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2ième Dimanche de l’Avent – Homélie du Père Louis DATTIN

La  promesse

Lc 3, 1-6

Vous avez peut-être remarqué, mes frères, avec quelle solennité, voire même quelle emphase, commence ce passage de l’Evangile : « L’an quinze de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de Judée, Hérode prince de Galilée, son frère Philippe prince d’Iturée et de Traconitide, Lysinias prince d’Abilène, les grands prêtres étant Anne et Caïphe, la  parole de Dieu fut adressée, dans le désert, à Jean, fils de Zacharie ». On passe brusquement de l’empereur romain, de tous les princes de la région, à un pauvre homme qui prêche dans le désert. L’important pour Luc, ce ne sont pas les princes et les rois, sinon pour dater l’évènement, c’est l’aurore du salut de Dieu  et cette aurore commence avec un homme tout seul dans le désert. Tout cela est aussi discret qu’un lever de soleil : le 1er rayon, faible petite lueur, à peine visible dans l’ombre immense de la nuit.

Et pourtant, c’est  cette petite lueur qui bientôt va s’agrandir et devenir dans quelques heures, le grand jour, la lumière triomphante de midi ! Passage de la nuit à la lumière : c’est bien cela le temps de l’Avent. La lueur commence à poindre, le petit jour s’installe. « Debout Jérusalem ! Tiens-toi sur la hauteur, nous rappelle Baruc, et regarde vers l’Orient : tes enfants se rassemblent au Levant ».

Nous guettons « le jour de Dieu », la lumière du Christ qui est annoncé et qui bientôt va briller. Jean le Baptiste est là pour l’annoncer. Nous devons être sur le qui-vive, à l’affût, non pas comme la vigie du bateau pour crier « Terre », mais comme le veilleur de nuit pour dire aux  autres : « Attention, la lumière commence à briller, bientôt elle nous éclairera, tous ».

Les chrétiens sont les vigies du monde à venir, les guetteurs, puis les annonceurs de la joie qui demain envahira le monde.

Pensons à cet homme, celui, qui le 11 novembre 1918, à 11h, est  convoqué chez le colonel qui lui dit : « Clairon, prenez votre instrument. Vous allez sonner l’Armistice ». Lui, qui, il y a un instant encore, était sans doute, las, découragé, piétinant dans la boue de sa tranchée, avec quelle joie et avec quelle rapidité, il a dû aller chercher son clairon, avec quel ferveur, il a dû sonner cet armistice, mettant fin au supplice de millions de personnes !

Mes frères, c’est cette joie-là, c’est cette ferveur-là qui doit nous animer pendant l’Avent. Nous voyons pointer la lumière de Dieu, la paix de Dieu, sa justice. La Bonne Nouvelle est sur le point d’éclater et nous attendons avec impatience, avec ferveur, le moment où « tout homme verra le salut de Dieu ». Reportez-vous à vos souvenirs d’enfance : la veille de Noël ! Que nous avions hâte de le voir arriver, ce petit matin pour, avec la permission de nos parents, aller voir, auprès de la cheminée, ce qu’il y avait dans nos souliers… !

Ah ! Mes frères, si, pendant cette période de l’Avent, nous attendions avec autant d’intensité, autant de désirs intérieurs, autant d’espérance la venue de Dieu, son Royaume de justice, de paix, de fraternité entre les hommes !

Noël sera-t-il pour nous, un événement intérieur, le salut joyeux de l’arrivée de la lumière du Christ dans un monde tout rongé par l’égoïsme, miné par la haine, défiguré par l’orgueil ?

Noël, c’est la chance donnée par Dieu de recommencer avec le nouveau-né, une vie nouvelle, toute de fraîcheur, de simplicité, d’oubli de soi, de joie rayonnante.

Oui, Noël  peut être  tout cela  pour  nous, si, nous  le  rappelle Jean-Baptiste, nous sommes prêts à accueillir celui qui doit venir.

Pour être prêts, il est nécessaire, nous dirait monsieur de la Palice, de se préparer. Oui, il y a toute une préparation à Noël, tout un travail intérieur à effectuer si nous voulons vraiment que Noël soit un vrai Noël, c’est-à-dire le départ d’une vie nouvelle, une naissance, une renaissance dans notre vie, un nouveau départ, un recommencement.

Voici pourquoi Jean-Baptiste nous crie, dans notre désert d’amour : «  Convertissez-vous, changez de direction, redressez la barre » ;

 « Oui, préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers, les ravins sont comblés, toutes les montagnes et collines abaissées. Les passages sinueux seront redressés, les routes déformées remises en état ».

Oui, l’Avent, c’est cet immense chantier de l’Eglise qui veut faire passer le Seigneur qui arrive, sur une route triomphale : chantier intérieur, chantier spirituel.

 De nos jours, combien d’obstacles encore gênent la marche du Seigneur sur le chemin qui va vers nous et vers les autres : les rugosités de notre caractère, les déviations de notre foi, les fossés d’incompréhension entre les hommes, les montagnes de préjugés et d’indifférences, les sinuosités de tous nos mensonges, les fossés créés par le racisme et les différences sociales, les jalousies.  Oh, si dans tout ce relief tourmenté d’un monde raviné par le péché, une route large, droite, aplanie pouvait aller jusqu’au cœur de chacun afin que le jour de Noël, le Seigneur puisse l’emprunter sans difficultés pour aller jusqu’à notre cœur, jusqu’au cœur du monde contemporain afin que tout homme puisse voir le salut de Dieu !

 Noël,  sera-t-il une révélation, une illumination,  un accueil triomphal à celui qui vient nous sauver ? Oui, c’est possible, pour chacun de nous, pour nous tous, si cette attente devient préparation active d’un événement que l’on doit préparer.

Car il va changer quelque chose en nous et autour de nous.  Alors, que devons-nous faire pour nous convertir ? Que devons-nous changer dans notre vie ?

Là, mes frères, je ne peux pas répondre à votre place. C’est à vous de voir, de décider, au cours de cette messe et dans les jours qui vont suivre, ce que vous pouvez faire pour que ce Noël marque une étape, marque un changement et devienne pour vous, à la fois, un « événement » et un « avènement » c’est-à-dire un nouveau départ, une naissance, une renaissance de la vie du Christ en vous!

A côté de  l’empereur Tibère, de Ponce Pilate, d’Hérode et des grands prêtres, Jean, ce pauvre homme qui criait dans le désert « Convertissez-vous » ne  faisait  pas  le  poids. Ils  ont  dû  sourire  en  entendant parler de cet illuminé qui disait : « Préparez-vous ! », « Faites attention, il va venir, celui que vous attendez ! », et pourtant, c’était lui et non pas les autres, qui était en train de changer la destinée du monde.

Alors, nous aussi, si nous nous disons : « A quoi bon, moi, dans ma famille, moi, dans mon bureau, moi, dans mon quartier ou ailleurs, à quoi bon me remuer ? », souvenons-nous que c’est en nous, que c’est par nous que passe l’annonce du salut de Dieu et que c’est à nous que Dieu donne la charge de conduire le monde dans la joie, à la lumière de sa miséricorde et de sa justice. Dans notre vieux monde paganisé, nous avons l’impression de crier, nous aussi, dans le désert. Faisons comme Jean. Soyons les annonceurs du sauvetage : « Tout homme verra le salut de Dieu ».  AMEN




Rencontre autour de l’Évangile – 2ième Dimanche de l’Avent

« Préparez le chemin du Seigneur… »

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Lc 3, 1-6)

Le deuxième dimanche de l’Avent nous ramène au début de l’Évangile de Luc, juste après les premiers chapitres qui forment un bloc spécial et qu’on appelle « l’Évangile de l’Enfance ». L’Évangile proprement dit débute avec le ministère de Jean Baptiste.

Regardons-réfléchissons-méditons

Faire lire lentement le texte

L’an quinze du règne de l’empereur Tibère…  : Quelle est l’importance de cette indication de date et des noms de ces personnages de l’histoire politique et religieuse ?

La  parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean :

Qui est ce Jean dont parle l’évangéliste Luc ?  Quelle est sa vocation ?

 Un baptême de conversion : Comment se passait le baptême donné par Jean ? Et que signifie ici le mot « conversion ».

 Pour le pardon des péchés : Jusqu’à présent, dans la tradition du peuple juif, qu’est-ce qu’il fallait faire pour obtenir le pardon des péchés ?

 Le prophète Isaïe : Qui est ce grand prophète ? Quel a été son rôle pour la venue du Messie ?

 Préparez le chemin du Seigneur : Quel changement Jean réclame à tous ceux qui viennent vers lui ?

 Ravin comblé…Montagne et colline, abaissées…passages tortueux redressés …routes déformées aplanies : A quoi nous font penser toutes ces images ?

 Tout homme verra le salut de Dieu : Pour qui sera le salut apporté par le Messie qui vient ?

 

Pour l’animateur 

Luc prend soin de montrer Jean dans son rôle de prophète de façon solennelle : il l’inscrit dans l’histoire du pays d’Israël, en nommant les personnages du pouvoir politique et du pouvoir religieux en vigueur en Palestine ; ces indications permettront aux destinataires de l’évangile de vérifier que l’enseignement qui sera donné, ne repose pas sur des fables, mais porte sur des événements réels qui se sont produits à une époque connue. 

Jean est le fils de Zacharie et d’Élisabeth. Sa vocation est semblable à celle des prophètes. Il porte la parole que Dieu lui a adressée. C’est un prophète itinérant ; il va pourtant voir les foules venir vers lui : en fait le changement de mœurs qu’il prêche et le baptême qu’il donne correspondent à l’attente du peuple. 

Il pratiquait le baptême en plongeant les gens dans l’eau du Jourdain : en même temps qu’il leur demandait de se décider pour Dieu, il leur annonçait que Celui qui vient était prêt à effacer leurs péchés, par la simple plongée dans les eaux vives du Jourdain. Jusque-là, pour le pardon des péchés, il fallait offrir des sacrifices dans le Temple.

Le ministère de Jean accomplit celui d’Isaïe, le grand prophète des temps messianiques, qui a annoncé la « Consolation d’Israël », c’est à dire le Sauveur qu’attendaient les hommes pieux (comme  Siméon). 

Préparez le chemin du Seigneur : c’est le nécessaire changement de mentalité pour accueillir le salut. Pour décrire cette transformation, Jean Baptiste reprend les images d’un gigantesque chantier (utilisés par Isaïe) tel que celui que l’on voit quand ont construit une grande route.

« Tout homme verra le salut de Dieu » : Luc annonce que le message de salut s’adressera  à tous les hommes, afin de les  sauver tous.

 

TA PAROLE DANS NOTRE COEUR

Seigneur Jésus, ta venue a été préparée par le prophète Jean Baptiste. Aujourd’hui encore tu as besoin de beaucoup de « prophètes » nourris de la Parole de Dieu pour ouvrir devant toi des chemins. Donne-nous de tracer de nouvelles routes pour que ton Évangile arrive jusqu’à nos frères et sœurs d’aujourd’hui et transforme leur cœur, qu’ils puissent voir le salut que tu apportes.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

La Parole aujourd’hui dans notre vie

Quelle est la bonne nouvelle de ce passage d’évangile ?

Quel visage de Dieu nous est révélé ?

Dieu veut que tous les hommes soient sauvés : voilà la Bonne Nouvelle. Cet évangile nous révèle un Dieu patient et miséricordieux, qui en même temps n’accepte pas tout ce qui défigure son image qui est en nous. Par Jean Baptiste, il nous dit : “ Convertissez-vous ” ,“ préparez les chemins du Seigneur 

Ces appels veulent dire la même chose : Comment y répondre concrètement, aujourd’hui, dans notre vie de tous les jours ?

Il peut arriver que nous nous disons « chrétiens », alors que dans la vie nous acceptons des complicités avec le mal, des “ la di la fé ”, des mensonges, avec des injustices, avec des comportements contraires à l’Évangile de Jésus et des désordres indignes des disciples de Jésus.

Qu’avons-nous fait de notre baptême ?

En quoi le fait de porter le nom du Christ (chrétien) a changé quelque chose dans notre vie ?

Acceptons-nous que Jésus, par son Évangile et son Église, aie un droit de regard sur notre vie, non pour nous condamner, mais pour nous inviter à nous “ convertir ” quand il y a eu des dérapages ?

De nos jours bien des obstacles s’opposent encore à la marche de l’Évangile : déviations de notre foi, des fossés d’incompréhension entre les hommes, des montagnes d’indifférence, d’égoïsme…et quoi encore ?

 

ENSEMBLE PRIONS   

Seigneur Jésus, prépare toi-même dans le désert de notre cœur le chemin de ta venue.

Les collines de notre orgueil, abaisse-les par ton humilité.

Les vallées du désespoir, comble-les par ton espérance.

Les chemins tortueux de nos mensonges, redresse-les par ta vérité.

Chant :  Jean-Baptiste  p. 159  (carnet des paroisses)- Notre  Père…

 

 

 

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Audience Générale du Mercredi 24 Novembre 2021

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 24 Novembre 2021


Catéchèse sur saint Joseph – 2. Saint Joseph dans l’histoire du salut

Chers frères et sœurs, bonjour !

Mercredi dernier, nous avons commencé le cycle de catéchèse sur la figure de St Joseph – l’année qui lui est consacrée touche à sa fin -. Aujourd’hui, nous poursuivons ce parcours en nous arrêtant sur son rôle dans l’histoire du salut.

Dans les Évangiles, Jésus est désigné comme « fils de Joseph » (Lc 3,23 ; 4,22 ; Jn 1,45 ; 6,42) et « fils du charpentier » (Mt 13,55 ; Mc 6,3). Les évangélistes Matthieu et Luc, en racontant l’enfance de Jésus, accordent une place au rôle de Joseph. Tous deux composent une « généalogie » pour mettre en évidence l’historicité de Jésus. Matthieu, s’adressant surtout aux judéo-chrétiens, part d’Abraham pour arriver à Joseph, défini comme « l’époux de Marie, de qui est né Jésus, appelé le Christ » (1,16). Luc, lui, remonte jusqu’à Adam, en commençant directement par Jésus, qui  » était le fils de Joseph « , mais précise :  » à ce que l’on pensait  » (3,23). Par conséquent, les deux évangélistes présentent Joseph non pas comme le père biologique, mais comme le père à plein titre de Jésus. Par lui, Jésus accomplit l’histoire de l’alliance et du salut entre Dieu et l’homme. Pour Matthieu, cette histoire commence avec Abraham, pour Luc avec l’origine même de l’humanité, c’est-à-dire avec Adam.

L’évangéliste Matthieu nous aide à comprendre que la figure de Joseph, bien qu’apparemment marginale, discrète, en arrière-plan, représente au contraire un élément central de l’histoire du salut. Joseph vit son protagonisme sans jamais vouloir s’imposer sur la scène. Si l’on y réfléchit,  » nos vies sont tissées et soutenues par des personnes ordinaires, souvent oubliées, qui ne font pas la une des journaux et des revues […]. Que de pères, de mères, de grands-pères et de grands-mères, que d’enseignants montrent à nos enfants, par des gestes simples et par des gestes quotidiens, comment affronter et traverser une crise en réadaptant les habitudes, en levant le regard et en stimulant la prière ! Que de personnes prient, offrent et intercèdent pour le bien de tous « . (Lett. ap. Patris corde, 1). Ainsi, tous peuvent trouver en saint Joseph, l’homme qui passe inaperçu, l’homme de la présence quotidienne, de la présence discrète et cachée, un intercesseur, un soutien et un guide dans les moments difficiles. Il nous rappelle que tous ceux qui sont apparemment cachés ou en « seconde ligne » ont un rôle sans égal dans l’histoire du salut. Le monde a besoin de ces hommes et de ces femmes : des hommes et des femmes en seconde ligne, mais qui soutiennent le développement de notre vie, de chacun de nous, et qui par la prière, par l’exemple, par l’enseignement nous soutiennent sur le chemin de la vie.

Dans l’Évangile de Luc, Joseph apparaît comme le gardien de Jésus et de Marie. Et pour cette raison, il est aussi « le Gardien de l’Église : mais, s’il a été le gardien de Jésus et de Marie, il travaille, maintenant que tu es au ciel, et continue à être le gardien, dans ce cas de l’Église ; parce que l’Église est le prolongement du Corps du Christ dans l’histoire, et en même temps dans la maternité de l’Église est esquissée la maternité de Marie. Joseph, en continuant de protéger l’Église, – s’il vous plait, n’oubliez pas ceci : aujourd’hui, Joseph protège l’Église, continue de protéger l’Enfant et sa mère » (ibid., 5). Cet aspect des soins prodigués par Joseph est la grande réponse au récit de la Genèse. Lorsque Dieu demande à Caïn de rendre compte de la vie d’Abel, il répond : « Suis-je le gardien de mon frère ? » (4,9). Joseph, par sa vie, semble vouloir nous dire que nous sommes toujours appelés à nous sentir les gardiens de nos frères et sœurs, les gardiens de ceux qui nous sont proches, de ceux que le Seigneur nous confie à travers toutes les circonstances de la vie.

Une société comme la nôtre, que l’on a qualifiée de « liquide », parce qu’elle semble n’avoir aucune consistance. Je corrigerai le philosophe qui a inventé cette définition et dirai : plus que liquide, gazeuse, une société proprement gazeuse. Cette société liquide, gazeuse trouve dans l’histoire de Joseph une indication bien précise sur l’importance des liens humains. En effet, l’Évangile nous raconte la généalogie de Jésus, non seulement pour une raison théologique, mais aussi pour rappeler à chacun de nous que notre vie est faite de liens qui nous précèdent et nous accompagnent. Le Fils de Dieu, pour venir au monde, a choisi la voie des liens, le chemin de l’histoire : il n’est pas descendu dans le monde magiquement, non. Il a suivi le chemin historique que nous suivons nous tous.

Chers frères et sœurs, je pense à tant de personnes qui peinent à trouver des liens significatifs dans leur vie, et c’est précisément pour cette raison qu’elles luttent, qu’elles se sentent seules, qu’elles n’ont pas la force et le courage pour aller de l’avant. Je voudrais conclure par une prière pour les aider, ainsi que nous tous, à trouver en saint Joseph un allié, un ami et un soutien.

Saint Joseph,
toi qui as gardé le lien avec Marie et Jésus,
aide-nous à prendre soin des relations dans nos vies.
Que personne ne ressente ce sentiment d’abandon
qui vient de la solitude.
Que chacun se réconcilie avec sa propre histoire,
avec ceux qui l’ont précédé,
et reconnaisse, même dans les erreurs commises
une manière par laquelle la Providence s’est frayé un chemin,
et le mal n’a pas eu le dernier mot.
Révèle-toi ami avec ceux qui luttent le plus,
et comme tu as soutenu Marie et Jésus dans les moments difficiles,
ainsi soutiens-nous aussi dans notre chemin. Amen.


Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier les pèlerins du Diocèse de Lyon. Le Seigneur a mis sur notre route des frères et sœurs qui souffrent, qui se sentent seules ou qui ont perdu force et courage. Sachons les reconnaître et que Saint Joseph nous aide à devenir leurs amis et leur soutien sur le chemin de vie. Que Dieu vous bénisse.




1er Dimanche de l’Avent – par Claude WON FAH HIN

Commentaire  du samedi 27 et Dimanche 28 Novembre 2021

1er dimanche de l’Avent – Année C

Jérémie 33.14–16 ; 1·Thessaloniciens 3.12—4.2 ; Luc 21.25–36

Aujourd’hui, c’est le 1er dimanche de l’Avent qui marque le début d’une nouvelle année liturgique. « Le nom « adventus », avènement, arrivée, a donné le français « Avent ». Ce terme désignait, dans l’Antiquité, la réception solennelle d’un haut dignitaire, comme par exemple l’accueil triomphal d’un nouvel empereur entrant dans sa capitale». L’Avent est donc le temps de l’accueil de Dieu qui s’approche, qui arrive parmi les hommes en s’incarnant en la personne du Christ, c’est sa naissance au jour de Noël. La période de l’Avent est le temps de préparation de la venue du Christ au jour de Noël. « Dieu ne craint pas de venir, de s’approcher de sa création (malmenée par le péché) jusqu’à pénétrer en elle, jusqu’à l’habiter, jusqu’à l’illuminer…Il donne à l’humanité une dignité bouleversante: celle d’être le lieu où toute la Création peut accueillir l’avènement, l’Adventus (l’arrivée) de son Seigneur. Ainsi, en manifestant à l’humanité une confiance inaliénable, au point de venir assumer le cœur de son histoire, Dieu se présente à elle comme son Sauveur. – Dieu ne craint pas d’abandonner ses prérogatives pour venir partager la vie et les souffrances des hommes qu’il aime ».  Saint Anselme nous dit que le mystère de l’incarnation est un mystère joyeux parce que le péché n’y touche en aucune manière: c’est un mystère de pureté sans ombre, de beauté, qui récapitule toute l’innocence originelle de l’homme et de la femme ». C’est la Pureté qui prend corps. Et saint Irénée complète en disant : « Lorsqu’il s’est incarné et s’est fait homme, il a récapitulé (résumé, synthétisé) en lui-même la longue histoire des hommes et nous a procuré le salut en raccourci… il a sanctifié tous les âges …C’est pourquoi il est passé par tous les âges de la vie: en se faisant nouveau-né parmi les nouveau-nés, il a sanctifié les nouveau-nés; en se faisant enfant parmi les enfants, il a sanctifié ceux qui ont cet âge et est devenu en même temps pour eux un modèle de piété, de justice et de soumission; en se faisant jeune homme parmi les jeunes hommes, il est devenu un modèle pour les jeunes hommes et les a sanctifiés pour le Seigneur. C’est de cette même manière qu’il s’est fait aussi homme d’âge parmi les hommes d’âge, afin d’être en tout point le Maître parfait, non seulement quant à l’exposé de la vérité, mais aussi quant à l’âge, sanctifiant en même temps les hommes d’âge et devenant un modèle pour eux aussi ». Ainsi par son incarnation et toute sa vie sur terre, le Christ a sanctifié tous les âges de la vie des hommes.

–  L’Evangile d’aujourd’hui nous parle du retour du Christ « venant dans une nuée avec puissance et grande gloire » à la fin des temps. La fin des temps, on pense généralement qu’elle est encore bien loin. Or, elle est déjà arrivée avec l’incarnation du Christ, depuis deux mille ans. Et Luc nous dit : «25 il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur la terre, les nations seront dans l’angoisse, inquiètes du fracas de la mer et des flots; 26 des hommes défailliront de frayeur, dans l’attente de ce qui menace le monde habité, car les puissances des cieux seront ébranlées. 27 Et alors on verra le Fils de l’homme venant dans une nuée avec puissance et grande gloire. ». Notre première réaction est un sentiment figé d’angoisse, on reste « bouche bée » et on ne sait plus quoi penser car nous sommes les enfants de Dieu. Si c’est le cas, c’est que le chrétien que nous sommes, nous ne comprenons pas le langage apocalyptique de Luc. Pour essayer de comprendre, faisons un saut juste après la Pentecôte où les langues de feu se sont posées sur les apôtres. Pierre (Ac 2,16-21) reprend en partie les paroles du prophète Joël 3,1-5 qui dit: « dans les derniers jours (donc à partir de l’incarnation de Jésus), je répandrai de mon Esprit sur toute chair ( c’est le jour de la Pentecôte)…Et je ferai des prodiges là-haut dans le ciel et des signes ici-bas sur terre. Le soleil se changera en ténèbres et la lune en sang avant que vienne le Jour du Seigneur, ce grand Jour… ». Dieu répandra son Esprit sur toute chair et…le soleil se changera en ténèbres et la lune en sang avant que ne vienne le Jour du Seigneur ». Pierre vient de rappeler ce qui se passera le jour de la Pentecôte annoncé par le prophète Joël, et pourtant ce jour-là personne n’a vu le soleil se changer en ténèbres et la lune en sang. « Les judéo-chrétiens eux-mêmes n’ont jamais pris ces images au pied de la lettre ». C’est la raison pour laquelle il faut comprendre autrement le texte de Luc qui reprend les paroles d’Is 13,10 et d’Ez 32,7. A l’époque, les astres évoquent un monde mystérieux, qui rythme en quelque sorte le temps du monde terrestre, avec la nuit et le jour, le chaud et le froid, la sécheresse et l’inondation etc…ces astres semblaient avoir un pouvoir sur la terre et les êtres humains. Pour calmer ces astres capables de causer des ravages sur la terre, les hommes – dans leur ignorance et leurs superstitions – leur rendaient un culte et des offrandes pour apaiser leur colère et s’assurer leurs faveurs, faisant ainsi de ces astres…des divinités, des puissances divines, les considérant comme des dieux ou déesses telle que le dieu Jupiter ou la déesse Vénus…L’astronomie, à cette époque, était mélangée avec des pratiques divinatoires, magiques et idolâtriques. Israël aussi n’échappe pas à la tentation des cultes astraux. Et comme ces dieux astraux sont des astres lumineux, lorsque Luc annonce la venue du Seigneur, Dieu véritable, Lumière du monde, alors les astres qui ne sont que de fausses divinités, des idoles, deviennent de pâles lumières qui s’obscurcissent jusqu’à s’éteindre devant cette brillante Lumière du monde qu’est notre Dieu, Père, Fils et Saint Esprit. Le Père Michel Hubaut, théologien franciscain, nous dit : « Ces signes cosmiques de la fin des temps ne sont donc pas des visions de cauchemars, mais les signes précurseurs de la victoire définitive du Seigneur sur toutes les peurs ancestrales qui aliènent l’homme. Luc n’entend pas nous donner ici une description de la fin du monde, mais il annonce une intervention décisive du Seigneur, commencée avec l’incarnation et la résurrection de Jésus, inaugurant ainsi les « derniers temps » qui trouveront leur accomplissement au cours de son ultime manifestation.

Ce jour-là, celui du « Jour du Seigneur », toutes les divinités païennes, assyriennes, babyloniennes, symbolisées à cette époque par le soleil, la lune et les étoiles, disparaîtront dans la Lumière du Dieu unique (Is 24,19-23). Ce qui signifie que toutes nos idoles, celles d’hier et celles d’aujourd’hui, ne feront pas le poids en présence de Dieu ». La brève parabole du figuier et les autres arbres, montre bien, avec tous leurs bourgeonnements, que le monde renaît avec la venue du Royaume de Dieu, et cette venue c’est celle du retour triomphal du Christ. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter puisque Dieu est parmi nous, en nous, à condition de ne pas lui fermer nos cœurs. Il nous donne ou redonne la vie en abondance, avec ses grâces, ses bénédictions, sa paix, sa sagesse et son amour offerts à qui le lui demande par leurs prières. Le monde sera probablement envahi, de toute part, par des attaques anti-Christ de toutes sortes, depuis les sectes innombrables, en passant par les super-puissances financières accompagnant toutes sortes de corruption et de guerre, sans compter les extrémistes toutes catégories confondues, un monde de plus en plus ingrat envers notre Créateur, ayant pour cible les chrétiens du monde entier. A Padre Pio, Jésus lui dit: « Avec quelle ingratitude, les hommes répondent à mon amour!…Mon fils, ne crois pas que mon agonie n’ait duré que trois heures, non, à cause des âmes que j’ai le plus comblées, je serai en agonie jusqu’à la fin du monde ». Dans ce monde difficile, désordonné, avec les valeurs chrétiennes remises en question par les décideurs, et dans ce peuple de Dieu parfois endormi, le Fils de l’homme vient avec puissance et gloire pour une victoire définitive sur les « puissances des cieux » (v.26), sur les « forces célestes » (note de Mt 24,29) ou encore sur « les astres divinisés » (Is 24.21 – TOB) qui seront ébranlées ». On est déjà loin des simples astres qui s’assombrissent, mais on parle de ces « forces célestes » qui font croire aux hommes que les astres – soleil – lune – étoiles – sont des dieux devant qui ils doivent s’agenouiller et offrir des sacrifices, les détournant ainsi de l’unique Dieu véritable qui s’est révélé au peuple juif et que le Christ nous a fait connaître. Jn 9,5 : « Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. Jn 8,12 : « Moi, je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie ». Il nous faut alors nous redresser et relever la tête parce que notre délivrance est proche (v.28 de l’évangile d’aujourd’hui), délivrance de l’ignorance, délivrance d’une méconnaissance de la parole de Dieu, délivrance des superstitions, délivrance d’un état de mal croyance, délivrance du péché et donc de la mort, non pas de la mort physique, corporelle, mais de la mort éternelle (enfer), et donc avoir le salut par la grâce de Dieu. Loin de nous faire peur, ce texte de l’évangile selon saint Luc nous redonne l’espérance d’être un jour avec Dieu pour l’éternité. Car Dieu est Lumière et nous éclaire tout le long de notre vie. Mais Luc insiste (v.34-36): « 34 Tenez-vous sur vos gardes, de peur que vos cœurs ne s’appesantissent dans la débauche, l’ivrognerie, les soucis de la vie, et que ce Jour-là ne fonde soudain sur vous 35 comme un filet; car il s’abattra sur tous ceux qui habitent la surface de toute la terre. 36 Veillez donc et priez en tout temps, afin d’avoir la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme ». Le danger vient maintenant de nous-mêmes, dans le fait d’être pris dans les soucis de la vie, ivrognerie, beuveries, débauche et toutes sortes de déviation avec tous les plaisirs égoïstes de la vie au point d’oublier Dieu ou de le mettre au second plan. Être sur nos gardes nécessite le discernement des tentations et des déviations, et la force de lutter immédiatement contre ces tentations diverses dès leur perception, et c’est pour cela que Luc nous demande de veiller et de prier en tout temps, du matin au soir, tout en travaillant, en faisant nos activités quotidiennes, en conduisant, en faisant nos courses, nos sports, nos randonnées, notre jardin, nos bricolages etc…La vie entière doit être prière permanente, pour que Dieu reste avec nous, en nous. CEC 2743 « Prier est toujours possible…quelles que soient les tempêtes (cf. Lc 8, 24)…Il est possible, même au marché ou dans une promenade solitaire, de faire une fréquente et fervente prière. Assis dans votre boutique, soit en train d’acheter ou de vendre, ou même de faire la cuisine » (S. Jean Chrysostome, ecl. 2 : PG 63, 585A). Nous pouvons prier à genoux, debout (comme Saint Bernard), en marchant, en courant, ou allongé, ou en discutant avec des amis…c’est vraiment en tout temps. Il ne faut jamais perdre Dieu de vue, quoi que l’on fasse et où qu’on se trouve. Et bien sûr, on parle de prière silencieuse, intérieure, comme un dialogue permanent entre Dieu et chacun de nous, le tout nourri régulièrement de la parole de Dieu. Ne laissons jamais nos bibles se couvrir de poussière, avec les pages intactes, comme neuves. Lisons deux ou trois versets par jour, soit, chronomètre en main, moins de vingt ou trente secondes de lecture, et cela peut suffire pour que la Parole de Dieu continue d’agir en notre cœur, comme Marie qui gardait le souvenir de ces événements et les reprenait dans sa méditation. C’est cette union permanente au Christ qui nous donnera la force d’échapper à tout ce qui doit arriver et nous permettra de nous tenir debout devant le Fils de l’homme. C’était le cas pour les saints et les saintes comme pour Marie qui nous a été donnée par son Fils pour nous aider à aller vers la sainteté, dès ici-bas et dans la bienheureuse éternité de Dieu.




1er Dimanche de l’Avent – par Francis COUSIN (LC 21, 25-28.34-36)

« Vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »

 

Nous voici arrivés au début de l’avent, ce temps de préparation à Noël, qui marque la naissance de Jésus.

C’est aussi le premier jour où nous utilisons la nouvelle version du missel romain, avec quelques petites modifications dans le déroulement de la messe auxquelles il faudra s’habituer … mais qui ne devraient pas poser de problèmes.

Avent …

C’est pour beaucoup d’enfants l’attente du moment joyeux : les cadeaux que l’on reçoit à Noël … et en préparation, les tant attendus calendriers de l’avent … qui sont de plus en plus détournés de leur objectif initial qui était de préparer les enfants chrétiens à la venue de Jésus par des petites phrases d’évangiles que l’on découvrait chaque jour du 1er au 25 décembre. Cela a commencé par remplacer les phrases par des chocolats … puis par d’autres petits objets … et on en arrive maintenant à ’’offrir’’ un jouet pour chacun des vingt-cinq jours !!!

Dévoiement complet !

Pour les plus âgés, adolescents ou adultes, il y a d’autres moyens de se préparer vraiment à Noël, par l’intermédiaire de livrets ou de sites catholiques sur internet. Et pour le moment, il n’y a pas de concurrence commerciale. Je vous invite à participer à l’une de ces ’’retraites pour l’avent’’, … notamment celle sur www.jevismafoi.com.

Avent …

C’est l’avènement du Messie, de Jésus, que nous fêtons à Noël …

Et pourtant les textes du nouveau testament de ce dimanche ne parlent pas de cette première venue de Jésus, mais de la seconde, de son retour à la fin des temps, pour sa parousie.

La première lecture, du livre de Jérémie, annonce la venue, non pas d’un Messie pour les deux maisons d’Israël et de Juda, mais d’un « germe de justice, et [qui] exercera dans le pays le droit et la justice. En ces jours-là, Juda sera sauvé, Jérusalem habitera en sécurité, et voici comment on la nommera : ’’ Le-Seigneur-est-notre-justice’’. ».

Trois versets, et trois fois le mot justice ! Et le nom même de la capitale est justice !

Et quand on pense à justice, on pense en même temps à jugement, à juger. Et à juger selon la justice.

Et Jésus s’est exprimé plusieurs fois à ce sujet, mais sans se dire juge.

« Si quelqu’un entend mes paroles et n’y reste pas fidèle, moi, je ne le juge pas, car je ne suis pas venu juger le monde, mais le sauver. Celui qui me rejette et n’accueille pas mes paroles aura, pour le juger, la parole que j’ai prononcée : c’est elle qui le jugera au dernier jour. » (Jn 12,47-48).

On retrouve la même chose dans l’évangile du ’’jugement dernier’’ selon saint Matthieu, quand les gens demandent pourquoi ils vont à droite ou à gauche, à la vie éternelle ou au châtiment éternel. Cela dépend uniquement de notre manière de mettre en œuvre ou non la Parole de Jésus, qui est une Parole d’amour, d’amour pour tous, entre tous. « Chaque fois que vous l’avez fait (ou pas fait) à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (ou pas fait). » (Mt 25,34-46).

En fait, le jugement qui sera porté par Jésus ne dépend que ne nous : Est-ce que nous suivons ses Paroles ? Un peu ? Beaucoup ? Tout le temps ?

C’est pourquoi les Paroles de Jésus doivent être prises comme des encouragements à suivre ses enseignements : « Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. ». Jésus ne parle pas d’enfer, ce qu’il souhaite pour tous, c’est la rédemption, la vie dans le Paradis.

Mais il ajoute : « Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse. », que l’amour ne disparaisse de celui-ci !

Mais comment se tenir sur nos gardes ?

Tout simplement … avec beaucoup d’humilité … se mettre en relation avec Dieu …

« Restez éveillés et priez en tout temps. » … et comme il l’a dit à ses disciples à Gethsémani « pour ne pas entrer en tentation. ».

Ce conseil a été repris par saint Paul : « Ne restons pas endormis … priez sans relâche … » (1 Th 5,6.17). Et la Vierge Marie ne cesse de rappeler lors de ses apparitions : « Priez le chapelet …  Priez pour les pécheurs. ».

Suivons ces conseils, et alors nous pourrons nous « tenir debout devant le Fils de l’homme. ».

« Vous avez appris de nous

comment il faut vous conduire

pour plaire à Dieu ;

et c’est ainsi que vous vous conduisez déjà.

Faites donc de nouveaux progrès,

nous vous le demandons,

oui, nous vous en prions dans le Seigneur Jésus. »

                                     Francis Cousin

 

 

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1er Dimanche de l’Avent – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 21,25-28.34-36).

« Veillez » à accueillir

sans cesse le Don de Dieu 

(Lc 21,25-28.34-36)

En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue :
« Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots.
Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, car les puissances des cieux seront ébranlées.
Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire.
Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. »
Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste
comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière.
Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »

 

Ce passage d’Evangile est très proche de Mc 13,24-32 rencontré précédemment. Quand St Luc l’a écrit, il avait St Marc sous les yeux… Et si nous comparons les deux textes, nous constatons que St Luc a rajouté : « Sur terre, les nations seront inquiètes et angoissées par le fracas de la mer et des flots ». A notre époque de bouleversements climatiques, nous ne pouvons que penser aux typhons, cyclones et tempêtes de plus en plus fréquents et violents. Cette apparente fin du monde décrite en St Luc peut donc aussi renvoyer tout simplement à notre monde actuel : après la mort et la résurrection du Christ, l’Histoire est en effet entrée dans les derniers temps… Et St Luc écrit ensuite : « Lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le royaume de Dieu est proche…  Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver. » Notons la proximité avec St Paul : « Le Seigneur est proche. Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus » (Ph 4,5-7).

L’appel central de notre passage d’Evangile est donc de « rester éveillés », de prendre garde à ce que notre regard de foi ne s’éteigne pas. « Le Seigneur est proche »… Prier, c’est garder ce regard du cœur tourné vers Jésus, en étant notamment fidèles à écouter sa Parole. Car avec elle et par elle, nous sommes vraiment en relation avec celui que nous ne voyons pas encore… Et le Dieu d’Amour ne cesse de nous proposer l’Eau Vive de son Esprit : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! Comme dit l’Écriture : De son cœur couleront des fleuves d’eau vive. » En disant cela, il parlait de l’Esprit Saint qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui » (Jn 7,37-39), l’Esprit de Lumière et de Force dont nous avons besoin pour rester debout dans les moments difficiles… « Tenez-vous donc sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie », écrit St Luc. « N’éteignez pas l’Esprit », écrit St Paul, « gardez-vous de toute espèce de mal », veillez, pour votre bien, votre paix, votre joie à « demeurer dans l’amour » (Jn 15,10) de ce Dieu qui, « de tout son cœur et de toute son âme » (et il est infini !), n’a qu’une seule préoccupation : le bien de tous (Jr 32,37-41 ; Lc 2,14)…

                                                     DJF




1er Dimanche de l’Avent – Homélie du Père Louis DATTIN

 « Nous attendons ton retour »

Lc 21, 25-28

Voici, frères et sœurs, que nous commençons une nouvelle année liturgique, une année C : cette nouvelle année, qui est comme un recommencement, nous relance de plein fouet et d’emblée dans l’attente de Noël. Cet « Avent », qui n’est pas un « Avent » avec un « A », bien que ce soit avant Noël, mais un « Avent » avec un « E » parce qu’il vient du mot « adventus » – l’évènement -. C’est l’attente et la préparation active d’un événement : la venue du Sauveur, qui vient nous libérer, qui vient nous secouer dans notre torpeur, nous sortir de nos habitudes et nous faire changer de rythme, et c’est vrai que nous avons pu au long de ces 34 semaines de temps ordinaire, nous endormir ou du moins nous installer dans des routines, dans des habitudes, des torpeurs d’une vie chrétienne qui va son train-train mais qui n’est plus dynamisée par une activité et une préparation à un grand évènement.

Or, ce grand évènement, il arrive, il est tout près : il sera là dans moins d’un mois. C’est Noël : pas surtout pour les confiseurs ou les marchands de jouets, pas seulement pour les boîtes de nuit ou les restaurants avec cotillons, mais surtout et avant tout pour les chrétiens qui fêteront la venue du Sauveur, non pas seulement comme un anniversaire de naissance, mais comme une relance, comme une nouvelle naissance en eux, d’une vie qui ne demande qu’à grandir en nous et avec nous : la vie du Christ qui est venu, justement, pour nous donner la vie et nous la donner en surabondance.

Qui d’entre vous n’a pas besoin d’être relancé, d’être à nouveau propulsé, redynamisé dans sa vie intérieure et extérieure ?

Qui n’a pas besoin de ce surcroit d’énergie qui va lui redonner un nouvel élan pour que sa vie de chrétien ne devienne pas une habitude, un ronron qui peu à peu se transforme en véritable sommeil spirituel ?

Voici le temps de l’Avent qui est le temps des veilleurs.

Un chrétien est d’abord quelqu’un qui est en attente d’autre chose, en attente de quelqu’un ; et l’Avent est ce temps de l’attente active, à l’affût, préparatoire.

Mais peut-être n’attendez-vous rien ? « Oh ! Ça va bien comme ça, je n’en demande pas plus : que ma vie chrétienne ne m’encombre pas trop, qu’elle me donne le temps de faire autre chose à côté ». Or, justement, ce n’est pas à côté que vous avez à vivre. C’est toute votre vie qui doit être irriguée par votre idéal chrétien où Jésus-Christ présent vous inspire de mener votre vie, ni à côté, ni en marge de votre vie quotidienne, mais au creux même de celle-ci.

Aux gens anémiés, fatigués qui peu à peu marchent avec des semelles de plomb, pour qui tout est lassitude : le médecin leur donne des fortifiants, des dynamisants, un traitement d’attaque pour qu’ils retrouvent leur vitalité première. C’est ce que nous allons faire pendant l’Avent : temps de rajeunissement, de renouvellement, traitement d’attaque et de relance de notre attente spirituelle. Il n’y a rien de plus désespérant que quelqu’un qui n’attend rien, qui ne désire rien, qui n’a ni soif, ni faim de quelque chose ou de quelqu’un d’autre. Il faut absolument qu’un enfant qui ne mange plus, retrouve d’abord son appétit, après quoi, il mangera… volontiers.

Suis-je en appétit, prêt à une nouvelle aventure, décidé à repartir, prêt à quitter mes vieilles habitudes pour créer du neuf, voir du nouveau, vivre de l’inédit ?

Mon âme est-elle encore assez jeune pour me lancer dans une aventure qui me fait un peu peur au départ, mais que je ne regretterai jamais une fois que je m’y serai lancé ?

Il y en a un qui se met en route… il y en a un qui vient à notre rencontre et qui désire habiter parmi nous : pas seulement il y a 2000 ans, mais maintenant et cette année encore. Le 25 mars, le jour de l’annonce à Marie, le jour de l’Incarnation, il y a déjà huit mois, Marie avait dit « oui » à la demande de Dieu et le « Verbe s’est fait chair« … et il va habiter parmi nous. Ce sera neuf mois après : le 25 décembre !

Une naissance, dans une famille, ça se prépare aussi bien par les parents, que par les frères et sœurs, que par toute la famille et le dernier mois est le temps des préparatifs à cette naissance qui va bientôt arriver. Allez-vous préparer Noël ? Ou bien va-t-il arriver sans que vous l’ayez vu venir, pris par surprise le 24 au soir ?

Les commerçants, eux, y ont déjà pensé depuis longtemps ! Depuis déjà longtemps, leur commande de Noël est passée. Déjà la publicité et les articles et cadeaux de Noël commencent à scintiller : marchands de cadeaux, bijoutiers, restaurants, magasins de confection préparent leurs offres. Et pour nous, chrétiens, que sera Noël 2015 ? Peut-être vous demandez-vous quelle robe vous allez porter ce jour-là ou quel cadeau vous allez offrir à votre mari ou quel menu vous allez servir à vos invités ?

Allons-nous prendre les conséquences de la fête pour la fête elle-même ? Allons-nous, une fois de plus, confondre l’essentiel avec l’accessoire ?

 

Noël, c’est d’abord un évènement, intérieur, spirituel qui relance votre christianisme et lui redonne la fraîcheur, le  renouvellement, la jeunesse et la joie de ce Nouveau-né qui vient pour vous, pour vous tirer de votre débâcle : le Christ « Emmanuel », c’est-à-dire « avec nous », qui vient prendre notre condition humaine pour la régénérer, la transformer, lui donner un autre sens, une direction vers le Père, par le Fils.

La 1ère lecture vient de nous le rappeler : « Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur, dit le Seigneur, en ces temps-là, je ferai naître un « germe de justice ». Vous serez délivrés, vous serez en sécurité et voici qu’on lui donnera son nom : le Seigneur est notre justice ».

Notre vie spirituelle doit germer. Elle doit, elle aussi, donner son fruit. C’est le temps de l’été, le soleil va se lever et l’on récoltera le fruit sur l’arbre généreux…

Alors, nous dit l’Evangile, « puisque ce temps arrive, redressez-vous et relevez la tête car votre rédemption approche. Tenez-vous sur vos gardes de crainte que votre cœur ne s’alourdisse. Reléguez au second plan les facilités, les routines, les soucis habituels de la vie. Fixez-vous sur l’essentiel pour que ce jour-là ne tombe pas sur vous, à l’improviste ».

« Restez éveillés et priez », alors vous pourrez paraître debout : l’attitude de l’homme ressuscité, devant le fils de l’homme. Quelles conséquences pratiques, frères et sœurs, sont à tirer de ce temps nouveau ?

LE TEMPS DE L’AVENT Pour préparer Noël

Pendant cet Avent, que faudra-t-il faire ? Ce n’est pas à moi de vous le dire, c’est à chacun d’entre vous de voir et de décider ce que vous allez faire pour préparer cette venue du Seigneur. Peut-être seulement, vous donnerai-je un conseil que chacun pourra adapter à sa façon, selon sa vie personnelle. Ce conseil, c’est le suivant, (il n’est pas le plus facile), c’est :

. « Prendre du temps« , extraire ce temps de votre emploi du temps, flot continu et pressé :

. « Prendre du temps » pour regarder autre chose, pour regarder autrement ;

. « Prendre du temps » pour rejoindre mes frères différents, pour regarder aussi quelqu’un, celui qui va venir, écouter sa parole, lui ouvrir notre vie et puis repartir sur les routes quotidiennes avec un regard éclairé, un cœur et un esprit fortifiés ;

. Continuer cette marche vers Noël en luttant avec persévérance !

Pour finir, je ne résiste pas à vous lire un poème destiné aux enfants, mais n’avons-nous pas tous un cœur d’enfant dans une enveloppe d’adulte ? Il s’intitule : « Celui qui va venir » :

Quand tu attends, tu es comme le silence qui se fait

 juste avant la chanson,

Quand tu attends, tu es comme la nuit qui se termine

juste avant la venue du soleil,

Quand tu attends, tu as déjà dans les yeux le sourire

de celui qui va venir

Tu as  dans les oreilles, le rire de celui qui va venir

Tu as  dans la tête, les gestes et les paroles de celui

qui va venir

Quand tu attends, celui qui est absent, est déjà présent

dans ton cœur.  AMEN




Rencontre autour de l’Évangile – 1er Dimanche de l’Avent

« Restez éveillés et priez en tout temps »

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Lc 21, 25-28)

Nous commençons une nouvelle année liturgique. De dimanche en dimanche nous allons nous mettre à l’écoute de Jésus dans l’Évangile selon saint Luc. Pour le premier dimanche de l’Avent, l’Église nous fait entendre un passage qui se trouve  vers la fin de cet évangile, et qui est le parallèle du passage que nous avons médité dans l’évangile de Marc. Nous y retrouverons le même style et les mêmes images.

Regardons-réfléchissons-méditons

Faire lire lentement le texte

Sa venue : Nous savons de quelle venue il s’agit.

Des signes dans le soleil, la lune… fracas de mer et de tempête…les puissances des cieux seront ébranlées : Nous avons déjà rencontré des expressions semblables : Rappelons-nous qu’il s’agit d’un langage biblique particulier pour annoncer une intervention décisive de Dieu dans l’histoire du salut : De quelle intervention s’agit-il ici ?

 On verra le Fils de l’homme venir dans la nuée du ciel avec grande puissance et grande gloire : Pourquoi l’Église nous met-elle  devant les yeux, deux dimanches de suite, cette parole de Jésus ?

 Redressez-vous et relevez la tête : A qui Jésus adresse ces paroles et quel en est le sens ?

votre rédemption est proche : Par quel mot pourrait-on remplacer le mot « rédemption » ?

 Tenez-vous sur vos garde crainte que vos cœurs ne s’alourdissent : Pourquoi  cette mise en garde est-elle particulièrement  importante pour les chrétiens de notre époque ?

 Ce jour-là : De quel jour il s’agit ?

 Comme un filet : Que signifie cette image ?

 Restez éveillés et priez en tout temps : Comment est-ce possible ?

 Paraître debout devant le Fils de l’homme : Que signifie cette expression ?

Pour l’animateur 

Jésus parle de sa venue à la fin des temps, qu’on appelle la « Parousie », la manifestation glorieuse du Messie, dont la première venue s’est réalisée dans la faiblesse.

Pour lecteur moderne, ce genre de discours « apocalyptique » est difficile à comprendre. Le mot « apocalypse » veut dire « révéler » : ces expressions révèlent qu’il y aura un basculement du monde ancien – notre monde- dans le Monde nouveau.

A la base de ce discours de Jésus, il y a une conviction fondamentale dans la Bible : L’histoire des peuples est conduite par Dieu vers un but soigneusement préparé.

Lire ici : Apocalypse 21, 3-4 : Tel est le salut qui constituera le terme ultime, éternel, de l’histoire du salut.

L’intention de Luc n’est pas de décrire par avance le déroulement de l’histoire, mais de l’inviter à tenir la tête haute au milieu des épreuves, de lui rappeler qu’il est important de vivre de temps présent : c’est là que Dieu fait signe.

Redressez-vous et levez la tête : cet ordre ne s’adresse pas tant aux chrétiens des derniers temps qu’aux chrétiens persécutés de la primitive Eglise, à tous les croyants qui après eux connaîtront les épreuves et les bouleversements. Les membres de l’Église doivent vivre dans la certitude que leur libération est réellement en marche, qu’elle est proche. Comme dit saint Paul : « Maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons embrassé la foi…le Jour est tout proche. » (Rm 13,11-12) Le mot rédemption peut être remplacé par libération.

Tenez-vous sur vos gardes : c’est une mise en garde contre tout ce qui peut alourdir le cœur. Ce jour-là : il s’agit du Jour « J », le dernier des temps, le Jour de la Manifestation glorieuse de Jésus. Il arrivera sans qu’on s’y attende et sans qu’on puisse y échapper, comme le filet qui s’abat sur les poissons, ou sur l’animal pour l’attraper ?

Restez éveillés et priez : appel à la vigilance pour lutter contre la somnolence qui menace les communautés chrétiennes et appel et à la prière. Le danger qui guette les chrétiens, surtout aujourd’hui, c’est de laisser tomber toute espérance en l’avenir. Chaque croyant – chacun de nous- doit vivre à tout instant en sorte qu’il ait la force de tenir debout devant le Fils de l’homme.

TA PAROLE DANS NOTRE COEUR

Seigneur Jésus, c’est parce que tu nous aimes et que tu te préoccupes de notre salut que tu nous demande de penser à ta venue dans la gloire à la fin des temps. Mais tu nous enseignes en même temps que la meilleure manière de nous préparer à cet Événement décisif pour notre salut, c’est vivre « éveillés » aujourd’hui, de prendre au sérieux nos tâches présentes,  et de prier.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

La Parole aujourd’hui dans notre vie

 Quelle est la bonne nouvelle de ce passage d’évangile ?

Quel visage de Dieu Jésus nous révèle-t-il ?

Jésus va revenir dans la Gloire et ceux qui espèrent en lui et se préparent à cet Événement ne seront pas déçus.. Il nous demande de ne pas rater ce rendez-vous décisif pour notre éternité. Pour le chrétien, l’avenir c’est le Christ. Il viendra récapituler l’histoire au dernier jour ; il est surtout celui qui vient à toute heure et vit avec nous notre présent.

Un Dieu qui veut notre salut.

Souhaitons-nous ardemment l’Avènement du Fils de l’homme ?

Si non, n’est-ce pas le signe de notre tiédeur ? D’attachement excessif à ce monde ? D’une absence de désir d’être avec Jésus Christ ? D’une méconnaissance de la vraie libération à la quelle aspire l’humanité ?

La somnolence de notre foi, l’engourdissement de notre cœur, les soucis de la vie, tout cela nous éloigne de la prière : Comment y remédier ?

Comment prendre au sérieux le moment présent avec toutes les tâches qui sont les nôtres : notre travail, notre famille….sans perdre de vue cet Avenir dont nous parle Jésus ?

 

ENSEMBLE PRIONS   

Nous te rendons grâce, Dieu notre Père, pour ton Fils Jésus Christ qui est venu inaugurer pour le monde un règne de justice et d’amour ; béni sois-tu pour l’espérance toujours nouvelle qu’il éveille en nos cœurs, quand il nous appelle à construire avec lui son Royaume.

 

 

 

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Le Christ Roi – par Francis COUSIN (Jn 1, 5-8)

« Es-tu le roi des Juifs ? »

 

Prenons les textes de ce jour sans l’ordre chronologique des évènements.

Dans le livre du prophète Daniel, celui-ci voit, au cours de ses visions, « comme un fils d’homme », qui reçoit d’un vieillard « domination, gloire et royauté (…) Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite. »

Souvent Jésus reprendra cette appellation, « le fils de l’homme », en se l’appliquant à lui-même. Et notamment quand il sera interrogé devant les chefs des prêtres et le sanhédrin juste après son arrestation. « Le grand prêtre lui dit : ’’Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si c’est toi qui es le Christ [le Messie], le Fils de Dieu.’’ Jésus lui répond : « C’est toi-même qui l’as dit ! En tout cas, je vous le déclare : désormais vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel. » (Mt 26,63-64).

Jésus ne répond pas ’’Oui’’, mais « C’est toi-même qui l’as dit ! », laissant au grand prêtre la paternité de sa parole ; mais il ajoute ce que nous disons dans le credo : « … est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, d’où il viendra juger les vivants et les morts … ».

Jésus répond à des juifs, qui connaissent les Écritures, et parler du Fils de l’homme, qui reçoit domination éternelle et royauté pour toujours, est une manière de dire oui, même s’il ne dit pas que cela s’applique à lui.

Un peu plus tard, quand Pilate lui demande « Es-tu le roi des Juifs ? », on n’est plus sur le même terrain : on parle d’un royaume terrestre, d’un pouvoir politique, qui peut s’opposer au pouvoir romain représenté par Pilate. Ce n’est pas ce que veut Jésus ; il l’avait montré lorsque, après la multiplication des pains, les gens voulaient le faire roi, il s’était retiré seul dans la montagne. Il répond par une autre question : ’’Ta question, elle vient de toi, ou d’autres te l’ont soufflée ?’’. Pilate admet que ce sont les grands prêtres …

« Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. », et non pas aux romains …

Pilate ne sait plus quoi penser : Jésus n’est pas contre les romains, donc pour lui, pas de danger … mais il parle de Ma royauté pas de ce monde

Pour Pilate, Jésus passe pour un illuminé … (ce qu’il est en réalité, puisqu’il est la lumière du monde …)

« Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. ». Même réponse que devant le sanhédrin …

« Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. ».

La vérité, c’est Jésus lui-même : « Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie. » (Jn 14,6) …

« Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. ». La vérité n’est plus le seul fait des juifs, elle est pour tous (s’ils le veulent !). Cela veut dire que tous les habitants du monde peuvent écouter la voix de Jésus, et le suivre (s’ils le veulent !).

Mais cela n’empêchera pas ceux qui ne le suivent pas d’être avec Jésus dans son royaume de gloire : « tout œil le verra, ils le verront, ceux qui l’ont transpercé ; et sur lui se lamenteront toutes les tribus de la terre. » (Deuxième lecture).

Alors, quel est ce roi que nous fêtons aujourd’hui ?

Ce roi est avant tout le Christ Serviteur, celui « qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père. », celui que nous espérons rencontrer à la fin des temps, « Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers. »

Celui que nous devons imiter dans son abaissement.

Seigneur Jésus,

tu deviens roi en montant sur la croix,

devenant le plus humble de tous,

toi le plus grand,

par amour pour nous,

pauvres pécheurs.

                                     Francis Cousin

 

 

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Solennité du Christ Roi – Homélie du Père Louis DATTIN

Christ Roi

Jn 18, 33b-37

 

Lorsque le pape Pie XI, en 1925, institua cette fête du Christ-Roi, cela provoqua un étonnement encore partagé par certains.

Pourtant, nous disons bien que Jésus est ‘’Seigneur’’, mais peut-être que ce mot de ‘’Seigneur’’, en parlant du Christ, s’est dévalué, usé et que nous n’y faisons plus attention.

 

 

Aujourd’hui, mes frères, essayons de reprendre conscience de cette ‘’Seigneurie’’ du Christ, de cette ‘’royauté de Jésus’’.

S’il y a eu étonnement, c’est justement parce que le Seigneur, dans toute sa vie, depuis sa naissance jusqu’à sa mort, est apparu comme le contraire d’un roi, un anti roi.

.   Quoi donc !

Un roi, cet enfant, réfugié, né dans la paille d’une étable !

Un roi, ce vagabond qui va, de village en village, annoncer que les pauvres, les doux, les affamés de justice, les artisans de paix seront bienheureux , alors que justement, un Royaume s’appuie d’abord sur la richesse, la force, les privilèges et le prestige !

Un roi, ce condamné à mort au supplice de la croix : le supplice réservé aux esclaves, couronné par dérision d’une coiffe de ronces avec dans la main, un roseau tenant lieu de sceptre !

.   Un roi, c’est un homme qui est fin, qui commande, qui se fait servir, qui est entouré de toute une cour brillante et luxueuse. Or, Jésus, lui, est humble, il ne commande pas, il conseille, il lave les pieds des autres. Quant à sa cour : il est entouré d’une bande de va-nu-pieds qui ne comprend pas grand-chose à ce qu’il dit.

.   Et pourtant, vous l’avez entendu de vos propres oreilles, dans la lecture  de l’Evangile, lorsque  Pilate  l’interroge, lorsqu’il  se trouve  au 36e dessous, bafoué, méprisé et hué par la foule :

– « Es-tu le roi des juifs ? »

Jésus répond avec assurance :

–   «’’ Oui, je suis roi, mais, (faisons bien attention à ce petit ‘’mais’’), ma royauté ne vient pas de ce monde’’.» « ‘’Ah ! Si ma royauté était terrestre, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour moi. Non, ma royauté n’est pas d’ici’’. »

Pilate lui dit alors :

–   « Donc tu es roi ? »

Et sans hésiter, Jésus répond nettement :

–   « ‘’Tu l’as dit, je suis roi. Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui est dans la vérité, entend ma voix’’. »

.   Quel est donc  ce Royaume dont Jésus est le souverain ? Et qu’est-ce-que cette royauté dont nous célébrons aujourd’hui la fête ?

  • C’est tout d’abord, une royauté de Vérité :

« ‘’Je suis venu pour rendre témoignage à la Vérité.’’ »

Il le dit tout net, il n’est pas roi à la manière des rois de la terre : ceux qui font, tous les six mois, des promesses à leurs peuples, en leur disant que ça ne va pas très bien aujourd’hui, mais que l’année prochaine, tout sera remis en ordre.

Si l’on relisait, mes frères, tous les discours des hommes politiques, ceux qui gouvernent les pays, toutes les promesses qu’ils nous ont faites, tous ces programmes magnifiques, toutes les annonces de ‘’lendemains qui chantent’’, et cela, d’ailleurs, quels que soient leurs partis, nous dirions aussitôt : « Que tout cela est loin de la vérité ! » et nous serions tentés de reprendre le mot de Talleyrand, qui en savait lui-même quelque chose :

« C’est effrayant ce que peuvent peu ceux qui peuvent tout !

Aussi  sont-ils  obligés   de  faire  sans  cesse   des  numéros  d’acrobatie

verbale pour essayer de faire croire ce qui n’est guère crédible…

Le Christ, lui, dit au monde, sans démagogie, avec, au contraire, un appel à des exigences personnelles :

« ‘’Je suis la Vérité, je suis la lumière ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres.’’ »

Il va jusqu’à nous dire :

« ‘’…qu’il faut perdre sa vie pour la gagner, que la porte est étroite, que la route n’est pas facile et que celui qui se laisse aller est en train de se perdre.’’ ».

 

Royaume de Vérité, où ce qui ‘’oui est oui’’ et ce qui est ‘’non est non’’.

Vérité qui peut faire mal mais Vérité qui ne transige pas : épée qui tranche en nos cœurs entre le bien et le mal.

  • Royaume de Vérité mais aussi Royaume de Service.

Un roi, un gouvernant, un homme important est entouré de courtisans, de valets du régime, de fonctionnaires de toutes sortes qui se mettent à son service, qui obéissent au moindre de ses désirs, qui exécutent la plus petite volonté, gardes du corps, huissiers, nervis et gratte-papiers.

Or, que dit le roi que nous fêtons aujourd’hui :

« ‘’Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir !’’ », me mettre à la disposition des hommes, de tous les hommes, pour les sauver.

Jésus nous le dit explicitement dans l’Evangile :

«’’ Les rois de la terre agissent en Seigneur ; ils tiennent les nations sous leur pouvoir et leurs peuples sous leur domination ! Qu’il n’en soit pas ainsi pour vous ! Bien au contraire, celui qui veut être grand, qu’il se fasse le serviteur des autres, et celui qui être le premier, qu’il se fasse l’esclave des autres. C’est ainsi que le fils de l’homme est venu, non pour être servi mais pour servir et donner sa vie pour la multitude’’. »

Le pouvoir  n’est pas d’abord une affaire de droit sur les autres, mais une affaire de devoir c’est-à-dire de service et d’amour.

  • Royaume de Vérité, Royaume de service, le Royaume de Jésus

va beaucoup plus loin encore : c’est un Royaume d’Amour. Là encore la différence est grande entre les pouvoirs de la terre et celui du fils de l’homme. Les princes, les gouvernants donnent des places, des décorations, des allocations, des dignités, des subventions.

N’attendez rien de tout cela de Jésus-Christ : il n’a pas à se faire bien voir. Il n’a rien à donner ; il va faire beaucoup plus : il va se donner et donner sa vie par amour pour nous = amour gratuit, désintéressé.

Ce n’est même pas notre bien-être qu’il cherche, c’est tout simplement notre être et son salut. Il est celui qui se jette à l’eau pour sauver celui qui se noie, qui se jette dans le feu pour sauver ses enfants, qui donne sa vie pour être le sauveteur, le sauveur des hommes.

Or, « ‘’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime’’ ». Ce roi-là, c’est celui qui est en croix, pour nous, à notre place et qui crie à son père : « ‘’Pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font’’ » et dont la pancarte au-dessus de sa tête sanglante proclame sur l’ordre de Pilate : « ‘’Jésus de Nazareth, roi des juifs’’ ».

Il ne croyait pas si bien dire Pilate, c’était plus encore que cela ! Pas seulement ‘’roi des juifs’’ mais ‘’Roi, sauveur du monde entier’’, qui s’offre à son père pour la rémission  de toutes les fautes des hommes de tous les siècles.

                    Jésus, ‘’doux et humble’’ de cœur, n’est pas un roi lointain : pas besoin de lui demander une entrevue, une audience. A chaque communion, il se donne à nous, il nous donne sa vie pour que, nous aussi, à son exemple, nous puissions établir en nous et autour de nous :

  •  un Royaume de Vérité où le mensonge est aboli

  • un  Royaume   de  Service   où  nous  ayons   à  cœur   de  devenir

serviteurs des autres

  • un Royaume d’Amour où chacun pourra aimer ses frères, comme

lui-même nous aime.

                                                         AMEN