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29ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 18, 1-8)

Confiance en l’Amour (Lc 18,1-8) !

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager :
« Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes.
Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : “Rends-moi justice contre mon adversaire.”
Longtemps il refusa ; puis il se dit : “Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne,
comme cette veuve commence à m’ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.” »
Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice !
Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ?
Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

        

            « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16), un Amour infini, sans limite… Et « c’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour » (Ste Thérèse de Lisieux).

            Pour nous inviter à cette confiance, le Seigneur va prendre ici l’image d’un juge « qui ne respectait pas Dieu et se moquait des hommes ». Malgré sa fonction, rendre la justice était donc le dernier de ses soucis ! Mais une veuve, c’est-à-dire quelqu’un qui, dans sa vulnérabilité et sa fragilité, avait tout particulièrement besoin de justice, saura insister et insister encore pour que justice lui soit rendue. Et ce juge répondra finalement à sa demande, non pas pour être fidèle à sa charge, mais par pur égoïsme. Plus personne en effet ne viendra lui casser les oreilles, il sera enfin tranquille…

            Or Jésus emploie ici la technique du contraste pour faire grandir en nous la confiance en notre Dieu et Père. Si la justice a finalement été rendue dans un tel contexte, combien plus le sera-t-elle dans le cadre de notre relation à Dieu, Lui le seul vrai Juge, Lui qui n’est que Justice et qui n’a qu’un seul désir : accomplir toute justice. Or, ce qui est juste pour l’Amour, c’est que l’Être aimé soit bien, au sens fort du terme. Quelle que soit en effet la situation dans laquelle nous nous trouvons, l’Amour ne poursuit toujours qu’un seul et même but : notre bien le plus profond, un bien dont nous n’avons peut-être pas vraiment conscience et que nous découvrirons au fur et à mesure que nous l’expérimenterons. Et là nous comprendrons à quel point il est le fruit gratuit de l’Amour !

Le Seigneur nous invite donc ici à la confiance en son Amour : Lui sait mieux que nous mêmes ce qui est vraiment bon pour nous. Si nous demandons et demandons encore dans la prière ce qui nous semble bien pour nous ou pour un proche, et si ce que nous demandons n’arrive pas, osons nous remettre en question… Osons alors faire confiance en l’Amour : sa solution ne peut qu’être meilleure que la nôtre. Nous ne voyons souvent en effet que le bout de notre nez, alors que Dieu lui voit au-delà du temps et de l’espace… « Je vais prier pour que la Sainte Vierge diminue votre oppression », dit une Sœur à Thérèse de Lisieux, malade de la tuberculose. Réponse immédiate : « Non, il faut les laisser faire là haut »…

« À Celui dont la puissance agissant en nous est capable de faire bien au-delà, infiniment au-delà de tout ce que nous pouvons demander ou concevoir, à Lui la gloire, dans l’Église et le Christ Jésus, pour tous les âges et tous les siècles ! Amen » (Ep 3,20-21).

                                                                                                                                  DJF

 

 




29ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN (St Luc 18,1-8)

 La prière 

Lc 18, 1-8

Le geste de Moïse dont on tient les bras levés vers Dieu pour la prière, durant une bataille, peut nous paraître naïf et proche de la magie. En fait, il contient une profonde vérité de foi : tout ce que nous faisons, c’est Dieu qui nous donne le pouvoir de le faire. Et Jésus ne nous dira pas autre chose : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire ».

Moïse en était convaincu, il persévérait dans la prière tandis que Josué combattait dans la plaine, car la prière ne dispense pas d’agir, mais l’action ne dispense pas de prier.

 « Laisser tomber les bras ». Voilà une expression que nous employons encore pour parler de quelqu’un qui n’y croit plus, qui renonce : « Il a baissé les bras ». Moïse, lui, n’a pas baissé les bras, il a tenu dans la foi, il a persévéré dans la prière jusqu’au bout… Aussi, à travers ce geste de Moïse, c’est la question de la foi qui nous est posée.

Sur qui comptons-nous ? Sur Dieu ? Ou seulement sur nous-mêmes ? Est-ce-que nous nous estimons assez forts pour nous passer de lui ? Et c’est tout le sens de la dernière phrase de l’Evangile d’aujourd’hui. Une question à laquelle Jésus ne répond pas parce qu’il ne peut pas répondre à notre place.

« Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? »

A voir le petit nombre que nous sommes à prier, chaque dimanche, la question se pose en effet et nous-mêmes, dans nos journées, quelle place laissons-nous à la prière ?

Il faut avoir vécu en pays musulman, avoir été témoin de la prière d’un peuple, pour mesurer avec honte à quel point nos sociétés  occidentales  sont  des « déserts  de  Dieu ». Psichari, un officier français, écrivait  après  un voyage au  Maroc : « Tu ne sais  pas ce que c’est que de vivre dans un pays où tout le monde prie ». Et vous connaissez peut-être la maxime de Gandhi : « La prière est la clé du matin et le verrou du soir ».

Frères chrétiens, avons-nous un rendez-vous quotidien avec Dieu ? Oh ! Je sais, on dit « Je n’ai pas le temps », ayons plutôt le courage de reconnaitre « Je ne prends pas le temps ». Prier, c’est d’abord « prendre du temps pour Dieu », lui accorder un peu de notre temps parce que nous estimons que c’est vital pour notre foi. Vous le savez bien, si on aime quelqu’un, on prend le temps d’être avec lui, de l’écouter, de lui parler, de l’aimer.

La prière est ce « Rendez-Vous » avec Dieu. Elle nous rend présents à Dieu, elle nous expose au rayonnement de son amour. On prend bien des « bains de soleil ». Certaines personnes passent des heures et des heures sur la plage pour bronzer-idiot. Il serait plus utile de prendre des « bains de Dieu ». Notre âme n’en sera pas bronzée, mais plus forte, plus solide dans sa foi.

 Au milieu de l’agitation trépidante de notre vie, la prière est également un « bain de silence » qui permet une décantation de nous-mêmes, comme une eau qui lorsqu’elle est au repos, se clarifie peu à peu, et alors, mais alors seulement, nous pouvons entendre Dieu qui nous parle doucement.
Son Esprit nous souffle la direction à prendre, nous éclaire sur la voie à suivre, purifie notre regard et notre cœur, pour mieux voir et mieux juger ce que nous faisons et aussi ce que nous devons faire, en nous-mêmes et avec les autres. Nous découvrons alors l’action de Dieu  à travers les événements, à travers notre histoire à nous. La prière apaise notre cœur, nous remplit d’indulgence pour nos proches, fortifie notre volonté à les servir, la vraie prière nous relie à Dieu mais aussi aux autres…

 

Souvent nous avons une fausse idée de la prière : nous adressant à Dieu, nous croyons que notre prière va le fléchir, le faire changer d’avis, le mettre à notre service comme ce juge avec cette veuve qui insiste. En fait, ce n’est pas nous qui mettons Dieu à notre service, c’est le contraire qui se produit dans la vraie prière : nous nous mettons au service de Dieu. Nous ne changeons pas Dieu, c’est Dieu qui nous change, qui nous modifie, qui nous modèle à son image comme pour une nouvelle création intérieure. Ce n’est pas nous qui agissons sur Dieu, c’est Dieu qui agit sur nous, en nous, pour nous rendre un peu mieux, un peu plus : fils du Père. Si bien que dans une vraie prière, nous avons moins à parler qu’à écouter. « Parle Seigneur, ton serviteur écoute », disait Samuel à Dieu.

C’est à lui de parler, ce n’est pas tellement à nous ! Et Dieu n’attend que cette ouverture pour nous remplir de sa lumière, de son amour, de sa force. Julien Green, dans son journal, compare Dieu à l’eau arrêtée par le barrage de notre égoïsme et qui, dès que le barrage cède, s’engouffre avec force, avec fougue, dans la vallée de nos existences.
Mais c’est peut-être cela qui nous fait peur : n’être plus le maître de nos vies pour laisser le Seigneur l’envahir d’abord et ensuite la diriger : « Celui qui veut protéger sa vie la perdra, celui qui consent à l’exposer la sauvera ». Il sait de quoi nous avons besoin tout comme il savait pourquoi Moïse avait les bras levés tandis que Josué combattait mais il désire notre persévérance, notre insistance, notre foi dans la prière  comme cette veuve  avec ce juge qui pourtant n’est pas comme Dieu, puisque lui, c’est par lassitude qu’il consent à rendre justice à cette veuve, tandis que notre Père ne nous fera pas attendre pour nous rendre justice.

La prière est à la mesure de notre foi : elle se prolonge et dans ce cas, elle a raison du cœur de Dieu, comme pour Moïse qui avait bien de la peine à maintenir ses bras tendus vers Dieu. Dans la difficulté de la prière, aurions-nous tendance à baisser les bras ? Savons-nous nous ménager des moments de prière, seul, en foyer, mari et femme, en famille aussi avec les enfants ? Car ne l’oublions pas, il y a une grâce spéciale à prier ensemble : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux ».

Chaque dimanche, l’Eglise nous rassemble pour la prière par excellence, celle de la messe, celle de l’Eucharistie où c’est Jésus-Christ lui-même qui vient au milieu de nous pour prier pour nous son Père du ciel. Prière variée que celle de la messe qui nous rassemble aussi pour le pardon, la louange, l’action de grâces, l’adoration.

Chaque semaine, l’Eglise nous apprend à donner du temps à Dieu dans une prière communautaire : que cela nous entraîne à une prière personnelle chaque jour.  AMEN




29ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 18, 1-8)

« Persévérance … ou découragement ? » 

Les textes de ce jour nous interpellent encore sur notre relation à Dieu, sur la confiance que nous avons en lui … en quelque sorte, sur notre foi !

Cela commence avec le passage de la bataille entre le peuple Hébreux et les Amalécites.

Josué et ses hommes livraient bataille pendant que Moïse priait sur la colline avec le bâton de Dieu à la main. Quand le bâton était levé, « Israël était le plus fort », mais avec la fatigue, il arrivait que Moïse baisse le bras … et alors les Amalécites l’emportaient !

Aaron et Hour prirent alors une pierre sur laquelle Moïse s’assit, et ils tinrent chacun une main de Moïse pour que le bâton de Dieu reste élevé … et les Hébreux vainquirent !

Persévérance et foi en Dieu !

Le psaume est une hymne de confiance en Dieu.

« Le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre …

Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, le gardien d’Israël

Le Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage, se tient près de toi

Le Seigneur te gardera de tout mal, il gardera ta vie …

Le Seigneur te gardera, au départ et au retour, maintenant, à jamais. »

Confiance totale en Dieu !

Foi de celui qui le dit … avec conscience !

Dans la seconde lecture, saint Paul nous invite à lire les « Saintes Écritures : elles ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, en vue du salut par la foi que nous avons en Jésus Christ. », pas simplement pour nous, mais pour la communiquer aux autres, pour devenir missionnaires, comme nous l’invite aussi le « synode 2021-2023 » auquel nous participons : « Proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. »

Persévérance dans l’annonce de la Parole de Dieu et de Jésus.

L’évangile, Jésus nous rappelle « la nécessité pour [ses disciples] de toujours prier sans se décourager. ».

L’ancienne traduction disait « … de prier sans cesse et ne pas se décourager. », ce qui était sans doute plus clair pour la compréhension.

Prier sans cesse, ce n’est pas souvent facile, vues les occupations que chacun peut avoir ; mais avoir une attitude de relation à Dieu dans tout ce que l’on fait, même si on ne parle pas à Dieu, mais que nos actions soient conformes à l’esprit de l’évangile, cela est tout à fait possible.

Et c’est une manière de prier Dieu en faisant sa volonté. « Ce n’est pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. » (Mt 7,21).

Mais aussi : « ne pas se décourager ».

Peut-être les disciples avaient-ils posé la question à Jésus : « Pourquoi nos prières ne sont-elles pas toujours exaucées ? » … et c’est une question qui est posée encore souvent …

Jésus donne une parabole sur un juge qui refusait de rendre justice à une veuve, donc une pauvre personne, et qui était toujours à lui réclamer justice, à tel point qu’il en eut assez et finalement lui rendit justice.

À cause de la persévérance de la veuve, le juge redevient ’’juge’’, et lui rendit justice.

On a la même chose avec l’homme qui vient demander du pain en pleine nuit à son voisin, et qui donnera du pain, non par amitié, mais pour être tranquille, lui et sa famille.

Persévérance …

Mais pourquoi ? Peut-être pour que Dieu puisse éprouver notre demande !

Est-ce que notre demande est une passade … ? Est-ce que nous demandons des choses sans importance ? ou qui ne correspondent pas à la volonté de Dieu ?

Il faut que notre demande dure dans le temps, et surtout qu’elle soit demandée dans la foi de l’amour de Dieu, qui lui peut tout … mais ne fait pas n’importe quoi …

C’est ce que dit souvent Jésus : « Ta foi t’a sauvé ! »

Persévérance … dans la demande … mais surtout dans la foi !

Ce qui explique la fin du passage : « Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. » … mais si les conditions d’objet de la demande, et surtout de foi sont bien remplies … et dans le temps de Dieu, qui, comme on le sait, n’est pas le nôtre …

Et Jésus poursuit : « Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

C’est une question que l’on peut se poser, et même qu’on doit se poser. À commencer par notre propre foi ! Et à l’exemple qu’elle peut avoir sur les autres ? sur mes voisins, mes collègues, mes relations, et surtout sur ma famille, mes enfants …

Dans ce mois de la mission, et dans cette période de synode où l’un des trois axes est « mission », … il faut vraiment se poser la question !

Est-ce que ma foi, celle que je montre ou qui transparaît dans mes actions, peut donner envie aux autres d’avoir la même foi en Dieu ?

Seigneur Jésus,

Nous sommes bien pauvres

au niveau de notre foi.

Si on regarde la relation

que tu as avec ton Père,

nous en sommes bien loin !

Que l’Esprit Saint nous aide

à affermir notre foi.

 

Francis Cousin 

 

 

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28ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Les  dix  lépreux

Lc 17, 11-19

Les miracles de Jésus ne sont pas à mettre tous sur le même pied. Jésus ne veut jamais en faire une manifestation spectaculaire destinée à nous en mettre plein les yeux pour amener notre adhésion au Christ. Chacune des guérisons est opérée dans un contexte particulier. Le miracle, c’est d’abord une action à travers laquelle Dieu se révèle, à travers laquelle Dieu nous parle.

* Allons donc jusqu’à la signification profonde, théologique de ce miracle.

* Que signifie « la lèpre » ? Que signifie ce « retour » vers Jésus d’un seul des guéris ?

* Et  de  quelle  foi s’agit-il lorsque  Jésus  dit  « Ta foi t’a sauvé » ?

Aujourd’hui, il s’agit de dix hommes, lépreux, qui implorent leur guérison. La lèpre est une maladie comme les autres, aujourd’hui « assez facile à guérir ».

Mais attention, cette maladie est tout un symbole : dans la Bible, la lèpre est le symbole terriblement expressif du péché, ce mal qui défigure l’homme : plaies purulentes de la peau, membres rongés peu à peu, visages déformés. Elle a souvent été vue comme un signe du jugement de Dieu pour une faute grave. La lèpre excommunie le malade, il est obligé de s’isoler, de se mettre au ban de la société, obligé de crier « impur, impur » si quelqu’un se dirige vers lui, obligé aussi de vivre en bande, pour ne  pas mourir dans un coin. Dieu, en  créant l’homme, avait rêvé d’un être  beau, merveilleux, « à son  image et ressemblance ». Le vrai visage de l’homme, c’est de ressembler à Dieu qui est amour.

. Hélas ! Ces yeux faits pour s’ouvrir aux autres, les voici obscurcis par la lèpre du péché.

. Hélas, ces mains faites pour travailler et pour donner, les voici rongées par la lèpre de la paresse et de l’avidité.

. Hélas, ce cœur fait pour aimer, le voici défiguré par le hideux égoïsme et l’orgueil.

Le lépreux est un paria dans tous les sens : guérir un lépreux, ce sera donc le réintégrer dans la société, lui redonner ses droits de citoyen, c’est aussi l’absoudre : car cette maladie est le symbole d’un mal spirituel.

Plutôt que de les guérir tout de suite, Jésus va mettre leur foi à l’épreuve : tout comme Naaman, en la 1ère lecture, à qui il est demandé de se laver sept fois dans le Jourdain, Jésus leur dit : « Allez  vous montrer aux prêtres ».

Notez bien qu’ils ne sont pas guéris ! C’est donc un pur acte de foi que de quitter Jésus et d’aller vers Jérusalem, en étant toujours lépreux. Or, « en cours de route », ils furent purifiés.

Au lieu de les guérir instantanément, il demande à ces pauvres malheureux de partir, comme ils sont, avec leur affreuse maladie. Jésus met leur foi à l’épreuve.

Souvent, pour nous aussi, nous demandons une grâce au Seigneur, mais tout ne vient pas tout de suite ! Il y a une mise à l’épreuve, traversée de nuits de souffrance, sans rien comprendre. A ces lépreux, que Jésus envoie sans les guérir encore, il semble dire : « Croyez-vous en moi ? » « Etes-vous capables de me faire confiance « sur parole » ? »

Il nous faut, nous aussi, poursuivre notre chemin avec « la seule » promesse de Dieu.

« L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus en le remerciant ».

Ce geste de grande prostration, nous voyons le faire en Orient ou par des jeunes à Taizé par exemple. Nous, Occidentaux, nous avons perdu l’habitude de le faire et pourtant, c’est le geste typique de l’adoration. Dans  notre  société  sécularisée, technicisée, nous  finissons  par  penser  que  c’est  par nous-mêmes et grâce à notre compétence, à nos calculs, que nous devons ces biens dont nous regorgeons.

Le prosternement jusqu’à terre, dans la Bible, signifie qu’on reconnaît la gloire de Dieu et sa grandeur. Or, ici, le lépreux fait ce geste « devant Jésus » : il a senti qu’un grand mystère se cache derrière l’humanité si attachante de Jésus ; l’aurions-nous oublié ?

La seule chose qui comptait vraiment pour Jésus, c’est ce geste-là, aussi lui dit-il: « Ta foi t’a sauvé » et Jésus, remarquons- le, semble tout triste de constater que neuf sur dix de ces hommes n’ont  pas  accédé  à  cette  foi. « Les  lépreux  n’avaient-ils  pas  tous la foi ? » C’étaient  des  Juifs : ils  croyaient certainement « en Dieu » comme on dit, mais sur ces dix croyants, il n’y en a eu qu’un, un seul, à venir adorer Jésus, Dieu en Jésus. On ne le dira jamais assez, la foi chrétienne n’est pas seulement une foi en Dieu : les Juifs, les Musulmans et tant d’hommes qui ont une religion naturelle croient aussi en Dieu. Pour nous, chrétiens, ce qui fait le centre de notre foi et son originalité, c’est que nous croyons au « Corps du Christ » en qui habite corporellement la plénitude de la divinité.

Sommes-nous capables de nous mettre « la face contre terre » devant  l’apparence  d’une  petite  hostie ? « Mon  Seigneur et mon Dieu », geste humiliant pour nos suffisances humaines : geste de foi qui nous sauve, qui nous purifie de notre lèpre. « Les neuf autres, on ne les a pas vus revenir pour rendre gloire à Dieu ». N’est-on pas en train de perdre actuellement tout ce sens de ce qui s’appelle « le culte », l’adoration, la glorification de Dieu, la louange de Dieu. On a tellement insisté, et c’était nécessaire de le faire, sur l’amour du prochain, l’amour de l’autre, que l’on ne pense plus à la louange de Dieu lui-même. Cet abandon massif des chrétiens à la messe du dimanche n’est-il pas le signe de la perte de la louange  de Dieu ?

Il est vrai que nos liturgies ont encore beaucoup de progrès à faire pour être, ou essayer d’être, une louange digne de Dieu. Mais ce n’est pas la vraie raison. On dit encore : « Oh ! Les non-pratiquants sont meilleurs que nous ». Excellente raison, n’est-ce-pas pour faire nombre avec eux : cela nous dispensera de la messe du dimanche. Derrière tout cela, quelle ignorance de l’importance du culte et de la louange de Dieu ! Cette eucharistie à laquelle nous participons  est  devenue  l’action  de  grâce  par  excellence :

« Par lui, avec lui, en lui, par lui », Jésus devient la louange parfaite du Peuple de Dieu.

Merveille : nous avons été créés par Dieu.

Merveille : nous avons été recréés, sauvés par lui.

Alors, où est notre reconnaissance ? De quelle façon allons-nous l’exprimer ? On a dit que le concile avait renouvelé la liturgie, a négligé l’essentiel : c’est mal comprendre l’importance de l’action de grâces. Cette messe est la source et le sommet de toute vie chrétienne, c’est le cœur du message de Jésus : « Faites ceci en mémoire de moi ».

La   perte   du  sacré  est  tout  simplement  une  catastrophe : elle signifie  que  l’homme  ne  sait  plus  s’émouvoir  devant  la magnificence des dons de Dieu et quand on ne sait plus admirer son Seigneur, on n’est pas loin de l’indifférence, du mépris, de l’ingratitude.

Devant le petit nombre de chrétiens qui vivent de l’eucharistie, de 6 à 12% à la Réunion, on est tenté de dire, comme Jésus « Et les neuf autres où sont-ils ? N’ont-ils pas été tous guéris ? Rachetés ? »

« Oui, Seigneur, tous ont été sauvés, mais il ne s’en est trouvé qu’un, quelques-uns, pour faire demi-tour pour venir manifester leur reconnaissance, pour t’adresser leur louange ».

Sommes-nous de ceux qui reconnaissent tout ce que Jésus a fait  pour nous ? Faisons-nous demi-tour pour venir l’adorer ? AMEN




28ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 17, 11-19)

Jésus révèle « le Père des Miséricordes » (Lc 17,11-19)…

En ce temps-là, Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la région située entre la Samarie et la Galilée.
Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance
et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. »
À cette vue, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés.
L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix.
Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain.
Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ?
Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! »
Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »

        

           A l’époque de Jésus, les Samaritains, lointains descendants des Israélites du Royaume du Nord, étaient les ennemis jurés des habitants de la Galilée et de la Judée. Et nous voyons ici le Juif Jésus « traverser la Samarie » pour aller à Jérusalem ! « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16) et l’Humanité n’a qu’un seul Créateur et Père. Tout homme est enfant de Dieu, par le simple fait qu’il existe, et Jésus est venu reconstruire cette immense Famille pour lui donner de pouvoir se retrouver « là » où elle est si fortement attendue : dans la Maison du Père, conviée à s’asseoir à la table du Père pour une éternelle Fête de Famille…

            La maladie était regardée autrefois comme la conséquence du péché. Ces dix lépreux nous représentent donc tous. Ils s’approchent d’ailleurs de Jésus et lui disent, non pas « Guéris-nous », mais : « Jésus, Maître, fais-nous miséricorde ». Une telle prière ne peut qu’être exaucée : Jésus est venu pour cela, aussi grave que puisse être notre état. La Miséricorde de Dieu, en effet, est infinie, sans limite, inépuisable. Et ce sont les plus grands pécheurs, les plus grands blessés de la vie, qui, dans l’Amour, sont appelés à recevoir le plus. Les derniers sont déjà, pour Dieu, les premiers.

            Jésus ne va leur demander qu’une seule chose : la confiance. En effet, ils ne sont pas guéris tout de suite, et pourtant il va les inviter à partir vers les prêtres chargés de constater leur guérison (Lv 14) ! Et les dix vont croire et partir… Mais quel est l’objet de leur foi ? Croient-ils simplement que Jésus est un formidable guérisseur comme nous, nous pouvons faire confiance en tel médecin, en tel chirurgien ?

            « En cours de route, ils furent purifiés ». Jésus est réellement formidable, et l’aventure va s’arrêter là pour neuf d’entre eux… Un seul, un Samaritain – donné ici en exemple à un auditoire Juif ! – va revenir vers cet homme appelé Jésus « en glorifiant Dieu à pleine voix ». Avec lui, nous ne sommes donc plus dans la seule confiance humaine, mais dans celle qui, adressée à Dieu, s’appelle « la foi ». Et il se prosterne devant Jésus « la face contre terre » comme on le fait devant Dieu seul… A-t-il reconnu en Jésus ce Dieu Fils Unique venu nous rejoindre en notre humanité ? Le texte ne le dit pas… Mais quoi qu’il en soit, à travers sa relation avec le Christ, sa vie est maintenant tout entière tournée vers Dieu dans l’action de grâce. Il l’a reconnu à l’œuvre dans sa vie, il a été l’heureux bénéficiaire de sa Tendresse et de sa Bienveillance, il se tourne maintenant de tout cœur vers Lui pour lui dire : « Merci ! ». Et c’est dans cette attitude de cœur qu’il sera le seul parmi les dix lépreux guéris à entendre une parole qui va bien plus loin que la seule guérison physique : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. » Dorénavant, la Vie de Dieu, par sa foi et dans la foi, sera aussi quelque part la sienne, en attendant le plein accomplissement promis, au Ciel, dans la Maison du Père…            DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 28ième Dimanche du Temps Ordinaire

“ Relève-toi et va :

ta foi t’a sauvé ”

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Lc 17, 11-19)

N’oublions pas que Jésus est en route vers Jérusalem où il va donner sa vie pour nous guérir de nos péchés et nous réconcilier avec le Père.

Et soulignons les mots importants 

Lépreux : Réalisons-nous quel était le sort des lépreux dans la société juive du temps de Jésus ?

S’arrêtèrent à distance : Pourquoi ?

Crièrent : Quel est le sens de ce cri ?

Prends pitié de nous : Quand est-ce que l’Eglise nous fait faire cette supplication des lépreux ?

Allez-vous montrer aux prêtres: Jésus ne dit rien d’autre aux lépreux, il ne fait aucun geste de guérison. Et les lépreux suivent ses instructions  et en cours de route ils sont purifiés : qu’est ce que cela nous apprend de la Parole de Jésus, et de la foi des lépreux ?

Purifiés : De quelle purification s’agit-il ?

La face contre terre  aux pieds de Jésus : que signifie ce geste? Qu’est-ce qui est admirable chez cet homme qui fait demi-tour et revient vers Jésus ? Pourquoi Jésus est surpris ?

Samaritain : Jésus dit de lui : “cet étranger ” : est-ce que nous nous rappelons pourquoi ?

Que veut souligner Jésus en admirant la reconnaissance du Samaritain ? Est-ce que cela ne nous rappelle pas une parabole ?

Rendre grâce, Rendre gloire à Dieu : Ces deux expressions expriment deux attitudes importantes des chrétiens. A quel moment surtout nous les exprimons ?

Ta foi t’a sauvé : Seul le Samaritain entend  cette parole de Jésus.  Etre guéri et être sauvé : quelle différence ?

 

Pour l’animateur 

  • Les lépreux : c’était les exclus les plus malheureux de l’époque, considérés comme des pécheurs maudits par Dieu, des hommes impurs. Ils devaient avoir les habits déchirés, les cheveux dénoués et crier “ impur ! impur !” quand ils rencontraient quelqu’un. La lèpre n’était pas considérée comme une simple maladie, mais comme une impureté religieuse liée à une vie de péchés. Ils vivaient en dehors de la communauté d’Israël.

  • La guérison d’un lépreux s’appelaitpurification et la loi juive chargeait les prêtres de faire un constat de guérison pour tout lépreux purifié de sa lèpre.

  • Pourtant Jésus ne fait aucun geste de guérison et la purification n’est pas instantanée. Jésus se soumet docilement aux autorités de son pays. Il faut donc déjà beaucoup de foi (confiance) à ces dix malades pour se rendre au Temple et faire constater une guérison qui ne s’est pas encore produite.

  • Saint Luc souligne aussi la puissance de la Parole de Jésus. Et la purification signifie également que ces hommes  sont désormais en paix avec Dieu.

  • Alors que neuf continuent leur marche vers le Temple pour se soumettre aux prescriptions de la Loi, un seul juge plus urgent d’aller d’abord remercier Dieu et Jésus. Il manifeste ainsi la vraie foi. Et surprise ! cet homme qui vient se prosterner devant Jésus et le remercier Jésus en glorifiant Dieu, c’est un Samaritain, un étranger, que les juifs méprisaient comme hérétiques. Nous pensons à la parabole (Lc 10, 29…) : c’est un samaritain qui est cité en exemple.

  • Et Jésus déclare que seul le Samaritain reconnaissant a été sauvé : car le salut est bien plus que la guérison. Car la guérison ne débouche sur le salut complet de tout l’être humain que s’il reconnaît l’initiative gratuite de Dieu à son égard,  et s’il répond en s’engageant dans une relation avec Jésus : voilà  la vraie foi. Se contenter de jouir de la guérison corporelle, c’est s’arrêter en chemin.

  • Dans l’Eucharistie, nous crions vers le Christ “Jésus, Prends pitié de nous” parce que nous sommes atteints par la “lèpre ” du péché, et nous glorifions le Père et nous lui rendons grâce parce que nous sommes purifiés et sauvés par Jésus qui s’offre pour nous. A chaque fois, Jésus nous dit : “ Relève-toi, va ta foi t’a sauvé ! ” Glorifier Dieu et rendre grâce, c’est l’attitude essentielle du sauvé !

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Jésus n’est jamais indifférent aux détresses humaines. Il est le Dieu plein de d’amour pour ceux qui souffrent. Il voit. Il entend. Il répond. Avec toute l’humanité souffrante, nous crions : “ Jésus, Maître, prends pitié de nous ”. Il voit plus loin que nos maladies corporelles. Il veut guérir notre cœur du péché,  ce mal qui le défigure, comme la lèpre défigure le visage. Le salut nous est acquis et offert par Jésus. Encore nous faut-il le reconnaître et l’accueillir.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

La Parole aujourd’hui dans notre vie 

  • Savons-nous comme ces lépreux nous avancer vers Jésus et crier vers lui notre misère de pécheurs ? Comment vivons-nous cette supplication de l’assemblée adressée au Christ au début de chaque eucharistie ? Comment vivons-nous le sacrement de Réconciliation qui nous ramène vers le Sauveur ? Quelle est le niveau de notre confiance en Jésus Sauveur ?

  • Nous sommes tous des hommes guéris par le Christ de la lèpre de nos péchés : comment lui manifestons-nous notre reconnaissance ? Quelle est la qualité de notre merci ? Le mot Eucharistie veut dire “Action de grâce ” : comment vivons-nous nos eucharisties ? 

  • On ne compte plus aujourd’hui les groupes qui prétendent faire des guérisons, et nombreux sont ceux qui font le tour de ces groupes pour chercher une guérison miraculeuse ! Où est la foi au Christ dans tout cela ? 

  • “ Relève-toi”, dit Jésus au samaritain guéri : en quoi cette invitation nous concerne, nous,  aujourd’hui ?

ENSEMBLE PRIONS 

Seigneur, souvent nous sommes ingrat envers Toi : nous prions, nous communions, nous agissons, nous mangeons, nous jouissons d’une bonne santé, nous avons rencontré un bon médecin…mais nous savons si peu contempler, ni remercier…

Chant : Le Seigneur est notre secours (p.186 carnet des paroisses, c.1, 2, 4, 5)

 

On peut aussi inviter à une action de grâce spontanée avec le refrain : “ Tu nous as sauvés, Seigneur, nous te rendons grâce à jamais. ” (p.312)

 

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28ième Dimanche du Temps Ordinaire

 




27ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Père Rodolphe EMARD

Homélie du dimanche 02 octobre 2022

Lectures de référence :

Ha 1, 2-3 ; 2, 2-4 / 2 Tm 1, 6-8. 13-14 / Lc 17, 5-10

Les lectures de ce dimanche nous exhortent à avoir la foi, à mettre notre confiance dans le Seigneur. Ces lectures nous invitent aussi à quelques remises en question…

 

 

►Dans la première lecture, le prophète Habacuc ne supporte plus la violence infligée par un grand roi guerrier de Babylone, Nabuchodonosor : « Combien de temps, Seigneur, vais-je appeler, sans que tu entendes ? » Dans cette plainte, il y a une remise en cause de l’attitude du Seigneur.

Cette question est bien la nôtre : « Seigneur que fais-tu face à cette violence, ce mal, cette misère ? » Nous avons l’impression parfois de demander sans cesse, de prier sans cesse et que Dieu ne nous répond pas !

Et pourtant ! La Parole de Dieu nous assure que Dieu entend et exauce nos demandes. Cela peut paraître contradictoire… Nous devons avant tout nous rappeler que le temps de Dieu n’est pas celui de l’homme. Dieu nous exauce à son heure et parfois d’une manière qu’on n’aurait pas voulu ou à laquelle on ne s’attendait pas.

Cette première lecture nous invite à la persévérance et à la fidélité dans la foi : « Le juste vivra par sa fidélité ».  Ce qui est juste c’est d’être fidèle à Dieu et cela procure la vie : « Le juste vivra » !

►Nous avons ensuite entendu un extrait de la deuxième lettre de Paul à Timothée. Cette lettre est probablement la dernière que l’apôtre ait écrite, en prison, quelques temps avant son exécution. Son disciple Timothée est profondément marqué par cette situation.

Paul invite Timothée à raviver en lui « le don gratuit de Dieu » qu’il a reçu. D’autre part, il encourage Timothée à ne pas avoir honte du témoignage de la foi, à garder « le dépôt de la foi ». Paul demande aussi à Timothée de prendre sa « part des souffrances liées à l’annonce de l’Évangile ».

Celui qui veut vraiment vivre l’Évangile ne peut pas éviter les souffrances. Mais celui qui veut vraiment vivre l’Évangile sait qu’il est porté par l’Esprit Saint qui habite en lui malgré les désarrois qu’il traverse.

Nous avons, nous aussi, à ranimer le don gratuit de Dieu que nous avons reçu à notre Baptême. Nous devons également dépasser nos craintes qui nous empêchent parfois d’avancer ou de prendre des décisions importantes.

Nous avons reçu l’Esprit Saint. Saint Paul écrit : « Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour, de pondération ». Encore faut-il nous abandonner à l’Esprit Saint et le laisser agir en nous !

Il nous faut aussi le courage d’agir sinon ce sera toujours « remis à plus tard ». Invoquons l’Esprit Saint ! Sans lui, nous ne pourrons pas grandir dans la foi et envisager l’inconnu de façon plus sereine.

L’Évangile nous donne de réfléchir dans trois directions :

  • Notre foi est petite, plus petite qu’une « graine de moutarde ». Nous sous-estimons parfois la puissance de la foi. La demande des Apôtres doit être aussi la nôtre : « Augmente en nous la foi ! »

Cela doit être notre première demande à Dieu, avant toutes nos demandes de réussites, aussi légitimes qu’elles soient. Sans la foi, nous ne réussirons pas, c’est une grâce à demander constamment. Nous ne devons jamais oublier que rien n’est acquis définitivement !

  • Notre foi est petite et parfois nous sommes au fond du trou… N’oublions pas également que c’est la foi de l’Église qui nous porte dans ces moments-là, la prière de la communauté.

  • Enfin, celui qui a la foi se doit de servir : « Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir ». Il s’agit d’être de simples serviteurs, dans la totale gratuite, sans chercher des honneurs ou des intérêts. Nous retrouvons ici l’importance de la fidélité dans la foi, soulignée dans la première lecture.

Frères et sœurs, que le Seigneur nous fasse grandir dans la foi, dans la confiance. Dieu n’est pas insensible à nos cris, ayons foi que sa réponse viendra à son heure.

Seigneur Jésus, augmente en nous la foi !

Père Rodolphe Emard




27ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 17, 5-10)

« Nous sommes de simples serviteurs … »

Tous les textes de ce jour parlent de la foi … de notre rapport avec Dieu …

Dans la première lecture, Habacuc se plaint de manque de réaction de Dieu à ses appels : « Combien de temps, Seigneur, vais-je appeler, sans que tu entendes ? Crier vers toi : « Violence ! », sans que tu sauves ? » en voyant le mal et la misère dans le monde …

Il n’est pas le seul à réagir ainsi !

Souvent nous entendons des gens se plaindre devant certaines situations dramatiques actuelles : « Mais que fait donc le Bon Dieu ? », « J’ai prié Dieu, mais cela n’a rien changé ». Certains allant même jusqu’à dire « Si Dieu existait, il ne laisserait pas faire cela ! » … mettant ainsi un terme à leur réflexion sur Dieu !

Mais dans la situation actuelle, avec l’épidémie du Covid-19, la guerre en Ukraine et ailleurs, et toutes les conséquences qui s’en suivent : hausse des prix … raréfaction de denrées, alimentaires ou industrielles … déplacement de populations … on peut comprendre ces réactions …

Mais Dieu nous a confié la terre … et nous a laissé la liberté de faire ce que nous voulions … « Qu’en avez-vous donc fait ? ».

Cependant, Dieu répond à Habacuc : « C’est encore une vision pour le temps fixé ; elle tendra vers son accomplissement, et ne décevra pas. Si elle paraît tarder, attends-la : elle viendra certainement, sans retard. »

Mais le temps de Dieu n’est pas celui des hommes ! « À tes yeux, mille ans sont comme hier, c’est un jour qui s’en va. » (Ps 89,4).

Dieu nous invite à la patience … l’accomplissement … La vie éternelle ? …

Le psaume, lui, nous invite à la joie, à manifester notre joie : « Venez, crions de joie pour le Seigneur … adorons le Seigneur qui nous a fait. Oui, il est notre Dieu ; nous sommes le peuple qu’il conduit. ».

Mais attention : « Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ? « Ne fermez pas votre cœur comme au désert, comme au jour de tentation et de défi, où vos pères m’ont tenté et provoqué. »

La foi s’entretient avec l’écoute de la Parole de Dieu, dans la prière, l’adoration, et la lecture de la Bible, et spécialement les évangiles.

Dans la deuxième lecture, saint Paul invite Timothée à raviver la foi en Dieu, en lui rappelant, et par la même occasion, à nous aussi, que « ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, » comme certains le pensent encore, « mais un esprit de force, d’amour et de pondération. »

Mais cela ne se fait pas tout seul, il faut demander de l’aide : « Garde le dépôt de la foi dans toute sa beauté, avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous. ».

Dans l’évangile, ce sont les apôtres qui demandent à Jésus : « Augmente en nous la foi ! »

Cela peut paraître surprenant de la part des apôtres. Ils ont tout quitté pour suivre Jésus, ils ont cru en lui, qui était à l’époque un parfait inconnu … et ils ont l’impression, maintenant qu’ils le connaissent mieux, que leur foi en lui n’est pas suffisante …

« Augmente en nous la foi ! »

La réponse de Jésus est surprenante elle aussi. Au lieu de parler d’augmenter la foi, il leur dit qu’il suffit d’un tout petit peu de foi, pas plus grosse qu’une semence de moutarde pour faire des choses impossibles pour les mortels, comme demander à un arbre : « Déracine-toi et va te planter dans la mer, et il vous aurait obéi. ».

Mais qui oserait parler à un arbre sans passer pour fou ! Il n’a pas d’oreille, de cerveau !

Et qui oserait parler à des animaux !

Et pourtant :

Saint François d’Assise évangélisait les oiseaux … et il a rendu doux comme un agneau le loup de Gubbio !

Et saint Colomban qui a demandé à un ours de lui laisser la caverne qu’il occupait pour en faire son ermitage, et l’ours lui a laissé la place !

Ils ont parlé à des animaux comme à des hommes … et ceux-ci ont obéi !

Finalement, on peut dire que la foi, c’est avoir une confiance totale en Dieu, qui peut tout, et nous donne tout, si on le lui demande, … et si c’est pour le bien de tous, ou de quelques-uns, mais pas pour notre propre personne … à moins que cela entre dans un projet que Dieu a pour nous.

Et pour chacun de nous, Dieu a un projet, en fonction de ses capacités…

Il met des jalons sur notre route pour que nous puissions le mettre en œuvre … si nous comprenons son désir, et que nous acceptons de le faire …

Ce qui veut dire que, dans l’Église, il ne faut pas trop se prendre au sérieux.

Si nous faisons quelque chose de bien, c’est que Dieu est avec nous et qu’il nous aide à le faire bien … et que c’est lui l’artisan, le maître d’œuvre … et que nous faisons ce qu’il nous demande … et nous devons garder l’humilité.

« Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir. »

« Tout est don et le demeure en permanence, nous devons en remercier Dieu. Celui qui vit ainsi a une vraie foi, une bonne confiance en Dieu. Rien n’augmente plus notre foi que de remercier Dieu tous les jours. En effet, tout nous vient de lui, tout est son cadeau ! » (Cardinal Christoph Schönborn)

Seigneur Jésus,

 comme les apôtres nous te demandons

d’augmenter notre foi.

Mais il suffit de peu de chose

qui ne revient qu’à nous :

te faire totalement confiance,

en tout, pour tout,

à chaque instant !

 

Francis Cousin

 

 

 

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27ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Augmente en nous la foi

Lc 17, 5-10

Il semble bien que cette fois, les apôtres, qui pourtant ne comprennent pas toujours les paroles de Jésus, aient tapé dans le mille. Souvent, ils posent des questions à côté, souvent, ils interprètent mal. Souvent, ils ne comprennent pas et là, j’allais dire,  « pour une fois », ils semblent poser la bonne question, la bonne demande : « Seigneur, augmente en nous la foi ! » Voilà le point central de notre vie chrétienne : tout dans notre vie devrait être régi, suscité, conduit par la foi.  A tel point qu’un chrétien qui baisse les bras, avoue aux autres : «  Je n’ai plus la foi », tandis qu’un autre qui redécouvre le Christ va dire : «  J’ai retrouvé la foi ». Seule la foi nous ouvre à cet autre monde dont nous sentons bien qu’il est déjà présent en nous et autour de nous. Elle nous ouvre à ces réalités divines et transcendantes, au-delà de toute rationalité scientifique et cette foi-là, il faut bien le reconnaître, elle n’est pas facile, elle n’est pas évidente et même telle ou telle personne de bonne volonté que nous avons rencontrée à côté de nous, nous a dit parfois : « Je cherche, je suis en recherche, mais je n’ai pas encore la foi ».

Car, voyez-vous, cette foi-là, elle ne vient pas de nous. Elle est un don, un don gratuit de Dieu. Elle ne peut être que la réponse de Dieu à une prière humaine : « Seigneur, donne- nous la foi », « augmente en nous la foi ». Regardez ces apôtres, comme dans l’évangile, ils nous paraissent lamentables ! Arrivistes, jaloux les uns des autres, peu intuitifs, lourdauds, pleins de dérobades et de reniements! Qui, sinon Dieu, les a rendus « témoins courageux »  jusqu’au  martyr ?

La  foi  n’est  pas  une évidence, la foi n’est pas non plus une conquête, c’est l’humble accueil d’un don, d’une grâce : cela ne veut pas dire que l’homme n’a rien à faire, mais l’essentiel, pour lui, c’est être accueil. Accueillir est un acte humain éminemment actif. L’homme n’est pas la lumière, mais s’il ouvre les volets, la lumière viendra jusqu’à lui. Si au contraire, il décide de laisser les volets fermés, il n’y aura pas de lumière en lui, le soleil n’y peut rien. Il ne peut entrer dans une pièce que si on lui ouvre, tout grand, portes et fenêtres.

La foi, c’est d’abord l’humble accueil d’un don, d’une grâce. La foi est un soleil : il faut simplement s’y ouvrir, qu’elle puisse pénétrer, nous envahir, nous éclairer, nous faire voir toute chose dans sa vraie dimension, sous sa vraie couleur : un don de Dieu toujours offert à tous, mais il faut s’y ouvrir. Voilà pourquoi, la foi doit être sollicitée : « Seigneur, augmente en nous la foi », « donne-nous plus de lumière pour nous mettre dans la vérité, pour nous faire voir avec les yeux de la foi, tout ce monde spirituel dans lequel nous vivons, dans lequel nous sommes immergés, mais que nous ne soupçonnons parfois même pas ! » C’est vrai que la lumière, on ne la voit pas, c’est elle qui nous fait voir.  Entre une pièce qui est dans le noir et une pièce qui est dans le jour, il n’y a aucune différence, elles sont toutes deux semblables, mais l’une, on la voit, l’autre pas ! C’est la lumière qui nous fait voir qu’elle existe. De même, c’est la lumière de Dieu qui nous fait voir Dieu dans le cœur des hommes, dans les événements, dans la beauté des choses.

Nous vivons souvent comme des aveugles : nous sentons, nous palpons, nous devinons, mais nous ne voyons pas vraiment. Avec la lumière de la foi, au contraire, nous ne voyons plus le monde tel qu’il nous apparaît avec nos yeux de chair, mais tel qu’il est, en réalité, avec la lumière de Dieu qui nous fait voir les choses et les gens : autrement.

« Seigneur, augmente en nous la foi, mets en nous et autour de nous cette lumière qui nous fera voir toutes choses, non pas dans son apparence, mais dans sa réalité ».

La foi est le soleil et la prière est la fenêtre que l’on ouvre à la lumière de Dieu. C’est  pourquoi  les apôtres font cette prière :

« Augmente en nous la foi ». Il faut nous ouvrir au don de Dieu : « Seigneur, donne-moi la foi ! » A celui qui n’a pas la foi ou qui n’en a pas assez, on ne peut que lui conseiller la prière : « Seigneur, faites que je voie », « Va ta foi t’as sauvé » et Jésus nous répond comme aux apôtres : « La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde (c’est-à-dire une des plus petites graines qui existent) vous diriez au sycomore que voici (le sycomore étant l’arbre le plus difficile à déraciner), déracine-toi et va te planter dans la mer et il vous obéirait ».

Jésus, bien sûr, ne nous conseille pas ici, de demander des miracles sensationnels, il n’a jamais, lui, transplanté des sycomores dans la mer et il a souvent refusé les signes merveilleux qu’on lui demandait. Mais il nous rappelle, avec force, par cette image, que la foi nous ouvre à l’impossible, que la foi nous ouvre à Dieu, autrement : le plus petit bout de foi est plus fort que toutes les entreprises humaines et nous vérifions cela avec les apôtres justement, après Pâques, après la Pentecôte. Eux, ces pauvres gens sans influence, sans pouvoir, sans moyens financiers, sans organisation, sans journal, sans télévision, sans rien, ils ont, de fait, changé le cours de l’histoire et transformé définitivement la mentalité du monde, en s’appuyant sur la seule foi, à laquelle on s’ouvre, par la prière.

* Regardez tout est changé par la foi : la Vierge attend un enfant, un homme est né de Dieu, le ciel est parmi nous, le peuple n’est plus seul.

* Il ne faudrait qu’ »un brin de foi » et vous verriez les arbres dans la mer, les mendiants qui sont rois, les puissants renversés, les trésors qu’on partage.

* Regardez : l’eau se change en vin, le vin devient du sang, les pains se multiplient, le peuple n’a plus faim ; il ne faudrait qu’un brin de foi.

* Regardez : l’infirme peut marcher, l’aveugle voit le jour, les sourds entendent, le peuple n’a plus mal et vous verriez les arbres dans la mer, les bourreaux sans travail, les menottes rouillées, les prisons inutiles…

*  Il ne faudrait qu’un brin de foi, gros comme une graine de moutarde, pour voir les découragés qui reprennent espoir, les pécheurs qui se redressent, les chemins sans issues qui s’ouvrent, les guerres qui s’arrêtent, l’amour qui renaît, les montagnes déplacées : nos montagnes de peur, d’égoïsme, d’anxiété et de lâcheté.

*  Le monde est en crise, l’Eglise est en crise, la famille est en crise, l’école est en crise, l’économie est en crise ; la mort triomphe, mais la Croix est vide et nue, mais le tombeau du Christ est vide et nos tombes, un jour aussi, et l’homme se tient debout, le peuple n’a plus peur.

*  Il ne faudrait qu’un brin de foi et vous verriez les arbres dans la mer, les fusils enterrés, les armes au rebut et les montagnes qui dansent.

*  Si nous avions un brin de foi, nous en ferions des choses ! Les trésors du monde seraient pour tous, les bombes et les fusées inutiles. « Utopie » dira-t-on ! A quoi ça sert de dire cela ?

Alors que devant moi, pillages et violence, disputes et discordes se déchaînent !

« Si vous aviez un peu de foi ! » A quoi bon la foi ? Combien de temps faudra-t-il encore croire sans voir ? Appeler au secours sans que rien n’arrive. On le comprend : les lectures de ce jour lèvent de lourdes questions. Mais ce que dit le Seigneur, ce ne sont pas seulement des mots ; ce qu’il dit, c’est Jésus fait chair.

Je comprends que cet arbre planté dans la mer, c’est d’abord l’arbre de la Croix dressé au milieu des souffrances de l’homme (la mer, chez les juifs, c’est l’empire du mal). Si nous avions un peu de foi, nous verrions déjà que cet arbre de mort a refleuri et qu’il est le signe d’une victoire annoncée sur le mal.

Si nous avions un peu de foi, à la suite du Christ, nous aussi, nous planterions au milieu de ce monde ces signes faibles, mais nécessaires qui annoncent la victoire de Jésus sur le mal.

29« Ce n’est pas un Esprit de peur »  que Dieu nous a donné, nous rappelle  St-Paul, « mais un Esprit  de force, d’amour et de raison ».  Alors, animé par un tel Esprit, l’Eglise peut planter, au cœur des puissances de mort, la victoire pascale de Jésus : l’Arbre de vie dressé sur la mer du péché.  AMEN




27ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 17, 5-10)

Oser la confiance en l’Amour Tout Puissant (Lc 17,5-10)…

En ce temps-là, les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! »
Le Seigneur répondit : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : “Déracine-toi et va te planter dans la mer”, et il vous aurait obéi. »
« Lequel d’entre vous, quand son serviteur aura labouré ou gardé les bêtes, lui dira à son retour des champs : “Viens vite prendre place à table” ?
Ne lui dira-t-il pas plutôt : “Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et boive. Ensuite tu mangeras et boiras à ton tour” ?
Va-t-il être reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ?
De même vous aussi, quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites : “Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir.” »

        

« Les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! » Le Seigneur répondit : « La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde, vous diriez au grand arbre que voici : ‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il vous obéirait ». Mais cela, Jésus ne l’a jamais dit, et rien de tel n’est jamais arrivé dans sa vie ! Un arbre est fait pour pousser dans la terre, et l’action de Dieu ne peut aller contre la nature qu’il a Lui-même créée, avec ses lois qu’il lui a données et que nous découvrons petit à petit… Cette parabole n’est donc pas à prendre au pied de la lettre ! Son message rejoint ce qu’il disait un jour au père d’un enfant épileptique : « Tout est possible à celui qui croit » (Mc 9,23).

            « Tout est possible », mais pas n’importe quoi ! « Tout est possible » par l’Amour Tout Puissant, et cela pour le « meilleur » de la personne aimée… Le démon, lui, comprend autrement cette Toute Puissance, notamment dans la seule perspective ‘d’en mettre plein la vue’, et cela pour la seule gloire, orgueilleuse, de la personne concernée… « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi du haut de ce Temple, car il est écrit : « Il donnera pour toi des ordres à ses anges, afin qu’ils te gardent ». Et encore : « Sur leurs mains ils te porteront » » (Lc 4,9-11 ; Ps 91,11-12).

            De plus, nous dit Jésus, « le Fils ne peut rien faire de Lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement… Moi, je ne peux rien faire de moi-même » (Jn 5,19-20.30). Jésus vivait donc parfaitement la foi au Père, il avait une totale confiance en Lui (Jn 11,41-42), il le laissait accomplir ce qui ne pouvait qu’être le meilleur pour cette mission qu’il ne s’était d’ailleurs pas donnée à lui-même, mais qu’il avait aussi reçue de son Père. Et, dans le contexte de l’époque, le Père a accompli des merveilles pour rendre témoignage à son Fils : « Les aveugles voient et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres » (Mt 11,5).

            Et Jésus, uni au Père dans la communion d’un même Esprit, dit à tous ses disciples, appelés à vivre le même Mystère de Communion : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera, lui aussi, les œuvres que je fais » (Jn 14,12). En effet, ce qui est vrai pour le Fils l’est d’autant plus pour le disciple : c’est le Père qui agira de la meilleure façon qui soit pour le bien de tous…

            Et Jésus termine son invitation à la foi, à la confiance, par un appel à l’humilité. Que les disciples ne s’enorgueillissent pas de tout ce qui peut se faire avec eux et par eux ! Qu’ils n’oublient jamais qu’ils ne sont que les serviteurs de Celui-là seul qui peut accomplir de telles merveilles… « Nous sommes des serviteurs quelconques »…                                DJF