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32ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Les 2 veuves

Mc 12, 38-44

 

Aujourd’hui encore, mes frères, le parallélisme est frappant entre les deux lectures de notre liturgie de la Parole : dans les deux cas, il s’agit d’une veuve, pauvre, qui ne se contente pas de faire l’aumône avec un peu de superflu mais qui, toutes deux, donnent de leur nécessaire, de ce qui leur est absolument indispensable pour vivre, et même pour continuer à vivre. Leur don n’est pas le résultat d’un surplus, de quelque chose que l’on a mis de côté pour les autres, mais atteint de plein fouet leur minimum vital et quand je dis « minimum vital », je ne parle pas de ce qui est calculé par notre société de consommation pour vivre décemment, mais de ce minimum requis pour continuer à vivre le lendemain, tout simplement pour survivre.

Si l’on est d’un naturel généreux, il est relativement facile de donner tout ce qui ne nous est pas absolument nécessaire et l’on sait par exemple que les Français ont bon cœur pour envoyer des couvertures à Madagascar, faire vider leurs greniers ou leurs caves par les compagnons d’Emmaüs, dégorger leurs armoires en faisant des cartons de linge ou de vêtements pour le Secours Catholique.

Loin de moi, mes frères, de critiquer ou de soupçonner ce genre de charité sans aller jusqu’à dire qu’il nous rend service, sinon matériellement, du moins pour nous donner bonne conscience.
Avouons, que très souvent, il ne nous a pas trop gêné et ne nous a pas fait trop mal. Nous sommes, hélas, dans un monde où les gens, à quelques centaines de kilomètres les uns des autres, sont, les uns, trop maigres parce qu’ils ne peuvent pas manger, les autres, très maigres parce qu’ils se mettent au régime pour garder la ligne. Les uns voudraient bien un peu plus, les autres se méfient du « beaucoup trop ». Vous me direz que, dans ce cas, le résultat est le même et que tous ont la « ligne », soit par défaut, soit par excès.

Mais, le cœur, là-dedans ? La générosité ? Le souci des autres, y trouvent-ils leur compte ? La veuve de Sarepta va puiser ses dernières gouttes d’eau et d’huile, en pleine période de sécheresse pour Elie, un étranger de passage, un homme qu’elle ne connaît pas. Puis il lui demande du pain, elle n’en a plus, sinon une poignée de farine et un reste d’huile dans un fond de vase « Eh bien soit… tu mangeras et ensuite nous mourrons ».

Quant à la veuve de l’Evangile, Jésus remarque : « Elle a tout donné, tout ce qu’elle a pour vivre ».

Dans les deux cas, il s’agit d’une offrande qui engage la vie de celui qui offre, offrande qui devient sacrifice de soi, risque de son existence même, mise en jeu de tout ce qui nous reste.

« Bienheureux les pauvres », eux seuls savent partager parce que, ce qu’ils donnent, c’est de leur vie même, qu’ils l’ôtent.

L’Evangile nous le rappelle aujourd’hui : en donnant seulement des choses, en le faisant savoir, en faisant « comme on dit » « un geste » sur un coup de cœur ou un coup de mauvaise conscience, nous n’engageons pas notre vie, nous ne nous engageons pas nous-mêmes et même on peut en retirer plus de satisfaction intérieure et d’approbation de soi : c’est encore un don qui est « payant pour nous ». En faisant cela, je peux me rassurer en me disant : « Voilà, tu as été capable de faire cela. Après tout, ce n’est pas si mal ».

« En donnant un peu de mon confort extérieur, je m’assure un peu de mon confort intérieur ». Mes frères… que donnons-nous ? Des choses ? Que faisons-nous ? Des gestes ? Ou bien le « cœur » y est-il engagé ? C’est là le test, la pierre de touche de notre générosité réelle. Suis-je capable de risquer ma vie personnelle ? En donnant : est-ce-que je me donne lorsque je donne aux autres ?

Pour une fois, l’Evangile réjouit la bonne vieille sagesse ordinaire qui dit : « La manière de donner vaut mieux que ce que l’on donne » et même en allant plus loin, on pourrait dire que « la manière de refuser vaut mieux que si l’on donnait n’importe quoi et n’importe comment », car refuser peut être parfois un signe d’amour plus vrai que de céder à une fausse pitié qui n’est qu’une manière de se débarrasser de quelqu’un qui nous gêne.

Permettez-moi, mes frères, de vous citer ce beau texte d’Isabelle Rivière. Il nous révèle que le don est d’abord une affaire de cœur, une affaire de « don de soi » qui nous engage :

« Toute la misère humaine, dit-elle, est faite d’avarice, la misère du corps ; du refus de donner son bien, la misère des âmes ; du refus de donner son temps et son cœur ».

Toutes les souffrances aiguës ou sourdes, toutes les amertumes, les humiliations, les chagrins, les haines, les désespoirs de ce monde sont une faim inapaisée, faim de pain, faim de secours, faim d’amour :

  – depuis le petit garçon qui pleure à gros sanglots parce que sa mère l’a giflé sans raison, jusqu’au trop vieux grand-père que ses petits- fils oublient toujours d’embrasser ;

  – depuis la jeune fille laide qui reste seule dans son coin jusqu’à l’épouse que son mari ne regarde jamais plus, jusqu’à la femme abandonnée qui se jette à la Seine ;

  – depuis l’amie dont l’ami a manqué exprès le rendez-vous jusqu’au garçon de vingt ans qui meurt seul dans son lit d’hôpital pendant que l’infirmière boit du café à la cuisine ;

  – depuis le petit de l’assistance publique jusqu’à l’homme qu’on va exécuter.

Tous ont souffert d’un manque d’amour, d’une lésinerie d’amour. Chacun avait droit à un morceau de la vie et du cœur d’un Autre, que cet Autre lui a refusé. Chacun avait besoin pour vivre de ce qu’un autre a réservé pour soi, qui lui était inutile et qui s’est gâté, faute d’emploi.

On peut donner certes, mais, jamais donner sans se donner. Souvent, on a plus besoin de celui qui donne que de ce qu’il donne. Est-ce-que je m’engage dans mes dons ? Est-ce-que je me donne, dans ce que je donne ?

 

Dans l’Evangile, lisez-le bien, on ne voit jamais Jésus donner quelque chose : il ne faisait pas la charité, il était charité, il était l’amour. Dieu ne donne pas, il se donne, il est inséparable de ses dons. A chaque fois qu’il donne, c’est lui qui s’offre lui-même que ce soit au Baptême, à la réconciliation, à la Communion, à la Croix.

Jésus est toujours don, mais aussi et toujours « Don de soi ». Jésus n’a rien, mais il donne tout en nous donnant sa vie, son Corps, son Sang, tout.

Rappelez-vous aussi ce boiteux qui se tenait à la porte du Temple de Jérusalem alors que passent Pierre et Jean : il mendie, il espère quelque chose. Pierre lui déclare : « Je n’ai rien, mais ce que j’ai, je te le donne ». « Au nom de Jésus, lève-toi et marche ».

« Je n’ai rien », mot de pauvreté, mais ce que j’ai, je te le donne.

C’est la réponse de la veuve de Sarepta à Elie. Ce sont les deux piécettes de la veuve du Temple. C’est aussi la réponse de Jésus à son Père : « Tu n’as voulu ni cadeaux ni sacrifices, alors j’ai dit « Père, me voici pour faire ta volonté » ».

Un chrétien, qu’il soit riche ou qu’il soit pauvre matériellement, doit avant tout donner en se donnant soi-même pour faire la volonté du Père, là où il est, par amour : c’est plus difficile, c’est aussi plus exigeant qu’une donation romantique.

Faire comme Dieu lui-même, là est la liberté, là est la vie.

Tout le reste est étranger au cœur de Dieu. AMEN




32ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 12, 38-44)

 « Elle a tout donné »

(Mc 12,38-44)

En ce temps-là, dans son enseignement, Jésus disait : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques,
les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners.
Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »
Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes.
Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie.
Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres.
Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

         

       Notre Evangile commence par une mise en garde : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à sortir en robes solennelles et qui aiment les salutations sur les places publiques, les premiers rangs dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners ». Ils cherchent à se faire remarquer, ils sont centrés sur eux-mêmes et non sur Dieu… « Ils affectent de prier longuement » mais ce n’est pas l’accomplissement de sa volonté qui les intéresse, mais plutôt leur propre gloire, leur intérêt personnel. Ainsi, au lieu de venir en aide aux pauvres et aux malheureux, « ils dévorent le bien des veuves »… « Méfiez-vous » d’eux pour ne pas devenir, à votre tour, leur proie…

         « Jésus, ayant achevé son enseignement, avait pénétré dans la cour des femmes. Là, à l’intérieur de l’enceinte sacrée, se trouvait le Trésor… D’après la Michna, il y avait treize troncs dans le Temple, pour recueillir les offrandes destinées aux sacrifices offerts pour tout le peuple »… « Une pauvre veuve s’avança et déposa deux piécettes », « les deux plus petites pièces de monnaie qui soient » (P. Lagrange). Aujourd’hui, elle donnerait deux pièces d’un centime d’Euro…

            Par rapport à la foule qui déposait des pièces plus conséquentes, ou aux riches qui, eux, « mettaient de grosses sommes », son offrande est totalement dérisoire… Pour un comptable qui ne cesse d’arrondir ses totaux, elle passerait inaperçue… Et pourtant, nous dit Jésus, c’est elle qui « a mis dans le tronc plus que tout le monde », car « elle a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre ». Dans la discrétion et l’anonymat de la foule, son geste manifeste la richesse cachée de son cœur, un geste d’autant plus beau qu’il est totalement désintéressé. Il ne visait pas, en effet, une intention personnelle, mais sa simple participation aux « sacrifices offerts pour tout le peuple »… Telle est la seule vraie beauté qui ait réellement du poids en ce monde : celle de l’amour humble et caché qui fait des merveilles dans les circonstances les plus simples de la vie quotidienne… Quel contraste par rapport aux scribes !

            De plus, « si elle a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre », elle est vraiment « à l’image et ressemblance de Dieu » (Gn 1,26-28), ce Dieu qui « est Amour », et qui n’est qu’Amour (1Jn 4,8.16). Or, la caractéristique première de l’Amour est de tout donner, tout ce qu’Il Est, tout ce qu’il a (Jn 3,35 ; 16,15 ; 17,10 ; Lc 15,31). En elle, « l’Amour de Dieu est donc vraiment accompli ». Le vrai bonheur est à chercher par là…

DJF

 




Rencontre autour de l’Évangile – 32ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Amen, je vous le dis :

cette pauvre veuve a mis dans

le Trésor plus que tous les autres… »

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mc 12, 38-44)

Jésus est à Jérusalem, pour la dernière fois… La Passion se rapproche, il le sait et il va donner à ses disciples ses derniers enseignements…

Regardons-réfléchissons-méditons

Les scribes : « Ils étaient les spécialistes et interprètes officiels des saintes Ecritures. Au terme de longues études, vers l’âge de 40 ans, on était ordonné scribe, ce qui conférait autorité dans les décisions juridiques » (Xavier Léon Dufour). Jésus dénonce ici les attitudes de certains scribes : que cherchent en fait ceux qui agissent ainsi ? La prière était un des trois grands piliers de la foi juive, avec l’aumône et le jeune. Ils prient, mais prient-ils vraiment ?

            La Loi disait : « Tu ne prendras pas en gage le vêtement de la veuve… Lorsque tu vendangeras ta vigne, tu n’iras rien y grappiller ensuite. Ce qui restera sera pour l’étranger, l’orphelin et la veuve » (Dt 24,17-21). Or que font ici ces spécialistes de la Loi ?

            « Ils seront sévèrement condamnés », par qui, par Dieu ?

            Jésus s’identifie au plus pauvre : «  J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir » (Mt 25,35-36). Comme les scribes, nous connaissons ces paroles ; les mettons-nous en pratique ?

 Dans le Temple de Jérusalem Jésus regarde les gens déposer leur offrande. Quand ce geste se fait-il encore aujourd’hui ? Nous arrive-t-il de voir ce que donnent ceux qui nous entourent ? Nous arrive-t-il de les juger en voyant les sommes qu’ils offrent ?

            Les deux piécettes données par la veuve seraient aujourd’hui « deux centimes d’Euro ». Si nous étions témoins d’une telle scène, quelle serait très probablement notre première réaction ? Or Jésus déclare : « Elle a donné tout ce qu’elle avait pour vivre ». Mais nous, pouvons-nous savoir cela ? Quel est celui-là seul qui peut le connaître ? Autrement dit, si nous l’avions jugée, notre jugement aurait-il été juste ? Quelle leçon pouvons-nous tirer de cet exemple, et pourquoi ?

Pour l’animateur 

Jésus invite à se « méfier » de certaines attitudes : les vêtements et les salutations qui attirent l’attention sur soi, le choix des premiers rangs dans les synagogues ou des places d’honneur dans les dîners, pour bien montrer que l’on est quelqu’un d’important… Tout cela n’est qu’orgueil et vanité, soif de paraître et d’être vu, remarqué, mis en avant, glorifié… Ces personnes se recherchent elles-mêmes, elles ne pensent qu’à elles sans se préoccuper de Dieu (elles font semblant de prier longuement), ou des autres. Pire, ces scribes sont prêts à exploiter les plus faibles, les veuves, pour leur intérêt personnel…

« Ils seront d’autant plus sévèrement condamnés »… Dieu, Lui, ne juge et ne condamne personne : « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé » (Jn 3,17). « Dieu veut que tous les hommes », tous, sans aucune exception, « soient sauvés » (1Tm 2,4). Par-delà la mort, dans la Lumière de la Vérité ces personnes ne pourront que voir en face tout ce qu’elles ont fait. Elles auront honte, elles voudront peut-être fuir pour se cacher loin de Dieu… Elles se condamneront ainsi elles-mêmes… Tel est le jugement…

Jésus est dans la salle du Trésor du Temple de Jérusalem, et il voit tous les gens qui déposent leurs offrandes… Il est vrai Dieu ; il connaît par sa relation au Père, le cœur de chacun, ce que nous, nous ignorons… Les riches donnent de grosses sommes, mais elles n’entament en rien leurs richesses. Une pauvre veuve donne deux piécettes, deux centimes d’Euro, et Jésus sait que « c’est tout ce qu’elle avait pour vivre… Elle a tout donné » pour participer elle aussi à la vie du Temple… Les hommes regardent les apparences, Dieu, Lui, regarde le cœur… Il est donc le seul à pouvoir donner un jugement juste, aussi, « ne jugez pas »…

De plus, maintenant que cette femme a tout donné, elle n’a plus rien, comme Jésus qui n’avait pas même « où reposer la tête » (Lc 9,58). Elle manifeste ainsi, à l’extrême, la confiance qu’elle a en Dieu… Il ne l’abandonnera pas… D’une manière ou d’une autre, il lui donnera de recevoir ce qui est nécessaire à sa vie… C’est ce qu’a vécu aussi Jésus, d’où son invitation : « Cherchez d’abord le Royaume des Cieux et sa justice, et tout vous sera donné par surcroît » (Lc 12,22-34).

 

TA PAROLE DANS NOTRE COEUR

Jésus doux et humble de cœur, Serviteur du Père et des hommes que le Père veut tous sauver, tu te soucies de tes disciples et tu aimerais qu’ils évitent les pièges de l’orgueil, de la vaine gloire, de l’hypocrisie et du mensonge. Et tu es sans cesse avec nous, pour redresser nos pas, nous pousser vers nos frères et nous aider à travailler à leur bien. Et ce n’est qu’en nous oubliant nous-mêmes que nous pourrons pleinement goûter à ta paix et à la joie de te servir dans nos frères…

            Tu nous apprends aussi à ne pas juger sur les apparences, et à reconnaître, dans les circonstances les plus simples de nos vies, ces trésors de délicatesse, de générosité, de courage et d’amour qui peuvent être mis en œuvre par celles et ceux qui nous entourent. Avec eux et par eux, tu continues à faire en sorte que ce monde soit plus humain. Voilà ce qui réjouit ton Cœur et celui de ton Père…

ENSEMBLE PRIONS   

Refrain : « Les mains ouvertes devant toi, Seigneur,

Pour t’offrir le monde !

Les mains ouvertes devant toi, Seigneur,

Notre joie est profonde

            Garde-nous tout petits devant ta Face,

            Simples et purs comme un ruisseau !

            Garde-nous tout petits devant nos frères,

            Et disponibles comme une eau !

Refr.

            Garde-nous tout petits devant ta Face,

            Brûlants d’amour et pleins de joie !

            Garde-nous tout petits devant nos frères,

            Simples chemins devant leur pas !

 

 

 

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Solennité de la Toussaint – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Matthieu 5, 1-12)

 Heureux ceux qui croient à l’Amour

(Mt 5,1-12)…

En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »

             Autrefois, dans le cadre de l’Alliance conclue avec son Peuple, Dieu donna sa Loi à Moïse sur une montagne (Ex 19-20). Ici, Jésus « gravit la montagne » et donne aux « grandes foules qui le suivirent, venues de la Galilée (Juifs), de la Décapole (païens), de Jérusalem (Juifs), de la Judée (Juifs), et de la Transjordanie (païens) » (Mt 4,25), la Loi Nouvelle de « l’Alliance nouvelle » (Lc 22,20 ; 1Co 11,25 ; 2Co 3,6) et éternelle, une Alliance qui existe de fait depuis la création du monde  entre Dieu et tous les hommes (Gn 9,8-17). Avec Jésus et par Lui (Hb 9,15 ; 12,24), ce Mystère est dorénavant pleinement révélé (Rm 16,25-27)…

            Cette Loi nouvelle est un appel au bonheur ! Dieu a créé l’homme pour qu’il soit heureux (Gn 2,8). Il veut son bonheur (Dt 4,40 ; 5,16.29.33 ; 6,3…), il ne cesse de le désirer, d’y travailler… Pourquoi ? Car « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16), et l’Amour « ne cesse de nous suivre pour nous faire du bien » (Jr 32,40). Et comment s’y prend-t-il ? Jésus, le Fils éternel, en est le parfait exemple : « Le Père aime le Fils et il a tout donné, il donne tout, en sa main » (Jn 3,35). Gratuitement, par Pur Amour, le Père ne cesse de se donner tout entier à son Fils pour le combler de tout ce qu’Il Est en Lui-même, lui donnant ainsi, de toute éternité, « avant tous les siècles », d’avoir part à sa vie (Jn 5,26) en « Unique-Engendré » (Jn 1,14.18 ; 3,16.18), « non pas créé », « Lumière » (Jn 1,9 ; 3,19 ; 8,12 ; 9,5 ; 12,46) « née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu ».

            Voilà le Mystère que le Fils est venu nous révéler : il se reçoit tout entier de l’Amour du Père, dans un acte éternel, totalement pur et gratuit, que le Père pose à son égard, dans la seule recherche du Bien de son Fils… Le Fils n’est donc rien par lui-même, et cela jusques dans les Paroles (Jn 8,26-29 ; 12,49-50 ; 17,8) et les Actions qu’il pose pour révéler ce Mystère du Père : « Je ne peux rien faire de moi-même » (Jn 5,19-20.30 ; 7,28 ; 8,28.42).

            Jésus est ainsi le parfait « pauvre de cœur » et il nous invite tous à la même attitude : accepter de reconnaître notre misère, l’offrir à l’Amour infini, et nous tourner de tout cœur vers Lui pour recevoir, avec le Fils et comme le Fils, ce que le Fils reçoit Lui-même du Père de toute éternité. Et que reçoit-il ? La Plénitude de l’Esprit, donnée gratuitement, par Amour, une Plénitude qui l’engendre en Fils « doux et humble de cœur » (Mt 11,29), comblé par « la joie de l’Esprit » (Lc 10,21 ; Jn 15,11 ; Ga 5,22 ; 1Th 1,6). « Le fruit de l’Esprit est douceur » (Ga 5,23) ? « Heureux les doux » ! « Le fruit de l’Esprit est Amour Miséricordieux » (Ga 5,22) ? « Heureux les miséricordieux » ! « Le fruit de l’Esprit est Paix » (Ga 5,22) ? « Heureux les artisans de paix » ! L’Esprit lave et purifie les cœurs blessés par le péché (Ez 36,24-28 ; 1Co 6,11) ? « Heureux les cœurs purs » ! Oui, vraiment, « heureux ceux qui croient » (Jn 20,29) que « Dieu est Amour », Pur Amour, car ils seront comblés pour l’éternité par le Don de l’Amour ! Là est la source du seul vrai Bonheur…                              DJF

 

 




31ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 30 et dimanche 31 Octobre 2021

 

Deutéronome 6.2–6 ; Hébreux 7.23–28 ; Marc 12.28–34

 

Un scribe est un spécialiste de la Loi (en hébreu : la Torah= enseignement), Loi qu’on retrouve dans les cinq livres du Pentateuque (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome) et dont les prescriptions morales sont résumées dans les Dix commandements ou Décalogue. Cette Loi se présente comme un enseignement de Dieu pour régler la vie du peuple de Dieu dans tous les domaines. Dans l’Ecriture, les rabbins avaient répertorié 613 préceptes: 365 interdictions, des actes à ne pas faire, et 248 commandements, des actes à faire. Ces multiples obligations, ces nombreuses pratiques à observer, font du juif fidèle un homme qui ne cesse, tout au long du jour, de penser à Dieu. Mais le risque est grand de tomber dans un formalisme tatillon, un respect scrupuleux dans la forme pour l’application des commandements, autrement dit, on applique bêtement les règles sans réfléchir, sans s’adapter aux situations. L’application de ces lois pouvaient alors devenir pour les Juifs un « joug » difficile sinon impossible à porter. Jésus, parlant à la foule et à ses disciples, dit en Mt 23,4 : « Ils (les scribes et les pharisiens) lient (attachent) de pesants fardeaux et les imposent aux épaules des gens, mais eux-mêmes se refusent à les remuer du doigt »; Et Pierre reprend dans Ac 15,10 : « Pourquoi donc maintenant tentez-vous Dieu en voulant imposer aux disciples un joug que ni nos pères ni nous-mêmes n’avons eu la force de porter? ». Deux dangers pouvaient se présenter dans la manière d’appliquer ces commandements. La première est de mettre tous ces préceptes, toutes ces règles sur le même pied d’égalité sans les ordonner correctement autour de ce qui devrait en être toujours le cœur et qu’on retrouve dans le premier texte d’aujourd’hui (Dt 6,4) : « Yahvé notre Dieu est le seul Yahvé. 5 Tu aimeras Yahvé ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir ». Le deuxième danger est de croire que la justice de l’homme devant Dieu – c’est-à-dire le fait d’être ajusté sur Dieu – , est basée, non sur la grâce de Dieu, mais sur l’obéissance stricte aux commandements et la pratique des bonnes œuvres comme si l’homme, par ses seules bonnes œuvres, pouvaient obtenir le salut. Or nous dit Saint Jean les œuvres du monde sont mauvaises (Jn 3,19-20)  : « 19 tel est le jugement : « la lumière est venue dans le monde et les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises. 20 Quiconque, en effet, commet le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient démontrées coupables ».

Et voilà ce scribe, bien intentionné, qui pose une question à Jésus : « Quel est le premier de tous les commandements ? ». Question étonnante mais justifiée pour ce spécialiste de la Loi.  Et Jésus répond :  « Le premier c’est :Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur, 30 et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. 31 Voici le second :Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là ». Le Premier commandement vient du Dt 6,4-5 et le deuxième du Lv19,18. Ce sont des lois immuables, toujours valables aujourd’hui. Il faut d’abord reconnaître que « le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur », et l’accepter pleinement comme l’a fait le scribe qui finit par dire  : « Il est unique et il n’y en a pas d’autre que Lui ». Qu’on ne vienne pas nous dire aujourd’hui, qu’on peut pratiquer deux religions en même temps. Ce n’est pas possible. Que les chrétiens comprennent bien cela et prennent une décision qui fasse la volonté de Dieu. Après avoir reconnu et admis que « Notre Dieu est l’unique Seigneur », vient maintenant l’amour pour Dieu : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force ». Non pas aimer du bout des lèvres, mais du fond du cœur. Vient enfin le commandement suivant : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Et ce commandement d’aimer son prochain signifie qu’il faut se tourner vers l’autre, et dans l’autre se trouve aussi Dieu. On aime donc Dieu à travers l’autre. Mais des questions peuvent se poser chez le chrétien : pourquoi devrai-je aimer Dieu ?  Ce qu’il a appris au catéchisme peut se résumer à ceci : Dieu est Amour et il nous aime. Mais lorsqu’il dit « Dieu nous aime », en est-il vraiment convaincu ? Et même lorsqu’on lui dit que Dieu a donné la vie de son Fils Jésus pour nous, il ne comprend pas forcément parce que cela n’a pas d’impact en lui, cela ne le touche pas. Et il ne voit donc pas pourquoi il devrait aimer Dieu. Il faut peut-être alors entrer dans les détails pour montrer ce que Dieu a fait pour nous et dans quel but. Et pourquoi, en retour, nous devons aimer Dieu. – Prenons  trois exemples : 1) Lorsque des parents attendent la naissance d’un enfant, avant même sa venue, ils ont tout préparé : chambre, berceau, vêtements, tout le nécessaire pour le nourrir et surtout ils l’aiment avant même sa venue. En cela, nous refaisons ce que Dieu a fait bien avant nous : avant la venue de l’homme – après avoir envoyé son esprit qui planait sur les eaux – il a tout préparé en six jours – la terre, le ciel, la lumière, l’eau, les plantes, le jour et la nuit, les animaux, et lorsque tout était prêt, Dieu crée l’homme. Dieu a tout pensé pour que nous soyons bien accueillis sur terre. Ce sont des actes d’amour. Nous aimons nos enfants ? Dieu aussi nous aime comme ses enfants. – 2) Si nous parlons de l’Incarnation, là aussi c’est Dieu Amour qui nous envoie son Fils pour nous sauver. Les prophètes de l’Ancien Testament envoyés par Dieu pour rappeler ses commandements et veiller à la fidélité du peuple envers Dieu, ont pour la plupart été tués. Dieu décide alors d’envoyer son Fils. Passer de l’état de Dieu à l’état de vrai homme, tout en bénissant tous les âges de la vie depuis la naissance à la mort, c’est une preuve d’amour. Dieu se met à la hauteur des hommes, Il s’est rabaissé au niveau des hommes pécheurs, faibles, infidèles. Il n’était pas obligé de le faire, sinon seulement parce qu’Il nous aime, et qu’Il veut aussi nous sauver. Avez-vous déjà vu de grands hommes d’Etat devenir un homme simple et vrai et venir vivre au milieu de son peuple pour mieux en prendre soin? Dieu n’a pas eu peur de devenir simple pour aider les plus simples, pauvre pour aider les pauvres, secourir les malades, les éduquer pour avoir la vie éternelle tout en nous donnant les moyens pour ce but. – 3) Si nous parlons de la Passion du Christ, en quoi est-ce de l’amour de Dieu pour nous ?  En quoi donner sa vie pour nous est une preuve d’amour ? Seriez-vous prêt à, non pas donner votre vie, mais simplement à donner un rein, de la moelle osseuse, ou certains de vos organes à quelqu’un qui vous hait, qui vous a toujours rabaissé, maltraité, sali, déshonoré ou je ne sais quoi encore ? Le Christ, Lui, l’a fait pour nous tous, pas seulement pour les bons fidèles, mais aussi pour ceux qui l’ont trahi, ceux qui lui ont porté de faux témoignages, ceux qui l’ont condamné alors qu’il était innocent, ceux qui l’ont flagellé, ceux qui l’ont fait porter le poids de la croix, ceux qui lui ont donné le fiel à boire, ceux qui lui ont craché dessus, ceux qui l’ont giflé, ceux qui lui ont mis la couronne d’épines, ceux qui lui ont planté les clous, puis l’ont crucifié , et transpercé d’un coup de lance alors qu’Il est sur la Croix. 1P2,21.23 : « Le Christ a souffert pour vous, vous laissant un modèle afin que vous suiviez ses traces…lui qui, insulté, ne rendait pas l’insulte, souffrant (mais) ne menaçait pas, mais s’en remettait à Celui qui juge avec Justice. Sur la Croix, Jésus dit à Sœur Faustine (§323) qu’il priait son Père pour nous: « Quand J’agonisais sur la Croix, Je ne pensais pas à Moi, mais aux pauvres pécheurs et Je priais Mon Père pour eux ». Lui, innocent, il a accepté tout cela sans dire un seul mot pour se défendre. Tout cela pour sauver, non seulement son peuple, mais encore toute l’humanité, alors même qu’une grande partie de l’humanité refuse de Le suivre. C’est nous, les pécheurs, qui méritons la mort, pas Lui. Se sacrifiant à notre place, le Christ reçoit de son Père le pardon, la miséricorde, non pas pour Lui – car Il est vrai Dieu, vrai homme et n’a pas de péché – mais pour toute l’humanité. Comment peut-on ne pas aimer le Christ qui nous aime tant et qui a donné sa vie pour nous et qui, malgré nos infidélités, malgré nos manques d’amour, malgré nos péchés, continue de nous aimer? C’est pour cela que la réponse de Jésus au scribe est « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force et ton prochain comme toi-même », parce que Jésus sait parfaitement bien que nous ne l’aimons pas de tout notre cœur, que nous ne l’aimons pas de toute notre âme, de tout notre esprit, de toute notre force et que nous nous n’aimons pas assez notre prochain. Il nous le dit en Jn 5,42 : « Je vous connais : vous n’avez pas en vous l’amour de Dieu ». C’est donc une invitation à nous impliquer davantage, de tout notre cœur, dans nos relations avec Dieu et les autres, et ne pas vivre superficiellement. – Et Lorsque Jésus nous dit « aimez vos ennemis », cela nous parait impossible parce qu’un ennemi est un ennemi, quelqu’un qu’on n’aime pas. D’abord, Jésus a aimé tout le monde sans exception, et il a eu et a encore beaucoup d’ennemis. Nous, les êtres humains quand on parle d’amour, on pense aux sentiments. Les exemples donnés sur la Création et la Passion de Jésus montrent que Dieu le Père et le Fils nous aiment par des actes d’amour, des actes et non pas avec des paroles dites du bout des lèvres. Sœur Faustine (§391) : « L’amour ne réside ni dans les mots, ni dans les sentiments, mais dans les actes. C’est un acte de volonté, c’est un don, c’est-à-dire une donation ». Ainsi « aimez vos ennemis » se fera par des actes : un petit « bonjour » même discret, ne pas montrer d’animosité, de sentiment d’hostilité, d’agressivité envers l’autre, participer à des actions communes qui édifient, qui élèvent, qui font grandir etc… Même si les mots d’amour ne sortent pas, les actes d’amour doivent parler haut et fort pour faire la volonté de Dieu. Tout cela nous amènera à lutter contre notre propre orgueil, en laissant beaucoup de place à l’humilité, sachant que devant Dieu, nous sommes tous à égalité, car tous pécheurs. Rien qu’en appliquant les deux commandements, Dieu nous donne, ici sur terre la paix, la fraternité, la solidarité, l’entraide, et après la mort : le Royaume de Dieu, la vie éternelle. Il appartient alors au peuple de Dieu de s’émerveiller devant son amour et de Lui rendre grâce car « le propre du Dieu, qui est amour, est de nous combler de bienfaits. En échange de ses bienfaits, l’homme ne peut rien donner d’autre à Dieu que cet humble « merci» puisque tout appartient déjà au Créateur. Ce « merci » doit être exprimé par toute la vie du croyant (son attitude, sa manière d’être, ses relations envers les autres, sa vie spirituelle)… La conséquence pratique … consistera à marcher humblement selon les voies du Seigneur dans une obéissance d’amour à ses commandements …C’est un hymne à la vie, un hymne à la joie » (Nicolas Buttet – L’Eucharistie à l’école des saints – P.43-44.46). Ce sera notre manière à nous de dire merci au Seigneur. Prions Marie pour qu’elle nous aide à aimer davantage Dieu et notre prochain.




31ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mc 12, 28-34)

« Les commandements de l’amour »

 

Cet épisode fait suite à une série de controverses organisées par différents groupes de personnes, des grands prêtres, des scribes, des anciens, des Hérodiens, des Pharisiens, des Sadducéens, qui tous voulaient mettre Jésus dans l’embarras.

Un scribe, qui avait entendu la réponse de Jésus aux Sadducéens, et l’avait trouvée bonne, vint lui demander : « Quel est le premier de tous les commandements ? ».

Jésus répond : « Voici le premier … », et il déclame celui-ci, le shéma Israël (Dt 6,4-5), qui ne fait pas partie des dix commandements, mais que chaque juif récite au moins deux fois par jour : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. ». Il avait répondu à la question, … mais il continue : « Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. », que l’on trouve en Lv 19,18, et il conclut : « Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. ».

Cela veut dire que les deux amours : amour de Dieu et amour des hommes, sont inséparables, et qu’ils sont au même niveau, le premier.

À tel point que l’apôtre Jean a pu écrire : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. » (1 Jn 4,20).

L’amour de Dieu est un amour transcendant, vertical, qui vient d’abord de Dieu : « Dieu lui-même nous a aimés le premier. » (1 Jn 4,19), et ceux qui ont connu Dieu l’ont aussi aimé : Dieu aime l’homme et l’homme aime Dieu.

L’amour entre les hommes est un amour immanent, horizontal, tous sont au même niveau.

Et si les deux amours sont inséparables, les dimensions verticales et horizontales se superposent et forment une croix, celle de Jésus, signe de l’amour de Dieu et de son Fils Jésus pour les hommes : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15,13), et c’est sur la croix que Jésus a donné la preuve de son amour pour nous.

Ces deux dimensions de l’amour, on l’a vu, existaient déjà dès l’ancien testament, dès l’époque de Moïse.

Pourtant, Jésus nous a donné « un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34)

Pourquoi dit-il que c’est un commandement nouveau ?

Quelle est la différence avec le second commandement vu plus haut : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » ?

La différence se situe à deux niveaux :

– Dans le commandement nouveau, la référence de l’amour est l’amour de Jésus : « Comme je vous ai aimés ». C’est un amour humain et divin, supérieur à notre niveau humain.

– La référence au prochain disparaît. Le prochain, c’est celui qui est proche de nous, et celui dont on s’approche (voir la parabole du Bon Samaritain). C’est quelqu’un que l’on connaît, ou que l’on choisit. Ici, on parle de tout le monde, sans choix, et notamment : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. (…) À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique. Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas. (…) Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. » (Lc 6,27-30.32).

Paroles dures, difficiles à mettre en pratique !

Comment peut-on aimer quelqu’un qui nous a fait le pire mal possible ? …

Peut-être lui pardonner … il y en a qui y arrive … mais poussés par Dieu, par l’Esprit …

Mais aller jusqu’à les aimer … c’est humainement impossible !

Seul l’exemple de Jésus peut nous permettre d’y arriver, lui qui a donné sa vie pour tous, y compris les méchants, et qui « les aima jusqu’au bout » (Jn 13,1).

Seul Dieu peut nous aider à y arriver, car pour lui, « rien n’est impossible » (Lc 1,37).

Alors, les commandements de l’amour …

Quand on y réfléchit, cette expression est paradoxale !

« L’amour ne se commande pas ! »

On entend souvent cette expression ! et c’est vrai pour les objets (amour philéo) ou pour les humains (amour éros), mais ici, on parle de l’amour vrai entre les humains, de l’amour agapé.

Peut-on parler de commandement de l’amour ?

Oui, mais pas dans le sens habituel « d’obligation pure et dure » à remplir … car Dieu qui est tout amour nous laisse libre d’avancer, à notre rythme …

Certains y sont arrivés, ce sont les saints.

Mais cela reste un but à atteindre, au plus tard à la fin de notre vie, pour entrer dans le Royaume des cieux. À défaut, après un temps de purgatoire … en espérant que la communion des saints nous aide à changer notre cœur …

Pour nous, gens ordinaires, il nous faut vivre dans l’espérance d’atteindre ce but, tout en sachant que nous sommes pécheurs, des personnes qui manquent à l’amour … et en comptant sur la miséricorde de Dieu.

« Au soir de cette vie, vous serez jugés sur l’amour. » (Saint Jean de la Croix)

Seigneur Jésus,

à l’amour de Dieu,

tu ajoutes l’amour des hommes,

de tous les hommes,

mêmes ceux que l’on n’a pas envie d’aimer,

ceux qui nous font du mal.

Toi seul peut nous aider à faire cela !

Que l’Esprit-Saint nous aide

à avancer dans l’amour vrai.

 

                                     Francis Cousin

 

 

 

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31ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Le grand commandement

Mc 12, 28-34

Après son passage à Jéricho, voilà Jésus qui arrive à Jérusalem : sa première démarche est d’aller au Temple qu’il fréquente toute la journée, sous les portiques, allant et venant.

Il est en butte à tous ces contradicteurs : les scribes et les anciens, puis les pharisiens et les hérodiens, enfin les saducéens.

Et voilà qu’on lui pose une question, la question best-seller, à l’époque de Jésus : « Quel est le premier commandement ? » Comment distinguer l’essentiel de l’accessoire dans la nuée de commandements juifs ? Il y en avait 613 à observer pour n’être pas en faute : 248 positifs (autant que d’éléments composant le corps humain) et 365 négatifs (autant que de jours dans l’année). Comment unifier tout ce maquis ? Isoler le précepte fondamental ? Dans ce fatras, comment discerner l’essentiel, comment s’y retrouver ? Quel est le désir principal de Dieu sur nous ? Qui va donner le sens à tout le reste et qui va nous permettre de nous adapter dans toutes les situations ?

Tout de suite, Jésus répond par la prière de ‘’Shema Israël’’, que tout Juif pieux récite deux fois par jour, le matin et le soir :

« Ecoute, Israël, le Seigneur Notre Dieu est notre unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force.»

Une prière, qui, pour les Juifs, a la même importance que le ‘’Notre Père’’ pour les chrétiens.

Jésus aurait pu s’arrêter là ! Mais non, et voilà ce qui va faire l’originalité du christianisme ; il enchaîne aussitôt avec une phrase du Lévitique : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Et il conclut : « Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là », amour de Dieu, amour des autres. C’est dans le rapprochement de ces deux commandements qui n’en font plus qu’un seul, dans ce lien, indissociable entre l’amour de Dieu et du prochain, que réside toute l’originalité du message de Jésus : ‘’l’amour de Dieu’’ doit s’exprimer dans ‘’l’amour du prochain’’, qui en est le véritable test.

Plus moyen d’aimer Dieu sans aimer l’autre, sinon je suis un menteur.

Plus moyen d’aimer l’autre, sans aimer Dieu, sinon je ne suis qu’un philanthrope, parce que l’amour fraternel a son fondement en Dieu, Père unique, qui fait de nous tous des frères de la même Famille divine.

« Un seul Dieu et Père de tous », nous rappelle St-Paul.

« Comment pourrais-tu aimer Dieu que tu ne vois pas, alors que tu n’aimes pas ton voisin proche de toi ? » Illusion que de croire aimer Dieu, alors que celui qui est à côté de moi n’est qu’un étranger ! Que j’ignore !

Frères et sœurs, nous sommes tellement habitués à ce message que l’on nous a répété depuis notre petite enfance, que l’on a l’impression, ce soir (ce matin), en rappelant l’unicité de ces deux amours, d’enfoncer une porte ouverte : il faut y regarder de plus près.

Le scribe l’interrogeait sur le 1er commandement : Jésus répond par une prière, et c’est vrai qu’une religion n’est pas basée sur des commandements, mais fondée sur un amour. J’aurai beau pratiquer :

 – les 613 commandements de la loi,

 – les commandements de Dieu ou de l’Eglise,

 – la messe du dimanche,

 – le jeûne,

 – la prière du matin ou celle après le repas,

 – l’office ou le chapelet,

 – une neuvaine ou faire dire des messes,

 

si  je  n’ai pas  l’amour, tout le reste n’est rien, tout cela ne vaut rien, toutes mes pratiques sont insignifiantes et débiles et sans importance.

L’étoffe vivante du peuple de Dieu, ce ne sont pas les commandements : c’est un élan insatiable, un désir, une faim, une soif vers ce Dieu qu’il faut aimer de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit et de toute sa force et vers ce prochain qu’il faut aimer comme soi-même.

L’amour vrai saura toujours trouver comment il doit s’exprimer, comment il doit se dire à l’autre, comment il se manifestera à l’être aimé. Si j’aime vraiment Dieu, je saurai trouver le 614e ou le 615e commandement qui est justement celui que Dieu me demande aujourd’hui, qu’il me réclame dans son amour pour moi et que je vais lui offrir dans mon amour pour lui.

Pour celui qui est vraiment branché sur Dieu, à la limite, il n’y a plus de commandements, il y a seulement dans son cœur, un amour impérieux qui le fera considérer comme une nécessité de faire tels gestes, d’entreprendre telle démarche pour dire à Dieu combien je l’aime, à mon tour, « lui, qui m’a aimé le premier ».

Dans une auto, vous avez, au fond, deux éléments essentiels :

la carrosserie et le moteur.

La carrosserie, c’est bien ; ça nous permet d’être encadré et protégé. C’est un confort et une sécurité. Nous ne pouvons pas être à cheval sur le moteur, comme une sorcière sur son balai.

C’est le rôle du commandement dans la religion : savoir être entouré de balises, ceintures de sécurité, airbags et le reste, qui nous ligotent un peu, qui peuvent nous enfermer, mais qui sont nécessaires pour ne pas être éjectés.

Mais que diriez-vous d’une belle voiture sans moteur ? Vous pouvez vous installer dedans et y rester, il y a peut-être un cendrier, une pendule, un chauffe-biberon ou même un bar. S’il n’y a pas de moteur, vous n’irez pas loin ! Vous ne sortirez jamais du garage ! Cette carrosserie sans moteur, c’est votre religion sans amour.

L’essentiel pour la voiture, c’est non pas de s’installer dans un cadre commode, c’est d’avancer, de se projeter en avant, d’aller plus loin, de découvrir.

Le moteur de notre religion, c’est l’amour qui nous fait aller vers Dieu et vers les autres de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit et de toute notre force. Notre religion n’est pas un état de stabilité, elle est une force de dynamisme. Elle n’est pas un sur place, elle est un starter.

Alors, ai-je assez d’amour dans le cœur, à la fois pour Dieu et pour les autres, pour embrayer une vie qui soit en prise sur l’énergie de Dieu qui me fera aller plus loin ?

L’Eglise est en route, et parfois, elle cherche son chemin et certains posent la question du scribe :

« Qu’est-ce-qui est le plus important ? »

« Quel est le premier des commandements ? »

Ce qui est 1er : ce n’est pas un commandement, c’est l’amour, qui justement n’est pas un commandement.

Qui peut dire à l’autre : « Je veux que tu m’aimes, je t’ordonne d’avoir de l’affection pour moi ? »

On n’est jamais obligé d’aimer. Qui pourrait obliger à aimer ? Personne, pas même Dieu !

Voyez-vous, ce commandement n’est pas un ordre, mais une supplique, une prière de Dieu adressée à chacun de nous par Dieu : car, si nous prions Dieu, Dieu, lui aussi, nous prie. Nous le sentons bien parfois dans notre cœur. Il nous invite à l’amour, un amour qui ne sera jamais qu’une faible réponse à son amour prévenant.

 

Dieu, c’est un amour qui se déclare et qui attend une réponse : ce n’est pas un raisonnement, ce n’est pas une théorie. Il s’agit d’une expérience qui a pour conséquence un appel : l’expérience de la Bible qui après avoir vu Dieu lui faire signe au long des siècles, ne peut dire qu’une chose : « Dieu nous aime. »

 « Si le Seigneur s’est attaché à vous et vous a choisis, ce n’était pas parce que vous étiez le plus important des peuples, vous étiez le plus petit ! Ce n’était pas parce que vous étiez le plus juste, vous étiez le plus pécheur ! C’est tout simplement parce qu’il vous aime ! »

L’amour de Dieu, pour nous, son peuple, c’est un choix, un attachement un peu fou pour des gens qui ne l’ont jamais mérité.

 Ce genre d’amour contient forcément un appel parce qu’il attend une réponse.

Quand Dominique dit qu’il aime Françoise, ce qu’il éprouve en lui-même ne suffit pas à son bonheur. Il va déclarer son amour et il ne sera pleinement heureux que si Françoise, à son tour, lui dit qu’elle l’aime et le lui prouve. Tel est aussi, l’amour de Dieu : un amour qui s’est déclaré et qui attend une réponse.

Notre réponse sera-t-elle à la mesure de l’appel, aussi totale, aussi définitive que l’amour de Dieu lui-même ? « Tu aimeras de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. »

Et, finalement, la seule chose qui puisse être un signe valable de notre amour pour Dieu, ce sera comme dans un foyer : la ‘’fidélité’’ tout au long de notre vie, à travers toutes les occasions de notre existence, réponse à celui dont nous chantons qu’il est « le Dieu fidèle éternellement ».

Quand vous passiez votre examen du code pour le permis de conduire, on vous posait sans cesse la question : « Qui a la priorité ? »

            Pour un chrétien, la réponse est sans équivoque : c’est l’amour. Rappelez-vous la chanson de J. Brel : « Quand on n’a que l’amour ». Pour le chrétien, « sans amour, on n’est rien du tout » AMEN




31ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 12, 28b-34)

« Aimer Dieu,

c’est aimer tout homme,

quel qu’il soit, où qu’il soit…»

(Mc 12, 28b-34)

         En ce temps-là, un scribe s’avança pour demander à Jésus : « Quel est le premier de tous les commandements ? »
Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : ‘Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur.
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force.’
Et voici le second : ‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même.’ Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. »
Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as dit vrai : Dieu est l’Unique et il n’y en a pas d’autre que lui.
L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. »
Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n’osait plus l’interroger.

            Un scribe s’approche de Jésus… A l’origine, le scribe est celui qui, sachant lire et écrire, fait office de secrétaire dans l’administration royale (2S 8,15-17 ; 1R 4,1-3). Il est donc l’homme de l’écriture, et dans le domaine religieux, il sera l’homme des Ecritures, celui qui sait les lire, et qui peut donc les comprendre, les étudier, les apprendre, pénétrer leur sens pour ensuite les retransmettre à ceux qui, nombreux à l’époque, ne savaient pas lire.

            Ce scribe s’apprête ici à soumettre Jésus à un interrogatoire en règle : il veut vérifier si les principes de sa foi sont bien conformes à la foi d’Israël. S’il savait à qui il parle ! « Au commencement était la Parole, et la Parole était auprès de Dieu, et la Parole était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu… et la Parole s’est faite chair » (Jn 1,1-2.14), et nous les hommes, nous l’avons appelé « Jésus » (Mt 1,21), « le Fils » (Jn 1,18) éternel du Père…

            Mais Jésus se prête volontiers au jeu, simplement, humblement… « Quel est le premier de tous les commandements ? » lui demande le scribe ? Et il répondra en citant le Crédo d’Israël : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force » (Dt 6,4). Dans le texte grec de St Marc, Jésus reprend mot pour mot la traduction grecque du Livre du Deutéronome, réalisée à partir du 3° siècle avant JC par la communauté juive de la ville d’Alexandrie, en Egypte. Il ne fait que rajouter « de tout ton esprit » que l’on pourrait aussi traduire « de toute ton intelligence, en toutes tes pensées »… S’adressant à un scribe qui emploie toute son « intelligence » à scruter les Ecritures dans le but de les « comprendre » le mieux possible, ce rajout est un clin d’œil bienveillant qui valorise résolument tout son travail de recherche…

            Mais Jésus ne s’arrête pas là. Il rajoute aussitôt après une citation du Livre du Lévitique, un des cinq livres de la Loi que devait travailler tout spécialement ce scribe : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19,18). Mais il s’arrête avant la fin du verset, car la suite aurait été « trop forte » pour cet homme : « Je suis le Seigneur. » Et pourtant, telle est bien la vérité… Là encore, Jésus reprend ici mot pour mot la traduction grecque du Livre du Lévitique. Apparemment rien de nouveau donc, il ne fait que redire ce qui était écrit depuis des siècles, des phrases que le scribe connaissait par coeur… Mais discrètement, en douceur, avec toujours une grande simplicité, Jésus va poser les bases de cette révolution humaine et spirituelle qu’il est venu révéler en nous donnant l’exemple de sa mise en œuvre. Et il va rajouter : « Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » Pour l’amour vis à vis de Dieu, c’était une évidence pour le scribe. Mais donner une telle importance à l’amour du prochain, quel qu’il soit, sans aucune précision, et donc avec une portée là aussi « d’absolu », de « totalité », voilà qui est radicalement nouveau…

            St Matthieu, le publicain, lui qui savait si bien compter et lire, ne s’y est pas trompé. Il va reprendre comme St Marc cette notion de « plus grand », mais il va l’appliquer au commandement de l’amour pour Dieu. Et là encore, c’est une évidence à l’époque : « Voilà le plus grand et le premier commandement ». Mais ce qu’il écrit ensuite est à couper le souffle : « Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Autrement dit, « aimer son prochain » est « semblable » à « aimer Dieu ». Même si l’amour pour Dieu garde la priorité, même s’il est qualifié de « plus grand » et de « premier commandement », l’amour du prochain est placé au même niveau ! Et pour enfoncer le clou, il conclut par : « A ces deux commandements se rattache toute la Loi et les prophètes » (Mt 22,34-40)…

            St Jean dira également : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu » et qu’il déteste son frère, c’est un menteur : celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer le Dieu qu’il ne voit pas » (1Jn 4,20). Nous sommes donc inviter à vivre très concrètement notre amour pour Dieu au cœur de toutes nos relations avec nos frères les hommes, et cela quels qu’ils soient, fussent-ils nos pires ennemis… « Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous réservez vos saluts à vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5,43-48), une perfection à interpréter à la lumière du verset parallèle en St Luc : « Montrez-vous compatissants, comme votre Père est compatissant » (Lc 6,36 ; Bible de Jérusalem ; Osty). Les différentes traductions de texte grec de l’Evangile nous permettent de pressentir sa richesse : « Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux » (La Bible des Peuples ; La Bible de Maredsous ; Traduction officielle anglaise, RSV : « Be ye merciful, even as your Father is merciful »). La TOB (Traduction Oeucuménique de la Bible), elle, propose : « Soyez généreux comme votre Père est généreux », et elle précise en note : « Ou : miséricordieux. Alors que Mt 5,48 dit parfait selon le vocabulaire légaliste juif, Luc définit Dieu comme miséricordieux. C’est une expression traditionnelle de l’Ancien Testament (Ex 34,6 ; Dt 4,31 ; Ps 78,38 ; 86,16…)  et ce pourrait être le mot originel de Jésus. Il rend bien l’idée de toute la section (Lc 6,36-42) ».

            Nous sommes ici au cœur de notre foi : « Dieu Est Amour » (1Jn 4,6.8). En tout ce qu’Il Est, Il Est Amour. Tout doit être compris en Lui à la Lumière de l’Amour. Et cet Amour, constitutif premier de son Être, est totalement gratuit : « Dieu nous aime parce qu’Il Est Amour », déclare le Pape François. C’est pour cela que, pour chacun d’entre nous, comme pour tout homme sur cette terre, quel qu’il soit, où qu’il soit, quoiqu’il fasse, « le premier pas que Dieu accomplit vers nous est celui d’un amour donné à l’avance et inconditionnel » (Audience du mercredi 14 juin 2017). Face à un homme qui fait le mal, l’Amour prend ainsi le visage de la Miséricorde : Il fait rayonner la Lumière de sa Bienveillance sur « les méchants et sur les bons » et tomber la pluie de sa grâce « sur les justes et sur les injustes » (Mt 5,45).

            Ainsi, pour tout homme, Dieu est depuis toujours et pour toujours celui qui a conclu avec lui « une alliance éternelle » (Gn 9,16 ; Jr 32,40), totalement gratuite et irrévocable. « Quand nous sommes infidèles, Dieu, Lui, reste à jamais fidèle, car il ne peut se renier Lui-même » (2Tm 2,13), il ne peut ne pas être ce qu’Il Est, et Il Est Amour ! Alors, il agit pour tout homme comme il le déclare dans le Livre de Jérémie : « Je ne cesserai pas de les suivre pour leur faire du bien… Je trouverai ma joie à leur faire du bien, et je les planterai solidement en ce pays », le Royaume des Cieux, Mystère de Communion avec Lui dans l’unité d’un même Esprit (Rm 14,17 ; Ep 4,3), un seul Amour, « de tout mon cœur et de toute mon âme » (Jr 32,40-41). Nous avons reconnu l’expression : Jérémie, lui aussi, fait allusion ici, comme Jésus, au Crédo d’Israël : Dieu, le premier, met en pratique à notre égard ce qu’il nous invite à vivre avec Lui : Il nous aime de « tout son Cœur, et de toute son âme », mais son Cœur à Lui Est Infini ! Voilà pourquoi, tout péché, si l’on accepte de se repentir, sera pardonné… Quelle que soit la grandeur de notre misère, elle n’arrivera jamais à empêcher Dieu d’être ce qu’Il Est, et Il Est Amour, infiniment…

            Voilà le Mystère qui s’est pleinement révélé en Jésus Christ : « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16), un Amour gratuit, Inconditionnel, donné à tout homme pour son seul bien… Et si ce dernier fait ce qui est « mal », puisque, comme le dit St Paul, « souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui fait le mal » (Rm 2,9), Dieu, en Jésus Christ, ne pourra qu’inviter tout homme à se « convertir », à se « repentir » (Mc 1,15, première Parole de Jésus en cet Evangile !), « à cesser de faire ce mal » qui ne peut que lui faire du mal, pour apprendre, petit à petit, à « faire le bien » (Is 1,16), ce bien qui, de son côté, ne pourra que le rendre heureux : « C’est un exemple que je vous ai donné pour que vous fassiez, vous aussi » nous dit Jésus, « comme moi j’ai fait pour vousSachant cela, heureux êtes-vous si vous le faites » (Jn 13,15-17). Et qu’a-t-il fait ce jour-là ? Il a posé un geste incroyablement concret d’amour fraternel : il a lavé les pieds de chacun de ses disciples, donnant ainsi un exemple d’amour du prochain à étendre à tout homme !

            Aimer son prochain, c’est donc aimer Dieu, et ainsi trouver dans cette relation avec Dieu la Plénitude de la Vie, de la Paix et de la Joie puisque Dieu, dans son Amour, ne cesse de nous proposer cette Plénitude qui est déjà donnée à l’avance à tout homme : « Dieu nous aime parce qu’il est amour, et l’amour tend de nature à se répandre, à se donner » (Pape François) en tout ce qu’il Est… « Ouvrir son cœur à Dieu » ne peut donc qu’être synonyme d’ « ouvrir son cœur au Don de l’Amour », commencer à l’accueillir, et trouver ainsi en Lui une Plénitude de Lumière et de Vie insoupçonnée qui, seule, est la racine du vrai Bonheur… Et si l’accueil de ce Don de Dieu est authentique, il ne pourra que s’incarner dans une attitude d’amour fraternel qui ne pourra à son tour qu’avoir les mêmes caractéristiques que l’amour de Dieu puisque le Don de Dieu est participation à ce qu’Il Est en Lui-même, et il Est Amour gratuit, inconditionnel… « Oui je le sens, lorsque je suis charitable, c’est Jésus seul qui agit en moi ; plus je suis unie à Lui, plus aussi j’aime toutes mes sœurs » (Ste Thérèse de Lisieux)…

Jacques Fournier

 




Rencontre autour de l’Évangile – 31ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force.»

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mc 28b-34)

Jésus est à Jérusalem. Ce passage vient  après des discussions sur l’impôt à César, sur la résurrection avec le groupe des sadducéens. Un scribe qui a entendu la discussion et qui trouve qu’il a bien répondu, vient interroger Jésus sur le plus grand commandement. Il est bien disposé.

 

Regardons-réfléchissons-méditons

Faire lire lentement le texte, suivre les personnages et entrer dans le dialogue

Un scribe : Savons-nous  qui étaient les « scribes » ?

Quel est le premier de tous les commandements ? Pourquoi cette question ?

Ecoute, Israël : Le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur… ; Jésus choisit de répondre par la profession de foi du Deutéronome. (Dt 6, 4-5)

Pourquoi il ne cite pas le Décalogue ?

 Tu aimeras le Seigneur ton Dieu :

De tout ton cœur

 De toute ton âme

De tout ton esprit

 Et de toute ta force

Tu aimeras ton prochain comme toi-même :

Pas de commandement plus grand que ceux-là : Que veut nous faire comprendre Jésus ?

Tu as raison de dire que Dieu est l’Unique  et qu’il n’y en a pas d’autre que lui : Pourquoi le scribe insiste sur le Dieu unique devant Jésus ?

Aimer Dieu de tout son cœur…et son prochain comme soi-même

Vaut mieux que toutes les offrandes et tous les sacrifices : Quelle est l’importance de cette remarque du scribe pour nous chrétiens ?

Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu : Que signifie cette parole de Jésus ?

Pour l’animateur 

Les scribes  étaient des spécialistes de la Loi. Ils appartenaient pour la plupart à la confrérie des Pharisiens qui s’appliquaient à promouvoir la stricte application de la Loi. Les pharisiens croyaient à la résurrection, contrairement aux sadducéens. C’est pourquoi le scribe qui s’avance vers Jésus pour l’interroger est satisfait parce que Jésus a bien répondu aux sadducéens.

Quel est le premier de tous les commandements : Dans la tradition juive, les pharisiens comptaient 613 préceptes. Il y avait des discussions sur l’importance de tel ou tel précepte. Cela explique la question qui est posée à Jésus. Au lieu de répondre par les dix commandements, Jésus va à l’essentiel qui est le cœur de tout le Décalogue.

Ecoute Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique Seigneur : ce sont les premiers mots de la prière qui, chez les juifs, est l’équivalent de « Notre Père ». Elle porte le nom de « Shema Israël ». C’est une magnifique profession de foi au Dieu unique qui veut être aimé totalement…

Tu aimeras de tout ton cœur… : le cœur, l’âme, l’esprit, la force : c’est tout l’être. Toute la personne, avec toute sa capacité d’aimer, est engagée dans l’amour et le respect du Dieu unique.

Mais Jésus n’en reste pas là. Il joint à ce premier commandement un second qui prescrit l’amour du prochain. Jésus enchaîne l’amour du prochain à l’amour de Dieu, comme pour en faire un seul commandement.

« Dieu est l’Unique et qu’il n’y en a pas d’autre que lui » : Le scribe insiste sur le fait que Dieu est Unique  parce qu’à plusieurs reprises déjà, Jésus a laissé entendre que Dieu était son Père.

Il conclut que l’amour de Dieu et du prochain est préférable à tous les sacrifices » du culte juif. Remarque que Jésus apprécie et qui confirme la parole de l’Ecriture  (Osée 6,6): « C’est l’amour que je veux et non les sacrifices ». Combien cela reste valable pour nous disciples de Jésus. Si nos démarches religieuses et nos dévotions ne font pas grandir en nous l’amour de Dieu et de nos frères, elles demeurent stériles.

« Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu » : un compliment rare dans la bouche de Jésus pour un pharisien. Dans le groupe des scribes qui, pour la plupart étaient contre lui, Jésus a trouvé des hommes en marche vers la lumière. Jésus a eu un dialogue profond avec ce scribe pharisien particulièrement ouvert, sans aucune arrière-pensée. Ce dialogue a mis fin aux discussions.  

 

TA PAROLE DANS NOTRE COEUR

Seigneur Jésus, tu nous as unis en un seul commandement l’Amour de Dieu et du prochain: tu nous révèles que l’amour de Dieu et l’amour du prochain est inséparable. Toi même, c’est en aimant tes frères que tu nous as révélé à quel point tu aimais Dieu ton Père. Mais en même temps tu nous as révélé que c’est dans l’Amour de Dieu ton Père que tu  puisais sans cesse la force d’aimer tous tes frères, même quand le prochain était ton ennemi.

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

Quelle est la bonne nouvelle que nous  apporte cet évangile ?

Quel visage de Dieu Jésus nous révèle-t-il ?

Jésus nous révèle que seul Dieu veut vraiment notre bien, notre bonheur. Les faux-dieux qui peuvent exister dans notre vie ne peuvent que nous éloigner du seul vrai Dieu qui a droit à tout notre amour. Bien plus, si nous transformons en idoles les choses (l’argent, le pouvoir, le jeu, le plaisir, le sport…) elles finissent par détruire en nous l’amour.

Qu’est-ce qui est essentiel dans la vie chrétienne ? Jésus nous le rappelle

Dieu est-il pour moi Celui qui mobilise toutes mes forces d’aimer, de comprendre, de vivre et d’agir ? Autrement dit, Dieu est-il le seul Dieu de ma vie ?

L’amour est un engagement ; il n’est pas pur sentiment, mais fidélité concrète à  la volonté de Dieu. L’amour de Dieu et de mes frères est-il au centre de ma vie chrétienne ?

Il y a bien deux préceptes de l’amour : c’est à dire deux termes distincts de cet amour : Dieu et le prochain. Mais il n’y a qu’un seul et unique amour par lequel on s’approche du Royaume de Dieu. C’est le même cœur qui aime. 

Un conte chinois pour sourire et faire réfléchir :

« Un mandarin partit un jour dans l’au-delà. Il arriva d’abord en enfer. Il vit beaucoup d’hommes attablés devant des plats de riz ; mais tous mouraient de faim, car ils avaient des baguettes longues de deux mètres et ne pouvaient s’en servir pour se nourrir. Puis il alla au ciel. Là aussi il vit beaucoup d’hommes attablés devant des plats de riz ; et tous étaient heureux et en bonne santé, car eux aussi avaient des baguettes longues de deux mètres, mais chacun s’en servait pour nourrir celui qui était assis en face de lui. »

ENSEMBLE PRIONS   

Nous te rendons grâce, Dieu notre Père, pour ton Fils Jésus Christ : en se donnant tout entier à Toi et aux hommes, il nous a ouvert le chemin de l’amour parfait qui conduit au Royaume.

 Chant : Pour que l’amour. (Carnet des paroisses p. 127) – Notre  Père…

 

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 31ième Dimanche du Temps Ordinaire B

 

 




30ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Père Rodolphe EMARD

Homélie du dimanche 24 octobre 2021 

 

ÉVANGILE

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 10, 46b-52)

En ce temps-là,
tandis que Jésus sortait de Jéricho
avec ses disciples et une foule nombreuse,
le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait,
était assis au bord du chemin.
Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth,
il se mit à crier :
« Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! »
Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire,
mais il criait de plus belle :
« Fils de David, prends pitié de moi ! »
Jésus s’arrête et dit :
« Appelez-le. »
On appelle donc l’aveugle, et on lui dit :
« Confiance, lève-toi ;
il t’appelle. »
L’aveugle jeta son manteau,
bondit et courut vers Jésus.
Prenant la parole, Jésus lui dit :
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »
L’aveugle lui dit :
« Rabbouni, que je retrouve la vue ! »

 Et Jésus lui dit :
« Va, ta foi t’a sauvé. »
Aussitôt l’homme retrouva la vue,
et il suivait Jésus sur le chemin.

    – Acclamons la Parole de Dieu.

**********************

HOMÉLIE

Frères et sœurs, nous connaissons bien ce passage de la guérison de l’aveugle Bartimée par Jésus. Ce passage occupe une place particulière dans l’Évangile de Marc : il s’agit de la dernière guérison que Jésus va accomplir, juste avant son entrée triomphale à Jérusalem, lieu de son mystère pascal.

Bartimée est fortement éprouvé, à double titre :

  • D’une part, il est aveugle ;

  • D’autre part, il est dans une situation de grande misère qui le contraint à mendier.

S’il a perdu la vue, il n’a pas perdu son audition et sa parole. Dès qu’il apprend la présence de Jésus, il va lancer un vrai cri qui équivaut à une véritable profession de foi : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! »

 

Bartimée n’est pas au bout de ses peines car la foule veut lui faire taire mais l’aveugle va lancer à nouveau le même cri : « Fils de David, prends pitié de moi ! » Une foi étonnante et audacieuse !

La question de Jésus peut paraître surprenante : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » La réponse peut sembler évidente : le mendiant demande à Jésus de le prendre en pitié et qu’il recouvre la vue. Quelle autre réponse pouvait attendre Jésus ?

Par ce « Que veux-tu ? », il y a deux points que nous pouvons retenir :

  • Jésus est certes le Sauveur mais il respecte profondément la liberté de chacun. Il ne s’imposera jamais à nous car il nous aime et que l’amour ne contraint pas !

  • Jésus offre également à Bartimée un espace pour exprimer sa confiance et sa foi, un espace de liberté.

Oui le Christ ne s’imposera jamais dans notre vie. C’est bien à chacun de consentir à ce que Jésus entre dans son histoire. La liberté de chacun est requise : c’est bien un enseignement sur lequel méditer…

********************************

La cécité dont il est question dans l’Évangile est chargée de sens pour nous. Chacun de nous a besoin de la lumière de Dieu, de la lumière de la foi pour marcher au mieux sur le chemin de la vie, à la suite du Christ. Nous avons trop souvent tendance -et à tort- à nous fier qu’à notre propre « fanal ».

Il est essentiel de se reconnaître parfois aveugle sur bien des situations : ce que nous ne voyons pas, ce que nous ne voulons pas voir, les cécités de notre cœur… Nous devons reconnaître avoir besoin de la lumière du Christ pour avancer. Cette reconnaissance est centrale afin de pouvoir implorer cette lumière, sinon il y a le risque de rester aveugle toute sa vie sur plusieurs choses essentielles.

Bartimée est un modèle pour nous. Il témoigne que la rencontre avec Jésus peut vraiment changer une vie et la changer en mieux, toujours en mieux. Le Christ donne tout, il n’enlève rien à nos vies !

Précisons un dernier point. L’Évangile précise : « Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l’aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. » » Bartimée a sans doute entendu un groupe de personnes parler de Jésus, de ses guérisons, de ses miracles, de sa bonté envers les pauvres…

Sommes-nous de ces personnes ? En tous les cas, si nous nous disons disciples du Christ, nous le devons ! Beaucoup de bruits nous entourent, trop de bruits que nous diffusons également autour de nous. Et parfois, de mauvais bruits dans nos diverses conversations : nos lamentations, nos critiques négatives et non-constructives, nos paroles pessimistes…

Parfois aussi, comme les gens de l’Évangile vis-à-vis de Bartimée, nous cherchons aussi à faire taire les autres voir même de les empêcher de crier vers le Christ. Le contre-témoignage est bien une triste réalité !

C’est ainsi que nous sommes interrogés frères et sœurs : dans notre vie quotidienne, quels « bruits » diffusons-nous du Christ ? C’est bien les « bruits » de la confiance, de l’espérance, de la paix que devons davantage diffuser…

Nous avons à conduire à la confiance au Christ et nous avons aussi à rappeler que le Christ nous appelle à être ses témoins dans nos différents lieux de vie.

Demandons au Seigneur de nous guérir de nos aveuglements. Demandons-lui sa lumière pour que nous soyons de vrais témoins de la foi, une foi qui sauve : « Va, ta foi t’a sauvé. » Amen.