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25ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 16, 1-13)

« Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête,

afin que ces amis vous accueillent

dans les demeures éternelles. »

Voilà un évangile que l’on a bien du mal à comprendre, surtout après avoir entendu la diatribe du prophète Amos dans la première lecture contre ceux qui sont prêts à tromper leurs clients, pensant en eux-mêmes : « Nous pourrons acheter le faible pour un peu d’argent, le malheureux pour une paire de sandales… », et qui se termine par cette phrase : « Le Seigneur le jure par la Fierté de Jacob : Non, jamais je n’oublierai aucun de leurs méfaits. »

Jésus aurait-il oublié la promesse de son Père quand il dit : « Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête car il avait agi avec habileté. » ?

Certainement pas ! Dieu n’oublie pas les méfaits, mais les pardonne !

Si le maître fait l’éloge de cette personne, ce n’est pas parce qu’il a fait une action malhonnête, bien entendu, mais parce qu’il a été habile, finaud. En réduisant les quantités que les débiteurs devaient à son maître, il s’en fait des amis (ou du moins l’espère-t-il !) qui pourront l’aider plus tard quand il sera dans le besoin.

D’autant que les historiens nous apprennent qu’en fait, le gérant avait la totale main sur la gestion du domaine et pouvait la faire à sa guise, à condition de verser une certaine somme au maître. Ce qu’il fait n’est donc pas véritablement une escroquerie vis-à-vis de son maître : en réduisant les dettes, le gérant ne puisait pas sur les ressources de son maître mais sur ses propres revenus.

Et Jésus se sert de cette parabole pour nous dire : « Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. »

Jésus n’est pas opposé à l’argent, comme souvent on le croit. Mais il est opposé à une certaine utilisation de l’argent : celle où l’argent ne sert que pour sa propre personne, une utilisation égoïste, où on ne regarde pas autour de soi les besoins de ceux qui nous entourent.

Pour lui, en plus de nos besoins matériels personnels, il est bon d’utiliser l’argent dont on dispose pour le donner à des amis, qu’on n’est pas obligé de connaitre personnellement, des pauvres, des malades, des exclus … en individuels, ou par le biais d’associations de bienveillance.

Ce sont eux qui nous accueillerons dans les demeures éternelles.

« “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ?’’ (…)  Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” » (Mt 25,37.40).

Jésus nous demande d’utiliser notre argent en vue du Royaume des Cieux, de partager notre argent par amour pour lui à travers les autres.

Mais il n’y a pas que l’argent, ou l’aumône, qui compte. C’est nécessaire (quand on le peut) mais ce n’est pas suffisant.

Une autre chose est nécessaire, que nous rappellent le psaume et la deuxième lecture : la prière.

« Louez, serviteurs du Seigneur, louez le nom du Seigneur !

Béni soit le nom du Seigneur, maintenant et pour les siècles des siècles !

Du levant au couchant du soleil, loué soit le nom du Seigneur ! » (psaume 112)

« J’encourage, avant tout, à faire des demandes, des prières, des intercessions et des actions de grâce pour tous les hommes, pour les chefs d’État et tous ceux qui exercent l’autorité, afin que nous puissions mener notre vie dans la tranquillité et le calme, en toute piété et dignité. Cette prière est bonne et agréable à Dieu notre Sauveur, car il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité. » (1 Tm 2,1-4)

Seigneur Jésus,

 donne-nous d’utiliser notre argent

pour ceux qui en ont besoin,

et aussi de prier pour eux

et pour tous ceux qui ont une autorité, politique ou économique,

même si nous ne sommes pas d’accord avec leurs décisions.

 

Francis Cousin

 

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25ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Dieu ou l’argent

Lc 16, 1-13

            Cette manière de raconter une histoire crapuleuse, dans le but de nous donner à penser, est tout à fait d’actualité et  devrait nous convenir : en effet, la télévision, le cinéma, les romans nous ont habitués à ces récits de truanderie où l’argent, l’amour et les calculs ne s’embarrassent pas de considérations morales, encore moins spirituelles. Pour bien comprendre cette histoire, il faut d’abord nous souvenir qu’une parabole est une histoire destinée à proposer une leçon et une seule.

Tous les auditeurs, comme nous-mêmes aujourd’hui, avons entendu cette histoire : un gérant magouilleur qui essaie de s’en sortir par des combines malhonnêtes. Alors, maintenant, nous  attendons la morale de l’histoire : la condamnation de cet homme et la nécessité de se montrer honnête. Aussi quelle est notre étonnement quand nous entendons Jésus faire son éloge ! Quoi ! Cet escroc, Seigneur, tu l’approuves, mais alors où va-t-on ? Non, rassurez-vous, le Seigneur n’approuve pas sa malhonnêteté, mais plutôt son « astuce » pour se tirer d’un mauvais pas. Effectivement, il s’est montré habile : placé devant une situation critique, exigeant une décision rapide, il a su, sans retard, faire son choix pour assurer au mieux son avenir. Jésus veut faire comprendre à ses auditeurs la gravité, l’urgence de la situation et du choix pour le chrétien : que l’on se décide tout de suite, sans attendre qu’il soit trop tard, votre bonheur et votre avenir en dépendent.

Attention, nous rappelle Jésus, vous disposez sur la terre, de biens matériels : ces biens-là, vous ne les aurez pas toujours. Alors  qu’allez-vous en faire ? Les consommer pour vous, sans souci de l’avenir, sans perspective du futur ou bien, avant qu’il ne soit trop tard, dépêchez-vous d’employer cet argent habilement, en vue de l’avenir, « faites-en un instrument au service de la relation fraternelle, de la solidarité, au lieu d’en faire un moyen de domination ou d’asservissement », « Donnez le à d’autres qui pourront vous être plus utiles au moment où l’argent n’aura plus aucune valeur, au moment où vous devrez quitter ce monde ».

L’argent que j’ai gardé pour moi me portera malheur. Qu’en as-tu-fait ? L’as-tu accumulé ou bien l’as-tu partagé, distribué au service de l’amour, du partage, de la solidarité ? Si tu as su bien l’utiliser, c’est-à-dire le mettre au service de l’amour, donné à de plus pauvres que toi, alors, il peut devenir le gage de ton bonheur dans les demeures éternelles. Tu seras jugé plus tard sur l’argent que tu as gardé et sur l’argent que tu as donné : celui que tu as gardé pour toi, te condamnera ; celui que tu as donné aux autres, te sauvera !

Autrement dit : plus tard, je serai pauvre de l’argent que j’ai gardé et je serai riche de l’argent que j’ai donné. C’est exactement le contraire du discours que vous tiennent les économistes et les financiers.

C’est pourquoi, le Seigneur, qui est parfaitement conscient de cette différence entre l’esprit du monde et l’esprit de Dieu à l’égard de l’argent, nous dit tout de suite après : « Vous ne pouvez pas, à la fois, servir Dieu et l’argent ». Ce sont deux valeurs contraires.

« Si vous vous attachez à l’argent, vous mettrez Dieu de côté ; si vous vous attachez à Dieu, vous mépriserez l’argent. Vous n’en ferez qu’un moyen secondaire au service de la charité, du partage, de la  solidarité. Aucun  serviteur  ne  peut  servir  deux maîtres : ou bien il détestera le premier et aimera le second ou bien il s’attachera au premier et méprisera le second ».

Je ne sais plus qui a dit : « L’argent peut être un bon serviteur mais il est toujours un mauvais maître ».

Oui, si  votre  argent  ne  joue pour vous qu’un rôle de service, un moyen, et non pas un but, alors il est non seulement utile, mais il peut être pour vous l’occasion de faire beaucoup de bien. Mais si cet argent devient pour vous un maître, c’est vous qui devenez son serviteur. Vous êtes motivés par l’argent, vous ne pensez plus qu’à lui, vous vous mettez à son service, alors vous devenez peu à peu son esclave : ce n’est plus vous qui tenez l’argent, c’est l’argent qui vous tient.

Dans notre société où l’argent est roi, nous ne voyons autour de nous que des esclaves de l’argent-roi : on fait  tout  pour  l’argent. On  est  prêt  à  toutes  les  combines, à  tous  les dessous  de  tables, pots  de vin, revendications, prêt à écraser son collègue et lui passer dessus, prêt à jouer au loto et ruiner sa famille, au casino, au tiercé.

Je me rappelle encore, cet homme sur son lit de mort, épuisé par toutes ses heures supplémentaires, il voulait gagner plus, mais son organisme avait craqué. Il me disait : « Mon père, à quoi bon tous ces efforts pour gagner une prime de plus à la fin du mois ! » Rappelons-nous encore une fois, que nos faux amis : Mr « coffre-fort », Mr « compte en banque », Mme  « valeur boursière », ni même Mr « loto » ne seront pas là pour suivre notre corbillard et qu’ils ne pourront jamais intervenir auprès de Dieu.

Et toi, quel est ton maître ? Que préfères-tu : Dieu ou ton portefeuille ? Que répondez-vous : « Les deux, j’aime bien l’argent, mais je t’aime toi aussi, Seigneur! » et vous entendez le Seigneur vous répondre : « Vous ne pouvez servir à la fois Dieu et l’argent ».

Alors l’argent à quoi sert-il ? (le Seigneur nous répond par cette parabole) « Se faire des amis, développer l’amitié, faire de l’amitié, mettre de l’amour dans les relations ». Voilà un aspect révolutionnaire de l’Evangile : faire de l’argent un instrument de partage et d’amitié. Vous le savez bien : l’argent n’est pas mauvais en soi, ce qui est mauvais ou bon, c’est l’usage que l’on en fait et si tu as bon cœur, ton argent risque d’être une bonne chose, mais si tu es égoïste, mauvais cœur, ton argent risque d’être un moyen détestable. St-François d’Assise l’appelait le « crottin du Diable ».

En fait, tout dépend de notre cœur, de notre détachement ou de notre attachement. Et toi, que fais-tu de ton argent ? Crées-tu du bonheur avec ou pourris-tu le cœur des autres et le tien avec ? Cet Evangile peut être une bonne nouvelle pour les riches, riches ou pauvres, pour tous. Il y a moyen  de se sauver  à  condition  de ne pas tomber dans le piège de l’argent « trompeur » comme dit Jésus. « Trompeur », il l’est parce qu’il donne une fausse sécurité provisoire, il ne faut pas s’y fier.

En soi, voyez-vous, l’argent est neutre, il n’est ni bon ni mauvais, tout dépend de notre cœur à son égard, tout dépend de l’usage que l’on en fait : il peut être puissance maléfique ou puissance bénéfique.

Bien avant Karl Marx, Jésus avait mis en garde contre cette aliénation de l’homme par l’argent :

« Rappelez-vous : l’argent n’est pas votre vrai bien. La richesse ne fait pas qu’un homme devienne bon, intelligent, heureux. La valeur véritable est ailleurs : nous pouvons posséder de l’argent à condition de ne pas nous laisser posséder par lui, ce qui est vite fait ».

La vraie richesse de l’homme est au-delà de l’homme, elle est en Dieu. A nous, comme cet intendant de l’Evangile, de nous montrer habiles, clairvoyants, en discernant les vraies valeurs, celles qui ne passent pas, celles dont il nous sera demandé compte, de celles qui passent et qui ne nous seront d’aucune utilité dans l’avenir divin : faisons de nos biens un bon usage.

Le partage est plus qu’un mode de vie :

il est témoignage de foi.  AMEN




25ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 16, 1-13)

Dieu, seule Source du Bien Véritable

(Lc 16,1-13)

En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter.
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
Alors Jésus leur dit cette parabole :
« Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ?
Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux, et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !”
Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. »
Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ?
Quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et ses voisines pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !”
Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »
« Un homme avait deux fils.
Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.” Et le père leur partagea ses biens.
Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.
Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin.
Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.
Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien.
Alors il rentra en lui-même et se dit : “Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim !
Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.”
Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers.
Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.”
Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds,
allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons,
car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer.
Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses.
Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait.
Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.”
Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier.
Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis.
Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !”
Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi.
Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !” »

        

        Formidable liberté de Jésus. Il prend ici un de nos si nombreux faits divers, un cas de malhonnêteté financière, pour inviter ses disciples à être « habiles ». Mais c’est clair, ce « gérant » est « trompeur » au même titre que « l’Argent trompeur » qu’il a servi au mépris de toute justice. Et l’appel de Jésus est sans équivoque : « Faites-vous des amis avec l’Argent trompeur, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles ». L’argent appartient à ce monde qui passe, et il passera avec lui… Par contre, l’amitié vraie est appelée à durer éternellement. L’argent doit donc être un instrument d’amitié au service de l’homme, car ici-bas, lui seul a « une âme immortelle » (CEC 990 ; 1022). Et si « tout passe, l’amour seul demeure » (Ste Thérèse d’Avila).

            Contrairement à ce gérant qu’il a pourtant pris en exemple, Jésus invite ensuite à « être digne de confiance » aussi bien dans « une toute petite affaire » que « dans une grande ». En effet, ce n’est pas « l’affaire » en elle-même qui est importante, mais la manière, l’état d’esprit, le cœur avec lequel elle est traitée. « Qui vole un œuf, vole un bœuf ». Dans l’un ou l’autre cas, il s’agit toujours d’un vol…

            « Si vous n’avez pas été dignes de confiance avec l’Argent trompeur, qui vous confiera le bien véritable ? » « Le bien véritable » est en définitive ce qui appartient au « Dieu véritable » (Jn 17,3 ; 1Th 1,9 ; 1Jn 5,20), ce qui lui est propre : la Plénitude de son Esprit qui Est Lumière et Vie. Dieu, qui « Est Esprit » (Jn 4,24), a en effet créé tout homme « esprit », lui donnant ainsi de partager sa condition éternelle et donc immortelle. Et il l’a créé « esprit » pour le combler de la Plénitude de son Esprit, gratuitement, par Amour. Puisque tel est le projet de Dieu, on peut dire que, de son côté, cet Esprit nous est déjà donné. Et il est déjà pleinement « nôtre » au sens où nous avons tous été faits pour Lui… Mais ce Trésor qui fera notre Bonheur éternel ne vient pas de nous : il est un Don de Dieu que nous sommes appelés à recevoir… Et ceci ne pourra se réaliser que si nous acceptons, en toute liberté, de nous tourner de tout cœur vers Lui et de nous laisser aimer, de nous laisser combler… Or, se tourner vers Dieu, c’est au même moment se détourner du mal, se convertir. Il ne peut en être autrement. D’où cette si belle formule de Jésus : « Si vous n’avez pas été dignes de confiance pour des biens étrangers », en ne gérant pas correctement les biens de ce monde, et donc en se détournant de cœur de Dieu,  « le vôtre », ce Bien véritable qui est appelé à être pleinement vôtre, celui qui, du côté de Dieu vous est déjà donné, « qui vous le donnera ? »

   DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 25ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Vous ne pouvez pas servir

à la fois Dieu et l’Argent »

(Lc 16,1-13) !

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Lc 16, 1-13)

Il semble que la notion de « biens » ait servi à St Luc de fil conducteur : que nos biens ne nous empêchent pas de répondre à Dieu qui nous invite tous au Festin du Royaume (Lc 14,15-24). « Quiconque ne renonce pas à tous ses biens ne peut pas être mon disciple » (14,33). Puis le Père « partagera son bien » avec ses deux fils, et le plus jeune « dissipa son bien en vivant dans l’inconduite ». Mais le Père, en l’accueillant à son retour, lui donnera à nouveau autorité sur tous ses biens. « Tout ce qui est à moi est à toi » dit-il en fait à tous ses fils (15,11-32). Et l’enseignement se poursuit ici sur l’attitude juste à avoir vis-à-vis de l’argent.

Et soulignons les mots importants 

  • L’Evangile commence par l’image d’un homme riche et du gérant qui s’occupait de ses biens. Mais que faisait-il en fait ? Comment est-il appelé par la suite ? Noter l’expression pour la seconde partie de notre Evangile : de quoi n’a-t-il pas été digne ? Et quelle décision son maître prend-il à son égard ?

  • Ce gérant fait le bilan de ce qu’il sait faire… Que décide-t-il et dans quel but ? Quelle qualité Jésus désire-t-il ici mettre en valeur ? Qu’est-ce qui devient le plus important maintenant pour ce gérant : l’argent ou les relations humaines ? Et de fait, quelle invitation Jésus donne-t-il en conclusion ? Que suppose-t-elle sur les relations que nous avons commencé à construire ici-bas ?

  • Dans la seconde partie de l’Evangile, une expression revient quatre fois, laquelle ? A quoi Jésus nous appelle-t-il dans le concret de notre vie ?

            Jésus parle par deux fois « d’une petite affaire » puis « d’une grande », une fois de manière positive, une autre fois de manière négative. Puis il parle « de l’argent trompeur » et « du bien véritable ». D’après ce parallèle, quelle importance l’argent a-t-il à ses yeux ? Et quel est ce « bien véritable » ?

            Noter ensuite les deux expressions qu’il emploie : « des biens étrangers », quels sont-ils ? « Le vôtre », à quoi cela renvoie-t-il ? En renversant cette phrase au sens positif, « le vôtre », notre vrai bien, qui nous le donnera ? Conclusion : l’homme peut-il s’accomplir tout seul, peut-il trouver le vrai bonheur par lui-même ? Dans quelle direction doit-il chercher et pourquoi ? On peut se souvenir de ce que le Père en Lc 15,11-32 disait à ses deux fils…

  • A travers l’argent, que cherche l’homme ? Pense-t-il alors à autre chose que lui‑même ? Comment qualifier une telle démarche ? Est-elle compatible avec la recherche de Dieu ? Si non, pourquoi ?

Pour l’animateur 

  • Le gérant « gaspillait les biens » de son maître. Jésus le qualifie de « gérant trompeur ». Il n’a pas été digne de confiance… Son maître décide de le licencier.

  • Ce gérant n’a pas la force de travailler la terre, et il aurait trop honte de mendier. Il va continuer à tromper la confiance de son maître, une attitude que Jésus dénoncera fortement par la suite, mais il va se montrer « habile» en faisant en sorte que beaucoup « l’accueillent » quand il sera « renvoyé » : il leur fait cadeau d’une grande partie de leurs dettes. Bientôt, il n’aura plus d’argent : ce seront alors ses amis qui l’aideront.

            Jésus part de ce contexte négatif, encore une fois clairement dénoncé par la suite, pour nous inviter à mettre à la première place dans notre vie les relations humaines, pour qu’elles deviennent le plus possible des relations d’amitié et d’entraide… Mais si tel est le cas, s’entraider implique de savoir puiser dans ses biens pour aider l’autre. Le plus important devient alors celui que l’on peut aider et non le bien matériel que nous pouvons avoir… L’argent, nécessaire à la vie, ne doit pas devenir une fin en soi, mais il doit être mis au service des relations humaines, pour qu’elles soient vraiment humaines et d’amitié, chacun ayant le souci, dans la mesure du possible, du bien de l’autre…

            « Faites vous des amis avec l’argent trompeur »… L’amitié vraie, contrairement à l’argent, ne trompe pas, ne déçoit pas… Elle fait partie ici-bas des vrais biens de cette vie… Et si nos vrais amis nous accueilleront dans les demeures éternelles, Jésus souligne à quel point l’amitié vraie, l’amour vrai, a valeur d’éternité pour ce Royaume de Dieu où l’Amour seul règnera… Et nos relations vraies, construites ici-bas, continueront « là-haut » avec une Plénitude qui sera celle-là même de Dieu !

  • « Etre digne de confiance » intervient quatre fois, ce qui suppose de ne pas être « trompeur» (trois fois ici, deux fois précédemment). L’attitude du gérant est donc clairement condamnée par Jésus… Cet appel à la confiance rejoint tous les aspects de notre vie : les exemples concrets ne peuvent manquer !

            Pour Jésus, l’argent est « une petite affaire ». La « grande » est ce « bien véritable » que Dieu veut nous donner et pour lequel il nous a tous créés. Voilà pourquoi Jésus dit que c’est le « nôtre » au sens où nous ne serons pleinement nous-mêmes que lorsque ce « bien véritable » sera véritablement « nôtre ». Et quel est-il ? Rien de moins que ce que Dieu Est en Lui-même : Plénitude d’Amour (1Jn 4,8.16), d’Esprit (Jn 4,24), de Lumière (1Jn 1,5) et de Vie (Jn 1,4). Or « Dieu est Amour » et « aimer, c’est tout donner et se donner soi-même » (Ste Thérèse de Lisieux ; Jn 3,35), une expression à prendre pour Dieu au pied de la lettre. Dans son Amour, Dieu est éternellement Don de Lui-même… Et il nous a tous créés pour que nous soyons comblés par ce Don qu’il ne cesse de faire de Lui-même (cf. Lc 1,15.41.67 ; 4,1 ; Ac 4,8 ; 6,5 ; 9,17…).

Nul ne peut donc s’accomplir par lui-même… Notre bien véritable ne peut venir que du Père qui nous le donne par Amour et il est heureux de nous le donner, pour notre plus grand bien. Ainsi Est l’Amour qui ne pense qu’au bien de l’autre et qui se réjouit que l’autre soit bien (So 3,17 ; Lc 15,7.10.23-24.32)…

  • A travers l’argent, l’homme se recherche lui-même, et cela parfois au détriment des autres… Ne penser qu’à soi-même : tel est l’égoïsme. L’Amour au contraire est ouverture à l’autre, pur regard vers l’autre dans la seule recherche de son bien. Ainsi est Dieu, Lui qui n’est qu’Amour et qui n’a qu’un seul désir : nous combler de ce qu’il Est en Lui-même, et cela pour notre seul Bien.

            Nous sommes pécheurs, blessés… Mais si nous acceptons de nous laisser aimer jour après jour, tels que nous sommes, ce Don, petit à petit, va nous guérir et nous apprendre à aimer, à nous ouvrir à l’Autre et aux autres dans la recherche de leur seul bien…

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

            « Je ne cesserai pas de les suivre pour leur faire du bien… Je trouverai ma joie à leur faire du bien ». «  Si tu savais le Don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, c’est toi qui l’aurais prié et il t’aurait donné de l’Eau Vive », l’Eau Vive de l’Esprit Saint dont le fruit dans les cœurs  est « amour, joie, paix ». « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite ». « Convertissez-vous et croyez en la Bonne Nouvelle » (Jr 32,40-41 ; Jn 4,10 ; 7,37-39 ; Ga 5,22 ; Jn 15,11 ; Mc 1,15).

TA PAROLE DANS NOS MAINS

La Parole aujourd’hui dans notre vie

             – Jésus nous appelle ici à être « dignes de confiance » notamment pour ce qui est de gérer l’argent, et cela à notre travail, dans nos familles, nos communautés paroissiales. Avons-nous pris son appel au sérieux ?

            – Dans la gestion de notre vie quotidienne, n’y a-t-il pas du gâchis ou des dépenses inutiles que nous pourrions éviter ?

            – Avons-nous trouvé avec Jésus la joie de donner, de partager, de semer de la joie autour de nous ?

 

ENSEMBLE PRIONS 

Seigneur Jésus, toi qui es venu nous arracher à nos égoïsmes pour nous introduire dans ton Royaume d’Amour et de Paix, que le Don de ton Esprit et de ta Vie nous aide à ne rien préférer à ton Amour. Que ta grâce triomphe en nous de tout mal pour que nous trouvions avec toi la joie de nous donner sans retour. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.

 

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25ième Dimanche du Temps ordinaire 1

 




24ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 15, 1-32)

Consentir à ce Dieu et Père qui nous cherche tous (Lc 15,1-32)…

En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter.
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
Alors Jésus leur dit cette parabole :
« Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ?
Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux, et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur dire :

“Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !”
Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. »
Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ?
Quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et ses voisines pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !”
Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »
« Un homme avait deux fils.
Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.” Et le père leur partagea ses biens.
Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.
Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin.
Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.
Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien.
Alors il rentra en lui-même et se dit : “Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim !
Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.”
Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers.
Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.”
Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds,
allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons,
car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer.
Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses.
Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait.
Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.”
Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier.
Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis.
Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !”
Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi.
Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !” »

        

              Trois récits s’enchaînent ici : la brebis « perdue » et « retrouvée » (Lc 15,4-7), la pièce de monnaie « perdue » et « retrouvée » (Lc 15,8-10), puis l’épisode de ce plus jeune fils qui, ayant choisi au début un chemin de perdition, décide de se repentir et de revenir chez son Père (Lc 15,11-32). Et ce dernier dira en l’accueillant les bras grands ouverts : « Mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ».

            Trois récits, et pourtant, juste avant le premier, St Luc écrit : « Jésus leur dit cette parabole », au singulier… Autrement dit, tout ce qui suit est comme une seule parabole. Ces trois récits renvoient donc à une seule et même réalité…

            Or, dans les deux premiers, le pasteur et la femme sont deux images qui renvoient à Dieu, ce « Père » qui nous aime avec des « entrailles » de Mère (Is 63,15‑17). Entre Dieu et l’homme pécheur qui l’a abandonné et si souvent offensé, c’est Dieu qui a l’initiative et qui, le premier, le « cherche avec soin, jusqu’à ce qu’il le retrouve ». Voilà comment il se comporte envers tout homme sur cette terre, car  « il veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,4) ! Nous sommes donc tous des « cherchés par Dieu », des « voulus par Dieu », car il est notre Père à tous, un Père qui aime infiniment chacun de ses enfants. Non, « ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés ». (1Jn 4,10). « La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs » (Rm 5,8).

            « Je ne cesserai pas de les suivre pour leur faire du bien, je trouverai ma joie à leur faire du bien » (Jr 32,40-41). Voilà ce que fait Dieu vis-à-vis de l’homme, quel qu’il soit, qui se perd dans les ténèbres de son péché… Et quand ce dernier dresse enfin l’oreille de son cœur, il ne peut qu’entendre la Voix de Celui qui n’a cessé de le suivre pour lui offrir toute sa Tendresse, son Amour et sa Miséricorde infinie… S’il accepte de se laisser rejoindre, de se laisser aimer tel qu’il est, il s’entendra dire alors : « Je t’ai suivi jusqu’à maintenant dans tous tes errements. Maintenant, lève-toi, détourne-toi de tout ce qui en fait te détruit, et suis-moi ! ». Et au même moment Dieu lui offrira la Force de son Esprit sans laquelle il ne peut rien… Avec Elle et par Elle, c’est Lui qui le portera et le ramènera à la Maison (les deux premiers récits). Mais rien ne se fera sans le consentement libre et responsable de ce fils perdu (le troisième récit), qui, une fois retrouvé par son Dieu et Père, décide de consentir à cet Amour qui le précède : « Je vais retourner chez mon Père, et je lui dirai : « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi »… Et il se retrouvera aussitôt dans les bras de son Père, « couvert de baisers », et vite revêtu de « la plus belle robe » de la Maison du Père, celle du Père Lui-même, une Robe de Splendeur, de Majesté, de Lumière et de Gloire…       DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 24ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Dieu cherche le pécheur

et l’attend au seuil de sa Maison ! »

(Lc 15,1-32) 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Lc 15, 1-32)

Jésus vient d’inviter celles et ceux qui désirent le suivre à l’humilité (Lc 14,7-11), à l’amour désintéressé (14,12-14), à mettre Dieu à la première place dans leur vie (14,15-33). Puis vient un appel à ne pas s’affadir (14,34-35). Mais tout homme est pécheur, blessé, marqué par la faiblesse et si souvent défaillant ! Heureusement, Jésus nous dévoile ici le Cœur de Dieu, et ce qui fait que l’impossible pour nous est malgré tout possible : une Miséricorde infinie…

Et soulignons les mots importants 

  • Qui étaient « les Pharisiens », « les scribes », « les publicains » et  ceux que l’on regardait comme des « pécheurs» ?

            Bien noter qui est en relation avec qui, et si cette relation existe, en quoi consiste-t-elle ? Imaginer les circonstances de cette scène… A qui Jésus va-t-il s’adresser ici tout particulièrement ? Nous nous rappellerons la réponse (*).

            « Jésus leur dit cette parabole », le mot est au singulier. Or, combien de récits imagés vont suivre ? Comment donc devons-nous les considérer, séparément ou comme un tout ? Or, dans les deux premiers, qui cherche qui, qui va vers qui ? Et ceci est répété deux fois… Et dans le dernier, qui va vers qui ? Mais d’après ce que nous venons de dire sur l’ensemble du récit, si cette dernière attitude est possible, nous le devons en fait à qui ?

  • Relisons bien la première parabole. Dès qu’un homme se perd, quelle est l’unique réaction de Dieu, et cela jusqu’à quand ? Qui le ramène à la Maison ? Quelle est la seule attitude qui lui est alors demandée ? « Réjouissez-vous avec moi » : souvenons-nous de (*) ; à qui cet appel est-il lancé ? Comment Jésus qualifie-t-il ici, dans cette parabole, ceux qui si souvent s’opposent à Lui ?

            Entre Dieu et l’homme, qui offense qui ? Et pourtant, qui court après qui ? Rappelons-nous, qui ramène qui ? Et qui est le premier à se réjouir de ce retour ? Quel visage de Dieu pressent-on déjà ici ?

            Tout homme est pécheur (Rm 3,9-20 ; 3,23). Quelle réalité se cache derrière ces « quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion » ?

  • La deuxième parabole reprend la première. Mais comment Dieu apparaît-il ici ?

Il s’agissait auparavant de « chercher jusqu’à ce qu’il retrouve ». Quelle précision supplémentaire apparaît ici ? Un même message est donc répété deux fois. St Luc insiste : entre Dieu et l’homme, qui avant tout cherche qui ?

  • Dans le troisième récit, le fils demande, le Père donne… Quel message se cache derrière cette image ; dans la relation Dieu-homme, qu’est-ce que Dieu respecte infiniment ?

            Le fils abandonne le Père, dans quel état se retrouve-t-il ? Qu’est-ce qui motive son retour, l’amour du Père ? Quelle démarche accepte-t-il d’accomplir à son égard ? « Comme il était encore loin, son Père l’aperçut »… Qu’est-ce que cela suppose ? Que fait tout de suite le Père ? « Où » le fils dira-t-il donc cette phrase qu’il avait longuement préparée ? Mais le Père le coupe et l’empêche d’aller jusqu’au bout, pourquoi ? Dans quel « état » le fils se retrouve-t-il ensuite, et qu’a-t-il fait, lui, pour se retrouver ainsi ? La bague portait le sceau qui servait à signer : avec cette bague, que donne à nouveau le Père à son Fils ?

            Pourquoi le fils aîné se met-il en colère ? Pour lui, que mérite « ton fils que voilà » ? Et lui, que pense-t-il mériter et pourquoi ? Ce qu’il devrait recevoir, serait-il alors pour lui de l’ordre du salaire ou de l’ordre du Don gratuit de l’Amour ? Noter ce que le Père lui dit à propos de tous ses biens : dans quelle logique est-il, Lui ? Dans cet Évangile, qui sont ici « les fils aînés » ?

 

Pour l’animateur 

  • Les Pharisiens étaient des hommes comme tout le monde, mais ils voulaient pratiquer le mieux possible la Loi de Moïse et leurs traditions. Aussi vivaient-ils ensemble, séparés (sens du mot Pharisien en hébreu) des autres, étudiant la Loi chaque jour, et évitant tout contact avec les ‘impurs’…

Les scribes, appelés parfois « Docteurs de la Loi » étaient des spécialistes auxquels on s’adressait pour avoir des conseils sur une bonne pratique de la Loi.

Les Publicains étaient chargés de récolter l’impôt pour l’occupant romain. Ils étaient considérés comme impurs, car en contact avec des païens impurs. De plus, ils avaient la réputation d’être des voleurs…

Les pécheurs étaient les prostituées, les mendiants, les tanneurs travaillant sur des cadavres d’animaux, les pasteurs, les marchands ambulants, etc…

Jésus est en relation avec les Publicains et les pécheurs : il leur fait bon accueil, il mange avec eux et tous viennent à lui pour l’écouter. Les Pharisiens et les scribes n’ont aucune relation avec lui. Dehors, ils récriminent contre lui. C’est d’abord à eux que Jésus va s’adresser (*).

  • « Une parabole », et pourtant trois récits suivront : j la brebis perdue, kla pièce d’argent perdue, et l le retour du fils prodigue. L’ensemble forme donc une unité et renvoie à une seule et même réalité. Or, c’est d’abord Dieu qui part à la recherche de l’homme, et cela est dit deux fois (j et k). Si le fils peut revenir (l) c’est donc d’abord parce que Dieu est parti à sa recherche et qu’il l’a retrouvé… Revenir à Dieu est donc un Don de Dieu, et cela demande pourtant du côté de l’homme l’entier consentement de sa liberté…

  • Un homme se perd ? Dieu part à sa recherche et cela jusqu’à ce qu’il le retrouve ! Et sa Patience est infinie ! Puis il le porte et le ramène à la Maison ! L’homme a juste à accepter de se laisser prendre et de se laisser porter…

« Réjouissez-vous avec moi » : cet appel est lancé aux Pharisiens et aux scribes, les adversaires de Jésus qu’il appelle « ses amis et ses voisins » !

            C’est l’homme qui abandonne Dieu, et pourtant c’est Dieu qui court après lui, qui le ramène et se réjouit de son retour ! Dieu apparaît déjà ici, et ce sera pleinement le cas ensuite, comme un Père qui veut le salut de tout homme, son enfant. Son Bonheur ne sera plénier que lorsque tous les hommes seront sauvés, car telle est sa volonté (1Tm 2,3-6). Et tout ce que Dieu veut, il le fait (Ps 135(134),6)! Les soi-disant « justes » sont dans l’illusion de leur orgueil !

  • Dieu apparaît ensuite comme une femme ! Il est tout en même temps masculin et féminin. Il est un Père qui nous aime avec des Entrailles de Mère (Is 63,15-16). Et il nous « cherche» tous « avec soin »… C’est Dieu qui cherche l’homme !

  • Dieu respecte infiniment la liberté de chacun d’entre nous. Il ne fera rien sans notre consentement. Il ne nous forcera jamais à recevoir la Plénitude qu’il veut nous donner, pour laquelle il nous a créés et qui seule peut faire notre vrai bonheur. Il se tient à notre porte et il frappe, jusqu’à ce qu’elle s’ouvre (Ap 3,20) !

Ayant abandonné son Père, le fils est dans un état lamentable, privé de sa Gloire (Rm 3,23) et de sa Beauté. Il se sent mal, il a faim : son désir du Père est intéressé ! Mais il accepte de reconnaître son péché en vérité. Son Père l’attend, le guette, l’espère. En fait, nous l’avons vu, le Père est déjà présent à sa démarche car c’est Lui qui la rend possible ! Il est « bouleversé jusqu’au plus profond de lui-même » par sa détresse et sa souffrance. Il se jette à son cou, il le prend dans ses bras, il le couvre de baisers. Le fils expérimente alors à quel point il est aimé. Et c’est là qu’il va lui dire son péché, mais il sait qu’il est déjà pardonné. Le Père le coupe alors : il est son fils, pas question de le traiter comme un mercenaire. Vite, on le revêt du « plus beau vêtement » que l’on peut trouver dans la Maison du Père. Il appartient donc au Père Lui-même : « Revêtu de Magnificence, tu as pour manteau la Lumière » (Ps 104(103),2) ! Voilà ce que le Père veut faire pour tout homme ! Et le sceau révèle au fils que le Père lui donne à nouveau autorité sur tous ses biens ! « Tout ce qui est à moi est à toi » (cf. Jn 16,15 ; 17,10)…

            Son frère est en colère. Il représente ici les Pharisiens. Lui n’est pas dans la logique de l’Amour, mais dans celle du mérite et de l’orgueil : j’ai bien agi, je n’ai jamais désobéi à tes ordres, je mérite d’être récompensé. Lui, il a mal agi, il mérite d’être sévèrement puni ! Il a toujours obéi… à quoi, à son orgueil ? Manifestement pas à l’Amour, car par Amour, le Père lui avait déjà tout donné, « tout ce qui est à moi est à toi », et lui n’a pas même mangé un chevreau ! L’Amour demande à être accueilli gratuitement, car l’Amour n’a d’autre raison d’aimer que Lui-même !

 

ENSEMBLE PRIONS 

Seigneur, apprends-nous à t’aimer et à nous aimer les uns les autres comme Toi tu nous aimes ! Apprends-nous à accueillir ton Amour et avec Lui le Don de ton Esprit d’Amour que tu ne cesses de nous proposer…

 

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24ième Dimanche du Temps Ordinaire

 

 




24ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Le fils prodigue

Lc 15, 1-32

Parmi les trois paraboles admirables qui nous montrent jusqu’où peut aller l’amour de Dieu, attardons-nous, si vous le voulez bien, sur la dernière: « Un homme avait deux fils ». Elle semble tellement d’actualité cette histoire : il n’arrive pas de semaines où l’on ne me raconte des conflits entre des jeunes et leurs parents, où un jeune homme s’en va en claquant la porte, ou cet autre reste à la maison, mais en feignant d’ignorer ses parents qu’ils considèrent comme déphasés, ringards, dépassés, de ces familles qu’il faudrait plutôt appeler « Pension de famille » tant ceux qui vivent sous le même toit s’ignorent, vivent chacun de leur côté, juxtaposés, mais bien peu unis, encore moins, aimants. Combien de pères ou de mères n’arrivent plus à établir des relations d’amour avec des enfants, pourtant très différents de tempérament, un amour mal accueilli, mal compris.

Et derrière cette histoire, nous nous souvenons de la 1ère lecture, l’histoire de l’alliance du Sinaï : Dieu, respectueux de la liberté humaine qui n’arrive plus, lui aussi, à établir des liens d’amour avec son peuple choisi. Si bien que la mission du Christ sera de partir à la recherche des brebis égarées et d’essayer de nouer des relations nouvelles : une nouvelle alliance entre Dieu et ses fils, tous les hommes.

Jésus, aujourd’hui, veut provoquer notre réflexion et nous amener à nous demander si nous ne ressemblons pas à l’un de ces deux fils, dans notre attitude envers Dieu.

 

Voyons d’abord le plus jeune : celui que l’on appelle le « Prodigue ». Il a  l’esprit  aventureux, portant  en  lui, une « fureur de vivre ». Il  est  comme  certains  des  jeunes d’aujourd’hui, « Il veut tout et tout de suite ». Ses illusions vont d’ailleurs tomber très vite au contact de l’égoïsme des autres… Il va découvrir très vite le désert de l’amour. Laissons-nous attendrir par ces retrouvailles et l’accueil chaleureux de son père.

« Lorsqu’on a été père une fois, on ne peut plus cesser d’être Père ». Rien ne compte. Tout est oublié, effacé, aboli : c’est la fête de l’amour et l’amour n’a pas de prix. Et par là, nous comprenons mieux l’appel pressant de Jésus à tous ceux qui ont pris vis-à-vis de Dieu beaucoup de distance : toute la gamme des négligents, des insouciants, des mal-croyants, ceux que nous appelons aujourd’hui « les non-pratiquants » et encore de tous ces marginaux, ces exclus, ces révoltés, un peu dans le genre du malfaiteur qui se trouvait crucifié à côté de Jésus. Lui aussi se tourne vers le Christ, peut-être en souvenir de cette parabole de miséricorde ?

Et nous, qui sommes ici, rassemblés dans cette église, qu’en est-il de nos relations avec Dieu ? Lorsque nous disons « Notre Père », voulons-nous chanter tout l’amour qui est dans le cœur de Dieu ? Voulons-nous exprimer toute la confiance qui est dans le nôtre ? Cette histoire du fils fugueur nous invite encore à l’espérance : oui, des êtres chers semblent éloignés de Dieu, ils cherchent ailleurs un autre chemin de bonheur. Ne les jugeons pas. Croyons solidement que le Père des cieux reste toujours prêt à les accueillir au jour de leur retour car Dieu est riche en miséricorde.

Passons au fils aîné : il nous apparaît, au premier abord, comme un fils exemplaire : fidèle à la loi, plein de soumission et d’obéissance,  mais il a si peu d’affection, si peu de confiance qu’il n’a jamais osé demander un chevreau à son père, pour faire une boum avec les jeunes de son âge… la fête de quoi ?

Il n’y a peut-être jamais pensé : peu d’amour dans le cœur, peu d’esprit de fête.  Avez-vous assez de fêtes en famille ? Si oui, c’est bon signe, c’est qu’il y a de l’amour entre vous.

Le retour inattendu de son frère va éclairer tout cela ! « C’est un comble, c’est un scandale ! », se dit-il. N’est-ce pas approuver, encourager la rébellion, le gaspillage ? Cette fête est insensée, ridicule et de fait, elle le serait, si justement, elle n’était le signe d’un amour fou et sans mesure, celui de Dieu.

Judas, aussi, trouvera ridicule le geste de la pécheresse qui va verser sur les pieds de Jésus, un parfum de grand prix, répandu sans retenue, avec exubérance. A quoi donc serviraient les richesses matérielles sinon justement à exprimer des gestes d’amour : c’est le sens même du cadeau, et de la fête !

Au travers de cette histoire, Jésus s’adresse aux pratiquants et leur dit : « Attention, votre amour du Père doit s’exprimer certes par un culte rendu à Dieu, mais aussi soyez des pratiquants de l’amour fraternel :

. fidélité à votre prière

. fidélité à votre messe, très bien

. fidélité à votre conscience et à l’éducation que vous avez reçue.

Oui, mais ouvrez les yeux autour de vous, soyez compréhensifs et pleins d’attention à l’égard de ceux qui se sont éloignés du Père et soyez avec eux, comme des frères, de vrais frères, de toutes façons, issus d’un même Père, prêts à se pardonner les uns les autres.

A notre tour de réfléchir sur nos comportements de baptisés.

La vie chrétienne, c’est la découverte de plus en plus complète, à l’école de Jésus, de l’amour infini du Père des cieux.

 « Il fallait bien faire la fête et se réjouir, car ton frère que voici était mort et il est revenu à la vie… il était perdu et il est retrouvé ».

Ce retour des fils vers le père qui les accueille avec joie et dans la fête, essayons, nous aussi, de le vivre avec sincérité, ce retour vers le Père, et cet amour de nos frères.

Nous aussi, essayons d’aimer et de pardonner de la même façon que Dieu puisqu’il nous pardonne à chaque fois que nous faisons retour vers lui.  AMEN

 8




24ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 15, 1-32)

« Il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent,

plus que pour quatre-vingt-dix-neuf  justes

qui n’ont pas besoin de repentance. »

« Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour … » (Ps 102,8)

Tous les textes de ce jour ne font que parler de la miséricorde de Dieu, que ce soit vis-à-vis du peuple hébreu qui se prosterne devant un veau d’or, ou vis-à-vis de saint Paul quand il voulait arrêter les disciples de Jésus, et bien sûr dans les trois paraboles que nous propose l’évangile de ce jour.

Trois paraboles qui nous parlent d’un homme, un berger qui part à la recherche d’une brebis perdue sur les cent de son troupeau, d’une femme qui cherche partout sa drachme perdue, d’un père qui retrouve son fils cadet qui s’était égaré sur les chemins de la vie après avoir dépensé tout son héritage. C’est-à-dire que c’est toute l’humanité qui est ici rassemblée : homme, femme, père, fils … ce qui montre bien que tout le monde, de tous âges, est concerné par la miséricorde de Dieu, quel que soit la situation dans laquelle il se trouve.

 Et dans les trois paraboles, cela se terminent toujours par un appel à la joie : la joie de Dieu, mais aussi la joie de tous ceux qui l’entourent, les anges, les saints … et aussi celle de tous les chrétiens qui doivent (qui devraient … ? !) se réjouir de la bonté de Dieu dans toutes les situations …

Reste le fils ainé qui n’accepte pas les réactions de son père, son indulgence, sa miséricorde vis-à-vis de son frère. Il est un peu comme les pharisiens et les scribes qui critiquaient Jésus qui parlait et mangeait avec ceux que eux considéraient comme des impurs, dans leur fidélité à la stricte lettre de la loi de Moïse. C’est d’ailleurs pour eux que Jésus raconta ces paraboles … en leur montrant que même pour eux, le père de famille se déplace, sort de sa maison pour tenter de les amener au pardon des fautes des autres … et à participer à la joie de Dieu …

C’est l’un des points essentiels de cet évangile.

Nous sommes tous concernés par cet aspect-là, de la rigidité vis-à-vis de la faute des autres. À tous, il nous arrive aussi de faire comme les pharisiens et de critiquer ceux qui ont fauté, en confondant la faute et la personne … Untel a fauté, donc il est mauvais ! « Hein, monsieur-là (ou madame-là …), après ça que l’a fait, il ose venir la messe … et en plus il communie ! » … Mais nul ne sait si, comme le fils cadet, celui qu’on appelle « le prodigue », il ne s’est pas remis en cause et s’est retourné vers le Père pour lui dire : « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi », et a fait la démarche auprès d’un prêtre pour demander le pardon de sa faute …

Tous nous sommes pécheurs, et tous, nous pouvons bénéficier de la miséricorde de Dieu … mais encore faut-il faire la démarche pour demander le pardon de ses péchés …

Tous les jours, nous récitons la prière que Jésus nous a enseigné, le ’’Notre Père’’, et donc tous les jours nous disons : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. » …

Mais est-ce que nous croyons vraiment à ce que nous disons ? …

Il est des moments où il est difficile de dire cette phrase, surtout quand on a parfois, comme ont dit, la ’’rancune tenace’’, et qu’on n’a pas du tout envie de pardonner une chose qu’on nous a faite …

Mais si nous ne pardonnons pas, cela voudrait-il dire que Dieu ne nous pardonnera pas ?

Non ! Cela n’est pas dans la nature de Dieu !

Dieu est tout amour, pardon et miséricorde …

Cela veut dire que, même si cela nous coûte, c’est nous qui devons pardonner !

« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux ».

Alors la joie pourra revenir dans notre cœur !

Seigneur Jésus,

 apprends-nous

à ne pas mépriser les pécheurs,

mais à les regarder

comme toi tu les vois.

Donne-nous d’être auprès d’eux

des témoins de ta miséricorde pour tous.

 Francis Cousin

 

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23ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 14, 25-33)

« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère …          

  et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. »

Voilà encore une phrase qui nous semble bien difficile à admettre, voire à comprendre, dans le discours de Jésus, surtout si on se souvient d’une des dix paroles de Dieu données à Moïse sur le mont Sinaï : « Tu honoreras ton père et ta mère. ».

Mais on peut très bien honorer son père et sa mère sans pour autant les « préférer » à qui que ce soit. On comprend facilement qu’une personne mariée préfère son époux(se) à ses parents, ou ses enfants à ses parents …

Mais Jésus … ou Dieu, puisque la Parole de Jésus est celle du Père … ?

Bien souvent, Jésus, ou Dieu, est considéré comme quelqu’un ’’à part’’, qui n’entre pas dans notre vie familiale ou sociale. On le prie le dimanche quand on va à la messe (quand on y va …), un peu en semaine, surtout quand on a un problème …

Pas tout le monde, bien sûr … mail il faut reconnaître que c’est le fait de la plupart des gens qui ont été baptisés … alors, le préférer à tous ceux qui nous sont les plus proches, on en est malheureusement bien loin !

Reprenons les mots de la traduction liturgique : « préférer » : littéralement signifie « porter en avant, ou porter en premier, à la première place … »

Préférer Jésus signifie donc qu’on met Jésus à la première place … et cela n’a aucune influence sur l’amour qu’on peut avoir pour les autres personnes …

Beaucoup ont mis Jésus ou Dieu à la première place dans leur vie …

À commencer par Marie …

Certains diront : « Oui, mais elle, c’est particulier … Elle était prédestinée par Dieu ! ».

Sans doute … mais elle ne le savait pas !

Et pour qu’une jeune fille de quinze ans réponde à l’ange Gabriel : « Je suis la servante du Seigneur », c’est parce qu’elle avait toujours préféré Dieu, mis Dieu à la première place !

Une autre est Jeanne d’Arc, patronne secondaire de la France (après Marie), qui avait pris comme devise : « Messire Dieu, premier servi ». Et après Dieu, il y avait le Royaume de France … et cela l’a menée au bucher sur la place de Rouen …

Et on pourrait dire tous les saints et saintes qui ont mis Dieu à la première place.

Alors pour nous : quelle est la place que l’on donne à Jésus, à Dieu ?

Pour cela, réfléchissons comme l’homme qui doit bâtir une maison dans le premier exemple de Jésus, non pas pour bâtir une maison, mais pour bâtir notre vie : avec quoi je vais bâtir ma vie ? et quel est le but de ma vie ?

Avec d’abord cette question préalable : qu’est-ce que je « préfère » : réussir dans la vie, ou réussir ma vie ?

Et ensuite : De quelle vie je parle ?

De ma vie sur la terre ? Qui est une vie « finie », avec un terme : la mort.

Ou de la vie éternelle ? Celle qui nous a été promise par Dieu … et par Jésus … et dont la résurrection de Jésus nous a ouvert le passage …

« Nul ne va vers le Père sans passer par moi ! » a dit Jésus …

Si je choisis la vie éternelle, il n’y a qu’une solution : mettre Jésus à la première place … comme lui-même le demande.

Et donc « préférer Jésus, et le suivre ».

Et porter sa croix (ou ses croix) …

Seigneur Jésus,

tu sais combien il est difficile pour nous

de te mettre toujours à la première place.

Nous avons tellement de choses

qui nous semblent prioritaires,

surtout avec nos proches,

que bien souvent tu passes après.

Aide-nous à te mettre toujours en premier,

pour être des témoins de ta présence parmi nous.

 

Francis Cousin

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23ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 14, 25-33)

Porter sa croix à la suite du Christ

(Lc 14,25-33)…

En ce temps-là, de grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit :
« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple.
Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple.
Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ?
Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever, tous ceux qui le verront vont se moquer de lui
“Voilà un homme qui a commencé à bâtir et n’a pas été capable d’achever !”
Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ?
S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander les conditions de paix.
Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »

        

 

« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. »

            Notre traduction liturgique a tout de suite bien interprété le verbe employé ici par St Luc, « miséô, haïr », en le traduisant par « préférer ». Quand Dieu nous dit : « Honore ton père et ta mère » (Ex 20,12), et que Jésus se bat pour qu’il en soit vraiment ainsi (cf. Mc 7,8-13 ; Mt 19,16-22), il ne peut être question de les haïr ! De même pour mettre en pratique le cœur de la vie chrétienne, « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mc 12,31), il est impensable de « haïr » sa propre vie.

            « Préférer » suppose l’existence de deux réalités entre lesquelles nous avons à choisir. Suivre le Christ, entrer avec Lui dans le Royaume de l’Amour, du Service, du Don de soi, suppose que l’on mette l’Amour de Dieu et toutes les exigences qui en découlent à la première place… Et comme nous sommes tous pécheurs, si nos proches les plus proches nous invitent à adopter une attitude contraire à celle de l’Evangile, il nous faudra choisir… A qui obéirons-nous ? Et nous savons bien que si nous montrons notre désaccord, nous pouvons être rejetés par ceux-là même que nous aimons le plus, ce qui sera, humainement parlant, une grande souffrance… Jésus en était bien conscient lorsqu’il disait, en pensant à ces cas précis : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa propre maison » (Mt 10,34-36 ; Lc 12,51-53).

            Et puisque nous sommes tous pécheurs, des désirs égoïstes de toutes sortes, contraires bien sûr à l’Esprit de l’Evangile, peuvent naître en nos cœurs… Et le Christ nous invite ici sans ménagements à y renoncer, ce qui est toujours difficile pour notre être blessé… « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même », à son égoïsme, à son orgueil, à son amour propre, « qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive » (Lc 9,23).

            Et par les deux paraboles qui suivent, Jésus nous invite à regarder bien en face toutes ces difficultés et les forces qui sont à notre disposition. Sur qui allons-nous compter pour mener un tel combat. Sur nous-mêmes ? Nous n’irons pas bien loin… Mais si nous nous appuyons, par la prière du cœur, sur le Christ et sur sa grâce (Mt 11,28-30), nous pouvons espérer, qu’envers et contre tout, ce vœu s’accomplira : « Seigneur, que ma faiblesse à ton service tienne bon » (Guillaume de St Thierry)…                                                                                                                                                                                                 DJF