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L’icône de la Trinité d’Andreï Roublev : explication, interprétation

Andreï Roublev a peint cette icône entre 1422 et 1427… Qui sont ces Personnages ? Que signifient les couleurs de leurs vêtements, leur posture, et les divers éléments représentés? Nous vous proposons ici quelques points de repère…

Icône de la Trinité

Remarquons tout d’abord que les trois personnages représentés sont jeunes, image de la jeunesse éternelle de Dieu. Ils ont l’apparence des trois « anges » qui ont rendu visite à Abraham, au chêne de Mambré (Gn 18). Or, la figure de l’Ange est souvent utilisée dans l’Ancien Testament pour renvoyer à Dieu Lui-même. Exemple en Ex 3,2 où « l’Ange de Yahvé » apparaît à Moïse, et ensuite, c’est « Yahvé » lui-même qui « vit que (Moïse) faisait un détour pour voir » (Ex 3,4)…

Tous les trois ont un cercle de lumière, identique, qui illustre leur gloire, identique. Le Fils la reçoit du Père de toute éternité en « Unique Engendré » : « Et le Verbe s’est fait chair et il a dressé sa tente parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu’il tient du Père comme Unique-Engendré, plein de grâce et de vérité » (Jn1,14). L’Esprit Saint la tient tout à la fois du Père et du Fils dont il procède : « il reçoit même adoration et même gloire » (Crédo)…

            Ils se laissent deviner par ce qui est peint au dessus d’eux :

– A gauche, le Père, avec au-dessus de lui, une maison :

Le Père - Roublevla Maison du Père (Jn 14,22). Il porte dessous un vêtement bleu ciel, signe de sa nature divine. Un autre, presque transparent, le recouvre quasiment entièrement : le Père est invisible pour nous, insaisissable, mystérieux… « Presque transparent », car à travers lui, le bleu ciel se laisse bien deviner, mais cet autre vêtement est aussi légèrement de couleur dorée, en harmonie avec celle des ailes et plus largement avec celle de l’atmosphère qui les entoure tous les Trois : « Dieu est Lumière », « Splendeur et Majesté ».

Et le Père, dont le Fils est engendré en « Lumière née de la Lumière » (Crédo), et dont l’Esprit procède (Crédo), a cette primauté de « Lumière » dans l’Amour qui les unit… Cet attribut, lui convient donc tout particulièrement…

– Au centre, le Fils 

Le Fils - RoublevIl regarde vers le Père, car « il est né du Père avant tous les siècles » (Crédo) : il se reçoit du Père en Fils de toute éternité… « Engendré, non pas créé, il est de même nature que le Père » (Crédo), d’où le vêtement bleu ciel qu’il porte lui aussi. Mais ce dernier est posé sur un autre de couleur rouge, symbole du sang, et donc de sa nature humaine de chair et de sang : le Christ est tout à la fois vrai Dieu (bleu ciel) et vrai homme (rouge sang). Mais si le bleu ciel est sur le rouge sang, c’est pour signifier que le Mystère de sa divinité se reconnaît sur la base de son humanité, par son humanité, en regardant bien cette humanité assumée par Celui qui est Fils, « l’Unique Engendré » (Jn 1,14.18) de toute éternité… Le calice est lui aussi rempli de « rouge » en signe de l’offrande que le Christ fera de lui-même en son humanité lors de sa Passion, pour notre salut… « Tandis qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le donna aux disciples en disant : Prenez, mangez, ceci est mon corps. Puis, prenant une coupe, il rendit grâces et la leur donna en disant : Buvez-en tous ; car ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés » (Mt 26,26-28).

Calice Roublev

           Remarquer aussi que les contours extérieurs des personnages de gauche et de droite dessinent un calice, avec le Christ au centre, offert…

Et si le Fils est bien la victime, « l’Agneau immolé » (Ap 5,6), qui « enlève le péché du monde » (Jn 1,29) par son sacrifice, il est aussi le Prêtre parfait (Hb 2,17 ; 3,1 ; 4,14-15 ; 5,5-6 ; 6,20 ; 7,26…), symbolisé ici par l’étole jaune qu’il porte sur son vêtement rouge, et ce jaune est de même couleur que le jaune des ailes des trois personnages, et du fond plus clair : « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5), et le Prêtre est justement celui qui fait le lien entre le ciel et la terre… « Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur, lui qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s’est livré en rançon pour tous » (1Tm 2,3-6). Cette étole est d’ailleurs posée sur son vêtement rouge, comme l’est la cape bleu ciel… C’est donc une nouvelle fois par son humanité que le Christ se révèle être le Prêtre parfait, l’unique « médiateur » entre Dieu et les hommes…

Au dessus du Christ, nous voyons « l’arbre de vie », qui, dans le récit de la Genèse, symbolise le don de la vie éternelle (Gn 3,9), un don offert gratuitement, par amour, en surabondance : « Yahvé Dieu fit à l’homme ce commandement : « Tu peux manger à satiété de tous les arbres du jardin. Mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas, car le jour où tu en mangeras, de mort tu mourras » (Gn 2,16-17). La notion de connaissance renvoyant dans la Bible à celle d’expérience, Dieu invite donc ici l’homme à ne pas faire l’expérience du mal, car son fruit immédiat sera « la mort » au sens de privation d’une plénitude de Vie symbolisée par le fruit de l’arbre de vie… Notons le terme « commandement » employé ici ; Jésus le reprendra en disant : « Je sais que son commandement », le commandement du Père, « est vie éternelle » (Jn 12,50). Autrement dit, Dieu nous « commande » de vivre, un verbe qui insiste très fortement sur « sa volonté », son « désir profond », et c’est pour cela qu’il nous presse de choisir la vie et non la mort : « Je prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je te propose la vie ou la mort… Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez, aimant Yahvé ton Dieu, écoutant sa voix, t’attachant à lui ; car là est ta vie » (Dt 30,15-20). « Choisir », un verbe qui renvoie à notre liberté que Dieu respecte infiniment tout en nous suppliant de faire le bon choix, car il ne désire qu’une seule chose, notre vie. Il nous a tous créés pour que nous participions à la Plénitude de sa Vie éternelle…

Mais dans cette parabole du jardin d’Eden, Adam et Eve, qui nous représentent tous, vont faire le mauvais choix, et, par suite de leur désobéissance, ils vont se priver eux-mêmes de l’accès illimité à l’arbre de vie, et à tous les autres arbres du jardin… Mais tout ce que nous avons perdu par suite de nos fautes, nous le retrouvons gratuitement, par amour, grâce à Celui qui est venu nous rejoindre en notre humanité pour que nous puissions retrouver avec Lui le fruit de « l’arbre de vie », qui représente la Plénitude de cette vie éternelle pour laquelle nous avons tous été créés… Dieu nous a tous en effet lancés dans l’aventure de la vie pour que nous soyons nous aussi, et cela selon notre condition de créature, ce que Lui Il Est de toute éternité… Il Est « le Vivant » par excellence ? Il veut, de toute la force de son Être, et il est infini, que nous soyons à notre tour des « vivants », en ayant part, gratuitement, à sa Plénitude même ! Ainsi va « l’Amour » (1Jn 4,8.16)… Et puisque l’Amour ne supporte pas de voir la souffrance de l’être aimé sans réagir, l’Amour vient, jour après jour, en Jésus Christ à la rencontre des pécheurs que nous sommes, pour nous proposer et nous proposer encore la Plénitude de sa Vie. Grâce à elle, nous retrouverons ce Bonheur profond qui est Paix et Joie, une Paix et une Joie que nous avions perdues par suite de nos fautes… « Souffrance et angoisse à toute âme qui fait le mal » (Rm 2,9)… « « Viens, suis-moi ». Mais le jeune homme riche s’en alla, tout triste, car il avait de grands biens » (Lc 18,18-23)… Hélas, ces biens-là n’apportent pas le vrai bonheur… Seul le Don de Dieu, ce Don gratuit que le Père veut faire à tout homme, par Amour, peut nous l’apporter… « Je conclurai avec eux une alliance éternelle : je ne cesserai pas de les suivre pour leur faire du bien… Je trouverai ma joie à leur faire du bien, de tout mon cœur et de toute mon âme » (Jr 32,39-41). Telle est donc la volonté de Dieu : que nous « soyons » bien, au sens fort, en participant à sa Plénitude, comme Lui-même « Est » bien (Ex 3,14), de toute éternité… « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jn 15,11). Alors, si « le salaire du péché, c’est la mort » avec son cortège de souffrance, de détresse, de tristesse (Rm 2,9 ; 5,12) « le don gratuit de Dieu », par Amour puisqu’Il n’Est qu’Amour, « c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23). « Le voleur ne vient que pour voler, égorger et faire périr. Moi, je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait surabondante » (Jn 10,10).

Et cet arbre de vie penche vers la Maison du Père, il indique la Maison du Père… Toute vie, en effet, vient du Père et retourne au Père qui est la Source première, éternelle, de la vie, celle du Fils et de l’Esprit Saint, de toute éternité, et la nôtre… « Comme le Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même… Et de même que le Père qui est vivant m’a envoyé et que je vis par le Père, de même celui qui me mange », celui qui me recevra par sa foi, « lui aussi vivra par moi… En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit a la vie éternelle » (Jn 5,26 ; 6,57 ; 6,47)…

– A droite, le Saint Esprit, 

L'Esprit Saint - RoublevIl a lui aussi un vêtement bleu, en signe de cette nature divine qui est également pleinement la sienne. Mais si le Fils regarde vers le Père de qui il se reçoit de toute éternité en « Fils Unique Engendré » (Jn 1,14 ; 1,18), l’Esprit Saint regarde tout à la fois vers le Père et vers le Fils de qui il se reçoit à son tour comme « celui qui procède du Père et du Fils » (Crédo)… Son vêtement vert est de même couleur que l’herbe verte du sol sur lequel repose le Trône de Dieu. « Ainsi parle Yahvé : Le ciel est mon trône, et la terre l’escabeau de mes pieds » (Is 66,1). Dieu est présent partout, au ciel et sur la terre… « La Gloire de Yahvé remplit toute la terre » (Nb 14,21 ; Ps 72,19), « de l’Amour de Yahvé la terre est pleine » (Ps 33,5). Cette identité de couleur entre ce vêtement de l’Esprit Saint et la terre ne peut que souligner son lien avec cette terre et son action envers elle… « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements ; et je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais, l’Esprit de Vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas ni ne le reconnaît. Vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous; et en vous il sera » (Jn 14,15-17), par ce Don qu’il ne cesse de faire de Lui-même. Toute l’œuvre de l’Esprit Saint, Troisième Personne de la Trinité, consiste en effet à nous communiquer « l’Esprit Saint – nature divine » (« Dieu Est Esprit » (Jn 4,24), Dieu est « Saint » (cf. Is 6,3)), cette nature divine que le Fils reçoit du Père de toute éternité, cette même nature divine que Lui, Troisième Personne de la Trinité, reçoit du Père et du Fils de toute éternité. « Lui me glorifiera », nous dit Jésus, « car c’est de mon bien qu’il recevra et il vous le communiquera. Tout ce qu’a le Père est à moi. Voilà pourquoi j’ai dit que c’est de mon bien qu’il reçoit et qu’il vous le communiquera » (Jn 16,14-15). Ce lien entre l’Esprit Saint et la terre rejoint l’explication habituelle de la couleur verte en contexte chrétien : couleur de l’espérance qui est le fruit de l’action concrète de l’Esprit Saint dans les cœurs. Et qu’y fait-il ? « L’Esprit vivifie » (Jn 6,63), « l’Esprit donne la vie » (Ga 5,25), et en nous communiquant cette vie, il nous donne un avant goût, un « quelque chose » (Elisabeth de la Trinité), un « je ne sais quoi » (Ste Thérèse de Lisieux) de la vie même du Ciel, qui ne peut que nous faire désirer d’y participer pleinement… Et ce sera, nous l’espérons, ce jour où nous verrons notre Rédempteur de nos yeux de chair, dans la Lumière de l’Esprit, et cela pour toujours… « Que le Dieu de l’espérance vous donne en plénitude dans votre acte de foi la joie et la paix, afin que l’espérance surabonde en vous par la puissance de l’Esprit Saint » (Rm 15,13). « Je ne meurs pas, j’entre dans la vie » (Ste Thérèse de Lisiers), la Plénitude de la vie…

Au dessus du Saint Esprit, l’auteur a figuré comme une vague de Lumière… Cette vague évoque sa Force (Ac 1,8 ; 2Tm 1,7) et sa Puissance (Lc 1,35 ; 4,14). Mais une vague ne peut que renvoyer à de l’eau, mais cette fois, il s’agit de l’Eau Vive (Jn 4,10-14 ; 7,37-39), Eau Vive qui vivifie (Jn 6,63 ; Rm 8,2 ; 2Co 3,6 ; Ga 5,25), mais aussi Eau Pure qui purifie (Ez 36,25-28 ; 1Co 6,11 ; Tt 3,4-7). Et cette vague est couleur de Lumière, car « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5). L’Eau Pure qui purifie est cette Lumière qui nous purifie de toute forme de ténèbres : «  La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie » (Jn 1,5). Mais puisque « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5), l’Eau Vive est également cette Lumière qui nous communique « la Lumière de la vie » (Jn 8,12), une Lumière qui est Vie… Alors, notre vocation à être « à l’image et ressemblance de Dieu » (Gn 1,26-28) en « reproduisant l’image du Fils » (Rm 8,29) sera pleinement accomplie : « En Lui était la Vie, et la Vie était Lumière » (Jn 1,4)… Il en sera de même pour nous… Cette vague exprime ainsi toute la mission du Saint Esprit : « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16), et « aimer, c’est tout donner et se donner soi-même » (Ste Thérèse de Lisieux ; cf. Jn 3,35 pour le Père et le Fils). L’Esprit Saint est ainsi tout particulièrement celui qui donne, qui nous donne, ce qu’Il Est de toute éternité… Et « Dieu Est Esprit » (Jn 4,24). Et « Dieu est Saint » (cf. Is 6,3). L’Esprit Saint Personne divine ne cesse donc de donner ce qu’Il Est Lui-même, et Il Est Esprit, et Il Est Saint : il donne ainsi « l’Esprit Saint » nature divine, cette nature divine que possède le Père de toute éternité, cette même nature divine que possède le Fils de toute éternité en tant qu’il la reçoit du Père en « Unique Engendré », « de même nature que le Père » (Crédo), cette nature divine que l’Esprit Saint, Troisième Personne de la Trinité reçoit du Père et du Fils en tant « qu’il procède du Père et du Fils » (Crédo), de toute éternité… Il est bien ainsi « le Seigneur qui donne la vie » (Crédo) en donnant « l’Esprit Saint – nature divine » qui est Lumière et Vie…

Cette vague lumineuse ne peut aussi qu’être symbole de Force, la Force de l’Esprit Saint : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous » (Ac 1,8). Cette Force est participation à celle-là même du Christ, Force de dire « je vous aime » à ceux-là même qui le tuent… « Ce n’est pas un esprit de crainte que Dieu nous a donné, mais un Esprit de Force, d’Amour et de maîtrise de soi » (2Tm 1,7). Grâce à lui, en comptant sur lui, en nous appuyant sur lui, le commandement de l’Amour devient possible… « Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous réservez vos saluts à vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5,43-48), et la perfection du Père est celle de l’Amour, un Amour qui ne se laisse pas arrêter par le mal, et cela d’autant plus que le mal détruit, fait du mal à celui qui le commet : il ne peut que le plonger dans la souffrance (Rm 2,9). Et lorsque Dieu voit un des ses enfants souffrir, quelle que soit l’origine de sa souffrance, il est bouleversé de compassion jusqu’au plus profond de lui-même. Et son Amour se fait encore plus pressant pour celui qui, alors en a le plus besoin… « Là où le péché a abondé », et avec lui « souffrance et angoisse » (Rm 2,9), là aussi le remède a surabondé, « la grâce a surabondé » (Rm 5,20). A nous maintenant d’offrir toutes nos souffrances à Dieu, et de nous repentir avec son aide et son soutien. Alors, avec Lui et grâce à Lui, à nouveau, nous serons « bien »… « Soyez » donc, grâce au « Don de Dieu » (Jn 4,10 ; 1Th 4,8), au Don de son Esprit (Jn 20,22) et donc de son Amour (Jn 4,24 et 1Jn 4,8.16 ; Rm 5,5 ; Ga 5,22) « miséricordieux comme votre Père est Miséricordieux » (Lc 6,36 ; Bible des Peuples). « Montrez-vous compatissants, comme votre Père est compatissant » (Lc 6,36 BJ). « Soyez pleins de bonté comme votre Père est plein de bonté » (Parole de Vie). « Soyez généreux comme votre Père est généreux » (TOB)…

Icône de la Trinité

Notons aussi que les Trois sont assis sur un même trône, qui semble se confondre, du moins pour les personnages de droite et de gauche, avec la table de l’autel, un autel qui traditionnellement renvoie à la Présence de Dieu Lui‑même… Le trône, la table de l’offrande semblent être une seule et même réalité, et c’est bien en s’offrant sur la Croix, soutenu par le Père (Jn 17,1) et la Puissance de l’Esprit (Ac 1,8) que le Christ manifestera le Mystère de sa Royauté, non pas une royauté terrestre, mais une royauté divine, celle de l’Amour… Avec Lui et par Lui, l’Amour se révèle comme étant Tout Puissant : malgré les incroyables souffrances que les hommes lui ont fait subir, il n’y a jamais répondu par le mal ou la violence, mais par le silence habité par l’offrande de lui-même, et par ces Paroles : « Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font »… Amour des hommes… « Père, entre tes mains je remets mon esprit », Amour du Père… « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe! Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse ! » Mais non, « il faut que le monde reconnaisse que j’aime le Père et que je fais comme le Père m’a commandé », avait-il dit peu avant sa Passion (Lc 23,34 ; 23,46 ; Lc 22,42 ; Jn 14,31). Et le Père lui a demandé d’être fidèle jusqu’au bout à sa mission de manifester « les entrailles de Miséricorde de notre Dieu » (Lc 1,78), « jusqu’au bout » (Jn 13,1), jusqu’à l’extrême de l’amour toujours offert à ceux-là même qui le tuaient… Il faut être « fort » pour agir ainsi, incroyablement « fort » : telle est la Toute Puissance de Dieu, Toute Puissance de l’Amour, Toute Puissance de la Miséricorde, comme me chante la Vierge Marie : « Le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom, et sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent » (Lc 1,49-50). Et ressuscité, il reviendra bénir ceux-là même qui criaient « Crucifie le ! Crucifie le ! » (Lc 23,21) : « Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères a glorifié son serviteur Jésus que vous, vous avez livré et que vous avez renié devant Pilate, alors qu’il était décidé à le relâcher. Mais vous, vous avez chargé le Saint et le Juste; vous avez réclamé la grâce d’un assassin, tandis que vous faisiez mourir le prince de la vie. Dieu l’a ressuscité des morts : nous en sommes témoins… Vous êtes, vous, les fils des prophètes et de l’alliance que Dieu a conclue avec nos pères quand il a dit à Abraham : Et en ta postérité seront bénies toutes les familles de la terre. C’est pour vous d’abord que Dieu a ressuscité son Serviteur et l’a envoyé vous bénir, du moment que chacun de vous se détourne de ses perversités » (Ac 3,13-15 et 3,25-26).

Icône de la TrinitéEnfin, les Trois dessinent un cercle, en signe de perfection : perfection de Dieu, perfection de leur unité dans la Communion d’une même Lumière, d’un même Esprit, d’un même Amour… Si Jésus a dit « moi et le Père nous sommes un » (Jn 10,30), en tant qu’unis l’un à l’autre dans « l’unité de l’Esprit » (Ep 4,3), dans « la communion de l’Esprit Saint » (2Co 13,13), on pourrait dire aussi : « Moi, le Père et l’Esprit Saint, nous sommes un »…

Et dans cette unité de l’Amour, où chacun ne regarde que l’autre, ne vit que pour l’autre, le plus grand est le plus petit… En effet, le Père n’est pas en position centrale, mais sur le côté, tout comme l’Esprit Saint… Et au centre, le Christ, mais Lui et l’Esprit Saint ne cessent de regarder le Père et de dire ainsi par leur seul regard que c’est avant tout Lui qui compte… Sans le Père, le Fils et l’Esprit Saint ne Sont rien, ils ne peuvent rien… « En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui même, qu’il ne le voie faire au Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement… Je ne puis rien faire de moi-même » (Jn 5,19-20.30). « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur » (Mt 11,29), et au même moment « Maître et Seigneur »… Mais un Maître et un Seigneur au pied de ses disciples, au pied de tout homme, pour le servir, le laver, et lui « donner la seule vraie nourriture qui demeure en vie éternelle » (Jn 6,27)… « Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Car c’est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j’ai fait pour vous. En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni l’envoyé plus grand que celui qui l’a envoyé. » « Or, je suis au milieu de vous comme celui qui sert ». « Sachant cela, heureux êtes‑vous, si vous aussi faites de même » à votre tour (Jn 13,13-17 ; Lc 22,27)…

D. Jacques Fournier

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Icône de la Trinité de Andreï Roublev




Dimanche de la Sainte Trinité– par Francis COUSIN (Jn 16, 12-15)

« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire … »

 

« … mais pour l‘instant, vous ne pouvez pas les porter. »

Cela fait trois ans que les apôtres sont avec Jésus, qu’ils le voient vivre, faire des miracles, et surtout l’entendre parler, aux autres, mais aussi à eux personnellement … et au dernier soir de sa vie terrestre, voilà ce qu’ils entendent !

La première partie de la phrase, cela se comprend, … on a toujours des choses à dire, surtout si on parle de Dieu …

Mais la seconde partie de la phrase est plus difficile à entendre par les apôtres. Seraient-ils immatures, ou incapables de comprendre ce que Jésus leur dit. D’ailleurs Jésus leur avait déjà posé la question : « Êtes-vous donc sans intelligence, vous aussi ? » (Mc 7,18).

En fait, cette phrase n’est pas simplement destinée aux apôtres …

Elle s’adresse à chacun de nous.

Car il y a beaucoup de questions que l’on se pose sur Jésus et Dieu … sur la Trinité … sur la vie éternelle … la résurrection …

Mais Jésus donne une solution … pour plus tard : « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. ».

L’Esprit Saint, envoyé par le Père à la demande du Fils, Jésus, redira et expliquera les Paroles du Fils. Et comme le Père et le Fils sont Un, et que le Fils « ne cherche pas à faire [sa] volonté, mais la volonté de Celui qui [l]’a envoyé » (Jn 5,30), on voit bien que le Père, le Fils, et l’Esprit sont intimement liés, dans ce que nous appelons la Trinité : le Père, le Fils, et l’Esprit, trois personnes en un seul Dieu.

Et Jésus continue, en parlant de l’Esprit : « et ce qui va venir, il vous le fera connaître. ».

Attention, ne nous trompons pas de sujet. L’Esprit n’a rien à voir avec Nostradamus ou une quelconque cartomancienne. La Vérité vers laquelle il nous conduit n’est pas la pierre philosophale ; Ce n’est pas la transformation de tout objet en or qu’il nous promet, mais un trésor encore plus grand que nous ne pourrons pas connaître sur terre : … voir la Trinité en œuvre … c’est-à-dire voir l’Amour en œuvre …

Cette connaissance que l’Esprit Saint va nous apporter n’est pas du tout du domaine intellectuel, faite de concepts et de théories … qu’il nous faudrait apprendre par cœur …

Cette connaissance vient du cœur, du cœur d’Amour du Père, passant par les Paroles d’amour de Jésus et par l’action d’amour de l’Esprit.

C’est une connaissance sensible qui nous vient de la Trinité et qui nous mènera dans la vie éternelle.

Comment ?

En se laissant conduire par l’Esprit Saint … mais pas comme un voyageur se laisse mener par le train, sans rien faire.

Il faut se laisser aller par l’amour, être sensible à ce qui se passe dans notre environnement, aux petits gestes des uns et des autres, dans un esprit d’humilité …

Alors nous pourrons vivre l’Évangile …

Seigneur Jésus,

pour vivre de l’Évangile,

pour suivre ta Parole,

tu nous donnes un bon conseil :

écouter ce que nous dit l’Esprit.

La difficulté, c’est de le reconnaître

quand il nous parle …

Mais on sait où il nous mène :

vers la vie éternelle.

 

                                                                                   Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant : Image dim Trinité C




La Sainte Trinité – Homélie du Père Louis DATTIN

Jésus est famille

Jn 16, 12-15

Une personne me disait, un jour : « Je suis passée du Dieu de la peur qu’on m’avait enseigné quand j’étais enfant, au Dieu de l’amour ». Cette fête de la Sainte Trinité, frères et sœurs, est justement, pour nous, l’occasion de méditer sur ce Dieu d’amour, car elle répond à l’une des attentes les plus profondes de tout homme.

Aujourd’hui, particulièrement, nous vivons dans un monde mécanisé, technicisé, aseptisé et l’on aspire, et c’est bien normal, à autre chose qu’à des voitures toujours plus performantes ou à ces gadgets qui, soi-disant, doivent nous rendre la vie plus belle et plus heureuse. Nous sentons bien que tout cela n’a rien à voir avec la vraie vie et le vrai bonheur.

Tous, en revanche, nous aspirons à la tendresse, à une vraie transparence dans nos échanges avec les autres. Nous désirons en un mot : l’amour, aimé et être aimé. Bien des jeunes, en particulier, voudraient y croire. Mais quand ils voient tout ce qui se passe, ils ne sont pas sûrs que ce soit possible ; et pourtant quand ils découvrent une famille où l’amour règne joyeusement entre parents et enfants, quand ils entendent parler de mère Theresa, de la sœur Emmanuelle, de Jean Vanier ou de l’abbé Pierre ou quand ils découvrent autour d’eux un groupe d’amis engagés au service des plus défavorisés, alors, ils se disent : « Oui, l’amour vrai, ça existe, c’est possible. L’amour vrai, ça existe !

Et ça existe d’abord en Dieu lui-même : c’est ce que nous révèle la Bible, non pas à la manière d’un catéchisme, mais en montrant comment Dieu s’est manifesté au cours de l’histoire. Dieu, dans l’Ancien Testament, c’est celui qui aime son peuple, qui fait alliance avec lui, qui l’épouse, en quelque sorte, pour en faire un peuple libre et qui l’accompagne tout au long de son parcours : « Tu seras mon peuple… et je serai ton Dieu ! », comme un jeune trouve sa joie dans son épouse, tu feras la joie de ton Dieu. Dieu, c’est le Père plein d’amour pour ses enfants et c’est l’époux qui sera toujours fidèle à ceux qu’il aime. Dieu. C’est aussi le créateur qui a multiplié les beautés de la nature devant lesquelles nous nous émerveillons : c’était tout le sens de la 1ère lecture.

Et voici qu’avec le Nouveau Testament, nous apprenons que ce Dieu qui nous aime a, avec lui, de toute éternité : un Fils, son Fils bien-aimé, le Verbe Jésus. C’est ce Fils éternel du Père qui s’est incarné dans notre histoire, il y a 2 000 ans et dont les évangiles nous rapportent les paroles : « Le Père et moi, nous sommes un. N’avez-vous pas compris que le Père est en moi et que je suis dans le Père ? »

Retenons bien cela : le Père et le Fils ne sont qu’un, tout en étant distincts. Ils sont liés l’un à l’autre par un même projet d’amour envers l’Humanité qu’ils veulent sauver et transfigurer à leur image. Et voilà qu’avant de passer de ce monde à son Père, Jésus promet à son tour aux apôtres de leur envoyer l’Esprit Saint, l’Esprit de Vérité, l’Esprit de force. Il sera comme  une nouvelle présence du Père et du Fils avec eux et tout au long du parcours de l’homme. Cet Esprit n’ajoutera rien à ce qu’a dit Jésus, mais il leur rappellera, il reprendra tout ce qui venait de Jésus et du Père « car, dit Jésus, tout ce qui appartient au Père est à  moi ».

L’Esprit, c’est donc un troisième si l’on veut, mais un troisième qui forme avec le Père et le Fils une communion parfaite d’amour et de volonté et qui poursuit dans l’Eglise la réalisation du projet de Dieu tout au long des siècles. Notre Dieu, qui se révèle dans la Bible, n’est donc pas une sorte de solitaire replié sur lui dans un ciel lointain et uniquement soucieux de sa gloire. Ce n’est pas « le grand architecte » de Diderot ou « l’horloger de Voltaire ». Le Dieu auquel nous croyons ne s’identifie pas au « Dieu des philosophes et des savants ». Que de définitions on a donné de Dieu ! Mais quand il s’agit de lui, nos mots nous trahissent, nos pensées aussi ! Pour moi, la vraie réponse, c’est celle d’une petite fille au catéchisme à la question :

«  La Trinité, qu’est-ce-que cela veut dire ? »

« C’est, parce que, quand on est tout seul, on ne peut pas partager ! » (En voilà une qui n’était pas loin de comprendre Dieu).

Le Dieu de la Bible, c’est un foyer d’amour, une communion de trois cœurs qui s’aiment, une harmonie de trois intelligences et de trois volontés unies dans une transparence totale au point de ne plus faire qu’un : la Sainte Trinité.

Tel est  le  Dieu  des  chrétiens : l’être  de  Dieu  est  indicible.

« Je suis qui je suis » pas plus, pas moins ; mais cependant, il s’est fait homme et de ce fait, j’ai une expérience de Dieu, une expérience de croyant. Je ne sais pas qui est Dieu, mais je sais, en plénitude, par Jésus, ce qu’il veut faire et ce qu’il veut nous dire.

 

Or que dit Jésus ?

Il dit que Dieu est Père, auteur de tout.

Il dit qu’il est Fils, en dépendance amoureuse et volontaire du Père.

Il dit qu’il est Esprit, donné pour aimer, témoigner, comprendre.

Ainsi, Jésus est Famille : trois et un, parce qu’il est amour et toute l’activité de Dieu, c’est de réunir l’Humanité à cette famille, et d’amener ainsi cette Humanité à son achèvement.

La vie de Dieu est un mystère que je ne puis saisir ; mais elle m’est  donnée. En  faut-il  plus  pour  être  émerveillé ? Mais  ce qui  nous  intéresse  le  plus, c’est  justement  que  Dieu  nous  a créés à son image.

Si donc, nous sommes à l’image de Dieu, foyer d’amour de trois cœurs qui s’aiment au point de ne plus faire qu’un, nous comprenons alors pourquoi nous ne cessons d’aspirer à l’amour, pourquoi nous avons toujours en nous ce désir d’harmonie dans nos relations avec tous ceux qui nous entourent. Puisque la nature de Dieu, c’est d’aimer, de donner, de se répandre pour tout illuminer. Alors, il en est aussi de même pour nous.

Aimer et être aimé, donner et recevoir, nous ouvrir aux autres dans un esprit d’accueil et de partage : voilà le secret de notre nature, voilà le sens de notre vie. Quand un juge a devant lui un inculpé qu’il doit acquitter ou condamner, que fait-il ? Il ne regarde pas seulement l’acte qu’il a commis : il essaie de le comprendre et pour cela, il va examiner d’où il vient, son hérédité, son enfance, ses conditions de vie, le milieu dans lequel il a vécu.

Si vous voulez vraiment comprendre l’homme dans sa réalité la plus profonde, il faut toujours vous souvenir qu’il a été créé à l’image de Dieu et que, par conséquent, il a besoin d’absolu, de lumière, de vérité et d’amour surtout. Et il est malheureux, insatisfait, il ne peut pas s’épanouir totalement s’il ne lui est pas donné de vivre à plein cet amour relationnel, à savoir conjuguer à tous les temps le verbe « aimer », à l’actif et au passif.

Si la nature de Dieu, que nous possédons nous-mêmes, est d’aimer et de donner, de se répandre pour tout illuminer, il en est de même pour nous.

La  vraie  condition  du  bonheur  pour  l’homme, parce que lui aussi est fils de Dieu, créé par lui, ce sera de s’ouvrir aux autres dans un esprit d’accueil et de partage, solidarité avec les pauvres, ouverture à tous : tel est le chemin à suivre pour être pleinement homme à l’image de Dieu et pour vivre dès ici-bas quelque chose de la joie et de la vie de Dieu.  AMEN




La Sainte Trinité – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Jean 16, 12-15)

« Je crois en l’Esprit Saint

qui est Seigneur et qui donne la vie »

(Jn 16,12-15)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter.
Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître.
Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître.
Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »

 

         

          St Jean nous offre ici un des plus beaux textes, sinon le plus beau, sur l’Esprit Saint. Pour bien le saisir, il nous faut nous rappeler que cette expression « Esprit Saint » ou « Saint Esprit » peut être employée comme un nom propre pour désigner une Personne divine unique, la Troisième Personne de la Trinité. Mais ces deux mots, « Esprit » et « Saint » peuvent aussi servir à nous décrire ce que Dieu est en lui-même, sa « nature divine ». « Dieu est Esprit », nous dit Jésus (Jn 4,24). Autrement dit, le Père est Esprit, le Fils est Esprit, et l’Esprit Saint (nom propre) est Esprit lui aussi. De même, le Père est Saint, le Fils est Saint et l’Esprit Saint est Saint. Et si nous mettons tout ensemble, le Père (Personne divine) est « Esprit Saint » (nature divine), le Fils (Personne divine) est « Esprit Saint » (nature divine), et « l’Esprit Saint » (Personne divine) est « Esprit Saint » (nature divine).

            De toute éternité, ces Trois Personnes divines sont en face à face, le Père étant le seul à être le Père, le Fils le seul à être le Fils, et l’Esprit Saint, le seul à être l’Esprit Saint. Mais tous les Trois sont pleinement Dieu, au sens où ils vivent et s’expriment avec une seule et même nature divine. Mais puisque « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16), il existe en Dieu une primauté dans l’Amour. Et c’est le Père vers lequel tous les regards se tournent en premier, car c’est Lui qui engendre le Fils de toute éternité en se donnant totalement à Lui en tout ce qu’il est. Et le Père est Dieu, et le Père est Lumière. Le Fils, « né du Père avant tous les siècles », est donc « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière », il est « de même nature que le Père » en tant qu’il la reçoit du Père depuis toujours et pour toujours. Mais le propre de l’Amour en Dieu est de se donner totalement, en tout ce qu’Il est. Le Père est Amour ? Il se donne en tout ce qu’il est au Fils et l’engendre ainsi en « vrai Dieu né du vrai Dieu ». Se recevant du Père de toute éternité, le Fils est Lui aussi Amour ? Alors il se donne lui aussi tout entier, avec le Père et comme le Père, et du Père et du Fils « procède » l’Esprit Saint, en fruit éternel de leur amour…

            L’Esprit Saint est ainsi pleinement Dieu, pleinement Amour, et donc à son tour pleinement Don de ce qu’il est en lui-même. Alors, dit ici Jésus, « il recevra de mon bien », et c’est de fait une réalité éternelle, « et il vous le communiquera ». Il reçoit du Fils la vie que le Fils reçoit lui-même du Père, et il nous la donne à notre tour. Il est vraiment « l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie », la vie même de Dieu !

          DJF




Rencontre autour de l’Évangile – La Sainte Trinité

« L’Amour de Dieu a été répandu 

dans nos cœurs par l’Esprit-Saint 

qui nous a été donné ”

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Jn 16, 12-15)

Et soulignons les mots importants

Son Père : Sans Jésus, le  mot “ Dieu ” reste un mot vague qui est employé par beaucoup de gens. Mais sa véritable identité, seul Jésus peut nous la révéler : pourquoi ?

Beaucoup de choses à vous dire : Est-ce que Jésus n’aurait pas tout révélé durant sa vie terrestre ? “ Que veut dire ce “ beaucoup de choses ” ?

Vous n’avez pas la force de les porter : lui, l’Esprit de vérité : quand nous disons “ lui ” en parlant d’une personne, nous parlons de quelqu’un.

Et quand Jésus dit “ lui ” en parlant de l’Esprit Saint, qu’est-ce qu’il nous révèle ?

la vérité tout entière : Est-ce que Jésus n’aurait pas dit toute la vérité sur Dieu et sur ses intentions ?

ce qui va venir : Que veut dire Jésus ? Est-ce que le rôle de  l’Esprit-Saint serait d’aider à prédire l’avenir ?

il redira tout ce qu’il aura entendu ;  il reprendra ce qui vient de moi : Quelle est l’action de l’Esprit Saint par rapport à celle de Jésus ?

Tout ce qui appartient au Père

Est à moi

Ces paroles de Jésus nous révèlent le lien qui unit les trois personnes divines et la place centrale du Christ dans la révélation de Dieu.

 

Pour l’animateur 

Au terme de la vie terrestre du Christ, les apôtres n’étaient pas encore capables de comprendre sa place centrale dans l’œuvre du salut. Il fallait pour cela qu’il leur donne l’Esprit. 

En disant “ lui ” en parlant de l’Esprit Saint, Jésus le révèle comme quelqu’un, une personne. L’Esprit Saint (ou le Saint Esprit) n’est pas une chose, force aveugle, une puissance vague, c’est quelqu’un, c’est l’Amour en personne qui transforme nos vies, qui nous fait aimer le Père comme Jésus Christ et avec Jésus Christ. C’est lui qui nous fait pénétrer dans la famille même de Dieu.

Jésus a donné l’essentiel de sa révélation. Simplement l’Esprit fera comprendre tout ce qui s’est passé, en particulier la signification de la mort et de la résurrection du Christ pour le salut de tous les hommes.

L’Esprit va donc conduire vers la vérité tout entière : il fera entrer les apôtres et tous les croyants dans la profondeur du mystère de Jésus, il leur fera comprendre la Bonne Nouvelle et la manière de la mettre en pratique. Ainsi il aidera l’Eglise à découvrir toute la richesse du Message de l’Evangile tout au long de son histoire.

En fait, l’Esprit-Saint poursuit ce que Jésus a fait : révéler aux hommes le mystère de Dieu et son projet d’amour pour tous les hommes.

L’Esprit-Saint fera connaître ce qui va venir, non en prédisant l’avenir ou en apportant une nouvelle révélation, (inutile après Jésus) mais en éclairant l’avenir à l’aide du mystère de Jésus : toute l’histoire présente et future prend son sens véritable grâce à la résurrection du Christ et la promesse de son retour dans la gloire.

C’est dans la personne du Christ que le mystère de Dieu se dévoile. Nous sommes au sommet de la Révélation et au cœur de la foi chrétienne.

TA PAROLE DANS NOS COEURS

Méditation silencieuse.

Dieu est Amour. Une Famille d’Amour. Dieu est Père, Fils et Esprit. Un seul Dieu. Pas un Dieu solitaire, mais solidaire. C’est une “ communion ”. Le Père n’a qu’un désir : réunir tous les hommes, de tous les temps et de tous les pays dans sa famille. Depuis notre baptême nous sommes déjà dans sa famille. Nous disons à Dieu “ Père ”. A Jésus Christ, nous disons : tu es notre “ Frère ”. A L’Esprit Saint, nous disons “ Tu es l’Amour ” dans nos cœurs. L’Eglise est une famille, une “ communion ” qui prend sa source dans la “ communion trinitaire ”.

 

L’Evangile aujourd’hui dans notre vie

C’est progressivement que les apôtres ont découvert qui était Jésus : d’abord un prophète, un maître en religion, puis le Messie, et enfin le Fils de Dieu révélé dans sa mort et sa résurrection (On peut faire chercher par le groupe).

Et ce fut pareil pour leur découverte de Dieu : grâce à l’action de l’Esprit-Saint ils sont passés de  l’intimité de Jésus avec Dieu à la découverte de sa relation filiale avec le Père.

La Trinité, c’est le grand secret sur la vie intime de Dieu que Jésus nous a révélé. Sans Jésus, le Fils, ce secret serait resté inconnu des hommes. Ce grand secret d’amour, c’est ce qu’on appelle “ mystère ”. Il a été révélé pour que nous en vivions. Il reste encore inconnu aujourd’hui de beaucoup de croyants : pour quelle raison ? 

Et nous, quelle relation vivons-nous avec ce Dieu révélé par Jésus-Christ ?

-Est-ce que nous réalisons que depuis notre baptême nous vivons à l’intérieur de la famille divine, nous partageons la vie intime du Père et du Fils grâce à l’Esprit-Saint qui nous a été donné ?

– Comment ai-je découvert que Dieu est un Père pour moi ? (faire partager)

– Quand nous prions, quelle sorte de  relation vivons-nous avec le Père ? Quelle relation avec le Fils Jésus-Christ ? Quelle relation avec l’Esprit Saint qui nous guide ?

– Qu’est-ce que cela changerait dans notre vie de tous les jours si nous vivons une vraie relation avec chacune des personnes divines: notre vie de famille, nos relations avec les personnes de notre entourage, de notre groupe, de notre équipe… ?

– Quelle est notre manière de parler de Dieu quand nous partageons notre foi avec d’autres ?Ne parlons-nous pas trop facilement de “ Dieu ”, du “ Seigneur ” ou du “ Bon Dieu ”  sans nommer vraiment chaque personne par son nom ?

 

ENSEMBLE PRIONS   

  • Dieu Père, nous te louons et nous te bénissons parce que tu es le Père de Jésus, et que tu veux être aussi notre Père selon ton amour et ta miséricorde.

  • Dieu Fils, nous te louons et nous te bénissons parce que tu es le Fils de son amour, et que tu veux être aussi le frère premier‑né de tous les enfants de Dieu.

  • Dieu Saint‑Esprit, nous te louons et nous te bénissons parce que tu es l’amour du Père et du Fils jaillissant comme un feu de leur tendresse, et que tu veux aussi habiter en nos cœurs comme un brasier d’amour.

  • Dieu Père, Fils et Saint‑Esprit, nous te louons et nous te bénissons parce que tu es le Dieu au‑delà de toute louange et que tu acceptes cependant les balbutiements de notre adoration. A toi notre amour pour les siècles des siècles.

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Trinité

 

 




Dimanche de Pentecôte – par Francis COUSIN (Jn 14,15-16.23b-26)

« Le Père vous donnera un autre Défenseur

qui sera pour toujours avec vous. »

 

Ce Défenseur dont Jésus parle au soir du jeudi saint, les disciples n’auront pas beaucoup à attendre pour le recevoir : un peu plus de cinquante jours entre le jeudi saint et la Pentecôte …

C’est peu au regard du temps qui passe …

Ce jour-là était aussi une fête juive : Shavouot, où on célébrait la remise par Dieu des tables de la Loi à Moïse sur le mont Sinaï, cinquante jours après quitté l’Égypte, le jour de la Pâque juive. C’était aussi la fête des moissons où on offrait à Dieu les prémices de la récolte.

C’était une fête importante, qui rassemblait des juifs de la diaspora … et on a une longue liste de leur pays à la fin de la première lecture …

À croire que Dieu était (est) un bon « manageur », pour organiser cette fête du don de l’Esprit Saint à un moment où il y a le maximum de juifs à Jérusalem … Il était sûr que l’évènement allait faire du bruit ! …

Et du bruit, il y en a eu !

D’abord un bruit naturel : « Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent. » qui remplit la maison où étaient les disciples, et qui se fit entendre dans toute la ville, mettant tout le monde en alerte !

Et le grand show continue avec le feu, enfin … avec « des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. »

C’était l’Esprit Saint qui investissait les disciples … Et l’effet fut immédiat, d’abord sur les apôtres : leur cœur fut bouleversé, ils changèrent d’attitude : de peureux, ils devinrent vifs et entreprenants, ils respirèrent la joie, et leurs paroles, dans des langues qu’ils ne connaissaient pas, touchèrent leurs auditoires … parce qu’ils disaient la vérité, mais dans le respect des gens.

Pierre, dans son long discours totalement inspiré par l’Esprit Saint, avec une aisance qu’on ne lui connaissait pas, s’il dit la vérité : « Cet homme, (Jésus) … vous l’avez supprimé en le clouant sur le bois par la main des impies. », ne leur fait aucun reproche …

Il parle comme Jésus, avec amour !

Et cela attire les gens … trois mille personnes rejoignirent les disciples …

Maintenant, vis-à-vis de l’Esprit Saint, on n’en est plus à ces grandes manifestations des premiers temps de l’Église … L’Esprit agit s    ans bruit … tellement qu’on a parfois l’impression qu’il n’est plus là … qu’il n’agit plus …

Et certaines personnes confondent allégrement l’action de l’Esprit Saint avec le hasard …

Ils n’y croient plus …

À l’Esprit Saint, comme troisième personne de la Trinité, oui, … mais pas à son action !

Pourtant chaque baptisé l’a reçu à son baptême, mais sans en avoir conscience, c’est pourquoi on le reçoit de manière solennelle, en pleine conscience, dans le sacrement de Confirmation quand on est plus âgé.

L’Esprit Saint agit en nous, mais sans tambour ni trompette, et encore faut-il que nous lui laissions de la place … que nous lui permettions de nous parler, dans notre esprit, pour agir avec lui dans notre vie … si nous l’écoutons …

Il nous faut rester disponible à l’action de l’Esprit, et humblement accepter que Dieu nous aime et qu’il nous guide …

Mais nous, nous sommes souvent trop fiers … nous voulons faire les choses par nous-mêmes … sans l’aide de Dieu !

C’est malheureusement le meilleur moyen de ne pas réussir ce que nous entreprenons. Parce qu’on ne laisse pas l’Esprit agir en nous … et dans les autres …

Que serait devenue la Vierge Marie si saint Joseph n’avait pas accepté qu’elle vienne sous son toit ?

Que serait devenu saint Paul à Damas si Ananie n’avait pas accepté d’aller le voir ?

L’Esprit parle toujours à plusieurs personnes, parce que lui sait qui peut nous aider dans nos projets … si c’est pour le bien commun !

Viens Esprit Saint en nos cœurs,

et envoie du haut du ciel

un rayon de ta lumière.

Sans ta puissance divine,

il n’est rien en aucun homme,

rien qui ne soit perverti.

                                                                                   Séquence de la pentecôte (Extraits)

 

                                                                                   Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant : Image dim Pentecôte C




La Pentecôte – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Jean 14,15-16.23b-26))

La venue de l’Esprit Saint

(Jn 14,15-16.23b-26)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements.
Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous.
Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure.
Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé.
Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ;
mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »

 

                     « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c’est l’Esprit de Vérité ».

            De tous les Évangiles, ce verset est un des plus clairs sur « l’Esprit Saint » Personne divine, appelé ici « l’Esprit de Vérité »… En effet, c’est le Fils, personne divine, qui s’adresse à ses disciples et leur déclare qu’il priera Celui qui, de toute éternité, a la primauté d’Amour dans son cœur : le Père, autre Personne divine. Il sait qu’il va bientôt mourir, ressusciter, vivre son Ascension et donc quitter cette proximité dans la chair qu’il vivait jusqu’à présent avec eux. Mais ils ne seront pas pour autant laissés à eux-mêmes… Bien au contraire, Jésus passe ici le relais à « un autre Défenseur », sous-entendu « que lui-même ». Et on ne peut comparer à une personne divine, le Fils, qu’une autre Personne divine, l’Esprit Saint, « l’Esprit de Vérité ». C’est Lui qui, désormais, les accompagnera, les gardera, veillera sur eux comme Jésus, le Fils, le faisait jusqu’à présent : « Père, je les ai gardés dans ton nom que tu m’as donné, j’ai veillé sur eux » (Jn 17,12).

            Puis Jésus poursuit : « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. » Or, il avait déclaré auparavant : « Celui que Dieu a envoyé », et il est « l’envoyé du Père », « prononce les Paroles de Dieu car il donne l’Esprit sans mesure » (Jn 3,34). Autrement dit, le Don de l’Esprit se joint toujours à la Parole de Dieu. « Rester fidèle à la Parole », c’est rester fidèle à ce Don de l’Esprit qui est tout à la fois « Lumière » (Jn 4,24 et 1Jn 1,5) et « Vie » (Jn 6,63 ; Ga 5,25). Cette expression de St Jean, « rester fidèle à la Parole » de Jésus, est donc équivalente à celle de St Paul : « N’éteignez pas l’Esprit » (1Th 5,19) ! Et donc, ne vous privez pas de la Plénitude de la Vie en vous laissant entrainer à faire le mal. En effet, « le salaire du péché c’est la mort », et cela Dieu ne le supporte pas, Lui qui veut le salut de tous les hommes, ses enfants (1Tm 2,3-6). Alors, il a envoyé son Fils parmi nous pour proposer à notre foi, à notre cœur, « ce don gratuit de Dieu qui est vie éternelle » (Rm 6,23). Or, ce « Don de Dieu » (Jn 4,10 ; Ac 8,20 ; 11,17), c’est « l’Esprit donné sans mesure », « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63), « l’Esprit qui donne la vie » (Rm 8,2 ; 2Co 3,6) pour qu’enfin, « il soit notre vie » (Ga 5,25), c’est-à-dire Plénitude en nous de Vie, de Paix et de Joie.            DJF




La Pentecôte – Homélie du Père Louis DATTIN

L’Esprit Saint dans nos vies

 Jn 14, 15-26

Lorsque nous lisons, dans les « Actes des apôtres », que les frères, c’est-à-dire les disciples de Jésus, étaient réunis, j’ai l’impression qu’ils ne devaient pas être bien fiers. Réunis pour se rassurer, par peur de se trouver seuls dans une aventure qui les dépasse. Quand on est ensemble, on peut se rassurer les uns les autres. Ils n’ont pas oublié ce fameux Vendredi, à l’avant-veille de Pâques : Jésus arrêté, jugé, bafoué, méprisé, mis à mort sur la croix. Bien sûr, ensuite, ils l’avaient vu ressuscité. Malgré tout cela, ils n’étaient pas encore bien rassurés. Jésus leur avait dit : « Je vous envoie une force venue d’en haut ».

 

Malgré cela, ils étaient un peu comme nous, certains jours où nous sommes en train de nous dire : « Si Dieu était présent avec moi, je n’aurais pas peur. Je saurais ce qu’il faut faire mais là, je n’ose pas car je ne sais pas, je n’ose pas, j’ai peur ».

Eux aussi avaient peur, « ils avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient par peur des Juifs ». Ces apôtres étaient souvent comme nous, ils n’étaient pas bien courageux.

En les regardant vivre avec Jésus, on a bien l’impression qu’ils ne comprenaient rien à ce que disait Jésus : il leur arrivait même de comprendre à l’envers et Pierre va jusqu’à se faire traiter par Jésus de « Satan » !

Nous aussi, souvent, nous avons du mal à comprendre qui est Dieu, ce qu’il souhaite. Nous avons du mal à comprendre le mystère du mal et de la résurrection. Pour nous aussi, bien des questions nous laissent sans réponses. Non seulement ils ne comprennent pas, mais ils se disputent ensemble pour savoir qui était le plus grand, pour savoir qui serait le chef après Jésus.

On voit même une mère venir pistonner ses deux fils : Jacques et Jean, lui demandant les meilleures places pour eux !

Tout comme nous-mêmes, il nous arrive de nous heurter entre nous, à propos de méthodes de catéchisme, de types de messes, de liturgie, au lieu de mettre en pratique le « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Ces disciples peureux, qui ne comprennent pas grand-chose et à qui nous ressemblons comme deux gouttes d’eau, finalement, ils vont être envahis par l’Esprit et, du coup, ils vont changer : les voilà, maintenant, à la Pentecôte, qui non seulement n’ont plus peur, mais qui comprennent le message de Jésus et qui vont même jusqu’à l’expliquer ! Pierre, celui-là même qui avait renié Jésus, prend la parole devant des foules de toutes races, et eux, comprennent ce qu’il dit. On le verra répondre au tribunal des juifs avec une assurance et une clarté stupéfiante !

La Pentecôte, c’est cela ! C’est la transformation, par l’arrivée de l’Esprit-Saint, qui, non seulement, nous rassure, mais nous fortifie, nous fait comprendre, qui fait de nous des témoins.

Les apôtres ne sont plus des disciples seulement, ils deviennent des « apôtres », c’est-à-dire capables de se faire comprendre du monde entier.

La  Pentecôte : ce  n’est  pas  simplement  pour eux, c’est pour nous aussi, aujourd’hui. L’Esprit Saint, si nous ne lui faisons pas barrage, est capable de nous transformer, nous aussi, de faire de nous des apôtres, nous qui sommes peureux pour dire notre foi, nous qui avons du mal à comprendre le mystère qu’est Dieu, nous qui sommes souvent divisés pour des bêtises, nous aussi, nous avons reçu l’Esprit Saint au Baptême, nous avons été affermis, confirmés, rendus fermes.

Accepterons-nous  de nous laisser envahir par l’Esprit Saint pour qu’il nous transforme ?

Est-ce-que nous croyons vraiment que Dieu peut nous changer? Qu’il peut nous faire sortir de nous-mêmes pour devenir différents ? Que sa force est suffisante pour que nous soyons autrement ? Et n’est-ce-pas  cela d’abord  notre peur ?

Peur qu’il nous bouscule : peur du changement, peur de l’aventure qu’il nous propose.

Ah ! Si notre petite vie, bien rythmée par nos emplois du temps, nos habitudes, nos routines, si tout cela allait être bousculé et qu’il entrait un grand vent dans notre vie qui balaie tout comme dans la pièce où se trouvaient les apôtres ! Est-ce-que nous sommes prêts à risquer notre  vie  au grand vent  de  l’Esprit ?

Ou bien notre religion n’est-elle qu’une sécurité de plus dans une vie spirituelle qui serait calculée, calfeutrée et à l’abri de toute bourrasque ? Oui, et c’est cela qui est exaltant dans notre vie avec le Christ, c’est qu’il y a « la Pentecôte » : ce grand vide où il faut nous jeter à corps perdu pour être pris en main par l’Esprit qui fait de nous ce qu’il désire.

L’Esprit, disait déjà Jésus à Nicodème « souffle où il veut (et pas où nous voulons) et nul ne sait d’où il vient, ni jusqu’où il nous emmènera ».

Jésus avait dit à Pierre, sur le bord du lac : « Un autre te mènera là où tu ne voudras pas  et celui qui consent à perdre son âme, c’est-à-dire à l’exposer au souffle de l’Esprit, à la brûler au feu de l’Esprit, celui-là la sauvera ».

Est-ce-que c’est nous qui nous nous dirigeons intérieurement ou bien est-ce l’Esprit Saint ?

Sommes-nous encore les maîtres de notre vie ou est-ce l’Esprit qui s’en est rendu le maitre ?

Est-ce-que c’est sa volonté qui est faite ou bien est-ce la nôtre ?

On ne peut posséder l’Esprit, c’est lui qui nous possède et c’est lui qui vous change.

Essayez de prendre dans vos mains, dans vos bras, de l’eau, du feu, un souffle, les trois symboles de l’Esprit Saint : impossible. L’eau, le vent, le feu, ça n’a pas de contours précis, définis, ça ne se prend pas, ça ne résiste pas à une pression, ce n’est pas solide, et pourtant l’eau laissée à elle-même se répand, le feu brûle et s’amplifie, le souffle passe et emporte tout sur son passage !

Julien Green notait au moment de sa conversion dans son journal : « Introduire le surnaturel dans sa vie, rompre la digue qui nous protège contre Dieu, c’est se vouer à une tragédie sans nom. Dieu est assiégeant ; le plus souvent, on lui oppose une invincible médiocrité, mais si on cède sur un point, alors c’est le ciel entier qui se rue en nous ».

La Pentecôte, c’est cela. C’est cette irruption de Dieu en nous parce que nous l’avons laissé s’introduire dans notre existence.

Est-ce cela que nous allons essayer de faire aujourd’hui ?

L’Esprit sera-t-il assez fort ou plutôt notre égoïsme sera-t-il assez faible pour se laisser emporter par cette eau immergeante, par ce feu brûlant, par ce souffle purificateur ?

Sans l’Esprit, nous rappelle Ignace de Lattaquié :

  1. Dieu est loin,

  2. le Christ reste dans le passé,

  3. l’Evangile est une lettre morte,

  4. l’Eglise : une simple organisation,

  5. l’autorité : une domination,

  6. la mission : une propagande,

  7. le culte : une évocation et

  8. l’agir chrétien : une morale d’esclaves.

Mais, avec l’Esprit, en lui, tout change :

  1. Le cosmos est soulevé

et gémit dans l’enfantement du Royaume

  1. Le Christ ressuscité est là !

  2. L’Evangile devient puissance de vie

  3. L’Eglise signifie la communion trinitaire

  4. L’autorité est un service libérateur

  5. La mission est une Pentecôte

  6. La liturgie est mémorial et anticipation

  7. L’agir humain est déifié. AMEN

 

 

 

 

 

 

 

 




Rencontre autour de l’Évangile – La Pentecôte

“ Un autre Défenseur sera toujours avec vous : c’est  l ‘ Esprit de Vérité ”

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Ac 2,1-11)

(Exceptionnellement nous partagerons sur le récit de la Pentecôte (l’Evangile est celui du 6ème dimanche de pâques)

Saint Luc,  qui a écrit les Actes des Apôtres, est le seul à nous raconter ce qui s’est passé le 50ème jour après Pâques, jour de la Pentecôte. Cette fête juive commémorait le don de la Loi au Sinaï : le peuple libéré de l’esclavage en Egypte (célébré lors de la Pâque juive) naissait alors comme peuple de l’Alliance.

50 jours après la Mort et la Résurrection du Christ, qui a été la véritable libération de l’humanité  par la Pâque du Christ, la Pentecôte, avec la venue de l’Esprit-Saint, célèbre la naissance du peuple de la “ Nouvelle Alliance ”.

Soulignons les mots importants

Les frères: Combien étaient-ils ? Luc le dit lors de l’élection de Matthias (Ac1,15) Que vous inspire cette manière de nommer les disciples ?

Réunis tous ensemble : Pourquoi saint Luc souligne cela ?

un violent coup de vent : Que signifie ce violent coup de vent ?

une sorte de feu : le symbole du feu dans la Bible est très  riche. (Faire chercher par le groupe)

Qui se partageait en langues : Un symbole !

Parler en d’autres langues 

Chacun entendait dans sa propre langue

Dans nos langues les merveilles de Dieu

Pourquoi saint Luc insiste-t-il sur le miracle des langues?

Se posa sur chacun : Quelle est l’importance de ce mot “ chacun ”?

Remplis de l’Esprit-Saint : que signifie cette expression ? 

De toutes les nations : Quelle est  la portée de l’événement de  la Pentecôte pour saint Luc?

 

Pour l’animateur 

  • Le miracle des langues est fortement souligné par saint Luc. La langue, c’est l’organe de la Parole. Lors de l’épisode symbolique de la Tour de Babel, la diversité des langues avaient provoqué la confusion et la division de l’humanité. On ne se comprenait plus. A la Pentecôte, l’Esprit Saint rétablit l’unité : le même message est compris dans la diversité des langues et des cultures. Luc souligne l’universalisme de l’Evangile que des gens de toutes langues peuvent recevoir et comprendre. (Ne pas confondre avec le “ parler en langues ”, phénomène de langage incompréhensible qui demande à être interprété)

  • Les Douze ne sont pas les seuls à vivre l’événement de la Pentecôte : ils étaient environ 120 “ frères ” : dès le commencement, aussi bien pour attendre la venue de l’ Esprit dans la prière autour de Marie, qu’au moment de la venue de l’ Esprit, les Douze apôtres et d’autres disciples forment une communauté de frères.  L’Eglise, dès le début, c’est “ l’être-ensemble ” de ceux qui croient au Christ et accueillent son Esprit.

  • Au Sinaï, c’est toute la Montagne qui tremblait quand Dieu se manifestait dans le tonnerre et le feu (Ex19,18). Ici, c’est toute la maison qui tremble au violent coup de vent: c’est un langage familier de la Bible pour décrire une intervention décisive de Dieu. La venue de l’Esprit Saint est un événement décisif pour l’Eglise et sa mission à travers les âges jusqu’au retour du Christ à la fin des temps.

On peut aussi voir dans ce violent  coup de vent le symbole de la force de l’Esprit qui secoue les disciples pour en faire des apôtres audacieux, qui secoue aussi l’Eglise à travers l’histoire pour la réveiller quand c’est nécessaire et la rendre audacieuse.

  • Quand Luc emploie l’expression “ remplis de l’Esprit Saint ” c’est toujours pour dire qu’il s’agit d’un événement exceptionnel : il l’emploie pour Jean Baptiste (Lc1,15), pour Elisabeth , au moment de la visitation (Lc 1, 41, pour Pierre devant le tribunal du sanhédrin (Ac 4, 1) etc…L’Esprit Saint à la Pentecôte est la puissance de l’amour divin  qui envahit le cœur des apôtres.

  • Luc signale la présence à Jérusalem d’une foule de juifs originaires de tous les pays connus à l’époque et venus sans doute en pèlerinage : son idée, c’est qu’à la Pentecôte, ces gens de partout préfigurent tous les peuples qui, à travers les âges, accueilleront la Bonne Nouvelle de Jésus Christ : l’Eglise à la Pentecôte apparaît déjà “ catholique ”, c’est à dire universelle.

TA PAROLE DANS NOS COEURS

Après la lecture et le partage, inviter les participants à faire silence, à réaliser qu’à la Confirmation ils ont été remplis de l’Esprit Saint pour participer à la Mission de l’Eglise, pour témoigner de Jésus Christ ressuscité, seul Sauveur dont le monde a besoin.

 

L’Evangile aujourd’hui dans notre vie

Nous sommes dans le temps de l’Eglise, le temps de l’Esprit, le temps de la Mission, le temps du témoignage.

Il y a en gros deux manières de se situer dans la communauté – Eglise :

– être un membre actif de la communauté, participer à sa vie, me rendre utile, aimer l’Eglise, faire en sorte qu’elle devienne peu à peu une communauté de frères, éviter de critiquer à tort et à travers et participer à la mission par le témoignage dans la vie de tous les jours…

– ou bien me comporter en chrétien “ assisté ”, passif, consommateur, exigeant, critiquant sans bouger le petit doigt, en prétendant avoir des droits, sans jamais me demander si j’ai des devoirs…

Et moi, où est-ce que j’en suis ?

La Confirmation, qui a été le sacrement de la Pentecôte pour nous, a donné à notre baptême sa dimension missionnaire : qu’avons-nous fait de notre Confirmation ?

Au milieu de nos doutes ou des obscurités de notre foi, prions-nous l’Esprit de nous éclairer, de nous enseigner ? Le prions-nous pour ceux qui ont mission d’éveiller ou d’enseigner la foi : prêtres, diacres, catéchistes, laïcs responsables des mouvements, etc. ?

 

ENSEMBLE PRIONS   

Esprit de Jésus, répandu en langues de feu sur les disciples

Le jour de la Pentecôte, nous te prions :

Embrase le cœur des chrétiens pour qu’ils annoncent dans toutes les langues du monde les merveilles du salut de Dieu.

Esprit Saint

Tu assistas Pierre devant le sanhédrin

tandis qu’ il rendait témoignage au Christ Jésus,

nous te prions : Donne-nous d’annoncer avec assurance

la Bonne Nouvelle de Jésus Christ.

Chant : Eglise des peuples p. 167 (carnet des paroisses)

 

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Pentecôte

 

 




« La vocation divine de tout homme » (Jn 17,20-26) – 7ième dimanche de Pâques – D. Jacques Fournier

Jésus, juste avant de vivre sa Passion, prie pour ses disciples qui l’entourent et pour ceux qui, plus tard, grâce à leur parole, à leur témoignage, croiront aussi en lui… Et nous, nous faisons partie de ce dernier groupe… Jésus a donc prié pour nous tous, et c’est, ressuscité, ce qu’il ne cesse de faire : « Ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous » (Rm 8,34). «  Il a » désormais « un sacerdoce immuable. D’où il suit qu’il est capable de sauver de façon définitive ceux qui par lui s’avancent vers Dieu, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur » (Hb 7,25). Cette prière du Fils est toujours exaucée : « Père, je te rends grâces de m’avoir écouté. Je savais que tu m’écoutes toujours » (Jn 11,42). Son fruit est le Roc sur lequel nous pouvons toujours reprendre et reprendre encore notre vie de foi à sa suite…

Et que demande ici Jésus pour nous tous ? « Que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous »… Jésus s’était déjà exprimé ainsi en Jn 10,30 pour nous révéler le Mystère qui l’unit à son Père : « Moi et le Père nous sommes un ». Le Fils n’est pas le Père et le Père n’est pas le Fils… Ils sont bien distincts l’un de l’autre, le Fils étant toujours « tourné vers le sein du Père », en face à face avec Lui (Jn 1,18). Mais ils sont « un » en tant qu’ils sont unis l’un à l’autre dans la communion d’un même Esprit, le Père le donnant au Fils, gratuitement, par amour, de toute éternité, le Fils le recevant gratuitement du Père, dans l’amour, de toute éternité… Et puisque « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), c’est par ce Don éternel de l’Esprit que le Père « engendre » le Fils en « né du Père avant tous les siècles, Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu, de même nature que le Père » (Crédo).

Jésus y fait allusion dans notre évangile en évoquant « sa gloire, celle que tu m’as donnée », Père, « parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde », avant que le monde fut créé, avant que le temps n’existe, « avant tous les siècles »… Or, « le fondement de cette gloire, c’est l’essence divine elle‑même, laquelle est la perfection absolue »[1]. La notion de « gloire de Dieu » renvoie ainsi à ce que « Dieu est en lui-même », en tant que cette réalité spirituelle se manifeste d’une manière ou d’une autre. Pas de « gloire de Dieu » sans « la nature divine », « l’essence divine », « la substance divine » qui en est la source… Autrement dit, puisque « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), le Père, par amour, « donne la gloire » au Fils en lui donnant « l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu » (1P 4,14) et c’est par ce don qu’il lui donne d’être de même nature que Lui (cf. 2P 1,4). Depuis toujours et pour toujours, « le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 3,35), tout ce qu’il est, « tout ce qu’il a » (Jn 16,15 ; 17,10), et c’est ainsi qu’il « l’engendre en Fils, né du Père avant tous les siècles, de même nature que le Père »… Par ce Don de l’Esprit que le Père fait au Fils de toute éternité, par ce Don de l’Esprit que le Fils reçoit du Père de toute éternité, le Père et le Fils sont unis l’un à l’autre dans « la communion du Saint Esprit » (2Co 13,13), dans « l’unité d’un même Esprit » (Ep 4,3), tout ce qui est dans le Père étant dans le Fils, tout ce qui est dans le Fils étant dans le Père… C’est ce que Jésus évoque ici en déclarant : « Toi, Père tu es en moi, et moi en toi »… Tout ce que tu es est en moi, par le Don gratuit que tu ne cesses de me faire par amour. Et donc, par tout ce que je reçois de toi gratuitement, dans l’Amour, tout ce qui est en moi est en toi… Unité parfaite, communion parfaite, dans un Face à Face éternel…

Or telle est l’aventure à laquelle Dieu a appelé tous les hommes en les créant… Et toute la mission de Jésus est non seulement de nous révéler que Dieu est ainsi notre Père à tous, mais « que tu les as aimés comme tu m’as aimé ». Or l’amour éternel du Père pour le Fils est à la source de l’engendrement éternel du Fils par le Père… Parce que « le Père aime le Fils », « il lui donne tout », tout ce qu’il est, « tout ce qu’il a », lui donnant ainsi d’être ce qu’il est, l’engendrant en Fils de même nature que le Père… Nous révéler que nous sommes aimés du même amour, est donc une invitation à nous tourner de tout cœur avec Lui vers le Père pour que nous puissions recevoir nous aussi avec Lui ce que Lui reçoit du Père de toute éternité : ce Don de l’Esprit par lequel le Père l’engendre en Fils… Et ce Don aura en nous les mêmes effets qu’il a en Lui, le Fils : il nous engendrera à notre tour à la même Plénitude, nous donnant d’avoir part nous aussi à son « insondable richesse » (Ep 3,8), cette « nature divine » (2P 1,4) qui est le propre de Dieu, qui n’appartient qu’à Dieu et à Dieu seul, et qui, à ce titre, est absolument « hors d’atteinte » de toute emprise humaine…

Notre vocation à « tous » est d’être en effet, d’après les paroles même de Jésus « un, comme toi, Père tu es en moi et moi en toi. Qu’ils soient un en nous eux aussi »… Et si le Fils est « un » avec le Père par ce Don de l’Esprit qu’il ne cesse de recevoir du Père, il nous appelle tous à être « un » avec lui par ce même Don de l’Esprit qu’il reçoit lui-même du Père et qu’il désire nous communiquer : « Je leur ai donnée la gloire que tu m’as donnée », en leur donnant « l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu » (1P 4,14) : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22)… Et tout cela « pour qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux et toi en moi »…

Or cet « Esprit » est « Lumière » (Jn 4,24 ; 1Jn 1,5) : accueilli au tréfonds de notre être, il va « resplendir » au cœur de nos ténèbres car nous sommes tous des pécheurs : « En effet le Dieu qui a dit : Que des ténèbres resplendisse la lumière, est Celui qui a resplendi dans nos cœurs, pour faire briller la connaissance de la gloire de Dieu, qui est sur la face du Christ » (2Co 4,6). Et telle est toute la prière de Paul à notre égard : « Daigne le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de la gloire, vous donner » « l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu » (1P 4,14), « l’Esprit Saint », cet « Esprit de sagesse et de révélation, qui vous le fasse vraiment connaître ! Puisse-t-il illuminer les yeux de votre cœur pour vous faire voir quelle espérance vous ouvre son appel, quels trésors de gloire renferme son héritage parmi les saints, et quelle extraordinaire grandeur sa puissance revêt pour nous, les croyants, selon la vigueur de sa force, qu’il a déployée en la personne du Christ, le ressuscitant d’entre les morts et le faisant siéger à sa droite, dans les cieux » (Ep 1,17-20)…

Ainsi « l’Esprit » de « Lumière » et de « Vie » accueilli par notre cœur, par la prière et dans la prière, donne à notre intelligence de « voir », « d’avoir les yeux illuminés », et donc de « connaître » alors que tout l’être vit de cette vie nouvelle, dans « la lumière de la vie » (Jn 8,12)… C’est dans cette même Lumière que le Fils connaît le Père, le Père lui donnant de le connaître par le Don de l’Esprit de Lumière et de Vie par lequel il l’engendre… Et en proposant à notre esprit le même Esprit, ce dernier, en « s’unissant notre esprit » (cf. 1Co 6,17 ; 1Th 5,9-10), en « se joignant à notre esprit » (Rm 8,16), nous donnera d’avoir part à la même connaissance que le Fils : « Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître », par le Don de l’Esprit, un Esprit qui est aussi « Amour » (Jn 4,24 et 1Jn 4,8.16), « pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi en eux ». « L’amour de Dieu », écrit en effet St Paul, « a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous fut donné » (Rm 5,5).

Cette « connaissance nouvelle », fruit du Don de l’Esprit, est illustrée par le récit du martyr d’Etienne (Ac 7,55-60). « Rempli de l’Esprit Saint », nous dit St Luc, et donc « rempli de Lumière », ses « yeux du cœur » (Ep 1,18) ne pouvaient qu’être « illuminés » : « il vit alors la gloire de Dieu »… « Par ta Lumière, nous voyons la Lumière » (Ps 36,10)…

Alors, « heureux ceux qui lavent leurs robes », leurs cœurs, leurs vies dans « l’eau pure » de l’Esprit (Ez 36,24-28). Cette eau pure étant aussi une « eau vive » (Jn 4,10-14 ; 7,37-39) « ils pourront disposer de l’arbre de Vie, et pénétrer dans la Cité, par les portes », cette « Cité » de Dieu, ce « Royaume de Dieu », cette « Maison du Père » étant Mystère de Communion avec le Père dans l’unité d’un même Esprit…

Alors, « celui qui a soif, qu’il vienne. Celui qui le désire, qu’il reçoive l’eau de la vie », gratuitement, par amour… Qu’il reçoive le Don de l’Esprit, que Dieu veut communiquer à tout être humain, car nous avons tous été créés pour que ce Don soit notre Plénitude, notre Bonheur, notre vie éternelle… « Père, ceux que tu m’as donnés » – et le Père a donné au Fils « Sauveur du monde » (4,42), « le monde » entier à sauver (Jn 3,16-17), « tous les hommes » (Jn 12,32 ; 1Tm 2,3-6) – « je veux que là où je suis », dans la Maison du Père, uni au Père dans la communion d’un même Esprit, « eux aussi soient avec moi »… Et puisque « tout ce que veut le Seigneur, il le fait, au ciel et sur la terre, dans les mers et jusqu’au plus profond des abîmes » (Ps 135(134),6), pour que cette volonté s’accomplisse : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22), gratuitement, par amour…

                                                                                                   D. Jacques Fournier

[1] MICHEL A. « Gloire, I. Dans la théologie », Dictionnaire de Théologie Catholique VI 1387.

DESEILLE P., « Gloire de Dieu », Dictionnaire de Spiritualité   VI (Paris 1967) 422: « La gloire de Dieu est la splendeur de l’Etre par excellence. Dieu seul possède par lui-même valeur et puissance. »

VON BALTHASAR H.U., La Gloire et la Croix , III (Coll. Théologie n° 82, Ligugé 1974) p. 37: « Le « poids » qui s’impose est celui du Sujet, et ainsi la divinité de Dieu même. »