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21ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 16, 13-20) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

L’Évangile de ce 21ème dimanche nous révèle l’identité de Jésus mais aussi celle de l’Église à travers le personnage de Simon-Pierre.

Jésus se trouve avec ses disciples dans la région de Césarée-de-Philippe, une ville excentrée, au nord de la Galilée. Cette région païenne est peuplée de grecs et de syriens. Sur cette terre païenne, Jésus interroge ses disciples sur son identité.

Jésus commence par un sondage d’opinion : « Au dire des gens,
qui est le Fils de l’homme ? »
Les réponses sont diverses et sont toutes fausses : Jean le Baptiste, Élie, Jérémie ou l’un des prophètes.

Ce sondage d’opinion nous invite au discernement des « on-dit » que nous entendons. Bien des choses qui sont dites sont fausses, ne nous laissons pas bernés ! Revenons au fondamentaux solides !

C’est la seconde question de Jésus qui nous intéresse surtout ce dimanche car elle est plus personnelle, elle implique chacun de s’engager individuellement : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » C’est bien à chacun de nous que cette question est posée personnellement…

La réponse de Simon-Pierre est simple et spontanée mais elle est une révélation de Dieu lui-même : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas :
ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela,
mais mon Père qui est aux cieux. »
Cette réponse de Simon-Pierre ne vient pas d’une supposition ou d’une hypothèse intellectuelle mais de Dieu lui-même !

Simon-Pierre confesse Jésus comme le « Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Analysons ces titres :

  • « Jésus » : du grec Iesou et de l’hébreu Yeshoua, qui signifie « Dieu sauve ».

  • « Christ » : vient du grec Christos qui est la traduction d’un mot hébreu Mashia qui signifie « l’oint ». Jésus est celui qui est oint, consacré par l’Esprit Saint pour mener sa mission de Sauveur de toute l’humanité.

  • « Fils du Dieu vivant » ou « Fils de Dieu » : Jésus dans l’Évangile affirme lui-même que Dieu est son Père, qu’il est de même nature que le Père. Dans le symbole de Nicée-Constantinople, nous disons : « consubstantiel au Père », c’est-à-dire de la même essence que le Père.

Ce titre de Fils de Dieu souligne la foi de l’Église en la divinité de Jésus qui s’est fait homme en prenant chair de la Vierge Marie pour nous sauver. Nous pointons ici le mystère de l’incarnation.

La confession de Simon-Pierre nous révèle l’identité de Jésus qui est au cœur de notre foi chrétienne : Jésus est le Christ, le Fils de Dieu. Restons toujours attachés à cette profession de foi que nous apporte Simon-Pierre, elle vient de Dieu, elle est la plus sûre, la plus authentique et elle échappe à toutes les spéculations intellectuelles que nous pouvons entendre aujourd’hui.

La deuxième partie de l’Évangile nous donne de mieux comprendre l’Église. C’est Jésus qui donne à Simon le nom de Pierre. Une pierre c’est du solide, elle peut durer dans le temps, c’est du roc.

Simon est la pierre sur lequel Jésus a voulu fonder son Église mais entendons-nous bien, Jésus demeure le bâtisseur, nous sommes ses ouvriers… Jésus continue de guider l’Église dont il est le chef.

L’Église est souvent la cible de critiques… Nous ne pouvons pas ignorer ses abus au cours des siècles dans certains faits… Cependant et c’est un constat, depuis Pierre et les autres Apôtres, elle est toujours vivante ! Certes, un réel désintérêt pour Dieu est observable à notre époque mais l’Église que nous formons et toujours vivante, nous sommes-là et rendons grâce au Seigneur !

La promesse de Jésus se vérifie : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux ». Pierre se trouve le gardien des clés du Royaume.

Demandons au Seigneur de nous attacher à cette promesse bien à l’œuvre, qu’il est à la tête de son Église, qu’il la dirige à bon port malgré les secousses que nous subissons. Le Christ préserve son Église de la mort !

Que le Seigneur suscite en nous un réel désir, un plus grand désir de son Royaume qui nous est promis en héritage. Ce Royaume est promis à tous les hommes. Si Simon-Pierre détient les clés du Royaume, c’est pour nous en ouvrir les portes !

L’Église n’est pas encore le Royaume mais elle en est le signe, le témoin et elle donne les premiers germes de ce Royaume : « tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »

Rappelons-nous avec force que la célébration des sacrements nous lient au Ciel ainsi que la pratique de la Parole de Dieu ; l’exercice de la charité du prochain.

Que le Seigneur nous vienne en aide et qu’il nous garde des mauvais chemins qui nous délient du Ciel. « Seigneur Jésus, nous le croyons, tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant, prends pitié de nous, viens nous sauver, délie-nous de ce qui nous coupe de toi, ouvre-nous les portes de ton Royaume. Amen. »

 




Audience Générale du Mercredi 23 Août 2023

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 23 Août 2023


Catéchèse – La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant – 18.  L’annonce [de l’Évangile] dans la langue maternelle : saint Juan Diego, messager de la Vierge de Guadalupe

Chers frères et sœurs, bonjour !

Sur notre chemin à la redécouverte de notre passion pour l’annonce de l’Evangile, pour voir comment le zèle apostolique, cette passion pour annoncer l’Evangile s’est développée dans l’histoire de l’Eglise, sur ce chemin, nous nous tournons aujourd’hui  vers les Amériques. Ici, l’évangélisation a une source toujours vivante: Guadalupe. C’est une source vivante. Les Mexicains sont contents!  Bien sûr, l’Evangile y était déjà parvenu avant ces apparitions, mais il avait malheureusement été aussi accompagné d’intérêts mondains. Au lieu du chemin de l’inculturation, on a trop souvent emprunté le raccourci de la transplantation et de l’imposition de modèles pré-constitués — européens, par exemple —, sans respect pour les peuples autochtones. La Vierge de Guadalupe, en revanche, apparaît vêtue des habits des autochtones, parle leur langue, accueille et aime la culture locale: Marie est Mère et sous son manteau chaque enfant trouve sa place. En Elle, Dieu s’est fait chair et, à travers Marie, il continue à s’incarner dans la vie des peuples. La Vierge, en effet, annonce Dieu dans la langue la plus appropriée, c’est-à-dire la langue maternelle. Oui, l’Evangile est transmis dans la langue maternelle. Et à nous aussi la Vierge parle dans une langue maternelle, celle que nous connaissons bien. Oui, l’Evangile se transmet dans la langue maternelle. Et je voudrais dire merci aux nombreuses mères et aux nombreuses grands-mères qui le transmettent à leurs enfants et petits-enfants: la foi passe avec la vie, c’est pourquoi les mères et les grands-mères sont les premières annonciatrices. Un applaudissement aux mères et aux grands-mères! Et l’Evangile se communique, comme le montre Marie, dans la simplicité: la Vierge choisit toujours des personnes simples, sur la colline de Tepeyac au Mexique comme à Lourdes et à Fatima: en leur parlant, elle parle à chacun, dans un langage adapté à tous, dans un langage compréhensible, comme celui de Jésus.

Arrêtons-nous donc sur le témoignage de saint Juan Diego, qui est le messager, c’est le garçon, c’est l’au-tochtone qui a reçu la révélation de Marie: le messager de la Vierge de Guadalupe. C’était une personne humble, un Indien du peuple: Sur lui, s’est posé le regard de Dieu, qui aime accomplir  des miracles à travers les petits. Juan Diego était venu à la foi déjà adulte et marié. En décembre 1531, il avait environ 55 ans. En chemin, il aperçoit sur une colline la Mère de Dieu, qui l’appelle tendrement, et comment la Vierge l’appelle-t-elle? «Mon petit fils bien-aimé Juanito» (Nican Mopohua, 23). Elle l’envoie ensuite auprès de l’évêque pour lui demander de construire un temple à l’endroit où elle était apparue. Juan Diego, simple et disponible, y va avec la générosité de son cœur pur, mais il doit attendre longtemps. Il parle enfin à l’évêque, mais on ne le croit pas. Parfois, nous évêques… Il rencontre à nouveau la Vierge, qui le console et lui demande d’essayer à nouveau. L’indien retourne auprès de l’évêque et, non sans grande difficulté, le rencontre, mais ce dernier, après l’avoir écouté, le renvoie et envoie des hommes le suivre. Voilà la difficulté, l’épreuve de l’annonce: malgré le zèle, arrivent les imprévus,  parfois de l’Eglise elle-même. Pour annoncer, en effet, il ne suffit pas de témoigner du bien, il faut pouvoir supporter le mal. N’oublions pas cela: c’est très important pour annoncer l’Evangile, il ne suffit pas de témoigner le bien, mais il faut savoir supporter le mal. Un chrétien fait le bien, mais il supporte le mal. Les deux choses vont ensemble, la vie est ainsi.  Aujourd’hui aussi, dans de nombreux endroits, l’inculturation de l’Evangile et l’évangélisation des cultures exigent persévérance et patience, il ne faut pas craindre les conflits, ni perdre confiance. Je pense à un pays où les chrétiens sont persécutés, parce qu’ils sont chrétiens et ne peuvent pas  pratiquer leur religion  bien et dans la paix. Juan Diego, découragé, parce que l’évêque le ren-voyait, demande à la Vierge de le dispenser et de nommer quelqu’un de plus estimé et plus capable que lui, mais il est invité à persévérer. Il y a toujours le risque d’une certaine capitulation dans l’annonce: une chose ne va pas et on fait marche arrière, en se décourageant et en se réfugiant peut-être dans ses propres certitudes, dans les petits groupes et dans quelques dévotions intimistes. La Vierge, au contraire, tout en nous consolant, nous fait avancer et ainsi, nous fait grandir, comme une bonne mère qui, tout en suivant les pas de son fils, le lance dans les défis du monde.

Juan Diego, ainsi encouragé, retourne auprès de l’évêque qui lui demande un signe. La Vierge le lui promet et le réconforte par ces mots: «Que ton visage et ton cœur ne se troublent pas: […] Ne suis-je pas ici, ta mère?» (ibid., 118-119). C’est beau cela, très souvent, comme nous sommes  en proie au découragement, à la tristesse, aux difficultés,  la Vierge nous le dit à nous aussi, dans le cœur: «Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta mère?». Toujours proche pour nous réconforter, et nous donner la force d’aller de l’avant.  Elle lui demande ensuite d’aller cueillir des fleurs au sommet de  la colline aride. C’est l’hiver, mais Juan Diego en trouve de très belles, les met dans son manteau et les offre à la Mère de Dieu, qui l’invite à les apporter à l’évêque comme preuve. Il s’y rend, attend patiemment son tour et finalement, en présence de l’évêque, ouvre sa tilma  — qui est ce qu’utilisaient les autochtones pour se couvrir — il ouvre sa tilma  en montrant les fleurs et voici:  sur le tissu du manteau apparaît l’image de la Madone, la Vierge extraordinaire et vivante que nous connaissons tous, dans les yeux de laquelle les protagonistes de l’époque se reflètent encore. Voici la surprise de Dieu: quand il y a disponibilité et quand il y a  obéissance, Il peut accomplir quelque chose d’inattendu, en des temps et des manières que nous ne pouvons pas prévoir. C’est ainsi que le  sanctuaire demandé par la Vierge a été construit et qu’aujourd’hui, on peut le visiter.

Juan Diego quitte tout et, avec la permission de l’évêque, consacre sa vie au sanctuaire. Il accueille les pèlerins et les évangélise. C’est ce qui a lieu dans les sanctuaires mariaux, destinations de pèlerinage et  lieux d’annonce, où chacun se sent chez soi — parce que c’est la maison de la mère, c’est la maison de la mère — et éprouve la nostalgie de sa maison, c’est-à-dire  la nostalgie du lieu où se trouve la Mère, le Ciel. Là, la foi est accueillie de manière simple, la foi est accueillie de façon authentique, de façon populaire, et  la Vierge, comme elle l’a dit à Juan Diego, écoute nos pleurs et guérit nos peines (cf. ibid., 32). Apprenons cela: quand il y a des difficultés dans la vie, allons voir la Mère; et quand la vie est heureuse, allons voir la Mère pour partager cela également. Nous avons besoin de nous rendre dans ces oasis de consolation et de miséricorde, où la foi s’exprime dans la langue maternelle, où nous déposons les difficultés de la vie dans les bras de la Vierge et où nous retournons à la vie avec la paix dans le cœur, peut-être avec la paix des enfants.

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Je salue cordialement les personnes de langue française, particulièrement les pèlerins venus du Burkina Faso.

Frères et sœurs, apprenons à fréquenter les sanctuaires mariaux où, dans un langage maternel, nous déposerons les difficultés de la vie dans les mains de la Vierge Marie. Elle nous consolera et nous aidera à retrouver la paix du cœur.

Que Dieu vous bénisse !

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Je salue cordialement les Polonais. Dans quelques jours, vous célébrerez la solennité de la Bienheureuse Vierge Marie de Częstochowa. Que celle vers laquelle les fidèles se rendent en pèlerinage comme à la maison de leur mère bien-aimée soit pour vous un modèle d’écoute et de méditation humble des paroles de Jésus Christ. Vous témoignerez ainsi concrètement de l’amour du prochain, en particulier à l’égard du peuple ukrainien qui souffre de la guerre. Je vous bénis de tout cœur.

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Je pense maintenant aux jeunes, aux malades, aux personnes âgées et aux jeunes mariés. Que l’exemple de l’apôtre saint Barthélemy, dont nous célébrerons la fête demain, vous aide à être des témoins sincères de Jésus et à supporter avec foi les souffrances, en pensant à celles qu’ont subies les apôtres de l’Evangile. A l’intercession de saint Barthélemy, nous confions également la chère Ukraine, si durement éprouvée par la guerre. Frères et sœurs, prions pour nos frères et sœurs ukrainiens: ils souffrent tant. La guerre est cruelle! Tant d’enfants ont disparu, tant de gens sont morts. Prions, s’il vous plaît! N’oublions pas l’Ukraine tourmentée. Aujourd’hui est une date importante pour leur pays.




21ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 16, 13-20) – par Francis COUSIN

« Interrogation orale »

Jésus est avant tout un enseignant ; il est venu sur terre pour faire passer un message : Dieu nous aime et veut notre bonheur, pas toujours sur la terre, mais dans le ciel1, et il nous indique comment se comporter pour être accueillis dans ce qu’on appelle « le Paradis », et que Jésus appelle le « Royaume des cieux ».

Et comme tout enseignant, il propose de temps en temps des interrogations, orales bien sûr, car à l’époque, peu de gens savent écrire, et on peut penser que parmi les apôtres, seul Matthieu savait lire et écrire.

Deux questions.

Une première facile, ouverte, accessible à tous : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? ». Il suffit de rapporter ce que les gens disent … mais encore fallait-il savoir ce que signifiait l’expression le Fils de l’homme2

Les réponses sont diverses : Jean le Baptiste, celui qui annonce la venue de Jésus, Elie qui devait revenir avant la fin de temps, « Jérémie ou l’un des prophètes » …

Une deuxième, plus difficile, puisqu’elle engage chacun des apôtres dans sa réponse : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »

Et la question n’est plus la même … Il ne s’agit plus du Fils de l’homme, personnage non identifié, qui doit venir plus tard, on ne sait pas quand …

Il s’agit de Jésus, quelqu’un qui est juste devant eux, bien vivant …

Imaginons un peu : quelqu’un que vous connaissez depuis quelques temps déjà vous aborde un jour et vous pose cette question : « Pour vous, qui suis-je ? ». Que répondriez-vous ?

Après un moment de surprise … et d’hésitation … vous diriez son nom, son métier …des choses que vous connaissez de lui … ou simplement « Tu te moques de moi ?! »

Et cela n’apprendrait rien à personne !

Mais là, dans l’évangile, c’est Pierre qui répond … encore lui … toujours lui …

Est-ce une réponse spontanée … ou après quelques temps de réflexion ?

On ne peut pas le savoir … Mais la réponse de Jésus nous laisse à penser que c’était spontané …

« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »

Réponse de Jésus : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. »

Bonne réponse ! Mais elle ne vient pas de toi ! C’est quelqu’un qui te l’a soufflée ! (Cela arrive lors des interrogations orales …)

Cela ne veut pas dire que Pierre sera puni … au contraire puisque cette réponse lui vaudra une récompense … mais surtout une grande responsabilité : « Je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église … ».

Qu’en retenir pour nous ?

Deux choses :

1- Il peut nous arriver, parfois, de dire des choses très justes, bien appropriées …

Mais la genèse de ces remarques n’est pas toujours de nous … elles nous sont soufflées … par notre éducation … mais aussi parfois par Dieu, par son Esprit Saint … et il n’y a pas lieu à en tirer gloriole … , comme par exemple : « Quand on vous livrera, ne vous inquiétez pas de savoir ce que vous direz ni comment vous le direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là. » (Mt 10,19).

2- Dire parfois des choses justes ne doit pas nous laisser croire que nous avons toujours raison … et saint Pierre en est un exemple : dimanche prochain il sera traité de Satan par Jésus … et cela ne l’empêchera pas de renier Jésus lors de la Passion …

Restons humbles. L’essentiel n’est pas dans le regard des hommes, mais dans celui de Dieu.

Avec saint Pierre, disons comme lui : « Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » (Jn 21,16), et c’est cela seul qui compte.

Notes         

  1. C’est le message que Marie, sa mère, donnera à Bernadette lors de sa troisième apparition à Lourdes : « Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde, mais dans l’autre », le 18 février 1858.

  2. On notera que Matthieu est le seul parmi les évangiles synoptiques à utiliser l’expression « le Fils de l’homme », Luc et Marc utilise simplement « Qui suis-je pour les gens ? … pour la foule ? … ».

 

Seigneur Jésus,

Si tu poses la question :

« Qui suis-je ? »

ce n’est pas pour être glorifié,

mais pour entendre la réponse

de saint Pierre,

initiée par ton Père,

parole sure et vraie.

 

Francis Cousin

  

       

 

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Priere dim ord A 21

 




21ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 16, 13-20) – par le Diacre Jacques FOURNIER

« L’œuvre du Christ, par son Eglise »

(Mt 16,13-20)

  En ce temps-là, Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe, demandait à ses disciples : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? »
Ils répondirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. »
Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »
Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »
Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux.
Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.
Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »
Alors, il ordonna aux disciples de ne dire à personne que c’était lui le Christ.

                    

         L’heure d’un premier bilan est arrivée. Après toutes ces années vécues avec lui, « pour vous, qui suis-je », demande Jésus à ses disciples ? « Tu es le Messie », dit Pierre, c’est-à-dire en hébreu, « celui qui a reçu l’onction, l’Oint de Dieu »… Voilà ce que Jean-Baptiste avait reconnu au jour de son baptême lorsqu’il avait vu « l’Esprit descendre et demeurer sur lui » (Jn 2,32-34), révélation d’une réalité éternelle : le Père ne cesse en effet de donner l’Esprit à son Fils, cet Esprit qui est Vie, et c’est ainsi qu’il l’engendre en Fils « né du Père avant tous les siècles »… Pierre poursuivra d’ailleurs en disant « Tu es le Fils du Dieu vivant », Celui qui, de toute éternité reçoit sa vie du Père, Celui dont toute la mission est de nous inviter à nous tourner de tout cœur avec Lui vers le Père, pour recevoir avec Lui cette même vie… « Quand vous priez, dites : « Père » » (Lc 11,2)…

            Cette déclaration de Pierre n’était pas le fruit de son intelligence ou de sa perspicacité, mais de « l’Esprit de vérité qui procède du Père » (Jn 15,26 ; TOB) et qui, seul, peut « nous introduire dans la vérité tout entière » (Jn 16,12-15). « Heureux es‑tu, Pierre », car si la Lumière de l’Esprit lui a permis de reconnaître ce que l’œil ne peut voir, l’Esprit l’a aussi vivifié, réjouit, pacifié : « Le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix » (Ga 5,22)… Il ne peut donc que goûter déjà à « quelque chose » du vrai Bonheur…

            La mission de Jésus était « d’enlever le péché du monde » (Jn 1,29), c’est-à-dire tout ce qui nous empêche de recevoir ce Don de l’Esprit qui jaillit éternellement du Père… Après sa mort et sa Résurrection, il continuera son œuvre pour le bien de tous. Mais il le fera notamment avec et par l’Eglise, et la mission première de Pierre et de tous ses successeurs sera de promouvoir, de maintenir, de veiller à son unité : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ». L’Eglise tout entière se mettra alors à sa suite et à son service, le laissant agir dans la proclamation de la Parole de Dieu, dans les sacrements et les multiples relations humaines. Avec elle et par elle, le Christ libèrera encore et toujours de l’esclavage du péché qui conduit à la mort, et il travaillera à la réconciliation des hommes avec Dieu et entre eux. Alors, « tout ce qui aura été délié », libéré, « sur la terre le sera dans les cieux », et « tout ce qui aura été lié sur la terre », dans l’amour, « le sera dans les Cieux », en Plénitude, car « Dieu est Amour », tout en Lui n’est qu’Amour…

                                                                                                    DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 21ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 16, 13-20)

« Tu es Pierre,

et sur cette pierre

je bâtirai mon Eglise. »

 

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Mt 16, 13-20)

Dans la première partie du chapitre 16, Jésus a constaté que, malgré tous les signes qu’il a fait, la foi de ses disciples est fragile et il leur reproche de n’avoir pas saisi à qui ils ont lié leur vie.

Soulignons les mots importants

Après une lecture attentive du passage

De qui Jésus parle-t-il en disant le  Fils de l’homme ?

Pourquoi Jésus éprouve-t-il d’interroger ses disciples sur «ce que disent les hommes » ?

Selon ce rapide vous  ? Jésus veut savoir ce que pensent son groupe. Pourquoi est-ce Pierre qui donne la réponse ?

Simon-Pierre : Dans la Bible, quel est la signification du nom ?

Le Messie 

Le Fils

Du Dieu vivant

Ces trois mots ont une signification importante pour dire l’identité de Jésus

Ce n’est pas la chair et le sang : Que veut dire Jésus ?

Sur cette pierre je bâtirai «mon Eglise» : En jouant sur les mots, pour  Jésus quel sera le rôle de Pierre dans l’Eglise ? Et pourquoi Jésus dit « mon Eglise » ?

La puissance de la Mort : Que représente ce mot « Mort » ?

L’image des clefs nous fait penser à quoi ?

En remettant à Pierre « les clefs du Royaume des cieux », est-ce qu’il s’agit des portes du paradis ? Que veut dire Jésus en disant que Pierre aura le pouvoir de « lier » et de « délier » ?

 

Pour l’animateur  

  • Depuis de longs mois les Douze suivent Jésus ; ils ont écouté son enseignement, ses paraboles, ils ont été témoins de ses gestes, des miracles : Jésus sait que dans les esprits de ses compatriotes, il y a plusieurs manières d’interpréter les Ecritures à propos du Messie annoncé par les prophètes. C’est pourquoi il s’attribue le titre de « Fils de l’homme» et il interroge ses amis sur ce que disent les gens, et surtout pour savoir ce que, eux-mêmes, ils pensent dans leur cœur. 

  • C’est Simon-Pierre qui répond : Pierre est le surnom donné par Jésus à Simon. Le nom dans la Bible désigne la personne et sa mission. C’est Pierre qui donne la réponse, au nom des Douze : c’est par sa foi qu’il devient la pierre sur laquelle le Christ va bâtir son Eglise. Son rôle, comme premier responsable du groupe, sera d’être la pierre de fondation de l’Eglise du Christ.

  • Jésus souligne que Pierre doit être heureux car s’il est confesseur de la vraie foi c’est parce qu’il à bénéficié d’une révélation gratuite que le Père lui a faite, et non en raison de « la chair et du sang », c’est à dire par lui même avec son humanité fragile.

  • Tu es le Christ (Messie) annoncé par les prophéties, le Fils, celui qui est lié à Dieu par une relation tout a fait unique, Fils « du Dieu vivant», formule biblique qui évoque le Dieu qui donne la vie, et pour les chrétiens, le Dieu qui a ressuscité Jésus. : c’est une confession de foi parfaite parce qu’elle vient d’une révélation divine. Pierre est le modèle pour une foi chrétienne authentique

  • « mon Eglise» : les premiers chrétiens appelèrent leur communauté « Eglise » : elles réunissaient dans la même foi des chrétiens d’origine païennes et des chrétiens d’origine juive, à la différence de la communauté juive de la synagogue. La communauté du Christ est ouverte à tous et elle est fondée sur Pierre.

  • Mais Pierre n’est pas le « concierge du paradis». Celui qui a les clefs, c’est celui qui ouvre et qui ferme. Pierre a bien un rôle terrestre. C’est lui qui a les clés pour bien interpréter l’enseignement de Jésus pour que l’Eglise montre aux hommes le chemin du Royaume ; Ce que Pierre décidera en fonction de l’enseignement de Jésus, celui-ci le lui promet, sera ratifié « dans les cieux », c’est à dire par Dieu. C’est l’instauration de l’autorité de Pierre. Il est le premier appelé ( Mt 4,18), la première pierre de l’œuvre de Jésus. On parlera ainsi de la « primauté de Pierre » : l’Eglise tiendra si elle s’en remet à Pierre, le garant de la juste interprétation de la foi Chrétienne.

  • Jésus promet que la puissance de la Mort, c’est-à-dire toutes les forces du mal qui chercheront à détruire son Eglise, n’aura jamais le dernier mot. Puisqu’il est le Seigneur ressuscité.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS :

Jésus, tu es le Fils de l’homme, celui qui vient de la terre et du ciel. Tu es le Messie annoncé par les prophètes. Tu es le Fils unique du Père, le Dieu vivant, celui qui est le créateur de toute vie, et celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts. C’est la foi de Pierre, la foi de ton Eglise.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie  

La foi de Pierre, foi de l’Eglise et notre foi. L’Eglise ne se bâtit qu’à la mesure de sa foi dans le Christ ressuscité.

Notre communauté paroissiale se construit-elle sur la vraie foi, ou seulement sur des croyances et des dévotions vagues : est elle vraiment chrétienne c’est-à-dire « du Christ » ?

Croyons-nous que nous sommes les pierres vivantes de l’Eglise ?

A quelles conditions ? 

Notre appartenance à l’Eglise du Christ et notre confiance dans l’Eglise.

Croyons-nous que Jésus est vivant dans son Eglise, qu’il la conduit et la dirige, bien qu’elle reste une assemblée de pauvres hommes et femmes pécheurs ? 

Attention à l’enseignement du successeur de Pierre.

Recevons-nous les textes et enseignements du Pape comme des appels de Dieu à nous remettre en cause, à nous ouvrir aux problèmes nouveaux du monde (dignité de la personne humaine, attention aux plus pauvres, la paix, le respect du mariage, de la vie etc…) à demeurer vigilants dans la foi ?

 

Ensemble prions

Refrain : Dieu tu es béni éternellement !

Tu construis ton Église, Seigneur, comme un temple saint à la gloire de ton Père. Merci de nous avoir choisis pour en former les pierres vivantes.

Tu plantes ton Église, Seigneur, comme une vigne choisie. Merci d’avoir fait de nous tes sarments et de nous donner de porter du fruit.

Tu rassembles ton Église, Seigneur, comme un berger fait pour son troupeau,

Tu donnes ta vie pour tes brebis. Merci de nous compter dans ton bercail.

Tu bâtis ton Église, Seigneur, comme la maison des enfants de Dieu. Merci d’être la pierre angulaire de cette demeure et de nous y accueillir.

 

 

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21ème Dimanche du Temps Ordinaire

 

 

 

 

 

 




21ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 16, 13-20)- Homélie du Père Louis DATTIN

Confession de Pierre

Mt 16, 13-20

Il y a des moments de l’existence, moments privilégiés, où l’on sent le besoin de faire le point, de dresser un bilan, après une entreprise, une aventure déroulée, une action engagée. Il semble bien que le Seigneur Jésus, quand il arrive à Césarée de Philippe, en soit arrivé là : cela fait maintenant des mois qu’il enseigne aux foules, mais aussi aux disciples ; des mois que ces derniers le voient faire des miracles, des guérisons, des actes de bonté, de patience.

Que reste-t-il de tout cela ? Les apôtres en sont-ils venus à une conviction intime ? Et leur foi : où en est-elle ? Est-elle déjà solide ou encore fragile ? Et les foules qui l’ont accompagné, quelles opinions se font-elles sur lui ?

Aussi, Jésus va-t-il faire un test : il leur pose des questions, test collectif d’abord : « Le fils de l’homme, qui est-il, d’après ce que disent les hommes ? » Là, les apôtres ne se sentent pas encore trop concernés. Ils disent volontiers ce qu’ils ont entendu autour d’eux. Et c’est curieux : Jésus n’est jamais pris pour lui-même. A chaque fois, on le compare à quelqu’un du passé, récent ou lointain. On a du mal à aborder le nouveau, l’original, le « jamais vu ». On préfère plutôt croire aux revenants : “ Jean-Baptiste ’’ qui vient d’être assassiné par Hérode, ‘’ Elie ‘’, ‘’ Jérémie ‘’ ou encore ‘’ l’un des prophètes ‘’.

C’est bien vague ! Ce n’est encore qu’une foi bien incertaine, bien floue, des  » on dit « approximatifs.

Aussi Jésus va-t-il les forcer dans leur retranchement, les amener à dire ce que, eux-mêmes, ils pensent vraiment : « Pour vous, qui suis-je ? » Pierre, qui se met facilement en avant, se fait assez vite le porte-parole des onze autres, qui n’étaient pas bien bavards avant la Pentecôte. Pierre donc, qui a osé sortir de la barque pendant la tempête pour aller à la rencontre de Jésus, Pierre lui dit : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ».

Jésus est étonné, admiratif même : il n’en revient pas ! Ce n’est pas possible ! Il n’a pas trouvé cela tout seul ! « Heureux es-tu, Simon, fils de Jonas, ce n’est pas la chair et le sang (c’est-à-dire toi-même), qui a révélé cela mais mon Père qui est aux cieux ».

Et c’est vrai, ce n’est pas de lui, c’est déjà l’Esprit Saint en lui qui agit et qui proclame que Jésus est Seigneur… Ainsi, en est-il encore de l’Église aujourd’hui. Oh ! Elle nous paraît bien humaine cette Église, pleine de pécheurs, de gens bien médiocres, bien terre à terre… et pourtant… et pourtant… ce n’est pas  » la chair et le sang  » qui parle par elle, mais l’Esprit Saint qui manifeste la divinité du Christ ! Et ceux qui disent, en se fiant aux apparences, en n’ayant pas la foi : « Moi, je crois au Christ, mais je ne crois pas à l’Église » font preuve du même scepticisme, du même étonnement que Jésus entendant Pierre faire sa déclaration.

Mais Jésus, lui, reconnaît immédiatement celui qui fait parler Pierre : « Ce n’est pas toi qui parles, c’est mon Père qui est aux cieux », tandis que celui qui veut faire une distinction facile entre Jésus et l’Église se trompe en ne reconnaissant pas, en ne voulant pas reconnaître, ce que le Père et l’Esprit de Jésus disent et proclament par l’Église.

Attention, ne nous trompons pas. Pas d’erreur : ce que l’Église actuelle, enseigne, dit, proclame, déclare, n’est pas simplement le fruit de quelques cogitations de la Curie romaine ou de prélats plus ou moins doués, c’est Dieu lui-même qui parle à travers la chair et le sang de Pierre. C’est l’Église, porte-parole de la volonté de Jésus pour notre temps. Aussi ne pouvons-nous pas prendre la pensée de l’Église, comme une opinion possible, une option facultative, un point de vue intéressant, surtout quand l’Église parle de sa foi, de sa fidélité au Christ, de son amour du père ou lorsqu’elle commente le message de Jésus lui-même.

Il est bien certain que certaines directions de l’Église, préférences ou positions à l’égard d’événements occasionnels, conjoncturels, pour des situations d’époque, ou des contextes particuliers n’ont pas la même portée. Mais lorsque l’Église proclame sa foi, parle du message qui lui a été confié, c’est l’Esprit qui parle en Elle. C’est pourquoi l’on a dit que, dans certaines circonstances bien particulières, l’Église, par la voix du pape, devient  » infaillible « , car « ce ne sont pas sa chair et son sang qui lui ont révélé cela, mais notre Père qui est aux cieux ».

Maintenant que Jésus a entendu Pierre lui dire cela, sans rien lui avoir soufflé : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant » maintenant, Jésus est persuadé, convaincu, que la future Église ne sera pas que humaine, soumise aux humeurs et aux opinions d’une époque, mais qu’Elle est habitée par plus grand qu’Elle, inspirée par un autre qu’elle-même.

Il sait maintenant que l’Eglise, quand Elle parlera de Dieu, sera le porte-voix, le haut-parleur du Père, du Fils et de l’Esprit.

Maintenant qu’il sait tout cela, qu’il en est sûr : Jésus va donner à l’Eglise son pouvoir ; à Pierre, son autorité. Elle va recevoir de Jésus lui-même sa mission.

Aussi Jésus, solennel, dit-il, devant les apôtres réunis : « Moi, je te déclare « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise », une Eglise d’hommes pécheurs certes, Pierre va continuer à pécher et dimanche prochain, nous entendrons Jésus le traiter de Satan : « Passe derrière moi Satan ». Pierre va aussi le renier au moment le plus important de sa mission : sa Passion-Résurrection : « Non, je ne connais pas cet homme ». Mais un Pierre aussi qui confirmera ses frères, qui parlera au nom de Jésus, le jour de la Pentecôte, baptisant ce jour-là environ trois mille personnes : premier noyau de l’Eglise. Pierre, qui lui aussi à Rome, quelques années plus tard, mourra martyr, en croix, la tête en bas, donnant sa vie pour celui dont il avait dit : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! » et Jésus continue : « Cette Eglise aura toujours le dernier mot contre le mal, contre toutes les attaques dont elle fera l’objet », et Dieu sait si elle n’en a pas été privée ! Aujourd’hui encore! « La puissance du mal ne l’emportera pas sur elle » et Jésus va plus loin. Dès maintenant : il va lui confier les pouvoirs de Dieu, transmis à des hommes pécheurs certes, mais qui ont la foi : « Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux ».

Les clefs : Jésus a dit dans l’Évangile qu’il était la Porte. Mais, de cette porte, c’est l’Église, c’est Pierre qui en a les clés. Il a donné à certains hommes ce pouvoir formidable, pouvoir divin de :

1) rendre Jésus présent sur la terre par l’Eucharistie,

2) les pardonner de leurs péchés par la Réconciliation

3) les faire naître à la vie de Dieu par le Baptême

4) leur parler par l’Esprit de Dieu par la Confirmation

5) les unir en Dieu par le Mariage

6) devenir prêtres de Dieu par l’Ordination

7) réconforter pour Dieu dans le Sacrement des malades

Jésus se défait de ses pouvoirs pour les donner aux hommes et c’est sur décision humaine que Dieu obéira et non le contraire. Écoutez bien : « Tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux et tout ce que tu auras délié, toi Église, sera délié dans les cieux ! »

Pouvoir tel que ce n’est plus Dieu qui décide et qui juge mais l’Église elle-même à qui Dieu se ralliera ! Ce n’est pas étonnant que devant une telle déclaration de Jésus, Jeanne d’Arc, même ayant devant les yeux des juges d’une Eglise peu glorieuse, ait cette remarque pleine de foi : « M’est avis, c’est-à-dire : je pense, que Jésus-Christ et l’Eglise, c’est tout un ». AMEN




20ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 15, 21-28) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

L’évangile de ce 20ème dimanche du Temps Ordinaire nous donne une fois de plus de réfléchir sur la qualité de notre foi, notamment lorsque nous traversons les épreuves de la vie.

Nous avons le témoignage d’une Cananéenne qui exprime une foi audacieuse et belle !  Une grande leçon nous est donnée : celle de persister dans la prière !

Si nous revenons à notre récit, une Cananéenne crie vers Jésus : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. » Cette femme est animée d’une grande foi en Jésus pour sa fille malade. Il peut la guérir…

La réponse de Jésus peut nous surprendre : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » Cette réponse reste en partie énigmatique. Par « petits chiens », nous ne devons pas y voir un mépris de Jésus, en aucun cas. Jésus reprend cette expression qui vient des Juifs. Les Juifs avaient une haine des païens. Les Juifs traitaient les païens de chiens. Comme nous pouvons bien l’imaginer, cette expression dans la bouche d’un Juif a quelque chose de méprisant.

En nommant Jésus « fils de David », la Cananéenne reconnaît que Jésus est le Sauveur des Juifs, que le Salut vient des Juifs. Jésus dira lui-même : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » Cependant, la Cananéenne a la foi que Jésus peut aussi donner aux païens des miettes du Salut promis aux Juifs.

 

La foi de la Cananéenne est vraiment persistante, tout en étant humble. Elle ose répondre à Jésus : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » Elle reconnaît le Christ comme le Seigneur et le Maître qui peut la secourir. Saint Thomas d’Aquin commente ce verset ainsi : la femme « sut ainsi humblement forcer le Seigneur, comme si elle disait : « Seigneur, je ne demande pas que tu me donnes autant de bienfaits qu’aux Juifs, mais donne-moi des miettes. » »[1]

Jésus sera lui-même émerveillé par une telle foi qu’il ne pourra que l’exaucer : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et sa fille sera guérie « à l’heure même ».

Jésus se révèle ainsi comme le Sauveur également des païens. Le Salut vient des Juifs mais il n’est pas exclusif. Par « Juifs » et « païens », nous devons entendre l’humanité entière. Le Christ est le Sauveur universel, c’est en lui que nous devons mettre toute notre foi. Sa bonté est pour tous les hommes et personne n’en n’est privée.

Si nous traversons de rudes difficultés, si nous avons l’impression de perdre pied ou d’être au fond du tunnel, osons la foi de la Cananéenne : « Mais elle vint se prosterner devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! » La Cananéenne nous rappelle les deux attitudes à adopter : se prosterner et supplier le Christ de nous venir en aide.

Nous sommes mis une nouvelle fois face au défi de la confiance en Jésus, capable de nous sauver de nos chemins de péché, de nous guérir de nos mauvaises habitudes, de nous relever de nos chutes, de nous consoler de nos drames, de nous apaiser… C’est sans doute la grâce que nous pouvons demander au Seigneur en cette période de rentrée scolaire et pastorale, une foi plus grande en Jésus Sauveur. N’oublions jamais qu’il est au cœur de la foi chrétienne. Qu’il nous bénisse et qu’il nous garde dans son amour.

« Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! » « Seigneur, viens à mon secours ! »

 

[1] Saint Thomas d’Aquin : Lecture de l’Évangile de saint Matthieu, n°1780.

 




20ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 15, 21-28) – par Francis COUSIN

« Ouvertures. »

Jésus est un grand marcheur … et il entraîne avec lui ses apôtres. C’est un peu normal, puisqu’il a dit : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,6). Et il montre l’exemple en marchant à travers tout le pays. On l’a quitté dimanche dernier à Génésareth, au sud-ouest de la mer de Galilée, et on le retrouve aujourd’hui tout au nord-ouest de la Galilée, dans la région de Tyr et de Sidon, en territoire païen.

Et à la fin de l’épisode de ce jour, « Jésus partit de là et arriva près de la mer de Galilée. »

Un aller-retour autour de la mer de Galilée …

Pourquoi saint Matthieu fait-il faire un long périple à Jésus et ses apôtres, pour revenir au point de départ ?

Qui a-t-il entre ces deux moments ?

Seulement deux choses :

– Une intervention de pharisiens et de scribes, venant de Jérusalem, qui interrogent Jésus sur le respect de la tradition juive par ses apôtres : « Tes disciples ne se lavent pas les mains avant de manger ! » … et la réponse de Jésus : « Hypocrites ! Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. Les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Ce n’est pas ce qui entre la bouche qui rend l’homme impur ; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui rend l’homme impur. » (Mt 15,6-11). Un débat qui continuera après la résurrection pour savoir si les païens qui se convertissent doivent se soumettre à la loi juive …

– L’épisode que nous venons d’entendre, où une Cananéenne, donc une païenne, demande à Jésus de guérir sa « fille tourmentée par un démon. »

Dans le premier cas, les intervenants, pharisiens et scribes, sont des juifs. Et la réponse de Jésus est claire : « Hypocrites ! ».

Dans le second cas, la réponse de Jésus est plus nuancée … D’ailleurs, au départ, il ne répond pas … comme s’il n’avait rien entendu … et pourtant cette femme criait !

Ce sont les apôtres qui le rappellent à l’ordre : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! ». Réaction curieuse des apôtres : Que cherchent-ils, la tranquillité auprès de Jésus … pas de bruits, pas de vagues, pas de gêne … Rappelons-nous, avant la multiplication des pains, quand le soir tombe, déjà : « Renvoie donc la foule. » (Mt 14,15) …

Et la réponse de Jésus aussi nous surprend : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »

Mais la femme insiste … Et Jésus répond : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. ». Et la femme, qui a de la répartie, continue : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »

Superbe phrase, à se demander si elle n’a pas été inspirée par l’Esprit Saint, où la femme accepte d’être traitée comme un ’’chien de païen’’ pour obtenir la guérison de sa fille … l’amour donne parfois des ressources inattendues … Elle n’a pas eu peur de s’opposer à Jésus …

« Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et, à l’heure même, sa fille fut guérie. »

Puissions-nous avoir une foi aussi grande que la Cananéenne … qui bafoue les obstacles mis sur son chemin.

Et puis, réfléchissons à la réaction des apôtres : « Renvoie donc la femme ! »

Est-ce qu’il ne nous arrive pas d’avoir des réactions semblables ? …

Ne pas faire un compte avec une personne qui nous importune … sans toujours savoir ce qu’il en est exactement … simplement parce qu’elle n’est pas de notre ‘monde’, de notre paroisse, de notre mouvement …

Seigneur Jésus,

tu ne t’attendais certainement

 à cette rencontre,

 ni à la pugnacité de cette femme,

mais c’est heureux que tu l’ais rencontrée

car elle nous apprend beaucoup :

Ne jamais désespérer de ton amour.

 

 

Francis Cousin    

       

 

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Prière dim ord A 20°

 




20ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 15, 21-23) – Homélie du Père Louis DATTIN

 La Cananéenne

Mt 15, 21-28

Si vous avez été attentifs à ce qui est commun aux 3 lectures que nous venons d’entendre, vous aurez vite constaté que c’est le caractère universel du message de Dieu, et le thème central d’aujourd’hui ce sont les étrangers : doivent-ils ou non faire partie du peuple de Dieu ? Seront-ils des chrétiens à part entière ou les considère-t-on comme des chrétiens de seconde zone ?

            Il faut rappeler qu’au départ, le peuple juif était, et lui seul, exclusivement, le peuple élu, le peuple de Dieu, le peuple choisi, lui seul avait été l’objet du choix de Dieu et lui seul avait fait alliance avec Dieu. Et les juifs ont encore cette vive conscience d’être le peuple à part, la part de Dieu, les privilégiés du Très-Haut. C’est d’ailleurs cette identité particulière, dont ils puisaient une grande fierté intérieure, qui les a maintenus en tant que race, en tant que Nation Sainte au milieu de tous les aléas et les événements par lesquels ils sont passés. C’est leur religion qui les a fait survivre à travers les siècles et malgré leur diaspora : leur dispersion aux 4 coins du monde.

Alors, fallait-il penser aux païens ? Fallait-il ouvrir aux étrangers ce message de Dieu ? Les juifs se sont posé la question et les premiers chrétiens aussi. Rappelez-vous les hésitations de Pierre et de Jacques quand il s’est agi de baptiser les 1ers païens. Ce fut l’ordre du jour du 1er Concile de Jérusalem, concile qui n’a pas été de tout repos et pourtant, dans la 1ère lecture, Isaïe rappelle « les étrangers à la conscience droite, je les mènerai à ma Montagne Sainte. S’ils observent mon alliance, je leur ferai bon accueil à mon autel et ma maison s’appellera ‘’ maison de prière pour tous les peuples’’ ».

 Et St-Paul, à son tour, déplore ce manque d’ouverture des juifs aux autres nations. Ils n’ont pas été fidèles à leur vocation mais, peut-être, un jour, seront-ils l’objet de la miséricorde de Dieu !

Dans l’Évangile lui-même, nous voyons Jésus, qui va dans les pays païens : ceux du Tyr et de Sidon. Va-t-il là-bas pour éviter la foule ? Simplement prendre un peu de repos ? Ou bien aller répandre un message aux autres païens ?

Il semble bien que Jésus se soit retiré là-bas pour être à l’écart des foules et avoir du temps libre pour enseigner et former les disciples. Aussi, nous qui sommes habitués maintenant au caractère universel de l’Église, nous sommes très étonnés de sa réaction, lorsqu’une femme païenne l’aborde en criant et le supplie :

« Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! »

Elle l’appelle pourtant avec son titre messianique : « Fils de David, aie pitié de moi ! » Elle ne prie même pas pour elle, mais pour sa fille tourmentée par un démon : il semble bien que toutes les conditions soient réunies pour que Jésus, volontiers, se rende à ses désirs. Eh bien, pas du tout ! Et nous trouvons Jésus d’une froideur et d’une indifférence surprenante. « Il ne répondit rien ».

Elle continue à le poursuivre de ses cris. Pas de réaction de la part de Jésus qui continue son chemin comme si elle n’était pas là ! A tel point qu’au bout d’un certain temps, ce sont les disciples qui insistent à leur tour : « Donne-lui satisfaction car elle vous poursuit de ses cris ».

« Je n’ai été envoyé, répond Jésus, qu’aux brebis perdues d’Israël ». C’est cela, d’abord, la priorité du Christ : sauver son peuple, un peuple précis, le peuple juif ! Il est venu pour eux, et c’est par eux, qu’ensuite le monde se ralliera à la Bonne Nouvelle et c’est bien d’ailleurs ce qui s’est passé : ce sont les juifs, Jésus, Marie, Pierre, Paul, Matthieu, Thomas, de qui sont partis ces premières étincelles qui ont mis le feu chrétien au monde païen.

Alors, cette femme insiste, elle reconnait que ce que dit Jésus est juste, elle continue quand même… et vient se prosterner devant lui, un peu comme un petit chien aux pieds de son maitre, et c’est sans doute cette attitude qui fait répondre à Jésus cette parole qui nous paraît scandaleuse, lorsqu’il s’agit d’une femme, même païenne :

« Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens », (il faut savoir, en outre, que le chien n’est pas un animal aimé en Orient et que l’on traite facilement de chien celui pour qui l’on n’a guère de sympathie). Aujourd’hui encore, on entend, par exemple en Afrique du Nord, les musulmans appeler les catholiques « chiens de Roumis » parce qu’ils ne partagent pas leur foi dans le Coran. La femme ne se démonte pas devant tant de mépris, au contraire ; avec répartie, elle utilise la comparaison pour le poursuivre.

« C’est vrai, Seigneur, mais, justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ».

Quel abaissement ! Quelle humilité ! Prête à se réduire à rien pour obtenir la guérison de sa fille !

Alors, là, le Seigneur n’en peut plus … Il reconnaît, en elle, cette foi qui fait justement défaut aux juifs avec qui il vient de multiplier les pains, avec les apôtres affolés dans la barque ballotée par la tempête : enfin, il rencontre une vraie confiance, une totale remise de soi, et cela, chez une païenne, prosternée à ses pieds, qui, elle, l’a appelé : « Fils de David – Messie ».

Il se retrouve dans une situation semblable avec une autre femme, qui, elle aussi, va dire : « Si je touche seulement son manteau, je serai guérie ».

Une autre païenne encore, la Samaritaine, qui, après son dialogue au bord du puits, va aller trouver les gens de son village : « Venez voir, j’ai trouvé le Messie ».

Dans ce récit, il ne s’agit plus de la multiplication des pains ni des douze corbeilles, des restes ; il s’agit seulement de quelques miettes qui tombent de la table et données aux chiens.

Avons-nous cette attitude d’humilité, de petitesse ? Cette conscience de n’être rien du tout lorsque nous allons à notre tour recevoir la Sainte-Eucharistie ?

Il ne s’agit pas d’avoir des complexes : soit de supériorité, en nous disant : « Nous, nous sommes baptisés, les fils de Dieu ; nous sommes dans la vérité ; nous avons la lumière. » C’est vrai. Mais est-ce de notre faute ? Quel mérite en avons-nous ?

Tout nous a été donné par Jésus-Christ, par grâce, par amour.

Il ne s’agit pas non plus d’avoir des complexes d’infériorité, (à ne pas confondre avec l’humilité qui est la reconnaissance de son état vrai). Non, il s’agit, dans l’amour, comme le Christ, de considérer les autres, non pas en les regardant de haut, les considérer comme des chiens ; non pas en les regardant de bas, les considérer comme des maîtres : non !

Ni maîtres, ni chiens : les autres sont mes frères. Cela change tout, car frères : ils sont mes égaux, eux aussi, fils de Dieu, fils du même Père que moi, partageant avec moi, au même titre que moi, la bonté et la miséricorde de Dieu.

Si nous formons une famille, une famille de frères, ayant Dieu à qui nous disons ‘’Notre Père’’ : personne n’est supérieur à l’autre, personne n’est inférieur à l’autre. Aux yeux de Dieu, nous avons tous la même taille, la même importance ; aux yeux du chrétien donc, personne n’est plus grand ni plus petit. Pas même le pécheur : qui reste un fils, même s’il s’éloigne du Père et celui-ci l’accueillera avec bonté dès qu’il aura fait son demi-tour vers lui !

Dieu n’appartient à personne, il se donne à tous avec la même générosité. Il suffit, comme cette femme, d’avoir faim, d’avoir soif, de courir sur ses pas, quitte à crier comme elle, avec foi : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi !», pour que le Seigneur puisse nous dire à nous aussi : « Ta foi est grande, que tout se fasse comme tu veux ».

Dieu cède toujours à qui lui demande.

Ayons, comme lui, un amour sans frontières ; il n’y a pas d’étrangers pour un disciple de Jésus, un amour sans privilèges ; il n’y a pas de discrimination pour un disciple de Jésus, un amour sans réserve : pas de retour sur soi pour un vrai disciple de Jésus. AMEN




Assomption de la Vierge Marie (Lc 1, 39-56) – Homélie du Père Louis DATTIN

Fête de la jeunesse du monde

Lc 1, 39-56

Vous savez combien dans la vie, on aime établir des classements. Pour le tour de France, c’est le maillot jaune pour le 1er ; sport : coupe pour le foot ; aux jeux olympiques, c’est la médaille d’or avec la Marseillaise ; en classe, le 1er est au tableau d’honneur : autrefois, il portait une croix et le second, un ruban.

Dans une association, il y a un président ; au renouveau, un berger ; dans l’église, un doyen ou un évêque.

En fête de l’Assomption, je donnerai facilement à Marie, le titre, non pas de la 1ère Dame de France, mais celle de la 1ère Dame du Monde !

Il y a un chant qui dit : Marie, « la 1ère en chemin« . Elle a tout fait avant nous ! « Marie, tu en as connu ‘’des 1ères fois’’ » !

. Rappelle-toi : ta surprise, le jour de l’Annonciation.

C’était une première pour toi : « Dieu a posé son regard sur toi, humble servante ».

C’était aussi une première pour l’Humanité : « Dieu veut habiter sur la terre, c’est l’Incarnation ».

 

Du jamais vu et grâce à ton oui cela va pouvoir se faire ! Dieu veut prendre corps en une femme.

. Rappelle-toi, la Visitation : ton empressement sur la route, ta rencontre avec Elisabeth. C’était une première pour toi, lorsqu’elle te dit : « Bienheureuse parce que tu as cru ». Une première, lorsque Jean-Baptiste et Jésus bondissent de joie. Une première pour nous !

. Rappelle-toi la nuit de Noël : une grande première qu’une naissance avec Joseph, les Bergers, les Mages ; ce chant du « Gloire à Dieu » et la paix pour les hommes et cet enfant emmailloté, couché dans une mangeoire !

Aussi, une première pour nous : Dieu, le grand Dieu, qui n’est qu’un « tout petit « .

. Rappelle-toi ton inquiétude à Jérusalem, ta surprise : priorité accordée par ton fils, pour son Père du ciel. Jésus obéissant à son père, tu n’as pas compris ce jour-là ! C’était aussi une surprise pour nous : Dieu toujours  » premier servi « .

. Rappelle-toi ta présence à Cana : c’est toi, la première qui s’est aperçue que le vin allait manquer et pour la première fois, son premier miracle. Tu coopères à l’action de ton fils et pour nous, une surprise : Dieu se préoccupe aussi des petits soucis de nos existences humaines… ce vin qui, un jour, plus tard, allait devenir son Sang, à la messe.

. Rappelle-toi, Marie, mais tu t’en rappelleras toujours, ce fut trop pénible, ta présence, au pied de la Croix : tout donner, même ton fils… Une première pour toi, une première pour nous : « Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime ».

. Rappelle-toi, Marie, ta stupéfaction et ta joie profonde au moment de sa Résurrection, la première fois que la mort était vaincue, que le mal était écrasé, que ton fils changeait l’ordre du monde et que les hommes, enfin, pouvaient espérer, aux aussi.

. Rappelle-toi, Marie, cette pièce du 1er étage d’une maison de Jérusalem qu’on appelle le Cénacle. Tu y priais en compagnie des apôtres, lorsque, soudain, le souffle de l’Esprit vous a envahi et vous a donné la force de fonder l’Eglise : annoncer la nouvelle aux quatre coins du monde : la Pentecôte.

. Et puis, rappelle-toi, Marie, de ce jour extraordinaire et triomphal de ton entrée au ciel où tu es couronnée par ton fils, à la fois Reine, Vierge, Mère

La première, là encore, tu entres dans l’éternité non seulement avec ton âme, ce qui était bien normal, mais aussi avec ton corps, ce corps qui avait accueilli ton fils pour lui donner sa vie humaine : c’est cet événement que nous célébrons aujourd’hui. 1ière Dame de la terre, 1ière Dame du ciel, sans renier ni la terre, ni le ciel : « Je crois en la résurrection de la chair et à la vie éternelle ».

Toi aussi, la première humaine, nous indiquant la route qui mènera à notre tour, dans cette vie éternelle, « La première en chemin ».

La 1ière arrivée, , , aussi, à notre tour, nous aboutirons en suivant de loin, ton itinéraire.

Tu as toujours été la première parce qu’à chaque fois que le Père te proposait une nouvelle aventure spirituelle, tu disais « oui « . Tu répétais : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il fasse par moi ce qui lui plaît ».

 “Marie, veux-tu… ?‘’ » et à chaque fois, c’était d’accord : « D’accord, Seigneur, poursuivons cette épopée divine ».

Elle a dit « oui » à Nazareth, à Bethléem, à Cana, au pied de la Croix, au Cénacle, entraînée chaque fois par un nouvel élan de l’Esprit Saint : « Sûr de mon acceptation, tu me proposais, Seigneur, une nouvelle étape sur le chemin du salut ».

« La première en chemin! » Toi, tu es toujours restée l’humble servante : à chaque désir de Dieu, tu as dit « oui » : « Mais, bien sûr, Seigneur ! »

Cette ouverture aux initiatives de Dieu, les spirituels appellent cela : « la disponibilité ». Tu te mets totalement à la disposition de Dieu pour réaliser « la promesse faite à nos pères ». Tu acceptes d’être la femme qui écrasera la tête du serpent. Tu acceptes de libérer avec Jésus cette humanité pécheresse, de l’emprise de Satan.

Devenir, nous aussi, à l’exemple de Marie, disponibles. A chacun, chacune d’entre nous, le Seigneur s’adresse et nous propose et nous dit : « Veux-tu… ? »

« Veux-tu sauver l’humanité avec moi ? Veux-tu avec l’Esprit de ton Baptême et de ta Confirmation, te mettre en route ? Etre de ceux et celles qui sont  » les premiers en chemins » : chemin de joie, chemin de croix parfois ? Veux-tu, toi aussi, tout au long de ton existence, redire ces petits « oui » qui sont autant de mailles dans le tissu de ta vie ? Veux-tu te remettre, te démettre entre les mains de Dieu pour travailler avec lui au salut des hommes ? »

 

Puissions-nous, Vierge Marie, être avec toi :

  • tout à la joie d’annoncer la Bonne Nouvelle

  • tout à l’émerveillement d’adorer l’enfant de Noël

  • tout à la peine, en communiant à la Passion de ton fils

  • tout à la foi de la Pentecôte, au matin de l’Eglise, pour aller à la rencontre de nos frères.

Et aujourd’hui, Marie, en cette fête de l’Assomption, être tout à la gloire aux côtés de Jésus ! Aujourd’hui, montre-nous ce bonheur éternel où tu attends chacun de nous !

Le Seigneur nous pose la question, à nous aussi, maintenant :

« Veux-tu… ? »

Ayons assez de cœur pour lui répondre à notre tour :

« Oui, Seigneur ». AMEN