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4ième Dimanche de l’Avent – par Francis COUSIN (Mt 1, 18-24)

 

   « Joseph, fils de David,

ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse »

Quel coup dur !

Quand Marie revint de chez Élisabeth, sa parente, chez qui elle était restée trois mois, le port de la jeune fille n’était plus tout à fait le même que quand elle était partie …

Quelques jours avant le départ, trois mois de séjour, plus un aller-retour Nazareth-Aïn Karim, cela fait presque trois mois et demi !…

Et la grossesse de Marie devait commencer à se voir !

Surtout pour Joseph qui avait sans doute rendu visite à Marie dès son retour !

Marie l’avait-elle prévenue de la visite de l’ange Gabriel ? Il semble que non.

Avait-elle eu peur que Joseph ne la crût pas ? Ou les préparatifs de son départ l’avaient trop préoccupée ?

Toujours est-il que Joseph, qui la connaissait bien, s’est tout de suite rendu compte qu’elle avait changé, dans son comportement, dans sa manière d’être … Comme toutes les femmes enceintes …

L’a-t-il questionnée ? Sans doute pas. Mais le doute s’installe … Sa fiancée serait-elle infidèle, lui aurait-elle fait un enfant dans le dos ?

C’est certainement ce qu’il a pensé !

Au point qu’il en arrive à se poser la question de la répudiation … En secret …

Car il aime Marie … et c’est « un homme juste » ! Il ne veut pas la voir trainée en dehors de la ville pour y être lapidée … comme le veut la Loi …

Heureusement que Joseph n’a pas fait d’esclandre … ce n’est pas son genre … c’est un fiancé délicat … Il a préféré rentrer chez lui ruminer sa déception, et préparer son plan pour que la rupture se passe en douceur, sans être connue du voisinage …

Car Joseph est un homme juste devant Dieu, c’est-à-dire quelqu’un qui fait toujours la volonté de Dieu.

Et c’est là qu’intervient le Seigneur, par l’intermédiaire d’un ange.

C’est la première rencontre de Joseph avec un ange de Dieu … et ce ne sera pas la dernière …

Et l’ange lui explique la situation : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint. »

Même dans son sommeil, quand Joseph entend les mots Marie, enfant, et Esprit Saint, ça le met en veille tout de suite.

Il se rend compte qu’il entre dans quelque chose qui le dépasse … qui ne concerne pas simplement Marie et lui, mais qu’ils entrent tous les deux dans un projet de Dieu, beaucoup plus vaste …

Et l’ange continue : « Elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. ».

C’est la confirmation que ce projet les dépasse, puisqu’il concerne tout le peuple de Dieu, et en plus, c’est lui qui donnera le nom à l’enfant. Or donner le nom à un enfant, dans la bible, cela veut dire reconnaître la paternité légale de l’enfant. Joseph, descendant de David, en adoptant le fils de Marie, devient donc son vrai père et permet à celui-ci de devenir lui-même « Jésus, Fils de David ».

On peut penser qu’après ces paroles, la fin de la nuit fut beaucoup plus calme pour Joseph.

« Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse»

Seigneur Jésus,

quelle grandeur d’âme chez Joseph …

et quel amour de Dieu et de Marie !

Tu l’as aimé comme un vrai père

et tu lui dois sans doute beaucoup,

humainement parlant :

un métier, et l’amour des humains.

Béni soit Joseph !

 

Francis Cousin    

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4ième Dimanche de l’Avent – Homélie du Père Louis DATTIN (Mt 1, 18-24)

Ne vous laissez pas distraire

Mt 1, 18-24

Dans quelques heures, frères et sœurs, c’est Noël. En ce dernier dimanche avant cette fête, notre pensée et la liturgie se concentrent sur les parents de l’enfant qui va naître : Joseph et Marie.

Très souvent, il nous arrive de n’envisager que  » le couple  » de Marie et de Joseph, de ne considérer que son aspect exceptionnel :

« “L’enfant qui va naître vient de l’Esprit Saint ” », nous dit clairement l’Evangile d’aujourd’hui. Nous y reviendrons mais, d’abord, paradoxalement, sachons voir que le couple de Marie et de Joseph est bien proche de nos situations humaines : au départ, ce sont deux fiancés heureux, entre 15 et 20 ans, qui ont fait le merveilleux projet de devenir époux.  Souvenez-vous de vos fiançailles !

Or, voici que la souffrance arrive : le projet brisé, la crise de ce couple quand Joseph apprend que sa fiancée est enceinte.  En orient, et à cette époque-là, ce n’était pas rien ! Tout le rêve de Joseph semble détruit.  Serions-nous capables de comprendre la souffrance affreuse de cet homme qui se cache derrière la sobriété de l’Evangile ? A ce stade, Joseph décide de ne pas épouser Marie et cette décision est celle d’un homme juste.

Cette histoire, dans son essentiel, est aussi un peu la nôtre : il nous arrive de faire des projets, de rêver, d’avoir des ambitions et puis, patatras ! Des circonstances que nous n’avions pas prévues, brisent net ces projets merveilleux : à ce moment-là, nous sommes invités à nous dépasser, à faire face à cette nouvelle circonstance pour trouver, en Dieu, une nouvelle solution !

C’est la situation des couples stériles ou des enfants inattendus, la crise de certains adolescents qui donnent du souci, enfants, adultes ou non qui ne veulent pas suivre nos chemins.

Dans tous ces cas-là, nous sommes tentés de nous passer de Dieu, alors que c’est justement à lui, qu’il faut avoir recours.  La solution dernière et définitive de nos problèmes humains, comme pour Joseph, ne se trouve qu’en Dieu.  Oui, c’est Dieu qui intervient pour modifier le projet de Joseph.  Oui, osons le reconnaitre, Dieu demande à cet époux de revenir sur sa décision car Dieu à cet époux de revenir sur sa décision car Dieu a besoin de lui. Dieu peut parfois nous demander de changer quelque chose dans notre vie, car il désire autre chose de nous.

Dieu confie à Joseph un double rôle :

1)- prendre Marie chez lui comme épouse

2)- donner un nom à l’enfant ; « donner un nom », en langage biblique, cela signifie : « assumer la paternité légale » de l’enfant en tant que descendant de David.

Il est choisi pour donner à l’enfant le nom qui lui est destiné d’après le droit juif ; l’enfant accédait à l’existence légale par le nom qu’on lui donnait et il était de la lignée du père : qu’il s’agisse d’une paternité biologique ou non.  Jésus, par Joseph, à cause de Joseph, sera reconnu et acclamé comme  » fils de David « .

Pour des parents, adopter un enfant, c’est l’accueillir dans la famille comme s’il était né de leur chair, comme dit la chanson : « Prendre un enfant par la main, prendre un enfant pour le sien ».

Au temps du Christ, l’adoption était plus facile et plus courante qu’aujourd’hui et surtout, elle avait beaucoup plus de valeur : le père adoptif était considéré comme le vrai père, les liens adoptifs étaient considérés comme plus forts que les liens du sang.  C’est ainsi que Joseph, en adoptant le fils de Marie, est devenu son vrai père… mais par une sorte de don de Dieu.

Aussi les gens ne se trompaient-ils pas en disant : « “N’est-ce-pas Jésus, le fils de Joseph, le charpentier de Nazareth” » ?

Comme nous le constatons, le rôle de Joseph n’est pas mince ! Cette paternité de Joseph eut certainement pour Jésus beaucoup plus d’importance qu’on ne le pense généralement.   Pensez que Jésus, pour nommer celui que tous appelaient Dieu, celui qui ne faisait qu’un avec lui, dont il recevait tout , Jésus reprend le nom même qu’il donnait  à  Joseph  lui-même, c’est-à-dire : « Père, abba, papa », et quand  il  eut  à  s’expliquer  sur cette familiarité  si déconcertante  avec  le  Dieu  d’Israël, Jésus  reprend les  mots  les  plus  simples de son apprentissage à Nazareth, dans l’atelier du charpentier Joseph : « Mon père jusqu’à présent est au travail et moi aussi je suis au travail », « Ce que fait le père, le fils le fait pareillement », « C’est que le père aime le fils et lui montre tout ce qu’il fait ».

Comment n’aurait-il pas trouvé dans l’affection de ses parents, Marie et Joseph, les mots les plus justes pour nous dire cette relation absolument unique qui, depuis toujours, occupait son cœur : « Moi et le Père, nous sommes un ».

La psychologie moderne nous a révélé l’importance de l’image du père pour structurer la personnalité de l’enfant. Il faut nous le rappeler, nous, habitants de La Réunion, où plus de 50% des enfants, déjà à la naissance, sont monoparentaux c’est-à-dire élevés uniquement par la mère et accessoirement par des « petits pères ». C’est auprès de Joseph que Jésus apprendra ce qu’est un père. C’est en Joseph qu’il verra le reflet humain de la paternité de Dieu : lui, qui saura si bien nous parler de son père. N’est-ce-pas en regardant Joseph qu’il a fait l’expérience humaine de la tendresse paternelle ?

« Qui, d’entre vous, si son fils lui demande du pain, lui donnera une pierre ? Ou s’il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent” ? » Jésus a appris que les pères de la terre savent donner de bonnes choses à leurs enfants : où a-t-il appris tout cela ? Auprès de Joseph !

Aujourd’hui, il est courant qu’on n’admette pas cette naissance miraculeuse. On voudrait que Jésus ait été conçu comme tout le monde. On voit dans cette intervention de Dieu, je ne sais quelle offense à l’humanité de Jésus, à celle de sa mère, à celle de Joseph. On prend des airs scandalisés. On parle de mépris à l’égard de la science, alors qu’il s’agit d’un simple effet des pouvoirs de l’Esprit Saint qui, nous le répétons chaque dimanche au Credo  « est Seigneur et qui donne la vie ».

Réfléchissons tout de même un peu. Si Dieu n’est pas plus que nous, plus puissant que nous, alors, nous n’avons pas besoin de lui. Dieu est Dieu ! S’il ne dépasse pas nos capacités à nous, alors nous sommes perdus ! Il ne peut nous sauver que, parce que, justement, il est Dieu ! Et plus puissant que nous ! Il ne nous sauve que s’il est Dieu, c’est-à-dire « Autre » que nous, tout autre que nous et cette conception virginale n’est que l’un des cas où Dieu signe son œuvre en faisant quelque chose qui nous dépasse totalement.

Seriez-vous capables, vous, de faire une seule étoile ou une seule galaxie ? Or, il en existe des milliards !

Seriez-vous capables de ressusciter un mort ou de faire ce qui arrive à chaque messe : que le pain des hommes devienne le corps du Christ ?

« Je crois en l’Esprit Saint » capable de donner la vie de manière seigneuriale car il est bien le « Seigneur » et le « Créateur ». Les plus grands des savants quand ils font une découverte, ne font que découvrir l’œuvre de Dieu et ils en sont ébahis : ce qui explique pourquoi beaucoup d’entre eux, au lieu de se croire des génies, voient dans ce qu’ils découvrent, l’œuvre d’un « Auteur », d’un Créateur qui les dépasse.

Certains passent, comme ces savants qu’étaient les mages, de l’admiration à l’adoration ! De l’intelligibilité du monde, au Dieu souverain devant qui ils s’inclinent.

Dans quelques heures, ce sera Noël !  Ce serait si bien de voir le monde et nous-mêmes un peu changés par la venue de cet enfant. Il faudrait  « qu’il nous trouve  quand il viendra  vigilants dans la prière et remplis d’allégresse » comme nous le dirons dans la préface, tout à l’heure.   AMEN




4ième Dimanche de l’Avent – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Mt 1, 18-24)

« Joseph, ne crains pas de prendre

chez toi Marie, ton épouse »

(Mt 1,18-24).

 

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 1,18-24.

Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint.
Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret.
Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ;
elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète :
‘Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel’, qui se traduit : « Dieu-avec-nous »
Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse…

 

Les parents de Marie s’appelaient, selon la tradition, Anne et Joachim. Comme c’était l’usage à l’époque, Marie, à l’âge de douze, treize ans, s’était fiancée à un homme très certainement plus âgé qu’elle, Joseph, « fils de David ». On l’appelait ainsi car il avait comme lointain parent le plus grand roi de l’histoire d’Israël, le roi David qui régna de 1010 à 970 environ av. JC… On peut supposer que Joseph était venu demander la main de Marie à ses parents, et tous avaient accepté… Une petite fête avait suivi, et depuis, tout le monde appelait Marie « l’épouse » de Joseph, même si la grande cérémonie du mariage n’avait pas encore eu lieu. En général, elle se déroulait un an après ! Pendant tout ce temps, la jeune fiancée demeurait chez ses parents, et ce n’est qu’au jour de son mariage que son mari l’emportait dans la maison qu’il avait construite pour eux…

            Et voilà que Joseph découvre que Marie est enceinte avant qu’ils aient habité ensemble. L’a-t-il appris de Marie ? Très certainement… A-t-il douté de son intégrité ?  Ou a-t-il décidé de se retirer devant cette aventure que Dieu a commencée avec elle et qui le dépasse ? Le texte ne le dit pas, mais Joseph décide de la répudier en secret pour la protéger. En effet, une fiancée convaincue d’adultère devait être lapidée (Dt 22,20-21).

            Mais l’Ange du Seigneur lui apparaît en songe et le rassure : « L’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ». Or, « dans son âme comme dans son corps, le Christ exprime humainement les mœurs divines de la Trinité » (Catéchisme & 470). De fait, de toute éternité, « avant tous les siècles », le Fils « naît du Père ». « Engendré non pas créé », il se reçoit entièrement du Père en tout ce qu’il est. « Dieu est Esprit » (Jn 4,24) ? Le Père est Esprit, et il ne cesse de se donner à lui tout entier, de Lui donner tout ce qu’Il Est. Le Fils est ainsi « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu. » Il se reçoit du Père en Fils « de même nature que le Père » (Crédo) par le Don de l’Esprit. Cette logique se poursuit jusques dans l’Incarnation où le Fils va encore recevoir du Père sa nature humaine, par ce même Don de l’Esprit, avec la collaboration active et pleinement consentante de la Vierge Marie.

            Joseph aura à jouer tout son rôle de « père adoptif », nommant lui-même cet enfant du nom de Jésus, ce qui veut dire en hébreu « Dieu sauve ». Or, du point de vue du Fils, Dieu, c’est le Père. C’est Lui qui, avec et par son Fils, accomplira ses œuvres. Et quelles seront-elles ? « Sauver son peuple de ses péchés ». Et quel est « son peuple » ? L’humanité tout entière, qui n’a qu’un seul Père du Ciel et un seul Sauveur : Jésus, le Christ (Jn 4,42).

                                                                                                                                              DJF

 




Rencontre autour de l’Évangile – 4ième Dimanche de l’Avent (Mt 1, 18-24)

« Tu lui donneras le nom de Jésus

c’est à dire le « Seigneur sauve »…

Elle mettra au monde un fils, auquel on donnera le nom d’Emmanuel,

« Dieu-avec-nous »

 

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mt 1, 18-24)

Nous revenons au début de l’Évangile de Matthieu. Dieu confie à Joseph la responsabilité de l’enfant de Marie et le charge de l’appeler Jésus, c’est à dire « Dieu sauve ».

Nous lirons attentivement cette page très importante de l’Evangile : c’est un texte fondateur de notre foi. Regardons chaque personnage et leur rôle.

 

Et soulignons les mots importants 

L’origine de Jésus Christ : Comment pourrait-on qualifier cette origine ?

Accordée en mariage : Qu’est-ce cette expression nous apprend sur la position de Marie ?

Enceinte par l’action de l’Esprit-Saint : Quel est le sens de cette expression ?

Un homme juste : que veut dire ce mot en parlant de Joseph ? Que penser de l’attitude de Joseph

L’Ange du Seigneur : Qui est ce personnage ?

Lui apparut en songe On dit ensuite lorsqu’il « se réveilla » : Comment comprendre ce que vit Joseph ?

Fils de David : Pourquoi ce nom donné à Joseph est-il important ?

Jésus : C’était un nom courant. Par qui et pourquoi est-il donné à Jésus ?

Emmanuel : Quel rapport y-a-t il entre la signification du nom de Jésus et celle du nom d’Emmanuel ?

Pour l’animateur  

« L’origine de Jésus Christ » : Elle ne se comprend pas seulement dans la succession généalogique. Cet Evangile dit la foi de l’Eglise dès le début : Jésus a une double origine, une origine céleste : conçu par l’action de l’Esprit Saint (« Dieu avec nous ») et une origine terrestre : Jésus, né de Marie. L’Eglise s’appuie sur ces paroles pour dire sa foi en la conception virginale du Christ.

« Accordée en mariage » : Marie n’est pas que la fiancée de Joseph (comme on le dit parfois) ; elle est réellement son épouse. Le texte d’ailleurs le dit « Ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse ». Dans la tradition juive, le mariage se célébrait en deux temps : d’abord selon l’accord entre les deux familles, il y avait une alliance qui engageait les deux époux ; puis, plus tard, l’époux venait chercher son épouse et l’amenait dans sa maison et on célébrait la fête des noces. Marie était sans doute très jeune au moment de son mariage. L’Evangile ne dit pas combien de temps s’est écoulé entre les deux moments du mariage : c’est précisément durant cette période, « avant qu’ils aient habité ensemble » que l’Esprit-Saint intervient dans la vie de ce couple au destin extraordinaire. Cette intervention est un acte de création (Esprit Créateur)

Joseph un homme « juste » : Joseph mène la vie d’un juif pieux et respectueux de la loi, et son cœur veut être en accord avec la volonté de Dieu. Il se refuse à assumer une paternité qui n’est pas la sienne. Il ne veut pas non plus faire un geste qui va déshonorer son épouse. II décide de rompre en secret. Il faudra la révélation pour qu’il accepte d’assumer cette paternité et d’entrer dans le Projet Dieu par la foi.

Justement, la révélation des grands secrets de Dieu pour notre salut, se fait toujours par un messager, l’Ange du Seigneur » : c’est lui qui est intervenu dans l’annonce à Zacharie, dans l’annonce à Marie, dans l’annonce aux bergers, dans l’annonce de la résurrection. C’est lui qui révèle à Joseph le sens de l’événement qu’il vit. L’Ange du Seigneur, dans la bible, parfois veut dire  Dieu lui-même qui intervient (Ex14,19)

Le songe : dans la bible, est un genre littéraire pour dire que c’est Dieu qui intervient, gratuitement, c’est lui qui a l’initiative, sans l’intervention de l’homme.

Matthieu dit plus loin :  «  Quand Joseph se réveilla » : c’est le mot employé pour parler aussi de la résurrection. Joseph fait un passage, une « pâque » : il passe de son projet humain de fonder une famille humaine au Projet de Dieu qui fera participer son couple à la nouvelle alliance, le mariage de Dieu avec l’humanité,  que le Messie accomplira.

Comme Joseph est le descendant de David, c’est par lui, que Jésus entre légalement dans la lignée de David et sera appelé Fils de David, réalisant ainsi la promesse faite par Dieu.

En même temps Jésus réalise la prophétie d’Isaïe : il est l’Emmanuel. La meilleure manière pour Dieu de nous sauver (Jésus) ce fut de faire l’un de nous (Emmanuel) en la personne de son Fils.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Joseph, Marie, l’Ange du Seigneur, Jésus, Emmanuel : des noms qui chantent dans notre cœur de croyant chrétien. Ils évoquent pour nous, Dieu notre Père, ton intervention merveilleuse dans l’histoire des hommes. Ils nous rappellent que tu as tellement aimé le monde  que tu lui as donné ton propre Fils. Tu l’as donné pour tous !

Que représentent ces mots pour beaucoup de nos contemporains ? Tant d’hommes et de femmes croient « autrement » : ils n’ont pas encore reçu la pleine révélation de ton Nom de Père., parce qu’ils ne connaissent pas Jésus. Et tant d’autres, sont de ton Eglise pourtant, mais pour eux ces noms n’évoquent plus grand chose ! Et il y a encore ces millions d’hommes et de femmes qui n’ont même jamais entendu le nom de Jésus.

Et voici encore une fois Noël !

TA PAROLE DANS NOS MAINS

La Parole aujourd’hui dans notre vie 

Nous faisons des projets légitimes…pour notre famille, pour un enfant, un jeune, pour la paroisse…il arrive qu’un événement, un succès ou un échec imprévu, une donnée nouvelle, un appel entendu, une Parole de Dieu…viennent bouleverser nos plans : quelles sont alors nos réactions de croyants ? (on peut inviter le groupe à donner l’un ou l’autre témoignage)

Dieu appelle parfois à collaborer avec lui d’une façon qui déroute !

Joseph a respecté l’action de Dieu en Marie : Savons-nous respecter l’action de Dieu dans le cœur de ceux dont nous sommes responsables (les enfants, les jeunes, tous ceux qui nous sont confiées, ceux avec qui nous vivons) tout en collaborant avec ce Dieu qui est au travail par l’Esprit-Saint ?

L’Annonce faite à Marie en st Luc et cette révélation faite à Joseph, sont des textes qui sont à la source de notre foi chrétienne : en quoi notre foi en Dieu est différente de la foi des autres croyants (par ex. des musulmans)

 

ENSEMBLE PRIONS 

Que te glorifient pour nous, Seigneur, la Vierge Marie qui t’a enfanté et Joseph, son époux, le charpentier qui t’a accueilli. Tous : Gloire à toi dans les siècles.

En toi, Jésus, conçu du Saint Esprit,

amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent.

En toi, Jésus, conçu dans le sein de la vierge Marie,

la vérité germe de la terre et des cieux se penche la justice.

Sur cette terre qui maintenant est devenue tienne,

fais que dans notre vie amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent.

 

Chant : Viens Emmanuel  (Carnet des paroisses p.158)

 

 

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4 DIMANCHE AVENT

 




3ième Dimanche de l’Avent – par Francis COUSIN (Mt 11, 2-11)

« Allez annoncer à Jean

ce que vous entendez et voyez. »

Noël n’est pas encore arrivé dans notre cycle liturgique que l’évangile nous parle d’un épisode qui aura lieu plus de trente ans après … !

Mais c’est pour nous rappeler la prophétie d’Isaïe annonçant la venue de Dieu, du Messie : « Il vient lui-même et va vous sauver. » et déclinant tout ce qui arrivera à ce moment-là : « Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. » (1° lecture).

Jean-Baptiste a été arrêté par Hérode et enfermé dans la forteresse de Machéronte. Il n’a pas le moral, … Il croyait peut-être que Jésus allait « restaurer la royauté en Israël » de manière ferme, en s’opposant aux Romains, avec une bande armée, comme les Zélotes … qu’il allait utiliser la puissance de l’Esprit qu’il avait vu se poser sur lui lors du baptême de Jésus (cf Jn 1,29-33) pour prendre le pouvoir, …

Mais Jésus ne fait pas cela !

            Il se pose des questions … Doute-t-il de Jésus ? … Ce serait étonnant …

À moins que ce ne soient ses disciples qui doutent et lui disent : « Ce Jésus que tu as annoncé comme le Messie, il te laisse en prison et ne fait rien pour toi ! Tu es vraiment sûr que c’est le Messie ? ».

Alors Jean-Baptiste envoie quelques-uns de ses disciples vers Jésus, comme cela, ils auront directement la réponse de Jésus.

Le doute … sur Jésus, sur Dieu, … il existe encore aujourd’hui … c’est d’ailleurs l’une des armes favorites du Démon qui l’insinue en nous … « Tu crois cela ! … T’es vraiment sûr ! … Mais ce ne sont que des histoires … Tu as des preuves ? … ». Quand tu entends cela dans ta tête, Tu n’as qu’une solution : dire « Tais-toi Satan. Laisse-moi tranquille, va-t-en ! ».

« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »

Jésus ne répond pas à la question, mais dit, un peu comme il avait répondu à André et son compagnon au bord du Jourdain lors du baptême par Jean-Baptiste « Venez et vous verrez. » (Jn 1,39) : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez. », et il ajoute : « Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. », ce qui est en partie la confirmation de la prophétie d’Isaïe, avec en plus deux autres affirmations : « les morts ressuscitent. » ce qui est une prérogative de Dieu ou de ses envoyés, et « les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle ».

La Bonne Nouvelle du salut est annoncée à tous, bien entendu, mais ce sont les pauvres, surtout de cœur, les faibles, les opprimés, les malades, les veuves et les orphelins, qui ont toujours été défendus par Dieu, qui reçoivent cette Bonne Nouvelle.

Et cette phrase est suffisante pour que Jean-Baptiste et ses disciples croient que Jésus est bien le Messie attendu.

Et Jésus continue son discours pour ceux qui étaient là à l’écouter : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ? Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ? »

Non, assurément ! On ne fait pas plusieurs jours de marche pour cela !

« Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. », … celui qui prépare les cœurs à la venue de Jésus, à Noël … et après …

Parce que son appel à la conversion … est encore valable aujourd’hui : et c’est le même que celui de Jésus, le même que celui inspiré à Ézéchiel, qui a donné ce refrain : « changez vos cœurs ! croyez à la Bonne Nouvelle !, changez de vie ! Croyez que Dieu vous aime ! », et qu’il nous a aimés le premier ! (1Jn 4,19)

« L’amour a fait les premiers pas » … mais c’est à nous de faire les suivants

Seigneur Jésus,

nous sommes bien souvent

trop empêtrés dans notre vie quotidienne,

et nous oublions que tu nous aimes,

et que tu nous demandes

d’aimer les autres comme toi !

Aide-nous à penser aux autres,

aux petits, aux pauvres, aux malades,

à ceux qui ont faim et soif de Toi !

Que nous soyons missionnaires

de ta Bonne Nouvelle !

Francis Cousin 

 

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Image dim Avent A 3°




3ième Dimanche de l’Avent – Homélie du Père Louis DATTIN (Mt 11, 2-11)

Vigilance

 Mt 11, 2-11

Nous avons quitté dimanche dernier, un Jean-Baptiste triomphant, entouré d’une foule qu’il baptisait, lui adressant un message de conversion et qui lui demandait : « “Que devons-nous faire” ? » Bref, c’était le succès.  On l’écoutait comme un grand prophète. Aujourd’hui, nous retrouvons un Jean-Baptiste, seul, en prison, parce qu’il avait osé critiquer la situation conjugale d’Hérode.  Fini le prestige, finies les prédications. Au fond de son cachot, il médite : ce Messie qu’il a annoncé comme le Tout-Puissant, déjà prêt à abattre les arbres stériles, à mettre la paille au feu, ce Messie à la force de frappe caractéristique ne correspond pas du tout à la manière de Jésus !

Jésus ne juge pas sévèrement : loin de condamner le pécheur à des supplices éternels, il pardonne les pécheurs. Il va de village en village, ouvrant les bras à toutes les détresses. Il guérit les malades, lépreux, aveugles, muets, … Il pardonne ses péchés au paralytique qu’il guérit. Il appelle Matthieu, oui, Matthieu, le publicain, le pécheur public, comme disciple. Il va manger à la table des pécheurs.

 Non, ce n’est pas un juge redoutable : il se présente plutôt comme un serviteur discret. « Il ne brise pas le roseau froissé et n’éteint pas la mèche qui fume encore ».

L’un, Jean-Baptiste, parle de moisson, de jugement, de la hache au pied de l’arbre ; l’autre parle des semailles.  La prédication de Jean : c’était un cyclone, une irruption sauvage d’un vent de tempête ou le feu d’un incendie et Jésus, lui, répond par la miséricorde, l’accueil des pécheurs, le service des malheureux.

Pauvre Jean-Baptiste : il est plongé dans un abîme de réflexion ; il est plus qu’étonné, scandalisé. Le Messie triomphant, dévastateur des ennemis, justicier et redresseur de torts, ne se présente que sous l’apparence d’un Serviteur, humble et souffrant.   Jean-Baptiste est dérouté : aussi envoie-t-il une délégation de disciples poser la question qui lui brûle les lèvres : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »

Autant la question de Jean est claire et précise, autant celle de Jésus est ambiguë : « Allez rapporter à Jean : ce que vous voyez et entendez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ».

En fait, Jésus renvoie Jean, aux annonces prophétiques du prophète Isaïe : la 1e lecture de notre liturgie.  Au lieu du juge redoutable qu’il annonçait, il lui faut accueillir, en Jésus, une nouvelle révélation de Dieu : un Dieu amour, un Dieu père, non pas puissant dans sa vengeance mais manifestant sa tendresse et son pardon : « Heureux, conclut Jésus, celui qui ne tombera pas à cause de moi ».

Et nous, frères et sœurs, quelle idée nous faisons-nous de Dieu ? Un justicier abattant les arbres, brûlant la paille, triomphateur, délivrant Israël de tous ses ennemis ?
Et, à sa suite, une Église triomphante, elle aussi régentant le monde des hommes comme une haute cour de justice résidant à Rome, à la place des empereurs romains ? Déception !  Jésus est décevant ! Oui, il faut se l’avouer. Dieu nous déçoit souvent ! Il n’est pas comme nous l’imaginions ! Il ne répond pas à nos attentes ni à nos désirs.  Nous continuons, comme Jean-Baptiste à désirer que Dieu exauce  » nos  » volontés et ressemble à l’image que nous nous faisons de lui.

Pourquoi, dites-moi, Dieu laisse-t-il son précurseur en prison ? Pourquoi Dieu ne défend-il pas ses amis, ceux qui travaillent pour lui ? Pourquoi Dieu ne libère-t-il pas les prisonniers qui sont injustement emprisonnés ? Pourquoi Dieu semble-t-il toujours vaincu par ses ennemis ? Pourquoi ce silence de Dieu quand hurlent les loups ? Pourquoi Dieu, te taire quand tant d’hommes t’accusent ? Pourquoi tant de malheurs et tant de mal dans cette île où 80% des habitants sont des baptisés ? Es-tu vraiment celui que nous attendons ?

 

 « Devons-nous te faire confiance ou devons-nous en attendre un autre ? »  Crise de la foi : Dieu est décevant ! Et à nous qui cherchons Dieu et sa présence, même au milieu de nos situations décevantes ou désespérantes, Jésus répond encore aujourd’hui : « Les aveugles voient, les boiteux marchent ».

Le salut du monde avance chaque fois que le mal recule quelque part. Dieu est à l’œuvre dans notre monde chaque fois que des gestes de bonté et de justice sont faits envers les souffrants, les défavorisés, les pauvres.  Le vrai Dieu, celui de Jésus-Christ, ne se manifeste pas par des gestes justiciers ou triomphants mais par des gestes de sauveur et ceci nous renvoie à nous-mêmes.

« Toi, qui accuses Dieu, toi, que fais-tu dans le monde pour aider ceux qui souffrent, ceux qui sont écrasés, pour améliorer le sort de tes frères ? »

Le véritable signe que Dieu est là, que son règne a commencé, c’est quand il y a de l’amour.  Nous ne devons pas en attendre un autre. « Je ne suis pas venu pour juger le monde mais pour le sauver ».

Eglise d’aujourd’hui, es-tu la communauté d’amour que nous attendions ? Ou devons-nous en attendre une autre ? Donnons-nous, pour ceux qui nous voient vivre, les  » signes  » de Jésus : accueillir, aider, soulager, dire la Bonne Nouvelle ? N’attendons-nous pas parfois, un autre Dieu qui fasse marcher le monde à notre place et dans le sens que nous voulons ? Un Dieu qui, tout de suite, récompense les bons que nous sommes et punisse les méchants !

  • La preuve que Jésus   est bien celui que l’on attendait n’est pas dans les signes terrifiants d’une force colossale qui nous clouerait au sol.

  • La   véritable preuve, c’est que  ces gens les plus  simples, les « laissés pour compte » de la société : ouvrent leurs yeux, débouchent leurs oreilles de sourds, soulèvent les couvercles des tombeaux où ils étaient emmurés et entendent la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu.  Et si le monde nous envoyait, à nous, une délégation pour nous demander :

« Etes-vous les témoins de l’Evangile de Jésus-Christ ou devons-nous en attendre d’autres ? » Pourrions-nous répondre : « Venez et voyez » ? Regardez l’abbé Pierre, regardez Mère Theresa, sœur Emmanuelle, Jean Vanier, Raoul Follereau Bois d’Olives et le père Favron, le Secours catholique, Emmaüs, les collectes pour Madagascar, les sociétés de St-Vincent-de-Paul.

Sommes-nous sûrs qu’ils ne verraient pas d’abord chez nous des « roseaux » agités par le vent des mots et des idées stériles ?

  • A Jean-Baptiste, Jésus ne répond pas par une démonstration savante : il montre. « Venez et voyez » la promesse faite par Dieu est en train de se réaliser.

Jésus ne se définit pas en mots, mais en actes d’attention à ce qui fait le tourment des hommes, en signes de vie.  Le Royaume de Dieu n’est pas ce que l’on croit.  Et c’est d’ailleurs pour cela que les juifs n’ont pas accepté Jésus et que beaucoup encore ne l’acceptent pas : ils auraient voulu un roi, à la manière d’un empereur romain qui aurait tout mis sous ses pieds, alors que lui, le Messie, il s’est mis aux pieds des autres.

La vraie grandeur du vrai royaume est la petitesse, l’effacement et Jésus ne se présente pas comme un juge redoutable, mais comme le serviteur qui s’engage avec les plus pauvres des hommes et qui compatit.  Nous avons toujours à accueillir un Jésus autre que celui que nous avons souhaité rencontrer : jamais le même, toujours nouveau sans cesse à redécouvrir.

Qui, à Noël, aurait pu reconnaitre, dans cette étable, la naissance de celui qui devait sauver le monde ? Il a fallu que les anges avertissent les bergers, que les mages soient alertés, Jérusalem averti par Hérode qui, du coup, fait massacrer tous les enfants de Bethléem.

Jésus, Dieu, n’est jamais celui que l’on croit. Il nous prend presque toujours à contre-pied et à la croix, les scribes que Jésus était en train de sauver, se moquaient en disant :

« Il en a sauvé d’autres qu’il se sauve lui-même ».

Frères et sœurs, qu’il n’y ait aucun malentendu : Dieu et Jésus nous surprendront toujours, que ce soit à Noël ou le Vendredi Saint, mais surtout à Pâques.  AMEN




3ième Dimanche de l’Avent – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 11, 2-11)

« Es-tu celui qui doit venir ? »

Mt 11,2-11

 

En ce temps-là, Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux,
lui demanda : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez :
Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle.
Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »
Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ?
Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois.
Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète.
C’est de lui qu’il est écrit : ‘Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi.’
Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. »

 

Jean Baptiste était très différent de Jésus. « Il avait son vêtement fait de poils de chameau et un pagne de peau autour des reins » (Mt 3,4), comme le prophète Elie (2R 1,8). Jésus, Lui, avait un vêtement courant pour son époque, « une tunique sans couture, tissée d’une pièce à partir du haut » (Jn 19,23), et un manteau, avec des franges « dont la vue vous rappellera tous les commandements de Dieu » (Nb 15,37-39). Jésus se conformait donc à l’usage commun, même s’il dénonçait les abus de ceux qui, pour se faire remarquer, se font « des franges bien longues  » (Mt 23,5). Jean-Baptiste mangeait « des sauterelles et du miel sauvage » (Mt 3,4). Jésus, Lui, s’asseyait tout simplement là où il était invité et il mangeait bien à tel point que certains le traitaient de « glouton et d’ivrogne » (Mt 11,19). Jean‑Baptiste avait un discours quelque peu terrifiant, traitant ses auditeurs « d’engeance de vipères » et annonçant la venue de « la Colère prochaine » : « Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu » (Mt 3,8-10). Jésus, Lui, se présentait comme le Bon Pasteur, nommant ses adversaires « ses amis et ses voisins » (Lc 15,1-7). Et pour ce qui est de l’arbre qui ne produit pas de fruit, au Maître qui désirerait le couper parce qu’il use la terre pour rien, il répond : « Laisse-le cette année encore, le temps que je creuse tout autour et que je mette du fumier. Peut-être donnera-t-il des fruits à l’avenir… Sinon, tu le couperas » (Lc 13,6-9).

            On comprend que Jean-Baptiste, dans l’obscurité de son cachot, puisse être envahi par le doute : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Et Jésus cite le prophète Isaïe, ce même prophète avec lequel Jean-Baptiste s’était présenté autrefois comme étant celui qui « prépare les chemins du Seigneur » (Is 40,1-5). Non, il ne se trompe pas : « les aveugles qui voient » (Is 35,5-6) témoignent que « le Père nous arrache » avec son Fils et par Lui « à l’empire des ténèbres » et nous offre en surabondance « le pardon des péchés » (Col 1,11-14). Le pécheur blessé au plus profond de son être, si souvent « boiteux » dans son quotidien, se lève par la Puissance de l’Esprit et se met à marcher au Chemin de la Vie. L’oreille des « sourds » s’ouvre au murmure de la brise légère de ce même Esprit qui vient faire toutes choses nouvelles… La lèpre du péché est vaincue, la Bonne Nouvelle du « Père des Miséricordes » est annoncée aux pauvres de cœur qui acceptent de faire la vérité dans leur vie (2Co 1,3 ; Jn 3,21)… Les Écritures s’accomplissent : le Messie met en œuvre la victoire de Dieu sur le mal…

                                                                                                                      DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 3ième Dimanche de l’Avent

« Es-tu celui qui doit venir,

ou devons-nous en attendre un autre ? »

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mt 11, 2-11)

Jean Baptiste a été emprisonné par Hérode dans une forteresse du désert. Il a entendu dire que l’enseignement et l’action de Jésus ne correspondent pas aux prédications et avertissements sévères qu’il a adressés aux foules. Cela a fait naître le doute dans son esprit et c’est pourquoi il veut en avoir le cœur net : il envoie des messagers à Jésus pour lui poser une question nette et précise.

 

Et soulignons les mots importants 

Es-tu celui qui doit venir ? Quel genre de Messie attendait Jean Baptiste ?

Comme d’habitude Jésus ne répond pas directement : quelle réponse donne-t-il aux messagers de Jean Baptiste ?

Ce que vous entendez et voyez : Qu’est-ce que les gens voient en regardant ce que Jésus fait ? Et qu’est-ce qu’ils entendent dans sa prédication ?

La Bonne nouvelle…aux pauvres : Quelle Bonne Nouvelle ? Qui sont ces pauvres ?

Qui est Jean pour Jésus? Il n’est pas un roseau fragile qui se plie à tous les vents. Il n’est pas non plus un de ces personnages mondains aux allures efféminées.

Un prophète ! Plus qu’un prophète ! Pourquoi ?

Selon l’histoire humaine il n’y a pas de plus grand personnage que lui.

Mais pourquoi le plus petit des chrétiens est plus grand que lui ?

Pour l’animateur  

« Celui qui doit venir » : Cette expression désignait le Messie annoncé par les prophètes et qui était dans l’espérance du peuple. Jean-Baptiste attendait un Messie Libérateur, mais la façon dont Jésus se présente et agit pour réaliser sa mission le déroute. Jésus n’agit pas à la manière forte. Il est accueil, miséricorde, pardon. Un message exigent, certes, mais un message qui révèle le Père « qui fait tomber la pluie sur les bons et sur les méchants. »

Les premiers chrétiens qui pensaient voir le retour du Christ employaient aussi cette expression « Celui qui vient » pour chanter leur attente,  en s’inspirant du psaume 118, 26 « Béni soit au nom du Seigneur Celui qui vient ».

« Ce que vous entendez et voyez » : Jésus a réalisé la prophétie d’Isaïe : « En ce jour-là, les sourds entendront…les yeux des aveugles verront…les plus pauvres exulteront à cause du saint d’Israël » (Is29, 18). « Le boiteux bondira comme un cerf, langue du muet criera de joie. » (Is 35,6). Jésus répond à Jean Baptiste en l’invitant à relire les Écritures pour comprendre sa mission. En même temps la mission de Jésus éclaire les Ecrits des prophètes.

Jésus répond affirmativement à la question de Jean, non pas par une explication, mais par les gestes de salut qu’il fait et par la Bonne Nouvelle de la tendresse du Père pour tous ceux qui sont laissés pour compte, tous ceux dont la vie n’a pas gâtés : « les pauvres ».

Autrement dit, le salut du monde avance chaque fois que le mal recule, le mal sous toutes ses formes. Mais pour cela il faut des chrétiens qui soient solides comme Jean Baptiste, qui ne s’enferment pas dans le confort et le luxe, qui ne se contentent pas de parler, mais agissent à la manière de Jésus, en posant des gestes qui « sauvent ».

La différence entre Jean Baptiste et Jésus :

  • Jean Baptiste prépare le chemin, Jésus est « le chemin ».

  • Jean-Baptiste est la voix, Jésus est « la Parole »

  • Jean Baptiste baptise dans l’eau, Jésus baptise dans l’Esprit.

C’est pourquoi, le plus petit des chrétiens, qui appartient à Jésus Christ et qui vit de Jésus-Christ dépasse en dignité Jean Baptiste qui pourtant, selon l’histoire humaine, est le plus grand personnage, selon l’appréciation de Jésus lui-même. Le chrétien est membre d’un Royaume qui renverse les critères des hommes et privilégie les petits

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Seigneur Jésus,  tu as accueilli le questionnement de Jean Baptiste. Il a su surmonter ses doutes et ses échecs, sans être un roseau perpétuellement balancé. Il a choisi de rompre avec la vie facile et le confort ; il a refusé le mensonge et la lâcheté qui se cachent souvent derrière les signes extérieurs de richesses : tu le présentes comme modèle pour celui qui veut être ton messager pour préparer devant toi le chemin. Nous avons aussi nos questionnements et nos doutes. Ramène-nous vers toi, vers ta Parole, et fais de nous des messagers de la Bonne Nouvelle pour nos frères et sœurs de ce temps difficile qui est le nôtre.

TA PAROLE DANS NOS MAINS

La Parole aujourd’hui dans notre vie 

Es-tu celui qui doit venir ? C’était la question de Jean Baptiste en proie au doute.

Et nous ? Et les gens autour de nous ? Est-ce qu’il ne nous arrive pas de douter nous aussi :  Où est-ce qu’on va ? Quel est le sens de tout ce que nous vivons ?

Jésus est-il vraiment Celui qui est le Sauveur du Monde ? Croyons-nous qu’il est « Celui qui vient » ?

Et peut-être des questions semblables sur l’Église, avec un certain doute dans nos esprits : Pourquoi l’Église ? Où va l’Église ? Est-elle vraiment l’Église que Jésus a voulue ? Quelle est sa raison d’être ? A-t-elle un avenir ? Quel sera son achèvement ?

Jésus n’a pas répondu par des explications mais en montrant les actions et les gestes qu’il faisait : des gestes d’amour, des gestes qui sauvent, des gestes qui montrent l’amour du Père pour les petits, les faibles, les pauvres, les pécheurs. (les sourds entendent, les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les morts, ressuscitent une Bonne Nouvelle en parole et en action). Et en même temps il renvoie Jean Baptiste aux Écritures, à la parole de Dieu annoncée par les prophètes.

Et nous ? Quand on nous interroge sur notre Dieu, sur Jésus-Christ, sur notre foi, comment répondons-nous ? Par des discours pour essayer de convaincre ? Et  la Parole de Dieu dans tout cela ?

Le Pape Paul VI disait : «  Les hommes de notre temps écoutent plus volontiers les témoins que les maîtres, et s’ils écoutent les maîtres, c’est parce qu’ils sont d’abord des témoins. »

Croyons-nous au patient travail que le Christ fait pour sauver le monde par tous les gestes d’amour que nous posons ?

Le monde attend de nous, chrétiens, des gestes qui sauvent, des gestes qui témoignent de notre espérance, (pas seulement le monde lointain, mais ici, là où nous vivons)  Quels gestes concrets et simples pouvons-nous poser pour témoigner que nous sommes les disciples de Celui qui est venu et qui veut venir dans la vie des gens de notre temps? (rappelons nous les gestes de Jésus : qui sont les sourds aujourd’hui, qui sont les aveugles , qui sont les lépreux, qui sont les pauvres, qui sont les boiteux, qui sont les morts… ?)

 

ENSEMBLE PRIONS 

Pour ceux qui te donnent un visage, Seigneur Jésus, en répandant ton amour autour d’eux, Tous Nous te bénissons.

Pour ceux qui te donnent des mains, Seigneur Jésus, en faisant le bien  à l’égard de leurs frères.

Pour ceux qui te donnent une bouche, Seigneur Jésus, en prenant la défense des faibles et des petits.

Chant 

 

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3i Dimanche Avent

 




Fête de saint François-Xavier, patron des missions et du diocèse de La Réunion (Fr Manuel Rivero ; 3/12/2022)

En ce 3 décembre, l’Église catholique célèbre saint François-Xavier, jésuite, patron des missions avec sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et patron du diocèse de La Réunion.

Né, en 1506, en Navarre (Espagne), François-Xavier a fait ses études à Paris où il rencontre saint Ignace de Loyola avec qui il fondera la Compagnie de Jésus. Ordonné prêtre à Venise en Italie, François-Xavier sera envoyé par Ignace aux Indes pour remplacer un autre jésuite prévu pour cette mission mais qui était tombé malade. Saint François-Xavier était poussé vers l’Asie dans un grand élan de générosité et de foi. Parti de Lisbonne, il sillonna les océans dont l’océan Indien pour rejoindre Goa, Singapour, l’Indonésie, le Japon. Son rêve était de parvenir en Chine mais il mourra sur l’île de Sancian aux portes du continent chinois le 3 décembre 1552. Il avait 46 ans.

Saint François-Xavier a été canonisé en même temps que saint Ignace de Loyola et sainte Thérèse d’Avila en 1622 par le pape Grégoire XV. Ce fut une grande fête populaire.

À Rome, dans l’église du Gesù, un reliquaire conserve le bras droit de saint François-Xavier qui a baptisé tant et tant de personnes. Dans cette même église jésuite sont vénérées les reliques du fondateur, saint Ignace de Loyola. Plus récemment, les restes du père Pedro Arrupe (+1991), ancien Général de la Compagnie de Jésus, missionnaire au Japon, y ont pris place pour honorer son élan missionnaire. Sa cause de béatification est en cours dans le diocèse de Rome.

Le discernement des vocations

Dès leur fondation, les Jésuites mettent à l’épreuve ceux qui demandent à rentrer dans la Compagnie de Jésus en exigeant trois étapes : un mois d’Exercices spirituels, un mois de service auprès des malades dans un hôpital et un mois de pèlerinage à pied et sans argent afin de mettre leur espérance en Dieu. Saint Ignace, ancien soldat, a connu la discipline militaire, l’austérité et le combat, la maladie et la soif de Dieu. Pour persévérer dans la Compagnie, congrégation missionnaire, tout candidat doit faire preuve d’endurance et d’esprit de sacrifice, en renonçant au confort et à la sécurité. Pendant ces trois mois d’examen, le candidat est appelé à s’enraciner dans la foi en Dieu, la pauvreté et l’humilité. La pauvreté n’est pas vécue pour elle-même mais comme condition pour la mission. L’apôtre est enfanté à la mission dans la pauvreté, « sa mère ». En partageant les souffrances des prisonniers et des malades, le novice rejoint la miséricorde de Jésus. C’est au service des pauvres que le jeune religieux imite la compassion de Jésus tout en découvrant sa propre misère. La contemplation de la passion du Christ pour les pécheurs et les pauvres plonge le chrétien dans l’expérience de son péché et de sa vulnérabilité. La miséricorde divine se déploie dans la misère humaine. L’apôtre témoigne de l’amour du Christ pour l’humanité au cœur de sa propre faiblesse comme premier bénéficiaire de la miséricorde divine.

Quand j’étais en Haïti de 2008 à 2011, j’avais rencontré un père maître des novices d’une congrégation religieuse, ancien médecin, qui pratiquait ce qu’il appelait « la sélection naturelle des vocations ». Il donnait rendez-vous en ville aux candidats qui lui demandaient ce qu’il fallait faire pour entrer dans sa congrégation internationale. C’est à pied qu’ils se rendaient dans la maison de formation en milieu populaire où il n’y avait pas de voitures ni de domestiques. Devant cette pauvreté, certains candidats renonçaient rapidement à leur désir.

Saint François-Xavier, qui était aussi nonce apostolique, servait les malades lors de ses voyages missionnaires. Homme de prière, souvent silencieux, il était habité par la passion de connaître et de faire connaître Jésus-Christ.

Les enfants missionnaires

Saint François-Xavier aimait les enfants et les enfants l’aimaient. Il raconte dans ses lettres à saint Ignace de Loyola leur soif d’apprendre des prières : « Quant aux enfants, ils ne me laissaient ni réciter l’office divin, ni manger ni me reposer tant que je ne leur avais pas enseigné une prière. Alors j’ai commencé à saisir que le royaume des cieux appartient à ceux qui leur ressemblent ».

Les enfants devenaient ses premiers collaborateurs car ils évangélisaient leurs parents et leurs voisins en détruisant parfois des idoles.

Combat contre Satan

Cœur brûlant du feu de l’Esprit Saint, saint François-Xavier a bien eu besoin de la force du Ressuscité dans ses combats contre le diable. Le démon lui était apparu en faisant des grimaces effrayantes. Une fois, le Satan lui donna des coups.

Sur sa route apostolique où il passait un jour sur trois en mer, il devait faire face à l’hostilité des païens, au contre-témoignage des colons européens mais aussi aux attaques du diable.

Le Satan, le « diviseur », le « jaloux », cherche à posséder l’homme et à l’éloigner de l’amitié avec Dieu.

En tant qu’aumônier de prison, il m’est arrivé aussi de constater l’action du diable capable de transformer l’expression du visage d’une personne détenue au point de le rendre tout à coup monstrueux, effrayant, avec des grimaces impossibles à faire de façon naturelle.

Mort de saint François-Xavier, modèle des missionnaires

Il mourut un samedi, avant l’aurore, le 3 décembre 1552, sur l’île de Sancian, malade et pauvre, dans une cabane de paille.

Sa vie et son œuvre continuent d’éveiller des vocations missionnaires. Par exemple, le frère Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), dominicain, fondateur de l’École biblique de Jérusalem, aimait à rappeler qu’il avait choisi saint François-Xavier comme saint patron pour recevoir le sacrement de Confirmation, le 19 mai 1867. Dans son Journal spirituel, il avait écrit à Jérusalem le 13 août 1893 une belle prière au Seigneur : « Je vous rends grâce d’avoir réalisé les aspirations de ma jeunesse à la vie missionnaire, hors de ma patrie »[1].

Aujourd’hui d’aucuns s’exclament : « La mission est en France ! Pourquoi vouloir aller au loin, en Afrique ou en Asie ? »

Déjà au XVIIe siècle en Italie, les chrétiens disaient en parlant des missions et du manque d’évangélisation dans le monde rural : « Les Indes sont aussi ici ! » En réalité, il y avait des besoins en Europe et en Asie. Les missions dangereuses en Asie étaient menées de pair avec des missions populaires en Europe. Plutôt que d’y voir un dilemme, le chrétien discerne le même appel à témoigner de Dieu. Il s’agit de partager sa foi aussi bien dans le vieux monde que dans des pays inconnus et lointains.

Que le Seigneur bénisse la mission de l’Église, ses missionnaires, enfants et adultes !

                                                                                     Fr Manuel Rivero

 

[1] Marie-Joseph LAGRANGE, des frères prêcheurs, Journal spirituel 1879-1932. Avant-propos de frère Manuel Rivero O.P., Paris, éditions du Cerf, 2014, p. 282.




2ième Dimanche de l’Avent – par Francis COUSIN (Mt 3, 1-12)

Lecture du livre du prophète Isaïe : 11,1-10

 

       « Un rameau sortira de la souche de Jessé. »

Souvent, quand on prend les lectures du dimanche, on s’intéresse en priorité à la lecture de l’évangile, à ce qui s’est passé après la naissance de Jésus … à la Parole de Jésus … dans le nouveau testament …

Fort bien !

Et il ne faut pas s’en priver !

Mais le nouveau testament n’est nouveau que parce qu’il y en avait un autre avant, celui qu’on appelle ’’l’ancien testament’’ ou le ’’premier testament’’, et que les deux sont liés … et on s’en rend bien compte en cette période de l’avent, charnière entre les deux.

Le texte d’Isaïe de ce jour est d’une très grande beauté, de par les images qu’il propose, mais aussi par ce qui est sous-jacent à ces images …

« Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. ». Et cela nous parle particulièrement en ce moment où, après les premières pluies apparues après tant de mois de sécheresse, sortent dans nos jardins des pieds, bien frêles encore, de tomates, d’ambrosades, de bissap ou de palmistes … Pieds minuscules, pieds fragiles … mais appelés à grandir si on prend soin d’eux

Prendre soin des plus petits … des pauvres … leur permettre de grandir … c’est déjà l’annonce du programme de Jésus … lui qui est issu d’un rejeton, d’un petit rameau de la souche de Jessé …

« Sur lui reposera l’esprit du Seigneur. », avec ses sept dons …

« Il ne jugera pas sur l’apparence. » : pensez à la veuve aux deux piécettes … (Mc 12,43)

« Il ne se prononcera pas sur des rumeurs. » : pensez à la femme infidèle… (Jn 8,3+)

« Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays. » : C’est toute l’action de Jésus …

« Du bâton de sa parole, il frappera le pays ». Quelle belle image ! la force de la Parole qui est comme un bâton qui assomme ceux qui l’entendent. Certaines paroles de Jésus ne nous font-elles pas, parfois, le même effet … Paroles qui nous poussent dans nos retranchements les plus profonds … et qui font mal à entendre …

« Du souffle de ses lèvres, il fera mourir le méchant. ». Le souffle des lèvres, ce n’est pas un souffle puissant, mais un souffle qu’on ne perçoit pas généralement … et pourtant … quelle force en lui ! Oh Jésus n’a jamais fait mourir personne, fut-il méchant ! Mais sa Parole a fait mourir en lui ce qu’il y avait de méchant … si tant est qu’il ait compris le sens des Paroles ! Combien de rédemption à l’écoute de ses Paroles … ?

Et en cette période de l’avent, c’est bien de rédemption dont il s’agit … pour chacun de nous … de conversions … de retournements … pour nous tourner vers Jésus, vers Dieu …

Certains parlent de métanoïa … de repentance …

C’est curieux, quand même !

Avoir autant de mots différents pour dire un comportement semblable … et qu’on ait autant de mal à le mettre en pratique

Nous qui sommes des humains, avec une intelligence que Dieu nous a donnée, comment se fait-il que nous n’arrivions pas à faire ce qu’Isaïe dit qu’il arrivera aux animaux … se supporter ensemble, différents, le fort avec le faible, l’omnivore avec le carnivore …

On ne parle que trois fois de personnes humaines : « un petit garçon les conduira … Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. ».

Et à chaque fois, ce sont des petits, des faibles, des pauvres : petit garçon, nourrisson, enfant !

On pense tout-de-suite à la parole de Jésus : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux. » (Mt 18,3-4).

Changeons nos attitudes, changeons nos cœurs … c’est le seul moyen d’entrer dans le Royaume des cieux … et de vivre heureux sur terre …

Seigneur Jésus,

On ne peut pas comprendre les prophètes

si on ne connaît pas ton Évangile,

Et on ne peut pas bien comprendre ton Évangile

si on ne connaît pas les prophètes.

Ancien et nouveau testament

s’expliquent l’un l’autre.

 Fais que nous fassions l’effort

de les connaître tous deux.

Francis Cousin

    

 

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