien se trouve, pour ceux qui le cherchent … après un temps plus ou moins long, pour savoir si on a vraiment le désir de le trouver …

Et surtout, c’est un trésor qui se renouvelle tout le temps, qui s’adapte à nos besoins, à nos désirs.

Encore faut-il qu’on soit attentif pour ne pas passer à côté de lui sans le voir …

Mais quand on le trouve, c’est la joie …

Non pas une joie comme si on gagnait le gros lot à la loterie, une joie passagère, extérieure, que tout le monde peut voir … mais une joie intérieure, qui remplit le cœur et l’âme d’un bonheur durable, infini, qui ne peut être comparée à aucune autre joie …

La joie de la découverte de ce trésor peut arriver à n’importe quel âge :

Que ce soit un enfant, comme Dominique Savio, aidé par don Bosco ; ou Carlo Acutis, plus connu actuellement ;

Ou plus tardivement, comme saint François d’Assise, dont la joie l’a amené à quitter sa richesse et sa situation pour se réfugier tout nu dans les bras de son évêque, avant de fonder l’ordre des frères mineurs ;

Ou encore Charles de Foucauld qui quitte sa vie mouvementée et désordonnée pour se faire ermite dans le désert du Hoggar, vivant au milieu des Touaregs musulmans …

La découverte du « Trésor » de la Parole de Jésus a entraîné, pour les plus âgés, un changement radical de vie qui leur a permis d’être accueillis dans le Royaume de Dieu.

Alors, je souhaite à chacun d’entre vous, pour ceux qui ne l’ont pas encore trouvé, de leur permettre de découvrir ce trésor que Dieu a préparé pour eux, et que la joie de la découverte emplisse leur cœur.

Ensuite, ce sera à eux de jouer : accepter de se laisser emmener par l’Esprit Saint … là où ils ne pensaient sans doute pas aller … sur le chemin qui les emmènent vers le Royaume des Cieux … dans l’état qui convient le mieux à chacun.

Seigneur Jésus,

ce n’est pas un jeu de piste,

mais ça y ressemble :

Tu nous demandes

de chercher un trésor,

mais tu sais déjà

que tu nous le donneras …

si nous le cherchons !

Et en plus, c’est un trésor

adapté à chacun.

Merci Seigneur.

 

Francis Cousin  

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17ième dimanche du Temps Ordinaire (Mt 13, 44-52) – Homélie du Père Louis DATTIN

Le trésor et la perle

Mt 13, 44-52

Ces deux paraboles : celle du paysan dans son champ qui découvre un trésor et celle du négociant de perles, ont toutes deux le même sens. Dans les 2 cas, il s’agit de deux hommes qui font, tout à coup, la découverte de leur vie et qui, sans hésiter, bazardent tout ce qu’ils ont, pour obtenir ce qu’ils viennent de trouver : l’un vend tout son bien pour acheter le champ du trésor, l’autre vend toutes ses perles pour avoir celle-là. Le trésor, la perle, c’est « le Royaume de Dieu ».

La 1ère question qui se pose à nous est celle-ci :

« Suis-je vraiment en recherche de quelque chose ou de quelqu’un ? Suis-je à l’affût, pour trouver ce que je n’ai pas encore ? Ai-je dans mon cœur un désir très fort de ce qui me manque ?

Le négociant est à la recherche de cette perle, il fouille partout, ses investigations sont systématiques.

Suis-je arrivé à cette messe, (ce matin), avec le désir de trouver ce qui va changer ma vie, suis-je arrivé avec cette faim et cette soif de celui qui a dit : « Je suis le pain de vie ; celui qui me mangera aura la vie éternelle », « Je suis l’eau vive ; celui qui boira de cette eau, n’aura plus jamais soif ? »

 Suis-je venu rencontrer celui qui a dit : « Voici que je me tiens à ta porte et que je frappe ». « Si quelqu’un m’ouvre, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui et lui avec moi ».

Cette messe peut être une vraie rencontre avec celui qui m’attend, si, de mon côté, je le désire. Par contre, si nous sommes venus, par convenance ou par devoir, sans désir, sans faim, sans soif d’autre chose, il y a peu de chances que nous trouvions un trésor dans notre champ, une perle dans cette église…

 

            En étant optimistes, supposons que nous soyons dans ces dispositions-là : Ça y est ! J’ai découvert le trésor ! J’ai découvert la perle ! C’est-à-dire je réalise le vrai sens de ma vie, qui est Jésus pour moi, son amour, sa délicatesse, son pardon infini. Je comprends enfin combien Dieu est Père et avec quelle tendresse il me tend la main. Que vais-je faire ?

2 solutions sont possibles :

* la solution radicale : « Dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il possède et il achète le champ ». Pas une seconde d’hésitation. « Ayant trouvé une perle de grand prix, il va vendre tout ce qu’il possède et achète la perle ». Là encore, la décision est prise, tout de suite, immédiatement, sans raisonner, sans hésiter, c’est  » le tout pour le tout « .

Il y a des moments dans la vie où je suis obligé de faire un choix, choix important et rapide, il faut opter, le marché m’est mis en mains. Je dois décider rapidement, prendre parti.

Ai-je le courage et la générosité nécessaires, en face des propositions du Seigneur, de jouer mon va-tout, pour lui dire  » oui « , tout de suite ? Ai-je des moments où mon cœur va plus vite que mon raisonnement, que mes calculs et mon égoïsme, pour accepter, tout, tout de suite ?

* La 2e solution, est dite d’attente. « Bien sûr, Seigneur, ce que tu me proposes est intéressant : un trésor dans un champ, une perle rare, ce n’est pas à dédaigner, ça demande qu’on y réfléchisse. D’ailleurs, je ne m’engagerai pas à la légère… parce que liquider tout ce que j’ai déjà en dehors de toi, ça fait beaucoup…, tout ce que j’ai accumulé pendant si longtemps, sans toi, est-ce bien raisonnable ? Acheter la perle rare d’accord, mais abandonner toutes les autres perles, fruit de ma patience et de mes efforts, tu demandes beaucoup Seigneur ! »

Eh oui ! Il arrive souvent que nous voulions jouer sur les deux tableaux. Nous voulons bien être de bons chrétiens, à conditions que ça ne nous coûte pas trop cher, à condition que ça laisse à l’abri nos petites réserves, nos petits conforts, nos petits penchants et affections. Alors, nous hésitons et nous remettons souvent au lendemain les demandes du Seigneur.

« Oui, Seigneur, je veux bien partir avec vous à condition que vous n’alliez pas trop loin ».

« Oui, Seigneur, je veux bien que vous entriez dans ma vie à condition de n’y rien changer, de ne pas bouleverser nos habitudes ».

« Je veux bien de votre trésor, mais en plus des autres trésors ». « De votre perle, mais avec les autres perles déjà acquises ».

Là-dessus, le Seigneur est, on ne peut plus clair, « Celui qui met la main à la charrue et qui regarde en arrière n’est pas digne de moi ». « Nul ne peut servir 2 maitres ; s’il sert l’un, il abandonnera l’autre ; s’il est fidèle à l’un, il méprisera l’autre ».

Il va même plus loin : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi, n’est pas digne de moi » ou encore. « Celui qui ne se charge pas de sa croix et ne marche pas à ma suite, n’est pas digne de moi ».

« Celui qui voudra garder sa vie, la perdra mais celui qui perdra sa vie pour moi, la retrouvera ».

« Aucun de vous ne peut être mon disciple s’il ne renonce pas à tout ce qu’il possède ».

On ne peut pas être plus net, plus catégorique : la vie chrétienne est un « tout » ou « rien ». Il y a, en elle, un absolu qui nous effare, qui nous coupe le souffle. Nous sommes loin des combinaisons politiques, des arrangements à l’amiable, des compromis historiques.

En face du Seigneur, nous voudrions garder nos sécurités, nous réserver des positions de repli, ne pas tout larguer : nous ressemblons à ces enfants qui montent en haut du grand plongeoir et qui, voyant la distance qui les sépare de l’eau, se mettent à hésiter, prennent peur, et finalement, redescendent par l’échelle au lieu de se lancer dans le vide, avec le goût amer d’un échec, d’une capitulation.

« Tout vendre » pour « tout acheter » =  » échange standard « , le Christ n’est pas l’homme des demi-mesures. Toutes les perles pour la perle, toute la fortune pour le trésor.

C’est vrai le Christ est totalitaire : il veut tout de nous et tout de suite, mais la différence avec les régimes totalitaires, ceux de l’Est comme ceux de l’Ouest, c’est qu’il fait appel, non pas à des contraintes extérieures, un appareil politique, des conditionnements psychologiques, mais à notre liberté intérieure, notre libre décision, notre générosité personnelle.

C’est de notre cœur, de notre amour, qu’il désire obtenir ce choix. Oui, à tout moment, il nous laisse libre de choisir. Les mots : « Veux-tu», « Si tu veux » reviennent sans cesse dans l’Evangile et nous rappellent que le Seigneur propose, mais ne s’impose jamais.

 

Exigences et respect de l’autre : ce sont les caractéristiques du véritable amour. L’être qui aime veut tout de l’être aimé, mais en même temps, il désire que cela vienne de lui dans une réponse libre et personnelle. A l’appel de l’amour, seule une réponse d’amour peut satisfaire le cœur de l’autre.

Voilà la façon dont le Christ désire être aimé : amour du libre choix qui engage tout entier et tout de suite dans une préférence radicale, qui fait de toutes les valeurs possédées auparavant.

Cet amour-là, exclusif, total sans retour, s’appelle une « passion ». Passion : ce mot est commun au vocabulaire de l’amour et à celui de la souffrance et ce n’est pas par hasard. L’amour véritable est celui qui est prêt à y mettre le prix, prêt à assumer les épreuves de l’autre, prêt à vivre avec l’autre  » pour le meilleur et pour le pire « .

La Passion du Christ, celle du Vendredi Saint, est le sommet de la passion qu’il nous porte. Avons-nous, nous, aussi, un peu de passion pour Dieu ? Prêts à nous livrer pour lui, à tout lâcher pour lui, comme il a tout lâché pour nous.

Dans un cri d’admiration, St-Paul écrit : « Il m’a aimé et s’est livré pour moi ! » Puissions-nous, mes frères, l’aimer à notre tour et nous livrer de la même façon. AMEN




17ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 13, 44-52) – par le Diacre Jacques FOURNIER

« Le trésor du Royaume »

(Mt 13, 44-52)

 « Le royaume des Cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ; l’homme qui l’a découvert le cache de nouveau. Dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète ce champ.

Ou encore : Le royaume des Cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines. Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète la perle.

Le royaume des Cieux est encore comparable à un filet que l’on jette dans la mer, et qui ramène toutes sortes de poissons. Quand il est plein, on le tire sur le rivage, on s’assied, on ramasse dans des paniers ce qui est bon, et on rejette ce qui ne vaut rien. Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges sortiront pour séparer les méchants du milieu des justes et les jetteront dans la fournaise : là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. »

« Avez-vous compris tout cela ? » Ils lui répondent : « Oui ».

Jésus ajouta : « C’est pourquoi tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. »« 

 

« Le Royaume des Cieux est comparable à un trésor »… Et Jésus sait de quoi il parle : il le vit… En effet, « le Règne de Dieu n’est pas une question de nourriture ou de boisson, il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17). Et cet « Esprit Saint » qui renvoie ici à ce que Dieu est en Lui-même (« Dieu est Esprit » (Jn 4,24) et il « est Saint » (Ps 98)), Jésus, le Fils, le reçoit du Père de toute éternité car c’est par ce Don gratuit du Père qu’il est engendré en « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, de même nature que le Père » (Crédo). Ainsi, tout comme le Père est Esprit, et que le Père est Saint, le Fils lui aussi est Esprit, et il est Saint, en tant qu’il reçoit du Père de toute éternité d’être ainsi, par le Don de cet Esprit Saint… Et vivre de la Plénitude de cet Esprit « Don du Père », tel est le Royaume des Cieux… Or toute la mission de Jésus consiste à nous inviter à nous tourner avec lui vers le Père : « Si tu savais le Don de Dieu », dit-il à la Samaritaine (Jn 4,10-14 ; 7,37-39). Si nous consentons à l’Amour, nous recevrons alors avec lui et comme lui ce Don gratuit du Père et il aura en nous les mêmes effets qu’il a dans le Fils de toute éternité : il nous engendrera nous aussi, selon notre condition de créatures, à la Plénitude même de Dieu. « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22) et « vous entrerez par votre plénitude dans toute la Plénitude de Dieu » (Ep 3,19 ; 5,18 ; Col 2,9-10). Notre « esprit » (1Th 5,23), créé pour recevoir ce Don de l’Esprit, aura ainsi atteint ce but ultime qui est en fait le terme de toute vocation humaine : participer par grâce à ce que Dieu Est par nature, et cela gratuitement, par amour… « Là » se cache le vrai bonheur puisque « le fruit de l’Esprit est joie, paix  » profonde (Ga 5,21)…

            C’est pourquoi ce « Royaume des Cieux est semblable à un trésor qui était caché dans un champ », caché au plus profond du cœur, enfoui sous des tonnes de vase et de boue, sous nos péchés et nos misères… Mais le Christ est venu révéler l’homme à lui-même en lui donnant de pouvoir prendre conscience, en le vivant, de l’incroyable beauté de sa vocation… « Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68). « Qu’un homme vienne à trouver » le trésor de cette Plénitude de Vie ? « Il s’en va ravi de joie vendre tout ce qu’il possède, et il achète ce champ ». Il laisse tout pour ce trésor, car rien, sur cette terre ne lui est comparable… Avec lui, il a trouvé le vrai bonheur… « Tu mets dans mon cœur plus de joie, que toutes leurs vendanges et leurs moissons » (Ps 4)…

                                                                     DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 17ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 13, 44-52)

« Le Royaume des cieux est comparable à un trésor caché… à une perle de grande valeur… »

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Mt 13, 44-52)

Jésus continue d’annoncer le Royaume par des paraboles. Il le présente comme quelque chose de très grande valeur pour lequel il vaut la peine d’engager totalement sa vie en attendant le jugement de Dieu qui saura faire le tri entre ceux qui auront cherché ce Royaume à Dieu et ceux qui lui auront fermé leur cœur.

 

Soulignons les mots importants

 Un trésor caché : Est-ce que ce laboureur était à la recherche d’un trésor ?

Dans sa joie…   Pourquoi cette joie ? Que penser de sa décision ?

Un négociant qui recherche des perles fines : Cette recherche nous fait-elle penser à une parole de Jésus ?

Ayant trouvé une perle de grande valeur 

Il va vendre tout ce qu’il possède : est-ce raisonnable de tout liquider ainsi ? L’attitude de ce négociant vous rappelle-t-elle une rencontre de Jésus dans l’évangile ?

Un filet qu’on jette à la mer : A plusieurs reprises il est question de filet de pêche dans l’évangile : cherchons ensemble.

Ici dans quel sens Jésus utilise l’image du filet ?

On ramasse ce qui est bon, on rejette ce qui ne vaut rien…

Dans la fournaise  …Pleurs et grincements de dents : Est-ce que Jésus prononce ces paroles avec l’idée d’une condamnation ?

Scribe devenu disciple du Royaume des cieux : qu’est-ce qu’un scribe ?

Qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien : que veut dire Jésus ?

 

Pour l’animateur   

  • Un trésor caché: Le Royaume de Dieu, qui commence si petit comme la graine de moutarde,  qui a la puissance d’une pincée de levain cachée dans la pâte, est une réalité tellement précieuse, un trésor tellement grand, que celui qui l’a trouvé n’a pas le droit d’hésiter un instant pour en faire son bien le plus précieux. « Là où est notre trésor, là aussi sera notre cœur ».

  • Jésus est lui-même le Royaume présent parmi nous, le Salut de Dieu qui vient à nous, le trésor qui fait la joie du disciple. Certains l’ont trouvé un jour alors qu’ils ne le cherchaient pas, au hasard d’une conversation, d’une rencontre, d’une célébration, d’une lecture…

              D’autres, comme le négociant, se mettent assidûment à la recherche de Dieu et un jour, parfois au terme d’une vie,  ils découvrent la perle de grande valeur, Jésus et la  bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Jésus n’a-t-il pas dit : « Qui cherche trouve » ?

  • Quand on l’a trouvé, ça vaut la peine d’engager totalement sa vie, mobiliser toutes ses forces pour l’avoir. On ne peut pas choisir le Christ un peu, à moitié… Devant l’amour fou de Dieu pour nous, le disciple qui l’a compris ne fait pas de calcul…il répond en renonçant à tout le reste. Cela peut paraître humainement déraisonnable.

  • A ceux qui hésitent, Jésus propose la parabole du filet et du tri. Les expressions « la fournaise, les grincements de dents » n’ont pas pour but d’annoncer leur condamnation, mais pour les mettre en garde, souligner la gravité de l’enjeu, et les encourager à entrer dans le parti des  « justes » pour ne pas manquer d’être définitivement accueillis dans le Royaume des cieux. (Il est bon de se rappeler le filet de la pêche miraculeuse, après la résurrection (Jn 20,6) : le succès de la mission quand on travaille pour le Royaume au nom de Jésus.)

  • Parmi les auditeurs de Jésus, il y avait des scribes (des experts qui copiaient et étudiaient les Ecritures). Ceux qui ont laissé la parole de Dieu façonner leur cœur reconnaissent Jésus comme le Messie et ainsi ont su tirer du trésor des Ecritures du neuf et de l’ancien. Car toutes les Ecritures l’Ancien Testament mènent à Jésus. Les scruter, les méditer façonne notre cœur et nous aide à nous attacher au Christ.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS :

Seigneur Jésus, par ta présence au milieu de nous, le Royaume des cieux est là. C’est toi-même le trésor caché, la perle de grande valeur : tu te révèles à ceux qui ont le cœur ouvert. Tu te laisses trouver par ceux qui cherchent avec ardeur et persévérance.

Fais-nous la grâce de ne pas hésiter à engager toute notre vie pour être avec toi, même quand c’est difficile. Que notre vie soit un témoignage pour tous ceux qui hésitent à te suivre.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie

  • Le Royaume des cieux…un trésor…une perle de grand prix!

Est-ce vraiment comme cela que le Royaume des cieux est perçu par nous, par les chrétiens d’aujourd’hui ?

Beaucoup de gens courent après le gros lot ! Tant de moyens sont proposés pour faire fortune !

  • Lorsque nous parlons du Royaume des cieux, de Jésus Christ, peu de gens se précipitent pour l’accueillir. Pourquoi ? Comment Jésus Christ est-il perçu autour de nous ? Est-il reconnu comme le bien le plus grand, la plus grande richesse de l’humanité. Lui avons-nous donné la préférence, comme cet homme qui vend tout pour acquérir la perle de grand prix ?

  • Répondons-nous sans hésiter aux appels du Christ, dans l’Evangile et dans l’Eglise, à travers les appels de nos frères… ? Le faisons-nous sans calcul ?

  • La Parole de Dieu que nous entendons chaque semaine est-elle une lumière qui nous aide à choisir les meilleurs comportements ?

 

 

Ensemble prions

Chant :

Seigneur Jésus, je te cherche p.361

 

Béni sois-tu Seigneur, notre Père,

Toi qui nous as donné ton Fils

Le trésor de notre vie.

Illumine les yeux de notre cœur

Pour que, dans chacune de nos joies et de nos peines

Nous sachions reconnaître sa présence,

Découvrir sa tendresse et demeurer dans sa paix.

 

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Mgr Pascal Chane Teng, nouvel Evêque de la Réunion (19/07/2023)

Ce mercredi 19 juillet, Mgr Gilbert AUBRY, a annoncé, à l’Evêché, son prochain départ à la retraite et présenté son successeur, Mgr Pascal CHANE TENG. Toute l’équipe du SEDIFOP à laquelle il a appartenu pendant des années en tant qu’intervenant en Théologie au Cycle Long pour les deux groupes de Saint Denis lui souhaite bien sûr le meilleur pour son service du Christ et de l’Eglise qui est à la Réunion… « C’est en toi que nos pères espéraient… En toi ils espéraient et n’étaient pas déçus » (Ps 22(21),5-6)…

«  »Pour vous, disait Jésus à ses disciples, qui suis-je ? » Simon-Pierre répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » En réponse, Jésus lui dit : Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux. Eh bien! moi je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les Portes de l’Hadès ne tiendront pas contre elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux : quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié » » (Mt 16,15-19).

« Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; mais je vous appelle amis, parce que tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi; mais c’est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure » (Jn 15,15-16)…

« S’avançant, Jésus leur dit ces paroles : Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin de l’âge » (Mt 28,18-20).

« Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur, lui qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s’est livré en rançon pour tous » (1Tm 2,3-6).

 




16ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 13, 24-43) – par Francis COUSIN

« Le bon grain … ou l’ivraie ? »

La semaine dernière, dans l’évangile, Jésus nous parlait d’un semeur, Dieu, qui inlassablement sème sa Parole d’amour et de paix, à tous vents …et cette Parole est plus ou moins bien reçue par ceux qui la reçoivent, en fonction de ce qu’ils ont dans leur cœur à ce moment-là ou peu de temps après …

Et cette Parole est soit étouffée … ou elle donne du fruit …

C’est la disposition du receveur, seul, ou les contingences du moment qui permettent quelle porte du fruit.

Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus ajoute un autre paramètre : le démon, le Satan, le diviseur … celui qui vient mettre la zizanie dans nos cœurs … et entre les personnes …

Même si on ne parle de moins en moins souvent, à tel point que beaucoup ne croient plus en lui : « C’est une invention pour nous faire peur … pour qu’on soit sages » …

Il n’empêche, il existe bel et bien, … Et si Jésus en parle, c’est bien qu’il existe … car Jésus est vérité ! (cf Jn 14,6)

Mais le Satan s’arrange pour qu’on ne le voit pas … dans la parabole, il vient « pendant que les gens dormaient », quand il fait nuit, dans les ténèbres, le lieu du mal !

Et que fait-il ?

Là où le cultivateur a semé du bon blé dans son champ, il vient y semer de l’ivraie, une sorte de blé dégénéré qui n’a aucune valeur nutritive et ne sert à rien … sinon à ennuyer le cultivateur ! Il n’agit que par méchanceté …

Le premier a semé le bon grain en plein jour, son ennemi la nuit. Jésus semble suggérer que le mal, celui qui est en moi, celui qui est dans les autres, ne correspond pas à notre vrai visage qui est celui donné par Dieu, un visage d’amour, mais qu’il vient de l’ennemi, de Satan.

Au début, personne ne se doute de quoi que ce soit, les deux céréales ont les mêmes pousses …

Mais quand les épis se développent, la différence apparaît, et les serviteurs préviennent le maître, et pleins de bonne volonté, ils veulent enlever tout l’ivraie, ce que refuse le maître : « Non, en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps. Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson. »

Pourquoi attendre, alors que les ouvriers étaient prêts à faire le travail tout de suite ?

Parce que ce n’est pas le maître qui va séparer le bon grain de l’ivraie, mais ce sera Jésus qui le fera au temps de la moisson. Parce qu’il veut nous laisser le temps de mûrir, de réfléchir, de discerner le bien du mal, de résister au démon … et surtout, si le mal est entré en nous, il nous donne la possibilité de demander pardon à Dieu du mal que nous avons fait sur cette terre … et même après notre mort, dans le purgatoire …

Mais c’est quoi le temps de la moisson ?

Deux possibilités : le moment de notre mort à la vie terrestre … ou la parousie, au moment du jugement dernier …

Si on en croit saint François d’Assise, il vaut mieux se préparer pour notre mort terrestre : « Loué sois-tu, mon Seigneur, par sœur notre mort corporelle, à laquelle nul homme vivant ne peut échapper. Malheur à ceux qui mourront dans les péchés mortels. Heureux ceux qu’elle trouvera dans tes très saintes volontés, car la seconde mort ne leur fera pas mal. »

Essayons donc de ne pas laisser l’ennemi mettre de l’ivraie dans nos cœurs. Et résistons aux tentations du Démon … dans toute notre vie : que ce soit notre vie personnelle, familiale, sociale, et même dans l’Église où parfois la jalousie et l’égoïsme se font jour … et même pire encore …

Seigneur Jésus,

je suis en même temps

le bon grain et l’ivraie.

J’essaye de vivre ta Parole d’amour,

mais le Satan est toujours prêt

à me faire dévier de ta Parole

pour m’emmener

« là où je ne voudrais pas aller ».

Aide-moi à lui résister.

 

Francis Cousin  

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Priere dim ord A 16°




Rencontre autour de l’Évangile (Mt 13, 24-43)– 16ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Le bon grain et l’ivraie,

la graine de moutarde et le levain… »

 

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Mt 13, 24-43)

Trois petites paraboles permettent à Jésus de présenter le Royaume de Dieu comme une force de vie qui fait pousser, qui fait grandir, qui fait monter…Mais le Royaume de Dieu, puissance de vie et de croissance, commence ‘petit’, modeste…Il rencontre aussi les forces du mal…Le croyant est invité à la patience et à s’en remettre à Dieu qui seul peut faire le tri, c’est à dire de juger

 

Soulignons les mots importants

Le Royaume des cieux : Cette expression revient souvent dans l’évangile de Matthieu.

Peut-on la remplacer par d’autres expressions ?

Le bon grain et l’ivraie (une mauvaise herbe qui gêne la croissance des céréales)  

Que représente cette ivraie ?

Un ennemi : En disant que c’est un ennemi qui a  semé l’ivraie, que nous apprend Jésus ?

Laissez-les pousser : En disant cela, qu’est-ce que Jésus nous apprend de Dieu ?

La Moisson : Que signifie le temps de la moisson dont parle Jésus ?

Les fils du Royaume et les fils du Mauvais : de qui parle Jésus ?

Graine de moutarde : que devient cette si petite graine ?

Les oiseaux du ciel : « Les oiseaux » sont le symbole du monde païen.( Dn4, 7-19)

Du levain qu’une femme enfouit dans trois grandes mesures : Trois « mesures » comprenaient 40 litres. Que veut nous faire comprendre Jésus en disant qu’une pincée de levure fait monter une si grande quantité de pâte ?

 

Pour l’animateur   

Le Royaume des cieux : l’évangile parle aussi du « Royaume de Dieu ». Saint Jean parle surtout de la « vie éternelle ». C’est aussi « le ciel » : En bon juif, Matthieu ne prononce pas le nom de « Dieu ». Il le remplace par « les cieux ». Quand nous disons : « Notre Père qui es aux cieux », cela veut dire exactement « notre Père qui est Dieu ». Ce Royaume du Père des cieux, ou la vie éternelle, ou le ciel commence ici-bas quand nous accueillons Jésus comme l’Envoyé du Père et que nous vivons de sa vie. Jésus, dans ces paraboles, nous aide à le comprendre.

L’ivraie représente tous les obstacles à l’avènement du Royaume de Dieu. Mais Dieu est patient. Mieux vaut supporter la présence du mal que d’arracher le bien lorsqu’on n’a pas les moyens d’un véritable discernement.  Il laisse chacun le temps de se convertir. Parfois nous aimerions que Dieu intervienne pour nettoyer notre monde et remettre de l’ordre dans son champ. L’ennemi, pas seulement le diable ! Hélas, il peut être chacun des nous !

Le Christ, en se faisant homme, a été solidaire de notre humanité de faiblesse et de péché : il a subi les conséquences du mal jusqu’à en être victime sur la croix. Dieu n’a pas fait de miracle pour sauver le Christ de la violence des hommes. En fait Dieu respecte notre liberté : c’est à nous de faire bon usage de notre liberté. 

Fils du Royaume et fils du Mauvais : Il ne faut surtout pas se représenter le monde avec d’un côté les gens parfaits et de l’autre les mauvais. Personne ne peut se vanter d’être totalement bon et personne n’est non plus totalement mauvais. En chacun de nous, il y a du Royaume et de l’anti-Royaume. Le bon grain et l’ivraie qui poussent ensemble, c’est l’image des hommes toujours partagés entre le mal et le bien qui coexistent en chacun de nous.

Le champ où l’ivraie et le bon grain poussent ensemble, nous aide à comprendre aussi que l’Eglise est un peuple mélangé de forts et d’infirmes, de bons et de méchants… le temps de l’Eglise, c’est le temps de la patience de Dieu qui veut laisser à chacun le temps de changer de vie.

Le grain de moutarde qui devient un arbre et qui abrite les oiseaux, signifie que le Royaume de Dieu qui commence petitement va pouvoir rassembler tous les hommes.

Le levain, qui, lui, reste enfoui, est un produit, imperceptible, mais particulièrement puissant. Jésus nous révèle l’extraordinaire puissance du Royaume de Dieu (la présence du Christ Ressuscité agissant par son Esprit-Saint) qui est à l’œuvre dans l’immensité de l’humanité pour la faire monter vers le Père. Le Royaume est une force cachée de croissance, trésor caché offert à tous ceux qui cherchent Dieu.

Dans ces petites paraboles, c’est le grand projet du Père que Jésus nous révèle.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS :

Seigneur Jésus, c’est vraiment un grand secret que ce Royaume des cieux ! Mais tu nous le révèles en employant des images toute simples : tu nous demandes d’accepter que sur terre ce Royaume soit une communauté où se mêlent le bien et le mal. Le jugement dernier, ce sera l’affaire de Dieu. Nous acceptons les débuts humbles et parfois difficiles de ce Royaume. Nous admirons aussi à quel point il est une force de croissance et de fécondité pour faire monter notre monde vers le Père.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie

* Ne sommes-nous pas tentés de vouloir une Eglise de purs, de chrétiens engagés…et de vouloir écarter les faibles, les ignorants,  les ‘pécheurs’ ?

Peut-être que nous oublions qu’en chacun de nous il y a du bon et du moins bon, le bon grain et l’ivraie poussent souvent ensemble : quels moyens prenons-nous pour laisser le Seigneur purifier notre cœur ?

* La parabole de l’ivraie et du bon grain nous révèle la patience et la miséricorde de Dieu à notre égard : qu’en faisons-nous ? Peut-être nous ne sommes pas pressés de répondre à ses appels à changer.

Ne sommes-nous pas portés à juger, à vouloir faire nous-mêmes le « nettoyage » des situations ? 

* Cependant n’avons-nous pas le devoir d’appeler « bien » ce qui est bien, et « mal » ce qui est mal ? Est-ce que nous ne manquons pas de courage parfois pour dénoncer ce qui est mal, sous prétexte que « tout le monde le fait » ou « pense comme ça » ?

Donc il ne faut pas ne pas confondre le blé et l’ivraie :

Si on n’arrache pas l’ivraie, est-ce qu’il ne faut pas cependant la repérer et la maintenir à sa place ? Cette parabole de la patience, n’est-elle pas aussi la parabole du courage ? 

Devant des « petits succès » de la Parole de Dieu, devant les débuts modestes de conversion que nous constatons, quelle est notre attitude : Patience ? Découragement ? Espérance ? Pessimisme ?

 

Ensemble prions

Chant : Dans le soleil ou le brouillard p.318

 

 

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16ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 13, 24-43) – par le Diacre Jacques FOURNIER

« Un appel à la conversion »

(Mt 13, 24-43)

En ce temps-là, Jésus proposa cette parabole à la foule : « Le royaume des Cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ.
Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi survint ; il sema de l’ivraie au milieu du blé et s’en alla.
Quand la tige poussa et produisit l’épi, alors l’ivraie apparut aussi.
Les serviteurs du maître vinrent lui dire : “Seigneur, n’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?”
Il leur dit : “C’est un ennemi qui a fait cela.” Les serviteurs lui disent : “Veux-tu donc que nous allions l’enlever ?”
Il répond : “Non, en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps.
Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ; et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier.” »
Il leur proposa une autre parabole : « Le royaume des Cieux est comparable à une graine de moutarde qu’un homme a prise et qu’il a semée dans son champ.
C’est la plus petite de toutes les semences, mais, quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes potagères et devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel viennent et font leurs nids dans ses branches. »
Il leur dit une autre parabole : « Le royaume des Cieux est comparable au levain qu’une femme a pris et qu’elle a enfoui dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. »
Tout cela, Jésus le dit aux foules en paraboles, et il ne leur disait rien sans parabole,
accomplissant ainsi la parole du prophète : ‘J’ouvrirai la bouche pour des paraboles, je publierai ce qui fut caché depuis la fondation du monde.’
Alors, laissant les foules, il vint à la maison. Ses disciples s’approchèrent et lui dirent : « Explique-nous clairement la parabole de l’ivraie dans le champ. »
Il leur répondit : « Celui qui sème le bon grain, c’est le Fils de l’homme ;
le champ, c’est le monde ; le bon grain, ce sont les fils du Royaume ; l’ivraie, ce sont les fils du Mauvais.
L’ennemi qui l’a semée, c’est le diable ; la moisson, c’est la fin du monde ; les moissonneurs, ce sont les anges.
De même que l’on enlève l’ivraie pour la jeter au feu, ainsi en sera-t-il à la fin du monde.
Le Fils de l’homme enverra ses anges, et ils enlèveront de son Royaume toutes les causes de chute et ceux qui font le mal ;
ils les jetteront dans la fournaise : là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.
Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! »  

 

            « Il en va du Royaume des Cieux comme d’un homme qui a semé du bon grain dans son champ »… « Nul n’est bon que Dieu seul » (Lc 18,19) ? Ce Dieu « bon » ne peut donc que créer du « bon ». Et de fait, « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, mâle et femelle il les créa. Dieu les bénit et Dieu leur dit : « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la »… Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon » (Gn 1,27-31). Et pourtant, un mystérieux « ennemi », dit ici Jésus, va « semer à son tour de l’ivraie au milieu du blé »… Et sous son influence, cet homme « bon » et toujours « bon » en tant que créature du Dieu « Bon », ne va pas utiliser sa liberté comme il le faudrait, et il va poser des actes « mauvais » qui ne correspondent pas à cette bonne réalité qu’il est toujours au plus profond de lui-même… Et voilà l’homme brisé, cassé, blessé, torturé… « Souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui fait le mal » (Rm 2,9). Et que son enfant souffre, cela Dieu ne le supporte pas… Il enverra ses prophètes pour inviter à la conversion : « Cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien. Si vous voulez bien obéir, vous mangerez les produits du terroir », du Royaume des Cieux, de la Maison du Père, ces « produits » qui sont Plénitude de vie, joie, paix, bonheur profond… « Mais si vous refusez et vous rebellez, c’est l’épée » que vous maniez « qui vous mangera »…

            Et comme Dieu, de son côté, ne cesse de vouloir le meilleur pour tous les hommes qu’il aime, il va inlassablement, avec une incroyable patience, leur lancer cet appel auquel se joint toujours la promesse d’effacer, par son pardon, par sa Miséricorde infinie, toutes les erreurs et les fautes qui ont pu être commises. « Allons, discutons, dit le Seigneur… Quand vos péchés seraient comme l’écarlate, comme neige ils blanchiront ; quand ils seraient rouges comme la pourpre, comme laine ils deviendront… Fais-moi me souvenir, et nous jugerons ensemble, fais toi‑même le compte afin d’être justifié » (Is 1,16-20 ; 43,26).

            Nous sommes tous pécheurs (Rm 3,9-26). Mais « par ma vie, oracle du Seigneur, je ne prends pas plaisir à la mort du méchant, mais à la conversion du méchant qui change de conduite pour avoir la vie. Convertissez-vous, revenez de votre voie mauvaise. Pourquoi mourir » (Ez 33,11) ? St Paul invite ainsi à ne pas mépriser « ses richesses de bonté, de patience, de générosité », en reconnaissant « que cette bonté de Dieu nous pousse à la conversion » (Rm 2,1-4). « L’Amour en effet prend patience, il ne cherche pas son intérêt mais le nôtre. Il supporte tout, endure tout, espère tout », et notamment notre repentir… DJF