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Rencontre autour de l’Évangile – 20ième Dimanche du Temps Ordinaire

“ Je suis venu apporter

un feu sur la terre ”

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Lc 12, 49-53)

Jésus est toujours en route pour Jérusalem. Il sent venir l’épreuve de sa passion. Cet évangile rapporte trois paroles difficiles de Jésus que nous allons essayer de comprendre. Elles nous permettront d’entrer un peu plus dans les sentiments de Jésus et dans le mystère de sa personne.

Et soulignons les mots importants 

Le feu : Quel est ce feu que Jésus est venu apporter sur la terre ?

Comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !

Baptême : quel est ce baptême que Jésus doit recevoir 

Je ne suis pas venu apporter la paix  mais la division : Comment comprendre ces paroles de Jésus ?

Dans la même famille : Est-ce que les paroles de Jésus sont vraies encore aujourd’hui dans la vie de nos familles ?

 

Pour l’animateur 

 

  • Lorsque Jean Baptiste présentait Jean Baptiste à ses disciples il disait qu’il baptiserait dans l’Esprit-Saint et le feu. Le feu dans la bible est le symbole de la l’expérience de Dieu et de sa présence : Feu du buisson ardent (Ex.3,2), feu du Sinaï (Ex.19,18), colonne de feu (Ex.13,21) Feu d’Elie et des prophètes brûlés par l’amour de Dieu.

Le feu est aussi symbole de purification : Jésus annonce que le Règne de Dieu viendra comme un feu purifiant séparant les justes et les pécheurs.

Le feu est encore pour l’Evangéliste Luc  le symbole  de l’Esprit : rappelons-nous les langues de feu de la Pentecôte, le feu également qui brûle dans le cœur des deux disciples d’Emmaüs. Jésus annonce qu’il est venu pour que le monde soit purifié par le Saint-Esprit et embrasé par le feu de son amour.

  • Mais Jésus doit d’abord recevoir un baptême qui sera le martyre. Jésus est comme impatient que le Règne d’amour de son Père arrive ! Il n’est pas habité par un désir de mort, mais il ne craint pas le martyre : il sait que l’épreuve qui va marquer la fin de sa vie terrestre est nécessaire pour la venue de l’Esprit-Saint. Il va être plongé dans les grandes souffrances de la passion et de la mort ; Ce sera comme un baptême de sang pour qu’arrive le Règne de Dieu.

  • L’appartenance au Christ n’est pas un jeu et ses amis doivent s’attendre à des résistances et des oppositions. L’appartenance à la communauté du Christ mettra les disciples dans des situations souvent bien inconfortables.

  • La paix que Jésus est venu apportée et qu’il va communiquer à ses disciples le soir de sa résurrection, n’est pas une fausse tranquillité où les croyants vivent sans opposition ni contestation ou persécution.

  • Le conflit que le Christ, Messie souffrant, apporte avec lui n’est pas une guerre entre les peuples, ni une guerre civile. Il concerne les familles : car le message évangélique provoque des fractures, dans une même famille, entre croyants et incroyants, entre ceux qui accueille le Christ et ceux qui le refusent. Le feu de l’amour a du mal à prendre sur la terre.

En fait, face au Christ et son évangile, il n’y a  que deux positions : pour ou contre ! Pas de place pour l’abstention !

 

TA PAROLE DANS NOS COEURS

Après avoir essayé de comprendre ces paroles difficiles de Jésus, nous le contemplons au moment où il voit venir la grande épreuve : il sait que son chemin est celui du Serviteur souffrant. Il s’est fait solidaire de notre humanité blessée par le péché et il est décidé d’aller jusqu’au bout pour la  délivrer du péché et de la mort. Jésus, le Fils de Dieu, est venu chez les hommes pour les introduire tous dans la vie divine, pour les plonger (les baptiser) dans l’Esprit Saint purificateur et réconciliateur.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

L’Evangile aujourd’hui dans notre vie

L’Evangile est une force de contestation des situations d’injustice, de violence, des erreurs et des fausses sécurités du monde : si comme  chrétiens nous ne dérangeons jamais personne par notre conduite sommes-nous vraiment fidèles à l’évangile ?

Le serviteur n’est pas au-dessus du maître : choisir de suivre le Christ et de nous engager pour l’évangile nous attire sûrement des oppositions et des contradictions : sommes-nous conscients de cela ? Est-ce que nous avons fait l’expérience de cette opposition dans notre famille, ou notre entourage, dans notre milieu de travail… ?

Comme les contemporains de Jésus et ceux de saint Luc nous souhaitons sincèrement la paix et l’unité entre nous. Notre monde est pourtant déchiré par les conflits ainsi que nos communautés et même nos familles. En fait Jésus prêche la paix, mais c’est une paix qui n’a rien de facile : sommes-nous des artisans de réconciliation et de paix en acceptant de mener notre combat en nous unissant au Christ mort et ressuscité et d’être purifiés par le feu de l’Esprit Saint ?

ENSEMBLE PRIONS   

“ Pour ce qui dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes ”.

Pour que nous soyons plus attentifs à ce qui nous rapproche qu’à ce qui nous divise, prions le Seigneur.

            Refrain : Seigneur rassemble-nous dans la paix de ton amour.

“ C’est dans la paix qu’est semée la justice. ”

Pour que nous ne nous contentions pas de formuler des souhaits de paix, mais que nous soyons effectivement des artisans de paix dans nos situations de vie, prions le Seigneur

“ Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le tranchant du glaive ”

Pour que nous puissions surmonter toutes oppositions que nous rencontrons comme témoins de l’Evangile

“ Justice et paix s’embrassent ”

Pour que dans nos situations de travail, nous fassions respecter les droits de chacun, de sorte que règne la justice et que naisse paix véritable, prions le Seigneur.

 

 

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20ième Dimanche du Temps Ordinaire Année C

 

 




19ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 12,32-48)

« Toujours prêt ! »

C’est la devise des scouts …

C’est aussi de que Jésus demande à chacun de nous dans cet évangile …

Prêt pour quoi ?

Ce n’est pas tellement la question … Jésus ne nous demande pas d’être prêt pour quelque chose, … mais pour quelqu’un … le maitre de maison … c’est-à-dire Dieu … ou Jésus quand il reviendra à la fin des temps …

Jésus commence son discours en disant : « Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume»

Une promesse : Le Royaume …

Pour nous : une espérance …

Mais avant, Jésus appelle ses disciples « Petit troupeau ».

C’est vrai qu’ils n’étaient pas nombreux ! … c’est peut-être aussi une marque d’affection …

Mais ce n’est pas tellement le nombre qui est important, mais l’état d’esprit qu’il veut de ses disciples … un troupeau de petits … d’humbles de cœur … à son image et celle de Dieu …

Parce qu’il continue : « Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous (…) un trésor inépuisable dans les cieux. »

Bien sûr, Jésus ne nous demande pas de tout vendre ce que nous avons …, car alors nous ne pourrons plus vivre, nous et notre famille, et nous deviendrons dépendants des autres … et ce n’est certainement pas ce que Jésus veut, … mais que nous ne soyons pas obnubilés par l’argent et les fastes qui en découlent, au point de mettre Dieu de côté et de ne plus penser à lui …

« Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. »

Là encore, ce sont des images que Jésus nous propose … C’est un état d’esprit, une manière d’être que nous devons avoir …

Nous devons être prêts mentalement, spirituellement, à la rencontre avec Jésus, car « c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »

Cela montre bien que nous devons avoir continuellement à l’esprit la rencontre possible avec Jésus, que nous le mettions au centre de notre vie …

Mais cela ne veut pas dire que nous devons être obnubilés par la mort … Elle viendra à son temps, que nous ne connaissons pas, bien sûr, … et c’est pour cela que Jésus nous demande d’être prêts, … sereinement …

Parce que si nous sommes prêts à l’accueillir, nous n’avons aucune raison d’avoir peur de sa rencontre …

Au contraire, l’évangile nous dit que nous bénéficierons alors d’une grande générosité de la part de Jésus : « Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir. ».

C’est le monde à l‘envers … ou plutôt notre monde à l’envers … que le « Maître” et “Seigneur”, (et vous avez raison, car vraiment je le suis.) » (Jn 13,13), se fasse serviteur pour nous servir !

Mais peut-on attendre autrement de Jésus, qui est tout amour comme son Père, et qui a donné sa vie pour nous ?

Seigneur Jésus,

donne-nous la grâce

d’être toujours prêts à t’accueillir

quand tu reviendras.

Que nous te mettions

au centre de nos vies,

prêts à faire ce que toi tu veux,

plutôt que ce que nous, nous voulons

 

Francis Cousin

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19ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Routine ou vigilance

Lc 12, 32-48

Vous avez tous, mes frères, assisté à un baptême. Dès que l’eau a coulé sur le front du nouveau chrétien et qu’il a reçu l’onction du Saint Chrême qui le consacre « fils de Dieu », le prêtre allume au cierge pascal, quatre cierges : il en donne un à son père, à sa mère, à son parrain et à sa marraine et il leur dit : « Recevez la lumière du Christ. C’est à vous que cette lumière est confiée. Veillez à l’entretenir pour que cet enfant, illuminé par le Christ, avance dans la vie en enfant de lumière et persévère dans la foi. Ainsi, quand viendra le Seigneur, il pourra aller à sa rencontre, dans le Royaume avec tous les saints du ciel ».

Cette lumière, que nous avons reçue, c’est la vie de Dieu en nous, c’est notre foi. Or, nous le savons bien, une lumière, une flamme, c’est fragile ! Il suffit d’un manque d’oxygène ou d’un trop grand coup de vent pour qu’elle s’éteigne. Un feu, c’est pareil. Il peut, c’est vrai, prendre vivement et même provoquer un incendie, mais il peut aussi s’étouffer lentement, n’avoir plus que quelques tisons et mourir sans qu’on y prenne garde : il en va ainsi de la vie de Dieu en nous. Il en est de même de notre foi. Un feu dont on ne s’occupe pas, que l’on n’entretient pas, que l’on n’arrange pas de temps en temps, est un feu qui aura forcément tendance à s’assoupir, à rougeoyer encore quelques temps, pour ne devenir, au bout de peu de temps, que des cendres froides.

Que faisons-nous, chrétiens, pour entretenir cette vie de Dieu, pour nourrir notre foi, pour, non seulement perpétuer cette grâce de Dieu qui vit en nous, mais aussi la raviver, la réanimer, lui redonner toute sa vivacité, toute sa lumière, tout son rayonnement ? C’est la question que nous pose le Seigneur dans l’Evangile d’aujourd’hui.

« Gardez vos lampes allumées » nous dit-il, c’est-à-dire entretenez votre foi, faites vivre en vous et nourrissez cette vie que Dieu vous a communiquée au Baptême. Comment faire pour cela ?

Le 1er moyen que nous recommande le Seigneur, c’est la vigilance c’est-à-dire de faire attention, de veiller, de sur- veiller, d’être sur le qui-vive. Vous le savez, nous avons souvent tendance à nous installer dans une vie chrétienne qui ronronne. On s’installe vite dans du « déjà fait », dans du « déjà vu », « déjà dit ». Nous faisons de notre vie chrétienne, une habitude, des pratiques, tout un réseau bien établi de convenances, de choses qu’on fait ou qu’on ne fait pas,… et qui avec le temps, comme le feu que l’on ne nourrit plus, se dévitalise.

Une voiture qui aurait une belle carrosserie, mais qui n’aurait plus de moteur… Alors le Seigneur nous dit aujourd’hui :

« Attention, réveillez-vous, soyez des vivants, des veilleurs prêts à accueillir le Seigneur, à travers les menus événements de notre journée, à toutes les heures de notre emploi du temps. Dieu peut nous parler, Dieu peut intervenir par n’importe quelles circonstances de notre vie et cela, à tout moment : le matin, au milieu de la journée, le soir, en pleine nuit.

« Heureux serviteur, que le maître, en arrivant, trouvera , présent, debout, prêt à l’accueillir ».

Dans la nuit de la Pâque, les Juifs mangeaient debout, en tenue de voyage, prêts à passer la Mer Rouge ; l’heure de la libération arriva, ils étaient prêts à partir.

De même Abraham, dès le 1er appel de Dieu, se met en route, se désinstalle, quitte son pays, sans trop savoir où Dieu allait le conduire, vivant comme un voyageur, un étranger, à la recherche  d’une patrie meilleure que le Seigneur lui procurerait …

Nous aussi, nous sommes, les chrétiens, des voyageurs sur cette terre, nous savons que notre terre n’est pas encore le « Royaume », le « monde nouveau » que nous attendons, aussi ne nous installons pas ! Nous sommes en voyage vers un autre monde. Alors, surtout, ne vivons pas comme si nous étions définitivement sur la terre, comme si nous n’avons rien à attendre ou espérer, si ce n’est un retour au néant, comme si l’histoire du monde n’avait aucun but…

Nous serions alors comme des voyageurs qui sont embarqués dans un train et qui n’ont aucun souci de savoir où ils vont, quelle est leur destination et qui s’installent dans les compartiments comme si c’était là leur demeure définitive.

Oui, nous sommes embarqués, nous n’avons pas encore de demeure définitive. Nous sommes comme des étrangers, comme des voyageurs. Notre foi nous dit que nous sommes en route vers un monde meilleur, vers le monde nouveau que Jésus est venu instaurer, en marche vers une joie, un bonheur définitif « où il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni souffrance et où Dieu essuiera toute larme ».

Permettez-moi de vous relire une lettre retrouvée datant de 190 après Jésus-Christ (2e siècle). Il s’agit d’un incroyant qui écrit à son ami Diognète et qui lui fait la description de ces gens curieux qui s’appellent les chrétiens :

« Ils ont l’air d’être comme tous les autres hommes et pourtant c’est différent ! Les  chrétiens  ne  se  distinguent  des  autres  hommes  ni par le pays, ni par le langage ou les coutumes. Ils n’ont pas de ville à eux, ni un langage particulier. Ils se conforment aux usages locaux pour le vêtement, la nourriture tout en manifestant les lois extraordinaires et paradoxales de leur façon de vivre. Ils vivent sur place, mais comme des étrangers domiciliés. Ils vivent comme les autres citoyens, mais toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ont des enfants mais ils n’abandonnent pas leurs nouveaux nés. Ils prennent place à la table commune, mais qui n’est pas une table ordinaire. Ils sont dans la chair, mais ils ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur terre, mais ils sont citoyens du ciel ».

Oui, c’est bien cela, nous sommes des pèlerins, animés par l’espérance du terme, de l’étape finale.

Notre avenir, c’est Dieu lui-même, car c’est pour lui que nous sommes faits, c’est vers lui que nous cheminons avec des reculs et des avancées.

Ne vivons pas comme des résignés, comme si nous n’allions nulle part : vivons dans l’espérance et dans la joie et si l’on nous demande « Comment ça va ? », ne répondons pas d’un air désabusé : « On fait avec » !

Il n’est pas question pour nous de nous asseoir le long du chemin, en regardant les autres passer. Mettons-nous, remettons-nous en route et avançons joyeusement dans l’espérance, comme Abraham. Comme lui, « nous voyons et nous saluons de loin cette patrie éternelle qui nous attend ».  AMEN




Rencontre autour de l’Évangile – 19ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Restez en tenue de service

et gardez vos lampes allumées. »

(Lc 12,32-48) 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Lc 12, 32-48)

Jésus a mis en garde précédemment contre l’accumulation des biens matériels, une recherche égoïste qui n’apporte qu’une sécurité trompeuse (Lc 12,13-21). Puis il a invité à chercher avant tout « le Royaume des Cieux » dans le cadre d’une relation vivante et confiante avec Dieu. Notre Père sait en effet de quoi nous avons besoin en cette vie, et « cela vous sera donné par surcroît » nous promet-il (Lc 12,22-31). Vient ensuite la première phrase de notre Evangile (Lc 12,32), clé de tout ce qui précède et de tout ce qui suit…

Et soulignons les mots importants 

Le sens des mots

  • Bien prendre le temps de lire et de relire cette première phrase. Comment Dieu est-il appelé ? Que veut dire « il a trouvé bon » ? D’après les versets suivants, qu’est-ce donc que « le Royaume de Dieu » :

  • « Si c’est par l’Esprit de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le Royaume de Dieu est arrivé jusqu’à vous » (Mt 12,28).

  • « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu » (Jn 3,5).

  • « Le Royaume de Dieu n’est pas affaire de nourriture ou de boisson, il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17).

  • Enfin, comparez notre verset (Lc 12,32) avec : « Dieu vous a fait le don de son Esprit Saint » (1Th 4,8) ; et : « Le don de l’Esprit Saint a été aussi répandu sur les païens» (Ac 10,45).

  • Le trésor que nous propose Jésus peut-il s’user, être volé ou rongé par les mites ? Comment Jésus le qualifie-t-il ici et pourquoi en parle-t-il ainsi ? Quel est donc notre seul vrai trésor, déjà, ici-bas, par la foi et dans la foi ?

  • « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5). Quand Dieu nous donne l’Esprit Saint, que nous donne-t-il donc avec lui ? Pensons à l’image du Soleil : « Dieu est un Soleil, il donne la grâce, il donne la gloire » (Ps 84(83),12), il donne l’Esprit, sans cesse… Que faut-il donc faire de cœur pour rester dans la Lumière ? Comment pouvons-nous éteindre nos lampes ? A quoi Jésus nous invite-t-il donc en fait ?

            Jésus nous donne un exemple à ne pas suivre dans la seconde partie de notre Evangile. Que fait donc le serviteur qui voit que son Maître tarde à venir ? Nous lisons comme conséquence : « Il se séparera de lui » : mais entre nous, pécheurs, et Dieu, qui se sépare de qui en fait ? Et qui donne à qui un grand nombre de coups, est-ce Dieu ?

  • « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5), « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16). En recevant l’Esprit Saint, que recevons-nous aussi ? Souvenons-nous de la belle-mère de Simon Pierre qui, une fois guérie par Jésus, se mit à le servir, lui et ses disciples (Mc 1,29-31). Si nous recevons le Don de Dieu, vers quelle attitude nous poussera-t-il vis-à-vis de Lui et de tous ceux et celles qui nous entourent ? Quel est d’ailleurs ici « le travail » accompli par « l’intendant fidèle et sensé » ?

            Dieu Lui-même en est le plus bel exemple. Si le serviteur de Jésus est fidèle, s’il veille, que fera pour lui son Maître à son retour des noces ? Comment ce serviteur se sentira-t-il alors ? « Dieu est Amour », et donc aimer, c’est …….

            Cet intendant aura été fidèle en peu de choses… Mais souvenons-nous du tout début : à quelle attitude, vis-à-vis de Dieu « Soleil qui donne », qui donne et qui donne encore, aura-t-il en fait été fidèle ? Et comme Dieu ne cesse de donner, que recevra-t-il donc de lui ? Noter l’expression employée ici : à quoi renvoie-t-elle ? Souvenons-nous de celle du tout début de notre Evangile : « un Trésor inépuisable dans les cieux »…

 

Pour l’animateur 

  • Tout de suite, Jésus, le Fils du Père, le Frère de tous les hommes, nous met en présence de « notre Père » à tous, le Père de tous les hommes… « Il a trouvé bon», car c’est bien, c’est ce qu’il veut pour tout homme, pour chacun de ses enfants, pour son bien le plus profond, et il est le premier à être heureux lorsque cela se réalise concrètement, « il a trouvé bon de nous donner le Royaume » gratuitement, par Amour… Notre Père est heureux de nous le donner, et il est encore plus heureux lorsque nous acceptons de recevoir ce Don pour notre bien le plus profond, pour notre vrai bonheur, car nous avons tous été créés pour cela… Dieu est un Papa qui ne pense qu’au Bonheur de ses enfants, qui fait tout pour qu’il se réalise concrètement, et qui est heureux quand il se réalise vraiment…

            D’après tous ces versets, « donner le Royaume » c’est « donner l’Esprit Saint » car le Royaume de Dieu est un Mystère de Communion avec Dieu dans l’unité d’un même Esprit. C’est ce que le Fils vit de toute éternité avec le Père qui, par amour, ne cesse de lui donner la Plénitude de ce qu’Il Est, et Il Est Esprit, Lumière, et Vie. « Né du Père avant tous les siècles », « engendré non pas créé », Jésus, le Fils, est alors « de même nature que le Père », « Dieu né de Dieu, Lumière né de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu ». Il vit en Communion avec le Père, dans l’unité d’un même Esprit qui est tout en même temps Lumière et Vie. Cette vie en communion avec Dieu, tel est le Royaume des Cieux que le Père veut nous donner gratuitement, par amour, en nous donnant l’Esprit Saint. C’est ce qu’il fait pour le Fils de toute éternité… Créés par le Père, tous enfants d’un même Père, nous sommes tous appelés à partager la Vie du Père qui nous est communiquée par le Don de l’Esprit Saint… Telle est notre vocation à tous !

  • Ce Trésor, notre seul vrai Trésor ici-bas, est le Don de l’Esprit Saint, Don éternel, spirituel et donc, dans nos cœurs, insaisissable à tout voleur et aux mites ! Il est « inépuisable» car la richesse de Dieu est « insondable » (Ep 3,8), infinie !

  • En nous donnant « l’Esprit», Dieu nous donne « sa Lumière», et puisqu’il est un Soleil qui donne sans cesse, nous sommes invités, comme Jésus, à être sans cesse, de cœur, « tournés vers Lui » (Jn 1,18) pour recevoir et recevoir encore ce Don de Dieu. Nous « veillerons » donc à demeurer dans cet Amour instant après instant. Et nous essaierons (nous n’y arrivons pas toujours !), avec la Force de cet Esprit d’Amour et de Miséricorde qui vient au secours de notre faiblesse, de vivre en harmonie avec le Don reçu en évitant le mal qui lui est contraire. « Garder nos lampes allumées » suppose donc une conversion continuelle, soutenue par Dieu Lui-même, avec notre consentement bien sûr…

            Le serviteur infidèle fait le mal, ce qui prouve qu’il s’est coupé de la Source de tout bien. Privé du Don de Dieu, il ne peut que se retrouver dans les ténèbres, l’absence de Plénitude de Vie, privé de la vraie Paix et de la vraie Joie. Il s’est séparé lui-même de Dieu, il s’est donné à lui-même un grand nombre de coups. « Souffrance et angoisse à toute âme qui fait le mal » (Rm 2,9).

  • En recevant l’Esprit, nous recevons l’Amour qui nous pousse à nous mettre au service de Dieu et de nos frères, une attitude qui est celle-là même de Dieu ! Jésus était par amour, au service de son Père et de tous les hommes ses frères. Il leur a lavé les pieds, il est allé jusqu’à donner sa vie pour eux sur une Croix. Aimer, c’est, très concrètement, servir… « L’intendant fidèle et sensé » distribue aux autres les biens qu’il a reçus de son Maître, et cela pour leur Vie, leur Bien le plus profond. Telle est notre mission à tous : partager largement avec tous ceux et celles qui nous entourent tout ce que nous avons reçu de Dieu…

  • Si nous veillons dans l’Amour à rester de cœur tourné vers Dieu qui ne cesse de donner tout ce qu’il a, tout ce qu’Il Est, nous nous retrouverons comblés de « tous ses biens» : le Trésor infini, « inépuisable», de l’Esprit Saint. Ce Trésor sera notre plénitude et « par notre plénitude, nous entrerons dans toute la Plénitude de Dieu » (Ep 3,19 ; Col 2,9-10).

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

L’Evangile aujourd’hui dans notre vie

  • Quelles résolutions, aujourd’hui, pouvons-nous prendre pour nous aider à « veiller», à demeurer, de cœur, tournés vers l’Amour pour nous laisser combler de ses Biens ?

  • Quelle démarche concrète pourrions-nous entreprendre pour collaborer davantage à l’œuvre de Dieu qui veut que tout homme soit comblé par le Don de son Esprit Saint ?

ENSEMBLE PRIONS   

« Ô Père, Source de l’Amour, tu nous as gardés en ce jour, dans ta Tendresse. Si je n’ai pas compris ta voix, ce soir je rentre auprès de toi, et ton pardon me sauvera de la tristesse » (Claude Tassin).

 

 

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19ième Dimanche du Temps Ordinaire

 

 




19ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 12,32-48)

« Veiller à recevoir, sans cesse,

le Don de l’Amour »

(Lc 12,32-48)…

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume.
Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne détruit pas.
Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur.
Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées.
Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte.
Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir.
S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils !
Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait, il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »
Pierre dit alors : « Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole, ou bien pour tous ? »
Le Seigneur répondit : « Que dire de l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de son personnel pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture ?
Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi !
Vraiment, je vous le déclare : il l’établira sur tous ses biens.
Mais si le serviteur se dit en lui-même : “Mon maître tarde à venir”, et s’il se met à frapper les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer,
alors quand le maître viendra, le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il l’écartera et lui fera partager le sort des infidèles.
Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups.
Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, celui-là n’en recevra qu’un petit nombre. À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. »

        

 

         

            L’Evangile de ce Dimanche commence par cette invitation de Jésus : « Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. » Tout de suite, Jésus nous met donc en présence du Père : son Père de toute éternité, et notre Père à tous dans l’ordre de la création (Jn 20,17)… Et ce qui est bon à ses yeux, ce qu’il désire, ce qu’il veut, c’est « nous donner le Royaume », gratuitement, par amour, comme un Père « trouve bon » ce qui est le meilleur pour ses enfants…

            Mais ce Royaume, quel est-il ? En quoi consiste-t-il ? St Paul nous aide à répondre : « « Le Royaume des Cieux ne consiste pas en des questions de nourriture ou de boisson, il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17). Et il écrit encore : « Dieu vous a fait le don de son Esprit Saint » (1Th 4,8). St Luc parlera de l’homme comme étant appelé à être « rempli par l’Esprit Saint » (Lc 1,15.41.67 ; 4,1 ; Ac 2,4), « le Don de Dieu » (Ac 8,20 ; 2,38 ; Jn 4,10) : « La paix soit avec vous… Recevez l’Esprit Saint », dit le Ressuscité à ses disciples et, à travers eux, à tout homme (Jn 20,19-22). « L’Esprit se joint alors à notre esprit » (Rm 8,16), et nous établit ainsi dans « l’unité de l’Esprit » (Ep 4,3) qui est avant tout « paix », « joie » profonde (Ga 5,22 ; Ac 13,52).

            Tel est donc le Royaume des Cieux : avoir part gratuitement, par Amour, à l’Esprit de Dieu, l’Esprit qui « remplit » les cœurs du Père et du Fils de toute éternité. Et Dieu veut qu’il en soit de même pour chacun d’entre nous, car l’Amour Est Partage. Tel est le vrai Trésor de la vie, offert dès maintenant à notre foi, en attendant la Plénitude à venir. C’est pour cela que Dieu nous a tous créés…

            Face à lui, les richesses de ce monde font pâle figure : « Le Royaume des Cieux est semblable à un trésor qui était caché dans un champ et qu’un homme vient à trouver : il le recache, s’en va ravi de joie vendre tout ce qu’il possède, et achète ce champ » (Mt 13,44). « Vendez vos biens et donnez les en aumône », dit ici Jésus, car telle est la logique de l’Amour : donner pour le seul bien de l’autre… Et « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20,35). Telle est donc le chemin de la vraie joie : donner, servir. C’est ce que fait ici « l’intendant fidèle » : « donner en temps voulu la ration de blé. Heureux ce serviteur, que son maître, en arrivant, trouvera occupé de la sorte » (Lc 12,43) !

  DJF




18ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN (St Luc 12,13-21)

Un homme a un problème d’héritage à régler avec son frère. Comme bon nombre de personnes, chacun ne pense qu’à ses intérêts. Il a dû entendre Jésus parler de « partage », de « fraternité » ou encore de « solidarité », et il en profite, de la sagesse de Jésus, pour lui demander d’intervenir, en sa faveur, auprès de son frère afin qu’il partage avec lui leur héritage. Autrement dit, il veut tirer un profit personnel à partir de la parole de Jésus. Et Jésus lui répond qu’il n’est pas qualifié pour régler les problèmes d’héritage. En effet, ceux qui écoutent la parole de Dieu ont parfois tendance à utiliser les paroles du Christ dans leurs propres intérêts. Par exemple, j’ai entendu un homme dire un jour à sa femme en citant Ep 5,24 : « comme l’Église est soumise au Christ, que les femmes soient soumises en tout à leurs maris ». Et il dit à sa femme : « tu dois m’obéir puisque c’est écrit dans la Bible ». Or tous ceux qui ont étudié un peu les textes savent parfaitement bien qu’il ne s’agit nullement de la soumission de la femme par rapport à l’homme. Il est dit que la femme est l’égale de l’homme. Gn 1, 27 ; « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme ». Homme et femme créés à l’image de Dieu. Les mathématiciens le comprendront très vite : si l’homme est créé à l’image de Dieu et que la femme est aussi créée à l’image de Dieu, les deux êtres humains sont créés avec une égale dignité. Prenons un 2ème exemple : l’expression « Dieu qui sonde les reins et les cœurs» (Ap 2,23). Certains chrétiens ses sentent mal à l’aise devant cette expression parce que le mot « rein », chez le créole, a parfois une connotation sexuelle, et comme ils se sentent mal à l’aise, ils le rejettent. Or les reins, dans la Bible, désignent le siège, la source des passions, des pensées secrètes, des sentiments cachés. Dire que « Dieu sonde les reins », c’est dire que Dieu est capable de connaître le fond de nos pensées secrètes, conscientes ou inconscientes, ce qu’il y a de plus intime au plus profond de nous-mêmes et que rien ne peut lui être caché. Ainsi devant les êtres humains on peut passer pour quelqu’un d’honnête alors qu’au plus profond de nous-mêmes, Dieu sait que nous pouvons être des hypocrites. On pourrait trouver d’autres exemples, d’autres expressions bibliques, où certaines personnes pourraient essayer de tirer un avantage, un intérêt pour en tirer profit, ou encore un désavantage pour les gommer, les refouler ou les rejeter. Il n’y a pas à accepter ou à rejeter les expressions bibliques, il faut surtout essayer de les comprendre pour bien les interpréter. Paul nous dit en 1 Co 10,24 : « Que personne ne cherche son propre intérêt, mais celui d’autrui » ; 1Co 10,33 : « je m’efforce de plaire en tout à tous, ne recherchant pas mon propre intérêt, mais celui du plus grand nombre, afin qu’ils soient sauvés ». Et quand on parle d’intérêt personnel, il peut s’agir de l’argent (c’est ce que font les faux prophètes qui fondent leurs propres groupes sectaires pour s’enrichir), il peut s’agir aussi des honneurs, de la gloire, de la reconnaissance, du pouvoir qu’on pourrait avoir sur d’autres personnes. Il ne faut pas se tromper de but dans notre vie qui est de s’unir au Christ par la foi afin d’être sauvé et avoir la vie éternelle, et que par l’évangélisation, l’humanité entière soit sauvée. C’est pourquoi, à part tout ce qui concerne Dieu, sa volonté, ses enseignements, ses commandements, « tout est vanité » nous dit le premier texte d’aujourd’hui. Tout ce que nous faisons dans notre vie, le travail, le savoir, la réussite sur tous les plans, tout cela ne nous amènera pas forcément à la vie éternelle, à la vie au Royaume de Dieu, au partage de la vie divine où se trouve le bonheur éternel. Aucune satisfaction terrestre ne peut assouvir, contenter, satisfaire, apaiser, combler la soif du bonheur qui, en fait, ne se trouve qu’en Dieu seul. La réponse de Jésus à l’homme qui lui a parlé de l’héritage est : « Attention, gardez-vous de toute cupidité (c’est-à-dire du désir immodéré de l’argent et des richesses) car, au sein même de l’abondance, la vie d’un homme n’est pas assurée par ses biens ». La réussite matérielle sur terre ne garantit ni le bonheur, ni la vie éternelle avec Dieu. La richesse peut nous détourner de Dieu et du prochain. Les mauvais riches, nous dit Père Antoine Baron, sont ceux qui mettent leur espoir dans leur satisfaction et spécialement dans leur orgueil. « En soi, la possession de biens matériels est un don de Dieu pour que le bonheur soit partagé. Dieu n’a jamais désiré l’appauvrissement des gens ou la pauvreté en elle-même, ou encore la privation de toutes richesses pour les chrétiens. Ce serait une injustice que d’affirmer le contraire. Les pauvres, autant que les riches, peuvent être de grands pêcheurs et des monstres d’orgueil, nous dit Père Antoine Baron. La souffrance liée à la misère peut amener les pauvres au vol et au crime, et la jalousie à l’égard des riches peut induire une révolte contre Dieu. La pauvreté matérielle n’entraîne malheureusement pas la justice et la sainteté de manière automatique, ce serait trop beau. Inversement, certains riches mettent généreusement leurs ressources matérielles au service des autres. Il s’agit d’imiter le Christ. L’idéal n’est pas d’être pauvre, mais d’avoir le bonheur de soulager les malheureux, à la manière de Jésus » (Père Antoine Baron). Toute sa vie, Jésus n’a cessé de secourir les pauvres, de prendre soin d’eux. Dieu invite plutôt à accueillir dans un esprit de pauvreté la gestion des biens matériels. Le problème est spirituel : il ne porte pas sur la possession de biens matériels en soi. – Jésus donne une parabole : celle d’un riche dont les terres avaient beaucoup rapporté. Il pense alors agrandir ses greniers pour entreposer davantage de blé, et avoir ainsi une grande réserve pendant de nombreuses années. Il va pourvoir alors se reposer, manger, boire et faire la fête. Malheureusement pour lui, le soir même, il meurt. Il a voulu avoir beaucoup de richesse pour lui-même, et il n’aura rien. Le trésor qu’il faut amasser n’est pas celui de la richesse matérielle, mais bien celui qui est fait en vue de vivre éternellement avec Dieu. Aux fidèles du Christ, Saint Paul dit que le chrétien doit rechercher les choses d’en haut et non celles de la terre car « vous êtes morts », c’est-à-dire que par le baptême nous sommes morts au péché et unis au Christ, participant déjà réellement à sa vie céleste, mais cette vie, qui demeure spirituelle et cachée sur terre, sera manifeste, c’est-à-dire évident, visible, au moment de la Parousie, c’est-à-dire à la fin des temps lorsque reviendra le Christ pour le jugement dernier. – Et puisque le Christ a quitté ce monde terrestre et qu’il est ressuscité, nous aussi nous devons quitter ce monde terrestre, par le détachement aux biens matériels, par un certain dépouillement, renoncement, privation de choses non utiles pour notre salut. Ce détachement ne pourra jamais se faire par notre seule force, ni par notre volonté personnelle mais par la foi en Jésus Christ qui nous aidera petit à petit à nous délaisser, un peu plus chaque jour, des choses matérielles pour nous tourner davantage vers les choses d’en haut. Il faut de la patience et de la persévérance dans son union au Christ. C’est la foi en Jésus qui nous amènera à nous mortifier, et la mortification nous conduira, avec la grâce de Dieu, à fuir, à combattre, à éliminer la fornication c’est-à-dire les relations sexuelles hors mariage, l’impureté, les mauvais désirs, la cupidité, la colère, l’emportement, la malice, les outrages, les vilains propos, le mensonge etc…Cette mortification est une lutte permanente contre la recherche de la grandeur, de l’estime, de la reconnaissance, de son intérêt personnel….

Saint Louis-Marie Grignion de Monfort nous dit : « Tous ceux qui sont à Jésus-Christ… ont crucifié leur chair avec ses vices et ses concupiscences », c’est-à-dire qu’ils combattent activement leurs propres péchés et leur attrait naturel vers les biens matériels, terrestres…, et … se font une continuelle violence (contre leurs propres défauts, leurs propres faiblesses, leurs propres péchés), ils portent leurs croix tous les jours, et enfin sont morts (au monde terrestre qui passe ainsi au second plan dans leur vie) » afin de se dépouiller du vieil homme (celui du péché) pour se revêtir du nouvel homme qu’il devient en étant uni au Christ ressuscité. Pour avoir la Sagesse incarnée, c’est-à-dire Jésus Christ, il faut pratiquer la mortification ( Col. 3,5 ; 2è texte d’aujourd’hui), le renoncement au monde et à soi-même ». Ne vous imaginez pas, nous dit encore Grignion de Monfort (§195 – L’Amour de la Sagesse Eternelle), « que cette Sagesse, c’est-à-dire Jésus-Christ…entre en une âme et un corps souillés par les plaisirs des sens. Ne croyez pas qu’elle donne son repos, sa paix ineffable, à ceux qui aiment les compagnies et les vanités du monde ». Saint Jean de la Croix dit la même chose : « Tous doivent s’efforcer de mortifier leur être sensible qui, par le moyen des appétits désordonnés (provenant de nos cinq sens), peut être un obstacle à l’union divine.- Plus on est uni au Christ, plus les choses matérielles et terrestres vont se décanter d’elles-mêmes et plus les passions, quelles qu’elles soient, bonnes ou mauvaises, vont s’estomper, diminuer au fur et à mesure, « en douce et sans secousse » comme disent les créoles, et disparaîtront d’elles-mêmes, presque sans effort de notre part, et même sans aucun regret, par le seul fait qu’on est davantage en compagnie de Jésus-Christ qui prendra de plus en plus de place dans notre vie. Par la foi et par le seul fait de vivre en Jésus-Christ, la vie des chrétiens est débarrassée, par la grâce de Dieu, des mauvaises choses qui alourdissaient leur vie, leur permettant de vivre en paix quel que soient leur condition de vie. – C’est pourquoi Thérèse d’Avila nous dit à un certain moment de sa vie : « Que rien ne te trouble, que rien ne t’épouvante, tout passe, Dieu ne change pas, la patience obtient tout; celui qui possède Dieu ne manque de rien: Dieu seul suffit.– Même le grand Saint Thomas d’Aquin a arrêté d’écrire son 3è tome de la Somme Théologique car dit-il « tout ce que j’ai écrit me paraît de la paille » – un chef d’œuvre considéré par son auteur comme une vanité – après ce qui lui a été révélé au cours d’une messe. L’hostie que nous recevons à la messe, c’est le Christ ressuscité que nous recevons. Et ceux qui communient, nous dit Saint Thomas d’Aquin, sont appelés à se convertir et seront changés dans le Corps du Christ (Eglise). Et c’est l’Eglise qui grandit ainsi, en qualité. « C’est en communiant et en accueillant la grâce de la communion que l’Eglise se construit…au cœur de l’humanité ». Nicolas Buttet nous dit que « Le mystère (de la messe, de la communion, de l’Eucharistie) doit nous étonner. Si nous ne nous étonnons plus, c’est l’indifférence qui prendra la place de l’étonnement. Et l’indifférence conduit à la tiédeur. La fréquentation répétée des mystères et notamment de l’Eucharistie, peut conduire à un émerveillement croissant ou à une habitude mortelle. Il nous faut sans cesse nous ressaisir, nous laisser toucher par l’inaccessible afin de ne pas s’habituer ». Si la messe nous devient une habitude du dimanche, il faudra nous ressaisir pour chercher à comprendre les merveilles de la messe. Même ceux qui communient doivent rester éveillés pour rester aussi dans la communion spirituelle. Saint-Marie Grignion de Monfort nous dit qu’uni au Christ ressuscité (par la communion), ce dernier nous « donne un goût pour tout ce qui est de Dieu, et nous fait perdre le goût des créatures. Il réjouit notre esprit par le brillant de ses lumières; il verse en notre cœur une joie, une douceur et une paix indicibles, même parmi les amertumes et les tribulations les plus rudes ». C’est à la messe que nous pouvons revêtir l’homme nouveau, celui qui s’achemine vers la vraie connaissance, en se renouvelant à l’image de notre Créateur, car c’est à la messe que nous recevons l’Esprit Saint qui nous donne un cœur nouveau rempli de l’amour de Dieu ((Rm 5,5), capable de nous faire connaitre Dieu qui est Amour, et que le Christ, qui habite en nos cœurs par la foi pour nous enraciner dans l’amour ( (Ep 3,17), fait de nous un homme nouveau, une création nouvelle (2Co 5,17) à l’image du Dieu Créateur. Merci à Marie qui porte tout cela dans son cœur et qui prie sans cesse pour nous.

                                                                                   Claude Won Fah Hin

 




18ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 12,13-21)

« Recherchez les réalités d’en haut. »

 

Voilà une phrase qui ferait bien sourire bon nombre de personnes dans notre société actuelle …

« Pourquoi parler d’en haut ? Il n’y a rien là-haut ! ».

C’est ce que l’on a fait dire au premier cosmonaute, Youri Gagarine, à son retour sur terre : « J’étais dans le ciel et j’ai bien regardé partout : je n‘ai pas vu Dieu. » …

Cette phrase nous fait sourire, nous les croyants, car Dieu ne se voit pas dans notre monde avec les yeux.

Mais au-delà du ’’voir’’, il y a cette réalité, cette propension générale à considérer que les choses les plus importantes dans la vie sont celles qui permettent de ’’bien vivre’’, dans une belle maison avec tout le confort, avec une belle voiture etc …

Dans les collèges, il y a souvent des journées des métiers, pour permettre aux élèves de rencontrer des personnes de différentes professions, et pouvoir leur poser des questions. Et la question qui revient le plus souvent est : « Combien on gagne ? ».

Une année, au collège Saint Michel, on avait proposé un stand « Vocations religieuses » animé par quelques religieuses … Moins de dix élèves ont visité le stand !

Dieu ne fait pas partie des projets d’avenir …

« Vanité des vanités, tout est vanité ! »

Et la parabole que Jésus dit dans l’évangile nous le rappelle : « La vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède. », avec cet homme, déjà riche, mais qui voit encore plus grand en reconstruisant d’autres greniers, rêvant déjà : « Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence. ».

Dans son esprit, il n’est pas question de sa femme, de ses enfants, de ceux qu’il côtoie, ses amis, des pauvres, de ses ennemis, de Dieu. Il ne pense pas à créer des emplois, pour faire vivre son village. Il ne pense qu’à lui …

Mais il ne savait pas que Dieu lui retirerait la vie dans la nuit …

« Vanité des vanités, tout est vanité ! »

Je vous propose une autre parabole :

« Karl était un homme très riche qui possédait une grande entreprise. Un de ses passe-temps favoris était de monter au dernier étage de son gratte-ciel, et de regarder tout ce qu’il possédait et de se féliciter sur sa grande richesse. Un midi, Karl sortit de son gratte-ciel et il aperçut un de ses employés, un vieux livreur de journaux du nom de Joseph. C’était l’heure du dîner et Joseph était à l’ombre d’un arbre dans le parc, et il se préparait à manger. Mais avant de manger, il a incliné sa tête, joint les mains en prière pour remercier Dieu pour sa nourriture. Karl a regardé l’homme en prière. Puis il a regardé son repas. C’était un simple sandwich au fromage. Avec un ricanement Karl a crié, « Si c’est tout que j’avais à manger, je ne prendrais pas la peine de prier. » Joseph a répondu humblement, « Pour moi c’est suffisant et je suis reconnaissant à Dieu. »

Karl fut étonné par la réponse de Joseph.

Voyant que Karl poursuivait son chemin un peu songeur, Joseph ajouta  » Attendez une minute. J’ai besoin de vous dire quelque chose. J’ai fait un rêve hier soir. J’ai entendu une voix qui disait, « Ce soir l’homme le plus riche de la ville mourra. Ce soir l’homme le plus riche de la ville mourra « .

« Des sottises, voyons donc ! » dit Karl alors qu’il s’en retournait chez lui. Mais les mots de Joseph le tracassaient, « Cette nuit l’homme le plus riche de la ville mourra ! » Jusqu’alors il s’était tout à fait bien senti, mais maintenant il commençait à éprouver des douleurs dans sa poitrine. Il commença à se demander, « Est-ce que c’est vrai ? Est-ce que je vais mourir ce soir ? »

De retour à la maison il appela son médecin à sa clinique privée et lui raconta le rêve de Joseph et les douleurs qu’il avait ressenties. Son médecin lui dit, « Il ne me semble pas qu’il y ait de quoi s’inquiéter, mais pour vous tranquilliser, je viendrai vous examiner. »

Après l’examen, le médecin lui dit, « Karl, il n’y a aucune raison pour que vous mouriez ce soir. » Ainsi rassuré, Karl s’est mis au lit. Le matin suivant, on frappa à sa porte, et le messager dit, « Karl, le vieux Joseph, le livreur, il est mort hier soir ! »

C’était bien vrai ! L’homme le plus riche de la ville était mort hier soir ! »

Il avait bien compris la parole de saint Paul : « Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre. »

Seigneur Jésus,

pris dans l’engrenage de notre société,

qui nous pousse à la consommation,

nous oublions bien souvent

de penser à toi,

et quand on te prie,

on se laisse souvent distraire

par des choses futiles.

Aide-nous à mettre en premier

« les réalités d’en-haut ! »

 

                                              Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien ci après : Image dim ord C 18°




18ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Les vraies richesses

 Lc 12, 13-21

« La vie d’un homme, fut-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses ».

Combien de fois avons-nous pensé le contraire ?

Combien de fois avons-nous jaugé et estimé et respecté quelqu’un parce qu’il était riche, donc influent, donc puissant ? Combien de fois avons-nous fait la différence dans notre jugement entre celui qui n’avait pas grand-chose et que nous traitions avec pitié, et celui qui avait du bien sous le soleil et que nous ménagions et traitions avec déférence ?

Notre monde actuel est tellement centré sur le profit, l’acquisition des richesses, le salaire, la vie économique que tous nos jugements sur les hommes sont faussés par cette mentalité, à tel point qu’avant même de juger un homme et d’avoir une opinion sur lui, nous regardons d’abord sa voiture, sa maison, son métier, son standing,… Autrement dit : on ne juge pas quelqu’un à cause de ce qu’il est, mais à cause de ce qu’il a. Dans notre société, nous confondons très vite et très facilement le verbe « être » avec le verbe « avoir » et l’ambiance est telle autour de nous qu’il devient plus important d’avoir plus que d’être mieux.

Si demain on proposait, dans la commune, à chaque habitant, le choix, entre un chèque de 6 000 euros ou bien l’acquisition d’une nouvelle qualité personnelle : on peut être sûr qu’à 90% les gens feraient la queue devant le guichet du chèque et non pas devant celui qui lui permettrait de se changer personnellement en mieux.

On confond l’homme lui-même avec son portefeuille et on assimile le propriétaire avec sa propriété. On dit : « L’homme ne vaut pas plus que ce qu’il possède ». S’il ne possède rien, il n’est rien ! S’il a de grands biens, il est quelqu’un ! L’homme lui-même est matérialisé, mis au niveau, rabaissé à sa valeur marchande. Ne dit-on pas, en Amérique : « Un tel vaut tant de dollars ! », ce qui veut dire son « salaire mensuel ». On le compare avec son gagne-pain !

Or, l’Evangile nous le rappelle fortement en ce dimanche : la valeur d’un homme, même s’il est riche, n’a rien à voir avec sa richesse. Il peut arriver qu’un homme riche soit un type bien, comme il peut arriver qu’il soit une crapule. C’est aussi vrai chez les pauvres : un pauvre peut avoir une valeur humaine extraordinaire ; ce peut être aussi une nullité.

Faisons bien attention, mes frères, à toujours bien distinguer le verbe être et le verbe avoir. C’est la leçon de l’Evangile d’aujourd’hui. Nous savons, nous chrétiens, où est la priorité. Attachons-nous :

– à être plus, à devenir mieux,

– à enrichir notre personnalité,

 – à étoffer notre humanité,

– à donner à notre corps, à notre esprit, à notre cœur, à notre âme de nouvelles possibilités d’être plus homme, plus femme.

Il y a dans chacun d’entre nous des qualités qui ne demandent qu’à grandir, des bourgeons qui ne demandent qu’à s’épanouir. C’est incroyable ce qu’avec l’aide de Dieu et avec la force de l’Esprit Saint, nous pourrions devenir, si nous étions un peu plus coopérants, un peu plus attentifs à ce que Dieu voudrait  faire en nous, avec nous et par nous. « Deviens ce que tu es », disait un philosophe.

Or, par le Baptême, nous  sommes  devenus  des  fils  de Dieu. Déjà par notre naissance, des créatures de Dieu : alors, quel  chemin  à  faire, quelle  distance   encore  à  parcourir  pour  atteindre  nos  possibilités personnelles et réelles ! Resterons-nous des embryons de ce que nous pourrions devenir ou, au contraire, allons-nous développer et épanouir au maximum tout ce que Dieu a déposé en nous pour l’exploiter et le faire valoir ?

Si, un jour, nous avions la possibilité de voir ce que nous aurions pu devenir et le comparer avec ce que nous sommes devenus, nous serions sans doute honteux et pleins de remords et nous dirions : « Qu’ai-je fait de ma vie ! Quel gaspillage, quel gâchis ! », et tout cela parce que je me suis attaché à de fausses valeurs, aux biens qui étaient à l’extérieur de moi, au lieu de faire valoir les richesses qui étaient en moi et qui, celles-là, sont restées au fond de moi, comme une mine ignorée et inexploitée.

Dans cet Evangile, le Seigneur ne nous dit pas d’être pauvres, il nous avertit seulement de ne pas nous tromper de richesses. Il y a les  vraies richesses et les fausses, les vraies valeurs et les fausses et souvent nous nous laissons séduire, par le toc, par le clinquant, par le bling bling : ce qui n’est que de la poudre aux yeux.

A quoi reconnaîtrons-nous qu’une richesse est vraie, qu’une valeur est une vraie valeur ? Comment pouvons-nous faire la différence ? Il y a trois moyens de vérifications :

  • Le 1er critère : Est-ce une chose qui passe ou qui ne passe pas ?

Le Seigneur nous le rappelle : « Amassez des trésors que les vers ni la rouille ne peuvent attaquer ».

On n’a jamais vu un coffre-fort suivre le corbillard de son propriétaire ! Devant Dieu, vous serez riches, non pas de ce que vous aurez amassé, mais de ce que vous aurez donné :

«J’étais nu, tu m’as habillé ; j’avais faim, tu m’as nourri ;

j’étais dans le besoin, tu es venu à  mon  secours ».

Voilà les richesses qui ne passent pas : celles qui produisent la bonté, la pitié, le pardon, la miséricorde, la générosité. Devant Dieu, vous serez riches des biens dont vous vous êtes dépouillés pour aider les autres, et pauvres de ce que vous avez gardé et amassé, alors que d’autres en avaient bien plus besoin que vous !

Le 2e critère : « Est-ce une richesse qui se rapporte au verbe être ou bien au verbe avoir ? » Je m’explique : on peut dire de quelqu’un « C’est une valeur », on peut dire d’une chose « Ça a de la valeur ».

Vos valeurs, sont-elles personnelles ou matérielles ? Est-ce en vous ou à côté de vous ? Vos acquisitions sont-elles un progrès que vous avez fait, une qualité développée, de la patience en plus ou seulement une nouvelle broche à votre corsage ? Une meilleure attention aux autres ou une voiture puissante ?

*Le 3e critère est celui du sens de ma vie, de ma vie définitive, totale : pas seulement celle de la terre, mais celle qui continue après.

Est-ce une richesse qui a une valeur aussi aux yeux de Dieu ?

Quelle importance Jésus-Christ lui accorderait-elle ?

Est-ce- qu’il me dirait en l’acquiesçant : « Mon pauvre ami, tu perds ton temps » ou, au contraire, «  N’hésite pas, tu en auras besoin aussi dans ta vie éternelle. Ce que tu as acquis là a de la valeur aux yeux de Dieu ».

Nous avons à devenir riches en vue de Dieu, riches de la richesse même de Dieu, riches de bonté, riches de pardon, riches  de fidélité, riches d’amour des autres, riches d’oubli de soi, de dévouement, d’efforts et de souffrances offertes, riches de joie donnée et communiquée.

Aujourd’hui, c’est aussi la fête de St-Ignace-de-Loyola, le fondateur des Jésuites, je rappellerai cette phrase de l’Evangile qui l’avait si fortement frappé et qu’il aimait redire : « Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il vient à perdre son âme ? »  AMEN




18ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 12, 13-21)

« Vivre non pas pour soi,

mais pour les autres »

(Lc 12,13-21)…

En ce temps-là, du milieu de la foule, quelqu’un demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. »
Jésus lui répondit : « Homme, qui donc m’a établi pour être votre juge ou l’arbitre de vos partages ? »
Puis, s’adressant à tous : « Gardez-vous bien de toute avidité, car la vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède. »
Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont le domaine avait bien rapporté.
Il se demandait : “Que vais-je faire ? Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte.”
Puis il se dit : “Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y mettrai tout mon blé et tous mes biens.
Alors je me dirai à moi-même : Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition, pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.”
Mais Dieu lui dit : “Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ?”
Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. »

        

       Un conflit oppose ici deux frères sur une question d’héritage… L’un voudrait en avoir une part, alors que son frère a déjà tout pris pour lui. Ce dernier était peut-être l’aîné à qui tout revenait de droit… Mais il ne veut rien partager ! Et son frère de son côté ne veut rien lâcher ! Nous le constatons, les deux sont habités par cette « âpreté au gain » vis-à-vis de laquelle Jésus nous met ici en garde…

        En effet, « la vie d’un homme, fût-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses ». Il est vrai que celles-ci lui permettent de subvenir aux besoins de son corps. Il en faut donc un minimum, et « le Père sait de quoi nous avons besoin avant même que nous ne lui ayons demandé » (Mt 6,8). « Ne cherchez donc pas ce que vous mangerez ni ce que vous boirez… Ne vous tourmentez pas. Votre Père sait que vous en avez besoin. Cherchez donc son Royaume, et tout le reste vous sera donné par surcroît » (Lc 12,29-31). Et « qui cherche » son Royaume le « trouve » (Lc 11,10) car « votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » (Lc 12,32), « Lui qui vous a fait le Don de son Esprit Saint » (1Th 4,8)… Le Royaume de Dieu est en effet Mystère de Communion avec Lui dans l’unité d’un même Esprit (cf. Rm 14,17 ; 2Co 13,13).

            Or, écrit St Paul, « l’Amour de Dieu a été versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5). Et cet Amour ne peut qu’être une Force qui entraîne les pécheurs que nous sommes sur les chemins de la conversion, c’est-à-dire du partage et de la solidarité, à contre sens de tout égoïsme… Deux logiques s’opposent donc : celle de la recherche de soi, sans se préoccuper des autres… Celle de la recherche du bien de l’autre, au prix parfois de quelques sacrifices…

            Ces deux frères, chacun ne pensant qu’à lui-même, sont plutôt dans la première. Pour les aider à en prendre conscience, Jésus va leur offrir la parabole de cet homme « dont les terres avaient beaucoup rapporté ». « Que vais-je faire ? Je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands. J’y entasserai tout mon blé… et je me dirai à moi-même : repose-toi, jouis de l’existence »… Je, je, je, je, mon, me, moi-même… Cet homme ne pense qu’à lui-même, à ses richesses, à son bien-être personnel… Aucune pensée pour autrui, et donc aucune marque d’attention… Mais il a oublié que nous ne sommes que de passage ici-bas : « Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu as amassé, qui l’aura ? »… Certainement pas lui ! Dépossédé des biens de ce monde, que lui restera-t-il lorsqu’il arrivera en l’autre ? « Tout passe, l’amour seul demeure » (Ste Thérèse d’Avila)…                DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 18ième Dimanche du Temps Ordinaire

 Vous êtes ressuscités avec le Christ…

tendez vers les réalités d’en-haut,

et non pas vers celles de la terre. ”

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Lc 12, 13-21)

Jésus est en route vers Jérusalem. Après l’enseignement de Jésus sur la prière, Luc place divers épisodes où l’on voit Jésus attaqué par ses adversaires qui le traitent de possédé parce qu’il a pratiqué un exorcisme, par les pharisiens et les docteurs de la Loi a qui Jésus fait de vifs reproches sur leur comportement. Et Jésus met en garde ses disciples et la foule contre leurs enseignements, et il leur demande de prendre parti pour lui et pour Dieu son Père qui prend soin d’eux. Dans l’évangile que nous allons méditer, il met ses auditeurs en garde contre le danger des richesses.

Et soulignons les mots importants 

L’animateur demande à chacun de noter les mots qui lui semblent importants ou pour lesquels il voudrait une explication. 

Héritage : C’est un mot qui est souvent source de problèmes dans nos familles. Pourquoi ?

Qui m’a établi pour faire vos partages ? : En demandant à Jésus d’intervenir dans un problème d’héritage, cet homme ne se trompe-t-il pas de porte ! Que pensons-nous de la réponse de Jésus ?

Âpreté au gain : Comment comprenons-nous cette expression ? Trouver des mots de chez nous qui veulent dire la même chose.

Richesses : Quel sens Jésus donne à ce mot dans cet évangile ?

“ mange, bois, jouis ” : Derrière ces mots quelle conception de la vie ? Est-elle d’actualité dans notre société ?

“ Tu es fou ” : De quelle folie s’agit-il ici ?

Etre riche en vue de Dieu : Que propose ainsi Jésus à celui qui veut être son disciple ?

Pour l’animateur 

 

  • De tout temps, le partage de l’héritage familial a été source de problèmes, de conflits, de divisions.

  • Le rôle des rabbis était précisément de s’occuper d’affaires légales. Jésus n’est pas un rabbi comme les autres. La tâche de Jésus est d’annoncer la Bonne Nouvelle du Règne, autrement dit de “ s’occuper des affaires de son Père ”, comme il l’a dit un jour à ses parents, d’appeler à la conversion et de nous aider à vivre l’Evangile. A la racine du problème entre les deux frères, c’est justement un changement radical du cœur (conversion) qui est nécessaire.

  • L’âpreté au gain, c’est ce désir d’avoir toujours plus, désir jamais satisfait. Il y a un mot que le dieu-argent ne dit jamais : “ Assez ! ” D’ailleurs cette avidité, cette cupidité, ne menace pas seulement celui qui a beaucoup de biens ou beaucoup de moyens. Il y a de grandes richesses et des petites richesses. Mais c’est au niveau du cœur que se situe la soif d’avoir toujours plus, quand l’argent devient le seul moteur de la vie. Les biens égoïstement accumulés n’ont rien à voir avec la vraie vie de l’homme. L’existence humaine ne se gère pas comme un bien d’héritage !

  • Nous vivons dans une société de consommation et de jouissances, où l’argent est roi (et non pas le client ! comme on veut faire croire). La publicité est partout présente et souvent agressive pour nous faire avoir toujours plus de choses, parfois d’utilité douteuse. Les nombreux jeux d’argent aux sommes énormes font rêver et nourrit dans les cœurs le désir de “ gagner des millions ” ! Les valeurs spirituelles, les richesses du cœur sont au second plan ou même oubliées !

  • La parabole du riche insensé (“tu es fou ”) permet à Jésus d’illustrer son enseignement : ce fermier est “ fou ” parce qu’il a perdu le vrai sens des choses de ce monde : il pense que la vraie sécurité est l’entassement des biens matériels. Il ne prend pas en compte sa mort. Il est entièrement préoccupé d’une réalisation égoïste qui ne table que sur la vie présente, au lieu d’être riche en vue de Dieu, c’est à dire faire un bon usage de ses biens pour aider ses frères les plus pauvres, pour partager et s’assurer ainsi un bonheur solide en se faisant un “ trésor dans le cieux ”.

TA PAROLE DANS NOS COEURS

En silence, nous écoutons Jésus parler à  notre cœur : “ La vie d’un homme ne dépend pas de ses richesses ”. Lui-même s’est fait pauvre pour nous enrichir : par lui et en lui nous vivons de la vie de Dieu avec toutes les richesses pour grandir dans cette vie : sa Parole, l’Eglise, les sacrements, l’amour des frères…Grâce à l’Esprit Saint que le Père nous a donné, nous pouvons aimer, partager, servir, fraterniser, réconcilier, nous donner …en un mot “ être riche en vue de Dieu ”.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

L’Evangile aujourd’hui dans notre vie

Souvent les mésententes et divisions dans nos familles naissent avec des problèmes d’héritage. Pourquoi ?

Jésus ne met pas en garde contre l’argent lui-même, il sait bien qu’il en faut pour vivre, mais contre la croyance que l’argent fait le bonheur. L’argent est souvent un obstacle sur la route du Royaume. Jésus ne prêche pas l’imprévoyance ni la négligence dans la gestion de nos biens. Il veut au contraire des hommes et des femmes libres et responsables.

Dans cette société de consommation, ne sommes-nous pas victimes de cette attirance irrésistible vers les biens matériels, en espérant y trouver la douceur de vivre ? Est-ce que nous restons libres par rapport aux biens matériels ?

Quelle est notre attitude par rapport à la publicité ? Par rapport aux jeux d’argent ? Comment faire pour rester libres ? Comment faire pour consommer de manière responsable ?

 Pourtant, plus nous avançons dans la vie, nous savons que la mort, à chaque instant, peut tout balayer. Dans la parabole de cet évangile Jésus nous le rappelle fortement.

Quelles conséquences devons-nous en tirer pour notre vie de tous les jours ?

Les véritables greniers se remplissent avec les richesses du cœur

“ Pour être riche, en vue de Dieu ” autrement dit pour développer les richesses du cœur, quelle conversion avons-nous à faire : avoir un cœur libre de toute attache à l’argent ? Une plus grande disponibilité de vie pour aider ? Respect des plus pauvres ? Participer à des associations humanitaires, etc. ?

 

ENSEMBLE PRIONS  

Seigneur Jésus, tu as dit “ heureux les pauvres, car le Royaume des cieux est à eux ”, donne-nous l’esprit de pauvreté et d’humilité.

Seigneur Jésus, tu as dit “ heureux ceux qui ont faim et soif car ils seront rassasiés ”, donne-nous une âme assoiffée de justice et d’amour.

Nous redisons ensemble la prière du disciple, prière du pauvre : Notre Père.

 

 

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18ième dimanche du Temps Ordinaire Année C