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Fête du Baptême de Notre Seigneur – par D. Jacques FOURNIER (Lc 3, 15-16.21-22).

« Les fruits du baptême »

(Lc 3,15-16.21-22)« 

En ce temps-là, le peuple venu auprès de Jean le Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ.
Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.
Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit.
L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »

 

         « Moi, je vous baptise avec de l’eau », dit Jean-Baptiste. « Lui », le Christ « vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu ». Jean-Baptiste invitait à se reconnaître pécheur, et à exprimer ainsi un besoin de purification. Son baptême dans l’eau s’inscrivait dans la continuité avec tous les rituels de purification en usage à l’époque. Le baptême proposé par Jésus aura donc lui aussi cette dimension mais il sera le seul à être réellement efficace car le seul à pouvoir rejoindre le cœur profond de l’homme, ‘là’ où tout se joue : « C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur » (Mc 7,21-23).

            Nous les hommes, nous ne pouvons voir que les apparences, mais Dieu, lui, « sonde tous les cœurs et pénètre tous les desseins qu’ils forgent » (1Ch 28,9). « Tu sondes mon cœur » (Ps 17,3), et c’est ce cœur qui compte pour lui… Il le connaît déjà, et il le veut pur. Mais Lui seul peut le purifier… Ce travail nous dépasse… Mais pour qu’il se réalise vraiment, il a simplement besoin de notre coopération sincère, car Dieu nous respecte infiniment… Il ne fera rien pour nous sans notre accord… Il ne nous contraindra jamais à recevoir ses trésors… Certes, il insistera et déploiera tous ses talents pour vaincre nos résistances, mais rien ne se fera sans notre consentement profond à notre vérité de pécheurs acceptée dans l’Amour et offerte à l’Amour… Alors l’Amour accomplira son œuvre : « Je verserai sur vous une eau pure, et vous serez lavés de toutes vos souillures… Je vous purifierai », et « heureux les cœurs purs », car purifiés : « Ils verront Dieu » (Mt 5,8)… Et comment fera-t-il ? « Je mettrai en vous mon Esprit », l’Esprit Saint, eau pure, spirituelle, qui purifie, eau vive, spirituelle, qui vivifie, éclaire et apaise nos cœurs…

            A nous de jouer, maintenant, jour après jour, en acceptant, avec son aide, Lui qui est toujours bienveillant, de faire la vérité dans nos vies et de lui offrir toutes nos misères… « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29… « Il n’y a qu’un mouvement au cœur du Christ : effacer le péché et emmener l’âme à Dieu… Nous sommes bien faibles, je dirais même que nous ne sommes que misère, mais Il le sait bien, Il aime tant nous pardonner, nous relever, puis nous emporter en Lui, en sa pureté, en sa sainteté infinie. C’est comme cela qu’Il nous purifiera, par son contact continuel » (Elisabeth de la Trinité), par ce Don toujours offert, gratuitement, par Amour, de l’eau pure de l’Esprit…

                                                     DJF




Marie, Mère de Dieu et des hommes (1° janvier 2022 – D. J. Fournier)

L’Eglise fête aujourd’hui la Vierge Marie, « Mère de Dieu », car Celui qui se fit chair en elle (Jn 1,14) par « la puissance du Très Haut » (Lc 1,35) est le Fils du Père, l’éternel Engendré par le Père, puisqu’il est « né du Père avant tous les siècles ». Ainsi, depuis toujours et pour toujours, le Père, en se donnant à Lui en tout ce qu’il Est, lui donne d’être « Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu » (Crédo). Marie est ainsi, dans notre humanité, la Mère de Celui qui est Dieu de toute éternité, la « Mère de Dieu », de ce « Dieu Fils unique » (Jn 1,18 ; TOB) qui s’est fait homme pour tous nous rejoindre dans notre condition humaine de chair et de sang…

Et l’Evangile de ce jour nous entraine aux côtés de Marie, juste après le récit de l’Apparition de « l’Ange du Seigneur aux bergers qui, dans la même région » où le Christ était né, « gardaient leurs troupeaux durant les veilles de la nuit… Enveloppés de sa clarté, ils furent saisis d’une grande crainte. Mais l’Ange leur dit : « Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David », « qui s’appelle Bethléem » (cf. Lc 2,4). « Et soudain se joignit à l’Ange une troupe nombreuse de l’armée céleste qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre, paix aux hommes qu’il aime »… Puis, ils les quittèrent pour le ciel » (Lc 2,8-15)…

« Alors ils se dirent : « Allons jusqu’à Bethléem, et voyons ce qui est arrivé et que le Seigneur nous a fait connaître. Ils vinrent donc en hâte et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la crèche. Ayant vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit de cet enfant »… Marie, elle, n’était pas avec eux lorsque l’Ange leur était apparu… Ce jour-là, elle ne l’a pas vu, elle n’a pas entendu… Elle ne pouvait que se souvenir de la visite de « l’ange Gabriel » qui, neuf mois auparavant, lui avait annoncé qu’elle « mettrait au monde un Fils et qu’elle l’appellerait du nom de Jésus » (Lc 1,26-38). Et maintenant, l’enfant était là, sous ses yeux, avec ces bergers qui racontaient tout ce qu’ils venaient de vivre… Elle les regardait, elle les écoutait, avec attention, et, nous dit St Luc, « elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur ». Sa foi était en éveil… Littéralement, St Luc a écrit : « Marie ‘gardait ensemble’ toutes ces choses, les ‘mettant ensemble’ dans son cœur ». Elle se rappelait ces « grandes choses » que « le Tout Puissant avait faites pour elle » (Lc 1,49), ces Paroles « qui lui avaient été dites de la part du Seigneur » (Lc 1,45) et qu’elle relisait maintenant à la lumière de celles que les bergers lui transmettaient… Dieu lui avait parlé, directement, par un Ange ; aujourd’hui, il lui parlait encore, mais cette fois, par ces humbles bergers… Et tout concourait à l’accomplissement d’une seule et même œuvre : la salut du monde, par son Fils venu nous « visiter dans les entrailles de miséricorde de notre Dieu » (Lc 1,78).

Oui, vraiment, Dieu « s’est souvenu de sa miséricorde », cette « miséricorde qui s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent » (Lc 1,50-54), offrant inlassablement, jour après jour, « le pardon des péchés » à toutes celles et ceux qui consentent à le recevoir, passant ainsi, grâce à lui, des « ténèbres » à la Lumière, de « l’ombre de la mort » à une Paix qui est Plénitude de vie (Lc 1,78-79 ; Jn 10,10)… « Moi, Lumière, je suis venu dans le monde pour que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres » (Jn 12,46), mais « ait la lumière de la vie » (Jn 8,12). Alors, si « notre Père qui est dans les cieux » (Mt 6,1) est « bouleversé » (Os 11,8) de compassion devant toutes ces « souffrances » que le mal que nous commettons sème en ce monde (Rm 2,9), quel bonheur pour lui, quelle « joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent » (Lc 15,7), qui accueille son pardon et passe ainsi de la captivité à « la délivrance », de l’oppression à « la liberté », de « l’aveuglement » à la lumière (Lc 4,18-19), de « la mort » à « la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23)…

Bonne année 2022 à vous, dans l’accueil, instant après instant, de l’inlassable Bienveillance du Christ à notre égard, Lui dont la Présence et la Lumière changent tout…

                                                                                                      D. Jacques Fournier

 




1° janvier 2022 – Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu (Lc 2,16-21) – Père Rodolphe EMARD

Pour clore notre octave de Noël, en ce premier jour de la nouvelle année civile, l’Église nous donne de solenniser sainte Marie, Mère de Dieu.

Dans les premiers siècles de l’Église, il y a eu plusieurs graves hérésies concernant la divinité du Christ, notamment l’arianisme qui refusait de croire que le Fils de Dieu fait homme puisse être l’égal du Père. Il aura fallu deux conciles œcuméniques pour affirmer la foi en la divinité de Jésus : 325 à Nicée et 381 à Constantinople.

En 428, Nestorius, le patriarche de Constantinople déclara que Marie ne pouvait pas être appelée Theotokos (en grec), c’est-à-dire Mère de Dieu mais seulement mère du Christ. Cela a entrainé un nouveau tumulte dans l’Église.

En 431, un concile réunissait alors tous les évêques de l’époque pour condamner la position de Nestorius et proclamer solennellement la maternité divine de Marie : Marie est Mère de Dieu.

Vingt ans plus tard, en 451, lors d’un autre concile à Chalcédoine, l’Église affirma que Jésus est bien vrai Dieu et vrai homme. Reconnaître Marie comme la Mère de Dieu, c’est admettre la filiation divine du Christ.

Le concile de Chalcédoine souligne à ce sujet que le Christ est une personne mais il possède deux natures -humaine et divine- unies entre elles « sans confusion ni changement, sans division ni séparation ». Voilà pourquoi Marie est Mère de Dieu.

Jésus vrai Dieu qui s’est fait homme en prenant chair d’une vierge par l’action de l’Esprit-Saint. L’Église affirme aussi la virginité perpétuelle de Marie : « Nous célébrons le jour très saint où Marie, dans la gloire de sa virginité, enfanta le Sauveur du monde. »[1]

La « virginité féconde »[2] de Marie montre la pureté et la sainteté du Christ. Dieu ne pouvait pas s’incarner dans un sein indigne de lui, c’est pourquoi il préparer en Marie une demeure digne de lui. On pointe ici le mystère de la conception immaculée (sans tache, sans péché) de Marie, pour porter le Fils de Dieu.

Jésus vrai Dieu, vrai homme, le grand saint : « Toi qui enlèves les péchés du monde, prends pitié de nous » disons-nous à la messe, notamment lors du Gloria et de l’Agnus. Nous disons aussi : « Donne-nous la paix » dans l’Agnus et nous échangeons cette paix du Christ avant la communion : « Dans la charité du Christ, donnez-vous la paix. »

Christ est aussi le Prince de la paix ! En ce 01er janvier, c’est aussi la journée mondiale de la paix. Ce n’est pas sans nous rappeler en ce premier jour de l’année, que sans la paix nous ne réussirons pas correctement nos projets. Recherchons activement la paix, elle est la base pour construire toute fraternité.

 

Le pape François, dans son message, pour cette journée mondiale de la paix 2022 écrit : « À chaque époque, la paix est à la fois un don du ciel et le fruit d’un engagement commun. (…) Il y a un “artisanat” de la paix qui implique chacun de nous personnellement. Chacun peut collaborer à la construction d’un monde plus pacifique : à partir de son propre cœur et des relations au sein de la famille, dans la société et avec l’environnement. »[3]

 

 

L’implication de chacun… Nous sommes invités à vivre 2022 dans l’axe de la paix. Faisons-le dans nos relations avec Dieu, avec notre prochain et avec nous-même :

  • Notre relation avec Dieu : demandons-lui prioritairement la paix ; demandes de paix pour nos familles, pour les autres, notamment ceux de nos milieux professionnels et ceux de nos voisinages… rappelons-nous que le Christ est le Prince de la paix, pas celui de la zizanie, réajustons nos prières…

  • Notre relation avec notre prochain : lui souhaiter la paix ! Œuvrer pour des relations plus pacifiques avec les autres, sans trop les pointer systématiquement comme les problèmes… Cela fonctionnera si chacun fait les efforts nécessaires…

  • Notre relation avec nous-même : souhaiter déjà la paix pour soi ! Œuvrer pour que nous soyons vraiment habités par la paix de Jésus. Pour être un vrai artisan de paix, il faut commencer par soi-même ! Ce que je ferai pour rester dans les « rouages » de la paix et fuir les chemins de la division…

Que Marie, Mère de Dieu nous accompagne de sa prière maternelle. Je vous souhaite une belle année 2022 avec ces versets du livre des Nombres : « “Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix !” » (Nb 6, 24-27). Amen !

[1] Prière avant la consécration de la Nativité du Seigneur jusqu’au 1er janvier inclus.

[2] Cf. prière d’ouverture.

[3] Message du Pape François pour la 55ème journée mondiale de la paix 2022 : Dialogue entre générations, éducation et travail : des outils pour construire une paix durable.

                                                                                                                P. Rodolphe Emard




Épiphanie du Seigneur, Solennité – Homélie du Père Louis DATTIN

EPIPHANIE 

Suivre l’étoile

Mt 2, 1-12

Là ! Elle est là ! Regardez ! Et les trois savants, avec les instruments de l’époque, situent cette étoile nouvelle et stupeur, ils la voient avancer ! Or ces savants, comme c’était le cas à l’époque, n’étaient pas que des astronomes, c’étaient aussi des astrologues : ils savaient lire la signification de ces constellations, un peu comme ceux qui actuellement font votre horoscope. Passionnés comme ils sont, il n’en faut pas plus pour les mettre en marche. Ils savent qu’un jour une étoile doit se lever et qu’un Messie, c’est-à-dire un « Sauveur des hommes », doit naître à l’endroit où se dirigera cette étoile.

  • Aussitôt, c’est la « marche à l’étoile » qui commence. Venus d’Orient, ils arrivent à Jérusalem. On ne nous dit pas la durée de leur voyage et ils demandent, encore harassés par la route :

« Où est le roi des juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile en Orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui ».

A Jérusalem, c’est la stupeur. On n’a entendu parler de rien ! C’est même l’inquiétude : un roi ? Nous en avons déjà un : c’est Hérode ! Il est là. Sur place, on convoque une réunion : tous les savants, les exégètes, ceux qui connaissent la Bible.

–  « Voyons, ce roi, où doit-il naître ? »

–  « A Bethléem, répondent les spécialistes, car de cette ville doit naître un chef qui sera le « Berger d’Israël » mon peuple ».

Hérode ne se dérange même pas. Il fait venir ceux qui sont déjà fatigués par le voyage et sans bouger lui-même il les envoie à Bethléem avec l’ordre de revenir pour le renseigner :

« Trouvez-le et avertissez-moi ».

Et c’est de nouveau le départ pour les mages : ils n’en sont plus qu’à quelques kilomètres près.

  • Et de nouveau l’étoile s’avance devant eux et les conduit jusqu’à l’endroit où le Sauveur se trouve. Là, entrant dans la maison, ils se prosternent devant l’enfant, l’adorent et lui offrirent leurs cadeaux.

  • Cette histoire est, vous l’avez remarqué certainement, celle d’une Eglise qui bouge et celle d’une Eglise immobile.

Celle qui bouge : ces gens en route, en recherche, à la suite d’une étoile c’est-à-dire en quête d’idéal, de quelqu’un qui doit venir. Ils n’hésitent pas à sortir de chez eux, à se mettre en route, à aller d’étape en étape, sans but précis, se contentant de suivre une étoile qui leur donne seulement une direction. Arrivés à Jérusalem, les voilà obligés de repartir encore pour Bethléem.

En face d’eux, il y a l’Eglise immobile, statique, stagnante, celle qui est installée dans le palais d’Hérode qui se dit aussi « Roi des juifs », Eglise du temple où Noël n’a fait aucun commentaire ; Eglise immobile, paralysée, ankylosée, incapable de changer, d’évoluer, où l’on n’a même pas soupçonné que le Messie (qu’ils attendaient depuis des siècles) venait de naître à trente km d’ici, qu’il allait changer la face du monde !

  • Cette fête de l’Epiphanie et ce récit sont pour nous, aussi, mes frères, plein d’enseignements. Parmi les chrétiens, et dans l’Eglise catholique, il y a souvent deux catégories :

  1. Ceux qui bougent, ceux qui sont capables de se déplacer, de se déranger, de changer quelque chose dans leur vie, ceux pour qui la foi est une  aventure, un voyage  qui va d’étape en étape, un itinéraire qui, peu à peu les conduit vers celui qu’ils recherchent : le Christ-Messie-Sauveur!

Mais malheureusement, il y a aussi :

  1. Ceux pour qui la religion, leur religion, c’est l’immobilisme, le statique. On fait comme on a toujours fait, sans rien changer, sans rien déplacer, sans rien déranger. Leur vie chrétienne est figée, fidèle à ce qu’ils appellent une « tradition » et qui n’est finalement qu’une paresse ! Au lieu d’aller de l’avant, ils vivent, réfugiés dans leurs souvenirs, enfermés dans un réseau d’habitudes, de gestes sans signification et d’idées toutes faites. Alors, mes frères, en ce jour de l’Epiphanie, où nous voyons arriver devant la crèche, trois hommes, harassés de fatigue, mais rayonnants de joie parce qu’ils sont arrivés au but ; et de l’autre côté, un roi Hérode ignorant et qui ne se déplace même pas, entouré de gens qui savent quelque chose, mais qui ne font rien.

En face de ces deux Eglises : une qui se met en marche à la recherche de son Sauveur et l’autre qui reste sur place, persuadée qu’elle n’a plus rien à chercher ni à trouver, laquelle allons-nous choisir ?

Il est certes plus facile de rester chez soi et d’envoyer les autres aller voir, pour nous « avertir » ensuite. C’est ce qu’a fait Hérode et plus tard il préfèrera faire massacrer des innocents plutôt que d’aller lui-même sur place, vérifier qui était Jésus… et reconnaitre en lui, le vrai roi, le seul roi, celui dont en haut de sa croix, le Vendredi Saint, il sera dit sur un écriteau : « Celui-ci est le roi des Juifs ».

  • De toutes façons, quel que soit le choix que nous ferons, nous prenons des risques : si nous sommes de ceux qui font partie de l’Eglise qui bouge, de l’Eglise qui avance dans la direction donnée par l’étoile, il nous faudra :

  – déranger nos habitudes,

  –  nous fatiguer en chemin,

  –  nous mettre en recherche,

  –  nous poser des questions,

  –  sans cesse avoir des doutes, des incertitudes

  –  mais avancer progressivement vers celui qui nous a mis en  route…

  –  pour un jour, le trouver et pouvoir enfin se trouver en sa présence et l’adorer.

Nous aurons pris des risques certes, mais, en fin de compte, nous serons rayonnants de joie comme les mages à la crèche.

Si nous sommes de ceux pour qui la religion n’est qu’un oreiller inconfortable, un « opium », disait Karl Marx, une situation douillette qui nous fige définitivement dans nos idées et qui nous empêche d’évoluer, le risque est encore plus grand, surtout dans notre société  en plein dérangement. Nous risquons gros :

   –  risque d’être à côté de tout ce qui se vit,

   –  risque de vivre dans le passé et d’être exclus de l’avenir.

Le chrétien est celui qui est chargé de bâtir le monde futur, celui du vrai Royaume : non pas celui d’Hérode, mais celui de Dieu !

Alors, comme Abraham, comme Moïse, comme le peuple de Dieu dans le désert, comme les mages venus d’Orient, faisons de notre vie chrétienne, un départ, une marche, un cheminement, une aventure qui nous fera trouver le Christ grâce à l’étoile de l’Evangile. Alors, nous aussi, nous pourrons l’annoncer au monde et l’adorer.  AMEN




Epiphanie – par Francis COUSIN (Lc 2, 1-12)

« Où est le roi des juifs qui vient de naître ? »

 

Par rapport à l’évangile de dimanche dernier, nous repartons environ onze ans en arrière, à Bethléem où la Sainte Famille s’est installée, le temps que Jésus grandisse et puisse supporter le voyage de retour à Nazareth.

Pourquoi environ onze ans ? À partir du moment où Hérode, qui a peur pour son trône, veut faire « tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages » (Mt 2,16), et en considérant qu’il prenne une marge, cela fait environ onze ans.

Or, voici qu’un groupe de voyageurs (synode en grec ! … ), des mages nous dit l’évangile, des savants, sans doute des astrologues qui étudient le mouvement des étoiles, arrivent à Jérusalem, et s’enquièrent du lieu où se trouve « le roi des juifs qui vient de naître. Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »

Ces mages, on ne connaît pas leurs noms. C’est une tradition ultérieure qui leur a donné leur nombre (trois … parce qu’il y a trois cadeaux : or, encens, myrrhe), des noms, et des origines différentes : Asie, Europe, et Afrique (ce qui est impossible puisque l’Afrique est à l’occident de Jérusalem …), ce qui correspond à l’ensemble du monde connu à l’époque

Pourquoi cette tradition ? Sans doute pour cela aille avec les autres textes de ce dimanche :

Première lecture :

– « Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi (…) Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. ». Lumière : « Dieu est lumière » (1Jn 1,5), « Le verbe était la lumière véritable qui éclaire tout homme » (Jn 1,9), Jésus : « Je suis la lumière du monde » (Jn 8,12) … Rois, d’où l’appellation de Rois-Mages ! La clarté de ton aurore : le soleil se lève à l’orient !

– « Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi, vers toi viendront les richesses des nations. En grand nombre, des chameaux t’envahiront (…) apportant l’or et l’encens. ».  Il n’y a que la myrrhe qui manque … Et les chameaux, c’est le moyen de transport des mages pour la plupart des iconographes, parfois aussi des chevaux, … mais ils ne viennent jamais à pied ! Des rois-mages à pied ? Cela ne va pas !

Psaume :

« Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents. Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande. Tous les rois se prosterneront devant lui. »

Deuxième lecture :

« Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. ». Toutes les nations, donc des mages représentant tout le monde connu à l’époque, engagés dans un même projet … par l’annonce de l’évangile.

Mais ce qui fait la force de ces mages, c’est qu’ils cheminent ensemble, qu’ils marchent ensemble, qu’ils cherchent ensemble, qu’ils réfléchissent ensemble, qu’ils se prosternent ensemble, qu’ils adorent ensemble, qu’ils donnent ensemble, mais aussi qu’ils reçoivent ensemble … quoi ? un avertissement donné en songe, auquel tous croient, et qu’ils repartent ensemble chez eux … par un autre chemin …

Nous, qui sommes engagés, à la demande du pape François et de notre évêque, dans une démarche synodale, nous devrions prendre exemple sur ces mages, qui se sont engagés ensemble dans une même démarche : saluer le roi des juifs qui vient de naître, et qui repartent chez eux … par un autre chemin, un chemin qui n’est pas géographique, mais un chemin qui est différent de celui d’avant, … parce que ce sont eux qui ont changé, qui sont devenus autres après la rencontre avec ce petit enfant, avec Jésus … qui pourtant n’a pas pu leur dire grand-chose … mais a-t-on besoin de mots quand on se trouve face-à-face avec Dieu : un  regard suffit !

Alors, allons-y !

Mettons-nous ensemble de différents groupes : Communion !

Réfléchissons ensemble à l’avenir de notre Église : Participation !

Traçons des chemins pour aller vers les périphéries de l’Église : Mission !

Et nous en sortirons transformés par le regard de Dieu, de Jésus, qui sera avec nous tout au long de cette démarche : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » (Mt 18,20).

Seigneur Jésus,

permet que nous soyons comme les mages

qui sont venus d’adorer à Bethléem :

que nous sachions nous mettre ensemble

pour réfléchir ensemble

afin que notre Église soit accueillante,

ouverte aux autres,

et où règne l’amour,

l’amour dont tu nous aimes.

 

                                     Francis Cousin

 

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant : Image dim Epiphanie C




Fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph- Homélie du Père Louis DATTIN

SAINTE  FAMILLE

Vraie vie de famille

 Luc 2, 41-52

Au risque de vous étonner, je vais vous dire aujourd’hui que toute messe est une messe de mariage. A chaque messe, on célèbre un mariage, une Alliance nouvelle et éternelle : l’Alliance de Dieu et de l’homme. Dans chaque messe, Dieu se donne à l’homme et l’homme à Dieu. Toute la Bible nous raconte la saga de l’union de Dieu et de l’homme. Elle nous redit que Dieu aime l’Humanité comme un homme aime sa femme. Voilà pourquoi, l’Eglise place, juste après Noël, cette fête de la Sainte Famille.

Dieu est « famille » et veut être et vivre en famille avec nous.

Et nous, les familles chrétiennes, nous sommes chargées de revivre dans chacune de nos familles, le mystère de la Sainte Famille. Nous devons nous aimer, en famille, avec tout l’amour dont le Christ a aimé son père et sa mère.

. Dans une famille, le mari est responsable du salut de sa femme, et la femme devient responsable du salut de son mari, et les parents sont responsables du salut de leurs enfants, de les aimer assez pour les sauver.

. Cette fête célèbre la valeur contenue dans nos actes les plus ordinaires de la vie de famille. Qui, parmi vous, oserait dire, que sa famille est la Sainte Famille ? Comment voir le Seigneur, comme me le demande St-Paul, dans mon mari, dans ma femme, dans mes enfants ? Il nous faut la Foi pour cela !

Foi dans le Baptême, foi dans le mariage, foi dans l’amour, foi dans cette présence de Dieu dans chacune de nos familles.

Même dans la Sainte Famille, il fallait cette foi ! Joseph a dû faire foi en Marie. Il a dû croire en elle et Marie a dû croire en Joseph, faire confiance en son amour, à son respect, et Marie et Joseph ont eu foi dans leur enfant. Ils croyaient au mystère qui l’habitait. Ils ne comprenaient pas toujours.

. L’Evangile d’aujourd’hui le montre bien ! Mais ils faisaient confiance ! Jésus a montré lui aussi sa confiance à ses parents, puisqu’on nous dit : « Il leur était soumis », trente ans de vie commune à Nazareth, en famille, en vivant affectueusement une vie familiale toute simple, toute ordinaire.

Et nous ? Croyons-nous assez dans les autres ? Leur faisons-nous confiance ? Pour aimer, il faut la foi. Pour s’aimer, il faut se faire confiance à travers les désillusions, les crises, les épreuves : croire aux possibilités, à la richesse des différents membres de votre famille.

Toute la vie de famille est basée sur la foi. Si vous aimez votre mari, ce n’est pas parce que c’est l’homme le plus compréhensif, le plus tendre, le plus patient, le plus généreux. Non, car si votre amour ne s’adressait qu’à ces valeurs, vous seriez tentée de changer. Mais vous  devez  aimer  votre  mari  parce  que c’est le VÔTRE, parce que vous êtes liée à lui par le Sacrement de Mariage comme à une source indéfinie de mérites et de sainteté.

. Messieurs, si vous aimez votre femme, ce n’est pas nécessairement parce qu’elle est la plus belle, la plus douce, la plus tendre et la moins nerveuse du monde, mais parce qu’elle est votre femme, celle dont vous êtes responsable et dont vous aurez à rendre compte pour votre salut.

Et les parents, si vous aimez vos enfants, c’est parce que Dieu vous en  donne la charge. Vous ne les avez pas choisis à un concours des plus beaux bébés ou à une distribution des prix.

Vous les acceptez, comme Dieu vous les a envoyés et, comme de vrais parents, vous sentez, tous, dans votre cœur ce qu’il faut faire pour qu’ils réussissent leurs vies.

De même les enfants, si vous aimez vos parents, ce n’est pas parce qu’ils n’ont aucun défaut ou sont les meilleurs parents de la terre, mais vous les aimez parce que c’est votre père, c’est votre mère, parce qu’ils sont le 1er témoignage que Dieu a donné de sa paternité.

Voyez-vous, tout ceci est libérateur : l’amour que nous devons nous témoigner les uns les autres, dans une famille, au-delà des plaintes et des  reproches, doit  donner  libre  cours  à  une  carrière  indéfinie  de sainteté quotidienne, ordinaire, dans l’accomplissement de nos tâches conjugales et familiales.

C’est quand on aime et qu’on est aimé de cette façon-là que l’on devient le plus épanoui, le plus heureux.

. Il n’y a pas de bonheur qui approche le bonheur d’une vraie famille !

. Si vous avez, chez vous, un bébé, un petit enfant, vous avez fait l’expérience d’un amour gratuit, désintéressé : on l’aime sans mérite de sa part, sans condition et on lui pardonne son égoïsme, ses pleurs, ses caprices, ses cris qui empoisonnent tout le monde. Le travail qu’il donne, les inquiétudes qu’il cause : on ne songe même pas à lui pardonner, on s’en réjouit, on est rempli de joie et d’espoir.

C’est  dans  la  période  où  vous  avez  été  le plus aimé que vous avez   le plus grandi. On ne grandit  bien que  pour  et  par  les  êtres  qui nous aiment. Nous ne pouvons connaître croissance, épanouissement, harmonie que dans un milieu où nous nous sentons totalement compris et « AIMÉS ».

En vous disant cela, je vous dis, du même coup quel est le moyen le plus sûr de détruire une famille : c’est de la juger.

. A partir du moment où vous oubliez son caractère sacré et où vous jugez sans aimer, selon les apparences, les faiblesses, les cicatrices, les misères, les égoïsmes, vous détruisez la famille : ce qui explique peut-être pourquoi, il y a si peu de vraies familles chrétiennes.

. Il nous faut un motif absolu d’aimer les autres, sinon nous ne retrouverons jamais une raison proportionnée aux incroyables sacrifices que va vous demander dans une famille, la fidélité, la persévérance d’un amour conjugal et familial.

Une sainte famille est celle :

–   où l’on accepte de ne pas tout comprendre, comme Joseph et Marie au Temple de Jérusalem, mais de surmonter conflits et incompréhensions ;

–  où l’on accepte de toujours croire, de toujours s’aimer, malgré les déceptions et les souffrances.

. Un être n’est jamais perdu tant qu’il reste quelqu’un pour croire en lui et pour l’aimer. L’époux le plus indigne, la mère la plus misérable peuvent être sauvés s’il reste dans le cœur de son conjoint ou de ses enfants assez de foi pour reconnaître en lui le fils de Dieu au service de son Père, cette présence de Dieu que Jésus a voulu instaurer depuis Noël, depuis son Baptême, en chacun de nous.

Le monde a été sauvé, la Rédemption a pu se faire parce que pendant trente ans, dans une famille, on a cru les uns dans les autres et qu’on s’est aimé.

Notre  monde, à son tour, ne trouvera  son salut, son  sens, que si, dans  nos familles, il y a assez de foi, assez d’amour, assez de présence de Dieu dans nos maisons.   AMEN




Fête de la Sainte Famille – par Francis COUSIN (Lc 2, 22-40)

« Le pèlerinage de Jérusalem. »

 

Entre l’évangile d’hier et celui d’aujourd’hui, douze ans se sont passés …

La sainte famille vit sa vie, comme toutes les familles de Nazareth … Avec peut-être une différence, c’est qu’elle est très religieuse et respectueuse de la Loi. On apprend celle-ci à Jésus, on lui apprend les prières, les psaumes, l’histoire du peuple juif, et peut-être Joseph commence à l’emmener à la synagogue pour préparer sa Bar-Mitzvah l’année suivante. Et les parents faisaient tous les ans le pèlerinage de la Pâque à Jérusalem.

Cette année-là, Jésus fait partie du voyage. Un honneur, et sans doute une grande joie pour Jésus : aller à Jérusalem, voir, et entrer dans le Temple de Dieu.

Au retour, le premier soir, Marie et Joseph ne retrouvent pas Jésus. Bien souvent, les enfants se retrouvaient ensemble, entre copains et connaissances, pour marcher à leur rythme, et la famille se retrouvait le soir …

Il doit bien être quelque part ! On demande dans le convoi, dans la caravane des pèlerins (L’évangéliste Luc utilise le mot grec synodia, qui a donné synode : « communauté en marche » !).

Pas de Jésus ! On demande, on cherche … Toujours pas de Jésus … Premier jour !

Le lendemain, Marie et Joseph reprennent le chemin de Jérusalem … Deuxième jour !

Au matin, Marie et Joseph le cherchent, … et finissent par le trouver … Troisième jour !

Trois jours d’attente et d’angoisse pour les parents … comme les trois jours d’attente et d’angoisse pour tous les disciples de Jésus, entre sa mort et le jour de sa Résurrection …

Trois jours où Jésus manque !

Alors, quand Marie et Joseph le retrouvent « dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions », le sang de Marie ne fait qu’un tour, et comme l’aurait fait toute maman, elle houspille son fils : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! ».

Ce à quoi Jésus réplique : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »

Ton père : Joseph, le père nourricier …

Mon Père : Dieu, … chez mon père : dans le Temple de Jérusalem … et Jésus doit être chez son Père …

« Ainsi devient-il clair que ce qui apparaît comme désobéissance ou comme liberté inopportune à l’égard de ses parents, en réalité, est vraiment l’expression de son obéissance filiale. Il est dans le Temple non comme rebelle à ses parents, mais précisément comme celui qui obéit, avec la même obéissance qui le conduira à ma Croix et à la Résurrection. » (Benoît XVI, L’enfance de Jésus).

Ton père, mon Père … Cela a dû faire un choc dans l’esprit de Marie et de Joseph : « De quoi il parle ? » … et saint Luc nous dit : « Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. »

Malgré l’incompréhension, les choses s’arrangent : « Jésus descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis. ».

Mais cela reste gravé dans le cœur de Marie : « Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements. ».

On a une phrase semblable dans le même chapitre de saint Luc, juste après la visite des bergers à la crêche : « Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. » (Lc 2,19). C’était douze ans avant …

Seigneur Jésus,

on ne sait comment tu as su

que tu étais chez ton Père dans le Temple.

Sentiment inné ou communication

fréquente entre ton Père et toi

depuis ta naissance ?

Peu importe !

Mais tu es reparti avec Marie et Joseph

grandir devant ton Père et les hommes.

 

                                     Francis Cousin

 

 

 

 

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Noël – par Francis COUSIN (Lc 2, 1-14)

« Il est né le divin enfant … 

depuis plus de quatre mille ans

nous attendions cet heureux temps !»

 

C’est l’un des grands classiques des chants de Noël … qui a l’avantage de nous remettre dans l’histoire du peuple de Dieu, même si quatre mille ans est exagéré … puisque Abraham n’arrive en Palestine que vers -1850 ans, la Loi est donnée à Moïse vers -1250 … et l’annonce d’un Messie est encore beaucoup récente …

Et ce Messie attendu est avant tout un sauveur politique qui va rendre sa force à Israël …

Alors, quand les bergers entendent de l’Ange du Seigneur que : « Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ [l’oint], le Seigneur. », ils sont un peu surpris : Pourquoi l’Ange du Seigneur vient leur annoncer cela, en pleine nuit, à eux, des pauvres bergers qui vivent à l’écart des villes et villages, des gens peu recommandés …

Et cela s’aggrave quand ils entendent la suite : « Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. ». Alors, là, ils n’y croient plus du tout : Un nouveau-né, dans une mangeoire ! Cela ne correspond pas du tout avec celui qu’ils attendaient : un chef de guerre !

Heureusement, voici qu’arrive « une troupe céleste innombrable », les ’’chœurs angéliques’’ qui chantent ou disent « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. ».

Ils sont tellement nombreux, et ils disent ’’Gloire à Dieu’’, alors, ça doit être vrai. « Allons vérifier ! Allons à Bethléem ! »

Et c’était vrai !

Le Messie, le Fils de Dieu, vient sur terre comme tous les enfants, dans le ventre d’une mère !

Abaissement !

Que voient les bergers en arrivant : une jeune femme qui sourit à son enfant, qui le cajole, le caresse, lui fait des bizous … et un jeune homme qui prépare la mangeoire pour que l’enfant puisse dormir, qui mets un peu de paille, de l’herbe sèche, tout en souriant de ce qu’il a fait, par amour pour le petit … Et Marie qui donne le sein …

Attitude normale qu’ont tous les parents vis-à-vis de leur enfant ! On se plie aux exigences de l’enfant … mais on n’a pas l’impression que ce sont des exigences … c’est normal, il faut bien qu’il vive cet enfant … et il n’a que les parents pour l’aider.

Jésus, le nouveau-né, le Messie, ne peut rien faire sans l’aide de ses parents !

Dépendance !

Jésus, le Messie, vient sur terre par l’amour infini que son Père du Ciel a pour tous les humains.

Jésus, le Messie, est accueilli sur terre par l’amour que Marie et Joseph lui portent.

Dès le début, Jésus est une histoire d’amour !

Vous direz, « C’est normal, puisqu’il est fils du Dieu d’Amour ! »

Alors, que cet amour se déverse sur nous ! Et que chacun devienne une source d’amour, dans notre famille, dans nos relations, dans notre travail, dans nos activités sociales, … politiques ( !?) …

Et puis aussi … dans notre Église, dans notre paroisse, dans notre mouvement spirituel ou d’Église …

Tout le temps, mais surtout en ce moment où nous réfléchissons dans notre démarche synodale :

Que nous sachions quitter nos fonctions, nos titres, nos responsabilités, pour réfléchir avec tous ceux qui le veulent, tous au même niveau, comme simple baptisés …

Abaissement !

En sachant que nous marchons ensemble, dans une même direction qui est ultimement la même pour tous : le Royaume de Dieu, mais en attendant nous devons bâtir une Église qui tienne compte des uns et des autres, où chacun à son rôle à tenir, dans l’action, dans la réflexion, dans la prière ( et nous pensons plus particulièrement en ce jour de Noël à nos sœurs Carmélites et Dominicaines …). Nous ne pouvons rien faire sans les autres …

Dépendance !

Et rien ne pourra se faire sans l’amour des uns vis-à-vis des autres …

Abaissement !

Dépendance !

Amour !

Appliquons-nous ces termes qui sont ceux qui entourent la naissance de Jésus.

Seigneur Jésus,

Toi qui viens sur terre comme un enfant,

fais que notre comportement

devienne comme celui d’un enfant,

car c’est toi qui nous as dit :

« Si vous ne changez pas

pour devenir comme les enfants,

vous n’entrerez pas dans

le royaume des Cieux. »

 

                                     Francis Cousin

 

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant : Image dim Noël C




Nativité du Seigneur Jésus-Christ (messe de la nuit)- par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 2, 1-14).

 « Aujourd’hui vous est né un Sauveur »

(Lc 2,1-14)…

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre –
ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie.
Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine.
Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David.
Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli.
Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.
Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux.
L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte.
Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple :
Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur.
Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »
Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant :
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »

            Un recensement ordonné par Auguste, qui fut empereur de 30 av JC à 14 ap JC, obligea Joseph à quitter Nazareth, en Galilée, au Nord, avec Marie pour aller à Bethléem, la ville de David, au sud, près de Jérusalem, car il était un lointain descendant de David. Mais les jours où Marie devait enfanter étaient arrivés, et elle mit au monde son fils premier-né qu’elle coucha dans une mangeoire d’animaux par manque de place dans la salle commune où ils se trouvaient.

            D’un point de vue humain, cet événement est d’une incroyable simplicité, mais tout ici est « Parole de Dieu ». Grâce à un païen, Jésus, Sauveur des Juifs et des païens, naîtra dans la ville de David, et par Joseph, son père adoptif, il sera pleinement « fils de David ». Or, le Messie attendu devait être « fils de David » : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur » (Is 11,1-9 ; Mc 1,9-11).

            Michée avait prophétisé dès le 8° s av JC que « celui qui doit régner sur Israël naîtra à Bethléem », qui signifie en hébreu : « la maison du pain ». Or Jésus dira de Lui-même qu’il est le « pain de vie qui descend du ciel et donne la vie au monde » (Jn 6,32-63). Et à peine né, Marie le dépose dans une mangeoire, comme elle l’offrira plus tard en acceptant sa mort en Croix !

            Jésus est appelé ici « le fils premier né », et il est de fait le « premier né » d’une humanité nouvelle appelée à renaître du Don de l’Esprit qu’il est venu proposer à tout homme : « Personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair n’est que chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit ». « C’est une création nouvelle : l’être ancien a disparu, un être nouveau est là. Et le tout vient de Dieu » (Jn 3,5-72 ; Co 5,17-18). Par sa résurrection, il sera aussi « le premier né d’entre morts » (Col 1,18), et par là l’exemple déjà accompli de ce que nous sommes tous appelés à vivre au dernier jour du monde… Et Marie recevra  au pied de la Croix la pleine révélation de sa vocation : être la Mère de l’humanité tout entière appelée elle aussi à renaître de la mort (Jn 19,25-27)…

Dans la crèche, Jésus est « enveloppé de langes » comme il sera « enveloppé d’un suaire » avant d’être mis au tombeau. Et St Luc parle ici d’une « salle », un mot qui ne reviendra qu’une seule fois dans son Evangile, juste avant la Passion, lorsque Jésus instituera l’Eucharistie dans cette « salle » que lui ont préparée Pierre et Jean (Lc 22,11). Là se révèlera le sens profond de toute sa vie : « Ceci est mon corps, donné pour vous », pour le salut de tous les hommes pécheurs représentés ici par ces « bergers » considérés autrefois comme des voleurs… Et c’est bien à eux que les Anges transmettent la Bonne Nouvelle : « Voici que je vous annonce une grande joie qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur ! Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime », à tous les hommes qu’il aime et qu’il appelle à la conversion et au salut (Lc 5,31 ; 1Tm 2,3-6) !

                                                     DJF




Solennité de la Nativité du Seigneur- Homélie du Père Louis DATTIN

NOËL

Jésus vient vers nous

« Il est venu chez les siens, nous rappelle St-Jean, et les siens : c’est-à-dire, nous, les chrétiens, ne l’avons pas reçu ».

Aussi ces refus de Bethléem, ce Dieu mis sur la paille, doit-il me faire réfléchir et me poser cette question : le Christ est-il reçu chez moi ? Présent dans ma conscience, dans ma famille, dans mes affaires, dans mes projets ? Suis-je capable de lui dire à tout moment : « Mais Seigneur, c’est vous, entrez donc ».

A chaque fois, qu’un évènement heureux ou malheureux survient, qu’il y a un acte à poser, un geste à faire, chaque fois, c’est une demande de Dieu à pénétrer dans ma vie : est-il le bienvenu ? Ou un gêneur ?

Trop souvent, notre prudence humaine, nos sécurités, notre souci de confort intérieur, vont l’obliger comme avec les habitants de Bethléem, à faire ce porte à porte inutile, qui le chasse de chez moi, puis de ma ville, enfin de mon époque et de ma civilisation qui devient païenne.

Au XXIe siècle, quelle place fait-on au Christ ? Oh ! Pas dans le tabernacle, ni dans nos églises, mais dans nos conversations, nos bureaux, nos hôpitaux, nos médias, nos tribunaux, nos écoles, nos journaux, au foyer, dans le monde des affaires, dans la vie conjugale, dans l’éducation des enfants ?

Le Christ c’est toujours le petit pauvre, éconduit, chassé, que l’on pourrait faire naitre maintenant dans une vieille case de la banlieue, abandonné de tous.

 

Ainsi, à Noël, Dieu se fait voir tel qu’il est : un petit, un faible, un pauvre, un Dieu qui ne s’impose pas, qui ne forcera pas notre porte mais qui, chez nous, demande l’hospitalité, en nous, demande à être accueilli…Ce n’est pas sa manière d’entrer de force. Il frappe discrètement et attend qu’on lui ouvre. Jamais il ne s’imposera : car il nous a créés libres, c’est-à-dire capables de l’accueillir ou de le chasser. Il désire avant tout notre amour, et l’amour de l’autre, ça ne se force jamais…Le Christ n’est pas comme nous à vouloir posséder des choses. Ce qu’il désire, lui, c’est attirer les personnes… des personnes libres et aimantes. Les choses peuvent être belles et précieuses comme l’est un diamant au doigt d’une femme… mais il est sans amour : lui, le Messie ;

C’est notre amour qu’il recherche, un amour libre qui lui dise ‘’d’entrer dans notre vie’’.

C’est donc toute ma vie chrétienne qui est basée sur cet accueil.

            Le Christ a-t- il sa place chez nous ou reste-t-il à la porte ?

« Voilà, nous dit-il, dans le livre de l’Apocalypse, que je me tiens à ta porte et que je frappe et si quelqu’un (admirez la discrétion de ce ‘’si’’) si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui, et lui près de moi ».

Dieu n’est pas quelqu’un vers qui l’on va ou vers qui l’on monte ; il est à la fois trop loin et trop haut pour qu’on puisse l’aborder :

« Mes voies ne sont pas vos voies. Vos chemins ne sont pas les miens ».

C’est bien pour cela, qu’à Noël, c’est lui qui vient vers nous, qui se fait homme pour vivre avec nous, pour s’établir parmi nous et demeurer en nous.

Tout donc, dans la vie spirituelle du chrétien est une question d’accueil. Dieu est le maître du ‘’Dedans’’. Tant qu’il n’a pas pénétré dans notre vie, il reste impuissant comme le bébé réfugié dans l’étable. Mais « si quelqu’un m’aime, il écoutera ma parole et mon Père l’aimera : nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre Demeure ».

« Nous établirons chez lui notre demeure ». A quoi donc allons-nous le reconnaître pour l’accueillir lui et non pas un autre ? « Ceci vous servira de signe, disent les anges aux bergers, vous trouverez un nouveau-né couché dans une crèche ». Signe éclatant, merveilleux, inouï ? Non pas ! Il va falloir reconnaitre Dieu dans notre vie la plus ordinaire, celle de tous les jours à chaque fois que vous aurez :

–   gardé le sourire dans une difficulté

–   acquiescé sans rien dire à une réflexion désobligeante

–   dit ‘’bien sûr’’ à un service que l’on vous demandait

–   dominé votre colère qui allait éclater

–   surveillé votre langage devant vos enfants

–   essayé de comprendre votre femme ou votre mari

–   évité de juger votre collègue ou votre voisine…

A chaque fois, c’est à Dieu que vous avez ouvert votre porte, c’est au Christ que vous avez dit ‘’Entrez’’.

Mais ce sont des petits riens, des détails auxquels nous ne faisons pas attention. Vous le reconnaitrez à ce signe : « Un tout petit couché dans une mangeoire ».

Si petit soit-il, si pauvre qu’il paraisse, il pourra vous dire au dernier jour : « J’étais un étranger et tu m’as accueilli ».  AMEN