1

FÊTE DE LA TOUSSAINT – « UNE FOULE IMMENSE »… Noéline FOURNIER

« Après quoi, voici qu’apparut à mes yeux une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue ; debout devant le trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, des palmes à la mains… »

« Jamais plus ils ne souffriront de la faim ni de la soif ; jamais plus ils ne seront accablés, ni par le soleil, ni par aucun vent brûlant. Car l’Agneau qui se tient au milieu du trône sera leur pasteur et les conduira aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux » (Ap 7,9-11 ; 16-17).

Là où la souffrance et le malheur avaient imposé leur loi implacable, voici que la tendresse, la douceur, la délicatesse témoignent de la bonté disponible.

Etonnante révélation parfois pour des personnes malmenées par la vie, accablées de solitudes, ou pour des « dures », peu sensibles à cette facette de notre humanité !

Les voilà au rendez-vous de la bonté ! Ils ont touché la tendresse primordiale et infinie. Le bonheur qu’elle procure est un présent inespéré, bien différent du bien‑être que vendent les nombreux marchands qui font de la santé un objet de consommation et de profit.

C’est une grâce que nul ne peut reproduire, mais qui s’offre sur ces lieux de souffrance et de violence et donne le goût d’un ailleurs de délices auquel chacun serait promis. Il y a en elle comme de l’excès, de la démesure, qui nous ouvre à l’au-delà, à Dieu.

Souvenons-nous de l’onction de Béthanie où « Marie prit une livre d’un parfum très pur et de très grande valeur ; elle versa le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux ; la maison fut remplit de l’odeur du parfum » (Jn 12). Geste qui offusqua Juda, prêt à vendre ce parfum et à utiliser la somme pour la donner aux pauvres !

La démesure s’affronte au calcul rationnel ; la gratuité à la comptabilité ; la bonté à la ruse, alors que s’annoncent la passion et la sépulture prochaine de Jésus ! En effet, elle est désormais dépassée, la comptabilité qui s’impose dans le temps limité qui nous sépare de la mort.

Dorénavant, comme le signifie Jésus, c’est de l’au-delà de la mort qu’il nous faut aborder les choses : « Laisse-la observer cet usage en vue du jour de mon ensevelissement ! » (Jn 12,7)

Paradoxalement, là où la souffrance a ébranlé les assises de nos constructions, là où tout n’est que ruines et désolation, bonté et beauté chantent une autre musique pour qui sait prêter l’oreille du cœur et l’accueillir humblement au terme d’un parcours souvent éprouvant.

« Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : « Donne-moi à boire », c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive, et l’eau qu’il offre deviendra pour celui qui en boira « une source d’eau jaillissante en vie éternelle » (Jn 4, 10-14)

Le don de Dieu qui s’offre à qui veut bien l’accueillir, le don d’un amour créateur, d’une bonté miséricordieuse qui pardonne, relève et guérit, la promesse d’une vie nouvelle.

                                                      (Bruno CAZIN, prêtre médecin)

« Nous ne sommes pas des êtres humains vivants une expérience spirituelle.

Nous sommes des êtres spirituels vivant une expérience humaine ».

Teilhard de Chardin.

En ce jour, où nous fêtons « Tous les Saints », ayons un regard sur Jésus qui ne cesse de nous inviter, quel que soit notre chemin spirituel, que nous soyons croyant ou dans le doute, à simplement accepter les paroles de Celui que l’Église nomme :

« Son Seigneur et son Roi ».

« Je suis la Résurrection et la Vie. Quiconque croit en moi, même s’il meurt, vivra et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Le crois-tu » (Jn 11, 25-26)

Les saints, ce sont nos morts ; nos morts qui ne meurent pas dans nos pensées parce qu’ils vivent dans la pensée de Dieu.

Mais comment cela est-ce possible ? Eh bien tout cela est devenu possible à cause du Grand AMOUR que Dieu nous a manifesté dans son Fils Jésus. Oui, l’amour crée l’immortalité. Il suffit de voir comment il est rare d’oublier ceux que nous avons aimés ou qui nous ont fait du bien. Il suffit aussi de constater que c’est l’amour qui assure la conservation de l’espèce.

Sur le plan spirituel, c’est aussi par l’amour, le don de soi, le don de sa vie que le Christ réveille de la mort l’espèce humaine qui ne peut de soi se conserver éternellement. Ainsi, lorsque nous disons que « l’amour est plus fort que la mort », ce n’est pas une simple formule mais l’expression d’une réalité qui prend tout son sens dans le Christ.

C’est aussi par rapport à l’amour qu’il nous faut comprendre tous les discours sur l’au-delà tels le « fameux » enfer, la résurrection, le paradis ou la vie éternelle.

En effet, l’enfer n’est pas un feu physique, ni un lieu de torture préparé par Dieu pour nous punir. L’enfer, c’est l’état de solitude qui refuse l’amour de Dieu.

La résurrection et la vie éternelle, c’est l’état où l’amour de Dieu brise la solitude de la mort et devient notre milieu de vie.

Tout cela commence au baptême, ce beau sacrement d’amour et d’alliance entre Dieu et l’âme humaine. Baptisés, notre vie est ouverte à Dieu et la mort ne peut pas nous replonger dans la solitude si nous restons unis à Lui par une vie toujours renouvelée, une vie qui n’a pas peur de recommencer, une vie qui se bat pour se relever et repartir, toujours les yeux fixés sur le Seigneur qui sans cesse nous appelle.

Enfin, notre relation avec nos défunts, ne se comprend aussi que dans l’amour. Même si nous devons rayer leur numéro de téléphone et leur adresse de nos agendas, même s’il faut ranger leur vêtements et fermer leur appartement, ces derniers gestes qui les excluent de notre quotidien nous amènent à les chercher et à les retrouver auprès de Dieu à travers « notre » prière et la messe, « le sacrifice sauveur de Jésus ».

Ces deux moments nous unissent à Dieu et à tous ceux qui sont en Lui.

Alors ce 2 novembre est le temps de communion et de dialogue avec nos défunts dans l’amour. Retrouvons-les plus que jamais et laissons-nous porter par l’amour de Dieu qui nous réunira tous en lui.

                                                                  (Abbé Innocent Essonam)

Qui n’a pas entendu, en effet, ici où là, le fameux texte faussement attribué à Saint Augustin ou à Charles PEGUY : « La mort n’est rien » ?

« La mort n’est rien. Je suis seulement passé dans la pièce à côté.

Je suis moi, vous êtes vous.

Ce que nous étions les uns pour les autres, nous le sommes toujours.

Donnez-moi le nom que vous m’avez toujours donné.

Parlez-moi comme vous l’avez toujours fait.

N’employez pas un ton différent, ne prenez pas un air solennel ou triste.

Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.

Riez, souriez, pensez à moi, priez pour moi.

Que mon nom soit prononcé comme il l’a toujours été,

sans emphase d’aucune sorte, sans une trace d’ombre.

La vie signifie tout ce qu’elle a toujours signifié.

Elle est ce qu’elle a toujours été.

Le fil n’est pas coupé.

Pourquoi serai-je hors de votre pensée parce que je suis hors de votre vue ?

Je vous attends.

Je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin.

Vous voyez, tout est bien. »

Ou bien, ce beau texte de Saint Augustin :

« Crois-moi, quand la mort viendra briser tes liens comme elle a brisé ceux qui m’enchaînaient et, quand un jour que Dieu seul connaît et qu’il a fixé, ton âme viendra dans le ciel où l’a précédée la mienne, ce jour-là, tu me reverras, tu retrouveras mon affection épurée. Essuie tes larmes et ne pleure plus si tu m’aimes. »

L’Évangile est une école de bonheur, de convivialité, il annonce la mort de la mort et nous délivre son message : les boiteux nous apprennent à marcher droit, les prisonniers nous révèlent nos murs, les trisomiques nous communiquent leur spontanéité…, les mourants nous apprennent à vivre.

« La pierre qu’ont rejeté les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle. »

(Ps. 118,22)

N’attendons pas d’être à l’article de la mort pour renouer avec notre famille, pour faire alliance avec Dieu, pour goûter la vie. Ne cherchons pas d’explication à la souffrance. Trouvons-lui un sens, sinon « vous vous casserez le cerveau et vous vous casserez le cœur » (Mère Teresa). Faisons notre petit possible.

Dieu fera germer en son temps les graines d’Espérance que nous aurons semées.

Elisabeth MATHIEU-RIEDEL, médecin qui s’occupe d’aide aux mourants dans un service de soins palliatifs. Elle accomplit cette mission redoutable et elle rayonne de bonheur.

Seigneur accorde à nos défunts le repos éternel et que brille à leurs yeux la Lumière sans déclin ; cette lumière qui est entrée dans leur vie le jour de leur baptême, le jour du commencement de leur vie en Toi et avec Toi. AMEN

BONNE FÊTE DE LA TOUSSAINT à vous tous.

Noéline FOURNIER




FÊTE DE LA TOUSSAINT : son histoire (Noéline FOURNIER)…

          

« Heureux les pauvres de cœur,

        car le Royaume des Cieux est à eux.

   Heureux les cœurs purs, 

         ils verront Dieu. »

                                                                      (Mt. 5, 1-12)

Contraction de « fête de tous les saints », le nom féminin Toussaint désigne la  Fête Universelle de tous les « Saints » le 1er novembre.

Cette Fête, issue de la tradition, est attestée dès le IIème siècle parmi les Communautés Chrétiennes d’Orient : il s’agissait de célébrer les martyrs, hommes et femmes,  morts pour avoir affirmé leur Foi.

Essentiellement Catholique, la Toussaint est destinée à Célébrer l’ensemble des Saints et des Bienheureux.

En Occident, c’est Boniface IV, Pape de 608 à 615, qui le premier choisit de lui donner une date officielle, le 13 mai, date anniversaire de la transformation du Temple du  Panthéon, au début du VIè siècle, à Rome, en Église dédiée à Sainte Marie des Martyrs. Cette date ne fut probablement pas choisie par hasard, puisque l’on priait à l’époque du 9 au 13 mai pour que les morts ayant trouvé une fin violente ou tragique reposent en paix…

A quelle époque la fête de la Toussaint fut-elle transférée le 1er Novembre ?

 Plusieurs hypothèses prévalent. Peut-être en 731, lorsqu’un autre Pape, Grégoire III, dédie à son tour une Chapelle à tous les Saints, dans l’Eglise Saint-Pierre de Rome… A moins que ce ne soit en 830, quand Grégoire IV ordonne que la Toussaint soit désormais célébrée dans le monde entier.

            Au fil des siècles, la fête gagne en tout cas en importance. En 835, Louis le Pieux (778-840), successeur de Charlemagne (v.742-814) obéit au Pape  et impose la Toussaint à tout l’Empire Carolingien. Elle devient vite fondamentale, comme l’atteste ce sermon de Saint Bernard (v.1090-1153), fondateur de l’Abbaye de Clairvaux et Réformateur de la vie Religieuse de son temps.

            Au XIè siècle, un autre Pape, Sixte IV (1414-1484), lui attribue en 1480 une Octave, soit une extension de huit jours pendant lesquels sont répétés les mêmes textes et les mêmes chants.

            Enfin, Pie X, en 1914, la rend obligatoire : les fidèles sont tenus d’assister ce jour-là à la messe.

Pourquoi cette place solennelle accordée au culte des Saints ?

         Il s’agit de célébrer l’ensemble des croyants ayant vécu jusqu’au bout selon la Parole de Dieu, et « établis » dans la « Gloire », c’est à dire auprès de Dieu au Paradis, vivant une Béatitude Éternelle.

            GÂTEAUX DE MIEL ET DE BLÉ

         Comme le montre la Méditation de St Bernard, chaque chrétien doit aspirer à rejoindre la Béatitude, et conformer son existence à cette aspiration.

            Pour Saint Bernard, la Foi est marquée par une forme de radicalité spirituelle, d’aspiration à la pureté. Mais le Théologien montre combien cette Fête est au cœur de la Spiritualité Chrétienne, et qu’elle enjoint à vivre selon les préceptes de l’Evangile.

            La popularité de la Toussaint doit cependant beaucoup au fait qu’elle soit liée à la Commémoration des défunts, fixée quand à elle au 2 Novembre, jour où les Catholiques ont prit l’habitude d’aller se recueillir et de déposer des fleurs sur la tombe de leurs proches décédés.

            Dans l’Eglise Orthodoxe, on fête le « dimanche de tous les saints » le premier dimanche après la Pentecôte. Et c’est avant le Carême qu’on prie pour l’ensemble des fidèles défunts, tout en amenant à l’Eglise des gâteaux faits de miel et de blé dont la germination évoque la Résurrection.

    

SERMON DE SAINT BERNARD

  1. « Cette Fête aujourd’hui pour nous, et la solennité de ce jour compte parmi les plus grandes Solennités. Que dis-je ? De quel apôtre, de quel martyr, de quel Saint est-ce la fête ?

            Ce n’est pas la Fête d’un Saint en particulier, mais la fête de « tous les Saints », car personne de nous n’ignore que cette fête est appelée et est, en effet, la Fête de tous les Saints (…). Et la sainteté des uns n’est pas celle des autres… Il y a une différence quelque fois même très grande entre un Saint et un Saint (…)

            En effet, il ne semble pas qu’on puisse honorer comme des athlètes triomphants ceux qui n’ont jamais combattu et, pourtant, pour mériter un culte différent, ils n’en sont pas moins digne des plus grands hommages, puisqu’ils sont vos amis, ô mon Dieu, et qu’ils ont toujours été attachés à votre volonté avec autant de félicité que de facilité. Après tout, peut-être pourrait-on croire qu’ils ne sont point sans avoir soutenu des combats. Aussi, quand ils ont résisté à ceux d’entre eux qui ont péché, et que, au lieu de se ranger du parti des impies, chacun d’eux s’est écrié : « Pour moi, il m’est bon de rester attaché à Dieu ».

            Ce qu’il faut Célébrer en eux, c’est donc la grâce qui les a prévenus des douceurs de la Bénédiction.

            Ce qu’il faut honorer, c’est la Bonté de Dieu qui les a (…) non point arrachés à la tentation, mais préservés de la tentation.

  1. Dans les hommes, il y a un autre genre de sainteté qui mérite des honneurs à part ; C’est la Sainteté de ceux qui sont venus en passant par de grandes afflictions et qui ont lavé et blanchi leurs robes dans le Sang de l’Agneau (Apo. 7,13-17), qui triomphent enfin après bien des luttes et reçoivent la couronne de la Victoire dans les Cieux, parce qu’ils ont combattu les légitimes combats.

  2. Mais à quoi bon les louanges que nous adressons aux Saints, à quoi bon célébrer leur Gloire et faire parmi nous la Fête ?

Pourquoi prodiguer les honneurs de la terre à ceux que, selon la Promesse véridique du Fils, le Père Céleste honore lui-même ?

Qu’ont-ils besoin de nos félicitations ? Ils ont tout ce qu’ils peuvent contenir de Gloire.

C’est vrai, mes bien-aimés, les Saints n’ont pas besoins de nos honneurs, et notre dévotion n’ajoute rien à ce qu’ils ont. Mais il y va de notre intérêt, sinon du leur, que nous vénérions leur souvenir.

Voulez-vous savoir quel avantage nous avons à leur rendre nos hommages ? Je vous avouerai que pour moi, leur mémoire fait naître en moi un violent désir (…). En effet, ils s’y trouvent en substance et nous n’y sommes qu’en désir ; ils y sont effectivement présents, nous ne nous y trouvons que par le souvenir.

Quand nous sera-t-il donné de nous réunir aussi à nos pères ? De leur être présenté en personne ?

Tel est le premier désir que le souvenir des Saints fait naître en nous, que dis-je ? Dont il nous embrase.

Quand jouirons-nous de leur société si désirable, quand serons-nous dignes d’être les concitoyens des esprits Bien-Heureux, d’entrer dans l’assemblée des patriarches (….), en un mot, et de nous réjouir en commun dans la troupe entière des Saints ? (..)

L’Église des Premiers-Nés nous attend, et nous négligeons de l’aller rejoindre ; les Saints nous appellent, et nous n’en tenons aucun compte.

Réveillons-nous enfin, mes frères, ressuscitons avec le Christ, cherchons, goûtons les choses d’en Haut..

            Saint Bernard, cinquième sermon sur la Toussaint,

Œuvres complètes de St Bernard, Traduction de l’Abbé Charpentier, 1866.

 

« L’un des Vieillards prit alors la parole et me dit : « Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils et d’où viennent-ils ? » Et moi de répondre : « Monseigneur, c’est toi qui le sais ». Il reprit : « Ce sont ceux qui viennent de la grande épreuve : il ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, le servant jour et nuit dans son Temple ; et celui qui siège sur le trône étendra sur eux sa tente.

            Jamais plus ils ne souffriront de la faim ni de soif ; jamais plus ils ne seront accablés ni par le soleil, ni aucun vent brûlant. Car l’Agneau qui se tient au milieu du trône sera leur pasteur et les conduira aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. » Apo. 7, 13-17

Et nous pouvons prendre l’exemple de Saint Paul qui nous dit (2 Tm 4,6-8) :

« J’ai combattu jusqu’au bout le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la Foi. Et maintenant, voici qu’est préparée pour moi la couronne de justice, qu’en retour le Seigneur me donnera en ce Jour-là, Lui, le juste Juge, et non seulement à moi mais à tous ceux qui auront attendu avec amour son Apparition. »

            Nous avons compris, nous devons nous aussi mener le bon combat sur cette terre si nous voulons voir Dieu et entrer dans cette Béatitude Éternelle.

 Comment peut-on « mener le bon combat » ?  De quel combat s’agit-il ?

             C’est le Combat de l’Amour que nous devons mener  puisque Dieu est Amour !

Il ne faut pas se tromper de combat : Nous devons combattre le mal mais ne pas combattre l’homme ! Oui, nous devons combattre le mal et l’injustice mais respecter l’homme… Nous ne devons pas oublier que Jésus nous a demandé d’aimer notre prochain comme nous-mêmes et aussi nos ennemis !… Quel combat !…

Voici l’exemple de quelqu’un qui a mener le bon combat à la suite du Christ.

 

           En octobre 1964, Martin LUTHER KING reçoit le prix Nobel de la Paix. Il ne s’agissait pas uniquement d’un prix pour les droits civiques, mais de contribuer à la Paix dans le Monde. Lors de son discours à la remise du prix à Oslo, Martin déclara :

 

« Il me semble que ce prix m’a été donné pour quelque chose qui n’est pas encore atteint. Je le prends comme un encouragement à poursuivre avec encore plus de courage l’objectif dans lequel nous croyons » (….)

            Les hommes, depuis des années déjà, parlent de la guerre et de la Paix.

            Désormais, ils ne peuvent plus se contenter d’en parler ; ils n’ont plus le choix entre la violence et la non-violence en ce monde ; c’est la non-violence ou la non-existence. Voilà où nous en sommes aujourd’hui (…)

            Dressons-nous ce soir avec encore plus d’empressement. Levons-nous avec une plus grande détermination. Marchons en ces jours décisifs, en ces jours de défi…

 Nous avons une chance de bâtir une nation meilleure. Et je veux remercier Dieu, une fois encore, de m’avoir permis d’être ici avec vous.

            (…) Je ne sais pas ce qui va arriver maintenant.

           Nous avons devant nous des jours difficiles. Mais peu m’importe ce qui m’arrivera désormais, car je suis allé jusqu’au sommet de la montagne.

 Je ne m’inquiète plus. Comme tout le monde, j’aimerai vivre vieux. La longévité a son prix. Mais je ne m’en soucie guère, maintenant.

 Je veux simplement que la Volonté de Dieu soit faite. Et il m’a permis d’atteindre le sommet de la montagne. J’ai regardé autour de moi. Et j’ai vu la Terre promise.

Il se peut que je n’y pénètre pas avec vous. Mais je veux que vous sachiez, ce soir, que notre peuple atteindra la Terre Promise. Et je suis heureux ce soir.

 Je ne m’inquiète de rien. Je ne crains aucun homme. Mes yeux ont vu la Gloire de la Venue du Seigneur ».

                                                            3 Avril 1968, Memphis, Tennessee

                                             Extrait du dernier discours de Martin LUTHER KING Jr

avant son assassinat le lendemain 4 Avril

« La Véritable Paix n’est pas simplement l’absence de tension ;

C’est la présence de la justice. »

                         « L’amour est le pouvoir le plus durable du monde.

« Cette Force Créatrice, si magnifiquement illustrée dans la Vie du Christ, est l’instrument le plus puissant dont dispose le genre humain dans sa quête pour la Paix et la Sécurité » (Martin Luther).

           « Puis je vis un ciel nouveau, une terre nouvelle – car le premier ciel et la première terre ont disparu, et de mer, il n’y en a plus. Et je vis la Cité Sainte, Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel, de chez Dieu ; elle s’est faite belle, comme une jeune mariée parée pour son époux.

         J’entendis alors une voix clamer, du trône : « Voici la demeure de Dieu avec les hommes. Il aura sa demeure avec eux ; ils seront son peuple, et lui, Dieu-avec-eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux : de mort, il n’y en aura plus ; de pleurs, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé ». (Apo. 21,1-4)

 Bonne Fête de la Toussaint à tous !

    Noéline  FOURNIER

 

 

 

 




31ième Dimanche du Temps Ordinaire – Père Rodolphe EMARD (St Luc 19, 1-10)

Homélie du dimanche 30 octobre 2022

 

Lectures de référence :

Sg 11, 22 – 12, 2 / Ps 144 / 2 Th 1, 11 – 2, 2 / Lc 19, 1-10

Les lectures de ce dimanche nous révèlent quel regard Dieu porte sur ses créatures. Cela nous invite aussi à réfléchir sur le regard que nous portons sur Dieu, sur les gens et sur nous-même.

Nous avons entendu un extrait du livre de la Sagesse qui souligne quelle est l’attitude de Dieu vis-à-vis de nous. Il est tout entier amour et miséricorde : « Tu as pitié de tous les hommes, parce que tu peux tout. Tu fermes les yeux sur leurs péchés, pour qu’ils se convertissent. Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n’as de répulsion envers aucune de tes œuvres ; si tu avais haï quoi que ce soit, tu ne l’aurais pas créé. »

Cette prière du Sage nous rappelle avec force que Dieu ne peut haïr personne. Dieu n’est pas dans la logique de la condamnation ni pour nous, ni pour les autres. Dieu appelle chacun de nous à la conversion.

Le Psaume 144 fait écho à la prière du Sage : « Le Seigneur est tendresse et pitié », « plein d’amour » et de « bonté » « pour toutes ses œuvres », il « soutient tous ceux qui tombent ». Le psalmiste nous invite à mettre notre confiance en Dieu, car il est « fidèle en tout ce qu’il fait ». Dieu ne nous trahira jamais !

Dans la deuxième lecture, la prière de Paul pour les Thessaloniciens nous apprend ce que Dieu attend de nous : « Frères, nous prions pour vous à tout moment afin que notre Dieu vous trouve dignes de l’appel qu’il vous a adressé ; (…) et qu’il rende active votre foi ». Que Dieu nous trouve dignes de l’appel qu’il nous a adressé et que notre foi soit active : voilà ce que Dieu attend de nous !

Nous pointons ici l’appel que Dieu nous fait dans les sacrements : le baptême, la confirmation, l’eucharistie, le mariage ou l’ordre. À chacun, Dieu adresse un appel ! Qui que tu sois, Dieu vient à ta rencontre ! Quel que soit le pécheur que nous sommes, Dieu nous appelle !

L’Évangile nous donne bien de le percevoir. Jésus aime et appelle les pécheurs. Aux yeux de la société, Zachée était le pécheur par excellence. Son statut de publicain le mettait en marge de la communauté. Les publicains étaient détestés car ils collectaient l’impôts pour les romains vus comme les envahisseurs. De plus, Zachée était le chef… Nous imaginons bien qu’il était très mal vu par ses compatriotes.

Et pourtant c’est lui que Jésus voit dans la foule. C’est lui que Jésus choisit. C’est à lui que Jésus va demander l’hospitalité : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » L’appel de Dieu peut nous dérouter tant nous pouvons nous sentir indignes ou incapables. Mais rappelons-nous que l’appel de Dieu est par pure miséricorde et en vue de notre Salut : « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver
ce qui était perdu. »

Zachée était mal jugé, on pensait qu’il ne pouvait pas être quelqu’un de bien mais il s’est converti. Cela est aussi possible pour nous ! Là où Zachée nous enseigne c’est dans l’audace de la foi, le désir réel de rencontrer Jésus malgré ce que nous sommes : il voulait voir Jésus, il courut en avant, il grimpa sur un sycomore… Mais il reconnaîtra aussi, sous le regard miséricordieux de Jésus, son insuffisance, ses pauvretés intérieures… Le Christ va le convertir et le sauver : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham ».

C’est bien ce que nous pouvons demander au Seigneur : l’audace de la foi, l’audace de la rencontre, l’audace d’accueillir le Christ chez nous, sans masque, tel que nous sommes. Que le Seigneur nous donne de garder confiance en nous-même et dans les autres.

Les lectures nous donnent de contempler le regard bienveillant que Dieu porte sur nous et que nous devons porter sur les autres et sur nous-même. Laissons le Christ nous toucher, sans lui nous ne pourrons pas goûter à la bienveillance de notre Dieu et la communiquer autour de nous. Le Christ est la clé, ouvrons-lui nos cœurs ! Amen.




31ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN (St Luc 19, 1-10)

Commentaire du samedi 29 et Dimanche 30 Octobre 2022

 

Sagesse 11,22—12.2 ; 2Thessaloniciens 1,11-2.2 ; Luc 19,1–10

Zachée, chef des publicains, est un homme très riche. « La fonction de « Publicain » était attribuée aux enchères. Obtient ce poste celui qui a misé sur le montant le plus élevé. Il devait ensuite récupérer, sous forme d’impôts, au minimum ce montant auprès des citoyens pour la remettre à l’occupant romain. Et s’il n’arrivait pas à avoir cette somme, il devait la compléter de sa poche. C’est pourquoi les publicains, pour avoir la somme qu’ils s’étaient engagés à payer, et s’assurer une marge bénéficiaire la plus confortable possible, étaient contraints à de nombreux procédés illégaux qui ne contribuaient guère à leur popularité » (Michel Hubaut). Le publicain était un des hommes le plus haï du pays et cela pour au moins deux raisons : il travaillait pour l’occupant romain, c’était donc un collaborateur travaillant pour l’ennemi, et il volait les gens avec des surtaxes. Il était ainsi assimilé à un pécheur public, et considéré comme un impur infréquentable. Il était exclu du culte au Temple ou de la synagogue, et n’avait pas le droit de témoigner dans un procès. – Jésus venait juste de guérir un aveugle à Jéricho, la foule était donc présente, et la renommée de Jésus était aussi connue de Zachée venu pour le voir, même de loin. Comme il était de petite taille, la foule l’empêchait de voir Jésus. Pour nous aussi, la foule peut être un obstacle à la rencontre de Jésus. Il faut savoir faire abstraction de la foule pour avoir le silence intérieur afin d’y rencontrer le Christ par une prière silencieuse. CEC 2743 « Prier est toujours possible : Le temps du chrétien est celui du Christ ressuscité qui est  » avec nous, tous les jours  » (Mt 28, 20), quelles que soient les tempêtes (cf. Lc 8, 24). Notre temps est dans la main de Dieu : Il est possible, même au marché ou dans une promenade solitaire, de faire une fréquente et fervente prière. Assis dans votre boutique, soit en train d’acheter ou de vendre, ou même de faire la cuisine (S. Jean Chrysostome, ecl. 2 : PG 63, 585A) ». Un grand sage hindou du XXème siècle, Ramana Maharshi nous dit : « un homme peut fort bien se trouver au milieu de la foule et conserver sa sérénité. En ce cas, il se trouve effectivement en état de solitude. Un autre homme, en revanche, peut rester seul, au fond d’une forêt tranquille et être incapable de contrôler son mental. Cet homme ne se trouve pas en état de solitude. La solitude est donc une fonction mentale. Un homme rivé à ses désirs ne se mettra jamais en solitude, où qu’il aille. Par contre, un homme détaché de tout désir se trouve toujours en état de solitude ». Le détachement des choses du monde nous permet de rencontrer le Christ en priant intérieurement, et cela même en étant au milieu de la foule. Zachée se retire de la foule à sa manière, en grimpant sur un arbre pour voir Jésus. Il se sait haï et impur aux yeux des fidèles du Christ. Mais il a en lui une certaine disponibilité, un germe de foi, et probablement un désir de rencontrer Jésus qui, prenant l’initiative, lui dit « Zachée, descends vite, car il me faut aujourd’hui demeurer chez toi.

6 Et vite il descendit et le reçut avec joie ». Zachée attendait donc cette rencontre, certainement désirée au fond de lui-même. Jésus s’adresse à celui qui est haï de tous, que tous rejettent parce qu’il est considéré comme impur et voleur. Jésus sauve les plus maltraités, les plus haïs, les plus rejetés de la société etc…C’était la même chose vis-à-vis de la femme adultère qui a failli être lapidée et Jésus dit aux scribes et aux Pharisiens: « Que celui d’entre vous qui n’a pas de péché lui jette la pierre le premier ». Il a agi de la même manière vis-à-vis du bon larron.  Lc 5,32 : « je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs, au repentir ». Nous voyons là, à l’œuvre, la Miséricorde de Dieu. Padre Pio – P. 275 : Celui qui tremble devant Dieu, qui est écrasé sous le poids de la souffrance, abattu à la vue des profondes blessures que ses propres péchés ont faites en lui, qui traine son front dans la poussière, s’abaisse, s’humilie, pleure, crie, soupire et prie, c’est celui-là qui est vainqueur, qui triomphe de Dieu et l’oblige à user de miséricorde envers lui, alors qu’Il semblait être très irrité…Sœur Faustine dit presque la même chose : 56 – …Jésus m’a fait voir intérieurement tout l’abîme de misère que je suis. Et à cause de cela, je comprends bien que tout ce qu’il y a de bon en mon âme est uniquement dû à Sa Sainte Grâce. En prenant conscience de ma misère, je prends en même temps conscience de la profondeur infinie de (la) Miséricorde (de Dieu). Dans ma vie intérieure, je garde constamment sous les yeux l’abîme de misère et d’abjection que je suis, d’une part, et d’autre part l’abîme de (la) Miséricorde (de Dieu). – Jésus ne vient pas seulement rencontrer Zachée, « il lui faut demeurer chez lui » : il n’est pas seulement de passage dans sa maison, il vient demeurer dans son cœur et faire de Zachée, comme de tout chrétien, le temple de Dieu pour y faire sa demeure. C’est cette rencontre véritable avec Jésus qui fait pencher la balance dans le cœur de Zachée. Et c’est avec raison que le 1er texte d’aujourd’hui (Sg 11,22-122) nous dit : « 11,22 Le monde entier est devant toi comme ce rien qui fait pencher la balance, comme la goutte de rosée matinale qui descend sur la terre. 23 Mais tu as pitié de tous, parce que tu peux tout, tu fermes les yeux sur les péchés des hommes, pour qu’ils se repentent. 24 Tu aimes en effet tout ce qui existe, et tu n’as de dégoût pour rien de ce que tu as fait;  car si tu avais haï quelque chose, tu ne l’aurais pas formé. 25 Et comment une chose aurait-elle subsisté, si tu ne l’avais voulue?  Ou comment ce que tu n’aurais pas appelé aurait-il été conservé?  26 En réalité, tu épargnes tout, parce que tout est à toi, Maître ami de la vie!  12,1 Car ton esprit incorruptible est en toutes choses!

2 Aussi est-ce peu à peu que tu reprends ceux qui tombent;  tu les avertis, leur rappelant en quoi ils pêchent, pour que, s’étant débarrassés du mal, ils croient en toi, Seigneur ». Nous sommes souvent bien plus exigeants que Dieu lui-même : « Dieu a pitié de tous » et nous devons reconnaître que nombre de chrétiens n’ont pas forcément pitié des autres; « tu fermes les yeux sur les péchés des hommes », là aussi, nous ne pardonnons pas toujours le mal que les autres nous font; « Tu aimes tout ce qui existe et tu n’as de dégoût pour rien », là encore, il y a bien des choses que nous n’aimons pas contrairement à Dieu. Nous sommes plus difficiles, plus exigeants que Dieu. C’est pour cela que la conversion, nous devons la faire tous les jours. Le Pape François nous dit (« Amour, Service et humilité » – P.36.78) : « La vraie conversion a toujours une dimension apostolique! Toujours, il s’agit d’arrêter de regarder « ses propres intérêts » pour regarder « les intérêts de Jésus Christ » ; « Si nous avons déjà choisi un état de vie, réformons-le pour le meilleur. La question ne se porte pas sur les responsabilités à exercer ou les « postes de service » (au sein de l’Eglise), mais sur quelque chose de plus profond et définitif: en quel état de vie, ou par quelle réforme de mon état de vie, mon cœur reviendra-t-il davantage « ami de Jésus »,… sera-t-il plus semblable à Lui, plus pauvre, plus humble et plus serviable? Dans quel état de vie, ou par quelle réforme dans mon état de vie, l’amour de Jésus prendra-t-il définitivement racine en moi? » – Zachée reçoit donc Jésus avec joie. Sa conversion est probante : il prend la décision de donner la moitié de ses biens aux pauvres. Pour arriver à une telle décision, Zachée a en lui la grâce du détachement des biens matériels, un dépouillement qui lui permettra de mieux être en relation avec Jésus, qui, lui-même, ne possède rien. Saint Jean de la Croix nous dit (Œuvres complètes – Tome I- P. 21) : « Dans la tradition mystique de l’Église … les maîtres avaient déjà insisté sur les renoncements nécessaires à qui doit suivre le Christ portant sa croix. Et ceci, qui vaut pour tous les chrétiens, prend un caractère d’exigence pressante pour ceux qui veulent mettre de plus près leurs pas dans ceux du Seigneur ».

« Personne n’a autant que St Jean de la Croix mis en lumière l’enrichissement positif du moindre renoncement volontaire et l’accroissement de vie spontanément provoqué par les dépouillements intérieurs les plus douloureux ». Sainte Thérèse d’Avila nous dit de même (Chemin de la Perfection – P.98-99) : « Là où règne le point d’honneur et l’amour des biens temporels, il n’y a point de détachement, …. Que chacun  d’entre vous considère où il en est de l’humilité, et il verra où il en est…de ses progrès spirituels. – Il me semble qu’en matière de prééminence (= supériorité absolue de rang, de dignité, de droit, de degré), le démon n’osera pas tenter…l’âme véritablement humble… Il est impossible à l’âme humble de ne pas grandir et progresser dans cette vertu (d’humilité), si le démon tente par là. Cette âme, en effet, jette le regard sur sa vie; elle voit de quelle sorte elle a servi Dieu et combien elle lui est redevable; elle considère par quel prodigieux abaissement le Sauveur est descendu jusqu’à nous afin de nous donner l’exemple de l’humilité; elle découvre ses propres péchés et le lieu où elle aurait mérité d’être condamnée; elle tire de là tant de profits que le démon n’ose plus la tenter, dans la crainte d’avoir la tête brisée. Dieu nous préserve des personnes qui prétendent le servir et prennent soin en même temps de leur honneur. C’est là, croyez-moi, un mauvais calcul. Je l’ai déjà dit, l’honneur lui-même se perd dès qu’on le recherche, surtout quand il s’agit de prééminences (c’est-à-dire de recherche de rang, de dignité, de degré); il n’y a point de (produit) toxique au monde qui empoisonne aussi promptement le corps que l’orgueil ne tue la perfection » (Thérèse d’Avila). Zachée, qui est descendu de l’arbre, « abaisse» aussi sa richesse de moitié, pour parvenir en toute humilité au niveau de Jésus qui lui dit alors : « Aujourd’hui le salut est arrivé pour cette maison, parce que lui aussi est un fils d’Abraham. 10 Car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ». Zachée aurait été probablement perdu sans cette rencontre avec Jésus, sans sa conversion, sans son détachement des biens matériels, et en devenant bien plus humble qu’il ne l’a jamais été jusqu’à présent, lui qui fixait les taxes au prix qu’il voulait, lui le collaborateur, lui qui avait la haine du peuple. Tout le monde peut changer pour devenir meilleur, en devenant plus humble, en ne recherchant pas les honneurs de rang ou de dignité. Le salut vient de la Miséricorde de Dieu et non pas de ce que nous faisons devant les hommes afin d’avoir leur reconnaissance ou je ne sais quoi. Inutile de se bousculer pour être le premier, car le premier agit toujours en secret ou discrètement, de manière simple, sans tapage, sans bruit. Saint François de Salles nous dit :  « le bien ne fait pas de bruit et le bruit ne fait pas de bien ». Une personne convertie véritablement au Seigneur, voit elle-même la différence avec que ce qu’elle était auparavant. Voici ce que nous dit « le Sanctuaire de Montligeon » (Le Manuscrit du Purgatoire – P.99): « Vous éprouverez souvent une grande indifférence pour les choses qui, autrefois, vous auraient trouvée sensible (autrement dit « des choses que vous avez aimées autrefois et pour lesquelles vous êtes maintenant indifférents ») ; c’est encore une miséricorde de Celui qui vous aime et qui désire vous voir dans ce dégagement qu’il attend des âmes qu’il veut à lui seul. Jésus permet que ces âmes privilégiées éprouvent une espèce d’ennui pour tout ce qui n’est pas lui. Il leur fait trouver pénible ce qui ne le touche pas directement, parce qu’il veut par-là les amener à vider leur cœur de tout l’humain (= de toutes les faiblesses humaines) qui s’y trouve afin qu’il le comble de ses grâces et qu’il y fasse déborder son amour.

Remercions Marie, qui ne s’est jamais mise en avant, à la première place, et nous montre le chemin en faisant la volonté de Dieu, sans bruit, dans le secret de Dieu.




31ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 19, 1-10)

« Zachée, le mal aimé … » 

 

Zachée, le chef des publicains de Jéricho, veut voir Jésus …

Il en a entendu parler … mais pourquoi s’intéresse-t-il à lui ?

On ne le sait pas, mais il a une vraie volonté de le voir … et peut-être espère-t-il pouvoir lui parler … il a sans doute à lui dire comment son métier le met au ban de la société de la ville … et qu’il le regrette …

Mais il est de petite taille …

Alors il va en avant sur le chemin. Il sait qu’il y a un sycomore un peu plus loin … Et toute honte bue, il grimpe dans les branches et attend.

Zachée, le mal aimé, va au-devant de Jésus.

Est-ce que nous, nous attendons Jésus avec impatience … quitte à se mettre dans des situations ’’inhabituelles’’ … ?

Quand Jésus passe, il « lève les yeux et lui dit : ’’Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison.’’ »

Tout joyeux de cette ’’invitation’’ forcée, il saute de son arbre et l’accueille chez lui.

Ce qu’il espérait sans le dire, et sans trop y croire, se réalise !

Zachée, le mal aimé, accueille Jésus avec joie.

Est-ce que nous, nous sommes dans la joie quand nous allons à la messe ou quand nous prions ?

Zachée, le mal aimé, répond immédiatement à la parole de Jésus.

Est-ce que nous, nous réagissons tout de suite aux appels du Seigneur ?

Souvent, nous tergiversons … nous regardons ce qu’il y a à gagner à notre propre visibilité … et comme bien souvent, il n’y a rien à gagner à se mettre en avant, on laisse tomber …

« Voyant cela, tous récriminaient : « Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur. »

Les juifs présents, ceux qui observent la Loi de Moïse, ceux qui se croient justes, n’acceptent pas la demande de Jésus …

Zachée, le mal aimé, le pécheur aux yeux des autres juifs, se met du côté de Jésus.

Est-ce que nous, il ne nous arrive pas de nous comporter comme les juifs ?

Pourquoi s’occuper des migrants Sri Lankais, le troisième bateau cette année ? « On n’a pas besoins d’eux chez nous ! »

 « Je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs, pour qu’ils se convertissent. » (Lc 5,32)

« Zachée, debout, s’adressa au Seigneur : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. »

Zachée ne demande pas à Jésus le pardon, … mais il promet une réparation pour les injustices qu’il a faites, et un don important pour les pauvres …

Zachée, le mal aimé, fait réparation de ses fautes.

Est-ce que nous, nous pensons à faire réparation de nos fautes, pas seulement en paroles, mais aussi en actes ?

« Beaucoup de péchés causent du tort au prochain. Il faut faire le possible pour le réparer (par exemple restituer des choses volées, rétablir la réputation de celui qui a été calomnié, compenser des blessures). La simple justice exige cela. Mais en plus, le péché blesse et affaiblit le pécheur lui-même, ainsi que ses relations avec Dieu et avec le prochain. L’absolution enlève le péché, mais elle ne remédie pas à tous les désordres que le péché a causés. Relevé du péché, le pécheur doit encore recouvrer la pleine santé spirituelle. Il doit donc faire quelque chose de plus pour réparer ses péchés : il doit  » satisfaire  » de manière appropriée ou  » expier  » ses péchés. Cette satisfaction s’appelle aussi  » pénitence « . » (CEC 1459)

« Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. »

Jésus s’adressait aux juifs, les fils d’Abraham … maintenant, sa parole est pour tout le monde, quel que soit leur religion, et même ceux qui n’en ont pas, car tous sont des créatures de Dieu, et son amour s’étend sur tous : « Tu as pitié de tous les hommes, parce que tu peux tout. Tu fermes les yeux sur leurs péchés, pour qu’ils se convertissent. Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n’as de répulsion envers aucune de tes œuvres (…) Ceux qui tombent, tu les reprends peu à peu, tu les avertis, tu leur rappelles en quoi ils pèchent, pour qu’ils se détournent du mal et croient en toi, Seigneur. » (première lecture)

Zachée, le mal aimé, est réintégré aux yeux de Dieu dans son peuple …

Est-ce que nous, nous acceptons que des pécheurs pardonnés soient réintégrés dans notre monde, … dans notre communauté paroissiale … ?

« En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

Seigneur Jésus,

tu nous as donné une bonne leçon

d’amour et de miséricorde

lors de ta rencontre avec Zachée.

Puissions-nous prendre exemple sur toi

dans notre vie de tous les jours.

 

Francis Cousin 

 

 

 

 

 

Pour accéder à l’image illustrée, cliquer sur le titre suivant : 

Image dim ord C 31°




31ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Zachée

Lc 19,1-10

Un industriel, épris d’efficacité, de bilans positifs, de rendements, m’a déclaré un jour : « Mon père, on me dit à l’Eglise « que je suis « sauvé ». Moi, je veux bien, mais sauvé de quoi ? De quel danger suis-je sorti ? »

On dit que le Christ est venu nous sauver, qu’il est notre Sauveur… mais qu’est-ce-que cela signifie ? Je ne ressens absolument pas le besoin d’être sauvé de quoi que ce soit. Je n’ai pas besoin d’un sauveur. De quel sauvetage s’agit-il ?

Autre constatation : les chrétiens se confessent de moins en moins. Ils n’en éprouvent plus le besoin. « Je ne vois plus quoi dire en confession ! A quoi bon déranger un prêtre pour lui dire que je me suis mis en colère avec mes enfants ou que j’ai manqué mes prières ? Si je me suis disputé avec mon voisin, mieux vaut tâcher d’arranger les choses avec lui plutôt que d’aller me confesser. Ces accusations de péché cataloguées, étiquetées, me semblent manquer de sérieux et de vérité. Bref, je ne me confesse plus et je ne m’en trouve pas plus mal ».

Tout cela peut se résumer en quelques phrases : « Je ne me confesse plus parce que « le péché, ça n’existe plus » ».

« « Repentir » –  » Conversion » : ces mots ne signifient plus grand-chose aujourd’hui ». Voilà qui est grave, car on risque d’être en pleine illusion : un peu comme une famille qui dort dans une pièce chauffée avec un poêle dont le tirage est mauvais.
Elle n’a pas l’impression de mourir, elle n’éprouve pas le besoin d’être sauvée et pourtant elle est en train de s’asphyxier à l’oxyde de carbone. Cette famille, il faut  d’urgence  la réveiller, lui ouvrir les yeux. Il faut la sauver et cela c’est pour nous, c’est notre cas ! Il faut nous réveiller, prendre conscience du mal qui nous mine, nous réveiller, ouvrir nos yeux, prendre conscience de notre péché qui nous fait mourir !

Revenons à Zachée : il est pécheur, mais ce qui le sauve, c’est qu’ « il cherche à voir qui était Jésus« . Il était de petite taille et la foule est devant, la foule fait écran.

Pour nous aussi, très souvent, la foule fait écran entre nous et Jésus : la foule, c’est-à-dire les mentalités, les idées reçues, le climat actuel dans lequel nous vivons, toutes ces idées païennes sur le confort, l’argent, la sexualité, l’éducation, la réussite dans la vie. Nous respirons un air vicié, un air toxique et nous ne nous en apercevons pas ! Et peu à peu il asphyxie notre conscience.

Zachée, lui, noyé dans cette foule, n’en prend pas son parti : « il court en avant », nous dit l’Evangile, dépasse les obstacles, grimpe dans un arbre, c’est-à-dire, prend de la hauteur et réussit, de cette façon, à voir Jésus. Nous aussi, si nous voulons retrouver Jésus et son idéal, reprendre conscience de notre situation, il nous faut « prendre de la hauteur » par rapport aux mentalités courantes.

Soyons nous-mêmes. Ne soyons pas des moutons à bêler à l’unisson du médiocre troupeau de la société actuelle. N’ayons pas peur, comme Zachée, de nous séparer de cette foule. Alors, et alors seulement, nous pourrons regarder Jésus, voir Jésus car c’est lui, bien lui, qu’il faut regarder si nous voulons comparer notre conduite, notre mentalité à la sienne.

Car le péché, n’est pas un manquement à un règlement, le péché,  c’est  un manquement à Jésus-Christ, un manque d’amour : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, tu aimeras ton prochain ».

Comme Zachée, en voyant Jésus, nous prenons conscience du mauvais sens que nous donnons à notre vie. Nous voyons, tout d’un coup, en voyant Jésus, en relisant l’Evangile, toute la distance, toute la différence, l’écart qui existe entre lui et nous, entre son attitude et la nôtre, entre ses paroles et les nôtres… Et voici que l’on entend maintenant un autre refrain dans la foule : « Mais alors, vous voulez nous culpabiliser ! » Sous prétexte de ne pas donner de complexe aux enfants ou même aux adultes, on ne parle plus de bien  et de mal, on renonce à former la conscience,  le « bien » et le « mal », ça  n’existe  plus, qu’ils voient eux-mêmes ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire, si bien que  les écrans et les médias nous font voir des criminels qui sourient, des défilés de femmes qui se font avorter en criant « notre ventre est à nous » et des drogués qui se demandent pourquoi on les empêche encore de se piquer.

On est là, en pleine confusion parce que l’on confond le remords et le repentir : * Le remords, c’est ce sentiment de dépit, de honte qu’on éprouve à l’égard de soi-même : on est vexé, on se croyait mieux que ça et l’on se décourage : « Je ne suis bon à rien ».

Le remords est déprimant et vous enfonce encore plus dans le péché.
* Le repentir, au contraire, c’est le regret d’avoir manqué à l’amour de Dieu, à l’amour des autres. On ne se regarde plus soi-même : on regarde Jésus qui vient à nous et qui nous dit comme à Zachée :       «  Aujourd’hui, il faut que j’aille chez toi ». Cela n’a rien de déprimant ! Au contraire, c’est stimulant ! Regardez Zachée qui accueille Jésus chez lui… est-il complexé ? Découragé ? Paralysé par le remords ? Au contraire, il est tout joyeux, il se sent libre enfin ! Il a pris conscience de la situation qui l’étouffait : cet amour de l’argent qui lui faisait faire n’importe quoi ! Et il ne s’en apercevait même pas ! Maintenant, le voilà éclairé, libéré, prêt à partir pour une vie toute neuve ! « Je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens ! » C’est ça, la conversion !

Le sacrement de Réconciliation, comme la rencontre de Zachée avec Jésus, c’est une rencontre d’amour. Le Christ vient à nous et nous allons à lui pour nous éclairer, pour nous libérer et, prenant conscience de cet amour de Dieu : Dieu qui nous cherche, nous reprenons notre confiance et nous repartons vers un nouvel avenir. Ça y est ! Nous sommes sauvés ! « Le Christ est venu chercher et sauver ce qui était perdu ».

Grâce à lui, rien n’est jamais définitivement perdu. On peut toujours ressusciter à une vie nouvelle. Allons-nous, nous aussi, « courir en avant » comme Zachée ?

Allons-nous prendre de la hauteur comme lui, et regarder Jésus et l’accueillir et découvrir ainsi combien nous avons besoin de lui ! Lui, le Sauveur, sauveteur !  AMEN




31ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 19, 1-10)

« Descends vite »

(Lc 19,1-10)…

En ce temps-là, entré dans la ville de Jéricho, Jésus la traversait.
Or, il y avait un homme du nom de Zachée ; il était le chef des collecteurs d’impôts, et c’était quelqu’un de riche.
Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait pas à cause de la foule, car il était de petite taille.
Il courut donc en avant et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui allait passer par là.
Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. »
Vite, il descendit et reçut Jésus avec joie.
Voyant cela, tous récriminaient : « Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur. »
Zachée, debout, s’adressa au Seigneur : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. »
Alors Jésus dit à son sujet : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham.
En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

           

         « Nul ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire », dit Jésus (Jn 6,44.65). Zachée, transcription grecque de l’hébreu Zakkaï, « pur »,  est un homme de bonne volonté, droit, vrai, loyal, comme Syméon qui, « poussé par l’Esprit », rencontra Jésus enfant dans les bras de sa Mère (Lc 2,25-35). Ici, ce même Esprit a mis au cœur de Zachée le désir de le voir, un désir si fort qu’il n’hésitera pas une seconde, lui, le Chef des Publicains, à monter dans un arbre pour y arriver ! En agissant ainsi, comme un petit enfant, il manifeste déjà qu’il est non seulement « petit de taille », mais aussi « petit » de cœur, pauvre et humble. « Si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants », nous dit Jésus, « vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux » (Mt 18,3). Zachée est sur le bon chemin car « le Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » (Lc 12,32). Alors, « heureux les pauvres de cœur, car le Royaume des Cieux est à eux » (Mt 5,3), un « Royaume qui est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17). Et « l’Esprit Saint » est le Don gratuit du Père qui, dans son Amour, ne cesse de le proposer à tout homme par Jésus, son Fils : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22)… Mais pour le recevoir vraiment, nous sommes tous invités, jour après jour, à nous détourner du mal, à nous repentir, pour nous tourner et nous tourner encore de tout cœur vers Dieu : « C’est pour vous que Dieu a ressuscité son Serviteur et l’a envoyé vous bénir, du moment que chacun de vous se détourne de ses perversités… Repentez-vous donc, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour la rémission de ses péchés. Vous recevrez alors le don du Saint Esprit » (Ac 3,26 ; 2,38).

            Alors « descend vite, Zachée, car aujourd’hui », maintenant, « il faut que j’aille demeurer chez toi » , en toi, dans ton cœur et dans ta vie, pour ta Vie… Et comment ? Par le don de l’Esprit Saint, cet Esprit que le Fils reçoit du Père de toute éternité, gratuitement, par Amour. Et c’est par ce Don de l’Esprit qui est Vie que le Père l’engendre en « vrai Dieu né du vrai Dieu » (Crédo). Tous les deux sont alors unis de cœur l’un à l’autre dans la Communion d’un même Esprit, dans « l’unité de l’Esprit » (Ep 4,3). Et voilà ce que Jésus est venu proposer à tout homme, au Nom de son Père, pour que tous, nous participions nous aussi à la Plénitude de ce même Esprit.

            « Descend vite »… Puis il « s’avança » vers Jésus et lui dit : « Voilà Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens », gratuitement, par amour… Zachée a vraiment accueilli le Don de Dieu, le Don de cet Esprit qui est Amour. Et déjà, l’Esprit porte en lui son fruit : « Amour, joie, paix, bienveillance » (Ga 5,22), partage… Oui, vraiment, lui dit Jésus, « aujourd’hui le salut est arrivé pour cette maison », car l’amour de Zachée saura bien entraîner aussi tous les siens sur le chemin du retour à la Maison du Père…               DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 31ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Le fils de l’homme est venu

chercher et sauver ce qui était perdu.»

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Lc 19, 1-10)

Dans l’évangile de Luc, la conversion de Zachée que nous allons méditer vient justes après la guérison de l’aveugle de Jéricho. Deux passages de Jésus. Pour les deux la foule est un obstacle. Pour les deux Jésus s’arrête. L’un et l’autre finalement sont guéris. Et quelle guérison !

Et soulignons les mots importants 

Collecteurs d’impôts : On les appelle aussi d’un autre nom : Nous nous souvenons de la parabole de dimanche dernier ?

Zachée, « quelqu’un de riche » : Pourquoi Luc souligne la richesse de Zachée ?

« Voir qui était Jésus » : Quel est exactement le désir de Zachée ? Quel est le premier obstacle que rencontre Zachée ?

Il courut et grimpa sur un arbre : Quelle réflexion nous inspire cette démarche de Zachée ?

Jésus leva les yeux et l’interpella : Quelle est l’importance de cette attitude de Jésus ?

Descends vite : Pourquoi cet appel pressant ?

Aujourd’hui : Ce mot revient deux fois dans le récit : a-t-il une importance particulière ?

Il faut : Pourquoi Jésus dit « il faut ».

Que j’aille demeurer chez toi ? Jésus s’invite pour dîner et passer la nuit. Quel second obstacle cela déclenche dans la foule ?

Aujourd’hui, le salut… : De quel « aujourd’hui » et de quel « salut » parle Jésus ?

Fils d’Abraham : Que veut dire Jésus en donnant à Zachée ce titre ?

 

Pour l’animateur  

Les collecteurs d’impôts percevaient les taxes publiques pour le compte des Romains. On les appelait les « publicains ». Accusés d’être collaborateurs de l’armée d’occupation, ils se payaient eux-mêmes et s’enrichissaient sur le dos des petites gens… Dans la catégorie des pécheurs, ils étaient placés sur le même rang que les prostituées. Ils formaient un groupe que Jésus fréquentait et dont il partageait les repas. Lc 5,29). Zachée appartient à cette catégorie de pécheurs notoires.

Luc souligne le fait que Zachée était riche pour rappeler que l’argent est un obstacle sérieux pour répondre à l’appel évangélique.

Le désir de Zachée est de voir Jésus et aussi de voir qui il est, et peut-être aussi d’être vu par Jésus. En plus de sa petite taille, le premier obstacle, qu’il rencontre, c’est la présence de la foule.

Comme un gamin, le publicain en chef court monter sur un arbre. Il prend la mesure qui s’impose : sans tenir compte de sa dignité et de son rang social. Voir Jésus avant tout !

C’est Jésus qui va prendre une double initiative pour la rencontre : Il « lève les yeux » et il s’invite lui-même chez Zachée.

Les mots « aujourd’hui » et « il faut » dans la bouche de Jésus montrent bien que pour lui dîner  et passer la nuit chez cet homme pécheur méprisé par tous fait partie du plan de Dieu, et qu’il y a urgence de le réaliser.

Et le second obstacle que Zachée doit surmonter, c’est encore la foule qui critique amèrement la démarche de Jésus qui « est allé loger chez un pécheur ». (Plus tard, Pierre rencontrera les mêmes critiques : quand les chrétiens d’origine juive de Jérusalem lui reprocheront « d’être entré chez les incirconcis et d’avoir mangé avec eux » (Ac 11,2-3). C’est encore vrai aujourd’hui !).

Pour la seconde fois, résolument et tout de suite, Zachée prend la mesure qui s’impose : il annonce qu’il va « donner la moitié qui lui reste, il va rendre quatre fois plus s’il a fait du tord à quelqu’un. Voilà le signe concret d’une conversion totale ! »

« Aujourd’hui » : c’est l’aujourd’hui de Dieu. C’est le jour du salut cachée qui a su l’accueillir : il avait un cœur de « riche » par rapport à l’argent, il retrouve un cœur de pauvre ; il était exclu et il est accueilli et réintégré par Jésus dans la communauté de l’Alliance (fils d’Abraham). Jésus rappelle que c’est cela sa mission : « chercher et sauver la brebis perdue ».

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Jésus, tu n’as pas dit à cet homme de Jéricho qui était monté dans un sycomore et qui cherchait à te voir : tu n’es qu’un fonctionnaire véreux, tu t’es enrichi en flattant le pouvoir et en saignant les pauvres.

Tu t’es invité à sa table, et il fut si heureux qu’il voulut mettre ses comptes en règle et donner aux pauvres la moitié de ses biens.

Tu nous rappelles ainsi, Seigneur, qu’il n’y a pas d’homme qui ne puisse être sauvé. Apprends-nous à ne jamais mépriser personne, à ne jamais élever de barrières et à faire toujours le premier pas, comme tu l’as fait Toi-même.

TA PAROLE DANS NOS MAINS

La Parole aujourd’hui dans notre vie 

Zachée est le type d’homme appelé au salut à tout moment, dans « l’aujourd’hui de Dieu », par la grâce du Christ.

  • « Sommes-nous attentifs à vivre le présent dans ma relation avec le Seigneur, dans ma vie avec les autres, dans la communauté chrétienne, dans l’Eglise ? »

  • Zachée a bonne volonté, mais c’est Jésus qui prend les devants. Que nous révèle Jésus dans sa manière d’agir à l’égard de Zachée ?

  • De quel côté sommes-nous : dans la foule qui fait barrage aux « Zachée » de notre temps qui cherchent à voir Jésus ? Où bien du côté de Jésus qui prends les devants pour aller vers ceux qui sont laissés de côté, jugés ou méprisés ? Où bien encore sommes-nous, comme Zachée, habités par un grand désir de rencontrer Jésus, mais qui n’avons pas le courage de faire une démarche, parce que nous savons que devant lui nous devrons changer de vie ?

  • Cette rencontre de Jésus avec Zachée nous apprend ce qu’est la conversion : Quelle est la part de Dieu, quelle est la part de l’homme quand quelqu’un se convertit ?

  • Avons-nous au cœur la certitude que tous sont appelés à entrer dans l’intimité du Seigneur ?

Se convertir, c’est accepter, en s’y engageant totalement, les valeurs de Jésus Christ, la conception du bonheur et les exigences de vie selon Jésus-Christ. » (P.A. Liégé : Vivre en chrétien)

 

ENSEMBLE PRIONS 

« Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs au repentir. » (Lc 5,31).

Tu es venu, Seigneur, pour chercher et sauver ceux qui était perdu. Sans toi Seigneur, nous sommes perdus. Viens nous sauver.

Tu es venu appeler les justes, mais les pécheurs. Sans toi, Seigneur, nous sommes accablés par nos fautes. Viens nous sauver.

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 

31ème Dimanche du Temps Ordinaire

 




30ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 18, 9-14)

« Seigneur, prends pitié du pécheur que je suis ! » 

Tout le monde connaît bien cette parabole de Jésus.

« Deux hommes montèrent au Temple pour prier. ». Tous les deux font la démarche d’aller au temple pour prier. Jusque-là, c’est pareil.

Le pharisien est un homme respectueux de la Loi de Moïse, il porte les phylactères pour bien le montrer. Il « priait en lui-même », ce qui est heureux pour les autres personnes présentes, « Mon Dieu, je te rends grâce », s’adresser à Dieu par une formule de louange était une forme usuelle pour débuter sa prière, que d’ailleurs Jésus utilise aussi « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange. » (Mt 11,25) … Jusque-là, c’est bien …

C’est ensuite que cela se gâte ; Le pharisien loue Dieu, mais en paroles (internes), mais pas avec son cœur ; il est imbu de lui, et commence sa prière en se comparant aux autres … qui bien sûr sont moins bien que lui … et il le dit à Dieu en citant ce qu’il fait en plus : le jeune deux fois la semaine, la dime …

Il se croit juste, il est sûr de lui … mais il méprise les pécheurs … et n’a pas besoin de conversion !

Il parle plus à lui-même qu’à Dieu !

Le publicain, lui, se sait mal vu, haï, méprisé, banni par les autres juifs …

Il se tient à l’écart. C’est difficile pour lui aller à la synagogue sans se faire insulter … voire jeté dehors … alors dans le Temple …

Il n’a rien à offrir à Dieu … sinon ce qu’il est … un pas grand-chose aux yeux des gens … et même à ses yeux …

Il ne lève pas les yeux vers le ciel, vers Dieu, … mais la tête inclinée, il se frappe la poitrine, et il parle, tout haut : « Seigneur, prends pitié du pécheur que je suis ! »

C’est la seule chose qu’il ose dire à Dieu : se reconnaître pécheur … car il sait qu’il peut compter sur la miséricorde de Dieu.

Et Jésus de conclure : « Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »

Tout oppose ces deux personnes …

Et quand on demande aux gens, ou aux enfants du catéchisme, laquelle des deux attitudes ils préfèrent, on a cent pour cent des personnes qui répondent : le publicain !

Et on ne peut être que d’accord avec eux !

Parce qu’il parle avec son cœur … alors que le pharisien est un hypocrite …

Et pourtant … si chacun regarde bien dans son cœur, … on se rend compte que nous sommes parfois les deux … et peut-être plus souvent comme le pharisien …

Combien de fois nous nous comparons aux autres … bien souvent à notre avantage … !

Combien de fois nous disons du mal des autres … en pensée ou en parole …

Combien de fois nous nous méfions des autres, nous n’avons pas confiance en eux … parce que : on dit que …

Tous les commérages, les ladi-lafés, les ragots, les fausses nouvelles qu’on colporte sans les vérifier …

 Toutes ces choses que le pape François ne cesse de nous dire d’arrêter de faire … et qui continuent comme avant !

Surtout en cette période de synode, où nous sommes invités à réfléchir sur l’Église, avec trois mots clés : communion, participation, mission … il semble évident que nous ne pouvons pas « Faire Église » si n’arrivons pas à construire le premier mot : communion.

N’accusons pas les autres, ne disons pas du mal des autres … mais faisons comme le publicain : frappons-nous la poitrine, reconnaissons nos propres fautes … alors nous aurons devant nous le Dieu de miséricorde et de pitié qui pourra nous pardonner … et nous donner envie de pardonner les fautes que les autres nous ont faites …

Il y a du bon et de mauvais en chacun …

Remercions Dieu de nous avoir donné ce qui est bon en nous … et demandons son pardon pour le mauvais !

Seigneur Jésus,

Nous sommes bien prompts

 à dire du mal des autres,

mais nous avons du mal à reconnaître

que nous ne sommes pas meilleurs qu’eux.

Aide-nous à reconnaître nos fautes

et à t’en demander pardon.

Prends pitié du pécheur que je suis !

 

Francis Cousin 

 

 

 

 

Pour accéder à l’image illustrée, cliquer sur le titre suivant : 

Image dim ord C 30°




30ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Le Pharisien et le Publicain

Lc 18,9-14

Dans cette parabole, du pharisien et du publicain, nous avons un petit chef-d’œuvre littéraire et religieux : en quelques lignes tout y est.

Tout d’abord les destinataires : « Jésus dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient tous les autres ». Le récit met en scène les 2 extrémités de la société juive : le pharisien qui est le type du « bon pratiquant » et le publicain qui  est  le  « pécheur  public » (dans  le  catalogue  des  pécheurs, il est au même rang que les prostituées). La parabole les place tous les deux dans le Temple  et dans l’acte qui est le sommet de la rencontre avec Dieu : la prière.

 

Le pharisien, se tenait là, debout et priait en lui-même :

« Mon Dieu, je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme les autres hommes ». Je… Je… Je… Je… Il ne parle que de lui.

Il prie ? Non, il s’admire. Il rend grâce à Dieu de ce qu’il est un type bien et pire, il se vante devant Dieu, de ce qu’il a fait pour Dieu ! Tout juste s’il ne demande pas à Dieu de le remercier de tout ce qu’il fait pour lui ! « Non, je ne suis pas comme les autres qui sont tous des pauvres types : voleurs, injustes, faux, menteurs ou encore comme ce publicain ». Il est tourné vers lui-même et non pas vers Dieu. Il se regarde et s’écoute prier : il est tellement parfait que Dieu, devant lui, s’en trouve réduit à l’admirer.

 

 Passons au publicain : il se tient à distance, il n’ose même pas lever les yeux, il se frappe la poitrine :

« Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ». Il se situe comme  un pauvre devant Dieu et un pécheur, n’ayant d’autre solution que de mettre sa confiance en lui. Il ne parle pas de lui. Il regarde Dieu, de qui pourra lui venir le salut : le pardon.

Et  voilà la conclusion de Jésus : « Quand ce dernier rentre chez  lui, c’est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste, pas l’autre ». Cette conclusion invite tous les auditeurs, et nous aussi, à notre tour, à un retournement, à une conversion, à une réconciliation.

Ce qui permet à l’homme de se tenir devant Dieu, ce ne sont pas ses mérites, ses bonnes actions, ce qu’il a fait de bien, mais d’abord et avant tout le pardon de Dieu, sa bonté, sa miséricorde.

Rappelons-nous la prière de la messe, dans la prière eucharistique n°1 : « Et nous, pécheurs, qui mettons notre espérance en ta miséricorde inépuisable, admets-nous dans la communauté de tous les Saints, dans leur compagnie, sans nous juger sur le mérite, mais en accordant ton pardon par Jésus-Christ notre Seigneur ».

Le chrétien n’est pas un homme juste, mais un homme « justifié« , c’est-à-dire sauvé par la bonté de Dieu, par la Croix de son fils.

Il n’est pas un être « gracieux » mais un pécheur « gracié« .

Toute l’attitude chrétienne se résume dans ce passage de l’actif au passif, mais attention, il faut être rudement actif pour se laisser faire par Dieu, au lieu de s’agiter et de compter sur ses propres forces.

Telle est la conversion à laquelle nous invite Jésus : mobiliser notre activité pour nous en remettre à Dieu seul. Aussi, nous dit St-Luc : « Ne soyez pas tournés vers vous-mêmes, mais prenez conscience de votre faiblesse, de votre pauvreté pour vous ouvrir au pardon de Dieu, à son amour ».

C’est bien dans la prière que se révèle notre attitude profonde : « Dis-moi comment tu pries et je te dirai qui tu es ».

Dans le Temple, pharisien et publicain ne sont pas loin l’un de l’autre : l’un est en haut de l’église, l’autre est au fond, mais cette courte distance sépare deux univers.

 

Chez l’homme qui semble un modèle de santé religieuse, Jésus diagnostique le mal le plus profond : sa suffisance. Il est enfermé en lui-même, il est séparé de Dieu. Dieu n’est plus pour lui, la source de sa vie. Il ne parle que de lui, en parlant à Dieu. Sans le savoir, il refuse Dieu. Il se place à côté de Dieu pour juger le reste des hommes. Il a pris ses distances.

         On dit que les histoires doivent finir bien, avoir une fin heureuse. Inventons une fin à cette parabole du Seigneur :

« Tout à coup, le pharisien eut un frisson et il s’écria : « Seigneur, aies pitié du pharisien que je suis… Ah, je suis bien comme les autres hommes, si aveugles à regarder vers toi et à juger leurs frères ! Seigneur, que je connais si peu, enlève la poutre de mon œil ». Puis le pharisien descendit au fond du temple, près du publicain pour partager son silence ».

En franchissant cette courte distance, la prière devient chrétienne. Mais attention, il peut y avoir aussi des pharisiens parmi ceux qui ne sont pas là dans cette église et qui disent, eux : «  Moi, j’ai ma religion à moi. Je suis croyant, mais non pratiquant, d’ailleurs, vous n’avez qu’à voir ceux qui vont à l’église, ils ne sont pas meilleurs que les autres ». Ils disent avec fierté, pour se justifier : « Moi, je suis le publicain. Je ne suis pas comme  ces  gens-là. Je ne vais pas  à la messe, je ne communie jamais, je ne me confesse plus depuis longtemps et pourtant je ne suis pas moins bon que tous ces chrétiens qui s’affichent ».

Nous en connaissons tous de ces pharisiens-là : ils se vantent, ils sont contents d’eux, ils rendent grâce de ne pas être comme les autres, ils se disent les derniers, mais c’est pour pouvoir se considérer comme les premiers, ils s’abaissent, mais exprès, pour pouvoir se glorifier.

Le vrai publicain, c’est peut-être celui qui dit : « C’est vrai, je suis un pharisien, je n’attends pas assez de Dieu et je suis trop enclin à juger les autres, alors j’accepte ces humbles moyens de la confession, de la messe, de la communion puisque le Christ me les conseille. Je dépends entièrement de la miséricorde de Dieu qui sait que, par nature, je suis à la fois un pharisien et un publicain : les deux à la fois. Mais mon Sauveur est assez bon et assez puissant pour faire de moi, simplement  son  enfant ».

Or, un enfant avec son père et sa mère, il n’est pas fier, il sait qu’il dépend entièrement d’eux, il leur fait confiance d’ailleurs, l’enfant sent bien que tout ce qu’il a, tout ce qu’il est, c’est d’eux que ça vient, pas de lui ! Alors, il compte sur eux et il les aime plus que tout et il aime ses frères qui sont dans la même situation que lui et, puisque nous sommes dans la semaine missionnaire, je rapporterai ce témoignage d’un prêtre en pays musulman :

« Ibrahim, un lycéen de notre quartier me demande de lire l’Evangile. Je m’étonne :

– Pourquoi veux-tu lire le livre des chrétiens alors que tu as ton propre livre : le Coran ?

– Parce que, répondit-il, l’Evangile nous apprend à vivre en frères, à nous aimer les uns les autres, et non pas à nous juger ».   AMENs une fausse idée de la prière : nous adressant à Dieu, nous croyons que notre prière va le fléchir, le faire changer d’avis, le mettre à notre service comme ce juge avec cette veuve qui insiste. En fait, ce n’est pas nous qui mettons Dieu à notre service, c’est le contraire qui se produit dans la vraie prière : nous nous mettons au service de Dieu. Nous ne changeons pas Dieu, c’est Dieu qui nous change, qui nous modifie, qui nous modèle à son image comme pour une nouvelle création intérieure. Ce n’est pas nous qui agissons sur Dieu, c’est Dieu qui agit sur nous, en nous, pour nous rendre un peu mieux, un peu plus : fils du Père. Si bien que dans une vraie prière, nous avons moins à parler qu’à écouter. « Parle Seigneur, ton serviteur écoute », disait Samuel à Dieu.

C’est à lui de parler, ce n’est pas tellement à nous ! Et Dieu n’attend que cette ouverture pour nous remplir de sa lumière, de son amour, de sa force. Julien Green, dans son journal, compare Dieu à l’eau arrêtée par le barrage de notre égoïsme et qui, dès que le barrage cède, s’engouffre avec force, avec fougue, dans la vallée de nos existences.
Mais c’est peut-être cela qui nous fait peur : n’être plus le maître de nos vies pour laisser le Seigneur l’envahir d’abord et ensuite la diriger : « Celui qui veut protéger sa vie la perdra, celui qui consent à l’exposer la sauvera ». Il sait de quoi nous avons besoin tout comme il savait pourquoi Moïse avait les bras levés tandis que Josué combattait mais il désire notre persévérance, notre insistance, notre foi dans la prière  comme cette veuve  avec ce juge qui pourtant n’est pas comme Dieu, puisque lui, c’est par lassitude qu’il consent à rendre justice à cette veuve, tandis que notre Père ne nous fera pas attendre pour nous rendre justice.

La prière est à la mesure de notre foi : elle se prolonge et dans ce cas, elle a raison du cœur de Dieu, comme pour Moïse qui avait bien de la peine à maintenir ses bras tendus vers Dieu. Dans la difficulté de la prière, aurions-nous tendance à baisser les bras ? Savons-nous nous ménager des moments de prière, seul, en foyer, mari et femme, en famille aussi avec les enfants ? Car ne l’oublions pas, il y a une grâce spéciale à prier ensemble : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux ».

Chaque dimanche, l’Eglise nous rassemble pour la prière par excellence, celle de la messe, celle de l’Eucharistie où c’est Jésus-Christ lui-même qui vient au milieu de nous pour prier pour nous son Père du ciel. Prière variée que celle de la messe qui nous rassemble aussi pour le pardon, la louange, l’action de grâces, l’adoration.

Chaque semaine, l’Eglise nous apprend à donner du temps à Dieu dans une prière communautaire : que cela nous entraîne à une prière personnelle chaque jour.  AMEN