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14ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 11, 25-30) – Homélie du Père Louis DATTIN

Triomphe de l’amour

Mt 11, 25-30  

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et moi je vous soulagerai. Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger ».

 

 

Beaucoup de personnes s’imaginent que les chrétiens sont entravés par toutes sortes d’obligations pesantes :

. qu’ils sont les esclaves d’une loi

. qu’il y a toutes sortes de commandements, des choses permises et des tas de défendues

. qu’ils ont un code minutieux de ce qui est à faire et surtout de ce qu’il ne faut pas faire

. et que la liberté, ce n’est pas pour eux.

Rien n’est plus faux : le chrétien est avant tout un homme libéré, un homme allégé et qui n’a plus de contraintes, ni de commandements sinon ceux que lui suggère l’amour.

C’est aussi ce que nous rappelle St-Paul dans la seconde lecture : vous, les chrétiens, vous n’êtes plus sous l’emprise de la chair, du matériel, de la lettre, d’un code extérieur. Maintenant vous êtes dirigés par l’Esprit seul, Esprit d’amour et vous n’avez plus à faire que ce que vous inspire cet Esprit d’amour qui vient du Père et que vous donne le Christ.

Comment la vie de ceux qui regardent Jésus, alors qu’elle devrait être si légère, a-t-elle pu s’alourdir ainsi ? Et devenir pour certains, un poids, un pesant fardeau ?

Eh bien ! La réponse est simple. Le christianisme est une religion d’amour basée sur l’amour de Dieu et des autres : s’il me manque cet amour-là, si je deviens chrétien sans être aimant, s’il me manque cette affection profonde de Dieu et des autres, alors elle devient ce que nous venons de décrire, « un cahier des charges », un devis, un règlement sans âme, et nous sommes alors empêtrés et asservis par des prescriptions et des ordonnances.

Sur le marché, une jeune femme toute menue portait son bébé dans ses bras ; l’enfant était beau et pesant et la maman toute fluette semblait bien fragile pour transporter ce gros bébé. Mais elle passait, toute guillerette, toute allègre, le visage fervent, comme si c’était le petit qui la soulevait.

En réalité, qui portait l’autre ? Il n’y avait qu’une seule explication : c’était l’amour qu’elle portait et qui la portait et si on l’avait abordée en le plaignant, elle aurait eu un grand sourire : « Lourd, mon bébé ? Oui, lourd de toute l’affection que je lui porte et qu’il me porte ; mais le poids physique, matériel… je le sens à peine. C’est l’amour qui me le fait porter ».

Un chrétien qui aime vraiment, pour qui Dieu est vraiment un père, pour qui Jésus-Christ est vraiment un frère, pour qui l’Esprit Saint est l’âme de son âme, qui est, comme dit St-Paul « sous l’emprise de l’Esprit », celui-là, il ne porte pas sa religion, c’est sa religion qui le porte, il ne plie pas sous un joug : c’est son idéal chrétien qui le redresse.

Le chrétien est un homme debout, un homme libre, parce que tout ce qu’il fait, il le fait avec amour et ce que nous faisons avec amour ne nous paraît pas pénible.

Nous en avons tous fait l’expérience : quand on aime vraiment quelque chose, on le fait bien volontiers et nous ne nous faisons pas prier pour le faire. Ce n’est que lorsque nous répugnons à faire tel ou tel effort que nous n’aimons pas que cela nous devient pénible, ennuyeux et que nous le faisons en trainant les pieds et que nous avançons avec des semelles de plomb : cela devient alors une obligation sans amour, bref, une corvée.

Or, notre christianisme est avant tout basé, fondé sur l’amour :

– pour celui qui aime, il sera un merveilleux moteur de toute mon activité humaine

– pour celui qui n’aime pas, il ne sera qu’une entrave, un fil à la patte et Dieu sera perçu comme un “empêcheur de tourner en rond” :

« Celui qui aime a les pieds légers », dit-on. Voilà ce que veut nous dire St-Paul en opposant « la chair et l’Esprit » : l’esclavage du matériel, la liberté du spirituel ; “l’amour donne des ailes’’.

Allez dire à une fiancée que sa prochaine rencontre avec son bien-aimé est une corvée et qu’elle ferait mieux de ne pas y aller ! Elle vous dira que vous ne devez pas aller très bien !

Allez dire à un coureur du tour de France, en pleine montée dans un col : « Ne te donne donc pas tant de mal ; tu peux ralentir ». Non, il est pris par la compétition, il l’aime et il mobilise toutes ses forces. Il est porté et entrainé par le désir de gagner.

Et regardez une famille où l’on s’aime : l’enfant transfigure la vie de ses parents et la vie de cet enfant est portée par l’amour de ses parents. Avez-vous vu la détresse du regard d’un enfant de 3 ou 4 ans qui a perdu ses parents dans une grande surface ? L’amour donne aux parents et aux enfants : force et vie… et si, par malheur, cet enfant est malade ou handicapé, alors se multiplie d’autant plus : amour, dévouement, oubli de soi.

            Oui, c’est l’amour qui soulève notre existence. C’est l’amour qui fait surgir le meilleur de nous-mêmes et puisque le christianisme est avant tout, un amour, et non pas un code, il devrait être et il l’est pour beaucoup, le moteur de nos vies, celui qui nous fait aller au-delà de nous-mêmes.

Parce que nous aimons, « notre joug est facile à porter et notre fardeau léger ». Comme il est facile de faire plaisir à quelqu’un qui nous aime et que nous aimons. Les termes de « devoir », de « commandements », « d’obligations » sont oubliés pour faire place à ceux de ‘’don de soi’’, de’’ faire plaisir’’, de rencontre, de cadeaux, d’offrande : les actions sont les mêmes, mais transformées par un dynamisme intérieur qui les transfigure et les sublime.

 Si, au lieu de dire : « Ah ! La barbe ! C’est dimanche ; il faut que j’aille à la messe », je disais : « C’est aujourd’hui, mon jour de rendez-vous avec le Seigneur, je vais à sa rencontre. Ce sera un moment privilégié de contact et de communion avec lui… », « Je l’aime et je vais le voir » et il me redonnera sa force et son esprit pour que je vive mieux et plus, pendant la semaine qui vient.

Dès lors que « l’amour » est présent, nos actions quotidiennes sont transformées : le fardeau devient léger, facile à porter. Tout cela parce qu’on le fait « de bon cœur »…

Pour suivre le Christ, il ne s’agit pas de s’astreindre à respecter une multitude de règlements tatillons, comme ceux que prescrivaient les scribes et les pharisiens : « Il suffit d’aimer » et le secret, le voici : « Nul fardeau n’est lourd pour celui qui aime ».

Pèsent-elles le même poids les pierres transportées :

  • par le prisonnier dans un camp de concentration

  • celles transportées par l’ouvrier qui gagne sa vie en construisant des maisons pour les autres et

  • celles transportées par le père de famille qui prépare un toit pour sa femme et ses enfants ?

Ce sont les mêmes pierres : elles n’ont pas le même poids !

Frères et sœurs, suivre Jésus-Christ pour bâtir le Royaume avec lui, ce n’est pas « être condamné aux travaux forcés », ce n’est même pas être « astreint à remplir un devoir », c’est donner une réponse d’amour à un autre amour qui s’offre, celui de Dieu. Alors, oui, si nous avons bien compris cela et que nous avons un peu de cœur, « le fardeau devient léger « , même s’il est exigeant ! Et il le sera toujours, car lorsqu’on aime quelqu’un, on ne veut pas le laisser croupir dans la médiocrité. C’est ce que demande l’Esprit en nous : loin de vouloir nous asservir, il veut nous libérer, pour nous faire aller au-delà de nous-mêmes, faire naître en nous « l’Homme nouveau », « celui qui vit selon l’Esprit et selon le cœur ». C’est ce nouveau type d’homme dont Jésus-Christ ressuscité est le modèle.

St-Augustin avait l’audace de dire :

« Aime et tu peux faire ce que tu voudras ». AMEN




13ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Matthieu 10, 37-42)

« Dignes de Jésus ? »

 

C’est la question qu’on peut se poser en lisant ce passage de l’évangile.

Par trois fois, dès le début de ce passage, en s’adressant à ses apôtres, Jésus, dans des formules chocs, nous dit si nous sommes dignes de lui … ou non.

« Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi

Celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi

Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. »

Pour les deux premiers items, il y a de quoi être surpris, venant de la part de Jésus …

Même plus : révoltés de sa parole …

Comment ne pas aimer ses parents, ceux qui nous ont fait naître ? … et en plus, ce qui semble en contradiction avec la loi de Moïse : « Honore ton père et ta mère, comme te l’a ordonné le Seigneur ton Dieu. » (Dt 5,16). Bien sûr, il y a une différence entre aimer et honorer … honorer semble moins fort qu’aimer …

Comment ne pas aimer ses enfants, ceux que l’on a conçus avec amour ?

Les ascendants et les descendants …ce qui définit la famille … et on sait que Jésus a toujours défendu la famille, … et les papes après lui … et on a bien besoin de la défendre, surtout en ce moment où elle est attaquée à la naissance (avortement) et à la fin (euthanasie) …

Vous allez dire : « La question n’est pas là. Ce n’est pas une question d’aimer seulement, mais une question d’aimer plus que moi … ».

Certes … mais comment fait-on pour savoir si on aime plus ses parents, ses enfants, … que Jésus ?

Ce que Jésus veut nous dire, c’est qu’il faut mettre des priorités : Qui est le plus important : mes parents, mes enfants … ou Jésus ?

Qui passe en premier ? Jésus … ou ma famille ?

Comme le disait Jeanne d’Arc : « Messire Dieu, premier servi. ».

On peut remplacer Jésus par Dieu, puisque « Qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé. ».

La réponse à la question n’est pas évidente … sauf pour les extrêmes :  les mécréants et les saints …

Entre les deux, il y a la plupart des gens … et je crois que cela dépend des moments : des fois Jésus est premier … des fois non …

Mais lui voudrait que ce soit tout le temps … et il nous en donne les moyens, tout au long de son Évangile, notamment « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,6). Si on veut aller vers le Père, il faut suivre le chemin proposé par Jésus.

Il le dit aussitôt après : « Qui a trouvé sa vie [sur terre] la perdra [dans le ciel] ; qui a perdu sa vie [sur terre] à cause de moi la trouvera [dans le ciel]. ».

« À cause de moi. », c’est-à-dire si on a mis Jésus en premier.

Un autre verbe qui revient dans ce passage : le verbe accueillir : « Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète. ». On en a un bon exemple avec la première lecture, quand le prophète Elisée

Seigneur Jésus,

Tu nous le dis carrément :

si nous t’aimons, toi, et aussi notre prochain,

tu t’en souviendras au jour du jugement.

Mais si nous te renions, et ne faisons pas

un compte avec notre prochain,

tu t’en souviendras aussi au jour du jugement.

Essayons de ne pas l’oublier !

 

Francis Cousin    

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Prière dim ord A 13°




13ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 10, 37-42) – Homélie du Père Louis DATTIN

Accueil

Mt 10,37-42

Les lecteurs de ce 13e dimanche nous offrent l’occasion de réfléchir sur l’accueil, sur la « vertu d’accueil ».

La 1ère lecture nous a fait admirer la délicatesse de l’accueil de la Sunamite à l’égard du prophète Elysée. Dans la 3e lecture, celle de l’Evangile, nous entendons le Christ nous dire:

« Qui vous accueille, c’est moi qu’il accueille ».

En ce début de vacances, époque de migrations et de déplacements, nous aurons sans doute l’occasion, soit d’accueillir quelqu’un, soit d’être accueilli à notre tour.

Dans notre quartier, dans notre église, dans nos contacts, nous allons voir des têtes nouvelles, revoir des personnes, parents ou amis que nous avions perdus de vue, et toute cette nouveauté peut provoquer 2 attitudes extrêmes :

   – celle de l’égoïste dérangé dans ses habitudes, avec une attitude de rejet « ils n’ont qu’à rester chez eux », « ce n’est pas moi qui ai été les chercher » : attitude de méfiance et de repli sur soi, voire d’agressivité.

  –   à l’opposé, il y a celui qui est incapable de fermer sa maison, son esprit, son cœur à une demande, une question, un accueil, et sa vie, loin d’en être dérangée, en sera épanouie, dilatée.

Par le partage avec l’autre, sa vie sera illuminée et prendra une autre dimension.

1 – Il y a tout d’abord l’accueil de la porte. C’est l’hospitalité, un art qui est bien caractéristique de cette disposition du cœur de celui qui accueille vraiment : la porte est ouverte et le cœur aussi. Les Orientaux excellent dans cet art, comme cette  Sunamite dont on vient de nous raconter l’histoire. Cet accueil de la porte concerne non seulement l’hébergement des hôtes, mais aussi les multiples services que l’on peut rendre à ceux qui s’adressent à nous : un outil à prêter, un coup de main à donner, un conseil à suggérer, une plainte à entendre, une démarche à faire, un renseignement à fournir. Cela suppose déjà que l’on ne pense plus tellement qu’à soi, mais que l’on soit capable de se mettre à la place de l’autre pour désirer avec lui ce qu’il nous demande. On sort de soi, on se dévoue pour essayer de contenter l’autre, ce qui rejoint l’exigence du Christ dans ce même évangile :

« Celui qui veut garder sa vie, la perdra… celui qui accepte de la perdre à cause de moi, la gardera » et « Celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche à l’un de ces petits, en sa qualité de disciple, vraiment, je vous le dis, il lui en sera tenu compte ».

2 – Il y a aussi, et ici, nous allons plus loin : l’accueil de l’esprit. Cet accueil-là, on l’appelle souvent « la sympathie » : on essaye d’entrer dans la mentalité de l’autre, de comprendre ses réactions, différentes des nôtres, sa mentalité qui n’est pas la nôtre, sa manière de juger ou d’agir qui ne correspond pas forcément à la mienne. Nous sommes tous différents et pourtant nous avons tous nos qualités : les gens du nord ne sentent pas les choses comme les méridionaux, un musulman ne vit pas et n’a pas les mêmes réactions qu’un chrétien, un noir sera plus sensible à une autre valeur qu’un blanc.

Un jeune n’a pas la même vision du monde que son grand-père, un chrétien ne  réagira pas de le même façon qu’un athée, en telle ou telle occasion et c’est normal et il ne faut pas s’en offusquer.

En face de cette diversité, ce que l’on nomme maintenant « le pluralisme », certains veulent avant tout affirmer leur identité et se poser en s’opposant. Nous avons alors tendance à rejeter tout ce qui n’est pas conforme à notre manière de penser, à nos manières de faire. Nous sommes normaux et tous ceux qui ne font pas comme nous, qui ne pensent pas comme nous, sont des anormaux. Nous les rejetons, les excluons de notre vie. Nous rejoignons ce refrain de Brassens qui chante « Les gens bien-pensants n’aiment pas que l’on fasse autre chose       qu’eux ». Ils sont la règle universelle et tout le monde devrait s’aligner sur eux : cette attitude s’appelle « le sectarisme ». Nous voudrions mettre tout le monde au même pas : sectarisme qui mène au totalitarisme qui ne veut pas admettre la différence, totalitarisme de droite ou de gauche, comme en Corée de Nord ou en URSS, où il y a un parti unique, une école unique, une presse unique et où l’on n’a, en fin de compte qu’un seul droit : celui de se taire !

Cette étroitesse d’esprit est le contraire de cette ouverture de Dieu qui nous a créés si différents, si dissemblables les uns des autres : diversité de races, de caractères, même les enfants, élevés par les mêmes parents sont si différents ! Et ces différences sont une chance ! Quel ennui, quel drame même si nous étions tous pareils ! Un monde en uniforme !

Opposé au sectarisme, Dieu désire de nous la tolérance. C’est peut-être la qualité dont nous avons le plus besoin à notre époque : savoir accueillir les autres, différents de moi, essayer de les comprendre, les  écouter, même  si je ne partage pas leur

opinion ou leur genre de vie. C’est cela l’accueil de l’esprit. Nous cherchons à découvrir les raisons qui expliquent leur attitude et nous passons de l’uniformité à l’unité. L’uniformité appauvrit, l’unité enrichit car elle me fait découvrir chez les autres des richesses que je ne soupçonnais pas et me donne une  sympathie  à priori pour tout ce qui  est nouveau, différent, insolite, étonnant.

3 – Accueil de la porte, accueil de l’esprit : il nous faut passer au 3e degré de l’accueil, celui du cœur. L’accueil de la porte et celui de l’esprit ne se comprennent et ne s’exercent pleinement que s’il y a accueil du cœur car, en définitive, accueillir :

   c’est donner, se donner,

   c’est, dans son cœur, faire une place à l’autre,

   c’est se gêner, se déranger pour partager avec l’autre,

   c’est donc : savoir renoncer à ses aises, à sa tranquillité, à son confort pour que, celui que l’on accueille puisse aussi bénéficier de ses aises, d’une tranquillité, d’un confort que souvent il n’a pas. Un égoïste n’est jamais accueillant. Vous êtes-vous demandé parfois si vous êtes égoïste ?  Le meilleur test est de vous demander à vous-même : « Serais-je capable d’accueillir, dans ma maison, dans mes idées, dans mon cœur quelqu’un d’autre qui ne me plait pas particulièrement mais qui en a grand besoin ? » Si vous pensez répondre : « oui », c’est bon signe. Tout cet accueil des autres, nous fait rejoindre l’accueil du Christ lui-même dans nos vies.

« Qui vous accueille, m’accueille. Celui ou celle qui accueille un autre, c’est moi, le Christ, qu’il accueille ».

 4 -. Que dire de celui qui, à l’église, dit au Seigneur : «  Seigneur, entrez, venez dans ma vie » et qui, quelques minutes plus tard, va fermer sa porte à celui qui a besoin de lui ?

. Que dire de celui qui, à la communion, tout à l’heure va dire : « Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez dans ma maison » et qui, dans la même journée, va mettre à la porte de sa maison une personne qui lui demande un service. « Celui qui dit « J’aime Dieu », nous rappelle St-Jean, et qui n’aime pas son frère qui est à côté de lui, n’est qu’un menteur ».

Accueillir l’autre, l’idée de l’autre, la race de l’autre, l’âge de l’autre, la foi de l’autre, c’est accueillir Dieu dans sa totalité, dans sa diversité et aussi dans son unité : celle de l’amour.

. Non seulement Dieu a accueilli l’homme en détresse mais il a été au-devant de lui, s’est fait homme lui-même, s’est identifié à lui pour pouvoir mieux l’accueillir. Nous chantons aux sépultures « Sur le seuil de sa maison, notre Père t’attend et les bras de Dieu s’ouvriront pout toi ».

Sur le seuil de notre maison à nous, attendons-nous les autres ? Nos bras vont- ils s’ouvrir pour eux ?  AMEN




13ième Dimanche du temps ordinaire (Mt 10, 37-42) – par le Diacre Jacques FOURNIER

 

« Suis-moi » (Mt 10,37-42)…

En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ;
celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi.
Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera.
Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé.
Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste.
Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. »

          Ce que Jésus dit ici semble à priori très dur : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ». Ces paroles ne sont-elles pas à priori en contradiction avec le message central de l’Evangile : « Ce que je vous commande ; c’est de vous aimer les uns les autres ; tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Jn 13,34 ; Mt 22,39) ? Les tout premiers « prochains » que Dieu nous donne ne sont-ils pas justement nos parents ? Et Jésus nous a dit aussi qu’il n’est pas venu abolir la Loi de Moïse mais l’accomplir (Mt 5,17-19), c’est-à-dire la conduire à sa perfection. Or n’est-il pas écrit dans cette Loi : « Honore ton père et ta mère » (Ex 20,12) ? Ces paroles, à priori choquantes, doivent donc être replacées dans leur contexte. Jésus envoie ici ses disciples en mission. Au tout début de son discours, il leur a dit : « Allez… et sur votre route, proclamez que le Royaume des cieux est tout proche » (Mt 10,6-7), proclamez au monde entier la Bonne Nouvelle de l’Amour de Dieu…

            S’il faut partir pour annoncer que le Dieu Amour, Créateur de tous les hommes, est tout proche de chacun d’entre eux, quel qu’il soit, il faudra bien aussi quitter son père et sa mère… Mais tout appel est avant tout un Don de grâce, un énorme bonheur, une immense joie… Bien sûr, il faudra choisir. Mais Jésus ne détruit jamais, il ne sépare jamais… S’il demande un sacrifice, c’est toujours pour donner encore plus… Ce qui pourra au début être perçu comme un arrachement deviendra par la suite un lien encore plus fort et encore plus profond avec celles et ceux que l’on a quittés pour Jésus… En effet, si un fils ou une fille reçoit l’appel à devenir son disciple, les parents reçoivent également un appel, et donc une grande grâce, une énorme joie : celui d’être des parents d’un disciple de Jésus. D’un côté une grâce est donc donnée au disciple pour partir à la suite de Jésus, de l’autre une grâce est donnée à ses parents pour les aider à laisser partir leur fils ou leur fille à la suite de Jésus. Si tous acceptent, chacun, par l’obéissance de sa foi, sera alors, à sa manière, un disciple de Jésus. Et cette promesse faite par Jésus s’accomplira alors pour tous : « Cherchez d’abord le Royaume des Cieux et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît » (Mt 6,25‑34 ; Lc 12,22-30). Que celui ou celle qui entend l’appel de Jésus ne se fasse donc pas d’inquiétudes pour ses parents qu’il devra alors laisser et dont il ne pourra plus peut-être s’occuper directement… Si tel est le cas, c’est Jésus lui-même qui, par les uns et par les autres, s’occupera d’eux pour qu’ils ne manquent de rien…        DJF




« Les Religions et la Paix » – Conférence ce Samedi 24 juin à Saint Denis (16h00 – 18h00)

Ce samedi 24 juin le Groupe de Dialogue Inter-religieux de la Réunion organise  une conférence ouverte à tous sur le thème « Les Religions et la Paix », à la salle polyvalente de la Mairie de Saint Denis, 2 rue Pasteur, de 16h 00 à 18h 00.

Chaque représentant interviendra entre 5 et 10 mn, puis, un temps de débat permettra d’échanger librement…

Entrée libre… Bienvenue à tous…




12ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Matthieu 10, 26-33)

« Ne craignez pas ! »

 

« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps. »

Dans la première partie de la phrase, Jésus parle des hommes ; il le dit clairement au début du passage : « Ne craignez pas les hommes. ». Ils n’ont pouvoir que sur la vie terrestre des hommes. Par contre, il est important de craindre celui qui a pouvoir sur la vie terrestre et la vie éternelle des hommes, c’est-à-dire Dieu.

Entre le monde des hommes et celui qui est proposé par Dieu, pour le chrétien, il n’y a pas photo : Mieux vaut se tenir du côté de Dieu que du côté des hommes.

Et tous les textes de ce jour disent la même chose.

« Ne craignez pas ! »

On le voit bien dans la première lecture. Le prophète Jérémie dérange les hommes, alors on veut le faire taire, le faire chuter : Dénonciation, tentative de séduction, tout leur semble bon pour le faire taire, mais Jérémie a une certitude en tête : « Le Seigneur est avec moi, tel un guerrier redoutable … Ils ne réussiront pas. »

Il met totalement sa confiance en Dieu : « Seigneur de l’univers, toi qui scrutes l’homme juste (…), car c’est à toi que j’ai remis ma cause. »

On peut penser au psaume 22 : « Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer. » (Ps 22,1)

« Ne craignez pas ! »

Dans le psaume aussi :

« C’est pour toi que j’endure l’insulte, que la honte me couvre le visageon t’insulte, et l’insulte retombe sur moi. »

Jésus reprend d’une autre manière cette situation dans les Béatitudes : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »

Et le psalmiste continue : « Répond-moi, Seigneur, car il est bon ton amour. »

Confiance totale en Dieu …

Et le psalmiste élargit sa pensée à tous les pauvres : « Les pauvres l’ont vu, ils sont en fête : « Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu ! » Car le Seigneur écoute les humbles. »

« Ne craignez pas ! »

Saint Paul revient sur la Loi de Moïse, une loi d’obligations et d’interdits. Mais celle-ci a été complétée et transformée par le nouvel Adam, Jésus-Christ, avec la loi d’amour : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Mt 22,39), elle-même précisée dans l’évangile de saint Jean : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34).

L’amour de Dieu pour les hommes qui dépasse incommensurablement l’amour des hommes pour Dieu !

« Ne craignez pas ! »

Retournons à la fin de l’évangile : « Quant à vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux. »

Cela montre combien nous avons de la valeur aux yeux de Dieu.

Mais attention, il faut être vrai : « Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux. » ;

Mais si nous mettons notre confiance en Dieu, nous n’avons rien à craindre.

« Quand vous sortez de chez vous ou du lieu de votre travail pour participer à une célébration de l’Eucharistie, vous ne cachez rien : vous savez où vous allez, et tout le monde peut le voir.

Mais qu’est-ce que cela révèle à vos voisins et aux gens que vous croisez dans la rue ? (…) Cela ne répondra pas à la question qu’ils sont en droit de se poser : qu’est-ce qu’aller à la messe change concrètement dans mon existence ? Pour nous, passer au secret au public, montrer ce qui est caché, ce n’est pas nous ranger derrière une banderole ni porter un badge où il est écrit : « Je suis chrétien » ; c’est laisser transparaitre la parole du Christ à travers notre manière de vivre. » (Cardinal André Vingt-Trois.

Seigneur Jésus,

Tu nous le dis carrément :

si nous t’aimons, toi, et aussi notre prochain,

tu t’en souviendras au jour du jugement.

Mais si nous te renions, et ne faisons pas

un compte avec notre prochain,

tu t’en souviendras aussi au jour du jugement.

Essayons de ne pas l’oublier !

 

Francis Cousin    

 

 

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Prière dim ord A 12°




12ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 10, 26-33) – par le Diacre Jacques FOURNIER

  Construire fermement sa vie sur le Christ

(Mt 10, 26-33)

En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Ne craignez pas les hommes ; rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu.
Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière ; ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits.
Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps.
Deux moineaux ne sont-ils pas vendus pour un sou ? Or, pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père le veuille.
Quant à vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés.
Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux.
Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux.
Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux. »

 

 « Tout ce qui est voilé sera dévoilé, tout ce qui est caché sera connu ». Et ce Jour-là ne subsisteront que les œuvres faites « en Dieu », en harmonie avec notre conscience, dans la paix du cœur, la droiture, la justice et la vérité de l’Amour… Dieu Lumière en révélera la lumière, « et l’ouvrier recevra sa récompense ». En effet, « à ceux qui par la constance dans le bien recherchent gloire, honneur et incorruptibilité : la vie éternelle ». Mais « souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui fait le mal » (Rm 2,9-10). Car tout ce qui n’a pas été accompli « en Dieu », tout ce qui s’est réalisé dans le secret du mensonge et de l’injustice, toutes les œuvres de ténèbres disparaîtront lorsque la Lumière surgira. Elles seront « consumées et celui qui les a commises « en subira la perte »… Remords, tristesse et amertume surgiront alors face à tout ce temps perdu, cette vie gâchée… Tel sera le sort de l’âme qui « périt dans la géhenne ». Mais heureusement, St Paul ouvre encore une porte à l’espérance : « elle sera sauvée, mais comme à travers le feu » (1Co 3,10-15)…

            Aussi, pour se détourner dès maintenant de ces ténèbres et choisir la Lumière, Jésus nous rappelle que nous ne sommes pas seuls. Le Père veille sur chacun d’entre nous, « tous nos cheveux sont comptés ». A la prière de Jésus, « Père, je ne te prie pas de les enlever du monde, mais de les garder du Mauvais » (Jn 17,15), sa Présence nous accompagne dans tous nos combats quotidiens. Si nous nous abandonnons à elle dans la confiance, « vous remercierez le Père qui vous a mis en mesure de partager le sort des saints, dans la Lumière », écrit St Paul. « Il nous a en effet arrachés à l’empire des ténèbres et nous a transférés dans le Royaume de son Fils Bien-Aimé en qui nous avons la Rédemption, le pardon des péchés » (Col 1,12-13). Les verbes sont au passé ou au présent : l’aventure commence dès maintenant. Elle n’attend que le « Oui ! » de notre foi. Et l’action souveraine de l’Esprit Saint ne décevra pas l’attente de tous ceux et celles qui se prononcent fermement pour le Christ, dans leur cœur et « devant les hommes »…

                                                                                                                                  DJF




12ième dimanche du Temps Ordinaire (Mt 10, 26-33) – Homélie du Père Louis DATTIN

N’ayez pas peur

Mt 10, 26-33

            Nous avons toujours tendance à penser que l’évangélisation aujourd’hui serait plus difficile qu’à d’autres époques. Il est vrai que notre monde sécularisé et matérialisé n’écoute guère la voix de Dieu. Mais Jésus, en son temps, a dû éprouver vivement cette même difficulté.

Rappelez-vous, sa prédication de la Parole de Dieu fut bien modeste, à la façon d’un message voilé, murmuré dans l’ombre, au creux de l’oreille. Jésus en a parfaitement conscience, mais il a l’audace de croire que son message de l’Évangile fera le tour de la terre, qu’il sera dévoilé au grand jour, « proclamé sur tous les toits » malgré tous les obstacles. Que l’évangélisation soit un acte de courage et d’audace contre toutes les apparences contraires, cela ressort du refrain de cet Evangile :

« Ne craignez pas ! » et pourtant « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ! ». Il ne s’agit donc pas de rester dans nos pantoufles sous prétexte de prudence, de présenter l’Évangile comme un petit traité de psychologie ou « d’équilibre mental » ou d’une boîte de « capsules de bon sens ». Jésus sait qu’il est dangereux de parler de Dieu et les chrétiens doivent dominer cette crainte. Un chrétien doit avoir en horreur ce qui est fade et insipide : toute sa vie, ses paroles doivent avoir la saveur du sel, la chaleur du feu et même un certain goût de violence. Le Royaume des cieux souffre violence « ce sont les violents qui s’en emparent ». Il faut au chrétien cette folie qui s’appelle la « foi en Jésus-Christ ».

Aujourd’hui, l’homme moderne est impressionné par la montée des sciences, les progrès technologiques, comme si tout cela rendait la foi vieillotte, dépassée, inutile. On ne sait plus ce qui est vrai et beaucoup sont tentés de se taire, de ne plus proclamer sur les toits l’Évangile ou plus subtilement de l’édulcorer et de n’en retenir que ce qui va dans le sens du monde.

Sachons tout d’abord que, même les plus intrépides porte-paroles de Dieu ont connu la peur : peur de ne pas être suivis, peur d’être incompris, peur du ridicule, peur de la solitude, peur de la persécution, peur de la mort. Audace, hardiesse, courage, initiative, goût du risque sont des vertus nécessaires pour qui veut suivre Jésus.

« Ne craignez pas, n’ayez pas peur », nous dit Jésus.

Mais lui, Jésus, a-t-il eu peur ? Oui ou non ? Non, parce qu’il a osé s’affronter aux autorités religieuses de son temps, ce qui n’était pas rien, pour leur montrer que c’était l’amour et la miséricorde qui l’animaient et éclairaient sa mission.

Il guérit, exprès le jour du sabbat, montrant ainsi que l’amour d’une personne qui souffre passe avant les règlements religieux les plus sacrés.

Il attaque les pharisiens sur leur ritualisme, leur disant qu’aux yeux de Dieu, c’est la pureté du cœur et des sentiments qui ont la priorité.

Il va au-devant des lépreux, ose les toucher et qui plus est, les réintégrer dans la société. Il fréquente les gens les plus pauvres, les plus méprisés, va manger avec eux, allant jusqu’à dire qu’il n’était pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs comme un médecin qui n’est pas fait pour les bien-portants, mais pour les malades.

Il dénonce ouvertement l’hypocrisie des scribes qui font des règlements pour les autres et qui, eux-mêmes en prennent à leur aise. Bref, il se met à dos les responsables de son temps.

Mais il n’a pas peur et devant ses juges, il affirme clairement sa divinité. « Es-tu le Messie, le fils de Dieu? » Et sa réponse va le condamner à mort : Jésus n’a pas eu peur d’être fidèle à sa mission.

Mais par ailleurs, Jésus n’est pas un homme insensible et stoïque devant les souffrances qu’il rencontre. Rappelez-vous Gethsémani : on le verra accablé de tristesse, de peur et d’angoisse. Oui, comme nous tous, Jésus a eu peur de la souffrance et de la mort. Et nous ? Il est bien normal aussi que nous ayons peur de la souffrance et de la mort, même si nous croyons en Dieu et même si nous savons qu’il ne nous abandonnera pas.

Mais quand il est question de l’essentiel, de notre mission de chrétiens, Jésus nous dit clairement : « N’ayez pas peur d’être fidèles jusqu’au bout », « On vous contredira, on dira toute sorte de mal contre vous à cause de moi, gardez confiance, n’ayez pas peur ».

Traduisons tout cela pour nous-mêmes :

 N’ayez pas peur de vous montrer fidèles à l’Esprit de Jésus et à vos convictions religieuses.

 N’ayez pas peur des imprévus et des incertitudes de l’avenir ; la vie, c’est une grande aventure et vous n’en êtes pas, vous les chrétiens, de simples figurants mais des acteurs…

 N’ayez pas peur des petites ou grandes tempêtes qui peuvent survenir, gardez confiance « Je suis avec vous » pour vous aider à faire face.

 N’ayez pas peur de prendre position ouvertement pour défendre une cause juste.

 N’ayez pas peur de prendre du temps pour soulager celui qui souffre ou pour accueillir celui qui n’a plus rien.

 Ne vous laissez pas paralyser par la peur.

Sur quoi donc s’appuie Jésus pour avoir tant de courage ?

« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps mais ne peuvent tuer l’âme ». La puissance de l’homme est bien limitée : elle ne peut atteindre en nous que la vie terrestre : le corps. Aucune puissance humaine n’est capable de détruire ce qui fait notre valeur véritable, l’espérance de la vie éternelle, l’âme. C’est ce courage-là qui fait rester en Algérie les trappistes de Tibhirine et les coptes d’Egypte et c’est sans peur et le cœur en paix que les neuf trappistes priaient dans leur couvent de Médéa : ils savaient ce qui les attendait, mais ils avaient mis leur confiance en Dieu.

Pour illustrer cette confiance absolue, Jésus raconte deux petites paraboles inoubliables : « Ne vend-t-on pas deux moineaux pour un sou ? », « Or pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père ne veuille ». Quant à vous, même vos cheveux sont comptés ! (Personnellement, je ne donne pas de travail à Dieu pour ce calcul). Comme elles semblent naïves ces deux paraboles des deux moineaux et des cheveux ! Pourtant, plus que tous les discours abstraits, ces images nous crient que Dieu nous aime et prends soin de nous, que rien n’échappe à l’amour vigilant de notre Père.

Alors que pourrions-nous craindre puisqu’il dispose de notre destin total et ultime ? Quel est l’horizon de notre agir dans notre vie quotidienne : le corps seul ou le corps et l’âme ?

Mais, après nous avoir dit que nous n’avons pas à avoir peur, Jésus reprend : « Craignez plutôt ceux qui peuvent tuer l’âme ».

Formule étonnante ! Que signifie, dîtes-moi, tuer l’âme ? Est-il possible de tuer l’âme ? L’âme ne serait-elle pas immortelle ?

Jésus s’explique immédiatement :

« Celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi, je le

renierai devant mon Père qui est aux cieux ».

Voilà donc, seulement ce que nous avons à craindre : la seule chose à redouter, c’est de perdre la foi, d’apostasier. Ce qui tue l’âme, c’est de renier Jésus. Ce qui perd l’Eglise, ce ne sont pas les persécuteurs, mais les lâcheurs. Ce que nous devrions craindre le plus, c’est la déperdition de la foi dans nos âmes.

Quand on pense aux campagnes télévisées pour sauver des espèces animales en déperdition par suite d’une marée noire, pour les « tang » ou pour les phoques, on peut se demander ce que nous devrions faire pour que l’homme lui-même ne soit pas avili, détruit de l’intérieur, en perdant tout sens pour sa vie. « Périr dans la géhenne » voilà ce que Jésus redoute le plus pour l’humanité.

Pour finir, frères et sœurs, rappelons-nous que notre vie de chrétiens ne peut pas être « neutre ». Elle est plutôt un choix rigoureux « ou bien… ou bien… » : ou bien nous nous prononçons « pour » Jésus, ou bien nous nous prononçons « contre » lui.

Enjeu formidable : voilà où se situe le sérieux de notre vie ! « Ne craignez pas la mort du corps, craignez la mort de l’âme! » AMEN




11ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Matthieu 9, 36-10, 8)

       « La moisson est abondante,

mais les ouvriers sont peu nombreux. »

 

C’est une phrase que l’on entend encore souvent en ces temps-ci …

Dans l’Église, bien sûr … pour qu’il y ait davantage de vocations de prêtres, de moines, de religieuses … mais aussi de catéchistes … de personnes qui s’engagent comme responsables de mouvements de prière, de jeunes, de nettoyage des églises, d’aide aux autres (Secours Catholique, Conférence Saint Vincent de Paul, …) ou autres groupes de réflexion …

Mais pas seulement dans l’Église … Aussi dans beaucoup d’associations non catholiques … avec des besoins immenses …

Combien de gens vivent … sans vraiment vivre … !

Des gens abattus, fatigués, n’ayant pas vraiment de but dans la vie …

Alors on en voit qui se tournent vers les psychologues, ce qui peut être très utile, et souvent bénéfique pour eux … mais aussi vers des ’’coaches’’ en tous genres, vers des cartomanciennes, des ’’voyants’’, l’astrologie … pour essayer de trouver un sens à leur vie …

À leur vie terrestre … car pour beaucoup d’entre eux, il n’y a rien après la mort physique … même chez des personnes baptisées ! …

Et pourtant, l’Évangile est proclamé depuis presque deux mille ans …

Voyant la foule qui l’entourait aussi perdue, Jésus réagit en envoyant ses douze apôtres pour qu’ils proclament partout que « le royaume des Cieux est tout proche. ».

Avant de partir, Jésus « leur donna le pouvoir d’expulser les esprits impurs et de guérir toute maladie et toute infirmité. ».

Mais il leur donne d’autres conseils : « Ne prenez pas le chemin qui mène vers les nations païennes et n’entrez dans aucune ville des Samaritains. Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. »

À ce moment-là, Jésus n’a pas encore rencontré la femme Syro-Phénicienne, la Samaritaine ou le possédé de Gérasa … il ne sait pas encore combien certains dans les nations païennes sont aussi en recherche du vrai Dieu.

Il termine son envoi en disant : « Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement. »

Le don donné aux apôtres est comme tout don : gratuit !

Et ce n’est pas parce qu’il est donné qu’on en devient propriétaire, tout au moins pour les dons de Dieu. On n’en fait pas ce que l’on veut, et il faut toujours se relier à celui qui a fait le don, c’est-à-dire à Dieu. (Pour les dons matériels entre humains, il n’en est pas de même : comme dit le proverbe : « Donner, c’est donner ; reprendre, c’est voler ! »). On en a un exemple juste après la transfiguration où les apôtres qui n’étaient pas avec Jésus n’ont pas pu guérir l’enfant épileptique. À son arrivée, Jésus le guérit et explique à ses apôtres, à part : « Cette espèce-là, rien ne peut la faire sortir, sauf la prière. » (Mc 9,29), le lien entre les apôtres et Dieu.

Ainsi, par la prière, c’est Dieu qui agit en nous, mais nous, tout seul, nous ne pouvons rien.

On verra par la suite, qu’avec la Pentecôte, avec la présence de l’Esprit en nous, et avec la force qu’il nous donne, nous serons capables de faire de grandes choses qui nous semblaient impossibles de faire de nous-même, grâce justement à la présence de l’Esprit en nous, même si nous n’en sommes pas conscients sur le champ.

Il en fut de même pour les apôtres qui, au départ, n’étaient envoyés que pour « proclamer que le royaume des Cieux est tout proche. », et qui, après la Pentecôte proclamerons le kérygme de la foi chrétienne : la mort et la résurrection de Jésus, Fils de Dieu.

Seigneur Jésus,

on voit bien dans ce texte

l’évolution de ta compréhension

de la mission qui t’a été confiée :

Passer des brebis perdues

de la maison d’Israël

à l’ensemble du monde

avec l’envoi de l’Esprit Saint.

 

Francis Cousin    

    

 

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Prière dim ord A 11°




11ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 9,36 -10,8) – Diacre Jacques Fournier

       En ce temps-là, voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. Il dit alors à ses disciples : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » Alors Jésus appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir d’expulser les esprits impurs et de guérir toute maladie et toute infirmité. Voici les noms des douze Apôtres : le premier, Simon, nommé Pierre ; André son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ; Philippe et Barthélemy ; Thomas et Matthieu le publicain ; Jacques, fils d’Alphée, et Thaddée ; Simon le Zélote et Judas l’Iscariote, celui-là même qui le livra. Ces douze, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes : « Ne prenez pas le chemin qui mène vers les nations païennes et n’entrez dans aucune ville des Samaritains. Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Sur votre route, proclamez que le royaume des Cieux est tout proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement. »

Avec le Christ, se mettre au service de la Vie (Mt 9,36-10,8)…

Juste avant notre Evangile, nous lisons : « Jésus parcourait toutes les villes et les villages, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute langueur ». Ici, en « voyant les foules » qui venaient encore à Lui, il fut, littéralement, « bouleversé jusqu’au plus profond de Lui-même » parce qu’elles étaient « fatiguées et abattues comme des brebis sans berger ». Pourtant, il sait bien qu’il est ce « Médecin » que Dieu a envoyé pour sauver les pécheurs que nous sommes tous. Sa Présence accueillie sera alors synonyme de consolation dans nos souffrances, de réconfort, d’encouragement et de force qui se proposera de régner au cœur de toutes nos fatigues, de toutes nos faiblesses… « Venez à moi vous tous qui peinez et ployez sous le poids du fardeau et vous trouverez le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car mon joug est facile à porter et mon fardeau léger ». En effet, avec le Christ, par Amour, notre fardeau sera le sien, « Lui qui a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies ». Alors, sa Joie ne sera jamais totalement absente de nos pleurs…

Mais la tâche est immense… Combien de bouches faudrait-il pour que cette Bonne Nouvelle soit proclamée à tous ! « La moisson est abondante, et les ouvriers peu nombreux. Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson ». Et cette prière commence aussitôt à être exaucée : l’Eglise apparaît avec les Apôtres, ces douze colonnes sur lesquelles se construira tout l’édifice. Et cette Eglise reçoit exactement la même Mission que le Christ. Ici, en l’envoyant seulement « aux brebis perdues de la Maison d’Israël », il la prépare à cette Mission universelle où, Ressuscité, il continuera de partir, avec elle et par elle, à la rencontre de toutes les foules « fatiguées et abattues ». Avec l’aide et l’assistance de l’Esprit Saint, l’Eglise aura juste à se faire, du mieux qu’elle peut, la Servante de cette Parole du Christ Sauveur qu’elle a elle-même reçue… Et il dépend de chacun d’entre nous que cette aventure devienne la nôtre, pour la Vie, la Paix et la Joie de beaucoup… D. Jacques Fournier