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4ième Dimanche de Carême – Homélie du Père Louis DATTIN (Jn 9, 1-41)

 L’aveugle né

Jn 9, 1-41

Essayons d’imaginer ce que peut être l’univers intérieur, l’imagination et les phantasmes d’un aveugle  : jamais il n’a rien vu, il ne sait pas ce que c’est qu’une couleur. Rouge, vert ou jaune : cela ne lui dit rien ; il ne peut s’appuyer sur aucun souvenir visuel. Il n’a jamais rien vu auparavant.  Jamais il n’a pu apprécier la beauté d’une fleur, d’un coucher de soleil, la bonté d’un visage, une larme ou le sourire d’un enfant, ni le relief d’un paysage de montagne, ni le reflet de la lumière sur un cours d’eau, ni même la décoration de son gâteau d’anniversaire surmonté de bougies qui, pour lui, ne signifient rien.

 A la différence de beaucoup de guérisons, celle-ci n’est pas due à une demande. C’est Jésus qui prend personnellement l’initiative : « Jésus vit un aveugle » = Jésus me voit, tel que je suis, avec mes épreuves, mes difficultés.

Tout ce récit, savamment construit, nous fait parcourir l’itinéraire de la foi : depuis les ténèbres les plus épaisses jusqu’à la lumière la plus diffuse. Cet itinéraire, c’est celui de notre Baptême qui nous fait passer du monde des ténèbres aux fils de lumière capables de voir et de témoigner.  Cet itinéraire est progressif, gradué. C’est peu à peu que la lumière, celle de la foi va inonder l’âme de cet aveugle même si sa guérison physique est rapide. Ce miracle, ce  » signe  » comme dit St-Jean, va révéler qui est Jésus : il est « “la lumière du monde ” » et va contraindre chacun à prendre position à son égard à travers quatre procès successifs, où, à chaque fois, l’aveugle va y voir un peu plus clair en contemplant celui qui l’a guéri.

  • 1er procès: L’aveugle a recouvré la vue, mais il est isolé (Jésus a disparu avec ses disciples) et débute un débat sur son identité.  Tout d’abord avec ceux qui l’entourent : ses voisins, ceux qui étaient habitués à le rencontrer.

 « N’est-ce-pas celui qui était mendiant ? » 

Les uns disaient : « C’est lui ! ».

Les autres : «   Non ! Mais c’est quelqu’un qui lui ressemble ».

Et lui dit : « C’est bien moi » et il raconte comment l’homme qu’on appelle Jésus (il n’en sait pas plus actuellement) a fait de la boue, lui a frotté les yeux, lui a dit d’aller à la piscine de Siloé.

« Et lui, où est-il ? »

« Je ne sais pas ».

Pour le moment, ce n’est qu’un mouvement de curiosité sympathique.

Pour beaucoup de nos contemporains, la religion, c’est ça ; on s’intéresse à Jésus jusque- là : un miracle, ça pique au vif, ça intrigue, ça fait poser des questions, mais on ne veut pas se compliquer la vie et on ne va pas plus loin.  Quant à l’aveugle guéri, notons en passant qu’il ne sait rien du Christ : si, il sait son nom, on l’appelle et on le nomme Jésus.

Procès d’une foi superficielle : nous demeurons à la surface de l’évènement, comme des badauds qui s’attroupent après que quelque chose vient de se passer ; on s’arrête et on continue son chemin, sans plus penser à rien.

  • 2e procès : On amène l’aveugle devant les pharisiens, procès du soupçon: « Il a fait ce miracle un jour de sabbat », cela ne peut donc venir de Dieu.

« Oui, répondent les autres, mais un signe pareil ne peut pas être accompli par un pécheur ».

Divisés, ils interrogent l’aveugle, qui lui, dans sa réponse va déjà beaucoup plus loin :

« Que dis-tu de lui ? »

Il répond: « C’est un prophète ».

Procès où les uns sont pour, les autres sont contre, mais où l’homme de bonne volonté commence à progresser : « C’est un prophète ».

« Seigneur, aide-nous à progresser dans la foi ».

  • 3e procès : On fait venir ses parents. Pour nier un miracle, le meilleur moyen, c’est de dire qu’il n’a pas eu lieu : « Faisons venir les parents », sans doute n’était-il pas vraiment aveugle, il faisait semblant pour mendier. 

« Mais non, disent les parents, c’est bien notre fils ; il était bel et bien aveugle : comment cela se fait-il ? »

Ça, c’est une autre affaire : ils ne veulent pas se mouiller, prendre parti. « Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer ». 

Ils avaient peur, autre attitude devant Jésus : la dérobade. On n’a pas la foi parce qu’on refuse de se poser des questions et leurs réponses pourraient nous entrainer trop loin.  Si, un jour, ma foi devait changer ma vie, vous vous rendez compte ? Quelle histoire ! Et que ne ferait-on pas pour ne pas avoir d’histoires !

  • 4e procès: Pour la 2e fois, les pharisiens convoquent notre homme et pour le faire mentir, ils mentent eux-mêmes.

« Rends gloire à Dieu, nous savons que cet homme est un pécheur » : c’est curieux, à partir de ce moment-là, ce sont les voyants qui deviennent aveugles et l’aveugle qui voit de plus en plus clair et il se met à défendre Jésus, son bienfaiteur, qui est attaqué !

 « Nous savons », disent les pharisiens avec assurance, en fait, ils ne savent plus rien. 

« Je n’en sais rien », dit l’aveugle : en fait, il commence à savoir et à deviner et les pharisiens commencent à l’injurier.  Plus ils savent, moins ils croient ; suffisance de celui qui refuse d’évoluer, qui s’accroche à la tradition. 

Admettre la nouveauté serait mettre en péril leur système doctrinal : alors, ils se mettent à nier l’évidence et ils commettent ainsi le seul péché qui existe dans l’Evangile de St-Jean : refuser la foi, être volontairement incroyant, se boucher les yeux sur le mystère de Jésus.

Ils savent et parce qu’ils savent, ils ne veulent pas savoir : blocages de l’incroyant, installé dans son système de pensée et qui ne veut pas en sortir. 

Et nous, frères et sœurs, sommes-nous toujours à la recherche de la vérité ?  Sommes-nous bloqués  sur nos ‘’ savoirs ‘’ ?  Sommes-nous avides de connaitre davantage, d’ouvrir nos yeux aveugles ?

Cet homme guéri est expulsé, seul, rejeté parce qu’il a soutenu sa foi et n’a pas voulu en démordre.  Jésus l’apprend et vient le trouver.  Après ces quatre procès successifs, il vient à son secours et lui permet d’aboutir à une magnifique profession de foi !

« Crois-tu au Fils de l’homme ? »

Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? »

Jésus lui dit : « Tu le vois : c’est lui qui te parle ».

Il dit : « Je crois, Seigneur », et il se prosterne devant lui.

 

 Alors que les pharisiens se sont enfermés dans leur incroyance, lui, n’a cessé d’avancer dans la foi. Au début, il dit : « Cet homme   qu’on appelle Jésus »   et puis, il découvre   que   c’est   un « prophète« , « quelqu’un qui vient de Dieu » et enfin pour lui, c’est le « Fils de l’homme » : « le Seigneur ».

Il est passé du fait noir à la lumière alors que les pharisiens ont fait le trajet inverse, eux qui affirmaient  » savoir « , qui croyaient  » voir « , n’ont cessé de s’enfoncer dans leur aveuglement. C’est le renversement des situations.  Les vrais aveugles, les vrais pécheurs ne sont justement pas ceux à qui l’on pense : ils ont préféré les ténèbres à la lumière. 

Devant Jésus, il faut choisir, il faut prendre parti : ou bien s’enfermer dans un système qui va l’exclure ou bien aboutir à une rencontre personnelle avec lui.  Cette rencontre, elle est toujours à faire, à refaire : est-ce-que notre foi progresse à l’imitation de cet aveugle qui, peu à peu, s’ouvre, ouvre ses yeux au mystère de Dieu ? La foi ne tombe pas toute faite du ciel… elle nous rejoint dans notre propre histoire. Elle peut être une lente gestation.

Le fait d’avoir été baptisé tout bébé ou d’être arrivé tard à la foi ne change rien fondamentalement.

Pour  » naître à la foi « , il s’agit de s’engager personnellement à la suite du Christ, passer des ténèbres à son admirable lumière.  AMEN




4ième Dimanche de Carême – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 9, 1-41).

Le Don de l’Eau Vive de l’Esprit

 

En ce temps-là, en sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme aveugle de naissance.
Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? »
Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui.
Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé, tant qu’il fait jour ; la nuit vient où personne ne pourra plus y travailler.
Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »
Cela dit, il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle,
et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » – ce nom se traduit : Envoyé. L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait.
Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant – car il était mendiant – dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? »
Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. » Mais lui disait : « C’est bien moi. »
Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-ils ouverts ? »
Il répondit : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit : “Va à Siloé et lave-toi.” J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. »
Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. »

      La situation corporelle, concrète, de cet homme dit, dans notre condition humaine de chair et de sang, ce que nous sommes tous spirituellement : des aveugles de cœur qui ont perdu le sens de ce « Dieu qui est Esprit » (Jn 4,24) et « Lumière » (1Jn 1,5). « Le bœuf connaît son possesseur, et l’âne la crèche de son maître, mais eux ne me connaissent pas, ils ne comprennent pas. Fils pervertis… Ils ont abandonné le Seigneur » (Is 1,2-4).

         Mais comme Dieu est Soleil de Vie (Ps 84,12 ; 36,10), Soleil qui rayonne la Vie, qui donne la Vie, se détourner de Lui c’est se priver au même moment de « la Lumière de la Vie » (Jn 8,12) et donc devenir, petit à petit, spirituellement aveugle et comparable, dans ce domaine, à un mort… « Mon peuple périt, faute de connaissance » (Os 4,6), sans oublier que « connaître », dans la Bible, est avant tout un « vivre avec… en relation avec… ». La « connaissance » est juste l’aspect « prise de conscience » lié à cette relation… En se détournant de Dieu, les hommes ne reçoivent plus, de cœur, la Lumière vivifiante de son Esprit (Jn 6,63) qui rayonne sans cesse de Lui. Leurs cœurs sont plongés dans les ténèbres… Ils ne « voient » plus, ils n’imaginent même plus que cette Lumière puisse exister… « Vous aurez beau entendre, vous ne comprendrez pas ; vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas. C’est que le cœur de ce peuple s’est épaissi : ils se sont bouché les oreilles, ils ont fermé les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, et que je les guérisse » (Is 6,9-10 cité en Mt 13,14-15 ; Jn 12,40, Ac 28,26‑27). Telle est la situation du pécheur « aveugle-né », fermé sur lui même, prisonnier de son égoïsme et de son orgueil…

      Le Christ va donc prendre l’initiative de se rapprocher de cet « aveugle-né » qui, répétons-nous, nous représente tous… Il va établir le contact, lui parler… Pour l’aider à percevoir ce qu’il désire faire pour lui, il va employer le langage des médecins de l’époque qui appliquaient toutes sortes de baumes sur les blessures… Mais cette boue qu’il lui met sur ses yeux fermés renvoie à la boue de nos souillures qui englue nos cœurs… « Va-te-laver à la piscine de Siloé », lui dit-il ensuite, Siloé signifiant en hébreu « envoyé », et Jésus ne cesse de se présenter en St Jean comme l’Envoyé du Père… L’aveugle-né fait preuve de bonne volonté : il obéit tout simplement, et il va se laver… « Quand il revint, il voyait »… Sa guérison corporelle renvoie à sa guérison spirituelle… Il voyait de cœur, il vivait de cœur d’une Vie nouvelle ! Puissions vivre la même expérience…                              DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 4ième Dimanche de Carême

« J’étais aveugle

et maintenant je vois ! »

 

 

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Jn 9, 1-41)

Jésus est à Jérusalem où il est monté pour la fête des tentes, fête de la Récolte : on y célébrait l’eau que les prêtes allaient chercher à la piscine de Siloé pour l’apporter au Temple qui était illuminé. Jésus en profite pour proclamer qu’il est la vraie lumière destinée non seulement aux juifs, mais au monde entier. Et alors une discussion vive et dramatique s’engage entre Jésus et les juifs. Et c’est alors que se situe le récit de l’aveugle-né que nous allons méditer.

 

 Et soulignons les mots importants

Lire les versets 1-5 (jusqu’à lumière du monde)

Quel est le personnage central de ce premier paragraphe ?

Aveugle de naissance: Comment les juifs considéraient cette infirmité ?

L’action de Celui qui m’a envoyé: Quelle est action ?

Je suis la lumière du monde : Quelle est l’importance des mots « je suis » prononcé par Jésus ?

Versets 6 et 7 : la guérison

Faire attention au geste (avec la boue) Jésus avait-il besoin de faire ce geste ?

et à la parole de Jésus : Est-ce que ce geste accompagné d’une parole nous fait penser à des gestes que fait l’Eglise ?

Siloé : Jean précise que ce mot signifie « Envoyé » : est-ce que ce mot nous apprend quelque chose sur l’attitude de l’aveugle ?

Versets 8-12 : L’aveugle et les voisins

Relever les  questions que les voisins se posent ou posent à l’homme qui voit. Quelles sont leurs attitudes ?

Noter sa dernière réponse à propos de Jésus.

Versets 13-34 : L’aveugle et les pharisiens et les parents

 « Cet homme est un pécheur » : Pourquoi Jésus est-il traité de pécheur ?

« Nous ne savons pas d’où il est. » Au fait d’où vient Jésus ?

Pourquoi les parents ont-ils peur des juifs ?

« Il m’a ouvert les yeux » : L’homme parle de la guérison de ses yeux. Vers quelle guérison est-il en marche ?

Versets 35-38 : L’entrée dans la communauté

L’homme a été exclu de la synagogue. Que se passe-t-il quand il rencontre Jésus ? quelle est sa seconde guérison ?

Versets 39-41 : Jésus donne le sens de ce qui s’est passé

Qui sont les véritables aveugles ? Pourquoi ?

Pour l’animateur

– Le personnage central du premier paragraphe c’est  Jésus qui voit  l’aveugle. Il interprète par avance ce qui va se passer. Les disciples comme tous les juifs considèrent que si cet homme est né aveugle, c’est qu’il subit une punition de Dieu pour un péché commis dans le sein de sa mère ( !) ou par ses parents.

La réponse de Jésus est claire et nette. Et il annonce que dans la guérison de cet aveugle, Dieu va réaliser son œuvre par son Envoyé : Jésus. En disant « je suis »  la lumière, Jésus laisse entendre qu’en lui Dieu est là pour libérer le monde aveuglé par ténèbres de l’erreur et du péché.

– Au lieu de déposer la salive directement sur les yeux, Jésus les couvre de boue ; il faut que l’aveugle aille se laver à la piscine de Siloé : cela signifie que l’aveugle « verra clair » peu à peu et sa guérison sera complète quand Jésus aura ouvert les yeux de son cœur par la foi. L’aveugle, « envoyé » par Jésus à Siloé obéit sans hésiter.

Le geste et la parole « va te laver » nous font penser aux sacrements de l’Eglise (geste+parole)  qui sont des gestes du Christ pour nous guérir et nous ouvrir à la lumière et la vie de Dieu.

– Pour l’instant Jésus pour l’aveugle est un simple guérisseur. Il est bien celui qui était aveugle. Il ne sait pas qui est le guérisseur. Il a encore du chemin jusqu’à la foi en Jésus. Il lui faut passer de la lumière des yeux à la lumière de la foi.

– Mais déjà le miracle accompli par Jésus divise les hommes entre ceux qui accueillent le signe et ceux qui rejettent Jésus.

Jésus est traité de pécheur par les pharisiens parce que, selon eux, il ne respecte pas le sabbat. Donc il ne peut pas être exaucé par Dieu. Ils connaissent Moïse, mais pas Jésus. Ils refusent de savoir d’où il vient. Jésus vient de Dieu. Les parents, eux, refusent de se prononcer sur l’identité de Jésus par peur d’être exclus de la synagogue. Noter aussi : Croire en Jésus est une démarche personnelle : les parents ne peuvent pas décider à sa place.

– L’aveugle par contre est prêt à « voir clair » quand il se trouvera en face de Jésus. La seconde guérison préparée par la première, c’est celle qui lui permet de croire en Jésus et de se prosterner devant lui. Du coup, il entre dans la communauté des croyants.

– Les véritables aveugles sont, ce sont ceux qui refusent la lumière alors qu’elle a brillé. C’est le sens que Jésus donne à ce qui vient de se passer.

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Jésus, nous te remercions de nous avoir révélé que nos infirmités, nos maladies du corps ou de l’esprit ne sont pas des punitions pour nos péchés ou pour ceux de nos ancêtres. Mais il est vrai qu’à notre naissance nous sommes entrés dans un monde marqué par les ténèbres du péché. Par le baptême, tu nous as faire naître à ta lumière. Nous croyons que tu es la lumière du monde. Ouvre nos yeux, car bien souvent nous sommes encore aveugles.

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

Les pharisiens qui croient voir grâce à la lumière de la Loi s’enfoncent dans leur aveuglement ; l’aveugle-né guérit entre progressivement dans le mystère de l’Envoyé du Père : celui qu’on appelle Jésus (9, 11), un prophète (9, 17), un homme de Dieu (9,33) et enfin à la lumière de sa parole, il « voit » le Fils de l’homme et se prosterne devant lui.(9, 35-38)

Nous vivons dans un monde où la foi est partout mise à l’épreuve : quelles sont les difficultés que nous rencontrons et qui ébranlent parfois notre foi ?

Est-ce que nous prenons le temps et les moyens d’éclairer notre foi, de la fortifier : quels sont les lieux et les moyens que l’Eglise nous offre pour cela ?

Parfois il faut avoir du courage pour affirmer sa foi, pour ne pas avoir peur de se compromettre pour Jésus-Christ : quand il est attaqué, quand on se moque de notre Eglise, quand les medias ridiculisent notre religion, quand notre entourage est hostile.

Croire, pour un chrétien, c’est s’engager tout entier, dans une décision personnelle, à la suite du Christ : Est-ce  ainsi que nous sommes  croyants ? Qu’avons-nous fait de notre baptême qui a allumé en nous la lumière du Christ Ressuscité ?

 

PRIONS

Chant : Ouvre mes yeux, Seigneur (Carnet paroissial p.183 c.1, 3 , 5)

Prière

Seigneur Jésus, qui rendis la vue à l’aveugle-né, à la piscine de Siloé, nous te prions :

Fais briller ta lumière sur le monde, arrache-nous aux ténèbres de la tristesse et du péché.

Tu as dit : « Je suis la lumière du monde », sois la lumière de ceux qui sont aveugles, et guéris la cécité de notre cœur, nous te prions prends pitié de nous. Toi qui vis et règne avec le Père dans l’unité de l’Esprit-Saint, pour les siècles des siècles.

 

 

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3ième Dimanche de Carême – Homélie du Père Rodolphe EMARD (Jn 4, 5-42)

 

Textes bibliques : Ex 17, 3-7 ; Jn 4, 5-42

Frères et sœurs, en ce troisième dimanche de Carême, la liturgie de la Parole nous donne deux textes qui évoquent le thème de l’eau.

L’eau est l’un des quatre éléments qui composent le monde, avec la terre, l’air et le feu. L’eau est indispensable pour la suivie de l’être humain, des animaux et de toute la création. L’eau : un élément important et qui est très symbolique pour les chrétiens.

Revenons aux deux textes dans lesquels la thématique de l’eau apparaît. Quels enseignements pouvons-nous en tirer pour aujourd’hui ?

  • 1ère lecture : Livre de l’Exode

Lorsque le peuple Hébreux a été libéré par Dieu de l’esclavage en Égypte, il a dû traverser le désert pour rejoindre la terre promise. Les Hébreux ont été confrontés à toutes sortes d’épreuves : la faim, l’insécurité et dans notre récit, la soif.

Ce récit nous permet deux souligner deux points :

  • Dieu nous assiste dans chacune de nos difficultés. Dieu n’abandonne personne ! Ce temps de Carême nous invite vraiment à entrer dans cette confiance.

  • Cependant, nous devons le reconnaître, comme les Hébreux, nous pouvons avoir des manques de foi : « Le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non ? »

Nos doutes ne portent pas forcément sur l’existence de Dieu mais davantage sur sa présence dans nos vies. La plainte des Hébreux est bien la nôtre parfois.

Nous devons nous rappeler que la foi est avant tout un don de Dieu. On n’acquiert pas la foi par ses propres efforts. Ce n’est pas un mérite… Néanmoins, Dieu compte sur nos efforts pour que cette foi soit vive. Quels moyens nous donnons-nous pour faire grandir ce don de la foi que nous avons reçu de Dieu ?

Si la foi est un don de Dieu, il faut aussi demander au Seigneur de la faire grandir en nous : « Seigneur, augmente en nous la foi ! » Efforts et prières sont de mise pour que grandisse le don de la foi que Dieu nous a fait. Ne perdons pas ces deux axes durant notre Carême.

  • Évangile de Jean

Dans l’Évangile, Jésus se révèle comme « l’eau vive », celui qui peut vraiment étancher notre soif. Jésus est le vrai « don de Dieu », une source d’eau d’où jaillit la Vie éternelle : « l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. »

Aujourd’hui, l’homme a tendance à se désaltérer par le matériel qui le satisfait pour un temps… la soif n’est jamais étanchée… Certes, l’homme a besoin d’un minimum de confort matériel pour le bien être de son corps mais son âme a besoin aussi d’être désaltérée. Comment ? En venant puiser dans la Parole de Dieu et dans les sacrements.

Nous avons besoin de cette source spirituelle qui ne s’épuisera jamais. Personne n’est exclue de cette source ! Le Christ ne rejette personne !

  • Eau : symbole du Baptême

Comme je l’écrivais plus haut, la symbolique de l’eau est forte pour les chrétiens. L’eau est symbole de vie et de purification. Par le Baptême, nous avons été plongés dans les eaux du Salut. Nous avons été plongés dans la mort et la Résurrection du Christ.

 

 

Que le Seigneur renouvelle en nous la grâce de notre Baptême durant notre marche vers Pâques. Sachons nous donner les moyens pour que le Seigneur puisse agir en nous.

********

Seigneur Jésus, toi l’eau vive, viens étancher notre soif. Montre-nous le chemin à suivre…

Rodolphe Emard




3ième Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (Jn 4, 5-42)

« J’ai soif ! » 

Jésus est fatigué, il marche depuis le matin, et il est presque midi … Il a besoin de repos … et il a soif.

Il s’assieds sur la margelle d’un puits, le puits de Jacob, en territoire samaritain … et il attend que quelqu’un lui propose à boire …

Mais il est midi … et ce n’est plus l’heure de venir au puits … il est trop tard pour venir puiser de l’eau dans le puits pour le repas … et puis le soleil est trop fort …

Jésus a soif …

Il ne joue pas les super héros …

Il est comme nous … après une longue marche sous le soleil … épuisé et assoiffé …

Il a besoin d’aide …

Arrive quelqu’un, malgré l’heure … C’est une femme, seule … une femme du village voisin … Or, il n’était pas correct de parler à une femme seule … et en plus à une samaritaine, des personnes qui s’étaient détournés de la foi juive …

Jésus, le Fils de Dieu, la supplie quand même : « Donne-moi à boire. »

Réaction indignée de la femme : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? ».

C’est vrai, il a soif … mais quand même, … il ne respecte même pas les conventions !

« D’où il sort, celui-là ? »

« Il est né de la Vierge Marie, … vrai Dieu né du vrai Dieu … »

Alors Jésus lui répond : « Si tu savais le don de Dieu »

Rien que cela aurait dû mettre en alerte la samaritaine …

Et nous, Est-ce que cela nous met en alerte ? Est-ce qu’on se pose la question : C’est quoi le don de Dieu ?

De l’eau ? … C’est vrai que dans la première lecture, Dieu donne de l’eau à son peuple sorti de l’esclavage des Égyptiens, par l’intermédiaire de Moïse frappant le rocher de l’Horeb … Mais est-ce vraiment cela ?

Non. C’est une conséquence du don premier de Dieu …

Alors, quelle est le don premier, quelle est la cause première de l’action de Dieu, et donc de Jésus ?

L’amour de Dieu pour sa création, et spécialement pour les humains … tous les humains … « Dieu fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. » (Mt 5,45). La lumière et la pluie (l’eau), tout ce qu’il faut pour faire pousser les plantes …

L’amour de Dieu est pour tous, y compris les Samaritains … et les Samaritaines, même celles qui ont une vie pas très orthodoxe, comme celle qui est devant Jésus …

La preuve, quand le groupe des disciples fut refusé dans un village samaritain, à Jacques et Jean qui demandaient d’envoyer le feu du ciel sur le village, « Jésus, se retournant, les réprimanda. » (Lc 9,54).

L’amour de Dieu est pour tous, y compris les Russes et les Ukrainiens, et tous les mercenaires utilisés dans cette guerre … et dans les autres guerres ou systèmes de pression …

Et cela on a du mal à l’accepter, même si on ne le dit pas … On préférerait qu’il prenne parti pour l’un ou pour l’autre … comme nous le faisons …

Mais Dieu est au-dessus de tout cela. Ses pensées ne sont pas les nôtres. Il ne fait pas de préférence. Il laisse à chacun le temps de la conversion … à nous aussi, car nous ne sommes pas parfaits …

L’amour de Dieu est toujours premier …

Et Jésus lui-même ira jusqu’au bout de cet amour en donnant sa vie pour nous sauver, pour nous permettre de parvenir à la Vie Éternelle, auprès de son Père.

Et juste avant de mourir, il s’écria : « J’ai soif. » …

Comme ce jour-là devant la samaritaine …

Seigneur Jésus,

tu as connu la faim,

la fatigue et la soif…

tout comme nous, pauvres humains.

Tu as toujours réussi à les supporter

parce que tu avais en toi

la certitude de l’amour de ton Père

envers toi …

et envers nous !

Mais nous, il nous arrive de douter.

Fortifie notre foi !

 

Francis Cousin    

   

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Image dim Carême A 3°




3ième Dimanche de Carême – Homélie du Père Louis DATTIN

La Samaritaine

Jn 4, 5-42

Ces jours-ci, il a fait chaud, très chaud et souvent il nous est arrivé d’avoir soif : la soif, ce besoin et ce manque de ‘’quelque chose’’, qui, nous le sentons bien, est vital pour notre organisme.  Vous savez qu’on peut faire la grève de la faim pendant plusieurs jours, mais on continue à boire car la grève de la soif, elle, serait très vite insupportable et dangereuse.

Boire = besoin vital, la soif est le signe physique de ce besoin. Elle nous dit : « Attention, il faut te désaltérer, ton organisme est en manque, tu en as besoin ».  Les biologistes nous le disent : un corps humain est d’abord composé de plus de 80% d’eau allié à des matières minérales, à des cellules vivantes qui ne se renouvellent que dans un liquide. L’eau, c’est la vie : pas de vie sans eau.

Pourquoi les déserts ? Parce qu’à ces endroits-là, il n’y a pas d’eau. Par contre, si au milieu de ce désert, vous apercevez une oasis, vous conclurez tout de suite : « Tiens, il y a un point d’eau, il y a des palmiers, l’homme peut y vivre ».

Mais l’homme intérieur, l’homme spirituel, a aussi d’autres soifs : des désirs, des rêves, des projets, des ambitions. Même s’il est comblé matériellement, il aura toujours soif d’autre chose comme cette Samaritaine qui demande au Christ : « Seigneur, donne-moi à boire », alors que c’est elle qui a le récipient et qu’elle se trouve au bord du puits.

« Si tu savais qui je suis, dit Jésus, c’est toi qui me donnerai à boire » et c’est ce qu’elle fait.

Parce qu’il n’a pas qu’un corps, mais aussi une âme, un esprit, un cœur, l’homme a d’autres soifs, bien plus impérieuses encore que la soif physique. On a trouvé, auprès des vêtements d’un homme qui s’était noyé volontairement, ce papier : « Je me noie avec de l’eau ordinaire, faute d’avoir pu trouver ce qui aurait désaltéré ma soif intérieure. Les hommes n’ont pas pu me fournir cette eau d’amour qui aurait pu désaltérer mon cœur ».

Sur la table de nuit de Marylin Monroe, à côté des cachets qu’elle avait absorbés pour s’en aller, il y avait un petit papier griffonné : « Tout le monde m’admire, chacun me désire mais personne ne m’aime ».

Oui, il nous faut une autre eau, une eau qui puisse satisfaire nos autres soifs. Comment l’appeler cette eau ? Le Christ lui a donné un nom. Il la nomme :  » l’eau vive « , c’est-à-dire l’eau qui fait vivre, l’eau qui donne la vie, toute la vie, qui comble totalement celui qui la boit, à tel point que le Christ, parlant de cette eau-là, déclare :

« Celui qui boira de cette eau n’aura plus jamais soif ».

 Alors, nous aussi, nous disons avec la femme de Samarie :

 « Seigneur, donne-la nous, tout de suite, cette eau-là !  »

Cette eau-là, elle a jailli en nous, le jour de notre Baptême. Dieu a versé en nous son Esprit Saint, son Esprit d’amour pour qu’il devienne, en chacun d’entre nous, une source de vie éternelle et de conversion. Cette eau-là, cette eau vive, elle est capable de désaltérer toutes nos soifs d’amour, tous nos désirs de connaissance, tous nos rêves les plus ambitieux et les plus fous, capable de désaltérer et de calmer toutes nos frustrations, toutes nos envies d’aimer et d’être aimé, tout ce qui nous laisse insatisfaits.

Parfois, nous oublions que cette eau vive est à notre portée.  A tous ces frustrés que nous rencontrons, à tous ces insatisfaits de la société de consommation, à tous ceux qui ont soif d’ailleurs et d’au-delà et d’autre chose, nous leur disons :

« Fais comme la Samaritaine, rencontre le Christ : il est l’eau vive. Avec lui, tu seras comblé définitivement ». Oui, comblé définitivement.

L’homme, tant qu’il n’a pas rencontré le Christ (regardez autour de vous), est un perpétuel insatisfait. Plus il se paganise, plus il a soif d’autre chose ; plus il s’éloigne de la source, plus il dit qu’il a soif. C’est normal ; il est créé à l’image de Dieu, il lui faut donc les mêmes besoins que Dieu : un Dieu de vérité, un Dieu de liberté, un Dieu de justice, un Dieu d’amour.

Il a soif de ce bonheur-là : il lui faut, à tout prix, en trouver la source et il va la chercher dans les biens matériels, le confort, la consommation. Il ne tombera là que sur une citerne crevassée et sans eau.

Il va donc chercher ailleurs, dans le domaine intellectuel : des théories, des idéologies, des philosophies. Là encore, c’est la steppe et le sable malgré tous les mirages.  Il aura beau consulter Marx, Freud, Nietzsche, Sartre, quelle sécheresse ! Que de désespoir !

On a dit que Sartre avait provoqué plus de suicides qu’il n’avait apporté de gouttes d’eau aux gorges desséchées ; philosophie du désespoir et du soupçon qui réduit l’homme à une caricature de lui-même et qui jette dans le sable toute l’eau vive de sa vocation, en niant son avenir divin, sa familiarité avec Dieu. On lui indique un puits, il se penche au-dessus de la margelle et n’y trouve que quelques cailloux.

Alors cette soif, avec quoi va-t-il l’étancher ? Pas avec des choses, pas avec des idées, peut-être avec l’amour ? Oui, mais avec quel amour ? Celui qu’on nous présente à la radio, à la télé, dans certaines revues ou dans certains films ? Amour d’épiderme : amour de rencontre ? Ou de location ? Amour d’instinct ? Amour de basse-cour ou de cour ? Ou bien celui que nous présente le Christ : un amour de cœur, amour d’oubli de soi, de service de l’autre, amour de fidélité, amour d’éternité ? Celui-là seul est porteur d’eau vive qui pourra combler intérieurement celui qui se donne : « Celui qui boira de cette eau-là, celle que je lui donnerai, n’aura plus jamais soif ».

            Soif de vérité : en face de toutes les questions essentielles que se pose l’homme, on ne lui répond que par des slogans, des mensonges, de la pub, de la désinformation et de la propagande.  Qui peut se vanter aujourd’hui de penser par lui-même ? D’être indépendant des idées toutes faites qu’on veut lui faire avaler ?

Soif de liberté : nous sommes paralysés par nos habitudes, esclaves de nos routines et de nos facilités, enchaînés par nos lâchetés, sous le carcan du péché.  Qui brisera nos chaînes ? Qui nous fera avancer librement vers la vraie source ? Sinon le seul vrai libérateur qui offre l’eau vive et non de la boue.

Soif de justice : dans le monde dur et sans pitié que le nôtre, dans lequel le fort écrase le faible…  Parce que nous sommes fils de Dieu, nous avons soif d’une égalité, d’une fraternité et d’une liberté dont nous pouvons lire les mots sur les façades de nos mairies mais bien peu dans le cœur des hommes !

Comme la Samaritaine, murmurons au Seigneur :

« Donne-nous cette eau vive ». Alors, elle s’engouffrera en nous comme un barrage qui se brise pour nous faire vivre de la vie même de Dieu : l’eau vive.  AMEN




3ième Dimanche de Carême – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 4, 5-42).

Le Don de l’Eau Vive de l’Esprit

 

En ce temps-là, Jésus arriva à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph.
Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi.
Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. »
– En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions.
La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » – En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains.
Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »
Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ?
Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? »
Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ;
mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. »
La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. »
Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. »
La femme répliqua : « Je n’ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari :
des maris, tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là, tu dis vrai. »
La femme lui dit : « Seigneur, je vois que tu es un prophète !…
Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. »
Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père.
Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.
Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père.
Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. »
La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. »
Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. »
À ce moment-là, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que cherches-tu ? » ou bien : « Pourquoi parles-tu avec elle ? »
La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens :
« Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? »
Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers lui.
Entre-temps, les disciples l’appelaient : « Rabbi, viens manger. »
Mais il répondit : « Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. »
Les disciples se disaient entre eux : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? »
Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre.
Ne dites-vous pas : “Encore quatre mois et ce sera la moisson” ? Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. Dès maintenant,
le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit en même temps que le moissonneur.
Il est bien vrai, le dicton : “L’un sème, l’autre moissonne.”
Je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté aucun effort ; d’autres ont fait l’effort, et vous en avez bénéficié. »
Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause de la parole de la femme qui rendait ce témoignage : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. »
Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours.
Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui,
et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »

            Jésus est sur les routes pour annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume des Cieux, même aux frères ennemis d’Israël, les Samaritains. Il fait chaud et il a marché toute la matinée. A midi, alors que le soleil est au plus haut, il a soif et s’arrête au bord d’un puits. Mais ce dernier est profond et il n’y a rien sur place pour y puiser de l’eau…

            Arrive une femme Samaritaine avec sa corde et son seau… Il est interdit à un Juif de parler à un Samaritain ? Tout comme à un homme d’engager la conversation avec une femme seule ? Qu’importe… Le seul souci de Jésus est son bien, son bonheur, la Plénitude de sa vie. « J’ai soif », lui dit-il pour créer le contact… Et nulle part le texte ne dira par la suite qu’il boira…

            « Si tu savais le Don de Dieu », commence-t-il par lui dire, pour lui « mettre l’eau à la bouche », pour éveiller en elle le désir de découvrir, de recevoir ce Don de Dieu… Si tu savais aussi « qui est celui qui te dit « Donne-moi à boire » »… Elle a en effet sous ses yeux « le Verbe fait chair », « le Fils unique » et éternel du Père (Jn 1,14), Celui que le Père engendre en Fils de toute éternité par le Don de l’Esprit Saint… Il le connaît donc, Lui, le Fils, le Don de Dieu, car c’est grâce à lui et par lui qu’Il Est ce qu’Il Est. Et toute sa mission  consiste à proposer aux pécheurs que nous sommes, à nous dont le cœur ressemble à un désert aride et desséché, ce Don gratuit de l’Amour : l’Eau Vive de l’Esprit Saint (Jn 7,37-39), cet Esprit qui est Vie, « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63). Et si le Père engendre le Fils de toute éternité par ce Don de l’Esprit, ce même Don aura en nous, si nous consentons à l’accueillir, les mêmes effets… Nous serons alors tous « fils à l’image du Fils » (Rm 8,29), des créatures resplendissantes de Lumière et de Gloire pour avoir accepté de recevoir le Don de « l’Esprit de Dieu, l’Esprit de Gloire » (1P 4,14).

            « Si tu savais le Don de Dieu et qui est Celui qui te dit « Donne-moi à boire », c’est toi qui lui aurais demandé » poursuit-il, « et il t’aurait donné de l’eau vive »… Autrement dit, Jésus a dit à cette Samaritaine « Donne-moi à boire » en espérant qu’elle lui demandera à son tour « Donne-moi à boire »… Et il fait tout pour qu’elle lui adresse effectivement cette demande, en toute liberté. Alors, il pourra la combler. « Demandez, et vous recevrez… Car quiconque demande reçoit… Si vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent » (Lc 11,9-13), car telle est sa volonté : nous combler par son Esprit.     DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 3ième Dimanche de Carême

« Si tu savais

le don de Dieu »

 

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Jn 4, 5-42)

Nous sommes au chapitre 4 de l’Evangile selon saint Jean. De retour d’un pèlerinage à Jérusalem, Jésus passe par la Samarie pour rentrer en Galilée. C’est alors qu’il fit cette rencontre magnifique avec la Samaritaine.

 

 Et soulignons les mots importants

Samarie : Chaque fois qu’il est question de Samarie, de Samaritain, quelle est la position des juifs ?

Le puits de Jacob : Dans région faite de sécheresse et de désert, quel est le symbole du puits ? Connaissons-nous d’autres passages où le puits joue un rôle important ? (voir par ex. Gn 24, 11 ss ; Gn 29 ; Ex. 2, 15-22)

Jésus fatigué par la route, assis : Quelle est l’importance de ces mots ?

Une femme de Samarie : Savons-nous quelle était la mentalité de l’époque concernant la situation de la femme ?

« Donne-moi à boire ». Cette demande de Jésus déclenche tout.

« Si tu savais le DON de Dieu… et QUI est celui qui te demande à boire ».

« eau vive » : L’eau d’un puits est une eau saumâtre; Jésus parle d’une eau vive  dont il est lui-même la source :  quelle est cette eau vive ?

« source jaillissante pour la vie éternelle » nous savons quelle est cette eau vive qui jaillit en nous ?depuis quand ?

va chercher ton mari : Pourquoi cette demande imprévue de Jésus  à la femme ?

Adorer le Père.

Les vrais adorateurs  adoreront le Père  « en esprit et en vérité » : que veut dire Jésus ?

« Dieu est Esprit » : Pourquoi cette affirmation de Jésus est importante pour notre relation à Dieu ? Et les images, les temples, les églises… ?

Le Messie, celui qu’on appelle Christ

Je le suis moi qui te parle »

Pour l’animateur

– Le Royaume du Nord (capitale Samarie) tombe en 721 aux mains du roi de Babylone. Du mélange des habitants de Mésopotamie et des Israélites restés là, naîtra le peuple samaritain. Entre Juifs et Samaritains, les relations vont progressivement se détériorer. Les Samaritains vont construire leur propre temple sur le mont Garizim. C’est la séparation totale des deux peuples. Les juifs vont jusqu’à traiter les Samaritains de païens et d’impurs. A l’époque de Jésus, n’y a plus de rapport entre Juifs et Samaritains. Cela explique l’attitude de la femme.

– Jésus fatigué du chemin, assis, a soif et demande à boire. Un juif qui manifeste un manque (humanité et fragilité). Mais la demande n’est pas entendue par la femme. Et le refus de la femme va permettre à Jésus de rester assoiffé jusqu’à la fin et en même temps de prendre l’initiative de la rencontre : « si tu savais le don de Dieu …» et l’intérêt de la femme ne sera plus le puits, mais cet homme, ce juif fatigué, assoiffé, qui dans son manque se présente comme celui qui peut donner : et le don proposé n’a plus aucun rapport avec l’eau stagnante du puits : c’est une eau vive.

La Samaritaine, déstabilisée, change son regard sur Jésus. Elle l’appelle « Seigneur ». Elle a rencontré quelqu’un qui a rejoint ses aspirations les plus secrètes.

– Pourquoi Jésus lui demande-t-il d’aller chercher son mari ?

Le puits dans la Bible est le symbole des rencontres amoureuses. (Isaac et Rebecca, Jacob et Rachel, Moïse et Cippora). Cette femme est en face d’un homme pas comme les autres. Elle reconnaît progressivement en Jésus quelqu’un qui dépasse les cinq maris qu’elle a eu. Par sa parole Jésus lui a fait découvrir qu’elle existe autrement que par sa beauté éphémère et que sa dignité de femme est au-delà de sa puissance de séduction.

– En même temps Jésus, sans lui faire de morale, comme le faisaient les prophètes, révèle à cette femme que, par sa conduite, elle est en rupture avec la Loi. Jésus s’est révélé comme don de Dieu, celui par qui une loi nouvelle est proposée. Cette loi n’est pas extérieure à l’homme : elle dévoile sa vérité intérieure. La femme comprend si bien qu’elle en tire les conséquences :  « Je vois que tu es un prophète ».

– Le culte en Esprit et en vérité est celui que chaque croyant habité par l’Esprit rend au Père. C’est un culte intérieur parce qu’il est l’œuvre de l’Esprit : c’est l’adoration véritable que l’Esprit Saint qui est vérité suscite en nous.

Dieu n’est plus relié à une terre, ou un lieu, mais habite dans le cœur de tout homme ; en qui l’Esprit a fait sa demeure.

– « Je le suis » : c’est le titre même du Seigneur au Sinaï. (Ex.3,13-14). Le chemin intérieur que la femme a fait permet à Jésus de se révéler : il révèle qu’il est le Messie, à une femme, une samaritaine, comme il ne fera jamais ailleurs dans l’évangile de Jean. La femme peut abandonner sa cruche : dans sa soif de vivre et d’exister, elle a rencontré quelqu’un qui a mis en elle une source de vie.

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Jésus, nous te contemplons dans ton humanité avec ses limites : tu es fatigué, tu as soif, tu demandes à boire. Aide-nous à aimer notre condition humaine, puisque tu l’as épousée par solidarité et amour pour tous les hommes. Tu es resté libre dans ton cœur par rapport à tous les préjugés raciaux et religieux : c’est à une femme, une Samaritaine, qui en plus n’était pas des plus exemplaires, que tu as demandé à boire. Mieux que cela, tu as pris le chemin qui t’a conduit à son cœur pour qu’elle découvre en toi la Source d’Eau vive.

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

Jésus a trouvé la route qui l’a conduit au cœur de la samaritaine : quelles sont les attitudes qui lui ont permis de trouver cette route ?

Qu’est-ce que nous admirons le plus dans la manière de faire de Jésus ?

Jésus, fatigué, assis et assoiffé, tout Fils de Dieu qu’il est, demande à boire : que nous inspire pour notre vie cette démarche de Jésus ? Aujourd’hui, aurait-il quelque chose à me demander ?

Comme la Samaritaine, beaucoup de personnes de notre temps, et dans notre entourage, ont « faim et soif »,  elles sont en manque :  de quoi manquent-elles ? Que nous faudrait-il faire pour les rejoindre ?

Jésus est-il pour nous ce don de Dieu, cette eau vive qui étanche notre soif de Dieu ? Prenons-nous le temps de puiser à la source ? Comment ?

Comment adorer le Père « en esprit et en vérité » comme Jésus nous le demande ?

 

PRIONS

Heureux les croyants, chrétiens, juifs ou musulmans, en recherche de vraie communion avec le Dieu Unique.

Heureux ceux qui ne s’enferment pas dans l’Eglise comme dans un ghetto. Heureux ceux qui vont à la rencontre de ceux dont l’Eglise est loin : non‑croyants, croyants d’autres traditions religieuses, pauvres et étrangers, hommes et femmes d’autres cultures.

Heureux ceux qui cheminent avec les autres et se rappellent la lenteur de leur propre cheminement.

Heureux ceux qui se croyaient exclus et qui se sont sentis écoutés et accueillis.

Heureux ceux qui savent écouter la richesse inédite des autres.

Heureux ceux qui, en parlant des pauvres et des exclus quand ils sont lointains, ne restent pas sourds à leurs cris et à leurs paroles quand ils sont proches.

Heureux ceux qui ne fuient pas les conflits mais qui cherchent à les gérer en refusant toujours de tuer, mépriser, avilir ou humilier leurs adversaires.

Heureux ceux qui acceptent d’aimer même ceux qui refusent de les aimer.

Heureux les humbles. Ils aimeront comme Dieu.

Heureux ceux qui espèrent toujours : ils trouveront la route qui conduit au cœur des autres et de Dieu.

 

 

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2ième Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (Mat 17, 1-9)

  « Il est bon que nous soyons ici ! » 

Nous avons tous connus des moments où nous nous trouvions dans un bonheur extrême, dans des situations diverses et différentes, où l’amour ou la satisfaction sont toujours présents, que ce soit une rencontre amoureuse, la naissance d’un enfant, ou une promotion professionnelle inattendue, ou … et on aurait aimé que ce moment dure longtemps …

Et cela se voit sur notre visage, où le bonheur transparait …

Malheureusement, cela ne dure pas tellement longtemps … parce qu’il faut revenir à la réalité humaine … et reprendre la vie de tous les jours !

C’est un peu ce qui est arrivé aux trois apôtres, Pierre, Jacques et Jean, montés avec Jésus sur « une haute montagne », assimilée le plus souvent avec le mont Thabor …

Avec quand même une grosse différence, c’est que là, dans l’évangile, ce ne sont pas les apôtres qui sont « transfigurés », mais le Seigneur Jésus, qui se montre tel qu’il est dans sa réalité.

Et cette vision de Jésus transfiguré, éblouissant de lumière, accompagné de Moïse et d’Elie, représentant la Loi et les Prophètes, eux qui avaient rencontré Dieu sur le mont Sinaï et le mont Horeb, permet de faire le lien entre Jésus et ce qu’il y avait avant, ce qu’on appelle l’ancien testament : Les paroles de Dieu transmises à Moïse sont à écouter au même titre que celles de Jésus, qui vient pour accomplir la Loi, et les enseignements ou les reproches faits par Jésus aux « croyants », pharisiens ou docteurs de la loi, ou aux publicains, sont à prendre pour nous au même titre que ceux faits par les prophètes en leur temps.

Devant un tel spectacle, ils tombent comme en extase … et voudraient que cela dure toujours : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. ».

Mais aussitôt, une nuée lumineuse, comme pendant l’exode, survint, et une voix leur dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! ».

C’est Dieu qui parle ! Mais nul ne peut voir Dieu sans mourir.

Alors ils se prosternent devant lui, « face contre terre et furent saisis d’une grande crainte. ».

Ils n’ont pas vu Dieu, seulement entendu …

Qu’importe : ils ont peur de mourir !

Une réaction qui peut nous paraître puérile, à notre époque, car nous savons combien Dieu est bon et aimant, mais pas à ce moment-là.

Pourtant, ce ne sont pas les apôtres qui ont voulu voir Dieu, … mais c’est lui-même qui s’est fait connaître, … lui qui s’est approché d’eux … dans son amour …

Alors Jésus s’approche d’eux … calmement, doucement, … et furtivement les touche, comme une mère qui prend soin de ses enfants apeurés : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! », dans le sens de « n’ayez pas peur ! ».

Il faut dire que la Transfiguration a lieu dans un moment difficile pour Jésus et les apôtres : Pierre venait de reconnaître en Jésus « le Christ, le Fils du Dieu vivant ! », Jésus avait fait la première annonce de sa passion, avait prévenu les apôtres qu’il leur faudrait prendre leur croix pour le suivre, et que malgré tout, ils se dirigeaient fermement vers Jérusalem …

Si pour les trois apôtres, cela leur a permis d’avoir une petite idée de la Vie Éternelle, il n’en était pas de même pour les autres. C’est pourquoi « Jésus leur donna cet ordre : ’’Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts’’. »

Pour tous, en effet, il leur faudrait chacun traverser leur Pâque, porter leur(s) croix, mourir pour enfin ressusciter … et pouvoir planter leur tente auprès de Jésus dans la vie éternelle …

Seigneur Jésus,

tout le monde aurait voulu

être présent avec toi sur le mont Thabor,

te voir dans la lumière du  ressuscité …

Mais il nous faudra,

comme pour les trois apôtres,

d’abord porter nos croix à ta suite

pour être admis auprès de toi

dans le bonheur de la vie éternelle.

 

Francis Cousin    

   

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Image dim Carême A 2°




Rencontre autour de l’Évangile – 2ième Dimanche de Carême

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé,

en qui j’ai mis tout mon amour ; écoutez-le »

 

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et comprenons les mots important (Mt 17, 1-9) 

Jésus pour la première fois a annoncé à ses disciples qu’il aura à subir l’épreuve de la Passion et de la Mort. Pierre n’arrivant pas à accepter qu’une telle chose puisse arriver à son Maître lui a fait des reproches et a tenté de le détourner du chemin qui doit le mener au bout de sa solidarité avec notre humanité pécheresse. Et Jésus repousse Pierre, car il reconnaît dans son intervention une nouvelle tentative de Satan pour l’empêcher de remplir sa mission.

Soulignons les mots importants       

Pierre, Jacques et Jean : A plusieurs reprises il est question de ces trois compagnons que Jésus prend avec lui. Cherchons ensemble.

Sur une haute montagne : Que signifie la montagne dans la Bible ?

Il fut transfiguré : Quelle pouvait être la tentation principale de Jésus, lui le Fils du Dieu Saint ?

Moïse et Elie : Rappelons-nous qui sont ces personnages bibliques. Pourquoi apparaissent-ils sur la montagne aux côtés de Jésus ?

Une nuée lumineuse : Dans la Bible, à quel événement important du peuple hébreu nous fait penser cette nuée ?

Mon Fils bien-aimé : ce chiffre revient plusieurs fois dans Bible : on peut chercher ensemble ?

En qui j’ai mis tout mon amour ? A quel autre moment Jésus a entendu cette parole du Père ?

Ecoutez-le: Quelle est l’importance de cette parole concernant la personne de Jésus ?

Frayeur: Pourquoi cette frayeur des compagnons de Jésus ?

Jésus s’approcha, les toucha…Relevez-vous et n’ayez pas peur : qu’est-ce que  ces attitudes nous révèlent  de Jésus ?

Jésus seul : Qu’est-ce que Matthieu veut souligner ?

 

Pour l’animateur 

 Le récit de la transfiguration est rempli d’allusions à l’Ancien Testament qui est la clé de lecture pour bien entrer dans la signification de cet événement important dans la vie terrestre de Jésus. Au chapitre 24,9 de l’Exode, nous voyons Moïse qui va sur la Montagne avec trois compagnons et qui bénéficie lui-même d’une transfiguration. Jésus est donc bien pour Mathieu le « nouveau Moïse » qui prend la tête du Peuple de Dieu et qui va lui donner sa Loi.

Jésus prend avec lui Pierre Jacques et Jean également au moment où il ressuscite la fille de Jaïre (Lc 8, 51) et à Gethsémani durant son agonie (Mt 26, 37).  Ce sont des témoins privilégiés à des moments très importants et significatifs de la mission de Jésus : le chemin de la résurrection et de la gloire passera pour Jésus par la Passion et la mort. Les trois disciples qui accompagneront le Maître en son épreuve ont par avance la vision de sa gloire.

La Montagne n’est pas tellement ici un lieu géographique, mais un « lieu théologique », c’est à dire le lieu de la rencontre avec Dieu qui se révèle. Peut-être s’agit-il du Thabor, selon une tradition très ancienne ; peut-être aussi le mont Hermon, tout au nord de la Palestine. Dans ce récit, la Montagne est le lieu de la révélation du Fils de Dieu. C’est un nouveau « Sinaï ».

Transfiguré : Jésus est doté de l’éclat des personnages célestes. « Son visage brilla comme le soleil ». Matthieu rappelle la promesse faîte aux croyants :  « ils resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père » (Mt 13, 43).  Jésus est donc le premier et le guide de tous ces fils du Royaume.

La nuée lumineuse est le symbole biblique de la présence de Dieu : durant le passage de la Mer Rouge (Ex. 13, 21) elle symbolisait Yahvé qui marchait avec son peuple, sur la Montage du Sinaï (Ex19, 16) elle symbolise le Dieu de l’Alliance qui donne à Moïse le Décalogue et durant le séjour au désert, cette nuée remplissait la Tente de la Rencontre (Ex 40, 34) symbole de Dieu qui demeure au milieu de son Peuple.

La présence de Moïse et d’Elie qui symbolisent la Loi et les Prophètes montre bien que Jésus est le Nouveau Moïse qui accomplit toutes les Ecritures.

C’est donc lui que le Père demande « d’écouter ». Ecouter Jésus, c’est écouter le Dieu d’Israël son Père, selon le premier commandement du Décalogue (Dt 6,4). Voir aussi Dt 18, 15 :  « Yahvé ton Dieu suscitera  pour toi, du milieu de toi, parmi tes frères, un prophète comme moi que vous écouterez. » Cette promesse s’accomplit en Jésus.

La peur et la prostration, c’est la réaction de l’homme devant la manifestation divine : comme le prophète Daniel lors de la vision du Fils de l’homme (Daniel 10, 9-13).

Quand Jésus, l’ami délicat,  vient les relever et les rassurer, il est seul. Jésus suffit comme  docteur de la Loi parfaite et définitive. Les trois compagnons sont assurés que Jésus  est bien «le Christ, le Fils du Dieu vivant » selon la profession de foi de Pierre. (Mt 16,15)

 

TA PAROLE DANS NOS COEURS :     

Jésus, tu as voulu vivre notre vie humaine en tout sauf le péché. Aujourd’hui, tu nous révèles la plénitude de ta personnalité qui était masquée dans la mission du Serviteur doux et humble que tu es. Nous savons que tu accomplis toutes les Ecritures. Nous accueillons avec joie la parole de ton Père :  « Tu es mon Fils bien-aimé du Père, en lui j’ai mis tout mon amour. » Quand nous te regardons accueillir, guérir, pardonner…nous savons que c’est le Père qui aime et se révèle en tout ce que tu fais. Nous savons que t’accueillir, Toi, c’est accueillir le Père. T’écouter, Toi, c’est écouter le Père.

   

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie

La Transfiguration de Jésus est une promesse pour tous ceux qui le suivent au milieu des épreuves :  Comment vivons-nous l’Espérance dans les épreuves de la vie ?

Quelle est notre foi en la résurrection, en la transformation totale de notre être ?

Le dynamisme de vie reçu à notre baptême fait de nous des fils et des filles bien-aimés du Père, tandis que le Pain de vie de l’Eucharistie est un gage de résurrection : y croyons-nous vraiment ?

Le Père nous demande d’écouter son Fils : quels sont tous les moyens ou les lieux qui sont à notre disposition pour cette écoute ?

En son Fils il a mis tout son amour et il nous a tout dit : ne sommes-nous pas tentés parfois d’aller chercher ailleurs d’autres révélations.

Voici ce que dit saint Jean de la Croix : « Celui qui voudrait interroger Dieu et lui demander une révélation, Dieu pourrait lui répondre : « Puisque je t’ai dit toutes choses dans ma Parole, qui est mon Fils, il ne me reste plus rien à te répondre et à te révéler. Fixe les yeux sur lui seul, car j’ai tout renfermé en lui : en lui j’ai tout dit et tout révélé »

 

Ensemble prions

Seigneur Jésus, tes disciples avaient cru te découvrir et te tenir une bonne fois. C’était sur le Thabor : « Dressons ici trois tentes ». Mais comme si rien ne s’était passé, tu es redescendu parmi les hommes.

Seigneur, nous te cherchons trop souvent dans le ciel, toi qui nous précèdes chez nos frères, toi qui te reconnais parmi les petits.

Seigneur qui illumines le visage de celui qui te rejoint, donne à chacun de nous d’être pour ses frères image de Dieu, visage du Père.

Mets en nous ton Esprit. Et nous qui te cherchons dans l’obscurité de la foi, nous serons, comme tu le fus au Thabor, transfigurés.

 

Chant : Ecoute la voix du Seigneur  p. 288 (carnet paroissial)

 

 

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