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Audience Générale du Mercredi 19 Janvier 2022

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 19 Janvier 2022


Catéchèse sur saint Joseph – 8. Saint Joseph père dans la tendresse

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, je voudrais approfondir la figure de Saint Joseph comme père de tendresse.

Dans ma Lettre Apostolique Patris corde (8 décembre 2020), j’ai eu l’occasion de réfléchir à cet aspect de la tendresse, un aspect de la personnalité de saint Joseph. En effet, même si les Évangiles ne nous donnent aucun détail sur la manière dont il a exercé sa paternité, nous pouvons être sûrs que le fait qu’il soit un homme « juste » s’est également traduit dans l’éducation donnée à Jésus. « Joseph a vu Jésus grandir jour après jour « en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes. » (Lc 2, 52) : C’est ce que dit l’Évangile. Comme le Seigneur le fit avec Israël, il lui a « appris à marcher, a Jésus, en le tenant par la main ; il était pour lui comme le père qui soulève un nourrisson tout contre sa joue ; il se penchait vers lui pour le nourrir » (cf. Os 11, 3-4) » (Patris corde, 2). Elle est belle cette définition de la Bible qui fait voir la relation de Dieu avec le peuple d’Israël. Et nous pensons que c’est la même relation celle de St Joseph avec Jésus.

Les évangiles témoignent que Jésus a toujours utilisé le mot « père » pour parler de Dieu et de son amour. De nombreuses paraboles ont comme protagoniste la figure du père [1].  L’une des plus célèbres est certainement celle du Père miséricordieux, racontée par l’évangéliste Luc (cf. Lc 15, 11-32). Cette parabole met l’accent par-delà l’expérience du péché et du pardon, sur la manière dont le pardon atteint la personne qui a commis une faute. Le texte dit : « Comme il était encore loin de la maison – le fils pécheur qui s’était éloigné – quand il était encore loin son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. » (v. 20). Le fils s’attendait à une punition, une justice qui, tout au plus, aurait pu lui donner la place d’un des serviteurs, mais il se retrouve enveloppé dans l’étreinte de son père. La tendresse est quelque chose de plus grand que la logique du monde. C’est une façon inattendue de rendre justice. C’est pourquoi nous ne devons jamais oublier que Dieu n’est pas effrayé par nos péchés : mettons-nous cela bien en tête. Dieu n’est pas effrayé par nos péchés, il est plus grand que nos péchés. Il est père, il est amour, il est tendre. Il n’est pas effrayé par nos péchés, nos erreurs, nos chutes, mais il est effrayé par la fermeture de notre cœur – cela oui le fait souffrir – il est effrayé par notre manque de foi en son amour. Il y a une grande tendresse dans l’expérience de l’amour de Dieu. Et c’est beau de penser que la première personne à transmettre cette réalité à Jésus a été Joseph lui-même. Car les choses de Dieu nous parviennent toujours par la médiation d’expériences humaines. Il y a quelque temps – je ne sais pas si je vous l’ai déjà raconté – un groupe de jeunes gens qui font du théâtre, un groupe de jeunes gens pop, « en avance sur leur temps », a été frappé par cette parabole du père miséricordieux et a décidé de faire une œuvre de théâtre pop avec ce sujet, avec cette histoire. Et ils l’ont bien fait. Et tout l’argument est, à la fin, qu’un ami écoute le fils qui s’est éloigné de son père, qui voulait rentrer à la maison mais qui avait peur que son père le mette dehors et le punisse et toutes ces choses. Et l’ami lui dit, dans cet opéra pop : « Envoie un messager et dis que tu veux rentrer chez toi, et si le père le reçoit, qu’il mette un mouchoir à la fenêtre, la fenêtre que tu verras dès que tu prendras le dernier chemin ». Cela a été donc fait. Et l’opéra, avec des chants et des danses, continue jusqu’au moment où le fils emprunte le chemin final et l’on voit la maison. Et quand il lève les yeux, il voit la maison pleine de mouchoirs blancs : pleine. Pas une, toutes les fenêtres, trois ou quatre par fenêtre. C’est ça la miséricorde de Dieu. Il n’a pas peur de notre passé, de nos mauvaises choses : non. Il a seulement peur de la fermeture. Donc… nous avons tous des comptes à régler ; mais régler ses comptes avec Dieu est une très belle chose, car nous commençons à parler et Lui nous embrasse. La tendresse.

Nous pouvons donc nous demander si nous avons nous-mêmes fait l’expérience de cette tendresse, et si nous en sommes devenus à notre tour les témoins. Pensons. Car la tendresse n’est pas d’abord une affaire d’émotion ou de sentiment : non. C’est l’expérience de se sentir aimé et accueilli précisément dans notre pauvreté et dans notre misère, et ainsi transformé par l’amour de Dieu.

Dieu ne compte pas seulement sur nos talents : non, mais aussi sur notre faiblesse rachetée. Notre faiblesse est rachetée et Lui s’appuie sur cela. Ce qui fait dire à saint Paul, par exemple, qu’il y a un plan aussi pour sa fragilité. En effet, il écrit à la communauté de Corinthe : « Pour m’empêcher de me surestimer, j’ai reçu dans ma chair une écharde, un envoyé de Satan qui est là pour me gifler […] C’est pourquoi par trois fois, j’ai prié le Seigneur d’écarter cela de moi. Et il m’a déclaré : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » (2 Cor 12, 7-9). Le Seigneur ne supprime pas toutes les faiblesses, mais il nous aide à marcher avec les faiblesses, en nous prenant Lui-même par la main. Mais comment ? Oui, Il prend nos faiblesses par la main, nous avec les faiblesses, près de nous. Et c’est ça la tendresse. L’expérience de la tendresse consiste à voir la puissance de Dieu traverser précisément ce qui nous rend plus fragiles ; à condition toutefois de nous convertir du regard du Malin qui « nous pousse à regarder notre fragilité avec un jugement négatif », tandis que l’Esprit Saint « la met en lumière avec tendresse » (Patris corde, 2). « La tendresse est le meilleur moyen de toucher ce qui est fragile en nous. […] Voyez comment les infirmières et les infirmiers touchent les plaies des malades : avec tendresse, pour ne pas les blesser davantage. C’est ainsi que le Seigneur touche nos blessures, avec la même tendresse. C’est pourquoi il est important de rencontrer la Miséricorde de Dieu, notamment dans le Sacrement de la Réconciliation, dans la prière personnelle avec Dieu, en faisant une expérience de vérité et de tendresse. Paradoxalement, le Malin aussi peut nous dire la vérité : lui, c’est un menteur, mais il s’arrange pour nous dire la vérité afin de me conduire au mensonge. Mais s’il le fait, le malin le fait et c’est pour nous condamner. Le Seigneur nous dit la vérité et nous tends la main pour nous sauver. Nous savons cependant que la Vérité qui vient de Dieu ne nous condamne pas, mais qu’elle nous accueille, nous embrasse, nous soutient, nous pardonne » (Patris corde, 2). Dieu pardonne toujours : mettez cela dans la tête et le cœur. Dieu pardonne toujours. C’est nous qui nous fatiguons à demander le pardon. Mais il pardonne toujours. Les choses les plus laides.

Cela nous fait donc du bien de nous contempler dans la paternité de Joseph qui est un miroir de la paternité de Dieu, et de nous demander si nous permettons au Seigneur de nous aimer avec sa tendresse, transformant chacun de nous en hommes et en femmes capables d’aimer de cette manière. Sans cette « révolution de la tendresse » – une révolution de la tendresse est nécessaire ! – et sans cette révolution de la tendresse nous risquons de rester emprisonnés dans une justice qui ne nous permet pas de nous relever facilement et qui confond la rédemption avec la punition. C’est pourquoi, aujourd’hui, je veux me souvenir d’une façon particulière de nos frères et sœurs qui sont en prison. Il est juste que qui a commis une faute paie pour son erreur, mais il est encore plus juste que qui a commis une faute puisse se racheter de son erreur. Il ne peut y avoir de condamnations sans une fenêtre d’espérance. Toute condamnation comporte toujours une fenêtre d’espérance. Pensons à nos frères et sœurs en prison, pensons à la tendresse de Dieu pour eux, et prions pour eux, afin qu’ils trouvent dans cette fenêtre d’espérance un passage vers une vie meilleure.

Et nous concluons avec cette prière :

Saint Joseph, père dans la tendresse,
apprends nous à accepter d’être aimés précisément dans ce qui en nous est plus faible.
Accorde-nous de ne placer aucun obstacle
entre notre pauvreté et la grandeur de l’amour de Dieu.
Suscite en nous le désir de nous approcher de la Réconciliation,
pour être pardonnés et aussi rendus capables d’aimer avec tendresse
nos frères et sœurs dans leur pauvreté.
Sois proche de ceux qui ont fait le mal et qui en paient le prix ;
Aide-les à trouver ensemble avec la justice également la tendresse pour pouvoir recommencer.
Et apprends leur que le premier moyen pour recommencer
est de demander sincèrement pardon, pour sentir la caresse du Père.

Merci.

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[1] Cfr Mt 15,13; 21,28-30; 22,2; Lc 15,11-32; Jn 5,19-23; 6,32-40; 14,2;15,1.8.

 


Je salue cordialement les personnes de langue française présentes aujourd’hui. Ce matin, prions tout particulièrement pour ceux qui sont en prison. Que la tendresse de Dieu les rejoigne dans leur chemin de réparation et de réinsertion dans la société, et qu’elle suscite en chacun d’entre nous un grand désir de conversion. Que Dieu vous bénisse !




3ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Lc 1,1-4 ; 4,14-21)

« L’Esprit du Seigneur est sur moi. »

 La première lecture de ce jour relate la ’’prise de possession’’ de la Loi par le peuple hébreu lors du retour de l’exil à Babylone, et la ’’réunification’’ avec ceux qui étaient restés à Jérusalem. Cette assemblée était formée de tous ceux qui étaient en âge de comprendre, hommes, femmes et enfants. Lecture solennelle, avec le prêtre Esdras juché sur une estrade qui dominait l’assemblée, et toute la foule debout qui écoutait et acquiesçait ; des scribes traduisaient (car tous se parlaient plus la même langue) et les lévites expliquaient cette parole.

Et tous comprenaient. Mais pour cela il fallait plusieurs intermédiaires entre Esdras qui lisait et le peuple : les traducteurs et ceux qui expliquaient. (Comme cela se faisait avant le concile Vatican II). La parole ne pouvait pas être comprise directement.

Quand Jésus revient à Nazareth, le village qui l‘avait vu grandir, il va comme à son habitude à la synagogue le jour du sabbat. Ce jour-là, « dans la puissance de l’Esprit », après avoir chanté les psaumes, il se lève pour faire la lecture. Dans le livre d’Isaïe, il choisit le passage où il est écrit : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres … ». Jusqu’ici, ça va … mais vient le moment de l’explication du texte, un des sermons les plus courts qu’on puisse entendre : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. ».

L’actualisation du passage de l’ancien testament n’a pas vraiment plu à tout le monde … et on le comprend facilement, parce qu’ils n’avaient pas les clefs de compréhension … Ils ne pouvaient pas accepter que quelqu’un s’affirme comme le Messie que les juifs attendaient, surtout quelqu’un qu’ils avaient vu grandir.

 Il manquait aux auditeurs deux choses essentielles qui ne viendront que plus tard : la résurrection de Jésus, et surtout la Pentecôte et la venue de l’Esprit Saint sur les apôtres puis sur ceux qui demandaient le baptême.

Là aussi, la Parole de Jésus ne pouvait pas être comprise directement … il fallait qu’elle soit expliquée … grâce à l’Esprit Saint.

Ce qu’a dit Jésus, nous devons de le faire connaître à quelques-uns qui, comme Luc, « ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous … »

C’est grâce à cela que la Parole de Jésus est venue jusqu’à nous …

Et il ne faut pas que cela s’arrête ! Il nous faut prendre le relais … pour que cette Bonne Nouvelle apportée par Jésus continue à être connue et surtout vécue …

Nous devons être des témoins, même si nous ne sommes pas témoins oculaires … mais des témoins auditifs de la Parole proclamée, ou des témoins visuels de la Parole lue !

Mais pour cela, il nous faut recevoir l’Esprit Saint en nous, suivre l’Esprit Saint, vivre de l’Esprit Saint

De manière à ce qui nous puissions dire : « Un petit peu de l’Esprit Saint m’éclaire », mais pas seulement, que nous puissions dire aussi : « Un petit peu de l’Esprit Saint éclaire chacun de nous ».

Et si on met ensemble tous ces « petit peu », cela forme un grand tout : l’Église.

Cette Église dont nous parle la deuxième lecture sous la forme d’un corps, constitué de beaucoup de membres, avec chacun sa particularité, son talent, son charisme … « il y a plusieurs membres, et un seul corps. », mais « Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit. »

Il est important de relire ce passage en ce moment, quand le pape François a demandé que le prochain synode commence par une consultation de tous les baptisés. Tous membres du corps du Christ, nous avons tous notre mot à dire ! Et il serait dommage de ne pas le faire.

Rappelons les trois mots-clefs de ce synode : communion ; participation ; mission.

Communion, parce que nous sommes tous membres d’un même corps.

Participation, parce qu’il est important que chacun puisse s’exprimer et dire ce qu’il lui semble important de vivre en Église, quelle que soit sa position dans l’Église.

Mission, parce que c’est la demande que Jésus à faite à ses disciples : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » (Mt 28,19).

Seigneur Jésus,

Toi le Verbe de Dieu,

ta Parole a été transmise jusqu’à nous

par divers canaux,

selon les moyens de chacun.

Fais que nous puissions continuer à la porter,

à l’apporter,

par nos paroles et par nos actes,

pour que grandisse ton Église.

 

                                     Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant : Image dim ord C 3°




3ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 1,1-4 ; 4,14-21)

 » La Bonne Nouvelle du Pardon  « 

Beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, furent témoins oculaires et serviteurs de la Parole.
C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après avoir recueilli avec précision des informations concernant tout ce qui s’est passé depuis le début, d’écrire pour toi, excellent Théophile, un exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as entendus.
Lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région.
Il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge.
Il vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture.
On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit :
‘L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.’
Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.
Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. ».

 

  

            Au baptême de Jésus, son Mystère de Fils avait commencé à se révéler : « Le ciel s’ouvrit, et l’Esprit Saint descendit sur lui », un Esprit donné en fait depuis toujours et pour toujours par le Père qui l’engendre ainsi en Fils, « né du Père avant tous les siècles, Dieu né de Dieu »… « L’Esprit du Seigneur est sur moi », dit-il ici en citant le prophète Isaïe…

            Comblé de toute éternité par le Père, le Fils ne va pas cesser de lui rendre témoignage. « Jésus tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit Saint et dit : « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre » (Lc 10,21-22)… Ah, « si tu savais le Don de Dieu ! » (Jn 4,10). « Je vis par le Père », car « c’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,57.63)… « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22) ! Telle est « la Bonne Nouvelle » de ce Dieu Père, Amour et Don de Lui-même qu’il est venu nous révéler afin que nous vivions nous aussi, dès maintenant et le plus pleinement possible, de cette Vie qui ne cesse de jaillir du Père de toute éternité…

            Mais en se détournant de Dieu, l’humanité a abandonné sa Source de Vie (Jr 2,13), et elle s’est privée elle-même de cette Plénitude de Vie que Dieu veut voir régner dans tous les cœurs (Rm 3,23). Que ses enfants ne soient pas pleinement heureux, qu’ils connaissent la souffrance, l’angoisse, la détresse par suite de leurs fautes (Rm 2,9), voilà ce que Dieu ne supporte pas : « Dieu a tant aimé le monde… qu’il a envoyé son Fils dans le monde non pas pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui… Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (Jn 3,16-17 ; 1Tm 2,4-6).

            Toute la mission du Fils est donc de travailler à cette réconciliation des hommes avec Dieu en leur offrant gratuitement, par amour, le pardon de toutes ces fautes par lesquelles il se sont eux-mêmes privés de la Plénitude de sa Vie (Rm 6,23). Serons-nous assez « pauvres » de cœur pour reconnaître nos misères ? Ne sommes-nous pas tous « prisonniers » de tel ou tel mal qui nous « opprime » en fait, en ne nous apportant jamais le bonheur espéré ? Lui, il est venu nous offrir la « libération », la « liberté », un même mot grec, ἄφεσις, répété ici deux fois et qui partout ailleurs sera traduit par « pardon » (Lc 1,77 ; 3,3 ; 24,47)… L’accepterons-nous en vérité ? Car « celui qui fait la vérité » sur ses misères « vient à la Lumière » du « Père des Miséricordes » qui « exerce la Miséricorde en rayonnant de joie », heureux de ce vrai Bonheur qu’il sait pouvoir nous donner pour notre plus grande joie (Jn 3,21 ; 2Co 1,3 ; Rm 12,8 ; So 3,16-18 ; Jn 15,11 ; 17,13) !    DJF




3ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

 Parole de Dieu et Unité

Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21

Deux idées forces traversent aujourd’hui, frères et sœurs, les textes de notre liturgie :

– la 1ère : l’importance de la Parole de Dieu pour la vie d’un chrétien ;

– la 2e : cette Parole de Dieu doit nous unifier, devenir le lieu de notre unité, la force convergente de nos rencontres entre les différentes religions chrétiennes.

+ La Parole de Dieu : Dieu en effet nous parle, je prends ce verbe au présent. Il est vrai que Dieu « a parlé » à travers les siècles et la Bible est le reflet de toutes ces époques où Dieu est intervenu pour s’adresser aux hommes. Mais si Dieu a parlé, sa Parole reste toujours au présent. Il continue, par ces paroles du passé, à s’adresser aux hommes d’aujourd’hui et à ceux de demain.

La Parole de Dieu, bien qu’inscrite, datée à une époque déterminée, est toujours actuelle, toujours présente. Le Christ nous le rappelle dans la synagogue de Nazareth :

« Ayant refermé  le  livre, Jésus le rendit au servant et s’assit. Tous dans la synagogue avait les yeux sur lui. Alors, il se mit à leur dire : « Cette  Parole  de  l’écriture, c’est  aujourd’hui qu’elle s’accomplit  » » : et c’est encore vrai !

La Parole de Dieu, c’est aujourd’hui qu’elle s’adresse à nous. Elle n’est pas un souvenir, un retour sur le passé. Dieu, par sa Parole, dans son message, par la Bible, par l’Evangile ne s’adresse pas aux hommes d’hier. C’est à nous, mes frères, bien à nous, que  Jésus parle  quand  le  lecteur  ou le prêtre se met à dire le message du Seigneur.

 

La Parole de Dieu n’est : ni une archive que l’on consulte, ni un document que l’on étudie, pas même un livre que l’on ouvrirait comme n’importe quel livre.

 

 

 

. Elle est Dieu qui, à chaque fois, veut me dire quelque chose, à moi, aujourd’hui et maintenant ;

. Elle est parole vivante qui désire modifier ma vie d’aujourd’hui et de maintenant ;

. Elle est lumière qui doit éclairer mon existence ;

. Elle est une force qui doit m’engager à me convertir, à changer, dans ma vie, tout ce qui m’éloigne de lui ;

. Cette parole est une route que je dois suivre si je veux aller jusqu’à lui.

Si, pendant longtemps, et encore maintenant, des chrétiens n’ont pas été à la hauteur du programme que leur traçait le Christ, c’est, peut-être, tout simplement, parce qu’ils n’ont pas assez écouté, réfléchi, ruminé la Parole de Dieu, et surtout parce qu’ils ne l’ont pas assez mis en liaison avec leur vie personnelle. Pour un chrétien, il doit y avoir sans cesse confrontation entre ce que Dieu me dit par sa Parole et ce que je fais dans ma vie.

La messe, mes frères, vous le savez, comprend 2 parties bien nettes et bien distinctes, quoique complémentaires.

La 1ère partie : c’est la liturgie de la Parole. Dieu me parle par trois messages différents :

l’un extrait de la Bible ; l’autre extrait  d’une lettre d’apôtre ;

le 3e, l’Evangile, la Parole du Christ lui-même.

Ces 3 messages me sont adressés à moi, chaque dimanche.

Elle est le désir de Dieu sur moi pour la semaine à venir. Cette Parole doit me pénétrer à tel point que, peu à peu, dimanche après dimanche, je  m’imprègne de cette parole à ce point que c’est elle qui me guide, que c’est elle qui m’éclaire.

C’est elle qui va me déterminer dans les choix quotidiens que j’aurais à faire pour les jours à venir.

De là, je tirerai une conclusion très pratique et préliminaire : faisons attention à la qualité de la proclamation de nos lectures, qualité de la lecture elle-même. Il FAUT que le lecteur prépare le texte qu’il va proclamer aux autres. S’il n’a pu le faire, qu’il lise lentement, distinctement, en prenant son temps pour qu’elle puisse atteindre ceux à qui elle est adressée.

Qualité aussi de l’écoute de ceux qui, dans l’assistance, doivent être les récepteurs, les auditeurs de cette Parole.

Ces moments de lecture devraient être des temps forts, des moments intenses où lecteurs et auditeurs, dans un silence total, dans un climat de méditation et de recueillement, entendent Dieu parler. On écoute le Christ nous dire quelque chose pour notre vie.

+ 2e idée force de ces textes d’aujourd’hui, c’est l’unité des chrétiens. Nous célébrons aujourd’hui, mes frères, ce que l’on appelle le dimanche, la semaine de l’unité, dimanche qui se trouve dans cette semaine de prières où tous les chrétiens, qu’ils soient catholiques, protestants, anglicans, orthodoxes supplient Dieu d’effacer leurs divisions, de réaliser enfin de nouveau cette unité tant désirée par Jésus lorsqu’il disait, la veille de sa mort :

« Père, que tous soient un, comme toi, Père, tu ne fais qu’un avec moi ».

Saint-Paul, dans la deuxième lecture, nous rappelle que unité ne veut pas dire uniformité. Dans le corps humain, chaque membre a sa fonction. Chacun a son rôle à jouer dans l’Eglise. Encore faut-il qu’il n’y ait pas plusieurs Eglises, que le corps du Christ ne soit pas démembré.

Tous, dans vos communes, vous avez assisté ou vous avez entendu parler de  » remembrement ». Une exploitation agricole n’est viable, que si elle est d’un seul tenant et n’est pas parcellisée et disséminée à droite et à gauche.

L’Eglise du Christ, elle aussi, est viable, parce qu’elle est le Corps mystique du Christ, que si tous, nous faisons un, en lui, avec lui, rattachés à lui et coopérants tous ensemble sous la direction de Jésus, Tête de ce Corps, à une œuvre commune. De gros progrès en 150 ans ont été déjà réalisés pour cette unification de toutes les familles chrétiennes en un seul Corps, grâce à des efforts continus et une plus grande ouverture d’esprit. Des dialogues se sont instaurés, des réunions, des réalisations et surtout des prières communes adressées au Père commun de tous les baptisés. Il n’est plus rare de voir célébrer ensemble catholiques, protestants, orthodoxes, anglicans dans une même liturgie.

La dernière réalisation de ce vouloir d’unité a été l’édition d’une Bible reconnue par tous et fruit du travail de tous : la Bible œcuménique appelée plus souvent « TOB » (Traduction œcuménique de la Bible). Et c’est là que nous en revenons à la Parole de Dieu et à son importance : pouvoir écouter cette Parole avec les mêmes mots, avec les mêmes interprétations, pouvant dire le  » Notre Père  » dans les mêmes termes.

Si chacun de nous, qu’il soit catholique, protestant, orthodoxe, anglican  prend  cette Parole  de Dieu  au sérieux, s’il  la met en pratique, s’il en fait sa conduite de vie, comment voulez-vous qu’un jour, peut-être plus proche que nous l’envisageons, une unité de fait ne se produise pas entre frères autrefois séparés ? Cette parole du Seigneur est le ciment qui rassemble et qui maintient tous les chrétiens dans le même esprit, dans la même action, dans un même amour : celui de l’Esprit-Saint qui est avant tout  » Esprit d’amour « .  AMEN




2ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Jn 2, 1-11)

« Mariage … signe d’une alliance … »

 

« Il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. »

Saint Jean est le seul des évangélistes à parler de ce mariage, qui a lieu tout au début de son évangile. On ne connaît pas le nom des mariés, s’ils avaient un lien de parenté avec Marie et Jésus, le nombre d’invités … Rien. La seule chose qu’on connaisse, c’est que c’était à Cana, une petite bourgade proche de Nazareth …

Pourquoi ce récit ? Les paroles de Jean sont souvent symboliques. Or, ce passage commence par « Le troisième jour », … et pourquoi pas le quatrième ou le sixième, cela ne changerait rien au récit ?

C’est donc que cette indication est symbolique.

Que s’est-il passé avant ? Premier jour : Jean Baptiste reçoit des prêtres et des lévites de Jérusalem. Deuxième jour : Jésus vient vers Jean Baptiste. Troisième jour : André et son compagnon suivent Jésus où il demeurait, et André amène son frère Simon-Pierre à Jésus. Quatrième jour : Jésus part pour la Galilée avec ses disciples : André, Pierre, Philippe et Nathanaël, et sans doute Jean, le compagnon d’André.

Quatre jours, plus trois jours, cela fait sept jours, une semaine. Or, le septième jour est le jour où Dieu se reposa de la création qu’il avait faite : « Et Dieu bénit le septième jour : il le sanctifia. » (Gn 2,3)

Un autre symbole, plus évident, c’est le troisième jour que Jésus est ressuscité. Cela veut dire que tout ce qui va se passer à Cana doit être compris à la lumière de ce qui va se passer pendant la Passion et la résurrection de Jésus.

Un mariage, c’est le signe d’une alliance entre une femme et un homme, pour le reste de leur vie. À Cana, au bout d’un certain temps (Les noces duraient alors jusqu’à une semaine), le vin manqua. Marie s’en rendit compte, et elle le signala à Jésus, qui répondit d’une manière que l’on peut dire surprenante : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. ».

Et il faudra attendre le soir du jeudi saint pour que Jésus dise : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils. (…) et moi, je viens vers toi. » (Jn 17,1.11), juste avant la Passion.

Marie respecte le refus de Jésus, mais elle dit aux serviteurs : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. ».

Jésus, sans doute après avoir demandé à son Père ce qu’il devait faire, dit aux serviteurs : « Remplissez d’eau les jarres. ». C’étaient des « jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs », et une fois remplies, l’eau devint du vin, de l’excellent vin !

Jésus a supprimé l’eau pour les purifications par du vin, le vin qu’il présenta la veille de sa passion comme « le sang de l’alliance nouvelle et éternelle qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés ».

Cette suppression de l’eau de purification montre qu’une page va être tournée, ce qui compte maintenant, c’est le sang de l’alliance. On passe d’une prescription de l’ancien testament à une nouvelle prescription à venir à la fin de la vie de Jésus : le soir de sa résurrection, Jésus dit aux apôtres : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » (Jn 20,22-23). La purification rituelle, purement formelle, est remplacée par une décision extérieure sous couvert de l’Esprit Saint : la confession. On est dans le Nouveau Testament.

Ce sang de l’alliance, c’est le sang qui coula du côté de Jésus quand le soldat y enfonça sa lance : « Et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. ». (Jn 19,34).

À Cana, Jésus transforma l’eau en vin. Lors de sa Passion, le vin devient son sang, source de vie éternelle.

Cette alliance nouvelle et éternelle, c’est l’alliance entre Jésus et le peuple de Dieu, scellée par la mort et la résurrection de Jésus, rappelée à chaque eucharistie : « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ! » (Ap 19,9), comme nous le rappelle le nouveau missel romain, où tous sont invités : les chrétiens … et ceux qui ne le sont pas encore …

Seigneur Jésus,

le premier signe que tu fais

pour inaugurer ta vie publique

est un signe de joie :

tu donnes le vin

qui réjouit le cœur de l’homme,

et en même temps, tu prépares

ce qui arrivera à ton heure :

le don de ta vie pour sceller

une nouvelle alliance éternelle

entre toi et ton peuple.

C’est le bon vin

que tu as gardé jusqu’à maintenant.

 

                                     Francis Cousin

 

 

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2ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 2, 1-12).

 » Le bon vin de l’Esprit « 

(Jn 2,1-12)

En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là.
Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples.
Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. »
Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. »
Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »
Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres).
Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord.
Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent.
Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »
Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

 

       Dans l’Evangile selon St Jean, le récit du miracle des noces de Cana inaugure le ministère public de Jésus. Et il ne cesse de faire allusion à sa fin : « Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée », un clin d’œil à la Résurrection, « le troisième jour selon les Ecritures » (1Co 15,4). « Femme, que me veux-tu ? », demande ici Jésus à Marie. Et elle disparaît ensuite de l’Evangile pour ne réapparaître qu’au pied de la Croix, où Jésus l’appelle à nouveau « Femme ». Mère du Fils, elle sera désormais la Mère de l’humanité que Dieu appelle au salut : « Femme, voici ton fils… Voici ta Mère » (Jn 19,25-27).

            Le Don de Jésus à Cana est donc un signe visible, matériel, du Don spirituel invisible qu’il est venu offrir au Nom de son Père à l’humanité toute entière, un Don qui sera à nouveau évoqué par le signe visible du sang et de l’eau jaillissant de son cœur ouvert sur la Croix : « L’un des soldats, de sa lance, lui perça le côté et il sortit aussitôt du sang et de l’eau » (Jn 19,31-37). Or, on croyait à l’époque que « la vie de la chair est dans le sang » (Lv 17,11). Le sang versé de Jésus renvoie donc à sa Vie éternelle de Fils, qu’il est venu offrir gratuitement à tout homme pour que sa vocation de « fils » puisse également s’accomplir. « Je suis venu pour qu’on ait la Vie, et qu’on l’ait surabondante… Va dire à mes frères : je monte vers mon Dieu et votre Dieu, vers mon Père et votre PèreAyant dit cela, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint » » (Jn 10,10 ; 20,17-22)…

            Au moment du baptême de Jésus, « le ciel s’ouvrit » et du ciel « descendit » du Père sur le Fils la Plénitude de « l’Esprit Saint », en révélation de ce Don éternel que le Père ne cesse de faire au Fils, un Don par lequel il « l’engendre » en Fils, « né du Père avant tous les siècles. » « Comme le Père a la Vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la Vie en Lui-même », par ce Don de « l’Esprit qui vivifie » (Jn 5,26 ; 6,63). Et sur la Croix, le cœur de chair de Jésus « s’ouvrit », et il en jaillit « du sang et de l’eau » en signe visible de ce cœur spirituel toujours ouvert du Fils d’où jaillissent des « fleuves d’eau vive » pour laver, purifier, vivifier et combler l’humanité tout entière (Jn 7,37-39)…

            « Cherchez donc dans l’Esprit votre plénitude » (Ep 5,18), car « c’est par elle », comblés par le Don de l’Esprit, « que vous entrerez dans toute la Plénitude de Dieu » (Ep 3,18). Et cela ne pourra qu’être synonyme de bonheur profond, de paix, de joie… « Le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix » (Ga 5,22), une joie annoncée ici par ce « bon vin » de l’Esprit, donné en surabondance : plus de six cents litres !                                                      DJF




2ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Cana

Jn 2, 1-11

Avez-vous remarqué, frères et sœurs, que le 1er miracle accompli par Jésus, fut précisément un miracle non utile, non nécessaire, non rentable, mais simplement un petit geste pour que la vie soit agréable et heureuse.  Le 1er miracle eut lieu au cours d’un repas de noces : il ne s’agit nullement d’un accident grave, d’un malade à sauver ou d’un mort à ressusciter. Non ! Tout simplement : « Tiens ! Il n’y a plus de vin ! ». C’est tout… avouez que pour le salut du monde, c’est une bricole, un détail sans importance.

Jésus, vous êtes tous bien d’accord, est venu sur la terre pour des affaires autrement plus sérieuses… alors ? Un grand miracle, ce 1er miracle ? Peut-être le plus grand et le plus significatif ! Le plus lourd de sens pour faire voir et expliquer ce que Jésus est venu faire parmi nous. Et le Christ, sur la demande de Marie, va le faire, pour que, dans une petite noce de campagne, les convives, ayant déjà bu, un peu plus qu’on n’avait prévu, puissent être dans la joie jusqu’au bout, sans histoire, sans regrets, sans ombre au tableau de cette journée de fête… pour que l’ambiance y règne jusqu’à la fin.

Si nous sommes un peu surpris, c’est que nous nous faisons parfois une idée fausse de notre religion et des désirs du Christ pour nous. Pour beaucoup, en effet, souvent parmi les jeunes qui n’ont pas eu encore le temps d’approfondir : religion est synonyme d’embêtant, d’ennuyeux, de sérieux, il faut « bien se tenir », il ne faut  pas  sourire !

Ils s’imaginent qu’être chrétien, c’est entrer dans un vaste réseau d’obligations, de menaces, de commandements, avec du « permis » et du « défendu », participer à une entreprise de salut où la joie et la fête ne sont pas de mise, et puis… il doit s’agir d’abnégation, de renoncement. Bref, « du pas drôle du tout ». Quant au bonheur, il n’en est guère question pour aujourd’hui… ce sera peut-être pour demain… ou pour après-demain, et encore, si tout va bien !… pour le ciel, mais pas pour la terre !

Or, nous avons envie, et c’est normal, de vivre cette vie sur la terre de la façon la plus agréable qui soit : pourquoi ne pas se distraire ? S’amuser ? Etre en vacances et se divertir, organiser des fêtes ? Rarement, j’ai entendu des jeunes dire que la vie chrétienne, c’était le « pied ».

Et toutes ces personnes se font une fausse idée de leur christianisme : ils choisissent de se réjouir, de se réunir et de faire la fête en dehors même de toute religion, tout comme ils ont choisi de servir Dieu, sans joie.

C’est justement ce que Jésus attaque par ce miracle. Il ne veut pas cette séparation absurde, sacrilège entre le bonheur et Dieu, entre la joie et la vie chrétienne, entre la vie d’ici-bas et la vie divine. Dieu me donne tout, tout à la fois : mon âme et mon corps, le ciel et la terre, la nature et la grâce, le plaisir et le bonheur et il veut et il désire notre bonheur et il n’est jamais plus heureux lui-même que lorsqu’il nous voit heureux, épanouis à notre tour et lui rendant grâce, dans la joie, de tout ce qu’il nous a offert.

St-Irénée ne se trompait pas quand il affirmait : « La gloire de Dieu, c’est-à-dire sa joie, sa plus grande satisfaction, c’est l’homme vivant », vivant :

– en plein épanouissement de son corps,

– en plein épanouissement de son esprit,

– en plein ouverture de son cœur,

– en plein accueil de la vie spirituelle.

Un homme « bien dans sa peau » et content de sa condition d’homme et de tout ce que son Créateur et Sauveteur lui a donné. C’est nous, parfois, qui nous nous privons de la meilleure partie de notre vie en considérant, à tort, les plaisirs de la vie comme des vols, comme des tranches que l’on prélève indûment et avec une sorte de revanche au lieu de les accueillir comme des dons de l’amour de Dieu. Nous sommes encore imprégnés d’une religion doloriste, grave, tendue et sans joie telle que le jansénisme d’hier et d’avant-hier nous l’avait transmis !

Sommes-nous de ceux, qui, parce qu’ils savent qu’ils sont sauvés par Jésus-Christ, que Jésus-Christ les a tirés de la mort, et qu’ils sont promis à un avenir magnifique, nagent dans la joie, sont plein d’espérance et d’optimisme et n’hésitent pas à fêter et à célébrer, et pas seulement à l’église, cette foi au Christ qui est le secret de leur joie et de leur bonheur le plus profond ?

Si le monde devient triste, morose et qu’il montre un visage qui ressemble à une porte de prison, c’est parce que le monde se paganise, qu’il n’a pas de véritable espérance et qu’il va chercher dans les horoscopes ou chez des tireurs de cartes, une joie qui ne peut se trouver qu’en Jésus-Christ !

Sommes-nous de ceux qui ont le courage de vivre une vie pleinement humaine et pleinement religieuse, sans séparer les deux ? Jésus a vécu cela, lui, sans faire de séparation. Il a été pleinement homme et pleinement Dieu. Notre tort, c’est de croire que pour lui ressembler, il faudrait devenir tout autre que ce que nous sommes : devenir plus célestes, plus angéliques. Nous n’avons pas à jouer les bêtes que nous n’en sommes pas, pas plus que les anges que nous ne sommes pas non plus !

         Le vrai moyen pour nous de ressembler davantage à Jésus (car dans notre vie chrétienne, il ne s’agit que de cela), c’est de devenir plus homme, incarné comme Jésus l’a été.

 

Et si quelqu’un vient dire « J’aime trop la vie de famille, les joies de ce monde, je suis plus heureux dans la nature qu’à l’église, donc  je ne suis pas assez religieux parce que je suis trop humain !», je lui répondrai simplement qu’il a mal compris ce qu’était sa vie chrétienne et que c’est tout simplement parce qu’il n’est pas assez humain, c’est-à-dire pas assez ressemblant à Jésus, le prototype de tout homme, qu’il n’a pas encore senti en lui, cette unité profonde de l’humain et du divin.

Si nous étions, comme le Christ, plus humains, plus généreux, plus tendres, plus attentifs aux autres, plus délicats comme le fut Jésus aux noces de Cana, nous aurions en commun avec lui tous ces sentiments, qui créent en nous notre valeur intime, et avec les autres, une fraternité, une amitié, source de toute vie communautaire qui nous ferait dire : « Le ciel, c’est les autres », alors que Sartre, lui, coupé du Christ, affirmait : « L’enfer, c’est les autres ».

Jésus, lui, n’attend pas la mort des gens pour les rendre heureux : il désire que nous le soyons déjà, maintenantà présent, cette année, aujourd’hui. Il a souffert à la pensée que deux jeunes gentils mariés allaient être ennuyés le jour de leurs noces. Il a pensé au dépit de tous ces braves invités obligés de baisser le coude et de cesser de boire en plein milieu du repas !

Il change l’eau en vin avec la même tendresse avec laquelle pour nous, pendant cette messe, il va changer le vin en son Sang et le pain en son Corps, pour que nous puissions davantage être unis à lui et participer à sa vie.

Jésus se soucie de l’homme : il sait que ce sont nos petits bonheurs terrestres qui nous permettent d’entrevoir et de goûter à l’avance cette joie totale que nous vivrons demain.

Nous aussi, soucions-nous des autres, de leurs petits problèmes, afin que maintenant notre vie soit déjà plus heureuse, plus humaine. En le faisant, nous participons au travail et au bonheur de Dieu.  AMEN




Initiation à « la Liturgie des Heures », ou « Prière du Temps Présent ».

« La Liturgie des Heures » ou « Prière du Temps Présent », est la prière de l’Eglise, vécue sur tous les continents, dans tous les pays, et qui monte vers Dieu dans toutes les langues… Avec et par elle,  c’est vraiment l’Eglise en Prière qui chemine jour après jour, dans la foi, à la suite du Christ Sauveur du Monde, collaborant ainsi, par son intercession, par ses oeuvres, à l’accomplissement de la volonté de Dieu : « Je recommande donc, avant tout, qu’on fasse des demandes, des prières, des supplications, des actions de grâces pour tous les hommes, pour les rois et tous les dépositaires de l’autorité, afin que nous puissions mener une vie calme et paisible en toute piété et dignité. Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur, lui qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s’est livré en rançon pour tous » (1Tm 2,1-6). « Récitez donc entre vous des psaumes, des hymnes et des cantiques inspirés ; chantez et célébrez le Seigneur de tout votre cœur. En tout temps et à tout propos, rendez grâces à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus Christ » (Ep 5,19-20)…

Cette formation est ouverte à tous…

L’idéal serait de pouvoir y venir avec un livre « Prière du Temps Présent », bleu, en un seul volume…

Pour le Nord et l’Est, à la Maison Diocésaine (36 rue de Paris, Saint Denis) : les 26 février, 5 et 26 mars 2022 de 8h 00 à 11h 00

Pour le Sud et l’Ouest : à l’Etang Salé les Hauts, Paroisse St Dominique, Salle du Pèlerin les 19 février, 12 et 19 mars 2022 de 8h 00 à 11h 00.

 

Les formations seront assurées par l’équipe du Sedifop sous la responsabilité de Yolain ITEMA




Fête du Baptême de Notre Seigneur – par P. Rodolphe EMARD (Lc 3, 15-16.21-22).

En ce dernier dimanche du temps de Noël, nous fêtons le Baptême du Seigneur. Dans les textes que nous avons proclamés, notamment la seconde lecture et l’Évangile, il est question de trois sortes de baptême.

Le baptême de Jean

Jean était si populaire et apprécié que tous se demandaient s’il n’était pas le Christ. Conscient de cela, Jean fait une mise au point : lui baptise « avec de l’eau » mais il renvoie à quelqu’un de « plus fort » que lui, celui qui « baptisera dans l’Esprit Saint et le feu ».

Le baptême de Jean est avant tout un rite de conversion, pour aider ses contemporains à préparer la venue du Christ.

Le baptême de Jean est aussi un rite d’attente. Ce baptême « avec de l’eau » annonçait et préparer au baptême « dans l’Esprit Saint et le feu ». Nous y reviendrons.

Le baptême de Jésus

Pourquoi Jésus, le Verbe de Dieu fait chair, conçu sans péché, s’est-il fait baptisé par Jean ? Alors que Jean lui-même dira n’être « pas digne de dénouer la courroie de ses sandales »… Nous pouvons retenir trois points :

  • Le baptême de Jésus marque solennellement son ministère public, sa mission de l’annonce de la Bonne Nouvelle du Royaume.

La fête de Nativité et celle de l’Épiphanie permettent de mieux comprendre l’identité de Jésus comme le Dieu fait homme, le Sauveur de toute l’humanité.

Saint Paul, dans la deuxième lecture, précise : nous attendons « que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien ». Saint Paul rappelle le sacrifice du Christ pour le Salut du monde.

  • Le baptême de Jésus est l’occasion d’une manifestation du Dieu Trinitaire : L’Esprit Saint qui descend sur Jésus et cette voix du Père qui révèle Jésus comme son « Fils bien-aimé », « une voix venue du ciel qui atteste que [le] Verbe habite parmi les hommes »[1].

  • Bien que sans péché, Jésus a tenu à recevoir le baptême de Jean afin de se montrer solidaire des pécheurs qu’il venait libérer.

Le baptême des croyants

Après la Résurrection, la Pentecôte marquera l’avènement du baptême « dans l’Esprit Saint et le feu ». Saint Paul évoque le baptême des disciples du Christ : « Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ notre Sauveur, afin que, rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle ».

Cette fête du Baptême du Seigneur nous invite à faire mémoire de notre propre baptême où nous sommes nés à la vie nouvelle de Dieu, nous avons reçu l’Esprit Saint qui fait de nous des fils adoptifs de Dieu, des membres de l’Église et des témoins du Christ et de l’Évangile.

Comment, en cette nouvelle année, allons-nous redécouvrir cette grâce de notre baptême ? Y trouver réellement notre joie ? Oui y mettre vraiment notre joie dans cette espérance de saint Paul, d’être « des héritiers de la vie éternelle ».

Redécouvrons avec force que le don de l’Esprit Saint est une réalité qui s’expérimente au sein de la communauté des croyants, au cœur de nos assemblées eucharistiques.

Saint Paul nous rappelle enfin que Dieu nous a manifesté sa bonté et son amour, qu’il nous a sauvé par pure miséricorde. Bonté, amour et miséricorde sont bien les axes que nous devons entreprendre en 2022 pour réussir notre baptême, au nom du Père, du Fils et du saint Esprit. Amen.

[1] Voir préface de la messe.




Baptême du Christ – par Francis COUSIN (Lc 3,15-16.21-22)

« Tu es mon Fils bien-aimé. »

 

Le baptême de Jésus nous est conté au début de l’année liturgique, après la naissance à Bethléem et l’adoration des bergers, celle des mages, le recouvrement de Jésus au Temple … On commence à connaître bien Jésus, surtout que, comme on dit, on connaît la fin de l’histoire …

Jésus n’est pas pour nous un inconnu (encore que … on connaît sa vie, ce qu’il a dit et fait, … mais sommes-nous suffisamment intimes avec lui pour pouvoir dire qu’on le connaît vraiment ? Je n’en suis pas vraiment sûr !) …, mais pour les gens qui allaient se faire baptiser par Jean-Baptiste, il n’était qu’un juif parmi d’autres juifs qui venait écouter le prophète …

Jésus n’était qu’un homme comme les autres parmi tous ces pécheurs qui venaient recevoir « un baptême de conversion pour le pardon des péchés ». Lui, le Fils de Dieu (et il le savait puisqu’il avait dit à Marie et Joseph dans le Temple de Jérusalem : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »), qui n’a jamais péché, a tenu à être présent avec ses coreligionnaires pécheurs. N’était-ce pas ce qu’il voulait ? : « Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. » (Mc 2,17). Et son attrait pour les pécheurs lui a été plusieurs fois reproché : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » (Mc 2,16) après l’appel de Matthieu, ou quand il est allé chez Zachée : « Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur. » (Lc 19,7), et même à la fin de sa vie, c’est entouré de deux pécheurs, deux brigands, qu’il est mort sur la croix … « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort. » (Ph 2,5-8).

Jésus ne s’est pas mis à part, séparé du peuple. Il en fait partie intégrante …

C’est ce qui nous est demandé actuellement avec la démarche synodale : se reconnaître partie intégrante du peuple de Dieu (dans lequel on entre par le baptême … qui nous fait devenir enfants de Dieu.) qui réfléchit ensemble à la manière d’être davantage en communion pour que chacun puisse participer à la mission : être témoin de Dieu.

Jésus est baptisé, il a été plongé dans les eaux du Jourdain … et il sort du fleuve … et alors, il prie.

Luc est le seul des évangélistes à dire qu’il priait. Et il montre souvent Jésus en prière avec son Père. Et sans doute Jésus était tout le temps en relation avec son Père, donc en prière : « Le Père et moi, nous sommes UN. » (Jn 10,30).

C’est à ce moment-là que « le ciel s’ouvrit » sur une double épiphanie : une visuelle, et une autre auditive.

La première, visuelle, « L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus. »

Cette apparition était apriori destinée aux personnes qui étaient présentes, qui n’ont sans doute pas compris qu’il s’agissait de l’Esprit Saint avant d’entendre la voix du Père lors de la seconde épiphanie … et encore …

Et il n’est pas sûr que Jésus ait pu voir l’Esprit, à moins de tourner la tête dans tous les sens, ce qui n’est généralement pas le cas quand on est en prière …

La venue de l’Esprit Saint semble venir comme une réponse à la Prière de Jésus, et destinée aux autres, pour leur montrer que Jésus est différent et qu’il a une mission à accomplir … ce qu’il fera après le temps du désert.

La seconde épiphanie, sans doute la plus spectaculaire, est la voix du Père qui sort des cieux, comme au temps d’Abraham ou de Moïse : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. ». Jésus est explicitement désigné comme le Fils de Dieu, et cela réjouit le Père.

C’est d’ailleurs ce que dit le Père à chaque fois qu’un humain est baptisé « au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit », ce qu’il a dit à notre baptême … À chaque fois qu’un humain est baptisé, il devient enfant de Dieu, fils (ou fille) de Dieu, et cela réjouit le cœur de Dieu.

Et nous, qui avons été baptisés, nous devons retenir :

– nous sommes devenus enfant de Dieu

– nous sommes aimés de Dieu (à ne jamais oublier !)

– nous avons une mission à accomplir (et cela on l’oublie souvent), ainsi que le dit la première lecture : « Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle … Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle … Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes … : ’’ Voici votre Dieu !’’ ».

Cette mission, c’est dit autrement ce que dit Jésus aux apôtres avant de les quitter : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » (Mt 28,19).

C’est aussi notre mission, que nous devons traduire peut-être dans d’autres mots, mais dont le but est toujours le même : vivre et faire connaître la Parole de Dieu dans notre entourage !

 

Seigneur Jésus,

ton baptême est pour nous l’occasion

de repenser à notre propre baptême,

                                                      à l’engagement qui a été pris

de faire partie du peuple de Dieu,

un peuple de pécheurs,

mais qui est aimé de Dieu,

le Père, le Fils et l’Esprit Saint,

chaque jour et pour l’éternité.

 

                                     Francis Cousin

 

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