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2ième Dimanche de Carême – Homélie du Père Louis DATTIN

Transfiguration

 Mt 17, 1-9

En repensant à ce qu’était la religion de mon enfance, je pense aussi aux plus anciens parmi nous : que nous avait-on appris ? Que « vivre en chrétien », c’était essentiellement de ne pas faire de péché mortel pour pouvoir aller au ciel après la mort.   Notre vie sur la terre avait comme but essentiel de nous préparer à aller au ciel après la mort.

Pourquoi faisait-on baptiser les enfants ? Parce que, sans Baptême, ils ne pouvaient pas aller au ciel après la mort. Le Baptême était comme le ticket d’entrée pour le ciel. Si on allait à la messe tous les dimanches, c’était pour nous rappeler que nous ne sommes sur la terre que pour mériter le ciel après la mort. On nous disait même qu’il fallait pour cela se résigner aux souffrances de ce monde puisqu’elles seraient récompensées par le bonheur du ciel après la mort.

Et puis, peu à peu, on a pris conscience que la vie sur terre n’était pas simplement faite pour parvenir au ciel après la mort mais qu’elle avait déjà une grande valeur en elle-même et pour elle-même. Notre vie familiale, notre vie professionnelle, notre vie de loisirs : c’est à travers tout cela que nous nous construisons nous-mêmes et que nous contribuons à construire le monde, à le faire progresser, à le rendre plus beau, plus amical, plus heureux.

Que notre société progresse vers plus de justice et de solidarité entre nous, entre tous, n’est-ce-pas à cela que Dieu nous appelle ? De là, les engagements que les chrétiens ont pris dans la politique, le syndicalisme et les activités culturelles ou caritatives de toutes sortes : « Le Royaume de Dieu, il doit être déjà parmi vous ».

Mais alors, ne risque-t-on pas de tomber dans un excès opposé au premier ! Ne plus vivre que pour cette vie terrestre ?

Ce récit de la Transfiguration que nous venons d’entendre, alors que pendant ce Carême, nous essayons de monter vers Pâques, nous rappelle que si notre vie sur terre a une immense valeur, elle n’est pas pour autant le tout de la vie. Notre vie de maintenant ne trouvera jamais son épanouissement définitif sur la terre. Nous sommes faits pour une plénitude, pour un accomplissement que nous n’atteindrons jamais ici-bas.  Bien sûr, nous devons nous battre pour une vie meilleure pour tous, mais notre vie sur terre restera toujours fragile et limitée.

Cet Evangile d’aujourd’hui nous rappelle donc le grand dessein de l’amour de Dieu : c’est qu’au-delà de la vie terrestre, nous parvenions à une vie totalement transfigurée dans la plénitude de la vie de Dieu.  Il ne s’agit pas, comme le désirait St-Pierre, de s’installer : « Une tente pour Jésus, une pour Elie, une pour Moïse et une quatrième pour nous” », il s’agit d’avancer, il s’agit de partir comme Abraham, aller planter sa tente ailleurs.

Comme les trois apôtres de Jésus, nous partons, nous cheminons avec le Seigneur vers cette plénitude de gloire et d’amour.  Mais ce cheminement ne se fait qu’à travers les imprévus et les péripéties de notre vie.

Jésus va bientôt rencontrer l’opposition des autorités religieuses de son temps qui le condamneront à mort et nous-mêmes, nous affronterons les problèmes quotidiens avec des échecs peut-être et finalement la mort. Mais au-delà du Calvaire, il y aura Pâques ; la Résurrection de Jésus ! De même, au-delà de notre mort, il y aura la vie en plénitude avec Dieu, avec Jésus.

Il n’est pas étonnant que les disciples se sentent bien au moment de la Transfiguration, dans cette lumière, dans cette douceur, et tous les hommes sont tentés d’arrêter leur vie au moment où elle prend un visage glorieux comme c’est le cas, sur le mont Thabor, ce soir-là.  Mais les apôtres sont vite ramenés à la réalité parce que les haltes de la vie ne sont jamais permanentes et les gens qui s’assoient sur leur bonheur se trompent de paradis.

Plus qu’un spectacle, la Transfiguration de Jésus est un appel au monde à se transfigurer, à se laisser illuminer par le divin qui l’habite.  C’est ce que St-Paul exprimait : « Et nous tous, qui, le visage découvert, réfléchissons, comme un miroir, la gloire du Seigneur, nous sommes transfigurés en cette même image, toujours plus glorieuse ».

La vie du chrétien devrait refléter la beauté de l’œuvre de Dieu, la grandeur de la gloire de Dieu. Sommes-nous des miroirs de Dieu ?  Vous savez comment font les opérateurs de cinéma pour mettre de la lumière dans la scène qu’ils vont filmer : ils utilisent de grandes plaques de métal qui captent le soleil et font dévier cette lumière sur le visage des personnages.

Captons-nous assez de soleil de Dieu pour que nos visages soient assez lumineux, assez illuminés, pour qu’on puisse dire : « Ce n’est pas sa lumière à lui, c’est la lumière de Dieu, en lui, sur lui ».

Sommes-nous, aux yeux des autres, assez transfigurés pour que les autres, en nous voyant, puissent deviner au-delà de nous-mêmes, qu’il y en a un Autre qui nous illumine et dont la lumière est capable d’éclairer les autres ? Trop souvent, nous donnons une image d’une croix sans espérance, comme si la Passion était un idéal de vie et nous sommes rejetés à cause de notre passivité.

Un chrétien, et c’est d’ailleurs pour cela qu’il vit son carême, devient toujours vainqueur de la mort. Il est un ressuscité tout de suite parce qu’il est un baptisé c’est-à-dire un vainqueur de la mort.  La terre n’est pas une espèce de purgatoire attendant je ne sais quelle espérance dans un monde à venir.

Le chrétien est déjà un homme libéré et libérateur. Bien sûr, il y a toutes les difficultés de la vie, mais ces épreuves n’en font pas un vaincu qui crie au secours dans une perpétuelle prière plaintive.

Le chrétien vivant possède en lui la vie capable de vaincre toutes les morts, y compris celle de son égoïsme et de son orgueil.
Un chrétien, lui aussi, doit entendre la voix de Dieu proclamer : « Celui-ci est aussi mon Fils bien-aimé ». Le Fils bien-aimé du Père et cela doit transparaitre, étonner, irradier !

Notre vie chrétienne n’est pas pour plus tard, elle est pour maintenant et aussi pour demain.  La vie de Dieu devrait déjà nous transfigurer, nous illuminer, éclairer notre entourage. Nous devons être déjà les plus beaux des enfants des hommes, non pas par l’harmonie des traits de notre visage, mais par ceux de la beauté que donne la paix, la certitude d’être aimé superbement.

Notre présence aux autres devrait être si tonifiante qu’elle donne aux hommes qui nous côtoient le goût de dire comme St-Pierre : « Il fait bon chez vous. Nous voudrions y construire notre maison ». C’est cette espérance-là, une espérance pas pour demain, mais pour aujourd’hui, qui doit illuminer notre vie.

Il n’y a pas opposition entre notre vie quotidienne (notre travail, notre vie de famille et tous nos engagements) et la vie avec Dieu après la mort. Pas d’opposition, mais continuité et transfiguration éternelle de tout ce que nous aurons réalisé
ici-bas : rien ne sera perdu, tout sera transfiguré ! AMEN




1er Dimanche de Carême – Homélie du Père Louis DATTIN

Tentations au désert

Mt 4, 1-17

Ce récit des tentations, que nous venons d’entendre est comme un trousseau de clés, qui nous permet d’ouvrir à la fois la porte la plus secrète des faiblesses dans le cœur de l’homme et la porte la plus secrète des forces de Dieu dans le cœur de Jésus.

Ce récit-là, c’est déjà tout l’Evangile en abrégé : il est comme un guide de vie spirituelle. Si cet Evangile est le premier pour le 1er dimanche de notre entrée en Carême, il est comme un panneau-guide, en début du « parcours spirituel » qui nous indique à l’avance les embûches à éviter, les obstacles à franchir et les bonnes pistes à adopter.

Nous aussi, comme Jésus, pendant 40 jours, nous pouvons être poussés par l’Esprit, conduits par lui pour aller dans le désert : ce lieu de silence, de recueillement, où Dieu parle au cœur. Il ne s’agit pas pour nous d’un désert matériel : inutile d’aller jusqu’à la Plaine des Sables. C’est en nous qu’il faut le créer, ce désert : recueillant silence, prière pendant 40 jours, comme Jésus, uni à son père, réalisant mieux ce qui va devenir sa mission, prenant davantage conscience de la volonté du Père ; faire de votre carême, une véritable ‘’retraite’’ intérieure pendant 40 jours, jusqu’à Pâques, unis à Jésus, unis à son père, où le Seigneur lui-même nous parlera au cœur, où il nous dira de façon plus claire quelle est notre mission : la volonté du Père sur nous.

Dès qu’il y a désert, retraite, prière, vie plus intérieure, et plus spirituelle, apparait tout de suite et en même temps : la tentation. C’est normal ! Satan s’attaque en priorité à ceux qui essaient de chercher Dieu. Pour les autres, ceux qui ne cherchent pas Dieu, Satan n’a pas besoin de s’occuper d’eux.

Si bien, voyez-vous, que la tentation est plutôt un bon signe ! Si vous êtes tentés, si vous avez des tentations, j’allais dire : ‘’réjouissez-vous’’, car Satan n’attaque que ceux où Dieu est présent.

« Mon Père et moi, nous ferons chez lui notre demeure ».

Satan ne va pas assiéger des villes qui lui sont déjà acquises : il va d’abord attaquer les places fortes de Dieu, ce qui explique que les saints ont souvent été soumis à des tentations bien plus fortes et bien plus dures que les nôtres.  Alors, avec Jésus-Christ au désert, à l’écoute de son Père qui va lui faire découvrir sa mission, le mauvais va frapper fort. Devant Jésus, il joue son va-tout et il ne va plus le laisser tranquille jusqu’à Gethsémani, jusqu’à la croix, jusqu’au dernier moment où le Seigneur va crier : « Père, Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». « Père, je remets mon âme entre tes mains ».

C’est la Résurrection du Christ qui signera définitivement la défaite finale du mal et du malin.  Pour le moment, Satan va déployer toute sa panoplie de tentations, depuis les plus grossières jusqu’aux plus subtiles.  Comme tout ennemi, il va d’abord chercher sont les points faibles de son adversaire.

  • Jésus jeûne : il a donc faim, c’est son point faible. Il faut donc l’attaquer par là.

« Si tu es le fils de Dieu » : admirez le « si ». Satan sait très bien que Jésus est le Fils du Père : mais cela fait partie de sa tactique,  » mettre en doute « , dans le flou, on ne sait plus très bien où est la vérité… qui on est ? Quelle est notre mission ? Satan passe à l’attaque de cet homme affamé : « Ordonne que ces pierres deviennent des pains ».

Rappelez-vous c’était la même tentation alimentaire et matérielle à l’égard des hébreux dans le désert : « Ah ! Si nous avions au moins les oignons que nous mangions en Egypte tandis qu’ici, nous crevons de faim » … et Dieu leur offre la manne.

Tentation de sensualité qui s’adresse aux instincts de conservation, de protection ; instincts physiques qui sont bons mais que Satan veut détourner : « Que ces pierres deviennent des pains ».

Tentation de facilité si présente dans notre monde.

Tentation du « tout et tout de suite ».

Le désert est le lieu des mirages. Dans une tentation, Satan se sert

de notre imaginaire pour nous faire croire possible ce qui ne l’est pas.  Jamais des pierres ne sont devenues ‘’pains’’ et Jésus répond par une citation de l’écriture. Nous aussi, nous ne trouverons les véritables « réponses » à nos tentations que dans la Parole de Dieu : notre Bible, notre Evangile sont le réservoir de nos forces contre Satan, contre ses insinuations.

 « Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre : mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ».

Ecouter ce que dit Dieu, au lieu de prêter l’oreille à ce qu’insinue Satan. Jésus l’appelle « le prince du mensonge ».

  • Attention, ce n’est pas parce qu’une tentation est repoussée que Satan s’avoue vaincu : il attaque dans un autre secteur de votre vie si le précédent s’est montré assez fort. Il remet ça d’une façon différente dans une 2e tentation :

« Jette-toi en bas du temple » et puisque Jésus a utilisé l’Ecriture Sainte, eh bien, lui aussi, Satan, va l’employer :

« Les anges vont te porter sur leurs bras, ton pied ne heurtera pas la pierre » (psaume 90). « Si tu arrives, entouré d’anges, au pied du temple : inutile d’aller ensuite comme un vagabond, de village en village, annoncer que le Royaume de Dieu est proche.

Tout de suite, ils verront que tu es le Messie : un tour de magie ou deux, et voilà ! Le tour est joué, ils sont à tes ordres ».

Prestige immédiat, pas de contestations possibles :

« Ils auront vu sans avoir cru  » !

A quoi bon ces trois années de mission ? Un miracle spectaculaire n’est-il pas plus payant que des mois et des mois de prédication au milieu d’une foule qui croit bien plus aux miracles d’un jour qu’au dévouement quotidien ?

L’homme n’est pas fait pour demander des miracles à Dieu, il est fait pour vivre avec Jésus, en communion quotidienne, comme un fils avec son père et non pas comme un apprenti avec son patron sorcier.

Tentation du prestige facile, « de la poudre aux yeux », d’en mettre « plein la vue ».

 Tentation d’une Résurrection sans Passion préalable :

  . Evacuer le pénible

  . Réussir sans efforts

  . Devenir une idole et non pas un compagnon de vie

  . Admirer plutôt qu’aimer

  . L’artificiel au lieu du naturel

  . Le clinquant au lieu du vrai

  . Le paraitre au lieu de l’être

Non pas demander des miracles à Dieu, mais, lui demander assez de forces, assez d’amour pour vivre à plein mon existence ordinaire, celle de tous les jours.

            Ne pas tenter Dieu en lui demandant des signes mais le prier en lui demandant notre « pain quotidien ».

  • 3e tentation : « Je te donnerai le monde si tu m’adores ». Satan offre à Jésus ce qui lui appartient déjà ! Il continue à mentir.

Tentation de domination, du pouvoir : être maitre du monde : Jésus adorant Satan ! Vous vous rendez compte ? Alors que Jésus est tout et que Satan n’est rien et qu’il a été définitivement vaincu à la mort et à la Résurrection du Christ.

Il joue simplement son va-tout avant de disparaitre mais il reviendra et Jésus le trouvera toujours présent, à côté de lui jusqu’au Calvaire.

Il sera aussi toujours à côté de nous jusqu’à notre mort. Toute notre vie chrétienne est faite de choix successifs.  A chaque fois, j’ai à opter : les pierres ou le pain, le miracle ou la foi, le pouvoir ou le service.

 Le Carême, c’est ce même choix à refaire pour tout croyant : opter pour Jésus ou pour ses adversaires, pour la mort de Jésus en moi ou pour sa vie avec moi !

Se convertir, dans notre vie, c’est lutter, c’est combattre, c’est contredire Satan par la Parole de Dieu, par des actes contraires à ceux qu’il nous suggère.

A chaque fois, avoir le courage d’opter pour les valeurs de l’Evangile. Dieu seul est Dieu et il n’y a pas d’autres dieux que lui : ce Carême nous est donné pour nous libérer des faux dieux. AMEN




Rencontre autour de l’Évangile – 1er Dimanche de Carême

« Ce n’est pas seulement de pain

que l’homme doit vivre… »

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Math 4, 1-11)

Aussitôt après son baptême, qui a été pour Jésus une révélation lumineuse de son identité de Fils bien-aimé du Père et de sa mission. De Serviteur, Jésus est poussé par l’Esprit-Saint au désert, et là, le Fils de Dieu fait homme est sérieusement mis à l’épreuve par l’Adversaire de Dieu.

 

 Et soulignons les mots importants

Après son Baptême : rappelons-nous ce qui s’est passé au baptême et la signification de la démarche de Jésus.

désert : Rappelons-nous l’histoire du peuple Hébreu au désert : a quelle tentation il avait succombé ? Quelle est la signification spirituelle du désert ?

pour être tenté : Quelle pouvait être la tentation principale de Jésus, lui le Fils du Dieu Saint ?

par l’Esprit : De quel Esprit s’agit-il ?

le démon : qui est ce personnage qui se met en travers de la route de Jésus ?

quarante : ce chiffre revient plusieurs fois dans la Bible : on peut chercher ensemble ?

Le tentateur: c’est le même que celui de la Genèse avec Adam et Eve. Son but avec Jésus est toujours le même : lequel ?

Si tu es le Fils de Dieu: Pourquoi le démon commence par ces mots

Il est écrit : Jésus cite les Ecritures. Le tentateur aussi. Pouvons-nous percevoir quelle est la différence d’attitude de l’un et l’autre par rapport aux Ecritures ?

Ce n’est pas seulement de  pain que l’homme doit vivre : Quel sens large pouvons-nous donner à ce mot  « pain »

Arrière, Satan ! Cette parole rappelle un passage de Jésus avec l’apôtre Pierre. A quel moment ?

Pour l’animateur

A son Baptême, rempli de l’Esprit-Saint, Jésus a eu une conscience claire de sa filiation divine. C’est par là que le tentateur va l’attaquer : « si tu es le Fils de Dieu » Jésus se voit ainsi tenté de vérifier à son profit la puissance qui est la sienne comme Fils de Dieu. C’est la tentation fondamentale de Jésus : au lieu de vivre sa mission de Fils de Dieu comme une soumission confiante au Père, en prenant le chemin du Serviteur, Jésus a été tenté de réaliser sa mission en utilisant sa puissance divine pour en tirer des avantages terrestres. Si Jésus est poussé par l’Esprit Saint, c’est que Dieu veut que son Fils commence sa mission en affrontant son adversaire pour le repousser.

Autrefois au cours des quarante années au désert le peuple d’Israël avait fait l’expérience d’un pain de misère pour qu’il ait faim de la Parole ; il avait fait également la triste expérience du doute à l’égard de la puissance divine et avait succombé à l’idolâtrie. Jésus cite précisément des paroles du Deutéronome (8, 3 et 6, 16) qui rappellent les tentations du peuple Hébreu, qu’il revit personnellement mais pour les repousser.

Mais tandis que Jésus cite les Ecritures par fidélité à la Parole de Dieu, le démon utilise les Ecritures dans une intention perverse, pour pousser Jésus à s’en servir de façon magique, à son profit : pour calmer sa faim, pour que Dieu vole à son secours, (piège du prestige) pour le pousser vers l’idolâtrie du pouvoir terrestre.

Jésus comme Fils de Dieu est « Messie Royal » : le diable lui fait l’offre d’un pouvoir et d’une puissance politiques. Tentation d’un messianisme politique et terrestre, que le Messie rejette comme une infidélité à son Père et une idolâtrie : il refuse de prosterner devant les forces ambiguës du pouvoir. C’est seulement de la main de son Père qu’il acceptera de recevoir tout pouvoir, quand il sera vainqueur de la mort.

Le tentateur, Satan, n’a qu’un seul but  depuis le début : tromper l’homme, le détourner de Dieu, l’entraîner sur le chemin de la suffisance et de l’orgueil, et ainsi d’essayer de faire rater le Projet de Dieu qui veut que l’homme réussisse sa vie en communion avec lui, dans l’humilité et la confiance. Jésus, l’homme-Dieu, déjoue les pièges de Satan.

La tentation du disciple de Jésus sera toujours de faire confiance à ses propres forces au lieu de s’en remettre à Dieu son Père. Tentation devenir esclave des nourritures terrestres (pain) (société de consommation et de confort) qui ne peuvent pas à elles seules combler le cœur de l’homme. Il lui faut le pain de la Parole de Dieu.

Il sera aussi tenté de mettre Dieu à l’épreuve pour vérifier si vraiment sa protection est assurée. « Je fais telle et telle démarche, je verrai bien si tu es vraiment Dieu ! »

Il sera aussi tenté de se prosterner devant le pouvoir humain  ou  tenté de tout sacrifier pour arriver au pouvoir et à la domination.

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Jésus, tu es le Fils bien-aimé du Père. En toi, l’Esprit-Saint a toujours été à l’œuvre pour te rendre fort contre l’Adversaire et fidèle à la volonté du Père. Nous te rendons grâce, nous te bénissons pour ce chemin que tu ouvres pour nous, tes disciples, les enfants bien-aimés du Père. Garde-nous de cette tentation de vouloir abandonner cette vocation première qui est la nôtre pour prétendre trouver ailleurs la réussite de notre vie.

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

Comment se présentent dans nos vies, aujourd’hui, les trois tentations que Jésus a connues ? Autrement dit, comment notre vie de fils et de filles de Dieu sont mises à l’épreuve aujourd’hui ?

–  épreuve du matérialisme (tentation de chercher ses sécurités dans les choses, dans les biens matériels….oubliant que  « l’homme ne vit pas seulement de pain » (à l’opposé de la recherche du vrai sens de sa vie en se nourrissant de la Parole de Dieu)

–  tentation d’utiliser Dieu à son profit en voulant forcer son intervention en notre faveur moyennant des démarches religieuses intéressées. (à l’opposé de l’attitude filiale et confiante)

– tentation de vouloir réussir sa vie par la domination, tentation du pouvoir pour le pouvoir, de prétendre ne pas avoir besoin de Dieu… (à l’opposé de l’humilité et du service)

La tentation la plus grave : celle de désirer prendre un autre chemin que celui où le Seigneur nous a appelés : être ailleurs que dans mon Eglise si je suis chrétien, ailleurs que dans mon foyer, si je suis marié ; ailleurs que dans ma famille religieuse si je suis religieux ou religieuse, ailleurs que dans mon ministère si je suis prêtre …ailleurs que là où mes responsabilités me demandent d’être. Ce fut la tentation de Jésus : celle d’être sur un autre chemin que celui voulu par son Père : humble Serviteur et solidaire de ses frères.

 

PRIONS

Père, ne nous laisse pas succomber aux tentations communes : celle que ton peuple a connues jadis au désert ; celles de Jésus après ses quarante jours de jeûne ; celles que nous connaissons à notre tour, quand nous piègent l’argent, le prestige ou le pouvoir.

Mais surtout garde-nous de la grande tentation de notre époque : l’athéisme qui ne pose guère la question de Dieu, le grand silence autour du Christ, de son Évangile et de son mystère pascal.

Éloigne de nous  aussi cette tentation d’appeler bien ce qui est mal et mal ce qui est bien, de l’assoupissement de notre conscience.

Garde-nous, Père de la tentation suprême : celle de l’homme qui s’est tellement grandi qu’il ne Te reste aucune place. Père, délivre-nous de l’orgueil. Amen (Cf Cardinal Daneels)

 

Chant : Le Seigneur est notre secours p.186 (carnet paroissial)

 

 

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« Feu, cendres et braises » (Mercredi des Cendres, Fr Manuel RIVERO O.P.)

En ce Mercredi des cendres, jour de prière et de jeûne, nous commençons notre marche vers le Jour de Pâques où nous célébrerons dans l’allégresse la résurrection de Jésus.

Le Carême tourne le cœur des chrétiens vers Jésus. Temps de prière, de partage et de pénitence, le Carême rassemble la communauté chrétienne pour demander pardon à Dieu pour le péché. Chacun de nous a besoin d’être libéré et purifié.

Nous allons recevoir l’imposition des cendres avec l’exhortation : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ».

Si nous avons mis Jésus de côté, qu’il soit au cœur de notre vie.

Si nous avons délaissé la communauté paroissiale, que l’Esprit Saint nous conduise à l’assemblée de prière.

C’est maintenant le temps favorable, le jour de grâce, présence aimante de Dieu.

Quel est le symbole des cendres ? Les cendres évoquent l’éphémère de nos projets, les échecs et les fautes de nos vies, la finitude de notre existence, la mort.

Les cendres rappellent des rêves brisés, des déceptions, l’échec de nos travaux, les risques et les dangers de la nature et de la nature humaine marquée par le péché, puissance de mort.

Mais avant les cendres, il y a eu le feu : le feu de l’amour, la flamme du don de nous-mêmes dans la famille, l’amitié, la vie scolaire et professionnelle ; le feu de l’Esprit Saint reçu à la Pentecôte et dans les sacrements ; nos cœurs brûlants de la Parole de Dieu à l’image des disciples d’Emmaüs.

Le Mercredi des Cendres n’est pas un jour triste. Il nous apporte la bonne nouvelle de la victoire de l’amour du Christ Jésus dans nos cendres. Là où la souffrance, la maladie et l’échec ont abondé, la grâce vient surabonder.

Nous ne sommes pas condamnés au désespoir. C’est Jésus lui-même qui vient nous sauver.

Les braises sont cachées sous les cendres. En ce temps de Carême, l’Esprit Saint souffle sur les braises de notre vie : la foi, la prière, le partage et la solidarité, les démarches de repentir et de réconciliation.

Le vent de l’Esprit Saint vient enflammer les braises de notre histoire personnelle et communautaire.

S’il fait froid en ton âme, l’Esprit vient réchauffer ton amour pour Dieu et pour le prochain. Dans ta solitude, l’Esprit Saint reçu dans la prière te met en communion avec Dieu et avec les autres. Si tu penses ne plus avoir d’avenir heureux, l’Esprit Saint vient t’ouvrir un chemin de lumière.

« N’éteignez pas l’Esprit Saint » (I Th 5,19), nous demande avec insistance l’apôtre saint Paul. N’éteins pas la foi de ton baptême ! N’éteins pas ton désir de servir et d’accomplir une œuvre utile pour les autres ! N’éteins pas ta confiance dans l’Église qui t’a donné la grâce de la Parole de Dieu et des sacrements du Salut.

Sur le rivage du lac de Tibériade, Jésus ressuscité a apprêté un bon déjeuner de poisson pour ses disciples découragés. Sur des braises, symbole de l’amour vainqueur de la mort, Jésus a grillé des poissons pour nourrir le corps et l’esprit des apôtres, Pierre, Jean et les autres.

N’arrête pas ton regard aux cendres, pense aux braises de ta vie, à ce qui te donne envie de vivre, de prier, d’aider et d’aimer. Laisse le Souffle Saint enflammer tes pensées et tes actions. « Parce que tu es tiède, ni chaud ni froid, je vais te vomir de ma bouche » (Ap 3,16), déclare le Seigneur dans le livre de l’Apocalypse.

Après la pandémie, les fidèles sont appelés à retourner à l’église. Notre Dieu n’est pas solitaire ni replié sur lui-même, il est relation, dialogue, communion.

Si l’Église qui est à La Réunion connaît des cendres, elle a surtout des braises : les braises de la foi et de la générosité des gramouns, une belle culture de la prière, du respect et du dialogue interreligieux, une espérance très forte en la Providence de Dieu sur les malades, les personnes détenues et l’avenir des enfants.

Il importe d’appeler l’Esprit Saint pour que notre Église s’élève vers Dieu comme les braises réveillées par le vent.

La liturgie du Mercredi des cendres nous fait penser à la célébration juive du Grand Pardon, Yom Kippour, jour de jeûne et pénitence pour nos frères juifs.

Le Carême vient nous apporter le pardon de nos péchés par le Sang du Christ versé sur la croix.

Nous pouvons comparer le péché à un jouet cassé. Enfants, nous avons connu la joie de recevoir un jouet tout neuf qui nous faisait rêver et créer des relations et des situations. Quelle tristesse que de découvrir ce jouet cassé ! Le péché aussi a brisé la joie de notre cœur.

Si notre vie semble cassée et triste, Jésus vient la réparer, l’améliorer, l’embellir et la transfigurer.

Recois les cendres. Reçois l’Esprit Saint, le feu de l’amour de Dieu !

Il y a les cendres, il y a le feu avant les cendres, il y a l’Amour de Dieu après les cendres.




Mercredi des cendres – Homélie du Père Rodolphe EMARD (Mt 6, 1-6.16-18)

Ce mercredi des Cendres marque le temps d’un nouveau Carême.

Le Carême est souvent perçu comme un temps d’efforts, de bonnes résolutions que nous avons du mal à tenir. Aussi, quand arrive la Semaine sainte, nous avons le sentiment que le Carême a passé à toute vitesse et que, du coup, une fois de plus, nous n’avons pas tenu toutes les promesses que nous nous étions faites. Il y a comme un sentiment de frustration qui pourrait nous donner à croire que le Carême ne servirait à rien. Loin de là !

Cette impression « d’échec », « de ne pas y arriver » est le signe qu’il y a des choses à faire pour changer nos habitudes de faire le Carême. Certaines résolutions ou certains efforts sont peut-être à revoir. Il convient aussi de bien comprendre quel est le sens du Carême.

Nous réduisons trop le Carême qu’à de simples privations, aussi importantes qu’elles soient. Dans le Carême, il y a bien la dimension du jeûne, nous y reviendrons. Le Carême est important, ne le doutons pas ! Des grâces peuvent découler si nous nous donnons les moyens de le vivre vraiment.

Le Carême nous prépare à célébrer le mystère pascal du Christ, sa mort et sa Résurrection pour le Salut du monde. Le Carême est avant tout un temps de conversion, un moment favorable pour rencontrer Dieu :

  • Le prophète Joël : « Maintenant – oracle du Seigneur – revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! »

  • Saint Paul : « Frères, nous sommes les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. »

Le Carême est un temps de conversion qui nous invite à nous reconnaître pécheur, personne n’est parfait ! C’est un temps où nous sommes invités à considérer nos propres péchés avant de voir ceux de notre prochain : « Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché. Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense. » (Psaume 50).

Nous ne sommes pas toujours mieux que les autres… quels sont ces obstacles, ces péchés qui nous empêchent de revenir à Dieu, de tout notre cœur ? Nous voyons que le Carême engage chacun personnellement et il exige persévérance et un vrai acte d’abandon au Christ. Sans lui, nous ne pouvons rien faire.

Le rite des cendres est un rite pénitentiel qui nous rappelle que nous sommes des êtres fragiles, pécheurs et que nous avons besoin de nous convertir. Pour l’imposition des cendres, deux versets sont proposés :

  • « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1, 15).

  • « Souviens-toi que tu es poussière, et que tu retourneras en poussière » (cf. Gn 3, 19).

Le Carême est aussi un temps pour mieux nous centrer sur notre prochain, retisser les liens blessés, compliqués avec certains de nos frères et sœurs. Si le Carême est un chemin de conversion, il s’agit bien d’entreprendre le chemin du pardon et de la réconciliation. Le sacrement du pardon peut nous aider à entreprendre ce chemin. Des célébrations pénitentielles seront proposées dans les paroisses, allons-nous y participer ?

Le Carême est encore un temps pour nous recentrer sur nous-même, pour mieux entrevoir nos priorités, ce qui est finalement essentiel dans notre vie. Cela est nécessaire au cours de ce tourbillon de la vie, avec nos rythmes effrénés, nos différentes préoccupations, sans doute légitimes, mais quel temps prenons-nous vraiment pour Dieu et notre prochain ? Quel temps prenons-nous pour nous ressourcer spirituellement pour être mieux disponible pour Dieu et pour les autres ? Il nous faut apprendre à  distinguer les choses importantes et les choses prioritaires…

Voilà le sens du Carême. Et l’Évangile nous donne trois moyens pour le vivre :

  • Prier, se tourner vers Dieu. Ce n’est pas sans rappeler l’importance de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie dans ce pilier de la prière.

  • Jeûner, c’est-à-dire se priver de ce qui n’est pas essentiel pour mieux nous centrer sur Dieu et sur notre prochain.

Quels seront ces efforts, ces gestes, ces attentions que nous prendrons pour soigner nos relations humaines (familiales, professionnelles, associatives, dans nos quartiers…) ? N’oublions pas trop vite nos relations humaines des plus « houleuses » …

  • L’aumône (ou le partage) va de pair avec le jeûne. Vivre la charité pour mieux nous rapprocher de Dieu et de notre prochain. Le partage nous invite à redécouvrir le sens de la gratuité, du désintéressement, comme nous l’enseigne Jésus : « Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.»

Il ne s’agit pas de voir la récompense de l’homme, ce que nous pouvons avoir en retour… mais voir, considérer la récompense que Dieu nous donnera pour l’éternité : « ton Père qui voit dans le secret te le rendra. »

Que le Seigneur nous donne la grâce de pouvoir vivre ce nouveau Carême. Que chacun puisse le demander sincèrement au Seigneur. Je termine avec cet appel de saint Paul : « Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut. » C’est maintenant et pour quarante jours ! Bon et saint Carême à tous !




1° Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (Mat 4, 1-11)

« Tentation au désert. »

Le désert, lieu de solitude, lieu de ressourcement, où on est seul face à soi-même … C’est le moment de réfléchir à sa vie … celle qui est passée … et celle qui va suivre …

Et arrivent inévitablement les questions existentielles … qu’ai-je fait de ma vie … qu’est-ce qui est important … qu’est-ce qui me fait vivre … Et apparaît la question de Dieu …

Une question qui devait tarauder Jésus depuis son récent baptême … avec l’Esprit qui descend sur lui … et surtout les cieux qui se déchirent et la voix du Très-Haut qui annonce à tous ceux qui sont là : « Celui-ci est mon Fils bien aimé, en qui je trouve ma joie. » (Mt 3,17).

Et l’Esprit conduit Jésus au désert … « pour être tenté par le diable. » …

On peut être surpris par cette affirmation volontariste « pour être tenté »,  comme si c’était le but … On aurait pu s’attendre à « Et là, il fût tenté par le diable. » ; ce qui semble plus réaliste, parce que dès que l’on se pose la question de Dieu, inévitablement le diable apparaît pour essayer de nous attirer à lui plutôt qu’à Dieu …

« Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. »

Je crois que la plupart d’entre nous n’aurait pas attendu quarante jours pour avoir faim !…

Mais l’essentiel est dans le nombre quarante : c’est le nombre de jours et de nuits que Moïse passât sur le mont Sinaï quand il reçut les dix paroles : « Moïse demeura sur le Sinaï avec le Seigneur quarante jours et quarante nuits ; il ne mangea pas de pain et ne but pas d’eau. Sur les tables de pierre, il écrivit les paroles de l’Alliance, les Dix Paroles. » (Ex 34,28).

Moïse n’a pas eu faim, et ne fût pas tenté par le diable … du moins, on ne nous le dit pas.

Cela permet de nous indiquer que Jésus est le nouveau Moïse, celui dont il faut entendre les Paroles comme étant des Paroles de Dieu.

Première tentation : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. ». Le diable parle de besoins terrestres, immédiats, vitaux.

On est au ras du sol : faire des pierres du désert des pains à manger. Avoir ce qui nous manque …

Réponse de Jésus : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » (cf Dt 8,3). Jésus passe du pain matériel au pain spirituel : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim. (…) Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » (Jn 6,35-54).

Deuxième tentation : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » (cf Dt 6,16).

On est cette fois-ci au sommet du temple de Jérusalem, on est monté en altitude, au-dessus de la maison de Dieu de l’ancien testament … C’est un défi qui est lancé à Jésus, et à Dieu. C’est vrai que sauter du haut du temple et atterrir en douceur, à la vue de tout le monde, on se fait tout de suite remarquer, ça fait « classe », … c’est la tentation du paraître, du prestige … du tape à l’œil … C’est la volonté de réduire la religion à du merveilleux, qu’on admire peut-être, mais qui n’a rien à voir avec Dieu, avec son amour pour les hommes, sa proximité …

Réponse de Jésus : « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. ».

Troisième tentation : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. ».

On est monté encore plus haut, au sommet d’une montagne permettant de voir toute la terre. Le diable veut atteindre Dieu dans son œuvre de création … et le mettre à néant. C’est le sommet de la volonté de pouvoir, se croire supérieur à Dieu …

Réponse de Jésus : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte. » (cf Dt 6,13).

« Alors le diable le quitte. »

Ces trois tentations que Jésus a subies sont un peu les archétypes de toutes les tentations, dans leur gradualité.

La première, c’est la tentation de l’avoir, … de plus en plus … et alors apparaît la deuxième tentation, celle du paraître, … de plus en plus … qui amène à la tentation du pouvoir, … de plus en plus … et on arrive à l’injustice et toutes ses dérives …

Toutes ces tentations étant alimentées par l’égoïsme … entre autres …

Ce n’est pas ce que nous voulons, en tant que chrétiens …

« À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13,35).

Seigneur Jésus,

tu t’es fait homme, et comme nous aussi,

tu as été tenté par le diable.

Mais toi, tu as pu lui clouer le bec facilement.

Aide-nous à résister à ses assauts,

et à ne pas entrer en tentation.

 

Francis Cousin    

   

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1° Dimanche de Carême – par Claude WON FAH HIN (St Mt 4, 1-11)

Commentaire du  Dimanche 26 Février 2023

 

Genèse 2.7–9; 3.1–7 ; Romains 5.12–19 ; Matthieu 4.1–11

Les textes d’aujourd’hui nous parlent de grâces divines, de tentation, de péché et de leurs conséquences. La Genèse nous dit que Dieu a créé Adam et Eve. Il a créé Adam en état de sainteté avant qu’il ne pèche. Pour avoir une idée de l’importance des actes d’Adam avant son péché, voici ce que nous dit Luisa Piccarreta qui a écrit 36 volumes de son œuvre, un dialogue avec Jésus, intitulé « le Livre du Ciel », dont le contenu a été vérifié en 1997 par deux théologiens hautement qualifiés et intégralement approuvé en 2010. Dès Janvier 1996, le cardinal Joseph Ratzinger, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, devenu Pape Benoit XVI en 2005, signe le document du Vatican permettant l’ouverture de la Cause de Béatification de Luisa Piccarreta. Tout cela, pour vous donner une idée du sérieux de ses écrits. Avant son péché, Dieu a donc donné à Adam ce qu’il voulait donner à chaque créature humaine : le don de la « Divine Volonté ». Jésus dit à Luisa :  « Notre Volonté s’est mise à sa disposition (à la disposition d’Adam) pour lui donner toute l’aide dont il aurait besoin. Nous lui avons communiqué notre Volonté comme vie première et acte premier de toutes ses œuvres. Afin de grandir en grâce et en beauté, il avait besoin d’une Volonté Suprême qui allait non seulement coopérer avec sa volonté humaine, mais suppléer aux œuvres de toutes les âmes…Adam possédait une sainteté telle, lorsqu’il fut créé par Dieu, que ses actes, même les plus petits, avaient une valeur telle qu’aucun saint, ni avant ni après ma venue sur la terre, ne peut se comparer à sa sainteté. Et tous les actes de tous les saints n’ont pas la valeur d’un seul acte d’Adam, car il possédait, dans ma Divine Volonté, la plénitude de la sainteté, la totalité de tous les biens divins. Si Adam avait un tel don avant son péché, imaginez les dons que Marie peut avoir. Saint Louis-Marie Grignion de Monfort nous dit que Jésus a donné à Marie, par grâce, tous les mêmes droits et privilèges qu’il possède en nature. – Le texte de la Genèse nous montre combien le serpent est menteur, et il essaiera de tromper Le Christ comme il a trompé Adam et Eve. Le serpent vient discuter avec Eve. Il lui dit : « Alors, Dieu a dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin? ».

La première erreur d’Eve est de répondre à l’Esprit du Mal. On ne discute pas avec le démon. Lorsque dans un foyer, éclate une dispute, il y a toujours un qui commence en premier à dire du mal de l’autre. L’idéal est de ne pas répondre parce que celui qui dit du mal, son esprit n’est pas celui de Dieu mais de l’Esprit du Mal. On ne discute pas avec le démon qui dit toutes sortes de mots mortifères, contraires à la Vie et capables de provoquer la mort. La mort est le but premier de l’Esprit du mal, mort provoquée par le péché. Et pour nous amener au péché, le mensonge est l’arme absolu du l’Esprit du Mal. Et voilà qu’Eve lui répond : « Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin. 3 Mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sous peine de mort ». Réponse du serpent qui continue de mentir : « Pas du tout, vous ne mourrez pas…vous serez comme des dieux ». Et Eve se met à écouter et en quelque sorte à obéir au serpent. Elle va commettre son péché : désobéir à Dieu. Le but du serpent est d’amener Eve au péché, celui de la désobéissance à Dieu. Tout péché est une désobéissance à Dieu. Et faisons attention à notre propre imagination qui agit comme la télévision dans notre tête avec toutes sortes de films : violence, révolte, mensonge, cupidité, sexualité, désunion, le chacun pour soi, dureté de cœur, écrasement des autres etc…Adam et Eve devaient nous transmettre cette plénitude de la sainteté, mais c’est finalement le péché que l’humanité va hériter. La Divine Volonté dont nous parle Luisa Piccarreta n’est rien d’autre que l’obéissance à Dieu toujours et partout, qui permet d’accomplir en permanence la volonté de Dieu parce que nous dit Luisa Piccarreta « La Divine Volonté, c’est Dieu qui vit dans l’humain non seulement de façon spirituelle, mais charnelle » comme nous le dit Saint-Paul : « Ce n’est plus moi qui vis mais le Christ qui vit en moi ».

Le don de la Divine Volonté, Marie l’a aussi puisqu’elle a les mêmes dons que son Fils par grâce de Dieu alors que le Fils les a par nature. Et nous voyons les capacités de Marie dans nos vies et ses actions dans le monde entier. Paul l’explique bien quand il dit : « il n’en va pas du don comme de la faute. Si, par la faute d’un seul (Adam), la multitude est morte (l’humanité connait la mort par le péché), combien plus la grâce de Dieu et le don conféré par la grâce d’un seul homme, Jésus Christ, se sont-ils répandus à profusion sur la multitude ». Il suffit de lire la vie des saints pour comprendre l’importance de la grâce que Dieu leur a offerte. « Et il n’en va pas du don comme des conséquences du péché d’un seul : le jugement venant après un seul péché aboutit à une condamnation », autrement dit, un seul péché peut ruiner toutes nos bonnes œuvres, un peu comme Judas qui a perdu sa vie pour avoir trahi Jésus-Christ, et ainsi donc, un seul péché peur suffire à notre condamnation et à l’inverse, un seul pardon de Dieu suffit pour effacer tous nos péchés et nous conduire au Royaume de Dieu : « l’œuvre de grâce à la suite d’un grand nombre de fautes aboutit à une justification », c’est ce que nous dit aussi Sœur Faustine quand elle dit : «§1697. J’accompagne souvent les âmes agonisantes et je leur obtiens la confiance en la miséricorde divine, …. La miséricorde divine atteint parfois le pécheur au dernier moment, d’une manière étrange et mystérieuse. A l’extérieur c’est comme si tout était perdu, mais il n’en est pas ainsi ; l’âme éclairée par un puissant rayon de la grâce suprême, se tourne vers Dieu avec une telle puissance d’amour, qu’en un instant elle reçoit de Dieu le pardon et de ses fautes et de leurs punitions, et à l’extérieur elle ne nous donne aucun signe de repentir ou de contrition, car elle ne réagit plus aux choses extérieures. …Mais il y a aussi des âmes, qui volontairement et consciemment rejettent cette grâce et la dédaignent. Bien que cela soit déjà l’agonie, Dieu miséricordieux donne à l’âme ce moment de clarté intérieure, et si l’âme le veut (il faut donc choisir volontairement de suivre Dieu, pas de faux dieux ou des idoles), elle a la possibilité de revenir à Dieu. Mais parfois, il y a chez les âmes un tel endurcissement, qu’elles choisissent consciemment l’enfer (ou les faux dieux) ; elles font échouer toutes les prières que d’autres dirigent vers Dieu à leur intention, et même les efforts de Dieu… « Ceux qui reçoivent avec profusion la grâce et le don de la justice (pour qu’ils soient purifiés, alignés, ajustés sur Dieu en permanence) régneront dans la vie par le seul Jésus Christ ».

C’est pourquoi, Jésus Christ doit être au centre de notre vie de tous les jours. Et il nous donne l’exemple pour ne pas être complice de l’Esprit du Mal lors des tentations. Une tentation n’est pas un péché, mais elle risque de nous mener au péché. Elle vient de manière subtile dans notre vie et toujours sous forme de bonnes choses, comme lorsque l’on met du miel pour attraper les mouches. Jésus est emmené au désert par l’Esprit Saint pour être tenté par le diable. Autrement dit, la tentation peut être une bonne chose puisque voulu par Dieu le Saint-Esprit. C’est une épreuve pour chacun de nous, appelé à rester fidèle au Christ, comme le Christ est resté fidèle à son Père, en luttant contre le démon qui nous tente en permanence.

Première tentation venant juste après que Jésus ait jeûné pendant quarante jours et qu’il eut faim: « le tentateur lui dit : Si tu es Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains ». En disant « si tu es Fils de Dieu », alors qu’il sait parfaitement bien qu’Il est Dieu, le tentateur veut amener Jésus à douter de sa condition divine, et l’amener à fournir une preuve qu’il est bien Fils de Dieu. Et Jésus ne lui donnera aucune preuve qu’Il est bien le Fils de Dieu, car s’il le faisait, cela signifiera que Jésus aura fait ce que le tentateur lui a demandé, qu’il lui a en quelque sorte « obéi » en voulant lui donner cette preuve, et donc qu’Il aura obéi au démon. On n’obéit pas au démon sinon c’est le péché assuré. Et Jésus lui répond en citant une parole de la Bible : « Ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Et en même temps, c’est une invitation qui nous est faite : nous nourrir de la parole de Dieu, c’est-à-dire du Christ lui-même. Ne laissons pas nos bibles se couvrir de poussière: Parole de Dieu, parole de vie dont nous avons besoin pour vivre de la vie de Dieu. Et prenez au sérieux la Parole de Dieu : quand Il dit qu’il n’y a qu’un seul Dieu, c’est qu’Il n’y en a qu’un seul et il n’y a pas d’autres dieux à aller voir ailleurs. Dieu a condamné ceux qui, dans l’Ancien Testament, sont allés adorer d’autres dieux ( avec un petit « d »), dieux qui n’existent pas, et c’est de l’idolâtrie. Le pain c’est de la matière pour le corps, mais nous avons surtout besoin de la parole de Dieu pour notre âme, et Dieu, s’il le veut, comme il l’a déjà fait pour plusieurs saints ou saintes, peut nous enlever ce besoin de nous nourrir le corps: Marthe Robin a vécu cinquante-trois ans (1928-1981) sans manger sauf une hostie par jour ; à 17 ans (1882), Luisa Piccarreta a commencé à ne plus être capable de garder sa nourriture et elle a été obligée de garder le lit ; Thérèse Neumann, une stigmatisée aussi, cesse de manger en 1922 à l’âge de 24 ans, et en 1926, elle ne pouvait plus boire également. Jusqu’à la fin de sa vie, c’est-à-dire pendant trente-cinq ans, elle n’absorba aucune nourriture, ni solide, ni liquide mais comme les autres stigmatisées, elle ne vivait que par le Christ. Jésus-Christ est bien plus important que de boire et manger. Il est Vie et nous donne la vie. – A la deuxième tentation du Christ, le tentateur lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges (de te garder en toutes tes voies), et sur leurs mains ils te porteront, de peur que tu ne heurtes du pied quelque pierre ». Là aussi, le démon qui connait bien la Bible cite le Ps 91,11-12, tout en falsifiant un peu le verset 11 en omettant l’expression « 11 il a pour toi donné ordre à ses anges de te garder en toutes tes voies  ». Ce psaume est un psaume de confiance, de protection divine accordée au juste: si le juste connaît l’épreuve, Dieu l’en délivrera. C’est la parole de Dieu que l’on n’a pas à mettre en doute. Or le diable demande à Jésus de se jeter en bas, juste pour vérifier si Dieu va tenir ses engagements. En fait c’est un piège tendu à Jésus: Si Jésus se jette en bas, non seulement, il obéit à Satan, mais encore il met en doute la parole même de Dieu puisqu’il va essayer de voir si la parole de Dieu va être vraiment appliquée à cette situation, ce sera un moyen de vérifier la parole de Dieu, et donc on ne fait pas confiance en Dieu. Cette seconde tentation est la plus grave de toutes les tentations car il s’agit d’une perversion de notre relation à Dieu, d’une dégradation, d’un dérèglement de notre relation à Dieu. Cela s’appelle « tenter Dieu », c’est une manière de vérifier s’Il va réellement mettre en pratique ce qu’il a promis, vérifier si Dieu nous aime réellement, et c’est un manque de confiance en Dieu. De même, quand le catholique dit « je crois en un seul Dieu » du symbole de Nicée-Constantinople et qu’ensuite il va voir d’autres soi-disant « dieux » ailleurs, il y a manifestement un manque de foi en ce Dieu unique que Jésus-Christ nous a fait connaître. Ne pas croire en une seule parole de Jésus, c’est ne rien croire en la parole de Dieu tout court. On ne peut pas dire qu’on ne croit qu’à certaines paroles du Christ, ce n’est pas possible. Réponse du Christ : « Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu » – Dans la troisième tentation, le diable dit à Jésus : « je te donnerai tous les royaumes du monde si tu te prosternes à mes pieds ». C’est ainsi que Lucifer a péché : en voulant prendre la place de Dieu. Il voudrait que Jésus se prosterne devant lui, se prenant ainsi pour un « dieu », mais il n’est pas Dieu. Et ceux qui lui obéissent, les dirigeants du monde, les malfaiteurs, les violents, les ennemis de la paix vont finir par massacrer le monde puisque Satan amène toujours à la mort, à la division, alors que le Christ, Lui, ne donne que la Vie parce qu’il est Amour. Le diable veut qu’on désobéisse au Dieu unique et qu’on l’adore, lui, le diable, voulant ainsi amener le Christ au péché : d’abord, le premier commandement est « Tu adoreras Dieu seul et tu l’aimeras plus que tout », et le diable demande qu’on se prosterne devant lui ; ensuite, c’est Dieu qui donne tout à son Fils, pas le diable qui ne fait que mentir. Lc 10,22 : Tout m’a été remis par mon Père, …Ps 2,8 : Demande, et je te donne les nations pour héritage, pour domaine les extrémités de la terre. Le diable n’a aucun pouvoir, il n’a rien sinon que le mensonge, c’est Dieu qui a tous les pouvoirs du monde. Rappelons ce que Jésus disait à Luisa Piccarreta sur la sainteté d’Adam avant qu’il ne pèche : « Adam possédait une sainteté telle, lorsqu’il fut créé par Dieu, que ses actes, même les plus petits, avaient une valeur telle qu’aucun saint, ni avant ni après ma venue sur la terre, ne peut se comparer à sa sainteté. Et tous les actes de tous les saints n’ont pas la valeur d’un seul acte d’Adam, car il possédait, dans ma Divine Volonté, la plénitude de la sainteté, la totalité de tous les biens divins ». Remercions le Seigneur de donner à Marie d’être l’« Immaculée Conception », la plus grande sainte du monde et de tous les temps.




1er Dimanche de Carême – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 4, 1-13)

Accepter de tout recevoir d’un Autre (Lc 4,1-13)…

En ce temps-là, après son baptême, Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert
où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.
Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. »
Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain. »
Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre.
Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux.
Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. »
Jésus lui répondit : « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. »
Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ;
car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ;
et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.

 

 

             « Dieu Est Esprit »  et « c’est l’Esprit qui vivifie », « qui donne la vie » (Jn 4,24 ; 6,63 ; 2Co 3,6 ; Rm 8,2 ; Ga 5,25). « Né du Père avant tous les siècles », le Fils est éternellement « engendré » à la Vie par le Don que le Père ne cesse de faire de Lui-même, le Don de l’Esprit qui vivifie… « Tourné vers le sein du Père » (Jn 1,18), le Fils est donc de toute éternité « rempli d’Esprit Saint » (Lc 4,1) par le Père, un Esprit qui « l’engendre » en Fils et le fait vivre… « Comme le Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même… Je vis par le Père » (Jn 5,26 ; 6,57). Et cette Vie, la Vie de Dieu, est Plénitude, surabondance (Jn 10,10 ; 7,37-39)…

            Après avoir jeûné quarante jours, Jésus a faim… « Le diable lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, dis à cette pierre qu’elle devienne du pain. » Nous l’avons vu, être Fils du Père, c’est tout recevoir du Père. Devenu vrai homme, Jésus va vivre ce principe à l’extrême, en témoin unique de l’Amour du Père. « Le Fils de l’homme n’a pas où reposer la tête » (Lc 9,58). Et lorsqu’il invitera à faire confiance à la Providence du Père, il le fera en témoin, car c’est ce qu’il vit lui-même : « Ne cherchez pas ce que vous mangerez, ne vous tourmentez pas. Votre Père sait que vous en avez besoin. Cherchez son Royaume, et cela vous sera donné par surcroît » (Lc 12,22-32). Telle est la dynamique que le diable cherche à détruire : non pas celle de l’amour qui attend tout d’un autre, mais celle de l’orgueil qui n’a besoin de personne et qui fait tout par lui-même et pour lui‑même. Réponse immédiate de Jésus : « Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre ». Il le sait, lui qui reçoit sa vie du Père depuis toujours et pour toujours…

Puis le diable « lui fit voir tous les royaumes de la terre : « Je te donnerai tout ce pouvoir, si tu te prosternes devant moi. » Mais il se trompe. Dans sa soif de dominer, il raisonne en terme de « pouvoir ». Or « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16), éternelle recherche du Bien de l’Autre, Don à l’Autre pour son Bien, tout au Service de l’Autre pour l’Autre… Lui obéir, c’est rester tourné de cœur vers Celui, qui de son côté, ne cesse de vouloir le meilleur pour celui, celle qu’il aime… Et « tout ce que Dieu veut, il le fait » (Ps 115,3). Telle est la certitude de Jésus vis-à-vis de son Père… Il restera donc « tourné vers le Père », « dans son amour » (Jn 15,10), se laissant aimer, combler et aimant à son tour dans le Don total de Soi pour l’Autre, pour tous les autres, pour chacun d’entre nous…             DJF




Mercredi des Cendres – par Francis COUSIN (Mat 6, 1-6.16-18)

« Ton Père qui voit dans le secret te le rendra. »

L’évangile de ce jour présente trois attitudes de la vie chrétienne qui nous semblent plus importantes de mettre en œuvre pendant le carême, … mais pas seulement pendant ce temps particulier …

– l’aumône, ou la partage avec les autres …

– La prière

– le jeûne, ou la pénitence

Ce qu’on a l’habitude d’appeler les trois P du carême …

Et pour chacune de ces attitudes, Jésus termine en disant : « Ton Père qui voit dans le secret te le rendra. »

Cela voudrait-il dire que la vie chrétienne doive être un secret entre Dieu et chacun de nous ? Que personne ne devrait savoir, ou essayer de savoir ce que chacun fait pour ces trois attitudes ?

Oui … et non ! …

Tout dépend de notre attitude vis-à-vis des autres …

Si nous le faisons pour nous-même, et même pour le partage avec les autres, l’aumône, il n’y a aucune raison que cela se sache, cela doit rester secret entre nous et Dieu.

Vous allez dire : « Oui, mais pour l’aumône, celui qui reçoit le sait, ce n’est plus secret ! ».

S’il s’agit d’une pièce que l’on donne à quelqu’un que l’on risque fort de ne jamais revoir, cela ne pose pas de problème. On ne le connaît pas, et lui ne nous connaît pas. Cela reste secret.

Pour les autres dons, plus importants, il suffit de donner à une association, comme le Secours Catholique, Saint Vincent de Paul, ou autres … Le don ou l’argent est connu de l’association (qui est tenue à un devoir de réserve), mais pas de celui qui en bénéficie … Il n’y a aucun lien entre le donneur et le bénéficiaire.

Par contre, il peut arriver que nous fassions de la publicité pour telle ou telle association, en disant : « Tu peux y aller, c’est sérieux, l’argent est bien utilisé … J’en ai l’assurance … ». Et on peut faire la même chose pour la prière ou le jeûne (qui n’est pas seulement alimentaire … On peut jeûner d’internet, de réseaux sociaux, d’alcool, de cigarette etc …). On est alors dans un rôle d’incitation à faire … un rôle d’exemple à suivre … Tant qu’on ne se met pas en valeur, … c’est correct.

Reprenons la parabole du pharisien et du publicain, que tout le monde connaît et où on retrouve les trois mêmes attitudes. Que dit la pharisien dans sa prière : « Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne. » (Lc 18,11-12).

Il prie (soi-disant), en fait il se vante, se croyant supérieur aux autres. Il jeûne deux fois la semaine alors qu’une seule est recommandée. Il donne en aumône la dîme de tout ce qu’il gagne.

Il se croit parfait ! … Alors qu’en fait, il n’en est rien … Il n’est pas écouté par Dieu … alors que le publicain est reconnu juste par Dieu.

Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus s’adresse à ses disciples : « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. »

Humilité … Toujours l’humilité !

« Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » (Mc 9.35)

Seigneur Jésus,

apprend-nous à devenir humble de cœur,

à ne pas nous mettre en avant,

à ne pas faire le fanfaron,

mais à rester toujours derrière toi,

sur le chemin que tu choisiras pour nous.

 

Francis Cousin    

   

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Retraite de Carême 2023 sur jevismafoi.com

Pendant le temps du Carême, qui commence ce mercredi 22 février et jusqu’au Dimanche de la Miséricorde, le premier Dimanche après Pâques, le 16 avril, l’équipe du SEDIFOP vous propose une retraite sur jevismafoi.com. Chaque jour, si vous le désirez, vous recevrez par mail une petite méditation, sous forme écrite et audioLe thème de cette année est en harmonie avec celui de notre diocèse : « Porter sa croix pour trouver l’amour et la joie ».

Si l’aventure vous dit, il suffit d’aller sur jevismafoi.com. Vous verrez apparaître une petite enveloppe sur laquelle vous serez invités à écrire votre adresse mail. Et vous recevrez ainsi tous les matins la méditation du jour sous forme écrite et audio… Votre adresse mail, bien sûr, ne sortira pas de nos fichiers…

Chaque intervenant pourra nous partager ce qui lui tient à coeur… Nos différences, notre diversité ne peut qu’être source de richesse et de beauté… comme nous le chantons dans la liturgie… Bon et joyeux carême à vous…

Il vient en chantant, le peuple des sauvés;
immense fresque de joie, amour aux cent visages
qui forment ensemble, dans la lumière,
la seule icône de gloire: Jésus Christ !

R – Louange à toi, Seigneur de tous les vivants !

Tu as partagé leur épreuve,
dans la puissance de ta résurrection, ils chantent :

R – Louange à toi, Seigneur de tous les vivants !

Tu les as purifiés par ton sang répandu,
ils sont enfants du Père et te rendent grâce :

R – Louange à toi, Seigneur de tous les vivants !

Tu les as nourris du pain de la vie,
vainqueurs de la mort, ils t’acclament :

R – Louange à toi, Seigneur de tous les vivants !

 

Abbaye Notre Dame de Tamié, en Savoie

Si vous désirez voir l’affiche « en grand », il suffit de cliquer sur elle…