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1° Dimanche de Carême (Mc 1, 12-15) – par Francis COUSIN

  « Le désert … »

 

Le désert est un mot qui fait peur …, la solitude, l’isolement, se retrouver seul avec soi-même …

C’est souvent l’impression qu’on en a … mais c’est aussi un moment de réflexion sur soi : qu’est-ce qui fait ma vie … ?

Et on n’a pas besoin pour cela d’aller au Sahara ou au Néguev …

Marc nous dit que Jésus venait d’être baptisé … « et aussitôt l’Esprit le pousse au désert. » Et Marc utilise le même mot que quand Jésus expulse les démons … C’est la manière forte …une obligation à laquelle Jésus ne peut résister … « et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. ».

Jésus s’est fait homme, totalement homme, jusqu’à être tenté par Satan !

Et on sait combien les tentations diverses atteignent tous les humains … égoïsme, tentation de puissance, de pouvoir …

C’est sans doute pourquoi il les a intégrées dans la prière du Notre Père : « Ne nous laisse pas entrer en tentation … ».

Jésus resta quarante jours, seul, en temps qu’être humain, mais toujours en relation avec son Père et l’Esprit Saint.

Il n’était pas isolé …

Et cette relation qu’il avait avec son père … c’est ce qu’il voudrait que nous ayons, nous aussi …

Car c’est sans doute le seul moyen que nous avons pour ne pas succomber aux tentations initiée par Satan.

Être toujours en relation avec Dieu …

Ou dit autrement : avoir toujours notre regard tourné vers Dieu …

C’est-à-dire, en fait : nous convertir

Pas seulement une fois …

Mais chaque jour … sans arrêt …

Et ça … c’est difficile … et cela demande des efforts de notre part …

C’est ce que nous rappelle le temps du carême : un temps de purification permanente qui nous ramène vers Dieu, …

Mais pas vers soi-même, notre petit ’’ moi’’ …

Tentation au combien fréquente …

Au contraire : si le carême nous rapproche de Dieu, nécessairement, il nous oblige à regader aussi les autres …

Ceux qui ne croient pas comme nous … ou autrement …

Ceux qui sont seul …

Ceux qui souffre … physiquement, mentalement, moralement …

Ceux qui sont dans la peine …

Ceux qui ont faim … soif …

Il y a tant de chose à faire pour tous ces gens …

C’est ce que fit Jésus : « Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. ». « Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons. » (Mc 1,34)

Seigneur Jésus,

ouvre nos cœurs à ta Parole,

permet que nous ayons une conversion vraie,

qui nous engage envers toi

et aussi envers tous nos frères.

Sois avec nous tous les jours.

 

Francis Cousin

 

 

 

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Mercredi des Cendres (Mtth 6, 1-6 ; 16-18) – par Francis COUSIN

 « Le spectacle … ou le secret ? »

Mercredi des cendres … début du carême !

Réactions mitigées de la part des gens …

Pour beaucoup (mais je me trompe peut-être …), c’est plus ou moins le début d’une période d’austérité, de tristesse, où on ne peut peux vivre comme d’habitude …, où on est triste … et on où on affiche ’’une face de carême’’ …

Heureusement, la veille, on a fait le plein de bonheur superficiel …crêpes, chants, danses, voir carnaval …

C’est vrai que quarante jours … c’est long ! … mais cela ne fait qu’un peu plus d’un pourcent de l’année !

Et puis, maintenant, on ne peut plus dire que ce soit très prenant …

Fini le jeûne, sauf le jour des cendres et le vendredi saint !

Fini l’abstinence de viande les vendredis !

Fini les efforts de carême … du moins pour les plus jeunes !

Fini presque partout dans les écoles catholiques les ’’collectes’’ de denrées pendant le carême : boites de sardine ou de thon (pas de cassoulet !), vêtements etc …

Fini … du moins pour la plupart des gens …

C’est vrai que l’essentiel, et qui est une force pour tous les chrétiens, c’est de prendre ce temps de carême comme un appel à la conversion, un retour vers le Seigneur !

Et tous les textes liturgiques de ce jour vont dans ce sens !

« Et maintenant – oracle du Seigneur – revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. (…)  Faudra-t-il qu’on dise : “Où donc est leur Dieu ? » (Première lecture).

« Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché. Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense. Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi. » (Psaume).

« Par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. » (Deuxième lecture).

Les cendres que nous recevons aujourd’hui sont un symbole de notre faiblesse devant Dieu : une matière qui n’a pas de consistance, qui d’envole au vent, et qui nous rappelle que nous sommes issus de la poussière du sol ( cf Gn 2,7) et que nous y retournerons à notre mort.

Ce signe des cendres nous est donné pour nous aider à vivre mieux et à comprendre l’amour de Dieu qui a choisi de se lier à des personnes faibles et fragiles comme nous le sommes.

Quant à l’évangile de ce jour il nous demande d’être vrai dans notre relation avec les autres hommes ; mais aussi vrai dans notre relation avec Dieu, en donnant trois exemples : au sujet de l’aumône, de la prière et du jeûne ; Trois thèmes qui sont recommandés à tous de manière plus importante pendant le carême.

« Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. ».

Ne vous donnez pas en spectacle, « pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. ».

« Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, »

« Quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret »

« Quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage. ».

Avec à chaque fois ce refrain : « Ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » …

Il vaut mieux que nos actions soit connus par Dieu, plutôt que par les hommes, pour une ’’gloire’’ qui ne dure pas !

Seigneur Jésus,

au seuil de ce carême,

aide-nous à nous retourner vers toi,

à nous réconcilier avec toi,

et à choisir ce qui est vrai et durable.

 

Francis Cousin

    

 

 

 

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Mercredi des cendres (Mt 6, 1-18) – Homélie du Père Louis DATTIN

Mt 6, 1-18

Nous voici entrés ce matin dans le Carême. Que sera-t-il pour nous ? Une période où l’on attend vaguement la fête de Pâques sans beaucoup se soucier de ce qu’attend l’Eglise de nous ? Non, c’est une période importante, la plus importante : pour changer notre vie, la faire avancer, la faire progresser, pour participer, 40 jours après, à la Passion du Christ et surtout à sa Résurrection qui doit être aussi la nôtre. Ce Carême est un temps fort de conversion intérieure, de lutte ; c’est le moment de nous rappeler que pour suivre Jésus, il nous faut : avancer, cheminer, progresser.

Le Seigneur, dans l’Evangile que nous venons de lire, nous recommande trois moyens pour faire un bon Carême : la prière, le jeûne, le partage. Mais attention, le Seigneur nous dit, tout de suite après, que ces trois moyens ne sont pas seulement une pratique extérieure.

Ce qui compte : c’est la manière dont nous les vivrons, c’est l’intention de notre cœur.

A quoi sert de prier si, même pendant ma prière, je pense à autre chose… et que, pendant tout mon chapelet, j’ai pensé à mon voisin pour voir quelle vengeance ou quelle réponse je vais lui donner ?

A quoi sert de jeûner si, pendant que je jeûne, un pauvre à côté de moi fait un jeûne forcé et que je ne lui donne rien ?

Et mon aumône elle-même, à quoi servira-t-elle si le cœur n’y est pas, si mon partage de mes vêtements n’est que le moyen de faire un peu plus de place dans mon armoire ?

Ce qui compte : c’est la manière de vivre tout cela, c’est l’intention de notre cœur. Jésus a parlé du moindre verre d’eau donné à un petit en son nom ; et rappelez-vous l’obole de la veuve : 2 piécettes seulement, mais c’était tout ce qu’elle avait !

Le Christ, pendant ce carême, veut nous entraîner, non dans une religion de gestes extérieures, mais dans une  religion d’amour où il s’agit de plaire à Dieu plutôt qu’aux  hommes ou à nous-mêmes…

Quand nous faisons quelque chose de bien, nous sommes assez satisfaits ; c’est assez gratifiant et nous sommes tentés de nous dire : « Après tout, je ne suis pas si mal que ça ! ».

Nous nous regardons encore de trop. « Que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite », donc n’avoir ‘’aucun retour sur soi’’.

Mettons-nous dans la cendre, c’est-à-dire dans l’humilité. C’est là que nous pouvons trouver ce que nous voulons vraiment. Si nous sommes vrais, c’est là que nous pourrons expérimenter notre faiblesse radicale. Alors, nous pourrons lever les yeux vers Dieu.  AMEN




1er Dimanche de Carême (Mc 1, 12-15)- Homélie du Père Louis DATTIN

Les temps sont accomplis

Mc 1, 12-15

Jésus partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu, en disant : « Les temps sont accomplis », « Convertissez-vous ».

« Les temps sont accomplis » : essayons pendant quelques minutes, frères et sœurs, de réfléchir sur le temps, le temps que Dieu nous donne et qu’il va encore nous offrir pendant ce Carême, pour avoir le temps de nous changer, de nous convertir. L’Ecclésiaste nous rappelle qu’il y a un temps pour tout : un temps pour prier, un temps pour agir, un temps pour planter, un temps pour abattre, un temps pour bâtir, un temps pour détruire.

A quoi, frères et sœurs, allons-nous consacrer notre temps pendant ce Carême ? Serait-ce du temps utile ou du temps perdu ? En principe, nous sommes maîtres de notre temps. En réalité, nous savons bien que c’est le temps qui est notre maître et que nous essayons toute la journée de le maîtriser, sans pouvoir toujours y réussir. On a dit que notre monde, notre vie, était une valse à trois temps.

Tout d’abord:

1 – le temps biologique : celui de notre corps et de ses rythmes : la nuit, le jour, le sommeil, l’activité – l’enfance, l’adolescence, la vie adulte, la vieillesse.

2 – il y a aussi le temps mécanique : le découpage, fait par l’homme, de ce temps avec les ans, les mois, les jours, les heures, les minutes et le temps de nos horloges et de nos chronomètres.

3 – et il y a aussi le temps social : les mi-temps, les trois-huit, les vacances, les trimestres de la sécurité sociale, le temps de la retraite, le travail temporaire, les contrats à durée déterminée : CDI-CDD.

Si bien que notre temps est devenu extrêmement artificiel. C’est un évêque africain qui disait à ses fidèles : « Depuis que vous avez l’heure, vous n’avez plus le temps ». Nos rythmes profonds ont été refoulés par les occupations multiples qui nous sont imposées de l’extérieur, si bien que le temps, qui n’est qu’un « moyen« , un espace horaire pour réaliser telle ou telle œuvre, devient un « but » : nous cherchons à gagner du temps au lieu de veiller à bien le remplir et si par hasard, nous avons le temps, si nous avons du temps, nous avons peur et nous multiplions les activités pour soi-disant « occuper le temps » sans nous avouer que c’est pour « tuer le temps » dont nous ne savons plus quoi faire.

A notre époque, le temps a subi aussi trois modifications :

1 – Il est raccourci : on sait les nouvelles en quelques secondes, à la télé, à la radio. C’est du « direct » où le temps ne compte plus.

2 – Le temps est impatient : pour un journaliste comme pour un téléspectateur, il faut qu’il se passe toujours quelque chose sinon on a l’impression de n’être pas dans la vie.

3 – En outre, c’est un temps en miettes : le temps ne peut plus nous faire réagir à l’évènement que déjà un autre vient nous bousculer.

Alors, en face de ce temps, l’Evangile pourrait nous dire : « Arrêtez vos montres ». Le temps, c’est d’abord un « don de Dieu » que je peux gaspiller ou remplir de façon utile. Donnez un cahier à un enfant de trois ans et un autre à un savant : regardez la façon dont il va être employé.

Dans le 1er, je vais trouver des gribouillis, des taches, des tracés incompréhensibles ; dans l’autre, un texte admirable que l’on appellera « chef-d’œuvre ». Au départ, Dieu leur a donné le même cahier : quelle différence dans le résultat !

Le temps que Dieu me donne, cette heure qui va suivre, ce demain qu’il va m’offrir, ce mois suivant, l’année prochaine : que vais-je en faire ? Vais-je les gaspiller ou en faire le contenant d’un chef-d’œuvre? L’heure de Dieu, c’est une heure qui m’est offerte par Dieu pour aimer : vais-je remplir mon temps par de l’amour envers Dieu et envers les autres ? Lorsque Jésus dit dans cet Evangile « Les temps sont accomplis », « Convertissez-vous », c’est cela que Jésus veut nous dire : « Ne gaspillez pas ce temps que Dieu vous offre, il est limité ». Il a eu un commencement : la date de votre naissance, il aura une fin : la date de votre mort » et il vous sera demandé un jour : « Ces 20 ans, ces 50 ans, ces années que je t’ai données : qu’en as-tu fait ? Un grand sac vide avec quelques bricoles au fond ou bien, au contraire, un container rempli jusqu’au bord de tout ce que tu as fait ? »

Dans ton existence, as- tu travaillé à créer plus de justice, plus d’amour, plus de fraternité entre les hommes, plus de compréhension ? Jésus-Christ nous le rappelle : « Le règne de Dieu est tout proche ». Ce règne de Dieu qui est, qui était et qui vient pour les siècles des siècles c’est-à-dire où le temps ne s’écoule plus, ce temps qui n’est plus qu’un instant éternel. « Cette parole de l’Ecriture, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. C’est déjà l’annonce d’un moment définitif où Jésus sur la Croix, ayant terminé sa mission pourra s’écrier : « Tout est accompli ». La victoire sur la mort est remportée.

« Les temps sont accomplis » ne veut pas dire « L’histoire est finie » « Il n’y a plus rien à vivre », cela veut dire au contraire « Ce temps que je vous donne maintenant, profitez-en, utilisez-le, jour par jour, mois après mois, pour accomplir, à votre tour, le projet de Dieu sur vous. Accueillez ce temps pour vivre à fond l’Evangile et déjà anticiper sur la terre le temps du Royaume de Dieu. « Convertissez-vous », c’est-à-dire ne perdez votre temps à des broutilles, attaquez-vous à l’essentiel : que tout « le temps » qui vous est donné depuis votre Baptême soit un temps d’amour, un temps de construction, un temps d’ouverture, d’accueil aux autres : « Le Royaume de Dieu, il est déjà là ». La vie nouvelle ne commence pas dans l’au-delà de la mort, elle est déjà présente en vous depuis votre Baptême.

Cette vie-là, « vivez-là dans le temps que je vous offre ».

C’est le temps du salut.

 Puisque « les temps sont accomplis », chaque jour que nous avons à vivre désormais, va avoir sa valeur propre. Chaque jour est l’aujourd’hui de Dieu : chaque jour, nous pouvons vivre et partager ce qui nous est donné en Jésus. Voilà pourquoi, Jésus, conscient du temps qui lui est donné (il ne lui reste que moins de trois ans à vivre), commence à passer 40 jours dans le désert. Nous avons besoin, nous aussi, pendant ce Carême, d’un temps de désert, d’un temps de halte, en nous laissant, nous aussi, pousser par l’Esprit ; alors, au milieu de nos occupations, nos déplacements, nous pourrons réaliser que « Les temps sont accomplis », qu’il est temps de changer : le temps de nous convertir et de croire vraiment à la Bonne Nouvelle.

Demain, nous serons encore bousculés. Demain encore, nous aurons l’impression de perdre notre temps et cependant, pendant ce Carême, je vous souhaite une grâce : celle de « retrouver le goût du temps » et ensuite de savoir féconder chaque jour qui nous sera donné jusqu’à Pâques.

Essayons pendant ce Carême de nous organiser pour donner du temps à Dieu, à la communauté des croyants, à notre famille, aux pauvres, aux proches et pourquoi pas … à nous-mêmes ! Nous avons besoin de temps pour nous reprendre. « Le temps est venu » de l’accomplissement du projet de Dieu en nous, sur nous.

Comment voyez-vous le temps de votre vie ? Comme un temps mort ? Un temps vide ? Un temps dévoré ? Un temps bousculé ?  Comment, pendant ce Carême, mieux gérer notre temps, pour en faire un temps « occupé » à l’essentiel et non « perdu » en des occupations futiles ?

 Voilà que le Seigneur nous offre 40 jours jusqu’à Pâques : qu’allons-nous en faire ? Allons-nous féconder chaque jour qui nous sera donné ? Ce serait magnifique, si, chaque soir, revoyant la journée écoulée, nous puissions dire au Seigneur :

 « La voici, Seigneur, cette journée. Reçois-là, je te l’offre, pleine de mon travail offert, de l’écoute aux autres, de l’attention aux plus petits, de mon dévouement à ceux qui m’ont entouré. Cette journée est une étape Seigneur, celle qui va suivre en sera une autre et ainsi jusqu’à Pâques où, à l’offertoire et à la Consécration de la messe, tu transformeras tout cela pour en faire une œuvre sacrée, une pierre de la construction de ton Royaume ».

« Prenons la main que Dieu nous tend. Voici le temps où Dieu fait grâce à notre terre. Prenons le temps de vivre en grâce avec  nos frères ».  AMEN




Vendredi 9 février, 5ème Semaine du Temps Ordinaire (Mc 7, 31-37) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

« Extrêmement frappés, ils disaient : « Il a bien fait toutes choses » ». Littéralement : « Il a fait toutes choses bonnes ». Jésus est celui qui fait toutes choses bonnes, de façon admirable. Jésus ne fait que de bonnes choses pour au moins deux raisons :

 

 

  • La première c’est parce qu’il nous aime et qu’il veut nous redresser. Jésus ne peut pas rester indifférent à ce qui nous accable ! Il se soucie de nous ! Comme pour le sourd-muet de l’évangile, Jésus veut nous guérir de nos cécités, de nos surdités intérieures… Ce que nous ne voyons pas, ce que nous n’entendons pas et que nous devons voir et entendre pour avancer sur le chemin de l’Évangile.

  • Jésus fait également toutes choses bonnes parce qu’il finit toujours ce qu’il fait. Il ne fait rien à moitié et il ne laisse rien de côté pour le finir après.

Le Seigneur lui-même nous enseigne aujourd’hui comment agir. Nous pouvons relever quelques leçons pour nous :

  • Pour que toutes choses soient bonnes, il faut être animé de l’amour fraternel, avoir ce souci nous-même de redresser notre prochain dans le besoin.

  • Reconnaître nos cécités et surdités intérieures. Laisser le Christ nous délier intérieurement de ce qui nous empêche encore de vivre pleinement notre vraie liberté de fils et de fille de Dieu.

  • Ne rien faire à moitié… Apprenons à moins tolérer les choses faites à moitié ou pour certaines mal faites. C’est une exigence à cultiver tout au long de notre vie !

  • Ne pas remettre à demain ce que nous pouvons faire le jour même. Voilà une autre exigence à cultiver tant nos agendas sont parfois voire même souvent bousculés ! Mais il en va pour faire les choses plus efficacement et pour ne pas se dérober à la tâche.

À chacun d’y répondre !  C’est à chacun que le Seigneur redit : « Effata ! » « Ouvre-toi ! » Qu’il nous vienne en aide : Seigneur Jésus, nous te supplions, toi notre Maître et Seigneur, enseigne-nous, apprends-nous à bien faire toutes choses. Amen.




6ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 40-45) par D. Alexandre ROGALA (M.E.P.)

Quel changement d’attitude surprenant ! Alors qu’à la demande du lépreux, Jésus est « saisi de compassion » (Mc 1, 41), après l’avoir purifié, Jésus le renvoie aussitôt « avec fermeté ». La traduction liturgique a adouci le texte, car le texte grec nous dit clairement que Jésus « réprimande » le lépreux…qu’il lui parle de manière très dure !

Je ne pense pas que notre maître et Seigneur, soit lunatique. Alors, pour quelle raison Jésus passe-t-il de la compassion à l’agacement ?  Comment comprendre ce changement soudain d’attitude ? Cherchons une réponse dans les textes.

La première lecture est tirée du Livre du Lévitique (Lv 13, 1-2.45-46) nous rappelle ce que prescrit la Loi juive pour les personnes atteintes de lèpre. Tout d’abord, nous apprenons que c’est au prêtre que revient la tâche de constater la lèpre dont est atteint un membre de la communauté. La suite du texte que nous n’avons pas lu, nous informe que c’est aussi le prêtre qui peut constater la purification d’un lépreux et le réintégrer à la communauté.

Comme le suggère le texte, le lépreux était exclu du monde normal des vivants. C’est la raison pour laquelle on imposait au lépreux qui se déplaçait, d’avertir les autres de se tenir à l’écart de lui, à cause de son impureté, car dans la pensée juive l’impureté se transmet par le contact physique.

« Le lépreux atteint d’une tache portera des vêtements déchirés et les cheveux en désordre » (Lv 13, 45)

La mention du « vêtement déchiré » est très parlante, car il s’agit d’un rite de deuil. Dans la Bible, le vêtement déchiré peut aussi signifier la tristesse ou la colère. Nous pourrions dire que ce vêtement déchiré exprime extérieurement ce qui est ressenti intérieurement par le lépreux qui est exclu de la société.

Venons-en au texte d’évangile.   

Ce dimanche nous poursuivons la lecture du chapitre 1 de l’évangile selon Marc. « En ce temps-là, un lépreux vint auprès de Jésus » (Mc 1, 40). Remarquons d’emblée, que ce lépreux a eu l’audace de s’approcher de Jésus, c’est-à-dire, de s’approcher du monde des « personnes pures », alors que comme nous venons de le voir, la Loi de Moïse prescrivait aux lépreux de rester éloignés des autres.

Serait-ce pour cette transgression de le Loi que Jésus réprimande le lépreux à la fin du texte ? C’est peu probable puisque Jésus accède à sa demande : « Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » (1, 41).

Le texte nous dit que Jésus touche le lépreux, et en le touchant devient lui-même impur. Serait-ce donc parce qu’il s’est rendu impur que Jésus se met en colère ? C’est peu vraisemblable. En effet, nous savons par le récit de l’exorcisme dans la synagogue de Capharnaüm (1, 21-28) que Jésus est capable d’opérer un miracle par sa seule parole. Il n’avait donc pas besoin de toucher le lépreux pour le purifier. S’il l’a fait, c’est parce que ce geste a une signification. Si Jésus a touché le lépreux, c’est pour signifier qu’il prenait sur lui la condition du lépreux, c’est-à-dire qu’il prenait sur lui son « exclusion ». De fait, nous savons que lors de sa Passion, Jésus sera seul, rejeté par ses compatriotes. Il sera même abandonné par ses propres disciples qui fuiront, comme on « fuyait » à l’approche d’un lépreux.

« Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt en lui disant : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. » (1, 43-44)

Il me semble que ce verset est la clé qui peut nous permettre de comprendre pourquoi Jésus s’emporte contre le lépreux. La fin du texte nous montre que le lépreux purifié fait exactement l’inverse de ce qui lui a été demandé. Alors que Jésus a répondu à sa demande, lui ne s’est pas mis à l’écoute de la volonté de Jésus. La fin du texte nous dit que le lépreux « se mit à proclamer et à répandre la nouvelle » (1, 45).

Le problème, c’est que ce que le lépreux proclame, ce n’est pas l’Évangile, ce n’est pas la « Bonne Nouvelle ». C’est sa petite histoire de guérison qui réduit l’identité de Jésus à celle d’un puissant thaumaturge. L’histoire du lépreux donne à d’autres personnes le désir de bénéficier de la puissance bienfaisante de Jésus, et finalement, plus personne n’est disposé à écouter la proclamation et l’enseignement de Jésus, alors que « c’est pour cela qu’il est sorti » (1, 38). Dans l’évangile de dimanche dernier déjà, il nous a été rappelé que Jésus n’était pas un distributeur de miracles, et que les actes de puissance qu’il réalisait n’étaient que des signes attestant la véracité de sa proclamation de l’approche du Règne de Dieu.

Et à cause de sa renommée de puissant thaumaturge qui se répand partout, Jésus ne peut plus accomplir sa mission première qui, encore une fois, est de proclamer l’évangile de Dieu. L’évangéliste Marc écrit : « que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui » (1, 45). Même les « endroits désert » dans lesquels Jésus se retirait pour prier (1, 35), ne sont plus des lieux de ressourcement, car les gens viennent le trouver dans le but d’obtenir une guérison.

Pour répondre à notre question sur la raison pour laquelle Jésus s’emporte et réprimande le lépreux, nous comprenons d’une part, que Jésus devait être agacé de n’être considéré que comme un « faiseur de miracle », et que d’autre part, Jésus a dû comprendre  d’avance que le lépreux n’allait pas respecter la recommandation du silence, et que par conséquent, ce miracle finirait par devenir un obstacle à sa mission.

« Ne soyez un obstacle pour personne » nous dit l’apôtre Paul dans la deuxième lecture (1 Co 10, 32). Évidemment, le contexte est différent. L’obstacle dont il est question dans ce passage de 1 Co, est le scandale que peut causer le comportement d’un croyant.

« Je tâche de m’adapter à tout le monde, sans chercher mon intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes, pour qu’ils soient sauvés » (10, 33). Saint Paul nous rappelle que ce qui importe le plus, c’est que l’Évangile se répande afin que par lui, la multitude des hommes soit sauvée.

La mission première du chrétien est et sera toujours l’annonce de l’Évangile. Car c’est uniquement par l’Évangile qu’est Jésus Christ, que l’Homme peut être sauvé.

Contrairement à Saint Paul, nous ne pouvons sans doute pas encore dire avec assurance qu’en toute circonstance, notre unique souci est que l’Évangile se répande.

Peut-être pourrais-je profiter de ce bref moment en silence avant la suite de la célébration, pour faire un examen de conscience afin d’identifier les lieux et les situations dans lesquels, comme le lépreux, je suis un obstacle à l’Évangile : par mon comportement scandaleux, par mon orgueil, ou par mon manque de charité…

Ce matin, cette exhortation de saint Paul nous est adressée : « Imitez-moi, comme moi aussi j’imite le Christ » (1 Co 11, 1).  Ne soyons plus un obstacle à l’Évangile, mais devenons des imitateurs du Christ, en vivant nous-aussi selon l’Esprit de Dieu, et en portant avec notre Maître le souci du salut de tous les hommes. Amen !




6ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 40-45) – par Francis COUSIN

    « Si tu le veux … »

Quelle prévenance !

Pourtant ce lépreux n’était sans doute pas un tendre …

Plutôt un révolté … face à la manière dont on traitait les lépreux à l’époque (voir la première lecture), et même encore longtemps après …

Il a osé braver l’interdit d’approcher les gens dits « sains ».

« Si tu le veux »

Formule de politesse, … qui montre une humilité devant Jésus …

Sa démarche ne pouvait qu’entrainer une réprobation de la part de toutes les personnes présentes qui craignaient d’attraper la lèpre !

« Si tu le veux », qu’on pourrait remplacer par « Si tel est ton désir. ». Il se soumet par avance à la volonté de Jésus …

Est-ce que dans nos prières nous avons le même souci de laisser à Dieu sa liberté de faire ou de pas faire ce que nous demandons … ?

Trop souvent, en effet, nous entendons ou lisons des intentions de prières qui commencent par : « Seigneur, fais que … » sans même s’il te plait ou merci … comme si Dieu devait accéder à toutes nos demandes …

Et après, on se plaint que Dieu ne nous exauce pas !

Mais si Dieu ne nous exauce pas, ce n’est pas pour une question de politesse … mais parce que cela ne correspond pas à ce qu’il veut pour nous, ou que nous ne sommes pas prêt pour ce que nous demandons.

             « Si tu le veux, tu peux me purifier. ».

Deux sens à cette demande.

Sans doute dans l’esprit du lépreux : « Guéris-moi de cette maladie ! »

Mais pour Jésus, qui ne sépare jamais les deux aspects de l’homme : l’homme physique et l’homme spirituel, « Tu peux me rendre pur dans mon cœur, pardonner mes péchés. ».

Quel sens faut-il privilégier ?

Chacun fera son choix. Rien ne permet de le dire.

Pour ma part, je préfère celle que j’attribue à Jésus.

Une fois que le lépreux est guéri, il ne respecte pas les consignes que Jésus lui donne : aller faire reconnaître sa guérison par le prêtre, selon la loi de Moïse.

Il ne suit plus la loi de l’ancien testament.

Puis il part « proclamer et répandre la nouvelle ». La bonne Nouvelle, la parole de Dieu.

Il suit la démarche de Jésus, Dieu d’amour, à l’égal de son Père … Il entre dans la logique du nouveau Testament.

D’ailleurs, Marc n’utilise pas le verbe guérir, comme au début du chapitre, mais le verbe purifier …, qui n’a pas le même sens que simplement guérir.

« Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha (un geste) et lui dit : « Je le veux, sois purifié. (une parole.) »

Jésus répond à l’interdit de s’approcher du lépreux en bravant un autre interdit : celui de toucher un intouchable selon la loi, devenant de ce fait lui aussi une personne impure, une personne qui doit rester à l’écart des villages …

Mais cela ne l’a pas trop gêné … car ce sont les gens qui venaient à lui !

En quoi ce passage nous concerne-t-il ? Nous aussi nous sommes impurs, non pas que nous ayons la lèpre, qui, heureusement à quasiment disparue …

Mais nous avons tous besoin d’être purifiés, non pas sur notre peau, mais dans notre cœur.

Le problème, c’est que cela ne se voit pas, on ne voit pas les tâches de lèpre … du moins pour les autres, mais pas pour Dieu, qui lui, connaît notre cœur mieux que nous-même, et qui connaît donc tous nos péchés, tous nos manquements … alors que nous, nous les oublions … et nous oublions de demander pardon à Dieu.

Que le carême qui arrive nous rappelle de demander pardon à Dieu de toutes nos offenses.

On le dit souvent en récitant le Notre Père … mais bien souvent, on l’oublie aussitôt …

Quand ce lépreux est venu se jeter à tes pieds,

Seigneur Jésus,

tu ne t’es pas éloigné

et tu ne l’as pas voué aux gémonies

comme tu aurais eu le droit de le faire.

Tu as vu sa détresse et tu as entendu son cri.

Tu l’as même touché …

et l’homme a été guéri ! …

Et le lépreux guéri s’est enfin senti « bien dans sa peau » …

Ta main avait caressé non seulement son corps,

mais plus encore son âme …

J’ai besoin moi aussi, Seigneur,

que tu viennes me toucher.

J’ai besoin que te main vienne me laver

de toutes mes impuretés, …

de tout ce qui m’empêche

d’être relié à toi et à mes frères.

Christian Delorme

 

Francis Cousin

 

 

 

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6ième Dimanche du Temps Ordinaire année B (Mc 1, 40-45) par D. Jacques FOURNIER

La guérison du lépreux,

signe de la Tendresse de Dieu

(Mc 1,40-45)

En ce temps-là, un lépreux vint auprès de Jésus ; il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. »
Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. »
À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié.
Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt en lui disant : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. »
Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui.

6ième TO 2

            Autrefois, en Israël, un lépreux était regardé comme un mort vivant, un être impur, un puni de Dieu… La Loi exigeait que ses vêtements soient déchirés, ses cheveux en désordre. De plus, il devait s’éloigner de quiconque croisait son chemin en criant : « Impur, impur ! ». Et si quelqu’un le touchait, il devenait impur à son tour et s’exposait à de graves réprimandes…

            Et voilà qu’un lépreux désobéit à la Loi, s’approche de Jésus et tombe à ses pieds en lui disant : « Si tu le veux, tu peux me purifier »… Jésus va-t-il lui faire des reproches ? Non… Il ne regarde que sa souffrance, son désarroi, sa détresse. Voilà ce qui est premier à ses yeux. En effet, La Loi, avec toutes ses règles de vie, devait être, dans l’intention première de Dieu, une maîtresse d’humanité… La dureté des cœurs en a fait, hélas, une règle froide avec laquelle ceux qui se croyaient les meilleurs parmi les hommes frappaient, tapaient, blessaient, excluaient, méprisaient…

Jésus, lui, est « bouleversé de compassion ». Il a du cœur, et il va laisser parler son cœur… Avec beaucoup de délicatesse, il va désobéir à la Loi de dureté pour mettre en pratique la Loi de l’Amour. Il s’est laissé toucher par la souffrance de cet homme, il va le toucher en signe de proximité, de solidarité, de communion… Désormais, Lui aussi est impur, comme ce lépreux. Moment de chaleur humaine d’une grande intensité…

Avec le Christ, la Lumière de la Tendresse de Dieu va briller au cœur de la détresse du lépreux et la chasser… Mais « attention », lui dit Jésus, pour l’instant, « ne dis rien à personne ». Il vient en effet de commencer sa mission, il craint d’être mal compris… Mais le lépreux n’y arrive pas… Ce qu’il vient de découvrir est si beau qu’il fait exactement le contraire : il dit tout, tout de suite, à tout le monde… Et voilà que Jésus se retrouve comme un lépreux ! Il ne peut plus entrer dans les villes ! Mais à l’inverse d’un lépreux, « de partout on venait à lui » pour l’écouter et se laisser toucher par cet Amour de Miséricorde venu purifier et sauver l’humanité tout entière… « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,4) et si quelqu’un, d’une manière ou d’une autre est perdu, « il le cherche jusqu’à ce qu’il le retrouve » (Lc 15,4-7)…     DJF




6ième Dimanche Temps Ordinaire (Mc 1, 40-45) – Homélie du Père Louis DATTIN

Le lépreux

Mc 1, 40-45

Pour bien comprendre le récit de la guérison de ce lépreux, il est nécessaire de situer la lèpre, et le lépreux, au temps de Jésus. Il faut savoir que le lépreux était un homme totalement exclu de la société. Atteint d’une maladie grave et contagieuse, il était tenu à l’écart de la collectivité. Il ne devait toucher personne et personne ne devait le toucher, « il portera ses vêtements déchirés et des cheveux en désordre ».

Bien plus, la lèpre, pour les Hébreux, était le signe même du péché : la marque du péché, du châtiment divin pour des fautes particulièrement graves. Depuis toujours, le lépreux était considéré comme un mort ambulant, rejeté comme un cadavre encore vivant. Sa guérison (et on voit là toute la portée du miracle) n’était réservée qu’à Dieu seul. C’était « l’excommunié » par excellence et sa guérison équivalait à une purification qui pouvait être constatée, non par des médecins, mais par des prêtres. Dès qu’ils voyaient des « biens portants » aller vers eux, ils devaient crier : « impur, impur » derrière un voile qui devait leur protéger la bouche. Encore au Moyen-âge, ils devaient porter avec eux une sonnette pour avertir les gens qu’ils étaient là et donc de ne pas s’approcher.

Que fait Jésus ? Va-t-il violer la loi ? Ces tabous seront-ils plus forts que sa pitié ? Oui, il va violer les interdits. Il se laisse approcher par le lépreux qui tombe à ses genoux et le supplie et il entend ce cri admirable : « Si tu le veux, tu peux me purifier ». Vous le voyez, ce lépreux, dans ses haillons crasseux, il s’agenouille, il tend la main qui n’est peut-être plus qu’un moignon.

 « Ah, surtout qu’il ne me touche pas, il est répugnant, ce lépreux, contagieux, incurable ». Si nous avions été là, dans l’entourage de Jésus, qu’aurions-nous fait ? Vous rappelez-vous le moment précis où St-François d’Assise a eu le sentiment physique de la présence du Christ : il caracole sur un chemin désert, le jeune François Bernardone, beau, élégant, délicat et soudain son cheval se cabre ; il y a dans la poussière, un paquet difforme ! C’est un lépreux ! François saute de cheval et saute à son cou. C’est fait : pour toujours, il a embrassé Jésus lui-même qui s’identifie au rebut de l’humanité.

Maintenant, regardez Jésus : comme pour le provoquer, ce lépreux s’écrie : « Si tu le veux, tu peux me purifier ». Jésus sait bien ce qu’il a devant lui, c’est la mort ? Notre mort à nous chemine d’une manière clandestine : des cellules s’atrophient, quelques rides de plus et moins de souplesse, des cheveux blancs ou plus de cheveux. La lèpre, c’est la vision brutale de ce que la mort fera de notre corps : les chairs rongées, les os friables. C’est la mort en face et à cette répulsion physique s’ajoute à l’époque une répulsion morale. La lèpre est une malédiction et le lépreux est un maudit : Dieu le punit à cause de lui ou de quelqu’un de sa race. C’est le fruit d’une culpabilité religieuse :

« Va te montrer au prêtre et fais l’offrande prescrite », dit Jésus.

Le roi de France, voici cinq siècles, publie un édit autorisant la persécution des Juifs et des lépreux ! Regardez Jésus : d’abord, lui, il ne le condamne pas, il est au contraire « plein de pitié » et puis, il pourrait guérir à distance. Or, il tend la main, il touche de ses doigts la chair meurtrie, il arrête la mort, c’est-à-dire son ennemie : s’il perd contre la mort, sa vie n’a plus de sens.

Jésus se bat pour la vie : il va donc guérir le lépreux. Jésus ne cesse de sauver ce qui était perdu. Alors, il touche l’intouchable et il dit : « Je le veux, sois guéri ! »

 Sa parole fait toujours ce qu’il dit : « A l’instant même, sa lèpre le quitta ». Loin d’être gagné par la contagion, c’est Jésus qui devient contagieux à son tour et qui lui communique sa vraie santé : la sainteté, c’est la pureté qui est contagieuse ! En somme, une histoire très simple : Jésus guérit un lépreux, juste quelques lignes, mais elles cassent tout. Elles cassent la maladie, elles cassent surtout ce dont la lèpre était le symbole : elles cassent le péché. Pas de discours sur la bonté du Père, pas de morale sur l’inconduite de l’homme, seule, une action, une parole efficace relie ces deux contagions : « Je le veux, sois purifié » (Jésus ne dit pas « sois guéri » tout comme de son côté le lépreux avait dit non pas « guéris-moi », mais « purifie-moi« ). Et voilà maintenant notre homme guéri, attestation d’une nouvelle guérison, contagieuse, elle aussi, celle de l’apostolat. Il se met à proclamer et à répandre la bonne nouvelle ! Et cette mission qui l’habite est si efficace « qu’on venait à lui de partout ».

La simple bienséance voudrait que le chrétien, s’il est un tant soit peu conscient de l’immense grâce dont il bénéficie de la part de Dieu, ait au moins le bon sens de renouveler auprès de ses frères le même geste audacieux, courageux dont il a été, lui aussi, le bénéficiaire, au moment de son Baptême, à chaque fois qu’il a eu recours au Sacrement de Réconciliation. Beaucoup de chrétiens l’ont compris qui ont offert leur vie à s’occuper des malades. Il y a des signes d’autres maladies plus graves encore, pas tant dans les corps, mais dans leurs cœurs : égoïstes, orgueilleux, jaloux, méchants, débauchés, rongés par l’envie, la calomnie, la médisance, la haine, le mépris.

Raoul Follereau, un français de notre siècle, a consacré sa vie à soigner les lépreux. Des prêtres passent parfois leurs journées à guérir, au nom de Jésus, d’autres lèpres spirituelles rongeant une âme, plus sûrement que l’autre lèpre ronge leurs membres. Le chrétien doit toujours s’exposer au combat pour la vie contre la mort.

 A notre époque, il y a aussi des lèpres modernes qui peuvent nous trouver en position de fraternité envers tous ceux qui en sont les victimes, victimes totalement innocentes des guerres, des épidémies, des migrations. Il y a aussi tous les autres : les exclus du chômage, les injustices de toutes sortes. Les exclusions se présentent toujours comme une réaction de défense de la société, de l’église, de la famille contre des contagions possibles.

En Jésus, tous les obstacles sont abolis : que nous soyons à notre tour des agents de réconciliation, de réintégration, de l’accueil à tous. Nous qui avons été guéris par Jésus, que notre guérison soit pour tous un témoignage : le Royaume progresse quand l’exclusion régresse.  AMEN




Rencontre autour de l’Evangile – 6ième dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 40-45)

« Pris de pitié, Jésus étendit la main… »

6ième TO

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ce passage fait suite à celui du dimanche précédent. Jésus est au début de son ministère.

 Ensemble lisons (Mc 1, 40-45)

Faire une première lecture. .

Un lépreux : dire tout ce que l’on sait du sort d’un tel malade au temps de Jésus.

Noter la démarche et la prière du lépreux. Quelle réflexion cela nous inspire?

La réaction de Jésus:

Qu’avons-nous à dire de ses  sentiments. De son geste. De sa parole : « Je le veux, sois purifié »

Pourquoi aussitôt après l’avertissement sévère de ne rien dire à personne?

Et pourquoi cette demande de Jésus : « va te montrer au prêtre. »

Et pourquoi cette guérison sera pour les autorités religieuses un témoignage ?

Et comment comprendre la réaction de l’homme guéri ?

Son attitude a-t-elle un sens pour nous aujourd’hui ? Est-ce que Jésus nous demande de nous taire?

Jésus est obligé d’éviter les lieux habités : pourquoi?

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

A la fin du partage, faire un moment de silence pour une contemplation de Jésus et une prière silencieuse.

 

POUR L’ANIMATEUR

Le malade s’approche de Jésus pour une demande humble et confiante. Il s’agenouille devant lui et le supplie.

Pour bien comprendre cette demande, il fait savoir que le lépreux était un homme totalement exclu de la société. Atteint d’une maladie grave et contagieuse, il était tenu à l’écart de la collectivité. Selon la loi de Moïse, il devait porter des vêtements déchirés et des cheveux en désordre et crier « impur ! impur » quand il s’approchait d’un endroit habité.

Dans la bible, la lèpre est un mal physique et aussi un mal religieux : elle  était considérée comme la marque du péché et le châtiment divin de fautes jugées particulièrement graves. Le lépreux était comme un mort ambulant, rejeté comme un cadavre source « d’impureté ». Pas de communion possible avec Dieu et avec les hommes.  La guérison d’un tel mal était réservée à Dieu.

Dans ce contexte, l’attitude de Jésus est extraordinaire : non seulement il se laisse approcher par le malheureux, mais il ose toucher l’intouchable. Et sa parole a la souveraine efficacité de la Parole même de Dieu : il dit et cela fut.

La guérison des lépreux figurait parmi les signes auxquels on reconnaîtrait l’action du Messie. Aux disciples de Jean Baptiste venus lui demander s’il était le Messie, Jésus répond : Les boiteux marchent, les lépreux sont guéris. » (Mt 11, 1-5) Le Messie est donc là qui restaure l’homme en parfaite santé physique et spirituelle.

Aussitôt après la guérison Jésus « chasse » carrément l’homme avec l’ordre de se taire. C’est dans l’évangile de Marc ce qu’on a appelé le « secret messianique ». Jésus ne veut pas qu’on se méprenne sur le sens de son identité de Messie. Il n’est pas ce magicien attendu qui supprimerait tous les maux de la terre. La profondeur de son être et de sa mission de Messie ne pourra vraiment être comprise qu’à la lumière de sa Passion et de sa Résurrection?

Jésus envoie l’homme guéri vers le prêtre pour faire constater officiellement sa guérison et le faire rentrer dans la communauté religieuse. Et ce sera un témoignage. Les autorités religieuses apprendront ainsi que cette guérison est l’accomplissement en la personne de Jésus de l’attente du Messie.

En fait par la désobéissance de l’homme guéri, Marc nous ramène à aujourd’hui : celui qui est guéri doit être missionnaire de la Bonne Nouvelle.

Avec la résurrection de Jésus, le « secret messianique » est devenu caduc.

Le lecteur de cet évangile, c’est à dire chacun de nous, a mission de répandre le joyeux message libérateur de Jésus.

Puis l’évangéliste revient à Jésus : Jésus est obligé de fuir la foule. De partout en venait à lui. Une question naît dans les cœurs: « Quel est cet homme ? »

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

En guérissant le lépreux et en lui permettant de retrouver sa place dans la société, Jésus nous révèle qu’il est venu susciter parmi les hommes une fraternité qui ne connaîtra ni paria ni exclu.

Nous connaissons aujourd’hui autour de nous des gens mis à part de la société : des jeunes qui au sortir de l’école se retrouve sans travail, des personnes qui n’ont pas notre culture, notre langue, notre religion, notre genre de vie, etc…

Les fréquentons-nous?

Quel regard nous portons sur elles ?

Les aimons-nous comme des frères?

La lèpre qui défigure le visage de l’homme a toujours été interprétée comme le symbole du péché qui défigure l’image de Dieu qui est en nous.

Pour guérir la lèpre de notre péché  prenons-nous le temps de nous approcher de Jésus Christ  avec la même confiance que le lépreux de l’évangile?

ENSEMBLE PRIONS

Psaume 101 : N’oublie pas, Seigneur, le cri des malheureux.

Seigneur entends ma prière : que mon cri parvienne jusqu’à toi !

Ne me cache pas ton  visage le jour où je suis en détresse !

A force de crier ma plainte, ma peau colle à mes os.

Mais toi, Seigneur, tu es là pour toujours ;

d’âge en âge on fera mémoire de toi.

Du ciel le Seigneur s’est penché, il regarde la terre pour entendre la plainte des captifs et libérer ceux qui devaient mourir.

 

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